BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE.
BESANÇON.^ IMPRIMERIF n'oiJTHENIN CHALANDRE FILS.
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE,
OU
DICTIONNAIRE HISTORIQUE,
Par F.-X. DE FELLER.
\I GMENTËK DE P L l^ 8 DE 3U0O ARTICLES. RÉDIGÉS
PAU M. PÉRENNÈS,
p>ortWBf)« DE LirrtRATUie fiahçaui a l'acadkmie db usakçom.
TOME CINQUIÈME.
BESANÇON. — OUTH. CHALANHUt I ILS.
PARIS,
J LEROUX, JOUBY ET C«, LIBRAIRES, I G AUME FRÈRES, LIBRAIRES
rue des Grands-Augustins , 9. | rue Casselte , i.
>i f)C(i(; XLviii.
^ tu ^ i^UO
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î^/r\' rx. V^^W
77^
UITITZS^SSLLS.
FAB
• FvBBnOXI (Ange), célèbre biocraphe
italien , né le 7 scplembrc 1732 , à Mar-
radi, village de Toscane, d'xxnc 1res bonne
famille, mais dont la fortune était bornée,
était le dernier de onze enfans. Après
avoir fait ses premières études dans sa
patrie, il obtint, en 17a0, une place à
Borne dans le collège Bandinelli , et il s'at-
tacha surtout à l'étude de la théologie. Il
prit les ordres en 1758 , et fut présenté au
prélat Bottari . un des soutiens du parti
janséniste, qui le prit en amitié, et le
chargea de remplir pour lui les fonctions
d'un canonicat de Sainte-Marie Transie-
père. Ce prélat l'engagea à traduire , en
italien, la Préjmralion à la mort, du
P. Quesnel, les Principes et les règles de
la vie chrétienne de Le Tourneux , et les
Maximes de la marquise de Sablé. Il pu-
blia ensuite, en latin, une Fie du pape
Clément XII ^ qui , quoique fort médio-
cre , lui valut une récompense magnifi-
que de la part du cardinal Néri-Corsini
et l'avantage de prononcer , devant le
saint Père , un discours latin sur l'Ascen-
sion. Quelque temps après , il fut chargé
de \ oraison funèbre du prétendant Jac-
ques Stuart , et il reçut encore un pré-
sent considérable. Il entreprit ensuite
une traduction italienne des Entretiens
de Phocion , de l'abbé de Mably ; mais
cette publication ne fut pas approuvée et
nuisit même à son avancement. 11 conçut
•lors l'idée d'écrire , en latin , les Vies
des savons italiens qui ont fleuri dans
les 17 et 18* siècles. C'est celui de ses ou-
vrages qui a le plus contribué à sa répu-
tation. Il en publia le premier volume en
1766. L'année suivante il quitta Rome
pour aller se fixer à Florence , et il ob-
tint , du grand-duc Léopold , la place de
prieur du chapitre de la basiliqiie deSt.-
Laurcnt. Il partagea , dès ce moment, son
temps entre les fonctions religieuses de
sa place et ses travaux littéraires qui de-
vinrent son seul amusement. L'avcne-
FAB
ment au pontificat de Ganganelli (Clé-
ment XIV ), qu'il avait compté autrefois
parmi ses protecteurs, l'engagea néan-
moins à retourner à Rome quelques an-
nées après, et ce pape qui estimait Fab-
broni , le nomma l'un des prélats de la
chambre pontificale , et chercha à le re-
tenir auprès de lui. Cependant la recon-
naissance l'entraînant vers le grand-
duc qui venait de le créer provéditeur
de l'université de Pise et prieur de l'or-
dre de Saint-Etienne , il résista aux in-
stances du saint Père , et après avoir fait
un voyage à Naplcs, où il fut bien ac-
cueilli de la reine et des personnages les
plus dbtingués, il retourna à Florence;
il usa dans celte ville de son crédit auprès
du grand-duc, pour obtenir la permission
de tirer des archives de Médicis, des lettres
de savans du 17' siècle, adressées au cardi-
nal Léopold de Médicis , qu'il publia en 2
volumes , et qui jettent beaucoup de lu-
mière sur l'histoire littéraire de ce temps-
là. Il voyagea ensuite en France et en
Angleterre, et il se lia avec les principaux
savans. De retour en Toscane en 1775 , U
se fixa à Pise, et il entreprit, avec des
gens de lettres, le Giornale De' letterati^
dont il faisait paraître par an quatre vo-
lumes et qu'il poussa jusqu'au 105'; les
trois derniers contiennent une table gé-
nérale. Il s'occupait en même temps de
son recueil biographique qui devint plus
que jamais son travail de prédilection, et
il l'augmenta de plusieurs nouveaux vo-
lumes : le 18* parut en 1799, et les 19* et
20* après sa mort à Lucques en 1804 et
1803. C*tte collection , qui a obtenu un
grand succès , et qui le mérite sous plu-
sieurs rapports, renferme 454 f^ies^ y
compris la sienne. Excepté vingt-une ,
elles sont toutes de Fabbroni. On lui re-
proche sa partialité pour les janséniste.»
et contre les jésuites. Vers les dernières
années de sa vie , il sembla se reprocher
son peu de ménagement pour cet ordre.
i
FAB
Scnlant sa fin approcher , il se retira dans
une solitude auprès de Lucques , appelée
Saint-Ce7-bon . chez les franciscains ré-
formés, où il passa un mois uniquement
occupé de se préparer à la mort. De re-
tour à Pise, il vécut encore quelques mois
et expira le 22 septembre 1803, après
avoir rempli tous les devoirs de la reli-
tjion. On a encore de lui : | Laurentii Mé-
diats magnifici vila, Pise , 1784, 2 vol. in-
i"; I Magni Cosmi Medicei vita , 1789 , 2
vol. in-4"; | Leonis X pontificis maximi
viiaATil; \ Hisloria lycœi Pisani ,Vi&Q,
1791-93 , 3 roi. in-4°; | Elogi d'illustri
Ilaliani, Pise, 1786-89, 2 vol. in-S"; | Elogi
di Dante , di Poliziano . di Ariosto e di
Torquato Tasso , Parme 1806 ; | Abrégé
du. voyage d'Anacharsis ^ en italien , qui
Ini mérita des éloges de l'auteur lui-
même. « Rien n'est omis dans votre ou-
» vragc , lui écrivait l'abbé Barthélemi ;
» j'admire le choix et la liaison des faits ,
» la piopriété des termes et la rapidité du
« style. »
* FABBRONI ( Jean ) , chimiste et sa-
vant italien, né à Florence en 1746. Il fut
envoyé à Paris en 1778 , par son souve-
rain le grand-duc de Toscane, pour assis-
ter à une réunion de savaiis , chargés de
trouver un système de poids et mesures
générales pour tous les peuples civilisés.
Il était employé au cabinet d'histoire na-
turelle de Florence qu'il contribua, sous
le grand-duc Léopold, à enrichir et à ren-
dre un des plus beaux de l'Europe. Es-
timé et respecté sous tous Iss gouverne-
mens qui se succédèrent en Toscane ,
après l'invasion des Français, il fut mem-
bre de la députation des finances de la
reine régente d'Etrurie ( Voyez MARIE-
LOUISE ) , veuve de Louis \" de Bour-
bon. Quand la Toscane fit partie de l'em-
pire français , Napoléon le nomma maître
des requêtes , conseiller d'état , puis di-
recteur général des ponts et chaussées
pour les départemens au-delà des Alpes.
Il fut appelé au corps législatif par le dé-
partement de l'Arno , obtint ensuite la
croix de la légion-d'honneur et les titres
de baron et de commandant de l'ordre
de la réunion. Fabbroni était , en outre ,
un des quarante de V Académie dite la
Société italienne , et de celle des Géorgo-
pkiles^ correspondant de l'institut de
France , professeur honoraire des uni-
versités de Pise et de Wilna, etc. La chute
de Napoléon ayant ramené en Toscane le
grand-duc Ferdinand III , ce prince ap-
pela auprès de lui Fabbroni, le nomma
2 FAB
directeur de la monnaie de Florence ,
commissaire royal des forges et des mi-
nes, et le décora de la croix de l'ordre du
mérite. Il remplit tous ces divers emplois,
qu'il devait à ses talens , avec le zèle et
la probité qui distinguaient son carac-
tère , et il eut le rare avantage d'avoir
beaucoup d'amis et presque pas d'enne-
mis. Fabbroni est mort à Florence , d'un
coup d'apoplexie, le 17 décembre 1822.
Il a laissé les ouvrages suivans, tous,
excepté un seul , écrits en italien ; | Ré-
flexions sur l'état actuel de l'agriculture^
ou Exposition du véritable plan pour cul-
tiver les terres avec le plus grand avait'
tage et pour se passer des engrais , tra-
dtiit en français, Paris, Nyon l'aîné, 1780,
in-12 ; | Du ver à soie et du byssus des an-
ciens j Pérouse , 1782 , in-8'' , fig. L'au-
teur pense que la soie est le byssus anti-
que , mais M. Henry a prouvé dans une
dissertation , insérée dans la Revue ency-
clopédique ( tom. 1^"^ page 241 ) , que le
byssus n'est autre chose que le duvet des
chèvres de Cachemire. | Instructions élé-
mentaires d'agriculture ; Venise, 1787,
in-12 ; Turin , 1791 , in-12, avec des Notes
du docteur J. Giobert ; traduit eu fran-
çais par Alexandre Vallée , 180S , in-8**.
L'auteur écrivit cet ouvrage par ordre du
grand-duc de Toscane, Léopold \". \ Dis-
sertations sur la manière de perfection-
ner les vins des états romains^ Rome, 1793,
in-8° ; | Discours sur une singulière es-
pèce de briques , Venise, 1791. Ce sont des
briques fabriquées avec une substance
appelée farine fossile, découverte en
France par M. Faujas de Saint-Fonds, et
qui rend les briques flottantes. | Nouveau
thermomètre stalionnaire , en 1793 ; | Sur
l'antiquité , les avantages et la méthode
de la peinture encaustique , 2* édition ,
Venise , 1800 , in-8'' ; | Synopsis planta-
rum horti botanici regii florentini , Flo-
rence , 1794 , in-4° ; j Les loisirs de la
campagne, ou Libre Discussion sur quel'
ques raisonnemens populaires , 1800, in-
8° ; I De l'économie rurale des Chinois ,
Venise, 1802 , in-8°; i La Bibliotlièque ,
Modène , 1803. Cette bibliothèque est une
lettre qu'on trouve insérée dans les Mé'
moires de la société italienne ( tom. 2,
p. 92 ) , dans le Magasin encyclopédique
de Stcllini. Elle est adressée au P. Poz-
zetto des écoles pies . et donne un excel-
lent moyen de préserver les livres des
insectes. ] Origine et civilisation des an-
ciens habitans de l'Italie, Florence, 1803,
in-8° : l Des approvisionixemens publics .
FAB
Florcnrr , l'»SO, In-S"; | Dr la jirsantrur
ifx-cifique des matières d'nr et d'an/r/it .
Modôiif. I.SCHi. In-'t"; | Im Statère phi-
Itppique. ou Kssai stir la bonté et le litre
d€ l'or natif . Florence, 1808. La statère
Ml nnc inonnaii" innct^donioiuic. | Du
brome et des autres métaux lontnis dr
Vaniiquité, Livounie. 1810. Fabbroiii i)ii-
blia rtvs trois derniers écrits lors(ju'il riait
dirroletir de la maison des monnaies,
Auxt|ncllrs ils se rapporlenl. Il a donné
divers Mémoires dans phisionrs journaux
périodiques, notamment au Journal de
physique ( de 17W à 1800 ) ; et il fut un
des rédacteurs des Memorie on Mémoires
de la société agraire de Florence. Les
principaux articles qu'il a fournis au
Joiwnal de physique sont ceux relatifs à
la force réfrigérante des liquides , aux
clcarazzas d'Espagne . à l'action chimi-
que des différens métaux entre eux.
FABI^R (Gilles) , carme , mort à Bru-
xelles en 1506, parut avec dislinclion
dans la chaire en un temps où le minis-
tère de la parole était avili par le ridicule
et le burlesque que les prédicateurs mê-
laient aux vérités sacrées. Jean Trilhème
lui attribue une Chronique de son ordre,
une Histoire de Brabant ^ des Commen-
taires et d'autres ouvra{je3.
FABER ( Je\x ) , appelé, ainsi qu'un
de ses livres , le Marteau des hérétiques,
naquit à Leuckerchen en Souabe vers l'an
4470,enlra dans l'ordre de Saint-Domi-
nique, et brilla dans les universités d'Alle-
magne. L'évéque de Constance le fit son
vicaire-général en 1519 ; et Ferdinand, roi
des Romains, depuis empereur, le choisit
pour son confesseur en L^SG. Ce prince
le nomma en 1551 à l'évèché de 'Vienne ,
que son zèle contre les hérétiques lui avait
mérité. Il mourut le 12 juin 1541 , âgé de
65 ans , laissant plusieurs ouvrages d'his-
toire , de controverse et de piété . en 5
vol. in-fol.. Coloîîiie, 1557 et l.'iil. Celui
de ses écrits qui lui fil le plas dhonneur,
est son Mallcus hterelicorum . dans le-
quel les questions controversées sont trai-
tées avec beaucoup de solidité et de cha-
leur. — Quelques auteurs dislintjuent ce
Jean Faher d'avec un autre Jean Fabcr,
également dominicain , et né aussi en
Souabe, ([ui vivait dans le même temps,
écriTait dans le même genre et de la même
ils font naître celui-ci à Heil-
' ^ 1500. et il ujourul selon leuropi-
' 1570. Il ptiblia un grand nom-
bro a ouvrages parmi lesquels on cite :
I Enchtridion Biùliorum, Augsliourg,
^ V \\\
l.'>V>. III i : I i-,ur(us quihwi dignosruty
tur /irr/Wùi, ouvrafje solide et curieux,
on l'on trouve des parlii nlurilés remar-
quables loticliant Luther, ihid.. in-4°; | Zi-
bellus quod fides esse possit sine chmi-
tate. Aujjsbouriî, I.ViS, in-/*".
FARKR ( PiKiuii; ) , né en Savoie, fut
undcs neuf premiers compafpionsde saint
Ignace de Loyola, et seconda les travaux
du 7-élé fondateur, tant pour l'établisse-
uu'nt de la compagnie, que pour le bien
général de l'Eglise. Il fil plusieurs courses
apostoliques en Italie, en Espagne et eu
Allemagne , convertit un grand nombre
de libertins cl d'hérétiques, et répandit
l'instruction chrétienne, particulièremenl
dans les villages et parmi les pauvres. (I
mourut l'an I5ii6.
FARER ( Basile ) , né à Soraw en Si-
lésie l'an 1520 , fut recteur du collège
d'humanités à Erfurth , oVi 11 njourut en
1576, el s'est fait connaître par son Thé-
saurus ei'udilionis scholasticce . qu'il pu-
blia en 1571. Auguste Buchmer , Cella-
rius, Graevius firent successivement des
augmentations à ce dictionnaire, dont les
citations sont fort exactes. La dernière
édition est de la Haye, 1755, 2 vol. in-fol.
Faber a donne aussi une traduction alle-
mande des remarques latines de Luther
sur la Genèse , et fut un des disciples les
plus ardens de cet hérésiarque.
' FABER ( Jeax-Ei\>est) , savant pron
fcsseurde langues orientales et de philo-
sophie, dans l'université de Kiel, ensuite
dans celle d'Iéna , était né en 17i5 h. Sira-
mershausen , dans le duché d'Hildburg-
hausen en Saxe , et mourut à léna le 15
mars 177/i. On lui doit : | Dcsciiptio com-
mentarii in septuaginta interprètes . Gol-
lingue, 17G8-69, 2 parties in-4"; | Wsto-
riamannœ inter Jlœbrœos . 1770-75 ; | Pro-
gramvia novum de Messia , exactis 490
annis post exilium Judœonim babyloni-
cum . nascituro ex Zacharia , cap. 5, v.
8,9,10; I Jésus ex natalium opportu-
nitate Messias Avn^^ , 1772, in-8"; | jJr-
chéologie des Hébreux^ en allemand,
première partie , Halle , 1775 , in-8°. Fa-
ber a aussi publié les 2 premiers numé-
ros de la Nouvelle bibliothèque philoso-
phique, en allemand, Leipsick, 1774, con-
tinuée par J.-C. Hennings.
FARER. t'oyez FABRE, FAVRE, FE-
VRE , LEFÈVRE.
FABERT ( Arraham ), maréchal de
France , naquit à Met/, en 1599. Son père,
inaitre échevin de cette ville cl 6ls d'un
riche libraire de ^aIlcy, avait été anobli
FAB
par Henri IV. Il destina son fils au bar-
reau ou à l'Eglise ; mais le jeune Fabert ,
né pour la guerre , voulut suivre son
penchant. Dès l'âge le plus tendre, il
s'occupait à différens exercices d'infan-
terie avec des figures de carton , qu'il fai-
sait mouvoir suivant le commandement.
11 servit sous le duc d'Epernofi dans plu-
sieurs occasions importantes. Il se signala
surtout en 1635. Ou commença dès lors
à conter mille particularités fabuleuses
sur la cause de ses succès. On les attribua
au diable, quoique l'on ne pût mécon-
naître son courage et ses talens. Il sauva
l'armée du roi à la retraite de Mayence,
et ne se distingua pas avec moins d'éclat
en Italie qu'en Allemagne. Blessé à la
cuisse au siège de Turin, il ne voulut ja-
mais souffrir qu'on la lui coupât. « Il ne
■» faut pas mourir par pièces, dit-il à
j> Turenne et au cardinal de La Valette, qui
» l'exhortaient à cette opération : la mort
» m'aura tout entier, ou elle n'aura rien.»
En d654, il prit Stenai. Ses services fu-
rent payés par le gouvernement de Se-
dan , et par le bâton de maréchal de
France en 16S8. Le roi lui offrit depuis
le collier de ses ordres ; il le refusa , ne
se trouvant pas en état de produire les
titres nécessaires pour recevoir cet hon-
neur. Louis XIV lui répondit, « que le
» refus qu'il faisait , lui inspirait plus d'es-
» lime pour lui , que ceux qu'il honorait
» du collier ne recueillaient de gloire dans
» le monde. » Fabert mourut en 1,G62 à
Sedan , à 65 ans. On fit des contes sur sa
mort , qui , tout étranges qu'ils étaient ,
ne laissèrent par de se répandre , et trou-
veront encore quelques partisans dans
ce siècle philosophe. On avait imaginé
qu'il était sorcier ; on prétendit que le
diable l'avait enlevé. Ce qui a pu accré-
diter ces bruits , c'est que le nnaréchal
Fabert avait du goût pour l'astrologie ju-
diciaire, et d'autres curiosités vaines ou
dangereuses ( t'oyez FAUSÏUS, LUXEM-
BOURG , PHILIÎPPEDORLÉANS , etc. ).
Le Père Barre , chanoine de Sainte-Ge-
neviève, a publié sa F'ie en 1752, en 2
vol. in-12. Il y a des choses curieuses,
mais trop de minuties et de détails étran-
gers au maréchal. Voici un trait qui fait
l'éloge de son caractère. Les troupes de
Galas , général de l'empereur , ayant pé-
nétré en Champagne, manquèrent de vi-
vres. Les généraux français les ayant
obligés de se retirer, elles tuèrent dans
leur retraite tous ceux qui leur en refusè-
ïcnt. Fabert, qui les poursuivait, entra
FAB
dans un champ abandonné et couvert
d'officiers et de soldats autrichiens bles-
sés et mourans. Un français qui avait
l'âme féroce, dit tout haut: « Il faut ache*
» ver ces malheureux , qui ont mas-
» sacré nos camarades dans la retraite de
» Mayence. — Voilà le conseil d'un bar-
» bare, reprit Fabert, cherchons une veiv
» geance plus noble. » Aussitôt il fit dis-
tribuer à ceux qui purent prendre une
nourriture solide , le peu de provisions
que son détachement avait apportées. Les
malades furent ensuite transportés à Mé-
zièrcs , où , après quelques jours de soio,
la plupart recouvrèrent la santé. Le père
du maréchal Fabert est auteur des Notes
sur la Coutume de Lorraine , 1657 , in-
folio.
FABIEN ( saint ), romain ou italiea,
monta sur la chaire de Saint-Pierre après
Anthère, en 256. Il bâtit plusieurs églises
dans les cimetières où reposaient les corps
des martyrs. Il envoya des évoques dans
les Gaules pour y annoncer l'Evangile ;
mais plusieurs auteurs datent la pre-
mière mission des évêques envoyés en
France, du pontificat de saintClément.
Saint Fabien mourut pour la défense de
la foi , au commencement de la persécu-
tion de Dèce, en 250, après un pontificat
de ïh ans, 1 mois et 10 jours. On lui at-
tribue des décrélales qui sont visible-
ment supposées.
FARIOLE ( sainte ) , dame romaine ,
célèbre par ses vertus, surtout par sa cha-
rité et sa pénitence , dont saint Jérôme
fait le plus beau et le plus touchant éloge
dans son Epitaphium Fabiolœ. Sa vie
fournit une preuve décisive contre ceux
qui soutiennent la dissolubilité du ma-
riage en cas d'adultère. Cette femme il-
lustre , après s'être séparée d'un mari
adultère , en avait épousé un autre. Les
lois civiles , dont plusieurs émanées des
empereurs païens subsistaient encore dans
le code impérial, paraissaient autoriser
ce second mariage. Mais Fabiole ne tarda
pas à reconnaître son erreur cl sa faute ;
elle en fit le jour même de Pâques une
pénitence éclatante , à la vue de tout le
peuple romain. 11 ne se trouva, ni dan.*
cette capitale du monde, ni dans tout
l'empire , de théologien qui prétendît ou
justifier le mariage ou blâmer la péni-
tence. L'opinion de Lauuoy n'était donc
pas connue alors parmi les chrétiens. Et
qu'on ne dise pas que c'est pour être pré-
cisément contraire aux lois ecclésiasti-
ques que ce mariage fut réprouve : car il
FAB e
Mimu" ftiriurllciDonl ronirairo à
u de rLvnngile : Piilabat , iVi^
.K.ômc, à sr vinttn juste tlimis-
i . WKC EV4%<.KI.II RKiOMEM WOVERAT ,
\ ,.ro wt'BCXOi t\i\i.nsA exci's.\tio, vi-
vi::vTi»vs vims. h*:mims ampi TAitn...
Jtiar sunt lencs Cirsantm . aliœ Cfu-is-
f^ . j., / p.......,Vf„t« , alind I^tiltts nos-
ter i r. Epit. Fabiolœ). Qu'on
jn.H. . Il ou de ri{];norance on de
la"n>au\aisc foi des écrivaillcurs, qui,
dans cps dernières années , ont osé se
servir de l'exemple de Fabiole pour au-
toriser le divorce ! Celte sainte mourut à
Rome , vers l'an AGO. « Rome , dit saint
• Jérôme, était un champ trop étroit
» pour sa grande charité. Lllc s'élanyail
» dans les îles, et parcourait les rivages
» de la mer . tantôt en personne , tantôt
• par les ministres de ses bienfaits.» An-
yusta misen'cordiœ ejus Roma fuit. Per-
agrabat insulas; et reconditos ciirvontm
iUtorum sinus, vcl proprio torpore ^ vel
trattsmissa inuniflcentia ciicuibai.
FABIVS MVXIMl'S ( Qtixris ), dit
Rullianus^ est le premier de la famille
dts Fabiens qui fut honoré du titre de
jVfljr/mM^^ pour avoir ôté au petit peuple
la disposition des élections. Général de
la cavalerie, l'an 32't avant J.-C. , il força
[e camp des Samniles et remporta une
victoire complète. Le dictateur Papirius ,
fâché qu'il eût donné la bataille contre
ton ordre , voulut punir sa désobéissance;
mais le peuple romain et l'armée obtin-
rent sa grâce. Fabius fui cinq fois consul,
deux fois dictateur et une fois censeur.
n refusa celte charge une seconde fois ,
disant que c'était contre la coutume de
ta république. Il triompha des Apuléicns
et des Lucériens, puis des Samniles, et
enfin des Gaulois, des Umbriens, des
Blarscs et des Toscans. Ce fut lui qui re-
nia que les chevaliers romains , niontés
I des chevaux blancs, iraient, le 15
et, depuis le temple de l'Honneur jus-
lu Capilole.
I VBIUS ( Qlixtus-Maximl'S-Vkrrc-
■ -C5 ), surnommé Cunciator ou le Tcm-
iscur. un des plus grands capitaines
.ancienne Rome, fut élevé cinq fois
' dignité de consul. Pendant son pre-
r consulat, l'an 233 avant J.-C, il
t les Liguriens. Sa patrie, réduite à
^ ' rémité après la bataille de Trasimène ,
recours à lui ; on le créa dictateur. Il
' " nne nouvelle façon de coinbaltre
[ 1 voulut le fatiguer par des mar-
•:s contre -marches, sans jamais
I \n
en venir aux iii.iiiis. (.es ruses lui méritè-
rent le nom de Tenipnrisrnr. Les Romuinf,
mécontens de ces remises, dont ils ne
pénétraient pas la finesse, le rappelèrent
sous préti'xte de le faire assister à un sa-
crifice solennel, cl donnèrent la moitié
de son autorité à son lieutenant Minntius
Rufus, liomme aussi ardent que Fabius
était réservé. Ils revinrent bientôt de leur
erreur. Le téméraire lieutenant s'élanl
engagé dans une embuscade, son sage gé-
néral le tira de ce péril. Minutius, pé-
nétré de reconnaissance envers son libé-
rateur, lui remit ses troupes, content
d'apprendre sous lui à vaincre et à com-
mander. Fabius combattit avec sa pru-
dence ordinaire. Oii lui décerna le nom
de Bouclier de Rome. Après la bataille
de Cannes , il lassa tellement les troupes
d'Annibal, qu'elles ne furent i)lus en état
de se défendre contre les Romains. Il re-
prit Tarente sur le général carthaginois.
Ayant réglé avec lui le rachat des captifs,
et le sénat refusant de ratifier son accord,
il vendit tous ses biens pour s'acquitter de
sa parole. On rapporte qu'Annibal ayant
appris la ruse que Fabius avait employée
pour se rendre maître de Tarente , il s'é-
cria plein d'étonnement : « Quoi , les Ro-
» mains ont donc aussi leur Annibal! »
Ce dernier tenta vainement d'attirer le
i-omain au combat. Il lui lit dire 'iii jour :
« Si Fabius est aussi grand capitaine qu'il
» veut qu'on le croie, ï\ doit descendre
» dans la plaine et accepter la bataille. »
Fal)ius répondit froidement : « Si Anni-
» bal est aussi grand capitaine qu'il le
0 pense , il doit me forcer à la domier. »
Cet homme illustre mourut quelques an-
nées après , âgé de près de cent ans , si
l'on en croit Valere- Maxime , l'an 204
avant J.-C. C'est de lui qu'Ennius a dit :
Unns liomo nobis eunclaodo rcstituit reni ;
KoD poocLat coira rumorct ante talutem.
FABIUS MAXIxMl'S (QtixTus), fils
du précédent. Pendant son consulat , son
père vint à lui sans descendre de cheval;
il lui fit ordonner de mettre pied à terre.
Alors cet illustre romain , embrassant son
fils , lui dit : « Je voulais voir si tu sa-
» vais ce que c'est que d'être consul, n
FABIUS PIUTOR , le premier des Ro-
mains qui écrivitl'^»5fotr<7 de sapalfie,
vivait vers l'an 21G avant J.-C. L'ouvrage
que nous avons sous son nom , est ui>e
pièce supposée, et du nombre de celles qui
ont été publiées par Annius de Viterbe.
Ceux de celte famille prirent le noui d«
i.
FAB
THcior j parce que celui dont ils descen-
daient, avait fait peindre les murs du
temple de la Santé.
FABIUS DOSSENXUS ou DORSENUS ,
composa des farces appelées par les Ro-
mains Atellanes. de la ville d'Attella dans
le pays des Osques , où elles prirent nais-
sance. Hoiace , Sénèque et Pline parlent
de ce poète. On ne sait pas en quel temps
il a vécu.
FABIUS MARCELLIIVUS, historien du
3* siècle , est cité par Lampride , comme
auteur d'une Vie d' Alexandre Mammée.
FABIUS RUSTICUS , historien du
temps de Claude et de Néron , fut ami de
Sénèque. Tacite loue son style dans ses
Annales et dans la Vie d'Agricola; et cet
éloge d'un historien qui passait pour sati-
rique , est un préjujjé en faveur des écrits
de Fabius.
* FABRE (Pierre-Jean), médecin de
la faculté de Montpellier, exerça sa pro-
fession à Gastelnaudary avec succès, et
avait fait une étude particulière de la
chimie. On lui doit un grand nombre d'ou-
vrages dont la réputation assez brillante
d'abord ne s'est pas soutenue. On en fit
des traductions en allemand. Les princi-
paux sont : I Palladium spagiriciim^ Tou-
louse, 1624 , in-S" ; 1 Insignes curationes
variorum morbormn medicamentis chxj-
micis jucundissima methodo curatorum ^
Toulouse, 1627, in-8°; | Myrothecium spa-
giricum sive Pharmacopœa chyniica ,
Toulouse, 1628, in-8"; | Alclujmista chris-
tianus j Toulouse , 1632 , in-8", le plus
curieux de ses ouvrages; | Panchyniici
seu anatomiœ tolius universi opus ^ Tou-
louse, 16/t6, in~8°.
FABUE( JEA^'-CLAUDE ) naquit à Paris
le 13 avril 1668 , d'un père chirurgien. Il
entra ches les Pères de l'Oratoire et y
professa avec distinction. Une édition du
Dictionnaire de Richelet ^ dans laquelle il
inséra plusieurs articles sur les matières
de tliéologie , et des satires odieuses dic-
tées par l'esprit de parti, l'obligea de sor-
tir de sa congrégation. Il y rentra en 1715,
et y mourut en 1753 , dans la iTiaison de
St.-Honoré à Paris, à 8o ans. Il avait prê-
ché avec quelque succès, et son esprit se
pliait facilement à tous les genres d'étude.
On a de lui : | L'édition citée du Diction-
naire de Richeletj revue, corrigée et aug-
mentée , en 2 vol. in-fol. , Lyon , 1709,
sous le titre d'Amsterdam; | un petit Dic-
tionnaire latin et français ^ in-S° , dressé
sur les meilleurs auteurs classiques , et
dont on a fait plusieurs cdiLions; | une
6 FAB
traduction des OEuvres de Virgile, avec
des dissertations . des notes et le texte
latin, en 3 vol., Lyon, 1721, réimprimé en i
1741, 4 vol. in-12. Cette version, lâche et \
prolixe, n'est guère au-dessus de celle de |
Martignac. | Une Continuation de Vllii' !
toire ecclésiastique de Fleury . en 16 vol [
in-4° et in-12 , depuis 1414 , jusqu'à l'an i
1595. On en a une nouvelle édition , 1777. i
Il l'avait poussée beaucoup plus loin ; i
mais les deux derniers tomes ayant été i
changés en quantité d'endroits par des
mains étrangères, et lui ayant d'ailleurs
été défendu de donner de nouveaux vo-
lumes, la suite est restée manuscrite. Le
continuateur est bien inférieur à l'auteur
qu'il continue , pour l'onction du style et
pour le choix des matières, et surtout pour
la sagesse et l'éloignement de l'esprit de
parti. Il étend avec excès son travail , et
mêle à l'histoire ecclésiastique trop d'his-
toire civile. Ce n'est proprement qu'une
compilation écrite d'un style facile , mais
sans correction et sans élégance. L'abbé
Rondet qui Ta continuée après lui , a en-
core plus mal réussi , et donné au fana-
tisme de la petite église un essor plus li-
bre. C'est cependant cette continuation
de Fleury, qui est continuellement citée
par les compilateurs du jour ; le fanatique
Fabrc , le fanatique Rondet sont sans
cesse allégués comme des autorités légales,
par des gens même qui veulent avoir des
titres à la philosophie. Tel esl le sort de
l'histoire dans ces jours de subversion et
de mensonge. ] Entretiens de Christine
et de Pélagie, sur la lecture de l'Ecriture
sainte, in-12 ; | un Abrégé de l'Histoire
ecclésiastique en manuscrit ; | la table
de la traduction française de Vllistoire
du président de Thou, in-4°. Il avait aussi
commencé la table du Journal des savans,
dont il se déchargea peu après sur M.
l'abbé de Claustre, à qui on est redevable
de cet ouvrage en 10 vol. in-4''. — Il ne
faut pas le confondre avec un abbé FABRE
ou FvVVRE , qui a donné des Lettres sur
la visite de M. des Achards . ouvrage
dicté par l'esprit du même parti, et sup-
primé par un décret du saint Office le 16
juin 1746.
* FABRE (don Louis), savant biblio-
graphe, bénédictin de la congrégation de
Sainl-Maur, né à Roujan , diocèse de Bé-
ziers, en 1710, mort en 1788, à Orléans,
bibliothécaire de cette dernière ville , a
laissé un Catalogue l'aisonné des livres
de la bibliothèque fondée par Guillaume
ProusteaUj etc. , Orléans, 1777, in-4°.
F AD 7
• F.\BIIK(Pierrk), cliirurijicn, né en
1716 à Tarascon . de vint professeur royal
au collciîc de dùruruic ol conseiller du
comité de Vacadénue royale, et s'est fait
connaître avantageusement par plusieurs
0U^^ T • -linuxsont | Kssai sur
tes nnes . 4758, in-lS;
I Ti. ^ vénéricivies ,{T(»^ ,
S vol. iit-i^,!H>uveikl réimprimé et traduit
en allemand en 1777; | Essai sur différens
points df phi/sioloffie . 1778. iii-8", traduit
en allemand par IMatner , 1778, in-8";
I Recherclics sur la nature de l' homme
considéré dans l'étal de santé et dans l'é-
tat de malMlie , 1776 , in-8" ; | Réflexions
sur la chaleur animale . 1784, in-8"; | Es-
sai sur les facultés de /«m/'. Amsterdam,
1735, in-lii, réimprimé en 1787 ; | Recher-
ches sxtr les vrais principes de l'art de
guérir. 1790, in-8". Pierre Fabre a inséré
aussi plusieurs Mémoires dans la collec-
tion de l'académie royale de chirurgie.
— FABRE ( Axtoixe), son frère, né à
Tarascon en 1710, mort à Aix en 1795 ,
entra dans l'ordre des grands carmes, et
s'y lit connaître par son talent pour la
chaire. II fui chargé en 1743 par les au-
torités civiles et ecclésiastiques d'Arles
où ii habitait alors , de faire le panégyri-
que de cette ancienne ville. On l'a impri-
iné à Aix ; mais les sermons de l'auteur
n'ont jamais vu le jour.
•FABIIE (de riléraull), était avocat à
Montpellier lorsque la révolution éclata ;
il en adopta les principes avec exaltation.
etfut nommé député de son département
à la Convention nationale en 1792. Dans
le procès de Louis XVI il vola pour la
peine de mort , sans sursis» cl sans appel ,
et fut envoyé , après la journée du 51 mai
1793, à l'armée dos Pyrénées-Orientales,
on il montra plus de valeur que de capa-
cité. U contribua à désorganiser l'armée
française en y entretenant l'insubordina-
lionet l'anarchie, fut cause de la défaite de
Dagoherl àTruillas le 22 septembre, et iil
manquer l'attaque de Turreau sur le Bou-
lou. Les empiétemens de Fabre sur l'au-
lorilé militaire furent un des principaux
motifs de la retraite du général Tuireau et
de l'inaction forcée de Doppet, son succes-
nntr. Attaqué le 20 décembre par le géné-
ral Lacusta, il fut entraîné par la défaite
d'une jiartie de l'armée , et péril près de
" 't Vendres, en cherchant à rallier les
iftis. LaOjnvcnli(jn décerna hs hon-
irsdu Panliiéonà Fabre, qui avait plu-
sieurs fois compromis le sort de l'armée,
el une pension fut accordée à sa veuve.
F.vn
• FABRE I)E(;LV.\TI^'E (Phiiif».»
Fr.\,\vois-Na7.*irk K né d'une famille
bourgeoise le 28 décembre 1755, à Li-
moux , et non à Carcassonne , comme on
la dit dans plusieurs Biographies, recul
son instruction littéraire au collège des
doctrinaires, et apprit en outre plusieurs
arts d'agrément. Après avoir achevé se»
éludes, il entra dans la congrégation des
doctrinaires, el professâtes basses classes
à Toulouse , où il remportinne églantine
dor à lacadémic dos jeux floraux ; c'est
de là que le surnom îï Kglantine lui est
resté. En 1777, il avait quitté sa congré-
gation , et il se trouvait à Paris où il com-
posa un poème : Vllistoire naturelle et
son étude dojis le cows des saisons . qui
parut sous le titre de l'Etude de l'histoire
naturelle ^ 1783, in-8". Il joua ensuite la
comédie successivement à Mai^slricht , à
Liège , à Genève , à Chàlons-sur-Saône , à
Lyon et à Avignon, el il était dans ceite
dernière ville en 1786, lorsque poursuivi
par des créanciers , il trouva un asile che»
les doctrinaires qui y tenaient un collège.
En 1787, Fabre d'Eglanline vint à Paris,
avec des pièces de théâtre en portefeuille
« Toulesces piècesne furent pasjouccs, dit
» Laharpe , et ce qui put l'èlre est déjà
» oublié pour la plus grande partie de-
B puis long-temps. » Quelques-unes obtin-
rent cependant alors une certaine vogue ,
el valurent quelque réputation à l'auteur.
Lorsque la révolution éclata, Fabre qui
était doué d'un caractère inquiet et ambi-
tieux ne pouvait manquer de se pronon-
cer avec chaleur pour elle. Il se lia avec
Danton , Lacroix et Camille Desmoulins,
prit part à tous les excès de leur parti ,
notamment à la révolution du 10 août ,
qu'il avait aussi contribué à provoquer
par la publication de quelques pamphlets,
et fut membre de lacomnmne provisoire
qui s'installa aussitôt après la chute du
trône. A l'époque du 2 septembre 1792 , il
était secrétaire de Danlon , et on l'a ac-
cusé d'avoir été un. des provocateurs du
massacre des prisons , d'où il eut soin ,
dit-on, de faire sortir auparavant sa cui-
sinière , déteime pour dettes. Nommé dé-
puté de Paris à la Convention, il y pro-
fessa les opinions les plus révolutionnaires
et vota la mort du roi sans appel ni sursis.
Membre du comité de salut public, il fil
décréter la loi du maximum qui anéantit
le commerce el l'industrie en France. Le
rapport qu'il prononça jjour faire adopter
le calendrier républicain {voyez ROMME),
aunouçait uuc i^jnoroncc aussi crasse ea
FAB 8
astronomie qu'en {jrammaire. Il déposa
contre Brissot et les Girondins, el fil arrê-
ter le secrétaire de' la guerre Vincent et
le général Mazuel , ce qui lui attira la
haine d'Hébert , protecteur de ces der-
niers. Ses liaisons avec Danton, et surtout
son faste, le rendirent suspect à Robes-
pierre. Aussi eut-il bientôt à se justifier
des dénonciations qui furent portées con-
tre lui ; des cris à la guillotine interrom-
pirent son discours et la société des Cor-
deliers déclarait dans le même moment
qu'elle lui avait retiré sa confiance. La
Convention le décréta d'accusation bien-
tôt après , comme falsilicateur d'un dé-
cret relatif à la compagnie des Indes.
Mais son crime véritable était d'avoir hé-
sité un moment à poursviivre la route san-
glante dans laquelle il s'était engagé. Les
sociétés des Cordcliers et des Droits de
l'homme le firent déclarer chef du mode-
rantismej, et il fut enfin décrété d'accusa-
tion comme complice de la conspiration
de l'étranger. Fabrc d'Eglanliue fut tra-
duit au tribunal révolutionnaire en même
temps que Danton , l'un et l'autre accusés
par Saint-Just d'avoir tenté de rétablir
Louis XYII sur le tt ône. Condamné à mort,
après avoir passé plusieurs mois dans sa
prison > il fut exécuté ainsi que Danton ,
et Camille Desmoulins , le 5 avril 1794,
et montra peu de fermeté dans ses der-
niers momens. Fabre d'Eglantine a com-
posé dix-sept comédies dont la plupart
n'ont eu qu'un succès de circonstance ; le
Présomptueux ^ joué en 1790 , établit une
sorte de rivalité entre Fabre et l'auteur
des Châteaux en Espagne et de l' Oplimisle,
et telle fut l'origine de la haine que le pre-
mier voua à ColUn-d'Harleville. Outre les
ouvrages déjà mentionnés , on a de lui :
I Augusta, tragédie représentée en 1787 ;
des comédies dont nous citerons : Les
gens de lettres , ou le poète Provincial à
Paris ^ en cinq actes et en vers ; | Le Plii-
linte de Molière , ou la Suite du Misan-
thrope , comédie en cinq actes et en vers,
1790, in-S"; | Xe Convalescent de qualité^
ou l'Aristocrate moderne , comédie en
deux actes et en vers , d79l , in-8°; | \ In-
trigue épistolaire , comédie en cinq actes
et en vers, 1791 , in-8", qui n'est, dit La-
harpe, qu'une grossière contre-épreuve
du Barbier de Séville ; | V Héritière, comé-
die en cinq actes et en vers, jouée le 5
novembre 1791 ; | Isabelle de Salisbury.
opéra, 1791 ; | Le Sot orgueilleux , comé-
die en cinq actes et en vers, 1791 ; | Les
Pr€cepteu7-s j comédie en cinq actes et en
FAB
vers , qui ne fut jouée et imprimée qu'ert
1799, in-8°; elle a été traduite en aile- !
mand par madame Kolzebue. On a publié , S
en 1796 , sous le nom de Fabre d'Eglan- !
tine , une Correspondance amoureuse. \
précédée d'un Précis historique de son
existence morale, physique et dramatique,
et d'un fragment de sa vie , écrite par lui-
?néme , etc., en 3 vol. in-12. Cette produc-
tion est aussi dégoûtante par le style que
par les principes. Il travailla aux Révolu-
tions de Paris , journal publié par Prud-
homme , de 1789 à 1793. Il a paru en 1802 ,
sous le titre di!OEuvres mêlées et posthu-
mes de Fabre d'Eglantine , 2 vol. in 8°
ou in-i2 , une compilation où se trouvent
les ouvrages indiqués, et de plus un poème
de Châlons, des satires, des romances,
etc. , pour la plupart d'une très grande
négligence. Nous terminerons cet article ,
en citant le jugement porté p^r Laharpe ,
sur une des plus importantes productions
de Fabre d'Eglantine : le Philinle de Mo-
lière, a Le titre même de la pièce, dit-il ,
» est une fausseté et une ineptie. C'est ca-
» lomnier ridiculement Molière , que de
» faire du complaisant Philinte , qu'il a
» fort à propos opposé au misanthrope Al-
» ceste , un homme dénué de toute mo-
» raie et de toute humanité ; en un mot ,
» parfait égoïste , ce qu'est véritablement
» le Philinte de Fabre. Molière opposait uu
» excès à un excès , celui de la douceur à
» celui de la sévérité ; mais il en savait
» trop pour mettre en regard sur la même
» ligne les vices du cœur et les travers de
» l'esprit. Quand le règne des bienséances
» sera rétabli , l'on effacera celte insulte
» publique à la mémoire de Molière , et la
» pièce sera intitulée ce qu'elle est : Phi-
» Unie ou Y Egoïste. Cette étrange méprise
» faisait présumer que Fabre lui-même
» n'avait pas bien compris ce qu'il faisait.
» Envenimé de haine, comme tous les es-
» prits de la même trempe , contre tout
» ce qui s'appelait homme du monde , con-
» tre tout ce qui avait dans la société un
» rang qu'il n'avait pas et ne devait pas
» avoir, il eût bien voulu faire croire que
» toute la société était en effet composée
B de méchans et de fripons ; et cette es-
» pèce de haine était bassement envieuse ,
» et pas i)lus morale que politique. Mais
» enfin il eut le mérite de tracer un carac-
» tère très prononcé et trop commun dans
» la corruptioti philosophique de notre
j) siècle, l'égoisme de principe et de cal-
» cul, sujet essayé deux fois en peu d'an^
» nées sans succès {voyez BARTHE et
FAB
• r.AILHAVA). Les connais»our9 lui sa-
ut (jrc de cettt* id»-»' vraiincnl hcii-
u«e et draninti(iuc . davoir fait trou-
stc s.i puiiilioii dans son
, «'l fait reloinbor sur lui
.. es (ïo SOS dcloslultlc's piiii-
« • cipes : niuis . en (jénéral , on aurait voulu
I» que la pièce fût plus (çaie et plus aniu-
» ftanto.... Si j'ai noinuié le Miui/il/irope .
• c'cit la faute de Fabre qui . pur son titre
! •m^ntc. rappelle niulhourousenienl cet
[ • iniiuilablc chef-d'œuvre . dont lui seul ,
' » peut-être . pouvait ne i>as redouter le
; • touvenir et la concurrence , tant son
» amour-propre était fou. Aussi l'ai-je cn-
» Icndu se vanter tout haut de ne consul-
» 1er personne. Ilrcfîardait les avis comme
• des pièges, et les critiques comme des
» injures. Il avait cependant de l'esprit
• naturel, et mèiue son talent ne pouvait
» guère être autre chose ; car on peut con-
» dure de ses écrits qu'il manquait d'é-
» tude et d'éducation. L'ignorance de la
» langue y est portée à un excès que l'on
» ne retrouverait dans aucun écrivain de-
» puis cent cinquante ans que la langue
■ est fixée.... Il affecta de ne rien com-
» prendre aux reproches qu'on lui lit sur
» sa diction , lorsqu'il eut paru mériter
• par son Philinte qu'on l'avertît de ses
» fautes. On ne voit pas non plus qu'il ait
• mis depuis le moindre soin à corriger
» son style ; et s'il l'avait pu , il est vrai-
» semblable que l'amour - propre même
• l'eut intéressé à rendre au moins sup-
» portable à la lecture , ce que les bons
• juges avaient trouvé digne d'estime au
• théâtre, au lieu qu'il ne lui restera dans
» la postérité que le plan Lien conçu d'un
• drame illisible. »
* F.VBRE (Jean), né à Nimcs le 18
•eût 1727 , d'une famille honnête de com-
merçans qui appartenaient à la religion
prolestante, s'est illustré par sa piété
filiale. Louis XIV en révoquant l'édit de
Nantes avait interdit aux protestansl'exer-
cire public de leur ciUte , et il leur était
défendu de s'assembler. Jean Fabre ac-
compagna son père le I'^'' janvier 1756
dans un lieu écarté où ses coreligionnaires
•e réunissaient contre la défense du roi.
Vn détachement de troupes survint ; l'as-
semblée fut dispersée et chacun chercha
•on salut dans la fuite. Le jeune Fabre fut
un das premiers à fuir; mais ayaot vu
ton père entre les mains des soldats ; il
retourna aussitôt sur ses pas , embiassa
les genoux du chef de la troupe , et de-
oianUa comme une gràcç de prendre la
0 FAB
place de l'auteur de ses jours ; malgré la
résistance du vieillard , se» larmes et se»
prières obtinrent cet échange. Le jeune
homme conduit à Montpellier fut con-
dauMié aux galères ; arrivé h Toulon, il
fut un moment, en envisageant Ihorreor
de sa situation . sur le point de se livrer
au désesj)oir ; cependant le sotivenir do
son i)ère à qui il avait procuré la liberté
lui rendit son courage et le soutint pen-
dant sa captivité , qu'adoucissaient les
égards qu'avaient poiu- lui l'intendant cl
les principaux officiers de la marine. En-
fin au bout de six ans le duc de Choi-
seul instruit de son malheur et de son
dévouement, le fît rendre à sa famille. H
trouva son vieux père consumé par l'âge
et par la douleur ; la joie acheva d'user
ses forces, et son lUs eut presque aussitôt
à pleurer sa mort. Une union depuis long-
temps désirée avec une de ses parentes ,
vint adoucir ses peines ; le prince deBeau-
vau obtint du monarque sa réhabilitation.
Ce modèle des fils, après avoir réuni les
débris de sa petite fortune, s'adonna au
commerce et mourut à Cette le 31 mai
1797. C'est lui qui a fourni à Fenouillot
de Kalbairc le sujet de la pièce intitulée :
Vllonnèle Criminel.
FABUE D'OLIVET (N...), naquit à
Ganges , dans le bas Languedoc , le 8 dé-
cembre 1708. Elevé dans le protestantisme,
il vint à Paris , en 1780 , pour apprendre
le commerce auquel ses parens le desti-
naient; mais il ne tarda pas à céder au
goût exclusif qui l'entraînait vers les let-
tres, et publia d'abord des pièces de théâ-
tre, qui, après avoir obtenu quelques
succès, sont aujourd'hui lout-à-fait ou-
bliées. L'étude et la philosophie des lan-
gues occupèrent depuis ses méditations.
Versé dans un grand nombre d'idiomes an-
ciens et modernes, il a voulu chercher dans
leurs origines, et dans leurs premiers mo-
numens, l'explicaticm des mystères de la
religion et de ceux de la nature. Ses idées
sur celte matière n'ont obtenu que fort
peu de crédit. Fabre d'Olivct est mort à
Paris, au mois d'avril 1825, dans la 57'' an-
née de son âge. Oa a de lui : | Toulon
soumis, opéra ; | Le Sage de l'Indostan .
17%, en un acte et en vers; | Azalais. ou
le gentil Aimur . 1800 , in-8" ; | Lettres à
Sophie sur l'histoire . 1801, 2 vol. in-8".
C'est le meilleur ouvrage de l'auteur
I Guérison de Rodolphe Grivel , sourd et
muet de naissance , 1811, in-8". Fabre
d'Olivet avait cru trouver dans des livre»
orientaux le moyen de faire j)arlcr lc4
tAtl 40
mucls, d'après une mélhode pratiquée par
les prêtres de Memphis : il en lit l'essai
sur le jeune Grivcl, qu'il assura avoir gué-
ri ; ce qui éleva une contestation entre lui
et MM. Sicard et Prony, qui présentè-
rent au ministère un rapport sur ce fait.
Le livre de Fabre d'Olivet a été réimpri-
mé en 1819 sous le titre de notions sur le
sens de l'ouie. \ Les vers dorés de Py-
thagore , expliqués et traduits , pour la
première fois, en vers euinolpiques fran-
çais A^il>, in-8°; | La langue hébraïque
rcstiliiée „ et le véritable sens des mots
hébreux . rétabli et prouvé par leur ana-
lyse radicale, 1816 , 3 parties in-8'' ; | De
l'état social ou vues philosophiques sur
l'état du genre humain A82^, 2 volumes
in-S" ; I le Troubadour , poésies occitarn-
ques au 12^ siècle, 1804, 2 volumes in-8°;
I Caïn, mystère dramatique de lord Byron,
traduit en français, Paris, 1823, in-8" : le
litre de cet ouvrage fut changé en 1824 :
l'auteur l'intitula alors Histoire philoso-
phique du genre humain. Fabre d'Olivet
a eu part à la rédaction de la Bibliothè-
que des Romans.
* FABRE (Marie- Jacques- JosEPH-Vic-
TORL\) , littérateur distingué du IQ'"^ siè-
cle, naquit à Jaujac département de l'Ar-
dèche, le 19 juillet 1783. Après avoir fait
à Lyon de brillantes études, il vint à Paris,
à l'âge de 18 ans , et y débuta par des poé-
sies et des morceaux de prose qui annon-
çaient un talent supérieur. Frappé du
mérite de ces essais, Parny encouragea
le jeune écrivain, et le compara dans une
de ses pièces à ime jeune plante qui sous
les feux du tropique devance la saison
trop lente et mêle des fruits à ses fleurs.
En 1803 , Fabre concourut pour le prix
de poésie proposé par l'académie fran-
çaise. Le sujet était V Indépendance de
l'homme de lettres , le prix fut remporté
par Millevoie ; mais l'académie exprima
le regret de n'en avoir pas un autre à dé-
cerner à la pièce de Victorin Fabre. Dans
le concours suivant (1807) dont le sujet
était le voyageur, les deux jeunes rivaux
furent couronnés à la fois. L'institut dé-
clara que jamais aucun concours de l'aca-
démie n'avait produit deux ouvrages en
vers d'un talent aussi mûr, d'un goût
aussi sain , d'une poésie aussi brillante,
d'une élégance aussi soutenue que les piè-
ces des deux athlètes vainqueurs. En 1811,
Victorin Fabre se présenta de nouveau
dans la lice poétique , et sa pièce sur les
embellissemens de Paris fut couronnée ,
quoiqu'il eût pour concurrens, Millevoie
et M. Soumet qui obtinrent l'un le pfok
mier accessit , et l'autre le second. A ces
triomphes obtenus dans la capitale, vei»-
naient s'en joindre d'autres décernés aïs
jeune poète par des sociétés littéraires de
la province. Son ode intitulée le Tasss
obtint la palme aux jeux floraux de Tou-
louse , et l'académie du Gard couronna en
1809 son poème sur la mort de Henri IV.
Pendant que Fabre se plaçait ainsi de:»
son début au rang de nos poètes les plus
brillans, il n'obtenait pas de moindres
succès dans la carrière de l'éloquence. Son
Eloge du grand Corneille lui valut en
1808, une nouvelle couronne qui lui fut
adjugée à l'unanimité et avec acclama-
lions par l'académie française. Ce discours
eut trois éditions dans l'espace de quel-
ques mois. Deux ans après , le même écri-
vain obtint l'honneur sans exemple de
voir couronner dans la même séance deux
de ses productions oratoires. L'une était
le tableau littéraire de la France au 18'"*
siècle; sujet important qui avait donné à
l'auteur des concurrens redoutables , par-
mi lesquels figuraient MM. de Barante,
Salverte et M. Jay, qui partagea la cou-
ronne avec Victorin Fabre. L'autre était
V Eloge de la Bruyère. Des succès si mul-
tipliés obtenus par un écrivain qui n'avait
pas encore 23 ans étendirent rai)idément
sa réputation , et l'opinion publique le dé-
signait déjà pour remplir la première
place vacante à l'académie. Mais Victorin
Fabre allégua sa jeunesse , et préféra res-
ter parmi les concurrens. En 1811 , il vint
encore disputer la palme académique , par
son Eloge de Montaigne , dont l'académie
parlait en ces termes. « Il est un discours
« qui a plus particulièrement fixé l'atten-
» lention des juges par les beautés du
» premier ordre qui y sont répandues. Le
» plan en est plus hardi , le cadre phis
» vaste , la marche plus animée que dans
» les autres discours ; le style a plus de
» couleur, de mouvement et de variété ;
» on y trouve plus d'idées fortes et de
» mouvemens d'éloquence ; tout y annonce
» un esprit très exercé , et un talent supé-
» rieur. « Malgré ces éloges , le discours ne
fut pas courormé; on pensa que des con-
sidérations politiques et quelque peu de
jalousie littéraire avaient pu déterminer
ce jugement. Le public fut mécontent et
Victorin Fabre cessa de concourir. Un
fait qui honore la mémoire de cet écrivain,
c'est qu'il refusa obstinément les places et
les pensions que le gouvernement impé-
rial faisait pleuvoir sur les hommes de
FAB
11
FAR
. Il ii'pi-nilant r repoussa dos
ni il Miilait qiu- la flutteriucUit
.>ii lacilo. Presque seul avec Dc-
liilo , il suUsliul do rhanler Napoléon.
Choiiù après Ir tlés;istre de Moscou , iM)ur
proii. ; ■ ^Mni funèbre du brave
mai' n.'s. aux Invalides, en
pi»-> ipereur, des chefs de l'ar
laéc el de» tjraïub corps de l'élal, Viclorin
Kabrcacoepla col honneur; niais 1 inva-
. (le l.Si.'» lui eideva celle brillanle oc-
ti de déployer sou talent oratoire.
t.-.o le» années 1810 et 1811 , Viclorin
fabre tit lui cours de lillérature à l'athé-
née de Paris, et il fut vivement applaudi,
dans une chaire qu'avaient remplie les
Laharpe et les Chénicr. La vie de Viclo-
rin Fabrc fut troublée par des malheurs
domestiques. U eut la douleur de voir
presque toute sa famille descendre dans
la tomUr. Le chagrin que lui caasu la moi t
de sa mère et celle de deux sœurs qu'il
"' '■ ' lit, altéra sa santé; appelé
il \mr ces pertes cruelles.
,,ir la maladie de son frère,
auquel il proditjua pendant k ans les soins
de la plus vive tendresse. De retour à
Paris en 1821 , Viclorin Fabrc reparut
l'année suivante dans la chaire de rallié-
née, où il lut la première partie d'uti
grand travail inédit sur les Principes de
la io<Sété civile, ouvrage empreint des
doctrintxi de l'école philosophique. L'à{je
de Viclorin Fabre semblait lui promeUrc
uncoTv une longue suite de succès ; mais
le clia^^rin et les fatigues abrégèrent ses
jonrs. Il mourut au commencement de
t. Outre les ouvrages que nous avons
~ . cet écrivaiu a publié un assez grand
i're de pièces de vers . à.' é pitre s , dV-
i . de discours philosophiques dont
leurs ont été recueillis sous le litre
d Opuscules en vers el en prose j. 1806,
in-8°. Il a laissé un grand nombre d'ou-
vra^sen poile-feuille. On assure que son
frère doit faire paraître une édition de
ses œuvres complèlcs.
• F.IBKE DE L'.\UDE ( Jea\-Piebre,
eootte;, pair de France , né le 8 décembre
1755 à Carcassoane , était , avant la révo-
Uition , avocat à Toulouse. Il en adopta
1« principes avec modération , et fut
■o*'né aucccssivement commissaire du
»«4 é»r» le département de l'Aude , pro-
iidic du même département, el
re royal près le tribunal de Car-
-— - l'r. .....:. .,..,, jg règne delà ter-
ttmt. Il Ȕ( , ,11 couseil des Ciiii|-
**••'». el I)rincipalemcnt de
malièrc» financières. Fabrc de I Auilc
remplit , presque constamment pendant
qualor/x" ans . les fonctions de rap|>oi leur
des couunissions de finances , et s'en ac-
quitta avec honneur. Il s'oppoisa , en 17% ,
à ce que le Directoire affermât le service
des postes aux lettres, el participa au ré-
tablissement des renies foncières , au
mode non veau d'imposer la propriété, etc.
Il est à regretter qu'en 1797 , il ait cru de-
voir proposer le rétablissement de la lo-
terie , et l'impôt sur le sel. Vers la lin du
Directoire , Fabre était de la section des
modérés . qui contribua si activement à
la révolution du 18 brumaire. Nommé
d'abord tribun sous le consulat , puis pré-
sident du tribunal , il continua de pren-
dre part à la réorganisation des finances.
Chargé en cette dernière qualité de ha-
ranguer Napoléon devenu empereur, il
s'exprima en ces termes : « vSire , ce nou-
» veau titre n'ajoute rien à votre gloire ;
» il est indépendant de la majesté du trône ;
» vous ne le devez ni à la force des cir-
» constances , ni au hasard de la nais-
» sance, etc. ; » puis s'adressanl à l'impé-
ratrice : « Les femmes reprennent le
» rang dont une grossière démagogie le»
» avait écartées , nous ne séparons plus
» l'épouse de l'époux. » A l'époque de la
suppression du corps qu'il présidait , Fa-
bre de l'Aube fut nommé sénateur, comte
de l'empire, commandant de la légion-
d'honneur, procureur -général près le
grand-conseil du sceau des litres , etc.
Néanmoins en 1814, il vota pour la dé-
chéance de l'empereur el fut un des 67
pairs qui volèrent la création d'un gouver-
nement provisoire. Il indiqua les princi-
pales bases constitutionnelles qui furent
adoptées pour la déclaration de Saint-
Ouen, insista particulièrement pour l'a-
bolition de la confiscation , et vola contre
les lois d'exception. Il fit partie , durant
les cent-jours , de la chambre des pairs ,
où il proposa même l'adresse à l'empereur,
et s'opposa cependant , après la journée
de Waterloo, à ce que Najwléon II fut
proclamé. Gnisidéré comme démission-
naire au retour du roi, il ne rentra qu'en
1819 à la chambre haute, où il vota depuis
dans le sens constitutionnel. Fabre a suc-
combé au mois de juUlet 1852 au choléra-
morbus qui, à cette époque, ravageait une
grande partie de la France. On a de lui :
I Recherches sur l'impôt du tabac . et
moyens de l'améliorer, 1802, in-8^, ot>-
\rjLQ>i dans lequel on houve l'idée fonda-
mentale qui a présidé àrétabltssement des
FAB
12
FAB
droits réunis ; | Réflexions politiques et
morales^ traduites de l'italien, 1817, in-
12 , avec des notes du traducteur, en ita-
lien et en français ; | Lettre à mon fils sur
ma conduite politique ^ 181G, in-S" ; | Opi-
nion sur la compétence et la manière de
procéder de la chambre des pairs ^ 1822 ,
in-S".
FABRETTI (Raphaël), né à Urbin en
Ombrie l'an 1618, mort à Rome en 1700,
fut secrétaire du pape Alexandre VIII ,
chanoine de la basilique du Vatican, et
préfet des archives du château Saint-Ange
sous Innocent XII. Il s'adonna à l'étude de
l'antiquité, et il ne lui manqua rien de ce
qui doit faire un habile homme en ce
genre : connaissance de l'histoire grecque
et romaine , des langues , des critiques ,
des philosophes; correspondances avec
les savans, etc. On a de lui plusieurs ou-
vrages en latin , estimés des antiquaires :
I De aquis et aquœductibus veteris Romœ ^
Rome, 1680, in-12, nouvelle édition, aug-
mentée de notes , Rome, 1788, in-4° ; | De
columna Trajani^ cum Aîphonsi Ciaconii
historia utriusque belli Dacici a Trajano
ffesti^ etc., Rome , 1683, in-fol. ; | Jœsithœi
ad Gronovium apologema in ejusque Tili-
livitiaMve de Tito-Livio somnia ^ animad-
versiones, 1686, in-i" ; | Inscriptionum
antiqtuirum explicatio , Rome , 1699 , in-
fol. Ce livre est regardé comme un trésor
pour les savans qui s'occupent de l'anti-
quité. Fabretti avait un esprit vif, une
conception facile et une mémoire excel-
lente. Il aimait l'étude avec passion , et
ce qu'il y a de singulier, c'est que loin
d'affaiblir son tempérament, qui fut très
faible jusqu'à l'âge de 50 ans , elle le for-
tifia.
• FABRI (Jean), évêque de Chartres,
mort en 1590 , se distingua sous les règnes
orageux de Charles V et de Charles VI
par la sagesse avec laquelle il gouver-
na son diocèse. Il fut chargé de plusieurs
missions importantes par les rois di
France, et par Louis, duc d'Anjou, puis
roi de Sicile , dont il était chancelier. On
a de lui : | Un Journal^ ou Récit Iiislori-
que de toutes les affaires auxquelles il prit
part de 1581 à 1588 , manuscrit : | les
Grandes chroniques du Hainaut depuis
Philippe le Conquérant jusqu'à Charles
VI ^ 5 vol. in-8° , manuscrit , à la biblio-
thèque du roi ; ime Réponse à l'ouvrage
de Jean de Lignario en faveur du pape
Urbain V , compétiteur de Clément VII
(Robert de Genève ) , sous le titre suivant :
du Gémissement des gens de bien à Voccor
sion du schisms ; \ un Traité pour protx-
ver que saint Pierre a souffert le martyre
à Rome sous Néron ; | et un autre Traité
en latin, en forme de plainte, sur les af-
faires de France , imprimé dans l'His-
toire de l'université de Paris par Du
Boulay.
FABRI. p-^oyez FÈVRE.
FABRI ( HotvonÉ ), né dans le diocèse de
Belley en 1607 , jésuite en 1626, profes-
seur de philosophie à Lyon dans sa so-
ciété , mourut en 1688 à Rome , où il fut
long-temps pénitencier. C'était un homme
extrêmement laborieux. Il embrassa toutes
sortes de connaissances, philosophie , ma-
thématiques , théologie , morale , et il
laissa des écrits sur toutes ces matières.
On a de lui : ] Notœ in notas Wilhelmi
TVendrokii , sous le nom de Bernard
Stubrock , insérées dans le Recueil ou la
grande Apologie de la Doctrine morale de
la Société de Jésus , Cologne , 1672 , in-
folio , et ensuite mises à Vindex à Rome ;
I Summula theologiœ . in-4° ; | un Dia-
logue en faveur de la probabilité, réfuté
par l'abbé Gradi , bibliothécaire du Va-
tican , Rome , 1639 , in-8°. Le Père Fabri
était plus propre pour la physique et les
mathématiques , que pour la théologie.
Ses écrits dans le premier genre sont :
I une Physique^ en latin, Lyon, 1669, k
vol. in-/j,°; | Dialogi physici , Lyon, 1669,
in-8° ; | De plantis , de generatione ani-
malium, et de homine^ Paris , 1666, in-4".
C'est dans ce traité, page 204, qu'il prouve
avoir enseigné la circulation du sang
avant que le livre de Guillaume Harvée
eût pu tomber entre ses mains. | Synop-
sis optica , Lyon , 1667 , in-4° ; | Opuscvt-
lum geornetricum de linea sinuum et Cy-
cloïde. Il a laissé en outre onze volumes
in-i" de manuscrits, qui contiennent de€
notes sur l'Histoire naturelle de Pline ,
plusieurs apologies , des aphorismes , etc.
FABRICE ou le FÈVRE. Foy. FABRI-
CIUS (François).
FABRICE ( André), professeur de phi-
losophie à Sainte-Gertrude à Louvain,
conseiller des ducs de Bavière et prévôt
d'Ottingen, natif de Hodeige, village du
pays de Liège, mourut en 1581. On a de
lui I Harmonia confessionis Jugustanœ ,
Cologne, 1587, in-folio; | des Notes sur le
Catéchisme romain^ et des tragédies
sacrées.
FABRICE (Georges), né à Kemnitz
dans la Misnie le 24 avril 1516 , mort le
15 juillet 1571 , à 55 ans, a laissé despo^
sies latines j imprimées à Bâle en 2 vol.
FAB
43
FAB
.en 1571. Ou y remarque beaucoup
i)urcl6 cl de naturel. Il a élé prinei-
mcnl fort nitcnlif sur le choix des
r ;•.. II n'eu emploie aucun dans ses
1- u tu .uiés, qui ressiMilenl la fable et
1 l' i^jnusiue. On a encore de lui: | un
/ 7 poétique . en 7 livres, en lai in , 1589,
iti S"; I une Collection des poètes chré-
{:■ i. ï.itiiL-i. in-8" . Bàle , laGi. Ou lui a
I j ; , ir d'avoir altéré quelquefois les
..u!. m N qu'il publiait. | Une Description
Rome. {Origines Saxonicœ . Lciinick ,
<■ 'T), eu 2 vol. in-folio; compilation csli-
- par les savans. On y trouve les por-
< des électeurs de Saxe, gravés par
it'f; Killiau. I Rerum Misnicaruni libn
rm. Ce sont des annales de la ville de
.^sen, réimprimées à Leipsickeu 1660,
iu-i°, et remplies de profondes recher-
ches. I Rerum Gennaniœ et Saxoniœ vo-
iumina duo, ÏA^ipsick, in-folio, 1609, etc.
On trouve dans la liste des ouvrages de
Fabrice le tome 32 des mémoires de Ni-
céron , et dans la Centuria Fabricionun.
FABRICE (Guillaume), surnommé
IlilUanus, deHilden, village de la Suisse,
où il naquit en 1560, savant chirurgien,
dont les ouvrages ont été imprimés à
Francfort, 1682, in-folio, avec fig. Il mou-
rut à Berne en 1634.
FABRICIUS (Caius) surnommé Lus-
cinus à cause de la petitesse de ses yeux,
fui consul romain l'an 282 avant J.-C. , cl
mérita les honneurs du triomphe par
plusieurs victoires sur les Samnites, les
Brutiens et les Lucaniens. Le butin qu'il
remporta dans ces victoires était si con-
sidérable, qu'après avoir récompensé les
soldats et restitué aux citoyens de Rome
ce qu'ils avaient fourni pour la guerre ,
il lui resta 400 talens, qu'il fit porter à
l'épargne le jour de son triomphe. Dé-
puté deux ans après vers Pyrrhus , il re-
fusa les présens et les honneurs de ce
prince, qui voulait corrompre sa fidélité.
Ce roi eut bientôt un nouveau sujet d'ad-
miration. Son médecin vint offrir à Fa-
bricius, pour lors consul, d'empoisonner
son maître , pourvu qu'où lui payât ce
parricide. Le généreux romain renvoya
« monstre à Pyrrhus, pour être puni
comme il le méritait.... Les Samnites lui
ayant offert une somme considérable, il
répondit à leurs ambassadeurs, en por-
iant la main à ses oreilles , à ses yeux et
à sa bouche : « Tant que je pourrai com-
» mander à toutes ces parties-là, vos offres
• me sont inutiles.... » Fabricius fut cen-
seur lan 277 avant J.-C., avec Emilius Pa-
pus, homme aussi austère que lui. Le pre-
mier avait pour toute argenterie tuie petite
salière, dont le pi«d n'était que de corne;
l'autre un petit plat, pour préocnler se*
offrandes aux dieux. Les deux censeurs
cassèrent de concert un sénateur nommé
Cornélius Rutinus , qui avait été deux
fois consul et dictateur , parce qu'il avait
cliex lui dix livres d'argent eu vaisselle de
table.» Admire qui voudra, dit Saint-
» Evremont , la pauvreté de Fabririus:
» je loue sa prudence, et le trouve fort
» avisé de n'avoir eu qu'une salière d'ar-
0 gcnt, pour se donner le crédit de chas-
» ser du sénat un homme qui avait été
»noumié deux fois consul, qui avait triom-
» phé, qui avait été dictateur. » Quoi qu'il
en soit de celle réflexion, et des motifs
de Fabricius , ce romain vécut et mourut
pauvre. Le sénat fut obligé de marier
ses filles aux dépens du public.
FABRICIUS VÉIE.XTO, auteur latin
sous Néron, vers Tan 49 de J.-C, fit des
libelles diffamatoires contres les sénateurs
et les pontifes, et fut chassé d'Italie pour
SCS crimes. Tacite remarque que ce Fa-
bricius étant préleur , attelait des chiens
aux chariots, au lieu de chevaux. Ses li-
vres furent brûlés par ordre de Néron,
comme des satires atroces.
' FARRICICS (Théodore), un des
apôtres de la réforme, né le 2 février
liiOl à Anlialt-sur-rYssel, dans le comté
de Zulphen, sortit de parens pauvres , et
n'eut pendant long-temps aucun moyen
de s'instruire: il fut même obligé de faire
subsister sa mère des secours qu'il obte-
nait de la charité i)ublique. Enfin, à 17
ans, il put commencer ses études à Em-
merick; son zèle et son amour pour Ik
travail lui lirent bientôt obtenir des suc-
cès rapides. Après avoir terminé son énu»
cation à Cologne, Fabricius passa à Wit-
tenberg, où il devint élève de Luther et
deMélanchthon. Etant revenu dans sa pa-
trie au bout de 4 ans , il ouvrit à Cologiur
une école d'hébreu; mais comme on ne
tarda pas à s'apercevoir qxw, sous le pré-
texte d'enseigner cette langue, il cher-
chait à répandre ses nouvelles erreurs , il
fut chassé de la ville. Il se retira auprès
du landgrave de liesse ( Philippe le Ma-
gnanime), le patron des réformés, fut
choisi pour être son aumônier, et île vint,
en 1536, curé à Allendorf sur la "Werra ;
mais l'aumônier , mauvais courtisan, s'é-
tant avisé de prêcher contre la polygamie,
le landgrave , à qui Luther avait permis
de prendre deux femmes, non content de
a
FAB
a
FAB
lui retirer ses faveurs, le fit mettre en
prison et coaiisqua ses biens. Fabricius
recouvra cependant sa liberté quelque
temps après , et retourna à "Wittenberg
en Joiô, où il professa l'hébreu et la
ihéolofjie. En 1544 , il fut nommé pasteur
de l'église Saint-Nicolas à Zerbst , où son
zèle un peu trop tracassier lui attira en-
core des ennemis. Accusé d'hétérodoxie
dans sa secte, il fut plusieurs fois obligé
tle se justifier. Enfin il termina le i5 sep-
tembre 1550 son orageuse carrière. Il a
laissé : I Institationes grammaticœ in lin-
guam sanctam . Cologne , 1528, 4551 , in-
/«•** ; I ArticuU pro evangelica docli'ina ^
ibid. ; | Tabulce duœ de nominibus et de
verbis Hebrœorum j Bàle , Henri Pierre ,
i545 ; I des Homélies ^ des Sermons et des
Discours en allemand. On ne croit pas
qu'ils aient été imprimés. | Un Abrégé de
sa Vie , que Théodore de Hase a inséré
dans le premier fascicule de sa Biblio-
theca Bremensis.
'FABRICIUS (Samuel) , né vers la fin
du 16^ siècle à Eisleben en Saxe , minis-
tre de Zerbst , est connu par un ouvrage
qui a pour litre : Cosmotheoria sacra ^
Francfort-sur-le-Mein , i623 , in-8°. Il en
a été fait une seconde édition, avec des
Considéralio7is sur les bienfaits de Dieu ,
Bâle , 4675. Ce sont des réflexions sur le
psaume 104 , ConfUemini Domino , etc.
J. Fabricius dit que ces réflexions durent
naissance aux Conciones du même auteur,
sur ce psaume ; elles sont divisées en sept
livres, qui traitent du mondé en général,
du ciel , des nuages , de l'air , des anges ,
de la terre, des eaux, delà pluie, des fruits
de la terre, etc. —FABRICIUS (Etienxk) ,
ministre à Berne au 17' siècle , a laissé :
I Conciones in prophetas minores^ 1641 ,
in-fol. ; I Conciones sacrœ in Deca-
logum . 1649 , in-4'' ; | Conciones sacrœ
in feslivitatibus annuis habilœ , 1656, in-
4° ; I /w CL Psalmos Davidis et aliorum
prophelarum conciones sac?'ce, 1664, in-f».
• FABRICIUS (Frédéric), premier
pasteur de l'église de Saint-Nicolas à Stel-
tin , et docteur en théologie de l'univer-
sité de Wittenberg, avait étudié avec
succès , à Leyde et à Utrecht , les langues
orientales. Il a laissé une Traduction de
iThébreu du Commentaire du rabbin Da-
Uid Kimchi, sur Malachie, et plusieurs
Sermons et Traités de théologie polémi-
que ^ écrits en allemand. Il est mort le H
novembre 1703 , âgé de 61 ans.
♦ FABRICIUS (Christophe-Gabriel ) ,
ijé à Schackdorf , vîUc de la basse Lusace,
le 18 mai 1684 , fit ses cours de théologie
à l'université protestante de Wittenberg.
En 1703 , il fut chargé d 'aller prêcher l'E-
vangile en langue slave , dans la basse
Lusace , et en 1740 , dans la Lusace supé-
rieure. Il y mourut le 12 juin 1757. 11 a
laissé : | un Catéchisme en langue slave ;
I Ilerrenhxtth démasquée Wittenberg,
1743 ; I Découverte de l'esprit de secte des
herrenhuthers ^ WinenheTQ , 1749, irt-H".
Ces deux ouvrages sont écrits en allemand.
Christophe Fabricius y combat la secte
des herrenhuthers ; il cherche à faire voir
combien sont dangereuses les vues que
ces sectaires cachent sous des dehors re-
ligieux , et quelles suites funestes cea
erreurs peuvent avoir pour le christianis-
me. Fby^sZlNZENDORF.
FxVBRIClUS , nommé aussi LEFEVRE
( FRAXÇorS ) ; savant philosophe , né en
1524 à Duren dans le duché de Juliers,
vint à Paris au collège de France suivre
les leçons de Ramus et de Turnèbe , ob-
tint le rectorat de Dusseldorf en 1S50, et
mourut en 1575. On a de lui : | PauUOro-
sii... Historiarum libri septem, Cologne,
1582, in-12. Fabricius s'attache dans ses
notes , à déterminer la véritable manière
de lire le texte , à indiquer les endroits
des historiens profanes qui ont rapport
à ce que dit Paul Orose, et enfin à fixer
les points de chronologie. Le Père André
Schott en a donné une édition àMayence
en 1615, avec les notes de Fabricius et
celles de Lautius ; | Jn Terentii comœdias
aimotationes . Anvers, 1565; \ Cieeronis
historia, Cologne, 1364 : Gronovius y a
ajouté des notes , et elle a été insérée par
l'abbé d'Olivet à la fin de son édition de
Cicéro7i.
FABRICIUS ( JÉRÔME ) , né en 1537,
plus connu sous le nom d'Acquapendente,
sa patrie , fut disciple et successeur de
Fallope dans la chaire d'anatomie de Pa-
doue. Il l'occupa pendant 40 ans ave<;
beaucoup de distinction. La république de
Venise lui donna une pension de cent écus
d'or, et l'honora d'une statue et d'une
chaîne d'or. Ce savant médecin mourut
en 1619, à Padone, laissant plusieurs ou-
vrages sur la chirurgie , l'anatomie et la
médecine, justement estimés par ceux qui
s'appliqtient à ces arts utiles. Ses OEuvres
anatomiques ont été imprimées à Leyde
en 1738, in-fol. Il remarqua le premier,
eri 1574 , les valvules des veines ; mais il
ne connut ni leur structure ni leur usage.
Fabricius travaillait plus pour la gloire
que pour l'intérêt. Ses amis lui firent di-
PAB
^ira piTsens, ]mur n-compcnscr son (;r-
ténux dcsin(rrosst>nu<nt. 11 les mit duiis
«I cabinet pailinilier. avec celle iusnip-
lion : Lucri ur<;lt((i lucrufH.
FABRH.H s\Vi<*i;k;«t), poète allemaml
«é à llaiiilHuirg le S5 sept. ItiltJ.fulsuc-
rcs5Î\oiiuMil txjuseillerde l'tvèque de Lu-
l^j. .... 1 .1 .1., villutle Danl/.ick. boury-
RH-v . lie ccllf! ville à Varsovie,
où il li avril 16G7. Scachaqjes
ne ravaifiU jwseuipcchc de se livrer à la
porsic latine. Daniel Heinsius l'engagea
i publier les fruits do sa muse eu 1652.
On en a donné une t'dilion plus complète
i Lei{>sick,en 1067.
FAimiCIV'S ( François ) , né à Am-
sterdam, le 10 avril 16<i3, fui ministre et
professeur en théolotjie dans l'universilé
de Leyde , dont il a été quatre f»>is rec-
teur. C>n a de lui plusieurs disserlalions
recueillies en 5 vol. in-i", Leyde , 1727.
Les principales sont : | Christus ecclesiœ
fwidanxentum ; \ Sacerdotium Chrisli;
I Christoloçia Noachica et Abrahamica.
seu dtssertadones ad seleclos tertus vete-
ris et tiovi Testamenti ; \ Defide christia-
na patriarcharum et prophetarum . etc.
II a fait aussi imprimer 6 sennons en hol-
landais. Ce savant mourut le 27 juillet
1738.
FABRICIVS ( Jea^-Albert ) , né à
Leipsick, en 1668 , s'acquit de bonne heure
la réputation de littérateur poli et de sa-
vant profond. 11 avait un esprit facile,
une mémoire heureuse et beaucoup de
pénétration. Après avoir fait ses études
avec distinction dans sa patrie, il se ren-
dit à Hambourg, où Mayer lui confia le
soin de sa bibliothèque. La mort de Yin-
' Placcius ayant fait vaquer la chaire
iifesseur d'éloquence de celle ville ,
iicius l'obtint. Cette place le fixa à
Hambourf^, et il y passa le reste de sa vie
rhéri el honoré. En 1719, le landgrave de
"' -m1 lui offrit deux postes impor-
.ire de premier professeur de
„- -'<'iessen, et la place de surinten-
dant des égli-ses de la confession d'Augs-
bourg. Fabricius fut tenté de le» accep-
ter ; mais les magistrats de Hambourg,
plus ardens à le retenir qu'il n'était à les
"••■"er , augmentèrent en 1720 ses gages
") écus. Il y mourut en 1756, à 68 ans.
;t un homme modeste ; sa douceur le
t aimer, autant que ses lumières in-
ietil re«lime. Peu de savans ont été
' ^ifux ; il suffisait à tout, leçons
rorrcspoiulanccs littéraires,
jii d'ouvrages'. Ccu\ qui l'ont
15 FAn
fait rnnnailrc le plus avantageusement
dans la république des lettres, .soni : | To»
dcx apocnjphui novi Testamenti coUec-
tus . rasfit/atus . Hambourg . 3 vol. in-S",
1719. C'est une collection curieuse el exacte
de beaucoup de morceaux inconnus au
commun des lecleurs, cl même au com-
mun des savans. On y Irotive une notice
de tous les faux évangélistes, des faux
actes des apôires el des apocalypses, dont
l'Eglise fut inondée dans sa naissance. Ce
recueil estimé est enrichi de plusieurs re-
niarques criliques, et ne peut que servir
à constater pleinement l'authenticité des
quatre Evangiles et autres écrits canoni-
ques, constamment et généralement re-
connus, tandis que tout ce qui n'avait
pas le caractère de l'inspiration, est allé
au fond de l'oubli. | lUbliolheca gneca .
{k vol. in-/*", publiés à Hambourg depuis
1703, jusqu'en 1728. Celle notice des an-
ciens auteurs grecs , de leur vie , de leurs
ouvrages, est précieuse aux bibliogra-
phes. Il n'y a d'ailleurs presque aucuu
volume qui ne contienne quelques écrits,
entiers ou en partie, des auteurs grecs
anciens et modernes. Il faut que le pre-
mier volume soit de 1718, ou au moins de
1708 : éditions plus amples que celle de
1705. Les volumes suivans sont semblables
quoique réimprimés. Il y a une i' édition
augmentée . 1790-1811 , 12 vol. in-/t°. Elle
n'est pas achevée , et ne peut avoir moins
de 16 à 17 vol. ] Bibliotheca latina ecde-
sia^ficaj Hambourg, 1718, in-folio. C'est
le recueil des écrits latins sur les matiè-
res ecclésiastiques. | Memorice Hambur-
genses . 7 vol. in-8°, augmentés d'un 8* en
1745, par Evers, gendre de Fabricius. On
y trouve la vie et les éloges des illustres
Hambourgeois. | Codex pseudepigraphus
veteris Testamenti. in-8°, 2 volumes, 1722
et 1723. L'auteur a exécuté à l'égard de
l'ancien Testament ce qu'il avait prati-
qué à l'égard du nouveau dans son Codex
apocryphus ; \ une savante édition de
Sexlus Empiricus , grecque cl latine,
Leipsick, 1718, in-fol; | un Recueil en
latin des auteurs qui ont prouvé la iiérité
du christianisme , 1725, in-4" ; | un excel-
lent ouvrage en allemand, traduit en fran-
çais sous ce litre, Théologie de l'eau.
17/«3, Paris, in-8°; avec de nouvelles rc
marques communiquées au traducteur;
I Les écrivains de l'histoire d' Al lemagjie
et du Nord . publiés par Lindi nbrogius,
auxquels il joignit les Origines de Ham-
bourg par I^mbeccius, et les Inscriptions
de celle même ville par Anckelman : le tout
FAB
16
FAB
onié de notes savanlcs cl d'appendices,
in-fol; I une édition du Thealrum ano-
nymorum et pseudonymorum de Placcius,
in-fol. ; il y ajolila une préface , et la vie
de l'auteur. \ Bibliotheca latina, 1707,
d708et 1721 , in-8", 5 vol., réimprimée à
Venise en 1728 , 2 vol. in-/!i.°, et à Leipsick
1775-74, 3 vol. in-8°. Elle devait avoir un
4*^ vol. qui aurail contenu les auteurs chré-
tiens. I Bibliolhecamediœet infimœ lati-
nitalis^ 1754 , in-8°, 5 vol., réimprimée à
Padoue , 1754 , 6 vol. in-4° ; | Bibliogra-
\ihia antiquaria, Hambourg, 17G0, 2 vol.
Cet ouvrage est une notice des écrivains
({uiont travaillé sur les antiquités hébraï-
ques , grecques , romaines et ecclésiasti-
ques. I Cenluriœ duœ Fabricioram scrijHis
darorum qui jam dieîn suum obierunt .
Hambourg, 1707, in-S" ; | une édition du
Polyhislor , de Morhof , Lubeck, 1747, 2
vol. in-8°. H. S. Reimar, son gendre, a
donné une notice sur la vie et les écrits
de Fabricius avec son portrait sous ce
litre : De vila et scn'plis Joannis Jlberti
Fabricii commentai'ius ^ 1757, in-S".
• FADUICÏUS ( JEAîv-CnRÉTiEN ) , cé-
lèbre entomologiste , né en 1742 , à Tun-
dern dans le duché de Sleswick, annonça
dès ses premières années beaucoup de
goût pour l'histoire naturelle, et suivit les
cours de Linnée à l'université d'Upsal.
Forcé d'embrasser un état , il étudia la
médecine. Il fut reçu docteur à l'âge de
2o ans : mais bientôt nommé professeur
d'histoire naturelle à l'université de Kiel,
il se livra entièrement à. ses études favo-
rites pour lesquelles il entreprit plusieurs
voyages en différentes parties de l'Eu-
rope. Il devint conseiller d'état du roi de
Danemarck , et professeur d'économie ru-
rale et politique. Fabricius se trouvait en
France au moment oii son pays était en
guerre avec la Grande-Bretagne. Pénible-
blement affecté des désastres de sa patrie,
il partit pour le Danemarck , quand il ap-
prit la nouvelle du siège de Copenhague.
[1 offrit ses services à son roi; mais il
mourut peu de temps apiès son arrivée,
en 1807. Ses jirincipaux ouvrages sont :
I Syslema eniomologiœ , Flensburg, 1775
in~8°. Ce livre donna une nouvelle face à
la science. On y trouve non-seulement
l'exposition des caractères essentiels des
classes et des genres du nouveau système
que l'auteur voulait établir, mais encore
toutes les espèces alors connues. | Gê-
nera visectorwn ^Kiel, in-8°, faisant suite
à l'ouvrage précédent ; | Philosophia en-
tonvdogica . Hambourg , in-S" , 1778. C'est
le meilleur ouvrage que nous ayons en ce
genre. [ Etitornologia systcmalica , Co-
penhague, 1792 à 1796, 7 vol. in-S"; | Sup-
pleinentum eniomologiœ sysiematicœ, 1798
in-8". Il faut joindre à ce volume un Index
alphabeticus de 52 pages qui ne parut (jue
deux ans après. Fabricius a publié sépa-
rément un species^ouv chaque classe d'in-
sectes en particulier , sous ces titres :
Syslema eleulheralorum. , 1801 ; Système
rhyngotorum, 1805; Systemapiezatorum,
1804; Syslema antlialorumA&Oo; avec
lui index in-k° pour chacun ; | Considéra-
tions sur l'ordre général de la nature.
Hambourg, 1781, in-8°, en allemand;
I Résultat des leçons sur l'histoire natu-
relle ^ Kiel, 1804, aussi en allemand.
* FABUICIUS ( Otto ), prédicateur pro-
testant, né en 1744 à Rudkiœbing, dans une
des îles danoises de la mer Baltique , fut
nommé missionnaire pour les colonies da-
noises de Frédériks-Haab , et partit pour
ce pays en 1768. Pendant son séjour qui
dura jusqu'en 1775, il s'occupa beaucoup
de la langue des Groenlandais , et s'adon-
na à la recherche des plantes du pays,
sans études préliminaires , et sans autre
livre que le systema naturce. Il profita
des conseils du célèbre Otto-Frédéric Mul-
1er avec lequel il était en correspondance.
De retour à Copenhague, il fut pourvu
successivement de jjlusieurs cures , et en
dernier lieu ( 1789 ) de celle de Christia-
nia, où il mourut avec le litre et le rang
d'évèque le 12 avril 1822 à l'âge de 72 ans.
II s'était occupé de la rédaction des notes
qu'il avait recueillies. Son principal ou-
vrage a pour titre : Fauna groenlandica^
Copenhague , 1780 : il l'a fait honorable-
ment connaître du monde savant.
* FABRICY ( le Père Gabriel ). domi-
nicain et célèbre bibliographe , né vers
1725 à Saint-Maximin près d'Aix en Pro-
vence , entra fort jeune dans l'ordre de
St.-Dominique ; il en devint provincial, et
se rendit à Rome où il fut lecteur en théo-
logie. Ses vastes connaissances le firent
choisir pour l'un des docteurs théologiens
de la fameuse bibliothèque de Casanala,
léguée en 1700 par le cardinal de ce nom
aux dominicains du couvent de la Minerve.
Il mourut à Rome en 1800. Fabricy était
membre de l'académie des Arcades. Oa
lui doit : | Recherche sur l'époque de l'é-
quilation et l'usage des chars équestres
chez les anciens^ in-8°, Marseille (Rome) ;
1764 et 1765 ; i Mémoires pour servir à
l'histoire littéraire des deux Pères An-
saldij, des PP. Mamachij, Patuzzi, Ui-
FAB
17
FAB
' : l t( lit iininis; CCS llivCIS opUSCUlCS
; imprimés dans le lUclionnaire uiii-
>il des sciences ecclésiasliqucs du
Vire Richard. | Des titres primitifs (le la
révélation, ou Considérations critiques
sur ta purrté et l'intégrité du texte ori-
ginal des livres saints île l'ancien Testa-
ment, ii loin. in-S" , Rome , 1772 : c'est le
plus célèbre el le plus cslimé de ses ou-
^ rA<;f<t: ! Censoris tluologi diatribe, quabi-
'litratttiquariœ et sacrtv criliccs
/Ilot illustrantur . Rome, 1782,
;.. . . • a le trouve à la suite du Spécimen
variarum lectionum sacri textùs de J. B.
de Rossi. Le Père Fabricy a aussi tra-
vaille avec le Père Audifreîli au magnifi-
que Catalogue de la bibliothèque de Casa-
nata . dont 4 volumes seulement ont été
publics.
F.\BRI\I ( Jeam ), (jrammairien , na-
quit en ljl6,à Fi(ïhine en Toscane et
mourut vers i580. Nous avons de lui des
notes c\.àe% commentaires sur Virgile,
Horace. Térence, et sur quelques Epitres
do Cicéron. Ils sont assez bons pour leur
temps. II esl auteur de quelques autres
ouvrages sur sa lan^e.
• FABRIS ( Nicolas ) , célèbre mécani-
cien d'Italie , el prêtre de l'Oratoire , né
en 1739 à Chioggia, mort le 13 août 1801,
commença par travailler avec son frère
l'abbé François Fabris , à l'analyse et à la
-^ificalion des cires marins de l'Adria-
. •. Il inventa pour l'harir-onica de
.:iklin un piano-forle avec un registre
1 l'I des touches , ainsi qu'une table de pro-
gressions harmoniques, pour accorder
promptement et facilement les instru-
' mens a clavier. Il inventa encore un cla-
! vecin au moyen duquel les notes frappées
I par les touches étaient en même temps
\ écrites ][>ar elles , et une petite machine
, fort simple , par les ressorts de laquelle
une main de bois battait toutes sortes de
mesures. Il imagina un genre de tonneau
«laiu lequel l'air ne pouvait s'introduire à
mesure qu'on le vidait , sa cavité dimi-
nuant dans la même proportion que le
vin qui y était contenu. Il trouva le moyen
d'écrire aussi vile que la parole la plus
précipitée sans abréviation et sans rature,
el s'occupa de la recherche du mouvement
perpétuel. Fabris construisit encore une
lM>rlo^ qui marquait, dans le rapport le
■ '■■ ' heures italiennes et les
> , avec les minutes et les
. ' iives; les cquinoxcset les
4*>l4lkc*y ctaicnt même indiqués. Ce goût
lie nuisit point chez lui aux études Ihéo-
logiqucs. Ses super leur» le rluirgèrcntd'er»-
scigner les jeunes «lève» de la Cougréga-
lion, et l'évéinu; de Uiioggia le cboUit
IK)ur son conseil.
FABROM. l'oyez FABBRONI.
FABROT ( Charles- A\KiRAi. ) était
d'.Vix en Provence, où il vil le jour l'an
1;>80. Sa profonde érudition et ses vaslos
connaissances dans la jurisprudence ci-
vile et canonique, lui obtinrent l'amitié
du fameux Peiresc, protecteur de tous les
gens de mérite. Le président du Vair , qui
l'estimait aussi , devenu garde des sceaux
en 1617, attira Fabrotà Paris. Il n'avait
que 36 ans , et depuis 8 années il occupait
avec distinction une chaire de droit dans
l'université d'Aix. Il retourna dans celle
ville après la mort de son protecteur , et
y reprit ses fonctions de professeur. On
le revit à Paris en 1637, pour y faire im-
primer des Notes sur les Institutes de
Justinien. Cet ouvrage, dédié au chance-
lier Séguier , fut honorable et utile à l'é-
crivain. Il fit à Fabrot un grand nom dans
la république des lettres, et lui valut une
pension de 2,000 livres qui lui fut accor-
dée pour travailler à la traduction du Ba-
silicon : c'est la collection des lois romai-
nes, dont l'usage s'était conservé dans
l'Orient , et de celles que les empereur»
de Conslantînople y ont ajoutées. Celle
collection avait été faite par ordre de l'em-
pereur Léon VI. La traduction coûta à
Fabrot dix années d'application constante
et lui mérita une charge de conseiller au
parlement de Provence , dont les circon-
stances du temps ne lui permirent pas de
jouir. Cet ouvrage parut en 16i7 à Paris,
en 7 vol. in-fol., auquel il faut joindre le
Supplément par Ruhnkeuius , Leyde, 1765
In-fol. En 16/t9, Fabrot publia une édition
des OEuvres de Cédrène, de Nicétas,
d'Anastasele bibliothécaire , de Constantin
Manassès , cl des Institutes de Théophile
Simocatte, qu'il enrichit de notes et de
dissertations. On a encore de lui des oh-
servalions sur quelques litres du Code
Théodosien; un Traité sur l'usure contre
Saumaise ; quelques 7naximes de droit
sur Théodore Balsamon , sur l'hisloirc
ecclésiastique, sur les papes, et plusieurs
traités particuliers sur diverses matière.^
de droit. En 1652, ce docte et infatigable
écrivain commença la révision des Œu-
vres de Cujas, qu'il corrigea sur plusieurs
manuscrits , et qu'il donna au public à
Paris, l'an 1658, en 10 vol. in-fol., avec
d'excellentes notes aussi curieuses qu'in-
structives. L'applicatioD excessive qu'il
FAB
18
FAB
mit à ce grand ouvrage , lui causa une
maladie, dont il mourut le 16 janvier lGb9
à Paris , âgé de 79 ans. On trouva parmi
les papiers de ce savant homme , des
Commentaires sur les InsiUales de Jus-
tinien ; des notes sur Aulu-Gèle ; et le Re-
cueil des ordomiances ou constitutions
ecclésiastiques qui n'avaient pas encore
vu le jour en grec. Ce dernier ouvrage a
clé inséré dans la Bibliothèque du droit
canon, publiée en d66i par Voel et Jus-
tel.
• FABRY ( Henri- Jean -Baptiste ),
comte d'Autrey, chevalier, de Saint-Louis,
né en 1723 et mort en 1777, a composé :
j Y Antiquité justifiée^ ou Réfutation d'un
Iiv7-e qui a pour titre : l'Antiquité dévoilée
par les usages... ( de Boulanger) , Paris ,
i776, in-12 ; ] Le Pijrrhonien raisonnable^
ou Méthode nouvelle proposée aux inci'é-
dulespar l'abbé de*"", Paris, 1765, in-12;
[Les Quakers à leur frère V""* , lettre plus
philosophique que*"* sur sa religion et ses
livres , Londres et Paris , 1768 , in-8°.
* FABllY ( Jean-Baptiste-Germaix ) ,
avocat à la cour royale de Paris , né en
1780 à Cornus, dans le Rouergue, diocèse
de Vabres , se fit connaître avantageuse-
ment par son attachement aux saines
doctrines, et consacra sa vie aies ré-
pandre par des écrits ou des recueils qui
font honneur à son esprit et à son cœur.
Envoyé à Paris pour y faire ses études de
droit , ses principes et sa conduite ne se
démentirent point au milieu des dangers
de la capitale. Il fut reçu avocat en 1804,
mais parut peu au barreau : il s'occupa plus
spécialement des événemens politiques et
de littérature religieuse , et fut secrétaire
de Fouclié ministre de la police générale
de France. Son empressement à obliger
fut la cause de sa mort : en allant cher-
clier le docteur Dubois à cinq heures du
matin pour une de ses parentes dans lo
travail d'un accouchement difficile, il
glissa sur le perron dans l'obscurité , et
tomba sur une pointe de fer qui lui entra
dans la cuisse et lui rompit une artère. Il
expira quelques minutes après , le k jan-
vier 1821. On lui doit : | le Spectateur
français au i^^ siècle j ou Variétés mo-
rales j politiques et littéraires, recueillies
des meilleurs écrits périodiques , collec-
tion précieuse par le choix des matériaux
qui la composent. Elle forme 12 vol. in-8°,
Paris , 4803 à 1812 ; [ Chefs-d'œuvre de
l'éloquence chrétienne ^ ou Sermons de
Bourdaloue , Bossuel , Fénélon , Massil-
l(m, sur la vérité de la religion j formant
un corps d'ouvrage, Paris, 1810, 2 voL
in-12 ; | La régence à Blois , ou Les der-
niers momens du gouvernement irnpériatj
1814, in-S", 6^ édition, 1815 ; | Itinéraire
de Bonaparte depuis son départ de Dou-
leventAe 28 mars, jusqu'à son embarque^
ment à Fréjus le 28 avril 1814, in-S",
5*^ édit. 1815 ; | Itinéraire de Bonaparte
de Vile d'Elbe à Vile de Sainte-Hélène, on
Mémoires pour servir à l'histoire des évé-
nemens <^e 1815, in-8°, 1816, réimprimé
l'année suivante, avec des augmentations
considérables, en 2 vol. in-8°; | Mémoires
pour servir à l'histoire de l'instruction
publique . depuis i78S jusqu'à nos jours ^
ou Le génie de la révolution considérée
dans l'éducation, où Von voit les efforts
réunis de la législation et de la philosophie
du 18*^ siècle pour anéantir le christia-
nisme, 1817-1818. 3 vol. in-S". On y trouve
des pièces et des faits très curieux sur les
moyens pris , à différentes époques de la
révolution, pour pervertir l'éducation.
I Monu?nens de la reronnaissmnce natio-
nale votés en France depuis 1789, in-S",
1819; I Les missionnaires de i79^ , in-8",
1819 et 1820. L'auleur y rappelle les pré-
dications anarchiqucs , impies et cruelles
des révolutionnaires de 1793, et remarque
l'affection et l'inlérêt que certains écri-
vains portent à ces missionnaires si di-
gnes d'eux , tandis qu'ils ont en horreur
ceux qui prêchent l'ordre, la religion et la
charité. Le but de ces écrivains éhontés
n'est pas équivoque ; et , comme c'est en
déclamant contre les nobles et les prêtres
qu'on est parvenu à opérer la révolution,
M. Fabry a pensé qu'il serait utile d'en
rappeler les pages sanglantes pour nous
préserver des mêmes malheurs; mais il
n'a rien exagéré : il cite toujours ses
sources et ses garans ; il s'est même im-
posé la loi de ne donner les faits que sur
les pièces officielles insérées dans le Mo-
niteur. Rien n'est donc plus authentique
que son histoire des Missions de 1793,
comme rien n'est plus légitime que sa
généreuse indignation contre ces sanglans
missionnaires. Il avait commencé des re-
cherches pour faire une histoire de la lé-
gislation révolutionnaire sur la religion et
les prêtres; il est à regretter qu'il n'ait
pas terminé ce travail : personne n'était
plus en état que lui de traiter ce sujet ; il
connaissait parfaitement la révolution et
son esprit, et il la jugeait très bien dans
ses causes, ses moyens et ses résultats.
Tous ses ouvrages ont paru sous le voile
de l'anonyme*
FAC
19
FAE
M CIAIIDI (Christophe ), n^ dans le
>ire do Rimini , passa do l'instiliit
rs c«>nvcntucls à reliiî des ca-
Ui province de Bologne , où
;;iaiul non» parmi les piédira-
leuiHde M»n temps. L'on rapporte qu'en
prV^rhant un jour h Bologne sur l'aunume.
■ • ( >sion sur l'esprit des as-
.!i' sortir de l'éylise , ils
11- leur arpent cl de leurs
\ les plus preeieux. pour contribuer
it^lisscmenl de l'hôpital des orplie-
iiue Facciardi venait de leur re-
i.iiuler. L'on a de lui : | ExercHia
., talia ex sanctis patribus collecta^
5 vol. iu-S", Lyon, 1590; Venise, 1597 et
Paris, 1606. | Vitœ et gesta sanctonim cc-
r rcruchinœ ^ in-8", Venise, 1600;
'a aurea et sanctuarium sanctœ
:.-gicc , tum scholasticœ^ tum posili-
vtt , aperta; \ Meditazioni de' principali
mysteri délia vita spirituale ^ in-4", Ve-
nise, 1599.
• FACCIOLATO ( Jacques ) , savant
■ ■"'■-'scur de logique de l'université de
1 ■, né à Torrefjlia près de cette ville
:<-5 monts Eugaiiées, en 1682, mort
en 17b9, consacra toute sa vie à des re-
cherclies sur des méthodes pour faciliter
' ■'■ ' -yiofondie des langues anciennes.
lux ouvrages sont : | une nou-
:i du dicliowiaire en sept lan-
1 ounu sous le nom de Calepin. Pa-
1718, 2 vol. in-folio, depuis plusieurs
imprime ; | Ortografia modcnia ita~
ron qualche cosa di lingua per uso
ininario de Padova, 1721, in-4°;
I Orationes latinœ . Padoue, 1744 et 1767,
in-8°. Ce sont les harangues qu'il pro-
i cliaqiic année à l'ouverture des
-. Elles ajoutèrent beaucoup à sa ré-
"tj. I De gymvasio palavino st/n-
la duodecini ex ej'usdem gymuasii
cxcerpta , Padoue, 1752, in-8»;
'i gymnasii paiavini ab anno 1268
num 1752, Padoue, 1757, in-4";
'"lœ latinœ. Padoue , 1765, in-8". Il
icoup contribué au grand diction-
I.itin , public par Forcellini.
I ACIO ou FAZIO (Bauthélemi), né à
ipcrzia, dans l'état de Gènes, mort vers
"' r'«G5, fut secrétaire d'Alphonse d'A-
', roi de Naples. jïineas Sylvius,
"•nis le nom de Pie H, fut très lié
"li , ainsi que la plupart des érudils
" siècle. On doit aux veilles de ce
id litlcralcur : | De bello vcneto-
(vto ^ seu intcr renctos et Geniien-
yon 1578, in-8", etc.; | une Histoire
de son temps . jusqu'à l'année 1/»6Î5 , en
latin ; | De vitœ fclicUnlr. Leydc, 1628 ,
in-24; | un Traité des hommes illustres
de son temps, aussi en lalin . publié h
Florence en 1745, in-4°, par l'abbé Méhus;
I Traduction latine de V Histoire d'A-
lexandre le Graml en grec, par Arien;
I quelques opuscules, mis au jour par
Trelier,à Hanovre, 1611, in-4". Ce savant
était un ennemi irréconciliable. Il coïk-
serva jusqu'au tombeau sa haine pour
I^urent Valla.
FACUM)t!S, évèqtie d'Herrniane en
Afrique , assista en 547 à la conférence
que le pape Vigile tint à Constantinople
sur la dispute des trois chapitres. Il s'a-
gissait dans cette affaire de l'orthodoxie
de Théodore de Mopsueste , des écrits de
Théodoret, et de la lettre d'Ibas. Facundus
les soutint avec une ardeur qui le lit exi-
ler. Nous avons encore V ouvrage qu'il
composa sur cette matière : il est écrit
d'un style véhément, plein de feu et avec
beaucoup d'art ; mais l'auteur sort sou-
vent des bornes de la modération. Le sa-
vant Père Sirmond publia cet écrit en
1629, in-8°, avec des notes ; et il fut inséré
depuis dans l'édition d'Oplat , faite à Pa-
ris. Facundus mourut vers l'an 553.
FADUS (CuspiLs). Foyez CUSPIUS
FADUS.
FAERIME (Gabriel), de Crémone en
Italie, mit en vers latins, dans le 16' siè-
cle, cent fables d'Esope , distribuées en 5
livres. Pie IV l'engagea à ce travail , et
n'eut pas à s'en repentir. La morale y est
rendue d'une manière ingénieuse ; le style
a cette précision, ce naturel, cette vairiété,
qui font le principal mérite de ces sortes
d'ouvrages. Faerne ne vit point mettre
au jour le fruit de son travail : sou re-
cueil de fables ne parut qu'en 1564, 3 ans
après sa mort , avec une dédicace à saint
Charles Borromée, archevêque de Milan.
Ce recueil, imprimé à Rome en 1564,
in-4°, et depuis à Padoue en 1718 et 1730,
et à Londres, 1743 , in-4°, orné de plan-
ches , lit connaître Faerne sur le théâtre
littéraire. Dcnyse en donna une traduc-
tion française en 1699, petit in-12, et Per-
rault, de l'académie française, les tradui-
sit en vers français , in-12, Amsterdauj,
1718. Tronduili en a donné ime bonne
édition italienne , Venise , 1736. Faerne
était aussi bon critique qu'excellent poète.
On a encore de lui : | Censiu-a etnenda-
tionum Livianarum Sigonii; | De metrit
comicis; \ une édition de Térence ; \ d<'S
remarques sur Catulle et sur plusieurs
FAG
20
VAd
ouvrages de Cicéron ; \ Dialogia antiqui-
ta(am,etc.;\In lutheranos elegiœ. Il mou-
rut à Rome en 1561. Pie IV et le cardinal
Charles Borromée , neveu de ce pontife ,
l'honoraient d'une estime particulière ,
ou plutôt s'honoraieiit en rendant jus-
tice à son mérite. Il faut remarquer que
Faërne écrivait dans le temps où les fables
de Phèdre ^'étaient pas encore connues ,
de manière que le mérite en est tout-à-fait
original. Ce n'est que vingt ans après la
première- édition des fables de Faërne ,
que celles de Phèdre furent découvertes.
* FAESI ( Jean-Conrad ) , né à Zurich
en 1727, fut curé à Flaach près de Schaff-
house, et y mourut en 1790. Cet écrivain
aussi laborieux qu'estimable fit une étude
particulière de l'histoire et de la statisti-
que de la Suisse. On lui doit les ouvrages
suivans, écrits en allemand : Description
géographique et statistique de la Suisse^
4765 à 1768, 4 vol. in-8°; | Mémoire sur di-
vers sujets de l'histoire ancienne et mo-
derne^ 1765, 2 vol. in-8°; | Histoire de la
paix d'Utrecht , 1770. lia traduit en alle-
mand V Histoire d'Afrique et d'Espagne
de Cardone, et publié plusieurs mémoires
dans les Journaux historiques de Meusel.
FAGAN ( Christophe- Barthélemi) ,
naquit à Paris, en 1702, du premier com-
mis au grand bureau des consignations.
Il y eut lui-même un emploi , qui l'occu-
pait peu , et qui lui laissa la liberté de
s'attacher aux belles-lettres. Fagan, avec
une partie de l'esprit de Iol Fontaine ,
avait à peu près le même caractère , la
même indolence, la même aversion pour
les affaires. Son extérieur négligé, son
air distrait et timide, n'annonçaient point
tout ce qu'il était. Il avait beaucoup de ta-
lent pour le théâtre. Il travailla tour-à-tour
pour le Théâtre-Français, l'Italien, et pour
celui de la Foire. On remarque, dans
toutes ses pièces , im enjouement naïf et
tin. Les plus applaudies , soit pour le bon
comique, soit pour la conduite, sont le
Rendez-vous et la Pupille. Celle-ci mérite
d'être mise à côté, et si on ose le dire, au-
dessus de quelques petites pièces de Mo-
lière. Pesselier a rassemblé en 17G0, en
k vol. in-12 , les différens ouvrages dra-
matiques de Fagan. Les ornemens dont il
a accompagné cette édition, sont xm Eloge
historique de l'auteur, et une Analyse de
sesœuvres. Fagan mourut àParis en 1755.
FAGE ou BUCHLIN (Paul), Fagius ,
né à Rhcinsabern dans le Palatinat , d'un
maître d'école, se distingua par ses con-
luissaaces dans la langue hébraïque. Ap-
pelé en Angleterre par Crammer, arche-
vêque de Cantorbéry, il fut chargé de
faire des leçons publiques à Cambridge,
où il mourut en 1550, âgé de 45 ans. Ce
savant protestant a beaucoup contribué à
répandre la connaissance de la langue
hébraïque par ses ouvrages, dont yoici les
principaux : [ Jpophthegmata patrwn ,
Sententice morales, 1542, in-4''; [ Tobiai
hebraïcus. 1542, in-S"; ] Expositio dictio-
num Iiebraïcarum. 1542, in-4°; | Notœ in
Pentateuchum ^ 1546, in-fol. , etc.
FAGE ( Raimond de la), naquit en 1648
à Lisle en Albigeois. Il s'adonna au dessin
sans secours, sans maître, malgré ses pa-
rens, et devint bientôt un dessinateur
excellent. Il mettait dans ses productions,
surtout dans les sujets libres, un goût, un
esprit qui surprenaient les artistes. Son
atelier ordinaire était le cabaret. Il s'était
établi depuis plusieurs jours chez un au-
bergiste, et y faisait une dépense qui pa-
raissait au-dessus de sa fortune. Lorsqu'il
fallut payer, il crayonna au dos du mé-
moire qu'on lui présenta, un dessin , que
l'aubergiste porta à un amateur. Le cu-
rieux en donna ce qu'on lui demanda , et
fit encore remettre de l'argent à La Fage.
Ce maître mourut en 1690. Il dessinait à
la plurae et au lavis. Ses dessins dans le
premier genre sont fort recherchés. Carie
Maratte faisait beaucoup de cas de ses ou-
vrages.
*FAGETDE BAUllE (Jean- Jacques),
ancien avocat au parlement de Pau, né à
Orthez le 30 octobre 1755 , d'une famille
ancienne et distinguée dans la magistra-
ture , termina ses éludes au collège de
Juilly , et fit des progrès si rapides dans
le droit, qu'à 19 ans il était avocat-général
au parlement de Pau. Privé de cette place
il vécut dans la retraite jusqu'en 1809 ;
à cette époque Bonaparte le nomma rap-
porteur du conseil du contentieux de sa
maison. En 1810 , Faget de Baure devint
membre du Corps législatif, où il siégeail
encore en 1814. II adhéra au retour des
Bourbons, le 6 avril , en signant l'acte de
déchéance de Bonaparte. En 1811, il avait
été appelé à la cour impériale de Paris ,
dont il devint un des présidens; et il lut
conservé à la cour royale sous le gouver-
nement de Louis XVIII. Pendant la session
législative qui eut \\cn en 1814 , il parla
plusieurs fois à la tribune, et notamment
le 9 août, au sujet de la loi sur la liberté
de la presse. Son entier dévouement à la
famille royale se manifesta surtout à l'é-
poque où Bonaparte revint de l'île d'Elbe :
FAG
1 avec chaleur la ilrfi'usc di-s
il moiiarrhio. Après la soconilc
...... Bourbons, il fui compris nu
■ic des inciubrcs du conseil royal de
tjction pnl>li<mc. Présiilfiil du col-
ii-ment di'sLandt'S.
. . il fui élu par le
,„ , .., . :>..,. s-Pyrénécs, cl de-
vint vire-présidenl de la chambre. Il lil
pailie do diverses commissions, et pré--
8cnta un rapport relatif à Vonjanisulion
de la cour des Comptes. Après la ilisso-
' •■' M de la chambre eu 181ti, il présida le
0 électoral des Basses-Pyrénées qui
lut député. Il obliiil encore l'hou-
ntur de la vice-présidence. Fagcl de
Baiire est mort à Paris le 50 décembre
■ '" On a de lui : | divers morceaux de
<iturc . nnlammcnl des vers sur le
ti\ insérés sans nom d'auteur dans le
Spectateur du Nord ; | Histoire du canal
du Languedoc^ rédif^ée sur les pièces
authentiques, etc., Paris, 180j , in-8";
I Essai historique sur le Jiéarn , Paris,
1818, in-S", ouvrage posthume.
FAGGI. ou DE FAGGIIS (Axge), appelé
aussi quelquefois Sangrino^An nom du
cliâteau de Sanyro , dans le royaume de
Naples, où il était né vers l'an 1500 , est
un de ceux qui ont le plus illustré l'ordre
de Saint-Benoît. Il était de la conjîréga-
lion du Mont-Cassin. Sa vie offrit le mo-
dèle de toutes les vertus : il parlajfeait son
temps entre la pratique des devoirs reli-
gieux cl l'élude , à laquelle il se livra avec
une assiduité extraordinaire. Très versé
dans les lan(jucs grecque et latine , il avait
fait aussi une étude approfondie de l'E-
criture sainte et des saints Pères. Elu supé-
rieur de diverses maisons, il se fil remar-
quer par la sagesse de son administration,
qu'il porta au plus haut degré dans le
gouvernement du Mont-Oissin el dans ce-
lui de la congrégation , dont la présidence
lui fut déférée à deux reprises différenles.
}jC pape Pic V qui avait pour lui la j)lus
grande eslimc, l'avait nomme inquisiteur
de la foi. Parvenu à un âge 1res avancé ,
don Faggt se démit du toutes ses places,
pour con<vacrer à Dieu tous ses momens,
cl mourut au Mont-Cassin le 17 mars io'jr).
Agé de 93 ans. Parmi les nombreux ou-
vrages qu'il a laissés, on distingue par-
tîrulièrement : | In psalteriuni Davidis
^ et prophelœ clarissimi . puraphra-
irio vietri t/enere exculla . Venise ,
... * . 1575; \Poesis christiana in qna-
îuorlihrnf distinclu. P.ulouo, ink", iliù'ô;
I Spcciilism et exctnplar cfiris'icolarunit
21 1 vr.
sen t lia hmii juitns sancti lienedirtij
monac/ianini patriarcUœ sanctissirni ,
Florence. in-/i", iC-2{] ; | Traité sur lo-
raison des kO heures. Florence, l.'iHji
nta sanctœ l'iryinis Marias, carminé
eldjinco, Vérone . lôi»9 ; | Officium hi) hty-
raruin, vario met ri gei^ere. 158.'); | Sen-
titncns d'un pécheur en prcscn e du
très Saint Sacrement, en vers héroiiiues ,
Florence, 1583; | Psautier de la sainte
Vierge , MU \}VosQ el en vers saplii(iuc»:
I JUoge en vers du Père don Paul Picco
de Pavie , imprimé parmi ceux de Paul
Prospcr Martinengo; | Dialogue sur les
noms donnés à Dieu dans les livres saints.
I enlin, des Hymnes j des Eloges^ de»
fies des saints , des Sermons . etc.
FAGIUOLI ( .Team -Baptiste), poète
comique et burlesque , né à Florence en
IGGO ,et mort en i742, fui reçu, malgré
sa jeunesse , dans l'académie des Apalis-
tcs en présence de laquelle il avait lu ses
premiers essais (i). Il commença dès lors
à composer des comédies dans lesquelles
il jouait lui-même de la manière la plus
plaisante. Il réjouissait ainsi les sociclés les
plus distinguées de sa patrie par ses vers,
son humeur facétieuse et ses bons mots.
L'archevêque de Séleucie , Santa- Croce,
nommé , en 1G90 , nonce du pape en Po-
logne , le prit pour son secrétaire , et plus
lard il occupa plusieurs places dans la
magistrature florentine. Il a laissé des
poésies burlesques sous ce titre: Rime
piacevoli di Giam-Battista Fagiuoli , Flo-
rence, 1729, 2 vol. in-8° : réimprimées à
Lucques , 1753-4l) , 7 vol. in-8°. La décence
qui y règne les distingue de toutes les au-
tres du même genre. Elles eurent du suc-
cès de son vivant, quoiqu'elles n'aient
ni l'originalité ni la verve de celles de
Berni. Ses comédies imprimées à Flo-
rence, ^75/^-ô6, 7 vol. in-12 , écrites aussi
dans le style facétieux el burlesque , so
font remarquer par le bon ton qu'il y a
toujours conservé et qui est assez rare
dans les écrivains de cette nation. Le cen-
seur qui les a approuvées dit qu'il les re-
garde comme très utiles , étant une saliro
continuelle du vice.
• FAG.\AX (MAniE-A^TonvETTE.damc),
née à Paris dans le 18' siècle , préféra une
douce obscurité à l'éclat dont elle aurait
pu jouir dans la carrière littéraire. Elle
(i). f.*ettr iicad('n)ic tVv.iit formf'c d^t iG3i , pai
Dnr rrunion dci |;rn< Hr Irllret Ici plui ct'IMirri <ls
(rtnpi -, inx'n ce nr fm t\u\n i639, ^ii*c>lc prit le non
d'Aca<}>:mic de» .ifjiiititê.
FAG
22
FAH
publia deux ouvrages de féerie qui eurent
du succès. Le premier, intitulé Kanor ^
Conte traduit du sauvage , a pour but de
prouver que le véritable amour fait des
prodiges ; le second , qui a pour titre :
Miroir des princesses orientales , est un
instrument qui révèle ce qui se x>assc au
fond des cœurs. Lesage en a pris les idées
qui font le fond de son opéra du Miroir
magique. On doit encore au même au-
teur une bagatelle agréable , publiée dans
le Mercure de France , sous le titre de
Minet bleu et Louvette ^ et réimprimée
depuis plusieurs fois. Le but de ce petit
conte est de prouver qu'avec un bon cœur
on ne peut jamais être véritablement laid.
L'obscurité dans laquelle s'est enveloppée
cette dame auteur fait qu'on ignore l'é-
poque précise de sa mort, qu'on croit ce-
pendant être arrivée en 1770.
FAG-\A\I( Prospeu), célèbre cano-
niste , consulté à Rome comme l'oracle
de la jurisprudence , fut pendant 15 ans
secrétaire de la sacrée congrégation. Cet
liabile homme perdit la vue à l'âge de kh
ans, et ne travailla pas moins jusqu'à sa
mort , arrivée en 1678 , à l'âge de 80 ans.
On lui doit un long Commentaire sur les
DécrétaleS:, Rome, 1661,5 vol. in-fol.,
réimprimé à Venise en 1697. Il fut entre-
pris par ordre du pape Alexandre VIL La
table An cet ouvrage, vrai chef-d'œuvre
en ce genre, vaut seule autant que le
Commentaire. Ce qu'il y a de plus extra-
ordinaire , c'est qu'un homme aveugle
ait pu la dresser , et la dresser d'une ma-
nière si exacte.
FAGOIN (Gui Crescext ) , né à Paris au
jardin des Plantes, le 11 mai 1658, était
fils d'un commissaire des guerres , et fut
destiné de bonne heure à la médecine. Il
prit le bonnet de docteur en ICGi. Etant
sur les bancs , il soutint dans une thèse
la circulation du sang , action hardie alors,
que les vieux docteurs ne pardonuèrenl
ftu jeune étudiant, qu'en laveur de l'es-
prit avec lequel il avait défendu ce para-
doxe , aujourd'hui démontré. Vallot , pre-
mier médecin du roi , ayant entrepris de
repeupler le jardin royal , le livre com-
mun de tous les botanistes , Fagon lui of-
frit ses soins. Il parcourut les Alpes , les
Pyrénées , l'Auvergne , la Provence , le
Languedoc, et n'en revint quavec une
riche moisson. Son zèle fut récompensé
par les places de professeur en botanique
et en chimie au jardin du roi. Sa réputa-
tion le fit choisir en 1680, pour cire le
premier médecin de M'"'^ la dauphinc.
Quelques mois après il le fut de la reine ,
et après la inort de celte princesse , il fut
chargé par le roi du soin de la santé des
enfans de France. Enfin Louis XIV , après
l'avoir approché de lui par degrés, le
nomma son premier médecin , en 1693.
Dès qu'il fut élevé à ce poste , il donna à
la cour un spectacle rare et singulier; il
dimiima beaucoup les revenus de sa char-
ge. Il se retrancha ce que les autres mé-
decins subalternes de la cour payaient
pour leur serment ; il abolit des tributs
qu'il trouva établis sur les nominations
aux chaires royales de professeur en mé-
decine dans les diverses universités. De-
venu surintendant du jardin royal en
1698 , il inspira à Louis XIV d'envoyer
Tournefort dans le Levant , pour enrichir
ce jardin de nouvelles plantes. L'acadé-
mie des Sciences lui ouvrit son sein l'an-
née d'après. Fagon avait toujours eu une
santé très faible. Elle ne se soutenait que
par un régime presque superstitieux; et
il pouvait donner pour preuve de son
habileté, dit Fontenclle , qu'il vivait. L'art
céda enfin , et la France le perdit en 1718,
âgé de près de 80 ans. Il avait épousé Ma-
rie Nozereau , dont il a laissé deux fils :
l'aîné , Antoine , évêque de Lombez , puis
de Vannes, mort le 16 février 1742; et le
second, Louis, conseiller-d'état ordinaire
au conseil royal , et intendant des finan-
ces , mort à Paris le 8 mai 1744 , sans avoir
été marié. Outre un profond savoir dans
sa profession , Fagon avait une érudition
très variée, et embellie par l'heureuse
facilité de bien parler. Son cœur était en-
core au-dessus de son esprit. Il était hu-
main , généreux , désintéressé. Il eut part
au Catalogue du Jardin Royal , publié
en 166o, sous le titre d'Ifortus Regius.
U orna ce recueil d'un petit poème latin,
inspiré par son goût pour la botanique.
On a encore de lui les Qualités du quin-
quina, Paris , 1705 , in-12. On lit son éloge
dans la notice des hommes les plus célè-
bres de la faculté de médecine , par J^A.
Hazon. Son oncle Guy de la Brosse fut
fondateur et intendant du Jardin des
Plantes.
FAGIJADEZ ( Etieîvne ) , jésuite do
Viane en Portugal , mourut en 1645 , à 68
ans , regardé comme un homme pieux et
savant. On a de lui | Traité des contrats,
Lyon , 1641 , in-fol. ; | Traité sur le Dé-
calogue , Lyon 1640, 2 vol. in-folio, et
d'autres ouvrages de théologie morale qui
ont eu de la réputation.
FAIlREMiElT ( Gabriel Daxiei ) , né
FAI
S3
FAI
h Danlr.ùk en itkSH , fui envoyé on Hol-
fauitlo pour apprendre le commerce, mnis
son goùl le porla vers rélmlo de la pl»y-
•Ique; il s'appliiiua pailirulièrcnient à la
mnsiruclion ilos barutnétrcs cl des Iher-
momèlrc<. En ITtJO. iisubslitun k l'esprit
de vin, dont on s'élail servi jusque-là
pour les Ihermomètres, le mercure, cl il
rend romple de celte opération dans sa
Dissertation sur les thermomètres . K11\.
" ionné à cet instrument une échelle cl
nne lîxc , différcns de ceux de Réau-
. Au lieu de la glace, il a pris pour
U-rme l'eau bouillante , et son 3:2' degré
répond au téro de Réaumur. Mais on ne
saurait disconvenir que le thermomètre
de celui-ci est plus simple et plus sûr ; et
que s'il est plus ecnéralcment adopté ,
c'est qu'il mérite réellement de l'être.
Fahrenheit est mort en 17i0. On lui doit
en outre cinq mémoires qu'on trouve dans
les Transactions philosophiques ^ année
473&.
FAIDEAU. royez FEYDFAU.
FAlELouFAÎTEL (EuDEsde ), seigneur
renommé du Vermandois , se signala par
une action atroce, que l'histoire nous a
corvée. Il avait épousé Gabrielle de
V . ou plulol de Lévergies , issue d'une
iiieillcures maisons du amlon , mais
plus distinguée encore par sa beauté que
par 5a nai««nnce. Cette dame , née avec
" , ne put résister aux in-
né séduisante de Renault
:ain de Coucy , le plus ac-
fxmipli de son temps , qui venait souvent
an château de Faïel. Use forma entre elle
' jeune seigneur, qui l'aimait aussi
itnnent, une funeste liaison. Le mari,
.. ..lie violent et emporté, en fut rn-
siruit ; mais comme ses soupçons n'étaierrt
l'i^ pleinement confirmés, il n'osa en ve-
nir à un éclat. Sur ces entrefaites, Coucy
fut obligé de s'embarquer sur un des vais-
- -T de Richard Cœur-dc-Lion , roi d'An-
: PC , pour la croisade dans laquelle
• lit enjagé. Son courage l'a^-ant em-
• dans une affaire périlleuse contre
> inrasins, il reçut une blessure mor-
l'un javelot, qui le perça fort avant
les côtes. Se voyant à l'eTtrémité ,
trgea son écuyer , dès qu'il serait re-
tourne en Prance , de remeltre à la-dame
d»" "Pftïpl une lettre de sa main , un petit
:''nt , avec les joyaux qu'il avait
; à son départ: il l'engagea
as îe serment , à prendre son
après sa mort , et à porter ce funeste
ut à celle pour qui seule ce cœur
avait soupiré. Le mcMager était déjà darJI
les avenues du rliûteau d« Fa'icl , lorstiu il
fut rencontré par le seigneur , qui le re-
connut , et l'obligea de lui déclarer le «u-
j»'l de son arrivée. Fa'iel se saisit du fatal
tlt'pôt avec une joie mêlée de rage; il
rentra dans le château , cl poussé par l'ex-
cès de sa jalousie , il lit servir à sa femme
dans un ragoût le cœur de Coucy , qu'elle
mangea sans se douter de rien. « Ce mets,
B lui dit-il , a dû vous paraître excellent ,
» car c'est le cœur de votre amant. » En
même temps pour la convaincre mieux de
la vérité de cet horrible repas, il jeta sur
la lablc le petit coffre et les bijoux. A ce
spectacle, la dame do Faïel, frappée
comme d'un coup de foudre, demeura
stuj)ide et sans voix , et passa de cette in-
sensibilité apparente à l'évanouissement ;
elle ne revint que pour jeter les cris du
désesi)oir. et jurer* qu'elle ne prendrait
» plus de nourriture » ; ce qui la condui-
sit en peu de jours au tombeau. Cette ef-
frayante catastrophe arriva vers l'an 1191 :
elle a fo\irni le sujet d'une tragédie à
MM. de Belloy et d'Arnaud. Le seigneur
de Faïel , dévoré par le chagrin et les re-
mords, ne survécut pas long-temps à l'ac-
tion qui les lui avait caus<îs. Il mourut
avec la douleur d'avoir sacrifié d'une ma-
nière si barbare imo femme qu'il avait '
toujours aimée (\ oyez Mémoires histo-
riques sur la maison de Coucy et sur la
dame de Faïel , par M. de Bclloy , citoyen
de Calais.) On raconte le même trait de
vengeance d'une comtesse d'Astorga
( voyez ce mot ) ; mais il y a apparence
que ce n'est que l'hisioire de Faïel tra-
vestie : à moins de supposer que les Mé-
moires de M. de Belloy ont été fabriqués
d'après l'anectlole de la comtesse d'Astor-
ga : ce qui dans ce siècle , où l'histoire
est devenue le jouet de l'imagination et
ime spéculation de lucre, n'aurait rien
de bien étonnant : et que ne ferait pas nn
bel-esprit , pour avoir à traiter quelque
sujet piquant , pour arranger un -clrame
larmoyant et bien terrible? Votiez l'ar-
ticle COUCY.
FAIL (NoKL du ) , seignPTir de La Héris-
sayc, gentilhomme breton, cl conseiller
au parlement de Rennes , au 16'= «icde .
fut ami d'Eginard Baron ot de Ouaren.
(hi a de lui divers ouvrages qu'on rus lit
plus , et qu'on ne peut guère lire , si l'on
a le germe du bon goût. Les gens frivoles
recherchent cependant ses Con««et Dis-
cours d'Eutrapel , Hennés, 4587, in-iC ,
réimprimés «n 1752,2 vol. iik'lS , et Icf:
FAI
24
FAI
Ruses de Raffot j i^l6 , m-16 , réimpri-
mées aussi sous le titre de P;-o/?o5 riisd-
fjues eu 1752. Ces livres ne sont recom-
mandables que par leur naïveté.
• FAILLK ( Jeav Cu.vni.ES delà), jé-
suite , né à Anvers, en 1597 , professa les
mathématiques, avec une grande répu-
tation , à Dole et à Louvain. Il fut nommé
à la chaire de cette science , au collège
royal de Madrid , lors de sa fondation , et
quelque temps après, appelé à la cour,
pour donner des leçons à l'infant don
Juan d'Autriche. Ce gavant religieux ac-
compagna son élève dans ses voyages en
Catalogne, en Sicile et à Naples, et mourut
à Barcelone , le U. novembre 1652. Don
Juan lui fit faire de magnifiques obsè-
ques , et ordonna qu'on plaçât sur son
tombeau une épitaphe qui exprimât ses
regrets de l'avoir perdu. On a de la Faille :
j Thèses mechanicce. Dole , 1623. | Theo-
remata de centra grmitatis parthim
circuit et ellipsis ^ Anvers , 1652 , in-4°.
« Ce géomètre , digne d'éloges , dit Mon-
» tucla , y assigne , à la vérité , d'une ma-
» nière fort prolixe et embarrassée , les
» centres de gravité des différentes par-
■» lies tant du cercle que de l'ellipse ; il y
» fait surtout voir la liaison qui existe en-
» tre cette détermination et celle de la
» quadrature de ces courbes , ou leur rec-
» tification , et comment l'xme de? deux
» étant donnée , l'autre l'est aussi néces-
» sairement. » On doit remarquer que
l'ouvrage de la Faille a précédé celui de
Guldin, regardé communément comme
l'auteur de la théorie de la gravitation*
FAILLE ( Germain de la), né à Castel-
naudary en 161G , avocat du roi au prési-
dial de cette ville, devint syndic de Tou-
louse en 1655 , et secrétaire perpétuel des
Jeux Floraux en 1694. Il mourut en 1711 ,
à 95 ans , doyen des anciens capitouls.
On a de lui : | Les Annales de Toulouse^
en 2 vol. in-fol. , 1687 et 1701. L'auteur
de la dernière Histoire de Languedoc
{ M. du Rozoi ) a beaucoup profité de cet
ouvrage curieux et intéressant, surtout
pour les Toulousains. Le style en est vif
et concis , mais peu correct. Il s'est ar-
rêté à l'année 1610 ; son amour poiu" la vé-
rité ne lui permit point de traiter l'his-
toire des derniers temps, parce qu'il crai-
gnait d'être obligé de la trahir. | Un Trai-
té de la noblesse des Capitouls ^ en 1707,
in-i° ; il est rempli de recherches curieu-
ses. Indépendamment du mérite de l'éru-
dition , la Faille écrivait facilement en
vers et en prose. Il était lié avec plusieurs
gens de lettres , dont il avait l'estime et
l'amitié. Ses poésies se trouvent dans le
Recueil des Jeux Floraux.
* FAÏi\I( IM""^ DiAMANTE ) , poète ita-
lienne, né à Savallo dans le Brescian an
commencement du 18*^ siècle , morte à Sa-
10 le 13 juin 1770 , était fille d'un médecin
de la petite ville de Castrezato qui cultiva
avec le plus grand succès ses heureuses
dispositions. Ses poésies sont justement
admirées. Sa prose n'est pas moins facile
ni moins élégante que ses vers. Elle écri-
vait aussi en latin et même en français
avec une rare pureté. Elle possédait as-
sez bien la science astronomique, et même
les matières tliéologiques. Ses OEuvres .
en prose et en vers, ont été imprimées à
Salo en 1762 et 1771 , 1 vol. in-8°. Ses vers
roulent presque tous sur des sujets sacrés
ou moraux.
FAIPOULT. yoyez FAYPOULT.
FAIRFAX (Thomas), un des chefs des
parlementaires et général de leur armée,
mit en déroute , le 24 juin 1645 , l'armée
de Charles l" à Nazerby. Ce prince y perdit
toute son infanterie, son canon et son ba-
gage. L'année suivante, Fairfax se rendit
maître d'Oxford; battit ensuite le prince
de Galles, força Exe 1er après deux mois et
demi de siège, et obtint en 1647 la place
de gouverneur de la Tour de Loi.dres.
En 1648 , il se démit de sa charge et cessa
de se mêler des affaires d'état , quand il
vit Charles I*'' livré à la chambre de justice,
ne se pardonnant pas les avantages qu'il
avait remportés sur ce prince infortuné.
Dès qu'il s'aperçut des intentions de
Monck pour le rétablissement de Charles
II , il fut un des premiers à lui offrir ses
services. Le parlement le choisit pour un
des députés vers ce prince, lorsqu'il l'in-
vitaà venir reprendre la couronne. Il était
né à Denton dans la paroisse d'Otlcy, eu
Yorcksbire, au mois de janvier 1611, et
mourut en février 1671. C'était un homme
sombre, hypocondriaque , et au talent de
la guerre près , une espèce d'automate ,
qu'on faisait agir comme on voulait : aussi
Cromwell en sut-il tirer bon parti.
*FA1STEMBERGER (Antoine), pein-
tre d'Inspruck, né en 1678, excellait dans
le paysage. Les siens sont d'une compo-
sition également grande et bien entendue.
11 aimait à représenter des chutes d'eaiji
et des solitudes. Ce peintre mourut à
Vienne, l'an 1720. Son frère Joseph, don)
il fut le maître , avait si bien imité sa ma-
nière, que l'on conlond souvent leurs tQ.«|
bleaux.
F AL 2
• I AITIIORM: (>Vilu\m). piinlrc cl
graveur anylnis , ne a I.<nvlres en 161G,
fulbnnni de s«m pays p<»nr n'avoir pas
voulu prtMcrsonncnld'DlHMSsanccùCroui-
wcll. A son ntour en Angleterre, il se
livra parliruliéreniont à la cravure. On
cite de lui une Sainte Famille . d'après
Vou.t , cl /«• Oiiisi au tombeau , d'après
Van-Dyck. Le genre où il s'esl le plusdis-
lincué est celui du i>ortrail z^9.si\ Il en
a donné un grand nombre qui sonl 1res
rstiines. et publié un traité sur l'art de la
aravurr, en Ififi'i. 11 mourut en i(">'.)I.
• rAKIin-i:DI>l\-UA7.Y , historien
aral>e qui vivait à la lin du 7' siècle de
l'hépire et au coininencemenl du 8" (vers
l'an i:>00 de J.-C. ) . est connu par une
nistoire chronoloijique des dynasties, qui
se trouve parmi les manuscrits arabes
que possède la bibliothèque royale. Celle
histoire est divisée en deux parties, dcjiil
la première traite des principes du gou-
vemcnient, des qualités nécessaires à un
prince, et des défauts qu'il doit éviter ; la
seconde présente succinctement les diffé-
renlcs dynasties qui ont gouverné l'em-
pire fonde par les Arabes, en comuien-
çanl par les premiers califes. Celte his-
toire, quoique abrégée, mériterait, par
l'imiKirtance des faits qu'elle renferme et
les réflexions de l'auteur, de passer dans
noire langue. M. Sylvestre de Sacy en a
publié trois extraits dans sa Clireslonia-
thie arabe, savoir : | V Histoire du califat
de Haroun-Al-Raschdd ; \ \ Histoire du
califat de .Uostassem.dernicT prince abas-
side ; ] le chapitre intitulé : Des droits dfs
souverains sur leurs sujets. Il ne faut pas
confondre cet historien avec un docteur
du même nom , né en llîiO.
• FARIIR-i:\MSA (Choud'eii), fille cé-
lèbre , qui mérita le nom ci-dessus cité et
qui signifie la gloire des femmes. Elle na-
qui à Bagdad vers l'an 1088 de J.-C,
professa la jurisprudence et la tiiéologie,
compta |)armi ses disciples les hommes
les plus distingués et les docteurs les plus
r iix de ce siècle. Elle passa sa vie
le célibat , uniquement occupée de
;-- Lludes. et mourut le T"" juillet 1178 de
J.-C, ou î>7'» de l'hégire,
• FALRAIUE ( Cuakles-Gf.urges FE-
I ILLOT de ), poète dramatique, né à
■ s le 16 juillet 17'J7 , fil ses éludes au
gc de Louis le Grauil à l'aris, et dès
sa plus tendre jeunesse s'occupa île littéra-
ture. Il occupait dans les finances un em-
ploi qui lui assurait une existence hon*>-
r«ble, tout en lui permettant de suivre
y FAL
son goût pour les lettres. Nommé en 1782
inspecteur-général des salines do l'est, il
s'occupa avec succès d'en accroître le re-
veim pour l'état. La révolution le priva
de ses emplois, et détruisit sa fortune. Il
mourut le 28 octobre 1800 , à Ste.lVIenc-
hoidd, où il s'était retiré avec sa famille.
Ses œuvres ont été réunies à Paris , en ï
vol. in-8", 1787 ; on y trouve : | L'honnête
Criminel , drame en a actes et en vers,
dont le sujet était tiré , dit-on, d'un évé-
nement réel {voyez FARRE); maison
assure que Falbairc l'ignorait lorsqu'il
composa celle pièce, et que la première
idée lui en vint à la lecture d'un passage
de la Poétique de Marmonlel. Ce qu'il y a
de plus certain, c'est que celle pièce est
l'inùtalion d'un drame espagnol de Jovel-
lanos , qui porte le même litre. Pour s'en
conivaincre, ilsuffilde rapprocher les deux
drames. Celle pièce par laquelle il débuta
eul un grand succès. Il y a des situations
attachantes; mais le style en est faible et
négligé. On en a fait plusieurs éditions ; et
elle a été Iraduile en allemand, en hollan-
dais et en italien. | Le premier naviga-
teur j pastorale lyrique en 3 chants ; | Les
deux avares, comédie en deux actes et en
prose, mêlée d'ariettes, dont quelques si-
tuations assez louchantes , et surtout la
auisique de Grél ry, firenl le succès. Grimm
en a fait la crili(iue dans sa correspon-
dance. I Le Fabricant de Londres, drame
en 5 actes et en prose, joué en 1771, et
qui tomba dès la première représenta-
tion. Une mauvaise plaisanterie décida sa
chute : au cin(iuièmc acte, lorsqu'on vint
annoncer la banqueroute du fabriquant,
un homme du parterre s'écria : J'ij suis
pour 20 sous ( prix de son billet). L'auteur
relira sa pièce le lendemain. Quoique cette
pièce soit froide et assez mal conduite,
elle a été traduite en allemand et en ita-
lien , et représentée à plusieurs reprises
sur les théâtres de Vienne et deVicence.
I L' Ecole des mœurs , ou les suites du li~
brrtinage . drame en V> actes et en vers,
joué sans succès en 177G et en 1790 ; il a
été traduit en allemand et en hollandais ;
I Les Jammabos ,ou les moines japonais .
lra;;édie en 5 actes dirigée contre les jé-
suites : c'est la plus mauvaise de ses pro-
ductions, car elle pèche par le plan, ï'ar-
tion et le Style. Le seul drame de YI/ou~
ncte Criminel obtint du succès , qu'il dut
en grande partie aux circonstances où il
fut joué, et à l'inlérél qu'inspire le mal-
heur qui n'est pas nu-rilc.
F AI-CAXUl'S ou F.VLCAND CIIim;li:s,,
3
FAL
nonnand d'origine, trésorier de SL-Pierre
de Paleime, dans le 12"^ siècle, laissa une
Ilhtoire de Sicile depuis 1152 jusqu'en
116'J, écrite avec simplicité et exactitude.
La meilleure édition de cet ouvrage est
celle de Gervais de Tournay, in-8", Pa-
ris , 1350.
FALCIDIUS, tribun du peuple romain,
institua la loi Fcdcidie, l'an 40 avant J.-C,
ainsi appelée du nom de son auteur. Elle
ordonnait que le quart des biens de tout
testateur demeurerait à ses légitimes hé-
ritiers. C'est ce qu'on nomma la Quarte
Falcidie. On pouvait disposer du reste.
FALCK. Voyez FALK.
* FALCREiVSrEIN ( Jeax-Hexki de) ,
écrivain fécond et antiquaire allemand né
l'an 1682 en Silésie, mort en 1760, à Schwa-
bacli, fut chambellan du prince évêque
d'Eichstett de 1718 à 1750, conseiller au-
lique du margrave d'Anspach de 1750 à
d758 , et résident du margrave d'Erfurt
jusqu'en 1740.11 a écrit en allemand un
grand nombre d'ouvrages historiques et
diplomatiques, dont les principaux sont:
j Antiquitates et memorabilia Nordgaviœ
veteriSj Schw^abach, 17"4-45-88 , 4 vol.
in-fol. ; I Chronique de Thuriiige^ Erfurt,
1737-59, 3 vol. in-.'i." ; | Description de Na-
renberg, Erfurt , 1750, in-4" ; | Antiqui-
tates et mernorabiUa marchice Branden-
Imrgicce j Bayreulh, 1751, 3 vol. in-4";
! Histoire du duché , ci- devant royaume
de Bavière j'^lwnnh. , 1795 , 3 vol. in-folio.
FALCLAIND , Foijez FALKLAND.
* FALCO ou FALCON (Aymak), cha-
noine régulier de l'ordre de vSl. -Antoine
au 15*siècle, député de son ordre auprès
du pape Clénienl \'I1 (Jules deMédicisJ,
et dictateur de l'ordre de St.-Antoine à
une époque où l'on jugea nécessaire d'in-
vestir un homme savant et expérimenté
des pouvoirs les plus étendus , pour sou-
tenir les prérogatives do l'abbaye , a écrit
une histoire de son ordre sous le titre
«le Antonianœ historiœ conipendium^ etc.,
Lyon, 1554 , traduit en espagnol par Fer-
nand Suarès, Séviile, 1615, et quelques
ouvrages Ihéologiques.
* FALCONEU (Guillaume), poète écos^
siis. naquit dans l'indigence à Edimbourg ,
vers l'année 1755, et s'engagea fort jeune
«ians la marine ; s'étant eml)arqué à l'âge
(le dix-huit ans, avec le litre de contre-
maître, sur \d Bhtannia^ ce bàlimont lit
naufrage dans son passage d'Alexandrie à
Venise; Falconer parvint à se sauver. Ce
désastre lui fournil le sujet d'un poème
en trois clK'.nls, inlituié le Naufrage,
26 FAL
Londres, 1762 , éciit avec beaucoup
de chaleur; il en donna lui-même uiuî
deuxième édition , en 1764 , avec dos cor-
rections et des additions, et publia en 1769.
nn Dictionnaire de Marine, in-4". Peu
de temps ajjrès il s'embarqua avec le li-
tre de trésorier, à bord de la frégate
l'Aurore ^ pour les Indes orientales. Ou
présume qu'il essuya un second naufrage
où il fui moins heureux que daris le pre-
mier; car ce bâtiment ayant quitté le cap
de Bonne -Espérance, on n'en reçut plus
aucune nouvelle certaine. On a aussi de
Falconer | un poème sur la viort de Frè'
déric. prince de Galles, publié en 1751;
I une Ode au duc d' Yorck ; | le Démagogue,
satire politique , imprimée sous le nom
supposé de Théophile Thorn, et dirigée
contre Wilkc et Churchill, et des chan-
sons. Le docteur Anderon a donné une
édition des poésies de Falconer, précédée
d'une notice sur sa vie.
' FALCOiXER (Thomas) , savant et litté-
rateur anglais, né à Chester en 1736, lit
partie du collège d'Oxford , et a composé
quelques ouvrages parmi lesquels on re-
marque : I Dévolions for the sacrament of
the Lords supper, etc. 1786, souvent
réimprimé; | dus Observations sur le ré-
cit de Pline, touchant le temple d'Ephèse,
insérées dans le 11" vol, de Y Archéologie ;
I des Tables chronologiques depuis le
règne de Salomon , jusqu'à la mort d'A-
lexandre le grand , 1796, in-4° : il a tra-
duit aussi du grec, du français et du latin
les ouvrages suivans : | Voyage d'Hannon,
éclairci par les relations des voyageurs
modernes, 1797, in-8°; | le Tocsin, ou
appel au bon sens,\.TiZ, in-8"; J Voyage
d'Arrien autour de la mer Noire , 1805 ,
in-4". Trois Discours et une Dissertation
géographique font partie de cet ouvrage.
II avait préparé une nouvelle édition de
Strubon qui a paru en 1807, latin -grec,
par les soins de son neveu, 2 vol. in-fol.
* FALCOAEÏl (William), médecin an-
glais né à Londres en 1745, mort à Bath
en 1824, était aussi remarquable par son
excellent caractère que par l'étendue el
la variété de ses dbnnaissances. Depuis
1766 jusqu'en 1805, il a écrit en anglais
sur divers sujets de médecine, el ses ou-
vrages jouissent encore d'une réputation
méritée. On cite entre autres : ] Fssai sur
l'usage des eaux de Bath, 1770, 1775,
1790 ; j Observations sur le régitne et la
dicte recommandés généralement aux
personnes valétudinaires, 1778, in-8";
j Remarque sur l'in/luence du climat, etc.^
I
FVL
... . : ;:.ii'in-c tir» passions s>ir l<i
H 1rs mntaJics. 1778. lii-S"; 1 i:ssai
' i moijrns de consn\'ei' la santé des
iltrurs , i7H<.» . in-«'.
VI.COM'T (.AMiux), ne à Lyon le
...»rs ir.71 , duiu' fdinillc célèbre dans
iiuilociiio . au^^inciila la cloiio de ses
I Ire5 i>ar réleiuliic cl la variété de
- 1 voir. Le père Malchranchc qui le
'Ut, lui diiiiiK) son estime et son aiiii-
I aradéntie des belles-lellres le mit
-'inbre de ses uu-ndircs en 1710, et le
iii le «février 17Gi2. Il était alors ài;é
. (U' i^l ans , cl il avait dû !ta longue vie au-
I Unt à son lenipéranient qu'à son ré{îinie.
- ivant possédait une bil»liolhèt|ue de
'I vol. de la([uelle il avait séparé,
.7'i2. tous lesouvrayesqui manquaient
I M k bibliothèque du roi. Nous avons de cet
( suteur : | une Trmtitction du nouveau Sys-
dcs planètes , composé en latin par
iiot, publiée en 1707, in-12; | des
xjiis de la pastorale de Daphnis et
\ C/Uoé . traduite pur .\myot , 1751 , in-8",
' avec des noli-s ; | du Cynibalum vmndi.
par Periers, avec des notes, 17r)2, iii-12.
La nature de ces deux ouvrages ne donne
pas une yrande idée du choix et du yoùt
de l'éditeur. | Plusieurs thèses de méde-
cine. Falconet avait l'humeur {jaie , le
caractère prompt, l'espril vif. Il aimait à
parler, et parlait fort bien. Quiconque
aimait les lettres, trouvait auprès de lui
l'accès le plus facile. Il prétait ses livres
avec pUtisir ; mais il en avait beaucoup
qui ne iMuvaient être utiles à personne.
Quoiqu'il u'excellàt pas dans la pratique
de la médecine , il connaissait très bien
la théorie, et brillait dans la consulta-
tion.
• F.\LC0M:T ( Etiex.ne -Malkici: ) ,
sculpteur, ne à Paris eti 1716, d'une fa-
mille peu riche . originaire d'Exilles , sur
les frontières du Piémont , et alliée à celle
des médecins célèbres de ce nom. Après
«voir travaillé pendant quelque temps
chcK un mauvais sculpteur, il fut ac-
cueilli par Lemoine , et les progrès qu'il
fit sous sa direction furent très rai)ides.
Sa statue de Milon de Crotone . terrassé
pa/- le lion, qu'il travailla long-temps et
qui le fitadmettre à l'académie en 1754, est
idée comme une des meilleures i)ro-
ins du ciseau moderne. Falconet fut
.'• en 47GG en llussie , par Calhe-
II . pour exécuter la statue équestre
"Tre le Grand, qui le retint 12 ans
a Si -Petcrsbourg, et qui suffirait >eule
pour immortaliser Sun auteur. La concep-
87 FAL
tion d»- l'aili-te est f;rande; il représenIC
ce grand prince franchissant a cheval un
r(»c escarpe : un serpent écrasé sou» le«
pieds de son cheval est le symbole de»
(ibslarlcs qu'il eut à vaincre pour intnv»
(luire la • ivilisation dans ses étals. L'n n>-
clier de granit qu'on trouva dans un nui-
rais à quelques milles de St.-Petersbourg
servit de l)asc à ce monument : cette
masse . l()n{;ue de 57 pieds sur 22 de hau-
teur et 21 de largeur, pesait près de 3
millions de livres. La fonio de la ligure
du cheval, qui devait être coulée d'un
même jet, ayant manqvu'. au milieu do
l'opération, Falconet lit une seconde fonte
et réussit à faire disparaître les traces de
l'accident. Après avoir joui long-temps de
la plus grande faveur auprès de Catherine,
Falconet quitta la Russie, sans avoir été
récompensé comme il le méritait. Revenu
à Paris, en 1778. après avoir séjourné quel-
que temps en Hollande, il revit et com-
pléta ses divers ouvrages littéraires. Il se
disposait à aller visiter l'Italie en 1783 ,
lorsqu'une violente attaque de paralysie
fit avorter ce projet. Il survécut huit
années à ce funeste accident et succomba
le 24 janvier 171)1. Ses autres morceaux
les plus remarquables sont : Vijgmalion .
la Baigneuse , un Amour menaçant, Tpvo-
ductions gracieuses, qui furent moulées
dans toute l'Europe. Il exécuta aussi des
sujets religieux : un Christ agonisant; une
Annonciation . pour l'église de St. -Roch :
un Saint-Ambroisc, refusant l'entrée de
la cathédrale de Milan à l'empereur Théo-
dose, pour l'église des Invalides. Toutes
ces figures , traitées dans l'expression et le
caractère qui leur conviennent , obtinrent
tous les suffrages. Falconet a publié | des
Réflexions sur la sculpture ; \ des observa-
tions sur la statue de Marc- .1 urcle ; \ la
traduction des ô4 , 55 et 56*^ livres de
Pline , etc. Ses œuvres , contenant plu-
sieurs écrits relatifs aux arts, ont été im-
primées à Lausanne, en 1782 , 6 vol. in-8°;
et ses œuvres diverses , concernant en-
core les arts, à Paris en 1787 et 1808,
3 \ol. ui-8". On reproche à cet auteur tm
Ion beaucoup trop tranchant, et le défaut
de n'avoir pas rendu .'issez de justice aux
anciens. Falconet tirait en quelque sort»
vanité de la pauvreté de sa famille. Dans
le voyage qu'il lit en Russie, Catherine lui
donna le litre de / 'isukorodie ,(\\{\ signifie
votre haute puissance. Ce titre, dit Falco-
net , me convient à me/veille, car je suit
né dans un grenier.
FALCO\.NETTO ( Jeax-Mahb) , ne à
FAL 2S
VOioMMc Cil l'ijS, fut d'abord peintre mé-
diocre; mais son application assidue le
rendit excellent architecte. Le cardinal
Bembo et Louis Cornaro furent ses Mécè-
nes. Il fut le premier qui donna les des-
sins des théâtres et des amphitéâtres des
anciens, et introduisit le goùl de la bonne
architecture à Venise. Il éleva plusieurs
édilices à Padoue , à Vopo dans le Frioul,
el à Venise , qui sont la preuve de ses ta-
lens. Il mourut à Padoue en 1334 , et fut
enterré dans le caveau de Cornaro.
FALCOMERI (sainte Julien>e de),
née en 1270 de parens riches , morte à Flo-
rence sa patrie en odeur de sainteté, l'an
iZM, donna en 1307 une rtv/Zeaux oblates
ou converses des servîtes, dont elle futla
première supérieure. Martin V l'approuva
en 1424. La pieuse fondatrice se si.'jnala
par les plus {grandes austérités. Elle ne
nianjjeait point le mercredi et le ven-
dredi. Benoit XIII la canonisa en 1729.
FALCONIERI (OcTwio) , de la même
famille que la précédente, est auteur d'un
siwixnl discours en italien sur la pyramide
de Cdius Sestius^ qu'on voit près de la
porte d'Ostie à Rome. Nardini Ta inséré
dans sa Roma antica. Cet auteur était ro-
main. Il mourut en 1G76 , à l'âge de 30 ans.
FALDA ( Jea\-Baptiste), yraveur ita-
lien du 18' siècle, dont on a des estampes
à l'eau-forte , d'un très bon goùl. Les cu-
rieux recherchent ses livres des palais^
des vignes et des fontaines de Rome.
FALEDRO (Or.DELAFFo) , doge de Ve-
nise, succéda à Vital Micheli en 1102. La
■ville de Zara , en Dalmatie , ayant voulu
secouer le joug des Vénitiens , pour se
donner aux Hongrois, Faledro alla faire le
siège de cette ville et s'en empara, en 1116.
Jl rentra en triomphe dans sa patrie ,
mais il ne jouit pas long-temps de sa gloire ;
il périt en 1117, dans une bataille livrée
en Dalmalie contre les Hongrois , qui y
faisaient de nouvelles incursions.
FALETI (JÉnoME), comte de Trigna-
no, natif de Savone, s'appliqua avec un
succès égala la poésie et aux affaires. Les
ducs de Ferrare lui conticrent des com-
missions importantes. Les ouvrages sortis
de sa plume sont : | un poème italien , en
4 chants , sur les guerres de Flandre ;
I douze livres de poésies ; | les Causes de
la guerre d'Allemagne sous Cha?-les V,
italien, 15.^2, in-8° ; \ le Traité d'Alhéna-
gore sur la Résurrection^ traduit en ita-
lien , 1336 , in-4°. Il eut beaucoup de part
à l'immense recueil intitulé Polyanlhea.
Cet auteur florissait au 16*^ siècle.
1 IL
FALIERI ( Maixin ), doge de Venise en
1354. Successeur d'André Dandolo, il fut
revêtu de celle dignité à l'âge de 7G ans.
H forma le projet de s'emparer pour tou-
jours du gouvernement qui lui avait été
confié pour quelques mois. Il fallait se
défaire des sénateurs, et le malheureux
avait pris des mesures pour les faire tous
assassiner. La conspiration fut découverte
par un des conjurés. Le sénat veilla si
attentivement sur les conspirateurs, que
16 d'entre eux furent arrêtés avec Falieri
leur cbef. Il eut la tète tranchée, le 17
avril 1533, à l'âge de 80 ans ; les autres fu-
rent pendus, et 400 complices périrent
par différens genres de mort. Cette cata-
strophe a fourni à lord Byron le sujet
d'une tragédie.
*FALlv ( Jeax-Damel) , poète satirique
allemand , né à Dantzick en 1770 , était
(ils d'un perruquier qui le destinait à sui-
vre la même profession. Entraîné par un
penchant irrésistible pour l'étude , il em-
ployait ses épargnes à se procurer dans
un cabinet de lecture les ouvrages d'é-
crivains de sa nation qu'il lisait en secret,
car son père le contrariait dans ses goûts.
Il lui arrivait quelque fois d'aller lire la
nuit dans les rues à la faible lumière d'une
lanterne. On lui permit cependant d'ap-
prendre la musique , dans laquelle il lit
de rapides progrès. Comme sa position ne
s'améliorait point , il chercha à s'embar-
quer ; mais les marins auxquels il s'adressa
le repoussèrent parce qu'il ne savait pas
l'anglais. Un maitre de celte languo con-
sentit à lui donner des leçons el le mit
bientôt en état de traduire avec succès des
passages d'Ossian. Son père se laissa alors
déterminer à lui permettre de faire ses
études , el le jeune Falk alla les terminer
à l'université de Halle. Il embrassa en-
suite la profession d'homme de lettres,
et adopta le genre satirique , dans lequel
il pritBoileau pour modèle. Bientôt parut
son poème des Héros {Die Helden ), qui
annonçait un rare talent poétique. Falk
fit paraître en même temps deux satires
intitulées les tombeaux sacrés à Kam , et
les Prières . Leipsick, 1796 : la première
fut saisie, dit-on, par suite d'un ^mj/j/oz/mo
qui la iil regarder comme une satire du
saint Siège ; l'autre poème est un tableau
de la folie, de l'imprévoyance et de la
contradiction qu'on observe trop souvent
dans les vœux des mortels. L' Almanacli
portatif de la plaisanterie et de la satire .
avec des caricatures qu'il publia annuel-
lement depuis 1797 jusqu'en 1803 lui attira
FAI.
de» lmra»*crios. Li-s prrsoimalilos quil
•c prrinit depuis fiircul l«>in de lui méri-
ter rupprobalion de» (î<*n« sensés. Il pu-
lilia nisuile un journal sous le titre d'/i-
lisér rt Tartair ( Klysium et Tarlarus),
éerit sous l'innuriiredcs événeiuens poli-
tiques du temps. Après la bataille d lena .
la commission française, cUarijée de faire
rentrer les contributions, le prit pour se-
crétaire, interprète et médiateur avec
le^ aulurilés allcuiandes. et le i^rand-duc
tic Weimar le nounna plus tard conseil-
ler de légation. Ku 18i;>, il préserva du
pillage plusieurs points du duclic de Wei-
mar. et, en 181."), il publia un écrit sur
les événemcns de la (juerre depuis 1800
jusqu'en 1813. Kalk contribua à établir la
société des nécessiteux, élablisseinenl
destiné aux orpliclins et aux enfans aban-
donnés, et composa à ce sujet un ouvrage
intitule le Miroir du jfeuple aUemarul.
Falk avait renoncé dans ses dernières
années à la satire; il est mort à Weimar
le 14 février 1820, laissant outre les ou-
vroijes déjà cités :| Satires, Leipsick et
AUona . 1800 , 5 vol. in-12 ; les Tombeaux
{te Katn se trouvent dans le second vo-
lume. I OEm^res choisies en prose de
Siviffl et d'.irbnthnot . traduites en alle-
mand, I^'ipsick, 17y8-17'.t9, 6 vol. in-8" ;
I Dissertations sur la poésie et les arts .
Weimar , 180.") . in-8" ; | IVouveau necueil
de contes et de satires. Berlin, 180'i, in-S".
FVr.Ki:.MBi:U<; ( Jew de ), religieux
dominicain au commencement du !;>' siè-
cle, se mêla des querelles des chevaliers
leutoniques avec le roi de Pologne. Il
écrivit contre ce prince un mauvais U\ re
qui le fil mettre en prison à Cx)nstance,
où se tenait alors le concile général. Ce
libelle est adressé à tous les rois, princes,
prélats, et généralement à tous les cbré-
liens. On a vu depuis un livre fait par un
évéque , qui avait une dédicace toute
semblable, et ne valait pas mieux ( la
compilation donnée sous le nom de Fe-
broiiius ). I^ simple et n)odeslc véri(é
ue s'annonce pas avec tant d'empliase, cl
•elon la sage règle d'Horace:
*> >n fumnro ci fulgore, led ex fumo Jarc luccin
5i'»« •
K«lkcniberg y promet la vie éternelle à
liius ceux qui se ligueront pour exlcr-
" ^ Polonais et Ladislas leur roi.
oiialiondu libelle ftil résolue uiia-
■ dans le concile. .Mais elle ne fut
■ dans aucune »t;ssion publique,
■ > sollicitai iuas des Fraiiyais, qui 2 in-b'', Gotha, 1773- U y en
29 I AL
s'elaii'nl j.iiiils aux Polonais , parce qu(*
les principes de l'alkeinberg élaient 1rs
mêmes que ceux de Jean Petit, autre pré-
dicateur de l'homicide.
FAÎ.KLWn ( LvcAVH CARY, viromto
de ), secrétaire d'état en Angleterre , du-
rant les convulsions des guen«-s civiles
du règne de Ciiailes I"^, naquilxers laii
IGIO à lîurford dans le comté d'Oxford.
Il se livra dans sa jeunesse à l'étude des
lettres. Citoyen éclairé , vertueux et fer-
me , il se montra d'abord un des plus ar-
dens à attaquer les usurpations de la
cour; mais lors«[ue la guerre civile éclala,
il défendit le pouvoir ([ui restait à Char-
les ^^ et qu'il jugea nécessaire pour le sou-
tien de la liberté anglaise. On croit que ce
fut lui qui composa, avec le secours du
roi, presque tous les nȎmoircs du parti
monarchique. Ce prince était si persuadt':
de sasupériorilé dans celte lultc littéraire,
qu'il fit distribuer les écrits du parle-
ment anglais avec les siens, pour mettre
le peuple au fait de la querelle. On assuro
qu'il s'en servit même dans ses derniè-
res défenses contre les accusations des
cromwellistes , plusieurs années après la
mort deFalkland, tué en 1645 à la bataille
de Newbury, à l'àgc de 54 ans. On croit
que Falkland a beaucoup contribue à
Vhistoire du j)roteslantisme de Clilling-
wortli,
• F VLTvXER ( Thomas ) . missionnaire
jésuite, lilsd'un liabile chirurgien de Man-
chester en Angleterre, étudia la chirur-
gie sous son père, et alla se perfectionner
à Londres. 11 s'embarqua ensuite pour la
cote de Guinée, puis pour le Brésil. Etant
tombé malade à Buenos-Ayres, il reçut des
soins si affectueux de la part des jésuites
fixés dans cette contrée, qu'il s'attacha à
eux, et entra dans leur société pour par-
tager leurs travaux apostoliques. Son
habileté dans la chirurgie et ses connais-
sances dans la mécanique furent très uti-
les à la mission daivs laquelle il fut em-
ployé. 11 co:isacra 40 années de sa vie
à l'exercice du ministère évangéli(iue et
àlapralique de son art dans le Chaco, le
Paraguay, le Tucumaii et les Pampas.
Après la suppression de son ordre, il re-
vint dans sa patrie, et devint chapelain
d'un de ses compatriotes ([ui était catho-
lique. Il s'occupa alors d'écrire une Des-
cription de la Patagonic et des pays voi-
sins ians V Amérique me ri dioiuite . Ilere-
forl et Londres, 1774, in-4°. Elle fut tra-
duite en allemand . cl abrégée en un vol,
a aussi une
3.
FAL
traduclion française sous ce litre : Des-
cription des terres Ma^eUanif/ues et des
pays adjacens . traduite de l'auiîtais par
M. B., Genève et Paris, 1788, 2 vol. in-IG.
Ce livre offre des notions précieuses sur
les contrées que l'auteur a décrites, sur
les mœurs des peuples qui les habitent,
et sur les produclioiis de la nature que
Ion y trouve ; mais on reconnaît qu'il n'é-
tait pas très versé dans l'histoire naturelle-.
Los Palajjoiis qu'il a vus sont grands el
bien faits ; ils lui ont paru avoir sept
pieds cl queK[ues pouces ; mais il n'apoiat
entendu parler de race gigantesque citée
par plusieurs voyageurs. Le Père Falkiier
mourut en 1780.
* F.VLr.KT (Nicolas ) , poète français,
néàLangres en 1753, mort à Paris le 22
décembre 1801, a publié (}iQ% pièces de
théâtre et autres poésies aujourd'hui ou-
bliées. Sa tragédie de Tibère et Sérémis,
quoique fort médiocre , obtint cependant
quelques représenlalions , et fut impri-
mée en 1782 et 1785. Il a travaillé à la
Gazette de France, au Journal de Paris,
et coopéré au Dictionnaire historique et
critique des mœurs, lois , usages et cou~
tûmes civiles. 1772 , h vol. in-8".
• FALLETTI ( Octave- Ai.EXv^vonE ) ,
marquis de Barolo , né en 1753 à Turin,
où il mourut le 30 janvier 1828 , embi'assa
la carrière des aruxes, et se consacra
ensuite exclusivement à des études litté-
raires qui ne furent interrompues qu'au
moment où la nécessité de repousser l'in-
vasion des Français lui lit reprendre les
armes. Falletti se voua ensuite à l'éduca-
1 ion de son lils , et parcourut avec lui l'Al-
lemagne, la Hollande, la Suisse et la Russie.
Ses principales productions sont | un Eloge
de Saint-Réal ; \ des Mémoires sur des su-
jets de critique littéraire, de philosophie
morale et de métaphysique, présentés à
l'académie de Turin dont il était membre ;
I des Epitres ( crili([ues ) sur les Œuvres
posthumes d' Alfieri , et une espèce dero
man descriptif sous le titre de Voyage
de Théodore Callimacchi en Italie.
FALLOPF. ou plutôt FALLOPIO (Ga-
iîkiel), médecin italien, était profondé-
ment versé dans la botanique, l'astronomie,
la philosophie, et surtout dans l'anatomie.
n naquit à Modène en 1523, et mourut h
Padoue en 1562, à 59 ans , suivant le Père
Nicéron; mais fll. Eloy place sa nais-
sance en 1^(90, et le fait mourir à 75 ans :
ces dernières dates paraissent moins sû-
res. Quoi qu'il en soit, ce médecin par-
cottrut une partie de l'Europe pour se
30 FAL 1
perfectionner dans son art. Il était métho.
diquc dans ses leçons, prompt dans ses
dissections , et heureux dans ses cures.
Quoiqu'il passe pour avoir découvert
celle partie de la matrice qu'on nomme la
trompe de Fallope , il faut avouer qu'elle
n'était pas entièrement inconnue aux an-
ciens. 11 s'est attribué quelques autres
découvertes qu'on lui a contestées. Ses
nombreux ouvrages ont été recueillis eu
h vol. in-fol., à Venise en 158/t et 1606 :
c'est la meilleure édition. On trouve des
notices biographiques sur Fallopio dans
les Mémoires de Nicéron , tomes 4 et 10 ,
dans les Eloges de Tamasini , et surtout
dans la Bibliothèque des Ecrivains mo-
dénois par Tiraboschi.
FALLOURS ( Samuel), peintre hol-
landais, qui a peinl les Curiosités natu-
relles, poissons, écrevisses, crabes qui se
trouvent sur les cotes des îles Moluques,
et les a fait imprimer à Amsterdam, 1718,
2 tomes en 1 vol. in-folio, 45 planches dans
le premier, 57 dans le second. Ce livre est
rare ; mais il r.e faut se fier ni à la vérité
des enluminures , ni à celle des figures.
FALS ( Raimoni) ), né à Stockholm en
1658 , passa à Paris en 1685, et s'attacha à
Chéron, médailleur du roi. Les médailles
sorties de ses mains lui méritèrent une
pension de 1,200 livres. Cet habile artiste
mourut à Berlin en 1703.
* FALSTER( CiiniSTiAN), fameux cri-
tique danois, s'est fait connaître dans le
monde savant par plusieurs ouvrages d'é-
rudition. Les principaux sont :| S(t;y|/?^<?-
menturn linguœ latince,Y\iinsbo\x\'Q, 1717;
\ jinimadversoris Epistolœ,\\yià.; \ Quœs-
tiones romanœ, ibid.,1718; | Cogitationes
philologicœ, Leipsick, 1719, in-8"; | Sermo
pane^yricus de variarum genlium biblio-
thecis, 1720, in-8"; | Vigilia prima noc-
tium ripensium, contei^nt des o5s<?rca-
tions sur Aulu-Gèle, Copenhague , 1721,
in-8"; \yimœnitates philologiœ , Amster-
dam, 1729-52, 5 vol. in-8" ; | une traduction
danoise delà 11' satire deJuvénal, Copen-
hague, 1751, in-4".
* FANGE ( AuGUSTix ) , bénédictin de la
congrégation de St.-Vannes, et abbé de
Senoues, naquît à Hatton-Chàtel près de
Verdun , et était neveu de don Calmet
par sa mère. Après avoir fait ses vœux à
l'abbaye de Munster en Alsace le 21 juin
1728 , il professa avec distinction les hu-
manités , la philosophie el la théologie
dans sa congrégation. Le 6 septembre
1756, il fut nommé coadjuteur de don
Calmet abbé du monastère de Senoacs en
FAX
81
FAX
. qui rraii;nail <iuc, par suite de
, c»»iuii de la lA)rraino h lu France on
inli !M»n abliaye t-n romuiandc. FanB»':
m ilovint lui ui« iiu> abbé lilulairc en {7lili,
après la nu>il tlo son onde. Partni ses
principaux ouvraces on reinarcpie :| un
T^ailé en latin Jes Sacrrtnens rngcntral
rt m particulirr. ouvrajje profond et es-
timé ; 1 Hrr heheticnm ou Relation d'un
voj-age ipi'il avait fait en vSiiisse en 17/i8 ;
I le second volume de la yotice de Lor-
raine : I fie de don Calmet , 17Gô, in-8".
On lui attribue : Mémoires pour servir à
r histoire de la barhe de l homme . Lié(;e ,
1775, in-8". Don Fanyé a achevé \ His-
toire universelle commencée par don Cal-
inet , mis en ordre ses oeuvres posthumes.
et public ses ouvrages en 1762. On ignore
l'époque précise de sa mort.
FAXMl'S (Caiits;, surnommé Slra-
bon . consul romain avec Valérius Mes-
sala . l'an IGI avant J. -C. Ce fut sous son
consulat que fut publiée la loi Fannia
contre la somptuosité de la table. Cette
loi fixait les sommes qu'on ix)uvait dé-
penser pour le repas. On fut obligé de la
renouveler 'JO ans ajjrès. Le luxe faisait
tous les jours de nouveaux ravages, et ce
luxe était une suite de la trop grande puis-
sance des Romains; Scipion le recomiais-
»ait lui-uicme et s'en plaignait. Fannius
réforma la formule de la prière qu'il
était d'usage de prononcer à la clôture
du lustre, par laquelle on demandait aux
(lieux qu'ils augtnenlasseut la puissance
de la républi(|ue : il en substitua une
autre . par latinelle on les priait de vou-
loir bien la maintenir toujours dans le
même état.
F.WXIUS (Caius), auteur latin sous
Trajan , composa une Histoire . en Z^ li-
Tcrs , des mutâtes de Néron , et des der-
nières heures de ceux que ce monstre
faisait exécuter à mort, ou envoyait en
exil ( Exitus occisorum aut relegalorum
II Nerone) . Les sa vans, et surtout les
philosophes, ne sauraient trop regretter
la perte de cet ouvrage intéressant.
FAWirS CÉPION, complice d'une
conjuration contre Auguste, qui fut dé-
u verte, se donna lui-même la mort.
îoiirm coin fii^crrl , ic Fannit)» ipie pcrcmil ;
liic, rogo, noo furor cit. nr itinr-ifr. mori !
Martial., Ilb. ii.
:-;iigramme qui dans le fond n'est qu'un
jeu de mot» comme presque toutes celles
de Martial. Quelque blâmable que fût
Kanniiu , il y avait certainement moins
de fureur dans 5on suicide que dans re-
lui de Caton d'l'li(|ue. Il chcrcliait à évi-
ter une mort ignominieuse el terrible.
F.WNU'S (QtAD^ATts), poète latin.
Ses ouvrages, quoique ridinde», fur«'nt
placés avec son portrait dans la biblio-
tlièque publi(iue qu'Augtistc avait fait
construire dans le temple d'Apollon. Ho-
race , son contemporain, lui donne le
non» de parasite , et le raille cruellement.
FWSlI.VW (sir RicMAno) , anglais né
en l(i07 , envoyé des rois Charles T' el
Cfiarles lia la cour d Espagne et à celle de
Portugal, mourut à Madrid en 1C)<)6. 11 se
distingua dans ses ambassades, ainsi (|ue
sur le Parnasse. On a di! lui qucliiucs o«-
vrages L'ii vers el en prose, Londres, 1<).'.G>
in-ii.", qu'on a lus autrefois; une traduc-
tion en vers anglais du Pastor fido, de la
Luciade et des comédies espagnoles. On
a publié sur son ambassade des lettres
originales précédées de sa vic^ Londres,
1702, in-8".
' FA.XTIN-DÉSODOARDS (A\toi;<e>
Etiewe -Nicolas), né à Pont-de-Beau-
voisin dans le Dauphiné le 2(i décembre
1738, entra chey, les jésuites dont l'ordre fut
supprinu^ avant qu'il eût pu prononcer
ses vœux. En 1789 il était prêtre, et avait
le titre de vicaire- général d'Embrun;
mais il ne paraît pas qu'il en ait jamais
exercé les fondions. Il s'était rendu à
Paris quelques aimées avant la révolu-
tion, et lorsque ce grand événement fut
accompli , il y devint un des écrivains les
plus laborieux du parti révolulioimaire.
Arrêté après le 10 août comme jjrétre, il
se maria, entra dans les sections, et se
lia particulièrement avec Roi)espierre,
CoUot-d'Hcrbois , Marat et Chaumelte ,
qu'il accompagnait quelquefois au club des
jacobins, et contribua à répandre leurs
principes en écrivant dans les journaux
du temps. Il entra à l'institut, et mourut
à Paris le 25 septembre 1820 ( i ). Ses
principales productions sont : | Diction-
naire raisonné du gouvernement . des
lois, des usages et de la discipline de
V Eglise , conciliés avec 1rs libertés el
franchises de l'église gallicane . lois du
royaume et jurisprudence des tribnnaujt
de France. 1788, 6 vol. in-8"; | Nou-
vel abrégé chronologique de l'histoire de
France , depuis Clovis jusqu'à la mort île
Louis Xiy .parle président Hénault. con-
(i). On prr'lcnit que Fanlin Dciorioaidi a confetti
«jiir la conduite prndant la rrvoliilioin. »««il rtt
fnr<t'r par Ir dftirdi- tr toutlmirr, à la dr'pOTIalitn, ri
qu'il a<ait dtpuli jolliiilr .lu p»|'c Ij diiptnie de |«|
vaut.
tmué depuis la mort de Louis Xï y jusqu'à
la paix de 1783 , 1788-89, 5 vol. ii>-8" ; au{î-
incntée en 1801 (rimci^ct d'une 5*^ parti»;,
où se trouve Y Histoire de la révolution ;
réimprimée en 1807, en 2 vol. in-S" ; et en
1820 in-i", avec une nouvelle continuation
jusqu'à la rentrée de Louis XVIII en
France. Cet ouvrage porte quelquefois le
titre A' Histoire de France depuis la mort
de Louis XIV. L'auteur y afiichait déjà
son admiration pour la philosophie mo-
derne. I Histoire philosophique de la ré-
volution, 5' édition , 1807, 10 vol. in-8".
C'est celui de ses ouvrages qui a ob-
tenu le phis de succès , et cependant il
est rempli d'erreurs et de faux principes.
M. Beaulieu, auteur des Essais histo-
riques sur les causes et les effets de la ré-
volution de France^ a relevé entre autres
ce paragraphe étrange sur la démarche
que fit le roi le 15 juillet 1789 : « Louis
V. XVI fdit M. Fantin) parut comme un
» criminel devant ses juges ; il rejeta sur
» l'imposture de ses ministres les fausses
» démarches auxquelles il s'était livré. Il
» déclara que les ordres étaient expédiés
» pour l'éloignement des troupes de Paris
» et de Versailles; qu'il rappelait Necker
» et les autres ministres disgraciés, et que
» désormais il ne prendrait d'autre conseil
» que ceux des représenlans de la nation.
» Le président assis (M. l'archevêque de
» Vienne) lui répondit : Un roi est cou-
spable, quand, sous les yeux de l'As-
» semblée, il écoute des conseils élran-
» gers. Lally-Tolendal , député de Paris ,
» ajouta : Un roi qui avoue sa faiblesse et
» l'insuflisance de ses moyens , mérite la
» clémence d'une nation généreuse. Il est
» bon que les princes sachent , reprit le
» président, en couvrant la voix de Lally-
» Tolendal , qu'on ne règne pas long-temps
• avec sécurité, quand l'intrigue, la ca-
» baie et l'astuce , devenues les mobiles
» du gouvernement , sont érigées en règle
» de la conduite du monarque. Cette pro-
» position fut justifiée dans la suite. » On
voit que dans tout ce grossier galimathias,
ajoute M. Beaulieu , il n'y a pas un seul
mot ,à l'exception de l'annonce de l'ordre
donné par le roi pour l'éloignement des
troupes, qui ne renferme im impertinent
mensonge. Le style est digne de l'esprit
qui y règne : il est tantôt plat et trivial ,
tantôt boursoufflé jusqu'au ridicule ; enfin
celle indigeste compilation, dénuée par-
tout de ' v( rite comme de goût , est tom-
bée dans Toubli profond qu'elle méritait.
I Révolutions de VInde 2)endant le 18'
2 FAN
siècle ,ow Mémoires de Tippoo-Sàib écrits
par lui-même^ et traduits de la langue in-
dostane, 1796, 2 vol. in-8", 1797, h vol. in-8";
I Louis XV et Louis XVI . 1798, 5 vol. in-S";
I Histoire d'Italie depuis la chute de la
république romaine jusqu'aux premières
années du i^f siècle, 1802,9 vol. in-S" ;
I De Vinstitution des sociétés politiques , on
Théorie des gouvernemens . 1807 , in-8";
I Les monumens inédits de l'antiquité ,
expliqués par fVinckelniann , 1808-180'.),
5 vol. in-/t°; \ Histoire de France depuis
la naissance de HenrilV jusqu'à la mort
de Louis XVI , 1806-1810, 26 vol. in-12. Il
s'estfaitainsile continuateur de Velly,Vil-
larct et Garnier. Cette histoire méritait un
meilleur écrivain. Il fut avec Mercier et
Carra un des premiers rédacteurs des An-
nales patriotiques , et a laissé en outre un
grand nombre de manuscrits.
*F;V.\TOM (Je,v\j, célèbre médecin
et analomiste, né à Turin en 1675 , mort
le 15 juin 1758 , professa l'analomie à l'u-
niversité de cette ville pendant un grand
nombre d'années, avec «n grand succès.
Sesdéinonstrations étaient suivies par un
grand nombre d'auditeurs , qui ne pou-
vaient assex admirer sa profonde érudi-
tion, l'importance des faits nouveaux
qu'il leur présentait continuellement, son
éloquence naturelle et cette latinité ex-
quise qu'on remarque dans tous ses ou-
vrages. Les principaux sont 1 lirevis ma-
nuductio ad historiain anatomicam. Tu-
rin, 1699, petit in-/(.°; | Dissertation es
anatomicœ XI, ibid., 1701, in-12 ; | Ana~
tomia corporis humani. 1711, in-4"; | Opus-
cida medica et physiologica, 1738, in-/i";
I Commentarius de quibusdam aquis me-
dicatiSj et historica dissertatio de febii-
bus continuis, 1747, in-8".
♦ F-WTIJCCI (le comte Marc), litté-
rateur italien, né en 1745 à Ravenne,
d'une famille noble , entra d'abord dans
la magistrature dans l'intention de se-
rendre utile à ses concitoyens; mais
quelques désagrémcns qu'il éprouva l'en-
gagèrent à y renoncer. Il continua néan-
moins à servir son pays, qui lui fut re^
devable, en 1784, d'une machine hydrau-
lique très avantageuse pour le territoire
de Ravenne. Une épidémie étant venue
en 1780 ravagercette province, ils'occupa
des moyens d'y remédier pour l'avenir,
et publia à ce sujet un excellent mémoire
dans lequel il démontra combien il était
urgent de dessécher les marais des vallées
méridionales de celte contrée. En un mot
loule la vie de Fantucci a été cousatrée à
PAU
33
Fvn
' ' - cffiirl» iH)ur ri'iuiri- a n.iwniie
. rial dont rllc avait brillé. Le
I uUiic. i rsl nmrl dans crtic ville
10 janvier 1800. Tio VI avait \untr lui
prétlilrrlion toute partiriiliiTi' . et il
« liiil iliipie par ses vertus, qu'il por-
jiisqu'à rau-«lerilé.et par son d«*vi)ue-
iit iK>ur 1 utilité publique et pour la
(jloirc de sa |)..tri.-.On lui doit : | De' Mo-
numenti Ravmnati. 6 tomes in-4"; | De
Cente Itonestia, in-fol.; \}lnnoriedî varia
9rgome:i <> t. et conte Fantucci , iu-/*". On
est redevable à ses soins de la magnilique
édition romaine des Papiri dtplontalici
raccolii ed ill.istra'i dall'abate Oaclano
Maritii, dont plusieurs appartiennent à
Ravenne.
• FA>TL'Z7J (Jean), noble Bolonais
et dernier rejeton d'une famille illustre
de ce nom, qui a fourni un {^rand nombre
de personnages distin(jué$ danslacai rière
des lois et dans celle des lettres , naquit en
1742, et mourut à Bolopne en 1801 , avec
le grade de colonel. Il avait servi pendant
plusieurs années dans les gardes du corps
du roi d'Espagne, et a laissé un ouvrage
important intit ..é Nodzie dcgli scritlori
Boloçnesi, Bologne, 17814»/», 9 vol in-fol.
I Cet ouvrage est précieux par rexactiliale
et la bonne critique qui y régnent. Il est
! d'ailleurs écrit d'un style élégant et cor-
rect. On aurait désiré que l'auteur en eût
supprimé des détails superflus ; mais ils
sont vrais et puisés dans des sources au-
tlientiques.
FARCOT ( JosEPn-jEAX-CiiRYSo-
"Me), ancien directeur de la stalisliquc
de la Seine , né à Senlis le 8 avril 1744 ,
entra d'abord chez, les oratoriens, et en-
seigna successivement la philosophie , la
physique expérimentale et les nialhénja-
tiqucs. En 1779, des affaires de famille
robligcienl de quitter celte congrégation
et il se livra au commerce, à Paris, jus-
qu'en 1793, épo<jue à laquelle ses magasins
furent saisis et lui-même jeté en prison.
Au bout de onic mois de captivité , il fui
appelé jiar le gouvernement aux discus-
sions qui eurent lieu à l'hôtel de Conti
pour la restauration du commerce et des
arts. Nommé membre du Directoire du
département de la Seine , il fut charge
spécialement de la restitution des édilices
destinés au culle catholique, et aux douze
ég.ises qui avaient été décrétées, il par-
vint à en faire ajouter trois. 11 fil partie
de la conmiission chargée de dresser le
tableau de dépréciation des assignats, cl
(ut successivement depuis cette époque ,
membre du ctiuscil ^l^'>^ aris, de r.Aiû de
l'instruction publique , et direcicur de la
statistique. Karrt)t a fait à ce sujet plu-
sieurs ouvrages : I Questions ronatitulion-
nellt's sur le commerce et l'industrie, et
projet d'un impôt indirect , Paris, 1790,
in-8"; | Discussions relatives à l'in/Iiience
du youvcrneinent sur les arts et le com-
merce. Paris, 1808, in-4"; \ . Mémoires sur
les moyens d'encourager les découvertes
utiles. Paris, 1819 , ouvrage iK)sthume pu-
blié par son lils !M. J. Farcot. On a en-
core de lui plusieurs Mémoires et Rap-
ports sur les arts , l'agi icullure et le com-
merce, qui n'ont pas été imprimés. Il es!
mort le 2r>aoùl 1815, à l'âge de 71 ans.
FAllDKI.LA ( MiCHEi-A^tiE), né àTra-
pani cil Sicile l'an ICSO , d'abord francis-
cain , ensuite prêtre séculier, devint pro-
fesseur d'astronomie et de physique dans
l'université de Padoue , et mourut à Na-
ples en 1718 à G8 ans. On a de lui des ou-
vrages peu connus en Fiance , sur les
sciences auxquelles il s'était consacré.
C'était un homme d'un esprit vif et d'une
imagination féconde, mais très distrait.
Quoi(iu'il eût des appointemens considé-
rables , sa générosité envers ses amis, et
son caractère indolent ne lui permirent
jamais d'être riche.
FARE f sainte), vierge, d'une famille
noble de Brie, sœur de saint Faron, évé-
que de Mcaux, et de Changulse , évéquc
de Laon, bàlit le monastère de Faremous-
tier, en fut abbesse , et mourut vers G55,
après une vie de près de 00 ans, remplie
par la vertu et la morlincalion.
FARE. roijez LAFARE.
FAREF. (Gtii-LAUME ), né à Gap en
1489, vint de bonne heure à Paris, régenta
queliiue temps au collège du cardinal Le
Moine. Jacques Le Fèvre d'Etaples, son
ami , lui inspira les nouvelles erreurs que
Luther répandait en Allemagne, et Zwin-
gle en Suisse. Farci fut ministre à Genève
avant Calvin, et y prêcha la réforme.
Chassé de cette ville en loô8, il se relira
à Bàle , puis àNeuchàtel, où il mourut
en 1î)6j. Ce novateur se maria à l'âge de
f)9 ans. Son savoir, qui était médiocre,
fut terni par son opiniâtreté, et par son
penclianli>our toutes sortes d'opinions. On
a de lui : | Le Glaive de l'esprit, ouvrage
qui, malgré la singularité de son titre
(qui dans le fond n'est que la traduction
du Gladium spiritùs de saint Paul ), offre
de bonnes choses contre les libertins. | De
la sainte Cène du Seigneur ; \ des thèses.
Ce ministre fut accusé , par ceux du son
PAR 5
parti, lie renouveler les erreurs de Pâill
lie Samosate; mais un synode de Lau-
sanne le lava de celle impulation.
FAUET ( Nir:oL4s), né vers l'an IGOO
à Houry en Bresse , fut un des premiers
ujembres de l'académie française , el ré-
di<ïea les statuts de celle compagnie nais-
sante. Il fut secrétaire du comte d'Har-
court , ami de Vaujïelas , de Boisrobert ,
de Coé'ffeteau, de Sainl-Amand. Il mou-
rut à Paris, en 1G46. On a de lui de mau-
vaise prose et de plus mauvais vers ;
I V Histoire chronclogique des Ottomcuis;
I I ' Histoire d' Europe , traduite en français ;
i V Honnête f/omme,\ivé de l'italien de Cas-
liylioiu^ in-i2 ; j des lettres qui n'appren-
nent rien ; | des poésies plates , etc. Tout
le monde connaît les vers suivans de lioi-
leau :
Ainsi tri autrefoit qu'on vit avec Farct ,
Charbonner de tct vers les murs d'un cabaret
FAIIGIS (CuARi-ES d'ANGENNES du) ,
fut conseiller d'état sous Louis XIII, et
son ambassadeur en Espagne. Il fut dé-
menti sur le traité de Monçon, qu'il avait
conclu en 1626, pour n'avoir pas suivi les
instructions du Père Joseph, et il fut
obligé de faire réformer ce traité sur les
nouvelles instructions qu'il reçut. — Sa
femme, Madeleine deSILLY, comtesse
de la Rocliepot, dame d'atours de la reine
Anne d'Autriche, entra dans quelques in-
trigues contre le cardinal de Richelieu,
qui la contraignit de sortir de France.
Elle mourut à Louvain, au mois de sep-
tembre 1639. On trouve dans le Jomnal
du cardinal de Richelieu , et dans sa Vie
par Le Qerc, 1753, 5 vol. in-12, des lettres
en chiffres de M'"*^ du Fargis, qui furent
interceptées, et qui la tirent condamner
à être décapitée par arrêt de la chambre
de justice de l'Arsenal , en 1651. Elle eut
un lils tué au siège d'Arras en 1640, sans
avoir été marié; et une fille, religieuse
à Port-Royal, morte en 1691.
• FAUIA ( MAivoEL-SÉvÉniM de ), écri-
vain portugais , un des plus savans nu-
mismates de son temps, naquit à Lisbonne
en lo8l ou 82. Après avoir fait ses cours
de philosophie et de théologie , et avoir
été reçu docteur dans ces deux facultés ,
il fut chantre et chanoine de la cathédrale
trEvora, et mourut dans cette ville le 16
décembre 1633. Il se livra avec ardeur à
lélude des Ecritures, delà théologie mys-
tique, de l'histoire, de la politique, de
la géographie, et des antiquités roiTiaines
et portugaises , et forma des collections
précieuses de manuscrits anciens, deiué-
% FAR
daiUcs , de monnaies et d'antiquités de
tout genre. Il est connu par les ouvrages
Suivans : | Noticias do Portugal. 2 vol.;
I Vdriui discursos politicos , Lisborme ,
1624, 1 vol. Ces deux ouvrages ont été
réimprimés à Lisbonne en 1624 et 1791.
Dans le premier de ces ouvrages, il traile
de l'origine des litres cl des armoiries des
familles nobles du Portugal, des monnaies
ancieiuies, soit portugaises, soit gothiques,
arabes et romaines, et il en donne des
emi)rcintes. Après avoir parlé des diffé-
rentes universités d'Esi>agne, de la navi-
gation des Portugais aux Indes orientales,
il termine le second volume par les vies
de vingt cardinaux de sa nation. Le troi-
sième volume est consacré à la vie de
quelques portugais illustres, coiïimc celle»
de riiistorien Couto, du poète Camoëns,
etc. Ces deux ouvrages se font remarquer
par une élégance et une pureté de style
qui rappellent le beau siècle de la littéra-
ture espagnole.
FARIA DE SOI SA ( Maxo ei.), gen-
tilhomme portugais, chevalier de l'ordre
du Christ , né à Souto , en 1390, mort à
Ma<lrid en 1647, dans un état qui n'était
guère au-dessus de rindigei>ce. Les let-
tres lui firent trop négliger la fortune.
Après avoir clé gentilhomme chez don
Gonzalès, évèque d'Oporto, cl avoir per-
fectionné ses connaissances sous la direc-
tion de ce prélat, il avait fait un voyage à
Rome en 1651, où il s'acquit la considéra-
tion des savans qui étaient auprès du pape
Urbain \'III. Faria était un homme un
peu singulier. Il s'habillait plutôt comme
un philosophe , que comme un homme
qui avait vécu à la cour. Son humeur in-
dépendante et son abord sévère furent
sans doute un obstacle à sa fortune. Il était
cependant fort agréable el fort enjoué
avec ses amis. On a de lui: | une Histoire
de Portugal, conduite jusqu'au règne du
cardinal Henri, imprimée plusieurs fois.
La dernière et la meilleure édition est de
1751, in-fol., avec une continuation, et
d'autres pièces curieuses. | L' Europe ,1' A~
sie et l' Afrique portugaises, en 6 vol. in-
folio., 2 pour l'Europe, 5 pour l'Asie, 1 pour
l'Afrique. VAsia portiujuesa est l'histoire
des Portugais aux Indes orientales, depuis
leur premier voyage en 1497 , jusqu'en
1640. Cet ouvrage exact et curieux a été
traduit en italien , en français et en an-
glais. Faria a encore laissé 7 vol. de poé"
sies ; des discours jnora:ux et politiques !
des commentaires sur la Lusiade, Ses
ouvrages sont écrits »'a espagnol*
FAR S
lAlil\\. toiirz CHAULES RORRO-
•;i 1. ( sciiiil ) il larlide IlORROMÉE.
1 \IU>\CU:i (rnos»Kii), célèbre ju-
onstilto , nar|tiil (t Iloiiic en i55& , c-t y
1.» dans h' baiirau. Il si> plut à difiii-
li-scauscs les moins s<»u«eiial)lfS. Ci'lU"
lie funcslo à bit-n dos fuinillcs. jointe
. ri(;ufur cl à la st'voritéexrtvssive av«r
IcMimlIts il exerça la chaii;c de procu-
reiir-liscal. lit naître des niurniurcs et lui
suNcilades affaires. Cet liomme. si ri^jou-
ii'ux pour les autres, élail très indulgent
pour lui-niènie. Le pape Clrincnl VIIl di-
sait de lui à ce sujet , en faisant allusion
au nom de Karinaccio : « La farine est
» excellente, mais le s;ic qui la contient ne
» vaut rien. » C.e jurisconsuUo mourut à
Rome lu nu-me jour qu'il élail né, le ÔO
octobre 1CI8, à (>'*■ ans. Ses ouvrage* oui
été recueilli» en 15 >ol. in-fol. Anvers,
IGiîO et années suivantes : ils sont recher-
chés par les jmisconsuiles ultramonlains.
Voici ce qu'ils renfern)cnt : Decisiones
Hotœ. 2 vol. ; Uotœ uQvissimœ . 1 vol.;/fo-
tœrrcetUis^imœ. 1 vol.; JtcjKrtohum ju-
tticiale. l vol. ; De Ilicresi. { vol. ; Conci-
lia. 2 vol.; Praxis criminalis, h vol.;
Siiccus Praxis criminalis . i vol. Maltjre
la critique (|U on peut faire de que^iues
endroits, il est certain que ses ouvra^jes
sont pleins de savoir, et qu'il y a pour les
jurisconsultes bien des choses à recueillir.
FARIX \Tt} ' Paix ), peintre célèbre et
savant archilecle , né en 1525, mourut à
Vérone sa patrie en 1006, à 81 ans.
• FAUIM:L!.1 (Ciiari.es BROSCHI ,
plus connu sous le nom de ). célèbre chan-
teur italien , né à Naples le 2i janvier
1705. fut élève de Porpora. Il débuta d'une
manière brillante à rà;;e de 17 ans sur le
Ihcàtrc d'yiliberti à Rome, cl en 17.'4 , il
passa à Londres, où il excita im enthou-
siasme universel. Il fui ensuite appelé à
la cour de Madrid , et sa voix jjroduisil
plus d'effet sur Philipjie V , charge d'in-
iirmités. et sur Ferdinand VI , son suc-
cesseur, tourmenté d'une profonde mé-
lancolie, que tous les remèdes de l'art. Ses
manières aimables lui méritèrent bientôt
l'estime et iaconsidérationde toute la cour.
Sous le rè,inc de Ferdinand VI, il fut em-
ployé dans les affaires du plus haut inté-
tH politique, devint le canal de toutes les
f»rârps . et l'on peut dire, à sa louange,
" s accorda qu'au mérite réel, et
isa jamais de son pouvoir. Ltjiri
! un vain orgueil qui est ordinai-
rement l'apanage des [kir venus, ce fut sur-
tout M muUeslie qui désarma ceux qui
î FAR
auraient pu être un<»bftlacle à «a forlune.
Sa déférence et son res[tect |>our les grand»
lui captivèrent l'amitiédela plupart d'en-
tre eux; h l'égard tie .ses ennemis, il nc
s'en vengea jamais qu'en répandant sur
eux les faveurs du roi. I^ mort do ce
prince et de la reine, arrivée la nu^mc
année (17(i2). le jeta dans l'accablement
le plus profond. Il quitta l'ICspagne et se
relira à Kologne , où il fil bâtir une su-
perbe n)aison. II y passa le reslc de sci
jours, uniquement occupé de sa harpe et
de son jardin, recevant avec affabilité
tous les étrangers qui désiraient le con-
nailre, et répandant ses bienfaits sur tous
les malheureux qui l'environnaient. Il
encouragea le Père Martini à écrire son
Histoire de la musique . l'aida de sa for-
tune, cl lui fournil les documens néces-
saires. Farinelli mourut le 15 juillet 1782.
• FARiMKR (Huct'Es), ministre pres-
bytérien à Londres, né en 171/t, fui un
des prédicateurs d'une congrégation de
Dissenlers, et se fit une grande réputa-
tion par son éloquence et par ses ouvrages,
qui ont pour but d'établir que runi\ers
est gouverné par Dieu seul. Les principaux
sont : I Un Kssai sur la nature et le des-
sein de la tentation de Jésus-Christ dans
le désert, où il soutient que c'était une
vision et non un fait réel, Londres , 17G1 ,
et 17C5 avec augmentation ; | une Disser-
tation sur les miracles . qui a pour objet
de prouver qu'ils sont les argumens d'une
interposition divine et des preuves abso-
lues de la mission et de la doctrine d'un
prophète ; \ un Essai sur les démoniaques
du nouveau Testament , où il prétendait
que ces démoniaques n'étaient que des
ujalades. Farmere>t n»orllc6 février 1787.
• FAUMER (RiCHAno), célèbrecritiquc
anglais , né à Leicesler en 1755 , fut suc-
cessivement prédicateur de la chapelle
royale de Wbitehall , principal du collège
Emmanuel de l'université de Cambridge,
vice-chancelier et bibliothécaire de cette
université, chancelier de Lichtfield et de
Covenlry, chanoine de l'église de Cantor-
béry, puis de celle de Saint-Paul ; cl mou-
rut en 1797. On a de lui un Essai sur l'é"
rudition de Shakespeare, un des meilleurs
morceaux de critique que possède la litté-
rature anglaise, plusieurs fois rcimprinjé,
il se trouve dans l'édition de Shakespeare,
donnée parSievens, 15 vol. in-8", 17'J5 ,
et dans celle dcRced etllarris, 1805, 1812,
en 21 vol.
FARXABY ou FARNABIE ( TuouAs) ,
célèbre utailre U école anglais, ne à Loit-
FAR
drcs en lo7."i .-d'iui charpenlier, fut d'a-
bord serviteur; puis il fit SCS premières
t'tudes à Oxford , et ensuite eu Espagne ,
dans un collège des jésuites. Il arcompa-
(jna François Drake et Jean Hawkins dans
leurs courses maritimes. De retour de ses
voyages, il se fit soldat dans les Pays-Bas,
déserta et retourna dans sa patrie. Il ou-
vrit une école de langue latine dans le
romté de Sommcrset. Il alla continuer le
même travail à Londres, forma de bons
écoliers, et s'actiuil la réputation d'un
maître habile. Sou attachement à la fa-
mille royale lui attira des persécutions ;
mais elles ne furent pas capables d'ébran-
ler sa tidélilé. Il répondit toujours à ceux
qui le sollicitaient de se déclarer pour le
parti républicain : «J'aime mieux n'avoir
» qu'un roi , que d'en avoir cinq cents. »
Il mourut exilé à Ely-IIouse en 1647, à 72
ans. Ou avait proposé dans la chambre des
communes de l'exiler en Amérique. Far-
naby était aussi savant humaniste , que
bon citoyen. Il nous reste de lui des édi-
tions ô.*i Juvénal. de Perse , de Sénèqw ,
de Martial, de Lucain. de Virgile^ de Té-
rence, CC Ovide ^ avec des î'emarques qui
ne sont que grammaticales; elles seraier.t
plus utiles si elles étaient quelquefois
iiistoriqucs , géographiques et mythologi-
ques; le latin en est un peu dur et quel-
quefois iocorrect.
FARNÈSE (PiEURE-Louis), premier
duc de Parme et de Plaisance, était fils
aîné du pape Paul III ( Alexa\due FAR-
NÈSE), qui l'avait eu d'un mariage se-
cret, contracté avant sa promotion au pon-
tifical. Ce pape lui conféra les duchés de
Parme et de Plaisance en 1545 , sous une
redevance de 8 mille écus au saint Siège,
cl donna en échange à l'état de l'Eglise,
la principauté de Camérino et la seigneu-
rie de Népi, qui lui appartenaient. Dès
que Farnèse eut été reconnu par le clergé
et par le peuple, il s'appliqua à fortifier
Plaisance , et la citadelle qu'il fit con-
struire fut regardée comme une des meil-
leures forteresses de l'Italie. Comme il
chagrinait les nobles , croyant qu'ils op-
primaient le peuple, quatre gentilshom-
mes coi)spiièrent contre lui, et l'assassi-
nèrent à Plaisance, le 10 septembre 1547.
\}n homme qui se. mêlait de magie, lui
avait annoncé cette fin tragique; on pou-
vait la lui prédire sans être sorcier; mais
runecdote, si elle est vraie , ne laisse pas
dèlre remarquable. Aussitôt après sa
mon , les milices impériales qui étaient
aux portes de la -illo obligèrent les l'iai-
56 FAR
santins à prêter serment à l'empereur
Charles-Quint, qui n'avait pas voulu re-
connaître la cession que le pape en avait
faite. Mais dans la suite, Octave Farnèse,
fils de Pierre-Louis, ayant épousé Mar-
guerite d'Autriche, fut reconnu, par cet
empereur, légitime possesseur du duché
de Parme {voyez sa postérité dans les Ta-
bles chronologiques, à l'article PARME
ET PLAISANCE.) Sa postérité jouit de
ces deux duchés jusqu'au cardinal Antoine
Farnèse, mort en 1731. Sa nièce Elisabeth
Farnèse, épouse de Philippe V , roi d'Es-
pagne, les transmit au second de ses fils,
qui les x^éda eu 1755 à l'empereur Char-
les yi , contre le royaume des Deux-Si-
ciles.
FARNESE , pape qui a pris le nom de
Paul m. Voyez ALEXANDRE FAR-
NÈSE.
* FARNEWORTH (Ellis), ecclésias-
tique anglais , né à Bonteshall , dans le
comté de Derby, devint recteur de Car-
ringlon, et mourut dans la misère , le 25
mars 1763. On lui doit des traductions
anglaises de quelques ouvrages italiens :
[ Vie du pape Sixte V, de Grégorio Leti,
avec une préface, des prolégomènes, des
notes et un appeijdix, 1754, in-fol. ; | His-
toire des guerres civiles de France . de
Davila, 1757, 2 vol. in-4°; | la Traduc-
tioti des OEuvres de Machiavel éclaircie
par des notes, des dissertations , et quel-
ques plans nouveaux sur l'art de la guerre,
1761, 2 vol. in-4", et 1775, 4 vol. in-8" .
avec des corrections, et le portrait et la
vie de Machiavel.
FARKSWORT ou FARNE-WERT (Ri-
ciiaud), fut un des premiers disciples de
Georges Fox, auteur de la secte des qua-
kers. Il ajouta aux rêveries extravagantes
de son maître le précepte observé scru-
puleusement dans le quakérisme, de ne
parler à personne , même aux rois dans
les suppliques, et même à Dieu dans la
prière, qu'en tutoyant. Il composa un
livre pour démontrer cette impertinence.
Il prétend que l'usage contraire est une
flatterie indigne des enfans de lumière :
c'était le titre que prenaient les quakers.
Fox approuva cette idée, et il fut le pre-
mier à s'y conformer.
FARO.\ (saint), évêque de Meaux en
627 , fonda l'abbaye qui porte son nom ,
assista au 2*^ concile de Sens en 657 , et
mourut le 28 octobre 672 , à près de 80
ans.
* FARQUIIAR (GEor.GEs), poète comi-
que né cr. 1G73, à Londonderry en Irlande,
FAT 37
... ,. , <n 1707. fui tlalHtiilroiuiiUcn, puis
liculottant au ri'tîiineiit du comte Orrery
vn Iiinn.lc. Ayant i«|M)nso une femme
jeune et belle . il ne put résister aux pri-
vations (pu* hti imposaient le» besoins
'• • maiMJU. et uunuut do elia^rin , à
le ôO ans. il a laisse un nom dans
, aro anglais, par l'amusante viva-
cilc ile ses intri|îues, asse?. nalurellemenl
CDtuluilcs, «juoiquc fondées presque tou-
tes sur des suppositions invraisembla-
bles et romanesques. Ses œuvres ont été
imprimées pour la 10*^ fois à Londres en
J77'i. en 1 vol. in-1'2 : on regarde comme
son chef dœuvre la pièce qui a pour litre
TUe braiix's Stralagem. la Ruse du pclil-
maitrc.
r.VTIO de Duiller (Nicolas), géomè-
Irc célèbre qui descendait d'une famille
italienne , naquit à Bàlc en Suisse le iC
février Itkii. Il n'avait encore que 17 ans
lorsqnil écrivit à Cassini une lellre qui
renfermait l'essai d'une théorie pour la
recherclie de la distance du soleil à la
terre, avec une Hyiwthèse pour expliquer
les apparences de l'anneau de Saturne. Il
s'orruiia de la dilatation et du resscrre-
uieul lie la prunelle, el démontra les libres
de l'uvée antérieure el de la choro'ide
dans une lettre à Mariolle , du 15 avril
\{\&\. Il trouva ime manière nouvelle de
Ira'. ailler les verres des télescopes, un
>" >vrn de percer les rubis et de les faire
(urir au perfectionnement des num-
'. de mesurer la vitesse d'un vaisseau,
el co.nmenl ou pourrait profiler du mou-
vemcut des eaux , occasioné par le sil-
'' ' •. pour moudre le blé, lever les an-
hisser les vergues, etc. Il imagina
i une chambre d'observation suspen-
due dételle sorte qu'on pût observer faci-
lement les astres dans un vaisseau. On a de
lui un assez gr;ind nombre d'ouvrages in-
léressiuis sur la mécanique, l'astrouoiuie
••tlachimie, imprimés séparémenloudaus
les numéros du Gentlernens magazine, de
1757 et 1738, Fatio avait honorablement
ouru la moitié de sa carrière, lorscju'il
I donna les sciences exactes pour les
lices occultes. Livré à l'élude de l'alchi-
. de la cabale et des inspirations , il se
itra en même temps zélé partisan d s
.'. ou Prédicansdcs Cevennes rc-
■ mlrcc, et fui en bulle à la j)ersé-
'■ . 1- leur suscii'a la police anglaise.
<f quitta l'Angleterre et partit pour
.e avi-c le projet de convertir luni-
De retour en .\,n,;leterne , il vécut
> l'obscurité, cl mourut dans le comté
FAU
do W'orccster , en 1755, 4,jé de près do
quatre-vingt-dix ans. Fatio a publié :
I Lettre à Cassini, sur une lumière extra-
ordinaire qui parait dans //• ciet depuis
quelques annces, in-S". Amsterdam. lOHC) ;
il s'agit de la lumière /.odiaeale ; | L'pistola
de Mari aneo Salnmonis.ad H'rnanlum.
in quà ostenditur geonietriœ salisficri
passe jnensuris quœ de Mari œneo in sa-
cra scripfnrn hnbrnlur , Oxford. ICiSS;
I Fruit ffalhiniprovcd. in-/i", Londres,
l('>y9 : dans eel ouvrage anonyme il pro-
l)ose luie fu)uvelle espèce do terrasses ou
nuirs inclinés à l'horizon pour la culture
des fruits en espalier; | Lineœ hrevissimk
descensùs investijatiogeometrica duplex ,
cuiadilitaest vwesligalio geometrica so-
lidi rotundi in quod minima fiet resisten-
lia. in-4", Londres. 1()9[); | la Navigation
perfectionnée .in-^" , 1728. L'auteiu- y con-
sidère, mieux qu'on no l'avait fait encor;*.
le problème pour trouver la latitude par
deux observations de la hauteur dusoleil
et le calcul du temps écoulé entre elles;
I Excerptaex suâ responsione ad excerp-
ta ex Ulteris J. Bernnulli , dans les yicla
Lipsiensia. 1700 ; | Epislola Nie. Facii ad
Joh. Christoph. Facium, quâ vindicat so-
lutionem jiroblematis de inveniendo solido
rotundo seu tereti in quo minor sii resis-
ienlia ( Transact. phd., 1715).
FATTOHE ( le ). royez PENNI.
* FAUCIIAIIT (Pierre), chirurgien-
dentiste, ne en Bretagne, et mort à Paris
en 1761, est regardé comme le créateur
de l'art du dentiste , par son ouvrage in-
titulé le Chirurgien dentiste. 17:28, '2 vol.
in-12, réimprimé en 1746 et 1786. Avant
lui , il n'existait aucun écrit qui enseignât
la manière de limer, tailler, plomber le>
dents et d'en p'.acer d'arliticielles. Il a
déc il aussi, avec exactitude, les abcèi
qui attaquent la substance intérieure de.s
dents, sans eu altérer la substance corti-
cale.
• FAIÎCIII^-BOUKL (Lotis), un des
agens les plus zélés du paili royalisie
pendant la révolution française, était ne
en 1762, à Neuciiàtel eu Suisse, d'une an-
cienne famille de Franche-Comlé, que la
révocation de l'édit de Nantes força de
s'expatrier. Lorsque la révolution fran-
çaise éclata, il dirigeait dans sa ville ru-
talc un vaste établissement typographique
qTi'il s'empressa de mettre à la disposition
(les émigrés qui vinrent cherclu-r un asile
dans cette partie de la Suisse. Kxilé pen-
dant G mois en 1795 , pour avoir imprimé
le testament de I^uis XVI dans un al-
FAU
38
FAU
iTianach , il se voua dès lors sans réserve
à la cause des Bourbons , qui acceptèrent
ses services avec reconnaissance. Doué
d'une grande activité et d'un coura;;u à
toute épreuve , il fut jusqu'en 181'i.ràiiu;
de toutes les négociations secrètes qui
curent lieu pour amener en France luie
restanratioa. En 1793, chargé parle prince
de Coudé de faire au général Piche{jru
des ouvertures pour l'engager à passer
avec son armée au service des Bourbons,
il Ht sous le nom de Louis ^ plusieurs
voyages à Iluningue , à Bàle et à Stras-
bourg ; pour mieux cacher son dessein , il
acheta une maison dans cette dernière
ville et y établit une imprimerie. Ce fut
à Blodsheim, près de Iluningue , que
Fauche-Borel aborda Pichegru pour la
première fois. Apres lui avoir demandé la
permission delui dédier un ouvra;îe inédit
de J. J. Rousseau, et lui avoir dit quelques
^lots insigniiians sur cet objet, il lui ré-
véla avec courage le véritable motif de sa
visite. Pichegru promit sans hésiter sa
coopération; mais avant d'agir il voulut
aeqtiérir la certitude que l'Autriclie se-
conderait le rétablissement des Bourbons.
Fauche-Borel ayant annoncé au prince
de Coudé l'heureux commencement de
cette négociation, et en ayant reçu de
nouvelles instructions , retourna à Stras-
bourg , où il se lia avec plusieurs oftlciers
de l'armée qu'il s'efforça de préparer à
l'exécution de ses plans. Une correspon-
dance s'était établie entre Pichegru et le
prince de Condé . sur la manière la plus
sûre d'exécuter leur projet de restaura-
tion. Cependant le Directoire ayant eu
vent de ces menées , ra])pela Pichegru, et
Fauche-Borel fut arrêté le 21 décembre
179o sur la dénonciation d'un journaliste
nommé Cotta; heureusement on ne trouva
rien dans ses papiers qui pût le compro-
mettre , et il fut remis en liberté au bout
de 6 jours. Pichegru destitué du coiimian-
dement de l'armée s'était retiré à Arbois ,
lieu de sa naissance. Ce fut dans cette
ville que Fauche vint lui remettre , en
d79G, une lettre de Louis XVIII , à laquelle
le général répondit par le même inter-
médiaire en conseillant au prince d'aban-
donner des projets partiels et sans résul-
tat , pour attendre que de grands événc-
ntens militaires amenassent une occasion
décisive. Eu 1797, Pichegru, ayant été
nommé au conseil des Cinq cents où il fut
bientôt élevé à la présiden jo , Fauche-Bo-
rel se rendit à Paris, d'ajjrès les intentions
des princes, pour s*Ciile;idrc avec lui. Le
coup d'état du 18 fructidor vînt tromper
ses espérances, et déjouer le plan de
contre-révolution qu'avait préparé Piche-
gru. Fauche fut nominativement enve-
loppé dans la proscription de cette épo([ue.
Sa correspondance avec Pichegru , saisie
dans les équipages du général autrichien
Klinglin , l'avait fait coimaitre couuine un
des agens les plus dévoués des princes.
Obligé de se cacher , il trouva un asile
chez un certain David Mounier avec le-
quel il avait eu autrefois des relations com-
merciales. Ce Mounier connaissait Bottot
secrétaire de Barras , et par son entremise
Fauche se mit bientôt en rapport avec le
directeur, qui consentit à entrer dans le
complot tramé en faveur des Bourbons...
Fauche reçut de Barras ^ous le nom do
Borelly un passe-port avec lequel il quitta
la France. Barras s'était engagé à faire à
Louis XVIII des communications , dont il
chargea son homme de confiance, le cheva-
lier "Tropez de Guerins. Fauche avait re-
joint Pichegru en Angleterre et n'eut pas
de iJeine à l'engager à entrer dans ce
nouveau projet. Il passa ensuite à Ham-
bourg, d'où il se rendit a. Mittau . où
se trouvait Louis XVIII. Ce prince avait
reçu les communications de Barras, et
agréé les conditions ([u'il attachait à ses
services. Le triomphe de la cause royaliste
paraissait assuré, lorsque la révolution
du 18 brumaire, en éloignant Barras du
gouvernement, fit avorter encore des
projets si bien concertés. Découragé par
ce nouveau revers, Fauche prit la réso-
lution de renoncer aux intrigues poli-
tiques, et il alla se fixer à Londres dans
le dessein d'y établir une iuiprimerie et
une librairie française : mais bientôt II
se vit engagé de nouveau dans la vie pé-
rilleuse qu'il venait de quitter. C'était l'é-
poque où se négociait le traité d'Amiens;
quelques royalistes pensèrent qu'il im-
portait de reconcilier Moreau qui était à
Paris avec Pichegru qui était à Londres.
Fauche fut choisi pour médiateur entre
les deux généraux , et il se chargea de
porter une lettre affectueuse de Pichegru
à son ancien compagnon d'arniiS. ÎMaisà
peine était-il à Paris que reconnu par la
police <à laquelle il était signalé , il fut ar-
rêté et conduit au Temple ; ce qui ne l'em-
pêcha pas d'entretenir du fond de sa pri-
son une correspondance suivie avec Mo-
reau. Relâché après 18 mois de captivité;
sur les instances de l'ambassadeur de
Prusse, qui le réclamait c«>miiie sujet
de celle j'.iiissancc , il fut recuuduil par
r \i
qui-
i< riil(»in'
Vcrurilli aviiMli>liii<lioii par le
1 u-Guillauiiu' , Kauclie sclalilil
aliviliii . où il no cessa do st-rvir la caust-
des UtHiilMUis. Il fiU chargé, en JBO.i .
ri'iiiipriiiuT à lUx mille exemplaires une
diclaialioii adressée aux Français par
Ltmis XMII, cl la dislriluilion en fui
(aile par ses «oins. lUmaparte envoya à
iJcrIin des commissaires charjés de faire
de§ rectemalions conlre lui. Fauche cou-
mil le risque delrc enlevé n)èine dans
celle capitale. Inslruil à lemps i)ar la
reine de l'russe , il partit pour se rendre
à I.ondres, où il fui chargé de suivre une
corresjMHâdance déjà commencée avec
l'ancien journaliste rerlet. En 1813, quel-
ques partisans du roi , trompés par des
agens secrets de Bonaparte et surtout par
ce même Pcrlel, crurent qu'un deharque-
mcnl iMjuvail èlre tenté avec succès par
le duc de Berry sur les côtes de France.
Fauch.-Borel envoyé dans l'ile de Jersey,
pour s'assurer de la possibilité de l'entre-
prise, revint avec la conviction que c'était
un piège tendu par la police de Bona-
parte, et parvint à détourner le prince
d'un voyage qui n'eût pas manqué de lui
^tre funeste. En 181'* , Fauche revint en
France avec les Bourbons, et reçut de
Louis XV m des marques du plus vif In-
lérct. Apres être retourné en Suisse, il fut
diargé par le gouvernement de Berne e-t
par celui de Lausanne de dépêches pour
le roi de France. On y faisait connaître au
roi les Irames qui s'ourdissaient sur la
frontière du pays de Vaud, et la corres-
pondance que Jo>eph Bonaparte entrete-
nait avec l'ile d'Elbe et l'intérieur de la
Franee. Le projet de Fauclie était de se
fixer en France; lors de l'invasion de Bo-
naparte, il offrit avec 50 suisses de se
réunir aux volontaires royaux. Après
avoir été chargé par l'ambassadeur de
Prusse , et les ministres étrangers de dé-
pêches pour le congrès de Vienne , il se
rendit à Gand où il devait remettre à
Louis XVIII une lettre autographe du roi
de Prusse. En retour de ses services.
M. de Klaras lui intima l'ordre de quitter
celte \ille dans les t>V heures. Fauche
voulut en vain rérbmer ; bientôt , il se
vit transféré à Bruxelles el jeté dans un
«•rfïol où il resta huit jours. Il ne dut sa
laux vives réclamations de l'am-
priissieUi .Vrrivé le 7 niai à
t-auihe n'eut pas de peine à se la-
II- l'absurde acjHisaiionqui avait servi
prétexte à son arrcslalion , celle d'a-
iO FAtI
xnii ,, , , . ..w.i.iparle nu dctrimeii. ..; .i
Prusse. Un mémoire adressé plus lard au
roi de France, établit complélement su
justilicalion. Fauche -Borcl , revenu à
NeuchàUl en juin 18l.'i, rentra bientôt en
France, avec les troupes suisses qui en-
vahirent une partie du Doubsel du Jura,
et contribua à faire arborer le drapeau
blanc sur le fort de Joux. Il vit avec
bonheur triompher la cause qu'il avait
défendue avec tant dez-èle et de constanc»'.
En 1816, il publia à Paris un Précis de%
diverses missions dans lesquelles M.
Louis Fauche- liorel a été employé pour
la cause de la monarchie, suivi de pièces
juslilicatives, in-8", lîg., avec cette épi-
graphe : panam pro munere. Cet ouvrage
fut lu avec eitipressement. On y rcmar-
(jua ses accusations contre Perlet , avec
lequel il avait été long-temps en corres-
pondance poiu'les intérêts du roi. Fauche
lui reprochait d'avoir abusé de sa con-
fiance, et d'avoir attiré à Paris, p<-)ur le
livrer à la police, son neveu Viteldonl il
avait causé la mort. — Perlet répondit en
accusant sou adversaire d'avoir trahi la
cause royale. Fauche alors traduisit en
justice le sieur Perlet, qm par un juge-
ment du 24 mai 181(», fut déclaré escroc
et calouujiateur. Plusieurs mémoires fu-
rent imprimés de part et d'autre dans cette
affaire qui excita au plus haut degré k
curiosité publique. Peu de temps après
Fauche quitta la France et se relira
à Neuchàtel. Il avait obtenu du roi
de France une pension de cinq mille
francs; cependant les dettes qu'il s'était
vu obligé de contracter pendant ses né-
gociations avaient dérangé ses affaires. Il
se plaignait quelquefois de n'avoir pas
obtenu tous les dédommagcmens qu'il
avait espérés et auxquels ses sacrifices et
son dévouement paraissaient lui donner
des droits ; la modicité de la récompenso
qu'il avait reçue lui sendduit de l'ingra-
titude Cette pensée aigrissait son carac-
tère naturellement irritable, et telle était
l'exaltation de son imagination qu'il en
vint à se croire environné d'ennemis et
de pièges. Il parut qu'il tomba sur la fin
de sa vie dans un étal voisin de l'aliéna-
tion. Fauche-Borel , après avoir fait phw
sieurs voyages à Paris sans réussir à amé-
liorer sa position , mil lin à ses jours en
*82y en se précipilant d'une fenêtre de sa
maison sur le pavé. Dans une lettre écrite
ûvorit sa mort . il déclarait pardonner à ses
ennemis, rcconnnandait son âme à Dieu,
ei lui detnandail pardon de ses péchés. U
FAU
hO
FAU
avait publié en 1828 de nouveaux mé-
tunùrs^ 4 vol. in-8", avec portrait et
(jiavures; onassurc quec'estM. AIi)!iouse
de Bcaucliainp qui les avait rédi^^és d'a-
près ses notes. Fauciie-Borel a publié
aussi des Notices sur les généraux Piche-
gru et Morcau, Londres, 1807, in-S".
FAllCllET ( Claude ) ^ président à la
cour des monnaies de Paris, sa patrie, na-
ijuit vers l'an 1529. Il chercha avec beau-
coup de soin et de succès les antiquités
de la France. Pendant le siège de Sienne,
en ib'ôo, le cardinal de Tournon l'envoya
au roi pour prendre ses ordres. Cette dé-
putation lui ouvrit la porte déshonneurs,
mais non celle de la fortune. Il mourut en
iCOl, à 7i2 ans, laissant tant de dettes,
qu'il fallut , pour les acquitter, vendre sa
charge. Tous ses ouvrages furent impri-
més à Paris en IGIO , in-4". Les plus cu-
rieux s<}nt : I Jniiquités gauloises et fran-
çaises ; la première partie contient les
choses arrivées jusqu'à la venue des
Francs ; la deuxième contient les choses
avenues en France, depuis Pliaramand
jusqu'à Hugues-Capet. | Les noms et som-
maires des œuvres de six-vingt et sept
poètes français; \ un Traité des libertés
(le l'église gallicane ; \ un autre de l'origine
des chevaliers, armoiries, etc. ; \ L'origine
des dignités et m.agistrats en France ^
IGOO , in-8°; | De la ville de Paris. Il y a
dans ces différens traités mille choses cu-
rieuses et qu'on chercherait vainement
ailleurs ; mais il y en a aussi beaucoup à
ajouter, ou à corriger. Le style est dur,
barbare et incorrect.
FAUCllKT ( CKAUnE),né à Dorne ,
diocèse de Nevers, le 22 septembre 1744 ,
embrassa l'état ecclésiastique, fut précep-
teur des enfans du marquis de Choiseul ,
frère du ministre , et entra ensuite dans
la communauté des prêtres de la paroisse
deSl.-Roch à Paris. Ayant été interdit
par l'archevêque , il lit différens person-
nages. Il parvint par ses intrigues, autant
que par ses talens , et un genre d'esprit
tout-à-fail singulier , plein de contrastes
et de disparates , à être prédicateur ordi-
naire du roi, vicaire-général et chaiaoine
honoraire de Bourges, abbé cominanda-
taire de Montfort , etc. La révolution le
mit à même de donner l'essor à ses mau-
vaises qualités; il y joua un rôle bruyant :
le 14 juillet 1789 , on le vil un sabre à la
main. s'avancer trois fois à la Icte des as-
.«^aillaris : donnant des ordres, et faisant des
discours : Il devint ensuite évêque schis-
inulique du Calvados ( ainsi nommé d'un
rocher de la Manche contre lequel échoua
le Calvados, vaisseau de la fameuse flotte
de Philippe II ) , et se signala par divers
écrits où se trouventdes vérités fortement
énoncées , à côté des plus monstrueuses
erreurs : tels sont le Discours sur la reli-
gion nationale, Paris , 1789 , in-S» ( vogez
D0MI3NIS) ; | trois discours sur la liberté
humaine, 178!); | VOraison funèbre de
l'abbé de IJEpée, 1790 ; ] Eloge civique de
Francklin, 1790 ; | Sej-mon sur Va'ccordde
la religion et de laliberté , 17J1, etc. Le 6
avril 1792 , lorsqu'un décret supprima le
costume ecclésiastique , l'abbé Fauchet
déposa sur le bureau sa calotte et sa croix,
et ses confrères imitèrent son exemple :
c'était le vendredi saint ! Cependant
lorsqu'il vit la chute du trône, et qu'il lui
fut impossible de se méprendre sur le but
du parti dominant, contre la religion , il
prit une marche rétrograde , se déclara
contre le mariage des prêtres , et pro-
nonça, lors du procès de Louis XVI , un
discours courageux pour le temps , où il
combattit ceux qui voulaient la mort du
roi, et leur dit des vérités assez, hardies,
entremêlées pourtant des phrases alors en
usage contre le tgran et la tijrannie. Dans
les différens appels nominaux , il vota
toujoiu's pour le parti le i)lus favorable.
Depuis il s'attacha au parti fédéraliste , et
lutta avec courage contre Marat et Robes-
pierre. Ayant été accusé de conspiration
contre le parti jacobin, devenu dominant
à la Convention nationale, il fut condamné
à mort , et périt sous la guillotina , le 51
novembre 1795, après avoir abjuré ses
erreurs , et s'être confessé à un prêtre
vertueux, renfermé avec lui à la Concier-
gerie , et qui avait eu le bonheur de le
faire rentrer en lui-même ( voyez les
u4)males catholiques, Voxn.lv, p, 1G9 ). Dans
les temps antérieurs à la révolution , il
avait prononcé à l'académie française un
pa)iégijrique de saint Louis , et avait fait
VOraison funèbre du duc d'Orléans, père
d'Egalité , et de Phéhj}yeaux d' Ilerbaud ,
archevêque de Bourges ;\ un Discours sur
les mœurs rurales. On peut consulter les
Mémoires pour servir à l'histoire de l'é-
glise constitutionnelle, on Lettre à Claude
Fauchet, oii l'on trouve un précis de ses
crimes et de ses erreurs, Liège, 1793,
in-S". Voyez le Jeurnal hist. et litt. , 13
décembre 1795, p. i'r).
FAl'CHKLK ( MjcuELle ), ministre
protestant , fut appelé de IMontpellier à
Charenton. Son éloquence ne fut paa
moins admirée à Paris qu'en provincû.
i
F AU 4J
i,a lU I,aK»trrcdll,au5«»rlir«l'un
I liions sur Iriliicl. « que si on lui
.V II un rarlcl . il le refuserait. »> Il
mourut à Paris en HkJ . estiuio des ca-
tholiques et des proleslans. Sa probité ne
In < c ' • i;cnie. Ou doit à sa
pin M- qu'éloquente: {un
y»,', :, i orateur, Leydc .
If»8*>. inlii, iuipiiuié d'al)ord sous le nom
de Conrart . ouvrage estimé ; | des ser-
vions suntifférens textes dtf ('/.'rriture .
In-8":| Ihicrt'settncililatinns clirctienncs :
I un Traité df l'/.'nrharistie , contre le
cardinal du Perron. Genève. iCyTxi. iri-fol.
imprimé aux dépens des églises réformées,
IKir ordre du svuode national.
• FVrGÈUIS ( M\R<.i EniTE BLEEC-
Kr.R ) , dame poèlc, née en 1771 , dans
un village des Etats-Unis, perdit sa mère
tic bonne heure, et épousa un médecin de
New-Yorrk. qui dissipa sa fortune, et mou-
rut en 1798 de la lièvre jaune. BI""= Fau-
gères se consacra alors à l'éducation des
jeunes demoiselles, et mourut en 1801.
On trouve un grand nombre de ses poé-
sies dans le Muséum américain . et dans
ia Magasin de Netty-Yorck. En 1795 . elle
avait public une tragédie de liélisaire ,
qui a obtenu quelques succès.
• FAl'J VS DE S \I\T-FO\n (Bartiié-
LEHi ) . savant géol«>gue , administrateur
du jardin du roi, né à Monlelimar le 17
mai 1741. étudia le droit à Grenoble, et
ne tarda pas à se distinguer dans la pro-
fession d'avocat ; mais entraîné dans une
autre carrière par son goùl pour la miné-
ralogie , il s'occupa d'explorer les Alpes ,
et le lit en véritable naturaliste. Des 177(>
Faujas entretint une correspondance avec
Buffon. Après avoir publié ses premiers
ouvrages, il fut nommé . en 1779 , adjoint
au jardin du roi , et en 1785 commissaire
du roi pour les mines. 11 avait découvert,
en 1775 , dans les moulagnt^s de (Jïenii-
vary en Velay, luie riche mine de pouzz.o-
lanne qu'il lit ouvrira ses frais, et lit
faire cher, lui des essais en tout genre,
dont le gouvernement employa les pro-
duits pour le port de Toulon et dans di-
Tcrses constructions. I/intérét qu'il por-
tait aux sciences, l'engajjeait chaque année
i parcourir diverses parties de la France
et des étals voisins , et chaque fois il faisait
de nouvelles découvertes. Buffon avait
obtenu q\ie Faujas fut son successeur ; il
devint en conséquence professeur An géo-
logie au jardin du roi . cl s'occupa de la
mrihodc. de la base et des démonstrations
maUKnali«iues de celle science qui avait
F AU
paru li long-tcmpsconjcrhii .ii< , .1 ,. .msSi
enrirlii le Mu>euin d'iiisloire naturelle
d'une foule d'objets précieux , fruit de ses
recherches et de ses voya.res. On lui doit
particulièrement la déconverlc de la fa-
rine fossile et celledclaminc de fer delà
Voùlc. département de l'Ardèche, tme des
plus ricîies qui exi>>teiil .et dont l'exploi-
tation est si utile pour les poi is de la Mé-
diterratu-e. Faujas de Sainl-Fond t^l mort
le 18 juillet 1819. laissant un grand nom-
bre d'ouvrages parmi li;s((uels nous cite-
rons I Mémoires sur des bois île: cerf fossi-
les trouvés dans les environs de Monleli-
mar . Paris, 1770, petit in-/*" ; | Recher-
ches sur les volcans éteints du f'ivarais
et du yelay , 1778, in-folio; l'auteur y
développe su théorie sur la formationdcs
volcans, théorie qui repose sur la nature
chimique de l'eau qui , suivant ce géolo-
gue, doit être infailliblement en comnui-
nication avec le foyer des volcans qu'elle
entrelient par sa décomposition. | Histoire
universelle de la province du Dauphiné.
1781 , in-8" , avec lig. ; | Description des
expériences de la machine aérostatique
de MM. Mongolfier . Paris . l/Hr^ et 1784 ,
2 vol. in-8". Cet ouvrage est le plus com-
plet sur celte matière. | Minéralogie des
volcans, 1784 , in-8" ; | Histoire naturelle
des roches de Trapp. 1788 . in- 12 , 1813.
in- 12 ; | foyage en Angleterre ^en Ecosse
et aux iles Hébrides . oit l'on trouve la
description détaillée de la grotte d" Fin-
gai. Paris, 1707, 2 vol. iri-8", avecligures,
traduit en anglais et en allemand ; | His-
toire naturelle de la montagne de St.-
Pierre de Maè'stricht . Paris. 1798, grand
in-i" avec .^/i planches ; | Essai de géo-
htgie , ou Mémoire pour servir à l'his-
toire naturelle du globe , Paris , 1803 et
1809, in-8", avec ligures. Il a aussi laisse
des manuscrits sur le passage du Rhône
et des Alpes par Annibal. sur la fontaine,
de J'aucluse. et un grand nombre de Mé-
moires relatifs à \ai géologie ci à quelques
autres questions d'histoire naturelle, in-
sérés dans les Jnnales du Muséum d'his-
toire naturelle. M. Freycinet, an>i de
Faujas , a publié : Kssai sur la vie . les
opinions et les ombrages de B. Faujas de
Saint-Fond, administrateur du jardin du
roi^ Valence, 1820, ir»-/»".
FAULCO.\.\IKU ( Pierre), grand-bailli
de la ville de Dunkerque .sa patrie, pré-
sident de la chambre de cominercc . s'ac-
quitta avec beaucoup de r.èle et de désin-
léressemcnl des fonctions de ces charges
pendant près de tiO ans , et tnuurul en
FAU i2
I7"i). Nous avons de lui une Description
fiisfori//iic' de Dankerque. Bruges, 1750, 2
vol. iu-lol., avec lig. ; le style en est peu
ffiîiert.
FAUn ( Gui du ), seigneur de PIBRAC,
naquit l'an 1528 à Toulouse, d'une famille
illustre, et parut avec éclat dans le bar-
reau de celte ville. Il voyagea dans sa jeu-
nesse en Italie, pour se perfcclionncr
dans la connaissance du droit. De retour
dans sa pairie, il fut élu juge-mage. Dé-
puté aux états d'Orléans en lo60 , au nom
«le la ville de Toulouse, il présenta au roi
le cahier des doléances qu'il avait com-
posé lui-même. Quelque temps après,
Charles IX le cliolsit pour être un de ses
ambassadeurs au concile de Trente. Il y
soutint avec beaucoup d'éloquence les in-
lérêls de la couronne et les libertés de
l'église gallicane. Le chancelier de l'Hô-
pital, pénétré de son mérite, lui fit donner
la charge d'avocal-général au parlement
de Paris en lo63. Pibrac lit renaître la
raison et l'éloquence dans le barreau, livré
depuis long-temps à la barbarie et à l'in-
décence. En lo70, il fut nommé conseiller
d'état. Deux ans après, il composa sa cé-
lèbre Apologie de la Saint-Barlhélemi ;
u)ais on croit qu'il ne se prêta à cet acte ,
si opposé à la douceur de son caractère ,
qu'après y avoir été contraint par des
ordres supérieurs. Le duc d'Anjou ayant
eu la couronne de Pologne, Pibrac accom-
pagna ce prince, et répondit pour lui aux
harangues de ses sujets. Le nouveau roi
ayant appris la mort de son frère , quitta
secrètenjcnt la Pologne , laissant à Cra-
covie Pibrac exposé à la colère des Polo-
nais qui furent près de se venger de la
fuite du roi sur la personne de son mi-
nistre. Il retourna heureusement en
France, d'où on le renvoya en Pologne,
pour tâcher de conserver la couroniie à
son maitre : ce qui ne réussit pas. 11 lut
plus heureux à son retour en France , où
il procura, entre la cour et les prolestans,
un traité de paix , dont il fut l'arbitre ,
comme il en avait été l'auteur. Henri III
lui domia, pour prix de ses services, une
cljarge de président à mortier. La reine
«le Navarre et le duc d'Alençon le choisi-
rent pour leur chancelier.il mourut en
1384, à l'âge de 5G ans ; et la France per-
dit im grand magistrat et un bon écrivain.
11 nous reste de lui plusieurs ouvrages en
des
FAU
Barlhélemi, 1373 , in-Zi". Outre ces ccFÏts
peu connus aujourd'hui, on a ses quU'
vers et en prose : | Des plaidoyer,
harangues^ in-4° , | un Discours de l'àine
et des sciences, adressé au roi ; | une belle
leUrt latine sur le massac?'e de la Saint-
trains, que tout le monde connaît ; la pre-
mière édition est de 157/t, et la dernière
de 1746 . in-l2. La matière de ces petites
productions est la morale; leur caractère,
la simplicité et la gravité. Pibrac a réuni
dans les siens ces deux qualités ; l'utile et
l'agréable y sont mêlés avec goût. Ses
quatrains furent d'abord traduits en grec
par Florent Chrétien, et par Pierre Du-
moulin ; d'autres écrivains les mirent en
vers latins ; enlin ils passèrent dans les
langues turque , arabe et y)ersane. Les
Français leur firent un aussi bon accueil
que les étrangers. On les faisait apprendra
l)ar cœur aux enfans ; et malgré leur vieil-
lesse, on les lit encore aujourd'hui avec
quelque plaisir.
1 AllU DES\!^T-JOUP.I (Pieure du),
preuiier président au parlement de Tou-
louse, mort d'ap(jplexie en prononçant un
arrêt en IGOO , âgé de (JO ans , a laissé un
grand nombre d'ouvrages , monumens do
son érudition. Ceux que lessavans lisent
avec le plus de fruit sont : | Dodecame-
ron, si<,>e de Dei nomine et atlribulis ,
lu88, in-8°, écrit estimable , qui renferme
quantité de passages des Pères grecs et
latins, éclaircis ou corrigés ; ] trente-trois
livres latinsdesS6^/n<?67/-<?5,en2 vol. in-.'j.",
1598 et 1650 , plusieurs fois réimprimé.
On y trouve beaucoup de recherches et
de questions éclaircies. | Des jeux gym-
niques des ancien s. inniii aussi savant que
le précédent, in-foL 1595. II y a beaucouj)
à apprendre dans ces différens ouvrages;
mais il faut y cbercher linstruclion , et
non le plaisir. 11 y règne quelquefois de la
confusion, et le style n'est pas agréable.
FAIIRE (Charles ) , abbé de Ste-Ge-
neviève et premier supérieur-général
des chanoines réguliers de la congrégation
de France , vit le jour à Luciennes , ])ro-
che St.-Germain en Laye , d'une fan)ille
noble. Il entra dans l'abbaye de Saint-
Vincent de Sentis , et la réf(u-ma par ses
conseils et par ses exemples. Celte réforme
fut suivie de celle de l'abbaye de Ste-Ge-
neviève de Paris , et de près de 50 autres
maisons. Le réformateur fut nommé gé-
néral de cette nouvelle congrégation. Il
travailla avec des peines et des fatigues
incroyables à rétablir l'ancienne disci-
pline. Il mourut saintement en 1644, à 50
ans, laissant une Conduile pour les novices,
et d'autres ouvrages. La conduile a été
réimprimée en 1775. Le Père Chavtonnet
a publié la fie du Père Faure , en 1698,.
FAU
in W. Elle roufenno l'lii>l()irc des clia-
itcs rcfjulicrs do la coni;i('({uliou de
. .iicc, cl rc>niil de Irur fonilalcur que
le l'crc Kuurc availooiiiiiiencrlui-inrine.
tlîe »'5l c'Ciile iruuo manière édilianlo.
FAlHi: (Fr.vxvois), cordelier né en
16IS, d une uncknno famille de r,\n{j(»u-
nn»is, soiis-picrcpleur de Louis XIV.
évripie «li't'.Inndî'ves. i»ni.s d' Amiens, mort
d'apipU-xie â Paris le 11 mars 1087, àjjé
de 75 ans, iiarvinl à l'épisixiiial par son
talent pour lii chaire. C'est luiijui lit celte
application du vers de Virgile à la reine.
lorsq«ie prèrh.inl la passion à Saint-Ger-
inaJn-lAnKerrois . il fut dans le cas de
rceonnuciu'er son sermon à l'arrivée de
celle jirincesse :
lofanctum , rrgina , jubci renovare dolorem !
applical ion heureuse, tuais déplacée quant
à la sainteté du sujet et du lieu. On a de
lui plusieurs oraiso/is funèbres, enlre au-
tres celle d'Anne d'Autriche , qui avait
fait beaucoup de cas de ses lumières et de
ses vertus. Celait un homme de bien et
d'un grand zèle pour l'orthodoxie ; les
jansénistes ne lui onl pas pardonné d'a-
voir censuré les Lettres Provinciales , et
la fameuse traduction du nouveau Testa-
ment de Mons.
FAl'Ui:. l'oyez VERSORIS.
* Î-'AIUK ' jKA\-B.\priSTE ) . jésuite,
;uil à Rome le T6 octobre 1702 , de |)a-
rons français d'origine. Il (il ses études au
colléf^e romain, dirijjé par les pères jésui-
tes, dont il prit l'habit le 50 mars 1758. Il
remplit successivement les chaires de
philosophie , de controverse , de théologie
scolastiquc , et des saintes écritures. Le
Père Faure professa pendant trente an-
nées , et fut , sans contredit, le premier
Ihéologien de son siècle. Les papes Benoit
XIV et Clément Xlll ne dédaiijnaienl
pas de le consulter datis les matières les
plus graves. Lors de la suppression des
jésaites. il fut enfermé par les ordres de
Clément XIV dans le château Saint-Ange,
avec plusieurs chefs de son ordre ; cl on
prit cette rigoureuse mesure envers le
père Faure , parce que l'on craignait que
sa plume savante ne prit la défense de ce
même ordre qu on venait de proscrire.
Pic VI, en rendant la liberté aux jésuites
captifs, permit au père Faure de deujeu-
rcr dans M»n couvent de Jésus; mais les
ennemis des jésuites l'en firent bientôt
rxpuIscT. Il se relira à Vilerbe, où les ha-
titansluiûrcnt l'accueille plus distingué.
et où il rédigea en i vol. in-4" , une Dé-
fense du famvax décret du roi Desidère ,
4.^ F.VU
décret si honor:»ble pour celle ville, cl qui
existe dans son palais numicipal. La vie
de ce pieux ecclésiastique était partagée
enlre ses devoirs reliinieux , .ses éludes et
les soins qti'il donnail aux pauvres et aux
inlirmes. Il mourut à Vilerbe lu lli .nvril
1777, ù;;é do 7."» ans. On lui lit de ma^ni-
rupies funérailles ; son poriruil fut placé
tlans la (;rande salle du [talais municipal ,
et son cli»gc fut pntnoncé dans l'académie
littéraire de celte ville. Il a laissé : ( The
Sfs pnic'inicœ , etc. Jcccdil i/issrrta/io de
cnpdutis S. Celestino II oliin trihuli.i,
etc.. Rome, 1754 ; | liissertalio pnleniica
de jure' regnliœ et prhnarum pœnarutn
cniilra puhlicistus protestantes , Rome ,
l7oô ; I Dissertaliopolonicainrecentiora
quœdam erronca sijslemata de uioruni
dof/matibus , Rome , 17.'>3 ; | De prari
(juelphellanià in dilatione sacranienlalis
ahsolutionh ; \ Dissertalio potemica ndver-
sus Ildmuiidi Richerii politiam ecelesius-
ticani ; \ Thèses theohujicte et polernicce
de jure nalurœ ne gentiuin coidra Gro-
tiu/n.... Hobhesum , Puffendorfiwn , etc.
Rou)e, 1757; | S. yiugustini Encidridion...
notis et assertionihus theologicis illuslra-
/MW.Rome. 1755 ; | Conclusiones univer-
sœ theolnifiœ. Rome , 17C6 ; \BreK'is .tp-
paratus ad tlieologiam et jus canonicuni,
Rome, 1751. Kn italien : | Supplément ^ ou
Supplémens aux premières animadver-
sions de M. Sampieri , dans la cause du
vénérable Jean Palafox ; \ A l'auteur des,
deux Lettres intitulées : Avis salutaires .
Naples, 1774 ; | deux petits ouvrajres très
intéressans sur la dévotion du sacré cœur
de Jésus; | Essais théologiques pour for-
mer un errata corrigé , Lugano , 1773 ;
I Jugement impartial sur la controverse
entre les Pères conventuels et les obser-
vantins . ouvrage posthume, etc.
• FAIÎUIS DE SV1\T-VI\CE\T
( Alexwdue-Jules-Axtoine) , président
à la cour royale d'Aix , né en celte ville
dans le mois de seplembre 1750, d'une
famille distinguée, était arrière-petit-lils
de Pauline de Grignan , marquise de Si-
miane, et petit-fils de xM"" de Sévigné.
Avant la révolution il était itrésident è
mortier au parlement de Provence, et il
occupa cette place jusqu'à la suppression
des cours souveraines. Pendant les pre-
enières années de nos troubles poliliques,
il fut maire de sa ville natale. Le dépar-
lement des Houches-du-Rhone le nomma
en 180'.» depulé au Corps iégislalif, d'où il
I>assa en 1814 à la chambre des députés. I!
ne parut guères à la tribune que pour de-
FAU Ml
mander la franchise du port de Marseille.
Nomme au mois de juin 18U , prési-
dent à la cour impériale d'Aix , il fut con-
tinué dans les mêmes fonctions à la cour
royale reformée par Louis XVIII. Fauris
de Saint-Vincent consacra ses momens de
loisir à l'élude des sciences et surtout de
l'archéologie. Il est morl à Aix , le 15 no-
vembre 1819, dans sa yO" année, lais-
sant une ricl)e collerlion de médailles et
plusieurs écrits estimés, parmi lesquels
on remarque: | Mémoires sur l'ancienne
posilioti de la cité d' J iv , V&ris , 1812 ;
I Notice sur les lieux où les Cimbrcs et les
Teutons ont été dé faits par Marius . et sur
le séjour et la domination des Goths en
Provence, Paris, 1814. ; | Mémoire sur l'é-
tat des lettres et des arts, et sur les mœurs
et usages suivis en Provence dans le io*
siècle, Paris, 1814 ; | Métnoire sur les bas-
reliefs des murs et portes extérieures de
Notre-Dam.e de Paris , et sur les bas-re-
liefs intérieurs du chœur de la même
église, Aix, 1815, etc. L'académie des In-
scriptions et belles -lettres avait récom-
pensé les efforts de ce savant en le pla-
çant le 7 août 1816, sur la liste de ses
membres associés libres.
FAUST. Voxjez FUST.
FAUST A ( Flavia Maxiuiana ) , fille
de Maximilien Hercule, et femme de l'em-
pereur Constantin. Dans les premiers
temps de son mariage, elle fut un modèle
de vertu ; mais la suite ne répondit pas à
de si heureux commencemens. Toutes les
passions s'allumèrent tout à coup dans
son cœur. Elle s'abandonna aux personnes
les plus viles, jeta des regards incestueux
sur Crispe , fils de Constantin, et ne put
l'attendrir. Irritée de sa résistance, elle
joignit la calomnie à l'inceste, et l'accusa
auprès de l'empereur d'avoir voulu la
violer. Elle fit mettre à mort , par cette
imposture , celui qui avait refusé de se
souiller d'un crime horrible. Constantin,
instruit trop tard de ses débauches et de
sa scélératesse, vengea la mort de son fils,
et son propre honneur si cruellement ou-
tragé. 11 la fit étouffer dans un bain chaud,
l'an 527 de Jésus-Christ.
FAUSTE, évêque de Riez , né vers l'an
590 , dans la Grande-Bretagne , quitta le
barreau où il brillait, pour s'ensevelir
dans le monastère de Lérins. lî en fut
abbé vers l'an 455, lorsque saint Maxime
quitta ce poste pour gouverner l'église de
Riez. Il lui succéda dans cet évêché vers
4ao, fut exilé en 481, et mourut vers l'an
4&î>. On a de lui un Traité du libre arbitre
FAU
et de la grâce , où il relève trop les forces
de la nature; et d'autres ouvrages, dans
la Bibliothèque des Pères. Le nom de
Fauste était autrefois dans le Catalogue
des saints de Gennadius ; mais Molanus
( De Martrjrologiis, cap. 15 ) a montré
qu'il n'avait jamais été mis dans le Cata-
logue des saints par l'église romaine , et
qu'il ne se trouve j)as dans le Martyrologe
<lUsuard. Simon Bartel , auteur d'une
Histoire chronologique des.évèques d«
Riez , a mis à la fin de son ouvrage inie
Apologie de Fauste, que les curieux poui-
ront consulter.
FAUSTIXE {Annia Galcria Faustina),
née l'an 104 , d'Annius Verus , préfet de
Rome , joignait à la splendeur d'vme ori-
gine très distinguée , xme beauté parfaite
et un esprit fin , délié et insinuant. Elle
épousa Antonin , long-temps avant qu'il
parvînt à l'empire. L'envie de plaire et
le goiit pour la volupté l'engagèrent d'a-
boid dans la galanterie , et ensuite dans
un libertinage effréné. Elle devint la fable
de Rome. Antonin , instruit de ses dé-
bauches, se contenta d'en gémir. Elle
mourut comme elle avait vécu , dans le
dérèglement, l'an 141. Antonin lui fit éle-
ver des autels et des temples. Faustine sa
fille, dont nous allons parler, se forma sur
l'infâme modèle de sa mère.
FAUSTI.\E {Annia Faustina ), dite
Faustine la Jeune, fille d'Antonin le Pieux
et de la précédente , épousa l'empereur
Marc-Aurèle. La nature lui avait accordé
la beauté, l'esprit et les grâces ; elle abusa
de ses dons. Du plaisir elle passa à la dé-
bauche , et de la débauche aux derniers
excès de la lubricité. Le sénateur et le
chevalier romain étaient confondus chez
elle avec l'affranchi et le gladiateur.
Pour mettre le comble à ces horreurs,
elle s'abandonna à son gendre , et écouta
sans rougir les reproches que lui ea
fit sa fille. Il ne lui resta aucune trace
de pudeur. On assure que son mari , in-
struit de ses déréglemens , feignit de les
ignorer ; qu'il alla même quelquefois jus-
qu'à récompenser ses amans ; et que lor.s-
qu'on lui conseilla de la répudier , il
répondit : « H faudrait donc que je lui
«rendisse sa dot, » c'est-à-dire l'euv-
pire. Réponse peu assortie aux brillantes
idées que les auteurs, les modernes sur-
tout , nous font concevoir de Marc-Au-
rele. On ajoute que ce prince philosoplie
éleva aux grandes charges de l'empire
ceux qui souillaient sou lit, et que le peu-
ple ne manquait pas d'en rire. Faustine ,
FAU
nj;il,;i <• <»■•* tl»l">riliMni'ns nuMiMi m u x. iy<>
lit»nori'c dans 1rs IriupU'S coininc un« tli-
viniJé. On inslilua on son lioniu'ur les
félcs faustinicnura ; cl des prélros iniT-
rcnairos liri-nl fuinrr l'iMirens h Inutcl do
celle pn>sliiut"f. avec aulaiit de pn)fiisi«)n
qu'à relui de Diane, la déesse des vier-
ges. Dos médailles furent faites en son
honneur : elle y porte le litre de Diva . nia-
trrcastorum. ptuiicitia. légende élran'^jo
l»our une prostituée. Klle mourut l'an
175 au bourg de flalala, situé mi pied du
mont Taurus. Jaecjuos IMarchand a fait
de vains efforts pour la juslilier. dans une
dissertation réfutée d'avance par tous
les touioignages de l'ancieune histoire.
FAl'STIM-: ( Maxima Fanalina ) .
femme de l'empereur Constance . Hls du
grand Constantin , fut mariée à ce prince
en 3<>l. après la mort d'Kusébie , et resta
enceinte d'une fille nouunée Constant ia .
qui fut depuis mariée à l'outpereur Gia-
tien. C'est cette princesse dont on voit
le buste sur le bel onyx conservé dans le
trésor de Saint-Lambert à Liège , une des
précieuses anlicfues qu'on puisse voir en
ce genre.
FAl'STl'S ( Ji:a\\ fameux nccroman-
riendans le commencement du 16* siècle,
que queliiues-uns disent natif de la Soua-
bc ; d'autres d'Auhalt . et d'autres encore
de la Marche de Brandebourg, près de
Salï-.vvedel. .Son père était un paysan, qui
envoya ce fils à ses parens à Wiitenbcrg ,
où il fréquenta le collège cl s'altira par
son esprit l'affection de tous ceux qui le
connaissaient. A l'âge de 10 ans , il alla à
Ingolstadl pourv étudier la théolo;yie, el
3 ans après il prit le de(;ré de maitrc-ès-
arlj. Il quitta ensuite la théologie, et s'ap-
pliqua, avec une assiduité extraorditiaire
à la médecine . et à l'asti ologie judiciaire.
Philipi»c Caun-rarius dit qu'il étudia la
magie à Cracovie*. où il assure qiion en
donnait alors des Ic«;ons. Pondanl cet in-
tervalle de temps , Faustus hérita des
biens considérables de son oncle paternel
qui mourut à Witteubcrg. Il employa
col héritage à la débauche, s'adonna en-
tièrement à toutes sortes de sortilèges et
•ux conjurations des esprits , et se pour-
vut de tous les livres magiques. Jean Wa-
Ijner , lils d'un prêtre de Wasserbourg ,
fut le domestique fidèle qu'il se choisit,
et à qui il communi(]ua tous ses secrets.
Fauxtus se servit aussi, pendant deux ans,
des instructions de Christophe Kayllin-
ger, fameux crisloUomancien. Enfin, lin-
i«.riiiné Fauslu» conjura., dil-tjn, le démon,
PAU
•i » a>.. lui jMIur *i/i .111^ , rt (Il ti'^Ul
un esprit familier pour son service,
nomuu^ Mrplii.stnphélrs. On rappfjrle que
Faustus joua d«-s tours surprenans à la
cour de fempereur Maximilien ; mais
(lu'à lu fin le démon l'étrangla et le d^;-
rhira d'une manière effroyable dans le
village de Rimlich. Il avait alors k{ ans.
George Rodolphe Wiedeman raconte tout
Cela dans l'histoire de la Vie de Jean
Fuusius , qui sans doute paraîtra fort sin-
gulière ; mais que les auteurs contempo-
rains, ceux même qui ne passent ni pour
crédules ni |iour superstitieux, rapportent
comme indid)itable. Le fameux Mélan-
chthon , qui vivait dans ce temps-là, en
parle connue d'une affaire notoire. Et
dans notre siècle , où la philosophie a
long-temps ri de ces sortes d'histoires ,
on la voil courir elle-même avec une
criminelle curiosité après loulcc qui peut
les reproduire ( i ). Voyez ASMODKE ,
BRUN ( le ) , BROWN ( Thomas ) , DE [.-
RIO, etc.
(:) M. d'ArchtnhoIi , dans son Tableau de l'An-
gleterrr , Pari», 1788, fait mention d'un docteur Fal-
kon , qui peut être considéré comme le pendant de
F.iustus. • Il y a, dil'il, parmi cette Dation un homme
• extraordinaire , qui , depuis trente ans est célèbre
• dans les annales cabalisliqurt. Il se nomme Cai'n
• Cheniil Falk, et est connu généralement sous le nom
. de docteur Falkon. Un certain comte de Ranior»,
• mort drpiiis peu au service de France comme ma -
• rrchal de camp, assure dans ses mémoires caba.
• lisliqurs , majjiqucs , etc., avoir vu ce Falk dans
. le pays de lîrunsvA-ick , sur une des terres de son
• père , en présence dr beaucoup de personnes con-
• nues, qu'il nomme toutes el qu'il prend .H témuin
• de la vérité de ce qu'il avance. Falk s'cst-il servi
• dans ente opération de la méthode de Schro-
• pferFJe n'en sais rien. Ce qu'il y a de certain,
• c'rsl que cet homme vil actuellement 1 Londres.
• Lorsqu'il sort , ce iiui arrive très rarement, il est
• toujours revtlu d'un long talnr, qui va lr>s bien
• avec s« tonique b.-irLe blanche el sa Tignre noble <i
• inlére<santc. Il est actuellement igé de 70 ani è
• peu près. Je ne me donnerai pas la peine de rap-
• porter ici toutes les choses incroyables el extraor»
• dinaires qu'on raconte de ce vieillard Un
• prince.. voulut aller le voir, il y a quelques
• années; il se présenta à la porte de Falkon, et
• ne fut point rrçu. • Le comte de Mirabeau dans sa
.Mnnarc'ilr prussienne, parle aussi en plusieurs endroit*
du goàt des philosophes modernes, des princes et
autres bruyans personnages , pour la magie. • Voye»,
• dit-il, en Allemagne tant de princes ivres de l'es-
• poir et de l'atlente des moyens surnaturels de pui^
• sance, évoquer les esprits, explorer l'avenir «4
• tous ses secrets , tenter de découvrir la méJrcine
. universelle , de faire le grand Œu^ rc, et pour élao-
. cher leur soif insatiable de domination et de Iré-
. sors , ramper i la voix de leurs thaumaturges , q<i»
. dirige un sceptre inconoa. • Ailleurs it parle <l'u*
nommé Schropfer, cafetier de Leipsick, auquel te doc
FAV
• FAUTRIKRK (Louis D/vVY ds la),
ancien conseiller à la troisième chambre
dfS enqncles de Paris, mort en 17o9, a
laissé enlre autres compositions poéti-
ques : ( une Epilre newtoni^me sur le
(jenre de philosophie propre à rendre
heureux^ 1759, in-8"; | quelques Pièces
satiriques sur le système de Law , insé-
rées dans le 1"' volume des Mélanges his-
toriques et anecdotiques de Bois-Jour-
dain, etc.
FAIIVCVU ou FULVIUS (Pierre ) ,
poète latin , natif du Poitou , ami de Mu-
ret et de Joachim du P»ellay , mourut à
Poitiers , à la fleur de son â^je, en 1562.
Il ne nous reste de lui que des fraymens
insérés dans les Deliciœ poetarum gallo-
rum de Gruîer.
• FAV ART (CnAULES-Snio\) , auteur
dramatique, né à Paris le 13 novembre
1710, et mort le 12 mai 1792, était fils d'un
pâtissier qui s'attribuait l'invention des
échaudés et qui composait des chansons.
Le jeune Favart fit ses études au lycée
Louis le Grand, et débuta par un Discours
(en vers) sur la difficulté de réussir en
poésie ; cet essai fut suivi d'un poème in-
titulé : la France délivrée par Jeanne
Charles de Courlande av
bâtons ,
it fai
bon sens de plusieurs d'entre en
bllité de se soutenir plu
l^le d'un coup de pislo
donner des coups de
qui sut ensuite tellement fasciner ce
prince, et une gran'le partie des personnes les plus con-
• idtfrables de Dresde et de LeipsicU, qu'il joua un assez
grand riMe. • Dès lors, dit-il , on vit reparaître en
• Europe les folies de l'Asie , de la Chine , la me'de-
> cine universelle , l'art de faire de l'or et des dia-
• mans , le breuvage de l'iininortalile' , etc., etc. Le
• genre particulier de Schropfer était sui tout t'cvo-
• cation des mânet : il commandait au» esprits ; il
• faisait apparaître à son gré les morts et les puis-
• saoces invisibles. On sait quel fut le dénouement
• de son drame. Après avoir consumé des somm,;s
• immenses à ses adhérens , après avoir aliéné le
plusieurs d'entre eux, dans l'impossi-
ig -temps, il se cassa U
dans un bosquet près
• de Leipsick. A. Schropfer succéda Saint-Germain ,
• qu'un comte de Lambert avait annoncé dans son
• Mrmorlal d'un mondain, etc. . U est encore parte
p,ut amplement de ces farces dans l'Essai sur la secte
des illiminés, ouvrage d'ailleurs indigeste, ori tou-
l»s les notions sont confondues. Le cagliostrocisme
et le mcsmérisme présentent des scènes du même
geore. . Qui eiît cru , dit un auteur, qu'un siècle où
• l'existenre de Dieu était un problème, où presque
• tous les hommes doutaient de celle de leur âme , et
• ne répondaient que par un souris moqueur à tout
■ c« qui supposait celle des anges et des démons:
• qui eût cru , ou qui eiït dîk le prévoir, qu'un tel
• siècle, au lieu de finir par une entière incrédulité
• finirait par courir avec autant d'avidité à du sur-
• naturel de toute espèce, qu'il avait couru si lon"-
» temps après des livres qui en d:;truitaient j
la possibilité? •
<[u a
46 FAV
d' Arc qui obtint un prix aux Jeux-Flo-
raux. Mais c'était au (Iiéàlre qu'il devait
surtout obtenir des succès; et parmi U-s
auteurs qui ont travaillé ])our l'opéra co-
mi(iue, il est un de ceux qui ont le mieux
saisi l'esprit de ce {jcnre de spectacle. Il a
su y répandre de l'intérêt, du naturel, de
la gaîté, de la fincs'rC et tous lesagrémens
dont il est susceptible. Il a donné à l'O-
péra-coinique et aux Italiens plus de GO
pièces, qui réussirent toutes. Nousciterons
la Chercheus". d'esprit qui sera toujours
la plus in{ïét>ieuse comme la plus agréable
de ces sortes de productions; Ninetle àla
cour , Acajou. Annette. et Lnbin, la Fête
du château, la Fée Urgèle .les Moisson-
neurs^ la Rosière de Salencij . l'Amitié
à l'épreuve . la Belle Arsène . l'Astrolo-
gue de village , etc. Sa coinédie de Soli-
man II ^ ou les Trois Sultanes, et l'An-
glais à Bordeaux, prouvent qu'il pouvait
s'élever au-dessus du {ipenre do l'opéra
comique. Ses pièces de Ihéâtre ont été
réunies en 8 vol. in-8°, Paris, 17G5 , 10
vol. in-8", 1770, et on a publié son Théâtre
choisi en 1809 , 3 vol. in-8°, avec la liste
chronologique de tous ses ouvrages dra-
matiques.
' FAVART D'nKRBIG.\Y (Nicolvs-
Remi), général de division dans le corps
royal du génie, né à Reims en 1753 et
tnort à Paris en 1800 . entra au service
dans l'arme du génie , se dislinifua parti-
culièrement à la défense de Belle -Ile
contre les Anglais, et eut la plus grande
part à l'exéculion des ouvrages extérieurs
qui arrêtèrent l'ennemi plus long-temps
que la place même. Il voulut être de toutes
les sorties, fut gri^ve tuent blessé, et sortit
par la brèche, ainsi que toute la garnison,
avec du canon et tous les honneurs de la
guerre. Il s rvit ensuite plusietirs années
à la Martinique. De retour en France, il
fut chargé de la construction du fort de
Chàteaunexif et de la petite expédition de
Genève en 1782. Cotïiiuandant la place de
Neuf-Brisach en 1792, il eut le bonheur
de caliTier une insurrection affreuse qui
éclata dans les troupes campées sur les
glacis , et sauva la vie à plusieurs per-
sonnes en exposant la sienne. CItarge en-
suite de mettre en défense toutes les pla-
ces de l'Alsace , il remplit cet ordre avec
autant de promptitude que d'intelligence.
Pendant la révolution, il se montra mo-
déré dans ses principes cl ses actions. On
lui doit des Mémoires précieux sur la dé'
fense des côtes et sur les reconnaissances
militaires. C'est par erreur qu'on lui a
fAV
47
FAV
ibué ua Dictionmiirr d'histoire natu-
• qiticotitirnt les testot'érs.VBiv't», ITM,
1. pitil in-8" : ri-l ouvraijc est de son
• . (.iiniSToPiiE-EuzABCTil FAVAUT
KRBIGNY, chanoine do Ilcims, mort
!79.'>.
• FAVART DE LA>r.LVDE (Gni.-
1 \imf.-Je\x, baron), né à St.-Florenl.
dcpartcinontdu riiynle-Dônie. le '20 avril
nGi.cl riçu en 1785 avocat au parle-
ment de Paris, fut envoyé en 171)'J près
le tribunal dissoire , en qualité de com-
niUsaire national ; il en remplit les fonc-
ions avec beaucoup de sa^jesse pendant
nos troubles révolutionnaires, et fut élu,
en 1795, membre du conseil des Cinq-
cenls : réélu en 1798, il devint tribun
ajjrès la révolution du IBbrumaireet pré-
sident du tribunal. Favart prit peu de part
aux discussions politiques de ces assem-
blées ; mais il s'occupa beaucoup des tra-
vaux de législation, et lit différons rap-
ports très importans sur le notariat, sur
les successions, sur le divorce, sur les en-
fans naturels, etc. En 180^i , il vola pour
la création de l'empire, se fondant sur la
nécessité dune monarchie pour la France.
Après la bataille d'Austerlit/-, il fut de la
députation envoyée par le tribunal pour
complimenter B<maparle, et à son retour
il proposa de frapper une médaille en
l'honneur du conquérant heureux. Le
tribunal ayant été supprimé, Favart en-
tra au Corps législatif . où il fut presque
aussitôt président de la section de l'inlé-
rieur. Il reçut en 1809 le titre de conseiller
ù la cour de cassation, et en 1815 celui de
innitrc des requêtes au conseil d'étal- En-
voyé dans le déparlement de l'Arriége
IK)ur une mission extraordinaire, il fit ré-
voquer une sentence de déportation ob-
tenue par un prêtre marié contre deux
curés. Sous la première restauration . il
conserva toutes ses places, resta à la cour
de cassation dans les cent-jours et ne ht
plus partie du conseil d'étal. Le dépar-
tement du Puy-dc-Dùme le nomma mem-
bre de la chambre drs représentans ; mais
nmime il ne prit aucune part aux discus-
sions de cette asseinltlée, le gouvernement
royal lui rendit son emploi de maître des
requêtes en 181 j. Nomme yrésident du
■ r;e électoral de la Corrc/e, Favart fut
lié par le dcparlement du Puy-dr
i--.i»cà la chambre de 1815, où illit p:utie
de la minorité. Réélu en 1810 , il vola
((mslammcnt avec le minisière, fut noin-
nse conseiller-d'elalen service ordinaire,
pai- ordonnance du 25 juivicr 1817, et
présida plus tard une des sections de la
cour de cassation. r.e digne magistrat
est mort le 1/» novendirc 1851 , dans les
sentimens les plus religieux. Favart de
Laiiglade a coopéré à la rédaction de»
Cmles. Parmi les ouvrages estimés qu'il
a laissés , on remarque : | Conférences du
Code civil avec la discussion particulière
du conseil-d'état et du tributiat. avant la
rédaction définitive de cliaqae projet de
loi. 1805, 8 vol. in-12; | Répertoire de la
Icgislatioti du notariat, 1807, un vol. in-4";
I Manuel pour l'ouverture et le partage
des successions , avec l'analyse des prin-
cipes sur les donations entre vifs, les tes-
ta/ne ns et les contrats de mariof/e. 1811.
in-8" ; | Traité des privilèges et drs hypo-
thèques. 1812 , in-8''. Les écrits de Favart
sont souvent consultés par les hommes
de loi.
* FAVEÏVTIMIS ( Paul-Marie ) , reli-
gieux dominicain du 16*^ siècle, né à
Faenza, alla établir des missions chré-
tiennes en Arménie , et y fil élever des
églises; de retour en Europe , en 1620, il
vint à Rome , et reçut le titre de supé-
rieur des missions de son ordre en Orient.
On a de lui : | Dottrina cristiana ove ca-
techismo ; \ Miracoli per rnezzo délia
santissima Eucaristia edel Rosario delta
Madona opérait.
' FAVEREAU (Jacques ) , avocat,
puis conseiller à la cour des aides de Paris,
né à Cognac en 1570, mort en 1658, a
laissé les écrits suivans : | Mercurius
redivivtis, sive varii lusus , elc, Poitiers,
1G15 , in-/t"; | le Gouvernement présent,
ou Eloge de son Eminence ( le cardinal
de Richelieu ), satire , Paris , 1625 , in-8°.
* FA VI EU ( N... ) , célèbre publicisle,
né à Toulouse, au commencement du
18*^ siècle, d'une famille distinguée, suc-
céda à son père dans l'emploi de secré-
taire-général des états de Languedoc.
Après avoir dissipé sa fortune , il vendit
cette charge et devint secrélaire de M. de
la Chélardie , ambassadeur à la cour de
Turin. Dès lors il s'adonna entièrement
à la politique , et surtout à la diplomatie.
yi. d'Argenson, qui avait eu occasion do
connaître ses talens, l'employa à la ré-
dacli<m de divers mémoires de la plus
haute importance. Favier rédigea , d'a-
près ses instructions, un mémoire inti-
tule Réflexions contre le traité de Ï7 'M,
entre la France et l'Autriche. Ce mémoire,
un (les meilleurs qui aient paru sur la di-
plomatie de ce temps-là , lui attira beau-
coup d'ennemis. Il fut cependani clwrgé
FAV
48
FAV
de diffôrcnlcs missions socièlos en Espa-
gne el en llussie , sous le ministère de
M. de Choiseul ; mais ayant composé pour
le comte de Broglie , chargé par Louis XV
de suivre une correspondance secrète
avec les ambassadeurs de France auprès
de différentes cours , plusieurs mémoires
dirigés contre le système el les instruc-
tions ostensibles du ministère, il fut obli-
gé de s'expatrier. Il se rendit en Angle-
terre el en Hollande , où il vécut dans la
société des hommes les plus distingués
par leur esprit et par leur rang. Poursuivi
par la haine des puissances contre les-
quelles il avait écrit, il fut enlevé à Ham-
bourg, conduit à Paris, comme impliqué
dans une conspiration imaginaire, avec le
baron de Bon , Ségur et Dumouriez , et
renfermé à laBastille, oii il resta plusieurs
années , c'est-à-dire jusqu'à l'avènement
de Louis XVI. Le comte de Broglie par-
vint à le faire mettre en liberté ; mais il
ne put le faire rentrer dans ses emplois,
dont sou goût extrême pour la dépense
lui faisait un impérieux besoin. Il se mit
alors à composer des mémoires sur les
affaires du temps, et dissipait le fruit de
son travail aussitôt qu'il l'avait reçu. H
passa ainsi une partie de sa vie, dans
une perpétuelle alternative de misère,
d'aisance et de privations , d'études et de
dissipation. Le comte de Vergennes qui
avait apprécié son mérite, lui fit donner
une somme de /t.0,000 fr. pour payer ses
dettes, et une pension de 6,000 francs.
Sur la lin de ses jours, il mena une vie
plus réglée, ne conservant de ses anciens
goûts que celui de la table. Il mourut à
Paris le 2 avril 1784. 31. de Ségur a re-
cueilli une partie de ses œuvres jioiiti-
ques dans l'ouvrage intitulé Politique de
tous les cabinets de l'Europe^ pendant les
règnes de Louis XV et de Louis XVI^
1795,2 vol. in-8°, et 1802, 5 vol., avec
beaucoup de notes et observations de l'é-
diteur. Les autres ouvrages de Favier,
publiés la plupart sans nom d'auteur,
sont I : Le Spectateur littéraire sur quel-
ques ouvrages nouveaux^ Paris , 1756, in-
12 ; I Essai historique et politique sur le
gouvernement présent de la Hollande,
Londres, 1748, 2 vol. in-12 ; | Ze poète
réformé, ou Apologie pour la Sémiramis
de Voltaire^ Amsterdam, 1748, in-8" ;
1 Mémoires secrets de Milord Boling-
broke, traduits de l'anglais, avec des
notes historiques, 1754 , 5 vol. in-S" ;
I Poules et questions sur le traité de Ver-
saUles, entre le roi de France et l'inipé-
ratrice, reine de Hongrie, Ml?, el 1791,
in-H" ; | Lettres sur la Hollande, 1780 ,
2 vol. in-12. Il a travaillé avec Fréron à
la rédaction du Journal étranger.
FVVIEU DU BOULVY ( Hemii ),
^^rîeur de Sainte-Croix de Provins, né à
Paris en 1670, mort en 1753, à 85 ans,
avait du goût et de la littérature. Nous
lui devons la seule bonne traduction que
nous eussions de Justin avant que l'abbé
Paul eût publié la sienne. Elles sont l'une
el l'autre en 2 vol. in-12. On a encore de
lui d'autres ouvrages, mais moins con-
nus que sa version. Il s'était adonné à la
chaire, et avait prêché avec quelque suc-
cès. Son oraison funèbre de Louis XlV
parut à M«lK en 1716, in-fol.
FAVKES. Voyez FAWKES.
FAVOKL\, sophiste célèbre sous l'em-
pereur Adrien, était d'Arles. Quelques
auteurs veulent qu'il ait été eunuque, et
d'autres hermaphrodite. Il enseigna avec
réputation à Athènes et ensuite à Rome.
Adrien lui parlait souvent et lui témoi-
gnait de la confiance : mais il s'en lassa et
le chassa de Rome avec les autres philo-
sophes ( voyez son article). On dit que
Favorin s'étonnait de trois choses : de ce
qu'étant gaulois, il parlait si bien grec; de
ce qu'étant eunuque , on l'avait accusé
d'adultère ; et de ce qu'il vivait, étant en-
nemi de l'empereur.
FAVORIX (Varin, Varinus ou Guari-
xo), né près de Camérino, ville ducale d'I-
talie, en 1460, entra dans la congrégation
de Sainl-Silvestre, ordre de Sainl-Benoit,
et parvint par son mérite à l'évéché de
Nocéra. Il est auteur d'un Lexicon grec,
qui a été d'un grand usage autrefois. La
meilleure édition de ce livre est celle de
Venise, 1712, chez. Bartoli, in-folio. L'au-
teur mourut en 1537. On a encore de lui
des remarquessur la langue grecque, sous
le titre de Thésaurus cornucopice, ik%.
Aide, in-folio.
* FAVR AS ( Thomas MAHI, marquis
de ), né à Blois en 1745, d'une famille an-
cienne, dont les aïeux avaient rempli les
premières places de la magistrature dans
leur province , entra dans les mousque-
taires en 1753, et lit avec distinction, dans
ce corps , la campagne de 1761. Il passa
ensuite dans le régiment de Belsunce en
qualité de capitaine, puis devint premier
lieutenant des Suisses de Monsieur , grade
qui lui donnait le rang de colonel. En 1775,
il se rendit à Vienne pour faire recon-
naître, devantle conseil aulique, sa femme,
seule fille unique et légitime du prince
FAV
49
FAV
. ihaU-SohawtMibouriy. Il conimandalt,
787, une Iccion vn Hullandc, lors do
urreclion conire le slallioudcr. De
tir en Franco , au romnienccmenl de
.'volulion. il proposa plusieurs pro-
-•ur les linaiires et sur la polilicpie ,
le rendirent suspect aux révolulion-
.:cs. On sait que. dans l'état d'cxaltalion
u<i se trouvaient alors les esprits , il suf-
lisait aux meneurs de désijrner une vic-
tiuic, pour que sa perte fut certaine. Le
marquis de Favras fut accusé , dans le
mois de décembre 1789, d'avoir proposé
au gouvernement de lever sur les frou-
lières une armée pour s'opposer à la
nouvelle constitution. Quoique cette ac-
cusation ne fût appuyée d'aucune preu-
ve , il fut arrêté par ordre du comité des
recherches de l'Assemblée nationale . et
traduit au Chàtelet, où sa condamnation
fut demandée par le peuple, avec des
liurlcmens effrayans. Trois témoins, Mo-
rel, Turcate et Marquié appuyaient l'accu-
sation de leurs témoignages, et déclaraient
avoir reçu de Favras. la communication
de son projet : 12,000 suisses et 12,000 au-
trichiens devaient, après s'être réunis à
Montargis , marcher sur Paris, enlever le
roi et sa famille et assassiner MM. BaUly,
Lafayette et Necker. On refusa d'entendre
les témoins à décharge. Favras se défen-
dit avec beaucoup de courage: il embar-
rassait ses juges par la justesse de ses ré-
ponses. Le complot dont on l'accusait était
mal conçu, incohérent dans les moyens de
conduite, impossible dans l'exécution; il
le prouva , détruisit viclorieusement les
preuves qu'on lui opposait , et n'en fut
pas moins condamné à être pendu, le 18
ianvier 1790. « Votre vie, lui dit le rap-
» porteur en lui signifiant sa sentence, est
» un sacrifice que vous devez à la tranquil-
• Utéet àlaliberté publiques. »il ne mon-
tra aucune crainte dans ce moment, dicta
sans se troubler une déclaration très lon-
gue de son innocence, la revit et corrigea
même avec un soin scrupuleux, les fautes
d'orthographe faites par le greffier. La
place de Grève était pleine d'un peuple
frénétique qui demandait sa mort à grands
cris. Il la traversa sans émotion, tout livré
aux consolations de son confesseur. Ar-
rivé au lieu de l'exécution, il prononça
d'une voix ferme : Je meurs innocent.
et il doana lui-même le signal de l'exécu-
tion. Cette protestation et sa fermeté frap-
pèrent d'une espèce de stupeur ce peuple
tourmenté une minute auparavant de
convulsions fanatiques, et la multitude
se retira triste et pensive. On le regarda
comme une victime sacrifiée à la fureur
populaire , et Ton ne doute pas que son
unique crime fui d'avoir refusé de par-
tager le complot de ceux qui méditaient
la chute du trône. Prudltomme, un de*
journalistes du temps, dont le témoignage
ne peut être suspect, rendit compte ainsi
de sa défense : » Cet accusé parut devant
» ses juges avec tous les avantages que
» donne l'innocence, et qu'il sut faire va-
» loir, parce qu'à un espritorné , il joignait
» la facilité de s'exprimer avec grâces :
» ses paroles avaient même un charme
» dont il était difficile de se défendre. Il
B avait de la douceur dans le caractère, de
B l'aménité dans les manières , de la dé-
D cence dans le maintien; il était d'une
» taille avantageuse , d'une physionomie
«noble et qui prévenait en sa faveur...
» Dans tout le cours de sa défense, il ne
B perdit jamais celte attitude qui convient
» à l'innocence, et il répondit à toutes les
» questions avec netteté et sans embarras.»
L'avocat qui le défendit avec chaleur, pu-
blia deux mémoires dans le cours de la
procédure. Onafail paraître, peu de temps
après sa mort, sort testame?it et sa corres-
pondance avec scft épouse, qui produi-
sirent une vive sensation. Favras a laissé
des inémoires relatifs aux troubles de la
Hollande, et un écrit sur les finances.
* F.VVR.VT (Fra:«çois-Axdré de ), gé-
néral au service de Prusse et gouverneur
de la place deGlotz, né vers 1750 et mort
en 1804 à l'âge de 74 ans, était doué d'une
force physique si extraordinaire, qu'un
jour, dit-on, il souleva un cheval avec son
cavalier, et que plus d'une fois on le vit
prendre une pièce de canon et la por-
ter sur son épaule avec autant de facilité
qu'un fantassin porte son fusil. On a de
Favrat l'ouvrage suivant qui est estimé
et qui a pour titre : Mémoires pour ser-
vira l'histoire de la guerre^ de la révolu-
tion de Pologne depuis I79k jusqu'en 17%,
Berlin, 1799, in-S**.
* F.VVUE ( Pierre), jésuite, le pre-
mier des compagnons de Saint-Ignace,
dont il avait été le répétiteur au collège
de Sainte-Barbe à Paris, naquit en 1506
au hameau du Villaret, diocèse de Genève.
Il contribua, par son exemple, à la réfor-
me des ecclésiastiques et des ordres re-
ligieux, et, par son zèle ardent, à la pro-
pagation de Tordre des jésuites. Il fonda
les collèges de Cologne ( 1544 ), de Coïm-
bre et de Valladolid ( 1546 ), reçut de Phi-
lippe II, du roi de Portugal et du pape
FAV K
Paul III les témoignages les plus flatteurs
lie l'estime qu'ils lui portaient, et mourut
à Rome en 1546. Il a laissé des Lettres,
dont quelques-unes ont été imprimées
avec celles du Père Canisius. Sa Vie,
écrite par Nicolas Orlandini, a été publiée
à Rome , 1615 , in-foL , et à Lyon, 1617,
il 1-8°.
FAVRE ( AiVTOixE ) , né à Bourg en
Bresse l'an 1557, fut successivement juge-
mage de Bresse , président du Genevois
jKjur M. le duc de Nemours , premier pré-
sident du sénat de Chambéry, et gouver-
neur de Savoie et de tous les pays en-deçà
les monts ; il mourut en 1624. Ses ouvra-
ges contiennent 10 vol. in-fol.; | Jwrispm-
dentia Papinianea^ Lyon, 1658, 1 vol.;
I De erroribus interpretum juris, 2 vol.;
\ Comment, in Pandectas^ seu de errori-
bus pragmaticorum, 1&S9, 5 vol.; | Codex
Fabrianus , 1661, 1 voL ; | Conjecturœ
iuris civilis^ 1661, 1 vol. regardé comme
le meilleur de ses ouvrages, parce que
laissant là son imagination qui le sédui-
sait quelquefois , il s'appuie le plus sou-
vent de l'autorité de choses jugées. On y
joint H. Borgice investigationes juris ci-
vilis in Conjecturas A. F abri ^ Naples,
1678 , 2 vol. in-fol. Dans les quatrains de
Pibrac , on en trouve de Favre ; il est
aussi auteur d'une tragédie intitulée les
Gordians ou l'Ambition, 15%, in-8°
Favre a éclairci plusieurs opinions obs-
cures ; mais il a poussé trop loin les sub-
tilités dans l'examen de certaines ques-
tions de droit : il s'éloigne quelquefois des
principes. C'était un esprit vaste, propre
aux affaires comme à l'élude. Ce fut lui
qui fut chargé de négocier le mariage de
M*"' Christine de France avec le prince
de Piémont, Victor-Amédée. Le roi de
France lui offrit inutilement la première
présidence du parlement de Toulouse ; il
voulut rester au service du duc de Sa-
voie. On trouve l'éloge du ifré.ident Fa-
vre par Jacques Durandi dans le tome 3
lies Piemontesi illustri, et un article dé-
taillé sur le même dans les Vies des plus
célèbres jurisconsultes par Taisand.
FAVRE ( Claude ) , seigneur de VAU-
GELAS et baron de Péroges, naquit du
précédent , à Bourg en Bresse , et selon
quelques-uns , à Chambéry. Son père
était consommé dans l'élude de la juris-
prudence. Le fils ne fut point indigne de
lui : mais son esprit fui plus juste. Le
jeune Vaugelas vint à la cour de bonne
heure. Il fut gentilhomme ordinaire, puis
rhan^ellan do Gaston, duc d'Orléans,
0 FAI
qu'il suivit dans toutes ses retraites hors
du royaume. Il mourut pauvre en 1650,
à 95 ans. On peut être surpris que Vau*
gelas, estimé à la cour, réglé dans sa dé-
pense, et n'ayant rien négligé pour sa
fortune , soit presque mort dans la mi-
sère ; mais les courses de Gaston , et
d'autres accidens , avaient fort dérangé
ses affaires. Louis XIII lui donna une
pension de 2,000 livres en 1619. Cetta
pension qu'on ne lui payait plus , fut ré-
tablie par le cardinal de Richelieu, afin
de l'engager à travailler au dictionnaire
de l'Académie. Lorsqu'il alla le remercier
de cette grâce, Richelieu lui dit en riant:
« Vous n'oublierez pas du moins dans le
» dictionnaire le mot de pension. — Non,
« Monseigneur, répondit Vaugelas ; et en-
» core moins celui de reconnaissance...»
Ce littérateur était un des académiciens
les plus aimables , comme des plus illus-
tres ; il avait une figure agréable , et l'es-
prit comme sa ligure. Vaugelas étudia
toute sa vie la langue française , et tra-
vailla à l'épurer. Sa traduction de Quinte^
CurcCj imprimée en 1647, in-4°, fut le
fruit d'un travail de 50 années. Cette ver-
sion, de laquelle Balzac disait dans son
style emphatique : « L'Alexandre de
» Quinte-Curce est invincible, et celui de
» Vaugelas est inimitable , » passa pour le
premier bon livre écrit correctement en
français. Malgré la mobilité et l'inconsis-
tance de la langue française, il y a peu
d'expressions qui aient vieilli. Vaugelas
ne rendit pas moins de services par ses
Remarques sur la langue française, dont
la première édition est in-4." : ouvrage
moins nécessaire qu'autrefois, parce que
la plupart des doutes qu'il propose, ne
sont plus des doutes aujourd'hui ; mais
ouvrage toujours utile , surtout si on le
lit avec les remarques dont Th. Corneille
et d'autres l'ont enrichi , en 3 vol. in-12.
FAWRES ( François ), poète anglais,
né dans le comté d'Yorck en 1721, brigua
les emplois de l'église anglicane pour vi-
vre , et s'adonna à la poésie par goût. Il
fut sous-ministre à Orpington en 1755,
ministre à Hayes en 1774, et mourut le
26 août 1777 , après avoir publié dans la
langue de son pays : | Traduction d'AnO'
créon, Snpho . Bion, Moschus et Musée,
1760, in-12. ; | de Théocrite. 1767,
in-8" ; I ... d'Apollonius de Rhodes, 1780.
Le Recueil de ses poésies^paTU en 1761,
in-8°.
FA Y (CHARLES-JénoME de CISTERNAY
du) , capitaine aux gaides , né à Paris en
FAY
I6ô'i. viii ttiiv jrtiuhc einiwrtôc tl'im coup
(i« canoti au boinbarJciucnl (!«• Bruxj'Hrs
«n l(iV.'). Il it'ctait alur.s que lioutcnant. il
uMiiit uiicrom|)a{^iiii> ; mais il fut ol)Ii(rc
d'y icnoncci . par riinp<>»stbilité do mon-
ter à cheval. IlouM'UMMiieiit il aimait livs
Icllrfs, el elU'S furent sa roiisolation. Il
s'aduiinn à la recluM-dic dos livres rur«s
en tou« genres, des belles édilior»s de tous
les pays, des manuscrits qui avaient quel-
que mérite. Il se forma une bibltotliéquc
bien assortie , de 25 mille érus. Le catalo-
gvecn fut dressé en 172o. in-S", par le li-
braire Martin. Le possesseur de ce trésor
littéraire était mort deux ans auparavant,
en 1713.
F.\Y ( Charles-Pramçois de CISTER-
NAY du ). iils du précédent, servit quel-
que temps comme son père ; mais ayant
quitté l'état militaire , il se consacra en-
tièrement à la chimie et à la botanique.
Beçu membre de l'académie des sciences ,
H eut l'intendance du jardin royal, en-
tièrement négligé avant lui , et qu'il
rendit en très peu de temps un des
plus beaux de l'Europe. Il était ne n
Paris en 1698 , et il mourut en 1739. Cet
académicien avait des mœurs douces,
nne gaité fort é{jale , une grande envie
d'obliger, et ces qualités n'étaient mêlées
de rien qui déplût, d'aucun air de vanité,
d'aucun étala(îe de savoir, d'aucune ma-
lignité, ni déclarée, ni enveloppée. Il lit
des recherches nouvelles sur le phosphore
du baromètre . sur le sel de la chaux , in-
connu jusqu'à lui aux chimistes , sur l'ai-
inant, enlin sur l'électricité. Ses travaux
en ce genre sont consignés dans les Mé-
moires de l'académie des sciences, où
l'on trouve aussi son Eloge par Fonle-
oelle.
FAY ( Jea:«-Gaspard du ), jésuite, mort
vers le milieu du siècle dernier, prêcha
avec un succès peu cotnmun. Ses Ser-
mons sont en 9 vol. qui parurent succes-
sivement depuis 1738 jusqu'en 1743. Le
talent de l'aclioii leur donnait uue beauté
et une force qu'ils perdirent presque en-
Uèrement après l'impression.
FAY DIT ou FAI DIT ( Avselwe ou Ga?(-
GCLa ), poète né k Uierche , en Limousin .
mort vers l'an 1220 , se mit à représenter
des comédies qu'il composait Ini-ménie.
Elles furent applaudies, et il devint riche
en peu de temps ; mais son penchant à la
vanité , k la débauche et à la dépense , le
r^Hi.Uit >.; .%^ à ig^ dcniière misère.
'le-Lion , roi d'Angleterre ,
5C3 libéralités. Ce prince,
Bl FAY
marié à Rércngèrc de Barcelone , avait
du goi\t pour la poésie provençale, dont
la langue approchait beaucoup alors de
la catalane. Après la mort de son protec-
teur, Faydit revint à Aix , et s'y maria
avec une fille pleine d'espfitetde beauté,
qui se chagrina de la vie déréglée de son
époux, et mourut peu après. Le poète se
retira che» le seigneur d'Agoult, où il li-
nii ses jours. Il avait écrit | un poème siir
la mort du foi Richard ^ son bienfaiteur;
I Le palais dAinoiir^ poème , dont lo
titre annonce assez l'esprit ; | plusieurs
comédies, entre autres une intitulée YHe^
rryia ilt'ls prestres, c'est-à-dire V/Iérésin
des prêtres ,• il y prône les Vaudois et les
Albigeois, dont la doctrine et les mœurs
n'étaient que trop assorties à sa conduite.
FVYDIT ( Pierhe-Valextin ) , né à
Riom en Auvergne, d'abord prêtre de
l'Oratoire , sortit de cette congrégation en
1071 , pour avoir publié un ouvrage car-
tésien, contre la défense de ses supérieurs.
Le cartésianisme a été presque une hé-
résie dans bien des corps pendant long-
temps. Faydit , né avec un esprit singu-
lier et ardent, se fit bientôt connaître dans
le monde. Dans le temps que les diffé-
rends du papelimocenl XI avec la France
étaient dans la plus grande chaleur , il
prêcha , à Saint-Jean-en-Grève de Paris ,
un sermon contre ce pontife. Il se réfuta
lui-môme dans un autre sermon publié à
Liège, auquel il ne manqua pas de répli-
quer en faisant imprimer l'extrait de son
premier sermon, avec les preuves bonnes
ou mauvaises des faits qui y sont avancés.
Un Traité sur la Trinités où il établissait
le trithéisme, prétendant que la doctrine
de ce mystère avait été « altérée par la
» théologie scolastique ; » cet ouvrage im-
pie a pour titre : Jltéralion du dogme
théologique parla philosophie d' J ristote,
16%, in -12. Un théologien connu en
parle en ces termes : « Un écrivain asser\ i
» à la faction des Arnauld et des Quesnel.
« prétend que la scolastique a altéré ly
» dogme de la Trinité qui, selon lui , con-
• sistait anciennement à professer trois
» natures en Dieu. Raisonner de la sorte,
» c'est afficher l'ignorance la plus gros-
i> sière, parce qu'il est connu que leslhéo-
» logiens ont constamment défendu contre
» les ariens et les sojjhistes , la foi de Ni-
» cée, et la consubslantialité des person-
i> nés divines. C'est afficher l'hérésie, d'a-
» bord celle destrilhtistes, et de plus celle
«des erreurs modernes, qui affirment que
* la vraie foi a péri contre la promesse de
FAY
» Jésus-Christ, et qu'elle ne s'est retrou-
» vce que dans quelques têtes privilé-
j. gices des derniers siècles. C'est afficher
» l'athéisme, puisqu'en détruisant lunité
» de Dieu, on en détruit l'essence. » L'er-
reur de Faydit a été renouvelée depuis
par le docteur OEhmbs ( voyez JEAN
PHILOPONOS, et le Journ, hist. et lilt.
i" février 1791 , pag. 1G7 ), Cet ouvrage
extravagant et impie mérita à Faydit, en
1696, un appartement à Saint-Lazare à
Paris , châtiment qui ne changea ni son
esprit ni son caractère ; il eut ordre du roi
de se retirer dans sa patrie, où il moui-ut
en 1709. Outre les ouvrages déjà cités , on
a de lui : ) Des remarques sur Virgile^ sur
Homère et sur le style poétique de VE-
criture sainte, en 2 vol. in-12 : mélange
bizarre de pensées différentes sur des
sujets sacrés et profanes, dans lequel l'au-
teur se donne trop de liberté à son ordi-
naire ; 1 la Télémacomanie , in-12 , criti-
que méprisable du chef-d'œuvre de Féné-
lon, pleiiue de notes singulières, aussi con-
traires à la vérité qu'au bon goût. Il faut
en excepter ses réflexions contre les ro-
mans ; encore tombent-elles à faux , vu la
nature de celui-ci. Faydit avait attaqué
Bossuet , avant de censurer Fénélon. Il
avait fait cette épigramme contre le dis-
cours de l'évêque de Meaux à l'assemblée
du clergé de 1682 ( il faut savoir que
Bossuet avait cité Balaam dans ce dis-
cours ) :
Un auditeur un peu cyniqne
Dit tout liaut en bâillant d'ennui :
L« proplirte Bala.im est obscur aujourd'hui ;
Qu'il fasse parler sa bourique.
Elle t'expliquera plus clairement que lui.
Il fallait que la démangeaison de médire
en vers et en prose fût bien forte dans
l'abbé Faydit , pour attaquer aussi indé-
cemment deux prélats illustres , l'éternel
hurmeur du clergé de France. | Des mè-
1 noires contre ceux de Tillemont , bro-
chm'e in-/i.°, plus comique que sérieuse,
supprimée dans sa naissance , et qui n'eut
point de suite. Oa y voit Faydit tel qu'il
était : un fou qui a quelque esprit et du
savoir, et qui proJid la plume dans les
accès de sa folie. ] Le Tombeau de Sati-
teuil,m.-i^, envers latins d'un caractère
assez singulier, et en prose française. La
prose est une traduclion libre des pièce?
latines. On a attribué mal à propos les
Moines empruntés, 2 vol. in-12, à cet
auteur. Us ne sont pas de lui, mais de
Hailze , gentilhomme provençal.
F.IYE ( Jacques ) , seigneur d'Espeis-
82 FAY
ses, né à Paris en 1542, conseiller au par-
lenient en 1567, devint maître des re-
quêtes de l'hôtel du duc d'Anjou, depuis
Henri III. Il suivit ce prince en Pologne ;
et après la mort de Charles IX, U revint
en France , pour porter de la part de son
maître des lettres de régente à la reine.
Il retourna ensuite en Pologne, ou il ren-
dit des services signalés à Henri. Ce prince
l'en récompensa par les charges de maître
des requêtes, d'avocat-général, et enfin
de président à mortier au parlement de
Paris. Il mourut à Sentis en ir)90, kli6 ans,
laissant des ha?-anques éloquentes pour
son temps.
FAYE (Jean-Elie LÉRIGET de la), na-
quit à Vienne en Dauphiné l'an 1671. Il
prit le parti des armes, fut d'abord mous-
quetaire, ensuite Ciipitainc aux gardes, se
trouva à la bataille de Ramillies, à celle
d'Oudenarde et dans plusieurs journées, et
y signala sa valeur. Il avait toujours eu du
goût et du talent pour les mathématiques.
La paix l'ayant rendu à sesprcnmierspen-
chans , il s'appliqua particulièrement à la
mécanique , à la physique expérimentale.
L'académie des sciences lui ouvrit ses
portes en 1716, et le perdit en 1718 , à 47
ans. On trouve dans la collection de cette
compagnie deux mémoires de La Faye.
FA YE(Jeax François LÉRIGET de la),
frère puîné du précédent, d'abord capi-
taine d'infanterie, ensuite gentilhomme
ordinaire du roi, eut plus de goût pour
la littérature agréable que pour les scien-
ces sérieuses qui avaient été le partage de
sou aîné. Il obtint une place à l'académie
française en 1750 , et mourut l'année d'a-
près à 57 ans. On a de lui quelques poé-
sies, où l'on remarque un esprit délicat
et une imagination agréable. Sa pièce la
plus célèbre est son Ode apologétique de
la poésie , contre le système de la Motle-
Houdard en faveur de la prose.
* FAYE (Georges de la), démonstrateur
à l'académie royale de chirurgie à Paris,
sa patrie, mourut dans cette ville le 11
août 1781. On a de lui | Cours d'opérations
de chirurgie par Dionis , avec des notes,
1782 , 2 vol. in-8''; ] Principes de chirur'
^/e^ Paris, 1739, in-12, souvent réimpri-
més. La dernière édition est de 1811,
in-8''. Il a été traduit en allemand, en
italien , en espagnol et en suédois.
FAY'EL. Voijez FAIEL.
FAYETTE (Giliîert MOTIERdela),
maréchal de Frarxce , se distingua à la ba-
taille de Baugé en Anjou, l'an 1421, fut
fait prisonnier à la journée de Veraeuilj
FAY «3
tf«frf9M d^livranrc. roiilrilnuk iHîau
.lu ruyauinc.
i A\l.i . 1. .. iOriEU delà),
de la niOine tanullc que le procèdent,
naquit en ltH8. Orpheline dès lu berceau,
elle fut élevée par sa tante la comtesse
de Brejîy, qui la retira du couvent à
rà(;<' de 15 nus, et la plaça, lorsqu'eltu
seulil sa tin approcher, en qualité de
dame d'honneur dans la maison de la
reine Anne dAutriche. M"" de la Kuyelle
avait 17 ans. Sa beauté, sa niodesliu , sa
discrétion et sa douceur attirèrent Tat-
leution de Louis XIII; sa conduite fut
un modèle de vertu. Celte pieuse dc-
uioiselle, sensible aux épancheniens du
cœur de ce monarque, qui venait cher-
cher dans sa société des consolations con-
tre les chagrins que lui causait un minis-
Ire impérieux . sous le jour duquel il sé-
lait placé, s'attacha à sa persoime parce
qu'elle s'intéressait à sa gloire, et qu'elle
aurait voulu (ju'il fut heureux dans sa fa-
mille et au dehors ; le cardinal de Riche-
lieu chercha inutilement à la mettre dans
aes intérêts. Bientôt M""^ de la Fayette
M détermina à rompre un en^jagemcnt
qui coiniiiençait à alarmer sa sagesse.
Louis , ordinairement si réservé , lui
avait fait la proposition délicate de lui
donner à Versailles, château de plaisir
alors, un appartement où il irait la voir
librement. Celte proposition lui dessilla
les yeux ; des lors elle résolut do quit-
ter le monde : elle alla se renfermer
elle» les religieuses delà Visitation, où
elle prit le voile en 16ô7 , avec le consen-
tement du roi , qui , honteux lui-même
de son transport, jugea qu'il n'y avait pas
de meilleur moyen de se mellre en garde
contre sa faiblesse. Il alla quelquefois
visiter au parloir M"*^ de La Fayette , qui
le détermina à retourner à son épouse. Le
fruit de cette réconciliation, après 22 ans
de stérilité , fut un lils, qui devint Louis
XIV. Anne d'Autriche, reconnaissante
des bons oflices de .h"'^ de la Fayette , lit
tous ses effort pour rcngaj^r à revenir à
Ib cour; mais ils furent tiuitiles. tlle restu
dans le cloilre, montrant à luriiversTexem-
ple d'une fille qui, dans l'àjçe des passions ,
• ..!>,,., .1.. fr^-néreusement elle-aième pour
i.iiner dans sa chute un prince
naît. Klle mourut en 1CG5 dans
: de Chaillot qu'elle avait fondé.
• de«i détails sur sa vie dans les
.-. ...■■„ i lU W™' de MoUeville . 6 vol. in-
12. M"^ de Gcnlts a public un roujau
FAY
historique intitulé : >»/"* de La Fayette ,
Paris, 1812. 2 vol. in-12; mais ce roman,
qui est autant l'histoire d'antres person-
nes qui ont vécu sous I^ouis XllI que cello
de M"'= de La Fayette, ne peut, comme
tous les ouvrages de ce genre, que don-
ner une fausse idée de cette vertueuse
demoiselle. M'"' de Genlis avoue elle-
même , que les incinoires du temps ne
lui ont guère fourni (juc des caractères ,
et qu'il luiu fallu inventer presque toutes
les scènes et tous les détails.
F.\YI:TTE(Marif Ma»elei!VE PIOCIIK
de la VERGNE, comtesse de la), née en 1052,
était fille d'Aymar do La Vergue, marécluil
de camp, gouverneur du Havre-de-Gràcc.
Elle épousa, en IGoo , François, comte de
La Fayette. Elle se distingua encore plus
par son esprit que par sa naissance.
Tous les b«aux esprits de son temps la
recherchèrent. Parmi les gens de lettres.
Ménage , la Fontaine , Ségrais , étaient
ceux qu'elle voyait le plus souvent. Elle
mourut en 1695. Les principaux de ses
écrits sont : | Zaïde , roman qui eut la
plus grande vogue ; | La princesse de
Clèves . 2 vol. in-12 , autre roman , atta-
qué avec beaucoup d'esprit par Valin-
court , qui en fit la critique, n'ayant pas
encore 22 ans. M""= de I^ Fayette avait
mis sous le nom de Ségrais ces deux pro-
ductions. Ce bel esprit avait contribué à
la disposition de l'édifice , et la dame l'a-
vait orné. 1 La Princesse de Montpensier .
in-12 ; | des Mémoires de la cour de
France pour les années 1688 et 1689, in-
12. « On lui reproche d'avoir fait payer à
» M""= de Mainlenon , dit un auteur , la
B gloire d'avoir été dans sa jeunesse plus
» aimable qu'elle. » ( Histoire d'Henriette
d'Angleterre .iw-i'i : on y trouve peu de
particularités inléressanles. | Divers por-
traits lie quelques personnes de la cour.
Tous ces ouvra{jes sont encore asse?. re-
cherchés. M""^ de Sévigné fait de ses qua»
lités le iK)rtrait le plus flatteur. Mais lu
Beaumello l'a peinte moins avantageuse-
ment, a Elle n'avait pas, dit-il, ce liant
a (|ui rend le conunerce aimable et solide:
non trouvait autant d'agrémens dans ses
» écrits, qu'elle en avait peu dans ses pro-
■ pos. Elle était trop impatiente ; tantôt ca-
» ressante, tantôt impérieuse, exigeant
» des égards infinis , et y répondant sou-
» vent par des liante urs. p Qualités qui
n'ont rien d'étonnant dans une femme
qui, délivrée des occu|)alion$ domestiques
et paisibles de son elat , est transportée
dai»s les societ. s dtb beaux-esprits, et loar-
5.
FAY
Hti,
FEA
mcnlée des pr<^lenlions du savoir , a qui
le nom de mère cl d'épouse, de femme ver-
tueuse, douce et modeste, est moins cher
que celui d'auteur. « L'Iiomme-femme, dit
» l'auteur de V Influence de la philoso-
» phie sur l'esprit et le cœur, est aussi
» ridicule que la femme-homme : ce sont
» de monstrueux assemblages que notre
» siècle, fertile en choses rares et curieu-
> ses, réalise à chaque instant. Depuis
» qu'il y a des petits-maîtres , il y a des
» femmes savantes ; depuis que leshommes
» ont porté des colifichets , et ont affecté
» une toilette féminine, les femmes en re-
» vanche ont affecté la science des hoin-
» mes , et se sont enfoncées dans les étu-
» des abstraites. Lequel vous donne meil-
» leure opinion d'une femme , en entrant
» dans sa chambre , de la voir occupée à
» des travaux de son sexe , des soins de
» son ménage , environnée des hardes de
» ses enfans, ou de la trouver écrivant
» des vers sur sa toilette, entourée de bro-
>» chures de toutes les sortes , et de petits
» billets de toutes les couleurs? Toute
» fille lettrée restera fille toute sa vie,
» quand il n'y aura que des hommes sen-
» ses sur la terre. ». V. GEOFFRIN , etc.
FAYETTE ( le gai ). V. LAFAYETTE.
' FAYPOULT ( Guillaume- Charles ,
chevalier de MAISONCELLES ) , né en
1752 , d'une maison noble de Champagne,
entra très jeune au service et était offi-
cier du génie à l'époque de la guerre d'A-
mérique à laquelle il voulut prendre part.
Un refus qu'il essuya du ministre de la
guerre le détermina à donner sa démis-
sion ; dès ce moment il se livra exclusi-
vement à la culture des arts jusqu'à la
révolution, dont il embrassa la cause;
bientôt il accepta des fonctions publiques,
fut électeur de la ville de Paris en 1792 ,
et devint chef de division au ministère
de l'intérieur sous Roland et Garât ; il
passa de leurs bureaux dans ceux du co-
mité de salut public, et sut plaire à tous
les partis. On a de lui : un Fssai sur les
finances j 1795 , in-8° , ouvrage médiocre ;
peu de temps après il fut nommé minis-
tre des finances, et ce fut sous son admi-
nistration que les planches des assignats
furent brisées. Son porte-feuille lui fut
retiré au bout d'un an; mais on lui donna
l'ambassade de Gènes, et plus tard la ville
de Gènes fit frappei' une médaille à son
efiigie et à celle du général Bonaparte ,
avec celte exergue : ^ Napoléon Bona-
parte et à Guillaume FaifpouH la Ligwie
reconnaissante. Faypouli passa du Gènes à
Milan , puis en 1797, à Rome , en qualité
de commissaire pour l'installation du gou-
vernement de la république romaine. Une
querelle très vive qu'il eut avec Cham-
pionnet, et qui amena la destitution de
ce dernier, devint après le 18 fructidor,
un motif de proscription contre Faypoult.
Il fut dénoncé , en 1799 , comme dilapi-
dateur , et poursuivi par le tribunal cri-
minel de la Seine ; ces poursuites s'arrêtè-
rent d'elles-mêmes. Après le 18 brumaire,
il fut nommé préfet de l'Escaut, et en exerça
les fonctions jusqu'en 1808 qu'il fut destitué
par Bonaparte. Son frère Joseph ayant
été placé sur le trône d'Espagne , appela
Faypoult auprès de lui , et le nomma son
ministre des finances ; il remplit cet em-
ploi jusqu'à la fin de 1813 , et revint alors
en France avec Joseph. Il fut ensuite en-
voyé en Italie avec une mission impor-
tante. Pendant les cent-jours, il fut nommé
préfet du département de Saône-et-Loire,
et prit tous les moyens imaginables pour
retarder la marche des puissances alliées.
Les Autrichiens étant entrés à Màcon , il
quitta cette ville, et quelques mois après
se retira à Gand où il fut très bien accueilli.
En 181G il revint à Paris, et y mourut au
mois d'octobre 1817.
* FAZELLI (Thomas), historien sicilien,
religieux de l'ordre de Saint-Dominique,
professeur de philosophie à Palerme ,
né à Sacca en 1498 , mort à Palerme en
1570, n'a laissé qu'un seul ouvrage inti-
tulé de Rébus siculis décades duœ , Pa-
lerme , 1558, 1560 , in-fol. , traduit en ita-
lien par Remigio, Venise, 1574, in-4°,
et Palerme, 1626, in-fol. Cette histoire
est très estimée. — FAZELLI ( J brome ) ,
frère du précédent, savant théologien,
religieux de l'ordre de Saint-Dominique ,
consulteur du saint Office et prieur de sa
communauté, né en 1502 à Palerme,
mort dans cette ville en 1585 , a laissé :
I des Sermons; \ un Traité des Indulgen-
ces; I des Commentaires latins manu-
scrits sur les psaumes, l'évangile de Saint-
Marc et les Actes des apôtres, | et un livre
intitulé Prediche quaresimali , Païenne ,
1575 , in-4" , et Venise , 1592 , in-4° , en
deux parties.
FÉATLY ou FAIRCLOUGH ( Daniel ) ,
théologien anglais , chapelain de sir Tho-
mas Edmondes, ambassadeur du roi Jac-
ques en France, puis de l'archevêque
Abbot, recteur de Lambet, prévôt du col-
lège de Chelséa, naquit en 1582 àCharlon,
coinlé d'Oxford ; il se distingua par une
grande habllelc dans la controverse scbo-
FEB
tm
FEC
..-■liijuc , occupa succcssivcmeni diff^';-
rentes cures , cl fui nomiiu* mt-mbro de
l'aueinMée des tliéoloipons de Westmins-
ter en 1<143. St»n opposilitm nu Covcnant
rayant fait rçijardor comme un t-spion dans
le parlement, il fut jeté en prison cl trans-
fère au collège de Chelséa, où il mourut
en ICiS. On a de lui un asse» Rrand nom-
bre d'ouvratjes ascétiques et de contro-
verse , parmi lesquels on distin{;iie celui
qui a pour titre .-innlla ptetaliSj 1G79,
8* édition . à laquelle il joignit la Pratique
de dévotion extraordinaire. Il a aussi
donné la fie de Jewcl . en tète des œu-
vres de cel auteur; celles de Retjnolils ,
du docteur Robert .4 bbot ^ etc.; ces der-
nières ont été insérées dans l'Jbel ,Re-
divivus , de Fuller.
• FEAU (Ch IULES) , prêtre de l'ora-
toire, professeur d'humanités dans dif-
féreiis collèges de sa congrégation, né à
Marseille en 1603 , a composé en langue
provençale plusieurs petites pièces qui
ont élé recueillies et publiées par un
anonyme sous le litre de Lou jardin dôijs
tnujsos provencales^M.3irsii\lc, 1665, in-12.
FEBRO.MU'S. ployez HONTHEIM.
• FEBUIIE ou FÈVRE ( Michel), nom
sous lequel le père Justinien de Tours,
missionnaire qui résida long-lemps en
Orient, a publié divers ouvrages. La Ribl.
Script, capuccinorutn, qui parle de ce
religieux, n'ir.dique ni l'époque de sa
naissance ni celle do sa mort. On a de
lui : I Prœcipuœ objcctiones mahumelicœ
legis scctatorum adversus calholicos , ea-
ruinque solutiones . Rome, 1679 , in-12. Cel
ouvrage a été traduit en urabe et en ar-
ménien, et ces traductions ont élé iinpri-
mées à la Propagande , la première en
1680, et la seconde en 1681. | Specchio ,
overo descrittione délia Tarchia . Rome ,
1674, in-12. L'autour traduisit lui-même
•on ouvrage en français , et sa traduction,
augmentée de plusieurs chapitres, a paru
tous le titre à' Etat présent de la Turquie.
0U il est traité des vies, mœurs et' cou-
tumes des Ottomans et autres peuples de
leur empire . Pari-i , Uu'j, in-12. Il a été
aussi traduit en espagnol et en allemand.
i Tiiéâtre de la Turquie , où, sont rcprè-
tentèes les choses les plus remarquables
■' i'tj passent aujourd'hui , Paris, 1682,
k" : on a fait un nouveau titre sous la
• de 1688. La traduction italienne a
» à Venise en 168V , in-i", sous le titre
/''(itro delta Turchia. « Je n'écris rien.
; Michel I.«Febure dans sa préface, que
n'aye vcu et observe nioy-mesnie le
• plus exartcmenl qu'il m'é il^^fiÉtUè
» par l'espace de dix-huit nn», ou SCCU
» iKir des personnes très dignes do fol...
p .le ne dis i ien de mes voyages en dlver-
» ses provinces de l'empire ottoman, &
!> sçavoir dans la Syrie , Mésopotamie ,
» Caldéc, Assyrie, Curdistan , Arabie d6-
» série, Palestine, Judée, Caramanic,
» Cilicie, Phrygio, Bylinie, Natolie, Ro-
» manie , Chi|)res, Archipel, etc., no
» m'étant pas proposé de faire ici la dcs-
p criplion des terres de la Turquie , mais
» seulement de montrer distinctemeni
n l'état dans lequel elles se trouvent à
» prés<*nt , etc. p
FEBVRE de SVINT-MARC. Voyez
SAINT-MARC ( Cii*nLES-Hcf.UES de ).
FEBVRE ou LEFERURE (Jacques et,
selon quelques-uns , Jea\ le ) , jésuite ,
né àGluson, village du Hainaut, cnsei-
{fna la philosophie à Douai , fut prési-
dent du séminaire archiépiscopal de Cam-
brai, établi à Beuvrage , près Valencien-
nes. Il s'y appliqua avec une ardeur et
une assiduité infatigable à former les
élèves qui lui étaient confiés , à la subli-
mité des vertus qui illustrent le sacerdoce,
et font les pasteurs chrétiens. Dans sa
dernière maladie , il se fit transporter à
Valenciennes, où il mourut le 29 avril
1755. Il est connu par deux ouvrages où
il combat les incrédules avec beaucoup
de succès; le premier est intitulé : Bayle
en petit, ou Ânatomie de ses ouvrages.
Douai, 1737, in-12. Il reparut à Paris en
1747 avec une suite, sous ce titre : Exa-
ynen ci-itique des ouvrages de Bayle. Il y
démontre que les écrits de Bayle contien-
nent de quoi former le plus monstrueux
assemblage d'obscénités , d'hérésies et
d'athéisme. Il met au grand jour les con-
tradictions , les paralogismes , les calom-
nies, les falsifications et les impostures de
ce fameux sceptique. Le second est La
seule religion véritable démontrée contre
les athées, déistes . etc., Paris, 1744, in-
8", ouvrage solide et méthodique.
' FEBVRE ( Philippe le), président
honoraire du bureau des finances cl de la
généralité de Rouen, mort à Chambcry
vers 1780 , a laissé plusieurs ouvrages peu
importans. Le seul qui mérite d'être cité
est son Abrégé de la vie d'.ïttguste , in-
12, où les faits principau.x sont ex]K)sés
avec imc clarté élégante.
• FECKENHAM (Jean de), dernier
abbé de Westminster , s'opposa avec bcaur
coup d'énergie à la réformation. Envoyé
à la Tour, il y demeura jus<iu'au règne
FEG
56
FEI
de Marie, et fui alors nommé abbé de
Wcslminsler. La reine Elizabeth lui offrit
l'archevêché de Cantorbéry, à condition
qu'il embrasserait la réforme ; il refusa ,
et fut de nouveau enfermé à la Tour. Il
mourut en 1583 prisonnier dans l'île d'Ely,
laissant quelques Traités et des Sermons :
\ Conférence dialogue -wise heldbetween
the lady Jane Dudley and M. John Fec-
kenhamfour days heforc her dealh . etc. ,
Londres, 1554, ouvrage qui a été repro-
duit en substance dans les Actes et Monu-
mens des Martyrs de Fox ; | Speech in the
houseof orde^ 1535 ; | the Déclaration of
such scrupules and staies of conscience ^
touching tlie oath of supremacy delivered
hy writing to D. Horne^ hishop of ff^in-
chester^ 1566; | Caveat emptor ^ pamphlet
dont le but parait avoir été d'effiayer la
conscience des acquéreurs des biens sé-
questrés sur les catholiques anglais.
FEDCLE ( Cassandra ) , née en 1465 ,
à Venise , d'une famille noble originaire
de Milan , fut l'admiration de son siècle
par l'étendue et la variété de ses connais-
sances. Elle cultiva avec succès l«s let-
tres grecques et latines , la philosophie ,
l'éloquence , l'histoire et la théologie ; la
poésie et la musique lui servaient de dé-
lassement. Elle se lia avec le père de la
Mirandole , et correspondit aussi avec plu-
sieurs souverains , tels que le pape Léon
X , le roi de France Louis XII , le roi d'A-
ragon Ferdinand , et Isabelle de Castille.
Cette princesse voulut l'attirer à sa cour,
et le poète latin Augureilo lui adressa une
Ode^ pour l'engager à ce voyage; mais
la république de Venise ne voulut pas se
laisser ravir un de ses plus beaux orne-
nicns Cassandra avait été mariée à un
médecin de Vicence , ( Remi-Marie Ma-
pelli ), et elle le suivit à Candie , où la ré-
publique l'envoya exercer son art. Après
la mort de son époux , elle fut nommée ,
dans un âge très avancé, supérieure des
hospitalières de Saint -Dominique, à Ve-
nise. Elle gouverna cette maison pendant
12 ans, et mourut le 25 mars 1558, âgée
de 95 ans. Thomassini a recueilli les Let-
tres et discours de Cassandra, et a itiis
en tête la Vie de cette femme célèbre,
Paris. 1656, in-8°.
FEDOll. Voyez FOEDOR.
FEGELI (Fraxçois-Xavier ) né à Rote
dans le canton de Fribourg en 1690 , se fit
jésuite en 1710, enseigna la théologie pen-
dant 12 ans, et mourut à Fribourg en
1748. Ou a de lui : | De munere confes-
sojii ; l De munere pœniicntis.
FEIJOO (Benoit-Jérôme ), bénédictin
espagnol , mort en 1764 , à 63 ans , a con
tribué autant par ses pièces critiques à
éclairer ses compatriotes sur leurs vices v.l
leurs défauts, que Michel Cervantes a cor-
riger ceux de son siècle par son roman de
Don Quichotte. On a de lui le Théâtre cri-
tique en 17 vol. in-4°, y compris une table
des matières. Une partie de ce recueil a été
traduite en français par M. d'Hermilly, 4
vol. in-12. Les ouvrages de Feijoo ont
été plusieurs fois réimprimés. La meil-
leure édition est celle publiée par les
soins de Campomanès, Madrid, 1780, 33
vol. in-8°.
* FEITAM\ ( SiBRAWD ) poète hollan-
dais , né à Amsterdam en 1694 , mort en
1758 , à 65 ans et demi, débuta par la tra-
gédie de Fabricius , et par un drame allé-
gorique intitulé : Le triomphe de la poésie
et de la peinture. Il renonça à la composi-
tion, pour se livrer uniquement à la tra-
duction des ouvrages français qu'il crut
dignes d'être connus en Hollande ; et tra-
duisit Romulus , les Machabées , Brutu:i,
Alzire, Pyrrhus, etc. Feitama donna
aussi une traduction en vers hollandais
du Télémaque de Fénélon, et celle de la
Henriade de Voltaire, également en vers.
Son Théâtre a été publié en 1755 , 2 vol.
in-4°.
FEITII ( EvERAR» ) , d'Elbourg dans
la Gueldre, se rendit très habile au 16*
siècle, dans les langues giccque et hé-
braïque. Les troubles des Pays - Bas l'o-
bligèrent de se retirer en France , où il
s'acquit l'estime deCasaubon, de Du Puy,
et du président de Thou. Il y enseigna
quelque temps la langue grecque. Mais
se promenant un jour à La Rochelle avec
son valet, il fut prié d'entrer dans la mai-
son d'un bourgeois; et depuis ce moment
on ne put savoir ce qu'il était devenu, quel-
que perquisition que les magistrats en
lissent. On a de lui deux ouvrages curieux
et savans, in-12, intitulés : Antiquitates
Honiericœ ci Anliquitales Athenienses, en
huit livres, Strasbourg, 1745. Ils sont
écrits en bon latin ; il y traite delà religion
des Grecs , de leur marine et de leurs
usages. Tout cela est prouvé par des pas-
sages de toutes sortes d'auteurs.
* FEÏTH ( RuvNVis ), célèbre poète
hollandais, membre de l'institut des Pays-
Bas, et de plusieurs auUes sociétés sa-
vantes , de l'ordre du Lion- Belgique , na-
quit à ZwoUc dans la province d'Over-
Yssel, le 7 février 1755, d'une famille pa-
tricienne qui comptait puniii ses ancêtres
FEÏ «7
4 maoistrat» cl des écrivains distingnés.
!'. s l'àgc le plus tondre il montra d'heu-
uses dispositions pour lu |M)csic, »'tu-
uia le droit, et fut reçu docteur dans
celte facilité en 1770 à Tunivcrsilé de
Leyde. De retour à Zwollc, il en devint
bburguemestre ; et peu do temps après
receveur du collège de ramiraulédans la
même ville. Iji culture de la poésie rem-
plissait les momens de loisir que lui lais-
saient ses fonctions, et il enrichissait aussi
la littérature hollandaise de plusieurs
«nivroges en prose; ses nombreuses pro-
ductions annoncent un Imui poète et un
éléganl prosateur ; nous nous bornerons
à citer les suivantes : | le Bonheur de la
poix , 1779, poème qui a remporté le pre-
mier prix d'un concours ouvert par la
société poétique de Leyde ; | Eloge de
l'amiral Ruyter ; ce sujet était encore
celui d'un prix proposé par la même so-
ciété. Cette pièce qui était en vers obtint
le premier prix ; l'auteur avait envoyé
au concours un éloi/e en prose qui obtint
lo deuxième prix. | Poème sur la Provi-
dence; j Poème sur l'humanité; \ Poème
de Charles y à son fils Philippe II en lui
remettant le gouvernement des Pays-Bas ;
I Traité sur la force de Ut preuve de la vé-
rité.de la divinité de la doctrine de l'évan-
gile, déduite des miracles opérés par J.-C.
et par ses apôtres ; j La vertu et les mœurs
peuvent-elles chez des peuples oii la civi-
lisation a fait de grands progrès , trouver
wi appui suffisant et une garantie durable
dans les meilleures constitutions humai-
nes de législation , d'économie politique,
et d'éducation, sans avoir besoin de l'in-
fluence des idées religieuses 'i et qu'est-ce
que l'expérience nous apprend à cet
égard 1 L'auteur, après la discussion la
plus lumineuse, répond négativement à
cette question. Cet ouvrage, et ceux qui le
précc«lent, obtinrent le premier prix au
concours où ils furent envoyés. | Odes et
poésies. 5 vol. ; elles ont mérité à. leur
auteur la réputation de premier pf»èle de
la Hollande ; | Lettres sur différens sujets
de littérature. G vol. in-8"; \ Ferdinand et
Constantin . roman sentimental qui eut un
^rand succès en Hollande, 178;j,2 vol.
fn-b"; I Lettres en vers à Sophie. 180'J.
Feith se propose de prouver dans ces let-
tres que la philosophie de Kant n'est pas
compatible avec l'évangile. Elles ont été
•évèrcmcnt critiquées par le professcm-
Kinkrr frran.l partisan de Kant , dans un
écr I r lires de Sophie à Feith ;
\V^ , diverses, 1809 ; | le Tom-
FEL
beau, poème didactique, 1783. Çt
a été traduit en français i)ar A. Clava-
reau, Bruxelles, \mi , in - 18. | Quatre
tragédies. Feith est mort à la Un de 182&,
à l'àpe de 71 ans.
FELlRli:i\ ( A:«DRé ) , sieur des A vaux
et de Javercy, né à Chartres en 1G19,
suivit à Rome l'ambassadeur do France
en qualité de secrétaire. Il eut occasion
de voir Le Poussin dans cette pairie des
beaux-arts. Il lia amitié avec lui, et per-
fectionna sous cet artiste son (toùI pour
la peinture , la sculpture et l'architecture.
Foucquet, etC^ilbert après lui, employè-
rent ses talens. Il eut la place d'historio-
graphe des bàlimens du roi en 16G6, el
celle de garde des antiques en 1673. Deux
ans auparavant il avait été nommé secré-
taire de l'académie d'architecture. Sa pro-
bité, aussi connue que son savoir, le lit
estimer el aimer de ce qu'il y avait alors
de plus habiles et de plus honnêtes gens
en France. Les uns cl les autres le pleurè-
rent, lorsqu'il mourut en 1695, à 76 ans.
C'était un homme grave et sérieux. Sa
conversation ne laissait pas d'être fort
agréable, et même enjouée, suivant les
oecasions.il avait l'esprit juste cl le cœur
droit, el était plutôt ami de la vertu qu'es-
clave de la fortune. Il était membre de
l'académie des belles-lettres. Il lui a fait
honneur par plusieurs ouvrages élégans,
profonds, et qui respirenl le goût. Vol-
taire lui a reproché avec raison de dire
trop peu de chose en trop de paroles, et
de manquer de méthode. Ces défauts se
font sentir dans tous ses livres. Les prin-
cipaux sont : I Entretiens sur les vies et
les ouvrages des plus excellens peintres ,
2 voL in-i", Paris, 1685, réiinpriin»;s à
Amsterdam en 5 vol. iii-12; à Trévoux
en 6, et traduits en anglais ; | Traité de
l'origine de la peinture . in-4"; | Les Prin-
cipes de l'architecture .peinture et sculjh-
ture . Paris, 1690, in-Zt". On voit que
Félibien avait inédite sur tous ces arts ;
cet ouvrage, rempli de réflexions pro-
fondes et judicieuses sur la théorie et la
pratiqm;, aida les artistes et éclaira les
savans. | Les Conférences de l'académie
royale de peinture, in -A."; | Les quatre
élcnirns peints jxir Le Brun . et mis en
tapisseries, décrits par Félibien, '\n-k°\
I Description de la Trappe, in- 12; | Tra-
duction du Château île l'âme . de sainte
Tliérèsc , de la f^ie du pape Pie V , de
la Disgrâce du comte d'Olivarès , 1658,
in-8"; j le Tal>leau de la famille île Da-
rius, décrit par le même, iu-/»"; | Le& di-
FEL
verlissemens de Versailles j dormes par
le roi à toute sa cour, in-12 ; | Description
sommaire de Versailles , avec un plan
^raf« par Sébastien Le Clerc, in-12; 1694;
I Description de la grotte de Versailles,
1672, Paris, in-i° ; | Description de la cha-
pelle du château de Versailles, ib., 1711 ,
in-12 ; plusieurs biogfraphes ont attribué à
tort ces trois derniers ouvrages à son fils.
I Vie du père Louis de Grenade; \ Para-
phrase des lamentations de Jérémie,
1646. Félibicn fut un des huit savans qui
formèrent l'académie des inscriptions,
fondée par Colbert en 1663. Ce fut lui qui
composa toutes les inscriptions placées
dans la cour de l'Hôtel de Ville de Paris,
depuis 1660 jusqu'en 1686. Il laissa trois
fils : Nicolas- André, mort doyen de l'é-
glise de Bourges en 1711 , et les deux sui-
vans.
FÉLIBIEIN ( Jean-François ) , fils du
précédent, mort le 23 juin 1753, à l'âge
de 75 ans , succéda à son père dans toutes
ses places , et eut comme lui le goût des
beaux-arts. On lui doit -.{Recueil historique
de la vie et des ouvrages des plus célè-
bres architectes, Paris , 1687 , in-4*' : ou-
vrage réimprimé plusieurs fois à Paris et
dans les pays étrangers , avec les Entre-
tiens de son père sur les peintres ^ dont
il est le piaridant. On conservait dans les
archives de l'académie des inscriptions ,
deux manuscrits de Félibien ; | une Des-
cription historique de l'ancien Louvre , et
une autre de quelques monumens anciens
de la ville de Farts. | La Description de
t église des Invalides ^ 1706 , in-folio , ré-
imprimée en 1756.
FÉLÏBIEIV ( don Michel ) frère du pré-
cédent , bénédictin de la congrégation de
St.-Maur, né à Chartres le 14 septembre
1666, soutint avec honneur la réputation
qiie son père et son frère s'étaient ac-
quise. Les échevins de Paris, informés
de son mérite , le choisirent pour écrire
l'histoire de cette ville; il l'avait beau-
coup avancée, lorsqu'il mourut en 1719.
Elle fut continuée et publiée par don Lo-
bineau, en 5 vol. in-fol. , à Paris, 1725.
On a encore de don Félibien, l'Histoire de
V abbaye de St.- Denis, 1 vol. in-folio,
ornée de ligures, pleine d'érudition, de
recherches , et enrichie de savantes dis-
sertations. Elle parut à Paris en 1706. Le
Père Félibien était un homme d'un juge-
ment sûr et d'un esprit facile ; mais sa
faible santé fut un grand obstacle à ses
études.
FÉLIBIEN ( Jacques ) , frère d'André,
58 FEL
chanoine et archidiacre de Chartres, où
il était né en 1656, a composé : | des In-
structions morales, en forme de caté-
chisme , sur les Commandemens de Dieu
et sur le Symbole , tirées de l'Ecriture
sainte; | Pentaleuchus historicus , Paris,
1703, in-4''. Ce livre a été supprimé par
un arrêt du conseil ; dans plusieurs exem-
plaires, les cartons retranchés se trou-
vent à la fin du volume. Il mourut le 25
novembre 1716 , à 82 ans.
* FÈLICE (Forrtuné-Bartiiélemi de),
né à Rome le 24 août 1723, d'une famille
originairement napolitaine , fit de bonnes
études chez les jésuites , et professa avec
beaucoup de succès à Rome et à Naples.
Ayant enlevé dans un couvent une femme
de condilion , il fut obligé de fuir , et il
se retira , après avoir parcouru différens
pays, à Berne, où il embrassa la religion
protestante , et se lia intimement avec le
célèbre Haller et Tscharner. Il vint en-
suite établir une imprimerie à Yverdun,
et publia avec ce dernier VEstralo délia
letteratura europea , journal qu'il conti-
nua pendant 9 ans , et qui se fait remar-
quer par une saine critique et une éru-
dition variée. Il a donné en outre un très
grand nombre d'ouvrages ; les principaux
sont : I De Newtoniana altractione , unica
cohœrenliœ naturalis causa j adversàs
Clar. Hambergerum, Berne , 1757 , in-4°;
I Discours sur la manière de former l'es^
prit et le cœur des enfans , Yverdun ,
1765 , in-8'^ ; | Principes du droit de la na-
ture et des gens, d'après Burlamaqui,
Yverdun, 8 vol. m-8°. ( Votjez BURLAMA-
QUI). Il en donna un abrégé sous le tilrt;
de Leçons de droit de la nature et des
gens, 1769, 4 vol. in-8'*. | U Encyclopédie .
ou Dictiomiaire universel raisonné des
connaissances humaines , Y m eidan, 1770-
80, 42 vol. in-4° , 6 vol. de supplément , el
4 vol. de planches , d'après l'édition de
Paris, mais qu'il crut pouvoir refondre,
améliorer, enrichir. Tous les articles si-
gnés D. F. , et toutes les additions placées
entre deux astérisques , sont de lui. Il cui
pour collaborateurs Euler , Deleuze , Ts-
charner , Lalande , Dupuis , Lieutaud,
Haller , Formey , etc. | Code de l'huma-
nité, ou la Législation universelle , 7ia
turelle , civile et politique , Yverdun , 1778,
13 vol. in -4". Cet ouvrage est tiré eu
partis de son Encyclopédie , mais il y u
joint des dévcloppemens nombreux. | Ta-
bleau jihilosophique de la religion chré-
tienne, 1779,4 vol. in-12; | Tableau rai-
sonné de l'histoire littéraire d\i. 18* siècle ^
FEL
K9
PEL
Y-«r4ian,l77IK83. in-S"; | EUmtnêdela
dun état, 1781 . 2 vol. in-lS. Fclicc
i.orl le 7 février 1789. à Yverdun.
• 1 ELICI ( lo Père Louis ) , jt-suile ,
naquit à Ischia vers 1740. enlra jeune
dans la conipaj^iiie de Jésus, y lit pro-
fession on 177.') . et se distingua par toutes
les vertus thclienncs. Entre autres bon-
nes œuvres, on lui doit U fondation de
deux etablisscmens qui rendent encore
-" ■-;H)rtans services à la religion et aux
i <. Le premier est la Congrégatioti de
lirons et d'agriculteurs, dans l'église
d<3 Saint- Vital, attachée au noviciat de
Saint-Andn*. Cette pieuse institution, que
le Père Félici fonda lorsqu'il était encore
novice, servit à inspirer à des gens gros-
siers des sentiniens religieux , des mœurs
plus pures ; mit tin aux rixes fréquentes
que le moindre différend occasionait, et
' >rta à s'aimer et à se secourir mutuel-
ut. Se trouvant à Rome, le Père
' _.ci fonda encore l'associatioYi connue
sous le nom à' Union des Prêtres de Saint-
Paul. Elle »e forma , en 1790 , dans l'hôpi-
tal de U Consolation, où d'anciens jésuites
el des prêtres séculiers se réunissaient
pour assister les malades. Il fut secondé
dan» cette édifiante entreprise par MM.
Vincent Henri, Joseph Manrisi, Pierre
Cairallo, François Buffa, l'abbé So7.zi ,
Oaëtan Zucchi , et par les PP. Bordoni ,
Paradis! et Salvatori , jésuites. Le prélat
Médicis fut lo bienfaiteur de cette société,
qui obtint la protection du vertueux car-
dinal Colon na. Le nombre des associés
augmentant de jour en jour , ils se ras-
semblaient dans l'église de la Sapience ,
d'où ils se transportèrent à l'Oratoire de
Saint-Paul, dans l'église de Saint-Stanis-
las des Polonais. Les personnes les plus
distinguées du clergé régulier et séculier,
des prélats et des cardinaux, assistent
sonvent à cette société et y tiennent tous
iM quinze jours leurs conférences. On a
dWisé l'association en huit branches , cha-
ame soumise à un régulateur particulier,
I 1« charitable but est de distribuer
''Ccours spirit«els aux malades des
'-"- ■ -' f-=-'- \f catéchisme, de
les dimanches aux
> nations; de propa-
t^ar par tout lu ntonde la dévotion tuix
de Jésus et de Marie ; d'instruire
troapw, les détenus, les forçats et
s ganliew; de réunir tous les jours
oies le» Jtfones artisans , les écoliers,
:>*iTe de famille , les marchands el ar
^ : de visiter les pauvresnudades dans
les maisons de Rome , et leur porter des
secours spirituels et temporels, d'in-
struire Ifsconvalescens dans l'hospice du
Père Ange; de visiter fréquemment le»
fous de 1 hôpital de la Lougara. Krifin ,
deux autres branches se sont réunies aux
huit premières, dont l'une s'attache à
l'instruction spirituelle des jeunes étu-
dians de l'archigynmase romain , et l'axi-
tre à celle des élèves des beaux- arts. Le
bien qu'a fait celte association est incal'
culable ; ce bien est dû au Père Félici, et
à ses zélés protecteurs. « Cela prouve , dit
l'auteur des « Mémoires ecclésiastiques
» ( M. Pie ) , combien ce clergé ( le clergé
» romain ) mérite le rang qu'il occupe
» dans les églises de la chrétienté. Il était
p digne de la capitale du monde calholi-
> que d'offrir, dans cette association , un
» modèle aux prêtres et aux fidèles des
» autres contrées. » Lors du rétablissement
de la compagnie de Jésus , le Père Félici,
quoique très âgé el devenu aveugle, vou-
lut oe réunir à ses confrères. C'est dans
leurs bras qu'il est mort , le 29 novembre
1819, à 81 ans. C>e pieux jésuite, avant
même qu'il eût fondé VUnion des prêtres
de Saint-Paul , était révéré à Rome, où
il avait entrée chez les principaux digni-
taires de l'Eglise. Il était le conciliateur,
l'ange de paix dans les familles , le bien-
faiteur des pauvres ; il était enfin chéri
de tontes les classes, comme possédant
toutes les vertus.
FÉLICIAIM ( PoarBYBK), évêque de
Foligno, nx)rt en 1632, à 70 ans, avait été
secrétaire du pape Paul V. n écrivait avec
beaucoup de netteté en latin et en italien.
Il n'eut point de supérieur en son temps
pour la poésie italienne. On a de lui des
lettres et des poésies.
FÉLICISSIME , diacre de Carthaçe, se
sépara de saint Cyprien avec les chré-
tiens tombés dans la persécution, vers l'an
231. U voulait qu'on les reçût à la com-
munion sur une simple recommandation
des martyrs, et sans qu'ils eussent fait pé-
nitence. Il se joignit à Novat et à quel-
ques autres prêtres. Saint Cyprien les ex-
comniunia.
FÉLICITÉ ( sainte ) , dame romaine ,
souffrit le martyre avec ses sept fils, sous
Marc-Aurèle , vers l'an 16&. Les enfans,
encouragés par leur illustre mère, suppor-
tèrent les tournieas avec une constance
admirable. L'ainé fut flagellé jusqu'à la
mort , avec des fouets garnis de plomb ;
les deux suivans furent assommés à coups
de b&lon. et les autres décuUés avec leur
FEL
60
FEL
mère , ^ui fut martyrisée la dernière.
^f'oyez PEIU'ÉTUK.
♦ FÉLIXSKI (Aloise), un des poètes
les plus distingués de la Pologne, membre
de la société des amis des sciences de
Varsovie , de l'université de Wilna , na-
quit àOssow, dans le district de Luck en
Wolhynie , en i773. Il se trouvait à Var-
sovie à l'époque de la diète constitution-
nelle , et il composa alors son ouvrage
Senatus-consullcs sous le règne de Jean
Sobieski, suivi de plusieurs questions de
droit ; à la même époque il fit paraître
divers écrits politiques tendant à corriger
la forme du gouvernement delà Pologne.
Félinski adressa à plusieurs personnes dis-
tinguées, entre autres à Kosciuszko, quel-
{[ues-unes de ses poésies qui le firent con-
naitre avantageusement. Devenu en 1791
précepteur du neveu de Czacki, il fut
ensuite nommé secrétaire des correspon-
dances de France auprès du généralissime
Kosciuszko. Il occupa ensuite , après un
voyage fait en Allemagne dans les armées
1808 et 1809, la chaire d'éloquence et de
poésie au lycée de Krzemieniec , et fut
nommé bientôt après directeur de cet
établissement. Il avait entrepris de se
constituer le réformateur de l'orthogra-
phe et même de la langue polonaise ; son
système eut des partisans et des ennemis ;
le savant Jean Suiadecki , qui se rangea
parmi ses adversaires, fut wn de ceux qui
contribuèrent le plus à faire échouer son
projet de réforme. Félinski est mort le 12
février 1822 à Krzemieniec. Il est auteur
d'une excellente tragédie intitulée Barbe
Radziwill ^ qui a été traduite en prose
française dans les chefs-d'œuvre des théâ-
tres étrangers; il a traduit aussi du fran-
çais le poème de Y Homme des champs de
Delille^ et quelques tragédies. Ses OEur-
vres ont été publiées en 1825 , par le comte
Gustave Olizar son ancien élève. Une pre-
mière édition avait déjà paru de 1816 à
1821, Varsovie , 2 vol. in-8°.
FELIPIQUE BARDANES. Voyez PHI-
LIPPICUS.
FÉLIX, proconsul et gouverneur de
Judée, frère dePallas affranchi de Claude ,
passa en Judée vers l'an 53 de J.-C. Dru-
sille, fille du vieil Agrippa, gagnée par ses
caresses , l'épousa quelque temps après.
Ce fut devant lui que saint Paul compa-
rut. Néron le rappela de la Judée , qu'il
pillait et tyrannisait de la manière la plus
odieuse ; ce qui n'empêcha pas TertuUus
qui pérorait contre saint Paul, de le flatter
d'june manière lâche et indigne, pour l'en-
gager à condamner ce grand apôtre, dont
l'éloquence frappa tellement le gouvef»-
neur romain , qu'effrayé des grandes vé-
rités du christianisme, il rompit brusque-
ment la conférence. Act. 24.
FELIX I" ( saint ) , pape, successeur
de saint Denys en 2G9, mourut martyr l'an
27/i.. Sous son pontificat la paix de l'Eglise
fut troublée par l'hérésie de Paul de Samo
sate , et persécutée par l'empereur Auré-
lien. Il nous reste de ce pontife un frag-
ment de la lettre qu'il écrivit à Maxime
d'Alexandrie, contre Sabellius et Paul de
Samosate. Elle fut lue dans les conciles
de Chalcédoine et d'Ephèse ; et ce frag-
ment est dans les actes du concile de Chal-
cédoine. On lui en attribue trois autres ,
visiblement supposées.
FÉLIX II, archidiacre de l'église ro-
maine, placé sur le siège pontifical en 355,
par l'empereur Constance, pendant l'exil
du pape Libère, en fut chassé après le re-
tour du véritable pontife. Constance au-
rait voulu que Libère et Félix gouver-
nassent tous deux l'église de Rome, et que
chacun fût à la tête de son parti; mais le
peuple ayant entendu cet ordre de l'em-
pereur, qu'il fit lire dans le cirque , s'é-
cria tout d'une voix: « Il n'y a qu'un Dieu,
» qu'un Christ, qu'un évêque... » Félix,
obligé de se retirer, mourut dans une de
ses terres le 22 novembre 365. Le Marty-
rologe d'Usuard et celui de Rome lui don-
nent le titre de martyr : mais le Père Pa-
pebroch prouve que c'est sans preuve ,
dans une dissertation insérée dans le
Propylœum ad Jeta sanctorum^ p. 56.
Il le dit cependant digne du culte qu'on
lui rend comme saint. Singularis ipsius,
dit-il, ad obitum usque per annos plus-
quam, octo modestia j, qua sese continua
in humili recessu^ oblatis recuperandce
sedis occasionibus numquam usus .. post-
quam id sine fidei cathoUcœ periculc
fieri non posse cognovit ^ omnem a grata
posteritate venerationemcommeruit. Plu-
sieurs critiques le placent dans le catar-
logue des papes ; mais il paraît qu'on doit
le regarder plutôt comme évèque-vicaire
du pape Libère, qui, selon quelques-uns ,
avait consenti qu'on le mit à sa place , et
qu'il eût droit de lui succéder, s'il venait
à mourir pendant son exil ; par-là on ex-
cuse le clergé de Rome d'avoir adhéré à
son ordination et de l'avoir regardé pour
pape , surtout après qu'on eut armoncé à
Rome la chute apparente dans la foi du
pape Libère. Le tombeau de Félix, trouvé
sous le pontificat de Grégoire XIII l'an
F EL 6J
lî)82 . nvoc irnc inscription lionorablo ,
• le scnliincnt des critiques favo-
sa niomoiro.
t fcl IX III, rtmiain, bisaVetiI de Gré-
ire le Grand, fut ilu iwipc après Siin-
j ;u ius on !^S^. Il connuonça par rejetirr
ledit dunion . public par lemiKreur Ze-
non , cl anathematisa ceux qui le rece-
vaient. Aracede Conslanlinoplc troublait
alors l'Eglise ; il tâcha de le ramener par
des lettres i»leines de douceur ; mais ap-
prenant qti'il ne cessait de communiquer
avec Pierre Mongiis, hérétique anathéma-
tisé , il prononça contre lui une sentence
de déjwsilion et d'excommunication. Cette
sentence fut attachée au manteau d'Acace
par des moines acémèles, auxquels cette
hardiesse coula la vie. Félix assembla un
concile à Route en 487, pour la réconci-
liation de ceux qui s'étaient laissé rebap-
tiser en Afrique pendant la persécution.
Il mourut saintement en /i92. C'est le pre-
mier pape qui ait employé l'Indiclioii
dans ses lettres. Athalaric, roi des Goths ,
quoique arien, resi)ecta ses vertus et son
lièle pastoral. Félix en obtint plusieurs
grâces et actes de justice. Ce fut en sa con-
sidération que ce prince donna un édit
solennel en faveur des libertés et privi-
lèges de l'Eglise, et prit des mesures pour
faire respecter le sacerdoce chrétien.
FELIX IV, natif de Bénévent , monta
sur la chaire de saint Pierre, après le pape
Jean 1" , le 24 juillet 526, par la faveur de
Théodoric.Il gouverna l'Eglise avec beau-
coup de 7.èle , de doctrine et de piété , et
nK>urut au commencement d'octobre 550,
«nivant Anastase.
FÉLIX V. royez AMÉDÉE VIIL
FÉLIX ( saint ), prêtre de Noie en Cam-
panie, eut beaucoup à souffrir pour la foi
sous Dèce et Valérien. La paix ayant été
rendue à l'Eglise, Félix reparut, et con-
tinua à s'acquitter des fonctions du saint
ministère. Après la mort de Maxime, évê-
que de Noie, on voulut le mettre à la tète
de cette église; mais son humilité s'y op-
posa. Il passa le reste de ses jours en paix,
dans une terre qu'il labourait lui-même.
Il y mourut vers l'an 256. Les miracles
qui se sont opérés à son tombeau sont at-
testés par saint Paulin , saint Augustin ,
Sulpice-Sévère, et le pape Damase. Quel-
ques-uns de ces illustres et saints écrivains
ont été témoins oculaires des faits qu'ils
rapportent. Saint Paulin atteste qu'il a vu
de ses yeux un énergumène , marcher la
léle en bas contre la voûte d'une église ,
sans que ses habits fussent dérangés, Ic-
FEL
tiuel fui délivré par les reliques de saïnt
Félix de Noie. « Ces sortes do faits, dit un
» auteur moderne, sont traités de contes
» par les beaux esprits du jour : mais ils
» sont rapiM)rtés par des hommes do touto
» probité, et rojotés par des gens qui n'en
» ont pas assez, pour être crus, lors même
•> qu'ils disent des choses très ordinaires. ■
Félix a toujours été honoré à Noie, comme
im saint. Son culte passa de l'Italie en
Afrijjue.
FÉLIX (saint), succéda à saint Briton
dans le gouvernement de l'église de Trêves
en 385. Son épiscopat fut agité de violens
orages. Les évêques assemblés à l'occasion
de son sacre , conununiquaient tous les
jours avec Ilhace et ses adhérens, qui sol-
licitaient la mort de l'hérétique Priscil-
lien et de ceux de son parti. Saint Martin,
que des affaires avaient appelé vers le
même temps à Trêves, communiqua avec
les mêmes évêques en assistant à l'ordi-
nation de Félix; faiblesse qu'il se reprocha
toute sa vie. Saint Ambroise plus ferme
que lui, refusa constamment de commu-
niquer avec Félix et les autres évêques
qui avaient eu part à son ordination. Peu
de temps après les évêques des Gaules
s'assemblèrent en concile à Turin, où
après lecture faite des lettres écrites à ce
sujet par saint Ambroise et le pape saint
Sirice, il fut résolu qu'on n'accorderait la
communion qu'à ceux qui se retireraient
de celle de Félix : celui-ci ne voulant
point être cause d'un schisme dans l'E-
glise , se démit de l'épiscopat , et se re-
tira auprès de l'église de la Sainte-Vierge
( aujourd'hui Saint-Paulin ) à Trêves, qu'il
avait fait réparer ou construire ; il y passa
le reste de ses jours , éloigné de tout com-
merce avec le monde , et dans l'exercice
des plus sublimes vertus.
FELIX, évêque d'Urgel, ami d'Elipand,
évêque de Tolède, soutenait comme lui
que Jésus-Christ est fils adoptif. Cette er-
reur fut condamnée au concile de Nar-
bonne l'an 791, de Frioul la même année,
de Ratisbonne en 792. Il fut envoyé en-
suite à Rome, où il abjura son erreur;
mais il continua à la répandre après son
retour à Urgel. Alcuin et Paulin d'Aquilée
la réfutèrent victorieusement. Il fut de
nouveau condamné à Francfort , en 794 ,
à Rome en 799, et la même année à Aix-
la-Chapelle. C'est dans cette dernière as-
semblée qu'il fut dépossédé de l'épiscopat
à cause de ses rechutes , et ensuite relé-
gué à Lyon par Charlemagne , dont le
jugement en cette affaire ne fut que l'ex-
6
FEL
62
FEIV
pression de l'entière adhésion de ce prince
aux décisions de l'Eglise, comme l'a prou-
vé M. Bossuet {Polit, de l'Ecrit. Uv. 7,
art. 4, prop. H ). Félix écrivit du lieu de
son exil à son peuple d'Urgel une lettre
qui contenait l'abjuration de son erreur ;
on doute qu'elle fût plus sincère que les
autres. « Félix d'Urgel passa sa vie , dit
» l'abbé Bergier , dans une alternative
B continuelle d'abjurations et de rechutes,
» et la termina dans l'hérésie. » Il mourut
vers l'an 818.
* FÉLIX DE TASSY ( Cuarles-Fraiv-
çois ), un des plus habiles et des plus sa-
vans chirurgiens du 47* siècle , exerça
d'abord son art dans les hôpitaux civils et
militaires ; puis il succéda en 1676 à son
père dans la charge de premier chirur-
gien du roi. Vers cette époque Louis XIV
fut atteint d'une maladie qui porta long-
temps le nom de maladie du roi ( la fis-
tule à l'anus ) ; la France fut vivement in-
quiète; la chirurgie n'était point assez
avancée pour traiter ce mal , et l'on igno-
rait généralement le procédé que, 16 siè-
cles auparavant , Celse avait employé et
décrit. Félix fit cette opération avec le
plus heureux succès , et il fut le premier
chirurgien moderne qui l'ail tentée. La
reconnaissance publique et l'amitié de
son souverain le payèrent amplement du
bienfait que son talent avait produit;
mais une mort prématurée l'enleva jeime
encore le 25 mai 1703.
FELL. f^oyesr FOX ( Georces )
FELL ( Jean), né en 1623 à Longworth,
évêque d'Oxford en 1673 , mort en 1686,
à 61 ans , fut sincèrement attaché à la fa-
mille royale de Stuart. Persécuté par les
parlementaires , il se renferma dans son
cabinet, et y acquit des connaissances très
étendues. Dans le temps de la révolution,
en 1660, il reparut, et fut récompensé
de son zèle pour son roi, par des bénéfices
et enfin par l'évèché d'Oxford. On a de lui
le I" vol. des Rerumanglicarum Scripto-
res ^ Oxford , 1684 , in-fol. : la mort l'em-
pêcha de continuer cette savante et utile
collection. Il avait donné, avec Péarson,
une très belle édition de Saint-Cyprien ,
Oxford, 1682, in-fol. avec des remarques
savantes , et une édition des œuvres de
saint Théophile d'Antioche, Oxford, 1684.
Son nouveau Testament grec avec les va^
riantes^ imprimé dans la même ville,
in-12, 1675, est estimé. On a encore de lui
yie du docteur Henri Hammond ^ Lon-
dres, 1661, in-S", en anglais, souvent réim-
primée entête de la vie de cet auteur;
Alcinoi in platonicam philosophiatn tn^
troductio, Oxford, 1667, in-8° ; une traduc-
tion latine des Antiquités de l'université
d'Oxford de Wood , 1674 , 2 vol. in-folio.
FELLER ( Joacbim-Frédéric) , né à
Leipsick , en 1673 , fut secrétaire du duc
de Veymar. Il passa la plus grande partie
de sa vie à voyager, pour visiter les sa-
vans et les bibliothèques, se maria en 1708,
et mourut en 1726. On a de lui : | Monu-
menta inedita ^ par forme de journal , en
12 parties, léna, 1714, in-4°; | Miscellanea
Leibnitiana , Leipsick , 1718 , in-8''; | Gé-
néalogie de la maison de Brunswick j en
allemand, 1717, in-8°.
FELLER ( François-Xavier de), roy,
la Notice sur sa vie et ses ouvrages au
commencement du premier volume.
FELLON (Tbom as-Bernard) , jésuite ,
né à Avignon le 12 juillet 1672 , mort le
23 mars 1739, avait du talent pour la poé-
sie latine. On connaît ses poèmes intitu-
lés : Faba Arabica; Magnes. On a encore
de lui : | Oraisons funèbres de M. le duc
de Bourgogne et de Louis XIV ; \ Para-
phrase des Psaumes^ 1731, in-12. [ On lui
a attribué par erreur un abrégé du Traité
de l'amour de Dieu j par saint François
de Sales ; cet ouvrage est de l'abbé Tri-
callet.
FELTOIV ( Jean) , gentilhomme anglais,
très zélé pour la religion catholique, affi-
cha publiquement aux portes de la maison
épiscopale de Londres la bulle de Pie V,
par laquelle ce pontife déclarait hérétique
la reine Elizabeth , qui s'était déclarée
chef de l'Eglise et avait aboli le culte
catholique. Felton fut condamné à être
pendu , et il le fut en 1570. On le détachgi
de la potence , pendant qu'il était encore
en vie ; puis on lui coupa les parties na-
turelles, qui furent jetées dans le feu;
ensuite on lui fendit l'estomac, pour lui
arracher les entrailles et le cœur , et après
lui avoir coupé la tête , on mit son corpf
en quatre quartiers. Telle fut à l'égard de
ce courageux défenseur de l'ancienne re-
ligion, la vengeance d'une princesse que
la philosophie du jour a tant exaltée. Son
fils , Thomas Felton , religieux de Saint-
François de Paule, périt également par le
dernier supplice avec un autre prêtre , le
28 août 1388.
FELTRE. Voyez CLARKE, duc de
Feltre.
* FE!\EL ( Jean-Baptiste-Pascal ) »
chanoine de Sens et prieur de Notre-Dame
d'Androsy , né à Paris en 1695 , était fila
d'un avocat distingué qui se chargea de
FE!V
63
FEN
^,p ...>.,., .i;.>f. Le colcbr* Ménage, qui
lia ne iiuitMjn que son père,
<l,„i (lui, et qui irouvail dans
cel cufant des ilispusilion» remarquables ,
tourna toutes se» idées vers la critique
Ultêrairc. Fciul, à treize ans, aurait pu
passer p*Hir un ermlil , et cependant il
n'avait jamais fréquenté d'école publique.
Cette habitude d'étudier seul , qui avait
d'iàbord favorisé ses progrès, l'enipèclia
d'en faire de plus grands dans lu suite ,
parce que , libre de suivre ses goûts et de
s'abandonner aux écarts de son imagina-
tion, il devait manquer de méthode dans
«on travail et de constance dans l'exécu-
tion de se» projets, l'n prix qu'il rem-
porta en 17i3 à l'académie des inscrip-
tions , commença à le faire connaître
d'une manière avantageuse. L'année sui-
vante il y remplaça l'abbé Gédoyn, et il y
fit de fréquentes lectures. La considéra-
tion dont Feuel jouissait parmi ses con-
frères ne put adoucir la rudesse de son
caractère , ni diminuer son goût pour la
solitude. Falconet parvint seul à lui in-
spirer un peu de confiance. Des maladies
graves, suites de son genre de vie , ajou-
tèrent encore à sa mélancolie habituelle.
Il mangeait presque continuellement sans
pouvoir se rassasier. Sa situation ne l'a-
larma point, et comme il avait des con-
naissances en médecine, il résolut de se
soigner lui-même. Mais il mourut enlin
presque subitement le 19 décembre 1755.
Son éloge, prononcé par Bougainville , a
été imprimé dans le tome XXV des Mé-
moires de l'Jcailémie des Inscriptions.
Ses plus imporlans écrits sont : | Recueil
de différentes expériences, essais et rai-
sonnemens sur la meilleure construction
du cabestan, par rapport aux uscujes
auxquels il s'applique dans les vaisseaux.
présenté à l'académie des sciences en 1740,
et imprimé dans le tome V du Recueil des
Prix; I Dissertation sur la conquête de
la Bourgogne par les fils de Clovis P' .
couronnée par l'aradéinie de Soissons en
1743, Paris, 17i4, in-12; | Mémoire sur
l'état des sciences en France . depuis la
mort de Philippe le Bel jusqu'à celle de
Charles V . couronné par l'académie des
inscriptions en 1744 ; | Essai pour réta-
blir un passage du troisième livre de Ci-
€énm , sur la nature des dieux ( Mémoires
de l'Jcadémie fies Inscriptions , tome
48 ) ; I Mémoire sur ce que les anciens
fmiena om .-.>... ,/.. ifj résurrection, ibid.,
tome 19 s sur la signification
duwwt L, M i a j. , tome 20 ; j /Yon
systématique de la religion êHMâOffWUi
des anciens Gaulois . ibid. , tome Ik. Ce
morceau est aussi savant que curieux.
Parmi les ouvrages que l'abbé Fenel an-
nonçait, on regrette surtout une Histoire
de la ville de Sens . et une Histoire des
manufactures chez les anciens. — FENRL
(Charles-Maurice), oncle du précédent,
doyen de l'église de Sens, mort vers 1720.
a laissé en manuscrit des Mémoires pour
servir à l'histoire des archevêques de
Sens : 3 vol. in-folio. Cet ouvrage était
conservé dans la bibliothèque de l'abb*^
Maçon. Les auteurs delà Gallia christia-
na en ont profilé pour la rédaction de
l'histoire de cette métropole.
FÉ\ÉLO\ ( Bertrand de SALIGNAC
marquis de ), a donné | \&Relation du siège
de Metzjb'^ô, in^" ; | le Voyage de Henri
II aux Pays-Bas^ 1354, in-8". |0n a ses
Négociations en Angleterre . manuscrit ,
2 vol. in-folio : elles étaient dans la biblio-
thèque du chancelier Séguier. Ce brave
militaire se signala par sa valeur et par
ses services , et mourut en loo9. Il était de
l'illustre famille qui a produit l'archevê-
que de Cambrai , dont nous allons parler.
FÉ\ÊLO-\ ( François de SALIGNAC
de la MOTHE), naquit au château de Fé-
nélon en Périgord , le 6 août 1631, d'une
maison ancienne et distinguée dans l'état
et dans l'Eglise. Des inclinations heureu-
ses, un naturel doux, joint à une grande
vivacité d'esprit , furent les présages de
ses vertus et de ses talens. Le marquis de
Fénélon son oncle, lieutenant-général des
armées du roi , homme d'une valeur peu
comnmne, d'un esprit orné et d'une piété
exemplaire, traita cet enfant comme son
propre lils, et le lit élever sous ses yeux à
Cahors. Le jeune Fénélon lit des progrès
rapides, les éludes les plus. difficiles ne
furent pour lui que des amusemens. Dès
l'ùije du 19 ans, il prêcha et enleva tous les
suffrages. Le marquis, craignant que le
bruit des applaudissemens et les caresses
du monde ne corrompissent une ànie
aussi bien née , lit prendre à son neveu
la résolution d'aller se fortilier dans la
retraite et le silence. Il le mit sous la con-
duite de l'abbé Tronson , supérieur de
Sainl-Sulpice à Paris. A 24 ans, il entra
dans les ordres sacrés, et exerçâtes fonc-
tions les plus pénibles du ministère dans
la paroisse de Saint-Sulpire. Harlay , ar-
chevêque de Pari», lui conlia, 3 ans après,
la direction des Nouvelles-Catholiques. Ce
fut dans cette place qu'il lit les premiers
casais du talent de plaire, d'instruire et
de persuader. Le roi ayant été informé
de ses succès, le nomma chef d'une mis-
sion sur les côtes de Saintonge et dans le
pays d'Aunis. Simple à la fois et profond,
joignant à des manières douces une élo-
quence forte , il eut le bonheur d'opérer
nn grand nombre de conversions. En
4689, Louis XIV lui confia l'éducation de
ses petits-fils , les ducs de Bourgogne ,
d'Anjou et de Berri. Ce choix fut telle-
ment applaudi , que l'académie d'Angers
le proposa pour sujet du prix qu'elle ad-
juge chaque année. Le duc de Bourgogne
devint , sous un tel maître , tout ce qu'il
voulut. Fénélon orna son esprit , forma
«on cœur, et y jeta les semences du bon-
heur de l'empire français. Ses services ne
restèrent point sans récompense ; il fut
nommé en lô9o à l'archevêché de Cam-
brai. En remerciant le roi , il lui repré-
senta (dit M™* de Sévigné) « qu'il ne pou-
» vait regarder comme une récompense ,
j» une grâce quil' éloignait du duc deBour-
» gogne. » Il ne l'accepta qu'à condition
qu'il donnerait seulement trois mois aux
princes, et le reste de l'année à ses diocé-
sains. Il remit en même temps son abbaye
de Saint- Valéry , et son petit prieuré ,
persuadé qu'il ne pouvait posséder aucun
bénéfice avec son archevêché. Au milieu
de la haute faveur dont il jouissait , il se
formait un orage contre lui. Né avec un
cœur tendre et une forte envie d'aimer
Dieu pour lui-même , il se lia avec M™*
Guyon,dans laquelle il ne vit qu'une âme
éprise du même goût que lui. Les idées
de spiritualité de cette femme excitèrent
le zèle des théologiens, et surtout celui de
Bossuet. Ce prélat voulut exiger que l'ar-
chevêque de Cambrai , autrefois son dis-
ciple, alors son rival, condamnât M"'
Guyon avec lui, et souscrivît à ses /«s/rwc-
iioiis Pastorales. Fénélon ne voulut sacri-
fier ni ses sentimens, ni son amie. Il la
mettait au nombre de ces mystiques qui ,
portant le mystère de la foi dans une con-
science pure, ont plus péché dans les ter-
mes que dans la chose , aussi savans dans
les voies intérieures , qu'incapables d'en
instruire les autres avec l'exactitude et
la précision que demande la théologie. Il
crut rectifier tout ce qu'on lui reprochait,
en publiant son livre de Y Explication des
Maximes des Saints^ 1C97, in-12. Le style
en était pur, vif, élégant et affectueux;
les principes étaient présentés avec art ,
et les contradictions sauvéesavec adresse.
On y voyait , dit un historien, un homme
qui craignait également d'être accusé de
FEIV
suivre Molinos, et d'abandonner sainte
Thérèse ; tantôt donnant trop à la charité,
tantôt ne donnant i>as assez à l'espérance.
Bossuet, qui vit dans le livre de Fénélon
quelques rapports avec des assertions déjà
condamnées par la proscripticwi du Quié-
tisme^ s'éleva contre cet ouvrage avec
véhémence. Les noms de Montan et de
Priscille ^ prodigués à Fénélon et à son
amie, parurent indignes de la modération
d'un évêque. « Bossuet, a dit un bel es-
» prit de ce siècle , eut raison d'une ma-
» nière révoltante ; et Fénélon mit de la
«douceur, même dans ses torts. «D'ha-
biles théologiens ont cru que dans cette
dispute, comme dans beaucoup d'autres,
il y avait des suppositions qui n'existent
pas dans la réalité ; que dans l'amour de
Dieu on supposait tantôt des abstractions,
des considérations précisives ou néga-
tives, aussi iiiutiles que fatigantes; tantôt
des motifs d'intérêt , des espérances ex-
plicites et formelles, également inconnues
au véritable amour , qui saisit et em-
brasse intimement son objet, sans tant do
raisonnement et de calcul. Quoi qu'il en
soit, un historien très instruit du fond do
cette controverse , rapporte une anecdote
qui sert beaucoup à faire connaître Fé-
nélon. « On conseilla à Fénélon de faire
» diversion, en attaquant à Borne les sen-
» timens et les livres de Bossuet, et en les
» accusant de détruire la charité pour
» établir l'espérance. Mais le pieux arche-
» vèque ne voulut pas user de récrimina-
» tion contre un frère ; et comme on l'ex-
» hortait à se tenir en garde contre les
» artifices des hommes, que l'expérience
» lui avait si bien appris à connaître, il
» fit cette belle réponse , Moriamur in
» simplicitate nostra ( mourons dans notre
» simplicité). » Cela ne l'empêclia pas de
se défendre comme il le devait, et d'écrire
beaucoup pour s'expliquer lui-même*
Mais ses livres ne purent empêcher qu'il
ne fût renvoyé dans son diocèse au mois
d'août 1697. Fénélon reçut ce coup sans
s'affliger et sans se plaindre. Son palais de
Cambrai, ses meubles, ses papiers, ses
livres avaient été consumés par le feu
dans le même temps, et il l'avait appris
avec la même tranquillité. Innocent XII
le condamna enfin en 1699 , après 9 mois
d'examen : soit que le savant et pieux pré-
lat n'eût pas assez distingué les principes
des vrais mystiques d avec ceux de Moli-
nos ; soit que dans des matières abstraites,
cachées dans l'intimité de l'âme et des
voies secrètes de Dieu, et dès lors difli-
rEN 65
HVï à Irtilcr mus obscurilr cl sans éqiii-
\\Mca, il nuit \w\nt mis celte exactitude
M («logique , cette précision d'idées el de
laui^agr, que denmndc la niiinervation du.
ta foi et de la morale ohrcliohiief votjrz
$,\}Kr inN niLACKOIX.KUSBUOCH,
Ta . .Le pape avait moins clé
•rat i\re dos .Uasimes . que de
k cluUîui cmjK)itce de ses adversaires. Il
écrivit à quelques prélats : Peccavit ex-
cestu a/noris divini : sed vos peccastis
defectu amoris proximi. Fénélon se sou-
mit sans restriction et sans réserve ; il ne
recourut pas à la distinction du fait et du
droit ; il n'allégua jias que les écrits pu-
bliés pour sa défense étaient , mal{rré les
efforts de ses adversaires, restés hors d'al-
leinte. Il lit un Mandement contre son
In're , et annonça lui-même en chaire sa
condamnation. l'our donner à son diocèse
un monument de son repentir, il lit faire,
pour l'exposilioii du Sainl-Sacnuncnt, un
Soleil porte par deux Jnges . dont l'un
foulait aux pieds divers livres hérétiques,
sur un desquels était le titre du sien, quoi-
que cette qualification n'eût été donnée à
aucune des propositions condamnées.
Après cette défaite, qui fut pour lui une
espèce de triomphe, il vécut dans son dio-
cèse en diijne archevêque, en homme de
lettres, en philosophe chrétien. 11 fut le
père de son peuple el le modèle de son
clergé. La douceur de ses mœurs, répan-
4ae dans sa conversation comme dans ses
écrits, le Cl aimer et respecter, même des
ennemis de la France. Le duc de Marlho-
rough , dans la dernière guerre de Louis
XIV, prit soin qu'on épargnât ses terres.
Il fut toujours cher au duc de Bourgogne ;
et lorsque ce prince vint en Flandre dans
le cours de la même guerre , il lui dit en
le quittant : Je sais ce que je vous dois .
pous savez ce que je vous suis. On pré-
tend qu'il aurait eu pari au gouverne-
ment , si ce prince eut vécu. Le maître ne
survécut guère à son augiisle élève, mort
en 1712; il fut enlevé à l'Eglise, aux let-
tres et à la patrie , le 7 janNier , en 1715 ,
à 63 ans, cl (ut gcneralumenl pleuré, sur-
tout par Clément XI , qui lui destinait un
chapeau de cardinal. Plusieurs écrits de
philosophie , de théologie , de belles-let-
ties, sortis de sa plume , lui ont fait un
«o«n immortel. On y voit un homme
nourri de la fleur de la littérature an-
I et moderne, et animé par une ima-
vive , douce et riante. Son style
Ml coulant , gracieux , harmonieux ; les
td ungoùidulicAl voudraient quil
FEN
fût plus rapide, plus serré, plus fort,
plus fin , plus pense , jjlus travaillé ; mais
il n'est pas donné à l'homme dVtrc par-
fait. Ses principaux ouvrages sont : | Le»
.-aventures de Teléinaque . composées ,
selon les uns, à la cour ; el fruit, selon
d'autres, de sa retraite dans son diocèse.
Un valet-de-chambre , à qui Fénélon don-
nait à transcrire cet ouvrage singulier ,
qui tient à la fois du roman et du poème
épique, en prit une copie pour lui-même.
11 n'en lil imprimer d'abord qu'une petite
partie, et il n'y en avait encore que 208
pages sorties de dessous presse, lorsque
Louis XIV , injustement prévenu contre
l'auteur, et qui croyait voir dans le livre
une satire continuelle de son gouverne-
ment , fit arrêter l'impression de ce chef-
d'œuvre ; et il n'a pas été permis d'y tra-
vailler en France , tant que ce prince a
vécu. Après la mort du duc de Bourgo-
gne , le monarque brûla tous les manus-
crits que son petit-lils avait conservés de
son précepteur. Fénélon passa toujours ,
à ses yeux pour un bel-esprit chiméri-
que et pour un sujet ingrat. Son Téléma-
que acheva de le perdre à la cour de
France ; mais ce livre n'en fut que plus
répandu dans l'Europe. Les malins cher-
chèrent des allusions , et firent des appli-
cations. Ils crurent voir M"^ de Montes-
pan dans Calypso^ M"' de Fontanges dans
Eucharis , la duchesse de Bourgogne dans
Antiope , Louvois dans Protésilas, le roi
Jacques dans Idomé née ^ Louis XIV dans
Sésoslns. Les gens de goût , sans s'arrêter
à ces allusions , admirèrent dans ce ro-
man moral toute la portipe d'Homère,
jointe à l'élégance de Virgile , tous les
agrémens de la fable réunis à toute la
force de la vérité. Ils pensèrent que les
princes qui les méditeraient, appren-
draient à être hommes , à faire des heu-
reux et à l'être, o C'est la sagesse elle-
» même, dit un philosophe moderne, qui
» y donne des leçons aux rois et aux peu-
» pies , non avec celte morgue , cet ap-
» prêt ridicule , ce verbe suffisant et or-
» gueilleux , si fort en usage aujourd'hui,
> mais avec un ton simple et modeste ,
o accompagné du charme de la vérité :
» elle enseigne aux rois les moyens de
» faire fleurir leurs empires , de soutenir
» l'éclat du trône, d'augmenter leur gloire,
» saiis les tromper ni les éblouir par des
» projets chimériques , par des systèmes
» destructeurs , par des éconouiies iinâQt-
» naires : elle leur montre la source de
0 l'abondance et du bonheur public, daM»
6.
FEN
» rencouracemcnt de l'apricullure , dans
» la protection active et vigilante du com-
» merce, dans l'abolilion du luxe, enren-
» fermant chaque individu daiis son état
» par de sages lois. Loin de faire retentir
» sans cesse aux oreilles des peuples , ce
» cri turbulent et inquiet d'égalité ^ de li~
» berté, elle leur dit : Vous êtes nés sous
» l'empire des lois, vous avez des maîtres,
» la patrie vous porte dans son sein ;
» soyez soumis aux lois ; obéissez à vos
» maîtres ; soyez sujets fidèles , aimez vo-
» tre patrie , et songez que la Religion ,
» l'honneur, votre intérêt personnel, sont
» des chaînes sacrées qui vous lient à l'é-
» tat , et qvie les rompre est ua crime. »
Quelques gens de lettres , tels que Faydit
et Gueudeville, reprochèrent à l'auteur
des anachronismes , des phrases négli-
gées , des répétitions fréquentes , des lon-
gueurs , des détails minutieux , des aven-
tures peu liées , des descriptions trop uni-
formes de la vie champêtre ; mais leurs
critiques , tombées dans l'oubli , n'ôlè-
rent rien de son mérite à l'ouvrage cri-
tiqué. Elles n'empêchèrent point qu'on
n'en fit , et qu'on n'en ait fait depuis un
très grand nombre d'éditions. Les meil-
leures sont celles qui ont paru depuis 1717,
année dans laquelle la famille de l'arche-
vêque de Cambrai publia cette produc-
tion , sur le manuscrit de l'auteur , en 2
vol. in-i2 , et la plus belle est celle d'Am-
sterdam en 1754 , in-fol., avec des figures
magnifiques. Il y en a aussi de très bel-
les édit. réimprimées récemment , en 2
vol. in-4° , 2 vol. in-8° , U vol. in-18 par
Didol aine, Didot jeiinG et Crapelet. On
a fait des éditions à Rotterdam, à Liège et
ailleurs , où l'on explique, dans des notes,
toutes les allusions qui furent faites d'a-
bord par le public malin ; plusieurs de
ces notes ont de plus un ton d'irréligion
et de fanatisme de secte. Cependant on
voit mettre indifféremment ces éditions
entre les mains des jeunes gens II con-
vient de leur donner des éditions sans
notes. Les Aventures de Téléinaque orit
été trad. en prose dans toutes les langues
de l'Europe, et même en grec et en latin.
Elles ont été mises en vers français, mais
sans succès, Paris, Didot, 1792, 6 vol.
in-12, et trad. en vers allemands, en vers
hollandais {voyez FEITAMA), en vers
italiens et en vers latins ; | Dialogues des
Morts, en 2 vol. in-12 , réimp. plusieurs
fois en 1 vol. in-12. Le Téléinaque . ou,
pour mieux dire, les principales réflexions
^Q FEIV
thèmes au duc de Bourgogne ; ces Dialo*
gués lui furent donnés pour lui inspirer
((uelque vertu, ou pour le corriger do
quelque défaut. Fénélon les écrivait tout
de suite , sans préparation , à mesure qu'il
les croyait nécessaires au prince ; ainsi on
ne doit pas être surpris s'ils sont quel-
quefois vides dépensées, si on y trouve
des assertions peu réfléchies , des impu-
tations mal fondées et pleines de préjugés
nationaux ; [ Dialogues sur l'Eloquence
en général et sur celle de la Chaire en
particulier , avec une Lettre sur la Rhé-
torique et la Poésie , 1718, in-12, plusieurs
éditions. Cette Lettre , adressée à l'acadé-
mie française, est un excellent morceau
qui ne dépare point le^ Dialogues. L'au-
teur du Télémaque avait été reçu dans
cette compagnie en 1G93, à la place de
Pellisson. Il lui fut utile plus d'une fois ,
par son goût pour les belles-lettres, et par
sa grande connaissance de la langue ;
I Direction pour la conscience d'un roi^
composée pour le duc de Bourgogne, bro-
chure in-12 , estimée. On l'a publiée en
1754 , et elle a été réimprimée à Paris en
1774 , in-S". | Abrégé des Vies des an-
ciens Philosophes ^ autre fruit de l'édu-
cation du duc de Bourgogne, in-12. Cet
ouvrage n'est pas achevé. | Un excellent
Traité de l'Education des Filles, 1687,
in-12 ; | Œuvres philosophiques , ou Dé~
vionstration de l'existence de Dieu par
les preuves de la nature, dont la meilleure
édition est de 1726 , à Paris , in-12. Le duc
d'Orléans, depuis régent du royaume,
avait consulté, dit l'auteur du Siècle de
Louis XIK , l'archevêque de Cambrai
sur des points qui intéressent tous les
hommes. 11 demandait si on peut démon-
trer l'existence de Dieu ; si ce Dieu veut
un culte ? Il faisait beaucoup de questions
de cette nature , en philosophe ; et l'ar-
chevêque répondait en philosophe et en
théologien. Le Père Tournemine y a fait
des additions. | Des OEuvres spirituelles,
Amsterdam , 1751 , 5 vol. in-12. réimpri-
mées plusieurs fois en 4 vol. in-12. On y
voit un homme consommé dans les voies
intérieures, dans la connaissance du cœur
et de l'esprit humain ; plus on a réfléchi
en chrétien , plus on prend plaisir à les
lire , plus on eu sent la vérité et la pro-
fondeur. I Des Sermons , 1744 , in-12 ,
faits dans la jeunesse de l'auteur , et qui
sont au rang des productions médiocres
en ce genre; | plusieurs Ouvrages en fa-
veur de la constitution Unigenitns et du
du Télémaque avaient été données pour \ Formulaire. Les ennemis de l'arctievéque
FEN
67
F EN
:1> i amnray uni pri'triulu qu'il n'avnil
I I is parti contre le .lansi-nhunc , qtie
jKurc que le rardinal de Nooillcs s'était
drdaré contre le quittismc ; ima(îinalioii
•ussi frivole que calotnnicusc , direetc-
mcnt opposée avec b vie et le caractère
de cet homme célèbre , incapable de son
naturel et par le penro de sa philosophie,
cl plus encore par sa relipion , d'une si
lAche et si «lieuse hypocrisie. Pour se
convaincre de la sincérité et de l'immu-
Ubililc de ses senlimens , touchant cette
ieric , il n'y a qu'à lire la lettre qu'il écri-
vit la veille de sa mort , et qui se trouve
dans ses OEuvres spitit., tom. k , p. 558.
• Je viens de recevoir l'extréme-onclion.
» C'est dans cet état , où je me prépare à
aller iwraître devant Dieu, que je vous
> prie instamment de représenter au roi
» mes véritables sentimens. Je n'ai jamais
» eu que docilité pour lEylise , et qu'hor-
» reur des nouveautés qu'on m'a impu-
» técs. J'ai reçu la condanmation de mon
» livre avec la simplicité la plus abso-
■ lue.... Je prends la liberté de deman-
» der à sa Majesté deu.x (îràccs, qui ne
» re{jardcnt ni ma personne ni aucun des
» miens. La première est qu'elle ait la
» bonté de me donner un successeur
» pieux, régulier, bon , et ferme contre
• le jansénisme . lequel est prodigieuse-
» ment accrédité sur cette frontière , etc.
» L'autre grâce est qu'il ail la boulé d'a-
• chevcr avec mon successeur ce qui n'a
» pu être avec moi pour MM. de Saint-
» Sulpice, etc. » | Quelques autres écrits,
et un grand nombre de Lettres qu'on
a promises au public. Fénélon- avait fait,
pour les princes ses élèves , une excel-
lenle Traduction de l'Enéide de Virgile :
mais on ne sait ce qu'est devenu le ma-
nuscrit. Quelle perte , si cette version
était dans le style du Télémaque ! Ram-
•ay, disciple de l'archevêque de Cam-
'krai . a publié la Vie de son illustre maî-
tre , in-12, :a Haye , 172/». M. do Bausset
a publié ime Histoire de Fénélon très es-
timée , 5* édition , 1817 , k vol. in-S". Les
curieux qui la consulteront, ne pourront
t'cmpècher d'aimer ce prélat, et de le pleu-
rer. Il recevait les étrangers aussi bien
que les Français, et ne leur cherchait
pas des ridicules. La politesse est de tou-
tes Us nations j disait-il , les manières de
f ' irr sont différentes, mais indif-
de leur nature. Quoiqu'il eût
l> à se plaindre de Bossuct , il
pnl un jour le parti de ce prélat contre
Ramsay , qui ne rendait pas assez de jus-
tice h son érudition. M. l'abbé de Quéf-
bœuf a donné en 1787, et onnées sui-
vantes . une édition complète de ses OKu-
vrcs , Taris, Didot, 9 vol. in-4». Elles
ont été réimprimées à Paris, en 1810, en
10 vol. in 8° et in-12, et à Toulouse en
19 vol. in-12 et en 1821-2/» . par MM. Gos-
selin et Caron , 22 toI. in-8". L'abbé Jauf-
frct a publié les OEuvres choisies de Fé-
nélon en 6 vol. in-12; deux éditions en
ont parti.
FE\KLO\ (GABniEi.- Jacques), neveu
du précédent , eut les vertus de son on-
cle réunies à tous les talens militaires ;
il fut chevalier des ordres du roi , ambas-
sadeur en Hollande en 1725, ministre plé-
nipotentiaire deux ans après au congrès
de Soissons , et signa le traité de neutra-
lité fait avec les Etals-Unis en 1733. Il fut
blessé mortellement à la bataille de Ro-
coux , étant lieutenant-général, et mou-
rut trois jours après à Lanlin , le 11 octo-
bre 17/i6. On y voit son épitaphe dans l'é-
glise de ce village, failc par le P. Bau-
dory. On l'y nomme Galliœ et hostium
desideria. Voltaire , en parlant de ce hé-
ros, fait un aveu bien honorable au chris-
tianisme. « Son extrême dévotion , dit-
» il, augmentait encore son intrépidité. 11
» pensait que l'aclion la plus agréable à
» Dieu était de mourir pour son roi
» {quand la raison et le devoir l'exitjent).
» Il faut avouer qu'une armée composée
» dhomines qui penseraient ainsi serait
n invincible, d Histoire de Louis XV,
tom. 1, page 209. Voyez GUSTAVE-
ADOLPHE. Ce fut le marquis de Féné-
lon qui publia la première édition régu-
lière de Télémaque, et conforme au ma-
nuscrit de Fénélon.
* FE\ÉLOi\ (J.B. A.SALIGNAC de),
de la famille des précédens , né en 1714 ,
à St.-Jean-d'Estissac en PérigorcJ , em-
brassa l'état ecclésiastique, et fut aumô-
nier de la reine Marie Lecksinska, épousa
de Ix)uis XV. Après la mort de cette prin-
cesse, il se retira dans le diocèse d'Au-
tun, au prieuré de Sl.-Sernin-ilu-Bois,
dont il avait été pourvu en 1745 , et il s'y
lit bientôt remarquer par ses vertus bien-
faisantes. Le pays ne contenait que des
main-mortables; il les affranchit tous; il
encouragea la culture des terres , établit
des forges pour faciliter le débit du char-
bon abondant dans la contrée, et aban-
donna , pour les faire piospérer , le pro-
duit d'un étang qui formait la meilleure
partie de son revenu. Dans une année de
di&eltc, il Ul ouvrir à ses frais une grande
FEN
68
FER
route de St.-Sernin à Conches , où se te-
nait un gros marché ; il procura ainsi à
ses vassaux le moyen de pouvoir trans-
porter facilement leurs denrées , et aux
femmes, aux enfans, aux vieillards em-
ployés dans ces travaux, une existence as-
surée dans ces temps de misère. Des cir-
constances imprévues l'appelèrent à Pa-
ris ; il n'y voulut loger que dans un sé-
minaire , celui des Missions étrangères ;
bientôt il eut connaissance de l'établisse-
ment formé par l'abbé de Pont-Briant
en faveur des petits Savoyards. S'étant
chargé de le diriger, il entreprit de faire
connaître à ces jeunes infortunés les utiles
vérités de la religion; et i' aidait en même
temps de sa bourse ceux que des maladies
ou le défaut d'ouvrage laissait sans res-
source. Pour les encourager au bien, il
donnait de petites médailles de cuivre à
ceux qui étaient constamment appliqués
à leur devoir ; et ces médailles , bientôt
connues de la police, devinrent, pour
ceux qui en étaient décorés , la plus puis-
sante des recommandations. On le voyait
souvent s'arrêter près d'eux , dans les car-
refours, pour s'informer de leurs gains ,
les consoler quand ils n'en avaient pas
obtenu, et leur demander quels étaient
leurs besoins les plus urgens. Quand ses
moyens étaient épuisés , il savait inté-
resser les riches en leur faveur. Des ver-
tus aussi modestes auraient dû le préser-
ver , ce semble , de la rage des révolution-
naires; cependant il fut arrêté comme
suspect en 1793 , et renfermé au Luxem-
bourg. Les Savoyards réclamèrent en
vain leur père et leur unique appui ;
il fut traduit au tribunal révolutionnaire,
et condamné à mort le 7 juillet 1794, à
l'âge de 80 ans. Placé sur la charrette qui
devait le conduire à l'échafaud , il ne
cessa d'exhorter , de consoler ses compa-
gnons d'infortune jusqu^au lieu du sup-
plice , où il prononça sur eux les paroles
de l'absolution ; et l'on remarqua que le
sourreau lui-même , pénétré tout à coup
d'un respect involontaire, s'inclina de-
vant ce saint prêtre , comme s'il désirait
d'être absous du crime dont il allait être
l'instrument. On trouve l'éloge de ce res-
pectable ecclésiastique dans les annales
philosophiqîies j morales et littéraires^
faisant suite aux annales catholiques ,
tome 8 , Paris, 1800, in-8'*.
FENOUILLOT. Voyez FALBAIRE.
• FEIWVICR ( Edouard ) , évéque de
Cincinnati, né à Maryland le 19 août 1706,
entra en 1784 au collège des dominicain»
anglais de Bornheim, près Anvers, y fît
profession, et reçut la prêtrise. Il y ensei-
gna ensuite qui Ique temps ; mais au com-
mencement de la révolution, lorsque les
Français s'emparèrent de la Flandre , il
fut obligé de s'enfuir, et retourna en
Amérique. M. Garrol , évêque de Balti-
more , l'envoya dans le Keutucky , où le
P. Fenwick érigea en grande partie à ses
frais , un couvent de son ordre et une
école. Cet établissement a fourni plu-
sieurs missionnaires. En 1810, il alla seul
dans l'état de l'Ohio, pour y porter la pa-
role sainte, et le père Young lui fut bien-
tôt adjoint. Pie VII ayant érigé, en 1821 ,
un évêclié à Cincinnati, fit choix pour oc-
cuper ce siège du P. Fenwick , qui fut
sacré le 13 janvier 1822 , dans son cou-
vent de Sainte-Croix, par M. Flaget, évê-
que de Bardstown. En 1824, le nouveau
prélat fit un voyage en Europe , pour y
obtenir des secours. Depuis il était conti-
nuellement en voyage pour visiter les
catholiques de l'Ohio. Le P. Fenvick était
administrateur des territoires du Machi-
gan et du Nord-Ouest , de sorte que sa
juridiction s'étendait sur d'immenses con-
trées. Il se signala dans ses fonctions épi-
scopales par un grand nombre de travaux-
importans , et succomba enfin le 26 sep-
tembre 1852, au choléra-morbus , dont il
fut atteint à Wooster , dans le comté de
Wayne, en retournant d'une de ses courses
pénibles dans des parties éloignées de son
vaste diocèse. Il était déjà affligé depuis
plusieurs semaines d'tuie dyssenlerie. Un
prêtre qu'il avait envoyé chercher, pour
venir l'assister dans ses derniers momens,
n'arriva auprès de lui, qu'après qu'il eut
rendu le dernier soupir.
* FEIVZI (FnANÇois-MARiE), patriar-
che de Jérusalem , né à Zara , en 1738,
d'une famille noble, mort à Rome le 9 jan-
vier 1829 , à l'âge de 91 ans, était le doyen
des évêques du monde catholique. Nommé
archevêque de Corfou, du rit latin, le 20
septembre 1779 , il donna sa démission en
1816 , et fut créé patriarche de Jérusalem
dans le consistoire de la même année.
* FÉRAIJD (Jean-François) , jésuiia
et grammairien , né à Marseille le 17 avril
1723 , fut envoyé après son noviciat , à
Besançon , où il professa avec beaucoup
de succès les élémens de la langue latine,
et plus tard la rhétorique et la philoso-
phie. Lorsque son ordre fut supprimé , il
se retira dans le comtat Venaissin , d'où
il obtint la permission de revenir dans sa
pairie. 11 y vécut presque ignoré, partar
FKIl C9
(canl son temps entre loxercicc des de-
>iu de la religion . et les occupations
iléralres qu'il s'était créées. Il éniijjra
■u comnicnoenuMit de la révolution , et
r«ntra en France en I7'J8. Mali^re son
grand ii^re. il se consacra tout entier au
service des autel» qui se trouvaient alors
presque abandonnés faute de ministres ;
il lit avec beaucoup de distinction des
conférences reli^i^nses à ré(;iise de St.-
Laurent de 3Iarseilie, et niouitil dans
cette ville le 8 février 1807. On lui doit :
I Dictionnaire grammatical de la langue
française. Avignon, 1761, in-8"; et 4' édi-
tion considérablement autjmentée , Paris .
1786 , 2 vol. in-8". Il a entrepris de figu-
rer la prononciation ; mais n'ayant pres-
que pas habité Paris, ses remarques n'ont
pas toutes la même justesse. | Diction-
naire critique de la langue française.
Marseille, 1787-88, 5 vol. in-4° ; ouvrage
important, dans lequel on trouve , sur un
grand nombre de difficultés , des solu-
tions qu'on chercherait vainement dans
le Dictionnaire de l'Académie , et qui a
été d'une grande utilité à tous ceux qui
ont voulu écrire sur la langue française.
L'auteur y avait fait de nombreuses addi-
tions et corrections qui sont restées ma-
nuscrites, la premièie édition n'étant pas
épuisée ; si elle n'a pas eu en France tout
le succès qu'elle méritait , on peut l'attri-
buer aux Dictionnaires abrégés qui ont
paru dans un format plus portatif, et
qui en ont emprunté les remarques les
phn ("isentielles.
IKKVIJD. f oj/^z FERRAUD , député.
ILK.VULT ( Jeax ), et non FERRAND,
né à Angers , fut procureur du roi au Mans
vers 1510. On a de lui, entre autres, un
traité latin Des Droits et Privilèges du
Royaume de France . dédié au roi Louis
XII , Paris, IJiia , in-8".
EHPEREl'RS D ALLEMACXE.
FERDIXWD I", empereur d'Allema-
gne , second fils de l'archiduc Philippe et
frère puîné de Charles-Quint, naquit àMé-
dine en (.astille l'an 1503. Il épousa Anne
fille de I^^dislas VI, roi de Hongrie et de
Bohème , et sœur de Louis le Jeune , tué
à la bataille de .Mohacs en 1526. Aj)rès la
inorl de ce prince, Ferdinand se crut en
droit de lui succéder, et se lit couronner
roi de Hongrie et de Bohème en 1527
( voy. ZAPOL ). Il fut élu roi des Ro-
mains en 1531. Charles-Quint ayant abdi-
qué l'empire en 1556, il lui succéda en
1558, l'abdical ion n'ayant été acceptée par
FICil
Us princes d'empire que cette année-IA.
I.e pape Paid IV refusa de le reconnaître
pour empereur légitime, parce* que , di-
sait ce pontife , l'abdication de Charles-
Quint , faite sans la permission du saint
Siège , élait nulle; nmis Pie IV , son suc-
cesseur, ne crut pas devoir faire ces dif<
licultés. Ferdinand pressa ce pape de per-
mettre à ses sujets d'Autriche la comnni-
nion sous les deux espèces : le pape s'oc-
cupait de celte affaire, lorsque l'empe-
reur mourut à Vieime en 1564, à 61 ans.
Ce prince sage et modéré voulait donner
la paix à l'Kglise; mais il ne connaissait
pas assez l'esprit des sectaires, toujours
plus tumultueux et plus exigeans , lors-
(ju'ou parait incliné à composeravec eux.
Il fil une trêve de 8 ans avec les Turcs ,
réconcilia plusieurs princes ennemis , et
termina les querelles des rois de Dane-
marck et de Suède. Vn testament , qu'il
avait fait 20 ans avant sa mort , en 1545 ,
et auquel il ne dérogea point par ses der-
nières volontés , jeta de loin la semence de
la guerre qui a troublé l'Europe 200 ans
après. Ce testament appelait ses lilles à la
succession des royaumes de Bohème et de
Hongrie, au défaut des héritiers de ses
lils. Cette disposition adonné lieu, en 17/i&
à la prélenlion que la maison électorale
de Bavière a formée sur ces royaumes,
l'arcliiduchesse Anne, fille de Frédéric T'.
ayant été mariée à Albert V , duc de Ba-
vière. Mais le vrai sens du testament ne
regardait que ses lilles proprement dites,
alors vivantes, non pas les enfans qui en
naîtraient, et qui, après des siècles, s'ima-
gineraient pouvoir disputer la succession
aux descendans de la ligne directe. Cela
était bien clair aux yeux de tout homme
qui ne raisonne pas d'après la logique des
cours , et qui ne connaît pas lessophismes
de l'ambitieuse et tortueuse politique. On
a imprimé les Lettres de cet empereur
en latin adressées au pape Pie IV , Paris ,
1565, in-8". Sa vie a été écrite en espagnol
par Alfonse Ulloa, en italien par Louis
Dolre, et Schardius en a publié un abrégé
en latin. Son éloge se trouve dans le recueil
intitulé: Oraliones clarorum virorum,elc.
ad principes habita; ^ Cologne, 1559, avec
des vers latins à sa louange.
FEUDl.\\.\D II, archiduc d'Autriche,
fils de Charles , duc de Styrie, et petit-fiU
de Ferdinand I" , né en 1578, roi de Bo-
hème en 1617, de Hongrie en 1618, fut
empereur en 1619, à 41 ans. Les Bohé»
miens révoltés venaient de se d nner à
Frédéric Y , électeur Palatin , surnomma
FER
70
FER
roi d'hiver ( parce qu'il n'a régné que
l'espace d'un hiver ). L'empereur attaqua
le nouveau roi et dans son royaume de Bo-
hème et dans son électorat. La bataille de
Prague, gagnée en 1620, décida de son sort.
Son électorat fut donné à son vainqueur,
Maximilien , duc de Bavière. Christiern
IV, roi de Danemarck , s'unit , avec d'au-
tres princes, pour secourir le Palatin.
Tilli , un des plus grands généraux de l'em-
pereur, le défit en 1626, ôta toutes les
ressources au Palatin , et força son défen-
seur le roi Christiern à signer la paix en
4629. Les victoires de Ferdinand donnè-
rent de la jalousie aux princes protestans
d'Allemagne ; ils s'unirent contre lui avec
Louis XIII , roi de France , et Gustave-
Adolphe, roi de Suède. Gustave, le héros
du Nord, remporta une victoire signalée
à Leipsick sur Tilli en 1651 , soumit les
deux tiers de l'Allemagne , et perdit la
vie, l'année d'après, au milieu de ses
triomphes , à la bataille de Lulzen. Bannier
général du roi mort , continua ses con-
quêtes, et soutint la réputation dos armes
suédoises. L'empereur rompit le cours de
ces victoires , par le gain de la bataille de
Nortlingue en 1654. L'année suivante , il
conclut à Prague une paix particulière
avec le duc de Saxe et d'autres princes
protestans, et fut assez heureux , deux ans
après , pour faire déclarer son fils roi des
Romains. Enfin , après 18 ans d'un règne
toujours troublé par des guerres intestines
et étrangères, Ferdinand mourut en 1637.
Les plus grands ennemis de cet empereur
n'ont pu refuser des éloges à sa grandeur
d'âme , à sa prudence , à sa fermeté , à ses
autres vertus. Il semblait être au-dessus
des événemens , dit un historien, et trou-
vait, jusque dans ses pertes, les moyens
de parvenir à ses fins. Il eût été le res-
taurateur de la religion catholique en Alle-
magne , sans les puissans secours que la
France et la Suède donnèrent aux protes-
tans.Quelques sectaires et les philosophis-
tes des derniers temps ont déchiré le nom
de ce prince d'une manière indigne , et
traité de fanatisme les efforts qu'il fit pour
réprimer les nouvelles erreurs. Un écri-
vain judicieux et équitable remarque , à
cette occasion , que « le nom de fanatique
» n'est donné par nos prétendus sages
» qu'aux catholiques qui ont combattu
• pour la foi de leurs pères , pour la dé-
» fense de leurs temples , de leurs sacri-
» fices , de leurs usages. Charles V , Phi-
» lippe II , le duc d'Albe , Ferdinand II ,
» etc. , sont des fanatiques : Elizabetb ,
» qui fait nager l'Angleterre dans le sang
» pour y établir l'hérésie, est une héroïne.
» Gustave-Adolphe, qui a pillé et dégradé
» toutes les églises d'Allemagne, et ravagé
» en l'honneur de Luther dix grandes pro-
» vinces ; Guillaume, qui détrône son beau-
» père en faveur de la religion anglicane,
» etc., sont des héros. Qualité dislinclive
» delà vérité, elle seule attire la liaine et
» les malédictions de l'erreur. » ( Voyez
JACQUES II, PHILIPPE II, LOUIS XIV,
MAINTENON). Le Père Guillaume Lamor-
maini a donné un tableau des vertus de
ce religieux empereur, sous le litre de
Idea principis chrisliani , Cologne, 1658,
in-24 de 298 pages. Gustave-Adolplie di-
sait au milieu de ses brillans succès, qu'î7
ne craignait que les vertus de Ferdinand.
Bellem Gabor , un autre de ses ennemis,
disait que la guerre était difficile et dan-
gereuse contre un prince que la prospérité
n'élevait pas^ et qui ne se laissait jtoint
abattre par l'adversité.
FERDIj\A^'D III, surnommé Ernest.
fils aîné de Ferdinand II, naquit en 1608,
fut roi de Hongrie en 1623 , de Bolième
en 1627 , des Romains en 1656, et empe-
reur en 1637. La mort du père ne changea
rien à la face des affaires, et la guerre
continua partout avec une égale vivacité
sous son fils. Il eut d'abord quelques avan-
tages sur les Suédois; mais Bernard de
Saxe, duc de Veimar, devint un ennemi
aussi dangereux pour Ferdinand III , que
Gustave-Adolphe l'avait été pour Ferdi-
nand II. Ce général remporta 4 victoires
en moins de k mois. Bannier ne fut pas
moins heureux sous ce règne , qu'il l'avait
été sous le précédent. Il osa assiéger Ra-
tisbonne , où l'empereur tenait sa diète ;
il la foudroya de son canon , et , sans un
dégel , il s'en rendait maître. Les Fran-
çais s'étaient joints aux Suédois. Le ma-
réchal de Guébriant enleva Lamboi et ses
troupes à la bataille d'Ordingen , en 1645.
Le duc d'Enghien, appelé depuis le grand
Condé , força l'année suivante les relran-
chemens de Fribourg , et gagna en 1645
mie bataille à Nortlingue , dans cette
même plaine où les Suédois avaient été
vaincus onze ans auparavant ; mais cette
victoire n'eut ni l'importance ni les effets
de la première. Torstenson , autre géné-
ral suédois , pressait l'Autriche d'un côté,
Condé et Turenne de l'autre. Ferdinand,
fatigué de tant de revers , conclut enfin la
paix de "Westphalie en 1648. Les traités
signés, l'un à Osuabruck, l'autre à Munster
sont aujourd'hui le code politique et la
FER
7*
FER
pir.
des
en M faisant
la Ponu-ranit
hnd(jraM' !
l'empire
vinisti" (u:
' ' n«Mosdcr<m-
I)ai«. les rois
s de Icinpire,
dt I la plu> brlle partie de
k" roi de France devint
~T ■ rtre prince de
icnnect la cal-
. i-t 1 e(jlisc ca-
Iholiqiie frappcc du plu* {rrand coup
qu'elle eut encore essuyé en AIlema{jne.
I>e saint Sitge cl le roi dE.s]>agni; furent
mécontens de ce traité ; l'empereur lui-
nnéinfl en versa des larmes; mais il subit
la loi de la nécessité , et mourut environ
dix tms après , en 1657. L'histoire parti-
culière de Ferdinand III a été publiée
en italien par le cojnte Galea7.7.o Gualilo
Priorato, Vienne , I67i, in-fol. avec por-
traits de princes, de gi-néraux et des plans
de différentes places fortes, etc.
rois de castu.le , de leon et
d'espag:«e
FERDL\A.\D 1", roi de Castille et de
Léon , dit le Grand , second fils de Sanche
UI, roi de Navarre, donna bataille à Al-
fonse , roi de Léon, et le tua en 1037.
Maitre de ce royaume et par le droit de
conquête et par celui de son épouse , il se
fit couronner roi de Léon et des Asiuries
en 1038- U tourna ensuite ses armes contre
1m Maures, leur prit beaucoup de villes,
et poussa ses conquêtes jusqu'au milieu
du Portugal , où il fixa la rivière de Mon-
dego pour servir de bornes aux deux états.
Quelque temps après , il déclara la guerre
à «m frère Garcias IV , roi de Navarre.
On en vint aux mains , et Garcias perdit
ton royaume et lu vie. Ferdinand mourut
en l&6o , après avoir régné 30 ans en Cas-
tilAe , et S8 dans le royaume de Léon.
Prince sage, grand capitaine, on ne lui
reproche que la faute, trop souvent ré-
pétée dans ces temps barbares en Espagne
et en France , d'avoir partagé ses états
entre ses trois fils, qui tous devinrent rois :
faute qui fut toujours la source des guerres
civiles.
FERDI^\^D II, fils pnlné d'Alfonse
Vni, roi de Léon et de Castille, remporta
de grands avantages sur les Portugais,
fit Aifonse Henriquez. leur roi prisonnier,
et usa avec modération de sa victoire. Il
P»opnit en 1 187, après un règne de 30 ans.
FERDI.N.\^D III ( saint ) , fils d'Al-
fonse IX, né l'an 1200, parvint à la
couronne de Castille par l'abdication vo-
kmlaire de sa mère, la reine Bérengère,
CD «17, et à ceUe de Léon par la mort
de son père m l'2:>0. IXsl'an 1225, llarail
commencé à faire la guerre aux Maures,
et leur avait pris Uaeza «-t l'srda. Ce fui
en I23C que Cordoun tomba en son pou-
voir. Elle contenait 300.000 ^mc»; et l'on
vit un roi chrétien occuper le palais d'Al>-
déramc , dit le Grand . trois siècles après
l'époque où il fut construit. Il convertit
en église sa superbe mosquée , chef-d'œu-
vre d'architecliire moresque, où l'on
compte 12,000 coloimes , et qui est encore
aujourd'hui la cathédrale de Cordouc. Al-
Mansour y avait fait apporter les cloches
de Compostelle sur les épaules des chré-
tiens, et Ferdinand les fit reporter en
Galice sur celles des Maures. Après la
prise de Cordoue, les rois maure» de
Murcie et de Grenade se déclarèrent tri-
butaires de Ferdinand. Ce prince tourna
ses armes contre Séville : deux ans se
passèrent dans les préparatifs et à la con-
struction d'une flotte qui , placée à l'em-
bouchure du Guadalquivir , bloquait le
port de Séville, et interceptait tons les
convois envoyés d'Afrique. Après une
opiniâtre défense, Séville capitula faute
de vivres. Peu de temps après , Ferdinand
prit Xérès, où avait péri, cinq siècles et
demi auparavant , don Rodrigue , der-
nier roi goth en Espagne, qui tomba au
pouvoir des Musulmans. Il mourut en
1252, occupé du projet de conquérir le
royaume de Maroc. Son successeur fut
Alfonse X , qu'il avait eu de Béatrix de
Souabe. Il avait épousé en secondes noces
Jeanne de Ponthieu, fille du comte Simon
etdeMarie, petite-fille de France. Blanche
de Castille, mère de saint Louis, était
sœur d'Alfonse IX, père de Ferdinand.
Ce prince , cousin-germain de saint Louis,
fut aussi saint, et peut-être plus grand
btnnmeque lui. Il fit des lois sages comme
ce roi de France : il humilia les grands
qui tyramiisaient les petits , purgea ses
états des brigands et des voleurs , établit
le conseil souverain de Castille , fit ras-
sembler les lois de ses prédécesseurs en
un Code . et donna une nouvelle face à
l'Espagne. Son zèle pour la foi fut sans
bornes ; sa piété , sa vie austère et exem-
plaire , sa magnificence dans tout ce qui
concerne le culte de Dieu , furent con-
stamment regardées par les peuples chré-
tiens comme les vraies causes qui tenaient
la victoire attachée à sa personne et à ses
armées. Les philosophes ne lui pardonne-
ront pas d'avoir poursuivi les hérétiques,
et fait punir les dogmatisans; mais c'est
une nouvelle preuve que leur suffrage
FER
72
FEU
n'est pas fait pour honorer la véritable
grandeur. Clément X le mit au nombre
des saints. Le cardinal don Rodrigue Xi-
menès, archevêque de Tolède et ministre
de Ferdinand III , a écrit son histoire sous
le nom de Chronique^ Séville, 1616; Mé-
dina del Campo, 1667, in-fol. L'abbé Ligny
a écrit, en français , la T^ie de ce prince,
Paris , 1759 , in-12.
FERDINAIVD IV , est surnommé VA-
joufnéj parce que dans un accès de colère
il fit jeter du haut d'un rocher, deux sei-
gneurs qui , avant que d'être précipités ,
l'ajournèrent à comparaître devant Dieu
dans 30 jours , et qu'il mourut au bout de
ce terme. Ce qu'il y a de certain c'est que
Ferdinand mourut subitement et fort j eune
à 24 et selon quelques-uns à 27 ans. Il
était parvenu au trône de Castille en 1293,
à l'âge de dix ans. Les premières années
de son règne furent très orageuses ; mais
la reine Marie, sa mère , se conduisit avec
tant de sagesse et de fermeté, qu'elle as-
sura la couronne sur la tête de son fils.
Il se signala par ses conquêtes sur le roi
de Grenade et sur les Maures , auxquels il
enleva Gibraltar , moins fort alors qu'au-
jourd'hui. C'était un prince violent, em-
porté et despotique. Voici comme un au-
teur contemporain rapporte l'histoire de
son ajournement. « Deux frères , accusés
» de meurtre et condamnés à êtreprécipi-
» tés du haut d'un rocher , quoiqu'on n'eût
» pas de quoi les convaincre, et qu'ils per-
» sistassent à nier le fait , en appelèrent à
» l'équité des lois ; mais voyant que leurs
» représentations au roi étaient inutiles ,
» et qu'ils avaient affaire à un juge impla-
» cable et féroce, ils prirent Dieu à témoin
» de leur innocence , et citèrent le prince
» à comparaître dans 30 jours à son tri-
» bunal. On méprisa ce discours , qu'on
» regarda plutôt comme un désir de ven-
» geance que comme une prédiction (i).
(i) Cet ajournemens faits par des innoceai , peuvent
ft(re de» espèces de prophe'ties , ou bien un recours vif
et confiant vers la justice divine, sans colère et sans
ïsprit de vengeance. En général, la provocation ou
appel au jugement de Dieu n'est pas criminelle , lors-
qu'elle se fait sans passion , par amour de la justice ,
dans les circonstances convenables et urgentes. C'est
ainsi que David disait à Saiil : Judicet Dominus in-
Itrle^et me, et ulciscaturme Dominus. Et Zacharie
condamné à la mort par Joas : Videat Dominus et
nquirat. Et les Machabées qui annonçaient si forte-
ment et si efficacement la prompte et terrible puni-
lioo d'Antioclius. Et saint Paul qui ne voulait pas
que la conduite d'Alexandre-\e-Tré$orier restât im-
punie : Reddet illi Dominus juxia opéra sua. Et les
faiat4 martyrs qui d«as l'Apocalypse appellent le jour
n Ferdinand marchait en Andalousie , et
» était arrivé àMartos, lorsqu'au trentième
» jour , justement depuis l'exécution des
» deux frères , le monarque s'étant retiré
» après son diner pour dormir, fut trouvé
» mort dans son lit » ( voyez MOLAY ).
FEUDLXAIVD V , dit le Catholique, ûls
de Jean II , roi d'Aragon , vit le jour à
Soz sur les frontières de la Navarre le 40
mars 14S2. Il épousa en 1469, Isabelle de
Castille , sœur de Henri IV , dit l'impuis-
sant. Ce mariage joignit les états de Cas-
tille avec ceux d'Aragon. Ferdinand et
Isabelle vécurent ensemble , dit un his-
torien, non comme deux époux dont les
biens sont communs sous les ordres du
mari, mais comme deux monarques étroi-
tement unis pour leurs communs intérêts.
Ils formèrent une puissance, telle que
l'Espagne n'en avait pas encore vue. Fer-
tîinand déclara la guerre à Alfonse, roi de
Portugal, le battit à Toro en 1476, et ter-
mina la guerre par une paix avantageuse.
Le royaume de Grenade gémissait sous le
joug des Maures ; il le conquit , après une
guerre de 8 ans. Maître de la Castille par
sa femme , de Grenade par ses armes , et
de l'Aragon par sa naissance, il ne lui
manquait que la Navarre qu'il conquit
dans la suite. Dans le même temps que
Ferdinand faisait des conquêtes en Europe,
Christophe Colomb découvrait l'Amérique
et le faisait souverain d'un nouveau
Monde. Ce n'était pas assez pour Ferdi-
nand : il envoie en Italie Gonsalve de
Cordoue, dit le grand Capitaine^ qui
s'empare d'une partie du royaume de Na-
ples, tandis que les Français se rendaient
maîtres de l'autre. Ceux-ci furent ensuite
entièrement chassés par les Espagnols,
avec lesquels ils ne pouvaient s'accorder
sur les limites. Celle conquête fut suivie
de celle de la Navarre. Henri VIII , roi
d'Angleterre , était son gendre ; il lui pro-
posa la conquête de la Guienne. Le jeune
qui doit venger leur sang : Vsquequo , Domine , non
vindicas san^uinem nestrum , etc.? Du reste, il est
certain que Dieu exauce les vœux même criminels dei
misérables; soit pour avertir les riches et les puissant
de ne point mépriser, moins encore opprimer les fai>
blés; soit pour rendre redoutable l'invocation de son
saint nom , et nous avertir de ne pas l'employer légè-
rement. — L'efficace de ces ajournement a un rap-
port tensible avec celle des malédictions et impréca-
tions , attestée par une multitude d'histoires avérées
et par l'autorité des livres taintt. A6 inope ne afertos,
oculos propler iram , et non relinquas quarrenlibus libi
rétro ma/edieere, Maledieentit libi in amaritudine
animer examdietur deprecalio iUiut : exaudiet MÊtm
eum çui/ecit iiium. £ccli. I^.
FEU
roi envoie um* nrmfi- , i-l «on beau-pire
»'cii sort pour rounuoi ir U Navarre : foii-
dniil, dil-on. stsilioils »ur une bulle pré-
tendue, qiii c\c«)niniunia»l le roi île Na-
varre . et qui «ioniiait son royaume au
premier orrupanl; mais puistpie Ferdi-
nand liant en {guerre a\ ec la France . avait
autant de droit de leur prendre la Na-
varre que toute autre pfovinre , il est in-
ulilc de lui supposer des motifs imaginai-
res pour faire eitte eontiuile. Fi-rdinund,
ajipel» le $0^0 et le prudent en Kspayne .
en Italie le piiux, n'eut pas en France de
surnom si honoralile : on sait que les Fran-
Ç.U8 ne disent yuèrc de bien de leuis
vainqueurs. Cependant les gens «'(juila-
bles et impartiaux lui ont rendu justice.
• On ne peut lui refuser, dit un auteur
■ français, d'avoir été le plusyrand roi de
• S(Ui siècle : lin. souple, adroit , laborieux,
• éclairé, connaissant les honnnes et les
» affaires, fécond en ressources, prévoyant
» les événemens, faisant la guerre non en
>l>aladin. mais en roi.» Ce moiiarque
mourut en lolti, au village de ftladrigalet
d'une liydropisie , causée par un breu-
vage que Germaine de Foix , sa seconde
femme, lui avait donné ))our le rendre
capable d'avoir des enfans. Les juifs fu-
rent chassés d Kspagne sous son régne ; ce
Itannissemcnt eut quelques mau\ aises
suites, mais la conduite de ces Israélites
en avait fait appréhender de plus grandes,
si on ne prenait pas le parti de les éloi-
gner. Il humilia la haute noblesse ; il ren-
dit la force aux lois; il ramena la décence
el la régularité du clergé; il diminua les
im| ôts ; il donna les plus sages ordon-
nées, il punit les magistrats prévarica-
urs : et ce qui est beaucoup moins que
tout cela aux yeux des sages , il découvrit
un nouveau Monde; il conquit Grenade,
Naplcs, la Navarre , Oran , les côtes d'A-
i lue. Ce n'était pas sans raison que
i:lippc II disait : C'est à lui que vous
-.'ons tout. Sa v ie écrite par l'abbé Alignol,
(j, 2 vol. in-1'2 , man<iue d'exactitude
'■■;'nrlialité;on y remarque plus d'as-
;>cntaux préjugés nationaux, que
■ment à la vérité de l'histoire.
•is'.oire de son règne a été écrite aussi
r Ilernand de Pulgar, sous le titre de
' ' : licijcsdon Femundo y Doua
se , 1567. in-fol.; Valenca.
><\\ a d'Anl. de Lebrixa, Hc-
na reitlinando el Isahella Hispania-
m rrgibus. geslanim décades duœ ,
' " ' ' ■ '. in-fol. etc.
^I> VI, surnommé le Sage.
•^
FER
\\\y di; Philippe V, cl de Marie de Savoie
sa i)rctTiière femme, né 11 Madrid le 6
avril I7rj, monta sur le Irone après la
mort de son père, arrivée vi\ \lhi\. Ce
prince prit part à la (pierre de l7/il. et sur-
tout à la paix signée en 1748, qui pro-
cura à un de ses frères les duchés de
Parme et de Plaisance. Il prolita de ce
calme passager , pour réforujer les abus
introdui;s dans les Unances; il rétablit la
marine, et i)rotégea le connnerce, les arts
el l'agricullure. L'Espagne, fécondée par
ses bienfaits, vil sortir de sotisein des ma-
nufactures en tout genre. Par ses soins
les Espagnols , auparavant tributaires de
l'induslrie des autres nations , virent
abonder che/, eux les matières premières
et les i)roduclions des arts. Des canaux
pratiqués en différentes parties de lélat
portèrent l'abondance dans les campagnes;
avec tout cela l'Espagne n'auguienta ni
en force ni en considération publique. Sa
faiblesse resta toujours la même, et parut
même s'aimoncer par des symptômes plus
sensil)l'js. « U en est des royaumes arrivés
•> une fois à l'époque de leur décadence,
«dit un polilicpie, comme d'un corps
» grave , dont la chute s'accélère de mo-
» ment à autre , et (pii ne peut élre arrêté
» sans quelque cause majeure , moins en-
»core prendre une direction rétrograde.»
Ferdinand VI mourut sans postérité à Ma-
drid le 10 août 17.')9 . à 40 ans. Son frère
Charles lui succéda. Il fut toujours d'une
santé faible, qui ne lui permit pas de faire
loul ce qu'il aurait voulu. Il avait épousé
en I7ti8, Marie-Madeleine-Thérèse, in-
fante de Portugal.
' FEKDIN.WO Vn, roi d'Espagne el des
Indes, né à Sainl-lldefonse , le 15 octobre
1784. était lils de Ciiarlos IV, roi d'Espagne
et de 3Iarie-Louise de Parme. A six ans.
il fut proclamé prince des Asluries, et
héritier présomptif de la couronne , mal-
gré l'opposition de plusieurs députes des
provinces qui demandaient a\anl de lui
prêter serment, le rétablissement des cor-
lès supprimées par Charles IV. Le prince
de la paix, qui gouvernait alors l'Espa-
gne, chargea de l'éducation du jeune
Ferdinand, le duc de San -Carlos, elle
chanoine don Juan-Esco'iquiz. Ce dernier,
malgré les obligalitms qu'il avait à Godo'i ,
avait con(;u pour ce favori une haine vio-
lente, qu'il lit bientôt partager à son élève.
Le princ de la paix , après avoir vaine-
ment cherché à détruire les préventions
défavorables du jeune prince à son égard,
résolut de rendre à Ferdinand haine i>our
FER
74
FER
haine, et s'appliqua à semer la division
i-ntrc le père et le fiis. Le jeune pritice
i-pousaen 1802, Marie-Anloiiielte , tille de
Ferdinand IV. roi de Naples. réelle prin-
cesse , douée de toutes les grâces de son
sexe, d'un esprit élevé, et d un caractère
affectueux , mais abreuvée de dégoûts et
d'ennuis à la cour de Madrid , mourut
presque subitement quatre ans après. Il
jiaraît que Ferdinand . conseillé par Es-
«oïquiz, conçut alors le projet de s'allier
par un mariage à la famille de Bonaparte ,
qui élevé au {dus haut degré de sa puis-
sance s'était rendu l'arbitre de l'Europe.
Des conférences secrètes s'établirent dans
ce but, entre le prince des Asturies et
l'ambassadeur français , M. de Beauliar-
liais. Godo'i , informé de ces néf^ocialions
les dénonça à Charles IV, comme des ac-
tes de trahison qu'il fallait punir. Le roi,
transporté dindi^ualion , lit saisir tous les
})apiers de son lils. et le fit conduire lui-
même prisonnier à l'Escurial. Ou assure
que parmi les papiers de Ferdinand on
trouva une lettre écrite de sa main à l'em-
pereur, où il lui demandait en mariafje une
de ses nièces, la lille de Lucien Bona-
parte. Un décret rédigé par le favori, fut
adressé au conseil de Castille, jjour faire
déclarer traîtres à la patrie, le prince des
Asturies et les courtisans qui l'avaient
servi. Mais Napoléon exigea que les pièces
du procès fussent anéanties, et Ferdinand
d'après ses conseils . ayant .sollicité son
pardon du roi, Godoï voulut se donnei'
le mérite de la réconciliation , en se por-
tant médiateur entre le père et le lils. Ce-
pendant Bonaparte ayant résolu de porter
la guerre en Portugal , sous prétexte de
maintenir le blocus rouliiienial. des trou-
l>es françaises conduites [)ar iMurat , fran-
chirent la frontière et s'avancèrent vers
Madrid, en \ertu d'un traité signé entre
Napoléon et Godoï. A cette nouvelle des
"troubles éclatèrent sur plusieurs points
tlu royaume. Le bruit ayant couru à cette
époque que Charles IV allait quitter l'Es-
pagne pour se réfugier en Amérique, l'in-
dignation publique ne connut plus de bor-
nes, et le peuple demanda à grands cris le
renvoi de Godoï. Le monarque frappé de
teneur se hâte d'abdiquer en faveur du
prince des Asturies qui est proclamé sous
le nom de Ferdhiand VII. Le premier
soin du nouveau roi fui de faire arrêter
Godo'i.dont les biens furent confisqués.
11 se hâta aussi de diminuer les impots , et
de vendre les bois de la couronne pour sub-
venir aux dépenses d'utilité publique. Les
troupes françaises au milieu de ces évA-
nemens avaient continué d'occuper 1 Es-
pagne . et Murât était déjà dans Madrid
avec l'élite de son armée . lorsque P'erdi-
Jiand y lit son entrée. Le seul parti que le
monarque eût à prendre était celui de la
soumission , et il fit témoigner à Bona-
parte le désir de conserver avec lui des
relations de paix et d'amitié. Mais Napo-
léon qui méditait déjà l'usurpation de i'E»-
pagne refusa de le reconnaître. Savary,
duc de Rovigo, arriva bientôt à Madrid,
et ayant annoncé à Ferdinand que l'em-
pereur s'avançait en personne vers la
frontière d'Espagne, il l'engagea à aller
au devant de lui. Le roi se rendit à Bur-
gos, d'où sur les instances de Rovigo,
il consentit à continuer sa route jusqu'à
Viitoria. Là il reçut une lettre de Bona-
parte , et malgré les prières du peuple qui
voulait s'opposer à son départ , le mal-
heureux prince qui entrevoyait déjà la
trame dans laquelle il était enlacé, consen-
tit à se rendre à Bayonne auprès de son
ennemi. Tout à coup Bonaparte jeta le
masque et lui fit demander une renoncia-
tion formelle au trône d'Espagne. Ferdi-
nand résista d'abord avec courage , et re-
fusa le trône d'Etrurie que l'empereur
lui offrait en échange de ses états. Bientôt
arrivèrent à Bayomie Charles IV, la reine ,
les Infants et Godoï que Murât avait fait
mettre en liberté. Alors éclatèrent dans la
famille royale des scènes affligeantes qui
en la dégradant secondèrent les projets
ambitieux de Napoléon. Charles IV qui
haïssait son lils Ferdinand, au point de
vouloir à quehjue prix que ce fût , le frus»-
trer de la couronne d'Espagne, rétracta
son abdication comme lui ayant été arra-
chée par la force , et intima à son lils l'or-
dre de renoncer sans condition au trône
d'Espagne. Ferdinand obéit, et le vieux roi
ayant souscrit avec toute sa famille aune
renonciation semblable, l'empereur ap-
pela son frère Joseph au trône d'Espagne
devenu vacant. Ferdinand fut relégué au
cliàleau de Valençay, en Berry , apparte-
nant au prince de Talleyrand , avec don
Antonio son oncle , et don Carlos son
frère , le chanoine Escoïquiz , et le duc
de San-Carlos. Cependant les Espagnols
indignés de la mauvaise foi de Napoléon,
commencèrent alors cet te guerre sanglante
et opiniâtre qui en ébranlant le trône
impérial lit présager sa chute prochaine.
A|)rès 5 ans de captivité, Ferdinand eut la
joie de voir Bonaparte obligé par les em-
barras que lui suscitait la coalition euro-
Fi:u
m
FER
ptinno. lie lui fairo lii-* ouvcriures de
paix. In Iraitc fiH si.;ii«« n Vnk'iivaylt' *l
dcrenibrc »8ir>, par lo ilmilc San-C.arlos,
cl le comte tlo LufonI ; tl Ii^ S mars sui-
vant . Fcrtlinaml MI n-pri» le chemin di-
ses riais, où il fiil nrciii'illi par les accla-
maliiins unaninirs do s«'s siijcls. Le péné-
ral Kipiia piccoda de di-iix j<»urs le roi
dans »a capitale, cl lit arrêter en son nom
le» iiiemltres de la régence et un {jrand
nombre de dcjMiU's dis cortès. L'assemblée
ayant prt)lesle conlre cet acte do ri[{iieur,
fut imméilialemcnl dissoute, et tous ses
«clesfurentaLK>lis. Les citoyens qui avaient
•ervi sous Joseph, furent condanmés à
l'exiL Tous ceux qui élaienl connus pour
leur lil)oralisine. fuieni placés sous la sur-
veillance de l'inquisiliiui. Ceîte sévérité
déployée contre des hounnes dont plu-
sieurs avaient cnertjiquement combattu
rusuri^tion de Bonaparte, aujnunta le
nombre des mécontens. Les i(lé»'S d'indé-
pendance qui s'étaient développées sous
la domination de Joseph, se propagèrent
sous le rèi;ne de Ferdinand avec d'autant
plus de facilité, qu'elles étaient secondées
par le mouvement des esprits en France
il la même époque. Ln peu de temps le
trune de Ferdinand fut environr.é d'en-
mis, qui niéditaient le rétablisseuient de
la conslitutiiMî des cortès de I8li. Les co-
lonies de l'Amérique méridionale avaient
proclamé leur indépendance dès larmée
1810. Ferdinand, pour les réduiri!.y a\ail
envoyé en 1814 le général Morillo avec
une armée. De nouvelles forces étaient
parties en 1816 pour l'Amérique; mais les
insurgés commandés par Bolivar avaient
obtenu de nombreux succès, et parais-
saient à la veille d'un trion)phc complet.
Une troisième expédition se préparait à
Cadix en 1819, quand une sédition éclata
dans I armée qui allait s'embarquer. Les
troupes refusèrent de partir, et bientôt
Riego, lieutenant-colonel . se réfugia avec
I une faible troupe dans lile de Léon , et
appelant aux armes tous les libéraux . il
proclama la constitution des cortès de
4813. L'insurrection se propagea rapide-
ment. Mina, réfugié en France, alla se
mettre à la télé des guérillas de la (lala-
kigne, et Quiroga devint général en chef
de l'arméu conslilutionnelle. Ferdinand
VII , cédant à la nécessité , accepta la con-
stitution et jura de la faire exécuter. Une
■ junte provisoire fut d'abord nonnnee en
altendanl la reunion des cortès qui s'ou-
rent U- 9 juillet IH'iO. en présence du
1 c» vie la (Muillc royale. Dan-» Celle as-
seniblée fiuurèrcnt (dusieurs membres Ac%
anciennes cortès. Le nouveau gouvci'nw*
ment abolit l'inquisiiioii , chassa les jé>
suites, rétablit la liberté de la presse,
supprima les couverts et ronlisqua lex
biens du clergé. Ces actes tirent un grand
nombre de mécontens; des conspirations
s'ourdirent , et des troupes d'insmgés s'or-
ganisèrent dans la Citalogne et la Navarre.
s<m» le nom d'armées de la foi. Le général
Quésada, et le curé Mérino étaient à leur
tète. A Madrid des engagemens eurent
lieu entre la garde royale et les révolu-
tionnaires, et le sang coula dans les rues.
Cependant la sainte alliance se montrait
alarmée des progrès de l'esprit révolu-
tionnaire en Espagne ; et le gouvernement
fran<;ais plus spécialement menacé par
l'agitation croissante qui régnait dans la
Péninsule, se décida, d'accord avec les
sou\ crains de l'Europe . à y envoyer une.
armée pour y rétablir l'autorité de Fei-
dinand. Le duc d'Angouléme eut le com-
mandement des troupes françaises qui
passèrent la Bidassoa le 7 avril 1825, ri
se trouvèrent le 20 mai suivant aux portes
de Madrid, où elles enlrèrenl sans résis-
tance. L'assenddée des corlès s'était reti-
rée à Sévilîe. enjuïenunt le roi avec clic
comme un otage précieux. Le général
liordesoulle s'avança à marche forcée sur
celte ville; les corlès suspendirent le mi
de ses fonctions, et ordonnèi ent sa transla-
tion à Cadix. Renfermés dans cette place,
les constitutionnels se préparèrent à une
vigoureuse résistance. Mais la prise du
Trocadéro par les troupes que commandai»
le duc d'Angouléme , ébranla le courajfe.
des cortès qui se décidèrent à négocier.
Le prince généralissime, exigea préalable-
nunt la dissolution de l'assemblée et la
mise en liberté de Ferdinand; ce monai-
que fut conduit le 30 septembre auprès du
duc d'Angouléme, et quelques jours après
les Français occupèrent Cadix. Après
avoir rendu le libre exercice de sa puis-
sance à un prince de sa race, le duc d'An-
gouléme essaya de lui inspirer des idée»
de modération et de sagesse , qui peuvent
seules assurer la puissance des rois. Fer-
dinand VU lit peu de temps après son en-
trée à Madrid, où Hiégo avait subi le der-
nier supplice. Depuis cette époque, l'Es-
pagne quoique travaillée par une fermen-
tation sourde qui s'est révélée par plu-
sieurs conspirations successives , a joui
d'une certaine trai-.quillilé. Ferdinand
avait épousé en 1816, sa nièce Isabclle-
Mui ie-Fran«;ois.e , princesse de Portugal
FER
76
FER
qu'il perdit en 18 18. Remarié en 1824 avec
une lille du prince Maximilien de Saxe ,
qu'il perdit encore en 1829, il contracta un
5*^ mariage avec Marie-CIn-istine , lille de
François V^ , roi de Naplcs , dont il a eu
une lille, Marie-Isabelle-Louise, née le 10
octobre 1830. La même année Ferdinand,
au mépris delà loi salique adoptée en Es-
pagne depuis rétablissement des Bour-
bons, avait renouvelé le décret rendu par
Charles IV en 1789, d'après lequel /r^s
successeurs à la cou7-onne doivent être
pris à perpéluilé , par ordre de primof/é-
niture^ dans la ligne directe , et les prin-
cesses doivent monlef sur le trône à dé-
faut d'héritier mâle. Les ambassadeurs
de France, de Naples et de Lucques proles-
tèrent en vain contre ce décret. Ferdi-
nand, depuis la naissance de sa fdle con-
firma cet acte , et lit prêter serment à la
ieune princesse. En 1832 ce monarque fut
atteint d'une maladie assez grave, qui ne
lui permit plus de s'occuper des affaires
jmbliques. Dès lors l'influence de la reine,
qui avait pris un grand ascendant sur l'es-
prit de Ferdinand, augmenta de jour en
jour. Afin d'assurer sa puissance , celte
princesse parut se rapprocher du parli
libéral, et y chercher un appui, pour s'em-
j)arer de l'autorité à lainurt de son époux,
dont l'affaiblissement progressif lui faisail
prévoir la lin prochaine. Ferdinand suc-
comba le 29 septembre 1835 à une attaque
d'apoplexie. Son régne fut signalé par des
catastrophes politiques ; et sa mort sem-
ble avoir été le signal de nouveaux dé-
chiremens.
«OïS DE XAPî.CS.
FEUDÏiNA^D r-', iils uatund d'Alfonse
d'Aragon, dit le Magnanime . prit pos-
session du royaume de Naples en i4o8 ,
qui lui fut coulirmée par le pape Pie II ;
il était âgé alors de 34 ans. 11 eut d'abord à
soutenir une guerre contre plusieurs prin-
ces qui lui conlestaieut ce royainne ; il fut
battu près de Saino; mais ayant été en-
suite secouru par Scanderbeg, ses armes
eurent du succès ; il battit le duc de Ca-
labre. Tranquille possesseur du royaume,
il ne tarda pas de tourner ses armes contre
le saint Siège qui lui avait rendu des ser-
vices signalés. Innocent VIII réussit à
faire la paix avec lui; mais ce lut pour un
moment. Ce prince renouvela dabord les
hostilités , ce qui força le pape à l'excom-
munier; mais ayant montre du regret
de ses déprédations , le pontife signa de-
rechef un traité de pais. Charles Vlil , roi
de France, ayant formé des prétentions
sur ce royaume, Fe.rdinand voulut dé-
touriu'r l'orage en faisant des propositions
avantageuses à ce prince; elles furent re-
jelées , et ce refus affligea Ferdinand si
vivement, qu'il en mourut en 1494.11 fut
peu regretté de ses sujets qu'il n'avait
cessé de vexer ainsi que ses voisins. Al-
fonse son fils aîné lui succéda.
FERDL\AIVD li, tils d'Alfonse, fut
couronné roi de Naples ert 1493 ; il eut
d'abord une guerre sanglante à soutenir
contre Charles VIII , roi de France, et ses
propres sujets qui l'obligèrent de se reti-
rer dans l'île d'Ischia. Les Vénitiens et les
Espagnols travaillèrent à le rétablir dans
Naples occupée par les Français. Ferdi-
nand paraît devant cette ville avec une
flotte nombreuse en 1495 , assiège Monl-
pensier retiré dans un des châteaux de
Naples, l'oblige à l'abandoimer, l'investit
ensuite dans Attelle et le fait prisonnier.
Il ne jouit point du fruit de ses victoires.
Il mourut immédiatement après que les
Français eurent évacué le royaume de
Naples fan 149G. Frédéric son oncle lui
succéda.
* F£llDÎ^\^DIH ( JoSEPn-jEA\-BAP-
TiSTii ), archiduc d'Autriche, grand-duc
de Toscane, lilsde Léopold II et de Marie-
Louise , infante d'Espagne, et frère de
l'empereur François II, naquit à Florence
le 8 mai 17G;). Son {)ère ayant été appelé
au trône d'Autriche par la nujrt de Jo-
seplill, son frère, Ferdinand , fut pro-
clamé grand-duc le 7 mai 1791. 11 prit les
rênes du gouvernement dans les circon-
stances les plus difiiciies el au moment
que la révolution française menaçait tous
les trônes de l'Europe, Ferdinand crut
conserver le sien à force de condescen-
dance , n'ayant pas de forces suffisantes
pour s'opposer à un ennenù puissant. Il
tut un des premiers souverains qui re-
connurent la républiciue française. La-
flolle, ministre du roi de France en Tos-
cane, ayant été conhrmé dans celte qua-
lité par la Convention , le grand-duc n'hé-
sita pas à le recevoir , et , par un acte du
IG janvier 1793, dit entre autres choses :
« Nous nous ferons un vrai plaisir de fac-
» cueillir... et de lui porter pleine et en-
» tière foi en tout ce qu'il aura à nous
» exposer au noui de la république fran-
» çaise, à laquelle nous sommes enchantés
» de pouvoir doniier des preuves conti-
» nuelles de notre scrupuleuse exacliluda
» à observer la plus parfaite neutralité .
» et de notre désir <ionstutit de cultiver la
ri:B 7
• lH>nnt Utrllii^enro. an maiiiHrn île la- j
. qiu'llf n»)UH a\on» lonjoui» allaclic im
. (;raiiil ])rix. » Fi'nlinaiicl n'avait pas
nilii t'ulrer J;m« la première coalilion
iitri- la Kraiirt^. Les secours immenses
:i siulaieiil tie ses élals |Kmr subvenir
u\ l.esoiiisdesrévolulionnaires. sa lionne
, irmonie avec la république française,
ni- poinuienlqtie déplaire aux autres sou-
verains : ausvi i«.ril Hervey. minislrc bri-
tannique à Florence, exprima , dans les
ûiurnaux . le méeonlenlemenl de sa cour;
ce méconlenh ment était d'autant plus
juste que cille «le Florence ne prit point
e deuil à la mort funeste de Louis \V|.
1x1 Russie lit les mêmes plaintes, et lui
reprocha ses liai>o«is avec les régicides de
bu son parent I^uis XVL Les |»lainles de
Fran^'ois II, frère du {;rand-duc, et de
••H) oncle le ryi dEspajjne , furent encore
plus vives, mais ne purent ébranler la
résolution de Ferdinand, qui, parfois,
montrait nunie pour l'ennemi comnuui
une partialité imprudente. Le 8 octobre .
le ministre an-jlais vint intimer au (ïrand-
duc de renvoyer le rninlslre républicain,
faute de quoi i escadre anglaise , qui était
devant Livourne. bombarderait ce port
et des troupes anglaises occuperaient la
Toscane. Le grunil-«luc fut contraint d'o-
béir. La flotte partit ; mais le grand-duc
ne tarda pas à montrer encore ses vérita-
bles senlimens. Les Anglais ayant enlevé
à Lixourne une grande quantité de grains
appartenant à la république française ,
Ferdinand III , par un motu proprio . du
k novembre \TiW, lit restituer à ses frais
CCS grains dans les ports de Provence. Les
succès des arniees républicaines portèrent
Ferdinand à dépêcher en France, connue
ambassadeur extraordinaire, le comte
(^rletli,qui, parmi les révolutionnaires ,
pass.îit pour un excellent patriote. Car-
lelli arriva à Paris le 51 janvier 17!)o : il
avait ordre de traiter directement avec le
comité de salut public . et de rétablir la
neulralité avec la France. Le 3 janvier, il
ronclut , avec ce cx>mité, le traité qui com-
mence ainsi : « Le grand-duc de Toscane
• révoque tout acte d'adliesion , coiisen-
oment ou accession à la coalition ûrmée
'onlrela republique française, etc., etc. »
i.'i A. R. M.idame (aujourdhui duchesse
Angoulenicy liait à celle épo((ue détenue
• cureauTunple, «I sur le point détre
rrnvoyéc en .Vuiriche. Le comte Carletti
demanda la permis>ion de présenter ses
devoirs à la prinrcsse ; mais , i)our toute
i»oiue, le liirtctuire lui inliuia Tordre
7 FER
de quitter P.n i> sur-le-champ. G;la \\U\-
terroinpit pas la Intinu* harmonie U.^ la
Kranc<î avec le grand-duc. qui dingtaeii
son ambassadeur, et envoya à sa place don
Neri Corsini, frère du prince de ce nom.
Malgré les sacrifices que le grand-duc av.- il
faits pour la république française, Ich
troupes entrèrent dans ses états en juillet
17%. Elles n'étaient encore qu'au piedden
Alpes que Ferdinand ordonna à tous les
émigrés français de sortir de la Toscane.
Outre cela , les Anglais ayant insulté à Li-
vourne le pavillon républicain, et legrand-
duc ne pouvant doruier au Directoire la
satisfaction qu'il lui demandait , une û\\ i-
sion dcBonaiiarle vint prendre possession
de ce port. Le général français , safemmu
Joséphine , et son oncle, depuis cardinal
Fesch, vinrent \isiter le grand-duc, qui
leur lit l'accueil le plus distingué et les
admit à sa table; moyennant deux mil-
lions, {|ue ce prince paya. Bonaparte pro-
mit que ses troupes n'entreraient pas à
Florence. Mais le jacobinisnu' avait péné-
tré dans lu Toscane, et comptait un grand
nombre de partisans. Kn même temp»
que le grand duc reconnaissait les répu-
bliques Ligurienne et Cisalpine, cl per-
mettait qtie ceux qui en dépendaient por-
tassent la cocarde tricolore, il fut obligé
d'établir un tribunal pour punir les fac-
tieux .dont le chef était m» cerlain Aletis.
Mais celle mesuie ne les découragea pas.
et ils aflichèrent aux porles mêmes du
palais ducal, des pampliiets . dont l'un di-
sait : Le peuple seul est souverain. Le com-
plot éclata jieu de jours après ; il avait
pour but d'assassiner le grand-duc, din-
cendier Florence, et de s'emparer du
gouvernement. Tels étaient les fruits que
Ferdinand allait recueillir de sa trop of/i-
cieuse neulralité, lorsqu'il forma unr
année de tti.OOO hommes pour contenii
les factieux. G'pendant la guerre contre
la répuLli(|ue continuait toujours; les
Napolitains entrèrent (en décembre 1798)
dans Livourne: le Directoire accusa 1«
grand-iluc d'avoir rompu la neulralité,
et envoya dans la Toscane le général Ser-
rurier. Mais Ferdin in»I , au prix de quinz.e
cent mille francs ayant obtenu des Nupo>
litains l'évacualion de Livourne. le gé-
néral Serrurier sortit de la Toscane, et
la paix fut rétablie jusqu'au mois de mars
1791). A cette époque la Toscane fut com-
prise dans la déclaration de guerre fuite
par la France à l'empereur d'Allemagne.
Des troupes françaises, conunandées par
Sdicrer, Miollis cl Gaulier.cnticrcul d«u«
FER
78
FER
la Toscane sans que Fcrdinaiicl fit la
jiioindrelenlalive pour arrêter leur niar-
c!ie. Le 25 , Florence était au pouvoir des
républicains, et le 27 le grand-duc quitta
sa capitale et se dirigea vers Vienne. Lors
de l'entrée de Bonaparte à Florence , la
Toscane avait été dépouillée d'une grande
partie de ses richesses en tableaux , sculp-
ture, entre autres de la Vénus de Médi-
cis , et de plusieurs manuscrits précieux
de la bibliothèque Laurenliana: à cette
seconde entrée des Français, le pillage
fut encore plus considérable. Nous n'avons
point parlé du courageux zèle des Arétins,
qtii s'armèrent pour chasser les ennemis
de leur religion et de leur patrie : mais
comme ils étaient en trop petit nombre ,
et qu'ils ne furent point secondés par
les autres Toscans, il payèrent cher les
premiers succès qu'ils obtinrent : un grand
nombre fut égorgé par les républicains,
qui mirent leur ville au pillage. On ac-
corda à Ferdinand, par le traité de Luné-
ville ( 1802 ) , le duché de Saltzbourg ; et
ensuite on lui donna ( en 1805 ) en échange
le pays de Vurtz-bourg. Le grand-duc vé-
cut en bonne intelligence avec Bonaparte,
qui lui fit espérer , dit-on , de le faire roi
de Pologne , et assista ( en 1810 ) au ma-
riage de Napoléon avec sa nièce l'archi-
duchesse Marie-Louise. La coalition de
1813 ayant rendu les trônes à leurs sou-
verains légitimes, Ferdinand revint à Flo-
rence ^ s'y montra bon prince, et protec-
teur des lettres et des arts. Il est mort
d'une attaque d'apoplexie en janvier 1825.
Son lils Léopold II né en 1797 lui a suc-
cédé ; Ferdinand avait eu ce fils et deux
filles de son épouse Louise-Marie , prin-
cesse de Naples , morte en 1804.
* FERDINAND IV, roi des Deux S i-
eiles, né à Naples le 12 janvier 1751, était
le troisièn>e fils de Cliarles III, roi d'Es-
pagne et d'Amélie de Saxe. Son père ,
ayant été appelé au troue d'Espagne , par
la mort de Ferdinand VI, il lui succéda le
5 octobre 1759, en vertu des traités oui
ga-
rantissaient l'existence séparée du royau-
me des Deux-Siciles. En partant pour
l'Espagne , Charles IH avait donné à son
fils , à peine âge de huit ans , un conseil
de régence, composé des hommes les plus
prolics, et les plus éclairés de lacour ; mais
lespril borné du pi ince de Saint-Nican-
dre son gouverneur, et le soin <[ue i)rit
l'ambitieux marquis de Tanucci , de dé-
tourner le jeune prince des affaires ])u-
bliques, dans l'espoir de s'emparer de toute
l'autorité, nuisirent au succès de léduca-
tion de Ferdinand, qui fut toute sa vie
indécis et timide. Il c})ousa au mois
d'avril 17G8 Marie-Caroline-Louise d'Au-
triche, princesse impérieuse qui prit sur
son époux un ascendant que Tanucci vou-
lut en vain balancer. Ce ministre qui avait
lancé l'état dans la carrière des innova-
tions , déplut à la reine et fut remplacé
par le marquis de la Sambuca , qui fut
bientôt exilé , et eut pour successeur
un français nommé Acton. Successive-
ment appelé aux ministères de la marine,
de la guerre, et des finances, Acton devint
tout-puissant, parce qu'il unit ses intérêts
à ceux de la reine ; et ces deux person-
nages gouvernèrent l'étal à leur gré. Lo
conseil fut présidé par la reine, et l'on no
laissa à Ferdinand d'autre soin que celui
de ses plaisirs. Dévoué aux intérêts de
l'Angleterre et de l'Autriche, Acton se dé-
clara l'ennemi de Rome , de la France et
de l'Espagne. Il s'attacha surtout à rendre
nulle l'influence que Charles III avait con-
servée sur Ferdinand, et il parvint à em-
pêcher une entrevue entre les deux prin-
ces , qui avait été ménagée en 1784 par
l'ambassadeur d'Espagne. Lorsque la ré-
volution française éclata, la cour de Naples
parut assez indifférente aux premiers
malheurs de Louis XVI. Vers la même
époque, des raisons politiques parurent
l'éloigner du cabinet anglais ; mais bientôt
l'attitude menaçante de la France rap-
procha les deux puissances. En 1792, une
escadre française, conmiandée par l'ami-
ral La Touche parut devant Naples, et
Acton promit au nom du roi de se déta-
cher de l'Angleterre avec laquelle il con-
tinua néanmoins d'entretenir de secrètes
intelligences. En 1793, Ferdinand entra
dans la coalition , et réunit son escadre à
celles de l'Espagne et de l'Angleterre pour
s'emparer de Toulon. Quand les Français
eurent repris celte ville, les troupes na-
politaines allèrent en Italie se joindre à
l'armée autrichienne. Cependant la con-
duite d'Acton avait exaspéré le peuple.
Plusieurs conspirations dirigées contre ce
ministre échouèrent, et il se vengea par
des supplices, des tentatives de ses enne-
mis. En 1795, Acton fut obligé pour apai-
ser le mécontentement public de quitter
le ministère ; mais malgré cette disgrâce
apparente, il conserva tout son crédit au-
près du roi. Bientôt Ferdinand, réduit de
nouveau à traiter avec la France, conclut
avec cette puissance en 1797 une paix qui
ne fut pas de longue durée. L'occupation
des états romains en 1798, par le maréchal
PER
79
fi:r
L : lliiiM , fui un prvicxtc dont il se liAtu
éo proliUT |)our raiiiprc avec hs Français,
ri s'unir à lAulriilie. Konlinaml leva
une ariiu'o «le soixuiilc luillc li(»iimu's
qti'il cuiiUa au f.rm'Hil a<ilri<liii'ii Mack,
cl lui-iuoinc . nvic dou/.c inilK; hominps
t'avança sur Uoiue cl s'en empara. Mais
Licntùl U' l'.tiuial français Cliauipionnel.
•vanl ri-çu îles ri-uforls allaquale lïi lural
lUark.io batlil coniploleiuctit el cnvaliil
le royaume de Naples. Ferdinand, hors
ilélat de résister à un ennemi viclorietix,
«'embarqua avec toute sa famille dans la
nuit du 24 septembre 17'.'8 . et se retira à
Talermeoù Actonle suivit. La plus grande
ronfusion é«:lata à Naples après le départ
du roi. l'n complot se forma dans l'armée
contre le général Mack (|ui n'eut «l'autre
moyen d'y échapper que de se livrer aux
Fiançais. Le marquisSlrongoni-Pignatelli,
nommé vice-roi par Ferdinand , acheta
c»:èrement un anuistice, et après avoir
fail incendier les bàtimens napolitains
qui se trouvaient en rade, il s'embarqua
pour Palcrme où il fut arrêté, el mis en
prison par ordre du roi. Championnet
entra à Naples le 25 janvier ilW, et y éta-
blit un gouvernement provisoire. Cepen-
dant les Calabrais ayant à leur tête don
llegi;io Rinaldi , curé de la petite ville de
Sralca.se soulevèrent contre lesFrançais.
Kicnlot le cardinal Huffo. arborant la croix
blanche, se met à leur léle, traverse la
Pouiile. défait en plu-sieurs rencontres le
){énéral Diihesme , el s'avance vers Na-
ples dont il s'eujpare après onze jours de
combats, le 21 juin 1799. Son entrée dans
celte capitale fut signalée par de san-
^ntcs réactions. Le peuple se livra au
pillage, et un grand nombre de victimes
furent innnolées. La famille royale rentra
à Naples au mois de janvier 1800. Après
la bataille de Marengo , la paix fut con-
clue à Florence le 28 mars 1801, enlie
Ferdinand et la république française. Le
roi de Naples fut obligé de céder à Bo-
naparte quelques-unes de ses jdaccs , el
de garder dans ses étals des troupes frati-
çaiscs, jusqu'à ce que les Anglais eussent
', éviicué l'Kgypte. Deux ans après, ou
I Mi^a encore qu'il livrai aux Français
' ^elqnes ports de r.\driatique. Ferdin.iiid
' ' i;i faible pour résister à ns pir-
; mais en 1805 , il crut pouvoir
.aenl recevoir dans ses états des
mjics russes et anglaises, cl faire cause
munt-avcc les ennemis de la France.
I» déclara les iiourbtms de Naples
lutrGue, cl mil la couronne de
ce royaninn sur la lélr de son frtre .fo-
seph. Ferdinand, abandonné de ses allié»,
fui obligé de quitter «nie seconde fois sa
capitale el dt^ se rtîlirer à I»alermr. Le»
Calabres redevirin-nl uti foyer d'in^ur-
reclion nationale que les Anglais eurent
soin d'entretenir, et le pouvoir de .Jo-
seph, ne parvint pas à triompher do
cette résislaiiee opiniâtre. Cependant des
débals sélt'vèrent bienlijt en Sicile eut ru
la reine et les Anglais; ceux-ci voulaient
ajifir en maîtres; el lu reine ne voulait
rien céder de son autorité. Acton aprè»
avoir bésilé (fui;l(]ue temps. leva le mas-
(jue et se déclara pour les Anglais. Ferdi-
nand fatigué de toutes ces dissension»
prétexta le n»:iuvais étal de sa santé , el
remit à son fils le souverain pouvoir. Celli;
concession ne salislil pas les Anglais, qui
exigèrent réloi;jnement de la reine. Le
faible monarque (pii ne savait résister à
|)ersonne, consentit à cette séparation ; et
Marie-Caroline quitta la Sicile à la fin de
1811. Les revers de Bonaparte en 1814
tirent concevoir à Ferdinand l'espoir de re-
couvrer l'autorité royale. Mais Murât, qui
avait succédé à Joseph, fut maintenu sur
le troue de Naples pour prix de sa coopé-
ration à la chute de son beau-frère. Kn
1815 , Mural ayant perdu le fruil de sa
défection, en se ralliant à Bonaparte, l'au-
torité «le Ferdinand fut rétablie à Naples,
et le vieux roi revint dans sa capitale
après dix ans d'absence. La reine Ma-
rie-Caroline, était morte le 8 septem-
bre 1814. Ferdinand épousa en 1816 la
ducîiesse de Florida. Il avait maiié sa
tille la princesse Amélie au duc d'Orléans,
depuis Louis-Philippe ; et il resserra les
liens qui l'unissaient aux Bourbons de
France, par le mariage de la princesse
Caroline-Ferdinande-Louisc sa petite fille
avec le duc de Berry. Le vieux roi se
flattait de terminer tranquillement tme
vie agitée; mais de nouvelles épieuve»
lui étaient réservées. Dans la nuit du 1*' au
2 juillet 1820, quelques soldats parlent de
Nola avec armes et bagages et se dirigent
sur Avellino au cri de f^ive la conslUu-
^jo« .' Le jjénéral Pepé, ([ui avec la milice
el les liabilans du pays devait les con»-
battre, s'unit à eux. En peu de jours, le
mouvement insurrcclionuel se propage
par lotit le royaume ; de toutes jiarls, l'on
demande «jue le gouverm;iuent adopte la
cousiitutiondes corlès espagnoles de 1812,
cl on exige qu'elle soit signée par le rui
dans les 24 heures. Ferdinand alléguant
l'état de sa santé, nomme son fils vicaire-
FER
80
FER
général du royaume. Le jeune prince se
rend aux vœux des insur{ïés , le roi con-
liruie la prouiesse de son (ils. et s'en^a<îe
à jurer la conslilulion devant la junte
provisoire qui allait cire foruiéc. La pré-
sence du (jénéral Pépé, qui était entré à
Naples , ne lui laissîiit pas la liberté du
refus. Cependant les souverains alliés
rassemblés à LayUach, où le roi de Nuples
fut invile à se rendre, furent loin d'ap-
{)rouver ces innovations, qui menaçaient
/a tranquillité de l'Europe entière, et ils
décidèrent que le royaume de Naples se-
rait occupé temporairement par une ar-
mée aux ordres de Ferdinand lui-même.
L'enthousiasme des Napolitains s'évanouit
devant les baïonnettes autrichiennes. Pé-
pé, après de ridicules forfanteries, prit la
fuite. Les étrangers marchèrent sur Na-
ples presque sans obstacle , et leur en»rée
dans celle ville termina la révolution.
Ferdinand rentra dans sa capitale au mois
de mai 18t.M. Un séjour prolon;jé des Au-
trichiens dans ses états fut jugé nécessaire
pour y maintenir la tranquillité. Le mo-
narque ne survécut pas long-temps à ces
cvénemens. Il mourut à Naples le 4 jan-
vier 1825. Ferdinand était doux , affable,
bienfaisant, sincèrement xélé pour le bien
de ses peuples, dont il eût sans doute fait
le bonheur s'il a\ait eu un caractère plus
ferme. On doit à ce prince plusieurs éta-
blissemens qui prouvent lu bonté de son
cœur, et son humanité; entre autres,
celui de Sunlo-Leacio . sur lequel ou
trouve des détails dans un ouvrage que
lui-même a rédigé et fait imprimer sous
ce titre : Origine de la colonie de Santo-
Leucio el de ses progrès jusqu'à ce jour.
Cet ouvrage a été traduit en français par
l'abbé Clemarou.
FERDIWxVD-ALVAREZ, duc d'Albe.
f^oyez TOLEDE.
SRANDS-DL'CS DE TOSCAXE.
FERDINAND l=^ grand-duc de Toscane,
«Jiccéda à son frère François , mort en
lo87. Il gouverna son petit état avec une
sagesse qui le lit aimer de ses sujets et es-
timer de tous les princes de l'Europe.
Il prêta généreusement à Honx'i IV de
l'argent pour se soutenir conlro la Ligue.
Ferdinand mourut en KiOi) , regardé
comme un bo:i politique. Il avait renvoyé
le chapeau de cardinal pour être grand-
duc.
FERDINAND lï, gra:id-duc de Tos-
cane , successeur de Cosme II , ne se fit pas
moins estiniifr par sa prudence que Fer-
dinand \". Il sut garder une exacte neu-
tralité dans les guerres survenues entre
la France et l'Espagne. Comme la paix
dont il faisait jouir ses sujets augmentait
ses revenus, il en fit un noble usage en
défendant l'Italie, et en secourant les Vé-
nitiens dans la guerre de Candie. Il mou-
rut en 1(370 , el gouvernait l'état de Tos-
cane depuis 16'iO. En examinant l'histoire
de ce prince et des autres Médicis, on voif
que ce n'esl pas la guerre qui soutient
et fait prospérer les états. Ils ont presque
tout obterm d'une sage politique : qua-
lité plus estimable qi'e tous les talens mi-
litaires.
• FERDIN AND ( grand-duc de Parme ),
infant d'Espagne , frère de Charles IV ,
né le 21 juin 1751 , fut élevé par Condil-
lac, et devint en 17(55 maître des ducliés
de Parme, Plaisance et Guastalla : il épousa
le 27 juin 17(19 Marie-Amélie- Antoinette
d'Autriche, sœur de l'empereur régnant.
Pendant la révolution française , il voulut
s'opposer à la marche des soldats répu-
blicains, et obtint d'abord sur eux quel-
ques avantages; mais il fut fait ensuite
prisonnier. Privé de ses étals, il les re-
couvra par suite des conventions qu'il
conclut avec le général Bonaparte. A sa
ujort arrivée en 1802. ses duchés furent
réunis à l'empire français. Après lachnlu
de Napoléon, ils devinrent l'apanage de
son éjiouse Marie-Louise , ancienne im-
pératrice.
FEliDlNAND de CORDOUE, célèbre
espagnol du Vo" siècle (i) , passait pour un
prodige de science en son temps , et n'en
serait pas un dans le nôtre, comme les
sa vans du nôtre ji'en seraient pas un dans
le sien. A dix ans il avait terminé ses cours
de latinité el de rhétorique, et sa mémoire
était si puissante qu'il apprenait par cœur
trois ou quatre pages de Cicéron ajjrès une
simple lecture. A 25 , il était docteur en
toutes les facultés; était très versé dan»
plusieurs langues, le latin, le grec, l'hé-
breu, l'arabe ; et connaissait les malhénia-
tiques , la médecine , la théologie , etc. Il
possédait les scolasliques, Scot , Alexandre
de Halès , Aristote •, ce ne serait pas un
sujet d'éloge à présent ; comme on cùi été
alors très peu de chose avec nos encyclo-
pédies et nos petits romans. Ce qu'il y eut
de singulier dans Ferdinand, c'est qu'ou-
(i) Ferdinand de Cordoue fut envoyé en 1469 • ^
Rome , vers le pape Alexandre VI, qui le reçut vc«
la plut grande dittinctioo. Il mourut vers !'*■
âgr dt loixanU aat.
FER
81
FKR
Ire ses vastes roniiaissancos, il pcinnail ,
chantait , dansait , joti.iil drt inslrtimciis
•ussi hit-nqu'aiuMin luninntMlc son temps.
La réunion de latit de t dens le fit repardur
par qucl(|ue«-iins »t« se» rmitetiiiH)fains,
irominc sorcier. On i)retend qu'il antiofiça
la mort de Cliarles le Téméraire . duc de
Bouri70{îne. On ajoute que les savans de
Paris l'admirèrent beaucoup en 1'»/»;). Il
'a laissé differens ouvrages : | De pntili-
pcii paltii mtjsteho: \ De jure benrficio-
rum vacantiitm tnetfios fructus antiatas-
qtte exigenUi ; \ De arli/icio o/n/iis et in-
vestigamit et invenieiuli natu/d sciOilis ;
I .■//! si( licita pax cinn Saracfiiis. disqui-
silio; I un Cutninentaire sur ialmaycsie
de Pt o! ornée ; \ ime Préface sur l'ouvrage
d'Albert le Grand , De animahbus . im-
primé à Kome en l.'»7S. in-fol. ( f-'ot/ez
CRICHTOiN, PICdeiKÎVIIRANDOLK, etc.)
FEHDI.XAM) LOPKZ de Casianeda,
portugais, accompagna son père dans les
Indes, où il allait en qualité de juge royal.
A son retour il publia Vtfisinire de son
voyage. Elle a été traduite en français par
Nicolas de Grouclii, Paris, 15o4, in-4",
en italien et en anglais. Nous ignorons les
années de sa naissance et de sa mort. 11
florissait au 16*^ siècle.
FEUDI\ WD ou plutôt FERNANDou
FRENAND ( Charlks }, natif de Bourges,
musicien , pbilosophe et orateur, quoique
aveugle dès I enfance, professa la philo-
sophie, la théologie et les belles-lelires à
Paris. Le pape Innocent VIII , informé de
la sainteté de sa vie el de son savoir , lui
permit de prendre l'ordre de diacre, en
vertu duquel il exerça le ministère de la
prédication avec beaucoup de zèle et d'é-
îoqtience. Il se lit moine dans l'abbaye
de Che74il-Benoit . à trois lieues d'Issou-
dun , en l/t'J/i ; il changea de résidence en
-i'-IO, et se rendit à l'abbaye de Saint-Vin-
•it du Mans, dont il de\int bibliolhé-
ire, et où il mourut le 17 juin 1517. Il
liait en relation avec Guillaume Budé .
Jacques Lefèvre. Josse Clichlove, Fauste
Andrelini, Charles Bouille, Josse Badius,
et fort lié avec Robi ri Gaguin , Jean Rau-
Im et autres. On a de lui : | Epistola pa-
rtmetica observationis regulœ benedic-
tinte , ad Sagienses monachos . l;il!2, in-
4" ; I De tranquUlilate animi , Ubri 2,
4512; I deux livres sur V Immaculée Con-
ception (en latin ) ; | des Conférences mo-
nastiques ailressées à Jean Fernand son
frère . iblS ( idem ;; | Epistole ( sic) fa-
ynilinrrs ad Roberiitm Gaguinum . s. d.,
ia-4". de 28 feuULts, sans cliilfrcs, ré-
clames, etc. I Kpisiotat ,Var\i, 1!J06, grand
in-8".
• FERDl^i.WD MARTINIZ, dit de
Sainte-. ytarie . carme déchaussé . et géné-
ral de son ordre, né près d'AsIorfja en
l.').'>&, visita les monastères élalilis en
Fiance, envoya des missionnaires en
Perse, et fonda des maisons de son ordre
à Ispahan , Sihiraf , Oriiuis et Bender-Aln
bassi. 11 vint à Rome, fut nommé con-
fesseur d'I'rbain VHI, commissaire des
sept provinces réformées de l'ordre do
Saint-François en Italie, et mourut à Rome
en IG.'>1 , après avoir rempli, à la salis-
faction du souverain pontife, plusieurs
missions importantes auprès de différen-
tes puissances de l'Europe. Il laissa quel-
ques écrits relatifs à sa congrégation.
• FEUniNAND de SAINT-JACQUF.S ,
de l'ordre de la Merci, un des plus élo-
quents i)redicateurs de l'Espagne, né vers
1541 , à Séviile, mort dans la même ville
en 167)9, a laissé : | 2 vol. de Sermons et
des ouvrages de piété.
• FEKDINWD de JÉSUS , carme dé-
chaussé, né à Jaen en 1571 , mort à Gre-
nade eu odeur de sainteté en 1044 , pro-
fessa avec distinction la théologie scolas-
tique el morale dans diverses provinces
de l'Espagne , et mérita par sa rare élo-
quence dans le ministère de la parole
évangélique le surnom de Nouveau Chrij-
soslome.Oii trouve dans les bibliographies
de son ordre la liste de 42 ouvrages qu'il
avait composés; les principaux sont : | des
Cotnntenlatres sur plusieurs livres d'A-
ristote , et sur quelcjucs parties de la
Somme de saint Tliomas ; | des Traités
de Théologie ; \ une Grammaire grecque ;
I une Grammaire hébraïque; | 265 Ser-
mons.
' FEUDIA'AND (Jean ), jésuite de To-
lède , n>orl à Palencia en 1595, à 59 ans,
est auteur d'un ouvrage intitulé Divina-
rum Script urarum Tlw sauras ^ in-fol. ,
1594. C'est une emplication des passage»
difficiles de l'Ecriture sainte par ordie
alpliabétique. Il devait en donner deux
autres vol. — 11 ne faut pas le confondre
avec Jea\ FERDINAND, dominicain ara-
gonais , qui a donné 5 ans avant sa mort,
arrivée en 1625, un Commentaire sur
V Ecclésiaste.k Rome, in-fol. Il y prouve
la conformité de la Vulgale avec le texte
hébreu.
FEllDINAXDI ( Epiphaxe ), médecin
célèbre, né à Misagna dan-* U province
d'Olrantc le 2 novembre I'i69, profcS'^a
la iH;éti<iue, la géométrie et la philosophie
FER
dans sa patrie. Il mourut en 1658, après
avoir publié quelques ouvrages. Le meil-
Jeur est celui qui a pour litre , Ohserva-
tiones et Casus Medici.h Venise, in-fol.,
<G2l. Ce livre a été réimprimé plusieurs
fois en Allemagne et en Hollande. On a
encore de lui : | Theoremata H['dica,\c-
nise, 1611 , in-fol. ; | De vita pmroyanda .
juventute conservandâ . et seneciute re-
tardandà . Naples . 1612 . in-V ; | de Peste.
NapU'S, 1651 , ia-Zt". Ferdiuandi était un
vrai philosophe : il savait élever son àme
au-dessus des disgrâces. Un jour, pendani
qu'il expliquait llippocrate . on vint lui
annoncer la mort d'un de ses fils, jeune
homme de 20 ans, qui donnait des espé-
rances : il se contenta de répondre comme
Job : Dieu me l'avait donné . Dieu me l'a
ôté. Un de ses amis tâchait de le consoler
sur la mort de sa fenune qu'il aimait ten-
drement : Je serais, lui répondit-il, in-
digne du nom. de philosophe . si dans de
tels malheurs je ne savais pas me consoler
moi-Tnême.he premier trait peint mieux
le sage et le chrétien ; le second parut
se ressentir un peu de l'égoïsme qui fait
le caractère des philosophes profanes;
mais sans doute qu'il parlait de celle phi-
losophie qui suppose et comprend les mo-
tifs religieux qui seuls donnent une con-
solation solide. On trouve dans les l^i/e
de' letterati Salenlini de Dominicpie de
Angelisune notice biographique sur Fer-
dinandi , qui a été bien analysée, par Ni-
féron lom. 21 de ses mémoires.
FEUDOIIOY(Aboul-Cvcem-Maxssour),
le plus célèbre , des j)oèles persans né à
Rizvàn dans le Khorac;àn l'an de l'hégire
504 ( de J.-C. 916 ), répara robscurilc de
sa naissance par la beauté de son génie.
Disciple d'Assedi, iî surpassa de l>eau-
coup son maître, et se lit admirer de tout
le Levant. On a de lui l'Histoire des Rois.
ou Chàh-Nameh en 120.000 vers : il cé-
lèbre dans cet ouvrage les anciens sou-
verains de Perse. Ce poème fut , dit-on .
si goûté du prince sous lequel vivait Fei-
doucy, qu'il doima à l'auteur une pièce
d'or pour chaque distique, et l'ouvrage
était composé de soixante mille distiques.
Il mourut l'an 985 de J.-C. ou 574 de
l'hégire.
FEilfî ( François de Paule ) , célèbre
peintre de paysages , né à Vienne en Au-
Iriche , en 1689. Son goût pour les voya-
ges, et un mariage imprudent qu'il lit, le
réduisirent à la misère. On d.l qu'il fut
trouvé sur sa porte , mort de froid et de
besoin , n'étant âgé que de 51 aj»s.
82 FER
FERr.lTSO\ ( JAcyuKS ) , né dans le
comté de Bamff, province de Buchan en
Ecosse , en 1710 , inventa la roue aslrono-
mitpie, espèce d'astrolabe utile pour ob-
server les éclipses de lune. Il se rendit
ensuiUî à Londres, et il y décrivit la ligue
du mouvement de la lune , que la société
royale avait proposée : la solution de ca
problème lui valut l'entrée dans cette so-
ciété et une pension de îJO liv. sterlings.
Il mourut le 16 novembre 1776. Ses ou-
vrages sont: I Traité de Mécanique All^t
I Introduction à V Elei tricité . 1772; ] //J-
traduction à V A slroriomie ; \ L' Astrono-
mie expliquée selon les principes de New-
ton, 1770; 7" édil. 1783; | Leçons sur
des sujets choisis de Mécanique . Hydro^
statique . Hydraulique . Pneumatique et
Optique, 5*^ édit.. 1776, réimprimées à
Edimbourg, en 1805, 2 volumes in-S",
avec des corrections et des additions con-
sidérables ; I Traité de perspective . Ml'Tt
Ses ouvrages ont un grand cours en An-
gleti-rre : il y a cependant des idées hy-
pothétiques mêlées avec les démonstra-
tions et les faits . ce qui éloigne souvent la
certitude et la solidité du résultat.
• FEUr.lISON ( Vk^iLLiAM ), peintre écos-
sais, mort vers 1690, excellait à peindre
les oiseatix morts ou vivans.
* FEUriUSO.X (Adam ), célèbre écrivain
écossais , naquit en 1724 à Logierait , près
de Perth, el fut reçu en 1759 à l'univer-
sité de Saint-André; il passa ensuite à
celle d'Edimbourg par une faveur qui ne
fut accordée qu'à son mérite. Il devint
d'abord chapelain d'un régiment de mon-
tagnaids écossais jusqu'à la paix d'Aix-la-
Chapelle en 1748, ensuite professeur do
philosophie naturelle et de philosophie
morale à Edimbourg. Vers 1775, il accom-
pagna, en quaité de gouverneur le jeune
comte de Chestertield dans ses voyages
sur le continent ; et , en 1778, il fut nom-
mé secrétaire de la commission chargée
d'aller proposer des arranijeniens pacifi-
ques aux Américains. Il est mort le 22
février 1816. On a de lui : | Essai sur la
société civile , 17(j7 , in-4'' et in-8" ; ou-
vrage profond, qui commença sa répu-
lation et fut traduit en allemand, en fran-
çais et en suédois ; | Institutions de phi-
losophie morale, 1769, in-S"; c'est la
siibstance de ses leçons à l'Université:
elles ont été réimprimées en 1800, à
Mayeiïce, àFrancfort, àBàle,et traduites
en allemand par Gaves et en français par
Reverdit; | Histoire des progrès et de la
chute de la répuùlique romaine ^ 1782, 3
FEIi 8
vol. in-i", rt'iinpriim'O k KdimlwurR ru
lyW.avec dos correrliim^ iiniwrlniilfs .
rt i L<mtlrc» en 480a. !i xnl. iu-*i". Ccl
ouvrayciiu dos plus profonds qui aii-iit
paru m Aii[;UMfnc sur ivllc maliire . a
rte traduit en ilalitn . tu nllemand cl en
français. (.«•Ile dtrniéro Iradurlioii n rlé
dunnt-c par M. Dosinrunirr . 7 vol. in-8"
cl in-12. Kcriîusoii s'otait propose de faire .
pour lu république , ce que Gibbon avait
fait |K)ur l'empire romain. Considérant
»on sujet en philosophe, il né|;liiiC les
fieiils détails |MMir traiter à fond!e.i [grands
évcneniens. et développe l'influrnce qu'ils
ont pu avoir sur la constitution de l'étal.
Son .style est noble et élégant, quoique
un peu diffus, et quelquefois même
obsrur, par la Ion<i;m'ur de ses périodes ;
/ Principes iL-'S scirnrrs morales rt politi-
ifues , 179:», 1 vol. in/i". C'est une analyse
ic ses leçons, qui avaient eu beaneouj)
de sucrés par leur mérite propre , et par
la pràte que leur prélait son éloculion.
Pictet en u donne d'amples extraits dans
/rt liililiolhèrjac brilannique.
• FKIU.VO ( l»iEnhE->IiRiE-B\nTiiÉi.E-
Mlj, ni.njord'un ré(;injenl autrichien . né
en Piéiïionl , en 17/t7, lit ses premières
armes en Autriche dans un réfrimenl din-
fanleric, et prit du service en France au
rommenccment de la révolution. Nonmié
général de brig-ide, il se diàlingua à l'ar-
mée du Rhin, dans les rampa{,aies de i7D/i
cl 1795 , et mérita par sa bravoure . le
(jratlc de général de division. La reprise
des lignes de M'eissemln^urg et le deblo-
rus de Laudau furent une preuve de ses
connaissances dans l'ait de la guerre. Il
effectua, en 17%. avec Desaix. le passage
du Rhin à Kehl, et prit pari à toutes les
opérations (fui signalèrent cette campa-
frne. Il fai'^^ail partie de l'armée de Moreau
qui s'illustra par sa belle retraite. déf«-n-
dit d'une manière brillante le pool il'IIii-
ningue en 171(7. et continua de se couvrir
de gloire dans toutes lesoccasions. En 1803,
II fut nommé membre du sénat conser-
vateur ; oblint ensuite la Sénalorerie de
i Florence, et fut pourvu en 1807 du {jou-
, vcrncment de la ville et de» ports d'Aii-
I ver»:efilin il revint siéger au sénat, et
< vola le 1" a VI il 181'» la déchéance de Bo-
.'.'irle. Le roi lui accorda la croix de
:il-I.ouis, «I des lettres de naluralisa-
—11 : U eM mort le 28 juin I8IG.
1 FEniOL. t'oyez PONT-DK-VLYLE.
I PERJErX. foyrz FKRRtOL.
FEKl.ET (■ l'abbé Eu>iEj, naquit à
< Ktnry , et étudia dans cette université ,
> FKR
où il devint professmr de bclles-lctlrr!i.
.Sétanl tendu à Paris, il obtint un caiWH
iii«;at dans l'église «le Saint Louis du Lou-
Nre. et devint dans la suite secrétaire en
second de l'archevécbé de Paris. La révo-
lution lui lit perdre celle place , et il resta
ignoré jusqu'à l'époque du concordat , en
1801, (|u'il fut réinstallé comme secré-
taire. Il est mort à Paris le 21 novembre
1821. âgé d'environ 70 ans. On a de lui :
I Sur le bien et le vml que le commerce
(les femmes a fait à la littérature. Cet ou-
vrage, couronné par l'académie de Nancy
en 177:i, a été imprimé à la suite d'un
discours que prononça M. de Solignac au
nom de l'académie. | De l'almsiie la phi-
losophie par rapport à la littérature. 1773,
in-8"; | Eloge de AI. le chevalier de Soli-
gnac secrétaire du cabinet du feu roi de
Pologne , Londres et Paris, 1774, in-S";
! Oraison funèbre de M. de Beaumont .
archevêque de Paris, 1784, in-8"; | Obser-
vations littéraires > critiques, politiques ,
géographiques . etc, , sur les histoires de
Tacite, avec le texte latin, 1801,2 volumes
in-8"; [ Réponse à un écrit anonyme in-
titulé : Jvis aux lecteurs sans partialité,
1801, in-8". Cet Avis était une critique de
ses Observations . à laquelle Ferlel répon^
dit victorieusement.
• FEULOM(Skve!HX-A\toixe). savant
ecclésiasti(pie , né dans l'état de l'Ejlise ,
en 1740, fut un des plus célèbres [uédi-
cateurs de son siècle. Ses succès dans la
chaire lui mériièrent la dignité de grand
prince de l'ordre Conslantinien. Il s'oc-
cupa alors de V Histoire des variations de la
discipline de l' Eglise .qui pouvait former,
dit-on, ."iO vol. , et qu'il était sur le point
de terminer lorsque l'irruption des ar-
mées françaises dans Rome en 1798, y
donna naissance au gouveinement répu-
blicain. Ses papiers furent brûlés ou en-
levés, et il perdit en un instant le fiTjit
de 50 années de travail. Réduit presque
à la misère par la perte de ses dignités ,
et manquant de cette fermeté de carac-
tère qui tient l'honune vertueux au-dessus
(les i)Ius exirèmes disgrâces, il vendit sa
plume à ceux mêmes (jui avaient causé sa
ruine. Il composa successivenu-nl i)lii-
sieurs homélies en faveur de Bonaparte :
son discours sur la conscription militaire
fut très utile au gouvernement français.
De lels services lui valurent la jilace de
théologien du Conseil particulier du J'ice-
Roi à Milan. Ce fui lui qui comjKjsa par
ordre de la cour ces adresses vcheineules
que l'on fil sou.scrire par quelques évè-
FER
84
FER
qiics c\ quelques chajulrcs dllalie, et qui
furent i)ubUccs avec ostentation à Milun
et à Paris. Le complaisant Ferloni com-
posa aussi un Truilé de VaiilorUé de l'E-
glise, en 3 vol. où il soutenait les prin-
cipes que le {jouvernement français vou-
lait faire prévaloir; mais les censeurs
ayant courafîeusement refusé leur ap-
probation , le livre ne parut point, et les
événeinens de 1814 l'ont condamné à rui
éternel oubli. Ferloni mourut à Milan,
le 25 octobre 1815, sans avoir joui du
fruit d'une conduite si méprisable; le peu
de secours pécuniaires qu'il recevait du
gouvernenijut, suflisail à peine pour le
faire subsister.
FEUMAT (Pierre) , conseiller au par-
lement de Toulouse, naquit en 1593, et
mourut eu 1G63. Il cultiva la jurispru-
dence, la poésie, les mathématiques. Des-
caries, Pascal, Roberval, Huyyens et Car-
cavi furent liés avec lui. On a de Fermai
des Observations sur Diophante . et plu-
.sieurs Lettres dans le recueil de celles
de Descartes. Ses ouvrages furent publiés
à Toulouse en lG7i», sous le titre d'Ope/a
Malhemalica , en 2 vol. in-fol. La géomé-
trie lui a presque autant d'obligations qu'à
Descaries, quoiqu'il soit beaucoup moins
célèbre. Sa sagesse a nui à sa réputation ;
il apprécia si bien la frivolité d'un grand
nom, qu'il évita de s'en faire un. Il fut
non-seulement le restaurateur de la géo-
métrie ancienne, mais le précurseur de la
moderne. C'était d'ailleurs un magistrat
aussi intègre qu'éclairé.
* FERMli\ (Philippe), médecin et voya-
ffcur, né au coiuniencement du 18*^ siècle
ùMacslricht, devint membre de la magis-
trature municipale de cette ville, p.issa
en illk à Surinam où il résida près de 10
ans, et recueillit un grand nombre d'ob-
servations sur les objets les plus curieux
de cette colonie. A sou letour il publia
I Histoire naturelle de la Hollande équi-
iioxiale ou de Surinam, Amsterdam, 17Gj,
in-8", ouvrage qui fut vivement critiqué
et qu'il lit réimprimer, en 1760, sous ce
tilre ; Description générale ^ historique ,
géographiqu; et physique de la Colonie
lii'. Surinam, 2 vol. in-8". Les additions
considérables qu'il a faites à cette édition
ont rendu ce livre l'un des meilleurs que
nous a^'ons sur les colonies. | Tableauhis-
turique et politique d2 l'état ancien cl ac-
tuel de la colonie de S urina )n , et des
causes de sa décadence, MaestrLcht, 1778,
in-S". Ce Tableau a été traduit en alle-
mand, avec quelques augmerilalions , et
peut servir de suite ou de supplément à
sa description qu'il recliiie en plusieurs
endroits. | Traité desmaladiesles plus fré-
quentes à Surinam, avec une dissertation
sur le fameux crapaud de Surinam nojn-
mé Pipa. Maestriciit, 1764, in-8",fig. ,cl
Amsterdam, 176.), in-8".
* FEKi\A.\-AU?vÈS (le duc de), grand
d'Espagne de première classe, duc de
Monlelano, etc., naquit en 1778 à Madrid
et fut élevé sous les yeux de son père. Ce
dernier qui fut ambassadeur auprès de la
cour de France en 1790 , a laissé un ou-
vrage consacré à l'éducation de ses en-
fans ( Madrid. 1796. in-8"). Le jeune comte
de Fernan-Nunès entra de boaae heure à
la cour, où il prit j)arli pour le prince des
Asturies contre le favori Godoi. Lors do
l'eujprisonuement de Ferdinand , il s'é-
leva hautement contre cette violence. Co
prime ayant recouvré sa liberté , il se
rangea deiiniti\ement de son parti, et fut
un de ceux qui s'efforcèrent vainement
de le détourner du voyage de Bayonne,
où il ne tarda pas néanmoins à le rejoin-
dre. Napoléon, après avoir dépouillé les
Bourbons d'Espagne de leurs états , et
après en avoir donné iinvesliture à son
frère Joseph, lâcha dallirer dans son
parti, les principaux seigneurs de la cour
de Madrid, Le 4 juiilet 1808 , il créa le
comte de Fernau-Nuuès grand veneur du
roi Joseph. Goutrainl d'accepter, celui-ci
suivit le nouveau monarque à Madrid .
mais à peine arrivé^ il lit armer secrète-
ment ses vassaux, et assigna à la caisse
des secours nationaux 10,000 francs par
mois, pour la défense de la cause com-
mune. Il soudoyait en outre plusieurs
bandes d'insurgés dans la Castiile. Instruit
de ces faits. Napoléon déclara le 5 novem-
bre 1808, par un décret, Fernan-Nunès,
ennemi de la France et de l'Espagne , et
traître aux deux couronnes. Il se retira
dans ses terres , ser\it ensuite dans les
armées espagnoles et parut dal ord ap-
puyer le système descortès. Mais aussitôt
que la constitution de 1812 eut fait con-
naître que les cortès voulaient donner à
l'Espagne im gouvernement démocrati-
que, il se déclara pour le parti de l'oppo-
sition. Lorsque Ferdinand YII , stjrli de
sa captivité, retourna dans ses états, Fer-
nan-Nunès l'aida de son influence à ren-
verser la constitution des cortès. Nommé
ambassadeur d'Espagne près la cour de
Londres en 1813 , il le fut près de la cour
de France en 1817 ; c'est à cette occasion
qu'il fui créé duc do Casa- Fernan-Nunès.
FER
88
1 LU
En mt'inc Icmps il «lait miiiislrc pUniim-
tcntiairc près la nu^mecotir, de la tlu-
clicssc de Liicqucs , iiif.inio d'Espagne.
Lors du rctublisscmpnt de la constitution
eu 1820, il fut remplace dans son poste
9 Paris : néanmoins il n"a pas quitté cette
capitale , jusqu'à ré|>oquo de sa mort , ar-
1 1 V ce le 'JC» mlobre 1821, à l'àfrc de 43 ans.
Fi:U\.\XD. royez FERDINAND
MIRIES).
FEIi:V;V\DES (Jean), navigateur
IMirtugais né à Coïmbre en 1418, le pre-
mier européen qui ait pénétré dans l'in-
lérieur de l'Afrique , l'an 1446 , resta
plusieurs mois prisonnier des Maures
Assanhadji dans le voisinage du Rio-
do-Ouro en 1447 et 1448 , et recueillit sur
ces peuples nomades des renseignc-
incns qui offrent beaucoup d'analogie
avec ceux de Mungo-Park. Fernandès lit
un second voyage avec Diego Gilhomen
envoyé pour conclure un traité d'alliance
avec les Maures de Meça. Dès qu'on eut
jeté l'ancre, il descendit à terre pour exa-
miner le pays au nord du cap Nam ; mais
une bourrasque ayant poussé presque
aussitôt le bâtiment en mer, il fut laissé
sur cette cote étrangère : on ignore ce que
devint ce navigateur.
•FEUX A \ DÈS (Denis), voyageur por-
tugais, équipa en 1446 un bâtiment pour
faire de nouvelles découvertes sur la côte
d'Afrique. Il y reconnut l'embouchure du
Sénégal, et pénétra jusqu'au promontoire
le plus occidental d'Afrique, auquel il
donna le nom de Cap ^ert . à cause du
grand nombre d'arbres verdoyans dont
cette pointe de terre était couverte. Les
brisans qui entourent ce cap l'alarmèrent;
il n'osa pas alli;r au-delà.
•FER.\A\DÈS (Juan), pilote espagnol
qui fit plusieurs découvertes dans le 16*^
siècle , découvrit en 1j7'2 dans un de ses
voyages du Pérou au Chili, les iles qui
portent son nom et desquelles les voya-
geurs Dampier et Anson ont donné de
bonnes descriptions. Deux ans après, dans
une autre traversée , il trouva les îles de
Sl.-Félix et de Sl.-Ambroise , situées au
oord des précédentes. Parti du Chili en
1576, il rencontra après un mois de navi-
ei^on une côte que toutes les apparences
lai firent regarder comme celle d'un con-
tinent. Comme son navire était très petit
et assez mal équipé, il ne poussa pas plus
loin SCS recherches; il avait l'intention de
revenir avec une expédition plus considé-
rable; aiais la mort l'empéclia d'exécuter
ion projet. On a supposé que cette île était
la Nouvelle-Zélande. On trotjvc quelques .
détails sur l'expédition de Fernandès daiM
un ouvrage espagnol de Louis Arias, Inti-
tulé Mémoire pour recommander au roi lu
conversion des naturels des tics nouvelle-
ment découvertes . 1609 , publié aussi en
anglais par Dalrymple, Edimbourg, 1773,
qui en inséra un extrait dans sa Collection
historique ; le livre intitulé Voyages de la
mer du Sud par les Espagnols et les Hol-
landais, traduit par Fréville, n'en est
que l'abrégé.
FEU.\A.\DEZ DE CORDOUE. Voyez
GONSALVE.
F E R N A iM D K Z ( A ntoine ) , naquit à
Co'imbre en 11)52, se fit jésuite , fut pro-
fesseur d'Ecriture sainte à Evora, et se
consacra ensuite aux missions dans les
Indes Orientales. De retour à Lisbonne , il
y prêcha avec beaucoup de fruit, et mou-
rut , consumé de travaux, à Co'imbre lu
14 mai 1628. On a de lui un Commentaire
sur les visions de Vylncien Testament^
imprimé à Lyon.
• FERi\/V]\DEZ (Antoine), jésuite por-
tugais, né à Lisbonne en 1566, fut envoyé
à Goa en 1602 , et pénétra deux ans après
en Abyssinie, déguisé en arménien. Il ré-
sida trente ans dans ce pays, et sut acqué-
rir l'estime et la protection de Socinios ou
Melec-Segned, qui était monté sur le trône
en 1607 , el avait embrassé la religion
calholiqiAe. Ce prince chargea Fernande^
d'une mission auprès du roi d'Espagne
Philippe IV et du pape Paul III. Le cou-
rageux jésuite demanda pour l'accompa-
gner Fécur-Egzy, homme considéré en
Ethiopie , et rempli de xèle pour la reli-
gion catholique. Pour éviter de traverser
les provinces révoltées, où ils auraient été
arrêtés et leurs dépèches saisies , ils fu-
rent obligés de prendre la route de Naréa,
qui est la plus longue , el d'arriver par
celte voie à Melinde sur l'Océan des In-
des. Fernande/, et sa compagnie parti-
rent de Goïam au mois de mars 1613
Arrivés dans l'Alaba , ils furent arrêtés et
mis en prison par ordre du souverain de
ce pays , prince mahométan. Il les au-
rait fait mourir sans les lettres et les pré-
sens du monarque des Abyssins. Entin il
voulut bien les mettre en liberté , mais à
condition qu'ils rebrousseraient chemin.
Ils furent donc obligés de revenir à Goiani ,
après dix-huit mois d'un voyage pénible,
et dans lequel ils avaient plusieurs fois
risqué de perdre la vie. Après la mort dti
Pèi e Paèz , chef de la mission , il en rem-
plit quelque temps lus fonctions ; mais
FER
86
FER
Fadillas, qui succéda à Socinios, mort en
167)2, ayant expulsé de ses étals tous les
prêtres catholiques , le Père Fernandez,
revint à Goa , où il mourut le 12 novem-
bre 1642. On connaît de ce Père, i en éthio-
pien, un Traité des erreurs des Elhio-
inens^ Goa 1642, in-4" , imprimé avec des
caractères éthiopiens, envoyés par Urbain
VIII ; I dans la même langue , une Tra-
duction du Rituel romain, 1626 ; ] en dia-
lecte amharique , une Instruction pour
les confesseurs j avec d'autres ouvrages
ascétiques ; | Voyage à Gingiro. fait avec
Fécur-Egzy ^ ambassadeur envoijé par
l'empereur d' Ethiopie en 1613, contenant
la route pénible et dangereuse du voya-
geur ^ sa captivités sa délivrance ainsi que
ta description des royaumes de Naréa,
de Gingiro et de Cambate. avec des par-
ticularités curieuses. Ce voyage a été in-
séré dans le tome 2 d'un recueil publié en
hollandais par Vander-Aa, 1707, 2 vol. in-
12, avec une carte bien gravée, mais peu
exacte. Cette relation y est renfermée en
22 pages ; elle est curieuse , mais laisse
bien des choses à désirer. Moréri attribue
à Fernandez un autre ouvrage en éthio-
pien , intitulé Trésor de la foi ^ dans le-
quel il réfute un écrit dans la même lan-
gue, d'un éthiopien schismaticfue , appelé
Ras-Athanate.
* FERNANDEZ (Jean-Patkice), jésuite
et missionnaire au Paraguay, était aussi
espagnol. Il a publié la Relation histori-
que de la mission chez la nation appelée
Chiquitos. Madrid , 1726, 1 vol. in-8" ; elle
a été traduite en allemand , Vienne , 1729,
1 vol. in-S", et en latin , ibid.^ 1753 , i vol.
in-ii.° ; elle contient l'histoire des Chiqui-
tos et celle de quelques nations voisines.
On n'y trouve guère d'autres détails que
ceux qui ont rapport à la mission. Le Père
Jean-Palrice se disposait à en aller fon-
der une à Chaco , -lorsqu'il mourut en
1772.
• FERN.VNDEZ NAV ARRETE (Jeaîv ),
surnommé el mudo ( le muet ) , célèbre
peintre espagnol, né à Logrono en 1526,
perdit l'usage de la parole à la suite d'une
maladie aiguë. , dès l'âge de 2 ans. Cette in-
Urmiténe l'empêcha pas de manifester un
goût décidé pour la peinture.Il fut plusieurs
années à l'école du célèbre Titien et devint
peintre de Philippe II, qui lui fit faire
plusieurs grands tableaux pour le mona-
stère de l'église de i'Escurial. Ses plus
beaux ouvrages sont une Assomption .
L Martyre de saint Jacques . un saint Jé-
rôme dans le désert Aine Nativité dcJ.-C^
la Réception des trois Anges par Abra-
ham. Ce dernier est son chef-d'œuvre.
Fernandez mourut à Ségovie en 1579. Il
était très instruit dans l'histoire , la my-
thologie, el se distingua dans son art par
la composition, la correclion du dessin,
l'expression des figures , et surtout par
le coloris, ce qui le fit appeler le Titien
espagnol. On trouve ses tableaux au pa-
lais de I'Escurial. Il y a eu plusieurs au-
tres peintres et sculpteurs du même nom.
* FERNAIVDEZ-THOM AS ( Manoel),
né à Lisbonne vers 1760 , fut un des agens
les plus actifs et le prinrlpal auteur de la
révolution de Portugal, du 26 août 1820.
Choisi pour faire partie de la junte pro-
visoire du gouvernement qui s'installa à
Oporto , il alla se réunir à celle de Lis-
bonne. Don Manoël était juge de PorU ,
lorsqu'il fut nommé , par le congrès con-
stituante député aux cortès, dont il de-
vint bientôt vice-président. Quand la con-
stitution fut publiée , il vota pour une
amnistie générale. Après avoir opiné que
le congrès ne devait pas aller au devaul
du roi , il fut de la députation qui se ren-
dit à bord du vaisseau qui avait trans-
porté S. M. de Rio-Janeiro au port de
Lisbonne. Il s'opposa ensuite au veto ab-
solu , et demanda que le veto royal sus--
pensif ne s'appliquât pas aux articles de
la constitution que le roi devait accepter
ou refuser. Il fit affecter les revenus des
élablissemens ecclésiastiques supprimés
aux créanciers de l'état , et provoqua la
loi sur la liberté de la presse , pour les
délits de laquelle il vota , au maximum, j,
une forte amende et dix années de pri-
son. Lors de l'extinction du saint office ,
il demanda qu'on donnât pour seuls mo-
tifs les lumières du siècle , et son incom-
patibilité avec un pays d'hommes libres .
Le patriarche de Lisbonne n'ayant pas
voulu prêter serment à la constitution,
il vota pour qu'il fût entendu, jugé , et fit
ensuite supprimer le patriarcat. Il ap-
puya le projet tendant à écarter des em-
plois les ennemis de la constitution. U
parla en faveur de l'établissement du jury
dont les membres devaieKi, selon lui,
être élus par le peuple , et les déclara
juges compétens dans les matières reli-
gieuses. Nous passerons sous silence d'au-
tres motions de ce député , qui portait
dans la tribune tout le délire d'un déma-
gogue , et qui se montra un des plus ar-
dens adversaires du roi et de son auguste
famille. Pendant toute la session il exerça
la plus grande influence sur ses collègues.
FEIV
n mourut à Lisbonne , le 20 novembre
is-ii.
Fi:n>\XVIIXE (PiBi»nB-Si»Oî« CHA-
V\\U)V iU^ SVINT-ANDUÉ de), prèlredu
.1..,, s,> lie Meaux. morl le 20 octobn-
, ... I.. ,,j^ a,„ ^ j„ua un rôle duns le
1 r<»u<iJilulionn«lres. On u de
irr tie- la seconde < olontie
: \ Krpîication de l'Apoca-
'YS à ,1/'"'' Mol. in-4".
i â.iv n. ^ .«iir Joa^ ) , antiquaire all-
ais. tnort vers KilO, est auteur d'un
1 1 aité intitulé : the Blason ofgeninj. di
V i!*é en deux parties in-4'.
• FKIl\E (Hk^ri), lils du précédent,
tcrlé>iastique ant^lais, né à Yorck en
ItUV2. s'attacha à l'infortuné Charles l" .
aviprtvs du(fuel il remplit les fonrtions de
chapelain durant ses infortunes : il fui
iioniiné lors de la restauration directeur
(lu collège de la Trinité à Cambridfje ,élu
deux fois vice-chancelier de cette uni-
\ ersilé , et mourut en 1661 , peu de temps
1 près avoir été consacré évéque deChes-
r. Il passe pour avoir beaucoup aidé
^^'allon dans la rédaction de sa Bible
polyglotte .e.\. il a publié lui-même plu-
-i.'urs ouvrages. Les plus connus sont :
The Resolvinq nf Conscience , etc. . im-
primé à Cambridge , en 16/i2 , à O.xford ,
l'u 1043 ; I Episcopacy nnd presbytery
cnnsidered . Londres, 1047 -, j On the divi-
sion betwen the eiiglish and romissh
i.hitrch upon the reformations ibid. ,
liiao, etc.
FEU.VEL {5eks ), natif de Clermont
eu Beauvaisis , vint au monde en 1497 (i).
.Vprès avoir consacré plusieurs années à
lu philosophie et aux mathématiques, il
s'appliqua à la médecine qu'il exerça avec
beaucoup de succès. On prétend qu'il
s'avança à la cour de Henri II, dont il
devint le premier médecin , pour avoir
trouvé le secret de rendre féconde Ca-
Wierine de Médicis. Cette princesse lui
lit des présens considérables. Cet habile
homme mourut en 1558. N ul d'entre les
modernes , depuis Galien , n'avait mieux
rcril avant lui sur la nature et la cause
des maladies. Sa Pathologie en fait foi:
Kernel la vit lire de son vivant dans les
érolfs publiques. On a de lui plusieurs
- «mvrages non moins estimés; les
l>aux sont : | Mediciiia univcrsa .
' Ul, 16ÎÎ6 , in-k'* \ \ Medici antiqui
iirœci qui de febribus scripserunt . A'e-
(•). L< Wtt. Dairc d^oi «on bittoirc de Mont-Di
ttrr Icfwt p«;treà Mont-I)iJU( en i;85.
87 FER
nlsr, \\VS\ , in-fol. Les Médecins latins
sur la même matière otit été imprimés en
l.'i'iT, in-fol. I C.nnsilia mediciualia.FTQxtc-
fort , IjS:», in 8" etc.; \ Monacosphœ-
riitm sive astro/nhii genus. gêner alis ho-
j'/irii stnuttirn. Paris, 1.')!20, in-fol. ; J De
proportioni/ms lihri duo . Iîj2« , in-fol. :
I Cosmotlieoria libros duos complcxa ,
l.")iJ8, in-fol.; | De naturali parte niedici-
nœ lihri septem. 1;>42, in-fol. ; | De ahditis
reniin causis . li'iri duo, 1548, in-fol.
réimprimé près de 30 fois ; | Medicina .
Paris , 1554 , etc. ; | Therapeutices iini-
versalis lihri septem . Lyon , 1571 , tradtiit
en français par du Teil, Paris, 1648, in-8".
Cet illustre restaurateur de la médecine
n'était point pour le fréquent usage de la
.saignée ; et on le loue avec raison de s'être
écarté de la méthode d'Hexelius trop
l)rodigue du sang. On trouve dans ses ou-
vrages , outre une savante théorie, des
faits curieux , tel que celui d'un énergu-
mène , qui parlait grec et latin sans avoir
jamais appris ces deux langues : « ce qui
» prouve , dit un auteur , que Fernel n'a-
» vait pas cet entêtement philosophique,
t) déterminé plutôt à nier des choses con-
» stalées,qu'à convenir de l'impossibilité
n de les expliquer sans recourir à des sé-
» vérités religieuses. » Au mérite d'ex-
cellent médecin , Fernel réimissait celui
de bon écrivain. Il parlait et il écrivait la
langue latine avec tant de pureté , qu'on
l'opposa souvent aux savans ultramon-
tains qui nous reprochaient le lalin bar-
bare de nos écoles. « Ce grand médecin ,
» dit un auteur moderne . considérait
» cette lanr«|ie comme la seule assortie à
» sa profession, et eût regardé comme
» \\n blasphème en malièie de science .
» comme en matière de morale , le projet
» de traiter la médecine en langue vul-
» gaire. Une telle innovation, fruit de
» l'ignorance et de la corruption de ce
i> siècle, ne s'était point offerte à l'esprit
» des grands hommes qui nous ont de-
» vancés dans la carrière des connais-
» sances humaines. Indépendannnentdes
» vues de décence et de moralité , qu'une
» langue antique et chaste peut seule réa-
» User, la nature nW'me de la médecine, se-*
» opérations et son but s'opposent à celte
» inversion. Les langues modernes chan-
» gent continuellement , le résultat des
» motsetdesconstructions n'est point irré-
» vocablement fixé. Il en naîtrait des équi-
» voques terribles , des termes inconnus
■ et mal interprétés, qui, dans une science
» de cette nature , seraient d'une const-
FER
»• qucnce affreuse. Un médecin, quelque
» habile qu'il fût, ne pourrait soigner que
» les paysans ou les bourgeois de son can-
» ton. Userait nul pour les malades dont il
» ne comprendrait pas la langue ; au lieu
» que la langue universelle le met à même
» de les servir tous, au moins ceux qui la
» savent également , ou qui trouvent un
» interprète de la leur; ce qui ne manque
» nulle part où il y a un ecclésiastique ou
» un homme tant soit peu lettré. » L'étude
était la principale, ou pour mieux dire, la
seule passion de Fernel. Quand il avait des
convives chez lui, il ne faisait pas diffi-
culté de les quitter àla fin du repas, pour se
retirer dans son cabinet; excellente leçon
pour ceux qui sacrifient à une politesse
jiarasite et mal entendue un temps pré-
cieux ; et plus encore pour ceux qui par
cette frivole considération , dérogent aux
devoirs de leur étal et aux fonctions les
plus respectables.
* FERNIG ( Louis-JosEPH de) , naquit
le 5 octobre 175S d'une famille noble d'Al-
après avoir fait avec distinction les
campagnes du Hanovre ( 17o3-176!2 ) , il
quitta le service et se livra à la culture
des lettres. Il se lia avec Voltaire qui le
retint pendant un an à Ferney. Après la
mort de ce philosophe, il vint dans le Hai-
naut français où il fit lui mariage hono-
rable, et se fixa à Mortagne dans le dcpar-
tementdu Nord, où il était administra-
leur et greffier général des terres et chà-
tellenies de ce lieu ; Feniig s'occxxpait en
même temps de littérature et de science.
Nommé en 1789 commandant de la garde
nationale , il empêcha les désordres qui
eurent lieu sur tcuit d'autres points. Ce fut
H Mortagne que se tirèrent les premiers
coups de fusil entre la France et l'Europe ;
la garde natioaale dont Fei'uig avait été
nommé commandant en 1789 , s'opposa
avec vigueur à l'entrée des Autrichiens,
r.ienlôl la guerre fut portée en Champa-
gne ; pendant que les gardes nationales du
]N'ord allèrent seconder les efforts des trou-
pes de ligne, le pays de Mortagne fut sac-
cagé et la propriété de Fernig ne fut point
épargnée. Dumouriez donna à sa famille
un asile dans sou camp, et à lui , la place
de capitaine commandant les guides. Fer-
nig combattit en cette qualité à Yaliny, à
Jemmapes, à Nerwinde, eut une grande
part aux succès des campagnes de 1792
et 1793 , et quiîla l'armée avec Dumou-
riez. Rentré en France en 1802, il vécut
dans la retraite, et mourut en 1816 d'uae
attaque d'apoplexie. Il était le père de
88 FER
l'officier général du même nom et des
demoiselles Fernig qui ontjoué un sigrand
rôle pendant la révolution. Voijez l'article
suivant.
* FERNIG (les demoiselles Félicité et
Théophile de), étaient âgées la première
de 16 ans, et la seconde de 15, lorsqu'en 1792
elles prirent les armes et allèrent se pla-
cer dans les rangs de la garde nationale
de Mortagne, qui se mesurait chaque jour
avec l'ennemi. Le général Beurnonville
en informa la Convention qui leur envoya
deux chevaux richenaent caparaçonnés.
Lorsque les troupes françaises se portèrent
sur la Champagne envaliie par le duc de
Brunswick, Dumouriez donna aux deux
sœurs Fernig des commissions d'officiers
d'élat-major ; elles combattirent à Valmy,
à Jemmapes , à Anderlecht, à Nerwinde ,
et dans toutes les affaires qui eurent lieu
jusqu'au S avril 1793. L'histoire des cam-
pagnes de cette époque leur attribue plu-
sieurs actions glorieuses. Entraînées dans
la fuite de Dumouriez , elles reprirent en
pays étranger le costume et les habitudes
de leur sexe. Cependant poursuivies en
Hollande, en Westphalie, en Daneraarck,
cherchant un asile qu'on leur refusait par-
tout, après avoir été emprisonnées en Hol-
lande, elles vinrent à Paris solliciter la ra-
diation de leurs noms sur la liste des émi-
grés : mais elles furent obligées de quitter
le sol natal , et ne purent y rentrer que
sous le consulat, en 1802. Mlle Théophile
est morte en 1818 à Bruxelles où sa sœur
s'est mariée. Les demoiselles de Fernig
avaient deux autres sœurs, Louise et Ai-
mée qui étaient trop jeunes pour suivre
leur exemple , et un frère qui parvint au
grade de général de brigade.
* FERNOW (Louis), savant philologue
allemand , né à Weymar en d775 , mort
en 1809 , réunissait le goût des arts à une
érudition très étendue. Avide d'instruc-
tion , mais privé des ressources néces-
saires pour satisfaire un si noble peu -
chant, il subvint d'abord aux frais de ses
hautes études en tirant parti de son talent
pour peindre le portrait. Il fit ensuite à
pied le voyage de Rome ; et , pendant un
séjour de dix années dans cette ville , il
ouvrit aux artistes allemands un cours
sur la critiqxie et la faculté du jugement
d'après les principes de Kant : dans le
même intervalle il se livrait avec ardeur
à l'étude des arts et des monument de
l'antiquité, et il approfondit celle de la
littérature italienne. Parmi les ouvrages
de te savaîU, qu'une maladie lente cl dou-
FEU
lonrcu^c n'iMHprchu poinl do poursuivre
i.liMnmunt ses travaux jusqu'au Icvinc
lal, ou distiniîuo les suivans ; | Tableau
s- mœurs et de la culture des Romains
r\\ alloiuand). Gothn. 180^. in-«" ; | Gram-
maire itulietme à l'usai/e des .allemands.
ib. , 1804, S vol. i»-*i"; «ne cdilion tris
prtM ii'use du Danle , de Pctrarquo et de
1 Vi ioNtf. avec des notes uxpliralivcs, his-
i.Mi<|ii('s cl critiqm'S. en ilalien sous le
! 1 1 c de liaccoUu d'autori cfassiri italiani
1 tO volumi*s, ouvrajrc qu'il lit paraître
-wr les ciicfuiragt^nciis de la princesse
\inclic,duchessede Weyniar. dont il était
l>ibliothécairc; une Iraduction allemande
tk- M'inkelinann, Dresde , 1809-10 , 2 vol.
in-S", ouvrage qui ne lui fait pas moins
(ilionneur que le précéUent ; la traduction
'st. 3à 7(1811-17) est due àMM.Meycrs
1 Schulz.. On doit encore à Fernow une
''otice très intéressante sur le peintre
irstens, avec qui il avait été lié intime-
lut'nt : on en trouve la traduction dans
\\i Magasin encycl. (1808, t. k, p. 25).
Les Etxuica romaines ( ouvrage imprimé
à Zurich de 1806 à 1811, 5 vol. in-8° ) con-
liennent aussi de lui plusieurs sa vans trai-
tés , notamment celui qui roule sur les
dialectes des Italiens, et qui est inséré
dans le t. 5 de cette collection : un autre
sur Canova a été traduit dans le Magasin
encyclopèdi(]ue ( 1807, t. 1 . p. 80 ). Fernow
a laissé en manuscrii une Entotnologie
des langues romaines, qu'il n'a pas eu le
temps de terminer, etc. M. Beotliger lui
a consacré une Notice dont on peut voir
ta traduction dans le Magasin encijcl. de
1809, t. 1, p. 119-124. La bibUolhèque de
Kemow, très riche en littérature ita-
lienne, a été achetée par le duc de Saxe-
Veymar ; elle a été réunie à la bibliothè-
que ducale.
FERON (Jea:v le), né à Compiègnc,
avocat au parlement de Paris , pulilia en
1555, le Catalogue des Connétables, Chan-
celiers, amiraux , Maréchaux de France.
»n-foI. Cet ouvrage , entièrement refondu
par Denis Godefroi , au Louvre , 1658 , a
fait ouI)licr l'édition de Feroii, qui mou-
rut âgé de 60 ans, sous le règne de Char-
les IX. On a encore de lui quelques au-
tres écrits, tant imprimés que manuscrits.
FERR\CI\0 ( BARTHtLKMi ), né en
'2 à Solagna près de Bassano . montra ,
^ i plus tendre jeunesse , ce que peut
' irc toute seule. Réduit au métier
iir de bois, il inventa, au sortir de
1 .if i'.\rc, une scie , qui par Je moyen du
'.it, Lisait Irèspromptemenl un travail
80 FER
exact et considérable. Il imagina ensuit^»
de faire des tonneaux à vin sans cerceaux;
et il en lit qui étaient plu» solides que
ceux qui en ont. Ces succès agrandirent
bientôt la sphère do ses inventions. Il
travailla sur le fer, et il lit des horloger
de cette matière , qui , quoique très sicn-
ples, produisaient beaucoup d'effets diffé-
rens. Il inventa même une machine hy-
draulique aussi peu compliquée , par le
moyen de laquelle il faisait de grandes
roues dentelées. Ce qui étonna surtout les
mécaniciens, c'est la machine hydraulique
faite pour le procurateur Bellegno. Celte
machine élève l'eati à 35 pieds, mesure du
pays : c'est la vis d'Archimède. Enfin,
c'est à ce célèbre ingénieur que la ville
de Bassan doit le fameux pont de laBrcn-
ta , aussi admirable par la hardiesse que
par la solidité de sa construction. Cet ha-
bile homme est mort à Solagna en 1777
M. Fraiiçois Memmo a publié la f'ie el
les inventions de ce mécanicien, à Venise ,
1754, in-i».
* FERRAJUOLI (Nojïzio, dit DEGLI
AFFITI), peintre napolitain, né à Nocera
près de Salerneen IGGl , mort à Bologne,
excellait dans le paysage. Ses composi-
tions se font particulièrement remarquer
par la variété des plans , la beauté des
sites , et par l'art avec lequel étaient ren-
dus la dégradation dans les objets de la
nature, les lointains, l'air, les feuillages
battus des vents , les eaux dans im mou-
vement continuel : quelques-uns de ses
ouvrages ont été comparés à ceux de l'Ai-
banc , de Salvator Rosa et de Cl. Lorrain.
PERR.WD {Fulgentius Ferrandus ) ,
diacre de l'église de Carlhage au 6*= siècle,
disciple de saint F'ulgence, fut im des pre-
miers qui se déclarèrent contre la con-
damnation des Trois Chapitres, et particu-
lièrement contre celle de la lettre d' Ibaa-
On a de lui une Collection abrégée des Ca-
nons , une Exhortation au comte Rcginus
sur les devoirs d'un capitaine chrétien, et
quelques autres morceaux que le jésuite
Chifflet ût imprimer à Dijon en 1649,
in-4°.
FERRAND ( Jea!» de ). l'oyez FE-
RAULT.
FERRAND (Jacques), natif d'Agen .
docteur en médecine vers le commence-
ment du dernier siècle, a laissé un Traité
sur la maladie d'Amour^ in-8°, Paris,
162:..
FERRAND (Louis) , né «à Tottlon le "S
octobre 1645, était avocat au parlement
de Paris, où il mourut en 1699; mais il
8.
FER 90
est moins connu sous cette qualité , que
sous celle d'érudit. Il avait une connais-
sance assez étendue des langues et de l'an-
tiquité, mais celte connaissance était un
peu confuse. Il accable son lecteur de cita-
tions entassées sans choix, il écrit en sa-
vant qui n'est que savant et qui raisonne
de même. On a de lui | un gros Commen-
t/are latin sur les Psaumes^ in-i" , 1683.
I Réflexions sur la Religion chrétienne,
•1679, 2 vol. in-12 , qui offrent plusieurs
questions curieuses de chronologie et
d'histoire, et une explication des prophé-
ties de Jacob et de Daniel sur le Messie,
i Le Psautier latin-français , 1686, in-12.
I Quelques écrits de controverse , parmi
lesquels on distingua dans le temps son
Traité de l'Eglise contre les hérétiques^
et principalement contre les calvinistes ,
Paris, 1685, in-12. Le clergé de France
fut si content de cet ouvrage , qu'il aug-
menta de deux cents livres la pension de
800 , qu'il lui avait accordée en 1680.
I Traité de la connaissance de Dieu, pu-
blié avec des notes par un moine béné-
dictin de Saint-Bertin en Artois , Paris ,
1706, in-12; | une Lettre et un Discours
pour prouver le monachisme de saint
Augustin, opinion qui n'est pas adoptée
par les boas critiques.
FERRAIND (Axtoine), conseiller à la
cour-des-aides de Paris sa patrie, mort en
1719, à 41 ans, faisait de petites chansons
galantes. Il jouta avec Rousseau dans
i'épigramme et le madrigal. L'un et l'au-
tre eussent dû mépriser un genre où il y
avait peu de gloire à acquérir, et où le
succès est presque toujours la mesure de
la honte. La plupart des chansons de Fer-
rand, recueillies in-8", ont été mises sur
les airs de clavecin de la composition de
Couperin.
FERRAND ( Jacques-Philippe ), pein-
tre français , lils d'un médecin de Louis
XIII, naquit à Joigny en Bourgogne, l'an
1655. Il fut valet-de-chambre de Louis
XIV, membre de l'académie de peinture.
II voyagea dans une partie de l'Europe ,
et mourut à Paris en 1732 , à 79 ans. Il
excellait dans la peinture en émail. On a
de lui un Traité curieux sur cette matière,
imprimé à Paris en 1752 , in-12. Oa y
trouve aussi un petit Traité de miniature.
* FERRr\l\D ( N... ) , médecin et voya-
geur français, né vers 1670, devint méde-
cin du kan des Tartares de Crimée, et ac-
compagna le lils de ce prince dans une
expédition en Circassie. Le mauvais état
dc5 cluctiens de ce pays le toucha vive-
FER
ment, et dans un voyage qu'il fil en 1706
à Constantinople , il engagea les jésuites,
qui étaient dans cette capitale , à établir
une mission dans la Crimée. Le père Du-
bon consentit à le suivre , et fonda une
mission qui eut les plus grands succès.
Ferrand resta toujours à la cour des kans,
où il jouit d'un grand crédit jusqu'à sa
mort, arrivée vers 1720. Il a laissé :
I Réponse à quelques questions faites au
sujet des Tartares Circasses; \ Voyage
de Crimée en Circassie par le pays lies
Tartares Nogais , fait en l'an 1702. Ces
deux morceaux ont été insérés dans le
tome 10 du Recueil des voyages au nord,
et dans le tome 3 des Lettres édifiantes ,
nouvelle édition. Ferrand se montre dans
ces deux ouvrages judicieux et bon ob-
servateur.
* FERRAND (M AuiE-Louis), général
de division, naquit à Besançon le 12 oc-
tobre 1753. Après avoir fait de bonnes
études, il embrassa le parti des armes, et
lit toutes les campagnes d'Amérique dans
le corps de Rochambeau , avec son frcro
qui était pharmacien en chef. A son re
tour en France , il s'engagea dans vm ré-
giment de dragons, et devint secrétaire
de son colonel. En 1792 il était chef d'esca-
dron. Arrêté sous le régime de la terreur,
il fut jeté en prison, et n'en sortit qu'a-
près le 9 thermidor. Il eut alors un avan-
cement rapide. Il servit en qualité de gé-
néral de brigade dans les armées de l'Ouest ,
des Ardennes et de Sambre- et -Meuse.
Après la paix d'Amiens, il fut nommé gou-
verneur de Valenciennes, et quelque temps
après commandant du département du
Pas-de-Calais. Lorsque le gouvernement
voulut se mettre en possession de Saint-
Domingue , dont la partie espagnole ve-
nait d'être cédée à la France par le traité
des Pyrénées, Ferrand fut désigné pour
faire partie de l'expédition. Après la mort
du général Leclerc , qui avait soumis l'ile
entière en quatre mois, une iiisurrectiou
des Nègres ayant éclaté sur tous les points,
le général Ferrand songea à mettre la par-
tie française à l'abri des révoltés; mais l'oc-
cupation du Cap par Dessaline le força
de se replier sur Santo-Domingo : le gou-
vernement lui en fut déféré. Et lorsqu'en
1805 Dessaline s'avança à la tête de vingt-
deuxmille nègres, il lit avec le secours des
habitans une vigoureuse défense. Sur ces
entrefaites, les secours qu'il avait deman-
dés à l'amiral Missiessi étant arrivés, Des-
salines fut battu sur tous les points, et
forcé de lever le siège. Dès ce moment la
FER
partie orientale jouit iluiic tranquillité
parfaite jusqu'au inotuiMit où l'on rc\'ul
en Anu-riquc la nouvelle de l'invasion de
l'Kspngne par les Franvais ( 1808 )• Legou-
▼crneiir de Porlo-Uioo en instruisit Fer-
rand par une déclaration de guerre, tan-
dis que la plus grande partie des colons
n>nMncnçail à regarder les Français de
mauvais œil . malgré les bienfaits dont
Ferrand les avait comblés. Une révolte
éclata à Barahoude dans les premiers jours
d'octobre. Ferrand sortit de Santo-Domin-
go pour allf'r étouffer l'insurrection , et
joignit les rebelles le 7 novembre à Palo-
lliuiado. Quoiqu'il n'eût que cinq cents
hommes, et que les ennemis fussent quatre
fois aussi nombreux, il les attaqua avec
vigueur. Le combat fut long et opiniâtre;
mais enlin 1^6 Français succombèrent sous
le nombre, et Ferrand, après des prodiges
de valeur, s'ota la vie d un coup de pisto-
let, pour ne pas tomber au pouvoii des
vainqueurs (7 novembre 1808). On trouve
des détails sur ce général et ses opérations
administratives dans un ou\ rage intitulé :
Précis historique des événemens de la
partie de l'est de Saint-Domingue ^ par
M. Gilbert Guillemin , Paris, 1811, in-8".
FERRAND DE MOM'IItLON, ancien
professeur de l'académie de St. -Luc à
Paris , ensuite professeur de dessin à
Reims , né à Paris , et mort dans celte
ville en 1754, eut beaucoup de mérite en
son genre. On a de lui un Mémoire sur
rétablissement de l'Ecole des ^irts.
• FERR.WD DE LA CAUSSADE
( Jeax-Hexri bec ATS), général français,
né le 16 septembre 1736, à Mont-Flanquin
en .Vgenois , dune famille noble , obtint
en 1746 une lieulenaucc au régiment de
Normandie infanterie, et fit les campa-
gnes de 1747 et 1748. Blessé grièvement
au combat de Clostercamp pendant la
guerre de 7 ans, il fut élevé au grade de
capitaine en 1756. décoré de la croix de
Saint-Louis en 1767- . et fait major de Va-
lenciennesen 1761. Lorsque la révolution
cdata , il en adopta les principes , et fut
nommé command:iiUdc la (jarde nationale
de cette ville, où il eul le bonheur de main-
tenir le bon ordre. Nomme maréchal-dc-
cainp en 17l»2, il partit pour l'armée du
Nord, et contribua beaucoup au gain de la
balaillc de Jemmapes. En 17'J5, il fut fait
fT,n,, ,1 (Je brigade, et quelques jours
, 'lierai de division. 11 se distingua
'■ Valtncien »cs, qu'il défendit, pen-
i! pri sdc troLs mois, contre l'armée coa-
--■e, forte de 150,000 hommes, quoiqu'il
91 FER
neùl avec lui que 9,.'400 liommeA de toutes
armes, et ne capitula qu'après avoir re-
poussé plusieurs assauts, et ayant trois brè-
ches praticables depuis 8 jours au corps
de la place. (îelte déftMise, qui passe pour
un des beaux faits d'armes de la révolu-
tion , ne l'empêcha pas d'être incarcéré
pendant 9 mois , et il ne recouvra sa li-
berté qu'à la chute de Robespierre. Le dé-
labretnenl de sa santé l'obligea de deman-
der sa retraite. En 1802, il fut nommé
préfet de la Meuse-Inférieure, et fut rap-
pelé en 1804 pour remplir d'autres fonc-
tions. Il est mort à la Planchette, près
Paris , le 28 novembre 1805, après avoir
publié im précis de la défense de Valen-
ciennes, Paris, 1805, in-8".
• FERRAND ( Axtoine-Fraivç.-Clacdk,
comte), pair de France, membre de l'aca-
démie française, etc., né à Paris le 4 juillet
1751, d'une famille qui s'était distinguée
dans la carrière des armes et dans celle du
barreau entra au parlement, à 18 ans, au
moyen d'une dispense d'âge et y fut reçu
conseiller le 29 juillet 1769. Ayant partagé
la résistance de cette assemblée aux me-
sures du chancelier Maupeou , il partagea
aussi son exil , et c'est à cette époque qu'il
débuta dans la carrière littéraire par
quelques ouvrages de poésie et des com-
positions dramatiques. Louis XVI ayant
présenté au parlement , à la fin de 1787 ,
un édit qui ordonnait la création d'em-
prunts graduels et successifs pendant
cinq années , Ferrand fut du nombre des
membres du parlement qui tentèrent de
détourner le roi de cette résolution. Fer-
rand combattit également le projet de
convocation des états -généraux; il fut
nommé néanmoins membre de la com-
mission chargée de préparer les remon-
trances où ils devaient être demandés , et
au nom de laquelle il dut porter la parole
au monarque . Toutefois il publia un écrit
dans lequel, s'exprimant d'après sa convic-
tion personnelle, il proposait de réformer
l'organisation du gouvernement, mais
en soumettant cette organisation à la dis-
position de l'autorité suprême Emigré en
1789, il s'attaclia au prince de Condé qui
l'admit dans son conseil , et il fut nommé,
à l'époque de la mort de Louis XVI,
membre du conseil de régence. En 1795 ,
il rencontra à Ratisbonne madame do
liombelles, qui lui donna des notes sur
madame Eliz-abeth de France dont il écri-
vit l'éloge. Rentré en France en 1800, il
s'occupa exclusivement de belles-lettres,
et ne tarda pas à publier VL'sprit de l'hi>
FER î
toire . ou Lettres politiques et morales ^
etc. , qui fut reçu avec faveur , surtout
par l'université qui le donna en prix dans
ses établissemens. La censure trouva ce-
pendant une allusion séditieuse dans le
discours adressé par Viomandus à Chil-
déric, légitime roi des Français, qu'il ré-
tablit sur le trône. L'empereur de Russie
envoya à l'auteur une lettre flatteuse avec
une bague d'une valeur considérable.
Ferrand , ayant été chargé par le libraire
Desenne d'achever \ Histoire de l'anar-
chie de Pologne de Rhulières , dont ce li-
braire possédait le manuscrit, s'en occupa
long-temps , et ne put ensuite faire pa-
raître son travail , à cause des obstacles
que la police mit à cette publication. Le
manuscrit fui enlevé au libraire et remis
à M. Daunou, qui en devint l'éditeur. En
1812, le bruit se répandit, mais sans au-
cun fondement , que Ferrand avait trem-
pé dans la conspiration Mallet. On ne
pouvait considérer comme conspirateur
un homme qui en 1800 , s'exprimait ainsi
au ministre Benézé qui lui témoignait
quelque inquiétude sur sa présence en
France : « Je vais me mettre bien à dé-
» couvert devant vous ; toutes les fois que
» l'on vous dira que je suis entré dans une
» conspiration, affirmez que cela est faux,
• et vous aurei raison. Mais quand vous
• «aurez qu'un prince français a mis le
«pied en France^ soyez sur que je ferai
» l'impossible pour l'aller joindre. » Lors
de la chute de l'empire, il continua de
marcher dans la ligne qu'il s'était tracée
depuis long-temps. « Le 31 mars 1814 ,
» après l'entrée de l'empereur Alexandre
» dans Paris , » disait le marquis de Qer-
mont-Tonnerre , dans l'éloge de Ferrand
qu'il prononça à la chambre des pairs ,
le 13 juin 1823, « et lorsque déjà l'opinion
» royaliste avait fait explosion au dehors,
» un grand nombre de personnes se réu-
» Dirent chez M. Lepelletier de Morfon-
» taine , dans l'intention de seconder la
• restauration de l'ancienne dynastie.
» Ferrand y parla des Bourbons , et , d'a-
» près la connaissance qu'il avait du plan
» de la restauration , il proposa d'avoir
» recours au sénat pour les rappeler. Les
» cris multipliés de point de sénat l'inter-
» rompirent , et le vœu presque unanime
» de la réunion fut de s'adresser directe-
» meut à l'empereur Alexandre. » Fer-
rand alla trouver avec MM. de Chateau-
briand et Soshène de Larochefoucauld le
(omte de Nesscl rode qui les reçut pour son
iouverain, et ce fut lui qui lui adressa la
2 FER
parole. Le 13 mai 1814 , il reçut la direc-
tion générale des postes avec le titre de
ministre d'état ; il fit partie de la commis-
sion chargée de rédiger le projet de charte
octroyée par Louis XVIII . et prit une
part plus ou moins active à diverses autres
mesures, notamment au projet de loi sur
la demande en restitution des biens non
vendus des émigrés. Ferrand fut appelé,
après la mort de M. Malouet, à remplir ,
par intcriiiî, les fonctions de ministre de
la marine , et rédigea à cette époque un
projet de loi sur l'abolition de la traita
des noirs Le 20 mars 1813 , il était encore
directeur-général des postes , lorsqu'il du»
céder la place au comte de Lavalelte. Ce
dernier, après plusieurs refus, lui accorda
un sauf-conduit qui devint plus tard une
pièce à charge contre lui , et Ferrand se
rendit dans la Vendée , puis à Orléans.
Après la seconde restauration , il reprit
son emploi, et fut nommé pair de France,
membre du conseil privé , grand-ofiicier
et secrétaire des ordres de Saint-Michel
et du Saint-Esprit, et membre de l'aca-
démie française ( 1816 ). Il assista depuis
régulièrement à la chambre des pairs , où
il a toujours voté pour les projets du
gouvernement. Ferrand est mort à Paris,
le 17 janvier 1825 , âgé de 72 ans ; Casi-
mir Delavigne lui a succédé à l'académie
française. On a de Ferrand les ouvrages
suivans: | Accord des principes et des lois
sur les évocations, commissio?is et cassa-
tions^ Paris, 1786 , un vol. in-12 , et 1789,
avec notes et additions. A l'époque où
Ferrand publia cet ouvrage , son libraiic
mit aussi en vente un poème erotique ,
sans nom d'auteur, par un vieux prési-
dent. En arrivant au parlement, celui-ri
aperçut Ferrand; « monsieur, lui dit-ii ,
» je viens de lire votre ouvrage chez notre
l' libraire. Il m'a fait rougir. Le public et
» mes confrères penseront qu'il est l'œuvre
» dun magistrat à cheveux blancs, que
» celui que je viens de publier est celui
» d'un jeune conseiller , et que le libraire
» les a trompés. Mais je m'empresse de
» proclamer la vérité , et de prier ces mes-
» sieurs de m'aider à faire connaître le
» véritable auteur de l'excellent ouvrage
» que vient de nous donner le jeune ma-
» gistrat qui est déjà une des lumières du
» parlement , et l'un des plus fermes ap-
» puis du trône. » | Essai d\in bon citoyen,
Paris , 1789, in-8° ; | Nullité et despotisme
de rassemblée prétendue nationale j. Pa-
ris, 1789; I Les conspirateurs démasqués
par l'auteur de KuUité et despotisme.
FER
93
FER
lin, 17aO. m-«"; | Etat actiuil fit! la
.ntce , Paris, 1790. in H"; | Les Fran-
- à Vassfinhlrr nnfiofinir on Rfftanse
■■ .lie
■ m
^ , , ., : , .., nix
ttals-grncraux ou }tancge , vulgairement
«;)/>f /<? Assfinblfc italtonulc, fovrier 17'J0;
I Douze lettres d'un eommerçant à un
cultii.'ateur sur les affaires du temps .
l'aiis, 1790 ; | Le dernier coup de la
ligue, octobre , 1790 ; | Réponse au Posl-
scripluin de M. iMlly - Tollendal à M.
Burke. 1791, ou 1793; | Le rétablisse-
tnent de la monarchie française . Nice,
«cplembre 1793, iii-8°; deuxième édition ,
Lit-ge, 1794, in-8"; | Lettres dun ministre
d'une cour étrangère sur l'état actuel de
la France, 1793; | Considérations sur la
révolution sociale , I^ndres et Ncuchâlel ,
1794, in-S" ; ( l'Esprit de l'histoire, ou
Lettres politiques et morales d'un père à
son fils sur la manière d'étuilier l'histoire
en général et particulièrement celle de
France, 1802, 4 volumes iu-4'> ; 6' édi-
tion , précédée d'une Notice biographique
par M. Héricart de Thury, neveu de l'au-
leur, Paris, 1826, 4 vol. in-8°, et 5 vol.
in-12 ( voyez ci-dessus ) ; | £loge histo-
tique de madame Llizabeth de France ,
suivi de plusieurs lettres de cette prin-
cesse, Paris, 1814, in-S*", nouvelle édi-
tion; I Œuvres dramatiques de J/. .-/. F..
Paris, 1817, un volume in-8", contenant
le Siège de Rhodes, tragédie en cinq
actes de 1784; — Zoaré . tragédie en 5
actes, de 1779, reçue en 1786 au Théâtre
français; — Philoctète . tragédie en trois
actes, de 1780, déjà imprimée à Paris,
1786, in-8°; — >i///>rrf, tragédie en cinq
actes , de 1785; | Théorie des révolutions,
rapprochée des principaux événemens
qui en ont été l'origine . le développement
vu la suite . avec une table générale ei
iimilytique, Paris, 1817, 4 vol. in-8";
I I/isloire des trois démetnfjremens de la
l'ologne. pour faire suite à THistoire de
l'anarcliie de Pologne , par Rliulières ,
Paris. 1820, 3 vol. in-8"; | Fues d'un
pair de France sur la session de 1821 ,
l*aris, 1821, in-8"; [ Réflexions sur le
Tintnuveltemcnt intégrât de la clutmbre
députés. Paris, 1823, in-8°. | Enfin
'opinions et des Rapports . imprimés
, ■■: iirdrc de la chambre des pairs, de-
vant laïuello l'orateur h's avait j)n)îi()nrés.
FEnn ARK. Vo'i. KÉNKE DE FRArs'CK,
rt ALKONSEdKST.
Ftnn \r,i ; Kariuélemi^ , Fcnarius,
gentilhomme milanais, né en 1497, Insti-
tua en 1533, de concert avec Antoine-
Maric-Zacliarie et Jacques-Antoine Mori-
zia, l'ordre des Barnabiles, si utiles de-
puis à rilalic et a l'Allemagne. Il mourut
supérieur de celte congrégation en 1544,
avec une grande réputation de vertu.
• FEllIl \UI ( AivnnÉ ) , peintre génois,
mort en 1559. il était également habile
pour le paysage, les fruits , les fleurs, les
animaux, et pour les sujets historiques. Il
y a eu plusieurs autres peintres de ce
nom.
FERRVRI (Fra\çois-Berxardi!w), prê-
tre de la congrégation des Oblals, docteur
de Milan sa patrie, naquit en 1577, et mou-
rut en 1669, à 92 ans. Il parcourut, par
ordre du cardinal Frédéric Rorromce,
archevêque de cette \'\\e, l'Espagne et l'I-
talie, pour recueillir des livres et des ma-
nuscrits. Il fit une riche moisson, et dès
lors la Bibliothèque ambrosienne eut un
nom dans l'Europe littéraire. On lui doit
plusieurs ouvrages , pleins d'érudition et
de recherches curieuses. Il écrit nette-
ment et méthodiquement. Les principaux
sont : I De ritu sacrarum coticionum.
Milan, 1620, in-4". Jean-Georges Graevius
a redonné au public ce savant ouvrage
sur les anciennes coutumes de l'Eglise à
l'égard des prédications ; Utrecht , 4692 ,
in-4". Quelques bibliographes ont dit que
le succès de ce livre excita la jalousie du
cardinal, et qu'il fit tout ce qu'il put pour
le faire supprimer , parce qu'il vit que
son traité De concionante Episcopo, qu'il
mit au jour dans le même temps , était
éclipsé par celui de. Ferrari ; mais cette
anecdote, déjà réfutée par le caractère du
sage et vertueux prélat , l'est encore par
les faits et les dates. Le livre de l'arche-
vêque ne vit le jour qu'en 1632 , après sa
mort , et 12 ans après la publication de
celui de Ferrari, iujprimé en 1620, in-4".
Cet ouvrage était un des plus rares ani-
brosiens, avant qu'on le réiniprimàt. L'é-
dition originale de 1620 est la plus recher-
chée. I Des applaudissemens et des accla-
mations des ^/vjciWjs; en latin, ouvrage
divisé en sept livres, et imprime à Milan
en 1627, in-4"; |un Traité des funéraillei
des chrétiens.
FERRARI (Je\w-B\ptiste), jésuite
de Sienne, né en 1580, mort en 1655,
donna au public, en 1622, un Dictionnaire
syriaque . in-4°, sous le titre de yomen-
clator Syhanus. très utile à ceux qui s'ap-
pliquent au\ langues orientales. L'auteur
SCSI principalement attaché à expliquez
les mots syriaques de la Bible : travail
dans lequel il fut aidé par de savans Ma-
ronites. On a encore de lui : De malorum
mireomm cultura ^ Rome , 16i6, in-fol. ;
et De florum cultura^ Rome, 1G55, in-4° ;
et en italien, Rome, 1658 , in-i".
FERRARI (Octavien), milanois, né
en 1518, professa la philosophie à Padoue,
et mourut dans sa patrie en 1S86 , estimé
pour sa vertu et sa vaste littérature. On
lui doit : I Clavis philosophiœ Arislote-
liciz, 1606, in-8°; | un savant traité de
\ Origine des Romains, en latin, Mi-
lan , 1607, in-8°. Graevius l'a inséré dans
le l**" vol. de ses Antiquités Romaines,
<»t y a ajouté les corrections nécessaires.
te style de Ferrari est pur et assez élé-
{jaiit.
FERRiVRI (Octave), naquit à Milan
comme le précédent , en 1607 , et ne fut
pas moins estimé. Il fut professeur d'élo-
quence au collège ambrosien , et liislo-
riographede la ville de Milan. Louis XIV,
la Teine Christine , la ville de Milan, lui
lirent des présens et des pensions. Il les
méritait par son savoir ; il possédait l'an-
tiquité. On a de lui plusieurs ouvrages
savans et curieux : | Sur les J^êlemens des
Anciens, et les Lampes sépulcrales , en
latîti , in-i", Padoue, 1683 {voyez LI-
CET!) ; I De Mimis et Pantomimis, 1714,
in-S"; I Origines linguœ italicœ , in-fol ,
1676; livre plein d'érudition, mais dans
leqtiel il exalte trop la langue italienne.
\ Opuscula, Hermstadt, 1710, in-8°. Ce
savant mourut en 1682 , à 74 ans. C'était
«n homme d'une humeur douce, sincère,
affable , ami de la paix : aussi l'appelait-
on le Pacificateur et le Conciliateur. Son
style est élégant et châtié , mais sans af-
fectation; il sait prendre le ton de son
snjet, à quelques endroits près, où il
imite xm peu trop le ton des poètes.
FERRARI (Philippe), religieux servitc,
mort en 1626, est connu par une Ttjpo-
graphie du Bréviaire romain, et par un
Dictionnaire géographique , que l'abbé
lîaudrand fit réimprimer en 1G82, aug-
menté de moitié. Il ne corrigea point les
inexactitudes de Ferrari, et il en ajouta
de nouvelles, suivant l'usage de ces com-
pilateurs ignorans, qui joignent leurs
rapsodies aux ouvrages des autres.
FERRARI (Gti), élégant et éloquent
écrivain du 18*^ siècle , né à Novare en
t717, et mort en 1791 , s'est fait un nom
distingué par plusieurs ouvrages latins ,
dignes du siècle d'Auguste. Il se Ut d'a-
bord connaître par son abrégé d'histoire
4 FER
De Vifa quinque imperatorum , ou Mé-
înoires de la vie de cinq généraux autri-
chiens qui se sont distingués dans la der-
nière guerre avec la Prusse , Vienne,
1773, in-8°. Ceux que la frivolité du siè-
cle n'a pas conduits jusqu'au mépris des
langues anciennes, ne peuvent que lire
avec plaisir cet ouvrage. On y trouve,
outre le mérite historique , un genre de
narration qui unit la précision avec la
majesté et la richesse du langage romain.
Les cinq généraux, dont l'auteur rapporte
les exploits, sont MM. Brown , Daun , Na-
dasti, Serbelloni et Laudon. Son style en
général ressemble beaucoup à Cornélius
Népos ; mais lorsqu'il entre dans quelques
détails sur les opérations militaires et les
révolutions de la guerre, il est moins alors
celui de Cornélius Nepos, que celui de
Jules-César; et c'est effectivement là le
modèle des historiens de la guerre. L'a-
brégé de la Vie des héros guerriers est
suivi , dans l'édition donnée à Lugano , en
1777, sous le titre de Opusculorum col-
lectio, de celle de trois hommes célèbres
dans la liitérature d'Italie : Jules-César
Brusato, Thomas Ceva , et Antoine Lec-
chi.Viennent ensuite sept Oraisons latines,
entre lesquelles on distingue celle de op-
timo patre-familias ; il y a des observa-
lions qui renferment plus de sagesse et
d'vtilité sur l'éducation des enfans , qu'on
n'en voit dans dix traités sur cette ma-
tière , laquelle a été tant agitée dans ces
dernières années, et dont on ne cesse en-
core d'occuper le public. Le style de Fer-
rari s'élève avec les choses, et prend un
nouvel essor quand il est employé à célé-
brer de grands événemens. Alors sa prose
devient nombreuse , ses périodes s'en-
chaînent, sa marche est plus grave et plus
imposante. C'est ce qu'on lemarque dans
le début de l'oraison , où il célèbre la fa-
meuse victoire de Kolin. 11 y a encoiv
dans ce Recueil, des plaidoyers sur diffé-
rens sujets plus ou moins intéressans ; et
c'est dans ceux qui le sont moins , et qui
semblent ne pas se prêter à la richesse et
aux ornemens de l'éloquence , (fue l'art et
les ressources de l'auteur paraissent plus
à découvert. L'on ne peut cependant dis-
convenir que quelques-unes de ces pièces
ont peu de développement , peu de force,
et quelquefois un peu de sécheresse II y
a aussi des faits qui ne sont pas rapportés
avec assez dexaclitude, et des narrations
où l'on croit entrevoir des anachronismes.
Ployez le Journ. hist. et littér. i" février
1778, p. 168.
FER 0
• î i:ivnAHI ( Jean-Biptisfe . lubbé ) .
Iresto, près d'EsIc , le 21 juin 173^,
Mirl i Patlouc on i80G, après avoir élc
rt des étiulcs du st-nuimirc de celle
, csl auUiir de difù ions ouvrages
lis en lalin cl «jui Irailciit pour la plu-
pari des mal ici es religieuses. On lui doil
«ussi quelques Opuscules poétiques qui
oiU du inérile , mais qui sonl rcsUs ma-
nuscrits : ce sonl dos Dialogues, des Odes.
«les Klcgies el des Lpigranwics. Ses meil-
rs productions sonl : | LauJalio in
rc démentis XIII, in-4°, Padoue ,
17(.'.» ; I Vita Egidii Forcellini. ibid., 1792,
in-4°; | f'ilœ illustrium virorum semina-
rii Patavinensis, ibid., 1799 . in-b" ; | f'ita
Jacobi Facciolali. ibid. 1799, in -8";
yiia PU FI, cum appendice, ibid. 1802,
in-4°.
• FERRARI ( Pierre ), arcbileclc de la
chambre apostolique, né à Spolèle en
1753, morl à Naplcs en 1823, se distingua
de bonne heure par une profonde con-
naissance de son art. Ses lalens furent
apprécies par l'adsninislralion française
qui les mit à prolit pour le bien de l'I-
talie, en le chargeant de plusieurs travaux
importans, en qualité d'ingénieur en chef
dans le département du Trasimène. Il
s'occu{)a surtout de concert avec le che-
valier Fontana,du projet de canal de jonc-
lion de la mer Adriatique à la mer Médi-
terranée. Ce ne fut qu'en 1825, qu'il ht
{)art au pubhc de ses méditations sur cet
important travail, dans un livre intitulé :
de l'Ouverture d'ufi canal navigable qui,
de la mer Adriatique en traversant l'I-
talie, déboucherait par deux endroits
dans la mer Méditerranée. Ferrari a
donné aussi des plans pour le desséche-
' ment des lacs de Trasimène et de Fucino.
FERR.VRI. roijez GIOLITO DE FER-
j RARI (Gabriel).
[ FERRARI. Voyez GALATEO.
FERRAR1£.\S1S. Foyez SILVESTRE
(Fra?sçois ).
' FERR ARIIS ( Jean-Pierre de ) , célè-
bre docteur en droit , natif de Pavie au
li' siècle, composa, dans un âge très
avancé, une Pratique de Droit, 1544,
in-8°, peu connue aujourd'hui.
• FERRARIM ( Micuel-Fabrice j, an-
"'— ■ .1 du couvent de l'ordre des
1. sa pairie, morl dans cette
, visita les principales villes
d'ilahc, et recueillit des Inscriptions qui
forment un vol. in-4", dont la bibliothè-
' que royale possède un bel exemplaire.
Cc$l à lui qu'est due la première édition
:> FEtt
de l'ouvrage do Vulerius Probus ; Sùjni-
(icatio littcrarum antiquarum.
' FLRRAUl.M (Joskpii-Marie FÉLIX ,
dominicain inilanuis, commissaire du
saint OfUco , né en U170 , mort en 1744 . n
laissé : | Ragguaglio istorico delta vita
di santo Fincenzio Ferreri, Milan , 175*,
in-4",
• FI:RRAR1S (Joseph, comte de ) , né
à Lunéville le 20 avril 172G, d'une famille
noble du Piémont établie en Lorraine
depuis plus d'un siècle , entra vn qualité
de page à Vienne, en 1755, chci l'iuipé*
ratricc Amélie, veuve de l'empereur
Joseph I"". Lors de la guerre qui eut
lieu après la mort de l'empereur Charles
VI, le comte de Ferraris, qui sortait à
peine do l'enfance , sollicita l'honneur
de débuter dans la carrière militaire,
et il obtint un drapeau dans le régiment
de Grune ( 1741 ). Blessé à la bataille de
CjLasIau le 17 mai 1742 , après avoir fail
des prodiges de valeur, il eut une lieu-
tenance, et, avant la fin de la cam-
pagne , une compagnie d'infanterie. La
paix dont jouit l'Autriche pendant quel-
ques années, retarda son avancement;
mais la guerre de 7 ans lui fournit de nou-
veau l'occasion de signaler son courage.
Le 14 octobre 1758, àla bataille de HochJtir-
chon , il s'empara d'une batterie de 36
pièces de canon, à la tote du régiment de
Charles- Lorraine dont il était colonel; ce
qui lui valut la décoration de l'ordre de
Marie-Thérèse- Il fut élevé au grade de
général-major en 1761 , à celui de lieute-
nant-général en 1773 , et avait été nommé
en 1707 , directeur-général de l'artillerie
des Pays-Bas. Lorsque la guerre eut éclaté
avec la Prusse en 1778, Marie-Thérèse lui
donna un témoignage bien flatteur de sa
conliaiu'.e, en plaçant sous sa direction le
jeune arcliiduc IVIaxiinilien , depuis élec-
teur de Cologne. Son crédit se soutint
également sous le règne de l'empereur
Joseph II. Quoiqu'àgé de 67 ans, il prit
une part active à la campagne de 1795
contre les Français, elilse distingua par-
ticulièrement aux combats de Saultain el
de Famars et au sioge de Valcnciennes. Il
obtint alors le cordon de commandeur, et,
I)eu de temps après , la grand'croix de
Marie-Thérèse, la place de vice-présideni
du conseil aulique de guerre, et cnhn en
1808 , le litre de fcKl-maréchal. Il est nwrl
à Vienne le 1" avril 1814, univerwjUemeiU
regrelté. Il joignait à des talons peu com-
muns , des mœurs douces , une politesse
exquise , cl une loyauté sans égale Oo lui
FER
96
FËR
doit une carie des provinces belgiques
en 25 feuilles , qui peut soutenir la com-
paraison avec la grande carte de France
de Cassini.
• FEURAUD ( "• ) , député du départe-
ment des Hautes-Pyrénées à la Conven-
tion nationale, naquit vers l'an 1764, dans
la vallée d'Aure en Armagnac. Il vola
dans le procès de Louis XVI , comme la
majorité de l'assemblée et se déclara, pen-
dant la lutte du côté droit et de la Mon-
tagne , en faveur du parti de la Gironde
qui voulait une république sans terreur.
11 fut ensuite envoyé à l'armée des Pyré-
nées-Orientales, où il reçut plusieurs bles-
sures. De retour dans la Convention, lors
du 9 thermidor an 2 ( 27 juillet I79k ), il
fut nommé l'un des adjoints de Barras ,
pour diriger la force armée contre la com-
mune de Paris. Ferraud sans doute eût
été enveloppé dans la ruine des Giron-
dins, si à l'époque des proscriptions des
51 mai, 1*"" et 2 juin, on ne l'eût envoyé
à l'armée du Nord , où il montra quelque
valeur. Le 20 mai 1795 il voulut s'opposer
aux efforts de la populace qui forçait les
portes de la Convention ; vingt armes à feu
sont dirigées sur le président : Ferraud s'é-
lance pour le couvrir de son corps et dit aux
factieux : o J'ai été atteint plus d'une fois
» du fer ennemi ; voilà mon sein couvert
» de cicatrices ; je vous abandonne ma vie;
» mais respectez le sanctuaire des lois. »
Un coup de pistolet lui donna la mort. A
peine tombé sur les marches de la tri-
bune , et respirant encore, on lui coupa
la tête à laquelle une femme vint insulter,
en la frappant de ses galoches. Elle fut
ensuite mise au bout d'une pique et por-
tée jusque sur le bureau du président
( royez BOISSY-D'ANGLAS ) par un ser-
rurier, qui ayant été condamné à mort
le lendemain et arraché au supplice par
les habitans du faubourg Saint-Antoine,
à l'instant de son exécution, subit son ju-
gement qvialre jours après. Le li prairial,
la Convention rendit à Ferraud les hon-
neurs funèbres , et lui fit ériger un tom-
beau sur lequel devaient être gravées les
dernières paroles qu'il avait prononcées.
Louvet publia son oraison funèbre, en
1795.
FERRE ( Vincent ) , dominicain , natif
de Valence en Espagne , enseigna la théo-
logie avec réputation à Burgos et à Rome,
puis à Salamanque, où il mourut vers
1683. On a de lui des Commentaires esti-
més en Espagne sur la Somme de saint
Thomas^ en 8 vol. in-fol. Il résout toutes
les difficultés avec beaucoup de netteté
et de précision.
FERREIN (Antoine), né à Fresquepèche
en Agénois, fan 1093, était médecin de
Montpellier. Il a été de l'académie des
sciences, et professeur en médecine au
collége-royal. Ses Leçons sur la Médecine^
et celle sur la Matière médicale , publiées
depuis sa mort , chacunes en 3 vol. in-12,
par M. Arnault de Nobleville , prouvent
qu'il avait bien médité sur l'art de guérir,
m'exerça avec succès jusqu'à sa mort,
arri'jïée à Paris le 28 février 1769.
' FERREÏR.V ( Antoine ) , célèbre
poète portugais , né à Lisbonne en 1528 ,
mort le 28 avril 1569, à peine âgé de Al ans,
est auteur de poésies lyriques ou drama-
tiques , qui l'ont placé au rang des auteurs
classiques de sa patrie : | Inès de Castro .
la seconde tragédie régulière qui ait paru
en Europe, et que les Portugais regardent
comme un des beaux monumens de leur
littérature. La MoHe en a emprunté les
plus belles scènes. | Poémas Lusitanos.
Lisbonne, 1598. i Des Comédies impri-
mées en 1622 et 1771, avec celles de Sa
de Miranda.
FERREIRA (Antoine), né à Lisbonne
en 1626, publia dans cette ville , en 1670 ,
un traité de chirurgie , intitulé : Luz ver-
dadeira, etc. , c'est-à-dire , Lumière véri-
table et examen abrégé de toute la chirur-
gie, Lisbonne , 1670, in-folio. Edition plus
estimée , ib. 1705 ; cet ouvrage est divisé
en 17 livres. L'auteur était chirurgien de
la chambre du roi de Portugal. Il mourut
en 1679.
*FERREIRA (Christophe), mission-
naire portugais, né à Torres-Vedras, en
1580, entra dans la compagnie de Jésus à
l'âge de 16 ans; il passa au Japon en 1609,
et y demeura jusqu'à l'an 1633. Malgré
les persécutions auxquelles il fut en butte,
son zèle ne se ralentit pas et on le vit ré-
pandre partout les lumières de l'évangile.
Cependant , ayant été arrêté , et sommé
d'opter entre la mort et l'abandon de sa
foi , après quatre heures des tortures les
plus cruelles , la douleur l'emporta ; dé-
plorant ensuite amèrement sa faiblesse, il
se livra volontairement au martyre, qu'il
souffrit à Nangasaki , vers l'an 1652 ,
âgé de soixante-douze ans. On a de lui -.
^nnuœ Irtterœ è Japoniâ, anni 1627. —
FERREIRA ( Gaspard ) , aussi jésuite por-
tugais , né à Castro- Journo , prit l'habit en
1588 , à l'âge de dix-sept ans. Il fut envoyé
aux Indes en 1593 , et y enseigna dans son
couvent les lettres humaines e» sacrées.
FER
97
FER
Avant passé à la Chine , avec le P. Rîccl,
il [iréchala rcIi(rionà Pékin . pendant l'e»-
ii«> de quarante ann«*es, et mourut le
décembre 1649. Le P. Gaspard a com-
Hi et fait imprimer en langue chinoise
^ Fies (irs Saints {tour ctiaque mois,
i>c dei passages de l'Ecriture et des
rires, et un recueil de Méditations sur
les XV Mystères du Rosaire.
• FKRREOL (saint) , premier évéque de
Besançon, issu d'une illustre famille d'A-
Ifaènes, accompagna saint Irénéc dans les
Gaules, et fut envoyé par lui dans la Séqua-
nie avec saint Ferjeux son frère , qui était
diacre. Les deux apôtres se fixèrent à Be-
sançon, où ils vécurent cachés pendant
quelque temps. Ils vaquaient le jour à leur
saint ministère, et se reliraient la nuit dans
une grotte à quelque distance de la ville.
Enfin Claude, préfet romain, les fit arrêter
et conduire devant son tribunal. Après
avoir essayé vainement de leur persuader,
par l'espoir des récompenses ou par la
crainte des supplices, de sacrifier aux faux
dieux, il les livra aux bourreaux, qui,
après avoir épuisé leur rage sur les deux
saints , leur tranchèrent la tète , le 16 juin
m. Les restes des martyrs furent enlevés
•ecrètement pendant la nuit , par des per-
«cnnes pieuses , et déposés dans le voisi-
nage de la grotte qu'ils avaient habitée.
Ces vénérables reliques furent découver-
te», en 370, sous l'épiscopat de saint Agnan .
La fête de ces deux martyrs est célébrée
dans le diocèse de Besançon , le 16 juin ,
et celle de l'invention de leurs reliques le
5 septembre.
FERREOLou FORGEOT(saint ) , mar-
tyr de Vienne dans les Gaules , fut mis à
mort à ce que l'on croit , sous le règne de
Dioclétien et de Maximiea. — Il faut le
distinguer de saint FERREOL, évéque de
Limoges en 591 , sous le règne de Chil
péric ; et de saint FERREOL , évéque d'U-
■ez en 533. On a de celui-ci une Règle mo-
nastique, insérée par Holstenius dans son
Codex Regutarum.
FERRERA ( Jean ) , espagnol , entre-
prit, par ordre du cardinal Ximenès, un
Traité complet d' Agriculture. \\ ramassa,
dans son ouvrage , tout ce que les anciens
et les modernes avaient écrit d'important
sur ce premier art du genre humain. Il y
joignit ses observations particulières,
fruits d'un longue expérience. Ce livre a
été très utile dans son temps , et il a servi
fcwucoup à ceux qui ont depuis traité la
•*ine matière.
naUERAS ( don Jkah de ) naquit le
6.
7 juin 17îi2 , à Labaneza en Fjpagnc. Aprèt
avoir fait ses études avec beaucoup do
surcès dans l'uiiivcrsilé de Salamanquc .
il obtint au concours la cure de Suint-
Jacques de Talavera , dan» le diocèse de
Tolède. Il fut transféré ensuite à celle de
Saint-Pierre de Madrid par le cardinal
Porto-Carrero qui le nomma son confes-
seur. Lo nonce du pape le fit théologien
et examinateur de son tribunal , et l'In-
quisition le nomma son qualificateur et son
proviseur. Le roi d'Espagne voulut aussi
qu'il assistât aux juntes d'état et à son
conseil privé. Ferreras refusa, quclquo
temps après , deux évéchés considérables
malgré les instances que lui fit la cour
pour les lui faire accepter. L'académie de
Madrid le choisit , l'année même de sa
fondation , en 1713 , pour un de ses mem-
bres. Le roi , en confirmant un choirx ap-
plaudi par tous les gens de lettres , l'ho-
nora de la charge de gardé de sa biblio-
thèque. Ferreras fut très utile à l'académie
naissante , par ses lumières. Il lui servit
surtout beaucoup pour la composition du
Dictionnaire espagnol, entrepris et publié
par cette illustre compagnie en 1759, en
6 vol. in-fol. Ferreras était mort k ans
auparavant en 1755. On a de ce savant
espagnol plusieurs ouvrages de théologie,
de philosophie , de belles-lettres et d'his-
toire. Le plus considérable et le plus con-
nu est son Histoire d'Espagne ^ écrite en
sa langue , la meilleure , la plus complète
que nous ayons sur cette nation : M. d'Her-
milly en a donné une bonne traduction
française en 10 vol. in-i" , Paris, 1751.
* FERRÈRE ( PuaipPE); avocat au
parlement de Bordeaux, né à Tarbes en
1767 , n'adopta pas les principes de la ré-
volution , et fut obligé de quitter sa ville
natale dans laquelle il ne put rentrer qu'en
1795. En 1804 il refusa de faire partie du
tribunal. Il est mort le 14 janvier 1815 à
l'âge de 48 ans, d'une maladie de poi-
trine que les fatigues de la plaidoierie lui
avaient occasionée. Ses principaux dis-
cours ont été imprimés pour la première
fois dans le Barreau français de MM.
Clair et Clapier, Paris, 1820 et années
suivantes, 12 vol in-8°. Ses plaidoyers
sont remarquables par l'élévation des
pensées , l'élégance et l'énergie du style ,
et par les mouvemens oratoires dont ils
sont animés.
* FERRER I ( Zacharie ) , né à Vicence
en 1479 , d'une famille de Milan , étudia
le droit canonique à Padoue, et entra fort
jeune dans l'ordre de Saint-Benoit de la
9
FER
98
FER
congrégation du Mont-Cassin. Passionné
pour l'étude , et surtout pour la poésie , il
s'était formé dans sa cellule une biblio-
thèque considérable ; mais soit que les
livres ne fussent pas conformes aux études
de son état , soit que cette espèce de pro-
priété fût contraire à la règle , le président
de la congrégation fit enlever la biblio-
thèque. Après avoir prié inutilement qu'on
lui rendît ses livres chéris, Ferreri ré-
solut , dans son chagrin , de passer dans
l'ordre des Chartreux. Ses supérieurs s'y
opposèrent; cependant sans tenir compte
de ce refus, il s'y réfugia. Mais réclamé
par ses supérieurs , il fut forcé de revenir
dans son monastère, d'oiî on l'envoya , en
4506, continuer ses études à Rome. Après
y avoir été fait docteur en droit civil et
canonique , il y reçut la couronne poéti-
que. Son dessein de se faire chartreux
l'occupait continuellement. Etant à Venise
en 1S08, il entra au noviciat de cet or-
dre , et prit le nom de frère Zacharie-Be-
noît; de nouveaux obstacles l'empêchè-
rent encore de faire sa profession. Son
mérite et ses talens l'ayant fait nommer
abbé de Subbachio, il assista en cette
qualité au concile de Pise , convoqué en
iSH, contre le pape Jules II , et en fut
nommé secrétaire. S'étant prononcé for-
tement contre le pape , il n'avança pas
sous le pontificat de Jules II , mais Léon
X, son successevir, le nomma, en 1S19, à
l'évèché de Guardia , et l'employa dans
plusieurs missions importantes en Alle-
magne. A son retour en Italie , après la
mort de Léon X, il fut nommé gouverneur
de Faenza. Il mourut à Rome , vers 1526
ou 1527. Il a laissé : | Sancii carthusiensis
ordinis origo ^ Mantoue, 4509. C'est une
vie de saint Bruno, suivie de diverses
poésies et de l'apologie de l'auteur ; elle
est insérée dans la Collection des œuvres
de saint Bruno , Paris , 4524 ; | Promo-
tiones et progressus sacro-sancti Pisani
concilii ^ inchoati anno IMi ^necnon acta
et décréta sacrosanctœ generalis Pisanœ
sijnodi^ in-fol. ; | Apologia sacri Pisani
concilii modemi ^ Pise , 4511 ; | Jeta scitu
dignissima Constantiensis concilii^ Milan,
4514 ; I Décréta et acta concifii Basilien-
sisAMi, in-fol. , rare, 4542, in-8°; | Lug-
dunense somnium de divi Leonis X pon-
tificis maximi^ ad summum pontificatum
divina promotione ^ carmen ^ Lyon, 4513,
in-4'' , inséré dans le tome i des Carmina
illustrium j)oetarum italorum ^ Florence ,
4721. On prétend que ce poème, composé
ÙQ plus de mille vers , fut achevé en trois
jours. I Vita sancii Casimiri , Cracovie,
1520 , et insérée dans les Jeta sanctorum
de BoUandus ; | Oratio de eliminandis de
regno Poloniœ erroneis tradilionibiis Lu-
theri, Cracovie , 4524 ; | De reformations
Ecclesiœ , suasoria oratio ad beatum pa~
trem Hadrianum VI pontif. max. Venise,
4522 , in-S" ; ] Ilijmni novi ecclesiastici ,
juxta veram metri et latinitatis normam.
Rome, 4525, in-4° ; ibid. , 4549, in-8" ;
ces hymnes sont estimées. Il y a de Fer-
reri plusieurs autres ouvrages qui n'ont
point été publiés.
* FERRERI ( Mathias ) , capucin pié-
montais , naquit à Cavalier - Maggiore ,
dans le 17' siècle. Après avoir professé la
théologie dans divers couvons de son
ordre , il fut nommé définiteur des mai-
sons de son ordre. Ses talens pour la
chaire le firent choisir pour aller prêcher
dans la vallée des Alpes où il y avait beau-
coup de protestans , dont il eut le bon-
heur de ramener un assez grand nombre
dans le sein de l'Eglise. On a de lui une
histoire des missions en général, et en
particulier de celles faites parles religieux
de son ordre dans les vallées des Alpes :
elle a pour titre : Jus regnandi aposto-
licumper missiones apostolicas religio-
sorum totius ordinis hierar'chiciab inilio
Ecclesiœ ^ sive Rationarium chronogra-
phicum missianum evangelicarum, ah
apostolicis operariis , prœsertim capac-
cinis^ in quatuor mundi partibus , sig-
nanter in Gallia cisalpina ^ exercitarmn ,
Turin, 4659, 2 vol. in-fol. On y trouve
des détails qui peuvent servir à l'histoire
et à la topographie de ces contrées peu
connues.
FERRET ( Emile) , né à Castel-Franco
dans le Bolonaia, en 1489, secrétaire du
pape Léon X , fut appelé à Paris par
François P"^ , qui le fit membre du par-
lement , et le chargea de trois légations.,
l'une vers les Vénitiens , l'autre vers le?
Florentins , la troisième vers l'empereur,
dont il s'acquitta avec honneur. Il mou-
rut à Avignon le 45 juillet 4552. Il cultiva
les muses dans le tumulte de la cour.
C'était un homme modeste , modéré, libé-
ral , dont tout le plaisir était de jouer du
luth et de se promener. Il fit mettre au-
dessus de la chaire de jurisprudence d'A-
vignon, qu'il fit faire à ses dépens, cette
inscription : Peritum orno^ imperitum ,de^
décor 0. On a de lui : | Opéra juridiceu,
4598, in-4° ; | Ciceronis orationes ad ve-
terum codicumfidemcastigatœ. On trouve
sa Vie dans les Fitœ clarissimorum ju-
FEU
99
Il IV
47S9,
risconsultontm do Biulcr, Icna
ln-8".
• FERRETI (JK\:v-B*rTiSTB), savant
antiquaire , religieux de l'ordre des bé-
nédictins de la rongréffation du Mont-
Cassin, né à Vircurc en ^6^*), mort en
1682. n'a i»ul>lié qu'un seul ouvrape inti-
tulé : Vus/r lapùlariœ antiquonon in
mannorihus cannina seii deorum donaria
hominumqiu: illusthum obliterata moim-
menta <•< drprrdita epUaphia , Vérone ,
1672 , in-fol. rare. C'est le recueil de toutes
les inscriptions en vers qui se trouvent
dans Gruter ; l'auteur y en a ajouté plu-
sieurs d'inédites, et a donné l'explication
de toutes ces petites pièces dans des notes
très savantes. 11 dédia cet ouvrage au dau-
phin , et Louis XIV l'en récompensa par
un présent considérable.
FERRETTl, poète et historien de Vi-
cence , dans le H*" siècle, fut un de ceux
qui chassèrent la barbarie répandue en
Europe , et qui firent renaître le bon
goût dans les belles-lctlres. Parmi les pro-
ductions de ce savant en prose et envers,
il y a une Histoire de son temps en sept
livres , depuis ISjO jusqu'en tôtS : elle
est curieuse. Muralori l'a publiée dans
le neuvième tome des écrivains de l'His-
toire d'Italie. On a encore de lui un
Poème latin sur les beaux faits de Can de
l'Escale.
FERRI (Paul), ntiinistre protestant à
Metz sa patrie , naquit en 1591 , et mourut
de la pierre en 1669- On lui en trouva
plus de 80 dans la vessie. Ferri était con-
nu de son temps par ses écrits et par ses
sermons; à présent il ne l'est plus que
par la réfutation que fit Bossuet de son
Catéchisme . publié en 4654 , in-12. C'est
par cette réponse que ce prélat Ht son
entrée dans la république des lettres.
FERRI (Cmo). Foy^z CIRO-FERRI...
Voyez aussi FERRY.
* FERRI ER (Boniface), général de
l'ordre des chartreux, naquit en 1^55 à
Valence en Espagne. Après avoir étudié
le droit et reçu le bonnet à l'université
deLérida, il exerça la magistrature dans
M ville natale; s'étant marié, il devint
père de onxe enfans ; mais ayant perdu
•on épouse et neuf de ses enfans, il réso-
lu de se vouer à l'état monastique. Son
frkre Vincent Ferrier, religieux de l'ordre
de ^ ■ Il inique , le conlirma dans ce
P«' Vprèsavoir vendu SCS biens
** aux pauvres ce qui n'était
paà nécessaire à l'établissement des deux
fis qui lui restaient , il entra , en 1590,
chC7. les rluirtrcux (If l;i l'nrtedu- Cii-l ,
prit les ordres , et se livra lotit entier aux
éludes de son nouvel état. Klu général de
l'ordre en 1402 , après la mort de Goll-
laume Raynaud, il gouverna avec sagesse.
Urbain VI et Benoit XIII se disputaient
alors le pontificat. Ce schisme divisa aussi
les chartreux , partagés entre les deux obé-
diences. Ferrier était pour Benoit XIII,
avec ceux qui l'avaient élu; le reste était
pour Urbain VI. Etienne de Sienne avait
été élu général de cette partie. Pour faire
finir une scission qui ne pouvait qu'avoir
des résultats funestes, les deux généraux
eurent la sagesse de se démettre , afin
qu'on en élût un troisième qui réunit tous
les monastères sous son autorité. Ferrier
malgré sa résolution . fut forcé par Be-
noît XIII ( Pierre de Lune ) de reprendre
ce gouvernement. Il lui re>ta encore at-
taché, mais lorsqu'il vit son obstination à
se maintenir sur le trône pontifical mal-
gré les maux de l'Eglise et les décrets du
concile de Constance , il abandonna son
parti, et mourut quelque temps après.
Sainte-Marthe fixe sa mort au 27 avril
1417 ; d'autres ne la placent que deux an«
après. Ou connaît de lui : | un Traité
dans lequel il examine pourquoi il y a eu
peu de chartreux canonisés, et pourquoi
on cite peu de miracles de cet ordre ;
I une Traduction de la Bible en espagnol ;
I un 7'/'«îï(? adressé à Boniface, religieux
du même ordre ; | De approbatione ordi-
nis liber unus ; \ des Sermons et des Zct-
tres. Il se montra toujours fidèle observa-
teur de la discipline régulière.
FERRIER (Arxvud du), professeur
en droit à Toulouse sa patrie, ensuite
président aux enquêtes à Paris , etmailn;
des requêtes, fut choisi pour se trouver
en qualité d'ambassadeur au concile de
Trente. Il y soutint les intérêts de I9
France avec une vivacité et une aigreui
qui déplurent à plusieurs prélats. Pai
égard à leur plainte , on envoya Ferrier
ambassadeur àVenise. Il s'y lia avec Fra-
Paolo , et lui fournit des mémoires pour
son Histoire du Concile de Trente ,^\«'m9.
de l'esprit de secte dont il était imbu.
Ferrier mourut garde-des-sceaux du roi
de Navarre, depuis Henri IV, en 1585,
âgé de 79 ans, laissant quelques ouvrages.
II fit profession publique du calvinisme
dans ses dernières années.
FERRIER ( Jea\ ), né à Rhode* en
1619 , entra chez les jésuites , y professa ,
et fut ensuite confesseur de Louis XÏV. Il
mourut en 1674, laissant un Traite sur lu
FER 100
Science moyenne j et des écrits contre les
disciples de Jansénius.
FERRIER ( Jérémie) , ministre protes-
tant, et professeur en théologie à Nimes,
embrassa la religion catholique , et devint
conseiller d'étal. Il mourut à Paris, l'an
4626. On lui attribue le Catholique d'Etat.
1623, in-S" : c'est une réponse aux repro-
che's que les partisans de l'Espagne fai-
saient à la France. Il est encore auteur
d'un Traité de l'Jntechrist et de ses mar-
ques, in-fol. , Paris , 1615. Sa fille fut ma-
riée au fameux lieutenant-criminel Tar-
dieu , qui fut assassiné avec elle par des
voleurs , en 1664. Son gendre et sa fille
étaient connus par l'avarice la plus sor-
dide.
FERRIER ( Louis ) , né à Arles, en
1652 , poète français , fut mis à l'inquisi-
tion de cette ville, pour certaine maxime
d'Epicure :
L'amour pour lei roorlels est le souverain bien.
Mauvaise traduction du premier vers de
Lucrèce :
PEneadum genitrix, divumque hominumque voluptai.
Ce vers se trouve dans ses Préceptes ga-
lans . poème qui courut manuscrit avant
qu'il le publiât à Paris en 1678, in-12.
Ferrier ayant été absous par le saint Of-
fice, à la prière de ses amis, se retira à
Paris, et devint précepteur des fils du
duc de Saint-Aignan. Il mourut en 1721 ,
à 69 ans , en Normandie , où il avait
acheté la terre delà Martinière. Outre ses
Préceptes galans ^ dont le titre marque
assez que ce n'est point un code de mœurs,
on a de lui quelques tragédies plus que
médiocres, et une traduction de Justin,
1695 , 2 vol. in-t2 , qui a été éclipsée par
celle de l'abbé Paul.
FERRIER. royez VINCENT -FER-
RIER ( saint ).
FERRIÈRES ( Claude de ) , docteur en
droit de l'université de Paris sa patrie ,
naquit en 1639. Il professa la jurispru-
dence à Paris , puis à Reims , où il mou-
rut en 1715 , à 77 ans. Ses ouvrages sont
estimés , quoiqu'il ait composé la plupart
pour subvenir aux besoins pressans d'une
famille nombreuse. Il enrichit les librai-
res; mais ils ne l'enrichirent point. Les
honoraires de ses livres suffisaient à
grand'peine pour le dédommager du
temps qu'il sacrifiait à leur composition ,
quoiqu'on ne puisse pas l'accuser d'avr,ir
poussé ce sacrifice trop loin. Les princi-
paux sont : I La Jurisprudence du Code ,
lG8/i, en 2 vol. in-4°; | —du Digeste, 1688,
FER
2 vol. in-i» ; | — des Novelles. 1688, 2 vol.
in-4° ; | La Science des Notaires /m-k°, por-
tée par son fils à 2 vol. et réimprimée
sous ce titre : Le nouveau parfait No-
taire ^ ou la Science des Notaires de feu
J. C. de Perrière , mise en harmonie avec
les dispositions du code civil, etc. , par
M. Massé , notaire à Paris , 1805 , 2 vol.
in-4° ; k" édit. 1815, 5 vol. in-i" ; | Le Droit
de Patronage. 1C86, in-i"; \Institutionc(m-
lumière, 5 vol. in-12 ; | Introduction à la
Pratique, 1758, in-12; | des Commen-
taires sur la Coutume de Paris , 2 voL
in-12; I un Traité des Fiefs. 1680 , in-4° ;
I Le Recueil des Commentateurs de la Cou-
tume de Paris, 1714 , en 4 vol. in-fol. Il
faut avouer que la plupart des écrits de
Claude de Ferrière ne sont que des compi-
lations, qui quelquefois manquent d'exac-
titude : mais elles peuvent être regardées
comme des répertoires utiles. Le Diction-
flaire de Droit , 1771 , 2 vol. in-4°, est de
Claude-Joseph son fils , qui a été doyen
des professeurs en droit dans l'univei-sité
de Paris , dont nous avons encore la Tra-
duction nouvelle des Institutes de l'empe-
reur Justinien , avec des observations
pour l'intelligence du texte , l'application
du droit français au droit romain , elc.
Cet ouvrage , qui est une augmentation
de celui que son père avait donné sur la
même matière , peut être de quelque se-
cours pour les jeunes gens qui étudient
le droit. Si le père ne parvint pas à la for-
tune , ce n'est pas qu'il n'eût reçu de la
nature les dons de la figure et de l'esprit ;
mais ils étaient déparés par une hauteur
incommode, par une prévention outrée
pour ses senlimens , et par la manie de
critiquer ceux des autres.
* FERRIÈRES ( Chaules-Elie , mar-
quis de ) , né à Poitiers le 27 janvier 1741,
d'une famille noble et distinguée , entra
dans les chevau-légers de la garde du
roi. Mais préférant l'étude des belles-let-
tres à la vie militaire , il se retira au châ-
teau de Marsay près de Mirebeau. Au
commencement de la révolution , il fut
nommé dépiité de la noblesse de la séné-
chaussée de Saumur aux états-généraux,
et il y présenta un plan de finance pour
l'établissement d'une caisse territoriale.
II vécut depuis dans la retraite , et mou-
rut dans son château de Marsay, le 30
juillet 1804. On a de lui : | Le Théisme ,
ou Recherches sur la nature de l'homme
et sur ses rapports avec les autres hom-
mes dans l'oî'dre moral et dans l'ordre
poliliqne , 2 vol. in-12 , 2' édition , 1791,
FER 101
L'auteur y développe la doctrine de Des-
rartes, de Malebranrho et do Locke, et
dïcrche k faire connaître le sort réservé
aux nations dont 1rs mue urs et lus gouver-
nemcns ne sont pas en rapport avec la
religion établie : c'est un bon ouvrage.
I !)€ la constitution qui convient aiix
Français , 1789 , in-X" ; | Plofi tic finances
pour l'établissement d'une caisse territo-
riale; I Opinion contre l'arrestation du
roi à f'arennes, (791, in-S"; | Compte
rendu à mes eommettans. 1791, in-8";
I De l'état des lettres dans le Poitou depuis
l'an :S00 jusqu'à l'année 1789; | Mémoires
pour servir à l'histoire de l'assemblée
Constituante et de la révolution de 1789 ,
3 vol. in-8°, 1798. C'est son meilleur ou-
vrage. Ferrières a écrit avec la plus
grande impartialité ; ses livres sont deve-
nus très rares. Le tome 4 qui finit à la
mort du roi , est resté manuscrit. Il a paru
dans la Collection des mémoires relatifs
à la révolution française, publiée par MM.
Berville et Barrière avec »me 7iotice sur
la vie de l'auteur , des notes et des éclair-
cissemens, Paris, 1821.
•FERRIM (Lt'c), religieux servite, né
à Florence , dans le 16" siècle , fut l'é-
diteur des ouvrages laissés manuscrits
par le P. Poccianli , son confrère : | Mich.
M*occiantii Catalogus scriplontm F/oren-
tinorum omnis generis . quorum et me-
tnoria extat , atque lucubraliones in lil-
teras relatte sunt adnostra usque tempora
Florence , 1589, in-4°. Ferrini ajouta en-
viron deux cents écrivains à la liste don-
née par Poccianti, mais elle est encore
très incomplète. PoCcianti Mich. vite de
sette Beati Fiorentini fundatori delV
ordine de' Servi , con un epilogo di lutte
le chiese , monasteri . luoghi pii et com-
pagnie délia città di Firenze . Florence ,
1589, in-S". Ferrini inséra dans ce vo-
Vime deux morceaux de sa composition,
fun, délia nobiltà de' Fiorentini, l'autre
délia religione de' Servi. — FERRINI
(Vixcemt), religieux dominicain, né
dans le 16' siècle , à Castel-Nuovo de Car-
Cagnana, en Toscane, était vicaire-gé-
néral de l'inquisition à Parme . en 1585.
Il fut nommé, Tannée suivante, supé-
rieur des rouvens de son ordre dans la
Hongrie, la Styrie et la Carinthie, et se
ftiguala dans ces provinces par son talent
pour la ])rédication et son zèle ardent
pour la pureté de la foi. Le P. Ferrini
était à Venise en 1596, et à cette époque
il était déjà avancé en âge ; mais on ne
ooniialt p«a la date de sa mort. On a de
FER
lui «jnclquos livres ascétiques; yilfal>eto
spirituale ; Âlfabeto esemplareti la Lima
universale de' vitii, recueil de maximcii
extrait des ouvrages des prédicateurs le»
plus célèbres de son temps.
FERRO\ (Ariwoul le ) conseiller au
parlement de Bordeaux , sa patrie , est
auteur d'une continuation en latin de
V Histoire de Paul-Kmile ; de savantes
observations sur les lois , et d'autres ou-
vrage» qui lui ont assuré le surnom iïAt-
ticus , que lui donna Scaliger, Il fut enj-
ployé dans les grandes affaires , et mourut
en 1563 , à /t8 ans. Sa Continuation de
Paul-Emile , imprimée à Paris , ctiez Vas-
cosan, 1555, in-8°, est ample, sans être
trop longue. Elle s'étend depuis le ma-
riage de Charles VIII jusqu'au règne de
François T"". Les anecdotes qu'il rapporte
sont curieuses, et ses détails fort exacts.
Son père était aussi conseiller au parle-
ment.
FERRY ( Je\:v-Baptiste ), prêtre, de
la société littéraire-militaire , né à Besar>-
çon , mort au mois d'avril 1756 , âgé df.
plus de 60 ans , était chanoine prébendier
de Téglise de Sainte-Madeleine en cette
ville. On a de lui plusieurs livres d'église
à l'usage du diocèse de Besançon. Voyez
FERllI.
FERTÉ (Hexri de SENNECTÈRE , ma-
réchal de la) , donna des preuves de sou
courage au siège de La Rochelle ( 1628) à
l'attaque du pas de Suze , au secours dt;
Casai, à la prise de Moyenvic, à celle do
Trêves, et à la bataille d'Avênes. Il n'é-
tait alors que colonel; il fut fait maréchal
de camp sur la brèche d'Hesdin, pour
avoir défait les troupes que les ennemis
voulaient y jeter. Il se signala à la bataille
de Rocroy , et surtout à celle de Lens. II
défit le duc de Lorraine, et lui iua près
de 2 ,000 hommes au combat de Saint-
Nicolas en 1650. Devenu maréchal de
France le 5 janvier 1651 , il sauva Nancy
peu après, et prit la même année Chaste.
Mirccourt et Vaudrevange. Sa valeur et
son expérience éclatèrent encore en 165".
1655. Il assista aux sièges de Landrecies
et de Saint-Guilain, fut fait prisonnier u
celui de Valenciennes , et racheté pai
Louis XIV pour 100,000 livres. En 16)7
et 1658, il prit Montmédi et Gravelines.
Il mourut en 1681 , à 82 ans. chevali«T
des ordres du roi. Sa femme, Madlleimis
D'ANGENNES, morte en 1714, à 85 an«
a donné lieu à im petit roman qui porU'
Son nom , et qui se trouve avec ceux de
Bussy. Son fils, He\iii-Fba!«cois, duc de
FER 102
LA FERTÉ , mort en 1705 , n'a pas laissé
de postérité masculine. Le maréchal de
la Ferté était un homme vain et pré-
somptueux. Il ne pouvait souffrir les suc-
cès (le Turenoe, qu'il était incapable d'é-
galer , quoiqu'il eût d'ailleurs du mérite.
Malgré la violence de son humeur, il
fiait fort empressé à faire sa cour , et ce
fut en partie ce qui contribua à l'élever
aux dignités.
FEUÏÉ-IMBAUT (le maréchal de la ),
yoyez ESTAMPES (Jacques).
FEllTEL (Martin-Dominique) , impri-
meur , né vers l'an 1670. Après avoir par-
couru la France et l'Italie , il s'établit à
Saint-Omer. Il a donné au public : Jm
Science pratique de l'Imprimerie ^ Saint-
Omer, 1723, in-4°, avec fig. : ouvrage cu-
rieux , renfermant tout ce qui est relatif
à cet art. Il est mort l'an 1752.
* FERUCCI ( François ) , sculpteur ,
né à Fiesole , mort en 1385 , s'est fait con-
naître par ses ouvrages qui sont tous en
porphyre. On prétend que c'est lui qui
trouva le secret de tremper l'acier , afin
de pouvoir travailler cette matière si
dure. Il réussit par cette invention à faire
le bassin de la magnifique fontaine du
palais Pitti à Florence , la statue du grand
duc Corne , et celle de la Justice , qui est
sur la colonne de la Sainte-Trinité. Il y a
eu plusieurs auti-es sculpteurs de ce nom.
FERUS. Voyez SAUVAGE.
' FEKUSSAC ( Jean-Baptiste, d'AU-
DEBARD , baron de ) , naquit le 50 juin
1743 , à Clérac , d'une ancienne famille:
son père , lieutenant-colonel du régiment
de cavaleriedeClermonl-Prince ,1e fit en-
trer en iTok à l'école royale militaire, d'où
il sortit en 1762 avec le grade de sous-lieu-
tenant de grenadiers au régiment de
Béarn-infanterie. Le jeune chevalier de
Férussac s'occupa d'études sérieuses, sur-
tout de sciences exactes. Après s'être
préparé à entrer dans l'artillerie, il fut
attaché en 1764 comme aspirant , au régi-
ment de Besançon qui appartenait à cette
arme : il était capitaine en 1786 et allait
é*re nommé major, lorsque la révolu-
lion en éclatant le détermina à quitter le
service. En 1791 , il alla rejoindre les prin-
ces et il fut un des meilleurs officiers de
leur armée : nommé chef de brigade , puis
lieutenant-colonel, il commanda constam-
ment l'artillerie de i'avant-garde sous les
ordres du duc d'Enghien. 11 assista à toutes
les affaires de ce corps et se distingua sur-
tout à celle de Schusseuried , où il sauva
l'armée de Condé d'un désastre qui pa-
FES
raissait inévitable. Il resta constamment
avec les princes jusqu'au départ de son
corps pour la Voliiynie. De retour en
France en 1801 , il se consacra à l'éduca-
tion de ses enfans , et refusa les offres
brillantes que Bonaparte lui fit faire. Il ne
voulut point exercer d'autres fonctions que
celles de maire de sa commune. A la ren-
trée du roi , M. de Férussac accepta le
titre honorifique de colonel avec ur.e
pension de 1800 francs. Ce brave offi-
cier est mort au château de Lagarde,
près de Lauzerte ( Tarn-et-Garonne ) en
181S. Depuis qu'il avait été rendu à sa
patrie, Férussac s'était voué de nouveau
à ses études et à ses observations scien-
tifiques. On a de lui plusieurs ouvrages
parmi lesquels nous citerons : | une petite
brochure sur la Tactique prussienne^ dans
laquelle il s'élevait avec force contre l'en-
goûment où l'on était pour cette tacti-
que ; I Observations sur l' Encyclopédie j
brochure in-8° , 1782 , où il signale les vices
du plan adopté pour cet ouvrage ; | Es-
sai sur la défense des îles et des provinces
maritimes, 1782, imprimé dans le Diction-
naire de tactique et rédigé à la demande
des directeurs de l'Encyclopédie. Il
a été traduit en plusieurs langues ; | Essai
sur la forme et la construction la plus
avantageuse à donner aux aérostats
pour parvenir à les diriger ^ 178/i. ; | Exa-
men de l'effet de l'attraction , Mémoire
inséré en 1788 , dans le Journal de phy-
sique; I Essaid'une nouvelle méthode con-
chyliologique, inséré en 1802 dans le k^ vol.
des Mémoires de la société m,édicale d'é-
mulation, et plusieurs autres observa-
tions dans les journaux des sciences. Il a
laissé en manuscrit des Mélanges et des
Mémoires pour servir à l'histoire de la ré-
volution. On lui doit encore l'Histoire
naturelle j générale et particulière des
mollusques terrestres et fluviatiles ^ tant,
des espèces que l'on trouve aujourd'hui
vivantes que des dépouilles fossiles de
celles qui n'existent plus : ouvrage que
son fils, le baron de Férussac, officier
supérieur au corps royal d'état-major, a
fait paraître par livraisons. M. de Fé-
russac s'était aussi occupé de diverses
améliorations à introduire dans le service
de l'armée.
FERVAQUES. Voyez HAUTEMER.
FESTUS ( PoMPÉius Sextus ) , célèbre
grammairien, abrégea le traité de Ver-
rius Flaccus : De verborum significatione.
Cet abrégé , très utile , suivant Scaliger ,
a été donné au public par Dacier, ad
FEU
10.-S
FEU
usum Drlphim . Paris, 1681, inV, et
Amstenlam, 1699, in-4". Celte dernière
édition m" vaut pas celle de Paris.
FUSTl'S ( Ponciis ), proconsul cl Rou-
\frncur de Judée vers l'an 61 de J.-C. ,
lit citer saint Paul à ton tribunal, lors-
qu'il était à Ccsarée. Cet apôtre ayant ap-
pelé à César, Fcstus le lui renvoya , n'osant
pas le condamner , quoiqu'il eût déjà reçu
une somme d'argent pour n'être pas favo-
rable à saint Paul. Jet. 26.
FETI ( DoJiixiQt'E ) , peintre romain ,
•é en 1589 , disciple de Civoli , forma son
•eût sur les ouvrages de Jules Romain.
Il allia ime grande manière et un coloris
vigoureux à une pensée fine , à une ex-
pression vive , et à une touche spirituelle
et piquante. Le cardinad Ferdinand Gonui-
gue , depuis duc de Mantouc , l'employa
à orner son palais, et lui aurait fait un sort
heureux, si la débauche ne l'eût enlevé
en 16'i4 , à 55 ans. Les dessins de ce pein-
tre sont d'un grand goût , et très rares.
On en voit quelques-uns au musée de
Paris, notamment le mariage de sainte
Catherine . la méditation sur le néant des
vanités humaines. Il laissa une sœur qui
«e fit religieuse. Elle peignait fort bien.
Le couvent où elle entra fut orné de ses
tableaux ; elle en fit aussi pour les autres
maisons religieuses de lUantoue.
FEU ( Fra>vois) docteur de Sorbonne,
naquit à Massiac en Auvergne l'an 1633.
Il fut grand-vicairo.de Rouen , sous Col-
bcrl, puis curé de Saint-Gervais à Paris,
en 1686 : dans ces deux places il se lil gé-
néralement estimer des grands et des pe-
tits. Il mourut le 26 décembre 1699, à 66
ans.On a de lui les deux premiers vol.
in-k" (16i»'2 et 1693 ), d'un cours de théo-
logie , qu'il n'eut pas le tempî d'achever.
FEU-.\RDE.\T ( François ) , corde-
lier, né à Coutanre en 1541, docteur de
Sorbonne en 1576, était un /,élé ligueur.
Il disserta c« chaire contre Henri III et
Henri IV. Il mourut en 1610 à Bayeux ,
et non à Paris, comme dit Bayle , lais-
sant : I des Traités de controverse . où
il y a de bonnes choses ; mais qui , pour
la manière, tiennent au goût de son siè-
cle; I des commentaires sur plusieurs
livres de la Bible ; | des éditions de ({uel-
ques ouvrages des Pères et des scolasti-
<|ttes. L'ardeur qu'il avait témoignée pour
û ligue, parut s'éteindre dès qu'il vit la
religion hors de danger.
FEI'ILLADE. y. AUBUSSON ( Frax-
ç«M* de la ).
FEL'ILLEE ( Lotis ) , minime, associé
de l'académie des scicMiccs, iMjtanislc dfi
roi, naquit à Manecn Provence l'an 16<iO.
Il entreprit, par ordre de Louis XIV,
plusieurs voyages dans les différentes
parties du monde. Il lit honneur au rlioi»
du monarque. Ce prince le gratilia d'une
pension, et lui fit construire un obser-
vatoire à Marseille. Le Père Feuilléc , u»i
par les fatigues de ses courses savantes,
mourut dans cette ville en 1732. Un air
modeste et simple relevait beaucoup le
mérite de ses connaissances. On a de lui
un Journal des observations physiques ,
mathémaliques et botaniques . faites sur
les côtes de l'Amérique méridionale et à
la Nouvelle-Espagne, Paris, 1714-1725,
3 vol. in-4". Le tome 3 contient une His-
toire des plantes médicinales en usage
au Pérou et au Chili. Ce journal , écrit
durement, mais aussi exact que curieux,
peut servir de modèle aux voyageurs, et
de flambeau à ceux qui naviguent en
Amérique. Au retour de la mer du Sud,
le Père Feuillée présenta au roi un grand
volume in-folio, où il avait dessiné d'a-
près nature tout ce que ce vaste pays con-
tient de plus curieux. Cet ouvrage inté-
ressant est en original dans la bibliothè-
que du roi , de même que le Journal de
son voyage aux Canaries . pour la fixa-
tion du premier méridien ; à la tin , il a
ajouté V Histoire abrégée de ces iles.
FEUILLET ( Nicolas ), dianoine de
Saint-Cloud, près de Paris, prédicateur
apostolique, et d'une morale qui a paru
sévère , mourut à Paris le 7 septembre
1693 , âgé de 71 ans. On a de lui ( in-12 ,
1702) V Histoire delà conversion de Chan-
teau, cousin-germain de Caumartin , con-
seiller d'état. Feuilleton avait été le prin-
cipal instrument. Cette histoire édifiante,
réimprimée plusieurs fois, est très ré-
pandue. On a encore de lui des lettres .
qui peignent les sentimens de religion
dont il était pénétré; et une Oraison fu-
nèbre de Henriette d Angleterre^ du-
chesse d'Orléans. Son portrait a été gravé
par Edeliuck.
' FEUILLET ( Madeleine ), nièce du
précédent, se livra, vers la fin du 17*
siècle , à la composition de plusieurs ou-
vrages de piété qui ont eu du succès;
les principaux sont : | Sentimens chré-
tiens sur les principaux mystères de No-
tre-Seigneur, etc., Paris, RouUaiul, vei»
1689, in-12; | Concordance des prophé-
ties avec l'Evangile ^ sur la passion , la
résttrrection el l'ascension deJésus-Chnst.
Paris, 1689, in-12; | L'J me chrétienne
FEU
soumise à l'esprit de Dieu , Paris , 1701 ,
in-12 ; | les Quatre Fins de l'homme ^Vd,-
ris, 1694, in-13. Madeleine Feuillet a
aussi traduit du latin deux ouvrages du
jésuite Drexelius , savoir : la Voie qui
conduit au ciel ^ Paris, 1684, in-12; et
VJnge gardien. Paris, 1691, in-12.
FEUQUIERES. Voyez PAS.
* FEUTRIER ( Jean-François -Hya-
cinthe, comte), né à Paris le 2 avril 1785,
termina ses études au séminaire de Saint-
Sulpice sous l'abbé Emery , et embrassa
la carrière ecclésiastique. Nommé secré-
taire-général de la grande aumônerie,
par le cardinal Fesch, alors grand-au-
inônier de France, il fut aussi désigné,
par l'influence du même cardinal , pour
élre membre du concile convoqué à Pa-
ris par Napoléon , à l'effet de régler les
différends survenus entre le gouverne-
ment français et le pape Pie VII, et il
contribua beaucoup à la résistance que
cette assemblée opposa aux volontés de
l'empereur.PlustardFeutrier fut le prin-
cipal agent des secours pécuniaires qu'on
faisait parvenir au saint Père et aux car-
dinaux retenus en captivité. Lors de la
première restauration , Talleyrand-Péri-
gord , archevêque de Reims , grand-au-
mônier de France , s'attacha l'abbé Feu-
trier, qui fut confirmé dans sa place à la
grande aumônerie par Louis XVIII. Il la
quitta durant les cent- jours , malgré les
instances du cardinal Fesch, puis fui
réintégré , après la seconde rentrée du
roi. Il fut fait bientôt chanoine honoraire
du chapitre royal de Saint-Denis, puis
curé de la Madeleine , paroisse un peu
négligée sous un prédécesseur valétudi-
naire , et dans laquelle il sut ranimer la
piété et la charité des fidèles par son zèle
et son activité infatigable. De toutes
parts on accourait entendre ses sermons,
composés avec im talent remarquable.
Le 8 mai 1821 , il prononça , dans la ca-
thédrale d'Orléans , le panégyrique de
Jeanne d'Arc, qui fut tellement goûté
qu'on lui demanda deux ans après de ve-
n ir le prononcer de nouveau. L'abbé Feu-
trier s'attacha aussi, en sa qualité de vi-
caire-général de la grande-aumônerie , à
répandre l'instruction religieuse parmi les
soldats en garnison à Paris , et il savait
prendre un langage approprié à leur pro-
fession. Le 25 août 1822, il fit devant l'aca-
démie française, à Saint-Germain l'Auxer-
rois.le panégyrique annuel de saint Loviis,
sujet rebattu dont il eut le talent de ra-
jeunir plusieurs détails. En février 1823,
104 FEU
Feutrier fut nommé vicaire-général du
diocèse de Paris, et membre du conseil
de l'archevêque, Mgr. de Quélen, puis
appelé, le 26 janvier 1826 , au siège épi-
scopal de Beauvais , et sacré le 24 avril
suivant. Promu, au commencement de
l'année 1828 , au ministère des affaires ec-
clésiastiques , qui venait d'être séparé de
celui de l'instruction publique , Feutrier
prit beaucoup de part aux discussions par-
lementaires, ainsi qu'aux fameuses or-
donnances du 16 juin 1828, qui excitèrent
de vives réclamations de la part de l'é-
piscopat et du clergé français (i). On a
reproché au minisire d'avoir eu recours
à de petites ressources et à des moyens
équivoques pour persuader à ses collègues
que l'intention du souverain pontife était
qu'ils se soumissent aux ordonnances. On
assure qu'elles furent pour lui plus tard
une source d'amers regrets. Il quitta le mi-
nistère au mois d'août 1829 , et retourna
dans son diocèse avec une pension de
12,000 francs et les titres de comte et de
pair de France. Sa sanlé s'était altérée
depuis graduellement , et il fit , pour
consulter les médecins, un voyage à
Paris, où il arriva le samedi 26 juin 1830.
Le dimanche malin on le trouva mort
dans son lit. L'autopsie du cadavre fit re-
connaître que cette fin subite était due
à un épanchement au cerveau. Ses obsè-
ques furent célébrées à l'Abbaye-aux-Bois,
et son corps fut transporté dans la cathé-
drale de Beauvais. M. Feutrier était mem-
bre de la légion-d'honneur. On a de lui :
I Eloge historique et religieux de Jeanne
d'Arc j pour l'anniversaire de la déli-
vrance d'Orléans , le 8 mai 1429 , pro-
noncé dans la cathédrale de cette ville
le 8 mai 1821 , et le % mai 1823 , Orléans,
1823, in-8"; ] Oraison funèbrr^de S. A. R.
Monseigneur le duc de Berry , qui devait
être prononcée à un service dans l'église
Sainle-Madeleine, qui n'eut point lieu,
1822, in-S"; 1 Oraison funèbre de S. A. R.
Tnadame la duchesse douairière d'Or-
léans .'■ï' édition, Paris, 1821 , in-8".
FEUTRY ( Amé-Ambiioise- Joseph) ,
avocat au parlement de Douai, né à Lille
le 9 octobre 1720, et mort à Douai le 28
mars 1789 , est auteur de quelques petits
poèmes , où il pourrait y avoir un peu
plus de chaleur et d'action, mais où il y a
de l'élégance et une versification en géné-
(i). Voir pour cei ordonnancci, le Tablrau chrono-
logique, pagi' ;47 , ïu premier volume d« celle Bio-
grapkie.
FEV
105
FEV
r«l noble et forte. Le Temple de la Morl.
les Tombeaux , les Ruines , portent l'em-
preinte d'une mélancolie douce , et de
cette philosophie aartcmcnl sombre . qui
donne dans le silotiro do» leçon» utiles.
Le choix du sujet contraste avanlaccusc-
mentavec tant de bruyantes descriptions
de f^tes . de farces , de folies d'amour , et
de creuses spéculations philosophiques ,
qui exercent le» talens ou occupent l'oisi-
veté de» écrivains du jour, et donnent de
l'esprit de l'auteur une idée avantageuse.
Dans le Temple de la Mort on a admiré
ce vers caractéristique :
Le i<ii
dc'tra
I en affermit Ici raar*.
On a aussi de lui ; Choix d'histoires ; les
jeux d'en fans . poème en prose? />i>u,
ode ; flujr yations, ode ; Mémoires du siè-
cle d'Juçuste^et une édition de Robinson
Crusoé. Voyez FOÉ.
FEVERSIIAM (Lotis de DURAS,
comte de ), chevalier de l'ordre de la Jar-
retière , commandait l'armée de Jacques
II, lorsque le prince d'Orange fil sa des-
cente en Angleterre , l'an 1688. Le comte
abandonné de son armée, licencia le peu
de soldats qui lui étaient restés attachés.
Ce fut le motif dont se servit le prince
d'Orange, pour faire mettre en prison ce
fidèle serviteur, prétendant qu'il n'avait
pu licencier une armée royale , sans sa
permission. Il obtint pourtant sa liberté
dans la suite, et mourut à Londres, à l'âge
de 71 ans, en 1709, avec une grande ré-
putation de bravoure.
F£VRE ( Raoul le ) , chapelain de Phi-
lippe , duc de Bourgogne en 1564. , est au-
teur du Recueil des Histoires troyennes ,
asset rare , des éditions du 15' siècle, in-
fol. Celles du 16', quoique aussi bonnes, ne
«ont pas recherchées.
FEVRE ( Jea"« le ) , avocat au parle-
ment , et rapporteur - référendaire en
chancellerie, sous Charles V, roi de France,
est auteur d'un poème moral, intitulé Z<f
respit de la mort. Ili33 , in-8", gothique. Il
y en a encore une édition de Paris , 1506,
innl"
FÈVRE (Jacques Fabrion Faber. ou
le ) surnomme d'Etaples ( Stapulensis )j
du lieu de sa naissance , au diocèse d'A-
miens, vint au monde vers l'an 1455. Il
lit 5CS études dans l'université de Paris ,
•■t y professa ensuite les belles-lettres et
la philo5<jphie. C'était encore le règne de
la plus barbare scolaslique. Le Fèvre sut
fc'eIrvtT au-dessus des chicanes de l'école.
U fui un des premiers qui inspirèrent lo
goût des études solides , et en particulier
de celle des langues- mères. Guillaume
Briçonnet , évéque de Meaux , le choisit
I)our son grand-vicaire en 1523 ; ce prélat
ayant été accusé de favoriser les nova-
t2urs. Le Fèvre , soupçonné de lavoir sé-
duit, fut obligé de le quitter. Il se retira à
Strasbourg et de là à Paris , où il fut
nommé précepteur du troisième fils de
François 1"". La reine Marguerite, sœur de
ce prince, infectée des nouvelles erreurs,
mena Le Fèvre à Nérac en 1530 ; c'est là
que cet habile homme, après avoir rou-
vert les yeux à la vérité, finit ses jours ,
sincèrement converti, en 15^37. Ses prin^
cipaux ouvrages sont : | un Traité des
trois Madeleines , solidement réfuté par
les bollandisles et par d'autres savans
( voyez FISCHER BEDA); ] un Psautier
en 5 colonnes, Paris , in-folio, 1509 , avec
des notes peu estimées; | des Commen-
taires sur les Psaumes , sur l'Ecclésiaste ,
sut- les Evangiles, sur saint Paul, etc.,
savans , mais mal digérés et mal écrits ;
I Jgoixes martyruîn mensisjanuarii ^ in-
folio ( sans datcnilieu, mais du commen-
cement du 16' siècle) ; | une version fran-
çaise de toute la Bible, imprimée à Anvers
*en 1530, 1534 et 1541, in-folio , et en 1728,
en 4 vol. in-8". L'édition de 1534 , revue
par des docteurs de Louvain , est la plus
correcte , la plus exacte et la plus rare ,
parce qu'elle fui supprimée. Cette traduc-
tion, son sentiment sur la monogamie de
sainte Ann&, et sa distinction des trois
Maries, soulevèrent beaucoup de docteurs
contre Le Fèvre ; ce qui l'obligea de se
contredire dans le traité De duplici et
unica Magdalena ^ in-4°, pour prouver
qu'on pouvait soutenir qu'il y en avait
deux ou une seule. A force de varier et
de tourner celte question , il l'a si bien
embrouillée, qu'on ne sait point ce qu'il
en pensait.
•FÈVRE ( DETiisIe), religieux célestin,
vicaire-général et provincial de son ordre,
né dans le Vendômois en 1488 , mort à
Paris en 1558 , après avoir professé avec
éclat les lanjrues giecque et latine , a laisse
les ouvrages suivons : | yita sancti Cœ-
lestini, conscripla primum a Petro Altia-
censi S. R. E. cardinali , limatiori stylo
donata. Paris , 1559, in-4° ; | Poeina Ite-
braicum de immaculala conceptione f-'ir-
çinis Mariœ/rroycs, in-4"; \Index Alplut-
belicus scriptorum grcecorum et latino-
non in omni gcncre lilleralurar; j des Ser-
inonSj. etc.
* l'ÈVRE ( JtA?i le ; , thunoiue de la
FEV
i06
FEV
cathédrale deLangics, né à Dijon en 1493,
mort en 1565 , savant théologien , excel-
lent mathématicien , s'appliquait aax arts
mécaniques, surtout à l'horlogerie et aux
beaux-arts . tels que la peinture. Il laissa
les ouvrages suivans : | Livret des em-
blèmes d'Alciat. mis en rimes françaises,
Paris , Wechel , 1536, in-S" , gothique ;
Dictionnaire des rimes françaises, ibid. ,
1572, in-8" ; ibid., 1588, in-8° , augmenté
par Tabourot ; | Liber de Horariorum
compositione . manuscrit.
FEVRE ( Gui le ), sieur de la BODERIE
en Basse-Normandie , où il naquit l'an
1541. Savant dans le« langues orientales ,
il eut beaucoup de part à la fameuse Po-
lyglotte d'Anvers, confiée aux soins d'Ar-
rias Montanus. Si onle croit, celui-ci n'y
contribua pas autant qu'on le pense com-
munément. Le Fèvre passa avec son frère
Nicolas à Anvers, pour l'exécution de ce
grand ouvrage. Il y travailla long-temps ,
et y inséra le nouveau Testament en
syriaque, avec une version en latin , une
Grammaire syriaque et une chaldaïque ,
et un Dictionnaire de ces deux langues. Il
retourna ensuite en France , apportant
pour tout fruit de ses travaux , beaucoup
de fatigues et quelque peu de réputation.
A son retour , il fut secrétaire du duc
d'Alençon , frère du roi Henri III ; fut
mal payé comme à Anvers , et alla mou-
rir à la Boderie en 1598. On a de lui plu-
sieurs ouvrages en vers et en prose, des
iradiictiGiis , eic. ii mêlait aux épines de
l'étude des langues les fleurs de la poésie
française. Il eut de son temps une assez
grande réputation dans ce dernier genre;
mais à l'exception de quelques pièces, où
l'on trouve une certaine naïveté qui plaît
malgré la barbarie du langage , tout ce
qui nous reste de lui est du plus mauvais
goût : style ampoulé , phrases inintelligi-
bles , comparaisons forcées , expressions
basses , allusions puériles, jeux de mots
ridicules, plaisanteries froides. On peut
consulter le Père Nicéron ( Mémoires ,
tome 58' ) , qui donne le catalogue de ses
ennuyeuses productions.
FÈVRE DE LA BODERIE ( Antoine
le ), frère du précédent, fut employé par
Henri IV et par Louis XIII dans des af-
faires importantes. Il eut la qualité d'am-
bassadeur à Rome , dans les Pays-Bas et
en Angleterre. Jacques I"^" lui fit présent
d'un bassin de vermeil, enrichi de pierre-
ries , avec ces mots : « Jacques , roi de la
» Grande-Bretagne , à Antoine de la Bo-
» derie. » Le prince de Galles lui domia
un diamant d'un grand prix , et les sei>
gneurs d'Angleterre ajoutèrent à tous ce«
présens 150 haquenées , que La Boderie
distribua à son retour à ses amis. Il n'en
réserva qu'une seule, que Henri IV lui
demanda. « Il n'est pas juste , lui dit ce
«prince, que je sois le seul de vos amis,
I) qui n'aie point de part à vos libéralités. »
La Boderie fut très utile à ce monarque ,
surtout dans l'affaire du maréchal de
Biron dont il découvrit les intelligences à
Bruxelles. Il mourut en 1615, à 60 ans. Il
avait épousé la soeur du marquis de Feu-
quières , gouverneur de Verdun, dont il
eut deux tilles ; l'une mourut fort jeune ,
et l'autre épousa M. Arnaud d'Andilli en
1613, auquel elle apporta la terre de Pom-
ponne. On a de lui un Traité de la no-
blesse, traduit de l'italien de Jean-Bap-
tiste Nenna , imprimé en 1585 , in-8°. On
a publié , en 1749 , ses lettres et ses négo'
dations, 5 vol. in-12. Il passe aussi pour
l'un des auteurs du Catholicon, satire que
l'esprit de parti a fait valoir dans le
temps , mais qui , dans le fond , n'est
qu'une platitude dont la haine contre l'Es-
pagne et les invectives contre la ligue
font tout le mérite : « Comme si l'asso-
» dation des calvinistes, dit un auteur im-
» partial , n'avait pas été une ligue, et une
» ligue composée de sujets rebelles , ar-
» mée contre le trône et l'autel. »
FÈVRE ( Nicolas le ) , né à Paris en
1544 , se creva un œil en taillant une
plume. Cet accident n'interrompit point
ses études. Il commença celle du droit à
Toulouse. Nicolas avait dès lors le goût
de l'antiquité ; il entreprit le voyage de
Rome pour se perfectionner. De retour
en France , il se livra aux douceurs de
l'étude, tandis que la plupart des gens de
lettres de Paris s'occupaient des affaires
de la ligue. Henri IV étant enfin paisi-
ble possesseur de sa couronne , choisit le
Fèvre pour précepteur du prince de
Condé ; et après la mort de ce roi, la reine
lui confia l'éducation de Louis XIII. lî
mourut 16 mois après , en 1612 , à 69 ans.
Quoique le Fèvre eût travaillé toute sa
vie, il n'ambitionnait point le titre d'au-
teur, ou peut-être craignait-il les écueils
de cette profession. Ses opuscules furent
publiés à Paris en 1614 , in-4", par le Bè-
gue. On y aperçoit un critique exact sans
être trop hardi , judicieux dans ses con-
jectures , et juste dans ses raisonnemens.
Son style est pur , net et concis. Si ses
talens le firent estimer, son caractère ne
le fit pas moins aimer : il était humain ,
FEV
doux, conimunicatif. Il vri'uUUiins la rc-
lilc avec la politesse truu ruurtitan . et
l;i cour avec la simplicité d'un soli-
laire.
FÈVnE ( Ta-s^rgci le ) , n«^ à Cacn en
*''tî>, se fit de bonne heure un nom par
*< succès dans l'élude du prec et du la-
u. Le cardinal do Richelieu le gratifia
(l'une pension de 2,000 livres, pour avoir
l'inspettion sur les ouvrages imprimés
■u Louvre. Cet illustre rémunérateur des
gens de lettres se proposait de le faire
principal d'un collège, qu'il devait ériger
•ous le nom de Richelieu. Sa mort ravit
ce nouveau bienfait aux savans, et à le
Fèvre un protecteur. Le Fèvre qni avait
plus de cupidité que de religion, se fit
protestant, et eut une classe d'humanités à
Sauniur, qui assura sa vie dans ce monde,
mais non pas son salut dans l'autre. Il
méprisa , dit l'auteur du Siècle de Louis
XIV , ceux de sa secte , et vécut parmi
eux. On lui envoya des jeunes gens de
celte secte de toutes les provinces du
royaume et des pays étrangers. Les pro-
fesseurs mêmes assistaient à ses leçons.
En 1672 , il se préparait à quitter Saumur
pour passer à Heidelberg, lorsqu'une fiè-
vre continue l'emporta à 57 ans. Le Fèvre
était un vrai épicurien , et n'épargnait
rien pour satisfaire ses goûts. Il se par-
fumait comme un petit- maître. Il lui
manquait , à la vérité , cet air aisé du
grand monde, mais il v suppléait par mi
verbiage étudié. Les fruits de sa plume
sont : I Des IS'otes sur j4nacréon, Lu-
crèce. Firgile. Horace^ Térence. Phèdre,
Longin. Aristophane. Elien, Apollodore.
ExUrope . Aurélius - Victor. Dent/s d'A-
lexandrie. etc. Le Fèvre commente ces
auteurs, en homme qui connaissait assez
bien les délicatesses des langues , et qui
en possédait l'esprit. | Deux volumes de
lettres, 1659 et 1665 , in-i"; j Les Vies des
poètes grecs, en français, in-12, dont la
meilleure édition est celle qu'en a donnée
Roland, à laquelle il a ajouté ses remar-
ques ; I des poésies grecques et latines. Le
liitindele Fèvre est pur, poli , délicat,
mais pas tout-à- fait exempt de gallicis-
mes ; son siècle fournit de meilleurs mo-
dèles en ce genre. | Des morceaux de
Platon et de Plularqu^ . qu'il a traduits et
accompagnés de notes. Son français n'a
T.as les grâces de son latin ; on voit un
;nmc de collège, qui fait des efforts
ur prendre le ton d'un homme du
-nde.Il veut mêler le sérieux de Balzac
avec l'enjouenaenl de Voilure, et les gâte
«07 FEV
tous les deux. Il avait un attachement in-
violable à SOS amis. Dans le temps que
Pellisson était prisonner d'état , il eut le
courage de lui dé.lier son Lucrèce. Outre
M"" Dacier sa fille , il eut un fib, auteur
d'un petit traité paradoxal , sous ce titre •
De fuUlilate poctices. 16'J7, in-li2.
FEVUE( Nicolas le ), célèbre chimiste
(lu 17* siècle , démonstrateur de chimie
au jardin royal des plantes de Paris , fut
appelé en Angleterre pour diriger un la-
boratoire de chimie , que Charles II avait
formé à Saint-James, l'une de ses maisons
royales. Ce prince l'accueillit avec distinc-
tion. On a de lui une Chimie théorique
et pratique, en 2 vol. in-8°, dont la 3* édi-
tion parut en 1674. On croit que l'auteur
mourut peu de temps après. Son livre est
un des premiers où l'on ait établi des
principes et rassemblé les découvertes
faites sur la chimie.
FEVRE ( Claude le ), peintre, né à
Fontaineblau en 1633, mort à Londres en
1675 , fit les premières études de son art
dans les galeries et les salles de Fontaine-
bleau. Il se mit ensuite sous la discipline
de le Sueur et de le Brun. Ce dernier ,
ayant vu quelques portraits de sa main ,
lui conseilla de s'appliquer à ce genre de
peinture. Le Fèvre acquit en effet un ta-
lent supérieur pour saisir la ressemblance
et le caractère , en quelque sorte , de la
personne qu'il représentait. Sa touche est
vraie et spirituelle , son coloris frais et
piquant. Le roi et la reine voulurent être
peints par cet excellent artiste, qui depuis
fut très employé à la cour. Le Fèvre p^^sa
en Angleterre , et fit dans ce royaume
plusieius tableaux , qui lui acquirent
beaucoup de réputation et de richesses.
Il a traité avec succès quelques sujets
d'histoire. On a gravé d'après ce maître ,
et il a lui-même gravé plusieurs portraits
à l'eau-forte. François de Troy a été son
élève.
FÈVRE( Roland le), autrepeintre, natif
d'Anjou , mort en Angleterre en 1677 ,
excella à faire des charges.
FÈVRE ( Jacques le ), docteur de Sor-
bonne , grand-vicaire de Bourges, né à
Coutances au milieu du 17' siècle, et morl
à Paris en 1716, s'est fait un nom par les
ouvrages qu'il a pu})Iiés pour la défense
de l'Eglise. Les principaux sont : | Motifs
invincibles pour convaincre ceux de la
religion prétendue-réformée. Paris, 1682,
in-12 ; | youvelle Conférence avec un mi-
nistre, touchant les causes de la sépara-
tion de s protestant . 16i^ , in-12 ; ce livre
FEV
108
FIA
eut un grand succès. \ Inslructions pour
confirmer les nouveaux convertis dans la
foi de l'Eglise. On a encore de lui : En-
tretiens d'Eudoxe et d'Euchariste ^ sur
l'Histoire de l'arianisme et des iconoclas-
tes duPère Maimbourg,i&7li., in-12; \^nti-
Journal des assemblées de Sorbonne :
critique , ou plutôt satire , conduite par
Vesprit de parti.
FEVRE ( André le), avocat, né à Troyes,
était neveu de Houdard de La Motte. Son
oncle ayant perdu la vue l'appela auprès
de lui, et il fut son lecteur et son secré-
taire. Il s'acquitta de ces deux emplois
avec une assiduité et un zèle qui lui mé-
ritèrent les éloges de toutes les âmes hon-
nêtes, n mourut à Paris en 1768 , après
avoir passé ses dernières années dans des
infirmités continuelles. Nous avons de lui
les Mémoires de l'académie des Sciences
de Troyes ^ 1744 , in-8° , réimprimés en
1756 , en 2 part, in-12. Cet ouvrage , au-
quel M. Grosley a eu part, est dans le goût
des Mathanasiana ^ mais plus sagement
écrit. Il y a des choses agréables et des
recherches curieuses.
FÈVRE (Louis le). K CHANTEREAU.
FEVRE. Voyez FEBVRE (Jacques le).
FEVRET ( Charles ) , né à Semur en
1383 , fut avocat au parlement de Dijon
dès l'âge de 19 ans , et mourut dans cette
ville en 1661. On a de lui un Traité de
l'Abus j composé à la prière de Louis II ,
prince de Condé, et dont la meilleure édi-
tion est de Lyon , 1736, en 2 vol. in-folio ,
avec des notes du célèbre Gilbert et de
Brunet, avocat, Févret a approfondi cette
matière , et son ouvrage est le fruit des
plus longues recherches ; il y a cependant
des canonistes qui trouvent de l'inconvé-
nient dans la trop grande extension de
ses principes. Hauteserre l'a réfuté par
ordre du clergé , qui a cru y voir com-
promis les droits de l'Eglise. On a encore
de lui V Histoire de la sédition arrivée à
Dijon en 1650, in-8°, et d'autres ouvrages
en prose et en vers latins.
FEVRET DE FONTETTE ( Charles-
Marie) , arrière-petit-fils du précédent,
né à Dijon en 1710 , fut reçu conseiller
au parlement de celte ville en 1756. Après
s'être attaché pendant une longue suite
d'années à rassembler une nombreuse
collection d'ouvrages et de morceaux ,
tant imprimés que manuscrits , sur l'his-
toire de France , il conçut le projet de
donner au public une nouvelle édition
de la Bibliothèque historique de la France
du Père Le Long C'est par les augmen-
tations considérables qu'ont produites les
recherches et les travaux de M. Fontette ,
que cet ouvrage vraiinent important , et
dont l'utilité peut s'clendre à tant d'ob-
jets , après être sorti des mains de son
premier auteur en un seul vol. in-folio ,
en 1719, est devenu un répertoire immense
qui forme aujourd'hui 4 vol. in-fol. , non
compris les tables qui en composent un
5"^. Ce magistrat , aussi recommandable
par ses qualités sociales , que par ses lu-
mières dans la jurisprudence , son zèle
pour sa patrie , et son amour pour les
lettres , est mort directeur de l'académie
de Dijon en 1772 , sans avoir vu la fia
d'une entreprise qui lui fait tant d'hon-
neur. M. Barbeau des Bruyères , auquel
il avait remis tout son travail dès 1764 , a
présidé à l'édition de cet ouvrage.
FEYDE VU (Matthieu ), né à Paris en
1616, docteur de Sorbonne, théologal
d'Alet, ensuite de Beauvais, mourut en
exil, à Annonay dans le Vivarais, en 1G94,
à 78 ans. Son attachement au parti de M.
Arnauld lui avait occasioné beaucoup de
chagrins. On a de lui : | des méditations
sur l'Histoire et la concorde des Evaii-
</ife5. Bruxelles, 1675; Lyon, 1689-96, etc.;
I le Catéchisme de la Grâce ^ in-12, et
d'autres ouvrages.
FEYDEAU DE BROU ( Henri ) , évê-
que d'Amiens, d^la même famille que le
précédent, mort en 1706, âgé de 53 ans,
a donné au public : | une lettre latine à
Innocent XII, contre le Nodus preedes-
tinationis du cardinal Sfondrate ; | une
Ordonnance pour la juridiction des évé-
ques et des curés . contre le Père des Im-
brieux, jésuite; | Lettre au sujet de la
lettre à un Curieux sur d'anciens tom-
beaux découverts en 1697 , dans l'abbaye
de Saint- Acheul.
FEYJOO. Voyez FEIJOO.
FIACRE ( saint ) , étant venu d'Irlande
ou d'Ecosse en France , saint Faron , évé-
que de Meaux , lui donna un lieu solitaire
où il bâtit un hôpital , dans lequel il re-
cevait les passans et les étrangers. Il mou-
rut vers l'an 670. Les légendes lui donnent
la qualité de prince. Sa Fïe^ qui n'est
guère authentique , a été publiée dans le
Recueil de Surius , dans celui des Bollan-
distes ( lom, 6*^ d'août, pag. 598 et suiv. ),
dans les Acta SS. ord. S. Benedicti de
Mabillon, tom. 2, et dans les autres ha-
giographes ; enfin nous en avons des Vies
imprimées à part, entre autres celle
écrite en vers et imprimée in-4**, san«
date . ni nom de ville ni d'imprimeur, et
Tl\
100
FIA
rrllc dcdoniPirou, boniMliclin do Sainl-
Manr , imprimée à Taris on lfi56 , in-lî.
I,ermlta(je de Saint-Fiacre est devenu un
Uiurg de la Brie, fameux par ses pèleri-
nages ; iVtçlisc ou rhai>clle cal desservie
par les bénédictins, les femmes n'entrent
point dans le sanctuaire ; et l'on remar-
que q\ie la reine Anne d'Autriche, y ve-
nant en pèlerinage en 1G41 , se conforma
k cet tisage . et qu'elle lit même, à pied ,
le chemin depuis Monceau jusqu'à Saint-
Fiacre. Domdu Plcssis , qui donne un ar-
ticle curieux sur ce saint solitaire ( Hist.
de Meaxix . tom. 1 , p. bl et suiv. ) observe
que dans sa chapelle il y a une pierre,
sur laquelle vont s'asseoir pieusement les
pèlerins, pour guérir des hémorrhoïdes ,
ou , selon d'autres , du fie ou mal de Saint-
Fiacre ( f'isctis . cancri genus ^ camosis
partibus adharere solitus . primo quidem
calli instar durescit; postea callas in pus
conversas , proximas parles depascilur..
C'est ainsi que Mabillon désigne cette
maladie dans les annales de son ordre,
t. 1 , p. 344 }. On a prétendu que le nom
de fiacres avait été donné aux carrosses
de place, parce qu'ils furent d'abord des-
tinés à volturcr jusqu'à Saint-Fiacre ( en
Brie ) les Parisiens qui y allaient en pèle-
rinage ; mais Ménage , dans son Diction-
naire étyniologiquc , atteste comme té-
moin oculaire , que ces carrosses furent
ainsi appelés du nom de l'image de saint
Fiacre, qui servait d'enseigne à un logis
de la rue Saint-Antoine, où l'on a pre-
mièrement loué ces sortes de voitures. On
peut concilier ces deux sentimens; en
supposant que le mailre de l'auberge n'a-
vait pris saint Fiacre pour enseigne , qu'à
cause de la première destination de ces
voitures pour ce pèlerinage ; la rue Saint-
Antoine où était l'auberge est précisément
sur le chemin de Paris à Saint-Fiacre.
Par la suite il étendit l'usage de ses voi-
tures pour le service des rues de Paris.
FIACRE, frère lai de l'ordre de Saint-
Augxistin, né à Marly en 1609, et mort à
Paris en 1684, se fit connaître par sa
piété et diverses prédictions qui parurent
surnaturelles. Louis XIII, la reine Anne
d'Autriche, Louis XIV , Marie-Thérèse,
•on épouse , et d'autres grands person-
nages, avaient grande confiance en ses
prières, et s'y recommandaient souvent.
Il était fort lié avec Claude Bernard , sur-
nommé le pauvre prêtre ( voyez cet ar-
ticle ). Sa vie imprimée à Paris en 1722 ,
est écrite avec une simplicité qui attache.
Dans son discours créliminaire, l'auteur
anonyme ( que r«»ti suit élre un augustin,
nommé Gahrirl dr Sainle-Claire ) ujorilie
qu'il connaissait les règles do la critiqui:
et qu'il s'y est conformé. On y trouve
cctio réflexion : € La disposition de nos
» pères était de croire tout à l'aveugle ;
B ils se faisaient conscience de douter du
• moindre prodige; ils croyaient trop.
» La disposition d'esprit de nos jours ( en
• 1722 ) est de ne croire rien; s'il me fal-
» lait opter entre ces deux extrémités,
» j'aimerais mieux la puérile crédulité de
» ceux qui croient tout, etc. » Du reste,
le livre est imprimé fort incorrectement,
et le lecteur est arrêté à chaque pas par
des fautes grossières qui ne sont pas rele-
vées dans Verrata. L'abbé d'Artigny en a
donné, d'après un journaliste , le Précis de
ce qui concerne la naissance de Louis XIV
( que la reine Anne attribua aux prières
du frère Fiacre ) , dans le tome 6' de ses
Mémoires ; mais on voit , par ce précis ,
que l'abbé n'avait pas vu le livre même.
• FIARD ( Jean - Baptiste, l'abbé ) ,
naquit à Dijon , d'une honnête famille , le
23 novembre 1736. Il entra d'abord chez
les jésuites, et il était professeur de rhé-
torique à Alençon à l'époque de la sup-
pression de celte société. Il se rendit à
Paris, et fut admis dans le séminaire de
Saint-Nicolas du Chardonnet. Appelé dans
sa ville natale par M. d'Apchon , qui ad-
ministrait ce diocèse , il y remplit les
fonctions de vicaire dans les paroisses de
Saint-Philibert, puis de Saint-Pierre. Il
était pourvu d'im mépari à Saint-Michel
lorsque la révolution survint. L'abbé
Fiard ayant refusé de prêter le serment
dit civique, fut déporté en 1793 avec
d'autres prêtres. Préservé des maladies
qui firent périr , à Rochefort , im grand
nombre de ses compagnons d'infortune ,
il revint dans son diocèse en 1795.
D'autres ont avancé qu'étant sexagénaire
il ne fut point déporté ; mais qu'ayant
voulu continuer ses fonctions ecclésias-
tiques avec son zèle accoutumé, il fut
enfermé pendant 2 ans ( 1793-1795 ).
Il vécut depuis retiré et mourut le 30
septembre 1818. L'abbé Fiard était pieux,
charitable ; mais , dès son enfance , à ce
qu'ont assuré des personnes qui l'ont
connu intimement , il avait montré une
imagination exaltée , qu'il avait encore
enflammée par la lecture de li,vres extra-
vagans. L'abbé Fiard avait la faiblesse de
croire à la magie, et donnait à celle-ci
un si grand empire, qu'il ne voyait par-
tout que des sorciers et des magicien;,
10
FIA l
Dans SCS écrits , il cite comme démonolâ-
tres les ventriloques, Mesmer, Caglioslro
et autres jongleurs de la même espèce ; il
prend aussi pour des sorciers les faiseurs
de tours, une poupée automate et autres
ol)jets, qui ne sont, en général, qu'un
résultat de procédés physiques ou de piu'
charlatanisme. Avant la révolution, il
avait annoncé dans le Journal de Ver-
dun^ dans le Journal ecclésiastique ^ et
dans le Spectateur de Toulouse^ l'exis-
tence d'un grand nombre de dèmonolâ-
tres. Le 22 octobre 1775 , il écrivit une
longue lettre à l'assemblée du clergé,
dans laquelle il lui dénonçait également
les projets d'une foule de magiciens et de
sorciers , qui minaient sourdement le
trône et l'autel. Les persécutions qu'il
avait éprouvées ne firent qu'exalter de
plus en plus son imagination. Selon lui ,
la révolution n'était que l'effet d'un en-
sorcellement:, et huit cent mille Parisiens
étaient ensoi'celés :, ainsi que Louis XVI
lui-même. Tous les ouvrages qu'il a pu-
bliés roulent sur ce sujet : en voici les
titres : | Lettres philosojMques sur la
magie , 1801, in-8° ; | La France trompée
j)ar les magiciens et les démonolâtres du
18*^ siècle, 1805, in-S" ; | Le Secret d'état,
brochure in-8°, 1815. On attribue aussi à
l'abbé Fiard Le Mystère des magnéti-
seurs et des somnambules dévoilé , par un
homme du monde, 1815, in -8°. M. De-
leuze a cru devoir réfuter cet ouvrage
dans ses Annales du m,agnélisme animal.
( On peut également voir les Annales po-
litiques ,mo j'aie s et littéraires , du 17 dé-
cembre 1815. ) En 1797, l'abbé Fiard sou-
mit à La Harpe une partie de son travail,
par lequel il voulait prouver l'origine
diabolique et magique de la révolution. La
Harpe se borna à lui répondre que les
« révolutionnaires ne pouvaient être
» d'aussi grands sorciers, parce qu'ils ne
» croyaient ni en Dieu ni au diable. »
Sur la fin de sa vie l'abbé Fiard se pro-
menait toujours seul dans les lieux les
plus solitaires , ayant constamment avec
lui quelques-uns de ses ouvrages sur la
magie et les magiciens. Cependant, lors-
que , par intervalles, il oubliait son sujet
favori , il raisonnait fort juste , et parais-
sait avoir de l'érudition. On plaignait sin-
cèrement un homme estimable dupe d'un
rêve que son imagination lui reproduisait
sans cesse , et auquel il croyait de bonne
foi. M. C.-M. Amanton à inséré dans le
Journal de Dijon du 6 août 1825 une no-
tice très détaillée sur l'abbé Fiard.
10 Fie
FICII.VRD ( Jean ) , né en 1SI2, j^r^«^-
consulte de Francfort sur le Mein , sa
patrie, syndic de cette ville, y mourut
en 1581 , à 09 ans. Il savait les langues et
l'histoire du droit. Il fut disciple du célè-
bre Zasius qui professait à Fribourg en
Brisgau. Il voyagea en Italie et s'arrêta
dans toutes les universités. On a de lui :
( Onomasticon philosophico - medicum
synonymum,G\.c., 1574, in-8°; c'est un dic-
tionnaire d'alchimie; | Consilium matri-
moniale, 1580, in- fol. ; | De Cautelis ,
1577, in-fol. ; | F'itce virorum qui eru~
ditione claruerunt , in - 4° , très rarcï ,
I F'itce jurisconsultorum A^6^,in-k° , etc.;
il fait suite à celui de Bern. Rutilius.
( Les Coutumes de Francfort; \ Consilia,
etc. , Francfort, 1590, 2 vol. in-fol. ; Darm-
stadt, 1677, 3 vol. in-fol., y compris la
vie de l'auteur par H. P. Herdesianus. Ou
trouve une notice sur Fichard avec sou
portrait dans le Mercure allemand. Deut-
sche Mercur., de 1776, 2^ partie.
FICIIET. r^oyez FISCHET.
* FICIIET ( Alexandre ) , savant jé-
suite , naquit en 1588 au Petit-Bornand ,
dans le diocèse de Genève. Ses supérieurs
l'employèrent à enseigner à Lyon les hu-
manités pendant sept ans, et la philoso-
phie avec les mathématiques pendant
quatre. Il se consacra ensuite au minis-
tère de la chaire , et obtint un tel succès,
que l'église n'était jamais assez vaste pour
contenir l'auditoire qui se pressait pour
l'entendre. Il fut recteur du collège de
Niines , et envoyé à Rome en qualité de
député de la province de Lyon , pour y
assister à la huitième congrégation de
son ordre. Le père Fichet avait un talent
particulier pour développer dans ses éco-
liers la vocation à l'état monastique. On
en compte un grand nombre qui , par ses
conseils, entrèrent dans divers instituts.
Ses ouvrages sont : | Chorus poetarutn
lustratus cum musœo rhetorico et poe-
tico : c'est une édition purgée du Corpus
poetarutn. Le nombre des poètes latins
compris dans ce recueU est de 58. Il en
manque quelques-uns , qu'il se propo*«iil
d'ajouter dans une autre édition. Cet ou-
vrage a été imprimé à Lyon , 1616 , in-/«.°.
I Favus mellis ex variis sanctis colleclus,
Lyon, 1615-1617, in-2/i. Ces deux ouvra-
ges sont sans nom d'auteur. | La Fie de
la bienheureuse mère de Chantais fonda-
trice de la Visitation , Lyon , 1642 , in-4° ;
I la Fie de saint Bernard de 3fenthon ;
j Arcana studiorum omnium methodus ,
et Bibliotheca scientiarum^ Lyon , 1649»
Fie m
fn-8", roimprimi' à la suile du Protfro-
mus htstnrùr littrrahœ do Lambccius ,
IIainbour({. (710. in- fol. Cet ouvrajîc osl
écrit avec élcf^ancc , cl donne des moyens
faciles de faire des progrès dans les scien-
ces. 1 Le Triomphe du saint Sià;r contre
un eonseiller hérétique de Grenoble.
Grenoble . Jf.\0. Il mourut à Chambéry
io 30 mars 1659.
• FICIITK ( jEASt-TnÉopnii.E) , célèbre
pbilosophe et métaphysicien allemand ,
no le 19 mai 1762 dans le village de Ramme-
nau en Lusacc , était lils d'un fabricant de
rubans , et fut placé dans une école par
un protecteur de sa famille qui avait re^-
connu en lui d'heureuses dispositions.
Mais s'accommodant peu de la contrainte
à laquelle il se voyait assujéti , il se sauva
de chez son maître, et on le trouva sur
les bords de la Saale , les yeux fixés sur
une carte dans laquelle il cherchait la
route qui pouvait le conduire en Améri-
que. Il termina cependant ses études dans
les universités de Wittemberg et de Leip-
sick , puis accepta une place de précep-
teur dans une famille de Kœnigsberg , où
il fit la connaissance du célèbre Kant ,
dont il embrassa la doctrine. En 1792 , il
publia sous l'anonyme , un Essai de cri-
tique de toutes tes ré 'délations . qui fut d'a-
bord généralement attribué à Kant. Fichle
épousa en 1793 une nièce de l'auteur du
poème de la Afessiade, et fit paraître en
Suisse , où il voyageait , un ouvrage qui
fit une très grande sensation , intitulé :
Matériaux pour rectifier les jugemens du
public sur la révolution française , dans
lequel l'auteur soutient cette doctrine
dangereuse, que « l'espèce de contrat syn-
» allagmalique , qui existe entre une na-
» tion et son chef héréditaire , peut être
» dissous par la volonté de l'une des deux
• parties, et surtout par celle de la na-
» tion. > La chaire de philosophie à l'uni-
versité d'Iéna étant devenue vacante par
la retraite du titulaire Reinhold , qui alla
professer à Kiel , Fichte fut choisi pour
lui succéder. Ce fut alors qu'il modifia les
théories de Kant et publia un système
••îTalcment fondé sur Vidéalisnie transcen-
dantal, auquel il donna le nom de Doc-
trine de la science . et dont il fit la l)asc
de ses cours (i). En 1798, parut son Sys-
(0 Ces* 4c ao« Iccleart qai deiireraieoi «voir une
«•«p.mi-.f. apprafoDiie dc> lliéoriti de Fichle.
- "r ici ourra^ct de M. Aocillon , el
■ '^> Jfi difjfrtnt lyn'fmtt df pSilom-
^c GfranJo.
Fie
thne de morale , qui fit accuser l'auteur
d'hérésie et d'athéisme, et l'obligea de
donner sa démission do professeur. Il alla
poursuivre ses travaux à Rerlin , où il ou-
vrit ses cours. Un de ses disciples , Schrl
ling , s'éleva avec violence contre sa do'
tririe cl donna ainsi naissance à des qii>
relies philosophiques dans lesquelles en-
trèrent la plupart des sa vans d'vUlemagne.
Durant l'été de 1805, Ficlile occupa I.i
cliairede philosophie transcendante à lu
niversité d'Erlang, et, l'année suivant. ,
il donna un cours à Berlin. Ayant perdu
sa place de professeur à Erlang par suite di»
la guerre de 1806, M. G. de Humboldt lui
fit obtenir après la paix , la place de rec-
teur de la nouvelle université de Berlin ,
qu'il conserva jusqu'à sa mort arrivée le
29 janvier 1814 , d'une fièvre putride, que
sa femme lui avait, dit-on, communiquée ,
après l'avoir gagnée elle-même en se con-
sacrant au soin pieux des malades aban-
donnés. Fichle a laissé les ouvrages sui-
vans, tous écrits en allemand : | Essai de
critique de toutes les révélations. Kœnigs-
berg, 1792, in-8'', réimprimé en 1793,
ouvrage dans lequel l'auteur défend la
révélation d'après des raisonnement pui-
sés dans la philosophie de Kant; | Maté-
riaux pour rectifier les jugemens du pu-
blic sur la révolution française , publiés
en Suisse , 1793 , 111-8" ( voyez ci-dessus) ;
I Sur lanotion de la doctrine de la science
appelée communément Philosophie , Wei-
mar, 1794-98-99 , in-8'' ; | La liberté de jyen-
ser réclamée des souverains de l'Europe.
Weimar, 1794 , in-8'' ; | Discours sur la
destination de l'hom.ne de lettres, 1794 ,
in-8° ; | Bases de la doctrine de la science.
ibid., 1794, in-8"; réimprimé en 1801-
1802 , 2 vol. in-8° ; | Précis de ce qui ca-
ractérise la doctrine de la science relati-
vement à la faculté théorétique. ibid., 179'i
et 1802, in-8"; | Hases du droit naturel .
d'après les principes de la doctrine de la
science, ibid., 1796-97, 2 vol. in-S" ; la
deuxième partie porte le titre de Droit
naturel; \ Système de morale d'après les
principes de la doctrine de la science .
1798 , in-8° ; | Essai poiw servir à l'his-
toire de l'athéisme , Marpourg, iu-8° ; c<m
écrit parut sous le nom de Forberg; | Ap-
pel au public sur l'inipulation d'athéisntr ,
Tubingen , 1799 , in-8" ; 2""= édition , léna .
1799 , in-8". Dans cet Jppel, Fichle est
loin de répondre d'une manière satisfai-
sante à l'accusation grave dont il était l'ob-
jet. I La destination de l'homme de let-
tres. Berlin, 1800 , in-S"; j Rapport pi as
Fie
112
ne
clatY que le j'our^ adressé à la majeure
j)artie du public sur la nature réelle de
la philosophie récente , ou Essai pour for-
cer le lecteur à comprendre ^ Berlin ,
1801 , in-S"; on peut juger par le titre bi-
aarre de ce livre combien il y a d'obscu-
rité dans les sublimes rêveries des idéa-
listes. Fichte a avoué que les Kantiens ne
comprenaient pas la doctrine de leur
maître , lequel à son tour déclara que
Ficbte lui-même ne l'avait pas compris.
I T^ie et opinions singulières de Frédéric
Nicola:i j publiées par Schlegel , Tubin-
gen , 1801 , in-8° ; | Réponse à l'écrit de
R. L. Reinhold sur le tableau abrégé de
l'état de la philosophie au commencement
du 19™'= siècle. Tubingen , 1802, in-8" ;
I Discours sur la condiiioJi de l'homme de
lettres et sur ses travaux dans l'empire
de la liberté. Berlin , 1806 , in-8° ; | Ma-
tériaux pour les traits caractéristiques
du temps actuel. Berlin, 1806, in-8" ;
I Guide de la vie bienheureux . ou Doc-
trine religieuse présentée dans un cours
public. Berlin, 1806, in-S". Fichte regar-
dait cet ouvrage comme celui quî présen-
tait sa doctrine dans toute sa sublimité ;
ce livf e , dicté par un sentiment pur de la
religion, et écrit avec onction, offre la
plus haute mysticité et des idées origina-
les , par exeniple sur l'évangile de saint
Jean. Les propositions qui , huit ans au-
paravant l'avaient fait accuser d'hérésie ,
y sont développées d'une manière plus
claire et plus satisfaisante. | Discours
adressé à la nation allemande . Berlin ,
4806; I La doctrine de la science exposée
dans toute son étendue . Slraubing , 1807 ,
in-8° ; | Principes fondamentaux de toute
la doctrine delà science . pour servir de
manuel à ceux qui en suivent les cours,
et Esquisse du caractère distinctif de
cette science relativement à la faculté
théorique. 1810, in-8° : Fichte a encore
laissé plusieurs opuscules et mémoires in-
sérés dans les journaux philosophiques et
autres recueils périodiques. Les allemands
le regardent comme un de leurs plus
grands philosophes.
' l'ICUTEL (Jean EHRENREICH), na-
turaliste hongrois, né en 1732 à Prcs-
bourg, s'adonna à la jurisprudence , qu'il
abandonna pour une place d'actuaire dans
le directoire de la nation saxonne. Ce di-
rectoire ayant été supprimé, Fichtel se
rendit à Vienne, où il fut d'abord em-
ployé dans la chambre des comptes. On
l'envoya ensuite en Transylvanie pour
occuper une place de chef de bureau à la
trésorerie. En 1785 , U devint directeur de
la régie du domaine et des douanes, et
en 1787 conseiller du gouvernement de
la même province. Il mourut presque su-
bitement le h février 179S. Les différens
voyages qu'il fut obligé de faire pour
remplir ses fonctions le mirent à même
de satisfaire ses goûts pour l'histoire na-
turelle. Son cabinet do minéralogie passait
pour le plus riche qui fût dans les états
autrichiens. On lui doit : [ Mémoires sur
la minéralogie de la Transylvanie . Nu-
remberg , 1780 , 2 parties in-i"; \ Observa-
tions minéralogiques sur les monts Car-
paths. Vienne , 1791 , 2 part. in-8°; | Mé-
moires minéralogiques . Vienne . 179i ,
in-S"; I Notice d'un volcan brûlant en Hon-
grie . Berlin , 1799.
FICIIVO ( Mabsilio ) , chanoine de Flo-
rence sa patrie , savant dans les langues
grecque et latine , naquit le 19 octobre
1433. Il professa la philosophie dans l'u-
niversité de Florence. Il eut une foule de
disciples : car quoiqu'il adoptât les rêve-
ries de l'astrologie judiciaire , erreur qui
lui était commune avec les philosophes
de son temps , il avait d'ailleurs beaucoup
de mérite. Il dut à la libéralité des Médi-
cis, des retraites agréables auprès de
Florence. Il y passait le plus de temps
qu'il pouvait, avec des amis choisis qui
philosophaier»t, et qui partageaient avec
lui les charmes de la raïsoa et de la soli-
tude. Ficino avait besoin de l'air de la
campagne. Son tcmpéranaent était mélan-
colique , sa santé délicate , et il ne la con-
servait que par des attentions presque
superstitieuses. Il changeait jusqu'à six
ou sept fois de calotte par heure. La na-
ture était trop faible chez lui , pour qu'elle
ne succombât point , malgré toutes les at-
tentions de l'art. Il mourut en 1499 , à 66
ans. Ses ouvrages ont été recueillis à Bâle
en 1561 , en 2 vol. in-folio. Us ont été im-
primés plusieurs fois. On y voit des tra-
ductions d'auteurs grecs , de Platon , de
Plotin , dont il essaie de faire des chré-
tiens, parce qu'effectivement il se trouve
dans leurs ouvrages des endroits très fa-
vorables à la religion chrétienne , fruits
sans doute de la lecture des livres saints,
ou de la tradition primitive , ou des no-
tions que les Juifs avaient communiquées
aux autres nations. On y trouve aussi des
écrits de physique, de métaphysique, de
morale, de religion; des lettres en 12 li-
vres, imprimées séparément, Venise,
1495 , in-fol. , rares , ainsi que son édition
de la Philosophie platonicienne j, impri-
ne i
™A,. k Florence , in-folio , 4482. On peut
Il sur Ficino , TiralM»schi dans son
r- drs écrivains italiens; J. C.
liclhorn , Jnurnit. litt.. tome I*' ; cl sa
''i> ccritc par Jean Corsi, de Florence,
nrcà Pise en 1771 , in-S". Ficino eut
> ves les s a vans les plus illustres ,
Accolli, Calvcrino, Cavalcanli ,
Aii(}e rolitirn ; ce dernier, ainsi que
d'autrc-s poètes, le célébra dans ses vers.
• FICOHOM ( Frakçois ), antiquaire
italien , né en 1664, à Lugnano, ou selon
d'autres à I-abico près de Rome , mort
ans cette ville en 1747, âgé de 83 ans,
at membre associé de l'académie des
inscriptions , de la société royale de Lon-
dres et de plusieurs autres sociétés sa-
vantes. Il fonda la société dcgl' Inculti à
Rome. On lui doit un grand nombre d'ou-
vrages en italien qui prouvent son éru-
' illion. Les principaux sont : | Osserva-
'oni sopra l'antichita di Roma descritle
.^eldiario ita/ico/mblicato dalP. Bernard
Montfaucon . 17CVJ, in-4'', ouvrage curieux
cl estimé ; | Itali ed altri instrumenli lu-
sorii dtyli antichi roinani , Rome, 1734,
in-4° , fig., airieux et peu commun ; | Le
maschere sceniche e le figure corniche
d'witichi romanis Rome, 1736 et 1748,
in-4°, lig-, traduit en latin sous ce titre :
f>e larvts scenicis^ en 1750 ou 1754 , in-i",
«:• I / piouibi atitichi . 1740 , 111-4°, fig. ,
' t estimé. Il a été traduit en latin.
■tiji e Iracia di Roma antica, ri-
•r c sptegale . ilkk, grand in-4".
itcmtnee anliqua litleratce . aliœque ra-
iores , 1757, in-4°, ûg., publié après la
lort de l'auteur, avec de savantes notes
;•• Gadleoli.
' FICQL'ET (Etie:«.\e), graveur, né à
■ iris en 1731 , excellait à peindre les por-
i.aits en petit. On lui doit ceux des per-
sonnages les plus célèbres de France , qui
forment une suite cormue sous la déno-
"■'"-"■'tn de Collection Ficquet. Elle se
-•. des portraits suivans : M""^ de
n on, Molière . f 'oltaire, Montaigne .
l\. :jruxrd,J. B. Rousseau, Fénélon. Dés-
ertes , J. J. Rousseau , Lamothe-le-
'' ayer , Crébillon , Corneille , Eisen ,
i adé . Chennevière , et detix différens
["•rtraits de La Fontaine. Il a laissé iin-
(wrfait celui de Bossuet, qui devait faire
partie de cette collection ; on en rencontre
r ^. On a encore de lui
•s petits portraits , tels
' n. IVetvton. Louis XF ,
\. Lclui de M'"' de Maintenon est ro-
,;^.rdé comme un diçl-d'œuvre. 11 était
i5 FfD
d im caractère original, travaillait Hicii
lorsqu'il n'était pas pressé par le besoin ,
et mourut dans un état voisin do l'indi*
genco , en 1794.
FIDDFvS (Rn;MAiio), écrivain poli e»
savant théologien anglais, né à Hun-
manby dans le comté d'Yorck , en 1671,
fut ministre à Halsham, lieu malsain,
qu'il fut obligé de quitter. Il se retirai
Putney , où il mourut en 1725. Il est au-
teur : I d'un Corps de théologie . 1718-
1720, 2 vol. in-fol.; | de cinquante-deux
discours pratiques sur différens sujets ,
1720 , in-fol ; | de la rie du cardinal
ff^olsey . Londres, 1724, in-folio; j d'un
Traité de morale , 1724, in-S", où il ré-
fute la fable des abeilles de Mandeville ,
et les Recherches sur la vertu de Shaftcs-
bury. Il était plus ingénieux que solide.
FIDELE (saint ) , né à Sigmaringen,
petite ville de la Souabe , étudia la phi-
losophie et la jurisprudence dans l'uni-
versité de Fribourg. Quelques gentils-
hommes curieux de voyager , ayant désiré
de l'avoir pour compagnon , il parcourut
avec eux , depuis 1604 jusqu'en 1610, l'Al-
lemagne, l'Italie, la France et plusieurs
provinces d'Espagne. De retour dans su
patrie , il embrassa la profession d'avocat,
et devint célèbre dans le barreau ; mais
redoutant les écueils dont cette carrière
est semée, il la quitta bientôt pour se
faire capucin. Le pape Grégoire XV , qui
venait d'établir la congrégation de la Pro-
pagande, instruit du mérite de Fidèle, le
préposa aux missions qui devaient ae
faire chez les Grisons. Il s'acquitta de son
emploi avec un succès digne de son 7.èle ,
et tel qu'on espérait de ramener dans le
sein (le l'Eglise tout ce qui restait d'héré-
tiques chez celte nation ; mais quelques*
uns d'entre eux , plus attachés à l'erreur,
et par-là même jaloux de ses succès, ré-
solurent de le perdre de la manière la
plus lâche et la plus cruelle. D'après une
invitation simulée , le Père Fidèle s'élant
présenté pour les instruire , ils se jetè-
rent tumullueusement sur lui et le mas-
sacrèrent le 24 avril 1622. Clément XHI
l'a mis au nombre des saints.
FlUEItl, empereur du Jai>o«, ûls et
successeur de Taïkosama en 15'J8. On-
goschio son tuteur lui eideva sa couronne,
après l'avoir obligé d'éjMiUser sa iille. Fi-
deri leva une puissante armée contre l'u-
surpateur , mais celui-ci plus heureux lo
réduisit à s'enfermer avec s« femme et
les seigneurs de son parti dans un palais,
uù il lit mettre le feik
10.
FIE
ilk
FIE
lîlELDIIVG ( Henui ) , célèbre roman-
cier anglais , fils d'un lieutenant-général ,
vit le jour à Sharpham-Park , dans le
comté de Sommerset , le 22 avril 1707. Né
avec une imagination vive et même li-
bertine, 11 s'abandonna, avant l'âge de
20 ans, tellement à la débauche, qu'il
altéra sa santé et sa médiocre fortune. A
r)0 ans il épousa miss Cradock, beauté cé-
lèbre du comté de Salisbury. Sa dot fut
bientôt consumée dans les plaisirs. Fiel-
ding voulut suivre le barreau; mais la
goutte, qui l'assaillit tout à coup, l'obligea
d'abandonner cette carrière à laquelle il
était d'ailleurs peu propre. La composi-
tion de plusieurs comédies ou farces, et
de plusieurs romans, et la place de juge
de paix dans le comté de Middelsex, furent
ses ressources contre l'indigence. Une
maladie de langueur , qui l'affligeait de-
puis quelque temps, l'engagea d'aller,
en 1753, en Portugal. Il mourut à Lis-
bonne en octobre 1754. Ses romans sont
traduits en {rAnçais : Toni-Jones ^ en 4
vol. ; Amélie^ en 3 ; les Aventures d' An-
drews _, 2 vol.; Roderic Jiandoii^ 5 \ol.
in-12; Voyage dans l'autre monde , in-12.
Les comédies de Fielding ne sont pas du
premier mérite; elles offrent pourtant des
scènes agréables, et quelques ridicules
nouveaux , peints avec vérité , avec éner-
gie et ti'une manière originale. Il en a
imité deux de Molière , Y Avare et le Mé-
decin malgré lui. Quanta ses romans, on
y trouve de belles situations , des senti-
mens touchans , d'excellens caractères ,
dont quelques-uns sont neufs, mais l'au-
teur i)rodigue trop les réflexions , les di-
{jressions , les portraits bas et les menus
détails. On a corrigé une partie de ces
défauts dans les traductions françaises, du
moins dans celle à.' Amélie. Tom- Jones ,
le chef d'oeuvre de l'auteur, a été réduit
de 5 voL à k ; encore il y en a deux de
trop. Cicéron en a donné depuis une tra-
duction complète en 6 vol. in-12. Fiel-
ding donna pendant quelques mois ime
espèce de Journal de morale , qui avait
les mêmes imperfections que ses romans.
C'était un tas d'observations faites à la
hâte et dans les rues, mal-adroitement
cousues à des lieux communs , satiriques
et moraux , dont l'effet ne sera certai-
nement pas de rendre les hommes meil-
leurs.
FIEXIVE (Robert de), vieux guer-
rier, qui fut honoré de l'épée de conné-
table en 1356 ; mais le roi Charles V vou-
lant gratifier Duguesclin de celte charc^e,
de Ficnne donna sa démission en 1370.
Sa famille a subsisté jusqu'à nos jours.
FIEÎVUS (Thomas) , d'Anvers, né en
1567, fut appelé à Louvain en 1593 , pour
remplir une chaire de médecine. Il la
quitta au bout de sept ans , pour se ren-
dre à la cour de Maximilien , électeur de
Bavière, en qualité de son médecin ; il n'y
resta qu'un an, et il vint reprendre sa
chaire à Louvain, où il mourut en 1631.
Il est regardé comme un médecin très sa-
vant. Il en est peu de son temps qui
l'aient égalé dans la connaissance de l'his-
toire naturelle et de la chirurgie. On a de
lui : I De rriribus imaginationis , in-8" ;
I De formatione et de animatione fœtus .
in-8° ; | Apologia pro libro prœced. in-
8°, 1629; \ De cauteriis , m-8°, dont la
meilleure édition est de Londres, 1733,
in-4° ; | Libri chirurgici . 1649, in-4° ; et
d'autres livres bien reçus dans leur temps.
— Son père Jeaiw FIENUS , médecin à
Anvers, mort àDordrechten 1585, donna
un traité De statibus humanum corpus
molestatitibus, 1682 , in-8°, curieux.
FIESQUE (Jeaw-Louis de), comte de
Lavagne, d'une des plus grandes famil-
les de Gènes , naquit avec des qualités qui
auraient pu lui procurer une vie heu-
reuse ; mais son ambition le perdit. La
haute fortune d'André Doria excitait sa
jalousie ; il se ligua d'abord avec les Fran-
çais, qui voulaient recouvrer Gènes. Un
des conjurés lui ayant fait comprendre
que c'était l'entreprise d'une âme lâche ,
d'aimer mieux assurer sa patrie à des
étrangers , que de la conquérir pour lui-
même , il travailla à s'en rendre maître
A l'entrée de la nuit du 1" janvier 1547,
les conjurés commencèrent d'exécuter
leur projet. Ils s'étaient déjà rendus maî-
tres de la Darscne , lieu où sont les ga-
lères , lorsque la planche sur laquelle le
comte passait pour entrer dans une ga-
lère s'étant renversée , il tomba dans la
mer et se noya , à l'âge de 22 ans. La mort
du chef ralentit l'ardeur des conjurés , et
la république fut sauvée. On punit le
crime de Fiesque sur sa famille ; elle fut
bannie de Gènes jusqu'à la cinquième gé-
nération , et son palais fut rasé. Le cardi^
nal de Ret/, a donné l'Histoire de cette
conjuration, in-8°, i665. Cet ouvrage
n'est qu'une espèce d'abrégé de l'Histoire
de la même conspiration , publiée en ita-
lien par Mascardi , et traduite en français*
par Fontenai-Sainte-Genevièvc, 1639,
in-8<».
FIEUBET C Gaspard de) , seigneur de
riCw a
Llgny . conteiUcr au parlement de Ton-
louic où il élail né en tOÎ6. cnHuiio rhan-
n-lier de la rcino Mario-Thérèse dAulri-
< lie , et conseiller d'étal . niourui aux (.a-
mnJdnles de Grosbois en 1C94 . à 67 ans. Il
a laissé queltiues iielites pièces de poésie ,
réi»anduc» dans divers recueils. On les lit
nvcc plaisir, jwur la délicatesse , la lépè-
r.té cl le naturel qui y rèfinenl. Sa fable
surtout, intitulée Ulysse et les Syrènes ,
est très estimée.
FIICI'X (Jacques de) , entra de bonne
heure dans l'état ecclésiastique, et fui
docteur de la maison de Navarre. Son ta-
lent pour la prédication le rendit célèbre,
( t lui mérita l'évéché de Toul , auquel il
fut nommé en 1670. Il y publia l'année
suivante des Statuts synodaux . qui de-
puis ont servi de rèjjle à cette éiîlise, et
fit de fréquentes visiics dans son diocèse,
toujours avec grand fruit. Son zèle, sa
douceur, son éloquence lui (jagnèrenl
tous les cœurs. Ce di^nie pasteur fut reçu
]iartoul comme il méritait, avec des té-
moignages unanimes d'estime et de con-
liance, surtout dans la Vosge , où l'on
n'avait point vu d'évéque de mémoire
d'homme. M. de Ficux avait une saga-
cité singulière pour la décision des cas de
conscience, et il publia en 1679, un écrit
sur l'usure , \Tès estimé, qui fut princi-
palement utile dans son diocèse . où ce
vice avait jeté de profondes racines. Il
mourut à Paris dans les sentimens de la
plus tendre piété , qui avait présidé à tous
ses travaux.
• FIGLIUCCI (Félix), dominicain du
16* siècle, né à Sienne , mourut vers 1590
dans le couvent de Saint-Marc à Florence,
•>à il s'était retiré après avoir publié dif-
fereiis écrits. Ce sont : | Il Fedro....
tradotto in lingua toscana . Rome, 1544 ,
in-«"; I Délie divine lettre delgran Mar-
silio Ficino . tradolte in lingua toscana .
Venise , 1546 et 1548, in-S" ; | le XI Fi-
lippichedi Demosthene , etc., Rome, 1550,
in-8°; | Di Fclice Figliucci Senese. délia
flosofia morale libri dieci, etc...., Rome,
1551 , in-4° ; | il Catec/tismo . cio è ins-
(ruzione, sccondoil decretodi Trento.eAc,
î'ome , 1566, in-8° ; | Délia politica . ov-
ero scienza civile secondo la dottrina
d' Arittotile , etc., Venise, 1558, in 4".
• FIGON (Louis), prêtre, naquit
aux Pennes, près Marseille, le 9 février
1745 , et lit sa théologie aux missions de
France. .\près avoir été ordonné, il exerça
son ministère durant qurlqucs années,
en diverses paroisses, puis entra dans la
congn*gation d«^ lo mission dite de Sainl*
Lju.are, et professa successivement |«
théologie à Arles et ù Marseille. Ayant re-
fusé de prêter serment à la constitution
civile du clergé, il énii|;ra et se rendit à
Nice, où il s'adonna à la prédication.
Revenu en France sous le Directoire, il
fut le premier à Marseille, qui osa célé-
brer en public l'office divin, et il desser-
vit l'église des missions jusqu'au concor-
dat do 1802. A cette époque , M. de Cicé ,
nouvel archevêque d'Aix , lui donna la
cure d'Aubagne. Lorsque la congrégation
de Saint-Laxarc cul élé rétablie, en ISKi,
Figon obtint de son supérieur de rester
dans sa cure , sans cesser d'appartenir à
la congrégation. Il est mort le 9 juillet
1824. On n'a de lui qu'un opuscule inti-
tulé : V Encyclique de Benoît Xlf^ , Vix
pervenit , expliquée par les tribunaux de
Rome; par un curé . ancien professeur
de théologie, Marseille et Paris, 1822,
in-8°. C'est un extrait de cahiers de théo-
logie de l'auteur; son but est de démon-
trer que l'Encyclique n'est pas contraire
au prêt à intérêt.
• FK.l'KIUEDO ( Antomo PÉREIRA
de) , savant portugais , né à Macao le 14
février 1725 , fit ses premières éludes
chez les jésuites , et entra ensuite dans la
congrégation des Pères de l'Oratoire de la
maison du Saint-Esprit à Lisbonne, où il
enseigna successivement la -grammaire ,
la rhétorique et la théologie. Quelques
différends s'élant élevés entre la cour de
Rome et celle de Portugal , il se prononça
d'abord en faveur du saint Siège; mais
il changea bientôt d'opinion , et soutint
publiquement les fameuses thèses du pou-
voir des rois sur les personnes et les
biens ecclésiastiques. Il publia peu de
temps après son Essai théologique . où il
défend la même cause. Cet ouvrage lui
valut l'emploi de député ordinaire dans
le tribunal royal de la censure, et de pre-
mier interprèle dans les bureaux des af-
faires étrangères et de la guerre. Obligé
de vivre dans le monde , il se crut auto-
risé à quitter ses habits religieux , dé-
marche qui augmenta l'animad version de
ses ennemis, et le fit regarder comme
un homme vendu à la cour et à l'aujlii-
tion du marquis de Pombal. Ce mini:>lre
ne pouvait en effet trouver un homiuo
qui fût mieux en état de seconder ses
plans hardis de réforme. Figueiredo joi-
gnait à la plus grande activité la péné-
tration et l'élcnduo du savoir. En 177i . il
fut clu uu des trois prcioiers députés de
FIG 116
la junte du subside littéraire et (le l'in-
atruction publique. Il devint peu après
niembre de l'académie royale des Scien-
ces dans la classe de la littérature portu-
gaise. Sa grande assiduité aux affaires et
à l'étude altérèrent sa santé. Sur la fin de
sa vie , il senîbla se repentir des erreurs
où son ambition l'avait entraîné ; il mou-
rut d'une attaque d'apoi)lexie le 14 août
1797 , avec l'habit de son ordre qu'il avait
demandé lui-même. Il a composé plu-
sieurs livres sur les langues latine et por-
tugaise , qui éprouvèrent de nombreuses
critiques de la part des jésuites, contre
lesquels il s'était ouvertement déclaré.
Celui de ses ouvrages qui lui fait le plus
d'honneur est la Sainte Bible , traduite
en portugais , avec des préfaces , notes et
variantes, 1778-90, 25 vol. in-8°. Il a
laissé un grand nombre de manuscrits.
*FIGUEROA (Christophe SU ARES de),
né à Valladolid vers l'an 1586 , s'appliqua
d'abord au droit , et reçut le grade de doc-
teur. Mais ayant une inclination décidée
pour les belles-lettres, il abandonna bien-
tôt Justinien et Covarruvias , et publia
plusieurs ouvrages en prose et en vers.
Ils sont intitulés : | Espejo de juventud,
Madrid , 1G07, in-8° ; | la Constante Ama-
»77w. Valence , 1609 , traduite eu français
par Lancelot , Lyon , 1614, in-8". Parmi
une grande quantité d'ouvrages du genre
pastoral que possédait l'Espagne , celui-ci
obtint un grand succès. Le style en est
correct et coulant , les événemens bien
amenés et les vers qu'il y a mêlés sont
harmonieux ; | une traduction du Pastor
fido de Guarini , Madrid , 1610 ; Naples ,
1622, in-8° ; | Espanna defendida^Tpoèmo
héroïque, Madrid, 1612, in-8°, ouvrage
qui ne manque pas de mérite , mais qui
n'eut pas le succès de l'Amarilis ; | Ifis-
toria anal, o relacion . etc. ( Histoire de
tout ce que firent en Orient les PP. de la
compagnie de Jésus pour la propagation
de l'Evangile ), Madrid , 1614, in-4". On
y trouve des notices intéressantes des pays
d'Orient où les jésuites furent en mission
pendant les années 1007 et 1C08 ; | Hechos
del Marques don Garcia Hurlado de
Mendoza, Madrid, 1613, iti-4°. Figueroa
y célèbre les exploits de ce seigneur dans
la guerre contre les Araucos , chantée par
Ercilla ( voyez ERCILLA) ; | El pasa-
iero : advertencias a la vida humana ,
ibid., 1617, Barcelone , 1618 , in-S"; [ No-
ticias importantes a la humana comuni-
cation , Barcelone , 1618 , in-8° ; 1 Plaza
unt.Vffr««/^ c'csl-à-dire, marché ou magasiu
FIL
universel de toutes les sciences , traduit
de l'italien de Garzoni do Bagnaravalio .
Madrid , 1615, in-4°. Figueroa vécut dans
l'aisance , jouit d'une réputation méritée ,
et mourut dans sa patrie en 1650.
* FIL \MO\DO ( Raphaël-Marie ) .
évéque de Suessa, né à Naples, dans lu
2*= moitié du 17' siècle , embrassa l'ordre
de Saint-Dominique dans le couvent de
Sainte-Marie délia Sanità. D'excellentes
études, et son aftplication à la théologie,
le rendirent capable de professer de bonne
heure cette science avec succès ; il cul-
tiva en même temps la littérature , et se
fit connaître avantageusement par quel-
ques pièces de vers qu'il adressa à ses
amis. Ses talens le firent appeler à Rome
par le supérieur de l'ordre , et il y fut
nommé en 1705 un des conservateurs de
la fameuse bibliothèque de la Casanata.
Le pape Clément XI lui donna l'évêchc
de Suessa dans la terre de Labour , qu'il
administra avec sagesse jusqu'à sa mort
arrivée en 1716. On connaît de ce prélat ;
1 Ilgenio bellicoso di Napoli; Memorie
istoriche d'alcuni capitani celebri napoli-
?a«t.. Naples , 1694 , 2 part, in-fol. Il y en
a des exemplaires qui portent la date de
1714. C'est l'histoire des célèbres capitai-
nes du royaume de Naples. Elle est ornée
de 56 portraits ; [ Ragguaglio del viaggio
fatto dapadri delV ordine de' Predicatori
nella Tartaria minore , nelV anno 1662 ,
con la nuova spedizione del padre Fran-
cesco , episcopo , in Àrmenia Persia , Na-
ples , 1695 , in-8° ; ] Theorhetoricœ idea .
ex divinis scripturis et politioris littera-
turœ mystagogis deducta , Naples, 1700 ,
2 vol. in-4°. C'est un cours d'éloquence
sacrée à l'usage de ceux qui se destinent
au ministère de la chaire. Le Père Echard
l'a cité avec éloge dans sa Bibl. ord. prœ-
dicat.
FILANGIERI (Gaeta\), publiciste
célèbre , gentilhouime de la chambre du
roi des Deux-Siciles , et conseiller au dé-
partement des finances , né à Naples le
18 août 1752 , et mort dans la même ville
en 1788 à la fleur de son âge , était lils de
César, prince d'Araniello et petit-fils par
sa mère du duc de Fragnito : sa famille
descendait d'un des quarante normands
qui dans le 1 1' siècle vinrent débarquer en
Italie. Filangicri avait 14 ans lorsqu'il en-
tra dans un des régimens destinés à la garde
du roi ; mais il quitta bientôt la profes-
sion des armes pour se livrer à l'étude
de la morale , de la philosophie et des
loiS; et obtint de grands succès au bar-
FIL i
reait. Il osl tuteur de la Sntntce de ta
législation. <en ilalirn , (pii fut rondain-
née par un décrrt dr la rour de Ruuic , en
date du 6 décembre J7ti'i. Il en a paru
plusieurs éditions à Naplos, Venise, Flo-
rence et Milan. KUc a été traduite en al-
lemand , en espagnol , etc. La traduction
française est de Gallois . Paris , 178f.-0l. 7
vol. in-8* ; et avec des notes de Benja-
min-<:onstant . 1821, 6 vol. iii-S". Les
maximes philosophiques qu'il a répan-
dues dans cet ouvrage, lui ont fait
une prompte réputation dans un certain
inonde. Si l'on excepte quelques passages
•ur le despotisme des rois et les abus du
gouvernement militaire , on peut dire
que ce n'est qu'une répétition de ce qu'on
voit ailleurs, à quelques paradoxes près
qui sont propres à l'auteur. Et dans le
fait , que peut-on dire de nouveau sur
une matière telle que la législation, sans
«e perdre dans des spéculations hasardées
et dangereuses ? « Ne comprendra-t-on
> jamais, dit un vrai politique, combien
» il est dangereux dans un état de souf-
» frir que des hommes sans mission, sou-
» vent sans talent et sans lumières, dé-
» clament à tort et à travers contre les
• usages reçus , contre les anciens éta-
» blissemens , frondent ce qu'il y a de
• plus respectable , foulent aux pieds tous
» les principes , sous le spécieux prétexte
» do s'élever contre les al)us, et de dé-
» truirc les préjugés. Le public toujours
» avide de nouveautés, toujours disposé
» à confondre la témérité et l'audace avec
» le génie , toujours dupe de l'emphase
» et des promesses des charlatans , se per-
• suade aisément que des hommes qui
» jugent et qui condamnent avec tant de
» hardiesse, ont des vues supérieures, et
• que nos ancêtres n'avaient pas le sens
» rommun ; il se pénètre des idées et des
» maximes de ce'» réformateurs, d'autant
» plus flatteuses , qu'elles paraissent neu-
» ves; et quel mal n'en résulte-t-il j)as
» pour la nation?» En 1788, il parut à
Patis 3 autres vol. de la Science de la
Législation. Ces trois volumes posthumes
ressemblent parfaitement aux autres , à
cela près que l'auteur, devenu plus con-
ilaiit, plus hardi, déguise moins certaines
opinions , que le crédit toujours croissant
du philosophi^me lui a paru rendre plus
aisément admissibles. Il y a de bonnes
choses , il y en a beaucoup de mauvaises.
Le nombre de celles-ci est encore allé en
croissant dans les 7 et 8* vol. publiés à
l'aris eu 1791. Il y règne de plus un ton
7 FÏL
de morgue et de vrai fanatisme, une lé-
gèreté et une inronséqucrtcc d'idée», Ct
tant de spéculations creus«îs , dangereu-
ses, tyranniques et impraticables, qu'on
est fondé de douter que ce soit réellement
une suite et une traduction de louvrane
italien , et de présumer que c'est plutôt la
produrlion de quelque démocrate pari-
sien, dont la tète n'aura pu ccmserver
une organisation saine au milieu des
mouvemens de la révolution. Le pre-
mier livre de Filaufrieri traite des règles
générales de la législation ; le deuxième
des lois politiques et économiques ; le
troisième des lois criminelles ; le qua-
trième de l'éducation , des mœurs , et de
l'instruction publique; le cinquième des
lois relatives à la religion. Ce livre est
reste incomplet , l'auteur étant mort
avant de l'avoir achevé. Le professeur
Joseph Gripoa a réfuté cet ouvrage en
1782.
• FILASSIER ( Jean-Jacqies ) , agro-
nome, né à Warwick-sud , dans la Flan-
dre , vers 1736 , d'un père riche , embrassa
d'abord l'état ecclésiastique auquel la lec-
ture des philosophes le porta dans la suite
à renoncer. La simplicité de ses goûts
semblait devoir l'éloigner de la capitale ;
cependant il saisit avec plaisir l'occasion
de s'en rapprocher, en se chargeant de
la direction de la pépinière de Clamart ,
où il vivait paisiblement lorsque la révo-
lution éclata. Le vœu des habitans l'ap-
pela bientôt à la place de procureur-syn-
dic du district de Bourg-la-Reine ; il fut
ensuite nommé à l'assemblée Législative,
où il parla en faveur de la liberté de con-
science. Après le 10 août , il fut dénoncé
comme royaliste ; mais s'élant justitié de
l'accusation portée contre lui , il retourna
dans sa commune , dont il fut élu juge de
paix. Suspendu de ses fonctions après le 9
thermidor, il reprit ses anciennes et dou-
ces habitudes , et mourut à Qamart en
1806. On lui doit quelques ouvrages esti-
més , en faveur de l'éducation : | Diction-
7iaire historique de l'éducation . Paris,
1771, 2 vol. in-12, 1784, 2 vol. in-8° ,
1808 , 5 vol. in^". C'est un recueil d'a-
necdotes choisie», instructives et intéres-
santes, qu'on peut mettre sans danger
entre les mains des enfans. | £raste , ou
l'Ami de la jeunesse . Paris , 1773 , petit
in-8° , très souvent réimprimé. La der-
nière édition est en 2 vol. in 8". On y
trouve un abrégé d'histoire et de gét>-
grapbie avec d'autres notions élcmea-
(aircs, le tout en forme U'entrcticiiâ la-
FIL
miliers d'Eraste avec son élève. | Eloge
du Dauphin père de Louis XVI , Paris ,
1777, in-8"; | Culture de la grosse as-
perge , dite de Hollande , Paris , 1783 ,
in-l2; ( Dictionnaire du jardinier fran-
çais. Paris, 1790, 2 vol. in-S" , ouvrage
1res estimé ainsi que le précédent.
FILASSIER. Voyez FILLASSIER.
PILASTRE (Guillaume), évéque de
Tournai dans le lô*^ siècle, dont nous
avons une espèce de chronique que les
curieux de tout ce qui concerne l'histoire
de France recherchent encore , quoique
surannée. Elle fut imprimée l'an 1517, en
2 vol. iu-fol. On a encore de lui La Toison
d'or, Paris , 1530 , 2 vol. in-folio.
FILCIIIUS ou FILCHINS (Beivoit ) , né
en 1560, d'une famille noble de la Grande-
Bretagne, fut élevé dans les principes du
calvinisme, et attaché à la secte puri-
taine. Rendu à Paris dès l'âge de 24 ans ,
il y abjura cette secte, qui ne faisait que
de naître , pour rentrer dans la religion
de ses pères , que ses compatriotes n'au-
raient jamais abandonnée , si comme lui,
ils avaient eu le courage de se détermi-
ner en faveur de la vérité , contre l'in-
térêt de leurs propres passions. Son grand
amour pour la vertu lui fit embrasser ,
dans cette même ville, l'ordre austère
des capucins ; après quoi il repassa dans
sa patrie en 1599 , dans le dessein d'y ré-
tablir la vraie religion : mais les héréti-
ques ayant découvert son état et ses vues ,
le déférèrent à la reine EUzabeth , qui le
retint dans une étroite prison , pendant
l'espace de XhAh ans j après lesquels
Henri III , roi de France , obtint son élar-
gissement , le fit revenir à Paris , et l'ho-
nora de sa bienveillance particulière. De
là, jusqu'à sa mort , le Père Benoit com-
posa plusieurs ouvrages analogues à son
zèle , à sa piété et à ses lumières , tels
que : | Begulaperfectionis, continens brève
ac luciduni compendium totius vitce spi-
ritualis . etc. Cet ouvrage , écrit d'abord
en anglais, puis traduit en flamand et en
français, fut mis aussi en latin par l'au-
teur lui-même , quelques années avant
sa mort. Il s'en fit successivement plu-
sieurs éditions à Rome , Paris, Lyon, Vi-
tcrbe et ailleurs; | Soliloquium pium et
grave, etc., dans lequ*^! il explique les
motifs de sa conversion ; | Liber vario-
rum exercitiorum spiritual ium . etc.,
Viterbe , 1608; | Eques christianus, etc.,
2 vol. in-12, Paris, 1609. M. Thayer ,
ministre protestant , nouvellement con-
verti à la religion catholique , fait le plus
118 FIL
bel éloge de cette production qui n'a pas
peu contribué à le ramener dans le se n de
l'Eglise. Voyez la Relation de la conver-
sion de M. Jean Thayer, 4*^ édition,
Liège, 1789 , page 18 , et le Journal his-
torique et littéraire , i" février 1789 , page
174.
FILESAC (Jean ), docteur de Sorbonne
et curé de Saint-Jean-en-Grève , mourut
à Paris, sa patrie, doyen de la faculté de
théologie, en 1658. Il a composé plusieurs
ouvrages sur des matières ecclésiastiques
et profanes , remplis d'une érudition as-
sommante. Ce n'est qu'un tissu de pas-
sages , qu'il joint les uns aux autres par
quelques réflexions, sans beaucoup d'or-
dre ni de méthode. Il passe du sacré au
profane, fait de longues digressions,
écrites très durement, et lasse son lecteur
en l'instruisant. Ses principaux ouvrages
sont : I un Traité de l'autorité des évé-
ques, Paris, 1606, in-8"; | un autre du
Carême ;\ De l'Origine des paroisses ;
des Traités de la confession auriculaire,
àe. l'idolâtrie, et àe l'Origine des anciens
statuts de la Faculté de Paris, etc. Ils
sont réunis sous le titre à.' Opéra varia,
Paris, 1614, 2 vol. in-8'', et O/^em selecta
Paris, 1621, in-4°.
FILICAIA ou EILICAJA (Vincent de),
poète lyrique italien , sénateur de Flo-
rence, sa patrie, né en 1642 et mort en 1707,
fut membre de l'académie de la Ctjisca et
de celle des Arcades. Ses poésies, publiées
en 1707, in-fol. , par son fils, réimprimées
à Venise, 1747, 3 vol. in-12, sont délicates,
et respirent le ton d'un homme qui vit
dans le grand monde : les meilleures sont
les 6 odes ou canzoni qu'il composa sur
la délivrance de Vienne par les Turcs. 11
n'était pas riche : Christine , reine do
Suède , sachant qu'il avait de ia peine à
faire subsister sa famille, lui fît du bien,
et sa générosité fut d'autant plus louable,
qu'elle voulut qu'on l'ignorât entièrement.
Ses poésies lui valurent la dignité de sé-
nateur , le gouveinenient de la ville de
Volterre , puis celui de Pise, et enfin la
charge de secrétaire du tirage des magis-
trats, qui était alors très importante. Voy.
l'éloge de ce poète dans les Vies des Ar'
cadi de Crescimbeni.
FILLASSIER ( Maiun ) , prêtre pari-
sien, mort en 1735 , à 56 ans , fut curé de
campagne, et ensuite chapelain des dames
de Miramion. Il est auteur d'un ouvrage
plein d'onction, intitulé : Sentimeiis chré-
tiens , propres aux personnes infirmes ,
in-12; ouvrage qui n'est compose que de
FIL i
s de l'Ecriluro et des Pi»rcs. Le
• iihours en avait dutiné un scin-
tiré exclusivement de l'Ecriture
luto.
KILLEAU ( Jka:«) , professeur en droit
cl avocat du roi à Poitiers , né en 1600 ,
mort en 168'J à l'àdc de 82 ans , est prin-
dpalcincnt connu par sa Relation jnri-
diquf de ce qui s'est passé à Poitiers tou-
cha nf In nouvelle doctrine des jansénistes .
il:. ■)■ le commandement de la
r '■-, 16.'i4, in-8°. C'est dans le
'i . ---. . ne que l'on trouve l'anecdote
connue sous le nom de Projet de Bourg-
fontaine. Filleau raconte que six per-
sonnes qu'il n'ose designer que par les
lettres initiales de leurs noms, s'étaient
assemblées en IG'il. pour délibérer sur les
moyens de renverser la religion et d'éle-
ver le déisme sur ses ruines. On a impri-
mé en 1756 : La Réalité du projet de
Hourg fontaine , 2 vol. in-12 : ouvrage au-
quel on a ojjposé La ï'érité et l'innocence
victorieuses de la calomnie . ou /fuit let-
tres sur le projet de Bourg fontaine ^ 1758.
en 2 vol. in-12. Le plus fort argument em-
ployé dans cette réfutation , est que la
Réédité a été brûlée par arrêt du parle-
ment de Paris, du 21 avril 1758 ; mais l'au-
teur ( D. Clémencet) ne songeait pas que
Us Provinciales avaient été brûlées par
arrêt du parlement de Provence, du 9 fé-
vrier 1667. Quoi qu'il en soit, la Réalité .
mal à propos attribuée au Père Patouillet
( voyez ce mot ) , a été réimprimée plu-
sieurs fois, traduite en latin sous le titre
de yeritas consilii Burgofonte inili , en
allemand , en flamand, et autres langues.
Dans les dernières éditions, on trouve une
longue réponse aux huit lettres. La meil-
leure édition est celle de Liège , 1787 , 2
vol. in-8°. « La postérité ayant sous les
veux les événemens qui lui sont réser-
vés, jugera peut-être mieux que nous,
■ -li ce projet a existé ou non. » Voilà ce
que nous disions en 1783. Ces événemens
n'étaient pas bien loin. Peu d'années après
on vil le jansénisme intimement uni au
philosophisme, transmettre à celui-ci ses
erreurs propres , et ce fanatisme de secte
•lui porta la dévastation dans l'église de
France. Un auteur moderne a porté de la
Réalité . le jugement suivant : « Je suis
» loin de garantir toutes les conjectures,
■ ' "' ' !>ct rapprochemens del'au-
■1 l'ensemble présente un
, pant , et que les événemens
» ne ^»tul que trop propres à lui conci-
» lier U confiance des lecteurs , je croU
i9 FIL
• néanmoins que l'nutcur a trop légère-
• mont «lénigno quelques roopéraleurn de
» cette (Euvre. d'abord si mystérieuse , «-t
» aujourd'hui si manifeste dans ses effet*.
■ Des liaisons d'amitié, ainsi que des dé-
• marches, ou écrits inconsidérés, ne suf-
» lisent pas pour accuser ces intentions .
• surtout dans un temps où le véritable
• esprit de la secte était peu connu, et où
» les gens de bien ont pu être les dupes
• des apparences. Voyez ARNAULD
» (HEîdRi). Quant aux six principaux au-
» leurs, dont il est question dans le projet,
» nous en al)andonnons le jugement à
» ceux qui auront combiné sans préven-
» tion leurs ouvrages et leur conduite ,
» avec la tâche respective que la Relation
» de Filleau leur attribue. » ( Voyez JAN-
SÉNIUS, MONTGERON, PARIS, etc. ) On
a encore de Filleau : | I^es Arrêts nota-
bles du parlement de Paris . 1631, 2 vol.
iii-fol.; I Les Preuves historiques de la vie
de sainte Radegonde ; \ traité de l'Uni-
versité de Poitiers.
FILLEAU DE LA CHAISE. Voyez
CHAISE (Jean de la).
'FILLEAU DE SAIIVT-MARTIN, frère
de Filleau de la Chaise, mort vers 1693, a
publié une traduction du chef-d'œuvre
de Cervantes, sous ce titre Histoire de
l'admirable don Quichotte de la J/anche .
1677, 4 vol. in-12 , très souvent réimpri-
mée en 6 vol. , qui se lit encore , maigre
l'abrégé de Florian , et malgré la traduc-
tion complète deM.Bouchon-Dubournial.
Voyez CERVANTES, FLORIAN.
FILLIUCIUS ( Vincent ) , jésuite , né à
Sienne en 1556 , enseigna la philosophie,
les mathématiques, la théologie, fut pé-
nitencier à Rome, et casuiste en chef du
saint Office. Il mourut en 1622. On a do
lui des Questions morales . Lyon , 1653 ,
où il parait quelquefois enseigner une
morale trop indulgente.
* FILMER (sir Robert), écrivain po-
liticpie anglais, né dans le comté de Kent,
au commencement du 17' siècle , a pu-
blié : I L'Anarchie d'une monarchie li-
mitée et mixte. 1646, réimprimé en 165J
et 1679 : il le donna en réponse au traité
de la monarchie de Hunton. | Le patriar-
che, écrit où il prouve que tout gouver-
nement a commencé par être monarchi-
que, et que tous les titres légaux pour
régner sont originairement dérivés des
chefs de famille , ou de ceux à qui leurs
droits ont été transférés. C'est pour com-
battre les principes exposés dans cet ou-
vrage que Siducy a écrit son IHscowri
FIN
120
FtR
sur le gouvernemenl. Filmer mourut en
1688.
• FiXCn ( Robert ) , littérateur , né à
Londres en 1783 , mort à Rome le 16 sep-
tembre 1850 , servit quelque temps dans
l'armée qu'il quitta bientôt pour entrer à
l'université d'Oxford. Il se montra mi-
nistre plein de zèle et prédicateur distin-
gué, et fut le secrétaire intime de Pitt.
Employé dans plusieurs missions diplo-
matiques , il s'en acquitta avec succès ;
mais ses goûts lui faisant préférer aux af-
faires politiques l'élude de la science, il
fit de nombreux voyages, vint en France,
explora toutes les parties de l'Italie , la
Grèce , la Turquie d'Europe , plusieurs
contrées de l'Asie, la Palestine, la Syrie
et la Perse. Il se fixa ensuite à Rome , où
il résida presque continuellement jusqu'à
sa mort. Il avait fait plusieurs traductions
d'ouvrages italiens qu'il ne jugea point
assez parfaites pour les publier, et avait
entrepris la Bibliographie universelle de
l'Italie^ qu'il n'eut pas le temps de ter-
miner. Finch avait coopéré à la Revue
encyclopédique.
FINE (Oronce), mathématicien, né à
Briançon en Dauphiné , l'an 1494 , fut
choisi par François T'' pour professer les
mathématiques au collège royal. Il avait
beaucoup de génie pour la mécanique ; il
fit une horloge d'une singulière invention.
On a de lui plusieurs ouvrages àe géomé-
trie^ ù.' optique j de géographie et d'astro-
logie j réunis en 5 vol. in-fol., 1552 -42
et 50. Il était fort attaché à l'astrologie, et
plus qu'un géomètre n'aurait dû l'être ;
mais on l'a déjà dit , la géométrie laisse
l'esprit comme elle le trouve. Fine mou-
rut très pauvre en 15S5. Les beaux esprits
chargèrent son tombeau de vers et d'é-
pitaphes. Il avait pris pour devise : P^i-
rescit vulnere virtus. On peut voir sur
Oronce les Mémoires de Nicéron^ tome
38 , celui de l'abbé Goujet sur le Collège
royale et la Bibliothèque du Dauphiné^
par Gui Allard.
♦ FINESTRÈS Y MONS.VLVO (Jo-
seph ), célèbre jurisconsulte catalan , né
à Barcelone , le 11 avril 1688, enseigna le
droit pendant plusieurs années à l'uni-
versité de Cervera, et s'occupa de rétablir
l'éducation publique , qui avait été né-
gligée pendant la guerre de la succession.
Il donna plusieurs sages réglemens qui
furent adoptés. Il fit venir des caractères
grecs qui manquaient dans cette province,
pour l'impression des ouvrages néces-
saires à l'étude de cette langne, justement
considérée comme indispensable pour tous
ceux qui se consacrent aux lettres. On lui
doit plusieurs ouvrages remarquables par
la précision, l'énergie et la clarté du style :
I Exercitatiojies academicœ XII , 1745 ,
in-4°. I Hermogeniani jurisconsultijuris.
in epilomarum libros sex commentarius .
1757, 2 vol. in-4°. Cet ouvrage contient
un abrégé historique des meilleurs jurû»-
consultes catalans. | Sylloge inscriptionum
romanarum quœ ifi jji-incipatu Catalan-
nice vel extant, vel aliquando exliterunl ,
nolis et observationibus illustratarum .
1760. in-4°, ouvrage précieux pour l'his-
toire de l'Espagne sous la domination des
Romains. Finestrès mourut le 17 nove m-
bre 1770.
FirVIGlJERRA. royez MASO.
* FIOCCO ( AiVDRÉ-DoMiNiQUE ) , en la-
tin Floccus^ chanoine florentin , mort en
1452, n'est connu que comme auteur d'un
traité : | De 7'omanis potestatibus ^ sacer-
dotiis et magistralibus^ attribué dans un
temps à Lucius Fenestella , écrivain du
siècle d'Auguste , réimprimé en 1477 à
Milan, petit in-'t^jCt traduit en italien par
François Sansovino, Venise, 1547, in-S".
* FIORDIBELLO; ( Antoine ), littéra-
teur et ecclésiastique italien, né àModène
vers 1510, mort en 1567, dans la même
ville , fut d'abord secrétaire du célèbre
Sadolet , ensuite du cardinal Crescenzi
qu'il accompagna au concile de Trente ,
puis du cardinal Polus dans la mission
dont ce dernier fut chargé, lors de l'avé-
neraent de la reine Marie sur le trône bri-
tannique. A son retour à Rome Fiordi-
bello , nommé par le pape évéque d'A-
vello, dans le royaume de Naples , se dé-
mit de cet évêché au bout de trois ans,
pour remplir une charge qui lui fut con-
fiée dans les bureaux de la secrétairerie
apostolique. On a de lui : j une très bonne
édition des Lettres de Sadolet , Lyon ,
1550; \ des Discours latins ^ imprimés à
différentes époques ; | un Commentaire
de Vita Jacobi Sadoleti^ \ et des Lettres
recueillies et publiées par l'abbé Costanzi,
en 1 vol., avec la Vie de l'auteur. On con-
serve à la bibliothèque ambrosienne de
Milan un manuscrit autographe de Fior-
dibello, sous ce titre : | Adversaria . seu
form.ulce pro epistolis pontificis conscri-
bendis.
FIORI ( Mario di), peintre. Voyez
MARIO.
FIQUET. Voyez FICQUET.
FIREIVZUOLA ( Aîige) , poète floren-
tin, et religieux de la congrégation de
FIR 121
Vallombrcusc, ne h; '28 scplonilirc l/»93,
•Tait auparavant cxi-rrc la foncllon d'a-
vocat à Rome, sous le nom de Nanini, qui
éiail celui de »a famille. Il fut connu et
estime du i)ape Clément VU, qui prenait
plaisir A la lecture do ses ouvrages. 11
mourut à Rome peu après en 1545. il a
beaucoup écrit en vers et en prose. L'édi-
tion de SCS œuvres en ce dornicr genre ,
à Florence , 1548 , in-8°, et celle de ses
poésies. 1549, in-8", sont recherchées. Sa
traduction de 1,-ina d'or. Venise , 1507 ,
in-8", est rare. On trouve quelques Capi-
toti de lui avec ceux de Berni. 11 a aussi
fait plusieurs comédies : // Lucidi , Fl«>
rence , 1349 , in-»"; La Trinuzia . 1551,
in-S°, réimprimée à Paris en 1818 avec
des notes de M. Biagioli. Ses OEuvres ont
été recueillies à Florence en 1763 , 3 vol.
In -8°. Son Discours des animaux a été
traduit en français, Lyon, 1556, in-16; et
par La Rivey , 1579, in-16. Son Discours
de la beauté des dames l'a été par J Pul-
let, Paris, 1578, in-S".
FIRMICIS M\TERNUS(Jcucs) lit
paraître , sous les eufans de Constantin,
lin excellent traité de la Fausseté des Re-
ligions profanes. L'auteur, en montrant
la vanité de l'idolâtrie , établit divers
points de la religion chrétienne. On a pu-
blié cet ouvrage avec le Afinutius Félix à
Leyde, en 1672, in-8°, et en 1699, avec les
notes de Jean Wouwer. On lui attribue
encore 8 livres d'astronomie . imprimés
par Alde-Manuce, en 1499, in-fol. Mais
■ ette dernière production parait être
■ l'un autre Julius FIR5IICUS , qui vivait
• lans le même temps. Elle est pleine de
léveries.
F1R.MILIE3I, évêque de Césarée en
Cappadoce,ami d'Origène, prit parti pour
siiint Cyprien , dans la dispute sur la re-
baptisation de ceux qui avaient élé bapti-
sés par les hérétiques. Il écrivit, dit-on,
sur cette question, une lettre à saint Cy-
prien. dans laquelle toutes les raisons qui
pouvaient autoriser la pratique des églises
d'Afrique sont exposées avec force, f^'oij.
CYPRIEN (saint). Cependant , dans une
dissertation du père Marcellin Molken-
buhr , récollet, imprimée à Munster en
Westphalie , 1790 , in-4*, on prétend que
cette lettre est faussement attribuée à Fir-
milien, et qu'elle est de quelque donaliste
d'Afrique, après le 4"^ siècle, qin l'a attri-
buée à Firmilien pour lui donner plus de
poids; les raisons détaillées dans cette
dissertation sont très plausibles. Firmi-
lien présida, en2C4, au premier concile
5*
Fin
d'Antioclic , contre Paul de Snmosate. ïl
était près de se rendre à tm second sy-
node, où cet hérétique opiniiktrc devait
être anathématisé; mai» il mourut en
cheii:iii, l'an 269, selon le père Pagl eJ
M. Flcury. Baronius place sa mort à l'an
272. L'auleur de la dissertation citée ci-
dessus prouve que le second concile d'An-
tioche n'a pas été célébré avant l'an 272,
et que conséquemment Firmilien a vécu
jusqu'à ectte année.
FIRMI\ , nom de quatre évêques : le
premier, évèqtie d'Amiens et martyrisé
au 3* siècle ; le second, évêque de la même
ville, au 4*^ siècle; le troisième, évêque
d'Uy.ès; et le quatrième, de Mende.
FniMIL'S(MARcus) , homme ptiissant
de Séleucie en Syrie, se fit proclamer
empereur en Egypte pour venger la reine
Zénobic, dont il était ami. Aurélien mar-
cha contre lui, le lit prisonnier, et, après
lui avoir fait souffrir toutes sortes de
tourmens , il s'en délivra tout-à-fail l'an
273. C'était un homme d'une taille gigan-
tesque , et d'une force surprenante. On
l'appelait leCyclope. On frappait, dit-on,
sur sa poitrine, comme sur une enclume,
sans qu'il en ressentit aucune douleur. Le
commerce immense qu'il faisait avec les
Sarrasins et les Indiens lui avait acquis
une grande considération dans l'Orient.
* FIRMOXT (He.vri ESSEX EDGE-
WORTHde), vicaire général de l'église de
Paris, qui assista Louis XVI dans ses der-
niers momens , descendait d'une famille
très considérée du comté de Middlesex ,
qui sous le règne de la reine Elizabeth.
alla s'établir en Irlande, où il naquit au
bourg d'Edgeworthtown , l'an 1745 Son
père avait abandonné la communion angli-
cane, et lui-même vint faire ses premières
études chez les jésuites de Toulouse ; il
embrassa l'état ecclésiastique, et voulut
d'abord se consacrer à la propagation de
la foi dans les missions étrangères ; mais
on lui persuada que ses services ne se-
raient pas moins utiles à la religion dans
son pays adoptif , où elle était en butte u
tant d'attaques , et il se détermina à rem-
plir le ministère de confesseur à Paris.
Son zèle charitable , sa douce piété lui
. concilièrent la confiance générale , et il
eut même la joie de ramener à la vraie
religion plusieurs de ses anciens compa-
triotes qui recherchaient sa société. On
lui proposa un évéché en Irlande ; mais
il le refusa et devint en 1777 confesseur
de madame Elizabeth, sœur du roi. Lors-
que la révolution cul jeté celte vertueuse
11
FIU
122
FIR
princesse dans la prison du Temple, elle
parla à son auguste frère de l'abbé de
Firmont, qui vi\ait retiré à Choisy-le-
Roi , sous le nom d'Essex , depuis les
massacres de septembre 1792. Peu de
temps avant que l'arrêt qui condamnait
Louis XVI eût été porté , le monarque
avait déjà exprimé à M. de Malesherbes
son désir de s'entretenir avec l'abbé de
Firmont. La fatale sentence de mort ayant
été rendue par la Convention, Louis XVI
demanda en effet l'abbé Firmont ^ qui
s'empressa de se rendre auprès de lui ,
accompagné du ministre de la justice.
Après plusieurs entretiens, l'ecclésias-
tique demanda au royal captif, s'il ne
serait pas satisfait d'entendre la messe
et de recevoir la communion: Louis lui
répondit que ce serait pour lui une grande
consolation , « mais , ajouta-t-il , le con-
» seil du Temple n'en donnera pas la per-
» mission. » L'abbé de Firmont se chargea
d'en faire la demande. Un des commis-
saires de la Convenlionlui objectant qu'il
n'était pas sans exemple que des prêtres
eussent empoisonné des hosties : « Vous
» m'avex fouillé assez rigoureusement ,
» répliqua- 1- il , quand je suis arrivé au
» Temple , pour être bien sûr que je n'ai
» point apporté de poison avec moi ;
» d'ailleurs fournissez vous-même les hos-
» ties, alors vous n'aurez pas sujet de
» craindre , puisque tout aura passé par
» vos mains. » Sa demande lui fut enfin
accordée , à condition qu'il la signerait
cl que la cérémonie serait terminée à sept
heures du matin, le prince devant être
conduit au supplice à huit heures.
C'était le 20 janvier ; le confesseur
l'entretint jusqu'après minuit. Le 21 ,
après avoir dormi paisiblement pen-
dant cinq heures , le roi reçut la commu-
nion au pied d'un autel que l'abbé Fir-
mont , aidé de Cléry, avait dressé dans sa
chambre. Les sbires commandés par le
fameux Santerre ne tardèrent pas à entrer
dans son appartement. « Tout est con-
p sommé, mon cher abbé, dit le prince
» en se jetant à genoux ; donnez-moi votie
» bénédiction. » Louis XVI avait cru que
son confesseur ne le suivrait pas ; mais
le digne prêtre ne voulut point l'abandon-
ner, et le rai lui en témoigna toute sa re-
connaissance. Lorsqu'il fut descendu de
voiture sur la place Louis XV, les bour-
reaux s'avancèrent pour lui liar les mains
malgré son refus. Le royal martyr regarda
l'abbé Firmont qui lui dit : « Sire , je ne
» vois dans ce dernier outrage qu'im der-
» nier trait de ressemblance entre Votre
» Majesté et le Dieu qui va être sa récom-
» pense. » Au moment de l'exécution l'abbé
de Firmont lui dit : « Fits de saint Louis.
» montez au Ciel! » Le sacrifice ayant été
accompli, le prêtre descendit, et fit signe
aux soldats qui s'écartèrerU avec respect
pour le laisser passer. Il se rendit auprè»
de Malesherbes , et l'on a trouvé chez ce
magistrat des fragmens du récit de ce ter-
rible événement et de la conversatio»
qu'ils eurent ensemble. L'abbé Firmonl
retourna le soir même à Choisy-le-Roi ,
d'où il ne sortit qu'en avril 1795. 11 erra
ensuite successivement d'un asile à un
autre et parvint, en 4796, à passer en
Angleterre. Il se rendit en Ecosse , auprès
de Monsieur, frère du roi, et lui remit le
dépôt des dernières pensées de Louis XVI
et de madame Elizabeth. Il rejoignit plus
tard Louis XVIII à Blankenbourg, et resta
dix ans auprès de ce prince. Des pri-
sonniers français, dont un grand nombre
étaient blessés , furent amenés dans la
ville qu'habitait le roi , qui ordonna qu'on
cherchât des hommes habiles pour les soi-
gner et qu'on leur fournît de bons ali-
mens , tandis que la reine , les dames de
sa suite et la duchesse d'Angoulême pré-
paraient de la charpie. L'abbé de Fir-
mont se transportait auprès des malades ,
et leur prodiguait les secours de la reli-
gion avec la charité la plus touchante.
Une maladie épîdémique s'élant déclarée
parmi eux , l'abbé Firmont redoubla en-
core de zèle et succomba enfin lui-même ,
victime de son dévouement , le 22 mai
1807, à 62 ans. Le duc d'Angoulême suivit
à pied le convoi funéraire , et son épouse
accompagna aussi le cercueil. Louis XVIIJ
composa pour son tombeau Tépitaphe sui-
vante :
D. O. M.
Hîc jacKl
revcTCnJUsimuj vif
HBMiUcirs EssKx EDGEWORTH de Firmosit
tanelae Dci Ecclesia: iacerdos ,
vicAriut gcncralis Ecclesis parisicnsit , etc.
If'
Redcmptor!) ooslii vetftgta Iciïtnt ,
oculut cœco,
pf.i claiido ,
pat«r p<iupcrun> ,
mixrcDtium consnlator
fuit.
T.rDOvicCM XVI
ab impiri rebeltihusque «aLditi*
ntorti dcditnm ,
a4 ultimuiR ccrtameii
robo ravit ,
Mrrnuoqiit: marlyri ctclos apeit04
(Hteod)t
FI8
mira Dci prot«ttioi>«
crepKii ,
Lroovico XVIIl
tnm ud K recaali
ubro «Kcimeat.
ïi p«r dffïi» »«•••.
attnon tl fidrlibui «odalil.^
(«rmpUr virlMliim ,
Itvamcn malonim ,
i*«« |M-»biù».
Fcrwttlia* el »ariat mgiiMve»
tcmpATuni calamilale
JCllll ,
'bat
illi quem lolura ce
lempcr «itnilii ,
f«rlra«Mil benefacienilo.
PlcaiaiaKdun bovii opcribo*
obiil
die XXII maii meniit ,
un. Domini M D. UM. Vil
clalii v<ro la* LXH.
Rr^uifSfat in f»tt .
L'abbc de Bouvens prononça à Londres
le 29 juillet 1807 , dans la chapelle catho-
lique française , l'oraison funèbre de ce
vertueux ecclésiastique. Elle a été impri
inée à Paris en 1814, in-S". On a publié
les ntémoires de M. l'abbé Edgetvorth de
Finnont. dernier confesseur de Louis
XFJ, recueillis par E. Sneyd-Edgeworth,
et traduits de l'anglais par le traducteur
d'Edmond Burke (M. Dupont), Paris,
4816, in-8° : ces mémoires sont suivis
U uno relation des derniers momens de
Louis Xyi par l'abbé de Firmont lui-
ntéme, el de quelques-unes de ses lettres
sur les révolutions^ adressées au docteur
Moyland : ces deux pièces sont exlréme-
I lient curieuses. On a aussi les lettres de
! abbé Edgeworth . confesseur de Louis
XVI à ses parens^ à ses amis , etc.. re-
neUlies par le révérend Thomas R...
traduites de l'anglais par M™' £lizabeth
Lcbon , Paris , 1818 , in-8° : ces lettres sont
précédées de mémoires sur la vie de l'abbé
de Firmont.
FIRMUS, général des Maures en Afri-
<Tue, se révolta contre Valentinien V", l'an
'7.1 de J.-C. Après avoir commis de
[;'.î:nis ravages, il fut contraint de s'é-
lijjit;ier lui-même, pour ne pas tomber
vif entre les mains des Romains.
FISCHER ou plutôt FISHER (Jean), né
li li. vcrley, au diocèse d'Yorck, vers 1455,
ilxt.ur el chancelier de l'université de
«..iiuhridge, évé(iue de Rochester, con-
f<*»eur de la reine Marguerite , précep-
teur de Henri VIII, ne voulut pas recon-
naître toa élève iKJur chef de l'église
•ngUcanCf lorsque ce prince se sépara
IS5 FIS
de Rome pour une maîtresse. Henri le
lit mettre en prison , et ayant appris que
le pape Paul III lui destinait nu chapeau
du cardinal , ildit en se moquant du pape '.
«Qu'il envoie son rhapeuu de cardinal.
» quand il voudra ; je ferai en sorte que .
» quand il arrivera , la tête pour laquelle
» il est destiné , ne subsiste plus. » En
effet, Henri Ut aussitôt faire le procès à
ce vénérable vieillard, qui eut la tète
tranchée le 21 juin 1535. Son âge de 80
ans, et les services qu'il avait rendus
à ce monarque , auraient dû lui épargner
une mort si cruelle , quand même ses
vertus et son hmoccncc n'eussent point
fait son éloge. Fischer avait un grand
sens et un jugement très solide. C'est un
des meilleurs controversistes de son
temps. Toutes ses œuvres ont été publiées
en un volume in-fol., à Wurtziourg , en
151)7. On y voit plusieurs traités contre les
erreurs de Luther, un De unica Magda-
lena contre Jacques Le Fèvre d'Etaples
et Josse Clicthone {voyez MADELEINE).
On y a ajouté louvrage qui porte le nom
de Henri VIII contre Luther , que quel-
ques-uns croient avoir été fait par Fis-
cher.
FISCHER ( Jeaîw-Bcrnard ) , archi-
tecte allemand, né à Vienne, vers l'an-
née 1650, a construit les plus beaux édi-
fices modernes devienne; entre autres
l'église de Saint-Charles-Borromée , dans
un des faubourgs qui passe pour son
chef-d'œuvre ; les écuries de l'empereur,
la cliancellerie de Bohème , le Belvédère ,
ou palais du prince Eugène, celui de
Schœubrunn. Il est mort en 1724. Si ces édi-
lices ne sont pas sans défauts, ils sont dans
leur ensemble d'une composition grande
el noble ; le dernier surtout , quoique les
décorati«)ns extérieures soient peut-être
trop chargées , a de grandes beautés. S'il
était plus vaste, on en eût fait depuis long-
temps la résidence impériale. Counne il
fut bâti des dépouilles des Turcs, un litté-
rateur a proposé d'y mettre pour inscrip
lion ce vers de Virgile :
Barbarice postci >«ro «polniquc tupcrbi.
On doit à Fisdier : Essai d'une archilec'
ture historique, ou recueil de bâtiment
antiques, avec des explications en aile*
mand et en français . Leipsick, 1725, in-
folio, ouvrage curieux et utile, mais raaH
exécuté. 11 est composé de 93 planches el
divisé en 5 livres.
• FISCHER ( Jeas-Eberuard ), savaiU
professeur d'histoire et daiitiquités i
lie
FIS iU
Saint-Péleisbourg, naquit à Essling, en
Souabe, en 16'.)7. Il fut membre de l'aca-
démie impériale et un des savans envoyés,
en 1759 , par la cour de Russie pour faire
des observations en Sibérie et au Kamt-
schatka. De retour de son voyage , qui
dura près de huit ans, il s'occupa de la
publication de ses observations, et mou-
rut le 24 septembre 1771 , âgé de 7k ans.
Il a laissé en allemand | Histoire de Si-
bérie^ depuis la découverte de ce pays
fusquà sa conquête par les Russes^ Pé-
lersbourg, 1768, 2 vol. in-8°. G.-F. Mul-
ler publia depuis une Histoire plus com-
plète de ce pays , mais qui n'a point nui
au succès de celle de Fischer : | Sur l'o-
Hgine^ la langue, les mœurs des Molda-
ves, cet écrit se trouve dans le Calendrier
historique de Pélersbourg. année 1770 ;
I Sur l'origine des Américains, ibid., 1771;
I Questions Pétropolitanes. Gottingue ,
4770, in-S", 119 pages : cet ouvrage con-
tient quatre dissertations : on parle dans
la première de VoiHgine des Hongrois.
que l'auteur place , non chez les Huns,
sortis du nord de la Chine , mais chez les
Yongres, peuple habitant près de Tour-
fan. Selon Fischer, les Yongres passèrent
dans la Bythinie , d'où ayant été chassés
par les Palzinaces, ils s'établirent dans la
Pannonie. Leur langue est composée du
tartare, du scylhe et de l'idiome des Vo-
gouls. La deuxième dissertation est inti-
tulée : De g ente et nomine Tartarorum,
item de priscis Mogolis eorumque lingua;
la troisième a pour titre De variis nomi-
nibus Sinarum titulisque imper atorum;
la quatrième, en allemand, traite des
peuples hyperhoréens. Fischer a laissé
en manuscrit un Vocabulaire sibérien.
qu'il envoya à la bibliothèque de Gottin-
gue, où il est conservé.
* FISCHER ( JE.\iv-CnRÉTiEiV ) , savant
philologue allemand, né en 1712 à Schle-
ben , fut d'abord professeur adjoint de
philosophie à léna, ensuite libraire et
conseiller de commerce du duc de Saxe-
Weimar. Il mourut le 21 mars 1793. Ses
principaux ouvrages sont : | De insigni-
bus bonarum litterarum seculi XIV us-
que ad inilium seculi XVI in Italia ins-
fauj-aloribus dissertation léna, 1744, in-
4" ; I Dissertatio de Hubertino Crescenti-
nate .elegantiorum litterarum sœc . XV in
Italia instauralore . léna, 1759, in-4'' ; | Bi-
bliothèque de jurisprudence moderne, en
allemand , 1774-73 , 2 cahiers in-S**. Il a
traduit aussi en allemand du français les
lettres de Julie Catesbij par M""= Ricco-
FIS
boni ; de l'anglais , les lettres de Boling-
broke. et a donné une édition des episto-
lœ ad Thyrenum et ad diversos. autore
Jac.-Nic. Erythreo. (Vittorio de Rossi ),
Cologne ( léna ), 1739, ou 1740, in-8", avec
une préface et une vie de l'auteur, et une
autre des ouvrages du savant jésuite Sa-
rasa, de Arle semper gaudendi. traduit
en italien 1741, et en allemand 1748.
* FISCHER ( Chrétien-Gabriel ) , na-
turaliste prussien , né à Kœnigsberg vers
la fin du 17*^ siècle, y enseigna la philoso-
phie en 1713 ; mais son zèle à soutenir la
doctrine de Wolf lui attira les persécu-
tions que cette philosophie essuyait dans
les états de la Prusse. Il voyagea en Ita-
en France et en Angleterre , rentra à
Kœnigsberg en 1736, et y mourut le 13
décembre 1734.11 a laissé Premiers fonde-
mens d'une histoire naturelle de la Prusse
souterraine . Kœnigsberg, 1714 et 1713,
in-4°, en allemand; et autres ouvrages
moins importans. Il a édité et commente
le bel ouvrage de Job-Henri Linck, De
slellis marme5. Le ipsick, 1733, in-fol. avec
52 planches. — Une faut pas le confondre
avec Jacques -Benjamin FISCHER, na-
turaliste livonien , élève de Linnée , né à
Riga en 1750 , mort en 1793 , auteur d'un
Essai d'histoire naturelle de la Livonie,
Leipsick, 1778, in-8", 2*= édition , 1791 ;
d'une Addition à l'Essai d'histoire natu-
relle. Riga, 1784, in-S"; et des additions
et corrections à la Bibliothèque livonienne
de Gadebusch, insérées dans les Mélanges
du Nord de Hupel.J.-B. Fischer fut direc-
teur de la maison des orphelins de Riga.
* FISCHER ( Frédéric -Christopbk -
Jonathan), savant jurisconsulte et pu-
bliciste allemand, né à Stuttgard en 1730,
fut employé à Vienne, en 1776, comme
secrétaire d'ambassade du prince de Bade,
et à Munich, en 1778, comme secrétaire
de légation du duc de Deux-Ponts. En
1779 il fut nommé professeur du droit des
gens à l'université de Halle, dont il devint
assesseur ordinaire l'année suivante , et
mourutle 20 septembre 4797.11 a laissé un
grand nombre d'ouvrages dont Meusel
donne la liste ; les principaux sont : | De
prima expediiione Attilœ in Gallias ac
de rébus gestis JValtheri Aquitanorum
principis. carmen epicum sœc. VI nunc
primumex codice m.anuscripto membra-
naceo productum. etc.. Leipsick , 1780 et
1792, 2 part, in-4"; | Novissima scriplorum
ac monumentorum i-ermn Germanie arum
tajn ineditorutn quam rarissimorum, col-
Icclio, Halle, 1781-82, 2 part. in-4°; \ LU-
FIS
IStîi
FIS
uitUwe du droit grrmaniq\ie . Lcipsick.
1788, i«-8" ; | Histoire du coimnrrce. d^
ia rutvigatiotnirs arts rt manufactures,
agriculture . police . motwaies, etc. W du
luxe de i .4llemagnr . Iljuiovre, 178.'>-y2,
k vol. iii-«". Du trouve dans cet ouvra(;e
de rérudilHMi ; mais on y désirerait plus
d'ordre et de critique : Histoire de Fré-
déric II, roi de /Vi/*f<?. Hailc, 1787, t
vol. in-«° , compilation assci médiocre.
C«s trois dormers ouvratjeA soûl en alle-
mand.
• FISCHER ( Jea^t-Frédemc ), savant
professeur de belles-lettres, imî à Cobourg
le iO octobre 17!26 , enseigna avec beau-
coup de réputation à LeipsicL, devint rec-
teur de l'ccole de Saint-Thomas, et mou-
rut le 11 octobre 1799. On lui doit plu-
•ieurs ouvrages qui ne sont pas sans mé-
rite, maigre le défaut d'ordre et l'exces-
Mve sécheresse qu'on pourrait leur re-
procher. On en trouvera la liste coinpUtc
daus la notice de M. Kuiiiol. imprimée à
la suite des remarques de Fischer sur la
grammaire grecque de W'eller, 1798-1801.
Iass principaux sont : | des Remarques sur
ta grammaire grecqite de ff^eller,Lc\\)-
•ick, 1781, in-8°, 2» édition, 1798-1801,
knprimce sous ce litre Jnimadver.sio-
mun eut J. f relier gramtnaticam grœ-
€mmspecimina tria , k vol. 10-8". Oa trouve
it la télc du 3' volume Uiic excellente
notice sur Fischer. | Des Commentaires
tm- la Cyropédie de Xénophon. Lcipsick,
iSOZ, in-8". li a aussi dwmé des éditions
«stimées à.\4iiacréon ( 1793 ), d'Eschine
h Socratique ( 1788 ) , de Théophraste
( 1763 ), de Platon ( 1783 ), etc. M. Kin-
dervaler a donné en allemand un Essai
sur Fischer considéré comme professeur,
U-ipsicW, 1801,in-8°.
• FISCHER ( H.-N. ) , malhématicien
el astronome habile, né à Niesbach en Ba-
vière, entra fort jetme dans l'ordre des
jésuites, el obtint, lorsque cet ordre fut
•upprimé , une chaire de professeur de
mathématiques à Ingolstadt. Il devint en-
suite directeur de l'observatoire de Man-
helm . et fil. dans l'inlérét de la science,
phisieurs .voyages en Angleterre. Il fut
appelé en 1803 à la chaire d'jistronomle de
Tanlversité de Wurtîbourg. Quelques
détaçrémens qu'il éprouva l'avaient déjà
déterminé à se retirer en Angleterre où
Il fit un séjour de plusieurs aimées. Il
Wl mort à WiirlxlK)urg le 21 février
lêOS. On trouve dans les Fphémérides
fiéoçraphique! du baron de Zach plusieurs
mcmoirê* de Fiâcher «ur i astio.ioiuiu.
ainsi que d«\H observations et de» noHcet
très importantes dans le Journal de Phy-
sique de Ilubaer. Fischer publia en outr«
un ouvrage sur la lumière qui arem|)orté
le prix en 1779 à l'université de Gœt-
linguc.
* FISCHER ( E. GoTTHEi-p ) , docteur
el savant chimiste allemand mort en 1831,
professa long-temps les mathématiques
el la cliimie à Berlin , et est connu surtout
eu France par un excellent Traité de
physique. l'armi les nombreux ouvrages
scienliliques qu'il a publiés, nous cite-
rons : I f'ermium intestinalium brevis
expositio, 1780. 1788 ; | sur les formes de
l'Os intermaxillaire . Leipsick, 1800, in-
8"; I Mémoire pour servir d'introduction
à un ouvrage sur la respiration des ani-
maux, 1798, in-S" ; | Observations anato-
miques sur une poule dont la tête présen-
tait le profil d'une /igure humaine, insé-
rées dans la Gazette de Santé, octobre
181G, cl dans le» annales encyclopédiques
de Millin, janvier 1817, avec une gravure
représentant cet animal extraordinaire:
I P/iysique mécanique . traduite par M""=
Biot, avec d'excellentes notes de M. Biot,
1806, in-8', k" éditiau, 1829. M. Millin a
donné une IVntice détaillée des nombreux
ouvrages de Fischer.
FISCHET ou FICHET ( GuiLLAUnE ;,
docteur de Sorbonne, recleur de l'uni-
versité de Paris en 1407, appela deux ans
après ( de concert avec Jean de La Pierre
son ami ) Martin Cranlz, Ulric Gering, et
Michel Friburger, imprimeurs allemands,
qui mirent sous presse les premiers livres
qui aient été imprimés en France. Fischel
s'opposa au dessein de Louis XI, qui vou-
lait faire prendre les arn»es aux écoliers.
II alla à Rome avec le cardinal Bessarion,
en 1407 ; le pape Sixte ÏV le combla d'hon-
neurs el le lit son camérier. On a de Fis-
chel une Rhétorique et des épitres . dont
le style est au-dessus de son siècle ; elles
furent imprimées en Sorbonne in -4°,
1471.
FI.SE\ ( B\RTnÉi.E*ii ) , lié à Liège en
1591, entra chez, les jésuites en IGIO, se
rendit habile dans rélo<]uence latine, dans
l'histoire, et les antiquités de son |>ays.
Il mourut le 20 juin 1049. Ses ouvrage*
sont : I Origo prima festi Corporis Christi,
Liège, 1628. Cette histoire est écrite avec
soin et a coulé beaucoup de recherches.
I Historia ecclesia Leodicnsis . Liège ,
1696, in-fol. C'est une histoire qui com-
mence «iOO ans avant J.-C. et va ju.squ'en
tùH. On sent qu* elle remonte trop kaut
FIT
i26
FIT
pour que les premiers siècles ne soient far-
cis de faits plus qu'incertains. Toute cette
histoire est partagée en trente et un li-
vres , suivis chacun de notes , où l'auteur
éclaircit les difiicultés qu'il rencontre en
son chemin, et produit de temps en temps
des pièces justificalives. Le style est beau
et peut-être trop oratoire et trop fleuri
pour une histoire : | Flores ecclesiœ Leo-
dietms^l.VAe, 1647, in-fol. Ce sont les vies
des saints du diocèse de Liège , rangées se-
lon l'ordre du calendrier. Fisen y a fait en-
trer des listes exactes des abbés et des ab-
besses de tous les monastères du diocèse
de Liège. Cet ouvrage est utile et curieux.
FISIIER. Voyez FISCHER.
FITE (Jean de la) , ministre de la re-
ligion piétendue réformée, né dans le
Béarn d'une famille noble, sortit de France
pour cause de religion. Après avoir achevé
ses études en Hollande , il devint ministre
de l'église française de Holtzappel , puis
de celle de Hanau, où il mourut en 1757.
Son ouvrage le plus connu est intitulé:
Eclaircissement sur la matière de la
grâce et sur les devoirs de l'homme ,^
vol. in-8°. — Il ne faut pas le confondre
avec son aïeulJEAN DE LA FITE, minis-
tre de l'église de Pau, dont on a des ser-
mons et des traités de controverse.
* FITZGERALD ( Gérard ) , né à Li-
mericken Irlande, étudia la médecine à
l'université de Montpellier , où il reçut
le bonnet de docteur en 1719. Nommé pro-
fesseur en survivance , en 1726 , il devint
titulaire à la mort de Pierre Chirac , au
mois de mars 1752 , et mourut en 1748.
Il publia , pendant le cours de son profes-
sorat , quelques dissertations estimées :
De naturali catam.eniorum, fluxu , 1751 ;
De tumoribus tunicatis^ 1753; De visu^
•174 1 ; De carie ossium ^ 1742. Les leçons
qu'il avait dictées sur les maladies des
femmes furent recueillies et mises au
jour , en 1754 , sous ce titre : Tractatus
pathologicus de affectibus fœminarum.
prœternaturalibus ^ Paris , in-12 , trad.
en français , et imprimé à Avignon , sous
la date de Paris, 1758, in-12.
FITZ-HERBERT (sir Anthony), célèbre
jurisconsulte anglais du 16"^ siècle , s'illus-
tra par son érudition, et plus encore par
sa probité et son attachement à la religion
de ses pères. Il prédit les malheurs qui
devaient naturellement suivre le schisme,
et défendit à ses enfans d'acheter des
biens enlevés aux monastères , et même
d'accepter ceux qu'on pourrait leur offrir.
Sous le règne de Marie, on reconnut la
vérité de sa prédiction et la sagesse de
cette défense. Il mourut le 27 mai 1538.
On a de lui : | Epitome juris ; \ De V office
et de l'autorité des juges de paix.
FITZ-IIERBERT ( Thomas ) , petit-fila
du précédent, né en 1552, jésuite en 1614,
mort en 1640, est connu par un Traité de
politique et de religion contre Machiavel,
Douai, 1615, in-i"; et par une disquisi-
tion pleine de sagesse et de saine morale,
intitulée A71 sit utilitas in scelere^ Rome,
1610, in-8''.
FITZ-IIERBERT ( Nicolas ) , autre
petit-fils d'Anthony et cousin du précé-
dent, né en 1550, s'attacha au cardinal
d'Alain, et mourut en 1612. On lui doit :
I Vita cardinalis Alani. 1608. C'est un
tribut de reconnaissance qu'il paie à son
bienfaiteur. | De continuatione religionis
christiance in Anglia. 1608 ; [ Oxonensis
academiœ descriptio. 1602.
FITZ- JAMES ( Jacques), duc de BER-
WICK, fils naturel de Jacques II et d' Ara-
belle Churchill , sœur du duc de Marlbo
rough , naquit en 1671, à Moulins, où sa
mère le mit au monde en revenant des
eaux de Bourbon. Il porta les armes dès
sa plus tendre jeunesse. Il se trouva en
1686 , au siège de Bude où il fut blessé ,
à la bataille de Mohacs en 1687 , que les
Impériaux gagnèrent sur les Turcs. Le
jeune Berwick signala sa valeur dans
cette journée. Jacques II ayant été chassé
de son trône par son gendre , Berwick le
suivit en France, lieu de son asile. Il re-
passa ensuite en Angleterre , pour com-
mander en Irlande , pendant l'absence de
milord Tirconnel, qui en était vice-roi.
II se distingua l'an 1690, au siège deLon-
donderry, et à la bataille de la Boine , où
il eut un cheval tué sous lui. Berwick ne
montra pas moins de bravoure dans le
cours de cette guerre, et pendant les pre-
mières campagnes delà suivante, Louis
XIV lui donna , en 1705 , le commande-
ment général des ti'oupes qu'il envoya à
Philippe V. En une seule campagne , il
se rendit maître d'une foule de places et
de forteresses. Rappelé en France , il se
mit à la tète des troupes destinées contre
les fanatiques des Cévennes. Après avoir
réduit ces rebelles, il alla mettre le siège
devant Nice , s'en rendit maître le 14 no-
vembre 1705 , et soumit tout le comté.
Cette campagne lui mérita le bâton de
maréchal de France : dignité à laquelle
il fut élevé le 15 février 1706. Le roi
l'ayant nommé la même année pour com-
mander les troupes en Espagne, il arrêta
FIT
127
FIZ
les j^rogns lies ciiiioiuis viclolrcui. Il
({Oipia, cil 1707, la hulaillo. iinporlantc
d'Àlinanr^ 5ur inilord Gallowai et le
■ oomlc de Las Minas. Philippe V r^com-
peasa le vainqueur romiiMS le méritaient
de si grands services. Il le créa duc de
Lerta ot de Xcrica au royaume de Va-
lence ; le lit chevalier de la Toisoii-d'Or,
. attacha à son duché une grandesse de
. première classe. Berwick soutint la
gloire qu'il s'était acquise à Ahuan/.a, par
la prise de Barcelone , le 12 septembre
1714 ; il était alors généralissime des ar-
mées d'ELsiW(pic. La mort du roi de Po-
lo(jne .\ugusto II ayant rallumé la guerre
en 17.")3 entre l'empire el la France, le
maréchal de Berwick, nommé général
des troupes de France en Allemagne, alla
mettre le siège devant Philisbourg. Un
coup de canon termina sa glorieuse car-
rière le 12 juin 173/»; lu place ne fut prise
que le 12 juillet suivant. Le maréchal de
Berwick était aussi estimable par ses
vertus clirétiennes el civiles que par ses
talens militaires. Le président Montes-
quieu, qui avait connu particulièrement
cet illustre capitaine, nous en parle en
1. 3 termes : « Jai vu de loin dans les
livres de Plularque,ce qu'étaient les
• rjrands hommes ; j'ai vu en lui de plus
» près ce qu'Us sont , je ne connais que sa
» vie privée :je n'ai point vu le héros,
» mais l'homme d'où le héros est parti.
> Il aimait ses amis ; sa mémière était de
» rendre des services, sans vous rien dire:
» c'était une main invisible qui vous sSr-
» vajt... Il avait un grand fonds de reli-
» gion. Jamais homme n'a mieux suivi
» ces lois de l'Evangile, qui coûtent le plus
» aux gens du monde ; enlin , jamais
» homme n'a t.ant pratiqué la religion , et
» n'en a si peu parlé... Il ne disait jamais
> de mal de pcrsomie ; aussi ne louait-il
» jamais les gens qu'il ne croyait pas
• dignes d'être loués. » Ses mémoires ont
été publiés en 1778, 2 vol. in-l2. Ils sont
pleins de cet intérêt que donne la vérité
énoncée d'un ton simple, et affranchie
des petits artifices do l'égoïsmc. Ils sont
d'un usage admirable pour réfuter les pe-
tits contes romanesques et calomnieux,
par lesquels on no cesse de délignrer
l'histoire du siècle de J^uis XIV, Ceux
que l'abbé Margon avait publiés en 17Ô7,
ne sont plus lus que des personnes qui
aiment mieux les romans et les satires
que les histoires.
FIT7J VMES ( François, duc de) , fils
du précèdent, renonça aux dignité» de
son père, dont il avait la survivance, ponr
rnihrasscr l'élat ccrlésiastiquc en 1727. il
fut abbé de Saint-Victor, évéque de Sois-
sons en 1739, el mourut en 1764, dans «a
îiî»* année. Ses Instructions pastorales et
son Rituel, dont les Instructions sont im-
primées en 2 et en 3 vol. in-12, ont fait
beaucoup de bruit ; quehpics-uns de ce»
écrits ont été condamnés à Rome et cen-
surés par plusieurs cvêques de France ;
les jansénistes le regardaient comme un
des principaux appuis du parti; cepen-
dant l'on ne connaît de lui aucune démar-
che d'opposition formelle aux décisions
de lEglise. On trouve sa vie à la tète de
ses œuvres posthumes, 1769 , 2 vol. in-12,
avec un troisième sous le titre de supplé-
ment.
• FIXLMILL:VER (Placide), astrono-
me allemand , né en 1721, au village d'A-
chleuthen , dans la haute Autriche , entra
dans l'ordre des bénédictins en 1737 ; il
étudia successivement la théologie, le
droit , les langues orientales , l'histoire,
les antiquités et la musique, et devint
professeur de droit canonique et direc-
teur du collège de Crcmsmunter éta-
bli dans l'abbaye pour la jeune noblesse.
Il fut aussi rcvèlude la dignité de notaire
apostolique en la cour de Rome, et mou-
rut le 27 août 1791. On a de lifi : | Mendia-
nus speculœ astronomicee Cremifanensis ,
Steyer , 170o , in-i", ouvrage dans lequel
il détermina la longitude et la latitude de
son observatoire, qu'il a rendu célèbre
par les observations qu'il n'a cessé d'y
faire. | Decen7iiumastronomicum, Steyer,
177G, in-il". C'est un recueil d'observa-
tions faites et calculées avec soin , dont
les astronomes font encore usage pour
leurs recherches. | y^cta astronomica Cre-
mifanensia^ Steyer, 1791, in-4", ouvrage
posthume, où l'on trouve les obse'-vations
de 1776 à 1791 ; des mémoires sur la pa-
rallaxe du soleil, l'occultation de Saturne
en 1773; l'observation et la mutation dans
le calcul des planètes , etc. Fixlmillner
calcula , un des premiers , l'orbite de la
planète Uranus. Il a fait aussi un grand
nombre d'observations sur Mercure, dont
Lalande s'est servi pour construire des
tables de cette planète. On trouve une
notice sur Fixlmillner dans lis L'p/iémé"
rides géographiques du. Vi. de Zach, no-
vembre 1799.
FIZES ( A:vToi!«E ), célèbre médecin de
Montpellieroù il était né en 1690. mourut
dans cette ville le ik août 17G3, à7:> ans. La
faculté de médecine le compte parmi lc«
J
FLA
128
FLA
professeurs qui ont le plus servi à la faire
fleurir. Il éclaira la pratique de son art par
une théorie lumineuse. Nous avons de lui
plusieurs ouvrages qui lui ont fait un nom
en Europe. Les principaux sont : | Opéra
medica, 1742, in-4°; | Leçons de chimie
de l'université de Montpellier^ i750,in-12 ;
I Tractatus de febrilms, 1749, in-12. Cet
excellent ouvrage a été traduit en français,
1757, in-12. ] Tractatus de physiologia.
1750, in-12 ; | plusieurs dissertations sur
différentes matières de médecine, science
que l'auteur possédait à un degré supé-
rieur. C'était l'Hippocrale de Montpellier.
II joignait une grande simplicité de mœurs
à des connaissances très étendues et très
variées. Voyez sa vie par M. Esté ve, 1765,
in-8°.
FLACCILLE {jElia Flaccilla), appe-
lée quelquefois par les Grecs Placilla ou
Placidia, ûUe d'Antoine, préfet des Gau-
les et ensuite consul romain , naquit en
Espagne, et fut mariée à Tliéodose , lors-
qu'il n'était encore que particulier. Elle
reçut le titre d'Auguste quand elle monta
avec lui sur le trône de Constanlinople.
Elle corrtribua beaucoup par son zèle à
la destruction de l'idolâtrie et à la pro-
pagation du christianisme. Elle avait
toutes les vertus que cette religion in-
spire; bienfaisante avec discernement,
simple dans» ses manières^ et modeste
avec un extérieur plein de dignité. Elle
portait Théodose à l'indulgence, à la clé-
mence et au soulagement de ses sujets.
Ses incommodités l'ayant obligée d'aller
prendre les eaux dans un village de la
Thrace , elle y mourut en 388. Elle fut
mère d'Areadius et d'Honorius. L'église
grecque l'a élevée au rang des bienheu-
reux. Saint Grégoire de Nysse prononça
^n oraison funèbre.
FL ACCOURT ou FL ACOURT ( Etienne
de ), né à Orléans en 1607, directeur-gé-
néral de la compagnie française de l'O-
rient, avait commandé, en 1648 , une ex-
pédition dans l'Ue de Madagascar : expé-
dition malheureuse ainsi que toutes celles
qui l'avaient précédée , mais qui nous a
procuré une Histoire de celte ile , qu'il
avait bien étudiée pendant dix ans de sé-
jour sur les lieux. Il la lit imprimer à
Paris , en 1 vol. in-4°, 1658, réimprimé en
1661 et 1664, avec figures dessinées et gra-
vées par lui-même ; et la dédia au surin-
tendant Fouquet. On y trouve des choses
curieuses et intéressantes, telles que cette
prière des Madagascariens, qui prouve
Vidée juste et vraie que ces barbares ont
de la Divinité. « O Eternel ! ayez pitié do
« de moi , parce que je suis passage t ; ô
» Infini ! parce que je ne suis qu'un point;
» ô Fort ! parce queje suis faible ; ô Source
» de la vie ! parce que je touche à la morl;
» ô Intelligent ! parce que je suis dans
«l'erreur; o Bientaisanl ! parce que je
» suis pauvre; ô Tout-Puissant ! parce
» que je ne puis rien. » Flaccourt a publié
aussi un Petit catéchisme madecasse et
français avec les prières du matin el
du soir, Paris, 1657, in-8° ; et un Diction-
naire de la langue de Madagascar. Il se
noya en revenant en France pour la se-
conde fois, le 10 juin 1660. C'est lui qui
donna à l'ile Bourbon le nom qu'elle
porte.
FLACCUS ILLYRICUS. Voyez FRAN-
COWITZ.
FLACÉ ( René ), curé (fe l'église de la
Couture , dans un faubourg du Mans , né
à Noyen-sur-Sarthe, à 5 lieues du Mans ,
en 1550, mourut le 45 septembre 1600.
On a de lui, outre plusieurs pièces de
théâtre, divers autres ouvrages en prose
et en vers, et surtout un Poème latin sur
l'origine des Monceaux > qu'on peut voir
dans la Cosmographie de Belleforesl. La
Croix du Maine dit qu'il était poète, théo-
logien, philosophe, historien , qu'il savait
bien la musique , et qu'il prêchait avec
succès.
* FL ACHAT (Jean-Claude), négo-
ciant et voyageur , né à Lyon vers 1720 ,
parcourut la Hollande, l'Italie , l'AUema-
gAe, la Hongrie et la Turquie : il séjourna
pendant 15 ans à Constanlinople, où il
devint haserguian bac ht on marchand du
Grand-Seigneur. Il profita de son titre pour
dessiner un grand nombre de métiers el
de machines, et s'instruire de la manière
de fabriquer différentes espèces d'étoffes,
de chwsir les matières que l'on doit y em-
ployer, de teindre solidement le colon en
ronger etc. ; enfin ayant observé que les
Grecs avaient conservé, dans la pratique
des arts, des procédés qui nous sont in-
connus, et qu'il regardait comme intéres-
sant d'introduire parmi nous, il se rendit
à Smyrne, et amena en France plusieurs
ouvriers grecs, qu'il établit dans la manu-
facture de Sainl-Chamond en Lyonnais ^
qui appartenait à son frère, et dont il avait
la direction. Le roi, pour le récompenser
des services importans qu'il avait rendus
à l'industrie française , accorda à son éta-
blissement, par arrêt du 21 décembre
1756, le titre de manufacture royale , et
divers privilèges et exemptions. Fiachat
FLA 1
iltat do srs voya(Tos sous le
fions sur Ir comme rcr et
n\e partie de l'Euroi>e,dc
:^te, iie l'Afrique et même des Indes
'ittiles, Lyon , 1756. 3 vol. in-12. Il a
: IMS son livre des mémoires sur
do la garance, sur la teinture
, 4.„ ;i lilé en bleu, et sur la manière
de le blanchir. Flachal est mort vers 1780.
FLAMEI. ( Nicolas ), natif de Ponloise,
exerça la profession d'écrivain libraire-
juré k Paris. Il était né sans biens : on le
! »it tout à coup riche pour un homme de
' ton état ; mais ses richesses étaient seu-
lement pour les malheureux. 11 soulagea
la veuve et l'orphelin , fonda des hôpi-
taux, répara des églises. Le peuple igno-
rant crut que Flanicl avait trouvé le se-
I crctdc faire de l'or; et Jean Gohori, liO
! ans après sa mort, contribua à accréditer
I cette fable. Naudé attribue sa fortune
' (qui n'était pas aussi considérable qu'on
I l'a dit) à la connaissance qu'il avait des
affaires des juifs. Il ajoute que, lorsqu'ils
furent chassés de France en 1394, et que
leurs biens furent acquis au roi , Flamel
traita avec leurs débiteurs pour la moi-
tié de ce qu'ils devaient, et leur promit
de ne pas les dénoncer. Ce conte a été
réfuté par M. de Saintc-Foix, dans le pre-
mier vol. de ses Essais sur Paris; et il
est bien plus vraisemblable que Flamel
dut sa fortune à la connaissance qu'il avait
des principes du commerce , dans un
temps où tout le monde les ignorait. Il
mourut en 1418. f-^oyez sur cet homme
singulier l'Histoire critique de Nicolas
Flamel et de Pemelle sa femme, recueil-
lie d'actes anciens, qui purifient l'origine
et la médiocrité de leur fortune , à Paris,
chez Dcsprez, 1761, in-12. Cet ouvrage
est de M. l'abbé Villain. On a faussement
attribué à Flamel un sommaire philoso-
phique qw vers, 1361, in-8'', et vm traité
de la Transformation des métaux, 1628 ,
in-8°. On joint à ces deux livres V Explica-
tion des figures hiéroglyphiques, que Fla-
mel mil au cimetière des Innocens. Paris,
1682, in-4°.
FL.VMIMO ( Marc A.\toi!VE ) naquit à
Scravalle , de Jea:i-Axtoi:«e FLAMLMO,
dimt nous avons divers ouvrages en vers
et en prose. Le fils eut les goûts de son
prrc, rt le surpaissa. Le cardinal Farnèse,
'vt le bel-esprit, le fit nommer
du concile de Trente; mais sa
aie l'empêcha de remplir celte
r». Il mourut à Rome en 1530 ,
- .On a de lui des kltns cl des
"■!'} II \
ei'u/i innmrsA >i>\.u\ h'. Il aduitcs en \vr%
fraiirais par Anne de Miinnu-ls, Paris,
l.'id'J. in H". Sa Paraphrase de trente Psau-
mes, entreprise à la sollicitation du cardi-
nal Polus, imprimée à Florence en lK5ft,
in-12, offre d'assez beaux verset une la-
tinité pure. Ses autres écrits ne méritent
pas moins d'être lus.
FLAMIMIIS (Caius) , consul romain .
d'un caractère turbulent et emporté , at-
tiré au combat i>ar les ruses d'Annibal,
perdit la fameuse bataille de Thrasymène,
où il resta sur la place avec un grand
nombre de sénateurs, l'an 217, avant Jé-
sus-Christ.
FL VMIMl^Sou FLAMININUS (TiTCS-
QciXTCS ), élevé au consulat par son mé-
rite, l'an 198 avant J.-C, n'avait pas en-
core 30 ans. Il se proposa Scipion pour
modèle. Il ne lui manqua, pour égaler la
gloire de ce héros, que d'avoir à combat-
tre des rivaux aussi redoutables. Comme
lui, il avait toutes les vertus civiles et
militaires. Nommé général des troupes
romaines contre Philippe V, roi de Ma-
cédoine, il força l'armée de ce prince dans
les défilés de l'Epire ; il soumit presque
entièrement cette province, réduisit la
Tliessalie , la Phocide, la Locride. Il joua
dans la Grèce le rôle le plus brillant. Il
fit publier aux Jeux Néméens par un
crieur public que les Grecs étaient remis
en liberté. Il fut en effet leur libérateur
et leur père. La république l'envoya dans
la suite vers Prusias pour demander la
tête d'Annibal, sous levain prétexte qu'il
tramait quelque chose contre Rome. Il agit
si adroitement auprès de ce prince , que
les Romains se virent délivrés de ce re-
doutable ennemi.
FLAMI.MUS .\OBILIUS, théologien et
critique de Lucques, mort en 1390, à 58
ans, publia en 1388 à Rome, in-fol., des
iXotcs sur la Bible des Septante, pleines
d'érudition; et un traité : De pjxedesti-
natione. ibid., 1581, in-4°.
FLAMSTEED ( Jeam), astronome, né
à Denby dans le Derbyshire le 19 aoùf
1646, prit du goût pour l'astronomie en
voyant une sphère de Sacrobosco. Il cul-
tiva cette science avec beaucoup de suc-
cès , fut membre de la société royale de
Londres, en 1670, et la même année nom-
mé astronome du roi, avec une pension
de cent livres sterlings, ensuite directeur
de l'observatoire de Gréenwich. 11 mou-
rut en 1720, à 76 ans. Cet astronome avait
partagé son temps d'une façon sin^julicre :
il duiiuait le jour aux cafés, et k nuit aux
FLA
150
FLA
asires. C'était un petit homme maigre ,
qui n'avait aucun {joût pour les femmes :
aussi mourut-il dans le célibat. On a de
lui : I Historia cœlestis britannica , Lon-
dres, 1725 , en 3 vol. in-fol.; | Ephéméri-
dcé. |La Doctrine de la sphère, impriuiée
en 1681, a^-ec le Noui'eau système de ma-
thématiques de Jonas Morus, le plus zélé
protecteur de Flamstéed. Newton ayant
trouvé plusieurs de ses observations peu
justes, Flamstéed écrivit contre lui : l'a-
cadémie des Sciences de Paris jugea en
faveur de son adversaire; mais Flamstéed
ne laissa pas d'avoir raison dans l'esprit
de plusieurs savans. Flamstéed s'est sur-
tout distingué par ses observations sur le
nombre des étoiles visibles, et de longues
études pour le déterminer avec précision.
On sait qu'il a rendu beaucoup plus nom-
l)reux le catalogue qu'en avait dressé
Bayer, et qu'il les a portées au nombre de
3,000 ; mais ce qu'un observateur philo-
sophe ne doit pas négliger, c'est qu'il n'y
a pas deux astronomes qui , dans aucun
temps , aient pu s'accorder dans ce calcuL
Sans parler des tables des anciens, depuis
l'usage du télescope, Kepler a compté
1593 étoiles bien visibles et distinctes dans
les deux hémisphères célestes ; Riccioli
en a trouvé 1457 ; le Père Pardies 1491 ;
de la Hire , 1576 ; Bayer , 1716 ; Royer ,
1805 ; Hevelius, 1888, Flamstéed , comme
nous venons de le dire, 3000. Rheita,
fameux astronome de Cologne, assure
en avoir vu plus de 2000 dans une seule
constellation : Galilée prétend en avoir
découvert 500 dans une petite partie
d'Orion; M. de La Caille 9800 dans une
partie du ciel austral; le Père Mayer
proteste en avoir vu, en 1777, plus de
200 dont personne n'a jamais entendu
parler. En 1785 , Herschel en découvrit
1300 nouvelles, précisément dans la
classe des nébuleuses ^ et en 1787, il en
rompta 50,000 dans une zone de 15 degrés
sur 2 degrés de largeur, etc., ce que d'au-
tres astronomes ont traité de vision. Et
ces mêmes gens ne se sont pas toujours
tenus au même compte. D'où il s'ensuit
que non-seulement les étoiles en général,
mais les étoiles même visibles , et expo-
sées depuis six mille ans aux deux yeux
de cinq cent millions d'iiommes, sont réel-
lement innombrables ; que Dieu seul en
connaît la multitude déterminée, comme
dit David, et les appelle toutes par leurs
noms : Qui numerat multitudinem stel-
larum et omnibus eis nom^ina vocat. Ps.
146
* FLAIVDRIjV ( Pierre ) , vétérinaire
et anatomiste, né à Lyon le 12 septembre
1752, entra dès l'âge de 14 ans à l'école
vétérinaire de cette ville, et s'y distingua
par son application et son intelligence. Il
fut choisi quelque temps après pour en-
seigner l'anatomie à ses camarades , et
ensuite appelé à l'école d'Alfort , près Pa-
ris, pour y être professeur d'anatomie, et
adjoint à son oncle Chabert , qui en était
directeur. C'est dans l'exercice de cette
chaire qu'il fit exécuter la belle suite de
préparations anatomiques, qui enrichit
le cabinet de l'école d'Alfort. Il s'acquit
une réputation méritée par ses travaux
sur l'anatomie comparée. Le gouverne-
ment l'envoya successivement en Angle-
terre et en Espagne , pour y observer la
manière deconduire et diriger l'éducation
des moutons à laine fine. Il fut nommé ,
en 1791, correspondant de l'académie de»
sciences, et il venait d'être admis à l'in-
stitut comn«5 associé , lorsque la mort
l'enleva au commencement de juin 1796.
On a de lui : ] un Précis sur l'anatomie
du chevaly 1787 , in-8°, qu'il avait rédigé
pour ses élèves , et où l'on trouve quel-
ques remarques neuves et justes ; | Mé-
moires sur la possibilité d'améliorer les
chevaux en France ^ Paris , 1790 , in-8°.
I De la pratique de l'éducation des mou-
tons , et des m.oyens de perfectionner les
laines ^ ia-S" , plusieurs fois réimprimé.
I absorption des vaisseaux lymphatiques
sur la rétine ; \ Sur la ?ialure et les attri-
buts des sarigues, animal très singulier
par sa conformation ; | Sur la rage ; \ In-
structions et observations sur les mala-
dies des animaux domestiques^ avec l'a-
nalyse des ouvrages vétérinaires anciens
et modernes. 1782, 1795, 5' édition , 6 vol.
in-S"; I diverses observations on disserta-
tions dans le Dictionnaire anatomique de
l'Encyclopédie, dans le Journal de méde-
cine t.i autres feuilles périodiques, où l'on
trouve des vues ingénieuses.
* FLiVî^GIlNI (Louis), cardinal et pa-
triarclie de Venise , né le 15 juillet 1753 ,
en cette ville , où il mourut le 24 février
1804, remplit avec distinction les fonc-
tions de juge dans le conseil des quarante,
d'avogader, de censeur, de sénateur, de
conseiller et de correcteur extraordinaire.
II passa du service de la république véni-
tienne à celui de Rome , sous le règne du
pape Clément XIV, et fut nommé d'abord
auditeur du tribunal de la Rote. Le papti
Pie VI le créa cardinal en 1789 , et l'em-
pereur d'Autriche, après la dcslruclioa
I FLA I
I de Ia république vénitienne . le nomma
primat do Dalmntie, patriarche tle Ve-
I nlsc , comte du vSainl-Kmpire , un le dé-
( corant de la B'"«n<*'-<"roix de l'ordre de
Saint-Etienne de Hongrie. I^ cardinal
[ Flangini se livrait avec succès à la poésie.
Il ■ composi' plusieurs ouvrape», tant en
I vers qu'en prose , qui jouissent d'une cer-
j Uine réputation en Italie. Membre de
I l'acadettiie lies Arcades , il avait, comme
: tes coiilrères. pris le nom d'un berger
I d'Arcmditf, J garnir o Pelopideo , et il a
publié sous ce nom : | jénnotazioni alla
corvna poetica di Querino Telpasinio in
Iode délia repuMica di Venezia. Venise,
1750 ; I Rime d* Bemardo Capello, ton
onno/<jriom.2 vol.. Berganie, 1750. Ses
autres ouvrages sont : \ Orazione per
l'esaltamento del doga Maorie Foscmrini,
Venise, 1762 ; | Lettera patriarcale; \ Ar-
gontaitica de Àpollonio Rodio . traduction
en vers, avec notes, Rome, 1781, 2 vol.
FL\SSA\S ( Taral'dkt de ) , poète
provençal natif de Fiassans , potit village
de Provence dans le diocèse de Fréjus,
obtint de Foulques de Ponlevès une por-
tion de cxtte terre pour un poème inti-
tulé : Enseignemens pour éviter les trahi-
sons de l'Amour. Le Moine, dit le Monge
des Iles- (f Or. assure que cet ouvrage
valait beaucoup plus ; mais qu'il fut inu-
tile au vendeur et à l'acheteur, trompés
l'un et l'autre par leurs maîtresses. 'Ta-
raudet vivait en 1354. La reine Jeanne
se servit de lui pour faire des remon-
trances à l'empereur Cliarles IV qui pas-
sait en Provence , et il s'eu acquitta très
l>ien.
FLAUST ( Jea?»-Baptiste ) , avocat
on parlennent de Rouen , né à Vire en
«799 , mort à sa terre de Saint -Sévère ,
près de cette ville , le 21 mai 1783 , s'est
fait connaître par son Explication de la
Jurisprudence et de la coutume de Nor-
mantHe . dans un ordre simple et facile,
StoI. in-fol. Une table des matières ajou-
tée à cet ouvrage en rendrait l'usage plus
facile.
FLAVE JOSEPH. Voyez JOSÈPHE.
FLAVIE^ (saint ), patriarche d'Antio-
die , d'une naissance illustre et d'une
vertu supérieure à sa naissance, fut placé
sur le trône patriarcal, du vivant de Pau-
lin. r«'t»f élerlion confirmée par le con-
cWi" ' Miinople en582, fut l'origine
d'r. 'int sous le pape Innocent
•*' ' -issa de son diocèse les héré-
• pies niessaliens qui l'avaient infecté de
curs erreurs. U demanda grâce à l'em-
i FLA
percurTIu'odosc pour son peuple, cl l'c^
tint. I<eshabitnnsd'AnliorlK! avaient ren-
versé et outragé dans une sédition la sta-
tue de l'impérairice Priscille ; Flavi«n
parla pour eux avec l'éloquenrc que Ci-
céron déploya autrefois pour Ligarius.
Saint Chrysostôme , qu'il avait ordonné
prêtre, avait , dit-on , composé sa hnran>
gue. Ce grand prélat mourut en /lO/t. après
avoir gouverné son église pendant 93
ans. — Il ne faut pas le confondre avec un
autre saint FLAVIEN , patriarche d'An-
tioche en 49G , que l'empereur Anastase
voulut obliger de sou-scrire YHénotique
de Zenon, et approuver la déposition de
Macédonius de Constantinople. Il eut le
courage de lui résister et de souffrir l'exil
que son refus kd attira. Il y mourut l'an
518.
FLAVIEN ou FLAVIANUS ( saint ) ,
succéda à Proclus dans le patriarcat de
Constantinople, en kUl. Chrysaphius, fa-
vori de l'empereur Théodose le Jeune,
voulut le faire chasser de son siège ; le
saint prélat brava ses menaces. Il ne se
montra pas moins ferme contre Eutychès,
qui commença à semer ses erreurs vers
le même temps. Il l'anathéinatisa dans
un concile ; mais Les partisans de l'héré-
siarque condamnèrent Flavien et le dé-
posèrent en 449 , dans le fameux synode
connu sous le nom de brigandage d'E-
phèse. Dioscore , évéque d' .Alexandrie ,
accompagné d'une foule de soldats et de
moines, présidait à cette séditieuse assem-
blée. Flavien appela de cette condamna-
tion à Rome ; mais Dioscore ne répondit
à ses raisonnemens, que par des coups de
pieds et des coups de poings ; enfin , ce
furieux le maltraita si cruellement , que
le saint en mourut trois jours après en
449.
FLAVIGXY ( Vaiérien de ) , docteur
de Sorbonneen 1628, chanoine de Reimj
et professeur en hébreu au collège royal
en 1650 , naquit dans le diocèse de Laon,
et mourut à Paris le 29 avril 1674 , dans
un âge assez avancé. C'était un horame
plein de feu dans sa conduite et dans ses
écrits. Il déféra à la faculté de théologie
un thèse soutenue chez les jésuites du
collège de Clermont , appelé depuis le
collège de Louis le Grand. On prétendait
dans cette tltèse , que le système de Co-
pernic étant contraire à l'Ecriture , cl
condamné par les inquisiteurs de Rome,
on ne pouvait le soutenir en France. Fla-
vigny voulut dénmntrcr qu'une pareille
assertion violait Us droits du royaume
FLA 152
et ilu parlement , ce qui n'était pas trop
rlair. Ce docteur savait de l'hébreu , de
la théologie , des belles-lettres ; mais il
cherchait trop àdéprimerceux qui en sa-
vaient autant et plus que lui. Il écrivait
d'ailleurs, plutôt avec l'impétuosité d'un
jeune Hibernois qui argumente sur les
bancs, qu'avec la gravité d'un vieux théo-
logien. On a de lui la Défense d'une thèse
qu'il avait signée en qualité de grand-
I naître d'études. Il y était dit que Yépi-
scopat n'est pas un sacrement distinct de
la prêtrise : sentiment qu'il ne faut pas
confondre avec l'erreur qui n'attribue
aux évêques rien au-dessus des simples
prêtres. Flavigny prétendait que c'était le
même sacrement avec des effets plus éten-
dus , et l'impression d'un caractère plus
grand, parce que sans cela il y aurait
plus de sept sacremens : conséquence que
d'autres théologiens admettent, en disant
que le sacrement de l'ordre étant consi-
déré dans sa généralité , et comme la
consécration sacerdotale dans toutes ses
divisions, est mis comme une unité géné-
rique dans le nombre de sept. Cette apo-
logie a été imprimée à Tournay, en 1668,
in-i°. Il avait travaillé à la Polyglotte de
Le Jay , dont il devint néanmoins dans la
suite un des plus ardens censeurs.
* FLAVIGNY ( César-François, comte
de ) , né vers 1740 à Craonne dans le
Laonnais , embrassa la profession des ar-
mes, et parvint au grade de lieutenant-co-
lonel d'un régiment de dragons. Il obtint
t'nsuite une compagnie dans les gardes
françaises , et devint maréchal de camp
en 1788. Après le licenciement de la mai-
son du roi , il se retira dans sa terre de
Charmes près de la Fère, où il mourut le
11 décembre 1803. Il a publié : | Principes
fondamentaux de la construction des
places^ avec un nouveau système de for-
tifications ^ traduit de l'italien d'Antoni,
1773, in-8°; ] Introduction à l'histoire na-
turelle et à la géographie de V Espagne ^
traduite de l'anglais de Bowles, 1776, in-
8°; I Correspondance de Fernand Cortez
avec l'empereur Charles Quint, sur la
conquête du Mexique. 1778 , in-12 ; | Ré-
flexions sur la désertion et sur la peine des
déserteurs en France. Paris, 1768, in-8°.
* FLAVIGNY (A. L. J. ) , fils unique
du précédent, né en 1764 , ayant obtenu
une lieutenance dans les gardes françai-
ses, fut un des gentilshommes qui se mon-
trèrent le plus dévoués au service du
mallieureux Louis XVI. Il se rendit con-
stamment auprès de sa Dersonne . à cha-
FLA
que crise politique qui menaçait ses jours,
et fut arrêté après le 10 août 1792. Il resta
près de 18 lïiois détenu dans la maison de
Saint-Lazare, et fut condamné à mort par
le tribunal révolutionnaire le 24 juillet
1794, comme complice de la conspiration
des prisons , au moment où la chute de
Robespierre allait le rendre à son père
et à son pays.
FLAVITAS ou FRAVITAS , patriarche
de Constantinople après Acace , en 488 »
employa la ruse pour se faire élire. L'em-
pereur Zenon avait fait mettre sur l'autel
de la grande église de Constantinople, un
papier blanc et cacheté, comptant que
Dieu ferait écrire par un ange le nom du
prêtre qu'il destinait à la chaire patriar-
cale ; Fiavitas corrompit l'eunuque qui
avait la garde de l'église , et écrivit son
nom sur le papier. Quelques historiens
ont révoqué en doute ce trait d'imposture.
On peut voir ce qu'en dit M. de Tillemont
dans ses Mémoires pour servir à l'Histoire
ecclésiastique , où ce fait est amplement
discuté. Cette supercherie le fit patriar-
che. C'était le plus fourbe et le plus arti-
ficieux des hommes. Dans le même temps
qu'il jurait aux hérétiques qu'il ne vou-
lait avoir aucune communication avec le
pontife de Rome , il écrivait sourdement
au pape Félix. Sa mort , arrivée en 490 ,
lui épargna un châtiment exemplaire. Il
n'occupa ce siège que quatre mois.
* FLAXMAIV ( John ), habile sculpteur
anglais , né en 1754 , passa une grande
partie de sa jeunesse enitalie. On admire
encore à Rome plusieurs de ses statues
et bas-reliefs qu'il produisit durant son
séjour dans cette ville. De retour en An-
gleterre il enrichit sa patrie d'un grand
nombre de belles statues et de monumens
funéraires ; peut-être une critique sévère
désirerait-elle dans ses compositions plus
d'expression, de grâce et de moelleux. Ses
principaux ouvrages comme sculpteur
sont le beau mausolée élevé au poète Col-
lins dans la cathédrale de Chichester ,
celui de lord Mansfield dans l'abbaye de
Westminster, ceux de lord Howe et du
général Abercromby ; la statue de sir
Reynolds et de Washington. Il a publié
Série de gravures pour expliquer et illus-
trer le poème d'Homère. Londres, 1793,
2 vol. in-4° , 2'= édition , 1805. Il a aussi
donné en 1805 des Séries de gravures
pour l'Eschyle . et pour le Dante . en 2
vol. in-fol. ; et en 1817 , Deuxième série
de dessins pour illustrer et expliquer les
Travaux . les Jours et la Théogonie d' Hé'
FLE
133
FLE
9iotifj i vol. Ln- fol. Flaxnian était profes-
Mur i l'acadéinie royale de peinture de
Londres , et avait reçu le brevet de pein-
tre du roi. Ixird Elgin ayant enlevé ,
eomme on le sait, des moniunenH d'.K-
Ihènes, des frises, des bas-reliefs et d'au-
tres débris de sculpture antique, une
fjommission fut nommée par le parlement
pour ju(jerte mérite de ces acquisitions.
Ce fut d'après l'avis de Flaxman ( 1816.
in -S" ) communiqué à la chambre des
eoromunes, que ces différens objets ont
été achetés par le gouvernement. Il est
■tort le 8 décembre 1826 , à 72 ans.
FLECUELLES. royez GUERIN ( Hu-
«VBS ).
• FLECnEl'X , astronome et mécani-
cien , mort à Paris le 4 novembre 1793 à
r*ge de 55 ans , a donné un Planétaire
ou Planisphère . propre à mettre sous les
yeux de la jeunesse le mouvement des
•stres. On lui doit encore XOxocnsmeou
Démonstration du mouvement annuel de
ta terre autour du soleils 1784, in-8°.
FLÉCHIER ( Esprit ), évêque et ora-
teur sacré , né le 10 juin 1652 à Pernes ,
petite ville du diocèse de Carpentras, fut
élevédans le sein des lettres etde la vertu,
auprès d'Hercule Audiffret , son oncle ,
général des pères de la doctrine chrétienne,
où il était entré à l'àjje de 16 ans et pro-
fessa la rhétorique à Narbonne. Fléchier,
ayant quitté cette congrégation , après la
mort de son oncle, vint à Paris où il rem-
plit dans une des paroisses l'emploi de
catéchiste des petits enfans, et fut ensuite
précepteur des lils de Louis Caumarlin,
intendant des finances et conseiller d'é-
tat. Une pièce de vers latins sur le Car-
rousel ( Circulus regius ) . donné par le
roi en 1662, commença sa réputation que
ses sermons ne tardèrent pas à accroître.
Il fut nommé lecteur du dauphin par le
crédit du duc de Montausier qui l'hono-
rait de son amitié. Il eut part aux bien-
faits que Louis XIV répandit sur les gens
de lettres. Fléchier , encouragé par ces
récompenses, lit de nouveaux efforts , et
balança bientôt la réputation de Bossuet
dans l'oraison funèbre. Celle de Turenne,
son chef-d'œuvre, fit pleurer le monar-
que, et mit le comble à la gloire de l'ora-
teur. On admira surtout le beau parallèle
du maréclial de France avec Judas Ma-
cliabée. il est vrai qu'il n'était pas le pre-
mier qui eut transporté aux généraux
modernes les éloges donnés à cet ancien
capitaine. Lingendes, évéque de Màcon,
V Frommiiéres , cvéttuo d'Aire s'en
étaient déjà servis , l'un, dans l'oraison
funèbre de Charles-Emmanuel , duc de
Savoie ; l'autre , dans celle du duc de
Reaufort. Mais Fléchier se rendit propre
ce lieu couiumn , (mr les ornemens dont
il l'embellit dans son exordc , qui est un
chef-d'œuvre par l'harmonie et le carac-
tère majestueux et sombre qui y régnent.
La cour récompensa ses talens, en 1685, par
l'évéché de Lavaur , et en 1687, par celui
de Nimes. Louis XIV lui dit en le nommant
au premier évéché : u Ne soyez pas surpris
» si j'ai récompensé si tard votre mérite ;
» j'appréhendais d'être privé du plaisir de
0 vous entendre. » Le diocèse de NimeS
était plein d'hérétiques ; il se conduisit
avec eux en bon pasteur. Il les instruisit
tous par la solidité de ses discours , et
l)lu8 encore par la régularité de ses mœurs .
Il mourut à Montpellier le 16 février
1710. à 78 ans , regretté de ses diocésains
catholiques et huguenots , et laissant plus
de 25,000 écus aux pauvres. L'académie
française s'était associé Fléchier, après la
mort de Godeau en 1673. Il y entra le
même jour que Racine. C'est sur le mo-
dèle de cette compagnie qu'il forma celle
de Nimes, dont il fut le mentor et le père.
On a delui : | Des œuvres mêlées , in-12,
en vers et en prose. On a loué avec raison
ses vers français et latins. Les pensées en
sont délicates, les expressions heureuses ,
les termes bien choisis, la cadence har-
monieuse. I L'édition d'un ouvrage fort
curieux d'Aiitoine Marie-Gratiani : Deca^
sibus illustrium virorum. ia-k'*, avec une
préface en latin. Le style en est aussi pur
qu'élégant. [Des Panégyriques des saints.
mis au rang des meilleurs ouvrages de
ce genre , Paris , 1690 , en 1 vol. in-4° ;
1697, 2 vol. m-12 ; 1759, 3 vol. in-12. | Re-
cueil à' oraisons funèbre s, en\xn vol. ia-i*
et in-12. Il y a moins d'éloquence et de
pureté de langage dans celles de Bossuet
mais on y trouve une éloquence plus forte,
plus mâle, plus nerveuse. Le style de
Fléchier est plus coulant , plus arrondi ,
plus uniforme. Celui de Bossuet, moini
égal , moins soutenu , est plus rempli de
ces traits hardis, de ces figures vives et
frappantes qui caractérisent le génie.
Fléchier est plus heureux que lui dans Ij
choix et dans l'arrangement des mots :
mais son penchant pour l'antithèse ré-
pand une sorte de monotonie sur son
style. Il devait autant à l'art qu'à la na-
ture ; Bossuet devait plus à la nature qu'à
l'art. Des Sermons en 3 vol. io-12 , qui ue
sont pas de la même force que tts orai-
13
FLE 13
sons funèbres et ses jianégyrîques. On y
trouve de belles périodes , et très peu de
raisonnemens. Il avait cherché de bonne
heure dans nos vieux prédicateurs des
traits d'éloquence et des pensées ingé-
nieuses , dont il faisait un usage plus in-
génieux encore; aussi lui trouve-t-on
quelquefois , quant au fonds des choses ,
un air antique , l'air du commencement
de son siècle. Il prêchait avec un vieux
goût et un style moderne. | f/istoire de
l'empei-eur Théodose le Grande Paris ,
1679, in-4", réimprimé très souvent in-12;
elle est estimée pour l'élégance du stylo ,
autant que pourTintérèt de la narration.
Ceux qui ont cru qu'il flattait son héros,
n'ont pas rendu justice à cet empereur
qui , dans le vrai, était grand homme et
et grand prince à tous égards. La \ Vie du
cardinal Ximenès, en 2 vol. in-i2, et un
in-i". Il peint ce cardinal comme un saint;
l'abbé MarsoUier , dans une histoire de
Ximenès, publiée vers le même temps que
celle de Fléchier , en fit un politique ; ce
grand ministre avait été l'un et l'autre ;
mais MarsoUier était un esprit trop mo-
bile pour peindre dignement un homme
d'un caractère si ferme. | Des lettres^ 3
vol. in-lâ. On y trou,ve des détails affli-
geans sur les excès des calvinistes , qui
dès-lors répandaient l'effroi partout et
préludaient aux scènes affreuses qui ont
désolé M mes eu 1790 et 1791. | La Vie du
cardinal Commendon ATd^&xùie. du latin
d'Antoine-Marie Gratiani in-i", et 2 vol.
in-12, plusieurs fois réimprimée. | Des
OEuvres posthumes, en 2 vol. in-12; elles
contiennent ses mandemens et ses lettres
pastorales , où la philosophie chrétienne
et la tendresse épiscopale se font sentir
avec tous leurs chayues. On y a ramassé
différens discours , complimens et haran-
gues. L'auteur du Dictionnaire critique ^
en 6 vot, lui attribue un recueil manu-
scrit , formant 6 vol. in-fol., sur les anti-
quités du Languedoc ;ma,is il est certain
qu'il n'est pas de lui : c'est l'ouvrage d'un
citoyen de Nîmes, appelé Aulne Rulma7i.
L'abbé Ducreux , chanoine d' Auxei're , a
donné une édition complète des Œuvres
de Fléchier, à Nîmes, en 1782 , 5 tomes en
10 vol. in-8°. Ses poésies latines ont paru
dans un recueil séparé , à Bâle , 1782 , 1
vol. in-12. En 1791 , le siège de ce grand
homme fut souillé par un nommé Du-
moachel, d'abord garçon perruquier, puis
prêtre apostat , que l'Assemblée nationale
subrogea à l'cvéque légitime. Voyez DU-
MOU QI EL
4 FLÈ
FLEETAVOOD ( Guillaume ) , évÔqufl
anglican , né dans la Tour de Londres en
1656, d'une famille noble, originaire dô
la province de Lancaslre , se fit comiai-
tre , sous le règne de Guillaume III , par
ses ouvrages. La reine Anne, instruite
de son mérite , lui donna un canonicat
de "Windsor en 1702 , puis l'évêché de
Saint- Asaph en 1708. Fleetwood fut trans-
féré de cet évèché à celui d'Ely en 1714 ,
et mourut en 1723 , à 67 arxs. Ses princi-
paux ouvrages sont - | Inscriptionurn an-
tiquarum sxjlloge ^ Londres, 1691, in-8°;
I Des sermons ; \ Essai sur les miracles ,
1701, in-8°; | Chronicon pretiosum ; \ Ex-
plication du 15'^ chap. de répitre aux Ro^
mains. Sa vie est à la tête de ses ser-
mons. — Il ne faut pas le confondre avec
un autre Guillaume FLEETWOOD, avocat
de la reine Elisabeth, qui fut député pour
aller visiter de sa part plusieurs diocèses.
II mourut en 1592. On a de lui : | Elen-
chus annaliumEdwardi V^ Richardi III.
Henrici VII et Henrici VIII . Londres ,
1597, in-8°. On sent combien il a dû les
défigurer, pour qu'on ne trouvât pas à
chaque page la condamnation de la ré-
forme anglicane. | V Office de juge de
paix . 1658.
• FLEISCIIEU ( Guillaume ) , né en
Allemagne en 1767, est mort à Paris, le
l*^"" juin 1820. On a de lui : | Annuaire de
la librairie ^ première ( et seule ) année ^
Paris, 1802, deux- parties , formant un
volume in-8**. C'est le catalogue raifiormé
de la littérature de France, du 23 sep-
tembre 1800 au 22 septembre 1801. Il est
à regretter que cet ouvrage n'ait pas été
continué. En tête de la première partie ,
l'auteur a mis une petite dissertation sur
les services rendus par les Allemands à
la Bibliographie. \ Dictionnaire de Bi-
bliographie française , tomes 1 et 2, 1812.
Ces deux volumes viennent jusques et
compris la syllabe Bha ; mais comme
ils n'eurent pas beaucoup de débit, l'au-
teur n'a pas publié la suite de cet ou-
vrage : il avait cependant continué son
travail avec ardeur ; et il a laissé cette
suite en 20 volumes in-folio, avec queU
ques autres matériaux.
FLEIX. Voyez FOIX ( Raimond ).
FLÉMALE. Voijez BERTHOLET.
FLEMING ou FLEMMYNGE (Richabd) ,
prélat anglais , naquit à Croston , dans le
comté d'Oxford , vers là fin du 14* siècle.
Il fit ses études à Oxford, et embrassa,
avec chaleur, l'hérésie de Wiclef ; mais
il devint bientôt son ennemi. Il apport»
FLE
l.'î.'J
FLE
A renverser l'edilice la même «rdeur qu'il
avait nùae à le construire. En 14:20,
Henri V le luimma à l'év^ché de Lincoln,
auquel le paix- Martin V lavait lui-m^mc
désiré. Cependant . lorsque ce môme
pape voulut le tran»(crcr à larchevèché
d ïorrk, Henri $y opposa, et Kleminu de-
meura évéqne de Lincoln. Ce pri-lat
mourut eti liôO, aprèA avoir fondé à Ox-
ford le collège de Limolii pour de jeunes
l^j;,,i ....... .ipsiinéj à coiubatlre les er-
rci: ' •
• t M ! N> . Pathice ) , religieux ob-
!i«'r\anliii,nc en Id95> d'une famille noble,
(1 ans le comté de Loulli , en Irlande, fut
I uvoyé à Douai, à l'àgc de 13 ans, pour
V faire ses études sous la direction de son
onde maternel, Christophe Cusack , su-
périeur des collège» irkmdais , en Flan-
dre. Après avoir fait ses humanités , il se
rendit à Louvain, où il embrassa la rè-
gle de Saint-François , dans le collège de
Saint- Antoine de Padoue, qui apparte-
nait à des franciscains de sa nation. Lors-
que ses cours de théologie et de philoso-
phie furent terminés, il se rendit à Rome
avec le Père Hugues Mac-Cughwcl, déli-
niteur général de l'ordre. En passant à
Paris, il s'y lia d'amitié avec le Père Hu-
gues Ward , et ils formèrent le dessein de
recueillir les matériaux, pour composer
les vies des saints d'Irlande. Ils fouillè-
rent tous les deux dans toutes les biblio-
thèques qui furent à leur portée. Fleming
lit de nombreuses recherches dans toutes
les villes de France, d'où il passa en Italie
et en Allemagne. Une partie de ces vies
fut publiée . quelques années après , par
le père Golgan , qui reconnaît avoir tiré
un grand secours des recherches de Fle-
ming et du Père Ward. Le Père Fleming
fut chargé d'enseigner la philosophie dans
le couvent de Saint-Isidore de Rome. Il
reçut, quelqiie temps après, le même
emploi à Louvain. Il fut ensuite envoyé
i Prague, pour y gouverner le couvent
de l'Immaculée Conception. L'Alleniagnc
était alors en feu; et le luthéranisme , ap-
puyé par les armes victorieuses des Sué-
dois , se répandait de tous côtés. Les ar-
mées suédoises et saxonnes faisaient souf-
frir une cruelle persécution aux catho-
liques , et surtout aux religieux. Prague
étant menacée d'être investie après la ba-
taille de Leipsick, le Père Fleming, pour
ne pas4ocuber entre les mains d'un en-
■cmi barJwre, quitta cette ville avec le
Père Mathias Hoav , son confrère. Mais
Us eurent le malheur de tomber entre les
mains d'une troupe de paysans luthérien^
qui les massacrèrent impitoyablement :
Mi)réii place cet assassinat au 7 novenabre
1631. Wading, historien des frères mi-
neurs, le recule de deux années ; mais la
prise de Prague, qui eut lieu en 1631,
doit faire préférer la première date. On
a de ce religieux : | CoUectanea sacra,
Louvain , 1667 ; | fila R. P. Jlttgonis Ca-
velli ( Mac-Caghwel ) ; | un Abréyi da
Chrouicon comecrati Pétri Ratisbonce.
* FLEMING (Robert) , théologien écot-
sais, naquit à Bathens , en 1630. 11 adopta
les principes du calvinisme, et fut ex-
pulsé comme non-conformiste de la cure
de Cambusiang, à laquelle il avait été
nommé fort jeune, en exécution de l'acte
publié à Glascow. Peu après la restaura-
tion , U fut même arrêté ; mais ayant ob»
tenu son élargissement , il luissa à Rotter-
dam , où il fut élu ministre de la congré-
gation écossaise. Il mourut le 25 juillet
1694. Il a laissé : | le Miroir de l'amour
divin dévoilé, 1691 , in-S". C'est un recueil
de poésies religieuses. | V Accomplisse-
metït des Ecritures ; ouvrage très es-
timé , surtout des dissidens et des calvi-
nistes.
• FLESSELLES ( Jacques de ) , né eu
1721, d'une famille de robe, fut d'abord
conseiller d'état et maître des requêtes
honoraire , et iigura , lors des troubles de
la Bretagne, dans le parti du duc d'Ai-
guillon contre La Clialotais. Nommé en-
suite intendant de Lyon , il s'y fit ché-
rir par sa douceur , sa bienfaisance et son
7.èle pour les intérêts de cette grande cité.
Il y fonda un prix en 1777, pour le per-
fectionnement de la teinture des soies en
noir. Au commencement de la révolution
il fut nommé prévôt des marchands de la
ville de Paris ; mais il n'avait point la fer-
meté nécessaire pour remplir cette place
dans un moment aussi difficile. Accusé
de trahison par le parti populaire le li
juillet 1789, jour de la prise de la Bas-
tille, il hésita, balbutia et chercha à se
justifier. Les factieux lui signifièrent qu'il
fallait aller au Palais-Royal , lieu de réu-
nion de tous les agitateurs , et que là il
serait entendu. Le malheureux Flesselles
crut devoir consentir à cette démarche;
mais à peine fut-il arrivé au bas de l'es-
calier qui descend sur la place de Grève ,
qu'un jeune homme lui cassa la tête d'un
coup de pistolet. La populace se jeta au»-
silôt sur son cadavre ; on en sépara U
tête qui fut placée au haut d'une pique,
et portée au Polaivlloyal. Le corps ÎmX
FLË
iU
FLE
h-ahiédans la fange. Ce meurtre commis
5KHIS les yeux de l'autorité , sans qu'elle
osât prendre des mesures pour en punir
les auteurs , fut le signal de l'insurrec-
tion , et de tous les attentats qui le sui-
virent.
FLETCHER ( Gilles ), poète anglais
et bon politique , qualités qui se rencon-
trent rarement ensemble , fut chargé de
quelque commission en Ecosse et en Al-
lemagne par la reine Elizabeth , qui l'en-
voya ensuite en qualité d'ambassadeur
en Moscovie. Il était secrétaire de la cité
de Londres et trésorier de Saint-Paul,
quandil mourut en 1610. On a de lui; | 3Ia-
nière de gouverner des empereurs de
Russie ou de Moscovie^ avec les mœurs et
les modes des peuples de cette contrée j
Londres, 1550, 1663, in-i2. L'auteur s'y
montre peu favorable aux Russes qui
étaient alors encore demi-barbares. | De
litteratis antiquœ Brilannice ^ 1633, in-12.
FLETCHER ( Jean ) , neveu du précé-
dent , poète tragique anglais, né en 1576,
dans le comté de Norlhampton mort à
Londres en 1625 , à 49 ans , marcha sur
les traces de Shakspeare dans la carrière
dramatique , et obtint une des premières
places après son modèle. Le cabaret était
son Parnasse. Un jour qu'il y récitait une
tragédie , dans laquelle il y avait une con-
juration contre la vie d'un roi, des gens
qui paraissaient dans la rue le dénoncè-
rent comme un scélérat. On le mit en
prison; mais on reconnut bientôt que le
conjurateur ne tuait les rois que sur le
théâtre. Voyez BEAUMONT (François).
FLETJRAXGES. Voyez MARCK ( Ro-
bert de la ) , troisième du nom.
• FLEURET , ancien professeur d'ar-
chitecture de l'école royale militaire de
Paris, mort le 1'"^ janvier 1817, est au-
teur de VArt de composer des pierres
factices aussi dures que le caillou . et de
Recherches sur la manière de bâtir des
anciens^ 1808, in-k° , avec un vol. de
planches.
• FLEURET ( Elizabeth , madame ) ,
jiée à Paris le 10 juin 1725 , s'est fait con-
naître par son Guide des supérieures ^ 1
vol. in-12 , 1786 , imprimé par les soins
du père Querbeuf. M. Emery , supérieur
du séminaire de Saint-Sulpice de Paris ,
citait quelquefois cet ouvrage dans ses
conférences , et l'abbé de Mentis l'a re-
vêtu d'une approbation très favorable.
M"' Fleuret a laissé une suite à ce livre :
ce sont des avis aux supérieures sur la
4lircction spirituelle des religieuses et des
novices , et des entretiens spirituels et fa-
miliers, qui formeraient peut-être trois
volumes , et dont la publication ne serait
pas utile seulement aux personnes qui
vivent en communauté , mais encore aux
âmes pieuses qui vivent dans le monde.
Elle était fille d'un contrôleur au servica
du duc d'Orléans. Entrée chez les reli-
gieuses de la congrégation de Notre-
Dame , elle était devenue maîtresse des
novices.
* FLEURIAU ( Louis-Gastoi»), docteur
en théologie et évêque d'Orléans , naquit
à Paris en 1662. Il avait d'abord été évê-
que d'Aix en 1698. Il passa à l'évêché
d'Orléans en 1705 ; il eut en même temps
l'abbaye de Saint-Jean d'Amiens , ordre
de Prémontré. A son avènement au siège
d'Orléans ; il racheta et fit délivrer 854
prisonniers détenus pour dettes. Ce pré-
lat était doué d'une charité admirable,
et possédait , à un degré éminent , toutes
les vertus épiscopales. Il assista à l'assem-
blée du clergé de 1715 , et tint plusieurs
synodes dans son diocèse , veillant avec
soin au maintien de la discipline ecclé-
siastique. Il fonda à Orléans plusieurs
établissemens utiles, entre autres une mai-
son pour les nouvelles converties. Ce pré-
lat mourut le 11 janvier 1753. Il a laissé
des Réglemens et des avis synodaux ^ ex-
traits des synodes qu'il avait tenus.
• FLEURIAU ( Thomas-Cdarles ), jé-
suite , qui vivait vers la fin du 17' siècle,
fut chargé par ses supérieurs de corres-
pondre avec les missionnaires de la com-
pagnie dans le Levant , et de rédiger les
mémoires qu'ils envoyaient. On en trouve
plusieurs dans le Recueil des lettres édi-
fiantes j écrites des missions étrangères ^
26 vol. in-12 ou 14 vol. in-8°. Il a publié
en outre : | Etat présent de V Arménie ^
Paris, 1694 , in-12. | Etal des missions de
la Grèce, Paris, 1695, in-12. | Avec le
père Monier : Nouveaux m.émoires des
missions de la compagnie de Jésus dans
le Levant, Paris, 1712, et années sui-
vantes. — Il y a eu plusieurs autres jé-
suites du même nom, entre autres Ber-
trano-Gabriel FLEURIAU, né en 1693,
auteur des Principes de la langue latine »
mis dans un ordre plus clair et plus exact,
très souvent réimprimés. Le^ dernières
éditions ont été retouchées par M. de
Wailly. Il a encore laissé : Relation des
conquêtes faites dans les Indes ^-par D.
P. -M. d'Alraeida, traduite de l'italien, Pa-
ris , 1749, in-12; Vie du père Claver^
ibid., 1751 in-12.
FLB
FLEL'RI vu. royez LANGLE.
• FLKiniEll ( Charles riKRRB CA-
RKT, comte de ), ministre de la marine
us Louis XVI , ne à Lyou en 1738, entra
uis la marine à l'à^e de lrci»e ans, et
a toujours un modèle d'application et de
une conduite. Il profita. iH)ur se livrer
u l'cludo avec une ardeur nouvelle , de
la paix tondue en 1763. Le premier fruit
de SCS méditations fut de» horloges ma-
rines, qu'il exécuta avec Ferdinand Ber-
thoud . célèbre horlo^jer , qui 5'«)ccupait
alors du même objet. Elles furent es-
tayées en 1768 , sur la frégate VIsis . qu'il
commandait en qualité de lieutenant de
vaisseau , et le succès surpassa les espé-
rances qu'on avait conçues. Il obtint en
1776 la place de directeur -général des
ports et arsenaux de la marine , et il
prouva, dans ce nouvel emploi, où il
rendit k l'état les services les plus écla-
tans , qu'il était aussi bon administrateur
que savant marin. C'est lui qui rédigea
tous les plans des opérations navales de
la guerre de 1778 , et ceux de toutes les
campagnes de découvertes , telles que
celles de la Pcyrouse et de d'Enlrecas-
teaux. On lui doit aussi la rédaction de
t'Ordonnance du roi Sur la régie et l'ad-
ministration des ports et arsenaux. Fa-
rb, 1776 , in-i". Le 27 octobre 1790, il fut
a'ppelé au ministère de la marine it des
colonies, et il en remplit les fonctions
avec l'intégrité qui l'avait toujours fait
remarquer, jusqu'au 17 mai 1791 , qu'il
fut obligé de donner sa démission , le
parti jacobin voulant le remplacer par un
de ses aflidés. Louis XVI lui confia
alors l'éducation du Dauphin, avec le
litre de gouverneur; mais les orages de
1792 le forcèrent de se retirer des affaires
publiques , et de chercher des consola-
lions dans l'étude. Il fut néanmoins ar-
rêté en 1793 , mais il recouvra bientôt sa
liberté. En 1797 ii vint siéger dans le con-
seil de» Anciens , et fut exclu de cette as-
senrdjléc lors des événemens du 18 fruc-
lidor. Après le 12 brumaire il devint sé-
oaUsur , et termina sa carrière le 18 août
iSlO. On a de lui : | f'oy âge fait par or-
dre du roi. en 1768 et 1769, pour éprou-
ver les horloges marines. Paris, 1773,
S vol. in-4°, fjg.; | Découvertes des Fran-
çais dans le sud-est de la Nouvelle-Gui-
née. Paris, 17'J0 , in-4°; [ Voyage autour
du monde . fait pendant les années 1790 ,
1791 el^ 1792 par Etienne Marcfiand. Pa-
ria , 1798 , k vol, in-4°. Ce voyage , pré-
êidé d'une ialryducUon savante sur l Ui»-
i37 F LE
loirc d« toutes les navi^;ations à la cdtc
nord-4)uesl de l'Aïuérique, contient de*
remarques très intéressantes sur la navi-
gation du grand Océan. Le quatrième voU
contient un grand nombre de cartes hy>
drographiques.
* FLEt'IlIOT-LESCOT ( J. A. C. ), né
à Bruxelles en 1761 , fut obligé de quitter
son pays, lors des troubles du Brabant ,
et vint se réfugier à Paris , où il exerçait
la profession d'architecte , mais avec peu
de succès. Au conimencement de la révt>-
lution française ii se jeta avec fureur
dans le parti des démagogues, comme
presque tous les étrangers qui se trou-
vaient alors à Paris, et devint succes-
sivement substitut de l'accusateur pu-
blic près le tribunal révolutionnaire,
commiasaire aux travaux publics , et en-
lin maire de Paris. 11 s'était lié avec
Robespierre et lorsque son protecteur
fut arrêté , il montra une fermeté de ca-
ractère qu'on ne lui supposait pas. Fleu-
riot-Lescot fut le principal moteur de
l'insurrection dirigée à celte époque con-
tre la Convention. Il Ut sonner le tocsin,
battre la générale, et délivrer les dé-
putés décrétés d'accusation. Il publia en-'
suite une proclamation dans laquelle il
excitait le peuple à prendre la défense de
l'incorruptible Robespierre, du vertueux
Couthon , etc., lorsqu'il fut mis hors de
la loi, et arrêté par Bourdon de l'Oise.
Jugé bientôt et condanmc, il fut conduit
à l'échafaud , le 28 juillet 1794 avec sea
complices, étant âgé d'environ 33 ans.
FLELllY ( Claude ), originaire de Nor-
mandie, né à Paris, le 6 décembre 1640 ,
d'un avocat au conseil, suivit le barreau
pendant 9 ans avec succès. L'amour de
la retraite et de l'étude lui donnérenl du
goût pour l'état ecclésiastique. Il l'en»-
brassa, et il en eut les vertus. Précepteur
du prince de Conli , en 1G72, il le fut en-
suite du comte de Vermandois en 1680.
Ses soins auprès de son élève lui valurciil
l'abbaye du Loc-Dieu en 1684, et la place
de sous-précepteur des ducs de Bourgo-
gne , d'Anjou qt de Berry en 1689. Associé
de Féjiélon dans ce noble emploi , il eut
comme lui l'art de faire aimer la vertu à
ses élèves par des leçons pleines de dou-
ceur et d'agrémens, et par ses exemples
plus persuasifs que ses leçons. Lcuis XIV
avait mis en œuvre ses talens ; il sut les
récompenser. Il lui donna en 17u6 le riche
prieuré d'Argenlcuil. L'abbé Fleury, en
l'acceptant, remit son abbaye du I-<m-
Dicu- S>'il avait amLiliouné de ptasgraiHU
12.
FLE
138
FLE
biens et des dignités plus relevées , il les
aurait eus; mais son désintéressement
égalait ses autres vertus. Il vécut solitaire
à la cour. Un cœur plein de droiture , des
mœurs pures, une vie simple, laborieuse,
édifiante, une modestie sincère, une can-
deur admirable, lui gagnèrent les suffra-
ges des courtisans même les plus corrom-
pus. Le duc d'Orléans jeta les yeux sur
lui en 1716, pour la place de confesseur de
Louis XV. Ce choix fut approuvé de tout
le monde. On n'y trouva, dit l'abbé Dor-
sanne , que le défaut de 75 ans. Fleury ,
après avoir formé le cœur du père, forma
celui du fils. Sa vieillesse lobligoa de se
démettre de cette place en 1722. 11 mou-
rut d'apoplexie l'année d'après, dans sa 85*^
année. 11 était de l'académie française.
Les ouvrages sortis de sa plume sont :
Mœurs des Israélites : livre qui est entre
les mains de tous les fidèles , et que l'on
peut regarder comme le tableau le plus
vrai de la vie des saints de l'ancien Tes-
tament. I Mœurs des chi'étiens; ouvrage
réuni avec le précédent, dans un seul vol.
in-12. L'un peut servir d'introduction à
l'histoire sacrée , et l'autre à l'histoire ec-
' clésiaslique. L'onction y règne avec un
esprit de candeur et de vérité qui gagne
le lecteur chrétien ; et avec un discerne-
ment , des lumières et des vues qui ravis-
sent le savant et le philosophe. 1 Histoire
ecclésiastique, en 20 vol. in-12, etin-i°.Le
premier publié en 1691, commence à l'é-
tablissement de l'Eglise; et le dernier,
imprimé en 1722, finit à l'an 1414. Elle a
été continuée par le Père Fabre, de l'Ora-
toire, jusqu'à l'année 1393, 16 vol. ; en tout
.16 vol. in-4° et in-12. Elle a été réimpri-
mée à Bruxelles et à Caen. C'est ce que
nous avons de plus complet en notre lan-
gue sur l'hist^^nre ecclésiastique. Néan-
moins, dit l'abbé Lenglet du Fresnoy, ce
sont plutôt des extraits cousus l'un avec
l'autre, qu'une histoire exacte et bien sui-
vie. Cet écrivain, si l'on en croit l'abbé de
Longuerue, travaillait son livre à mesure
qu'il étudiait l'histoire de la religion. On
sent qu'il n'est pas maître de sa matière,
il ne marche qu'en tremblant, et presque
toujours sur les traces de Labbe et de Ba-
ronius. Il en était au dernier volume de
cet aimaliste célèbre , qu'il ne connaissait
encore que le premier vol. de l'excellente
Critique du Père Pagi , en 4 tom. in-fol.
Aussi plusieurs écrivains ont écrit contre
son Histoire. Le Père Honoré de Sainte-
Marie, carme déchaussé, publia à Malines
ecclésiastique de l'abbé Fleury, adressée $
à N. S. P. le pape Benoit XIII, et nossei-
gneurs les èvêques .\x\-Vi , réimprimées à
Malines en 1729 , et depuis ( 1740 ) sous le
titre de Dénonciation de l'Histoire ecclé-
siastique de Fleury . à nosseigneurs les
évêques; en 1753, le Père Baudoin de
Housta, religieux augustin des Pays-Bas,
fit paraître à Malines : La mauvaise foi de
M. Fleury. prouvée par plusieurs passa-
ges des saints Pères, des conciles, et d'au-
teurs ecclésiastiques . qu'il a omis, tron-
qués . ou infidèlement traduits dans son
Histoire. En 1756 , on imprima à Avignon
des Observations théologiques, histori-
ques . critiques, etc. . sur l'Histoire ec-
clésiastique de feu M. l'abbé de Fleury,
avec des dissertations, analyses des Pères,
et autres pièces détachées , 2 vol. in-4°.
L'ouvrage devait avoir 8 vol., mais la suite
n'a pas vu le jour ; en 1802 il parut des
Réflexions sur l'Histoire ecclésiastique de
Fleury. attribuées à l'abbé Rossignol ; el
à peu près dans le même temps M. Mar-
chetti, archevêque d'Ancyre , donna une
Critique de l'Histoire ecclésiastique de
Fleury ^ qui fut traduite en français , et
imprimée dans la Belgique en 1803 ; elle
a été réimprimée à Besançon en 1819, en
2 vol. in-12. Quoiqu'on reproche à l'au-
teur de n'avoir pas assezménagé son ad-
versaire , et d'avoir qualifié quelquefois
ses méprises avec une sévérité un peu
rigoureuse, elle doit trouver place dans
les bibliothèques , à côté de l'histoire de
Fleury ; enfin, en 1807, Muzzarelli publia
à Rome des Remarques sur l'Histoire
ecclésiastique, et spécialement sur les dis-
cours de Fleury. in-8" , traduites en fran-
çais sur la 4* édition. Don Cellier, et le»
auteurs de Y Histoire deV Eglise gallicane.
ont relevé phisieurs erreurs de faits et de
dates dans Fleury. Les Actes des Martyrs,
qu'il a soin de rapporter avec trop de
détail, devraient avoir plus de précision,
et ne montrer que l'héroïsme de leurs
souffrances , sans nous présenter un pro-
cès-verbal. Son style est d'une simplicité
touchante et dune onction qui édifie;
mais il est très souvent négligé, languis-
sant, monotone, plein d'héllénismes et de
latinismes. Les Discours préliminaires ré-
pandus dans cet ouvrage, et imprimés sé-
parément en 1 vol. in-12, sont écrits avec
beaucoup plus d'élégance , de pureté , de
précision et de force ; on y trouve d'ex-
cellentes choses ; mais il y en a aussi qui
ont < té critiquées avec raison [voyez HO-
«11727, àa^ Observations sur V Histoire {l{0^^ DE SAINTE-MARIEetHOUSTA).
FLE
i!$9
FLE
On remarque dans l'autour nnc telle pré-
lilt'Ction pour la discipline de la primi-
«•c q;lisc, qu'il scinMc improuvor tout
.• qui n'a pas l'empreinte des premiers
liocics. Comme si la di>riplincde l'Eglise
u rtail pas essentiellement variable , ou
que l'Eglise primitive dût en tout servir
iic modèle dans le» siècles postérieurs.
• On iir peut trop respecter la primitive
» - .1m' . dit un auteur modéré et équita-
. M.' mais la haute idée qu'on en a ne
. doit pas servir à nous faire mépriser
. 1 it;lisi-ilcs derniers siècles. Dans la pri-
. milivc église, parmi beaucoup de sain-
• tctc. il ne laissait pas de se glisser des
» relàchemcns , et ^lans l'église des der-
• nicrs siècles, parmi des relàchemens
» qui s'y sont glissés , il ne laisse pas d'y
• avoir enrore beaucoup de sainteté. »
Il y a aujourd'hui plusieurs abus réformés
-jui avaient subsisté durant des siècles. En
'unparant sans prévention l'état de l'E-
ise de nos jours dans toutes ses parties,
oc son élat dans les premiers siècles, on
luvera que les avantages qu'elle n'a plus
•• ■:it remplacés pard'aulres. Erasme, qu'on
^ut citer hardiment en cette matière,
-;>rès avoir développé ce parallèle dans
toute son étendue , conclut que si saint
Paul revenait sur la terre , l'état actuel
de l'Eglisene lui déplairait pas. « Croyez-
» vous , dit un homme d'une exacte lo-
» gique, que l'Eglise a le droit de régler
» sa discipline , et sur la pénitence , et sur
» les appels, et sur les élections, et sur
» les institutions canoniques , et sur les
» exemptions , et sur tout autre sujet re-
» ligieux ? Répondez oui ou non. Si vous
» dites OUI. eh bien ! attendez donc qu'elle
» ait substitué la règle ancienne à la règle
» plus récente. Si vous dites non, il est
» d'un imbécile de nous proposer comme
» un retour aux règles do l'Eglise, ce que l'E-
» glise n'a pas le droit de régler, p ( voyez
MORIN, THOMASSIN). L'on ne doit pas
ignorer que ces Discours ont été altérés
par des mains étrangères. On en a pour
garant la première édition du 9*^ discours
•ur les libertés de l'église gallicaoïc , qui
•e trouve le 12* dans la nouvelle édition.
On y a ajouté , dans les éditions posté-
rieures des notes, sous prétexte de corri-
ger le texte, et ensuite on y a changé ou
•opprimé tout ce qui ne s'accordait pas
•vec la doctrine de ces écrivainsr témérai-
re», qui ont cru pouvoir mettre leur faulx
dans une moisson qui ne leur appartenait
pas. On a donné une table des matières
>Mx\'Ui$loire ecclésiastique d< Fleury,
et la continuation du PëreFabre, ouvrage
fanatique, et fruit de l'esprit de «cet»
voyez FABRK), en 1 vol. in-/»°, et 4 vol.
in-13. La dernière édition de cette His»
loiro est celle do Nimes, en 25 vol. ln-8*,
1779-1780. Engénéral, lalecturede Fleury
ne fait pas aimer les pontifes , et elle a
fourni des armes à leurs ennemis. Aussi
voit-on des personnes pieuses et éclairées
craindre de recommander son Histoire
aux jeunes gens ou aux femmes qui pren-
draient trop au pied de la lettre des réfle-
xions présentées souvent un peu crûment.
Plusieurs communautés ne lisent pas pu-
bliquement son ouvrage, et des théolo-
giens qui n'ont pas moins de sagesse qu«
de lumière , et qui sont pleins d'ailleurs
d'estime pour Fleury, ont souvent regretté
qu'il eut affaibli rulilité de son travail par
son penchant au blâme, et par un manqua
de réserve qui les affligeait et les éton-
nait de sa part. L'Histoire de Fleury a été
traduite en latin, et continuée par le Pèra
Alexandre de Saint-Jean de la Croix , car-
me déchaussé. Cette continuation est un
répertoire de tout ce qu'on a dit d'hor-
reurs contre la société des jésuites. Les
contes les plus absurdes, ceux même que
les protestans et les philosophes du jour
ont réfutés, y sont reproduits comme des
matières dignes d'une histoire ecclésias-
tique. Cet ouvrage a été vivement attaqué
par M. Mangold , dans une critique pu-
bliée à Augsbourg, 1783-178G, 3 vol. in-8*.
1 Institution au droit ecclésiastique , en
2 vol. in-12 ; ouvrage fort abrégé mais
plein de bonnes choses , quoiqu'il y «b
ait aussi quelques-unes qui ont paru ré-
préhensibles. M. Boucher d'Argis en donna
une nouvelle édition en 1764 , enrichie de
notes. I Catéchisme historique . in-12. Ou-
vrage qui a eu le plus grand cours ; ce-
pendant tout n'y est pas rigoureusement
exact : M. Paquot en a donné une édition
avec des notes et quelques changemens.
Le ton en est sec , sans onction et sans in-
térêt. I Traité du choix et de la méthode
des études , in-12. Ces deux derniers ou-
vrages ont été traduits en espagnol, da
même que les Mœurs des Israélites. \ De^
voirs des maîtres et des domestiques, in-
12, estimé; | La Vie de la mère d'.irbouse.
réformatrice du Val -de- Grâce , in-lj ;
1 V Histoire du droit français , in-12. On
la trouve aussi à la tète de V Institution de
M. d'Ârgou. \ Le Traité du droit publie,
2 vol. in-12, 17G9 : ouvrage poslliumc, et
auquel il ne mit pas la dernière main. On
a recueilli lef Opuscules do Fleury à
FLE
UO
FLE
Mimes en 1780, en 5 vol. in-S", qui contien-
nent tons le» ouvrages de Fleury, à l'ex-
ception de VHistoire ecclésiastique. M.
Emery , supérieur-général de la congré-
gation de Saint-Sulpice, a publié en 1807,
$ous le titre de Nouveaux opuscules , in-
12, quelques pièces inédites de Fleury,
et surtout le manuscrit autographe du
Discours sur les libertés de l'église gal-
licane . (pli avait été imprimé après la
mort de l'auteur, avec des notes violentes
et erronées , attribuées à Débonnaire, qui
provoquèrent un arrêt du conseil, du 9
septembre 1723 , pour supprimer l'écrit ,
et qui firent mettre le discours à l'index,
par décret du 13 février 1729. C'est donc
un service important que M. Emerj' a ren-
du à Fleury, en publiant celte édition, qui
fait connaître la véritable opinion de ce
savant ecclésiastique sur un point d'un si
grand intérêt. Le volume commence par
une préface rédigée avec beaucoup d'exac-
titude et de sagacité , où M. Emery traite
plusieurs questions, discute quelques as-
sertions de Fleury, et porte un jugement
aussi solide que modéré sur cet auteur ,
que les jansénistes affectaient de comp-
ter au nombre des partisans de leur doc-
trine , ou au moins de leur opposition à
la cour de Rome , tandis qu'il est prouvé
par plusieurs affaires , et notamment par
celle de l'évêque de Saint-Pons , que ce
célèbre historien, loin d'approuver les en-
treprises des parlemens contre la cour de
Rome, regrettait au contraire l'espèce de
guerre que l'on faisait au pape, et souhai-
tait que l'on gardât plxis de mesure à son
égard, et surtout qu'on pesât les consé-
quences de ces plaintes, de ces défiances,
de ces protestations et do ces condamna-
tions si fréquentes dans l'histoire de la
magistrature.
FLEURY (André-Hercule de) naquit
à Lodève le 22 juin 16S3 , et fut mené à
Paris, à l'âge de 6 ans. 11 fit ses humanités
au collège des jésuites, et sa philosophie
au collège d'Harcourt. Il brilla dans l'un
et dans l'autre. Destiné à l'état ecclésias-
tique, il fut chanoine de Montpellier et
docteur de Sorbonne. Introduit à la cour,
il fut aumônier de la reine et ensuite du
roi. Une figure agréable, un esprit délicat,
une conversation assaisonnée d'anecdotes,
une plaisanterie fine , lui gagnèrent géné-
ralement les cœurs. On sollicita vivement
pour lui. Louis XIV le nomma en 1698 à
révèché de Fréjus. « Je vous ai fait atien-
» dre longtemps, lui dit ce prince ; mais
» You» avei tant d'amis , que j'ai voulu
» avoir seul ce mérite auprès de vous. »
L'évêque de Fréjus était dans son diocèse
lorsque l'armée des alliés se répandit en
Provence. Il plut aux généraux ennemis;
le duc de Savoie et le prince Eugène lui
accordèrent ce qu'il voulut. La contribu-
tion fut modique. La ville de Fréjus n'é-
prouva aucun désordre , et la campagne
des environs fut épargnée. Louis XIV,
près de moiu"ir , le nomma précepteur de
Louij XV. Successeur des Bossuet et des
Fénélon dans l'emploi important de for-
mer les rois, il s'attacha comme eux à cul-
tiver l'esprit et le cœur du jeune monar-
que, et en fit de tonne heure le bien-aimè
de la France. En 1726, il fut fait cardinal,
et bientôt après son élève le plaça à la tête
du ministère : il avait alors plus de 70 ans.
Le fardeaudu gouvernement ne l'effraya
point, et il montra jusqu'à près de 90 ans
une tête saine, libre et capable d'affaires.
Depuis 1726 jusqu'à 1740 , tout prospéra.
Il commença et termina glorieusement la
guerre contre Charles VI. Il obtint la Lor-
raine pour la France. Cette guerre de 1733
fut finie en 1736 , par une paix qui ne
donna lo calme à l'Europe que pour quel-
ques années. Une nouvelle guerre, en
17i0, vint troubler les derniers momens du
cardinal de Fleury. Il mourut en 17i3, dans
sa 90*^ année à Issy , avec la douleur de
n'avoir vu en cette dernière guerre que des
malheurs, et des malheurs que le public
lui reprochait , peut-être mal à propos ;
car il est certain que cette guerre avait
été entreprise contre son avis. Comptant
sur la paix, il avait négligé la marine ; le
peu qui restait à la France de forces ma-
ritimes fut détruit par les Anglais. L'éco-
nomie qu'il mettait dans sa maison, il vou-
lut, autant qu'il était possible, l'introduire
dans l'administration publique. C'est pour
cette raison qu'il ne fit pas construire des
vaisseaux. Son caractère tranquille lui fit
peu estimer et même craindre les esprits
actifs et profonds ; il les écarta trop des
grandes places. Il se défiait plus des hom-
mes , qu'il ne cherchait à les cormaître.
L'élévation, dit un homme qui l'avait
beaucoup connu, manquait à son carac-
tère. Ce défaut tenait à ses vertus , à la
douceur , à l'égalité, à l'amour de l'ordre
et de la paix. Il laissa tranquillement la
France réparer ses pertes et s'enrichir par
un commerce immense, sans faire aucune
innovation. S'il s'opposa vivement aux
jansénistes, c'est qu'il était persuadé qu'eu
matière de religion toute nouveauté était
à redoulgr : et que de toutes les sectes qui
FLE
Ul
PLI
» onl déchiré rEgUse, celle-ci était pcuUètre
I la plus dangereuse. • Un ininittre. dit l'é-
• loquent auteur de non Oraison funèbre,
» Ruitlt' par CC8 grande» vues de politique
• !ia(îr et vertueuse, n'aurail-il pas déinenli
» tous ses principes s'il avait ntSgligc les
• intérêts de la reli^fion. affligée purnii
• non» par tant de divisions fatales ? Jours
. .; plion et d'indocilité, où. par
I lit de souplesse et de dissi-
^ t ; iiufoiule. l'erreur vaste et liar-
» die dans ses projets, timide et mesurée
» dans ses démarches, condamne l'Eglise,
» et ne la quitte pas ; reconnaît l'aulorilé,
» et ne plie pas ; dédaigne le joug de la
» subordination, et ne le secoue pas ; res-
> pecte les pasteurs , et ne les suit pas ;
» dénoue imperceptiblement les liens de
• Tunité, etnc les rompt pas ; sans paix et
» sans guerre, sans révolte et sans obéis-
» sance. » Le cardinal de Fleury n'était
pas porté à faire de la peine; il n'aimait
ni à troubler la tranquillité des autres ni
qu'on troublât la sienne. Il fut heureux
autant qu'un ministre peut l'être. Il con-
serva dans l'âge le plus avancé, et dans les
embarras des affaires , la sérénité et la
galté de ses premières années. II faut
bien se garder de le juger d'après ce que
Voltaire et les philosophes en ont dit. Le
blâme et les éloges de tels personnages
doivent toujours se prendre en raison in-
verse.
• FLFXRY-TER.VVL (Charles), jé-
suite, né à Tarn en Daupbiné l'aji iG72,
mort vers 1750, est auteur des ouvrages
suivans : | la Vie de St. Bernard, arche-
vêque de Vienne. Paris, 1722, in-12 ; | His-
toire du cardinal de Bourbon , ministre
de France sous quatre de nos rois, Paris,
4728, in-8°.
• FLEURY (Jeax-Baptiste), savant
ecclésiastique , né en 161)8 à Besançon ,
liiorl chanoine de celte même ville en
(754, est auteur des ouvrages suivans :
I deux Distertaiions sur des usages sin-
guliers de l'église de Besançon , impri-
mées dans le Mercure. 1741, 17*42 ; | Àlma-
nachs historiques de Besançon et de la
Franche-Comté, depuis 17U6 jusqu'à 1753,
8 vol. in-8°.
• FLEURY (Fra!«çois-Micbel), autre
t"' ■■ , ic.néà Lençon, versle milieu
luort en 1781 , ne doit la place
1 . dans les biographies qua
J ol><»ùiiiiiiuii biz-arre qu'il mit à se faire
•ervirla messe par la nièce de son vicaire.
Lrvêquc du Mans 1 ayant interdit pour ce
fait, il publia dans le journal ecclésiasti-
que du mois d'avril 1774, la question tui>
vante : Si une femme, au défaut d'hon^
mes. peut répondre lameas". Tnns mois
après il inséra lui-même luie réponse af-
lirmative dans le même journal. Comme
une critique manuscrite de celle solution
courait dans le pays , l'abbé Fleury pu-
blia luie brochure intitulée Réponse de la
messe par 1rs femmrs, en réponse à un*
lettre anoni/me . i77S , in-8".
* FLEUHY (Marie -M AXiMiLiEN- Hec-
tor de ROSS ET de) , de la même famille
que le cardinal, né en 1770, fut arrêté
en 1795 comme suspect, et renfermé dans
la prison du LuxemlHJurg, où il conserva
sa gaité naturelle , et passait la journée à
jouer à la balle ou aux barres ; mais ayant
vu périr ou proscrire sa famille, le cTés-
espoir s'empara de lui , et il écrivit à
Dumas , président du tribunal révolution-
naire, une lettre conçue en ces termes ;
« Homme de sang! égorgeur! cannibale!
» monstre ! scélérat ! tu as fait périr nia
» famille ; tu vas envoyer à l'échafaud
p ceux qui paraissent aujourd'hui devant
» ton tribunal ; tu peux me faire subir le
» même sort , car je te déclare que je par-
B lage leurs sentimens. » Voilà le billet
doux qu'on m'écrit, dit Dumas à Fou-
quier-Tain ville, dis-moi ce qu'il faut y ré-
pondre, a Ce Monsieur paraît pressé , ré-
» pond Fouquier, il faut le satisfaire. »
Aussitôt deux gendarmes vont prendre le
jeune comte , le placent sur le banc des
accusés , et il est condamné à mort avec
cinquante autres personnes qu'il n'avait
jamais vues, le 18 juin 1794, comme com-
plice de rassassinat de Collot-d' Herbois.
Il fut conduit à l'échafaud le mémo jour,
habillé ainsi que ses compagnons d'une
chemise rouge.
FLIACR (GoDEFROi), peintre, né à
Clèves en 1616 , eut dès sa plus tendre
jeunesse une forte inclination pour le des-
sin. Ses parens l'ayant mis chez un peir»-
tre , il fit dans cet art des progrès rapides.
Lorsqu'il se vit en état de travailler seul,
il alla à Amsterdam. Le goût général était
alors pour la manière de Rcmbrant ;
Flinck se mit pendant un an sous la direc-
tion de ce fameux peintre. On assure qu'ij
ne lui fallut pas plus de temps pour imi-
ter parfaitement son maître. 11 abandonna
ensuite sa manière, pour prendre celle
des Italiens, qu'il saisit parfaitement. Les
ouvrages qu'il fit depuis lui acquirent une
si grande estime , que les bourguemestres
d'Amsterdam le choisirent preférablement
à tout autre pour faire 8 grands tableaux
FLI
142
FLO
historiques, et k de moindre grandeur.
Il mourut au milieu de ce travsil , le 3
décembre 1660 , âgé seulement de 44
ans.
• FLTNDERS (Matthieu), navigateur
anglais, né à Donington dans le Lincoln-
sbire, fit successivement plusieurs voya-
ges pour la reconnaissance des côtes de
la Nouvelle-Hollande ou Notasie , et il en
écrivit la relation en anglais sous ce titre :
yoyage aux terres australes , entrepris
pour compléter la découverte de ce grand
pays et exécuté pendant les années 1801 ,
i802 H 1803, Londres , 18i4 , 2 vol. in-i",
avec un atlas. Flinders mourut le 19 juillet
de la même année , peu de jours après
avoir corrigé la dernière feuille de son
outrage et avant sa publication. Ce voyage
ne renferme presque que des détails nau-
tiques, et place ce navigateur au nombre
des meilleurs marins de son temps et des
hydrographes les plus distingués.
• FLINS DES OLIVIERS ( Claude-
Marie-Louis-Emmarukl CARBON de ), lit-
térateur français, né à Reims en 1737,
était conseiller en li cour des monnaies au
commencement de la révolution, qui le
priva de sa charge. Il se livra alors à la lit-
térature, et il prostitua sa plume à propager
les opinions irréligieuses et anaicbiques.
Malgré ses efforts , il resta long-temps ou-
blié , et il n'obtint qu'en 1802 , par la pro-
tection de M. de Fontanes, la place de
commiesaire impérial près le tribunal de
Vervins , qu'il occupa jusqu'à sa mort ,
arrivée en 1806. On a de lui : | Voltaire,
poème lu à la fête académique de la loge
des Neuf- Sœurs, Paris, 1779, in-8";
1 Fragmens d'un poème sur V affranchis-
tement des serfs , 1781 , in-S" ; | Poèmes
et discours en vers, lus et mentionnés aux
séances publiques de l'académie française,
1782, in-8° ; ] Le réveil d'Epiménide à Pa-
ris, oxx Les étrennes de la liberté , comé-
die en 1 acte et en vers , 1790 , in-8° ; | Le
mari directeur, ou Le déménagement du
couvent, coméàÏQ en 1 acte et en vers, 1792 ;
I La jeune hôtesse , comédie en trois ac-
tes et en vers , imitée de la Locondiera
de Goldoni, 1792, in-8"; | La papesse
Jeanne , vaudeville en 1 acte représenté
de 1790 à 1793 , etc. ; | les Voyages de
l'opinion , Paris , 1789 : c'est une espèce
de journal dont il n'a paru que cinq nu-
méros. Flins a été l'éditeur des œuvres
du chevalier Bertin , 1785, î vol. in-8°, et
a travaillé au journal le Modérateur, avec
son ami Fontanes.
• FLIPART (Jean-Jacques), graveur,
né à Paris en 1723 , fut élève de Laurent
Cars , et devint membre de l'académie
roycile de peinture. Cet artiste, qui avait
une très grande connaissance du dessin ,
a beaucoup gravé. Ses principales cstam*
pes sont une sainte famille , d'après Ju-
les Romain ; le paralytique servi par ses
enfans; l'accordée de village; le gâteau
des rois, tous trois d'après Greuzp; une
tempête d'après Verne t ; deux sacrifices^
d'après Vien ; Jdam et Eve ; Notre-Sei-
gneur à la piscine d'après Dietrich , etc.
II est mon le 9 juillet 1782.
FLODOARTouFRODOARD, historien,
né & Epernay en 894, mort dans un mo-
nastère en 9G6, disciple de Rémi d'Auxerrc,
chanoine de Reims, et ensuite curé do
Cormicy et de Coroy, a laissé une Chro~
nique des derniers rois Carlovingiens, et
une Histoire de l'église de Reims. Sa
Chronique, généralement estimée dessa-
vans , commence à l'année 912 , et finit en
9(')6. Pithou et Duchesne l'ont publiée , elle
ne contient exactement que ce qu'il a pu
voir et discuter par lui-même dans l'es-
pace de sa vie , où il jouissait de toute la
force de sa raison. Aussi y trouve-t-on un
choix si judicieux des événemens intéres-
sans et mémorables, soit de France, soit
des pays voisins , qu'on ne peut guère
puiser à une meilleure source. Son his-
toire comprend toute la suite historique
de l'église de Reims , depuis sa fondation
jusqu'en 949. La meilleure édition de cet
ouvrage curieux et intéressant pour les
Rémois, est celle de Georges Covener, in-
8", Douai, 1617. Nicolas Cliesneau en a
donné une traduction française en 1580 ,
in-4°; mais elle était fautive et incom-
plète. M. Guizot en a donné une nouvelle
dans sa Collection des mémoires relatifs à
l'histoire de France tome 5 et 6. On a
encore de lui | les Vies des saints de la Pa-
lestine , d'Antioche et d'Italie , en vers ;
I V Histoire des patriarches, des apôtres et
des souverains pontifes jusqu'à Léon VII.
On conserve cet ouvrage en manuscrit
chez les Pères carmes déchaussés à Lille ,
avec des dissertations et des notes du
Père Honoré de Sainte-Marie. Le style
de Flodoard se ressent du siècle où il a
écrit.
* FLOGEL (CHARLES-FnÉDÉBic), écri-
vain allemand, né à Jauer en Silésie, en
1729 et mort en 1788 , fut professeur de
philosophie à l'académie des jeunes nobles
de Leignitz ; il s'attacha particulièrement
à l'histoire de la littérature , et est a^i-
teur : I dune Introduction à l'art dit*-
F1.0
Ctnter. Brcsliu , 1760 . in 8*
Vesprtt humain, 17t»5. in-8". Kilo a élé
traduite eti ilalii*ii «-t putiUrc à P»vle en
17M ; I Histoiiv d^ l» Utté rature comique.
1784, 4 vol. iii-8". Lo« troii prcmicrn vo-
lumes Iraitout du comique en général et
de U satire rlu-r. tous K-s pruplo» anriens
et moderne» ; le 4"' est destiné à la comé-
die : I Histoire du comique grotesque .
1788 , in-8" , qui fut suivie de VHiitoire
des fous en titre d'office . et de V Histoire
du burlesque. Ces trois ou vraijes ne furent
publiés qu'après sa mort. Toutes ces pro-
ductions . écrites en allemand , jouissent
d'une réputation méritée.
FLO\CEL (Albert- FaASJçois) , né à
Lnnemboury en 1697 , avocat au parle-
ment . censeur royal . de plusieurs acadé-
mies d'Italie , s'est fait un nom par son
amour pour la latifjtie italienne. Nommé
•ecrétaire d'état de la principauté de Mo-
naco en 1731 , il joignit à cette charge
celle d* secrétaire des affaires étrangères
en 1739. sous MM. Amelot et d'Argenson.
Il fut enlevé aux lettres en 1773. Sa biblio-
Ihcque . composée de 8,000 articles de li-
vres italiens , a été vendue après sa mort.
Elle a donné lieu d'en faire un catalo(;ue
curicuï , 1774, 2 vol. in-8°. — M"»' FLON-
CEL ( jE.\>\E-FRA:«r.oiSE de LAVAU),
morte en 1794 , à 49 ans , avait traduit les
J premiers actes de l'avocat vénitien de
Goldoni. 1760, i«-12.
• FI.OOD ( HE:«Rf ) . membre du parle-
ment d'Angleterre, né en 1732, était fils
du chef de justice du tribunal du banc 4u
roi en Irlande, et fit ses études d'une ma-
nière peu brillante au collège de la Tri-
nité de Dublin , puis à l'université d'Ox-
ford. Comme il se figurait que les riches-
•es lui pouvaient tenir lieu de science ,
•on gouverneur , le docteur Markham ,
ponr le détromper, lui fit faire la connais-
lance de jeunes gens fort instruits. Flood
rougit alors de son ignorance, et travailla
à réparer le temps perdu. Elu, en 1759,
nerabrede la diambre des communes en
friande, il se distingua par une éloquence
brillante, et par le zèle et la persévérance
^'11 mit à soutenir toutes les mesures
qu'il regardait comme utiles à son pays,
et qu'il parvint presque toujours à faire
adopter. Son adhésion et son opposition
iMarnatives aux mesures ministérielles
lui attirèrent fréqueininent le reproche
de versatilité. En 1783, il fut élu membre
du parlement anglais pour la ville de
Winchester, et U représenta le bourg de
S«ofr»rd dans laseMïon suivante. Le der-
U!5 FLO
Histoire de nier discourn qu'il prononça dan^ le pftf-
leuient anglais cii 171)0 avait pour objet
une réforme dans la représentation par-
lementaire, et le plan qu'il proposa obtint
l'approbation de Fox et des hommes le»
plus éclairés. Son influence était pour-
tant affaiblie dans les dernières années
de sa vie. Il mourut le 3 décembre 1791,
d'une pleurésie qu'il contracta en travail'
lant à éteindre un incendie qui «'était
manifesté dans un de ses bureaux. Son
éloquence était remarquable par la force
du raisonnement et par la pureté et la ri-
chesse de son style, plein d'images et d'al-
lusions classiques. Il excellait surtout dans
la réplique, et malheur à l'adversaire
qui provoquait ses sarcasmes. On a im-
primé plusieurs de ses discours prononcés
dans le parlement, parmi lesquels on dia-
tingue celui sur le traité de commerce
avec la France. 1787, in-8°. Dans ses mo-
mcns de loisir il s'occupait aussi de poé-
sie. On a de lui des vers sur la mort de
Frédéric, prince de Galles . publiés dana
la collection d'Oxford en 1751 ; une od»
sur la Renommée. 1785, in-S"; la traduc-
tion de la première ode pythique de Pin-
dare. 1785.
* FLOU (RoGEn), né à Tarragone , le
14 juillet 1262 , prit l'habit des templiers,
et fit sa profession à Barcelone, dans la
maison de cet ordre. Ayant passé en Pa-
lestine, à l'époque des dernières croisade*
avec plusieurs chevaliers catalans, il s'é-
tablit à Sainl-Jean-d'Acre ; mais les infi-
dèles ayant assiégé cette place , elle fut
prise d'assaut en 1291. Roger, ramaissant
alors tous les chevaliers et les chrétiens
dispersés , en forma une petite armée
navale, avec laquelle il porta des secours
et des vivres aux armées chrétiennes, in-
festa les côtes et battit souvent les flottes
de l'ennemi. Il se rendit ensuite en Sicile,
au secours de Frédéric d'Aragon, qui dis-
putait la couronne de cette ile aux rois
de Naples de la maison d'Anjou, et il con-
tribua beaucoup, par son intelligence et
sa valeur , à le faii'e triompher. De là il
alla offrir ses services à l'empereur Arv-
dronic , attaqué par les Turcs. Roger , i
la tète de deux mille Catalans qui l'avaient
suivi, et aidé des troupes de l'empereur,
remporta sur les Turcs une victoire si-
gnalée , qui rappela la tranqtiillité dans
l'empire. Andronic, pour récompenser ro
service, lui accorda sa nièce en mariage
( il n'avait fait que des vœux simples )
avec le titre de César. II combla égale
ment d'honneurs et de ridiesses les prin-
FLO
eipaux officiers de Roger , et notamment
le comle d'Entenca, qu'il éleva à la di-
gnité de Magneduc (généralissime des
armées de terre et de mer ). Mais ayant
ensuite soupçonné que Roger tramait
avec; ses Catalans un complot pour s'em-
parer de son trône, il le fit assassiner une
nuit (le 23 avril 1306 ), pendant que ce-
lui-ci passait à l'appartement de sa
femme. Lo comte d'Entenca, arrêté en
même temps , fut condamné à mort. Les
Catalans , indignés, se renfermèrent dans
Gallipoli, d'où , par de fréquentes sorties,
ils vengèrent cruellement la mort de leur
général, et c'est à cette époque qu'on doit
rapporter les dégâts qu'ils firent dans
l'empire , et non au temps de la guerre
contre les Turcs, comme le prétendent
quelques historiens.
FLORE, ou FLORIS, ou FRANCFLORE
( François), naquit à Anvers en 1520. Ce
peintre, le Raphaël de la Flandre, était
lils d'un tailleur de pierres, et apprit la
sculpture sous son oncle Claude Flore jus-
qu'à l'âge de 20 ans, que la réputation de
Lambert Lombard, habile peintre, l'attira
à Liège, où il devint un des principaux
élèves de ce maître. De là il alla à Rome,
où il étudia l'antique et les ouvrages de
Michel- Auge. De retour dans sa patrie, il
la décora de ses tableaux. Il divisait la
journée en deux parties égales, l'une con-
sacrée à peindre, et l'autre à boire. Il ai-
mait moins le jeu que le vin , et le vin
moins que le travail. Il disait ordinaire-
ment : « Le travail est ma vie et le jeu
» est ma mort. » Il mourut en 1570 , à 50
ans.
FLOREIVT V, comte de Hollande, fils
de Guillaume , roi des Romains , perdit
son père dès son jeune âge. Livré à di-
vers tuteurs , il y eut beaucoup de divi-
sions dans son état. Dès qu'il put gou-
verner par lui-même, il fit la guerre aux
Frisons rebelles. Ayant enlevé à un gen-
tilhomme, nommé Gérard de Velsen, son
épouse, il fui tué et percé de 32 coups
d'épée par ce mari irrité. Le meurtrier
ayant été pris, fut conduit à Leyde, où
on le mil dans un tonneau plein de
clous. On le roula ainsi dans toute la ville,
et il finit sa vie par ce cruel supplice. Flo-
rent mourut en 1296 , après avoir régné
&0 ans. Il laissa sept fils et quatre filles
de Béatrix, fille de Gui de Dampierre,
comte de Flandre , qu'il avait épousée
après la mort de Hugues de C])âtillon.
FLORENT (Frauçois ) , d'Arnai le duc,
professeur en droit à Paris et à Orléans ,
U4 FLO
mort dans cette dernière ville en 1650, a
laissé des ouvrages de droit , que Doujat
publia in-i", en 2 parties, 1671). La vie de
ce jurisconsulte , également recomman-
dable par sa probité et ses lumières, est
à la tête de ses œuvres.
FLORENT-CHRÉTIEN. Voyez CHRÉ-
TIEN.
FLORENTIN ( saint ), martyr de Cha-
roUais , qu'on croit avoir souffert la mort
pour la foi vers 406.
FLORENTIN (saint ), premier abbé du
monastère que fonda à Arles en 548, saint
Aurélien, évéque de cette ville, secondé
par les libéralités du roi Childebert. Il
mourut le 12 avril 553 , à l'âge de 70 ans ,
après avoir gouverné ses religieux avec
autant de douceur que d'édification pen-
dant cinq ans et demi. Ses reliques ren-
fermées dans une châsse d'argent sont au-
jourd'hui dans l'église paroissiale de
Sainte-Croix de la même ville. On lit sur
le tombeau de marbre où elles étaient
autrefois, l'épitaphe du saint en vers
acrostiches. C'est le premier exemple que
fournisse l'antiquité ecclésiastique de ce
genre de poésie, dont le mérite consiste
en une combinaison, qui ne peut que
donner des entraves au génie, souvent
aux dépens de la vérité et de la raison.
* FLORÈS ( André ), poète espagnol,
né à Ségovie en li84, mort en 1560, se
livra particulièrement au genre lyrique ,
et laissa quelques ouvrages fort estimés
de ses contemporains. On trouve quel-
ques Pièces de ce poète dans les divers
recueils de poésies castillanes.
'FLORES ( Louis ), dominicain et mis-
sionnaire, né en 1570 à Gand , brûlé vil
au Japon en 1622, a laissé une Relation
de l'élat du Christiajiisme dans le Japon^
jusqu'au 24 mai 1622.
* FLOREZ (Henri), savant espagnol
né à Valladolid le 14 février 1701. Il prit
l'habit religieux dans l'ordre de Sainte
Augustin en 1715, et se fit bientôt distin-
guer par sa piété et ses talens. Après avoir
professé pendant quelques année* la théo-
logie, il se livra exclusivement à l'étude de
l'histoire sacrée et profane, et mourut à
Madrid le 2 août selon les uns, et le 5 mai
suivant les autres, de l'année 1773, après
avoir publié les ouvrages suivans : | un
Cours de théologie, en 5 vol. in-i° ; [ Clave
istorical.il ko, in-4° , ouvrage dans le
genre de l'art de vérifier les dates, et re-
marquable par l'exactitude, l'ordre et la
précision qui y régnent. Ce livre fut réim-
primé pour la 8* fois en 1794. 1 La B*-
FLO
liK
FLO
pana tagrada. o Thratro grngvaphico-
histon'co de la iglesia de Esi>ana, Madrid,
17*7-79, S9 vol. iu-i". Elle a été continuée
par le Père Risco qui publia le 30' vol.,
et le Père Fernandés qui donn.i le» louios
51 i 34. Ottc hisl«.ire de l'éulise d'Espa-
gne •€ fait remarquer par le choix et la
Certitude des faits, t-t par la marche sûre
et rapide du discours. | Espatta carpe-
tana;\ Medellas de lascolonias, mimici-
pios y puehlos antiguos de Espana. Ma-
drid, 1757-1773, 3 vol. grand in-4°, recueil
qui eut un grand succès , et fit recevoir
fauteur associé correspondant de l'aca-
démie royale des inscriptions et belles-
lettres de Madrid; | Dissertacion de la
Cantabria. Madrid, 1768, in-4° ; | Mémo-
rias de las reynas catoUcas , 1770 , 2 vol.
Xn-k" ; I un Traité sur la botanique et les
sciences naturelles, etc.
• FLORI.A.N ( Jean-Pierre CLARIS dcj,
membre de l'académie française et de
plusieurs autres sociétés littéraires, ne le
6 mars 1755 , au château de Florian dans
les Basses-Cévennes , d'une famille con-
nue dans les armes , fut d'abord destiné à
suivre la même carrière. Sa mère était
castillane d'origine, et il eut ainsi occasion
de s'eccuper de bonne heure de la langue
espagnole. Il étudia dans une pension de
Saint-Hippolyte ( Gard) , et fut présenté à
Voltaire dans sa demeure de Ferney par
un oncle qui avait épou«é la nièce de ce
philosophe. Florian entra, en 1768, chez le
duc de Penthièvre en qualité de page, et
lui plut par son esprit et sa douce sensi-
bilité. Après quelques études à l'école d'ar-
tillerie de Bapaume , il reçut de son pro-
tecteur une lieulenance , et peu de temps
après une compagnie dans le régiment
des dragons de Penthièvre. Florian ne
tarda pas à quitter le service militaire , et
accepta la place de gentilhomme ordi-
naire du duc de Penthièvre qui le chargea
de la douce mission de distribuer ses
bienfaits. Cependant il ne négligeait pas
la littérature , et ses premiers essais
(vaient obtenu des encouragemens. Son
'loge de Louis XII . qu'il adressa à l'a-
i lémie ne fu* pas généralement goûté,
fut plus heureux dans une épitre à Vol-
lire, infitTilée : Voltaire ou le serf du
Irmt^urn. qui fut couronnée en 1782 à
icadéinie française, ainsi que dans son
,;logued« iîu/AdédiéeauducdePenlhiè-
le, qui le fut également l'année suivante.
i.n 1783, parut Galatée. roman pastoral
que Cervantes n'avait point achevé, et que
Florian gut embellir. Celui-ci a réduit à
5,
troin livres le« six dont se composait l'ori*
ginal et leur en a ajouté un quatrième.
Trois ans plus tard parut Numa Pompi-
lius. où l'auteur parait avoir voulu imiter
Tclémaque . au-dessous duquel son ou-
vrage, comme on le pense bien, est resté.
Le roman d'Estelle qu'il donna en 1788,
ne fut pas reçu aussi favorablement que
Galatée ; peut-être parce qu'à cette époque
de graves intérêts préoccupaient déjà l'at-
tention publique. A l'imitation de Cer-
vantes , Florian écrivit des Nouvelles, au
nombre de six , qui furent suivies de
Nouvelles nouvelles; c'est une suite de
récils dans le genre des contes de Mar-
montelqui en fit Vélogc ; on leur reproche
seulement un peu de monotonie. Flo-
rian écrivit aussi des pièces de théâtre
qui furent applaudies ; et le succès de ses
productions lui permit de payer des dettes
de son aïeul. En 1788, l'académie française
lui ouvrit ses portes, et déjà il faisait
partie de diverses autres académies du
royaume , ainsi que de celles de Florence
et de Madrid. Il donna , en 1791 , en 3 vol.
in-16 , Gonzalve de Cordoue , ouvrage
chevaleresque , qu'on ne lit presque plus,
mais qui eut pour introduction un Précis
historique sur les Maures , un des meil-
leurs morceaux dans son genre. Le titre
liltéraire le plus important de Florian se
trouve dans ses Fables, qu'on relira tou-
jours avec plaisir, et qui lui assurent le
second rang parmi les fabulistes. On aime
à citer l' Hermine, les Singes et le Léopard,
le Milan et le Pigeon , le Voyage , qui
forme un petit tableau achevé , et une
foule d'autres écrites avec autant de goût
que de sensibilité. Son théâtre se com-
pose de petites pièces telles que le Bon
ménage , le Bon Père , les deux Billets,
la Bonne Mère . etc. La Harpe dit que « la
» délicatesse et la finesse , qui n'excluen»
» pas le naturel, distinguent et feront tou-
» jours aimer les petites comédies de Flo-
» rian, et que tout l'esprit qu'on y re-
» marque n'est qu'un composé fort heu-
B reux de bon cœur, de bon sens et de
« bonne humeur. » Florian perdit le duc
de Penthièvre en 1792 et ce malheur l'af-
fligea profondément. Les premières an-
nées de la révolution , dont il voyait avec
douleur les excès , s'étaient déjà écoulées
lorsqu'il se rendit à Sceaux où les habitans
qui le chérissaient le nouimèrenl com-
mandant de la garde nationale. II se vit
bientôt emprisonné comme noble , et s'oc-
rupa pendant sa captivité de composer
son poème de Guillaume Tell , dont le
i3
FLO
snjcl ne convenait pas à son genre de ta-
lent. On le rendit à la liberté après le 9
thermidor; mais frappé de langueur, il
mourut à Sceaux le 13 septenjbre 1794,
dans sa quarantième année. Il venait
de terminer le petit poème d'Eliezor et
JVephthali , qui a é(é imprimé neuf ans
plus tard. Fiorian a encore laissé une tra-
duction de Don Quichotte qui n'a pas
paru non plus du vivant de l'auteur. On
lui a fait un reproche d'avoir quelquefois
donné plus d'agrément et de noblesse à
l'original aux dépens de la lîdélilé. Plu-
sieurs de ses ouvrages ont été traduits en
des langues étrangères. Parmi les éditions
des OEuvres complètes de Fiorian , celle
qui a été donnée par Didot , 1812 , 16 vol.
in-18 , est une des plus estimées.
• FLORID\-BLAi\CA (François-An-
toine MONINO, comte de ), premier mi-
nistre de Charles III, roi d'Espagne, na-
quit en 1730 , dans la province de Murcie,
où son père exerçait l'état de notaire.
Après avoir fait d'excellentes études à Sa-
lamanque , il embrassa la carrière du bar-
reau Son habileté lui mérita bientôt les
places les plus distinguées de la magis-
trature , et enfin celle de ministre d'Es-
pagne à la cour de Rome. Diplomate aussi
distingué que bon jurisconsulte, il fit
preuve dans cette place de talens supé-
rieurs auxquels il dut son élévation. De-
venu premier ministre après la disgrâce
du marquis d'Esquilache, il établit dans la
capitale une police exacte , fit respeCier'
le pavillon espagnol sur toutes les mers ,
maintint la paix avec la France , vint à
bout de terminer les dissensions politiques
de l'Espagne et du Portugal par un dou-
ble mariage , et rendit en quelque sorte à
son gouvernement son antique splendeur.
Ce fut alors qu'il reçut de son souverain le
litre de Florida-Blanca. Ami des scien-
ces et des arts , il institua des écoles gra-
tuites de toutes les sciences, en même
temps qu'il embellit Madrid par les plus
belles promenades et par des édifices pu-
blics. Il fut moins heureux dans les guer-
res qu'il fit entreprendre à son souverain.
Gellè d'Alger en 1777 et celle de Gibraltar
eiï 1782 coûtèrent à l'Espagne près de
80,000 hommes. Renonçant enfin au pro-
jet de punir les déprédations des corsaires
algériens, et dé chasser les Anglais de la
Péninsule ;, U tourna toutes ses vues vers
le commerce et l'industrie , et parvint
ainsi à réparer les maux causés par la
guerre. Son oppbâition aux principes de
la révoluUoii française lui ût perdre sa
ihÇ,
FLO
place après la mort do Charles III; an
commencement de 1792, il fut remplacé
par le comte d'Aranda. Un chirurgien
français nommé Perret avait tenté de l'as-
sassiner auparavant , et lui fit plusieurs
blessures qui ne se trouvèrent pas mor-
telles. Florida-Blanca fut d'abord simple-
ment relégué dans la province do Mur-
cie ; mais ses ennemis qui étaient non>-
breux, surtout parmi la noblesse qu'il
avait dépouillée d'une grande partie de
ses privilèges pendant son élévation, par-
vinrent à le faire enfermer dans le châ-
teau de Pampelune , d'où il sortit après
plusieurs mois de détention ^ et se retira
dans ses terres situées près de la ville de
Loria. Lors de l'invasion des Français en
Espagne en 1808 , il fut appelé par le vœu
de la nation à présider les Cortès ; mais
il ne jouit pas long-temps de cet honneur :
il mourut la même année, le 20 novem-
bre, à Séville, âgé de 78 ans. Ses mœurs
furent toujours pures, son caractère égal ,
son cœur humain. Il était affable envers
les malheureux , infatigable dans le tra-
vail, mais trop jaloux de son autorité , et
les grands qu'il chercha souvent à humi-
lier peuvent lui reprocher quelques in-
justices. Il faut aussi avouer qu'il s'atta-
cha trop à enrichir et à élever ses i;>arens.
Un seul refusa tous ses dons , et ce fut
son père qui , devenu veuf, s'était consa-
cré à l'état ecclésiastique. Son fils essaya
inutilement de lui faire accepter un évê-
ché et de riches prébendes; il se contenta
de vivre des revenus d'un modique béné-
fice. Florida a composé plusieurs traités
sur la jurisprudence.
FLORIDUS (François), dé Donadeo
dans la terre de Sabine , mort en 1547 ,
est auteur d'un ouvrage intitiilé Lectionei
subcisivœ^ Francfort, 1602, in-8**, qiii lui
fit un nom.
FLORIEIV , MarcuS'Jntoiiîus - Floria-
nus^ frère utérin de l'empereur Tacite, se
fit après sa mort en 276 , proclairièr par l'ar-
mée de Cilicie , mais celle d'Orient ayant
forcé Probus d'accepter l'erhpire, il se pré-
para à marcher contre lui. Probus vint à
sa rencontre , et réfusa dé composer avec
Florien , qui fut tué par ses soldats , deux
mois après qu'il eut pris la pourpre. Ce
prince avait de l'amBitioÈr, mais poihtde
valeur.
FLORIMÔNbdeRÉiiOND, hé à Agén,
fut conseiller au parlement de Bordeaux
en 1570 et mourut en 1602. H se diitingua
moins comme magistrat, ^ue comme au-
teur. U avait eu d'abord i'à pèncbéoit
FLO
147
FLO
pour les erreurs de Calvin ; mais il les ré-
futa ensuite avec sèlc. Ix's novateurs, qui
De l'aimaient iK)int , disaient que c'était
• un homme qui rend des arn^ls sans con-
f science . (ait des livres sans scienre, et
• l>àtit sans ar^jent : > turlupinade qui ne
prouve autre chose que la faiblesse et le
iitauvais (T<>Ht de ceux qui se battaient
•vec de t. s On a de lui : | plu-
»ieurs(r<. lesquels on distingue
celui d€ l ■■■■■■-■( ■ ouvrage d'un but
plus étendu que le titre ne semble l'annon-
rer, et qui traite de divers objels qui com-
battent la sainteté du christianisme. Il y
a des faits curieux et instructifs. | De l'o-
rigine des hérésies , S vol. in-i" : livre
qui manque quelquefois de critique, mais
' « qui, dit l'abbé Langlct, n'est pas à mé-
I • priser , et où il y a bien des recher-
\ a dies. > Le même Langlet , l'attribue au
p. Richeome.
FLORIN, prêtre de l'église romaine au
1* aiècle, fut dépose du sacerdoce pour
•voir enseigné des erreurs, entre autres
que Dieu est l'auteur du mal. Quelques
écrivains l'accusent encore d'avoir sou-
tenu que les choses défendues par la loi de
Dieu ne sont point mauvaises en cUes-
méme ; mais seulement à cause de la dé-
fense : ce qui ne peut être vrai qu'à l'é-
gard de quelques défenses particulières et
ëes lois purement positives. Il avait été
disciple de saint Polycarpe avec saint Iré-
née , maL« il ne fut pas fidèle à garder la
doctrine de son maître. Saint Irénée lui
écrivit pour le faire revenir de ses er-
reurs ; Eusèbe nous a conservé un frag-
ment de cette lettre dans son Hist. eccl. ^
liv. 5,cluip. 20. Saint Irénée composa
enfin contre lui ses livres : De la monar-
chie et de l'oydoade, que nous n'avons
plus.
* FLORIO ( Daxiel , comte de ) , poète
italien, né à Udineen 1710 , d'une famille
ancienne et distinguée , s'appliqua à l'é-
lude des lettres avec tant do succès, que
•oo nom fut bientôt répandu dans toute
l'Italie. Ses parens l'avaient envoyé à 18
ans à l'université de Padouc. Sesprenjiers
essais dans la poésie lyrique lui valurent
plus d'une fois les éloges du célèbre Mé-
tastase : ce sont des cantates. Mais il réus-
sissait particulièrement dans la composi-
tions de ses petites pièces de circonstance.
Il avait recueilli lui-même ses différentes
>duclions sous ce titre : I\>esie varie ,
iine. t777. 8 vol. in-/t°, ornés de vignct-
I' - "Il V ir.xucdes images agréables et
- jui •-. > délicates, exprimées avec
autant de naturel que de facilité. Il avait
commencé un poème intitulé la Jérusa-
lem détruite , qui ne parait pas avoir clé
achevé. Le comte de Florin est mort en
1789.
FLORIOT (Pierre) , prêtre du diocèse
de Lanfjres , confesseur des religieuses de
Port-Royal, mort en 1691 , à 87 ans, s'est
fait un nom par la Morale du Pater . gros
in-4°, 1709, dans lequel il paraphrase cette
belle prière d'une manière qui lui a causé
du désagrément. On a encore de lui de«
Homélies, in-i" , et un Traité de la messe
de paroisse, in-S", qu'on peut regarder
comme un bon ouvrage de morale , et un
médiocre traité de liturgie.
•FLORIS, prêtre connu seulement par
son ouvrage intitulé : Les droits de la
vraie religion . soutenus contre les maxi-
mes, de la nouvelle philosophie , 1774, 2
vol. in-12 , qui lui mérite une place dis-
tinguée parmi les défenseurs de la religion-
FLORIS (François). F'oyez FLORE,
peintre.
FLORUS (L. Ai«N/Eiis-JcLii,'s ) , histo»
rien latin, de la famille des Annéens, qui
avait produit Sénèque et Lucain , com-
posa , environ 200 ans après Auguste , un
abrégé de l'Histoire romaine, en 4 livres,
dont il y a plusieurs éditions. Les meil-
leures sont celles d'EIxévir, 1638, in-i2;
de Graevius, Amsterdam, 1702, in-8° :
c'est dommage que dans cette édition les
médailles y soient gi-avécs à contre-sens ,
ce qui gâte souvent l'explication qu'on
en a mise au bas; de M™' Dacier, ad
usum delphini, 1674 ou 1726, in-4'' ; de
Duker, 1744. in-8". Il y a plusieurs tra-
ductions françaises de Florus , la meil-
leure est celle de l'abbé Paul, Paris, 1774,
in-12. On trouve dans cet ouvrage de l'é-
légance et de la noblesse ; mais elles dé-
génèrent en enflure. Dans un abrégé qui
doit être extrêmement simple, Florus
prend le ton de déclamateur, « comme
» s'il voulait, dit M. Crevier, compenser
» par le faste des manières et du dehors ,
«l'appauvrissement d'un sujet réduit en
» squelette. C'est lui qui paraît le premier
» avoir donné cours aux abrégés, si commo-
» des pour la paresse , et si propres à faire
» des demi-savans. » L'on ne peut cepen-
dant disconvenir qu'il n'y ai l de belles sen-
tences, des expressions pleines de dignité
et d'énergie. Floius était poète. Spartien
rapporte que l'emiMîreur Adrien entra en
lice avec lui, et qu ils firent des vers l'un
contre l'autre. L'empereur reprochait au
poète d'aimer le cabaret; et le poète n'eut
FLU
garde de liposter tout ce qu'il savait sur
le compte de son rival.
FLORUS (Drepaivius), fameux diacre
de l'église de Lyon, au 9*^ siècle, dont on a
un éct-it sur la prédestination. Il laissa
d'autres ouvrages, parmi lesquels on re-
marque une explication du canon de la
messe, où il donne trop dans le sens
mystique , et ne s'attache pas assez au
sens littéral; et un Commentaire sur
saint Paul. On trouve ses différons ou-
vrages dans quelques éditions du véné-
rable Bède , et dans la Bibliothèque des
Pères.
FLOUR (saint), premier évèque de
Lodève, martyrisé en Auvergne l'an 589,
donna son nom à la ville de Saint-Flour.
* FLOYD (Jonx), jésuite anglais, né
dans le comté de Cambridge au 16' siècle,
se fit une grande réputation par ses ou-
vrages de controverse, presque tous diri-
gés contre les protestans ; les plus remar-
quables sont ; I Censura decem libr. de
republica ecclesiœ M.-A. de Dominis ,
Rouen, 1621 , in-8° ; | Answerto Francis
White's reply concerning nine articles
offered by King James I to F. John Fi-
shèr^ ibid. 1626 ; | tlte Church conquérant
over Human Tf^it ^ Saint - Orner , 1651 ,
in-4°.
• FLOYER (sir John), célèbre médecin
anglais , né vers l'an 1649 , mort en 1734 ,
à Lichtfield où il exerçait son art avec la
plus grande distinction, était grand parti-
san des bains froids , et les ordonnait par-
ticulièrement dans les rhumatismes chro-
niques et autres maladies nerveuses. Ses
principaux ouvrages sont : j La pierre de
touche de la médecine ^ Londres, 1687,
in-8° ; | Recherche sur l'usage raisonna-
ble des bains ^ Londres , 1697 , in-8°, qu'il
a reproduit en grande partie dans son Es-
' sai pour rétablir le baptême des enfans
par immersion, 1724, in-4°. Cet ouvrage,
qui a été traduit en allemand , fixa par-
ticulièrement l'attention des anabaptistes.
I Traité sur V asthme , Londres , 1698 et
1717, in-8°. Il a été traduit en français
par Jault, 1761 et 1783, in-12 , et en alle-
mand par Scherf, Leipsick, 1782, in-8°.
i L'hoî'loge du pouls des m.édecins ^ Lon-
dres . 1707 et 1710 , 2 vol. in-8" , traduit
en italien , Venise, 1715, in-4''; | Medicina
geronto nomica, ou l'AH de conserver la
santé des vieillards , avec un supplément
à l'usage de l'huile et des onctions^ et une
lettre sur le régime à suivre dans la
jeunesse ^ Londres , 1724.
FLUDD ou de Fluctibus ( Robert ) ,
FOE
écossais, naquit à Milgate
reçut
148
dominicain
dans la province de Kent , en 1574 ,
le bonnet de docteur en médecine à Ox-
ford, et exerça cette profession à Londres,
où il mourut le 8 septembre 1657. Il fut
surnommé le Chercheur , parce qu'il fit
beaucoup de recherches dans les mathé-
matiques et dans la philosophie. Il a laissé
des ouvrages de médecine , de philoso-
phie , d'alchimie , dont la collection fut
imprimée à Oppenheim et à Goude en
1617 et années suivantes, 5 vol. in-fol. Les
principaux sont : | Apologie des frères de
la Rose-Croix, Leyde , 1616 , in-8", latin;
I Tractatus theologico-philosophicus de
vila, morte et resurreclione . 1617 , in-8° ;
I Utriusque Cosmi metaphysica physica
et technica historica; \ Veritatis pro-
scenium; I Sophiœ cum moria certamen;
I Summum bonorum, quod est verum ma-
giœ^cabalœ, alchtjmiœ , fratrum Roseœ
Crucis verorum verœ subjectum; \ Philo-
sophia mosaica; \ Amphitheatrum anato-
mice. Philo sa phia sacra, etc. Il n'est guère
possible de reconnaître dans tous ces ou-
vrages une tête constamment saine ; il
y a des choses profondément méditées , il
y en a de chimériques et de ridicules. Son
langage entortillé et mystérieux l'a fait
accuser de magie par ceux qui lui suppo-
saient plus de malice qu'il n'en avait en
effet.
FLURATVÇE. Voyez RIVAUX.
* FODÉRÉ ( Jacques ) , religieux cor-
delier , né au 16^ siècle à Bessan dans la
haute Moricnne , enseigna la théologie
pendant plusieurs années dans différens
collèges de son ordre , et se livra au mi-
nistère de la prédication. On ignore l'é-
poque précise de sa mort ; seulement
on sait qu'elle est postérieure à 1623. Son
ouvrage le plus remarquable est intitulé :
Narration historique et topographique
des coiivens de f ordre de Saint-François
et des monastères de Sainte-Claire, érigés
en la province de Bourgogne ^ etc., Lyon,
1619,in-4°.
FOÉ (Daxiel), poète anglais, naquit à
Londres en 1663 d'un simple artisan II fut
dabord destiné par ses parens à une pro-
fession mécanique , qu'il abandonna bien-
tôt pour se livrer à son penchant pour la
poésie. Il épousa avec vivacité les intérêts
du roi Guillaume , prince d'Orange , et
essuya divers chagrins qu'il s'attira par
sa plume satirique : il fut même condamné
à 2 ans de prison, au pilori et à une forte
amende , et écrivit un hymne au pilori.
C'est pendant sa captivité qu'il commença
FOE
149
voo
la Revue [ 170!i ) . qtii donna nai^sanre au
SpecUltur ^VK^\d^*on. Employé ensuite
par la raine Anne à plusieurs missions
aoorJ4*s. il voulut aimposer de nouvelles
lircn" (jui lui atlircrent de
nou lis. Il résolut de ne
acln . . i.ilure. Il tint parole,
•ut plus de repos et acquit une réputation
durable: il nM)urut en 1731. On a de lui :
I Les JvaUures de Robinson Crusoé . en
anglab, 1719, livre qui a été faussement
altrikué à Bichard Stecle, l'un des écri-
vains du Spectateur : il a été traduit dès
èJÎO par Saint-Hyacinthe et par Van-Effen.
Ge roman est éorit d'une manière si natu-
relle, que long-temps il a passé pour une
relation exacte d'un voyageur véridique
{voyez VAN EFFEN ). M. Feutry, avocat
au parlement de Douai, adonné une édition
de cet ouvrage en 1766, 2 vol. in-12 ; il l'a
abrégé sans en altérer le caractère. Il avait
--nmis d'en retrancher quelques déclama-
us indécentes que l'auteur anglican s'é-
t permises contre la religion catholique
>cs ministres, mais il n'a que faiblement
;ipli »a promesse. L'édition de Liège,
>j , k vol. in-12 , est plus exacte, quant
c point , et remplit mieux les intentions
5 lecteurs catholiques. Cette édition est
aacore remarquable par l'Histoire cu-
rieuse et intéressante d'Alexandre Sel-
kik, qu'on voit à la fin du quatrième
tome. I Le vrai anglais de naissance.
poème fait à l'occasion de la révolution
qui plaça Guillaume sur le trône de son
beau-père , en réponse à l'ouvrage inti-
tulé : Les étrangers; \ La réforme des
mœurs, ou il attaque ouvertement les per-
•oones du plus haut rang qui employaient
leur autorité à soutenir l'impiété et la
dissolution ; | £ssai sur le pouvoir du corps
collectif du peuple anglais. Cet ouvrage
est en faveur de la chambre des commu-
ne». 1 Le court moyen contre les non-con-
formistes ^ qui lui attira une punition
publique plus ignominieuse que cruelle ;
I De jure divino. poème lalin ; | un Plan
de commerce ; \ Le commerçant anglais ;
I L'instructeur de famille, 2 vol. 1 Plu-
^iXTt -écrits poliiiqucs qui n'ont guère
survécu aux événcmens qui les avaient
fait naître ; et quelques autres où il déve-
loppe des idées qui, pour être aujour-
d'hui accueillies , n'en sont pas plu-s soli-
des ni plus conformes aux saines notions.
FOEDOR ou FÉDOR , fils aine du czar
Alexis , inonu sur le trône de Russie en
1676. Il avait été élevé pour la guerre et
pour le cabinet. Dès qu'il eut soumis W
kraine révoltée , et qu'il eut fait la paix
avec les Turcj, il s'occupa du soin de
policer ses états. Il encouragea plusieurs
citoyens de Moscou à bâtir des maisons
de pierres à la place des chaumières qu'il»
habitaient. Il agrandit cette capitale. H
lit des réglemensdc police générale ; mais
en voulant réformer les boyards, il les
indisposa contre lui. Il méditait de plus
grands changcmens, lorsqu'il mourut
sans enfans en 1682 , à la fleur de son âge.
Son second frère , Pierre , qui n'était âgé
que de dix ans , et qui faisait déjà conce-
voir de grandes espérances, régna après
lui, d acheva ce que Fœdor avait com-
mencé.
FOES ou FOESIUS ( A^ruxius ) , méde-
cin de Meti , mort en 159'i , à 68 ans , était
très versé dans la langue grecque. Son
amour pour l'élude l'cmpécha de s'atta-
cher à des princes qui auraient pu faire
sa fortune. Il est auteur d'une traduction
très fidèle des OEuvres d' Ilippocrate en
lalin, accompagnées de corrections dans
le texte, et ornées de scholies, Genève,
1657 , 2 vol. in-fol. On a encore de lui une
espèce de Dictionnaire sur Hippocrate ,
à Francfort, 1588, in-fol.
• FOt;GI.M ( Pierre-François) , prélat
romain, préfet delà bibliothèque du Va-
tican, né à Florence en 1713, fut reçu
docteur en théologie à Pise. Son père ,
célèbre architecte , lui donna le goût des
arts : mais le jeune Foggini avait préféré
de bonne heure l'état ecclésiastique. Le
prélat Bottari , son concitoyen , l'ayant
invité à venir se fixer à Rome , il s'y ren-
dit, et Benoit XIV lui donna une place
dans l'académie d'histoire pontificale qu'il
avait établie. Le cardinal Chéri - Marie
Corsini le nomma ensuite à un bénéfice
dans l'église de St.-Jean-de-Latran . et le
fit son théologien. Sous Clément XIV, il
fut employé daris les affaires qui concer-
naient les jésuites , et il parait qu'il ne
leur fut pas favoralile. Pie VI le fit de-
puis son camérier secret à la mort d'E-
tienne Evode Assemani , archevêque
d'Apamée, et préfet de la bibliothèque
valicanc. Il mourut d'apoplexie le 2 juin
1783. Il a laissé un grand nombre d'ou-
vrages, les principaux sont : | des Thèses
historiques et polémiques contre les qua-
tre articles du clergé de France de 168Î.
On dit qu'il changea depuis de scntitnenl
sur ce point. | P. Firgilii Maronis codex
antiquissimus à Bufio Turcio Âproniaiio
distinctus et emendatus. Florence , 1741 .
in-4*. Cette édition est exécutée en lettre»
13.
Foîï m
onciales à l'instar du manuscrit. ] Jlccord
admirable des Pèi'es de l'Eglise^ sur le
petit nombre des adultes qui doivent être
sauvés, en latin , 1732. Le Queux en donna
une traduction française en 1760. | Une
vollection d'écrits des Pères sur les ma-
lières de la grâce , 1754-71 , 8 vol.
FOGLIETTA ( Uberto), savant génois ,
lé en 1318, eut part aux troubles qui
'élevèrent à Gènes , et fut envoyé en
•xil. Pour se consoler des tribulations
ju'il avait essuyées dans le monde , il ne
.'oulut avoir de commerce qu'avec les
/dires. Le cardinal d'Est le reçut dans sa
maison à Rome. Il y mourut en 1581 ,
âgé de 05 ans. Parmi les ouvrages sortis
de sa plume, on distingue : | son traité
De ratione scribendœ historiée ^ aussi ju-
dicieux que bien écrit ; | Historia Genuen-
siu7n^ 1385, in- fol., fidèle, élégante et
peu commune. François Serdonati en a
fait une traduction en italien : elle est
estimée. ] Tumullus Neapolitani , 1571 ,
in-Zj." ; I Elogia clarorum Ligurum, in-4° ;
De sacro fœdcre in Selimum ^ in - i" ;
De linguœ usu et prœsiantiâ , 1723, in-
" ; I De causis magnitudinis Turcaruni
'mperii , in-8"; \ De similitudine normce
Pobjbianœ , dans ses opuscules , Rome ,
1579, in-i° ; | Délia republica di Genova^
ln-8''; ouvrage intéressant pour ceux qui
veulent connaître celte république, du
moins telle qu'elle était dans le 16"^ siècle.
FOUI, premier roi de la Chine, régla,
dit-on , les mœurs des tiiinois , alors bar-
bares . et leur donna des lois. On prétend
qu'il lit plus, qu'il dressa des tables astro-
nomiques : mais vu l'ignorance des Chi-
nois modernes en fait d'astronomie , il
est peu vraisemblable que leurs fonda-
teurs aient été fort versés dans cette
science. De mauvais chrorxologistes ont
dit que Fohi régnait du temps des patriar-
ches Héber et Phaleg ; mais il n'y a nulle
apparence que les Chinois aient quelques
lenseignemens antérieurs au déluge. Si le
dieu chinois , Fohé , est le même que
Moé , il est évident (jue Fohi est très pos-
térieur à Fohé , puisque la mythologie
a dû naturellement précéder l'histoire de
la Chine. Quoi qu'il en soit , ce que l'on
raconte de Fohi doit nécessairement se
ressentir du ton fabuleux qui règne dans
l'histoire chinoise , surtout dans celle des
premiers temps. Il ne sera pas inutile
d'en donner ici un échantillon , qui pourra
servir de règle aux lecteurs. Nous le ti-
nms d'une lettre du Père Amiot , insérée
dans le 11* tome des Mémoires de la
0 FOI
Chine. Le Père Amiot , pour prouver que
les aérostats ont été connus à la Chine ,
rapporte trois passages tirés des plus fa-
meux historiens de l'empire. Il est di)
dans l'un que Chennoung voulant me-
surer la terre, ne sachant comment s'y
prendre , fut aidé dans son opération par
un « homme -esprit , dont la couleur était
» d'un vert tirant sur le bleu ; ses sour-
» cils étaient épais ; il portait sur sa tête
n une pierre de yu, et était porté lui-
» même par six dragons volans. Cet
» homme-esprit mesura la terre, déter-
» mina sa figure entre les quatre mers,
» et trouva que son étendue d'orient en
» occident était de 90 ouan de lys , et de
» Si ouan du nord au sud (i). i> Le second
passag(! porte que l'empereur Hoangty
sentant sa fin approcher quitta la terre
et s'envola au cieL monté sur un dragon.
On lit dans un troisième passage que
0 plus anciennement encore, sous l'empire
» des cinq Lound { des cinq dragons) qui
» régnaient sur le second des dix peuples
» perdus , avant la fondation de l'empire
B Chinois par Fohi , les hommes logeaient
» dans des antres et des cavernes , comme
» les quadrupèdes , ou se perchaient sur
» les arbres comme les oiseaux ; tandis
» que leurs souverains montés sur des
» dragons, planaient dans les airs comme
» des nuages, et gouvernaient ainsi leurs
» sujets de haut en bas. » Tout cela est dit
au reste fort sérieusement par le Père
Amiot, qui soupçonne que ces dragons
étaient remplis de gaz. Voy. COMTE (le),
CONFUCIUS, HALDE (du), YAO.
FOIGNI ou COGNY ( Gauriel ) , cor-
delier défroqué , se retira en Suisse vers
1667 , et fut chantre de l'église de Morges.
En ayant été chassé pour quelques indé-
cences qu'il y commit à la suite d'une dé-
bauche, il alla se marier à Genève, où
il enseigna la grammaire et le français.
Il y fit paraître , en 167G , \ Australie ^ ou
les Aventures de Jacques Sadeur^ in-12 ,
qui faillirent l'en faire chasser, parce
qu'on y trouve des impiétés et des obscé-
nités révoltantes. On l'y toléra cependant;
mais au bout de quelque temps , il fut
obligé d'en sortir, laissant à sa servante
des marques scandaleuses de leur com-
merce. Il se relira en Savoie , et mourut
dans un couvent en 1692.
(i) Ouan est le nombre qui dt:sii;nc dix mille; le
lys est UD dixième de lieue, (^u'on c.ilcule maiateuant,
et qu'on en applique le résultat à ces quatre mtrs et la
Irrre qui est rnire ellet , et l'on aura une ide't Je I*
K'ngrsphif thirouc.
FOI
m
FOI
POILLAN (sainl). lils de Fyltan, roi
ie Momonic en Irinndc, rpnon<,-ft «'»
monde , ainsi que ses doux frères Kursy
et l'Hau, et embrassa lelal monastique.
Pursy, qui en avait dtmné l'exemple et
le conseil . passa en Anf{lelcrre, et bùtit
le monastère de Knobbersburp, dans le
rayaume de» Est-Angles, dont il donna la
conduite k Foillan , qu'il avait fait venir
d'Irlande. Après la mort de Fursy , arri-
vée à Përonne ( selon d'autres à Ma-
terœllcs, près de Dourlens ) le 16 janvier
650, Ultan et Foillan passèrent en France.
On lit dans quelques auteurs que Foillan
fit un voyage à Rome , et qu'il y fut sacré
évéque régionnaire. Quoi qu'il en soit
de cette ordination , il est au moins cer-
tain qu'il ne tarda pas à rejoindre Ultan
son frère. Ils se rendirent l'un et l'autre
à Nivelle dons le Brabant , où sainte Ger-
trude était abbesse. Le rr^onastére qu'elle
gouvernait , avait été fondé par le B. Pé-
pin de Landcn , son père , et par la B.
Ile , sa mère. Il y avait aussi dans le voisi-
nage un monastère pour des hommes. Les
deux frères y restèrent quelque temps.
Kn 652 , sainte Gertrude donna à Ultan un
terrain pour bâtir un hôpital et un mo-
nastère, entre la Meuse et la Sambre,
alors dans le diocèse de Maëstricht, et au-
jourd'hui dans celui de Liège. C'était l'ab-
baye de Fosse, aujourd'hui église collé-
giale. Sainte Gertrude retint Foillan à
Nivelle, pour instruire les religieuses.
Le saint homme se chargea aussi de l'in-
struction du peuple dans les villages voi-
sins. S'étant mis en route avec trois com-
pagnons en 655, pour aller voir son frère à
Fosse , il fut massacré par des voleurs ou
des infidèles , dans la forot do Sogne , qui
faisait partie de la forêt Gliarbonnièrc en
llainaut. Ses reliquessegardentavec beau-
coup de vénération dans l'église de Fosse.
FOI\ARD( Frédéric-Maurice ), curé
de Calais, mort à Paris en 1743, âgé de
60 ans, était de Cx)nchcs en Normandie.
On a de lui quelques ouvrages dont les
plus connus sont : | Projet pour un nou-
veau Bréviaire ecclésiastique . avec la
rrilique<le tous les nouveaux Bréviaires
qui ont paru jusqu'à présent , in-12 , 1720.
I Breviarium ecclesiasticum . exécuté sui-
vant le projet précédent , 9 vol. in-12. Les
auteurs des nouveaux Bréviaires ont pro-
filé de celui-ci. | Les psaumes dans l'or-
dre historique .'\n-n, 17/»2 ; | deux vol.
in-12 aur la Genèse. Des idées singulières
que l'auteur hasarda sur le sens spirituel
les firent supprimer.
• FOISSET (JB\rH-Loui»-SÉvKiiiii) , né &
Bllgny-sou»-BeauMc(Cotc-d'Or ), le {{ lé-
vrier 1796, mort dans la même ville, le
22 octobre 1822 , composa dès l'âge do
treize ans les premiers chants d'un poème
imité du Lutrin de Boilcau, et h qua-
torze , avait terminé son cours d'études
tel qu'il est établi dans les collèges. Il alla
en 1815, faire son droit à Dijon, d'où il
se rendit en 1817 , à Paris, pour le termi-
ner. Il avait esquissé le premier acte d'une
tragédie de Marie Stuart qu'il abandonna
ensuite en voyant le succès de celle de
M. Lebrun. En 1818, il se nat sur les rangs
pour trois couronnes littéraires , et il ob-
tint le prix proposé par la société philoso-
phique de Bordeaux pour l'Eloge du ma-
réchal d'Omano , ancien gouverneur do
la Guyenne. Il avait aussi dédié à la même
académie Mn Eloge d'Ausone , qui n'ob-
tint point la médaille, parce que l'auteur
se trouva sans concurrens. Son Eloge du
président Jeannin n'étant point parvenu
en entier à l'académie de Màcon par suite
d'une distraction, cette société témoigna
le regret qu'elle éprouvait de ne pouvoir
couronner l'auteur. Il devint un des ré-
dacteurs de la Biographie universelle,
à laquelle il fournit des articles de juris-
consultes , et ceux des hommes illustres
de la Bourgogne. Ces articles se distin-
guent par la concision , la clarté et l'élé-
gance du style , et ils témoignent del'an-
tipathie de Foisset à l'égard de la révolu-
tion.
FOIX ( Raimo^id-Roger , comte de ),
accompagna le roi Philippe-Auguste à la
guerre de la Terre-Sainte en 1190. Il prit
depuis le parti des albigeois avec feu ;
mais son ardeur ne le mena qu'à des hu-
miliations. Il fut obligé de demander la
paix , et de reconnaître pour comte de
Toulouse Simon de Monfort. Puylaureiis
rapporte qu'en une conférence tenue au
château de Foix entre les catholiques et
les albigeois, la sœur du comte, non
moins ardente que son frère, voulut par-
ler en faveur des derniers : « Allez , Ma-
il dame , lui dit Etienne de Minea, Aies
• votre quenouille; il ne vous appartient
» pas de parler dans une dispute de reli-
» gion. » Raimond Rojer mourut en 1222.
L'illustre maison de Foix, dont clail Rai-
mond, descendait de Bernard, second lils
de Roger II , comte de Carcassonne. Ber-
nard eut le comté de Foix en 1062, et le
posséda pendant 3/i ans. Sa postérité sub-
sista avec honneur jusqu'à Gaston III,
qui vil tuourir son lib avant lui ivoj/et
FOI
in
FOI
6 ASTON ni. ) Il mourut lui-même en
1391 , ayant cédé le comté de FoLx à Char-
les VI; mais le roi, par générosité, le
rendit à son cousin Matthieu , qui mourut
en 1398 sans enfans , et dont la sœur Isa-
belle épousa Archambàud de Grailiy , qui
prit le nom de Foix. Son petit-ûls, Gas-
ton IV, se maria avec Eléonore , reine de
Navarre. Sa postérité masculine fut ter-
minée par Gaston de Foix , duc de Ne-
mours , tué à la bataille de Ravenne en
1512, à 24 ans {voyez GASTON de FOIX,
duc de Nemours ). Mais Catherine de
Foix, reine de Navarre , petite -fille de
Gaston IV, avait épousé Jean d'Albret,
dont la petite-fille fut mère de Henri IV...
Archambàud de Grailly avait eu un se-
cond fils nommé Gaston , captai de Buch,
et dont les descendans furent comtes de
Candale et ducs de Rendan. Cette branche
avait été honorée de la pairie sous le titre
de Rendan , par considération pour Ma-
rie- Claire de Beauf remont , marquise de
Senecey, dame d'honneur d'Anne d'Au-
triche, qui avait épousé Jean -Baptiste
Gaston de Foix , comte de Fleix , tué au
«iége de Mardick en 1646. Elle mourut
elle-même en 1680. Ses trois fils n'ont
point laissé de postérité. Le dernier,
Henri-Charles, qui portait le nom de duc
de Foix , est mort en 1714. Il faut con-
sulter sur cette famille l'histoire du comté
de Foix.
FOIX (Pierre de), cardinal, né en 1586,
était fils d' Archambàud , captai de Buch,
et d'Isabelle , comtesse de Foix , fut d'a-
bord franciscain , et cultiva avec succès
les lettres sacrées el profanes. L'antipape
Benoit XIII l'honora de la pourpre en
1408, soit pour récompenser son mérite,
soit pour attirer dans son parti les comtes
de Foix. Pierre n'avait alors que 22 ans ;
il abandonna le pontife au concile de
Constance , préférant les intérêts de l'E-
glise à ceux de l'amitié. Le concile lui
confirma la qualité de cardinal , Martin V
l'envoya légat en Aragon, pour dissiper
les restes du schisme. Il y réussit , et mou-
rut en 1464, dans sa 78*^ année, à Avi-
gnon, dont il avait la vice-légation. Il était
aussi archevêque d'Arles. C'est lui qui a
fondé à Toulouse le collège de Foix. — Il
faut le distinguer du cardinal Pierre de
FOIX, son petit-neveu, non moins habile
négociateur, qui mourut évéque de Van-
nes , à la fleur de son âge , en 1490.
FOIX ( Odet de ) , seigneur de LAU-
TliEC, maréchal de France et gouver- 1
neur de la Guieime, était petit -fiite d'uni
frère de Gaston IV , duc de Foix ; il porta
les armes dès l'enfance. Ayant suivi Louis
XII en Italie , il fut dangereusement blessé
à la bataille de Ravenne en 1512. Après
sa guérison, il contribua beaucoup au
recouvrement du duché de Milan. Fran-
çois 1"" lui en donna le gouvernement.
Laulrec savait combattre, mais il ne sa-
vait pas commander. Il fut chassé da
Milan, de Pavie, de Lodi, de Parme et-
de Plaisance, par Prosper Colonne. Il
tâcha de rentrer dans le Milanais par une
bataille ; mais ayant perdu celle de la
Bicoque en 1522 , il fut obligé de se re-
tirer en Guienne dans une de ses terres.
Sa disgrâce ne fut pas longue. En 1528 , il
fut fait lieutenant-général de l'armée de
la ligue en Italie , contre l'empereur Char-
les-Quint. Il emporta d'abord Pavie, qu'il
mit au pillage ; puis s'avança vers Naples,
et mourut devant cette place le 15 août
de la même année , après avoir lutté quel-
que temps contre l'ennemi , la peste , la
misère et la famine. — Son frère , Thomas
de FOIX , dit le maréchal de Lescun^ pas-
sait pour un homme cruel et extrême-
ment avare. Ses exactions firent soulever
le Milanais en 1521. Après la perte de la
bataille de la Bicoque , les ennemis l'as-
siégèrent dans Crémone. Il n'y tint pas
aussi long -temps qu'il le pouvait; et en
rendant la place, il promit de faire éva-
cuer toutes celles du Milanais, où il y
avait garnison française. Il reçut, à la
journée de Pavie en 1525, un coup de
feu dans le bas-vemre, dont il mourut
sept jours après , prisonnier de guerre à
Milan.
FOIX ( Paul de ) , archevêque de Tou-
louse , de la même famille que Lautrec ,
né en 1528 , se distingua dans ses ambas-
sades en Ecosse , à Venise , en Angle-
terre , et surtout dans celle de Rome , au-
près du pape Grégoire XIII. Il mourut
dans cette dernière ville en 1584 , à 56
ans. Muret , dont il avait été le bienfai-
teur , prononça son oraison funèbre. Ce
I^rélat était homme de lettres, et aimait
ceux qui les cultivaient , surtout ceux qui
brillaient par leur éloquence , ou qui pos-
sédaient les écrits d'Aristote , dont il était
admirateur passionné. On a de lui des
Lettres , ia-k'^ , Paris, 1628, écrites avec
précision. Elles prouvent qu'il était un
assez bon écrivain et un grand homme
d'état. C'est sans preuve qu'on les a attri-
buées à d'Ossat son secrétaire, depuis
cardinal.
FOIX ( François de ) , duc de Candale,
FOL
i5S
FOL
coiiiiiunHcur desunlrestlu roi , et évoque
d'Aire, utort à Bordeaux en 109^, h 90
ans, traduisit le Pitnatutrr do Mercure
Trisinôgiste , et les i:iéttwns d'Kuclide,
qu'il acroiupapia d'un coininenlairc. II
avait fonde une chaire de géoniélrie à
Bordeaux.
FOI\ ( Louis de ) , architecte parisien,
florissail sur la fui du IG* s'u-rle. Il fut pré-
fère à tous les archilfclfs de IKurope
par Philippe II, qui le choisit pour éle-
ver le monastère et le palais de l'Escurial.
De refour d'Espagne , il boucha l'ancien
canal de l'Adour , et en creusa un nou-
veau en 1579. Ce fut encore lui qui bàlit
•n 11)85 le fanal à l'embouchure de la Ga-
une, qu'on appelle communément la
•ur de Cordouan. Cette tour a 160 pieds
do hauteur, et a coulé 26 ans de travaux.
FOI Y ( iMarc - Antoi\e de ) , jésuite ,
né en 16-i7 au cliàteau de Fabas , dans le
diocèse de Con<erans , mort à Billom en
Auveri^fne en 1687 , fut homme de let-
tres, lh«'ologien, prédicateur, profes-
seur, recteur, provincial, et tout ce que
l'étendue de ces litres exigeait. On a de
lui : I L'art de prêcher la parole de Dieu,
in-12. C'est l'ouvrage d'un homme in-
struit de la littérature sacrée et profane.
\ L'art d'élever un prince, in-12, attri-
bue d'abord au marquis de 'N'ardes : bon
ouvrage , dont le succès fut rapide ; on
y trouve des choses communes que l'au-
teur n'a pas cru devoir négliger, pour
y substituer des vues rares et extraordi-
naires. Son livre n'en est que plus esti-
mable et plus sûrement utile.
FOIX( Gaston de), f^oi/ez GASTON.
FOIX. F'otjcz S AINTE-FOIX (Germain
rOULLAIN de).
FOL.VRD (le chevalier Jean-Chaiiles
de ) , surnommé le Végcce français, né
à AvifTijon le 13 février 1669, avec des
luclinalions militaires , sentit augmenter
son penchant, à la lecture des Commen-
:ires de César. Il s'engagea dès l'âge de
ans ; on le dégagea ; il se rengagea en-
ire, etscs parens le laissèrent suivre l'im-
ilsion de la nature. De cadet dans le ré-
,;iment de Berry. devenu sous-lieutenant,
il lit le métier de partisan pendant tout
le cours de la guerre de 1688 ; et ce mé-
icr , qui n'est pour tant d'autres qu'une
>l»cce de brigandage , fut pour lui une
' oie; il exécuta en petit tout ce qu'il avait
- u faire en grand; il leva des cartes, dressa
lf^p!nn«i; U parut dès lors un homme rare.
' if 1701 lui fournit de nouvel-
de signaler son habilclc el
ses connaissances. Le duc de Vendôme
10 lit aide-de-camp, el ne le céda qu'a-
vec regret à son frère le grand-prieur ,
qui commandait alors l'armée de Lom-
bardie. Le chevalier de Folard répondit
à l'idée qu'on avait de lui . il contribua
beaucoup à la prise d'Hostiglia et à celle
de la Cassine de la Bouline , qui lui mé-
rita la croix de Saint-Louis et une pen-
sion de 400 livres. Blessé dangcreusemenl
à la bataille de Cassano en 1705, il réflé-
chit , au milieu des douleurs cuisantes
que lui causaient trois coups de feu , sur
l'arrangement de cette bataille, et forma
dès lors son système des colonnes. Après
s'être distingué dans plusieurs sièges en
Italie , et surtout à celui de Modène , il
passa en Flandre, fut blessé à Malplaquet ,
et fait prisonnier quelque temps après.
Le prince Eugène ne put le gagner par
les offres les plus avantageuses. De re-
tour en France, il eut le commandement
de Bourbourg , qu'il conserva jusqu'à sa
mort. En 171i il se rendit à Malte, assié-
gée par les Turcs, et s'y montra ce qu'il
avait paru partout ailleurs. Le désir de
servir sous Charles XII , plutôt que l'in-
térêt, l'attira en Suède. U vit ce roi soldat,
et lui fit goûter ses nouvelles idées sur la
guerre. Charles destinait le chevalier de
Folard à être un des instrumens dont il
voulait se servir dans une descente pro-
jetée en Ecosse ; niais la mort du héros ,
tué au siège de Fridérichshall , dérangea
tous ses projets , et obligea Folard à re-
venir en France. Il servit en 1719 sous
le duc de Bervick , en qualité de mestre-
de-camp , et ce fut sa dernière campagne.
11 avait étudié toute sa vie l'art militaire
en philosophe ; il l'approfondit encoi e
plus, lorsqu'il fut rendu à lui-même. Il
donna des leçons au comte de Saxe , et
prédit dès lors ses succès. Le chevalier
de Folard exposa ses nouvelles décou-
vertes dans ses Commentaires sur Poly-
be . en 6 volumes in-4** , Paris , 1727 ,
réimprimé à Amsterdam en 1735 , 7 vol.
in-i", avec un supplément qui ne se trouve
pas dans l'édition de Paris. Ils ont été
abrégés en 3 vol.in-i", Paris, 1757. L'au-
teur peut être appelé à juste titre le Vé^
gèce moderne. En homme de lettres, il a
su puiser dans les sources les plus cachées
tout ce qu'il a cru propre à nous instrui*
re ; el en homme de guerre , il l'a exposé
avec beaucoup d'intelligence. Le fonds en
est excellent , mais la forme n'en est pas
si agréable. L'abondance des idées de
l'auteur entraîne une profusion de p»-
FOL
i5&
FOL
rôles. Son style est négligé , ses réflexions
«ont détachées les unes des autres , ses
digressions ou inutiles ou trop longues.
On a encore de cet habile homme : ) Un
livre de Nouvelles découvertes sur la
guerre j. in-i2. Les idées y sont aussi pro-
fondes et plus méthodiques que dans son
commentaire ; | un Traité de la défense
des places; | un Traité du métier de parti-
san^ manuscrit, que le maréchal de Belle-
Ile possédait. Le chevalier de Folard
aurait pu faire une fortune assez considé-
rable ; mais ses liaisons avec les défen-
seurs des miracles qu'on attribuait à M.
Paris , le firent regarder de mauvais œil
par le cardinal de Fleury. On voyait à
regret ce vieux militaire au milieu d'une
troupe de convulsionnaires , marmotter
des hymnes à l'honneur du diacre Paris
( voyez l'Histoire d'un voyage littéraire
fait en 1733 en France ^ etc. j la Haie ,
i75o ). Il revint de cette folie avant sa
mort , arrivée à Avignon en 1751 , et se
soumit de la manière la plus expresse à
toutes les décisions de l'Eglise. Ceux qui
voudront connaître plus particulièrement
le chevalier de Folard , peuvent consulter
les mémoires pour servir à son histoire ,
imprimés à Paris , sous le titre de Ratis-
bonne, en 1753, in-12.
FOLARD ( François-Melchior de ) ,
jésuite, frère du précédent, membre de
l'académie de Lyon, naquit à Avignon
en 1683 , et mourut en 1759 . On a de lui
OEdipe et Thémistocle Ara^i^é^àïts faibles,
et l'Oraison funèbre du maréchal de Vil-
larSj non moins médiocre.
•FOLCUIN (saint), évêque de Té-
rouane en 817, mort le 14 décembre 856,
sauva les reliques de saint Bertin de la
fureur des Normands vers l'an 8i6. — FOL-
CUIN, abbé de Laubes sur la Sambre , né
vers 935 en Lorraine , mort en 990 , a fait
des règlemens pour la discipline de son
abbaye et laissé : \ La Vie de saint Folcuin^
évêque de Térouane ^ insérée dans les
Actes de l'ordre de saint Benoît du P.
Mabillon ; \ les Gestes des abbés de Lo-
bes depuis la fondation du monastère au
7' siècle; \ les Vies de saint Orner ^ de
saint Bertin ^ de saint Vinoc et de saint
Silvin. — FOLCUIN, moine de saint Bertin
dans le 10^ siècle , né en Lorraine , mort
à \xn âge peu avancé , est auteur de deux
Recueils de chartes , diplômes et autres
monumens de différens monastères. On
a aussi de lui quelques vers , entre autres
une Epitaphe de saint Folcuin ^ évêque
de Térouane j dont il se disait parent.
FOLEXGO (Jea!w- Baptiste), béné-
dictin mantouan, mort en 1559, à 60 ans,
laissa un Commentaire sur les psaumes,
imprimé à Bàle en 1557 , in-fol. , et sur
les épitres catholiques , in-S** , écrit noble-
ment et purement. Il commente en cri-
tique et presque toujours avec intelli-
gence.
FOLEXGO (JÉRÔME, dit THÉOPHILE) ,
plus connu sous le nom de Merlin Coc-
caye ^ naquit le 8 novembre 1491 , dans un
lieu appelé autrefois Cépada près du lac
inférieur dans le Mantouan. Il entra com-
me le précédent dans l'ordre des béné-
dictins. La tournure de leur esprit fut
bien différente ; l'un se consacra à l'éru-
dition et à la piété, l'autre à la bouffon-
nerie et à la turlupinade , et se fit des en-
nemis. Ses supérieurs voulurent le met-
tre en règle, mais il échappa à leurs
poursuites , par la protection de "plusieurs
seigneurs. Il mourut en 1544, à 51 ans,
dans son prieuré de Sainte-Croix de Cam-
pége , près de Bassano , après avoir erré
pendant plusieurs années avec une jeune
femme pour laquelle il avait quitté son
couvent, après être rentré dans son mo-
nastère , avoir dirigé un couvent de reli-
gieuses et s'être fait chasser. De tous ses
ouvrages , le plus connu est sa Macaro-
née ^ ou Histoire macaronique. Ce nom de
macaronique j qu'on a donné à toutes les
productions du môme genre, vient du mot
macaroni, qui est le nom d'un gâteau,
qu'on fait en Italie avec de la farine , des
œufs et du fromage. Le poème de Folengo
fut reçu avec transport , dans un siècle
où les bouffonneries pédantesques te-
naient lieu de saillies , les anagrammes
de bons mots , et les logogriphes de pen-
sées. Il est difficile de faire un abus plus
étrange de son esprit. Il s'abandonne en-
tièrement à son imagination aussi vivo
que bizarre, sans respect ni pour la langue
latine , dont il fait un mélange monstrueux
avec l'italienne , ni pour le bon sens qu'il
choque à chaque page. Avec tout cela ,
l'auteur, qui a l'air d'un bouffon, fait
d'excellentes réflexions sur les vices des
hommes : il attaque fortement les pas-
sions, surtout l'orgueil, la paresse, l'en-
vie, la volupté, la frivolité. Le Poème ma-
caronique fut traduit en français en 1606.
Cette version barbare a été publiée de
nouveau , sans aucun changement , en
1754 , 2 vol. in-12 ; elle n'était ni assez
importante ni assez estimée, pour méri-
ter une nouvelle édition. L'original de la
Macaronée. imprimé sous le no;n de J/e;-
FOL
IKS
roL
//), Coccaijr . m l.'i"il . a Frcsratl , in-H,
est rare ; lédiliou de Venise en 15.14 , in-
U, l'est moins. Il y a enrorc de lui trois
poimes assor rerhcrchts ; | Ortandino da
lÀmerno Pitocco , Venise, 15i6 ou 15:^9,
ou IRSO, in-S", rcimpriino h lAindres en
1773. ln-8" et in-12 : | Caos dcl tre pcr tino,
Venise. 15Î7, in-«". C'est un poème sur
les trois tiges de sa vie , en style en partie
mararonique ; | La Ihimanita dcl Figlio
di Deo . in ottava rima, Venise, 1333,
ln-4*.
FOUET A. T'oyez FOGLIETA.
• FOLIG\0 ( La baronne Angèle de ),
né à Foli(îno dans le duché de Spoletle au
15* siècle, embrassa la vie religieuse dans
le tiers-ordre de Saint-François, et se fit
remarquer par sa modestie et sa piété. On
a d'elle plusieurs opuscules recueillis el
publiés sous le titre de Thfologia crucis ,
Paris, 1538 et ICOl ; traduit en français ,
Cologne. 1696, in-12. Saint François de
Sales et Bossuct parlent avantageusement
des écrits de cette sainte religieuse , dont
la Vie a été écrite par le P. J. Blancone,
Paris, 1601, in-12.
FOLK ES ( Martin ), antiquaire , phy-
sicien et mathématicien anglais, né à
Westminster le 29 octobre 1690 . mort à
Londres, le 28 juin 1751, se distingua
dans les académies des sciences de France
et d'Angleterre où il fut admis. Celle-ci
l'avait reçu dans son sein à l'âge de 24
ans ; deux ans après elle le mit dans son
conseil. Newton le nomma ensuite son
vice-président, el enfin il succéda à Sloane
dans la présidence même. Ses connaissan-
ces et ses succès dans les sciences qui sont
l'objet des travaux de cette compagnie ,
furent les titres qui le placèrent à sa tête.
Les nombreux mémoires qu'il lui présen-
ta et qu'on trouve dans les Transactions
philosophiques . justifient son choix. Cet
auteur lira un grand profil, pour la science
des antiquités, d'un voyage qu'il fit en
Italie; et celui qu'il fit en France le lia
avec les sa vans de ce royaume. Ses mé-
moires roulent siir le t)oids et la valeur
des monnaies romaîneis, sur les mesures
àti colonnes Trajane et Antonine ; sur les
aïohnaies d'or d'Angleterre , depuis le
règne d'Edouard III; sur les polypes d'eau
douce; sur lés bouteilles dites de Florcn-
ré , ri «Tir divers sujets de physique. Lors-
hnis à l'académie des sclen-
. pt-ésenta un mémoire sur
'"^ mesures et des poids
icrre. Il finit sa car-
; un ouvrage estimé de
sa n.iiion , xur 1rs monnaies tTarçent
d'.intjlt'terrr . depuis la foni(U(''te de cette
Ile par les Normands jus(|u'à son temps.
Los lettres remplirent sa vie ; ni les soins
du mariage , ni les distractions des voya-
ges . ne purent ralentir son ardeur pour
l'étude. Il avait amassé une ample bii)Iio-
thèquc , et un cabinet enrichi d'une col-
lection de monnaies , supérieure à tout
ce qu'on connaissait en ce genre. Folkes
a été enterré à l'abbaye de Westminster
où on lui a élevé en 1792 un beau mo-
nument.
• FOLLE VILLE ( l'abbé Gadiiiei. GUYOT
de ) , connu sous le titre d'évéque d'Agra ,
était , au commencement de la révolu-
tion , vicaire ou curé à Dol en Bretagne.
Il prêta serment à la constitution civile
du clergé, puis se rétracta, vint à Paris,
et de là se rendit à Poitiers chez une de
ses parentes. Son air pieux et doux lui
attira bientôt la confiance des personnes
séculières qui désiraient recourir à son
ministère , et des religietises chassées de
leurs couvens. Il imagina, peut-être poTir
produire plus de bien , de prendre le titre
d'évéque d'Agra que plusieurs prélats lui
auraient conféré secrètement. Lorsque
les Vendéens s'emparèrent de Thouars,
il s'y trouvait , on ne sait trop pourquoi ,
vêtu en soldat. Il déclara aux paysans qui
l'avaient arrêté qu'il avait été enrôlé par
force à Poitiers, et demanda qu'on le con-
duisit à M. de Villeneuve , un des offi-
ciers de l'armée vendéenne. Celui-ci le
reconnut effectivement pour l'abbé de
FoUeville , son ancien camarade de col-
lège. Il lui répéta la fable de son épisco-
pat , et il ajouta que le pape venait de l'en-
voyer dans l'ouest en qualité de vicaire
apostolique. L'état-major, qui n'avait au-
cune raison pour suspecter sa bonne foi ,
et qui , d'ailleurs , voyait que sa présence
produisait le plus grand effet sur les pay-
sans, le nomma, par honneur potn* son
titre, président du conseil supérieur établi
à Chàtillon, qui était cliargé de l'admi-
nistration du pays insurgé. Le peu de ta-
lent qu'il montra dans ce poste important
lui fit bientôt perdre re$time de ses col-
lègues, et fit même , dit-on , soupçormer
sa supercherie. On a prétendu que des
envieux de son rac^ , doutant de son ca-
ractère épîscopal , écrivirent en cour de
Rome pour s'en assurer. Quoi qu'il en
soit , uri bref en date du 31 juillet 1793.
adressé aux chefs Vendéens, qui décla-
rait qu'il n'y avait point d'évéque d'Agra,
le<;r prout» qu'ils ataicnft été troropél
FON
156
FOIV
Cependant, on tint la chose secrète, dans
la crainte que cette nouvelle ne portât le
découragement dans l'esprit des bons et
religieux Vendéens, qui venaient d'éprou-
ver plusieurs échecs. Mais l'abbé de Fol-
le ville s'aperçut aussitôt, au chanf^ement
de manières à son égard , que son impos-
ture était découverte ; une profonde mé-
lancolie s'empara de lui ; néanmoins à l'at-
taque de Granville il redoubla de zèle. Il
passa la journée à parcourir les rangs , à
animer les soldats , à relever les blessés ,
et il leur portait les consolations de la re-
ligion sous le feu même de l'ennemi. Il
continua à suivre l'armée jusqu'à la dé-
route du Mans , où elle fut presque en-
tièrement détruite. Alors il se cacha pour
se dérober aux poursuites qu'on faisait
contre les Vendéens ; mais il fut pris et
amené à Angers , où il fut condamné à
mort et la sentence fut exécutée le 5 jan-
vier 1794. On l'a représenté dans le temps
comme un homme cruel. Mais sa conduite
prouve qu'il était doué au contraire d'un
caractère doux et humain.
F ON CE MAGNE ( Etiexne LAU-
RÉAULT de ), né à Orléans le 8 mai 1694,
mort à Paris le 26 septembre 1779 , mem-
bre de l'académie française , fut sous-
gouverneur du duc de Chartres. Il est
connu dans le monde littéraire par
des Lettres au sujet du Testament poli-
tique de Richelieu , où il prouve avec au-
tant de politesse que de jugement et de
raisons solides, que ce Testament est
réellement du ministre de Louis XIII; par
plusieurs mémoires qui sont insérés dans
les recueils de l'académie des inscrip-
tions, et qui roulent tous sur des points
de l'histoire de France , excepté celui sur
la déesse Laverne.
FONFRÈDE. F. BOYER-FONFREDE.
FONSECA ( Antoine de ) , domini-
cain , né à Lisbonne, vint faire ses études
8 Paris, et publia dans cette ville , en 1330
des Remarques sur les Commentaires de
la Bible, par le cardinal Cajetan , in-fol.
Il reçut , 3 ans après , le bonnet de doc-
teur de Sorbonne. De retour dans sa pa-
trie, il fut prédicateur du roi , et obtint
une chaire de théologie en l'université de
Coiinbre. Il mourut en 1588.
FONSECA ( Pierre de ), jésuite , né à
Corticada en Portugal , docteur d'Evora ,
mourut à Lisbonne, le k novembre 1599
à 71 ans , après avoir publié une Métor-
physique en h tomes in-fol. Cette méta-
physique a eu un grand cours , et a été
long-temps citée dans les écoles. Il y a
des choses inutiles par leur objet direct ,
mais excellemment propres à exercer
l'esprit , à lui donner des idées justes ,
nettes, précises, et à le former à une
exacte logique ( Voyez CHAPELAIN ,
DUNS, OCCAM).
FONSECA ( Roderic ) , médecin , natif
de Lisbonne , professa la médecine avec
distinction au commencement du 17'
siècle , à Pise et à Padoue , et composa
divers ouvrages sur cette science , entre
autres : De tuenda valetudinc ^ et De cal-
culorum remediis.
* FO^SECA SOARES (Antoine de ) ,
cordelier portugais, né en 1631 , mort l'an
1682 , en odeur de sainteté , passait pour
un des plus éloquens prédicateurs de son
temps ; il a écrit un assez grand nombre
d'ouvrages ascétiques tels que : | les Etin-
celles de l'amour divin; \ le Fouet des
pécheurs ; \ le Bouquet spirituel , etc. Le
tout a été recueilli en 2 vol. qui ont été
souvent réimprimés. Sa Vie a été écrite
par le père Godinho.
* FONSECA FIGUEIREDOY SOLSA
( Joseph-Marie ) , franciscain i)ortugais ,
né à Evora en 1690, mort en 1760, fui
successivement théologien de Benoit Xlll
au concile de Latran, consul teur des con-
grégations sacrées , président de salines à
Rome, conseiller aulique de l'empereur
Charles VI , chargé d'affaires du roi de
Sardaigne et son plénipotentiaire sous
les pontificats de Benoît XIII, de Clé-
ment XII et de Benoît XIV, enfin évéque
de Porto et membre de plusieurs acadé-
mies. On a de lui plusieurs ouvrages en
espagnol et en italien ; les principaux
sont : I Jura romance provinciœ super
ecclesiam Jracœlitanam . etc., Rome,
1719, in-fol.; \ Excelencias y virtudes del
apostolo de las Indias S. Francisco So-
lano, ibfd., 1727, in-8°; | Tabula; chro-
nologicce ^ etc. , sanctorum pontificum,
cardinalium. etc., ibid., 1737, in-fol.
* FONSECA (Eléonore, marquise de),
dame d'honneur de la reine de Naples ,
née en 1768 , d'une famille illustre de
cette ville , passa sa première jeunesse
dans l'étude des sciences et des lettres, et
s'adonna particulièrement à celle de l'his-
toire naturelle et même de l'anatomie.
Elle correspondit dans la suite pour cette
science avec le célèbre Spallanzani, à
qui elle communiquait ses observations.
On croit qu'il en profita pour sa fameuse
découverte des vaisseaux lymphatiques.
Eléonore épousa en 1784 le marquis de
Fonseca, d'une ancienne famille espa-
0nole depab long-temps établie à Naples,
et fut reçue à la cour en qualité de dame
d'honneur de la reine Marie-Caroline , qui
lui accorda sa bienveillance; mais elle
ne sut pas laronservor. Des prctpos un
peu niordans qu'elle s'élait permis contre
celte princesse et le ministre Acton , et
qui furent rapportés à sa majesté par des
pc: ; l'iiuses de la faveur de la mar-
qi; fU donner l'ordre de ne plus
rci . i l;i cour. C'est de cette époque
que date 1 inimitié de M""= de Fonseca
pour la famille royale. Lorsque la révo-
lution éclata en France , elle en adopta
les principes , et se servit pour nuire à
la cour de l'influence que sa beauté , son
esprit et son amabilité lui donnaient sur
les personnes les plus remarquables de la
capitale qu'elle rassemblait chez elle. On
l'a même accusée d'avoir eu une corres-
pondance secrète avec les Français qui
approchaient de Naples, et d'avoir eu
ainsi une grande part aux troubles de ce
royaume en février 1799. Le roi ayant été
obligé d'abandonner son palais, les laz-
zaronis , qui alors lui étaient dévoués ,
commirent les plus grands excès contre
les Français qui se trouvaient à Naples et
contre leurs partisans. Ils se proposaient
de se porter à l'hôtel de la marquise de
Fonseca pour exercer sur elle leur ven-
ffeancc : mais elle avait été prévenue.
Elle parvint, avec un grand nombre de
dames . ennemies comme elle de la cour ,
qu'elle avait réunies, à se retirer au châ-
teau Saint-Elme , qui était déjà au pou-
voir des Français. I^orsqu'ils firent leur
entrée dans la ville , elle entreprit la ré-
daction d'un journal intitulé Moniteur
napolitain . dans lequel elle attaqua sans
ménagement la reine et ses ministres. Les
succès du cardinal Ruffo ayant obligé les
Français d'évacuer Naples, la marquise
de Fonseca s'obstina à y rester , contre
l'avis de ses amis, afin, disait-elle, d'être
toujours à portée d'encourager son parti ;
mais elle fut arrêtée et condamnée à être
pendue. L'arrêt fut exécuté le 20 juillet
4799 , malgré les prières de sa famille et
des principaux seigneurs, qui deman-
diiient au moins la commutation de la
peine. Elle n'avait alors que 31 ans.
FOXT ( JosEPU de la ) , poète français ,
est auteur de cinq comédies , dont les
meilleures sont l'Epreuve réciproque et
les Fi'èret rivaux. On a encore de lui
plusieurs opéras et l'opéra comique inti-
tulé U Monde renversé. La Font était né
k Paris en i686 , et il mourut à Passy près
7 TOS
do cette capitale , en 17S5 , à 39 ans. Il
était encore plus passionné pour le jeu
que pour la poésie.
FONT ( Pierre de la ) , né à iCvîgnon ,
devint prieur de Valabrègue et officiai de
l'église d'ilzès. C'était un homme de Dieu
plein de zèle et de charité. Il se démit
du prieuré dont il était pourvu, pour en
fonder un séminaire dans la ville épisco-
pale. lien fut lui-même le premier supé-
rieur, et une des fonctions de cet emploi
pénible nous a procuré cinq volumes
d'Entretiens ecclésiastiques , imprimés
à Paris , in-12. On en fait cas , ainsi que
de k volumes de prônes jin-i'2. Toutes les
preuves que fournissent l'Ecriture, les
Pères , les conciles , sur les devoirs des
ecclésiastiques et des autres fidèles, sont
répandues dans ces deux ouvrages avec
beaucoup d'intelligence. Le pieux auteur
termina sa carrière au commencement du
18' siècle. ^
* FONT DE SAVINES ( Charles la )
évéque de Viviers, né à Embrun en 1742,
fut sacré évoque en 1778, et ne se fit
connaître qu'au moment de la révolution
par les écarts les plus malheureux. En
1791 , il donna la démission de son évêché
entre les mains des électeurs de son dé-
partement , comme pour réparer les vices
de son institution. Confirmé par eux , il
prêta le serment voulu par la constitution
civile du clergé , et la défendit par ses
écrits. Il prit en même temps le titre d'é-
vêque de l'Ardèche , et donna la consé-
cration épiscopaltt à deux curés le 24 juin
1792. Le 1" décembre 1793 il renonça
publiquement à ses fonctions , en se dé-
pouillant de ses habits pontificaux devant
l'administration départementale , et en
lui livrant sa crosse , ses mitres , sa croix ,
son calice et tous les ornemens de l'église-
Il prononça en cette occasion un discours
scandaleux et impie , et écrivit depuis
contre la célébration des fêtes , le célibat
ecclésiastique, le jeûne et les règles les
plus saintes et les plus invariables de la
discipline. Pendant la terreur , il fut néan-
moins arrêté et envoyé à la Concierge-
rie à Paris. Il sembla un moment que
ce châtiment l'avait fait rentrer en lui-
même. Instruit que l'archevêque de
Vienne gouvernait son diocèse avec des
pouvoirs du saint Siège , il conseillait à
ceux qui croyaient à la juridiction , de
s'adresser à ce prélat, reconnaissant que
lui-même n'en avait réellement pas. Cet
heureux changement ne fut pas de longue
durée. En 1797 il s'éleva de nouveau
14
FOBÎ i58
contre le pape et contre le métropolitain,
et il parut vouloir reprendre la conduite
de son diocèse ; mais il fut repoussé par
l'opinioh de ses diocésains. Il se retira
alors à Paris , et revint ensuite dans sa
ville natale , ovi il eut le bonheur de re-
connaître et d'avouer ses erreurs. Il ne
cessa de les pleurer et d'en faire péni-
tence jusqu'à sa mort , arrivée au com-
mencement de janvier 1813.
FONTAINE ( Charles ) , né à Paris le
13 juillet 1315 d'un commerçant, passa
sa vie à faire des vers , passables pour le
temps. Il se fixa à Lyon^ où il contracta
successivement deux mariages , et mou-
rut dans un âge avancé , postérieurement
à 1586. Ses principales poésies sont re-
cueillies en 1 vol. in-S" , imprimé à Lyon
en 1555 , sous le titre de Ruisseaux de
Fontaine. On a encore de lui le Jardin
d'amour, avec la Fontaine d'amour:,
Lyon, 1588, in-16 : cette édition avait
été précédée d^ deux autres. Victoire
d'Argent contre Cupido . Lyon , 1337 ,
in-16, etc. Il a mis aussi le nouveau
Testament en sixains , Lyon , 1360 , in-12,
avec des figures en bois.
FONTAINE ( Jean de la ) , le Fabu-
liste par excellence, naquit à Château-
Thierry, le 8 juillet 1621, un an après
Molière. A 19 ans , il entra chez les Pères
de l'Oratoire , qu'il quitta 18 mois après.
La Fontaine ignorait encore à 22 ans ses
talens singuliers pour la poésie. On lut de-
vant lui la belle ode de Malherbe sur l'as-
sassinat de Henri IV , et dès ce moment il
se reconnut poète. Un de ses parens ayant
vu ses premiers essais, l'encouragea et
lui fit lire les meilleurs auteurs anciens
et modernes , français et étrangers. On
lui fit épouser Marie Héricard , fille d'une
figure et d'un caractère qui lui gagnaient
les cœurs. La Fontaine , soit insensibilité,
soit vanité , la quitta pour vivre dans la
capitale , et ce n'est pas ce qui prévient
le plus en faveur de son caractère. La
duchesse de Bouillon , exilée à Château-
Thierry, avait connu La Fontaine , et lui
avait même, dit-on, fait faire ses pre-
. miers contes. Rappelée à Paris, elle y
mena le poète. La Fontaine avait un de
ses parens auprès de Foucquet. La maison
du surintendant lui fut ouverte , et il en
obtint une pension , pour laquelle il fai-
sait à chaque quartier une quittance poé-
tique Après la disgrâce de son bienfai-
teur, La Fontaine entra en qualité de
gentilhomme chez la célèbre Henriette
d'Angleterre , première femme de Mon-
FOIV
sieur. La mort lui ayant enlevé cette
princesse , il trouva de généreux protec-
teurs dans M. le prince , dans le prince
de Conti, le duc de Vendôme et le duc de
Bourgogne , et des protectrices dans les
duchesses de Bouillon , de Mazarin , et
dans l'ingénieuse La Sablière ; celle-ci le
retira chez elle , et prit soin de sa fortune.
Attaché à Paris par les agrémens de la
société , et par ses liaisons avec les plus
beaux esprits de son siècle , La Fontaine
allait néanmoins tous les ans au mois de
septembre rendre visite à sa femme. A
chaque voyage il vendait une portion de
son bien, sans s'embarrasser de veiller
sur ce qui restait. Il ne passa jamais de
bail de maison , et il ne renouvela jamais
celui d'une ferme. Cette apathie qui coû-
tait tant d'efforts aux anciens philosophes,
il l'avait sans effort. Elle influait sur toute
sa conduite et le rendait quelquefois in-
sensible même aux injures de l'air. M""
de Bouillon , allant un matin à Versailles,
le vit rêvant sous un arbre du Cours ; le
soir en revenant , elle le trouva dans le
même endroit et dans la même attitude ,
quoiqu'il fît assez froid et qu'il eût plu
toute la journée. Il avait quelquefois des
distractions qui lui ôtaient la mémoire ;
il en avait d'autres qui lui ôtaient le ju-
gement. Il loua beaucoup un jeune homme
qu'il trouva dans une assemblée. « Eh !
» c'est votre fils , lui dit-on ; » il répondit
» froidement: « Ah ! j'en suis bien aise. »
Il avait fait un conte , dans lequel , con-
duit par sa matière, il mettait dans la
bouche d'un moine une allusion fort in-
décente à ces paroles de l'Evangile : Vo^
mine , quinque ialenta tradidistimihi, etc.
et par un tour d'imagination dont La Fon-
taine seul pouvait être capable il l'avait
dédié au docteur Arnauld. Il fallut que
Racine et Boileau lui fissent sentir com-
bien la dédicace d'un conte licencieux à
un homme grave choquait le bon sens.
Racine le mena un jour à Ténèbres, et
s'apercevant que l'office lui paraissait
long , il lui donna pour l'occuper un vo-
lume de la Bible , qui contenait les petits
prophètes. Il tomba sur la prière des juifs
dansBaruch, et ne pouvant se lasser de
l'admirer , il disait à Racine : « C'était un
» beau génie que ce Baruch : qui était-
D il ? » Le lendemain et plusieurs jours
suivans , lorsqu'il rencontrait dans la rue
quelques personnes de sa connaissance ,
après les complimens ordinaires , il éle-
vait la voix pour dire « Avez-vous lu
» Baruch? c'était un beau génie ! » L'es-
pèce de •tuptdilé que ce côlèbro fablilUtc
avait daps son air, dans son maintien et
dani sa conversation , lit dire k M'"' de la
Sablière, un jour qti'elle avait conR6di»!
tous scsdomostiqui'j : « Je n'ai pardé avec
■ mol que uïcs trois béte», nu"» cJiien,
» mon chai et La Fontaine. • Cependant
cet hoiunic , si insensible en apj>arcncc et
si apiithique. était qxielquefois colère et
rancunier. Ayant eu une dispute nvec M.
Choart . cure de St.-Geruiain-le-Vicil , à
Paris, il s'en ven(;ea par la fable du curé
et du mort (liv. 7, fiab il ). C'est la plus
mauvaise de toutes ses fables , elle se res-
tent de l'humeur du poète ; le nom du erré
y est défiguré ( voye?. le Journal de Pa-
ris. 1787, n° 107 ). La Fontaine avait tou-
jours vécu dans une grande indolence sur
la religion , comnMî sur tout le reste. Une
maladie qu'il eut sur la fin de 1692 le fit
rentrer en lui-même. Le Père Poujet de
l'Oratoire . alors vicaire de St.-Roch , lui
fit faire une confession générale. Prêt à
recevoir le viatique , il détesta ses contes
et en demanda pardon à Dieu , en pré-
sence de quelques membres de l'académie
qu'il prit pour témoins de son repentir.
Si ce repentir fut sincère , il ne fut pas
constant. La Fontaine laissa échapper
après sa conversion encore quelques con-
tes ; celui de la Clochette en est un. C'est
à quoi fait allusiou son prologue cité dans
Moréri :
O combien l'homme cil ioeontltnt , JÏTcn ,
Faible, lester, tenant m<tl M parole !
J'avaU joré , iiii'me en rtiez beaux vert ,
ne renoncer à tout cozite frivole ,
Kl quanti jure ? c'eit ce qui me confond ,
Pait, liri-roiu à riroeur qui répond
D'an teal moment
La Fontaine réprima ces saillies d'une
imagination long-temps fixée à ce genre
d'écrire , qui n'est ni le plus noble , ni le
plus sage. 11 entreprit de traduire les
hymnes de l'Eglise; mais sa verve émous-
séc par l'âge, et peut-être son génie que
la nature n'avait pas fait pour le sérieux,
ne lui permirent pas de fournir long-
temps cette carrière. Il mourut à Paris en
en 1695, à 74 ans, dans les plus vifs senti-
mens de religion. Lorsqu'on le déshabilla ,
on le trouva couvert d'un cilice. Il s'é-
tait fait lui-même cette épitaphc, qui le
peint parfaitement :
J'»o t'en alla comme il e'tait venu ,
Vitufanl i4>a fondi apr^i ton revenu.
' ' >ioi te bien «hoir peu uéceitairc.
<J>i»'a i ton icmpt. Lien le lut dispenser »
lie», paru e« (t 4onl il tontait paner
L*»«« k dormir , cl l'aairc à ne ricc fairt
9 FOIV
Parmi les ouvrogcs qui nous restent de
La Fontaine il faut pincer au premier ra'n^j
SCS coûtes cKivt. fahles. Los i)rcinicr88onl
un motlèle parfait du style historique dans
le genre familier , mais en même temps
un recueil de tableaux destructifs des
mœurs, qu'une jeunesse vertueuse ne
saurait trop redouter. Ses fables sont sa
véritable gloire. On y reconnaît le poète
de la nature ; une niolle négligence y dé-
cèle le grand maître et l'écrivain original.
■ On dirait , suivant l'expression d'un
» critique judicieux , qu'elles sont tombées
» de sa plume. Il a surpassé l'ingénieu»
» inventeur de l'apologue, et son admi-
» rable copiste. Aussi élégant, aussi na-
» turel, moins ptir à la vérité, mais aussi
» moins froid et moins nu que Phèdre , il
» a attrapé le point de perfection dans ce
» genre. » Si ceux qui sont venus après
lui, comme La Motte, Richer, d'Ardenne,
Aubert, Desbillons, l'ont surpassé quel-
quefois pour l'invention des sujets, ils
sont fort au-dessous pour tout lo resta ,
pour l'harmonie variée et Icfrère des vers,
pour la grâce, le tour, l'élégance, les
charmes naïfs des exprecsisns et du badi-
nage. lî élève , dit La Bruyère, ses petits
sujets jusqu'au cublirie. Scus l'air 1-3 plos
simple , il a du génie , et même plui de
ce qu'on appelle esprit, qu'on n'en trouve
dans le mc.ide le rL.icux cultivé. On doit
à M. de Montenaulc une rcagaifique édi-
tion des fcblss de La Fcntair.e , ea h vol .
in-fo!. , dont le premier a vu le jour sn
4755 , elle dernier er. 1759 ; c^aqu^ fable
est accompagnée d'r.r.e ei qi:cl';ucfois de
plusieurs estampes ; l'ouvrage est précédé
d'ime vie du fabuliste. On a une au:re édi-
tion des fables de La Fontaine par Coste ,
174.4 , 2 vol. in-12 , avec ligures et de
courtes notes, et 1 voL in-12 , sans figures.
Elles ont depuis été réimprimées très sou-
vent, in-8°, in-i2et in-18, avec et sans
figures , et traduites en vers latins par
Giraud , 1775 , 2 vol. in-S" ou in-12. L'on
a imprimé à Paris en 1758 , en 4 jolis
petits vol. in-i2. les OEuQres diverses de
La Fontaine , c'est-à- dire tout ce qu'on a
pu rassembler de ses ouvrages tant en
vers qu'en prose , à l'exception de ses fa-
bles et de ses contes. On y trouve quel-
ques comédies, un poème sur le qum'
quina , quelques pièces anacrcontiques ,
des lettres et d'autres morceaux , la plu-
part très faibles et qu'on n'aurait jamais
imprimés , si les éditeurs consultaient la
gloire des morts plutôt que l'intérêt des
vivans. Tous les ouvrages de La Fontaine
roiv
iGO
FON
furent recueillis en 1726 , 5 vol. in-4* ,
belle édition encadrée , 1803 , 8 tomes en
6 vol. in-12 , et 1814 , 6 vol. in-8'' , fig.
Le libraire Dupont en a donné une édition
en 6 vol. in-8° , avec les commentaires et
les notes de M. Walkenaer. La Fontaine
avait essayé de beaucoup de genres , de
quelques-uns même opposés à son génie.
Voici comme il peint son inconstance :
Papillon du Parnasse , et semblable aux abeilles ,
A qui le bon Platon compare nos merveille»
Je suis chose légf:re , et vole à tout sujet:
Je vais de fleur en fleur , et d'objet en objet ;
A beaucoup de plaisir je mêle un peu de gloire.
J'irais plus haut peut-être au temple de mémoire
Mais quoi ! je suis volage en vers comme en
amours , etc.
M. Walkenaer a publié une Histoire de
la vie et des ouvrages de Jean de La
Fontaine , iSW , ô' édition, 1824, in-8''.
M. A. A. Barbier a donné une Notice des
principales éditions des fables et des œu-
vres de La Fontaine qui se trouve dans
le tome 2 des fables inédites publiées par
M. Robert , Paris , 1823 , 2 vol. in-8°. On
a de Chamfort l'Eloge de La Fontaine ,
couronné par l'académie de Marseille.
FOA'TAL\E ( Nicolas ) , parisien , fils
d'un maître écrivain , fut confié à l'âge
de 20 ans aux solitaires de Port-Royal.
Il se chargea d'abord d'éveiller les autres;
mais dans la suite il eut le soin plus no-
ble des études de quelques jeunes gens
qu'on y élevait. Les heures de loisir qui lui
restaient , il les employait à transcrire les
écrits des sa vans qui habitaient cette so-
litude. Il suivit Arnauld et Nicole dans
leurs diverses retraites. Il fut enfermé à
la Bastille avec Sacy, le 13 mai 1666, et
en sortit avec lui en 1668. Ces deux amis
ne se quittèrent plus. Après la mort de
Sacy en 1684 , Fontaine changea plusieurs
fois de retraite. Il se fixa enfin à Melun,
où il mourut en 1709 , à 84 ans. On a de
lui : I Vies des saints de l'ancien Testa-
ment ^ en 4 vol. in-8° : ouvrage composé
8t)us les yeux de Sacy , qui peut être de
quelque utilité pour l'histoire sacrée.
I Les Fies des saints ^ in-fol. et 4 vol.
in-S". C'étaient les plus exactes avant celles
de Baillet ; mais les unes et les autres sont
oubliées depuis celles que l'abbé Godescard
a traduites de l'anglais , 12 vol. gr. in-8°.
I Mémoires sur les Solitaires de Port-
Royal^ en 2 vol. in-12 très détaillés , et
même jusqu'à la minutie : tout paraît
précieux dans les saints d'un parti auquel
on est dévoué. | Traduction des Homélies
de saint Chrysostôme sur les Epitres de
saint Paul, en 7 vol. in-8°. On accusa
l'auteur d'être tombé dans le rjestoria-
nisme; l'archevêque de Paris, Harlay,
condamna Fontaine , qui se rétracta , puis
s'expliqua , et prétendit , à l'exemple de
tous les dogmatisans, avoir raison. | Abré-
gé de l'histoire de le Bible ^ publié sous
le nom de Royaumont, in-8°, avec figures,
communément attribué , et peut-être avec
raison, à Sacy. Voyez MAISTRE ( le ).
FOA'TAIAE ( Jacques de la), jésuite
de Berg - Saint - Vinox , travailla avec
beaucoup de zèle à la défense de la con-
stitution Unigenitus ^ et publia sur ce sujet
un ouvrage en 4 vol. in-fol. Il mourut à
Rome le 18 février 1728 , à l'âge de 78
ans.
FONTAINE ( Alexis ) , né à Clavaison
en Dauphiné, s'occupa principalement
du calcul intégral, fut reçu de l'acadé-
mie des sciences, et mourut en 1771 à
Cuiseaux en Franche-Conaté. Ses mémoi-
res ^ qui sont dans le recueil de l'acadé-
mie , ont été imprimés séparément en 1
vol. in-4°.
* FONTAINE ( Jean-Claude ) , profes-
seur de philosophie au collège d'Annecy,
et chanoine de la collégiale de la même
ville , né à Talloires en 1715 , et mort
dans la même ville en 1807 , a donné
quelques ouvrages peu connus. Les prin-
cipaux sont : 1 Réfutation de la nécessité
et du fatalisme . Annecy , 1783 , 2 vol.
in-8°; | Le véritable système sur le m.éca~
nisme de l'univers ^ ou Démonstration de
l'existence du premier moteur , Annecy,
1785,2 vol. in-8"'. Il a laissé plusieurs ma-
nuscrits sur des objets d'astronomie , de
physique, etc.
FONTAINE DE LA ROCHE. Voyez
ROCHE.
FONTAINES ( Pierre des), né dans
le Vermandois en Picardie, maître des
requêtes de Saint-Louis , a réuni les usa-
ges du Vermandois sous le titre de Con-
seils à son ami. Du Cange les a publiés
avec l'Histoire de saint Louis, de Join-
ville, 1668, in-fol. C'est le premier au-
teur que l'on connaisse qui ait écrit sur
la jurisprudence française. Il a aussi écrit
une histoire sous le titre de Livres de la
Reigne. Joinville dit que saint Louis s'en
servait « pour ouïr les plaids de la porte,
» pour recevoir les requêtes et faire droit
» aux parties. »
FONTAINES ( Marie - Louise-Char--
LOTTE de PELARD de GIVRY, épouse ,du
comte de ) , fille du marquis de Givry ,
commandant de Metz, morte en 1730»
P0\
161
FON
culllvâ les lettres a lombrc A\i sWcnrt ,
«t nicillU quelques fleurs dans le champ
romanesque. 0« lui doit entre autres pro-
ductions, écrites sans prétention et pour
le seul plaisir d'écrire | La comtesse de
Savoie, roman dans le goût de Zafrf^ ,
imprimé en !7« ; | Jtnénophès , prince
de Libye.
FOXÏ \1M>»(P»««*B-F»«*^''"»s GUYOT
deaV naquit à Rouan le 22 juin 1685,
• • r ftu parlement. Les jésui-
is Util ses humanités avec
■ rent leur habit en 1700.
Apr^ avoir professé 15 ans dans diffé-
rena collèges de la société, il sollicita sa
«ortie et l'obtint sans peine. Son humeur
dii'tlcile et son génie indépendant avaient
un peu indisposé ses supérieurs , qui lui
avaient conseillé eux-mêmes de rentrer
dans le siècle, et de quitter le cloître
pour lequel il ne paraissait pas fait. L'abbé
des Fontaines était prêtre alors; on lui
donna la cure de Torigny en Normandie,
mais il ne tarda pas de s'en démettre. Il
fut quelque temps auprès du cardinal
d'Auvergne . comme bel-esprit et homme
de lettres. Quelques brochures critiques
lui firent un nom à Paris. L'abbé Bignon
lui confia en 1724 le Journal des savons,
mort de la peste , comme on disait alors,
parce que les prédécesseurs de l'abbé des
FonUiites dans ce travail , ne le remplis-
saient que d'extraits de livres sur la peste
de Marseille. Le nouveau journaliste ra-
nima ce cadavre, et se distingua égale-
ment par d'autres ouvrages périodiques.
Le premier vit le jour en 1731 , sous le
titre de Nouvelliste du Parnasse, ou Ré-
flexions sur les ouvrages nouveaux. Il
n'en publia que 2 vol. L'ouvrage fut ar-
rêté par le ministère en 1732 , et ce fut
au grand regret de quelques littérateurs
qui y trouvaient l'instruction , et des gens
du monde qui y cherchaient l'amusement.
Fjiviron trois ans «près, en 1735 , l'abbé
des Fontaines obtint un nouveau privi-
lège pour dos feuilles périodiques. Ce sont
celles qu'il intitula : Observations sur les
écrits modernes . in-i2 , commencées
comme les précédentes avec l'abbé Gra-
net , et continuées jusqu'au 33* vol. inclu-
sivement. On les supprima encore en
1743. Cependant l'année suivante il pu-
blia une autre feuille hebdomadaire, in-
'■'"lée : Jugemens sur les ouvrages nou-
ir . en 11 vol. in-12,dont les deux
ùrrs «ont de Mairault. L'abbé Granet
n'eut point de part aux jugemens . comme
le dit l'abbé Ladvocat ou son continua-
teur : il y avait î ans qu'il était mort.
L' abbé des Fontaines mourut en 1745 , k
60 ans. Ses critiques ont été taxées de
trop de sévérité; mais cette sévérité, dit
un auteur judicieux , n'était-ellc pas né-
cessaire , si l'on fait attention à la rapi-
dité avec laquelle le goût se pervertit
aujourd'hui? n était naturel que l'abbé
des Fontaines fût sensible h la dégrada-
tion des lettres : personne ne connaissait
mieux que lui les règles eî les raisons des
règles; personne ne les développait avec
plus de finesse , d'agrément et de clarté;
personne ne saisissait avec autant de pré-
cision les différens degrés du beau et les
moindres nuances du ridicule ; l'œil sans
cesse ouvert sur les moindres défauts , il
les sentait vivement et ne faisait grâce à
rien. Est-il étonnant après cela, qu'il ait
eu pour ennemis les médiocres écrivains
de son temps , et même des écrivains cé-
lèbres qui ne voulaient être médiocres
en rien T Delà ce déchaînement presque
universel contre lui. On s'efforça de dé-
crier ses talens , on attaqua sa réputation,
on calomnia ses mœurs, on enfanta un
déluge de libelles , auxquels il eut la fai-
blesse d'être sensible , et qui le rendirent
injuste à l'égard de ceux qui l'avaient of-
fensé; mais si le ressentiment a aigri
quelquefois son style , on découvre tou-
jours dans ses jugemens les lumières d'un
homme fait pour régenter le Parnasse.
Toutes les fois qu'il n'écoute que la raison
et le bon goût, on ne peut s'empêcher
de le regarder comme le modèle des bons
critiques. « L'abbé des Fontaines ( dit
» Fréron ) , philosophe dans sa conduite
» comme dans ses principes, était exempt
» d'ambition; il avait dans l'esprit une
» noble fierté, qui ne lui permettait pas
* de s'abaisser à solliciter des bienfaits
» et des titres. Le plus grand tort que lui
» aient fait les injures dont on l'a accablé,
» est qu'elles ont quelquefois corrompu
» son jugement. L'exacte impartialité , je
» l'avoue , n'a pas toujours conduit sa
» plume , et le ressentiment de son cœur
» se fait remarquer dans quelques-unes
» de ses critiques Si l'abbé des Fon-
* taines était quelquefois dur et piquant
» dans ses écrits, dans la société, il était
» doux , affable , poli sans affectation de
D langage et de manières. On doit cepcn-
» dant le mettre au rang de ceux dont
0 on n'est curieux que de lire les ouvra-
» gcs. !1 paraissait dans la conversation
» un homme ordinaire, à moins qu'on
* n'y agitai quelque matière de littcrui-
FOIV (62
h tnrc et de bel-esprit. Il soutenait avec
» chaleur ses senlimens ; mais la même
» vivacité d'imagination , qui l'égarait
» quelquefois , le remettait sur la route ,
h pour peu qu'on la lui fit apercevoir. »
J. J. Rousseau, M. Rollin et tous ceux
tfui s'intéressaient aux progrès de la
bonne littérature , ont rendu par leurs
éloges , justice à ses talens et à ses lu-
mières. L'auteur de la Métromanie ( le
célèbre Piron ) fut long-temps de ce
nombre. Ami faible et inconstant , comme
ne le sont que trop ordinairement les
gens de lettres, il ne se brouilla avec
l'abbé des Fontaines que pour une baga-
telle. Voltaire lui fut également attaché ,
mais quelques plaisanteries sur la tragé-
die de la mort de César ^ irritèrent ce
poète, et furent le signal d'une guerre
qui a duré jusqu'à la mort du critique.
Outre ses feuilles , on a encore de l'abbé
des Fontaines : | une Traduction de Vir-
gile^ en h vol. in-8°, Paris > 1743, avec
des ligures de Cochin , des discours bien
écrits, des dissei'tations utiles, des re-
marques propres à diriger les jeunes
gens dans la lecture de Virgile et des au-
teurs qui l'ont imité. 11 y en a aussi une
édition en 2 vol. in-12. Cette version,
fort supérieure aux traductions de Fabre,
de Catrou et des autres , est la meilleure ;
mais elle n'est pas encore parfaite. Quel-
ques morceaux sont écrits du style de Té-
léinaque : c'était tout ce qu'on pouvait at-
tendre d'un traducteur en prose; mais
dans plusieurs autres fragmens , l'auteur
de ÏEneïde n'a que la moitié de ses grâ-
ces. Ou trouve des endroits rendus avec
chaleur , mais avec trop peu de fidélité ;
d'autres très élégans , mais froids , gla-
cés : ceux-ci sont le plus grand nombre.
{ Poésies sacrées , traduites ou imitées
des Psaumes, ouvrage de sa jeunesse , et
qui n'en est pas moins froid ; | Lettres
tur le Livre de la Religion chrétienne
prouvée par les faits , par l'abbé Houtle-
pille , in-12. Elles sont au nombre de 18,
et la plupart très judicieuses. | Para-
doxes littéraires sur Z'Inès de Castro de
La Motte ^ \n-h°. Cette critique fut très
recherchée. | £?iiretiens sur les Voyages
de Cyrus de Rainsay ^ autre critique
fort sensée ; | Racine vengé, ou Examen
des remarques grammaticales de M.
l'abbé d'Olivet sur les OEuvres de Racine.
in-i2. Cette brochure prouve que l'abbé
des Fontaines connaissait le génie de sa
langno. | Les Voyages de Gulliver,, tra-
duits de l'anglais de Swift . in-i2 ; L Le
FOIV
nouveau Gulliver. 2 vol. în-12. Tl ne
vaut pas l'ancien ; mais si l'on n'est pas
satisfait de l'invention , on y reconnaît
du moins le même goût de style et de
critique morale , qui avait fait la réputa-
tion de celui de Swift. ] Les aventures
de Joseph Andrews, traduites de l'an-
glais, 2 vol. in-12; \ l'Histoire de don
Juan de Portugal, in-12 , roman histori-
que, dont le fond est dans Mariana. L'abLé
des Fontaines a eu part à la traduction
de V Histoire du président de Thon ; à
l'Histoire des révolutions de Pologne ; à
celle des ducs de Bretagne ; à la traduc-
tion de l'Histoire romaine d'Echard ; à
l'Histoire abrégée de la ville de Paris,
par d'Auvigni ; au Dictionnaire néologi-
que , ouvrage estimable fait pour guérir
quelques auteurs qui écrivaient comme
parlaient les laquais des Précieuses , mais
qu'il infecta de satires personnelles. M.
l'abbé de La Porte a publié en 1757 \ Es-
prit de l'abbé des Fontaines , en 4 vol.
in-12. On trouve à la tête du premier
volume la vie de l'auteur, un catalogue
de ses ouvrages , et un autre des écrits
publiés contre lui.
FONTANA ( PuBLio) , prêtre, né eu
1548 à Palluccio , près de Bergame , eut
le talent de la poésie latine et les vertus
de son état. Le cardinal Aldobrandini ne
put jamais lui faire quitter sa solitude. Il
mourut en 1609, à 62 ans. Le principal
de ses ouvrages , imprimé à Bergame en
1594 , in-folio, est son poème de la Del-
phinide. Il y a de la grandeur, de la no-
blesse, de l'élévation , et peut-être un
peu d'enflure dans le style.
FOATAIVA ( Dominique ) , né à Mili ,
village sur le bord occidental du lac de
Lugano , en 1543 , vint à Rome à l'âge de
20 ans pour y étudier l'architecture. Sixte
V, qui s'était servi de lui n'étant que car-
dinal, le choisit pour son architecte lors-
qu'il eut obtenu la tiare. Ce pontife avait
conçu le projet de mettre sur pied l'obé-
lisque de granit d'Egypte , qu'on voit ac^
tuellement sur la place de Saint-Pierre h
Rome, et qui alors était couché parterre,
près le mur de la sacristie de cette église.
Il proposa un concours aux artistes ingé-
nieurs et mathématiciens, pour imaginer
les moyens de redresser ce précieux reste
de la magnificence romaine , haut de 107
palmes , d'une seule pièce , et du poids
d'environ un million de livres. Les pro-
cédés dont les Egyptiens et les Romains
s'étaient servis, soit pour transporter,
soit pour élever en l'air coa m&sôes énor-
FON
465
TON
oies, éteicnt cnsovclls dans l'oabli; la
Iradition ne fournissait rien à ce sujet, cl
il fallait nécessairement imaginer. Fontana
présenta au pape le modèle d'une mactiine
'prt)pre k celte opération, avec laquelle il
{exécutait en pelil, ce qui devait se prati-
quer en grand. L'exécution répondit i
rallenlc : l'obélisque fut d'abord trans-
porlc sur la place où il devait être élevé,
distante de 115 cannes du lieu où il était
couche , et le 10 septembre 1686 il fut
dresse sur son piédestal , au bruit des ac-
clamations réitérées d'une multitude in-
combrablc de spectateurs. Il fut magnili-
quement récompensé. Le pape le créa
chevalier de l'Eperon d'or et noble ro-
main , et fît frapper des médailles à son
honneur. A ces distinctions fut ajoutée
une pension de 2,000 écus d'or , réver-
sible à ses héritiers ; outre 5,000 écus de
gratification , et le don de tous les maté-
riaux qui avaient servi à son entreprise,
eslimés à plus de 20,000 écus. C'est celte
érection de l'obélisque de la place de Saint-
Pierre qui a fail la plus grande réputa-
tion de Fonlona. Dominique transporta
et éleva trois autres anciens obélisques ,
.'un sur la place de Sainte-Marie-Majeure,
l'autre sur celle de Saint-Jean de Latran,
et le troisième sur la Place du peuple. Il
répara les colonnes Trajane et Antonine ,
continua le palais papal, sur le mont
Quirinal nommé depuis Monle-Cavallo, à
cause des deux groupes représentant des
coursiers domptés par deux héros, que
Fontana avait fait transporter dans ce
lieu des Thermes de Diocléiien. 11 avait
beaucoup de génie pour la mécanique ;
mais il a fait de grandes fautes en archi-
tecture. Les mauvais offices qu'on lui
rendit auprès du pape Clément VIII , et
peut-cire des torts réels, le firent desti-
tuer de sa place de premier architecte de
la Sainteté. Il fut appelé à Naples en
1592 , par le comte de Mirande , vice-roi,
qui le créa architecte du roi, et ingénieur
en chef du royaume. Il construisit plu-
sieurs édifices dans celte ville, et entre
aulrcs le palais-royal. Il y mourut riche
et fort considéré, eu 1607. On a de cet ar-
diitecte 1 vol. in-fol. imprimé à Rome
en 16'J0 , où sont décrits les moyens qu'il
employa pour le transport et l'érection
de loln-lisque dont nous avons parlé.
FONTANA ( Charles), architecte cé-
lèbre, né k Brucialo dans le territoire do
Conte en 1634, fut un des meilleurs élèves
da cavalier Bernin ; mais il n'eut point sa
correction, cl duuna dans le singidicr.
Innocent XII cl Clément XI employèrent
souvent ses talens. Il a construit un grand
nombre de monumcns publics k Rome,
entre autres le Mausolée de la reine Chris
tine à Saint-Pierre, les palais Grimani et
Bolognetti, la fontaine de Sainte-Marie in
Transtevere^xxne des fontaines do la place
Saint-Pierre, le théâtre de Tordionne , la
bibliothèque de la Minerve, le palais de
Visconti à Frescati, etc., etc. Innocent XI
le chargea do faire la description de l'é-
glise de Saint-Pierre. Suivant le calcul do
cet architecte , les dépenses qui ont été
faites pour cette église depuis sa fonda-
tion jusqpi'au moment où il écrit ( en 1G94),
montent ai 46 millions huit cent mille
cinquante-deux écus romains, sans y com-
prendre la dépense des modèles , la dé-
molition de l'ancienne église et du clocher
du cavalier Bernin , les peintures , les
échafauds, etc. Il mourut à Rome le 6 fé-
vrier 1714. On a de lui : | La description
dont nous venons de parler, sous le titre
de Templum f^attcanum et ejus origo,
1694, in-fol. Il renferme d'cxcellcns prin-
cipes pour les jeunes architectes. | Avfi-
(catro Flavio descrilto e delineato, con
fiq.. la Haye, 1725, in-fol.
FO\TA!VA ( François ) , habile mathé-
maticien et physicien, publia en 1646, un
traité intitulé Novœ cœlestium et terres-
trium rerum obsetvationes. Il préparadt
d'autres ouvrages, lorsqu'il mourut de la
peste à Naples, eu 1656.
• FOATANA (le Père Grégoiiie), cé-
lèbre mathématicien italien, ne à Villa de
Nogarola dans le Ty,rol, le 7 décembre
1735, s'engagea fort jeune dans l'ordre
des écoles Pies à Rome, et s'y fit bientôt
distinguer par ses talens. On l'envoya
professer à Sinigaglia, à Milan , ensuite à
Pavie, où il remplaça le fameux Bosco-
wich, et où il enseigna avec distinction
pendant près de 50 ans les hautes malhé-
matiques. 11 était en même temps direc-
teur de la bibliothèque de l'université
créée par le comte de Firmian , et elle
acquit sous lui son existence et une grande
partie de ses richesses. Lorsque Bona-
parte vint en Italie en 1796, comme géné-
ral en chef de l'armée française , il le
fit nommer membre du Corps Icgislalil
de la naissante république cisalpine, cl il
eut la faiblesse d accepter celle place;
mais il s'en démit bientôt. Il se retira è
Milan après la bataille de Marengo , el
devint membre du collège électoral de'
Dotti. Une fièvre ardente l'emporta le
24 août 1S03. Il a laisse \ i>lu«icurs dicter-
FON
16&
FOIV
dations ou opuscules académiques ; \ un
grand nombre de mémoires insérés dans
la collection des académies de Sienne, de
Turin et autres sociétés savantes ; | plu-
sieurs traductions d'ouvrages français,
anglais, ou allemands , tels que V Hydro-
dynamique de l'abbé Eossut ; une disser-
tation de Laurent Mosheim sur l'ouvrage
d'Origène contre Celsus; un sermon sur
le martyre de Charles I"j prononcé à Du-
plin ; VEsempio délia Francia^ ou VExem-
ple de la France ^ cvis et miroir pour
l'Angleterre, d'Artur Young. Ces deux
ouvrages furent faits et publiés à Tocca-
Bion du meurtre de Louis XVI.
* FOj\TA]\A ( le chevalier Félix de ) ,
savant physicien et naturaliste italien,
frère du précédent, naquit en 1730 à Po-
marolo, petit bourg du Tyrol. L'empe-
reur François T', alors grand duc de Tos-
cane, le nomma professeur de philosophie
à Pise, où il resta jusqu'à ce que le grand
duc Pierre-Léopold , depuis empereur
sous le nom de Léopold II , le fit venir à
Florence, et le chargea de former le beau
cabinet de physique et d'histoire natu-
relle qui fait encore aujourd'hui l'un des
plus beaux ornemens de cette ville. On y
remarque entre autres objets curieux la
collection d'anatomie exécutée en cire co-
loriée, et qui se compose de vingt-quatre
statues de grandeur naturelle, et de plus
de trois mille pièces de détails. L'empe-
reur Joseph II, à son passage à Florence,
lui accorda le titre de chevalier du Saint-
Empire romain, en signe d'admiration de
ses travaux. Quoique Foutana n'eût pris
aucune part directe aux affaires à l'épo-
que de la première occupation de la Tos-
cane par les Français, les déférences que
les généraux français lui témoignèrent
alors lui firent courir quelques risques
au retour des Aulrichieus ; elles insurgés
d'Arexzo qui les précédèrent à Florence,
le jetèrent même eu prison; mais il fut
promplement mis en Uberlé. Il mourut
le 10 mars 1803 des suites d'une cliute
qu'il avait faite quelques mois auparavant
dans une rue. On a de lui plusieurs écrits
œarquans sur la chimie, la physique et la
physiologie ; | des Lettres sur les phéno-
mènes de l'irritabilité j insérées dans le
troisième volume des mémoires de Haller
sur les parties sensibles et irritables; \ De
moli delV iride, Lucca , 1765 , in-8°. Il
prouve par des expériences très ingé-
nieuses sur les mouvemens de l'iris, que
l'irritabilité de cette partie de l'œil est
daus certain cas somiùâe à la volonté.
I Ricerche filosofiche sopra la fisica ont-
maie, Florence, 1775, in-4°; ouvrage qui
vient à l'appui du précédent, et où il cher-
che à prouver que l'influence du nerf sur
la fibre ne doit être considérée que comme
un irritant extérieur ; ] Ricerche sopra'î
veleno délia vipera, Lucca, 1767, in-8°. .
II prétend dans ce recueil, où l'on trouve I
un très grand nombre d'expériences, que '.
la morsure d'une vipère d'Europe est in- 1
suffisante pour tuer un homme. | Traité \
sur le venin de la vipère, sur les poisons ^
américains, sur le laurier cerise , et sur \
quelques autres poisons végétaux, etc., '
Florence, 1781,2 vol. in-4°, fig., traduit
en allemand en 1787 , 2 vol. in-i° , fig.
I Plusieurs opuscules et mémoires de chi- '
mie insérés dans les recueils du temps. ^
Gébelin en a traduit quelques-uns sous
ca tilre : Observations physiques et chi-
miques, Paris, 1785, in-8". Fontana prit
surtout beaucoup de part aux recherches
sur les gaz auxquels Cavendish, Priestley
et Lavoisier avaient donné une si grande
impulsion. On lui doit l'emploi du gaz
nitreux pour mesurer la salubrité de l'air ;
et plusieurs physiciens se servent encore
de son eudiomètre , qu'il avait conçu d'a-
près la découverte de Priestley sur la
propriété qu'a ce gax d'absorber l'oxi-
gène. Il a particulièrement observé la fa-
culté du charbon d'absorber les différentes
espèces d'air. Quoique Fontana soit in-
génieux dans tous ses écrits , il n'est pas
toujours exact, et plusieurs de ses expé-
riences ont besoin d'être revues avant
qu'on puisse les employer comme bases
de doctrine. On doit à Fontana l'art de
composer des cires propres à confection-
ner des pièces anatomiques. Son Eloge
fut prononcé solennellement, le 12 mars
1812, à l'ouverture de* cours de l'univer-
sité de Paris , par le professeur Joseph
Mangili, et imprimé à Rome en 1815.
*FO\'TA\A(Maria!«o, le Père), célèbre
professeur de mathématiques, né à Casal-
Maggiore le 18 février 1746, entra à l'âge
de 16 ans dans la congrégation des bar-
nabites ou clercs réguliers de Satnt-Paul.
II se fit bientôt distinguer par ses taleni
et professa successivement la philosophie
et les mathématiques à Miian, et à l'uni-
versité de Pavie, où il enseigna jusqu'en
1802. Il se retira ensuite à Milan avec la
pension d'émérite ; et y mourut dans le
couvent de Saint-Barnabe le 18 novem-
bre 1808. Son principal ouvrage est son
Corso di dinamica, 3 vol. ou part. m-4° ,
Pavie, 1790. 92 et 93. On trouve dans les
FO!V
16»
TON
attiou actes do l'institut d'Italie , dont il
était membre , un tiiémoire où il essaie
de réfuter le Traité analytique de la rési-
stance des solides drgide résistance, pu-
blié à Paris en 1798 par Cirard.
• FONTW.V ( FnA\çoiR-Locis) cardi-
nal, naquit h Casal-MacRiorc, dans le
MUanais. le 58 août 1750. N'étant àfic que
do 16 ans, il entra à l'exemple de deux de
•es frères , dans la conjrc(;ation des bar-
nabiles, et prononça ses vœux en 1707.
Après avoir terminé ses cours de pIiUoso-
phio, il fut nommé pour accompaener le
P. Herménogilde Fini, habile naturaliste,
que limpcratrice Marie-Thérèse venait
d'appeler, en 1772, pour visiter les mines
de Hongrie. Pendant son séjour à Vienne
il se lia avec plusieurs gens de lettres,
entre autres avec Métastase. Au bout d'un
an il revint en Italie, et son frère Mar-
tien Fontana le demanda pour le secon-
der dans la direction du collège de Saint-
Louis de Bologne. Peu de temps après il
fut chargé d'une chaire d'éloquence, dans
le grand collège de Milan , et c'est là sur-
tout qu'on put apprécier son mérite lit-
téraire. Sa congrégation l'élut provincial
de Milan : il se conduisit avec tant de pru-
dence au milieu des révolutions d'Italie ,
qu'il sauva les collèges placés sous sa sur-
veillance de la destruction dont les corps
religieux étaient menacés par le gouver-
nement démocratique de cette époque.
Après l'élection de Pie VII, le cardinal
Gerdil fit appeler à Rome le P. Fontana,
qui fut nommé successivement procureur-
général de son ordre , consulteur des rites
et de l'inquisition, et en 1807, général de
sa' congrégation. Il accompagna le pape
comme théologien , dans son premier
voyage en France en 1804 : mais le cardi-
nal Borgia étant tombé malade à Lyon, ou
il mourut, le P. Fontana resta dans cette
ville pour l'assister dans ses derniers mo-
mens; il n'arriva à Paris que quelque
temps après le pape , et y mena la vie la
plus retirée , ne voulant jamais paraître
dans les cérémonies publiques. A celte
époque un ne connaissait de lui que les
biographies de quelques savans italiens ,
qu'il publia en 1790, dans le recueil d'Ange
Pabbroni ( f'ita italorum doctrine prœ-
êtantium. vol. 9. 10 et 11). Fontana, après
la mort du cardinal Gerdil, prononça son
éU)ge funèbre le 18 août 1802, dans l'é-
glise de Saint-Charles de Cattinari, àRome;
et, le 7 janvier 1804 , il lut encore , à l'a-
cadcmie des Arcades , un éloge littéraire
du cardinal (in-4° de 52 pa^csj. Secondé
par lo P. Léopold Scati, confesseur et ex6-
cuteur testamentaire de Gerdil, lo P. For»-
iana entreprit . en 180C , une nouvelle
édition in-4'*, des œuvres du savant car-
dinal. Les six premiers volumes parurent
cette même année : l'ouvrage était au
seizième volume, lorsque les événemens
politiques en interrompirent la publica-
tion , en 1809 : elle a été reprise depuis ;
4 volumes ont été publiés en 1819, par le
P. Grandi, procureur générad des barna-
bites. Le 20* et dernier volume devait com-
prendre une vie do Gerdil, écrite par
Fontana ; elle paraît ne pas avoir été ter-
minée. Fontana a composé plusieurs épi-
laphes d'une élégante latinité , entre au-
tres celles du cardinal Gerdil à Rome , et
du cardinal Luchi , à l'abbaye de Subiac
On connaît de lui quelques inscriptions
et poésies grecques , à limitation de celles
de saint Grégoire de Nazianze. Le P. Fon-
tana essuya une part considérable des
persécutions que Napoléon fit peser sur
les principaux ecclésiastiques romains,
dans les dernières années de son règne.
On le fit partir inopinément de Rome , en
1808, avec les autres chefs d'ordres reli-
gieux, et on l'amena, à ses frais , à Paris.
Là, on lui intima la défense de paraître
publiquement avec son costume, et on
l'envoya en exil à Arcis-sur-Aube. Il fut
rappelé en 1809 , pour s'adjoindre à une
commission d'évéques, qui avait été for-
mée par le gouvernement, afin de répon-
dre à diverses questions sur les affaires
de l'église. Le P. Fontana ne parut qu'aux
premières séances : une maladie vint lo
dispenser de prendre part aux délibéra-
tions de cette réunion. Lors de l'éclat que
fit le bref adressé au cardinal Maury , du
5 novembre 1810 , le P. Fontana fut com-
pris dans la liste des cardinaux , prélats
et ecclésiastiques enfermés à Vincennes,-
à cette occasion, en janvier 1811. Il paraît
que son emprisonnement fut provoqué
par des lettres et papiers que l'on trouva,
lors de la visite du cabinet du pape à Sa-
vone, et dans lesquels il donnait son avis,
contre la légitimité canonique du second
mariage de Napoléon. Le P. Fontana
passa, trois ans et trois mois en prison ,
d'où il ne sortit qu'au commencement de
1814. A son retour à Rome, Pie VII le
nomma secrétaire, avec droit de suffrage,
d'une congrégation de 15 cardinaux qu'il
établit pour délibérer sur les affaires ex-
traordinaires de l'église. En 181.'» , lors do
l'invasion de Mural . il suivit le pape 4
Gènes. Le 8 mars 1816, il fut compris
TON iG6
dans une promotion de cardinaux. Lui et
le cardinal Caselli se trouvèrent alors les
seuls religieux membres du sacré colli%c.
Le pape lui conféra le titre de Sainte-
Marie lie la Minerve^ et la préfecture de
la congrégation de l'index , et lui permit
de conserver en même temps le titre de
supérieur général des congrégations. Il fut
nommé par la suite membre de plusieurs
congrégations , et en outre de diverses
commissions civiles, pour rédiger un code
civil nouveau , pour restreindre les pou-
voirs de l'inquisition, pour régler le sys-
lème des études et déterminer les villes
où seraient fixés les établisscmens d'in-
struction publique , dans les états pontifi-
caux. En 1818, il quitta la place de préfet
de l'index , et devint préfet de la propa-
gande , de la congrégation des études du
collège romain, et de celle de la correc-
tion des livres pour l'église orientale.
Fontana s'acquittait de tous ces emplois
avec autant de lumière que de dévoue-
ment, lorsqu'il est mort, le 19 mars 1822,
à l'âge de 72 ans. Le P. Placide Zurla, re-
ligieux tamaldule, prononça son oraison
funèbre. Ce discours a été imprimé , et
Von y apprend que le P. Fontana refusa
rarchcvèché de Gènes , auquel le roi de
Sardaigne r.vait voulu ie nommer. Le
P. Grandi barnabite, a écrit sa vie, Rome,
1823 , in-8°.
•FONTANELLE (Jean-Gaspard DU-
BOIS ) , professeur de belles-letîres aux
écoleacentrales du département de l'Isère,
ensuite professeur d'histoire et doyen de
la faculté des lettres de l'académie de Gre-
noble , naquit dans cette ville le 29 octo-
bre 1737, et mourut le 15 février 1812.
Son principal ouvrage est une traduction
nouvelle des Métamorphoses d'Ovide^
1766, 2 vol. in-8° ; 1778 et 1780 , 2 vol in-
12 , et avec des notes , 1802 , k vol. in-S" ;
1806, 2 vol. in-12. Elle est moins élégante
que celle -de l'abbé Banier, mais plus
exacte. Ses autres productions sont : | deux
comédies qui n'eurent aucun succès : le
Connaisseur ^ en 2 actes et en vers , et le
Bon mari^en un acte et en vers : | Pierre
le grands 1766 , in-8° , tragédie non re-
présentée; I Ericie^on la JTestale ^ dra-
ine en 3 actes , 1768 , in-8'', pièce dirigée
contre les vœux monastiques , et qui oc-
casicna dans le temps un grand scandale.
Le censeur royal y refusa son approba-
tion , et défense fut faite à l'auteur de la
faire imprimer; néanmoins il la mit au
jour, et elle fut recherchée avidement.
En 1789 elle fut représentée sur le théâ-
FON
tre Français. | Naufrage et aventures de
Pierre Viaud . 1768, Jn-12 , souvent ré-
imprimé ; I Effets des passions . ou Mé-^
moires de Floricourt , 1768, vol. in-12 j
I Anecdotes africaines^ VlTi^ in-8° ; | Lo~
rédan, tragédie en 4 actes, jouée sans
succès, 1776 , in-8° ; ] Nouveaux mélangeft
sur différens sujets ^ contenant des essais
dramatiques ^ philosophiques et littérai-
res, 1781 , 3 vol. in-8° ; ( Anna, ou l'Héri-
tière galloise, traduit de l'anglais, 1788,
4 vol. in-12 ; ] Clara et Emmeline , aussi
traduit de l'anglais , 1788 , 2 vol. in-12 ;
) Etat actuel de l'empire ottoman, traduit
de l'anglais , 1791 , 2 vol. in-8° ; | Cours de
belles-lettres. Paris, 1813, k vol. in-S**,
publié par M. Renauldon, petit-fils de
l'auteur. Ce cours, écrit dans le sens phi-
losophique , n'a pas eu de succès et ne
peut convenir à la jeunesse , qu'il ne peut
qu'égarer en lui donnant de fausses idées
sur nos meilleurs écrivains, et même sur
la littérature , l'opinion de l'auteur n'é-
tant pas toujours conforme à celle de nos
meilleurs critiques. On a encore de Fon-
tanelle des Co7ites philosophiques . et au-
tres ouvrages immoraux. Il a travaillé à
la Gazette universelle de politique et de
littérature , de Deux-Ponts , depuis son
établissement en 1770 jusqu'en 1776 ; à la
partie politique du Journal de politique
et de littérature , dont Laharpe rédigeait
la partie littéraire ; et à la partie politique
du Mercure de France. En 1784 il était
rédacteur de la Gazette de France.
* FONTAKES ( Loms , marquis de ) ,
pair de France , grand-cordon de la lé-
gion d'honneur , membre de l'académie
française, etc., naquit en 1761 à Niort
d'une mère catholique et d'un père pro-
testant. Celui-ci , dont le nom était Jean-
Marcellin de Fonlanes, était fils d'un
marchand drapier de la ville d'Auch, et
avait été inspecteur des manufacture»
dans le Poitou, qui lui doit en partie le dé •
f richement des- terrains stériles, appelés
lais-de-mer. et la propagation des pépi-
nières de garance. Le jeune Louis Fon-
tanes fut élevé dans la religion catholique ,
et confié à d'anciens jésuites qui dirigèrent
habilement ses premières études. La mort
de son père et de son frère aine , qui suc-
comba à 18 ans laissant des essais qui
promettaient déjà un poète distingué , le
plaça presque au sortir de ses humanités ,
à la tête de sa famille. Après avoir réglé
ses affaires domestiques , il vint à Paris ,
où quelques pièces de vers qu'il inséra
dans le Mercure et dans VMmanach des
FO\ 167
musft lui assurèrenl biontùl un rang ho-
norable parmi les meilleurs poètes de l'é-
poque. N'ayant pu oblcnir du ministre
Nccker la pension qu'il sollicitait au nom
desservices rendus par son père, il fît un
voya£;e en Angleterre pour en étudier la
lan(^ie et lesuuieurs. et y commença la
traduction en vers français de l'Essai sur
lUomnif . do Pope. Il y mit la dernière
main pendant le» deux années qu'il passa
iTulic , après avoir visité la Suisse
s contrées de la France. Cette
1 qu'il publia 4 Paris avec le
i.e du Verger, augmenta considéra-
ient sa renommée poétique, tandis
que le discours préliminaire qu'il mit à
la tête de V Essai lui assurait un nom
comme prosateur. Les petits poèmes qu'il
lit ensuite paraître , tels que le Cioitre des
Chartretuc. des Pragmens de Lucrèce , et
la Joxtmée des morts offraient la même
pureté do goût et la même élégance de
style. Son E pitre sur ledit en faveur des
nôn-catholtques fut couronnée par l'aca-
démie française. Lorsque la révolution
éclata. Fontanes n'en adopta les principes
qu'avec une grande modération II com-
posa un Poème Séculaire, pour la fête du
ik juillet 1790, jour de la fédération et
anniversaire de la prise de la Bastille , et
y prit occasion de réveiller de glorieux
souvenirs de notre vieille morurchie.
Fontanes écrivit aussi dans le journal le
Modérateur. Mais un mariage avanta-
geux le fixa à Lyon , où il se trouvait
pendant le siège de cette ville. Il parvint
à en sortir avec son épouse enceinte de
huit mois , qui mit au monde quelques
jours après une fille, dans une miséra-
ble auberge. Il rentra à Lyon après le
siège et osa rédiger une pétition h la Con-
vention dans laquelle il dépeignait vive-
ment les atrocités qu'on faisait subir à
cette cité malheureuse. Mais il n'y mil
point son nom , qui l'aurait conduit à une
nx>rt certaine. Après le 9 thermidor an 2,
il vint à Paris , fut nommé membre de
l'institut ( classe de la langue et de la
littérature française ). et fut professeur à
f école centrale des Quatre- Nations. La
Convention lui adjugea, le k janvier 1795,
MM gratification de 3,000 francs , qui ne
l'ompécha point d'écrire avec son indé-
pepdanre accoutumée, dans le Mémorial
qw rédigeaient Laharpe et l'abbé de Vau-
CtHes. Au iSfructidor, il fui compris dans
kl Uite de déportation. Il se réfugia à Ham-
teorg puis à Londres, et ne » etoui na dans
f» patrie <ju après le 18 brumaire. Lucien
FOIV
Bonaparte, ministre de l'intérieur, lut
confia une division de son département ,
cl le chargea de faire l'éloge funèbre do
Washington dans la chapelle des Invalides
alors désignée sous le nom de Temple dit
Mars. Fontanes fut nommé depuis suc-
cessivement membre de l'institut et du
corps législatif , chevalier de la légion
d'honneur , à l'époque de la création de
l'ordre , bientôt après commandant , et en-
fin président annuel du corps législatif ,
litre qu'il conserva pendant six ans. On
lui a rcproclié d'avoir employé, depuis
qu'il occupa ce poste éminent , de nom-
breuses formes d'adulation auprès de
l'homme qui terxait alors les rênes du gou-
vernement, et de ne s'être pas élevé dans
l'affaire de Georges Cadoudal et de Pi-
chegru, avec assez d'énergie contre la
proposition faite par les commissaires du
gouvernement au corps qu'il présidait, de
rendre un décret par lequel les personnes
qui recèleraient les deux prévenus , se-
raient punies de six années de fer , si le
recélement avait eu lieu avant la promul-
gation du décret , et condamnées à mort ,
s'ilavait eu lieu poslérieurement. Au mois
de septembre 1808 , Fontanes fut nommé
grand-maltre de l'université , qui venait
d'être organisée , et il reçut aussi à cette
époque le titre de comte. Fontanes intro-
duisit diverses améliorations dans le ré-
gime universitaire , et s'il recula devant
plusieurs abus, c'est que ses bonnes inten-
tions étaient subordonnées à une volonté
toute puissante. Ce fut lui qui répondit à
M. Etienne, lors de sa réception à l'acadé-
mie française. La publication Aas Martyrs.
de M. de Chateaubriand, ayant soulevé de
vives critiques contre cet illustre écrivain.
Fontanes lui adressa quelques stances à
cette occasion. Il fut appelé au sénat le 5
février 1810; nommé, le 27 novembre
1813 , rapporteur d'une commission extra-
ordinaire chargée de l'examen des pièces
relatives aux négociations entamées avec
les puissances alliées , il insista fortement
sur la nécessiléde la paix. Le 1" avril 18U
U vota pour la déchéance de Napt)léoo ,
adressa le 6, au gouvernement provisoire,
son adhésion , au nom de l'université ,
aux actes du sénat , et fut maintenu dans
ses fonctions. Il entra à la chambre des
pairs et contribua à la rédaction de U
charte de Louis XVIU. En février 1815 ,
la constitution de 1 université fut modifiée
et le grand-maître fut remplacé par on
président assisté d'un conseil. Fontanes
reçut en dcdommagemcDt le grand cordon
FOIV
168
FOIV
die la légion d'honneur et vécut retiré pen-
dant les cent-jours , à sa maison de cam-
pagne de Courbevoie. A la seconde res-
tauration, il fut nommé président du
collège électoral des Deux-Sèvres, et il
revit son pays natal pour la première fois
depuis trente ans- Au mois de septembre
i815 , il fut fait ministre d'état et membre
du conseil privé. Eu 1816,21 prononça à
l'académie française plusieurs discours
q^i furent remarqués , surtout celui qu'il
fit entendre en réponse au discours de
M. Desèze reçu dans la séance du 25 août.
En 1817 , il lut à la même société une Ode
sur la violation des tombeaux de Saint-
VeniSj qui obtint le plus grand succès. Fon-
tanes est mort à Paris d'une attaque d'a-
poplexie,le ITmars 1821, à l'âge de soixante
ans. Ses restes furent inhumés au cime-
tière de l'Est , oii M. Roger prononça un
discours au nom de l'académie française.
M. Pastoret a faitson.E'^o^ele 30 du même
mois à la chambre des pairs , où Fontanes
avait été classé parmi les marquis. La so-
ciété des bonnes lettres l'avait récemment
choisi pour son président. On a de lui :
I Nouvelle traduction ( en vers) de l'Essai
sur l'homme de Pope, Paris, 1783, in-8°,
5* édition, 1822, in-8* ; ] le Ferçer^-poèma
1788 , in-8° ; | Poème sur l'édit en faveur
des non-catholiques^ 1789, in-8° ; | Poème
séculaire j, ou Chant pour la fédération
du ik Juillet 1790, in-8° ; 1 La Journée des
morts j poème, 1796; | Eloge de Washing-
ton^ 1800, in-8° ; \ Extraits critiques du
Génie du christianisme de M. de Chateau-
briand , 1802 , in-8° ; | Les Tombeaux de
Saint-Denis^ ou le retour de l'exilée ode,
1817 , in-8'' et in-4° ; | Collection complète
des discours de M. de Fontanes , 1821 ,
in-8°. On sait que la police impériale
n'avait pas permis l'impression de cette
collection, où se trouvent en effet des pas-
sages dont Napoléon n'avait pas eu lieu
d'être content , tels que celui-ci que l'ora-
teur fit entendre à l'occasion de l'envoi
des drapeaux pris sur les napolitains :
« Malheur à moi , si je foulais aux pieds
» la grandeur abattue ; je respecte la ma-
» jesté royale juisque dans ses humiliations;
» et même quand elle n'est plus , il reste
» je ne sais quoi de vénérable dans ses
» débris. » Ersch lui attribue une part au
Journal des amis de la constitution mo-
narchique ( 1790 ) et à la Clef du cabinet
des souverains ( 1795 ). M. Barbier, dans
don Dictionnaire des anonymes, dit qu'il a
écrit dans le Journal littéraire de Clément
( de Dijon), 1796-1797 , 4 vol. vi-8°. Fon-
tanes a laissé en portefeuille un poème
non achevé intitulé la Grèce sauvée. On
a encore de lui une imitation en vers
français de l'épisode du 2' livre des Géor-
giques : O fortunatus nimium...; un Essai
sur l'astronomie ; un grand nomJjre d'odes
inédiles , etc. On lui attribue les Renia?'-
gués sur les beautés de l'Enéide , qui ont
été imprimées avec la traduction de De-
lille , pour les 5* et 6' livres. On assure
qu'il a encore laissé des mémoires sur les
premières années du gouvernement de
Napoléon et du 19^ siècle. Chaque année,
Fontanes était chargé de rédiger l'adresse
de la chambre des pairs , en réponse aux
discours du trône pour l'ouverture des
sessions, et on regarde ces morceaux
comme autant de chefs-d'œuvre dans
leur genre.
* FOIMTANETTI ( Pierre ) , ecclésias-
tique et canoniste sicilien , né en 1661 ,
mort en 1712 , est auteur de plusieurs ou-
vrages, dont les principaux sont : | Ex-
plicatio propositionum ab Mexandro
VIII damnatarum ; | Theologia moralis
scholastica.tomi III ; \ Canonicceillustra-
tiones > tomi II ; \ Panegyrici quaresi-
mali.
" FONTANEY C Jean de ), jésuite fran-
çais, mathématicien et astronome, associé
correspondant de l'académie des sciences,
fut envoyé à la Chine en 1685 avec les
PP. Tachard, Gerbillon , Lecomte, Visde-
lou et Bouvet , pour y fonder la célèbre
mission française dont les membres ont
contribué à faire connaître les contrées
orientales de l'Asie. Le P. Fontaney est
plus recommandable par le zèle infatiga-
ble avec lequel il a rempli sa carrière
apostolique que par ses travaux littérai-
res', bien qu'il ait transmis à l'académie
des observations astronomiques faites au-
delà de l'équateur , et dont plusieurs sont
consignées dans le voyage du P. Gerbillon.
La bibliothèque du roi doit au P. Fonta-
ney quelques livres chinois et un Diction-
naire mandchou en 12 volumes, le premier
ouvrage de cette langue qu'elle ait pos-
sédé. Les Lettres édifiantes, t. 7 et 8,
contiennent 2 Lettres de ce missionnaire.
FONTANGES (Marie-Angélique de
SCORAILLE de ROUSSILLE, duchesse
de ), née en 1661 , d'une ancienne famille
du Rouergue, était fille d'honneur de Ma-
dame. « Belle comme un ange , dit l'abbé
» de Choisy, mais sotte comme un panier, »
elle n'en subjugua pas moins le cœur de
Louis XIV. A une partie de chasse, le
vent ayant déranoé sa coiffure « eUe la fît
FO\
160
FOX
attacher avec un ruban «lonl les nœuds
lui tombaient sur le front . ri ccito nuMic
passa avec son nom dans toute l'Kurope.
I.C roi la iU duchesse; mais elle ne jouit
pas loniî-temps de sa faveur. Elle mourut,
le 88 juin f681 . à 20 ans. à l'abbaye de
Port-Royal de Paris, où elle s'était retirée,
•près avoir c*é abandonnée par Louis
XIV à la suite de ses couches, pendant
lesquelles sa maladie l'avait entièrement
défujuréc. Elle voulut voir le roi dans sa
dernière maladie. Louis XIV s'attendrit,
et elle lui dit : < Je meurs contente,
» puisque mes derniers regards ont vu
» pleurer mon roi. » Faible consolation
et bien peu assortie à la nature du mo-
ment.
FONT.VMEH. V. PÉLÎSSON ( Paul ).
FONTAMM ( JuST ), savant arche-
v(>quc d'Ancyre, et chanoine de l'église
Sle.-IMarie-Majeure, camérier d honneur
de Clément XI , naquit en 16f)6 dans le
duché de Frioul, et mourut à Rome en
<736. Il rà'y avait presque aucun homme
distingue dans le monde savant , avec le-
quel il ne fût en commerce de lettres.
On a de lui un grand nombre d'ouvrages
dont les plus connus sont : | sa Biblio-
theca delta Eloquenza italiana. C'est un
catalogue raisonné des bons livres de la
langue italienne dans les différentes
classes. Il en fut fait plusieurs éditions
du vivant de l'auteur ; mais la meilleure
et la plus ample est celle qui a été donnée
à Venise en 1736, 2 vol. in-i'', avec les
notes d'Apostolo Zéno, dans lesquelles ce
savant et judicieux bibliographe a relevé
une multitude d'erreurs et d'inexactitudes
de Fontanini. | Vne. Collection des bulles
de canonisation . depuis Jean XV jusqu'à
lîenoit XI II. 1729, in -fol. en latin;
' une Histoire littéraire d'Aquilée . en la-
1 , in-i" , Rome , 1742 : ouvrage posthu-
.(• , plein d'érudition sacrée et profane,
ri d'une Ixjnne critique; \ Dissertatio de
corona ferrea Longobardorum . 1717. Il
prétend que la couronne de fer que l'on
toaserve à Monzal. petite ville de Lom-
bardic , est faite de l'un des clous de N. S.,
et qu'on s'en est servi anciennement pour
«^uronner les rois de I^mbardie, et en-
suite les empereurs d'Allemagne. Mura-
tori lui op|>osa le traité : De corona fer-
rea. où il soutient que la couronne de
fer était inconnue du temps des rois Lom-
bards.
FONT.WOX ( ArrroixE ) , avocat au
parlement de Paris, natif d'Auvergne,
est le premier qui ait rédigé avec ordre
les ordonnances drs rois de France. On
a de lui une Cnllrctinn des èdits de nos
rois, depuis l'270 jusqu'à la fin du 16*
siècle j, temps auquel cet auteur florissait,
en 4 vol. iii-fol., Paris. 1611.
FOXTF ( MoDF.nATA ), dame véni-
tienne , nt^e en 15.')!) , morte le 5 noveinhr»-
1592, à 57 ans, avait, dit-on , une mé-
moire si heureuse , qu'elle répétait, ]M)iir
ainsi dire, mot pour mot, un sermon,
après l'avoir entendu une fois. On a d'elle
divers ouvrages en vers et en prose. Les
plus comuis sont un éloge de son sexe en
vers, intitulé : // inerilo délie donne, im-
primé à Venise, IfiOO , in-.'i°, et le Flori-
doro . poème en 13 chants, imprimé dans
la même ville en 1581 , in-/»" ; Fonte-Mo-
derata est un surnom qu'elle s'était donné.
Elle s'appelait Modesta Pozzo . et était
mariée à un gentilhomme vénitien, nom-
mé Philippe Georgi. Sa vie a été écrite
par Nie. Doglioni.
' FONTi::V AILLES ( AïwonÉ PERRET
de ), vénérable ecclésiastique, né à Ma-
çon, vers 1754, mort à Paris le 13 juin
1831 , dans un état voisin de l'indigence .
lit ses études sous l'abbé Gardin au collège
Louis le Grand , où il connut particulière-
ment le jeune Décalogue , dont l'abbé
Proyart a publié la vie. Il embrassa l'état
ecclésiastique et fut reçu docteur en théo-
logie à la fin de 1783. Nommé vicaire de
la petite paroisse de Ste.- Croix dans la
Cilé, il devint peu après chanoine de la
cathédrale de Màcon. Durant la révolution
il fut jeté sur les pontons de Rochefort.
Après avoir survécu à presque tous ses
compagnons d'infortune , il reprit son mi-
nistère tantôt comme missionnaire, tantôt
comme curé dans le diocèse de Lyon.
Il revint à Paris où il prêcha dans pres-
que toutes les églises, et donna des re-
traites qui produisirent les plus heureux
effets. Une surdité qui lui était surve-
nue l'obligea de s'abstenir du tribunal
de la pénitence ; il chercha à remédier à
l'inaction forcée où le tenaient ses infir-
mités en publiant plusieurs écrits, dont
VJmi de la religion a rendu un compte
avantageux. Les principaux sont : | Ma-
nuel religieux à l'usage des maisons d'é-
ducation , 1824 , in- 18 ; I Manuel des do-
mestiques et des ouvriers . 1826 ; I Instruc-
tion sur le jubilé, même année; | le
Guide de la jeunesse et suite du manuel
religieux. 1826, 2 vol. in-18; ce sont des
lectures spirituelles pour tous les jour»
de l'année ; ] le Guide de la jeunesse
chrétienne ou manuel religieux . 1820, 2
13
FOX
170
FOîV
vol. iii-18 ; c'est une nouvelle édition du
Manuel de 1824; la seconde partie se vend
séparément et est destinée aux jeunes
(jens qui ont terminé leur éducation.
I Observations sur l'éducation des jeunes
gens, in-8°; | Observations sur l'éducation
, des jeunes ecclésiastiques^ in-S'* ; ces deux
écrits ont été réunis dans une 2* édition
donnée en 1829, in-8° de 126 pages. | Dis-
cours de morale à l'usage des missions et
des retraites spirituelles^ 1829, in-12.
L'abbé de Fontenailles avait été quelque
temps grand-vicaire de Mâcon , sur la
fin de l'administration de M. Moreau ,
dernier évêque de ce siège ; il avait le
litre de chanoine honoraire des chapitres
de Bordeaux et de Montauban.
FOi\TEINAY ( Jeaiv-Baptiste BLAIN
de ), peintre, né à Caen , l'an 1654 , con-
seiller à l'académie de peinture , mérita
un logement aux galeries du Louvre , et
une pension par ses talens. Il avait, dans
uu de^jré supérieur, celui de peindre les
lUnirs et les fruits. Sa touche est vraie ,
son coloris brillant , ses compositions va-
riées. Les insectes paraissent vivre dans
ses ouvrages ; les fleurs n'y perdent rien
de leur beauté , et les fruits de leur fraî-
cheur. Ce peintre mourut à Paris en 171S.
• FOINTENAY ( Piecke-Claude ) , jé-
suite , né à Paris en 1683 , mort à La Flè-
che en 1742 , continua ï Histoire de l'é~
glise gallicane ^ après la mort du Père
Longueval , et donna les tomes 9 et 10 de
cet ouvrage. 11 avait composé une partie
du 11' vol. , que le Père Brumoy acheva.
Son style est moins coulant et moins his-
torique que celui de son confrère ; mais
on y voit uu liomme qui est maître de
son sujet. <i II joignait, dit le PèreBerthier,
» à des manières faciles et complaisantes
« toutes les vertus de son état. » Il avait
travaillé au Journal de Trévoux. Il s'était
occupé d une Histoire des papes ; mais
il n'a pas été possible de tirer parti des
manuscrits qu'il a laissés sur ce sujet.
' FO.XTENAY ( Louis-Abel de BONA-
FONS , plus connu sous le nom d'abbé
de ), né en 1757 à Castelnau de Brassac
près de Castres, entra chez les jésuites, et
professa les humanités à Tournon. Après
la dissolution de cette société , il vint se
lixer à Paris où il se fit connaître sous le
nom ^' abbé deFontenay par plusieurs ou-
vrages d'un mérite assez médiocre ; il
rédigea successivement les Affiches de
province et \c Journal général de France,
jusqu'au 10 août 1792 , qu'il fut proscrit
pour avoir défendu dans sa feuille les in-
térêts de la monarchie. Il passa à l'é-
tranger , et ne revint en France qu'après
la terreur. Il se remit à ses travaux litté-
raires , et mourut le 28 mars 1806. On a
de lui : | Dictionnaire des artistes , 1777 ,
2 vol. petit in-8'' ; | Table de l'Histoire
universelle, traduite de l'anglais, formant
le 46'"- vol. in-4° ; | la plus grande partie
du texte de la Galerie du Palais Royal,
1786-1808 , 59 livraisons in-fol. ; | la suite
du Voyageur français ; ] L'illustre des-
tinée des Bourbons, 1790, 4 vol. in-12;
I Dictionnaire de l'élocution française,
par Demandre, édition revue, corrigée et
augmentée , 1802 , 2 vol. in-8*' ; | une nou-
velle édition de la Géographie de La-
croix, 1805, 2 vol. ùi-12, etc.
FONTENAY. Foyez BRUMOY LON-
GUEVAL.
FOi\TENELLE( Bernard le BOUVIER
de ) , un des savans les plus aimables du
18' siècle , naquit le 11 février 1657, à
Rouen, d'un père avocat , et d'une mère
qui était la sœur du grand Corneille. Cet
enfant destiné à vivre près d'un siècle ,
dit l'abbé Trublet , pensa mourir de fai-
blesse le jour même de sa naissance. Le
jeune Fontenelle fit ses études à Rouen
chez les jésuites qu'il a toujours aimés.
En rhétorique à 13 ans , il composa pour
le prix des palinods une pièce en vers
latins, qui fut jugée digne d'être imprimée,
mais non d'être couronnée. Après sa phy-
sique , il fit son droit , fut reçu avocat ,
plaida une cause , la perdit , et promit de
ne plus plaider. Il renonça au barreau
pour la littérature et la philosophie, entre
lesquelles il partagea sa vie. En 1674 , ^
17 ans , il vint à Paris ; à 20 ans il fit une
partie des opéras de Psyché et de Belle-'
rophoti , qui parurent en 1678 et 1679 ,
sous le nom de Thomas Corneille son on-
cle. En 1681, il fit jouer sa tragédie d'As-
par. Elle ne réussit point ; il en jugea
comme le public , et jeta son manuscrit
au feu. Ses Dialogues des morts, publiés
en 1683 , reçurent un accueil plus favora-
ble. Ils offrent de la littérature et de la
philosophie ; la morale y est agréable,
peut-être même trop, et le philosophe n'a
pas assez écarté le bel -esprit. Voici ses
autres ouvrages suivant l'ordre chrono-
logique : j Lettres du chevalier d'Er...
1685. Elles sont pleines d'esprit, mais non
pas de celui qu'il faudrait dans des lettres.
On sent trop qu'on a voulu y en mettre,
et qu'elles sont le fruit d'une imagination
froide et compassée. | Entretiens sur la
pluralité des mondes. 1686. «Ce livre.
»(1il laulctir tlu siècle de Ix>ni-« \IV, («a
» le premier exenijile ilc l'art délicat de
• rrpandre des gn\ces jusque» sur la
» pliilosophic. » Mais ce fut un exemple
daniîoreu't, parce que la véritable parure
de la philosophie est l'ordre . la clarté , et
Surlout la vérité ; et que , depuis cet ou-
vra^je iu(iénieu«, on n'a que trop souvent
cherché à y substituer les pointes . les
Millics , les fauxornemens. Ces tnoncL'S ,
dfjà très douteux en eux-mêmes , sont
fondés en partie sur les chimériques tour-
l)iIKms de Descartes. Ils ont été souvent
réimprimés : la meilleure édition est
celle de 1800 , enrichie des notes de La-
landc. Ils ont été traduits en allemand
par Gottsched , Leipsick , 1730 , in-8" , et
par Tastronome Bode , Berlin , 1798, in-
12 , avec des notes estimées ; en italien .
par Veslrini , Areizo, 1751 ; en an^jlais
17C0 ; en grec moderne, par Toussaint
Kodrika, athénien. Vienne , 1794, in-8".
I Histoire rf«oratfe5^tiréede l'ennuyeuse
compilation de Van Dale sur le même
sujet. Cet ouvrage écrit d'un style lé^er
et superQciel en lui-même , fut réfuté en
1707 parle Père Baltus. L'ouvrage de ce
jésuite, publié sous le titre de Réponse à
l'Histoire des oracles , parut si décisif à
Fontenelle, qu'il n'y répondit point, di-
sant que le diable avait gagné sa cause.
II faut convenir néanmoins que son opi-
nion sur les oracles , quoique historique-
ment fausse , n'aurait peut-être rien eu
de répréhensible , s'il n'y avait point in-
séré des maximes qui pouvaient se tour-
ner contre les plus grandes vérités , et
conduire à un triste scepticisme. L'esprit
d'irréligion se manifeste plus clairement
dans la Relation de l'ilede Bornéo (faus-
sement allribuée à Catherine Bernard ) ,
dans le Traité sur la libertés dans \Epi-
trc sur Basnage à Rome et Genève ^ et
dans quelques autres écrits. | Poésies pas-
torales, avec un discours sur Téglogue ,
et une digression sur les anciens et les
modernes, 1688. Les gens de goût ne veu-
lent pas que ces pastorales soient mises ,
pour la naïveté et le naturel , à coté de
celles de Théocrite et de Virgile. Les ber-
gers de Fontenelle , disent-ils , sont des
rourlisans ou des petits-maîtres. C'est un
' 'iuveau genre pastoral qui tient un peu
lu roman , et dont lustrée de d'Urfé, et
It '^ comédies de \\4mynte et du Pastor
F.Jn. ont fourni le modèle ( voyez THLO-
CniTK. VIRGILE ^ | Plusieurs volumes
des Mémoires de l'académie des Sciences.
FontcntUe , nommé membre de cette
71 FO\
ar.iiltinif en 1691 , en devint sorr£ta|r<;
en 1699. Il continua de l'être pendant ki
ans , et donna cliaque armée un vol. de
l'histoire de cette compagnie. La préface
générale est estimée. Dans l'histoire , il
jette souvent de la clarté sur des matières
obscures. Les Eloges des académiciens .
répandus dans cette histoire, ont été im-
primés séparément en 2 vol. C'est surtout
dans ses éloges qu'il déploie toulc la co-
quetterie du bel-esprit. « Ses portraits .
» dit un critique, sont tracés avec art, et
B quoique flattés , ils conservent néau-
» moins un certain air de ressemblance
» qui les fait reconnaître. Il n'approfon-
« dit rien , effleure tout , parait se jouer
» de son sujet , ne donne point à penser
» au lecteur, cherche seulement à amu-
» ser , le surprend même quelquefois par
» des traits ingénieux et lins; partout on
» aperçoit le manège d'une coquette, dont
» le fard fait tous les charmes ; ( V His-
toire du théâtre français jusqu'à Cor-
neille , avec la vie de ce célèbre drama-
tique. Cette histoire très abrégée , mais
avec choix , est pleine d'enjouement.
I Réflexions sur la poétique du théâtre
tragique : c'est un des ouvrages les plus
pensés de Fontenelle , et celui peut-être
où , en paraissant moins bel-esprit, il pa-
raît plus homme d'esprit ; | Elémens de
Géométrie de l'infini, in-4° , 1727 : livre
dans lequel les géomètres nonl guère
connu que le mérite de la forme, j Une
tragédie en prose et six comédies; les
unes et les autres peu théâtrales , et dé-
nuées de chaleur et de force comique.
I Théorie des tourbillons cartésiens : ou-
vrage qui , s'il n'est pas de sa vieillesse ,
méritait d'en être. Fontenelle était grand
admirateur de Descartes , et défendit jus-
qu'à la mort les erreurs dont il s'était
laissé prévenir dans l'enfance. | Des Dis-
cours moraux et philosophiques; des
pièces fugitives , dont la poésie est faible ;
des lettres , parmi lesquelles on en trou\ t;
quelques-unes de jolies , etc. Tous ces
différens ouvrages ont été recueillis on
U voL in-12 , Paris , 1758 , et 8 vol. in «".
Paris, 1790 (à l'exception des écrits de
géométrie et de physique) , sous le titre
d'OEuvres diverses. L'édition la jjIus ré-
cente est celle de Paris, 1824-1825. On en
avait fait deux éditions en Hollande, l'une
en 3 vol. in-fol. 1728 , l'autre in-4° , 3 vti.
1729 , ornées toutes deux de figures gra-
vées par B. Picart. Les curieux les re-
cherchent ; mais elles sont beaucoup
moins complètes que l'édition ca il voi.
FOI\ i
in-12. Ce fut aussi Fontenelle qui donna
en 1732 la nouvelle édilion du Diction-
naire des sciences et des arts , par Tho-
mas Corneille. Malgré un tempérament
peu robuste en apparence , Fontenelle
n'eut jamais de maladie considérable, pas
même la petite vérole. Il n'eut de la vieil-
lesse que la surdité et l'affaiblissement
de la vue ; encore cet affaiblissement ne
9e fit sentir qu'à l'âge de plus de 90 ans.
Il mourut le 9 janvier 1737. Un caractère
doux et sociable ne le garantit pas de la
misanthropie et d'un triste égoïsme. « Les
» hommes sont sots et médians, disait-il;
» mais tels qu'ils sont, j'ai à vivre avec
0 eux , et je me le suis dit de bonne
» heure. » Ses amis lui reprochèrent plu-
sieurs fois de manquer de sentiment ; il
est vrai qu'il n'était pas bon pour ceux
qui demandent de la chaleur dans l'ami-
tié. Il voyait très souvent M™' de Ten-
cin ; quand il apprit sa mort : « Eh bien !
» dit-il , j'irai dîner chez la Geoffrin, »
{Voyez ce nom). Il vivait beaucoup avec
l'abbé Dubois, qu'il appelait son ami. Un
jour qu'on avait fait à celui-ci présent
d'une botte d'asperges dans la primeur ,
ils convinrent de la faire assaisonner ,
partie à l'huile , partie à la sauce , pour
satisfaire leurs goûts respectifs ; avant l'en-
tremets, l'abbé Dubois est frappé d'une
apoplexie, et tombe sans connaissance,
Fontenelle court sur l'escalier et crie à la
cuisinière : « Toutes les asperges à la
» sauce , toutes les asperges à la sauce. »
Quoiqu'il fût né sans biens , il laissa de
grandes richesses ; sa philosophie n'ayant
pu l'affranchir d'amasser et d'ajouter
à la qualité de bel-esprit celle de finan-
cier. On trouvera de plus amples dé-
tails sur Fontenelle , dans les mémoi-
res pour servir à l'histoire de sa vie et
de ses ouvrages, par M. l'abbé Trublet,
Amsterdam , 1761 , in-12 ; mais il faut se
souvenir que c'est un admirateur, un pa-
négyriste qui déplcie en faveur de son
héros toutes les ressources de l'enthou-
siasme. Un écrivain aussi zélé pour les
bons principes que pour le bon goût et la
belle littérature , l'a appelé « un homme
» sans caractère et sans talent prononcé ,
K moitié philosophe , moitié bel-esprit ;
» grimacier, dont tous les ouvrages sont
» défigurés i)ar une continuelle afféterie
> d'expressions et d'idées , par des tons
■ précieux et maniérés, par des pointes;
» qui dans les sciences n'a rien inventé ,
» et n'avait que le talent d'exposer avec
» méthode et clarté les inventions d'au-
72 FOIV
n trui. T> ' Fontenelle étant jugé ici un
peu sévèrement , nous croyons devoir
ajouter au jugement de Feller celui de
l'abbé Sabathier : » En envisageant , dit-
» il , M. de Fontenelle comme poète , il
» faut oublier , pour sa gloire , qu'il a fait
» des tragédies , des comédies , et ne se
» ressouvenir que de l'opéra de Thétis et
» Pelée. ( Laharpe même dit qu'il ne dut
» son succès qu'à la musique et aux acces-
» soires du théâtre) ; ses autres poésies
» paraîtront également médiocres à ceux
>•- qui préfèrent le naturel à l'affectation
» du bel-esprit. Ses églogues surtout sont
» des entretiens de petits-maîtres raffinés,
f et non des pastorales dont la candeur et
» la simplicité doivent faire le premier
» agrément. Comme prosateur il serait
» dangereux de prendre en tout sa ma-
» nière d'écrire pour modèle : la finesse
» et l'agrément trop recherché qui rè-
» gnenl dans sa prose , sont des amorces
» séduisantes, propres à égarer les jeunes
» esprits Les Dialogues des morlSfiie
r> sont que des assauts de pensées bril-
» lantes , où l'auteur cherche plus à éton-
» ner par les interlocuteurs disparates ,
» qu'à instruire en développant le vrai
n caractère : ce n'est pas ainsi qu'on écrit
» la morale ; l'élégance de l'esprit ne peut
» que Taffaiblir. Si l'écrivain dont nous
» parlons était réduit à la seule gloire d'a-
» voir mis au jour de pareilles produc-
» tions , sa célébrité aurait fini avec sa
» vie, et même avant. Mais en reconnais-
» sant les défauts du bel-esprit , on ne
» peut s'empêcher de rer^dre justice an
» philosophe. Le talent particulier qu'il a
» eu de mettre à la portée de tout le
» monde les matières les plus abstraites ;
'j de revêtir de la clarté et des agréinena
» du style les sujets les plus ingrats ; de
» répandre dans ses ouvrages les connais-
» sauces les plus étendues, sans affecta-
» tien , avec ordre et dans la plus grande
» précision ; de dominer , par l'aisance de
» son esprit, tout ce qui se présentait sous
» sa plume , dans les genres les plus op-
» posés et les plus difficiles , lui assure la
» gloire d'une intelligence fine , prompte,
» profonde , et celle du mérite rare d'a-
j> voir su communiquer aux autres, sans
» effort, ce qui paraissait avant lui au-
» dessus de la pénétration du commun des
» lecteurs. C'est ce qu'il est facile de re-
» marquer dans son livre sur la Pluralité
B des Mondes , dans son Histoire de l'A-
» cadémie des Sciences , et dans les éloges
» qu'il a faits de plusieurs acadéuûcier;^.
» 1.0 premier ouvrage fait «iliiiiror un cs-
• prit luminoux qui se joue ilo leiubarras
• do-s systèmes , procède avec dexloiilé à
• travers les contraditlions , développe
• sans g^ne les principes qu'il a ctabli* ,
• et fait adopter ses idées , non en faisant
> sentir la touche intime de la persuasion ,
» encore moins la force de la conviction,
• mais par le talent de plaire et d'amu-
• ser , etc. S'il s'é{Tara dans ses idées , il
» n'eut pas la témérité de les réduire en
» systèmes ; s'il avança quelques proposi-
• ttons un peu hardies , il ne les défendit
• pas avec opiniâtreté; s'il eut quelques
• démêlés littéraires, il les soutint cons-
» tamment avec honnêteté , ou termina
» par un silence toujours sage quand on
» n'offre aux autres que des découvertes
» opposées aux idées reçues. Ces qualités
» rendirent au moins sa philosophie res-
• pectable dans ses sentiment , quoiqu'elle
• ne fût pas toujours sûre dans ses maxi-
• ines. B Pour justifier Fontenelle sur sa
manière de penser, nous ajouterons ici le
ïugement que l'auteur des Mémoires pour
servir à l'Histoire ecclésiastique a porté
sur cet écrivain : « Il donna en 1687 Vl/is-
• toire des oracles, tirée en partie de l'ou-
• vrage de Van Dale sur le rr>éme sujet.
• Elle a été réfutée par le PèreBaltus. Cet
• ouvrage ne donne , ni en soi , ni par la
• manière dont il est traité , aucun nio-
• tif suffisant pour suspecter la religion
• de Fontenelle. On lui attribue la liela-
» tion de l'ile de Bornéo, citée par Bavle,
• et qui renferme une histoire allégorique
• et critique de l'église de Rome et de
» celle de Genève. Ce morceau si court ne
» pourrait être regardé que comme une
» plaisanterie , et ne saurait convaincre
• Fontenelle d'incrédulité. Fontenelle ne
» parla jamais de la religion qu'avec res-
» pect dans ses écrits avoués. S'il lui cùl
• été contraire , il aurait pu glisser de
• temps en temps quelques traits contre
» elle. Il ne l'a point fait , quoiqu'il fût
» assez porté, par la trempe de son esprit,
• aux allusions fines et aux épigrammes
» plus ou moins voilées , et qu'il les ait
• prodiguées sur d'autres sujets. Dans ses
• Eloges des académiciens . il ne manque
■ jamais de faire mention de leur altache-
» rhemeiit et de leur respect pour la re-
• ligion , sans que saus doute rien ne l'o-
» bligtàt à en parler. Vollaire , dans sa
• Correspondance, lui reproche d'avoir
» été un lâche, ce qui veut dire apparem-
» mrnt . qu'il n'avait pas de z.ilc pour la
» v*»il*>»*>pl"«- Laharpe dit qu'il pratiquait
75 FOO
» tous SCS devoirs publics de religion;
» et suivant Moréri, il demanda lui-même
» les sacrcinens de l'li{;lise, qu il reçut
> avec une parfaite connaissance. Il dit
» au curé de l'église de St.-Roeh qu'il avait
» vécu et voulait mourir dans le sein de
» l'église catholique. »
FOXTETTE. Voyez FEVRET.
FOIMTI (Babtqklemi) en latin Fontiut,
né à Florence en 1445 , se fit estimer de
Pic de La Mirandole , de Marsille Ficin ,
de Jérôme Donalo, et des autres habiles
écrivains de son siècle. Mathias Corvin ,
roi de Hongrie, l'honora de son amitié,
et lui donna la direction de la fameuse
bibliothèque de Bude. Les écrits de Fon-
tius sont : un Commentaire sur Perse ;
des Harangues ; le tout recueilli et im-
primé à Francfort, in-8", 1021. Fonti
mourut en 1513.
FO.\ TRAILLES ( Louis d AST.\RAC ,
marquis de ) , fut choisi par Monsieur
pour aller négocier en Espagne un traité,
qui lui fournil les moyens de chasser le
cardinal de Richelieu ; mais il eut lo bon -
heur de n'être pas arrêté comme M. de
Cinq-Mars. Il revint en France après la
mort du cardinal , et ne mourut qu'en
1677. On a de lui une relation des choses
particulières de la cour, pendant la fa-
veur de Cinq-Mars . imprimée au tome 1*'
des ménioires de Montrésor.
• FOOTE ( Saïiuei. ) , comédien et au-
teur comique anglais , né eu 1722, d'une
bonne famille dans le conr.té de Cor-
nouailles, fut destiné au barreau; mais
sa mauvaise conduite ayant entraîné la
ruine de sa fortune, il devint comédien
par nécessité. Il débuta sur le théâtre de
Hay-Market à Londres en ^7kk , par le
rôle d'Othello et quelques autres rôles
tragiques dans lesquels il n'eut aucun
succès. Après avoir tenté pendant deux
ans d'échapper aux poursuites de ses
créanciers, il éleva pour son compte un
petit théâtre à Hay-Market où il fut à la
fois directeur , auteur et acteur. II eut la
hardiesse d'y mettre en scène des per-
sonnages du temps, ce qui lui attira la
foule, mais lui causa des chagrins. Le»
procès qu'on lui intenta et qui l'obligè-
rent de payer des amendes considérables,
le mirent dans la nécessité de fermer son
théâtre. Plus tard , après un accident qui
avait forcé de lui couper une jambe , il
eut la permission de le rouvrir pendant
la clôture des deux théâtres principaux tie
Ixmdres. La foule se porta à ses représen-
tations ; et il eut acquis uoe fortune con-
15.
FOR
174
FOR
sidérablc, si le jeu n'eût dévoré ses pro-
fils. Il mourut presque subitement à Dou-
vres en se rendant en France pour sa
santé. On l'a appelé W4ristophane an-
ylais. Ses œuvres ont élé imprimées à
Londres en 1778, 4 vol. in-8°-
FOPPENS (Jeax-Fraivçois) , né à Bru-
xelles en 1G89, fut successivement pro-
fesseur en philosophie à Louvain, cha-
noine de l'église de Bruges, chanoine
de Malines et archidiacre. Il mourut
Te 16 juillet 1761 , âgé de 72 ans. Ses
talens, ses vertus, et surtout son zèle
pour 'la religion , le firent regretter uni-
versellement. On a de lui : Bibliotheca
Jîelyica^ Bruxelles, chez son frère Pierre
Foppens , 1739 , 2 vol. in-4" , où il a fait
entrer les ouvrages d'Aubert Le Mire ,
de François Swerlius et de Valère André,
sur les auteurs belgiques. Il a fait de
grandes additions à ces auteurs, et con-
tinué la bibliothèque belgique depuis vers
640 où finit celle de Valère André, jus-
qu'à l'an 1680. Cet ouvrage est estimé et
mérite de l'être à bien des égards ; on y
désirerait un peu plus de critique et d'exac-
titude. I Une édition du Recueil diplo-
matique d'Aubert Le Mire, Bruxelles,
4723 , 2 vol. in-fol. enrichie de nouvelles
noies et de tables , augmentée d'un grand
nombre de diplômes inconnus à Aubert
Le Mire. Il ajouta ensuite deux volumes
in-folio à celle colleclion, l'un en 1754,
Vautre en 1748. | Ifistotia episcopatiïs
Antuerpiensis , Bruxelles, 1717, in -4';
1 Historia episcopatûs Sylvœducensis ^
Bruxelles , 1721 , ia-4"; | Chronologia sa-
c?'a episcoporum Belgii ab anno 1561 ad
annwn 1761 , in-12 ; ouvrage en vers avec
des notes historiques en jjrose ; | un grand
nombre de poèmes latins, dénués la plu-
part d'énergie, et de cet enthousiasme
qui constitue la vraie poésie, mais tou-
jours sages dans leur objet et les vues de
l'auteur.
rORBFS ( Jeaw ) , écossais , professeur
de théologie et d'histoire ecclésiastique
dans l'université d'Aberdeen , mort en
1648 , à 55 ans , laissa des Institutions
histoi'iques et théologîques qu'on trouve
dans la collection de sesœuv7'es_, 1703,
2 vol. in-fol. C'est un vaste recueil , où
l'auteur en traitant do la doctrine cliré-
tienrie prétend, contre la vérité notoire
«les faits, que diverses circonstances y
ont apporté des changcmehs. On a fait un
abrégé de cet ouvrage propre à nourrir
les préjugés des pro test ans. Son père
( I'atricb), évêqne d'^Vberdcen, mort en
1635 , donna un Commentaire sur t'Jpo-
calijpse . in-4° , 1646.
FOUBES ( Guillaume ) , premier évê-
que d'Edimbourg , s'est fait un nom par
ses Considérations sur les controverses ,
en latin, imprimées à Francfort, in-8",
1707. Il mourut en 1634 dans sa 49' année
en laissant un fils qui embrassa la reli-
gion romaine.
FORBES ( Du!VCA!V ),lord, président
des assises d'Edimbourg , mort au milieu
du 18* siècle, est connu en France par
les traductions qu'a publiées le Père Hou-
bigant , de ses Pensées sur la religion j, de
sa lett?'e à un évéque ^ elc, Lyon, 1769,
in-8''. Ces écrits ont eu un succès mé-
diocre.
FORBIN ( Toussaint de ), plus connu
sous le nom de cardinal de Janson .
d'une famille illustre de Provence , fut
successivement évêque de Digne , de
Marseille et de Beauvais. Louis XIV ,
connaissant le talent singulier qu'il avait
de manier les affaires, le nomma son
ambassadeur en Pologne. Jean Sobieski,
qui dut en partie à son crédit le trône de
cette république , lui en marqua sa re-
connaissance, en le nommant au cardi-
nalat. Envoyé à Rome sous Innocent XII
et sous Clément XI , il traita avec tant de
sagesse les affaires de France , qu'il fut
honoré en 1706 de la charge de grand-
aumônier. Il mourut à Paris en 1713 , à
83 ans. C'était un homme spirituel et
preste aux réparties vives. Il fut im des
plus ardeus adversaires de VJpologic
des casuistcs. Nous avons une censure
qu'il publia contre elle , étant évêque de
Digne.
FORBIN ( François-Toussaint de ),
neveu du précédent, plus coniui sous le
nom de comte de iio5cm&<?r<7 ^ quitta la
France pour avoir tué en duel un de ses
ennemis. Il y rentra ensuite ; mais ayant
été blessé à la bataille de la Marsaille en
1693 , il fit vœu de se faire religieux de
la Trappe. Il l'accomplit environ dix ans
après, prit le nom de frère Arsène ^ et
fut envoyé à Buon-Salazzo en Toscane ,
pour y établir l'esprit primitif de Cîteaux.
Il y mourut saintement en 1710. On a
publié la relatioii éditiante de sa vie et
de sa moi-t y traduite de l'italien en fran-
çais, in-12, par l'abbé Mauperluis.
* FORBI.X ( Claude , chevalier de ) , né
en 1656 à Gardane près d'Aix en Pro-
vence, commença dès sa première jeu-
nesse à servir sur mer, et continua avec
beaucoup d'intelligence, de courage el
FOU
I7K
FOR
(Taclivité. Après avoir vie craml-amiral
«la roi lie Sïam , à (jui il fut laissé i-ii KtSft
par le rhevalicr duChaiiiuunt, il <icsi(;nulu
sur la mer Adriali<i(u*. Il attaqua en 170G,
près du Texcl . avec cinq petits vais-
aeaux. une escadre ennemie, forte de six
vaisseaux de guerre de îiO à 60 canons.
Il en enleva un. brûla un autre, coula
bas un tn>isitMne, et mi» enfuilele reste.
Devenu clief d'est-adre , il dispersa dans
les mers du Nord trois différentes flottes
■nglaiscs destinées pour la Moscuvie. A
son retour il battit, avec Dugua y-Trou in ,
une autre flotte anglaise. Ses infirmités,
uu plutôt le mécontentement qu'il avait
des ministres, l'ayant obligé de quitter
l<; service, il se retira vers 1710 auprès
de Marseille. Il y mourut en 1733 , à 77
ans. Foçbin mérita la confiance de Louis
XIV et l'estime de sa nation , par sa bra-
voure et par son application à remplir
ses devoirs. Il s'attachait à ceux qui ser-
vaient sous lui , et ne laissait point échap-
per l'occasion de les faire connaître à la
cour. Forbin avait la tète d'un général et
la ntain d'un soldat. On trouvera plusieurs
traits d'une bravoure singulière dans ses
mémoires, publiés en 1749, en 2 vol. in-
12, par Reboulet, réimprimés en 1781.
• FORBIN ( Gaspaud-Fra-^çois-Awe
de ) , de la même famille que le précé-
deni, chef d'escadre sous Louis XIV . na-
quit à Aix en Provence le 8 juillet 1718.
Il embrassa d'alwrd le parti des armes ,
devint chevalier de Multc , et se livra en-
suite à l'étude des sciences mathémati-
ques et physiques. On a de lui : | Accord
de la foi avec la raison dans la manière
de présenter le système physique du
monde . et d'expliquer Us différens mys-
tères «/<? la relùjion . Cologiie et Paiis.
1757, 2 vol. in- 12. î Exposition géomé-
trique des principales erreurs de Actvtnn
mr la génération du cercle et de l'ellipse,
Paris , 1761 , in-12 ; | Elémens des forces
centrales, ou Obsen<ations sur les lois
que suivent les corps mus autour de leur
centre de pesanteur. Paris, Desaint.
1774, in -8". Il a laissé en maïuiscrit :
( Exposition des droits de la puissance
temporelle en matière de religion . qui
n'a jamais été imprimée efi France.
FORBISIILII ou plutôt FROBISIIKR
(sir Makti.<«), pilote anglais, né à De-
▼onshire, se signala de bonne heure par
•es courses maritimes. La reine Eli^^ibeth
l'envoya, avec trois navires en 1576, pour
chercher le détroit que l'on croyait être
ta nord de la Silk-rie , qui devait servir à
passer de l'occident en orient par le notif.
Mais ce voyage, ainsi que celui qu'il entre-
prit deux ans après , et tous ceux qu'on a
faits depuis relativement à cet objet, n'ont
rien produit, parce que ce passage n'existe
réellement pas : car, supposé que les deux
continens ne se touchent nulle part , les
monts de glaces rendraient encore tout
passage impraticable ( Voyez COOK ;.
Forbisher, qui ne connaissait rien en his-
toire naturelle, apporta de ses voyages
une grande quantité de pierres qu'il avait
fait tirer des montagnes de ce pays-là. 11
s'imaginait qu'elles renfermeraient de l'or
et de l'argent; mais après les avoir bien
examinées, il ne s'y trouva rien, et l'on
s'en servit pour paver les chemins. Peu de
temps après ce second voyage , l'amiral
flavvard le créa chevalier, pour récom-
penser les marques de bravoure qu'il
avait données en 1588 dans un combat en-
tre la flotte anglaise et la flotte espagnole.
Après s'être signalé sur mer, il se signala
sur terre. Il débarqua en Bretagne pour
assiéger le fort deGradon. Cette place se
rendit après une vigoureuse résistance ;
mais Forbisher y fut blesse, et mourutde
sa blessure à Plimoulh en 1594.
* FORBO.WAIS (François VERON ou
VERONÏ de), inspecteur-général des mon-
naies de France, de l'inslilut national,
né au Mans, le 2 octobre 17'Jt2, d'une fa-
mille illustrée dans le coiinnerce, termina
ses études à Paris , et voyagea en Italie et
en Espagne pour les affaires de son père.
Ayant été appelé en 17't5 , auprès d'un
oncle, ricfie armateur à Nantes, il s'a-
donna entièrement à l'étude de l'écono-
mie politique, et recueillit un grand nom-
bre d'observations importantes sur les
manufactures, le conunerce , la marine,
les colonies , la valeur des monnaies. Eu
1752 , il vint se fixer à Paris, où il sou-
mit au gouvernement divers mémoires
sur les finances , qui ne furent point ac-
cueillis par les ministres. Il publia de
1753 à 1758 plusieurs autres Mémoires
sur les mêmes matières; ils furent mieux
reçus du public : en 1756, il fut nomme
inspecteur -général des monnaies. Sous
le ministère de M. de Silhouette , il pro-
posa divers plans de finances et des vues
utiles ; mais il fut contrarié dans ses pro-
jets , et exilé dans ses terres. Du fond du
sa retraite , il contiima de coi respondrc
avec les inlendans des finances , et sur-
tout avec le fameux alibé Terray, qui
lui demanda des mémoires, et fit des
cffurls inutiles pour le ramener au thnon
FOU
176
FOR
ées affaires. Il se rcadit à Paris en 1790 ,
sur l'invitalioa du comité des finances,
et il eut part à un travail relatif aux mon-
naies. II mourut le 20 septembre 1800. II
a laissé un grand nombre d'ouvrages sur
les finances et le commerce , où l'on
trouve d'excellentes vues. Ils sont écrits
d'une manière noble , facile et souvent
élégante. Les principaux sont : | Extrait
(le l'Esprit des lois , avec des observa-
lions, 1753, in-12; | Théorie et Prati-
que du commerce et de la marine^ traduit
de l'espagnol , 1753 , in-4" ; | Considéra-
tions sur les finances d'Espagne , relati-
vement à celles de France , 1753 , in-12 ;
1 Le négociant anglais , 1753 , 2 vol. in-
12; I Elémens du commerce^ Paris, 1754,
2 vol. in-12 , plusieurs fois réimprimés.
L'édition de 1796 a été corrigée et enri-
chie d'additions importantes, j Questions
sur le commerce des Français au Le-
vant ^ 1755 , in-12 ; | Recherches et consi-
dérations sur les finances de France^ de-
puis 1595 jusqu'en 1721, Bàle, 1758, 2
vol. in-i" , réimprimés la même année
à Liège , en 6 vol. in-12 ; | Principes et
observations économiques . 17G7 , 2 vol.
in-12 ; | Analyse des principes sur la cir-
culation des denrées et l'influence du nu-
méraire sur celte circulation ^ 1800 , in-
12; j divers articles dans l'Encyclopédie^
sur le commerce, les changes , la popula-
tion. Il a laissé en outre un grand nom-
bre de manuscrits. Sa vie littéraire a été
écrite par Delisle de Sales , Paris , 1801 ,
in-8°.
FORCADEL ( Etienne ) , Forcatulus,
professeur en droit à Toulouse , était né
en 1534, à Beziers, et mourut en 1573.
Ses écrits consistent en poésies latines et
françaises^ 1579, in-8", les unes et les
autres très médiocres ; en livres de droit,
un peu moins mauvais, et en histoires.
Les titres de ces ouvrages pourront don-
ner une idée de son style précieux et af-
fecté. I JSecromantiœ^ sive occultée j'uris-
prudentiœ tractatus > in centum viginli
quinque dialogos distinctus ; \ Spherœ le-
galis dialogus unus; | Cujridojuriiyjyerilus.
m viginti duo capita divisas; | Penus juris
civiliSj, sive de alimcntis , capita trigin-
ta contiiiens ; | Avianum juris civilis in
novem capita parlitam; | Comnientarius
in titulum de justitia et jwe. lib. 1 Diges-
torum ; \ Tractatio dilucida rei ci'imina-
lis , in quatuor digesta partes; | Com-
tnentarius nobilis in jura feudorum. —
Il avait pour frère Pierue FORCADEL,
professeur royal de malliématifjues , morl
en 1577 , dont on a une traduction fran<
çaise d'Euclide et de la géométrie d'O-
ronce Fine, et une arithmétique es 4
livres.
FORCE ( Jacques -NoMPAE de CAtJ-
MONT , duc de la), fils de François, sei-
gneur de La Force , qui fut tué dans son
lit, avec Armand son fils aine, pendant
le massacre de la Sainl-Barlbélemi. Jac-
ques , qui n'avait que neuf ans, et qui était
couché avec eux, se caclia si adroitement
entre le corps de son père et celui de son
frère , qu'il échappa au glaive des assas-
sins. C'est lui-même qui a écrit cet événe-
ment dans des mémoires conservés dans
sa maison , et cités dans la Henriade. Il
porta les armes sous Henri IV , et servit
ensuite les réformés contre Louis XIII ,
surtout au siège de Montauban en 1621.
L'année d'après, La Force s'étant détaché
des erreurs et des séditieuses intrigues des
huguenots , prit Pignerol , et défit les Es-
pagnols à Carignan en 1630. Quatre ans
après il passa en Allemagne , fit lever le
siège de Philisbourg, secourut Heidel-
berg, et prit Spire en 1635. Sa terre de
La Force , en Périgord , fut érigée en du-
ché-pairie l'an 1657. Il s'y retira après
avoir rendu des services importans à l'é-
tat, et mourut plein de jours et de gloire
en 1652. Ce n'était pas, suivant l'abbé
Le Gendre, le général le plus renommé
de son siècle ; mais ce n'était pas aussi le
moins habile.
FORCE ( Armand-Nompar de CAU-
MONT, duc de la ) , fils du précédent, et
maréchal de France comme lui, obtint le
bâton en 1652 , pour avoir servi avec dis-
tinction contre les huguenots. Le com-
bat de Ravon, où il défit 2,000 impé-
riaux, et prit prisonnier Colloredo leur
général, lui fit beaucoup d'honneur, il
mourut en 1675, à 95 ans. Une longue
vie était ce semble, le partage de celle
famille illustre.
FORCE ( Charlotte- Rose de CAU-
MONT de la ) , de l'académie des Rico-
vrati de Padoue , était petite-fille de Jac-
ques de La Force , cl mourut en 1724 , à
74 ans. Elle a illustré le Parnasse fran-
çais par ses vers , et la république des
lettres par sa prose. On a d'elle , dans le
premier genre, une épitre à M™' de Main-
tenon , et un poème dédié à la princesse
de Conti, sous le titre de Château en Es-
pagne , qui ne manquent ni d'imagina-
tion ni de génie. On connaît d'elle , dans
le second genre ; | V Histoire secrète de
Bourgogne^ en 2 voL in-i2, roman assez.
FOR
LU n ICI il. Paris, 1691; | colle de ^far-
tftiehte de yalois. k vol. iti-12 , Paris ,
i719 ; I La f^ie de Catherine deiiourbon;
I Les Fées , contes des contes, sans nom
d'auttnir, in-l'J; | Mémoires historiques
ie la duchesse dr linr. sœur de tienri
II", etc.. in- 12; | Gustare ff^asa , iii-12,
qxi'on ne lil cuère. Le fond de presque
lous U-s ouvraiies de M"' de La Force est
liistorique , mais la broderie en est ro-
manesque. Elle avait épousé en 1687
(.harlos de Brion ; mais le mariage fut
dirclari^ nul au bout de dix jours.
• FORCELLIM ( Kuidio ), savant ecclé-
siastique italien, né dans un village du
diocèse de Padoue en 1688, lit ses études
dans le séminaire de cette ville, et fulen-
•uite appelé à la direction du séminaire
de Cénéda, el à la chaire de rhétorique
pour les jeunes séminaristes . qu'il fut
obligé d'y remplir. Il mourut le k avril
1768. On lui doit un grand dictionnaire
latin, le meilleur que nous ayons, qu'il
fil de concert avec Facciolato , et qui ab-
sorba, pour ainsi dire, sa vie entière. Il
a été publié après sa mort sous ce litre :
Totius latinitatis Lexicon. consilio et cura
Jac. Facciolati j opéra et studio yEgidii
Forcellini. Patavini , 1771 , 4 vol. in-folio,
réimprimé en 180j. Il faut y joindre un
•upplément , publié en 1816. Chaque mot
latindece dictionnaire est renduen italien
et accompagné du mot grec correspon-
dant. La première édition est la meilleure.
La seconde ne renferme point d'augmen-
tations, quoiqu'elles soient annoncées sur
le frontispice. La vie de Forcellini a été
écrite par l'abbé J. B. Ferrari , Padoue,
1792 , ïn-k".
• FORDYCE ( Jacques ) , célèbre pré-
dicateur écossais, né en 1720 à Aberdeen
occupa long-temps à Londres la place de
pasteur d'une congrégation de dissenters
ou non-conformistes . et mourut à Bath
k 1" octobre 1796. Ses prédications eu-
rent beaucoup de vogue : il avait le se-
cret de parler au cœur , et joignait au
mérite d'une composition élégante et fleu-
rie , celui d'une élocution claire et animée.
On lui doit : | Essai sur l'action convena-
ble à la chaire, in-12 , imprime à la suite
de Théodore , dialogue concernant l'art
de prêcher, par David Fordyce , son
frère, 3" édition in-12 , 1755; | Le temple
de la vertu, songe , in-12 , 1755 et 1777 ;
I Sennnnt aux jeunes femmes , 2 vol. in-
12, 17%. <Aî recueil, généralement gi)ùte
de» femmes, a été traduit en français;
I le ca. a: tire et la conduite du iexe (c-
177 FOU
minin . rt 1rs a^uintagcs que les jeune» gens
peuvent recueillir de la société des femmes
vertueuses . 1779 , in-8". Il recommande
aux jeunes gens un commerce spirituel
avec le sexe , qui ressemble à l'amour
platoniqtie. | adresses aux jeunes gens .
1777 et 1796, 2 vol. in-12; | Adresses à
la Divinité .{im et 1787, in-12 ; | un vol.
de poésies , 1786 , in-12. Il y a de la cor-
rection, de la facilité , mais peu de poésie.
* FOIIDVCE ( Georges ) , célèbre mé-
decin , né en 1736 , près d'Aberdeen , ou-
vrit des cours particuliers de médecine ,
et s'attira un grand nombre d'auditeurs
par la précision , la clarté , l'exactitude
avec lesquelles il s'expriinail , ce qui vaut
bien l'éloquence qui séduit toujours, mail
qui est souvent stérile pour la science. Cu
qui contribua Surtout à sa réputation ,
ce fut une série d'expériences qu'il entre-
prit en 1774 , avec autant de lèle que «le
talent, pour connaître l'effet des plus
hautes températures sur le corps humain.
Il mourut le 25 juin 1802, laissant phi-
sieurs ouvrages en anglais, dépourvus
du charme du style, mais remarquables
par des vues neuves et des expériences
curieuses : | Principes d'agriculture et
préceptes sur la végétation. Edimbourg,
1765 et 1771 , in-8". Ils ont été traduits
eu allemand avec des notes et des addi-
tions. Vienne, 1777, in-8"; | Elémens df.
médecine pratique. Londres , 1768 , in-8'',
souvent réimprimés et traduits en alle-
mand. C'est le manuel qui servait de texJij
à ses leçons. | Traité de la digestion
des alimens. Londres, 1791, traduit en
allemand en 1793 ; | des dissertations sur
la fièvre simple^ Londres, 1794-1802,
in-8".
FOUEIRO ( François ) , en latin For-
rerius. dominicain de Lisbonne , mort en
1581 , fut un des trois théologiens choisis
pour travailler au Catéchisme du concile
de Trente . où il avait fait admirer son ta-
lent pour la chaire. On a de lui un savant
Commentaire sur Istiie , in fol., qu'on a
inséré dans le Recueil des grands cri-
tiques.
* FOIIER ( Laurent ), jésuite suisse cl
fameux controversiste, né en 1580, profes-
sa la philosophie, la théologie et la contro-
verse dans plusieurs collèges de son ordre,
devint chancelier de l'université de Dil
lingcn, puis recteur du collège de Luceme
et mourut en 1659 . confesseur del'cvéqu
d'Augsbourg. Il laissa 44 ouvrage» tant
en latin qu'en allemaïul ; on eu trouvera
le culalogue dans Sotwfl , bibliographe do
FOR
178
FOR
la société de Jésus; les principaux sont :
( Symbolum catholicum , lathrramun ,
calvinianum cutn apostolico cvllalum ,
Dillingen, 1622, in-4"; | Gramm. p?-oteus .
arcanorum societatis Jesu Dœilalas de-
dolatus . et genuino suo vulta l'eprœsen-
tatus : accessit auclariain animadversio-
num in Gasparis Scioppii ecclesiaslicam
astrologiam . Ingolsladt , 1656 in-8° , etc.
il a traduit du latin en allemand des Ob-
setvations sur les eaux thermales de Pfcf-
fers, Augsbourg, 1642, in-S**, fig.
FOREST ( Pierre ) , savant médecin ,
plus connu sous le nom de Forestus . né
à Alcmacr en 1522 , d'une famille noble ,
étudia et pratiqua la médecine en Italie,
en France et dans les Pays-Bas, où il
mourut en 1597. On a de lui des Observa-
tions sur lamédecine^G vol. in-fol. Franc-
fort, 1623.
FOREST ( Jean ), peintre du roi, né
à Paris en 1656 , mort dans la même ville
en 1712, était un excellent paysagiste, et
joignait à ce talent beaucoup d'esprit et
un caractère plaisant. Il fit le voyage d'I-
talie où Pierre-François Mola lui donna
des préceptes dont il sut bien profiter ; et
il étudia le coloris dans les ouvrages du
Titien, du Giorgion et des Bassan. On re-
marque dans ses tableaux des touches har-
dies , de grands coups de lumière , de sa-
vantes oppositions de clair et d'ombre,
un style élevé , de beaux sites et des fi-
gures bien dessinées.
FOREST! ( Jacques-Philippe de ), né
en 1434 àSalio,~prèsdeBergame, est plus
connu sous le nom de Philippe de Ber~
game. Il entra dans l'ordre des augustins
et s'y fit un nom. Il mourut le 15 juin 1520
âgé de 86 ans , après avoir publié une
Chronique depuis Adam jusqu'en 1503,
et continuée depuis jusqu'en 1535 , Paris,
d535 , in-folio. Elle eut beaucoup de cours
ians le siècle de l'auteur ; elle ne le mé-
ritait guère. Si l'on excepte les événemens
dont il a pu être témoin , tout le reste
n'est qu'une informe compilation des his-
toriens les plus crédules. On a encore de
Foresti : CoJifessionale :, ou Jnterrogalo-
rium^ Venise , 1487, in-folio ; et un Traité
des femmes illustres^ Ferrare , 1497, in-
fol., en latin.
• FORESTI ( Antoine ) , jésuite italien
du 17* siècle, mort vers 15D9, auteur de
quelques ouvrages ascétiques, est prin-
cipalement connu par son histoire uni-
verselle intitulée : Mappamondo istorico
owero descrizione di tutti imper ii del
mundo^ délie vite de' pontefici , (atti piu
ilhistri delV antica è moderna storia,
Parme , 1690 et années suivantes , 6 vol.
in-4'>, traduites en allemand, par Georges
Schlueter, Augsbourg, 1716-1718, 6 vol. in-
fol. Cet ouvrage a été continué par Apo-
stolo Zeno, parle marquis Dominique Sua-
rez et par le docteur Silvio Grandi; il a
été réimprimé à Venise 1745, 14 vol. in-4''.
FORESTIER ( Pierre), savant clia-
noine d'Avalon , mort dans cette ville en
1723, à 69 ans, est auteur de 2 volumes f
à! Homélies, et de quelques autres ouvra-
ges, dont le meilleur est V Histoire des
indulgences et des jubilés , in-12.
* FORESTIERI (François-Bénédiçt),
littérateur italien, né à Sinigaglia en 1797,
mort en 1828, fut élevé à l'école de Fru-
goni et de Césarotti. Il a laissé des traduc-
tions de qWijlques - unes des élégies de
Tibulle et des poésies latines de Pétrar-
que : il publia lui-même plusieurs mor-
ceaux de poésie, parmi lesquels on distin-
gue celui qu'il fit sur la mort de Perticari
son ami.
* FORFAIT ( Pierre-Alexandre-Lau-
rent ), ingénieur constructeur de la ma-
rine, naquit à Rouen en 1752. Il exerça
d'abord les fonctions d'ingénieur à Brest ,
puis à Cadix sous les ordres du comte
d'Estaing , et se recommanda particuliè-
rement à l'attention du gouvernement en
1787 par la construction de paquebots
propres à recevoir des marchandises ,
ainsi qu'un grand nombre de passagers ,
et destinés à entretenir avec les Etats-Unis
une navigation régulière. Chargé d'une
mission importante auprès de l'Angleterre,
il fut nommé à son retour, membre de
l'assemblée Législative en 1791 , et il eut
le courage de s'opposer à toutes les pro-
positions révolutionnaires faites par des
tètes exaltées. Il alla ensuite reprendre
ses fonctions au Havre , et devint suc-
cessivement ministre de la marine, con-
seiller d'état, inspecteur général de la flo-
tille destinée contre l'Angleterre, com-
mandant de la légion-d'houneur , préfet
maritime au Havre, puis à Gènes. Des-
servi par des envieux qui parvinrent à
lui faire perdre la confiance du gouver-
nement , il se retira au sein de sa famille,
et mourut des suites d'une attaque d'apo-
plexie le 8 novembre 1807. Il a laissé :
I un Mémoire en latin, sur les canaux
navigables, couronné par l'académie do
Mantoue en 1775; [ un Traité élémentaire
de la mâture des vaisseaux, Paris , 1788 ,
1 vol. in-4'', ouvrage entrepris par ordre
du ministre dé la marine , pour l'iustruc-
FOR 179
lion des élèves , et qui annonce que l'au-
leur avait bien approfondi son sujet.
F0RGE4U (saint), roycz FERRÉOL.
• PORGEOT (Nicol*s-Julie:«), auteur
dramatique, avocat et inspecteur de l'ad-
ministration des postes, né k Paris au mois
de juillet 1758. étudia le droit, se fit rece-
voir avocat, et mourut à Paris le 4 avril
i79S. Il a donné plusieurs pièces qui cu-
rent du succès, et dont quelques-unes sont
restées au répertoire : à l'Opéra, /«s/^om-
miers et le moulin; aux Français, les
Epreuves, la Ressemblanee ; au théâtre
Italien , les Deux Oncles , les Dettes^ la
Caverne . etc. ; au théâtre Feydcau , le
Double Divorce . la Rupture inutile. Son
chef-dœuvre est l'opéra comique des
Dettes, en 2 actes et en prose , mêlé d'a-
riettes , musique de M. Champin , joué le
6 janvier 1787.
FORC.ES. royez DESFORGES-MAIL-
L.\RD.
FORGET de FRESNE (Pierre), habile
secrétaire d'état, employé dams toutes les
affaires importantes de son temps , mou-
rut en 1610. C'est lui qui dressa le fameux
édit de Santés. — Il ne faut pas le con-
fondre avec Germaix FORGET, avocat au
bailliage d'Evreux . dont on a un Traité
des personnes et des choses ecclésiasti-
ques et décimales^ Rouen, i635, petit
in-8'
• FORKEL (Jeaw-Nicolas), célèbre
musicien allemand et docteur en philoso-
phie, né le 22 février 1749 à Méeder près
de Cobourg , de parens très pauvres, ap-
prit seul la musique en s'aidant de l'ou-
vrage de Matthesons, intitulé le Parfait
maître de chapelle. Ses succès furent si ra-
pides, qu'à 17 ans il devint préfet du chœur
de l'église de Schwerin. Le duc de Mcck-
lembourg ayant trouvé en lui de l'ap-
titude pour les sciences et les lettres, lui
fournit les moyens de se rendre à l'uni-
versité de Gottingue , où il s'occupa du
droit : rebuté d'une étude qui n'avait pour
lui aucun agrément, il profitait de tous
•es momens de loisir pour apprendre l'art
dont il se sentait le génie : il profita des
ibrcuses ressources que lui fournissait
che bibliothèque de cette ville, et éta-
la théorie de la musique dans les meil-
■^ ouvrages qui avaient paru jusqu'a-
Fnrkcl fut chargé de diriger le con-
'. et il se mit en relation
• IIS célèbres de l'Allema-
....,..., i,i',e de Gottingue le reçut
> la faculté de philosophie en 1787, et
-tcorda le grade de docteur avec le
FOU
droit de bourgeoisie. Ce savant professeur
a beaucoup écrit sur la partie théorique
de son art. Ses ouvrages, tons composés
en allemand, sont : | De la Théorie de la
musique. Gottingue, 1774, in-4" ; | Bihlio-
tfièque musicale et critique. Gotha, 1778,
3 vol. in-8*' ; ouvrage qui produisit une
grande sensation , parce qu'il y attaquait
Gluck, dont il était l'antagoniste. | Sur la
meilleure organisation des concerts pu-'
blics, 1779, in-4° ; | Développement de quel-
ques idées sur la musique; \ Jlmanach
musical pour l'Jllemagne, 1782 et trois
années suivantes; ) Histoire générale de
la musique . 1788-1801 , 2 vol. in-4", ou-
vrage que Marpurg considérait comme
une production dont l'Allemagne devait
s'enorgueillir, et qui est resté incomplet.
I Sur la littérature universelle de la mu-
sique. Leipsick, 1790, livre destine à faire
connaître tous les écrits qui ont été pu-
bliés sur cette matière. Il avait annoncé
en 1803, dans \xn Prospectus un ouvrage,
sous le titre de Monument de l'art musi-
cal depuis la découverte de la contrepointe
jusqu'aux temps actuels, qui devait avoir
cinquante cahiers in-folio , et contenir le$
chefs-d'œuvre de toutes les sortes de mu-
sique ; mais les éditeurs ayant renoncé au
contrat qu'ils avaient signé , cette pro-
messe ne reçut i>oint son accomplissement.
Forkel est mort le 20 mars 1818. Les aca-
démies de Stockholm et de Livourne l'a-
vaient admis dans leur sein ; celle-ci en
1811, et l'autre en 1804.
* FORM.VGE (Jacques- Charles- CÉ-
SAR ) , littérateur, né à Coupe-Sartre près
de Lisieux, en 1749 , fut professeur de 3'
à Rouen en 1779, occupa la chaire de?
langues anciennes à l'école centrale, et fut
attaché ensuite au lycée de celte ville. Il
cultiva les poésies latine et française. On a
de lui : \ In licentiam nostrce poeseos Car-
men ; 1 Ignis ; | In pestem quas Rothomago
incubuit; \ Stances sur la guerre d'Ame-
rique; ces trois poèmes et les stances ont
été couronnés par l'académie de l'imma-
culée-Conception de Rouen en 1778 , 1779
et 1780, insérés dans le recueil des pièces
de cette académie- | Discours sur la réu-
nion de la Normandie à la couronne de
France sous Philippe- Auguste, couronne
en 1781 par la même académie , et inséré
par extraits dans son recueil ; | des Fables
mises en vers, qui n'ont rien de remai-
quable, quoiqu'elles lui aient fait quelquu
réputation. Il est mort à iUmen le lltep»
teujbre 1808.
•rUUMEY (jKAN-llESini-SAïU'Et), OM-
FOR
nîslrc proteslant, né à Berlin en 1711,
d'une famille de réfugiés français, fut
nommé pasteur à Brandebourg à 20 ans,
puis à Berlin, où il obtint en 1737 la chaire
d'éloquence au collège français de cette
ville, et en 1739 celle de philosophie, va-
cante par la mort de Lacroze. Son mérite
lui valut la place de secrétaire correspon-
dant de la princesse Henriette-Marie de
Prusse, retirée au château de Coepenick,
cellede conseiller privé auDirecloire fran-
çais , et de secrétaire perpétuel de l'aca-
démie de Berlin. Il mourut le 8 mars 1797.
Il a publié un très grand nombre d'ouvra-
ges ; les principaux sont : | Mémoires pour
servir à l'histoire et au droit public de la
Pologne Ad^ndiye, il ki, et Francfort, 1754,
in-8" ; 1 La belle Wolfienne. ou abrégé de
la philosophie tvolfienne. la Haye, 1741, 6
vol. in-8°, et 1774, 6 vol. in-12; | Conseils
pour former une bibliothèque peu nom,-
breuse, mais choisie^ 1746, in-12, souvent
réimprimés; | Pensées raisonnables op-
posées aux pensées philosophiques ^ 1749
et 1756, in-8"; | Le philosophe chrétien^
Leyde , 1750-56 , 4 vol. in-8° : c'est le re-
cueild'une partie des sermons de l'auteur.
J Discours moraux pour servir de suite au
Philosophe chrétien, 1765, 2 vol. in-12.
I Mélanges philosophiques , 1754 , 2 vol.
in-8° ; | Eloges des académiciens de Ber-
lin et de divers autres savanSj 1757, 2 vol.
in-12 ; | Le philosophe païen, ou Pensées
de Pline, avec un commentaire littéraire et
moral, 1759, 5 vol. in-12 ; \ Principes élé-
mentaires des belles lettres , 1758 et 63 ,
iix-12 ; I Abrégé de l'histoire de la philoso-
phie, 1760 , in-8° ; | Abrégé de l'histoire
ecclésiastique, 1762, 2 vol. in-12 ; | Anti-
Emile, 1762 et 1764 , in-8'' ; | Emile chré-
tien,consacré à l utilité publique , Berlin,
1764, 2 vol. in-8" ; [ Sermons sur divers
textes de V Ecriture sainte , 1776 , 2 vol.
in-8". Il a travaillé à la Bibliothèque ger-
manique avec Beausobre , et commencé
une autre collection sous le litre de Nou-
velle bibliothèque germanique , 25 vol.
in-8°- Il a aussi coopéré au Journal de
tlerlin , à la Bibliothèque central^ , à la
iiibliolhèque des sciences et des beaux-
arts, aux Nouvelles littéraires, au Jour-
ytal encyclopédique , etc.
FORMOSE, évéque de Porto, succéda
au pape Etienne V le 19 septembre 891.
t/est le premier évéque transféré d'un au-
tre siège à celui de Rome. Formose, déjà
evèque, ne reçut point de nouvelle im-
position des mains : il fut seulement intro-
nise. Il mourut en 896 , après avoir cou-
iSO FOR
ronné Arnoul empereur. Etienne VI, suc-
cesseur de Formose, après le court ponli-
ticatde Boniface VI, lit déterrer son corps,
après avoir condamné sa mémoire {voyez
Etienne VI). Jean IX assembla un concile
en 808 , qui cassa les articles du synode
convoqué par Etienne VI, et rétablit la
mémoire de Formose. Voyez AUXILIUS.
FORNARI (Marie-Victoire), née à
Gènes en 1562, fut mariée à Ange Strate,
de qui elle eut trois garçons et deux tilles
qui tous embrassèrent la vie religieuse.
Après la mort de son mari , elle institua
l'ordre des annonciades célestes , et mou*
rut en odeur de sainteté le 15 décembre
1617. Sa Vie a été imprimée à Paris , en
1770, in-12. Son ordre a une centaine de
maisons , en Italie, en Allemagne , et en
France. Les religieuses sont habillées de
blanc avec un scapulaire bleu-de-ciel , et
le manteau de même; c'est de là qu'elles
ont tiré leur nom de Céleste.
• FORIMCI (Jean), né vers l'an 1762
et mort le H avril 1828 à Rome, oii il était
chanoine de la collégiale de St.-Eustache ,
maître des cérémonies pontificales , se-
crétaire de la congrégation des cérémo-
nies, archiviste delà pénitencerie et con-
sulteur de la congrégation des indulgen-
ces , était très versé dans la liturgie : il
a laissé : [ des Institutions liturgiques poul-
ie sénat romain; [ deux collections de ques-
tions et les répotises sur les doutes litur-
giques ; I des notes imprimées par ordre
de la congrégation des Rites ; | un recueil
de panégyriques , jjlusieurs fois réim-
primé.
• FORSIUS ( Sigefrid-Aron) , théolo-
gien, mathématicien et physicien suédois,
né vers la fin du 16"^ siècle, mort en 1637 ,
fut d'abord professeur d'astronomie et de
malhématiques , à Upsal, puis pasteur à
Stockholm et en Finlande. Il mérita même
l'estime de Gustave- Adolphe ; mais ses ré"
veries astrologiques l'exposèrent à l'a-
nimadversion du gouvernement , et lui
firent perdre ses places. Il rédigea des
Almanachs pendant un grand nombre
d'années, donna la première Minérogra-
phie que le nord ait connue , et traduisit
en vers suédois un recueil de distiques
latins, intitulé : Spéculum vitœ humance.
• FORSKAL (Pierre), naturaliste et
voyageur suédois, né en 1756 , fil paraître
de bonne heure une dissertation intitulée:
Dubia de principiis philosophiœ recen-
tioris. Son ami Linnée le recommanda à
Frédéric r% roi de Danemarck. Ce prince
le chargea d'accompagner Nicbubr dans
FOR
on voyage en Asie ; il alla rnsiiilc k Malle ,
ot parvint en Euyplc , où il fut pris en re-
montant le Nil, et clopouilU' par les Arabes.
Ayant été attaqué de la poste . il mourut
À Djerim en Arabie le il juillet 17()5h peine
àffé do 27 ans. Niebuhr rassembla ses pa-
piers , et publia les ouvrages suivans :
I Descriptions animalium. avium. am-
phibiorum. qiur in itinere orientali obser-
voK'it Pelrus Forskal. Hauniae. 177.'i, in-i" ;
I Flora ctgyptiaco-arabica, sivc Descrip-
tions plantarum. etc., 1775, in-k" ; \ Icô-
nes rerum naturalium quas in itinere
orientali, depingi curavit Forskal, 1776 ,
in-i».
FORSTER ( Jea?i ) , théologien proles-
tant, né à Augsbourg en 1495, ami de Reu-
chlin, de Mélanchthon et de Luther , en-
seigna l'hébreu avec réputation à Wit-
tembcrg , et y mourut en 1556. On a de
lui im excellent Dictionnaire hébraïque.
Mlc, 156/t, in-fol. — Il est différent d'un
autre Jean FORSTER, mort en 1613 , qui
a laissé des Commentaires sur l'Exode,
Isate etJéremie. 3 vol. in 4°, et De inter-
pretatione Scripturarum , Wiltemberg ,
1608, in-4°.
• FORSTER (Froben, en latin Frobe-
nius) , né le 50 août 1709, à Konigsfeld
en Bavière, entra dans l'ordre de Saint-
Benoit à l'âge de 19 ans, et fit profession
à Ratisbonne dans l'abbaye de Saint-Em-
meran , où il professa ia philosophie de-
puis 1755 jusqu'à 1744 , époque à laquelle
il fut appelé à l'université de Salzbourg
pour y remplir les mêmes fonctions. Il
revint trois ans après à Saint-Emmeran
pour y professer l'interprétation de l'E-
criture sainte-, il fut élu prieur de ce
monastère en 1750, et prince-abbé en 1762.
II se distingua par la sagesse de son ad-
ministration, et mourut le 12 octobre 1791.
Cet illustre prélat avait une érudition
profonde ; il abnait les sciences , et il
s'efforça de les faire fleurir dans son
abbaye. Il a laissé : | six Dissertations la-
tines sur divers sujets de philosophie
et de théologie ; | une Dissertation en al-
lemand sur le concile tenu en 1763 à As-
chcin , dans la Haute-Bavière. Elle a été
insérée dans le tome 1" des Mémoires de
l'académie des Sciences de Bavière. | Une
Filitiun d'Alcuin, sous ce titre : Beati
l'hL.-,i .4lbiniscu Âlcuini.. opéra. .de novo
i 'lluta.multis locis einemlaia, et opuscu-
li s pnmum repertis plwimum aucta . 2
parties, 1777, 4 vol. in-fol. DonCatelinol,
bénédictin de la congrégation de Saint-
Tannes, avait aussi travaillé à une édi-
5.
lÂl FOR
lion d'Alcuin , do laquelle dom Forster
tira beaucoup de sermons pour la sienne.
( Voyez C ATELINOT. ) Il y joignit en ou-
tre soixante-onze lettres inédites , venues
d'Angleterre, beaucoup de variantes et de
corrections, fruits d'immenses recherches
faites dans les bibliothèques d'Allemagne ;
un traité De cursu et saltu lunœ bis-sexto ;
un autre De orthographia . et enfin un
écrit intitulé : Libellas adversus harcsin
Felicis [urgcllensis) ad abbates etmona-
chos Gothiœ. orné d'une préface du pèro
Foggini. ( Voyez FÉLIX, évéque d'Urgel,
et FOGGINI, qui avaient envoyé ce traité
à l'abbé d'Emmeran, d'après un manu-
scrit du Vatican.)
FORSTER ( VALENTm) est auteur d'une
Histoire du droit, en latin, avec les Vies
des plus célèbres jurisconsultes, jusqu'en
1580, temps où il écrivait. — Nous avons
eu dans le siècle dernier un autre FORS-
TER (Natoanael) , qui adonné une Bible
A^ôraïçrue. sans points. Oxforl, 1750, 2 vol.
in-4° : édition estimée.
• FORSTER ( Jean-Reinhold ), célèbre
naturaliste et voyageur prussien, issu
d'une famille anglaise qui avait quitté sa
patrie, à cause des troubles politiques du
règne de Charles I"", naquit à Dirschaw ,
dans la Prusse polonaise le 22 septembre
1729. Il fit ses études au gymnase de Berlin
et à l'université de Halle, où il s'était sur-
tout appliqué à la connaissance des langues
anciennes et modernes, des langues orien-
tales et de la théologie , et exerça d'abord
les fonctions de prédicateur à Nassenhu-
bcn près de Dantiick; mais son revenu
ne suffisant pas à l'entretien d'une famille
qui prenait de l'accroissement', il accepta
la proposition qu'on lui fit d'aller en Rus-
sie diriger les nouvelles colonies de Sa-
ratoff. Le peu d'avantages qu'il lirait de
ce poste lui fit prendre la résolution de se
rendre à Londres en 1766, et il fut choisi
en 1772 pour accompagner comme natt>*
raliste le capitaine Cook dans son second
voyage autour du monde. Son caractère
dur et impérieux en lui faisant beaucoup
d'ennemis , lui attira plus d'une fois de«
chàtimens : Cook, à son retour, porta
plainte contre Forster qui fut encore puni
par l'amirauté; on le priva d'une partie des
avantages qu'il pouvait espérer, et il lui
fut défendu de publier aucune relation
Ces désagréfhens le décidèrent à quitter
un pays dont le séjour lui était devenu in-
supportable. Frédéric H, dont il avait fixé
l'attention, lui fournit les moyens de re-
venir (1780}, le nomma professeur d'his-
FOR
i82
FOR
toire naturelle et inspecteur du jardin bo-
tanique à Halle. Malgré le zèle qu'il ap-
portait à tout ce qui pouvait faire fleurir
cette université, il ne put gagner l'amitié
de ses confrères les professeurs, que son
caractère vif, irritable et susceptible éloi-
gnait de lui. Un goût désordonné pour le
jeu ajoutait à ses malheurs en épuisant
toutes ses ressources. La mort de ses deux
fils vint les aggraver encore. Il succomba
à une longue maladie le 9 décembre
1798. Peu de savans ont possédé des con-
naissances aussi étendues que Forster;
il savait dix-sept langues mortes et vi-
vantes , entre autres , le cophte et le sa-
maritain ; et il joignait à une lecture im-
mense le talent de bien observer. On a de
lui I Introduction à la minéralogie ^ Lon-
dres, 1768, in-8°, en anglais, ainsi que les
deux ouvrages suivans : | Catalogue d'in-
sectes anglais . Warington , 1770 , in-8° ;
I Catalogue des animaux de l'Amérique
anglaise^ avec des instructions succinctes
pour rassembler, conserver et transporter
toutes sortes de curiosités naturelles j 1770,
in-8°; | Flora jimericœ septentrionalis
{or a Catalogua of the plants of north
America ). 1771 , in-8° ; | Characteres gê-
ner um. plantarum . qiias in itinere ad in-
sulas maris australis collegerunt, descrip-
serunt. delinearunt . annis 1772-1775, J.
R. Forster et G. Forster, Gottingue , 1776,
in-i"; I Observations faites dans unvoyage
autour du monde sur la géographie phy-
sique^ l'histoire naturelle et la philosophie
morale, Londres , 1778, in-4° , en anglais,
trad. en allemand, en hollandais, en sué-
dois , et en français , par Pingeron , for-
mant le 5' vol. de l'édit. française in-4°
du 2' voyage de Cook. C'est un résumé
aussi instructif qu'intéressant de ce fa-
meux voyage. | Zoologiœ Indicée rarioris
spicilegium, avec une traduction en alle-
mand, Halle, 1781 et 1793, in-fol. ; | Tableau,
de V Angleterre pour l'année 1780 , conti-
nué jusqu'à l'année 1785 , in-8°, 1784 , en
anglais : l'auteur le traduisit en allemand ;
I Histoire des découvertes et des voyages
faits dans le Nord ( en allemand), Franc-
/ort-sur-1'Oder, 1784, in-8°, traduit en an-
glais : Londres, 1786, et en français, d'a-
près la version anglaise, par Broussonnet,
Paris, 1788, in-8'' ; | Enchiridion historiée
naturali inserviens,VJ9>S, in-8° ; \ Magasin
des voyages les plus récens/'trad. de di-
verses langues^ et enrichis de remarques^
Halle, 1790-98, 16 vol. in-8° ; | Observa-
tions et vérités jointes à quelques princi-
pes qui ont acquis un haut degré de vrai-
semblance ^ ou Matériaux pour un nouvel
essai sur la théorie de la terre australe^
Leipsick , 1798, in-8°.
* FORSTER ( Jeaiv-Georges-Adam ),
fils du précédent, né à Nassenhuben, près
de Dantzick, suivit son père en Russie,
à Londres et dans son voyage autour du
monde avec Cook. Il vint à Paris en 1777
et passa ensuite en Hollande et en Alle-
magne , où le landgrave de Hesse lui of-
frit une chaire d'histoire naturelle à Cas-
sel, qu'il occupa jusqu'au moment où la
roi de Pologne lui en fit accepter une à
l'université de Wilna, où il reçut le grade
de docteur en médecine. Catherine II,
jalouse de toute espèce de gloire, avait
voulu aussi, en 1787|, faire exécuter un
nouveau voyage autour du monde, et
avait nommé Forster historiographe de
cette expédition ; mais cette entreprise
n'eut pas lieu, à cause de la guerre contre
les Turcs. Se trouvant sans emploi, il se
rendit en Allemagne , où il se fit une bril-
lante réputation par la publication de
plusieurs mémoires sur l'histoire natu-
relle et la littérature. L'électeur de Mayen-
ce le choisit pour son premier bibliothé-
caire , et il remplissait cet emploi avec
distinction, lorsque l'armée française
s'empara de cette ville en 1792. Ami chaud
des nouveautés , il embrassa avec ardeur
les principes de la révolution, et fut dé-
puté à Paris, par les Mayençais, pour
solliciter leur réunion à la France. Pen-
dant cette mission, qu'il avait acceptée
avec trop de légèreté , les Prussiens re-
prirent Mayence : ses manuscrits et tout
ce qu'il possédait tombèrent au pouvoir
du prince de Prusse : sa femme même
qu'il chérissait , séduite par un Français,
l'abandonna. Puni ainsi de son ingrati-
tude envers son bienfaiteur, et dégoûté
de la révolution et des biens chimériques
qu'elle promettait, il se livra à l'étude des
langues orientales, dans le but d'entre-
prendre un voyage à l'Indostan et au
ThLbet ; mais sa santé altérée par les se-
cousses qu'il avait éprouvées, et un vice
scorbutique dont il était atteint, le con-
duisirent au tombeau dans le mois de
mars 1794 , dans sa 40* année. Il a laissé :
I Voyage autour du monde sur le vais
seau la Résolution , commandé par le ca-
pitaine Cook dans les années 1772-1773 ,
Londres, 1777 , 2 vol. in-4°, en anglais.
II le traduisit en allemand avec son père,
et y fit diverses additions, Berlin, 1779-
80,2 vol. in-4", et 1784, 3 vol. in-S".
Cette relation ne diffère pas pour le fond
FOU
185
FOU
d'avec celle de Cook ; mais elle est écrite
avec plus do soin , et contient quelquc<i
ot>servations qui ne se trouvent point
dans la narration de co crlèbrr naviga-
tfur ; elles ne consisltJit Va pltipart qu'en
allusious ainores diri^çres contre les vices
des Européens . et mt^me dos compactions
de voyage de l'auteur. Ces sorties souvent
répétées lui suscitèrent des critiques, et,
quoique très jeune, il y répondit avec
modération dans un écrit intitulé: Répli-
quf aux retnarqucs de M. fVale . sur la
relation du dernier voyage de Cook. pu-
bliée (par M. Forster, Londres, 1778, in-
8" ; I FloruUe insularum australium pro-
tlromus, Gottingen , 1786 , in-8" ; | 3f élan-
ces ou Essais sur la géographie morale et
naturelle, l'histoire naturelle et la philo-
sophie usuelle, Leipsick et Berlin , 178'J-
97, 6 vol. in-8*, eu allemand. Les deux der-
niers vol. ont été publiés après sa mort.
I Tableau delà partie inférieure du Rhin,
du Brabant , de la Flandre . de la Hol-
lande, de V Angleterre, de la France en
4790 , Berlin , 1791-94 , 3 vol. in-8". Huber
fit paraître le dernier volume , auquel il
ajouta ime notice sur l'auleur. Il a été
trad. en hollandais, grand iii-8°, et en
français sous ce titre : Voyage philoso^
phique et pittoresque sur les rives du
Rhin, à Liège, dans la Flandre . le Bra-
bant, la Hollande, Paris , 179 j, 2 vol. in-
8°, et Voyage philosophique et pittores-
que en Angleterre, suivi d'un Essai sur
i'hist. des arts dans la Grande-Bretagne,
4796, in-S". Ce livre annonce beaucoup
d'instruction ; mais on regrette que l'au-
teur se soit trop abandonné à sa manie du
sentiment, et, dans la partie qui concerne
l'Angleterre , à sa mauvaise humeur
contre les habitans de cette ile : | Sou-
venirs de Cannée 1790 , tableaux histo-
riques avec figures du célèbre Chodo-
wiecki , Berlin , 1793 , in-8° ; | Magasin de
Gottingen , concernant les arts et la lit-
térature , journal publié en allemand en
•ociété avecLichtenberg, Gottingen, 1780-
83 ; I plusieurs traductions en allemand
et divers mémoires, programmes , lettres
elpamphlets politiques, relatifs à Mayen-
ca. U a aassi travaillé à la collection des
voyagea publiés par Sprengel.
• FORSTER ( Georges ), voyageur an-
glais, né vers 1750, était employé civil au
service de la compagnie des Indes-Orien-
**lc>. lorsqu'il conçut, sans doute à la
sollicitation de quelques-uns des chefs de
U compagnie, l'audacieux projet de reve-
nir en Europe par le nord de l'Inde et de
la Perse; il partit du C^ilcutta le 33 mai
l78-i , après avoir pris toutes les précau-
tions dictées par la prudence : ilavait ap-
pris les langues des pays qu'il devait par-
coui ir, connaissait leurs mcRurs , cl s'était
vêtu du costume oriental. Il passa par les
pays de Cachemire et de Candahar, et au
bout d'un an il était au midi de la mer
Caspienne. Il avait fait 900 lieues, c'est-
à-dire, environ 2 lieues et demie par jour.
Il continua sa route, et au premier port
il s'embarqua pour l'Angleterre et ter-
mina heureusement ce voyage , malgré
les dangers sans nombre qu'il eut à cou-
rir. De retour dans l'Inde, les directeurs
de la compagnie lui conférèrent le titre et
les fonctions d'ambassadeur à la cour des
Marattes orientaux à Nagpour dans le
Bérar. Il y mourut peu de temps après
son arrivée, en 1792. On a de lui : | Essai
sur la mythologie et les coutumes des
fndous , brochure in-8", qu'il publia à
Londres en 1785 , et qui eut beaucouj»
de succès; | A Journey from Bengalto
england, Calcutta, 1790, 2 vol. in-4°. Le
second ne fut publié qu'après sa mort ,
d'après les matériaux trouvés dans ses
papiers; c'est la relation de son voyage.
Elle est curieuse et instructive, et a été
traduite en allemand et en français,
sous le titre de Voyage du Bengale à
Saint-Pétersbourg , à travers les provin-
ces septentrionales de l'Inde , le Cache-
mire, la Perse , la mer Caspienne ^ de,
suivi de l' Histoire des Rohyllahs el de
celle des Seiks , par feu Georges Forster.
traduit de l'anglais avec des additions.
etc. Paris, 1802, 3 vol. iu-8'', avec 2
cartes.
• FORSTER (Jean-Chrétien ), naquit
le 14 décembre 1735 à Halle, et fut pro-
fesseur de philosophie dans l'université
de cette ville. Il y exerça ensuite différent
emplois administratifs, et fut chargé , en
1791 , de l'inspection du jardin botanique
et économique. Il est auteur des ouvrages
suivans: | Disputatio de deliriis ^ Halle,
1759, in-4°; | Comparatio demonslratio-
nis Cartesii, pro existentia Dei , cum illa
qua Anselinus cantuariensis usus est ,
Berlin, 1770, in-4**. Ses autres ouvrages
sont en allemand : | Caractère des trois
philosoplies Leibnitz, tVolfel Baumgar-
ten. 2* édition, Halle, 1765, in-8". Cet
ouvrage est bien écrit et conçu dans do
bons principes; | Introduction à ta poli-
tique, d'après les principes de Montes-
quieu, ibid., 1765, in-8° ; | Essai d'intro-
duction à l'économie politique, Berlin,
FOR iSli
1771, in-S" ; | aperçu de l'hisloire de l'u-
niversité de Halle , pendant le premier
siècle de sa fondation ^ ibid., 1794 , in-8",
etc., etc. Forster est mort le 19 mars 17Ô8.
— Il y a un autre JEAN-CttRÉrjEN FOR-
STER , théologien protestant , né en Thu-
ringe vers 1754, mort en 1800, qui a
donné en allemand quelques ouvrages
ascétiques et des sermons.
FORSTNER ( Christophe ), né en
1598, mourut en 1667, et publia, dès l'âge
de 19 ans , un ouvrage sur la politique.
Après avoir étudié en Allemagne, il alla
en Italie , où Jean Cornaro , doge de Ve-
nise , le goûta tellement qu'il l'honora de
l'ordre de Saint-Marc. Forstner vint en-
suite en France, et retourna en Alle-
magne. Employé dans les négociations de
la paix de Munster, il fit paraître tant de
prudence et de capacité, que le comte
de Trautmansdorf, plénipotentiaire de
l'empereur, lui procura la qualité de con-
seiUer-aulique. Outre ses Hypomnemata
politica, 1623, in-8°, on a de lui : ( De
principatu Tiberii; \ Notœ politicce ad Ta-
citum ; \ un recueil de ses Lettres sur la
paix de Munster, etc. etc.
' FORSYTH ( Guillaume ), jardinier
distingué , né dans le comté d'Aberdeen
en Ecosse en 1737, se livra de bonne heure
à la pratique du jardinage et s'y distin-
gua bientôt. Il vint à Londres en 1763 , et
peu après , travailla sous le célèbre Mil-
ler, jardinier du jardin des apothicaires à
Chelsea, et lui succéda en 1771. Le i-oi le
nomma en 1784 surintendant de ses jar-
dins royaux de Kensington et de Saint-
James. Il s'occupa particulièrement des
remèdes à apporter aux maladies aux-
quelles les végétaux peuvent être sujets, et
découvrit une composition qui répondait
à ses vues. Forsyth est mort le 2o juillet
4804, Il était membre de la société des
antiquaires et d'autres corps savans. On
lui doit : I Observations sur les maladies^
les défauts et les accidens auxquels les
arbres à fruit et les arbres forestiers sofit
sujets, Londres, 1791, in-8° ; i Traité de
la culture des arbres fruitiers, Londres,
1802, in-4", traduit en français , avec des
notes par Pictet-Mallet, Genève et Paris,
4805 , in-S". Ce livre , qui contient le ré-
sultat de tous ses travaux , a eu trois édi-
tions en peu de temps.
FOUT ( François le ), d'une famille
patricienne de Genève, naquit en cette
ville en 1656. Une forte inclination pour
les armes le fit quitter la maison pater-
iielledès l'âge de 14 ans. Après avoir servi
FOR
en Hollande comme volontaire, il eut
une lieutenance dans le régiment d'un
colonel allemand au service du czar. Le
Fort était hardi et entreprenant ; il par-
lait asseE bien 4 ou 5 langues. Il n'était
point savant ; mais il avait beaucoup lu,
sans avoir dans un degré égal le talent de
digérer ses lectures. Pierre le Grand , qui
avait conçu le dessein de réformer sa na-
tion , le vit et lui donna sa confiance. En
1696, le Fort eut la conduite, du siège
d'Azof. Il y montra tant d'habileté dans
l'art de la guerre, que le czar le mit à lu
tête de ses troupes de terre et de mer, et
le fit son premier ministre d'état , avec la
qualité d'ambassadeur et de plénipoten-
tiaire dans toutes les cours étrangères. Le
Fort eut part à tous les changemens que
Pierre 1*'' fit dans son empire. Il mourut
à Moscou en 1699. Le cxar, pénétré de sa
perte , lui fit des obsèques magnifiques ,
et y assista.
FORT (le ). rayez MORINIERE.
♦ FORTE ou FORTIO ( Ange ), méde-
cin vénitien du 16' siècle, a laissé plu-
sieurs ouvrages sur l'astrologie judiciaire,
dont il s'est montré pendant toute sa vie
un zélé partisan , nous citerons : De mi-
rabilibus humanœ vitce naturalia Funda-
menta. \cmse, 1543, 1555, in-8" ; et F^e-
ritatis redivivœ militia^ ibid. 1541, in-8°.
* FORTEBRACCIO ( Nicolas ) , parti-
san ou condottiere italien du 15"^ siècle ,
successeur du fameux Braccio de Montone,
son oncle, servit les Florentins contre
Volterre et contre Lurques en 1429, prit
du service sous le pape Eugène IV, déclara
ensuite la guerre à ce souverain pontife,
et avait déjà conquis la plus grande partie
de ses étals , lorsqu'il mourut en 1435 des
suites d'une blessure qu'il avait reçue peu
de temps auparavant à Capo-di-Monte.
FORTESCUE ( Jean ) , lord , chef de
justice et grand chancelier d'Angleterre,
sous le règne de Henri IV, naquit dans le
15*= siècle à Wear-Giflord dans le Devon-
shire. Son nom est très connu en Angle-
terre; sa réputation de jurisconsulte re-
pose sur plusieurs ouvrages estimés qui
ont pour objet la Loi JSatur elle ^ et les Lois
de l'Angleterre. Le plus remarquable do
ses écrits est celui qui a pour titre : De
laudibus legum Jnglice, traduit du latin
en anglais en 1737, avec des notes de Sel-
den et de nombreuses remarques sur les
Antiquités^ l'Histoire et les Lois d'An-
gleterre.
FORTIGUERRA ( Nicolas), cardinal,
natif de Pi^oie, rendit de grands service»
roii
185
FOR
tiu papes Eugine IV, Nicolas V, Pic U
et Paol U. Il cuiiunanda l'aruiôe du saint
Sio^ye avec succos , et mourut à Vilerbe
«n i&75, à bli ans.
FORTir.lKRRV ( Nicolas), savant
prélat de la même famille que le précé-
dent .mourut en 17r>5. à 61 ans. (In a de
lui une version de Térence en vers ita-
liens, Urbin. 17:^5. fig. avec le texte latin.
Sa maison était le rendei-vous de tout ce
que Rome possédait alors de plus excel-
leus littérateurs , et leurs conversations
ne roulaient que sur la littérature. Un
jour on disputait sur la prééminence
entre le Tasse et lArioste : l'un et l'autre
trouvèrent des partisans dans cette assem-
blée. Forliguerra était pour le Tasse; et
voulant prouver combien il était facile,
avec de Timagination, de réussir, au moins
jusqu'à un certain degré, dans le genre de
TArioste, il composa un poème en 50
duints, qui fut commencé en Uni en très
peu de temps. C'est le Ricciardetlo pu-
blié en 1758, in-4° : ouvrage héroïco-bur-
lesque, où l'auteur, à l'exemple de l'A-
rioste, s'est livré à tout ce que son ima-
gination lui présentait. Il y règne un dés-
ordre et une biiarrerie qui jettent le
lecteur dans une contention d'esprit con-
tinuelle, et qui en rendraient la lecture
insoutenable , sans les plaisanteries et la
versiûcalion aisée qu'il respire : la pu-
deur , U bienséance et la religion y sont
blessées tour à tour, de l'aveu même du
traducteur. On la imité en vers français
en 1766, 2 vol. in-S** : l'auteur ( M. du
Mourrier ), chevalier de Saint-Louis, mou-
rut de consomption en 176'J , soit que son
travail eût orcasioné sa maladie , soit que
sa maladie eut déterminé son travail. Cet
ouvrage empêcha Forliguerra d'avoir la
pourpre que lui destinait Clément XII.
• FORTIS (Jean-Baptiste ALBERT,
Vabbé ), littérateur lilalien, né à Vicence
;n 1740, entra fort jeune dans l'ordre de
Saint-Augustin; mais, ennemi de toute
espèce de joug, il en sortit bientùt , et lit
plusieurs voyages, où il prit une ma-
nière hardie de penser qui le lit nonuner
par plusieurs de ses compatriotes le voya-
geur philosophe. Pendant sa carrière, For-
tis fut tour à tour physicien, naturaliste,
poète, journaliste et bibliofjraphe; mais son
«Araclère ardent et son imagination bigarre
nt lui permirent jamais de se fixer. En 1801,
il fut nommé préfet de la riche bibliothè-
que de Bologne, où il mourut le 21 octobre
1803. O'i a de lui : | Saggio d' osserva zioni
*opra l'uoia di Cherso ed Osero. Venise,
1771, in-4*; | riaggio in Dalmazia^ Ve-
nlse , 1774 , 2 vol. iii-4", lig. et cart. U a
été traduit en anglais, Ixindrcs, 1778, in-
4" ; et en français , Berne , 1778. 2 vol. in-
18. On convient en général que l'imagina-
tion de l'auteur l'a entraîné un peu loin,
et qu'il a accordé trop de conliance à des
autorités suspectes. On peut consulter
l'excellente dissertation intitulée Osser-
vazioni sopra diversi pezzi del viaggio in
Dalmazia, Venise, 1776, in-4*. | Voyage
minéralogique dans la Calabre et la
Pouille. ou Lettres au comte Thomas de
Dasseyli. patricien de Raguse. Ces lettres
d'abord écrites en italien , ont été publiées
en allemand , Weimar, 1788 , in-4°. | Mé-
moires pour servir à l'histoire naturelle,
et principalement à l'oryctographie de
I Italie. Paris, 1802 , 2 vol. in-8'" ; | Beau-
coup de dissertations disséminées dans
les mémoires de diverses académies dont
il était membre , ou publiées séparément.
II a travaillé long-temps au journal de
Grisellini, qui traitait principalement d'a-
griculture, d'arts et de commerce, et à
VEuropa lelteraria, ouvrage péi iodique ,
publié à Venise par M™' Caminer Tura.
* FORTIS (Aloys), 20*= général des jé-
suites, né à Vérone le 26 février 1748, fut
reçu dans la compagnie de Jésus à l'âge
de 14 ans. U enseignait la rhétorique air
collège de Ferrare quand Clément XIV
supprima la société- Résolu cependant de
consacrer sa vie entière au service de
l'Eglise, il rentra dans sa patrie pour y
faire ses études Ihéologiques et fut nom-
mé à la chaire de philosophie au lycée de
Vérone. Use fit une grande réputation par
le Prodromus ad universam melaphysi-
cam qu'il y publia. Vers la même époque,
il entreprit et acheva conjointement avec
le chanoine Séraphin Voila, l'ouvrage
connu sous le titre de : Illustrazione de
Pesci impietriti del monte Bolca in Ve-
rona. Comme la compagnie subsistai!
toujours en Russie, le Père Forlis se lit
inscrire de nouveau au nombre de ses
membres ; il alla rejoindre à Parme ceu»
de ses frères qui sous la protection du duc
Ferdinand venaient d'y rouvrir le pen-
sionnat des nobles , et y professa plu-
sieurs années la lilléiature. Les appluu-
disseraens avec les<fuels furent accueillie»
dans plusieurs réunions de sa vans ses
poésies italiennes, grecques et latinos onl
fait regretter que par humilité , sur la fin
de SCS jours, il ait livré aux flunnnes tout
ce qui lui restait d'écrits. Des que la
compagnie de Jésus fut rétablie dans le
FOR
i86
FOS
royaume de Naples (1804 ), il s'y rendit
avec empressement ; mais à peine avait-il
pu organiser les classes publiques du col-
lège de celte ville , que les circonstances
politiques le forcèrent de se retirer à Or-
viète puis à Vérone , d'où il se rendit à
Rome à l'époque où Pie VII rétablit la
compagnie par tout l'univers catholique.
Sa Sainteté le nomma examinateur des
évéques, et le général Brzozowski, qui
résidait toujours en Russie , le fit son
vicaire-général en Italie. Elu général de
son ordre en 1820, il se fit estimer au
dehors et chérir de ses inférieurs, offrant
lui-même le modèle de toutes les vertus
qu'il désirait voir briller dans les autres.
Il est mort à Rome le 27 janvier 1829.
FORTIUS , ou plutôt STERK ( Joa-
ciiim), philosophe et mathématicien, plus
connu sous le nom de Forlius Ringelber-
gius^ né à Anvers vers Van 1499, se fit ai-
mer d'Erasme, d'Oporin, d'Hypérius et
de plusieurs autres savans de son temps.
On le mit assez jeune à la cour de l'em-
pereur Maximilien \" , où il resta jusqu'à
l'âge de 17 ans; de retour dans son pays,
il fil des progrès étonnans dans l'étude
des belles-lettres et de la philosophie. Il
employa ses heures de récréation à ap-
prendre à dessiner et à graver. Vers l'an
4529, il se mit à parcourir les principales
villes de la France. Arrivé dans une ville,
il se mettait aussitôt à enseigner quelque
science , dont le cours n'était ordinaire-
ment que d'un mois. Il ne fut pas possible
de le retenir plus long-temps dans aucune
ville. Fortius était passionné pour les lan-
gues anciennes. On l'entendait souvent
dire qu'il préférait un mot de la pure la-
tinité à un écu d'or. Aucune science n'eut
pour lui tant d'attrait que l'astronomie ;
mais, comme presque tous les astronomes
de son siècle, il donna dans les chimères
de l'astrologie judiciaire. Il mourut vers
•lo36. Ses ouvrages ont été rassemblés
sous le titre de Joachimi Forlii Ringel-
hergii lucubrationes ^ Lyon , 1556 , in-8°.
On y distingue un traité De Ratione stu-
dii^ Anvers, 1529, dont Thomas Erpénius
a donné une édition estimée, Ley de, 1622.
Cet ouvrage renferme des avis très judi-
cieux, tant pour les maîtres que pour les
écoliers : mais ils sont balancés par des
conseils qui sentent le pédantisme. Com-
me astrologue , il a soin d'y dresser l'ho-
roscope de son livre.
FORTUIVAT. Voyez VENANCE FOR-
TUNAT.
FORTUNATIANUS. Foyez CURIUS.
* FORTUNIO ( Augustin ) , religieux
de l'ordre des camaldules , né dans le 16*
siècle à Fiesole dans la Toscane , de pa-
rens originaires de Florence , qu'il perdit
de bonne heure, fut placé dans le collège
de Pise aux frais du grand-duc. Après
avoir fait ses vœux dans le couvent des
Saints- Anges à Florence, il se livra à l'en-
seignement des langues et à la recherche
des monumens qui pouvaient intéresser
son ordre. Ce savant religieux mourut
dans un âge peu avancé à Florence vers
1595, laissant les ouvrages suivans : | His-
toria camaldulensium j Florence , pre-
mière partie 1575, deuxième partie, 4579,
in-i" : cette histoire dont Gui Grandi fait
l'éloge sous le rapport de l'érudition, mais
non sous celui de l'exactitude chronolo-
gique , est inférieure à celle des PP. Mil-
tarelli et Costadoni ; | Apologia Augustini
Florentini pro libris suis historiarum ca-
maldulensium ^ ibid. , 1592 , in-12; c'est
une réponse au Père Luc ermite, qui avait
attaqué plusieurs récits de faits miracu-
leux racontés dans Vtfistoire de Fortu-
nio; I Cronichetla del monte san Savino
di Toscana Ahid., 1583, in-i», etc. ; | Li-
ber carminum^ ibid. , 4591, in-8° ; ce sont
des poésies pieuses et sur des sujets do
dévotion. On a encore de Fortunio des
opuscules moins intéressans.
FOSCARARI ( Gilles ) , dominicain
bolonais, né le 27 janvier 4512, mort évê-
que de Modène en 1564 , à 52 ans, fut un
des théologiens choisis pour travailler au
Catéchisme du concile de Trente. C'était
un prélat savant , pieux et charitable. Il
trouva dans sa frugalité et sa modestie un
fonds suffisant pour subvenir aux néces-
sités des pauvres, pour fonder une maison
des Filles-Repenties , et pour embellie
son église et le palais épiscopal. Dans un
temps de calamité , il vendit jusqu'à sa
crosse et son anneau. On lui attribue un
livre intitulé : Ordo judiciarius in foro
ecclesiastico.
FOSCARI (François), d'une illustre
famille de Venise , dont il augmenta en-
core le lustre. Il fut en 4415 procurateur
de Saint-Marc , et élu doge en 1423, après
avoir gagné ou acheté les suffrages. Vou-
lant se rendre redoutable à ses voisins ,
il fit la guerre , et soumit à la république
le Bressan, le Bergamasque, Crémone,
Ravenne et d'autres places. Ces conquêtes
coûtèrent beaucoup aux Vénitiens , qui
murmuraient hautement contre lui ; il les
apaisa en offrant sa démission, qui ne fut
pas acceptée. Ses ennemis suscitèrent di-
FOS
187
FOS
Tcrs«S affaires à «on lils , qiii fut relégué
d'abwrd à Trévise, cl ensuile di-ux fois à
laC.anôe. Le dernier t-xil accabla do dou-
Irur le «lalhcurcux doge . et il fut hors
ilolat de gouverner les affaires de la rt'-
publique. Il fut déposé k l'Age de 84 ans,
en 1457, et Pascal Maripert mis A sa place,
il mourut deux jours après. Son lils était
mort lui-même dans sa prison ; on l'avait
accusé d'à voir assassiné un sénateur ; mais
le véritable meurtrier déclara, au lit de la
ujort. que Foscari était innocent. Il n'é-
tait plus temps : l'infortuné Foscari avait
péri, victime de la calomnie.
• FOSCARI ( François) , sénateur vé-
nitien, célèbre par ses missions diploma-
tiques , ses connaissances et ses travaux ,
mort le 7 décembre 1790 , a publié The-
saunis antiquitatum sacrarum. complec-
tens selectissima clarissimorum virorum
opuscula. in quifms veterwn Hebrœoruin
mores . leges , instifuta . ritiis sacri et ci-
viles il lustrantur^\ enise , 1744-1769, 34
vol. in-fol. Il fut aidé dans celte immense
collection par Ugolini. Il a publié aussi
Bibliotheca veferum patrum, antiquorum
scriptorum ecclesiasticorum grœco-lati-
na , Venise, 14 vol. in-fol. : et les Œuvres
de Théophylacte , archevêque de Bulga-
rie, Venise, 1763,4 vol. in-fol.
F0SC.\I11M ( Michel ) , sénateur vé-
nitien , remplit différens postes dans sa
république , et mourut en 1692, à 64 ans.
n a continué l'Histoire de Venise . par
Nani , 16%, in-4°, qui fait le tome 10* de
la Collection des historiens de f^enise ,
1718 , in-4° : collection assez mal impri-
mée, mais dans laquelle on n'a fait entrer
que de bons auteurs. Foscarini avait écrit
par ordre de la république , et il est re-
gardé comme un historien qui a eu de
bons documens. On trouve deux de ses
nouvelles dans celles de Gli Acad^mici
incogniti , 1651, in-4''.
• FOSCARIM ( Marc) , de la même
famille que le précédent , naquit en 1695 ,
et se distingua dès sa jeunesse par ses
•uccès , ses connaissances et ses mœurs.
Il entra de%onne heure dans les charges
publiques, et devint chevalier et procu-
rateur de Saint-Marc. Envoyé en ambas-
sade dans plusieurs cours de l'Europe , il
revint à Venise où on lui confia la direction
des monumens publics , puis celle de lu
bihVtnihcque de Saint-Marc. En 1762 les
■'• ' -is compatriotes l'appelèrent
a dignité de doge. Il mourut
1...... . ^.... alite , 10 mois après son élec-
Uoo. On a de lui le premier volume d'une
I Histoire tittéraire de Venise , Padoue ,
1752 , grand in fol. ; | un Traité de VèlO'
quence et des mérnoires secrets pour ser-
vira l'histoire de l'em/fcreur Charles Vl.
Tous ces ouvrages sont écrits en italien.
FOSCO ( Placide), italien, médecin
de Pie V , se distingua par sa science cl
I)ar sa vertu. Il mourut à Rome en 1574,
âgé de 64 ans. On a de lui un traité : De
usu et abusu Âstrologice in arte medica.
L'astrologie et l'astronomie étaient alors
synonymes , et il est très vraisemblable
que cette dernière science n'est point
inutile aux médecins. « Je voudrais, dit
» M. de Lalande , que les médecins con-
B sultassent au moins l'expérience à cet
■ égard, et qu'ils examinassent si les
> crises et les paroxysmes des maladies
» n'ont pas quelques correspondances
» avec les situations de la lune par rap-
» port à l'équateur, aux syzygies et aux
> apsides. Plusieurs médecins m'en ont
» paru persuadés. »
' FOSCOLO ( Ugo ) , célèbre poète ita-
lien, né dans l'Ile de Zante en 1777, d'une
famille vénitienne, quitta de bonne heure
les îles Ioniennes , et suivit à Padoue les
leçons de Césarotti. Doué d'une imagina-
tion ardente et d'un esprit indépendant ,
il embrassa avec enthousiasme le parti
do la révolution, et à l'époque de l'entrée
des Français en Italie , sa muse qui avait
commencé à chanter l'amour , consacra
ses vers à la liberté. Mais l'abandon de
Venise à l'Autriche déconcerta ses espé-
rances , et il en témoigna son indignation
dans ses fameuses Lettres de Jacopo Or"
tis , qu'il publia à Milan en 1802. Nommé
plus lard professeur de belles-lettres à l'u-
niversité de Pavie, il succéda dans ce
poste au célèbre Monti , et débuta par un
discours sur l'origine des règles fonda-
mentales de la littérature. Mais il se dé-
mit bientôt de sa chaire, pour embrasser
la carrière des armes, et se rendit à Calais
en 1805, pour prendre part à l'expédition
qui se préparait contre l'Angleterre. Il
revint de là en Italie, et publia, en 1808, à
Milan, une belle édition des ouvrages clas-
siques du prince Raimond Montccuculli.
Celle qui a été donnée en 1821 par M.
Crassi est plus complète et plus soignée.
Après la chute de Bonaparte , il rentra de
nouveau dans la carrière mililairc comme
aide-de-camp du général Pino, et ha-
rangua la garde nationale de Milan qui
cherchait alors à recouvrer son indépen-
dance ; mais ses opinions et ses espérances
hautement manifestées, compromirent sa
FOS 188
li\reté, et l'obligèrent de quitter sa patrie ;
il alla s'établir à Londres où il mourut le
11 septembre 1827. Ses autres ouvrages
sont une traduction en italien du petit
poème de Caîlimaque^ ou la Chevelure de
Bérénice, que Catulle avait mis en latin,
auquel il ajouta un long commentaire. Il
plaisantait avec ses amis de ses citations
nombreuses d'auteurs anciens et moder-
nes qu'il n'avait pas même lus; | une tra-
gédie de Thyeste^ qu'il donna à Venise ,
et qui obtint un grand succès , malgré les
défauts de plan; | une tragédie à'Jjax,
jouée à Milan , mais qui n'obtint pas les
suffrages. Les allusions dont elle était rem-
plie contre les idées religieuses de Napo-
léon , qui voulait appuyer son pouvoir
sur la religion, faillirent attirer à l'auteur
un ordre d'exil, de la part du prince Eu-
gène , vice-roi d'Italie. Foscolo alla cher-
cher un refuge dans la patrie du Dante et
de Machiavel. | Ricciarda ^ qu'on repré-
senta sur quelques théâtres d'Italie, et qui
a été imprimée à Londres. On y trouve
quelques scènes qui ne manquent pas de
chaleur, mais l'ensemble est évidemment
défectueux. | Une traduction en italien
du Voyage sentimental de Sterne, qu'il
publia sous le nom de Didimo Chine-
xico; I un petit poème intitulé : Sepolcri,
sujet déjà traité par Pindemonle , à qui
Foscolo se montre bien inférieur; | un
Essai sur Pétrarque, qu'il publia à Lon-
dres ; I un travail important sur la divine
Comédie du Dante. Il avait entrepris une
traduction de Y Iliade , dont il n'a publié
que le premier chant. On a encore de lui
des Odes, des Sonnets, et divers mor-
ceaux insérés dans les journaux anglais
de celte époque. Pendant son séjour à
Londres , Foscolo y fit quelques cours de
litlérature italienne. Il eut à se reprocher
dauis sa vie privée des désordres qui ne
furent peut-être pas étrangers à ses mal-
heurs. Comme écrivain , il a eu plus d'o-
riginalité que de goût, et n'a pu s'élever
au premier rang dans aucun genre de lit-
térature.
* FOSSATI (Jean-Fra;vçois), bénédic-
tin de la congrégation du Mont-Olivet,
naquit à Milan vers la fin du 16' siècle ; il
était excellent prédicateur et devint évê-
que du diocèse de Tortone qu'il adminis-
tra avec sagesse jusqu'en 1635 , année de
sa mort. On a de ce prélat : | Orazione
funehre délia morte del ser. Cosimo II
Medici, gran-duca di Toscana, Sienne,
1620 , m-k" ; | Memorie istoriche délie
guerre d'italia del sccolo présente daW
FOS
anno 1600, Milan, 1640, iri-4», Bologne»
1641 et 1645, in-8».
* FOSSATI (Georges), architecte gra-
veur et imprimeur , né à Morco près de
Lugano, au commencement du 18' siècle ,
s'est fait une réputation très étendue par
le grand nombre d'ouvrages sortis de son
burin. On a de lui : | un Recueil de di-
verses fables dessinées et gravées par lui,
en italien et en français, Venise , 1744 , 6
parties en 3 vol. petit in-fol. fig. en cou-
leur. Les gravures font le principal mérite
de ce recueil très recherché des curieux.
I Vita degli architetti del signer Fclibien ,
tradotta delfrancese, 1735, in-8", fig. On
a encore de lui , comme graveur , im re-
cueil des édifices de Palladio, \g% plans de
Venise , Bergame, Genève , et une carte
du lac de Lugano.
FOSSE ( Charles de La ) , fils d'un or-
fèvre, naquit à Paris en 1640. Il entra
dans l'école de Le Brun , premier peintre
du roi, et l'imita si bien, que le maître ne
dédaigna pas d'employer son élève dans
ses grands ouvrages. Le voyage d'Italie
le perfectionna, et à son retour il peignit
le dôme de l'hôtel royal des InvaUdes. Il
fut regardé comme un des premiers colo-
ristes. Il excellait dans la fresque, dans le
paysage, et surtout dans l'histoire. Louis
XIV lui accorda une pension de mille
écus. Il fut reçu de l'académie de pein-
ture, et en devint recteur et professeur.
II mourut à Paris en 1716. Sa réputation
l'avait fait appeler en Angleterre , où mi-
lord Montaigu l'occupa à décorer sa mai-
son de Londres. Les peintures de ce grand
artiste furent admirées de tous les con-
naisseurs. Le roi Guillaume III étant venu
les voir, proposa à La Fosse un établisse-
ment très avantageux; mais, vers ce
même temps, le célèbre Mansard lui écri-
vit de revenir en France, où il était dé-
siré. — Il y a un graveur célèbre du mémo
nom ( jEAX-BAPTisTE-josEPH ), né à Paris
en 1721, auquel on doit les gravures du
Voyage de Naples et de Sicile, par l'abbé
de Saint-Non , qui excellait surtout à sai-
sir le maintien et la physionomie du ses
modèles.
FOSSE ( Antoine de La), sieur d'Au-
bigny, neveu du précédent, naquit à Pa-
ris en 1633 d'un orfèvre, comme son
oncle. Il fut successivement secrétaire du
marquis de Créqui et du duc d'Aumoilt.
Lorsque le marquis de Créqui fut tué à la
bataille de Luzara , il fut chargé de por-
ter à Paris le cœur du jeune héros , et il
chanta sa mort dans luie pièce de vers
F08
189
FOS
que nous avons encore. La Fosso parlait
cl ocritail purcuionl l'ilaltru. l'nc ode
qu'il (il vn ccilc lanjîue lui mérita une
place dans l'acadt-inic des Àpatistes de
Florence. Il y pronoii\-a pour rcmercî-
menl un discours en prose sur ce sujet
•in(;ulicr : Qurls yetix sont les plus beaux,
des yeux bleus ou des noirs ? Il avait
encore plus de talent pour la poésie fran-
çai.<ie. Ses vers sont exi reniement tra-
vailles : il avouait lui-même que l'expres-
•ion lui coûtait plus que la pensée. On a
de lui plusieurs tra(];édies, dont Manlius
est la meilleure ; et une Traductioti . ou
plutôt une Paraphrase en vers français ,
dej Od«s d'Anacréon. On trouve après
cette version plusieurs autres pièces de
poésie. Il mourut en 1708, à 55 ans. Son
Théâtre est en 2 vol. in-12, Paris, 1747.
Il en a paru une autre édition en 1755,
qu'on a grossie , par je ne sais quel motif,
de la Gabinie de Brueys , et du Distrait
de Régna rd.
FOSSÉ ( du ). rayez THOMAS.
• FOSTER ( Samuel ) , mathématicien
anglais , né à la fin du 16' ou au commen-
cement du 17' siècle , étudia les mathéma-
tiques avec beaucoup de succès à l'uni vcr-
Bité de Cambridge ; il fut nommé en 16r>6
professeur d'astronomie à Gresham, quitta
cette place au bout de dix mois , et la re-
prit en 1641. Fosler mourut en 1652 , lais-
saint les ouvrages su i vans : | Traité de
gnomonique , 1638, in-8" ; c'est un ouvrage
estimé ; | OEuvres posthumes ^ 1652 , in-
4" ; I Mélanges . ou Veillées mathémati-
ques { en latin et en anglais ), 1659, in-
fol. Il inventa et perfectionna plusieurs
instrumens de mathématiques et d'opti-
que : il avait fait des observations d'éclip-
ses. Fosler était de l'association savante
qui précéda la société royale de Londres.
• FOSTER ( Ji:\^ ), céltbrc philologue
I inglais , né à Windsor en 1751 , lit ses pre-
I mièrcs éludes à Eton et à l'université de
Cambridge. Adjoint au docteur Edouard
Barnard, célèbre maître de l'école d'Eton,
Il lui succéda en 1765 et devint chanoine
de Windsor en 1772. Le délabrement de
la santé qu'avaient altérée ses travaux ,
la força d'aller aux eaux de Spa , où il
mourut en 1773. Foster n'a laissé qu'un
ouvrage ; mais il prouve sa vaste érudi-
tion. Il a pour titre: Essai sur la nature
différente de l'accent et de la quantité,
avec leur usage et leur application dans
la prononciation des langues anglaise ,
latine et grecque ; contenant un précis et
une explication des tons anciens, et une
défense de l'accentuation moderne, contre
les objections d'îsftac fossius. Itcnniniu»,
Sarpedonius.le docteur (ially et autres
auteurs. Cambridge, 1763, in-8" (cm
anglais ). On a conservé avec soin le»
manuscrits de plusieurs de ses exercices
de collège.
FOSTER ( Jacques ) , ministre anglais,
non-conformiste , né à Excester en 1697,
mourut le 5 novembre 1753, après avoir
publié : I l'Excellence de la Révélation
chrétienne contre Tidtlal. 1731 ; | Discours
sur la Religion naturelle et les vertus so-
ciales.^ vol. in-i"; | des Sermons; \ des
Traités de controverse.
• FO-TIIOU-TCIIin\G, célèbre Sa-
manéen, contribua puissamment à l'éta-
blissement de la religion de Bouddah à la
Chine. Il était né dans la contrée que les
Chinois nomment Thian-Tchou ( Hin-
doustan ), d'une famille qui se nommait
Pe : après s'être livré à l'étude des scien-
ces occultes, il vint s'établir l'an 310 àLo-
Yang, maintenant Honan, qui était la
résidence des rois Tchao, princes tar-
tares qui gouvernèrent le nord et l'occi-
dent de la Chine de l'an 508 à l'an 329
C'est à la cour de ces rois qu'il fit usage
de sa science mystérieuse : il parvint à
faire croire aux esprits crédules de cette
province qu'il exerçait un grand pouvoir
sur la nature : qu'il entretenait un com-
merce avec les esprits : qu'il avait à sa
disposition les bons et les mauvais génies :
qu'il se nourrissait d'air, qu'il avait au
côté une ouverture d'où jaillissaient pen-
dant la nuit des torrens de flammes, et
d'où il faisait souvent sortir son cœur et
ses entrailles qu'il lavait parfois à la ri-
vière , et bien d'autres absurdités. Le son
des cloches était pour lui un pronostic
d'où il lirait l'indication de l'avenir.
.\près avoir cherché dans le désert un
refuge contre les Chinois qui reprirent
Lo-Yang , il revint cependant auprès du
généralissime auquel il fut très utile :
présenté à l'empereur Chi- Le, il fit de-
vant lui des prodiges , disent les partisan»
de Bouddah, cl élablit ainsi le Boud-
disme dans la Chine. On croit qu'il mou-
rut en 349, après avoir fait un grand
nombre de disciples et fondé plusieurs
monastères.
• FOTiIERGILL( Jea:« ), célèbre méde-
cin anglais , né le 8 mars 1712 à Carlend
près de Richemonl dons le comté d'York,
et mort le 26 décembre 1780 , cultiva l'his-
toire naturelle et la botanique avec suc
ces; mais il se rendit surtout recooMuan-
FOU
190
FOU
dable par sa bienfaisance. On grava sur
son tombeau : « Ci-gîl le docteur Fother-
» gill , qui dépensa 200 mille guinées pour
» le soulagement des malheureux. » Son
cabinet zoologique et minéralôgique était
un des plus complets de l'Angleterre. Il
a enrichi les Transactions philosophi-
ques j et les Mémoires de la société mé-
dicale de Londres, de plusieurs observa-
lions curieuses. Tous ses écrits ont été
rassemblés après sa mort, et publiés à
Londres, en 1781, in-8°, en 1783, 3 vol.
in-8°, et en 1804, in-4°. Ils ont été tra-
duits en allemand , Altenbourg , 1785,2
vol. in-S".
* FOIJBERT ( Jean ) , né à Saint-Benoît-
sur-Loire, en 1840, dut son éducation au
cardinal Odet de Châtillon. Il embrassa
l'ordre de Saint-Benoît dans sa ville na-
tale, et releva l'éclat de la congrégation
par ses talens et ses vertus. Ce religieux
mourut le 18 avril 1619. On connaît de
lui : I Histoire des Lombards . traduite de
Paul diacre , avec une Préface , et la Vie
de cet auteur , Paris , 1603 ; | Supplément
à l'histoire des Lombards de Paul diacre,
depuis l'élection d'Hildebrand jusqu'à la
prise de Pavie par Charlemagne , Paris ,
1603, in-8°.
* FOUCAULT ( François), prêtre, né
à Orléans vers 1590, mérite d'être cité
pour les services qu'il rendit comme ci-
toyen et comme ecclésiastique aux habi-
tants de sa ville natale lors de la terrible
peste qui la désola en 1626. C'est à cette
occasion qu'il institua, pour le clergé
d'Orléans, la confrérie qui subsiste en-
core. Cet homme respectable mourut en
1640. Il avait composé un livre de prières
intitulé : j Le Pain cuit sous la cendre
apporté par un ange au prophète Elie
pour reconforter le moribond, Orléans,
1631 , réimprimé plus tard sous ce nou-
veau titre : Prières chrétiennes pour ser-
vir de préparation à la mort; ce livre a
été destiné dans le principe aux victimes
des maladies contagieuses. — Il ne faut
pas confondre François Foucault avec un
autre FOUCAULT ( Nicolas ), prêtre, de
la même famille et du même diocèse,
mort en 1692. Ce dernier a laissé des Prô-
nes pour tous les dimanches de l'année,
imprimés en 1696, et qui ont eu deux
éditions. Il fonda aussi à Orléans l'éta-
blissement du Bon Pasteur ou des Filles
pénitentes , à l'instar de celui de Pai is.
* FOUCAULT ( Jean) , chambellan de
Charles VII, et l'un des plus vaillans ca-
pitaines de ce prince , fut fait prisonnier
par le fameux Talbot au siège de Laval
( 1423 ) , et se racheta de ses deniers. II
assista en 1429 au sacre de Charles VII ,
et l'année suivante il défendit avec hon-
neur el succès la ville de Lagny contre les
Anglais. 11 mourut en 1466 dans un âgo
avancé.
* FOUC.IULT (Jean), seigneur de
l'Ardimalie , baron d'Auberoche , né dans
le Périgord en 1542 , servit de tous ses
moyens la cause de Henri de Navarre,
depuis Henri IV. Ce prince le nomma,
lorsqu'il fut sur le trône , son chambellan,
puis gouverneur du Périgord et vicomte
de Limoges. Foucault fut tué d'un coup
de canon à un assaut dans la guerre que
Henri IV soutenait contre les Espagnols.
La famille Foucault conserve religieuse-
ment les lettres de ce prince qui attestent
les services à lui rendus par ce brave
gentilhomme.
FOUCAULT ( Louis ) , comte de Dau-
gnon , avait été page du cardinal de Ri-
chelieu. Il s'attacha au duc de Fronsac
qui commandait les flottes de France. Il
servit sous lui avec le rang de vice ami-
ral, au combat donné devant Cadix en
1640 , et se saisit après sa mort de la forte
place de Brouage , dont le duc était gou-
verneur. Cette place fit la fortune de
Foucault : car en la remettant, on lui
donna pour récompense le bâton de ma-
réchal de France le 20 mars 1653. Il mou-
rut en octobre 1659, âgé d'environ 45
ans avec la réputation d'un homme avide
de gloire et d'argent.
• FOUCAULT ( N. - J. ), né à Paris
en 1643 , membre honoraire de l'acadé-
mie des belles -lettres, fut successive-
ment intendant de Montauban , de Pau et
de Caen , et travailla partout pour le bien
de l'état et des lettres. Il découvrit en 1704
l'ancienne ville des Viducassiens à deux
lieues de Caen , et il en envoya une rela-
tion exacte à l'académie des belles-lettres.
Il avait fait la découverte , quelque temps
auparavant , du précieux ouvrage de
Lactancc, De mortibus perseculorum .
qu'on ne connaissait que par une citation
de Saint-Jérôme. Ce fut sur ce manuscrit,
trouvé à l'abbaye de Moissac en Querci ,
que le savant Baluze le publia ( voyez
LACTANCE ). Foucault mourut en 1721 ,
âgé de près de 80 ans. Il joignait des
mœurs douces à une vertu austère, et
des agrémens à un savoir profond.
•FOUCAULT DE L'ARDIMALIE (Louis
marquis de ) , capitaine de chasseurs a
cheval , fut élu député de la noblesse du
FOU
191
FOU
Péri^ord aux états ({éiuraax de i7S9. et
s'y lit remarquer par son courage à dé-
fonilre les droits du trùiic et de la no-
blesse. Il avait peu d'cloqucnco, mais il
était doué d'une voix très forte qui se
faisait entendre au niilicu des cris des
tribunes et du coté gauche. Mirabeau lui
rendait la justice dédire, < qu'il rcdou-
• tait plus son gros bon sens que l'esprit
» et l'éloquence de beaucoup d'autres
• membres du côté droit. » Lors de la
première discussion sur les émigrés, il
jusiilia leur fuite par les dangers que leur
offraient les lanternes et les baïormcttes.
Accusé d'avoir favorisé M. de Brune Saor-
din, il avoua à la tribune l'avoir caché
plusieurs jours chez lui , et il ajouta :
» Que sa conscience l'assurait qu'il n'a-
» vait fait en cela que ce qu'ordonnaient
• l'humanité et la justice. » On le vit quel-
que temps après, dans une séance ora-
geuse où il était menacé d'être envoyé à
l'Abbaye, défier hardiment le côté gauche .
et déclarer que le côté droit était décidé
à résister à l'oppression. Il parla plu-
sieurs fois contre les clubs, fut un des
signataires des protestations du 12 et du
43 septembre , émigra après la session et
servit à l'avant - garde de l'armée des
princes , ensuite à celle de Condé , où il
fut employé comme officier dans les corps
nobles. Il profita de l'amnistie du 26 avril
pour rentrer en France , et se retira dans
les terres qui lui restaient. Il fut tué le
S mai 1805 , dans son château de l'Ar-
dimalie, par la chute d'un mur qu'il fai-
sait réparer. ,
• FOUCnÉ (Joseph ) , conventionnel,
duc d'Otrante , et ministre de la police
sous l'empire, naquit en 1753, dans un vil-
lage près de Nantes. Son père qui était
capitaine de navire, et qui le destinait
à La marine , le plaça au collège de l'Ora-
toire de cette viUe , où il s'appliqua spé-
cialement anx mathématiques. Cepen-
dant, après avoir achevé ses études, le
jeune Fouché se sentant du goût pour
l'enseignement public, entra che^ les ora-
loriens de Paris, professa successive-
ment dans plusieurs collèges de cette con-
grégation, et se trouvait dans celui de
Mantes , en qualité de préfet des études ,
qoandla révolutiom éclata. Dévoré d'am-
bilion , il pensa que le moment était venu
poui lui de jouer un rôle moins stérile que
celuidcr ' passant avec transport
•e» non , il se signala bientôt
^•û» la - iolique de Nantes par
k fougueux emportement de ses discours,
et fut jugé digne d'aller représenter à là
Convention le département de la Loire-
inférieure. Complètement dépourvu do
moyens oratoires , il voulut suppléer à co
qui lui manquait du côté du talent par une
exagération frénétique qui n'était pas en
lui l'effet d'un caractère ardent , mais un
moyen froidement calculé pour se faire
remarquer. Lié avec Marat, dont il avait
prêché les doctrines sanguinaires dans le
club de Nantes, Fouché fut d'abord ad-
mis dans le comité de l'instruction publi-
que , d'où il passa dans celui des Gnances.
Son premier rapport y eut pour objet le»
moyens de mettre sous la main du gou-
vernement tous les biens , qui jusques là
s'étaient soustraits à la fiscalité révolution-
naire. Chargé d'une mission dans le dé-
partement de l'Aube, il organisa un batail-
lon dans la ville de Troyes en 1792. Dans
le procès de Louis XVI , il vola la mort
sans sursis et sans appel. Envoyé à la fin
de 1793 dans le département de la Nièvre,
il prit un arrêté par lequel il déclarait que
tous signes extérieurs d'un culte quelcon-
que étaient proscrits , et qu'il serait gravé
sur la porte des cimetières cette simple
inscription : La mort est un sommeil
éternel! Toute la vie de Fouché fut con-
forme à ce matérialisme désorgauiisa-
teur. Après avoir fait abattre les croix
et démolir les autels, il fut un des pre-
miers à imaginer le culte de la déesse
Raison ; le pillage des églises fut une des
conséquences et peut-être un des motifs
de ces mesures. Fouché fit à la Conven-
tion plusieurs envois d'objets précieux en-
levés aux églises duNivernais ; le premier
comprenait plus de mille pièces d'orfè-
vrerie en or et en vermeil. Le 7.èle que
Fouché déploya dans ces spoliations, le
fit juger digne d'aller seconder Collot
d'Herbois chargé de châtier les Lyonnais,
qui par une généreuse résistance avaient
encouru les anathèmes de la Convention.
Dans cette mission nouvelle il parut
animé de la même fureur de destruction
qui transportait son collègue ; toute sa
correspondance, durant son séjour à
Lyon , atteste la farouche atrocité de son
àme : Les démolitions^ écrivait-il à la
Convention , sont trop lentes. Il faut des
moyens plus rapides à l'impatience répur
blicaine; l'explosion de la mine et l'acti-
vité dévorante de la flamme peuvent seuleê
^primer la toute-puissance du peuple :
sa volonté ne peut être arrêtée comme celle
des tyrans ; elle doit avoir les effets du
tonnerre. Dans xme autre kttre écrite à
FOU
Collot-d'Herboîs, Fouché disait : Soyons
terribles . pour ne pas avoir à craindre de
devenir faibles et cmels; anéantissons
dans notre colère et d'un seul coup tous les
rebelles j tous les conspirateurs ^ tous les
traîtres.... frappons comme la foudre, et
que la cendre même de nos ennemis dispa-
raisse du sol de la liberté. Le même homme
osait écrire dans une autre circonstance ces
paroles aussi absurdes qu'elles sont atro-
ces : que la foudre éclate par huînanité !
ayons le courage de marcher sur des ca-
davres pour arriver à la liberté! Malgré
ce délire apparent , Fouché n'était point
un fanatique révolutionnaire; sous cette
exaltation extérieure , il cachait un froid
et profond égoïsme. Il ne commettait le
crime que pour arriver à la fortune , et
chemin faisant, suivant l'énergique ex-
pression d'un écrivain , il ramassait de
l'or dans des ruisseaux de sang. Après
son retour à Paris , la société des jaco-
bins lui donna une preuve de son estime
en lui décernant les honneurs de la pré-
sidence. Mais Robespierre à qui cette po-
pularité naissante portait ombrage, se
hâta de dénoncer les infâmes voleries
de Fouché , et le fit exclure de la société
qui venait de l'accueillir avec distinc-
tion. Dès lors une haine irréconciliable
sépara ces deux hommes qui songèrent
à se perdre mutuellement. Fouché se-
conda les efforts des ennemis de Robes-
pierre au 9 thermidor. Mais après la chute
de son rival , il s'empressa de se rallier
au parti terroriste pour renverser les
thermidoriens. Dénoncé par Tallien, et
décrété d'accusation sur la proposition
de Boissy-d'Anglas , il fut accablé sous le
poids des dénonciations de tous les dépar-
temens où il avait été envoyé pendant
la terreur. Un cri univrsel s'était élevé
contre lui, et il fut chassé de la Conven-
tion le 23 prairial an 3 (11 juin 1795).
L'amnistie , qui suivit la constitution de
l'an 3 , lui permit d'y rentrer dès le 26
octobre suivant. Mais craignant encore
l'opinion publique , il garda le silence
pendant deux ans, et se tint à l'écart.
Nommé au bout de ce temps par le di-
recteur Barras, ambassadeur à Milan,
puis en Hollande, il fut rappelé de ce
dernier poste , pour diriger le ministère
de la police. Reniant ses doctrines et ses
liaisons politiques, il commença par fraps
per les débris de la faction jacobine,
en faisant fermer la salle du Manège,
où se réunissaient d'anciens terroristes.
Attaquant la liberté avec autant d'éner-
192 FOU
gie qu'il en avait mis naguère à soute*
nir la licence , il supprima d'un seul coup
onze journaux dans la capitale. Le mi-
nistère de la police était pour Fouché
ime mine d'or inépuisable , et i)our le
conserver, nulle concession ne pouvait
coûter à un homme pour qui la con-
science n'avait jamais été qu'un vain mot.
Aussi Bonaparte après le 18 brumaire , le
trouva-t-il tout disposé à servir d'instru-
ment à son despotisme naissant, et à frap-
per indistinctement, suivant la volonté
de son nouveau maître , les jacobins et
les royalistes. Dépouillant jusqu'aux moin-
dres vestiges du jacobinisme , et prenant
des habitudes conformes à sa nouvelle
situation , Fouché se fit grand seigneur ,
et réunit dans ses brillantes soirées toutes
les notabilités de l'époque. Les sommes im-
menses dont il pouvait disposer contri-
buèrent à lui faire de nombreux amis ,
et l'on assure que ses riches offrandes ne
furent pas inutiles pour lui assurer l'ap-
pui de Joséphine contre l'inimitié que
Lucien lui avait vouée. Les services qu'il
rendit au gouvernement nouveau en dé-
jouant plusieurs complots, tels que celui
qui conduisit à l'échaf aud Aréna, Céracchi ,
Demerville et Topino-Lebrun , établirent
son ascendant sur Bonaparte lui-même,
qu'il gouverna en entretenant ses défian-
ces et ses craintes. Cependant le com-
plot de la machine infernale, dont il ne sut
ou ne voulut point prévenir l'exécution ,
compromit sinon son habileté au moins
son dévouement aux yeux de Bonaparte ,
et il fut renvoyé, mais avec tous les raé-
nagemens que l'on devait à un homme
aussi redoutable par son influence. Nom-
mé titulaire de la sénatorerie d'Aix en
Provence , Fouché s'éloigna pour quel-
que temps du théâtre des affaires et se
retira dans sa terre de Pont-Carré. Rap-
pelé au bout do 21 mois, son influence
s'accrut de ce retour de faveur qui sem-
blait un aveu tacite de la nécessité de sa
présence. Sa réputation d'habileté s'é-
tendit même à l'étranger ; et on l'y re-
présenta comme l'appui sans lequel le
trône impérial serait renversé. Bonaparte
fatigué de tous ces bruits de complots
étouffés , de conspirations déjouées , qui
arrivaient à ses oreilles , résolut d'écar-
ter encore une fois un instrument qui lui
était devenu redoutable à lui-même ; la
conduite de Fouché lui offrit bientôt une
occasion de le disgracier, qu'il saisit avec
empressement. En 1809 , après la bataille
d'Ësling. les Anglais ayant opéré un dé-
FOU
195
FOU
harqiicmcnl k Valchercn , Fouchc appela
k \a dffonsc do l'empire loul le premier
Itan de la (;arde natimialc, et on donna le
ruininandeiuent à Bernadutto qui clail
«lors en disjràcc. « Prouvons à l'Europe,
»disail-il dans une circulaire, que si le
• génie de Napoléon Rcul donner de l'é-
» clat à la France par ses victoires , sa
" présence n'est pas nécessaire pour rc-
» iKjusser nos ennemis. » Ces paroles har-
«lics (|ui eurent la sanction du succès , ir-
rilèroiU Bonaparte , et l'éloignement du
ministre fut décidé. Un autre fait vint
augmenter le mécontentement de Napo-
lion et hâter la disgrâce de Fouchc. L'em-
pereur, vers l'époque de son mariage,
avait essayé . sans lui en faire confidence,
d'entamer des négociations de paix avec
l'Angleterre. Le ministre de son côlc ,
ignorant les démarches de Napoléon, ou-
vrit lui-même des négociations auprès du
marquis de Wellesley , par l'entremise de
M. Ouvrard. Le peu d'accord qui existait
eiitre les propositions des deux agens
étonna le ministère anglais. Ces deux
hommes lui devinrent également sus-
pects, et il les chassa brusquement. Na-
poléon surpris de cette rupture inatten-
due conçut des soupçons contre Fouché ,
et ayant «lérouvert ses menées secrètes ,
il se plaigrtit hautement dans son conseil
de la conduite audacieuse du ministre , et
donna ordie d'arrêter M. Ouvrard qui fut
conduit à Vinccnnes. Fouché fut nonmié
gouverneur de Rome, et le duc de Rovigo
le remplaça dans le ministère de la police
le 3 juin 1810. Le ministre disgracié se
retira à sa terre de Pont-Carré où Bomi-
partc lui fit demander ses lettres auto-
graphes avec d'autres papiers qu'on n'a-
vait pas trouvés au ministère ; Fouché
refusa de les livrer , et se hâta de partir
pour l'Italie. Accueilli à Florence avec
empressement par la princesse Elisa , il
•ongea un moment à chercher un asile
•l'iren Angleterre ou aux Etats-Unis. Mais
eofin, p<jur éviter une expatriation qui
pouvait être irrévocable , il consentit à
•e dessaisir des papiers qu'il avait jus-
ques-là refusés , et dès lors il put sans
crainte rentrer en France, et il alla ha-
biler Aix, chef-lieu de sa sén&torerie ,
•ù il rcsU jusqu'à la fin de 1812. Rappelé
•près la dé«astreusc expédition de Rus-
tic , il alla trouver l'empereur à Dresde ,
d'où il fut envoyé conune gouverneur en
lUyrie, au mois de juillet 1813, puis à
Na^es. auprès de Murât. On eût dit que
" rte , au ntomcnt où il senlait clian-
9.
celer son trône . s'efforçait de tenir à
une grande distance de lui ce mauvais
génie auquel il $iippr)sait sans doute le
désir de hâter sa chute. Fouchc était re-
venu en France, et se trouvait à Avi
gnon , lorsqu'il apprit les événemens du
31 mars 1814. Celte absence l'empêcha , à
son grand regret, de faire partie du gou-
vernement provisoire ; lorsqu'il arriva
dans la capitale, Bonaparte avait abdi-
qué. Fouchc chercha dès lors à se rap-
procher des Bourbons; mais malgré toules
ses intrigues il ne put parvenir à faire
agréer ses services à Louis XVIll. Retiré
dans son chàleau de Ferrières, il sut,
au moyen de ses nombreux agens , se
faire un parti à la cour , et attendit l'oc-
casion de se mêler de nouveau à la poli-
tique. A la nouvelle du débarquement dp
Napoléon à Cannes , les royalistes s'a-
dressèrent à Fouché, mais il déclara qu'on
l'appelait trop fard. Le gouvernement du
roi ayant donné ordre de l'arrêter, il
échappa aux recherches des agens de po-
lice, en se sauvant par une porte secrète,
dans la maison de madame Horlensc Beau-
harnais, voisine de la sienne. Napoléon .
en arrivant à Paris, se hâta de lui rendre
le portefeuille de la police. Fouchc, son-
geant avant tout à son propre intérêt,
servit Bouapartc , mais avec la résolu-
tion secrète de l'abandonner au moment
où la fortune se déclarerait contre lui.
Aussi le vit-on, après la journée de Wa-
terloo , conseiller à Bonaparte d'abdiquer
sur-le-champ, envoyer des émissaires à
Gand pour protester de sa fidélité, et désa-
vouer toutes les proclamations qu'il avait
fait répandre pour nuire à la cause des
Bourbons. Ecartant le projet d'une ré-
gence et celui du rétablissement pur et
simple des Bourbons, il voulut se porter
médiateur entre ceux-ci et les révolution-
naires, et conseilla à Louis XVIII de pren-
dre la cocarde tricolore, de conserver les
chambres de Bonaparte, en un root de se
mettre à la tète de la révolution. Ces con-
seils furent rejclés ; mais Fouché le régi-
cide resta ministre de la police sous le
règne d'un frère de Louis XVI. Il contri-
bua puissanmient à effectuer la soumis*
sion de l'armée de la Loire , et fit arrêter
Ney et Labédoyère. Ces actes le rendirent
odieux au parti de la révolution et de
l'empire. D'un autre côté les fantômes de
conspirations dont il environnait le trône
des Bourbons, le rendirent suspect au
parti royaliste. Bientôt il s'aperçut qu'il
avait perdu ses partisans et sa pui*>
FOU
19 it
FOU
sance ; et il prévint sa disgrâce en don-
nant sa démission. Nommé ambassadeur
à Dresde, il ne demeura pas plus de trois
mois dans celte capitale. Atteint par la
loi du 12 janvier 1816, qui proscrivait
fous les régicides , il se rendit à Prague,
tt obtint du gouvernement autrichien la
permission de séjourner à Lintz. De cette
ville il alla se fixer à Trieste , où il est
mort en décembre 1820, à la suite d'une
maladie de poitrine. Fouché s'était retiré
des affaires avec une fortune de quatorze
millions. En 1815 , il avait épousé en se-
condes noces , mademoiselle de Castel-
lanedont il avait connu la famille à Aix.
Il a laissé plusieurs enfans. On a attribué
à Fouché un grand nombre d'ouvrages ,
entr'autres : | Rapports présentés au roi
en 1815. Cet ouvrage a été l'objet de plu-
sieurs réfutations. | Lettre de Fouché au
duc de TVellington , 1817 ; | Précis de la
vie publique du duc d'Otrante^ Londres et
Leipsick, 1816, in-8°; | Le duc d'Otrante,
mémoire écrit à L*** (Lintz), Paris, 1819,
in-8°; | Mémoires de Joseph Fouché duc
d'OtraîitCj ministre de la police géné-
rale , Paris , 1824 , 2 vol. in-8''. Cet ou-
vrage rédige par Alphonse de Beauchamp,
donna lieu à un procès intenté à l'édi-
teur, le libraire le Rouge, par les enfans
du duc d'Otrante. Le tribunal ordonna la
suppression des mémoires qui furent re-
connus faux.
FOUCHER (Simon), surnommé le
Restaurateur de la philosophie académi-
cienne^ parce qu'il travailla à ressusciter
la philosophie des anciens académiciens,
né à Dijon en 1644 , mourut à Paris en
1696, après avoir publié : | Histoire de la
Philosophie académicienne ; \ Disserta-
tion sur la recherche de la vérité^ suivie
d'un examen des sentimens de Descartes.
et plusieurs autres ouvrages aujourd'hui
oubliés.
FOUCHER (l'abbé Paul ), de l'acadé-
mie des inscriptions et belles-lettres, né
à Tours en 1704 , mort à Paris en 1778 ,
l'tait un savant studieux , et un homme
iloux et honnête. Il cultiva d'abord les
sciences exactes, et nous avons de lui une
Géométrie métaphysique, 1758, in-8°. Il
se tourna ensuite du côté de l'érudition,
et eut des succès en ce genre. Son traité
historique De la Religion des anciens
Perses j, divisé en plusieurs Mémoires im-
primés dans différens volumes du Re-
«iieil de l'académie des belles-lettres ,
prouve son savoir et sa sagacité. Ce sont
^es recherches curieuses et neuves sur
un siijet traité jusqu'alors très imparfai-
tement.
• FOUCHER D'OPSON VILLE (N*"),
écrivain français, né en 1734, entra a»
service en 1752, et fit deux fois pai
terre le voyage de France aux Indes ,
chargé, dit-on , de missions importantes
près des souverains de ces contrées : il
profila du long séjour qu'il fit dans ces
pays pour en bien étudier les mœurs des
habitans et les productions. Les ouvrages
qu'il publia sur ce sujet contiennent des
particularités inconnues jusqu'alors : il
s'occupa surtout des animaux dont les
Arabes et les Juifs font leur nourriture ,
notamment des sauterelles ; il traita Aes
crocodiles, des caméléons et des serpens;
fit connaître les causes de la vénération
que les habitans de l'Inde ont pour le che-
val , l'âne et le bœuf ; enfin il raconta les
fréquens combats que dans ces contrées
les hommes livrent aux tigres en les atta-
quant corps à corps. Atteint de la peste
en Arabie, il fut abandonné dans le désert
par la caravane dont il faisait partie , et
ne dut saguérison qu'à une espèce.de pro-
dige. Il revint en France à travers des
difficultés incroyables, et mourut en
1802, après avoir publié les ouvrages sui-
vans : | Essais philosophiques sur les
mœurs de divers animaux étrangers,
Paris , 1783, in-8" ; ouvrage curieux, ex-
trait du Journal des voyages de l'auteur ,
qui embrasse aussi l'histoire naturelle ,
les mœurs et les usages des peuples que
d'Opsonville a visités. Il avait annoncé
un autre ouvrage beaucoup plus étendu
sur l'Inde, mais il n'a publié que le Baga-
vadam qui en faisait partie, et qui, comme
on le sait, contient la doctrine des Indiens
sur l'Etre suprême , les dieux , les géans
et les hommes, 1788, in-8'', traduit sur
une version Tamoule par Méridas Poule,
interprèle de la compagnie des Indes.
I Supplément au voyage de Sonnerai .
Amsterdam (Paris), 1785, in-8" , conte-
nant des observations critiques; | Lettre
d'un voyageur au baron de L. sw la
guerre des Turcs, Paris, 1788, in-8°. lia
publié aussi quelques brochures en fa-
veur de la révolution.
* FOUCHY (Jean-Paul GRAND-JEAN
de) , astronome et secrétaire perpétuel de
l'académie des sciences, né à Paris enl70î^
y mounit le 15 avril 1788. Il eut tous les
goûts des âmes douces. Né avec un carac-
tère paisible , il cultivait la poésie , niai»
dans le secret de l'amitié , ne faisant q«e
des vers de société. Il aimait aussi te s»t|-
FOU
à9li
FOU
tique, et toucliait Torique presque tous les
diœanchrs dons quelques ÔQlisrs de son
voisinaf^e ; par-là il satisfaiMit à la foU
son goûl pour la uuisiquo. vi piété et son
u'ic pour ()l)lii;i'r. Ou trouve un (;rand
nombre de ses mrmoires dans le recufil
de l'aradcuiic dos sciences, et la descrip-
tion de q\u«lqucs iustrumens de son in-
vention dan* le recueil des marliincs de
i académie, tom. 5, 6. 7. On a encore de
lui des éioges de plusieurs académiciens ,
Paris. <761, in-iS.
FOrCQlTET (Nicolas), marquis de
Belle-Ile, fils d'un conseiller d'état, na-
({uit en 1615. Sa mère, Marie de Maupeou,
dame d'une piété éminente et d'une cha-
rité extrême, morte en 1681, à 91 ans, fut
regardée comme la mère des pauvres,
auxquels elle faisait distribuer de l'argent
et des remèdes. Elle est auteur d'un re-
cueil très répandu sous le titre de Remè-
des faciles et domesUqiirs. 2 vol. in-12.
Nicolas Foucquct, son lils, donna dès son
enfance des marques non équivoques de
•on esprit. Il fut reçu maître des requêtes
a 20 ans. et procureur-général du parlc-
meut de Paris à 43 ans. La place de sur-
intendant des finances lui fut donnée en
1652, dans un temps où elles avaient été
épuisées par les dépenses des guerres ci-
viles et étrangères. Fouquet aurait dû les
ménager ; il les dissipa et en usa comme
des siennes propres. Il dépensa près de
56 millions d'aujourd'hui à faire bâtir sa
maison de Vaux. Ses déprédations, les
alarmes que donnaient les fortifications
de Belle-Ile, les tentatives qu'il avait fait es
sur le cœur de madame de la Vallière,
tout servit à irriter Louis XIV contre son
ministre. On l'attira avec adresse à Nan-
tes, et on l'arrêta le 7 septembre 1661.
Fuucquet s'était défait fort imprudem-
ment, quelque temps auparavant, de sa
charge de procureur-général. Son procès
lui fut fait par des commissaires , qui le
condamnèrent en 166/* à un bannissement
perpétuel, comnmé en ime prison per-
pétuelle. Ce fut dans la citadelle de Pi-
gnerol qu'il fut enfermé ; il y mourut ,
suivant le bruit commun . en 1680. J)c
tous les amis que sa fortune lui avait faits,
il ne lui resta que Gourville , Pélisson ,
mademoiselle de Scudéri, ceux qui furent
enveloppés dans sa disgrâce, et (pielques
gciu de lettres qu'il pensionnait. Le pre-
■der assure dans SCS Mémoires, que Fouc-
qmt sortit de sa prison quelque temps
•▼ant sa mort. Le second prit sa défense
dans plusieurs JUèmoires recueillis en 15
volumes, qui sont des modèles d'elle-
quencc. I.a Fontaine plaignit ses malheurs
dans une élégie touchante. Il cherrlw è
adoucir la sévérité du roi; il osa n
lui adresser une ode pour émou\
pitié en faveur du ministre dibi;:
Kn 1789, il parut une dissertation pour
prouver que cet intendant était le célèbre
Masque-de-fer, opinion peu accréditée,
et qui , comme le remarque un critiqpie ,
ne s'accorde pas avec l'extrême respect
qu'on porta toujours à ce prisonnier , et
les mesures extraordinaires prises pour
laisser son nom sous le plus grand secret.
Il faut convenir néanmoins qu'elle acquit
quelque vraisemblance quand on consi-
dère qu'cffcctivemeut Foucquet fut d'a-
bord enfermé à Pignerol, et qu'on ne sait
pas positivement ce qu'il devint depuis.
Le bruit a couru qu'il y était mort ; d'au-
tres disent qu'il mourut dans le sein de
sa famille ( Voyez MASQUE-DE-FER. )
Lorsque sa mère apprit que son fils était
arrêté à Nantes, elle se prosterna aus-
sitôt, et. dit: « Je vous remercie, mon
»Dieu; je vous ai toujours demandé
» son salut , et voilà le chemin ! » Fouc-
quet mourut en effet dans de grands
sentimens de piété. D'Auvigny a donné
sa vie dans le tome 5 des Vies des hommes
illustres de France. Il assure qu'il compo-
sa dans sa prison divers ouvrages de pié-
té, dont quelques-uns ont été livrés au pu-
blic, tels que les Conseils de la sagesse, ou
Recueil des maximes de Salomon,Varis ,
1683, 2 vol. in-12. Cet ouvrage n'est pas
de Foucquct, mais du Père Boutauld, jé-
suite. On peut consulter le Recueitdes Dé-
fenses de M. Foucquet ( en Hollande ; ,
1665-1668, 15 vol. in-12, et les notices sur
la mort du surintendant Foucquet . re-
cueillies à Pignerol par M. Modeste Pa-
roletti, Turin, 1812. in-4°.
FOLCQLET ( CBAnLES-ARMA%u), fils
du surintendant des finances , né à Paris
eu 1657, entra dans l'Oratoire en 1682. 11
devint supérieur de Saint-Magloire en
1699, et fut quelque temps grand-vicairo
auprès de Foucquct son oncle, évcque
d'Agde. Les abbés Bignon, Duguct, lioi-
leau etCouet, furent très liés avec lui. Il
eut l'auiilié et la confiance du cardinal do
Nouilles, et mourut à Paris dans la maison
de Saint-Magloire , en \TS\. Après la mort
de la Tour, général de l'Oratoire . le Père
Foucquet lui aurait infailliblement sur
cédé, si son nom , inscrit sur la liste des
appelons, et des réappelans, ne l'axait
fait cxtlure.
FOU
196
FOtJ
FOUCQUET (Charles-Louis- Auguste),
. comte de Belle-Ile, petit-fils du surinten-
dant des finances , naquit à Villefranche
en Rouergue, l'an 1684, de Louis Fouc-
quet, et de Catherine- Agnès de Le vis.
Les livres qui traitent de la guerre, de
la politique et de Thistoire, furent dès
son enfance ses lectures favorites; il ne
les quittait que pour se livrer aux mathé-
matiques, dans lesquelles il fit des progrès
sensibles. A peine fut-il sorti de l'acadé-
mie , que Louis XIV lui donna un régi-
ment de dragons. Il se signala au siège de
Lille, y reçut une blessure, et devint bri-
gadier des armées du roi en 1708, et mes-
tre-de-camp-général des dragons en 1709.
Dès que la paix fut signée, le comte de
Belle-Ile se rendit à la cour, fut très bien
accueilli de Louis XIV ; et les services du
petit-fils firent oublier les fautes du grand-
père. La mort de ce monarque ayant
changé le système des affaires, la guerre
fut déclarée en Espagne; le comte de
Belle-Ile mérita alors d'être créé maré-
rhal-de-camp etgouverneurde Huningue.
Il eut la première place en 1718 , et la se-
conde en 1719. Le duc de Bourbon ayant
succédé dans la place de premier minis-
tre au duc d'Orléans , le comte de Belle-
Ile, lié avec M. Leblanc, fut entraînédans
la disgrâce de ce ministre, et enfermé à
la Bastille. Il n'en sortit que pour être
exilé pendant quelque teuips dans ses
terres. Ce fut dans le calme de la solitude
qu'il travailla à son entierejustification.il
fut fait lieutenant-général en 1751, et gou-
verneur de la ville de Metz et du pays
Messin en 1733. La guerre venait d'écla-
ter ; il obtint le commandement du corps
d'armée qui devait agir sur la Moselle, et
s'empara de la ville de Trêves. Après
avoir joué un des principaux rôles devant
Philisbourg, il eut, le reste delà campa-
gne , le commandement des troupes en
Allemagne. Il se rendit l'année suivante ,
i755 , à Versailles , moins pour y être dé-
coré de l'ordre du Saint-Esprit auquel le
roi l'avait nommé , que pour y être con-
sulté par le cardinal de Fleury. Les puis-
sances belligérantes avaient beaucoup né-
gocié pour la paix dès le commencement de
1735. Ce fut Belle-Ile qui engagea le cardi-
nal à ne poin l se désister de ses prêtent ions
sur la Lorraine. Rendu à lui-même, il em-
ploya le loisir de la paix à écrire des Mé-
moires sur les pays qu'il avait parcourus,
et sur les différentes parties du gouver-
nement ; ouvrage jugé un peu sévère-
wcnt par le marquis d'Argenson dans ses
Loisirs, o La preuve , dit-il , que ses idée*
» ne sont ni bien lumineuses, ni réellement
» grandes , c'est que son style est faible et
» même plat, qu'il n'écrit ni purement ni
» fortement.» C'est à lui qu'on dut presque
toutes les ordonnances militaires qui pa-
rurent en 1737. En 1741, il reçut le bâton
de maréchal de France ; et la mort de
l'empereur Charles VI ayant rallumé la
guerre, il fut nommé ambassadeur pléni-
potentiaire à la diète de Francfort pour
l'élection de l'empereur Charles VII. La
magnificence qu'il étala dans cette occa-
sion, sera long-temps célèbre; il semblait
être plutôt un des premiers électeurs,
qu'un ambassadeur. Il avait ménagé
toutes les voix et dirigé toutes les négo-
ciations. Le roi de Prusse, informé de tout
ce qu'il avait fait, ne put s'empêcher de
s'écrier avec admiration : // faut coJive-
nir que le maréchal de Belle-Re est le
législateur de l'Allemagne. Si Charles
VII fut élu et couronné , ce fut en partie
par ses soins. Ce prince eut quelques suc-
cès, suivis de grands malheurs; les Fran-
çais furent abandonnés des Prussiens, en-
suite des Saxons. Le maréchal de Belle-
Ile se trouva enfermé dans Prague. Il fal-
lut évacuer cette place, et cette opération
n'était pas facile. Il surmonta tous les ob-
stacles, et la retraite se fit à la fin de 1742,
A la troisième marche , il fut atteint par
le prince de Lobkowilz, qui parut à la tête
d'un corps de cavalerie , au-delà d'une
plaine où l'on pouvait donner bataille. Le
jirince tint un conseil de guerre , dans
lequel il fut résolu de lui couper la re-
traite , et d'aller rompre les ponts sur la
rivière d'Egra, par où les Français de-
vaient passer. Le maréchal de Belle-Ile
choisit un chemin qui eût été impratica-
ble en toute autre saison : il fit passer son
armée sur les marais glacés. Le froid fut
l'ennemi le plus redoutable ; grand nom-
bre de soldats en périrent; un des otages,
que le maréchal de Belle-Ille avait amenés
de Prague avec lui, mourut dans son car-
rosse. Enfin on arriva le 26 décembre à
Egra par une route de 38 lieues. Cette
retraite hardie ne laissa pas d'être blâmée
par quelques vieux militaires , parce que
le maréchal eut sans peine obtenu une
capitulation honorable, qui eût sauvé tant
de braves soldats. C'est le parti que prit
M. de Chevert, resté à Prague avec trois
mille hommes ( voyez CHEVERT ). Ce-
pendant le maréchal de Belle-Ile se ren-
dit à Francfort , où l'empereur Charles
VII, qui lavait déjà déclaré prince du
FOU
197
FOU
Saint-Empire , le dccora du l'ordre de la
Toison d'or. De retour rn France , il par-
tagea ses inoniens entre les affaires et les
soins qu'il devait à sa .vintc^. Il passa de
nouveau en Allemagne, et il fut fait pri-
sonnier le 20 décembre 1743, en allant
prendre des relais à la poste d'Elbinge-
nKle , petit bourg enclavé dans le terri-
toire d'Hanovre, et conduit en Angle-
terre, où il resta jusqu'au 17 août de l'an-
née suivante. Revenu en France, il fut
tnvoyc en Provence pour repousser les
Autrichiens qui l'inondaient. Il les chassa
I tu .1 peu de cette province, et leur lit re-
j ivsi r le Var en février 1747. Aprèsquel-
(jucs succès, le vainqueur partit pour
concerter à Versailles les opérations de la
campagne de 1748. Le roi qui lavait fait
duc de Gisors en 1742, le créa pair de
France. Il était sur le point d'exécuter
un plan qui devait le rendre niaitrc de
Turin , lorsqu'il apprit la malheureuse
affaires d'Exilés, où son frère fut tué. La
poix de 1748 ayant mis lin aux hostilités,
il continua à jouir de la confiance de Louis
XV, et de\ int ministre principal en 1757.
L'assiduité au travail, les malheurs de la
France, les soins qu'il prit pour les répa-
rer, le consumèrent peu à peu, et il mou-
rut le 26 jan\ ier 1761 , en chrétien et en
•âge. Le Père di- Neuville prononça son
oraison funèbre chef-d'œuvre d'éloquence
et de sentiment , qui sans flatterie et sans
exagération, donne de cet homme illustre
k plus grande idée; en même temps que
l'orateur s'arrête sur des vérités sombres
et salutaires forlrmcnt prononcées. On a
reproché au maréchal de Belle-Ile d'avoir
engagé le roi , mal{;ré toutes les remon-
trances du cardinal de Fleury, à la guerre
de 1741, qui ruina la France sans aucun
avantage , et lui lit perdre sa considéra-
lion morale et sociale au dehors par la
violation de la Pragmatique-Sanction so-
lennellement jurée. Dans les fonctions de
ton ministère on l'a blâmé de s'attacher
trop aux petits détails , et d'entrer dans
tous les projets. Son esprit systématique
I engagea à recevoir tous les plans qu'on
lui présentait, et à protéger trop d'aven-
turiers; mais il relirait ses bontés dès
qu'il s'apercevait qu'on l'avait surpris.
J'ai fait des fautes . disait-il qucKiucfois,
mais je n'ai jamais eu i orgueil ridicule
de ne pas en convenir. Haut avec les
grands , il portait dans les cours étran-
gère toute la dignité qu'exigeait la gran-
deur du maître qu'il représentait ; mais
Jfableet prévenant avec ceux qtii élaÏL-nt
au-dessous de lui , it ne leur faisait point
sentir le i>oids du son autorité. Il aima les
talens en homme éclairé, mais non pas
en ministre qui ne protège les arts que
par air. Le maréchal de Belle-Ile était na-
turellement froid; ses conversations n'é-
taient pas gaies , mais elles étaient ins-
tructives, et il savait parler avec nctteltr
et bien raconter un fait. Né sobre , il
n'aima jamais ni le jeu, ni la table ; mais
on ne peut dissimuler qu'il eut beaucoup
de penchant pour le beau sexe. Par son
testament il donna au roi tous les biens
qu'il avait reçus en échange de Belle-Ile,
à la charge de payer ses dettes qui étaient
considérables. Le maréchal de Belle-Ile
avait été marié deux fois. Il eut de son
second mariage avec Marie -Casimire-
Thérèse-Geneviève-Emmanuelle de Bé-
thune , un lils unique, Louis-Marie , né Ii;
27 mars 1752, appelé le comte de Gisors ,
tué en 1758 à l'armée du Rhin , dans la
malheureuse journée de Crevelt. Le Tes-
tament politique ^ publié sous le nom du
maréchal de Belle-Ile , est une pièce fa-
briquée par Chévrier et Maubert.
FOICQUET (HE\ni-ALG€STE, baron
la MOTTE), fils de Charles de la Motte
Foucquet , gentilhomme normand, qui
s'était retiré en Hollande, après la révo-
cation de redit de Nantes, fut admis fort
jeune en qualité de page à la cour d'An-
halt-Dessau; mais l'ardeur qu'il avait de
se distinguer dans le métier des armes,
lui fil quitter secrètement la cour , et il
s'enrôla en qualité de simple soldat au ser-
vice de Prusse. Sa valeur l'éleva succes-
sivement jusqu'au grade de général d'in-
fanterie. Il se distingua surtout pendant
la guerre de sept ans. Schwerin ayant
perdu la vie dans la sanglante bataille de
Prague, Foucquet remplaça ce héros: une
balle brisa dans sa main la garde de son
épée, et le blessa grièvement; mais il ne
perdit point contenance , il se fil lier l'é-
pée à la main blessée , et continua de
commander l'aile gauche de l'armée, qui,
soutenue par un renfort de cavalerie ,
acheva la victoire. A la bataille de Land-
shul , le 23 juin 1760 , après 7 heures de
combat , il fut battu par Landon , et fait
prisonnier. Après la paix , il se rendit a
Brandebourg, où il mourut le 2 mai 1773.
• FOIK'.EUET ( Ax-we-Fra^içoise DOU-
TREMONT ) , fondatrice de la Charité
maternelle, était fille et petite-fille de ju-
risconsultes célèbres ; elle fut mariée fort
jeune à M. Fongenl receveur-général des
finances. Douée d'une disposition à la bifii
FOU
198
FOU
faisancc que la religion augmentait encore
chex elle , l'abandon des enfans avait tou-
jours été pour sou cœur maternel une des
I)lus honteuses plaies de l'humanilé. Les
asiles ouverts par saint Vincent de Paule
étaient encombrés, parce que la misère y
précipitait les enfans légitimes avec ceux
qui n'ont point de famille à réclamer; beau-
"îoup d'entre eux manquaient de nourrices,
et tous les soins des dignes filles de Saint-
Vincent ne pouvaient empêcher qu'une
sorte de contagion n'atteignît la plupart
des enfans qui séjournaient à l'hospice.
Pour remédier à ces inconvéniens ,• ma-
dame Fougeret conçut l'idée d'une asso-
ciation qui aurait pour but de secourir à
domicile les mères pauvres , afin qu'elles
pussent nourrir et élever elles-mêmes
leurs enfans. Faisant un a^pel aux mères
de famille , elle eut bientôt réuni un grand
nombre de dames les plus riches et les
plus considérées de la capitale. Le gou-
vernement et la famille royale encouragè-
rent de leurs bienfaits cette philanthropi-
que institution, et dès la première année,
le nombre des enfans légitimes portés à
riiospice fut considérablement diminué.
Les règlemens qui dirigent aujourd'hui
les diverses sociétés de charité maternelle,
sont encore ceux que madame Fouge-
ret avait médités et établis en 1788. Sa
prévoyance avait dès lors mis cette in-
stitution à l'abri des difficultés et des
dangers qui eussent résulté de la cessa-
tion des secours , à l'époque où la révolu-
tion frappa dans leur fortune ou dans leur
personne presque toutes les dames asso-
ciées à cette œuvre. La Charité maternelle,
dont le nom môme, si l'on considère l'épo-
que où il fut choisi, témoigne en faveur de
l'esprit religieux et sage de sa fondatrice ,
fut protégée par tous les gouvernemens
qui se sont succédé , survécut à la ré-
publique, fut pompeusement adoptée par
l'empire , et sous nos rois elle a retrouvé
près du trône la protection que lui avait
autrefois accordée Marie-Antoinette. Cette
reine avait accepté le titre de fondatrice
de la Charité maternelle , à une époque
bien rapprochée de celle de ses malheurs.
.Moïse sauvé des eaux par une princesse^
et rendu à sa mère pour quelle V allaitât ,
avait été le sujet ingénieux du premier
timbre adopté par la société. Rien n'avait
été négligé pour faire reconnaître au peu-
ple trompé tout ce qu'il devait à la charité
de la souveraine contre laquelle on l'ani-
mait sans cesse. Les soins que prenait
madame Fougeret à cet égard lui procu-
rèrent plusieurs fois l'honneur d'être ad-
mise chez la reine; elle entendit ses plain-
tes , elle vit couler ses larmes , et baigna
des siennes les mains de celte princesse
infortunée , sans avoir d'autre secours à
lui offrir que son dévouement et ses
impuissans efforts. Traînée à son tour
dans les prisons avec ses enfans, madame
Fougeret eut , après trente années de la
plus parfaite union , la douleur de voir
périr sur l'échafaud un époux qui s'ctat
associé à toutes ses bonnes œuvres. Uni
que soutien de sa famille, elle lutta con-
stamment pour elle contre la spoliation ;
et l'énergie de ses plaintes étonna quel-
quefois ceux qui en étaient les auteurs.
Retirée à la campagne au milieu de sa
famille , madame Fougeret ne cessa point
de faire le bien et d'en donner l'exemple.
Elle mourut le 15 novembre 1813.
* FOUGEROUX (Auguste- Denis),
membre de l'académie des Sciences , né à
Paris le 10 octobre 1752, et mort le 28 dé-
cembre 1789, était neveu du célèbre Du-
hamel, et n'eut d'autre ambition que de
l'imiter. Comme lui, il parcourut toutes
les sciences , pour chercher dans chacune
ce qu'elle pouvait offrir à l'économie ru-
rale et aux arts , et ce qui pouvait contri-
buer à les perfectionner. Il parcourut
l'Anjou et la Bretagne , pour y examiner
les carrières d'ardoise et les travaux qui
s'y exécutent. Il voyagea ensuite en Italie.
On lui doit : | Mémoire sur la formation
des os^ 1760, in-8"; | L'Art de tirer des
carrières l'ardoise , de la fendre et de la
tailler, 1762, in-fol.; | L' Art de travailler
les cuirs dorés, 1762, in-fol.; \ L'Art du
tonnelier, in-îol.', \ Recherches sur les rui-
nes d' Herculanum . etc., avec un traité
sur la fabrication des mosaïques , 1769 ,
in-8°; | L'art du coutelier. 1772, 5 vol. in-
fol.; I Observations faites sur les côtes de
Normandie, avec M. Tillet, 1775, in-Zt";
I beaucoup de Mémoires dans le recueil
de l'académie des sciences.
POUILLOUX (Jacques du), gentil-
homme poitevin, mort sous Charles IX ,
auquel il dédia son ouvrage sur la chasse,
Rouen, 1650 ou 1636, Paris, 16S3 , et
Poitiers, 1661, in-4''. Cet ouvrage, remar-
quable par sa naïveté et le ton de vérité
qui y règne , est souvent cité par Buffon
et Daubenton. Il a été traduit en italien
par César Parona. A la suite de la P'éne-
rie ou la Chasse, on trouve un petit
poème intitulé l'Adolescence de Jacques
de Fouilloux . et qui n'est remarquable
que par la belle simplicité du siyle.
FOU
FOlTILLOrX f Jitu^tr.s), lucticié de
Soi lumne . né & La Roch.îllc , et mort à
Taris en 17.V>, à 66 ans. se donna beau-
coup de mouvemens en faveur du jansé-
nisuic. Il cul Rrandc part à la première
idiliou de \'.4ction de Dieu sur les créa-
ttirr< . in-i", ou 6 vol. in-12 ( voijez
HO l' » S I E U) ; au X Quatre Gémissemens sur
Port-Royal, in-1'2; \a^\ix<jratids Hexaples.
17 -M. 7 vol. in-4°: |à V Histoire du Cas de
c^nnicnce . 170î> . en 8 vol. in-12, et à
plusieurs autres pro<luclions polémiques,
qu il est inutile de faire connaître, parce
qu'elles sont oubliées ou qu'elles doivent
IV-lre.
• FOllLCOIE , en lalin Fulcoius . poète
fiançais du H' siècle, naquit à Beauvais
vt-rs l'an lO'JO. Il embrassa l'état ecclésias-
tique, mais il ne reyut que le sous-dia-
ronat. Il n'était pas seulement un poète
ili-tiiifTué pour le siècle où il vivait, mais
i; I lail encore habile grammairien et sa-
vant jurisconsulte : cependant il ne dut
sa réputation qu'à sou talent poétique. Il
adressait ses vers aux personnages les
plus remarquables ; à Manassé , archevê-
que de Reims, aux papes Alexandre II ,
Grégoire VII , et aux principaux prélats
de la cour de ^omc. Mais de toutes les
personnes qu'il loua, Manassé fut celui
qui se montra le plus reconnaissant: Foui-
roi e trouva toujours en lui un protec-
teur. Ce poète mourut à Mcaux. en 108!^.
Ses poésies , conservées à la bibliothèque
du roi . sont divisées en trois tomes , dont
le premier est intitulé : Utrum; le second,
yrutruin; et le troisième, Utruinque.
Lauleur anonyme d'une préface qu'on
trouve dans l'exemp'.aire de la bibliothè-
que explique ainsi ces titres sin<i;uliers :
le premier est intitulé 67ru»i, parce qu'il
ne contient que des pièces de peu d'éten-
due; le second, Neutrum. parce que l'au-
teur y a rassemblé des ouvrages plus im-
portans que ceux du premier , mais infé-
rieurs à ceux du troisième. Ce sont des
vies des saints du diocèse de Mcaux, mises
en vers. Le troisième enlin est intitulé
tJlrunique, parce que Foulcoie y traite de
l'un et l'autre Testament dans un long
poème. On sent que la versification de
Foulcoie, à cause du temps où il écrivait,
doit être très négligée. On ne trouve dans
»c$ poésies aucune trace du goût ni de
règle : et s'il a été regardé de son temps
co.iiine un poète célèl»re, on ne doit l'al-
Ifibuer sans doute qu'à l'ignorance de
•on siècle.
FOLLLO.\ ( Jsar-Eraud} , jésuite, né
199 FOU
à Liège en 1008 dune famille noble . pr«*-
cha avec applaudissement p'-ndanl !50ans.
et mourut recteur du collège de Tournay
le 2.') octobre l(i(i8. Il fut la victime de sa
charité , en.scrvanl les pestiférés. L'Ecri-
ture sainte , la morale chrétienne cl l'his
toire de son pays furent les principaux
objets de ses éludes. Nous avons de lui .
I Commentahi historici et morales in libros
Machahœorwn . Liège, 16*>9-1663, 2 vol.
in-fol., estimés: | Vera Ecclesia. omniu/n
in fide errorum commune reinedium .
Liège , 1662 ; | //istoria: Leodiensis com-
pendium , Liéjc , 1655 , très exact ; | Ilis-
toria Leodiensis . Liège, 175,'î, 3 vol. in-
fol. Les deux premiers volumes sont du
Père Foullon ; le troisième a pour auteurs
MM. de Crassier et de Louvres, éditeurs <!»•
cet ouvrage. Le Père Foullon l'a pous^
jusqu'en 1612, et les continuateurs jus
qu'au prince de Berghcs. C'est la meil-
leure Ilisloire que nous ayons de la prin-
cipauté de Liège.
FOULON ou GNAPHÉE(PiER«Ele),
né à Cormette , chassé de sou monaslèn;
pour son penchant à l'eutychianisme, ga-
gna les bonnes grâces de Zenon , gendre
de l'empereur Léon, et obtint par son cré-
dit le siège d'Antioche. Il répandit toutes
sortes d'erreurs, se maintint sur son siège
malgré plusieurs sentences de déposition,
et mourut en /t88.
FOtILOM ( Gliixaume ) , Gnaphœus
( c'est son nom en grec ) , poète latin , né
à la Haye, mourut en 1568, à Norden en
Frise, âgé de 75 ans. Il fit d'assez plates
comédies; mais comme elles ne sont pas
commîmes, quelques curieux les recher-
chent. On a de lui : \VitaJoannis Historil
a Woerden . Leyde , 1649 , in -8° ; | /////w-
crisis , tragi-comédie, 1544, in-8°, | Miso-
barbants, comédie. | Àcolastus de Filin
Prodigo , comédie, 1554, in-S", etc. Il
était proteslant.
• FOl'LON (N.). ime des premières vic-
times de la révolution française né vers
1750 , suivit la carrière de l'administra-
tion, et fut, sous le ministère de M. d
Choiscul , commissaire des guerres, ir
tendant des armées en 1756 , et enfin con-
seiller d'étal. Lors de la relraiu* de Nec-
ker, le 12 juillet 1789, le roi le nomnia
conlnMeur des finances; mais les événe-
inens du 14 l'empêchèrent de prcndrr
possession de cette place Parmi les pr.>
jets qui furent alors inventés pour renu
dier au déficit qui pesait sur la France ,
Foulon osa en proposer un fort singu-
lier. Il dirait que la bonqueruuto était
FOU
200
FOU
le seul moyen de rétablir le crédit public.
Cette opinion irrita contre lui tous les
créanciers de l'état et ceux qui en dépen-
daient. Par surcroit de malheur le blé
devint d'une cherté extrême , et on ré-
pandit le bruit parmi le peuple que Fou-
lon avait dit à quelqu'un qui lui parlait
de la misère de ce même peuple , et des
excès auxquels il se livrait : Eh bien! si
cette canaille n'a pas de pain , elle man-
çera du foin. Ne pouvant ignorer les
dispositions de Paris à son égard , il
alla se cacher le 14 juillet 1789, au châ-
teau de Viry, à quelques lieues de la
capitale , et se fit passer pour mort. On
découvrit bientôt celte ruse , et des pay-
sans vinrent le chercher dans sa retraite,
où ils le trouvèrent déguisé. S'étant saisis
de lui , ils lui attachèrent une poignée
d'orties à la boutonnière , et lui mirent
derrière le dos une botte de foin avec un
écriteau où était rappelé le propos qu'on
lui attribuait. Il fut livré dans cet état
aux émissaires de Paris , qui exercèrent
sur Foulon toutes sortes de violences , et
le conduisirent à l'hôtel de ville. Là , au
milieu des huées , mille accusations s'é-
levèrent contre lui. Pour empêcher un
assassinat , M. de la Fayette proposa de
le conduire en prison et de lui faii'e son
procès , ainsi qu'à ses complices. Tout le
monde applaudit : et Foulon se croyant
sauvé , eut l'imprudence d'applaudir lui-
même ; le peuple qui entourait la place
de Grève et la salle de l'hôtel de ville , se
croyant trompé , poussa des cris affreux.
A peine Foulon parut sur les escaliers ,
que plusieurs voix s'écrient : « Qu'on
» nous le livre , qu'on nous le livre , et
» nt)U3 en ferons justice. » On l'arrache à
ses gardes , on le traîne par terre , et on
le pend à une lanterne , où il expire.
C'était le 22 juillet 1789 ; le malheureux
vieillard avait alors soixante-douze ans.
Après cette cruelle exécution , on lui
coupe la tête , on lui met un bâillon et
ime poignée de foin dans la bouche ; et
on porte cette tête inanimée au Palais-
Royal, en même temps que d'autres
bourreaux traînent le cadavre dans la
fange. M. Berthier , gendre de Foulon ,
avait été arrêté à Compiègne le même
jour. On l'amenait à Paris , et il était
arrive à la rue Saint-Denis. Pour mieux
l'exposer aux insultes de la populace, on
avait abaissé les stores de sa voiture. Il
rencontre le fatal cortège ; et depuis ce
moment jusqu'à ce qu'il fût descendu sur
la place , on ue cessa de lui présenter la
tête défigurée de son malheureux |>eaQ-'
père. Peu de temps après il eut à subir
un sort non moins cruel. ( yoyez BER-
THIER, )
' FOULON (Nicolas), bénédictin de
la congrégation de Saint-Maur , né à Mar-
cilly-sur-Saône le U mars 1742 , était pa-
rent de don Clément , savant bénédictin
de la maison des Blancs-Manteaux de Pa-
ris, où le jansénisme commençait à do-
miner. Il en adopta non-seulement les
opinions , mais donna encore dans les fo-
lies des convulsions. Son goût pour la li-
turgie le fit choisir pour un des rédac-
teurs du nouveau Bréviaire de la con-
grégation de Saint-Maur fixée au monas-
tère des Blancs-Manteaux, et c'est là qu'il
en prépara Tédilion publiée en 1787, en
h vol., où l'on ne trouve aucun des saints
jésuites , et où l'on fait un grand éloge de
Rondet. Il renferme aussi un tableau de
la religion où l'on reconnaît les idées et
le langage des jansénistes. La manie des
innovations a porté les auteurs jusqu'à
composer de nouvelles litanies de Notre-
Seigneur et de la Ste. Vierge ; aussi ce
Bréviaire n'est accompagné d'aucxme ap-
probation du général des bénédictins , et
il ne fut pas adopté. Peu de temps après ,
dom Foulon qui s'était élevé avec force
contre les prêtres qui ne remplissaient
pas les devoirs de leur état , changea tout
à coup de conduite : après s'être montré
si sévère dans ses principes , il sortait
continuellement et ne conservait presque
plus rien des habitudes d'un religieux.
Ses supérieurs lui ayant fait des repré-
sentations inutiles , se disposaient à l'en-
voyer dans une autre maison , lorsqu'il
s'évada et se retira à Montmorency chez
le P Cotte de l'Oratoire , curé intrus de
ce lieu , avec lequel il était lié. Peu après,
il contracta des liaisons étroites avec la
demoiselle Marotte du Coudray, fille d'un
ancien conseiller du Chàtelet , élevée dans
les principes rigides du jansénisme, et
qui n'avait pas voulu se marier : elle
épousa cependant D. Foulon, et sa sœur
le P. Cotte. On ignore ce que devint Fou-
lon pendant la terreur, mais il parait
qu'il vécut dans une position très gênée ;
plus tard il obtint une place d'huissier
au conseil des Cinq-cents, puis au tribu-
nat et enfin au sénat ; il la conserva jus-
qu'au 15 juillet 1813, époque de sa mort.
On a de lui : I Prières particulières en
forme d'office ecclésiastique pour deman-
der à Dieu la conversion des Juifs j et le
renouvellement de l'église en France.
FOU
SOI
FOU
1778 . in-lS ; | Histoirr élémentaire . phi-
loiophique et politique de l'ancienne
Grèce, depuis rétahlusement des colo-
tue s jusqu'à la réduction de la Grèce en
provinces romaines. 1801, 2 vol. inS".
Cet on- -il a ^crit par demandes
et par nr le inctlrc plus à por-
tre di -"i" , est froid et sec; et
quoiquilail dû couler beaucoup de re-
cherches k l'auteur, il na pas eu de suc-
cès. Foulon y parle avec respect des li-
vre» saints , et quelquefois il fait de sayos
réflexions ; mais il affecte de ne pas nom-
mer la révélation chrétienne , et se perd
dans une métaphysique abstraite qui n'a
rien d'élémentaire , et n'offre rien aux
jeunes gens de positif et de précis. Il avait
annoncé des Histoires romaines et de
France sur le même plan ; celte première
histoire ne fait pas regretter qu'il ne les
ait pas publiées. M. Grégoire a dit qu'il a
laissé en manuscrit un Traité fort étendu
en faveur du mariage des prêtres.
FOULQUES l" , comte d'Anjou , dit le
Roux . mort en 938 , réunit et gouverna
avec prudence toutes les terres de son
comté.
FOULQUES II , dit le Bon, fils du pré-
cédent , mort à Tours en 958 , fit défri-
cher et cultiver avec soin les terres du
comté d'Anjou. Il s'appliqua à faire fleurir
la piété et les sciences dans ses états. On
dit que le roi Louis d'Outre-mer s'étant
moqué de ce que Foulques le Bon s'appli-
quait à l'étude et allait souvent chanter
au choeur , Foulques lui écrivit ces mots :
Sachez , Sire , qu'un prince sans lettres
est un âne couronné. Foulques composa
des Hymnes en l'honneur de saint Martin.
FOI LQl'KS III, comte d'Anjou, dit
Kerra ou le Jérosolymitain . à cause de
deux voyages qu'il fil à la Terre-Sainte ,
succéda , l'an 987 , à Geoffroi son père.
Ce prince belliqueux , prudent et rusé ,
remporta divers avantages sur ses voisins,
et mourut à Metz le 25 juin 1040.
FOULQUES IV , dit le Rechin . fils du
seigneur de Chàteaulandon , et d'une fille
de Foulques III (aclirle précédent), suc-
céda l'an 1060 à son oncle maternel Geof-
froi Martel. Il s'empara du Gàtinois et
de la Tourraine, qui étaient le partage
de son frère aine , cl s'abandonna au vin
et aux femmes. II en épousa trois consé-
cutivement , en les répudian» l'une après
l'autre. Mais enfin la dernière, Bertrade
de Montfort, le quitta pour Philippe I",
roi de France. Ses discussions violentes
^▼01- Ilooul arclievèque de Tours le tirent
cxcommunit-r; mais plus lard il rentra
en grâce avec l'Kglise. 11 mourut en 1109.
Il avait composé une Histoire des comte»
djnjou . d'xil il se trouve dans le Spi-
cilége de d'Achcry un fragment . que
l'abbé de Marolles a traduit dans son His-
toire d' Anjou , 1681 , in-i".
FOULQUES, archevêque de Reims,
succéda à Ilincmar en 883 , tint un con-
cile en 892, où il fit reconnaître roi
Charles le Simple , âgé de quatorze ans.
On y menaça d'excommunication Bau-
douin, comlc de Flandre , pour les usur-
pations des biens d'église , et pour avoir
maltraité des ministres de l'autel. Le roi
Charles ayant voulu dans la suite faire
alliance avec les Normands encore ido-
lâtres , Foulques lui fit des remontran-
ces , qui paraissent n'être pais assez mo-
dérées. Quelques critiques l'excusent , en
disant qu'il avait sauvé son prince encore
enfant des mains de ses ennemis; qu'il
l'avait élevé et lui avait conservé la cou-
ronne, et que quoique ces services ne If
dispensassent ni de la fidélité , ni du res-
pect qu'il lui devait, ils pouvaient ce-
pendant faire tolérer de sa part certaines
expressions trop libres , dictées par le
zèle. Il fut assassuié par des vassaux de
Baudouin en 900. Ce prélat était recom-
mandable par ses connaissances et par
ses vertus.
• FOULQUES , abbé de Corbie , dit
le Grand, à cause du zèle qu'il nrit à dé-
fendre les immunités et privilèges de son
monastère , contre les prétentions de
Foulques évêque d'Amiens, et de Gui.
successeur de Foulques , assista, en 1049,
au concile tenu à Reims par Léon I.\ .
accompagna ce pape à son départ de
France pour l'Italie, et mourut en 109.^.
On a de lui un Mémoire sur l'histoire de
son monastère , publié en partie par Ma-
billon dans les Annales de l'ordre de
Saint-Benoit.
* FOULQUES de BÉNÉVENT, notaire
et secrétaire du sacré palais sous le pon-
tifical d'Innocent II, au 12* siècle, esl
auteur d'une Chronique des principaux
événemens de son temps , depuis l'an
1102 jusqu'à l'an 1141 , publiée à Naples .
1626 . par Antoine Caracrioli . théatin . et
insérée dans la Collection des anciennes
histoires de la Sicile . Francfort , 1579.
FOULQUES. FOUQUES, ou FOUL-
QUET , évêque de Toulouse . natif de
Marseille, s'acquit une -•- ••• ...^"i >•■.?»,
et se fit aimer des priii >
ingénieuses en langue ; ' , '•
FOU
902
FOU
rut avec éclat au 4^ concile de Latran er.
1215 , et s'y intéressa pour saint Domini-
que , son intime ami. Il mourut en 1251.
FOUIVTAIIVE (sir A^dueiv ), savant
antiquaire, dont nous avons un Traité
curieux sttr les médailles de Saxe. On
l'a placé dans le Trésor des antiquités du
Nord > imprimé en latin à Londres en 5
vol. in-fol. Il mourut le k septembre 1755,
après avoir été vice-chambellan de la
reine d'Angleterre, gouverneur du prince
Guillaume , chevalier du bain et conser-
vateur de la monnaie.
• FOUQUART ( Gabrielle ), née à
Abbeville en 1568 , est la fondatrice en
France des religieuses de Saint-François-
de-Paule. Elle avait eu depuis sa plus
tendre jeunesse un goût décidé pour la
vie religieuse ; mais son père étant mort,
elle S€ trouva sous la dépendance d'un
oncle qui la força de se marier à l'âge
de 26 ans. Restée veuve après deux ans
de mariage , et maîtresse de son sort, elle
revint à son premier dessein. Après avoir
donné quelques années à la réflexion ,
elle prit l'habit de Saint-François-de-Paule
et prononça ses vœux à l'âge de 55 ans.
Ayant alors réuni quelques dames sécu-
lières , qui voulaient suivre son exemple ,
elle fonda à Abbeville un monastère, sous
le titre de Jesus-Maria . et ce fut la pre-
mière maison de cet ordre en France.
Le pape Grégoire XV autorisa cette fon-
dation par une bulle du 10 juin 1625, et
la mère Fouquart en fut la première su-
périeure ou correctrice. Cette vertueuse
fondatrice mourut en 1659.
• FOUQUEREÏ, ou FOQUERÉ (don
Antoixe-Michei, ) , né en 1640 à Château-
roux en Berry, embrassa l'ordre de Saint-
Benoît à l'âge de 17 ans , et prononça ses
vœux le 5 octobre 1658 , dans l'abbaye de
Saint-Augustin de Limoges. Après avoir
enseigné la rhétorique et le grec dans le
monastère de Mauriac en Auvergne , il
fut employé en qualité de supérieur dans
différentes maisons de son ordre , et s'ac-
quitta de ses fonctions avec autant de zèle
que de sagesse. Ayant obtenu sa retraite
en 1695 , il choisit pour demeure l'abbaye
de Saint-Faron dans la ville de Meaux ,
et y mourut le 5 novembre 1709 , âgé de
69 an«. Il était de la congrégation de Saint-
Maur. On connaît de lui : | Synodus beth-
leemetica pro reali prœsentia anno 1672
celebrata . grœce et latine ^ Paris , 1676 ,
in-8°. Cette traduction n'ayant pas paru
assez exacte, Fouqueret en donna une se-
conde édition, et fit disparaître ce qu'il
y avait de défectueux dans la première.
Il se servit pour ce travail des lumières
du docteur Arnault et du Père Combefis.
Cette secoràde édition parut sous le litre
de Synodus hierosolymitana. A la fin de
cet ouvrage, Fouqueret a fait imprimer
en grec et en latin, un écrit intitulé Dio-
nysii patriarchcB constantinopolitani su-
per calvinistarum erroribus, ac reali im~
primis prœsentia^ responsio, ayino 1672
édita. Ces actes, dont l'authenticité est
attestée par M. de Nointel , ambassadeur
de France à la Porte ottomane , sont très
importans , en ce qu'ils prouvent la con-
formité de la croyance de l'église grec-
que avec celle de l'église romaine sur le
dogme de la présence réelle ; | Celebris
historia monothelitarum, Paris , 1678 ,
ia-8". Cet ouvrage , dédié à l'évêque de
Lavano , et qui passe pour savant et pro-
fond , parut sous le nom emprunté de
Jean-Baptiste Tagnamini.
* FOlJQUET( Jeax-François), jésuite
français et missionnaire à la Chine , ar-
riva dans ce pays le 25 juillet 1699 , et y
demeura jusqu'en 1720. Les succès qu'il
obtint dans sa mission , lui valurent à son
retour le titre d'évéque d'Eleuthéropolis.
Pendant son séjour en Chine, il étudia
long-temps le Chou-king, et il fut, de tous
ses confrères , celui qui se laissa le plus
éblouir par l'idée de retrouver les mys-
tères du christianisme renfermés dans
les caractères symboliques des Chinois.
Il prétend que leurs livres sacrés offrent
une perpétuelle allégorie avec les objets
de notre foi. Malgré cet esprit systémati-
que , on ne peut lui refuser beaucoup de
mérite et de savoir. On lui doit Tabula
chronologica historiœ sinicœ. C'est un ta-
bleau en trois feuilles où sont placés, sui-
vant l'ordre chronologique , les noms des
princes chinois et les événemens les plus
remarquables de leur règne. Ce tableau
a été réimprimé à Augsbourg, en 1746,
en deux feuilles in-fol. Ce qui en tait le
principal mérite, c'est l'explication des
nianhao ^ ou noms d'années , si néces-
saires pour la lecture des historiens chi-
nois. On a encore de Fouquet une lettre
au duc de La Force , insérée dans les let-
tres édifiantes , où il rend compte des dif-
ficultés que les jésuites éprouvèrent quand
ils voulurent s'établir dans la province de
Kiamsi, et de la manière dont les Chi-
nois forment leurs guerriers. Il s'étend
particulièrement sur les Bonzes , princi-
paux adversaires des missionnaires. On a
aussi de lui une lettre au duc de la Force,
FOU
805
FOU
datée Je yant-clianiffou, dans la pm-
vincc de KLiinsi le 26 novembre 1702 ;
.11.. ... (rouvc dans le Recueil des lettres
■ tr$. toinc :> de la 1'* édilion , page
!.)me 17 de l'édition de 1781. page 95.
• lODQl'ET (lIcxRi), célèbre profes-
seur de médecine . né en 1727 à Montpel-
lier . fut lo premier qui enseigna dans
I tte ville la médecine clinique : il eut
lussi la gloire de perfectionner un mode
'.enseignement déjà adopté dans les plus
rrlèbres universités étrangères. Il est mort
le 10 octobre 1806. On lui doit plusieurs
I dissertations savantes ; la plus remar-
quable est une Dissertation sur le tissu
[ tnuqueux. On a encore de lui un Essai
sur le poul9 considéré par rapport aux
affections des principaux organes , 1767 ,
in-8** ; un Discours sur la clinique . 1803,
in-A°, et plusieurs articles iinportans dans
l'Encyclopédie.
FOl'Ql'ET. Voyez FOUCQUET.
FOrQT 1ER -TAIN VILLE. Voyez
TAINVILLE.
FOrOriÈRES (Jacques), peintre,
né à Anvers vers l'an 1580 , élève de Breu-
ghel le paysagiste , et de Rubens , qui
l'employait quelquefois à ses tableaux ,
travailla au I^ouvre sous Louis XIII. Ce
monarque l'anoblit. Les airs de qualité
qu'il prit depuis le firent appeler par dé-
rision le baron de Fouquières. Il ne pei-
gnit presque plus , crainte de déroger à
58 noblesse ; et dès qu 'il prenait le pin-
ceau, il ne manquait pas de ceindre son
épée. Il mourut pauvre en 1621. Ce pein-
tre a également réussi dans les grands
morceaux et dans les petits. Il était excel-
lent paysagiste. Son coloris est d'une frai-
cheor admirable.
FOUR (don Thomas du) , bénédictin
de Saint-Maur , a laissé une Grammaire
hébraïque /in-S" , fort méthodique, Paris,
1644. Il mourut à Jumiége en 1647 , par-
venu à peine à sa 5Zi' anuée. Sa science
el sa piété étaient dans un degré égsd.
Nous avons encore de lui un Testanuint
spirituel pour servir de préparation à la
tnort, in-13; et quelques autres ouvrages
de piété.
POUR (PintippE-SYLVESTRE du ) . ha-
bile antiquaire, et marchand droguiste
à Lyon . était de Manosque. 11 cnintenail
commerce de lettres avec tous les savans
antiquaires de son temps et principale-
iiiciil avfr Jacques Spon , qui lui couunu-
niquait ses lumières, et auquel il ouvrait
généreusement .v bours«-. Du Four était
riche , et il faisait surtout do grandes li«
béralités à ceux de sa secte. Après \à
révocation de l'édil de Nantes, il se relira
dans les pays étrangers. Il mourut à Vc-
vey en Suisse , en 168.) , à 6.") ans. On a
de lui : | Instruction morale d'un père à
sonfds qui part pour un long voyage, in-12;
I Traités nouveaux et curieux du Cafc .
du Thé et du Chocolat, iu-12. Il approuve
l'usage de <;es boissons , mais avec quel-
ques restrictions. Son style est assez mau-
vais , et ses raisonnemeas ne sont pas
toujours concluans.
FOU R ( Charles du ) , curé de Saint-
Maclou à Rouen, et ensuite abbé d'Aiil-
nay, mort en 1679, s'est fait connaître
par ses disputes avec le Père Brisacier ,
et par son 7.èle contre la morale relâchée.
II est auteur de divers écrits ecclésias-
tiques ou polémiques. On ne les lit plus.
• FOURCROY (AxToixE-FRAKçoisde ,
conseiller-d'état, commandant de la lé-
gion-d'honneur, directeur général de l'in-
struction publique , membre de l'institut,
et de la plupart des sociétés savantes de
l'Europe, professeur de chimie au Muséum
d'histoire naturelle, à l'école de médecine,
à l'école polytechnique , etc.. etc. , naquit
à Paris le 15 juin 1755, d'un père issu
d'une famille noble mais pauvre , et qui,
après avoir été pharmacien de la maison
du duc d'Orléans, perdit le droit d'exercer
sa profession dans la capitale, par suite
de la suppression générale de ces sortes
de charges demandée par la corporation
des apothicaires. Ce malheur mit dans
une gêne très grande toute la famille
de Fourcroy qui continua néanmoins ses
études. Il entra dans un bureau , et peut-
être y aurait-il végété d'une manière obs-
cure pendant toute sa vie , si les conseils
et les secours de Vicq-d'Azir, l'ami do
sa famille, ue l'eusseul déterminé à em-
brasser une autre carrière. Fourcroy sui-
vit l'école de médecine, et son bienfaiteur
dirigea ses premiers pas dans cette nou-
velle route : peu s'en fallut qu'il ne fût
arrêté par le besoin d'argent. Le docteur
Diesl avait légué à la faculté de méde-
cine des fonds pour qu'elle accordât tous
les deux ans des licences gratuites à l'é-
tudiant pauvre qui en serait le plus
digne. Fourcroy concourut en 1780 ; mal-
heureusement une injustice fruit de la di
vision qui existait entre l'ancienne faculté
el la société royale de médecine, lui enleva
cette ressource. Mais il fut enûn reçu.
Fourcroy n'était pas seulement médecin,
c'était aussi un grand chimiste. Elève de
Burquot , il fut citarijé plusieurs fois d::
FOU
204
FOU
remplacer ce professeur qui lui procura
morne un amphitéâtre pour faire des
cours particuliers. Le timbre agréable de
sa voix, la pureté et l'élégance de son
langage , la facilité , la clarté et la chaleur
de son éloculion, charmaient son nom-
breux auditoire, et souvent on voyait
une foule de personnes étrangères aux
connaissances chimiques assister à ses
leçons uniquement pour jouir du plaisir
de l'entendre. En 1784, après la mort de
Macquer , Buffon le nomma à la chaire
de chimie du jardin du roi, et cet habile
professeur enseigna cette science avec la
plus grande distinction pendant 25 ans.
Admis en 4785 à l'académie des sciences
( section d'analomie ) , il passa bientôt à
la section de chimie où sa place était
mieux marquée. Il fut aussi de la société
de Lavoisier, et travailla avec lui aux
grandes expériences qui lui valurent une
si brillante renommée. Jusqu'à l'époque
où éclata la révolution, Fourcroy vécut
tranquille et loin des affaires Alors mé-
content de la cour dont il croyait avoir
été négligé , il se montra dans les assem-
blées populaires, et fut nommé en 1792
député de Paris à la Convention natio-
nale , où il ne siéga toutefois qu'après le
21 janvier. Tant que dura la dictature
de Robespierre , il fut membre du comité
d'instruction publique. Il proposa de rap-
peler plusieurs savans qui étaient expa-
triés ou qui gémissaient dans les fers;
dans la liste qu'il présenta on ne vit point
le nom du célèbre Lavoisier , et lorsque
ce savant fut condamné à périr sur un
échafaud, on lui reprocha de n'avoir
pas tenté de le sauver, peut-être à cause
de la jalousie que lui inspirait son beau
talent. Fourcroy fut douloureusement
affecté de ce reproche qui lui fut répété
dans plus d'une occasion avec amertume.
Nous sommes heureux d'ajouter que cette
accusation paraît sans fondement. « Si
» dans les sévères recherches que nous
» avons faites, disait M. Cuvier, dans
» un Eloge historique lu à l'institut,
» nous avions trouvé la moindre preuve
» d'une si horrible atrocité , aucune puis-
» sance humaine ne nous aurait contraint
» de souiller notre bouche de son éloge.»
Au 9 thermidor , Fourcroy entra au co-
mité de salut public. Après la dissolution
cte la Convention , il entra dans le conseil
des Anciens, et, à la suite du 18 brumaire,
il fit partie du conseil d'état. Chargé en
1801 de la direction générale de l'instruc-
tion publique , Fourcroy substitua au
plan d'instruction organisé en l'an 3 , !e
système qui a présidé à l'établissement de
l'université. Il rédigea tous les règlemens
et tous les projets relatifs à l'enseigne-
ment , établit les écoles de médecine de
Paris, de Montpellier et de Strasbourg,
créa 12 écoles de dr,fnt, plus de trente
lycées, aujourd'hui collèges royaux, et
plus de 300 collèges communaux. Le
ministère de l'instruction publique ayant
été remis à Fontanes , grand-mailre de
l'université, Fourcroy, qui croyait y
avoir des droits, se crut disgracié, et
cette contrariété agit sur lui au point d'al-
térer notablement sa santé. Il perdit su
gaîté naturelle et tomba dans une mé-
lancolie que ses amis essayèrent en vain
de combaltre. L'un d'eux , le célèbre Cor-
visart , crut qu'un remède moral vau-
drait mieux que tous les médicamens , et
un jour qu'il avait occasion de parler à
Bonaparte du chagrin qui souvent était
une maladie mortelle , celui-ci parut dou-
ter de cette vérité. « Oui, sire, dit Cor-
n visart, on meurt de chagrin, et je con-
» nais quelqu'un qui dans ce moment
» meurt de cette maladie : et qui donc ,
» reprit vivement Bonaparte?— C'est Four-
» croy, sire. — Vous croyez....; Mais ras-
B surez-vous , je me suis occupé de sa
» guérison. Allez le voir et vous me rap
» porterez de ses nouvelles. » L'empereur
avait en effet signé plusieurs jours au-
paravant une dotation de 20,000 fr. , en
faveur de Fourcroy et sa nomination à
la direction des mines. Il était trop tard;
Fourcroy mourait en ce moment mêm«
d'une attaque d'apoplexie ; c'était le 4."
décembre 1809. Son titre de comte et s;;
dotation passèrent à son fils , officier d'ar-
tillerie qui mourut sur le champ de ba-
taille de Lutzen. Fourcroy fut un des in-
venteurs de cette nouvelle nomenclature
qui est elle-même une analyse de la
science , et a le mérite de définir les sub-
stances qu'elle désigne. Il a laissé plusieurs
ouvrages très estimés parmi lesquels on
remarque son Cours de chimie ou Leçoni
d'histoire naturelle et de chimie^ qui esi
l'abrégé de son enseignement, 1780, 2 vol.
in-8°. Il s'en est publié six éditions en 20
ans. La dernière a 6 vol. ui-i° ou 11 vol.
in-8° , et a pour titre Système des connais'
sances chimiques et de leur application
aux phénomènes de la nature et de l'art f
I Philosophie chimique, 1792, 1795 et
1806, trad. presque en toutes les langues
et même en grec moderne ; | Analysa
de l'eau sulfureuse d'Enghien, 1788, un
FOU
lOK
rou
vol ln-8*; I Fsxai siiflrx vinhitnrs lirs ar-
tisan $ Art^à. du latin de Homar.r.ini , avec
notes eJ additions. 1787, in- 12; | L'art
de ecnnaitrr et U'rmploi/rr le» médica-
ment dans les maladies qui attat/uent le
cwpt II "-^r. . 5 \o\. in-8° ; | Jix.sai
tur le et les avides . 1788 ,
ln-8*; , - . i'Cine éclairée par les
tciences physiques, 1791.4 vol. in -8°;
f Procédé pour extraire la soude du sel
marin . 179.S . in-i" ; | Tal)leaux synopti-
ques de chimie . 1800- ISOo, in -fol. Il a
fourni en outre aux Jnnales de chimie
9i k d'autres journaux , ainsi qu'aux re-
vues de diverses sociétés savantes, une
foule de mémoires sur des expériences
qu'il avait faites. On regarde comme les
plus importantes celles qui ont rapport à
la découverte de plusieurs composés qui
détonnent par la simple percussion ; aux
procédés propres à perfectionner l'ana-
lyse des eaux sulfureuses , à la séparation
du cuivre , de l'étain et aux perfcclionne-
mens des analyses végétales. Son éloge
a été fait par M. Palissot de Beauvais,
1810, in -4*, et par M. Cuvier dans les
Mémoires de l'institut.
• FOLRCROY DE RAMECOURT
( Charles - René ) , ingénieur , associé
libre do l'académie des sciences , naqiiit à
Paris le {9 janvier 1715 , et eut pour père
un avocat célèbre : destiné lui-même au
barreau dès son enfance , il étudia le droit
pour plaire à sa famille ; mais entraîné par
un penchant irrésistible vers les sciences,
il s'y livra en secret avec une telle applica-
tion qu'il acquit eu peu de temps les
connaissances exigées alors pour entrer
dans le génie. Admis dans ce corps en
1755, à l'àgc de 20 ans, après un examen
très brillant, il fit plusieurs campagnes
pendant la guerre de 1740 sous les ordres
(lu maréchal d'Asfeld, Vingt ans après en
1761, pendant la guerre de sept ans, il
'-ommanda le corps des ingénieurs des
'ôtes de Bretagne, fit ensuite la cam-
pagne de Portugal et se trouva en 1764
au siège d'Almeida. Lorsque la paix lui
eut permis de reprendre les études du
rablnet, il s'appliqua avec une nouvelle
ardeur à perfectionner ses connaissances,
et fut employé successivement à Calais,
dan» le Roussillon , en Corse, et devint
maréchsd-de-camp; enfin le comte de
St.-GCTmain voulant attacher au minis-
tère de la guerre un officier supérieur ,
l'appela comme le plus digne de remplir
ià place de directeur de la division du
corps du génie. En 1776 il fut nommé 1»-
5.
sperlriii i;« ii.i.ii (lo son armée, et mounit
à Paris le 12 janvier 1791. On a de lui :
I L'art du tuilier -briquetier et celui du
chaufournier . dans le recueil des des-
criptions publiées par l'académie des
sciences dont il était membre ; | Mémoire
sur la fortification perpendiculaire . Paris,
1786 ; I Plan de communication entre l'Es-
caut, la Samhre , l'Oise, la Meuse . la
Moselle et le Rhin, pour réimir toutes
les parties intérieures de la France;
I plusieurs Mémoires, dans le recueil de
l'académie des sciences. Il a enrichi de
remarques et de descriptions les ouvrages
des savans avec lesquels il était lié , et
notamment le Traité des pèches et le
Traité des forêts.
• FOIIRCROY DE Gl ILLERVILLE
( Jeaiw-Locis de ) , frère du précédent , né
à Paris en 1717, entra dans la compagnie
des cadets gentilshommes à Rochefort.
et partit avec le grade d'officier d'artil-
lerie pour St-Doniingue où il demeura
vingt ans. De retour en France, il acheta
une charge de conseiller au bailliage de
Clermont-sur-Oise ; il fut ensuite juge au
tribunal qui remplaça le bailliage au
moment de la révolution, et mourut à
Clermont en 1799. On a de lui : | Lettre
sur l'éducation physique des en fans du
premier Age. Paris, 1770, in- 8°; | Les
enfans élevés dans l'ordre de la nature .
ou jàbrégé de l'histoire naturelle des en-
fans du premier âge. à l'usage des pères
et mères de famille. Paris, 1783, in-12.
Cet excellent ouvrage a été traduit en
allemand par Cramer, Lubeck, 1781,2
vol. in-8°.
• FOURIER (Jean -Baptiste- Joseph,
baron ) , savant géomètre , membre de l'a-
cadémie des sciences, de l'académie fran-
çaise, etc., naquit à Auxerre d'une fa-
mille originaire de Lorraine, et fut placé
à l'école militaire de cette ville. Il avait
terminé ses classes dès l'âge do treiie ans,
et il commença alors à se livrer à Tétude
des mathématiques, sans négliger la cul-
ture des lettres. A 18 ans , il avait fait plu-
sieurs découvertes mathématiques im-
portantes, qui sont consignées dans un
mémoire où les coimaisseurs reconnurent
un génie précoce. Nommé à celte époque
professeur de mathémaliqiu'S à lérolc mi-
litaire d'Auxerre , Fourier fut envc»y« aux
écoles normales à Paris, par son ilr|.arte-
ment, lors de leur institution. Plus l.u d 1.
cole centrale des travaux publics. .I.,)iiis
école polytechnique, fut organisée sur
des bases fixes , et Lagrange ainsi que
IS
rou
206
FOU
Monge le désigaèrent pour être un des
professeurs de ce célèbre établissement.
Bonaparte le mit du nombre des savans
qui devaient l'accompafjner dans son
expédition d'Orient. Lorsque l'institut
tl'i gypte fut créé, Fourier, qui en fit na-
(urcllement partie, en fut élu secrétaire
perpétuel et y lut d'importans mémoires.
Choisi ensuite pour commissaire de l'ar-
mée française auprès d'un divan formé
des principaux Ulémas du Caire et des
provinces, il fut chargé de l'administra-
tion de la justice en Egypte pendant l'ex-
pédition de Syrie. Bonaparte avant de
quitter l'Orient, avait divisé l'institut en
deux sections d'explorateurs, dont l'une
eut pour chef Fourier. Ils firent en effet
de nombreuses recherches et des décou-
vertes immenses , et nul n'a concouru
plus efficacement que Fourier à la com-
position du grand ouvrage sur l'Egypte.
Ce fut lui qui , lorsque Kléber tomba sous
le fer d'un assassin , fit entendre à nos
<;oldats, du haut d'un bastion, l'éloge du
vainqueur de Maëstricht et d'Héliopolis,
comme jdus tard il prononça celui de
Dcsaix, lorsque l'armée française apprit
la mort glorieuse de ce général à Marengo.
Reterm sur les rives africaines jusqu'au
lerme de l'expédition , Fourier revit eniin
sa patrie avec un petit nombre de savans
et de guerriers, et fit arrêter que le gou-
vernement publierait à ses frais le grand
ouvrage sur l'Egypte , dont il fut chargé
de rédiger la préface. Le 2 janvier 1802 ,
Fourier fut nommé préfet de l'Isère ; il
fui aussi compris dans la légion-d'hon-
neur, dès qu'elle fut créée, et nommé ba-
ron avec dotation en 1808. De grands tra-
vaux publics furent achevés sous son ad-
ministration préfectorale , entre autres
le dessèchement des marais de Bourgoin
qui infectaient plus de quarante commu-
nes. L'institut de France ayant proposé ,
en 1806 , une question d'une difficulté
égale à son importance , celle de déter-
miner les lois de la propagation de la cha-
leur, dans les corps solides , Fourier
donna , en 1807 , une solution complète de
la question proposée et obtint le prix. Il
créa , pour résoudre ce problème qu'il
agrandit encore, des méthodes entière-
ment nouvelles, vérifiées par de curieuses
expériences. En 1811 , il remit à l'institut
un second mémoire sur le même sujet.
En 1815, lors du débarquement de Napo-
léon, Fourier fît publier une proclama-
tion pour faire respecter l'autorité du roi ,
e^jsortit de Grenoble à l'arrivée de l'em-
pereur. II fut toutefois appelé, le 12 mars,
à la préfecture du RluW ; mais s'élant
refusé par écrit aux mesures qu'on exigeait
de lui, il fut révoqué le 12 mai suivant,
et il vint alors habiter Paris. En 181G , il
lut à l'académie des sciences un mémoire
sur les vibrations des surfaces élastiques,
qui contenait plusieurs intégrales encore
inconnues d'équations appartenant à des
(Questions dynamiques , et ce corps se l'a-
grégea la même année. Louis XVIII in-
duit en erreur sur son compte , lui refusa
sa sanction royale ; mais , en 1817 , le mo-
narque mieux éclairé , confirma une
deuxième élection. Fourier fut choisi ,
conjointement avec le baron Cuvier, se-
crétaire perpétuel de l'académie. La so-
ciété royale de Londres et diverses autres
sociétés étrangères voulurent aussi le
compter parmi leurs membres. Aux dé-
couvertes qu'on lui devait déjà, il ajouta ,
en 1820 , la solution d'une question ex-
trêmement compliquée ; elle consiste a
former les équations différentielles qui
expriment la distribution de la chaleur
dans les liquides en mouvement , lorsque
toutes les molécules sont déplacées par
des forces quelconques , combinées avec
les changemensde température. Ces équa-
tions appartiennent à l'hydrodynamique
générale , et l'on doit à Fourier d'avoir
complété cette branche de la mécanique
analytique. En 1822 , parut son bel ou-
vrage intitulé : Théorie analytique de
la chaleur. Fourier a aussi prononcé de-
vant l'académie des sciences , des Eloges
qui l'ont placé à côté de Fontenelle , et en-
tra à l'académie française en 1827. Il est
mort presque subitement le 16 mai 1830 ;
ses principaux ouvrages sont : | Discours
préliminaire^ servant de préface histori-
que au grand ouvrage sur l Egxjpte ^ Pa-
ris, 1810 , 1 vol. grand in-fol., écrit , selon
l'expression de M. de Fontanes , avec les
grâces d'Athènes et la sagesse d'Egypte ;
I plusieurs Mémoires ^ insérés dans les
collections académiques, sur diverses
questions de physique générale et de ma-
thématiques ; I Rapport sur les établisse^
mens appelés Tonlines, Paris, 1821, in-4";
I Théorie analytique de la chaleur^ Pa-
ris , 1822 , in-4° ; | plusieurs Rapports sur
les progrès des sciences mathématiques ,
Paris, 1822 à 1829; | Eloge de Delambre .
Paris , 1823 , in-/i° ; | Eloge historique de
sir Williams Herschel^ Paris, 1824, in-i» ;
I Eloge historique sur la vie et les ouvra'
ges de Bréguet, Paris, 1826, in-8''. En
1827, Fourier avait succédé à Laplac«
FOU
dan» la pr(*sliioncc du conseil ilc perfcc-
tionnrintiit lU* récole polytechnique, et
en 4828, il avait rté noiniin' membre île
la coin mission établie aupri'S tlu ministère
de l'intérieur, pour les encouragemens à
accorder aux lettres.
FOnniKll ( PiEiiHB). rotjfz FOUR-
MI, n.
roinMO\T ( Etiewjjb ), né en 1083 à
Ilerbclay . village près de Paris, d'un
père chirurgien , montra dès sa jeunesse
des dispositions surprenantes pour les
langues. 11 avait la mémoire si heureuse,
qu'après avoir appris par cœur toutes les
racines grecques de Port-Royal, il les ré-
citait souvent en rétrogradant. Il n'était
encore qu'écolier, lorsqu'il donna ses Jta-
cwfis lie la langue latine mises en vers
^a«fa/s, ouvrage qui eût fait honneur à un
maître. Après avoir étudié au collège des
Trente- Trois et à celui de Montaigu, il
fui diargé de l'éducation des fils du duc
d'Antin. Il succéda à M. Galland en 1715,
dans la chaire d'arabe au collège royal ;
l'académie des inscriptions se l'associa la
même année , la société royale de Lon-
dres en 1758 , et celle de Berlin en 1741.
Il mnunit le 18 septembre 17'i5, à G2ans.
Il avait joui pendant sa vie de la considé-
ration due à son $a\oir , à la droitiu'e , à
la modestie et à la candeur qui l'accoin-
pagnaicnt. Le comte de Tolède , ministre
d'Espagne , lui obtint une pension de la
cour, qui fut arrêtée lors de la rupture
entre la France et l'Espagne. Le duc d'Or-
léans le mit au nombre de ses secrétaires.
Les savans français et étrangers le con-
sultaient dans tout ce qui concerne le
grec, le persan, le syriaque, l'arabe, l'hé-
breu et le chinois. On a de lui une foule
d'ouvrages imprimés et manuscrits , té-
moignages de son érudition et de son
amour pour le travail. | Reflexions crili-
quessur les Histoires des anciens peuples,
jusqu'au temps de Cijrus. 1733, 1 vol. in-
k", chargées de citations ; | une Gram-
maire chinoise . en latin , in-fol. 17.'i2, sur
'laquelle on peut consulter le Journal des
savons , de mars et avril 1743; | Médita-
tiones ainicœ. il'Jl , in-fol., ouvrage qui
renferme les préliminaires de la gram-
maire chinoise, et l'exidication de tout
le technisme de celte langue ; | plusieurs
Disserlalions dans les Mémoires de l'aca-
démie des belles-lettres , semées d'érudi-
tion. Sa vie a été écrite par de Guignes et
Deihauterayes ses élèves ; on la trouve à
la lète des Re/lexions sur l'origine des an-
ciens peuples. P&ris, 1747, 2 vol. in 4"; et
807 FOU
à la suite de celle notice on trouve la liste
de ses ouvrages, mémoires, dissertations,
etc. Fouroiont avait un frère, membre df
cette compagnie comme lui, et professeui
en langue syriaque au collège royal. Ce
dernier, appelé IMichel FOURMONT,
mourut en 174G. Il était né en 1G90 à
Herbelay.el avait été envoyé en 1728 dans
l'Orient par ordre de Louis XV pour re-
cueillir des manuscrits et des inscrijjlions.
Ou trouve dans les archives de la Biblio-
thèque du roi lu catalogue des manuscrit»
qu'il a rapportés; quelijues-uns ont servi
à éclairer différens points de l'histoire
grecqiie. Fourmont s'occupait de la pu-
blication d'un recueil de 1200 inscriptions
qu'il avait réunies dans ses voyages ,
lorsque la mort le surprit au milleu4e ce
travail.
• FOUR\EL ( Je.w- François ), né en
1745, célèbre avocat-consultant de Paris,
était le doyen des avocats lorsqu'il est
mort le 21 juillet 1820. Il était encore
très jeune lorsqu'il publia un Mémoire
qui sauva du bûcher la fille Salmon , con-
damnée par deux arrêts à être brûlée vive:
ce mémoire parvint à la cour de Rome, et
Fournel fut créé par le pape chevalier de
l'Epcron-d'or. En mars 1816, il devint bâ-
tonnier de son ordre, après avoir été long-
temps membre du conseil do discipline.
Ses principaux ouvrages sont : | Traité
de l'adultère, considéré dans l'ordre
judiciaire, 1778, in-8°, 1783, in-12 ; | Traité
de la séduction^ 1781, in-12; | Code des
transactions, avec des explications { avec
Vermeil), 1797, \n-%";\ Explication de laloi
du 19 floréal sur l'action en rescision pour
caust: de lésion, 179G, in-S"; | Analyse cri-
tique du projet du code civil, 1801, in-8";
I Etat de la Gaule à l'époque de la conqiu-tc
des Francs . extrait des mémoires d'U-
rihahl ^ ouvrage inédit et contenant dfs
détails sur l'entrée des Francs dans 1rs
Gaules. 1805, 2 vol. in-12 ; | Traité des iih-
jures considérées dans l'ordre judiciaire,
( par Darreau ) . avec des observations ,
qui font presque les deux tiers de l'ou-
vrage, 1785 , 2 vol. in-12 ; j Dictionnaire
raisonné . ou Exposition par ordre al-
phabétique des lois concernant les trans-
actions entre particuliers . 1799, in-S";
I Traité de la contrainte par corps. 1798,
in-12; | Traité du voisinage . 1796 , in-12,
3' édit., 1812,2 vol. in-S", ouvrage estime ;
I Code de commerce .accompagné de notes
et observations . 1807, in-S"; | Histoire
des avocats au parlement et du barreau
de Paris, 1790-1813. 2 vol. iu-S"; 1 Hist
FOU
208
FOU
iu barreau de Paris dans le cours de la
'évolution^ 1816, 111-8°. C'est la suite de
i'ouvrage qui précède. | Les Lois rurales
de la France rangées dans leur ordre
naturel, 1819, 2 vol. in-S"; | Recueil des
lois , ordonnances ^ règlemens , arrêts et
décisions cités dans les Lois rurales,
1820. Ce volume forme le troisième vo-
lume des Lois rurales^donl il est le com-
plément nécessaire.
FOURNI, royez FOURNY.
FOURMER ( Guillaume ), excellent
critique de Paris , professeur en droit à
Orléans, mit au jour en 1584, in-folio, De
verborum significationibus.
FOURIVIER ( Georges ), né à Caen, se
fit jésuite, et mourut à la Flèche en 1652,
à 57 ans. Ses principales productions sont
I une Hydrographie, 1767, in-fol. ; | Asice
descriptio, curante L. M. S., 1656, in-fol. ;
ouvrages bons pour leur temps , et qui
ont servi à en faire de meilleurs..
FOURIVIER ( Pierre-Simon ) , graveur
et fondeur de caractères , naquit à Paris
le 15 septembre 1712. Il excella dans son
art. Ses caractères ont embelli la typogra-
phie, ses lumières l'ont éclairée. Il publia
en 1737 la Table des proportions qu'il faut
observer entre les caractères, pour déter-
miner leurs hauteurs et fixer leurs rap-
ports. Cette table est une découverte ,
non-seulement honorable pour son auteur,
mais très essentielle aux progrès de l'art.
Cet habile artiste remonta jusqu'à la nais-
sance de l'imprimerie , pour la connaître
à fond. Il donna en différens temps divers
traités historiques et critiques sur l'origine
et les progrès de la typographie , dans
lesqiiels on voit un savant consommé
dans la matière qu'il traite. Ces différentes
dissertations ont été recueillies en un vol.
in-S", divisé en trois parties. La dernière
renferme une histoire curieuse des gra-
veurs en bois. Mais l'ouvrage le plus im-
portant de Fournie r , est son Manuel
typographique utile aux gens de lettres ,
et à ceux qui exercent les différentes
parties de l'art de l'imprimerie^ en 2
vol. in-8°. L'auteur devait y en joindre
deux autres ; mais il fut prévenu par la
mort en 1768. L'homme n'était pas moins
reoommandable en lui que l'artiste. Le
calme de son âme , l'esprit de religion
dont il était animé , répandait autour de
lui une joie douce et toujours égale. Il ai-
mait la retraite et le travail, et même avec
excès ; car ce fut sa constante application
qui causa sa mort. On a des épreuves des
différens caractères qu'il avait gravés,
dans son Manuel typographique. On y en
trouve môme pour la musique : il était
l'inventeur de ces sortes de caractères ;
et ils le disputent, pour la beauté , à la
musique gravée en taille-douce. C'est lui
quia péremptoirement réfulé M. Schœp-
flin qui avait attribué l'invention de l'im-
primerie à Guttemberg ( voyez ce mot ) ,
en montrant que Guttemberg ne s'était
point servi de caractères mobiles, mais
de planches gravées. Ce qu'il y a de re-
marquable, c'est que le passage même
dont M. Scliœpflin étayait son opinion , la
renverse de fond en comble. Voyez le
Journal historique et littéraire ^ 1'' juillet
1791 , page 527.
* FOURIVIER (Pierre-Nicolas), ingé-
nieur et architecte de Nantes , naquit à
Paris en 1747 d'un financier. Il commença
ses études au collège Duplessis ; mais les
désordres de sa jeunesse forcèrent ses pa-
rens à le placer dans un couvent , où il
paraît qu'il porta l'habit religieux pendant
quelques mois. Il embrassa ensuite la car-
rière des armes, et, après avoir servi
quelque temps dans le régiment de Colo-
nel-général , et dans celui de La Roche-
foucault , il entra dans l'artillerie royale ,
où il resta de 1770 jusqu'en 1783. Il se re-
tira à Nantes , où il se chargea de l'admi-
nistration du grand théâtre. Dès les pre-
miers symptômes de la révolution , il se
joignit aux Nantais qui se rendirent à
Rennes pour favoriser, disaient-ils , la li-
berté nationale. Après le 14 juillet, lors
de la formation des compagnies armées ,
il servit comme chef de bataillon dans
celle de Nantes. Il fut ensuite nommé
commissaire-civil de la force départe-
mentale, envoyée à Paris par le départe-
ment de la Loire-Inférieure , pour prêter
un appui aux représentans du peuple et
veiller au maintien de la liberté. Four-
nieret son détachement furent ensuite
requis pour aller combattre les Vendéens.
Revenu à Nantes avec les débris de sa
petite troupe, il s'y trouva le 30 juin 1793.
Lorsque cette ville fut assiégée par les
armées combinées d'Anjou et de Poitou ,
il défendit son poste avec obstination. Peu
de temps après , le gouvernement révo-
lutionnaire ayant été organisé , Fournier
fut compris dans les cent trente - deux
Nantais que Carrier envoyait à Paris , di-
sait-il, mais qui devaient être assassinés
sur la route. Il dut la vie , comme ses
compagnons d'infortune, à l'humanité de
Broussard , et ensuite à celle du générai
Danican , qui se refusèrent à cet ordre
FOL
209
FOU
barbare. A leur arrivée à Pari» , les Nan-
tais furent jetés en prison, où il» clenieu-
ri^rent pendant plus d'un an. Pendant sa
détention. Koiirnier publia des mémoires
où il retraçait les services qu il avait ren-
dus à la cause révolutionnaire. Il fut dé-
fendu a ver autant do léle que de talent
par rart.'ur lleaulieu. et acquitté avec les
autres Nantais, deux n»ois après la mort
de Robespierre. Il revint alors à Nantes,
où il ne s'occupa plus que des fonctions
d'inpénieur. Ayant trouvé quelques mé-
dailles romaines en faisant creuser un
aqueduc , il prit du ^oCil pour les antiqui-
té*, fit faire des fouilles, et découvrit plu-
sieurs monumens antiques , sur lesquels
il a écrit différcns Mémoires conservés à
k bibliothèque publique de Nantes. Il
avait aussi tracé le plan de cette ville telle
qu'elle était sous Henri III, et y avait joint
une savante dissertation. Il mourut dans
celte ville le 20 septembre 1810. Fournier
était archilectc-voyer de Nantes, membre
delà société des sciences, lettres et arts
de la même ville , et correspondant de
l'académie ceîlique.
•FOl'RMER(Cu*RLESouCLAtDE), pro-
priétaire et babitaiit de Saint-Domingue
né en Auvergne en 17/»5 , et surnommé
V Américain. k cause du long séjour qu'il
lit en Amérique . fut un de ces brigands
qui dés<ilèrent la France jjendant la révo-
lution. Il était à Saint-Uomingue vers 1772,
il y servit dans les dragons bUmcs pen-
dant 13 ans : ce qui ne l'empêcha pas de
se livrer à l'agriculture , surtout au com-
•nerce, et à l'art de perfectionner la fabri-
cation du tafia.donl il lit un nouveau genre
de commerce pour l'ile. Il gagna ainsi des
sommes immenses qui le mirent en état
de devenir lui-même propriétaire de plu-
sieurs fabriques. Sa fortune devenue co-
lossale excita l'envie des autres fabrirans;
telle est la cause des persécutions auxquel-
les il fut en butte pendant tant d'années.
Forcé de quitter Saint-Domingue après
avoir vu incendier ses propriétés, il
repassaen France où, après plusieurs dé-
marches,on lui offrit une indemnité pro-
visoire :il voulait une réparation complète
contre les autorités locales ; mais larévo-
luUoa qui survint lui ôla les moyens de
U poursuivre. Arrivé en France avant
la révolution , il se trouvait en prison au
conuncnrcu:ent des troubles, pour les
crimes qu'il avait commis. Mais les jHirles
des cachots ne lardèrent pas à s'ouvrir aux
crU de vive la liberté. Fournier fut bien-
Ifll remarqué par les chefs de la révolu-
tion, qui en firent un ahoijeur df. place«
et l'admirent ensuite dans le club des
Cordelier». Le 13 juin 1789, il avait été
nommé commandant des volontaires ;
mais il perdit cette i)lare à l'époque de
l'orgarnisation de la (;arde nationale. On a
prétendu que , lors de l'insurrection du
champ de Mars, le 17 juillet 17yi , M. de La
Fayette étant arrivé avec un faible détache-
ment de la garde nationale, pour faire ces-
ser le désordre, ce fut Fournier qui lui
tira à bout portant le coup dr pistolet
dont il faillit être atteint. Au 10 août, ii
eomniaiidait la horde des brigands dits
Marseillais . et fut un de ceux qui con-
tribuèrent le plus aux attentats commis
dans cette affreuse journée. Le palais de»
rois de France fut inondé de sang. Mais
par unii contradiction qu'on ne saurait ex-
pliquer, Fournier sauva là vie à i)lusieuis
personnes; ce n'était qu'une modération
passa;;ère. On l'a accusé aussi, mais sans
preuves suffisantes d'avoir j)ri3 part aux
massacres des prisons de Paris des 2
et 5 septembre. Chargé de conduire les
prisonniers d'Orléans à Versailles, il les
lit tous massacrer dans celte dernière
ville le 9 septembre 17'J2. Fournier fut
accusé , le 12 mars 1793 , par Bourdon de
l'Oise et Marat, d'avoir tiré un coup de
pistolet sur M. de La Fayette, et d'avoir
présidé aux massacres de septembre.
Celte accusation n'eut pas de suite. Après
le 18 brumaire , il fut arrêté et condamné
à la déportation; mais on se contenta de
le mettre en surveillance. Enfin il se
trouva impliqué dans l'affaire du 3 nivosu
( 24 décembre 1800 ), et fut déporté aux
ÙesdeSéclielles, d'où il parvint às'évader,
après avoir perdu tous ses compagnons
d'infortune, à l'aide d'une '.réole, qui ne
le quitta point dans ses malheurs. Il g'"!?*^
la Guadeloupe , fut employé par Victor
Hugues, son ami, qui y commandait,
sur les corsaires qui étaient à ses ordres,
et s'y distingua lorsque la toUuiie passa
sous la domination anglaise. En 1808. il
revint en France, fut arrêté de nouveau,
et se trouvait encore à La Force en 181G;
mais ayant demandé des juges, il fut re-
lâché et traîna sa pénible existence jus-
qu'en 1823 , qu'il mourut dans un état
voisin de lindigence. lia publié un Mé-
moire pour se juxtilier des massacres de*
prisonniers d'Orléans, et quelques autrea
brochures.
•FOURMEU S.\r.LO\ LSi: (FiiASiçoift),
comte, lieutenant-général, né eu <77.S,
dans le Pcrigord , mort au mois de jaU'
1».
FOU
210
FOU
vîcr 1827 , quitta l'étude du droit en 1792
pour embrasser la carrière des armes et
entra comme sous-lieutenant dans un ré-
giment de dragons ; il obtint la plupart
de ses grades sur le champ de bataille, et
était à 23 ans colonel du 12* régiment de
hussards. Fournier, quoique imbu des
idées républicaines , tolérait les opinions
dès autres, et au besoin les défendait :
c'est ce qu'il fit en 1798 , en poursuivant
une bande d'assassins qui avaient fait une
irruption nocturne dans le café de Gar-
chi , rue de Richelieu , pour attaquer des
hommes tranquilles , qu'ils accusaient de
royalisme. Le colonel Fournier , dans
cette lutte , reçut plusieurs coups de sa-
bre. Bonaparte voulut qu'il fit partie de
son corps d'armée d'Italie, et les bulletins
de l'armée répétèrent souvent le nom du
12* régiment de hussards et de son chef.
Ces éloges n'apportèrent aucun change-
ment à ses opinions politiques, et il blâ-
ma hautement les projets ambitieux du
■premier consul. Arrêté à l'Opéra sur l'o: -
drede Bonaparte lui-même, il fut conduit
dans son appartement, où l'on devait faire
devant lui l'inventaire de ses papiers ;
mais à peine y fut-il entré qu'il enferma
ses gardiens dans sa chambre et se sauva.
Il fut saisi quelques jours après , et jeté
dans la prison du Temple , où se trouvait
alors le chef d'escadron Donadieu que l'on
accusait d'avoir voulu de concert avec
lui assassiner Bonaparte. Aucune preuve
ne fut trouvée contre Fournier; on l'exila
néanmoins dans le Périgord. L'amiral Vil-
leneuve ayant été chargé d'une expédi-
tion en Amérique, Fournier reçut l'ordre
de l'accompagner. Au retour, il fut con-
liné de nouveau dans le Périgord , puis
on l'appela à partager les succès de l'armée
d'Allemagne. Avant la bataille d'Eylau,
Bonaparte lui dit : Colonel j. dans votre
affaire, il faut un baptême dé sang. Four-
nier se distingua dans cette journée , ainsi
qu'à Friedland où il fut nommé membre
de la légion-d'honneur et général de bri-
gade. Envoyé en Espagne sous les ordres
du maréchal Ney , il fit les campagnes de
d808 et de 1809 , et se défendit à Lugo ,
avec trois bataillons et deux escadrons
contre i'armée espagnole commandée par
le général Mahy. Ce qui lui valut la croix
(lofficier de la légion-d'honneur avec le
titre de comte. Eu 1812 il fît la campagne
de Russie , exécuta les charges les plus
brillantes à la bataille delà Bérézina. Le
grade de général de division et la croix
de commandant de la légion-d'honneur fu-
rent sa récompense. Quelques reproche»
adressés à Bonaparte, après les revers
de cette campagne, le firent arrêter et
envoyer à Mayence. Mais , avant d'arri-
ver , l'escorte qui le conduisait fut atta-
quée par des cosaques , et il se sauva. Le
bruit s'étant répandu qu'il avait passé
à l'ennemi , il se présenta à Mayence et
demanda des juges. Cette conduite , que
Bonaparte admira lui-même , n'empêcha
point sa destitution. Fournier , retiré en
Périgord, fut mis en surveillance illimitée.
Après la rentrée des Bourbons , il reçut
d'eux son grade et la croix de Saint-Louis.
Une servit point pendant les cent-jours, fit
partie de l'état-major de l'armée , et fut à
plusieurs reprises employé comme inspec-
teur-général de la cavalerie. Fournier Sar-
lovèse est auteur de Considérations sur la
législation militaire, imprimées en 1814 ,
dans lesquelles il prédisait d'une manière
positive que Bonaparte reviendrait de l'Ile
d'Elbe , et indiquait les moyens qui de-
vaient contribuer au succès de cette en-
treprise : cet ouvrage ne se distingue pas
moins par l'érudition que par le mérite
littéraire.
♦ FOUIIMER ( Joseph- Augustin de } ,
marquis d'Aultane, lieutenant- général ,
commandeur de l'ordre de Saint-Louis et
de plusieurs ordres étrangers, naquit à
Valréas le 18 août 1759 , d'une famille an-
cienne , illustrée dans la carrière des ar-
mes : il entra au service à l'âge de 16 ans ,
et se trouvait capitaine de grenadiers au !
commencement de la révolution. Il se fit :
remarquer par sa bravoure aux batailles
de Menin, Courtray, Vîdmy , fut appelé
à l'état-major-général de l'armée , et nom-
mé peu après général de brigade. Ami
du général Moreau , il partagea sa dis-
grâce et demeura plus d'un an sans em-
ploi. Chef d'état-major du 3*^ corps de l'ar-
mée d'Allemagne en 1805, il fit preuve de
la plus grande activité dans la marche de
l'armée , pour arriver à temps dans la
plaine d'Austerlitz,. Il se signala aussi par-
ticulièrement à la bataille d'Iéna , ou il
enleva plusieurs positions importante».
D'Aultane fit encore la campagne de Po-
logne où il se couvrit de gloire dans les
champs de Pultusk , et reçut le grade de
général de division le 31 décembre 1806.
Après la paix de Tilsitt, il fut nommé gou:
verneur de Varsovie. Ilsuivil l'arméed'Es-
pagne en qualité de chef d'état-major de
l'armée du centre, fut nommé gouverneur
de Tolède , et sa sagesse et sa modération
furent , pendant cette guerre , non moins
FOU
SU
FOU
-m counigo cl son expérience,
i taille de Toulouse , eu 1814 .
i'. lut employé coinuic inspec-
lour-gejvcral lorsqu'on voulut organUcr
nne armée dans le midi en 1815; il fut en-
core nommé chef dctat -major de l'armée
royalislc 50us les ordres du duc d'Angou-
léme. Cette expédition ne fut pas heu-
reuse : le général d'Aullanc fut chargé ,
pvir le duc dAngouléme , de se rendre au
Pont-Saint-Esprit pour négocier une ca-
pitulation d'après laquelle l'arraco serait
licenciée, et le duc d'Angoulémo pourrait
•'embarquer à Marseille. Celte capitula-
tion fut deux fois suspendue ; enfin , le
prince eut la liberté de s'embarquer à
Cette , et le général d'Aultane fut rappelé
à Paris où il reçut sa destitution , et fut
mis en surveillance. Au second retour du
roi , il fui nommé au commandenxçnt de
la 7* division militaire, qu'il n'accepta
point. Il est mort le 7 janvier 1828. Sa
probité pt son désintéressement l'ont gé-
néredement fait aimer et estimer, et les
archives de plusieurs villes , particuliè-
renM:nt de Ratisbonne , en onl conservé
le souvenir.
FOIÎRXIVAL ( SiHON ) , commis au se-
crétariat des trésoriers de France , a fait
un Recueil des titres qui les concernent ,
Paris , IGoii , in-fol. , qui est rare. Il a été
continué par M. Jeau-Léon duBourgneuf,
trésorier de France à Orléans , et impri-
mé en cette ville in-4°, 1745, 2 parties^
Ces collections ont une place dans les
grandes biblothèques.
FOIRNV ( HoxoBÉ CAILLE du ), au-
diteur de la chambre des comptes à Paris,
acquit une connaissance de l'histoire de
France, et des anciens titres et archives
qu'on garde à Paris . qui lui lit un nom ;
mais sa modestie et son zèle à obliger ses
amis le rendirent encore plus recomman-
dablc. Un de ceux avec qui il lia amitié,
fut le Père Anselme de la Vierge-Marie ,
augustin-déchaussc, qui avail publié en
1674 l'Histoire généalogique et chronolo-
gique de la maison de France, et des
grands officiers de la couronne. Du Four-
ny lui prodigua ses avis pour une nou-
velle édition, lui fit corriger un très grand
nombre de fautes , et lorsque ce religieux
fut uiort en 1694. il continua de travailler
i perfcctiormer ce grand ouvrage. Cepen-
dant, dans la nouvelle édition qui vit le
jour en 1712 , il voulut que les correct ions
parussent être toutes du premier auteur,
et il ne s'attribua que Ihonneur d'avoir
continué la suite des grards-officicrs jus-
qu'à celte année. L'abbé de Longuerue
l'a certainement ju^jé avec trop de sévé-
rité , quand lia dit : <> M. du Fourny était
B un bon humnte . incapable de vouloir
B tromper. Il savait sa chambre des coni-
» pies -, mais il ne savait que cela Son
B livre fourmille de fautes. On lui four-
> nissait des mémoires ; mais il ne savait
» pas assez reconnaître ce qu'ils avaient
» de défecteux. » Il est bien vrai que Du
Fourny n'a pas corrigé toutes Ips fautes
qui se trouvaient dans l'ouvrage du Père
Anselme. Mais quel est le critique , même
érudit et judicieux, qui, en fait de re-
cherches et de monumens plus ou moins
authentiques , puisse se flatter d« se dé-
terminer toujours avec certitude ? Du
Fourny mourut en 1731. Celte Histoire est
à présent en 9 vol. in-fol. , publiésdepuis
1726 jusqu'en 1733, par les Pères Ange et
Simplicien , auguslins-décbaussés , conti-
nuateurs de cette utile compilation; ils
ont mis le plus grand soin à distinguer
les pièces authentiques de celles qui no
l'étaient pas. Du Fourny mourut en 1731.
rOURQlJEY AUX (Raimond deBeccar ie
de PAVIE , baron de ) , était d'une bran-
che de l'ancienne famille noble de Bec-
carie de Pavie , retirée en France au temps
des guerres entre les Guelphes et les Gi-
belins, né à Toulouse en 1509; il com-
mença à servir au siège de Naples sous
Lautrcc, en 1528. Il commandait un
corps considérable d'infanterie grisonne
et italienne à la bataille de Marciano en
Toscane , l'an 1554 ; il y fut blessé et pri-
sonnier, et gardé 15 mois dans le fort de
San-Miniato à Florence. De retour en
France, il obtint le gouvernement de
Narbonne. On raconte qu'il se servit d'un
slratagcme assez singulier pour en chas-
ser plusieurs habitans mal-intentionnés.
Il fit publier que deux chevaliers espa-
gnols devaient se battre en champ-clos
hors de la ville. Il fit poser des barrières
pour les combattans, et dresser des écha-
fauds pour les juges. Tout le peuple étant
sorti de la ville pour assister à ce spec-
taclc , il en fil fermer les portes , et ne lais-
sa rentrer que les sujets fidèles au roi. 11
contribua beaucoup en 1562 à la déli-
vrance de Toulouse , dont les iiuguenots
s'étalent presque rentlus maîtres ; et
mourut chevalier de l'ordre du roi, à
Narbonoe , en 1574 , à 66 ans , après »voir
rendu des services impor:ansaux monar-
que» qui l'employèrent dans la province
du Languedoc. Fourquevaux est auteur
d un livre intitulé: f'iei de plusieurs
FOX
2i2
FOX
grands Capitaines français , imprimé à
Paris en 1643, in-i". Ces vies sont aunom-
Ijre de 14. Elles sont compilées fort exac-
tement d'après les historiens du temps :
c'est dommage que l'auteur n'en ait pas
rassemblé un plus grand nombre.
• FOURQUEVAUX ( Jean-Baptiste-
IlAiMoniDde PAVIEde ),né à Toulouse en
1G93 , servit pendant quelque temps avec
le grade de lieutenant d'infanterie, puis
emtrass^ la vie religieuse , et mourut au
château de Fourquevaux en 1768. On a
de lui : une pièce de poésie élégiaque
couronnée par l'académie des jeux flo-
raux en 1714, et plusieurs ouvrages de
controverse : \Lettre d'un prieur au sujet
de la nouvelle réfutation du livre des
Règles pour V intelligence des saintes
Ecritures ^Vd^ris, 1727, in-12; | Nouvel-
les Lettres sur le même sujets 1729 , in-12;
I Traité de la confiance chrétienne :. 1728
et 1731 ; | Catéchisme historique et dog-
matique j 1729 , 2 vol. in-12 , et Paris ,
1766, S vol. in-12, avec les suites. Son
Eloge se trouve dans les Nouvelles ecclé-
siastiques du 7 février 1769.
FOURRIER ou plutôt FOURIER (Pier-
re ), de Mathincourt , bourg de Lorraine
dont il était curé, était d'un autre bourg
nommé Mirecourt, où il naquit en 1563. Il
entra jeune parmi Its chanoines-régu-
liers, chez lesquels Use distingua par son
savoir et sa piété. Il établit deux nouvel-
les congrégations , l'une de chanoines ré-
guliers réformés qui enseignent, et l'au-
tre de religieuses pour l'instruction des
filles. Le pape Paul V approuva ces éta-
blissemens en 1615 et 1616. Il est difficile
de dire tout le bien qu'elles ont opéré et
qu'elles opèrent encore dans le monde
clirétien. Les religieuses , nommées com-
munément de la Congrégation de Notre-
Dame ^ sont particulièrement estimées
dans toutes les villes où elles sont établies :
elles y jouissent de la confiance bien mé-
ritée des parens pour l'éducation de leurs
enfans , et répandent l'instruction avec
l'amour de la vertu. Le Père Fourrier
mourut saintement en 1640. Il a été béa-
tifié en 1730.
FOURSY. Voyez FURSY.
FOX( Jbax ), né à Boston en 1517,
quitta l'Angleterre sous le règne de Henri
VIII pour professer le calvinisme en li-
berté. Il fit quelques voyages dans sa pa-
trie, et s'y fixa entièrement sous la reine
EUz,abeth. Il mourut dans un âge avancé.
L'ouvrage par lequel il est principalement
sonnu, est intitulé : Acla et rnonumenta
Ecclssice , en 3 vol. in-fol. , réimprimé
en 1684. Péarson lui reproche des erreurs,
de fausses citations , de mauvais raison-
nemens , etc. ; dans une tête échauffée
comme la sienne par les nouveaux dog-
mes, cela ne pouvait être autrement. Dans
sa jeunesse il avait cultivé la poésie , pour
laquelle il avait quelque talent. On a de
lui plusieurs pièces de théâtre. Jacques
Bienvenu a traduit le Triomphe de Jésus-
Christ^ Genève, 1562, in-4°, rare. Son
fils Samuel Fox a écrit sa vie qui a été im-
primée en télé des actes et monumens de
l'église.
FOX ( Georges ) , fondateur de la secte
des Quakers ou Trembleurs ^ né au vil-
lage de Drayton dans le comté de Leices-
ter , en 1624 , n'avait que 19 ans , lorsque
sa tête s'élant singulièrement exaltée, soit
par quelque accident particulier, soit par
un effet de son tempérament , il se crut
tout d'un coup inspiré de Dieu , et se mit
à prêcher. Vêtu de cuir, dejjuis les pieds
jusqu'à la tête, il allait de village en vil-
lage , criant contre la guerre et contre le
clergé. Son ignorance dans les lettres hu-
maines ne l'embarrassa point. Quoique
fils d'un ouvrier en soie, et qu'on ne
lui eût appris d'autre métier que celui de
cordonnier , il s'était appliqué de bonne
heure à parler le langage de l'Ecriture et
de la controverse. Il avait de la mémoire
et de l'enthousiasme. Les provinces de Lei-
cester, de Nottingham et de Darbi , furent
les premiers théâtres de ce sombre char-
latan. Il donna aux aveugles enthousiastes
qui le suivaient, le nom d'enfans de la
lumiè?'e. Ayant comparu à Darbi devant
les juges , il les prêcha si fort sur la né-
cessité de trembler devant le Seigneur ,
que le commissaire qui l'hiterrogeail s'é-
cria qu'il avait affaire à un quaker ^ c'est-
à-dire trembleur en anglais , nom qu'on a
donné depuis à cette secte. Fox s'associa
des femmes ; ayant connu dans la prison
de Lancastre la dame Fell , veuve d'un
illustre magistrat de cette province , il lui
inspira ses erreurs et l'épousa. Le patriar-
che du quakérisme emmena avec lui sa
prosélyte en Amérique, l'an 1662. Elle
partagea les fonctions de son ministère ,
et fit valoir ses extravagances. Il y eut,
chez les sots et les dupes , les mêmes suc-
cès qu'il avait eus dany une partie de l'an-
cien monde. Ce succès lui persuada (]iiu
si l'Europe , l'Asie et l'Afrique ne sétaienl
pas encore rangées sous ses étendards,
c'est qu'elles l'ignoraient. Il écrivit donc
à tous les souverains des lettres insensées,
FOX
SIS
FOX
f{u*on paya du plus prufond mépris. Fox,
revenu en Aiiglelorrc , ronlinua do ré-
pandre «es riHcrii's, i-t mourut en 1681.
Peu de temps avant sa mort , il compusa
on (jrosvoUiine sur sa l'iccl sci.Uissions;
pour le rendre plus mystérieux , il défen-
dit par son testament do l'imprimer. On
peut voir ce qu'en dit le Père Calrou dans
•on Histoire des Trembleurs , i)ubliéc en
KTSZ ( voyez BARCLAY , RoBKnï). Dans
une réiH)nsc faite aux quakers qui, en
1791 , étaient venus dans l'assemblée na-
tionale de France, Mirabeau réfuta leurs
prinripes en ces termes : Vous ne prête»
> point, dites-vous, de sermens : mais
• vous vous trompe/, ; un serment n'est
» qu'une promesse faite à Dieu ; la con-
» science d'une âme pure est un temple de
» la Divinité, et , en promettant sur votre
» conscience, vous faites intervenir Dieu
» dans vos paroles... Le san(; humain n'est
» jamais versé par vous sur la terre : tou-
» chante philosophie! mais prenez garde ;
» ne seriei-vous pas dans une erreur que
» la vertu vous cache? Auriez-vous per-
» mis que ces hordes de sauvages, qui
» errent dans les déserts de l'Amérique ,
» eussent porté le massacre dans la paci-
» lique Pensylvanie, qu'ils eussent égorgé
» vos femmes , vos cnfans , vos vieillards,
» plutôt que de sauver ces vies si chères
• en donnant la mort à des meurtriers ? »
On sait qu'un écrivain trop fameux a com-
paré le christianisme naissant à la secte
des quakers. \J\\ si étrange parallèle pour-
rait faire soupçonner qu'il avait lui-même
de forte» dispositions au quakérisme.
Quand la secte des quakers aura subjugué
les piiilosophesetlesrois; quand elle aura
détruit toutes les autres religions, et cela
dar.s im siècle aussi éclairé que celui
d'Auguste ; quand durant 18 siècles elle
■ lira eu le suffrage de tous les bons esprits,
le aura pour elle un grand argument.
est à ceux qui savent apprécier les pos-
- lulités et pressentir l'avenir, à pronon-
r si le fanatisme des trembleurs aura
] unais ces succès. Les écritsde Fox ont été
rcunis en 3 vol. in-fol. : le premier contient
f'jn Journal, le second sa Correspondance.
' troisième ce qu'il a écrit sur sadoctrine,
\>'jelques personnes ont prétendu qu'il
n'était pas réellement l'auteur de ces dif-
férens ouvrages ; mais ses sectateurs sou-
tiennent que tout ce que ce recueil rtn-
f'-rme de plus admiraLle est rccUemcnl
lie leur patriarche.
• FOX {Cn\Ri.ES-JACQiEs), liommed'é-
tat et orateur distingué de la chanjbre des
communes , naquit au mois de janvier
17&8, de Henri Fox, premier lord Hol*
land , que ses talens firent élever au mi-
nistère de la guerre, sous le règne de
Georges II , et qui fut long-temps dans la
chambre des communes, l'antagcMiistc do
William Pitt, depuis comte de Chatam.
Charles Fox , montra de bonne heure des
dispositions heureuses, et lit ses études
avec un grand succès au collège d'Elon,
d'où il passa à l'université d'Oxford. Son
père trop vivemi-nt flatté des brillans dé-
buts du jeune étudiant , eut la faiblesse
de ne i>as réprimer la passion du jeu qui
se développa en lui de bonne heure , et
qui plus tard, détruisit sa fortune. Sui-
vant l'usage des anglais de distinction ,
Charles Fox , après avoir terminé ses étu-
des, voyagea sur le continent, et se fit
remarquer dans plusieurs capitales par un
goût excessif pour la parure, qui s'unis-
sait en lui à une certaine originalité d'es-
prit. Plus tard lorsqu'il eut acquis des
titres réels à une grande réputation , il
remplaça cette élégance recherchée dans
ses habits , par luie simplicité qui tenait
de la négligence. Durant son séjour au-
delà des Alpes , il se livra à des études sé-
rieuses , et fit des progrès dans la langue
et la littérature italiennes. Il n'avait que
vingt ans, lorsque son père, impatient de
le voir figurer sur la scène politique, le
lit nommer membre de >a chambre des
communes. Son début fut loin d'annoncer
qu'il figurerait un jour parmi les orateurs
les plus fougueux de l'opposition. C'était
l'époque où Wilkes , député de Middlesex,
détenu arbitrairement dans la prison du
banc du roi, réclamait sa rentrée au par-
lement. Fox combattit sa demande et n'en
fut félicité que par le ministère. Mais sous
le rapport du talent , il fut applaudi du
public , et le cliancelier de l'Echiquier,
pour le récompenser, le nomma payeur
de la caisse des veuves et des orphelins ;
et ensuite lord de l'amirauté puis de la tré^
sorerie. Partisan du système ministériel
jusqu'en 1772 , il se lia vers cette époque
avec quelques membres de l'opposition ,
et entr'aulres avec Burke , qu'il a de-
puis appelé le plus beau génie de l'Angle
terre au 18* siècle. La mort de son père
qui arriva en 1774, leva tous les obstacles
qui jusqu'alors avaient arrêté l'essor in-
dépendant de ses opinions. Les reproches
du ministère ne firent qu'occélérer ce
changement conforme à la franchise na-
turelle de son caractère. I^ discussion sur
le bill relatif au serment du TeH, lui offrit
FOX 214
r-occasion de défendre les maximes de to-
lérance religieuse professées par l'opposi-
tion , et il vola dans un sens contraire au
{jouvernement. Le ministère irrité , le
destitua.de sa place de lord de la trésore-
rie. Fox, très sensible à celte disgrâce,
essaya de s'en consoler par les distractions
dune vie dissipée , qui eut bientôt con-
sumé son patrimoine, et il n'hésita plus à
passer dans les, rangs de l'opposition. La
guerre de l'indépendance Américaine lui
offrit une occasion de se venger du minis-
tère. Il soutint que les colonies avaient le
droit de se taxer elles-mêmes, et il an-
nonça les conséquences funestes de l'obsti-
nation du gouvernement. « Alexandre le
■ Grand, disait-il, n'a pas conquis autant
» de pays que lord Norlh aura eu le talent
» d'en perdre dans une seule campagne. »
Ayant pénétré, durant un voyage qu'il iit
en France, les intentions hostiles du ca-
binet de Versailles, il en revint plus
affermi dans son système d'opposition , et
il ne cessa de se prononcer contre les
mesures qui tendaient à soumettre les
rebelles par la force des armes. Cette
conduite et un duel qu'il s'attira par une
vive sortie contre les députés qui aban-
donnaient l'opposition , lui acquirent la
faveur du peuple , et , en 1780 , malgré
tous les obstacles que lui suscita l'influence
de la cour, il fut élu représentant de
Westminster. Devenu le chef de l'oppo-
sition , il ne laissa aux ministres aucun
moyen de se maintenir, après la capi-
tulation de lord Cornwallis , fait prison-
nier par les insurgés américains. Fox
accusa l'administration, non seulement
d'impéritie, mais de trahison. Un nouveau
ministère ayant été formé en 1782, il y
entra comme secrétaire d'état des affaires
étrangères. Bientôt la mort de lord Rockin-
gham , ayant fourni à la cour vm prétexte
l)our composer un ministère qui lui déplût
moins, Fox parut oublier ses principes, en
se rapprochant de lord North qu'il avait
long -temps combattu avec si peu de mé-
nagement , violant ainsi la promesse so-
lennelle qu'il avait faite de ne jamais
s'allier avec un seul personnage apparte-
nant au cabinet de lord North. Nommé
tme seconde fois secrétaire d'état , il parut
de nouveau en contradiction avec sa con-
duite passée , en adoptant pour conclure
la paix générale signée en 1783 , les préli-
minaires arrêtés précédemment par lord
Shelburne , et qu'il avait désapprouvés
comme membre de l'opposition. Fox se vit
loul-à-fail abandonné par l'opinion publi-
FOX
que , lorsqu il eut appuyé par un discours,
regardé dureste, comme un chef-d'œuvre,
un bill destiné à faire dépendre entière-
ment du ministère, la direction des affai-
res de l'Inde, enôtantàla compagnie sa
charte, sous prétexte de punir les malver-
sations. Le bill passa malgré les efforts de
Pitt ; mais le roi trouvant que les minis-
tres allaient trop loin, le fit rejeter par la
chambre haute , et changea son ministère.
Cependant telle est l'inconstance de l'opi-
nion publique , que le nom de Fox rede-
vint populaire dans le nouveau parlemei\l
qui fut convoqué, dès qu'il se fut opposé
à l'établissement de quelques taxes nou-
velles. En 1780, il appuya avec Pitt et
Burke la proposition qui fut faite d'abolir
la traite des noirs. L'année précédente le
roi Georges III avait eu une première at-
taque de cette maladie qui finit par aliéner
totalement sa raison. Fox qui voyageait
alors en Italie , revint précipitamment à
Londres, et soutint avec force que la ré-
gence appartenait de droit à rhéritiei
présomptif de la couronne. Le prompt
rétablissement du roi frustra les espéran-
ces que l'opposition avait fondées sur le
prince de Galles. En 1790 , Fox combattit
le projet qu'avaient les minisires de dé-
clarer la guerre àla Russie et à l'Espagne ,
et Catherine II fut si contente du discours
qu'il prononça à cette occasion, qu'elle
voulut faire sculpter son buste alln de le
placer entre ceux de Démosthènes et de
Cicéron. Lorsque la révolution française
éclata. Fox y applaudit avec chaleur, ce
qui amena sa rupture avec Burke, dont
il ne put jamais, malgré ses instantes
prières, recouvrer l'amitié. Malgré sa
sympathie pour les réformateurs fran-
çais , il demanda que le parlement inter-
vînt en faveur de Louis XVI , auprès do
la Convention. Il s'opposa néanmoins en
1795 , à la déclaration de guerre contre la
France , et cette opinion indisposa contre
lui la chambre tout entière , et lui enleva
de nouveau presque toute sa popularité.
Le jeu et les paris avaient entièrement
ruiné sa fortune. Son opposition l'éloi-
gnait du pouvoir, et il ne lui restait
d'autre consolation que l'espoir de lecou-
vrer la faveur populaire. Dans une fêle
qui lui fut donnée par les Wighs , pour
l'anniversaire de sa naissance , il osa por
ter un toast au peuple souverain ! ce qui
le fit immédiatement rayer de la liste des
conseillers privés du roi. La paix signée
en 1801 , lui permit de voyager en France
où il reçut l'accueil le plus distingué.
FOY
213
FOY
î.or!tquc Pill immrut en 1800 , Fox fut
noininé proiuitT ministre. Toujours ani-
mé du désir d'otablir avi-c la France des
relations amicales, il nvail cnlamé n Pa-
ris une né(;<Hialioii qui promelluil d'heu-
reux ril-sullals , lors(ju'une hydropisic de
)X)itrinP l'enleva le 13 seple-nbre de la
m^nio année. Des Iionneurs extraordi-
naires furent rendus à sa mémoire. On
ensevelit ses restes dans l'abbaye de
^^'rstminster ; et le prince de (ialles de-
I rui régent lit i)lacer .son buste dans la
lie du conseil. Fox est un des orateurs
les plus éloquens dont l'Angleterre s'ho-
nore ; une simplicité lucide, une dialec-
tique nerveuse, et quelquefois une véhé-
mence enlrainanle faisaient le mérite de
ses discours. Son talent était soutenu par
une vaste érudition . et il possédait à fond
Ks langues grecque et latine. On doit re-
gretter que ses qualités éminentes aient
été ternies par la passion du jeu et les
h&bitudes d'une vie dissipée. Comme
Mirabeau, Fox prétendit allier rexlrême
irré{jularité des mœurs et les travaux de
riiomme d'état. L'intempérance de. sa vie
altéra sa santé naturellement robuste et
hâta le terme de ses jours. On a de lui :
I Lettre aux dignes et indéperulans élec-
teurs de la cité de ff^esttninster. 1793 ;
I Histoire des deux derniers rois de la
maison des Stuart . Londres. 1808, in-8" ;
cel ouvrage n'est pas terminé. On a aussi
publié un recueil des discours de Fox,
dans la chambre des couimuncs, Londres,
1814,6 vol. in-8°.
FOX-MORZILLO, Foxus Morzillus
(Sébastien), né à Séville en 1528, fit
ses éludes en Espagne et dans les Pays-
Bas, et s'acquit de la réputation par ses
ouvrages. Pliilippe H, roi d'Espagne,
l'ayant nommé pour être précepteur de
l'infant don Carlos, il quitta Louvain , et
alla s'embarquer pour étr« plus tôt auprès
du prince: mais il lit malheureusement
naufrage , et périt à la fleur de son âge.
On a de lui des Commentaires sur le Ti-
mée et sur le Pliédon de Platon, in-fol.,
cl plusieurs autres ouvrages remplis d'é-
rudition.
• FOY (Lours-EriEMXE de), chanoine
de Meaux , né à Angles , mort en 1778 , a
laissé : | les filtres du baron de Busbeck.
ambassadeur de Ferdinand II auprès de
Soliman If. clc, traduites du latin et cn-
richi.,s de remarques historiques, 17/t8,
3 vol. in-1'2; ] Traité des deux puissances.
ou Maximes sur l'abus, 17î»2 , in-12;
I Protpectui d'une Description historique.
géoffraphique et diplomatique de la
France, 17:)7 , in-4" ; | Notice des dipli^-
mes. des Chartres et des actes relatifs à
liristoirc de France, t. 1, 176S , In-fol.
• FOY (lM.\xiMii.iK\-SKB\snE:<) comte,
lieutenant général des aruiécs françaises,
et député de l'Aisne, naquit à Ham, dé-
parlement de la Somme en février 1773,
Desthié à la carrière militaire , il entra ,
en qualité d'élève, à l'école d'artillerie do
La Fèrc dès l'âge de 15 ans. Nommé en
1702 lieutcnanl en second au troisième
régiment d'artillerie, il fit ses première*
aruies sous les ordres du général Dumou-
riez, et obtint eu 1793 le grade de capi-
taine dans la 12* compagnie d'artillerie à
cheval. Après la retraite de Belgique , il
servit sous les généraux Dampierre, Jour-
dan, Pichegru et Houchard, qui tous ren-
dirent à sa valeur et à ses talens les plus
honorables témoignages. Partisan modéré
des idées constitutionnelles, il ne pul voir
sans horreur les excès de la révolution ,
et il s'en expliqua avec la franchise d'un
soldat. Joseph Lebon, si célèbre par ses
sanglantes exécutions, le regardant comme
un ennemi de la république , le fil jeter
dans les prisons de Cambrai, et traduire
au tribunal révolutionnaire de cette ville.
Foy , qui avait fait entendre des paroles
hardies au cruel proconsul , déploya la
même assurance devant ses juges, qui se
contentèrent de le renvoyer en prison jus-
qu'à plus ample informé. Rendu quelques
mois après à la liberté, et réinstallé plus
tard dans son grade, il fit dans l'armée de
Rhin-et- Moselle , les campagnes de 1795 ,
1796 , et 1797, cl se distingua au passage
du Rhin à Diersheim le 1" floréal an 5 ,
par une manœuvre hardie qui favorisa
l'établissement de l'infanlcric française
sur l'autre rive du fleuve. Blesse griève-
ment par un boulet au fort de l'action , il
fut nommé chef d'escadron sur le champ
do bataille. Profitant pour étendre son
instruction des loisirs de sa convalescence,
il étudia le droit public des nations sous
le célèbre professeur Koch de Strasbourg.
Envoyé au printemps de 1798 avec son
régiment rejoindre l'armée il\-/ngleterre
rassemblée sur les côtes du Nord , il re-
fusa la place d'aide-de-camp que Bon{^
parte lui fil offrir. L'année suivante il
servit dans l'armée de Suisse commandée
par le général Masséna , auquel il sut ii»-
spirer la plus haute cstin>e. Après avoir
combattu en Allemagne, il passa en Italie,
c( fut chargé du commandement de la
ville Je Milan. U vtMia Naplcs et Home «t-
FOY
ton{ ce que le pays offre de curieux, et
revint en France vers l'époque de la paix
d'Amiens avec le grade de colonel du
5*^ régiment d'artillerie à ttheval. Foy était
lié avec Moreau, et ses relations avec ce
général firent planer sur sa tête quelques
soupçons dans le fameux procès de Geor-
ges. Lorsque Moreau fut mis en jugement,
on présenta à la signature de Foy , qui
était alors chef d'état-major du camp
d'Utrecht, une adresse au premier consul,
ou la conduite du vainqueur de Hohen-
linden était incriminée; mais il refusa
d'y donner son adhésion. « Je ne signerai
» jamais , s'écria-t-il , une pièce qui dé-
» signe tels ou tels individus comme au-
» teurs de conspirations ; parce que je suis
» militaire, et que je ne suis pas juge. »
Vers le même temps, la question de l'éta-
blissement du gouvernement impérial
ayant été soumise au suffrage de l'armée,
comme à celui du peuple , Foy osa voter
contre le nouveau titre , qui , selon lui ,
allait détruire le prestige attaché au nom
de Bonaparte. Napoléon , instruit de ces
actes de résistance auxquels il était peu
accoutumé, ne cessa pas pour cela d'em-
ployer Foy ; mais il le laissa neuf années
dans le grade de colonel. Foy après avoir
pris part en 1805 à la campagne d'Autriche,
et commandé dans le Frioul l'artillerie
du corps qui y était stationné, fut envoyé
en 1807 à Conslanlinople à la tète d'un
corps de 1200 canonniers que Napoléon
envoyait comme auxiliaires au sultan
Sélim contre les Russes et les Anglais. Sur
ces entrefaites une révolution ayant éclaté
dans la capitale de l'empire ottoman, les
canonniers revinrent en France; mais
Foy poursuivit sa route ; et achevant heu-
reusement sa mission , il fortifia les Dar-
danelles et fit mettre en position un grand
nombre de batteries qui forcèrent l'en-
nertii à se retirer. De Constantinople il
passa en Portugal, et se trouva à la bataille
de Vimîiro , of» il fut blessé. Nommé gé-
néral de brigade le 3 septembre 1808, il
se distingua dans toutes les affaires qui
eurent lieu pendant celte campagne. Dans
celle de 1810, où il fut blessé, il défit avec
six cents hommes trois mille Espagnols à
Arrago-del-Gorco en Estramadure ; et dans
une autre reiicontre on le vit avec douze
cents fantassins et trois cents chevaux
résister pendant une marche de six lieues
au corps du général O' Donnel, composé
de sept mille hommes d'infanterie et de
deux mille cavaliers , et sans cesse atta-
qué, ne-làisser à l'ennemi que des morts.
àl6 FOY
Choisi par le maréchal prince d'Esling
pour aller expliquer à Bonaparte la posi-
tion difficile où se trouvait i'armée fran-
çaise , le général Foy, après avoir faiHi
périr en route, parut devant l'empereur,
qui frappé de la manière dont il lui remli»
compte des opérations de l'armée, le prit
en estime , et le nomma général de divi-
sion. Pendant les campagnes de 1811 et
de 1812, le général Foy , chargé du com-
mandement de plusieurs divisions, sembla
malgré ses fatigues et ses nombreuses
blessures, redoubler de courage et d'ac-
tivité. Alabataille de Salamanque,il coxi-
vrit , à la tète de l'arrière-garde, la retraite
de l'armée , et eut plusieurs engageraens
avec l'ennemi jusqu'aux bords du Duero.
En 1813 , il prit d'assaut la place de Cas-
fro-Urdiales, défendue par une forte gar-
nison espagnole, et par une escadrille
anglaise ; et après la perte de la bataille
de Viltoria , il rassembla les débris de l'ar-
mée française , et occupa le défilé d'Ar-
douin qu'il ne quitta que sur l'ordre ex-
près du roi Joseph. Après avoir renforcé
Saint -Sebastien, il repassa la Bidassoa
sans avoir laissé à l'ennemi ni un homme,
ni un canon, ni un fusil. Grièvement
blessé à la bataille d'Orthez, le 27 février
181/t , il fut retenu au lit jusqu'après la
déchéance de Bonaparte, et le rétablisse-
ment du trône des Bourbons. Louis XVIII
le nomma successivement inspecteur-
général de la 14' puis de la 12* division
militaire, chevalier de Saint-Louis, grand
officier de la légion d'honneur, et comte
Ces faveurs du gouvernement royal ne
l'empêchèrent pas de se ranger après le
20 mars sous les drapeaux de Bonaparte.
Chargé , à la bataille de Waterloo , du
commandement d'une division d'infan-
terie , il y reçut sa quinzième blessure.
Foy rentra après la seconde restauration
dans la vie privée, chercha dans Tétude
un délassement de ses fatigues, et entre-
prit d'écrire l'histoire de la guerre et de
la révolution d'Espagne. Nommé en 1819
inspecteur-général d'infanterie dans les
2*^ et 16"= divisions militaires, il fut élu dé-
puté le 11 septembre de la même année
par le département de l'Aisne. Il prit
place au côté gauche de la chambre , et
s'éleva bientôt au rang des premiers ora-
teurs de la France. Si son opposition au
ministère fut violente , elle parut dû
moins toujours loyale et consciencieuse;
le talent s'unissait en lui à un noble ca-
ractère , et ses inspirations les plus élo-
quentes étaient puisées dans un schtifnetkt
FOZ
S17
FHA
\.»Ué d'honneur français qui trouvait de
U sympathie dans tous les partis. Foy
lutta ouvertement contre le gouverne-
ment des Rourbons ; mais il ne conspira
j*mais.L'l il csl probable que ses vœux en
politique n'nllaiont pus au-delà de l'uvi'--
lurnu-nt d'un minislèro libéral. La Franru
entière admira la chaleur entraînante de
ses discours, la verve brillante de ses im-
provisations , aussi bien que le vaste sa-
voir et les coimaissances variées qu'il dé-
ploya dansloscombatsjournaliersdela tri-
bune. Quand son mandat de député expira
en 1823, les collèges de Paris , de Saint-
Quentin et de Vervins lui accordèrent si-
multanément leurs suffrages pour la ses-
sion de 182.'». Son /.èle et son éloquence pa-
rurent s'accroître encore dans ce dernier
I iode de sa carrière. Mais ses forces phy-
[nes ne répondirent pas à l'énergie de
son àme. Atteint d'une affection du cœur,
un voyage qu'il fit dans les Pyrénées no
put lui rendre la santé. Les émotions qut:
lui fit éprouver l'accueil qu'il reçut dans
plusieurs villes de France, hâtèrent les
progrès du mal. Les soins empressés que
les médecins lui prodiguèrent après son
retour à Paris furent impuissans pour le
sauver, et il succomba le 28 novembre
1825. Ses funérailles furent célébrées avec
une grande pompe. L'opposition s'était
donne rendez- vous à cette lugubre céré-
monie, et plus de 50,000 personnes y as-
sistèrent. Des discours furent prononcés
sur sa tombe par MM. Casimir Perrier ,
Uéchin , Ternaux et le général MioUis.
Plusieurs écrits en prose et en vers furent
Tubliés à sa louange, et une souscription
.t ouverte dans toute la France pour
ter ses enfans et pour ériger un moim-
■nt à sa mémoire. On a du général
'y : 1 Hisloire de la guerre de la Péniiv-
de sous Napoléon, précédée d'un ta-
'■•OH politique et militaire des puissances
(liyérantcs. Paris, 1827, k vol. in-S"; on
a>sur« que cet ouvrage a été rédige par
M. Tissol s'ir de simples notes du général
Foy. I Dt 'cours du général Foi/. précédés
d'une notice biographique par M. Tissot .
d'un éloge par M. Ltienne ^ et d'un essai
ir l'éloquence politique par M. Jay .
'■ iris, 182j. 2 vol. in-S".
• FOZIO ( JosEPU ), en latin Fotius, jé-
5'iile italien, professeur de rhétorique,
• 'i'.DSophie et de théologie dans le^
de son ordre à Rome, \t\x\i vice.
: le la maiyjn professe de cette ville,
.en 1G0<) , mort vers 1676 , a donne un
crit inîitulé : Informatio pro ten. servo
Dei Tgnatio Azehcdo et sociis in odium
/ùiei iuterfpctis ab lurretiei.1. Home, 1662,
in-i". II a traduit en italien : | la f i> de
saint François de Sales par lu cardinal
Franciolli , Rome, 1662, in-8" : | T His-
toire sainledu P. Nicol. Talon, Bologne,
1649, in- 12 , ] et plusieurs autres ouvrages
ascétiques.
FUA-B\STIE\. royez SÉBASTIEN.
FRACVSTOR (JérÔ>ie), naquit à Vé-
rone vers l'an 1483 . avec des lèvres si fort
allacbées l'une à l'autre, qu'il fallut qu'un
chirurgien les séparât avec un rasoir. On
dit que, dans son enfance, sa mère fut
écrasée de la foudre, tandis qu'elle le tenait
dans ses bras , sans qu'il en fût atteint. Ses
progrès dans les sciences et les beaux arts
furent rapides. II cultiva surtout avec beau-
coup de succès la poésie et la médecine.
Le pape Paul III, voulant transférer d'Al-
lemagne en Italie le concile de Trente , se
servit de lui pour y engager les Pères; et
ce fut alors que le concile fut transféré à
Bologne. Fracastor mourut d'apoplexie à
Casi, près de Vérone , en 1553, à 71 ans. Sa
patrie lui fit élever une statue 6 ans après.
Fracastor était en relation avec les meil-
leurs littérateurs de son temps , et en par-
ticulier avec l'illustre cardinal Bembo. Il
était digne de ce commerce par les quali-
tés de son cœur. Exempt d'ambition, con-
tent de peu , il mena une vie saine et
joyeuse. Il parlait peu ; mais lorsqu'il était
en société avec ses amis , sa conversation
était aussi gaie qu'animée. Dans la méde-
cine , il s'attachait à la guérison des ma-
ladies extraordinaires. Fracastor est prin-
cipalement connu par l'élégance avec la-
quelle il écrivait en latin. Son poème in-
titulé : Syphilis, sive de morbo g allie o .
ouvrage dans le goût des Gcorgiques de
Virgile, n'est point indigne de l'auteur
qu'il a imité. Il a obtenu plus de 20 éditions.
La versification en est riche et nombreuse,
les images vives , les pensées nobles. On
en adonné en 1753, in-12, une traduction
en français avec des notes : elle est attri-
buée à Macquer et à Lacombe. Il a aussi
été traduit en italien. Il nous reste plu-
sieurs autres ouvrages de ce poète méde-
cin; [De slellis liber unus . 1535-1338,
in-S''; I De sympathia etantipathia rerum.
1640, qui a eu plusieurs éditions; | Fra~
castorius sive de anima Dialogus. (►n le<;
a recueillis à Padoue en 1735, en 2 v<.l. in-
4". Lvs poésies avaient été imprimées sé-
parément dans la même ville en 1718,
in-8".
ir. ACIIETTA ( JêrGmb ) , de Rovigo
19
FRA
218
FRA
en Italie , se fit un nom par ses ouvrages
de politique. Le plus considérable est : Il
seniinario de Governi, di Slato e di Guer-
ra^ 1648, ia-i°. Il mourut à Naplcs, au
commencement du dlx-septièn>e siècle. Il
demeura quelque temps à Rome , où i!
fut char(Té par la cour d'Espagne de di-
verses affaires; mais son esprit satirique
l'obligea de quitter cette capitale. Nous
avons encore de lui une traduction ita-
lienne du poèfne de Lucrèce , avec d'excel-
lentes remarques sur l'épicurcisme.
* FRA-DIAVOLO, ou Frère Diable.
dont le véritable nom est Michel Pozza ,
naquit à Itri, vers 17G0. S'élant mis à la
tète d'une troupe de brigands , il désola
pendant long-temps la Calabre. Lorsque
les Français envahirent le royaume de
Naples, Fra-Diavolo prit le parti du roi
et leur fit la guerre. Le cardinal Ruffo ,
après avoir forcé , en 1799 , les Français
à évacuer le royaume de Naplcs , lui ob-
tint le pardon du passé et le brevet de
colonel ou de chef de masse insurgée. De-
venu tout à coup un autre homme, il ne
s'occupa que de bien former sa troupe , fit
la campagne de Rome , s'y distingua par
son intrépidité , et obtint plusieurs ré-
compenses. Lorsque les Français, sous la
conduite de Bonaparte, eurent occupé
Naples une deuxième fois, il fut chargé
de réunir ses camarades , et il se retira à
Gaiile. Le souvenir de son ancien métier
lui fit commettre quelques désordr'js dans
celle ville, d'où il fut chassé par ordre du
prince de Her.se-Philippslhal, qui en était
gouverneur. Après avoir erré quelque
temps dans la Calabre, il se rendit à Pa-
lerme , où il prit part à l'insurrection or-
{janiséepar le commodore Sydney Smilli.
Ayant débarqué à Sperlonga , il délivra
sur son passage tous les malfaiteurs dé-
tenus dans les prisons , pour en grossir sa
troupe, et marqua sa route par le meurtre.
le vol et l'incendie. Atteint par les Fran
çais, il se défendit avec courage , et par-
vint à s'échapper ; mais il fut trahi par
un paysan, arrêté à Saint-Severino , et
jConduit à Naples , où il fut exécuté le 6
novembre 1806 , sur la place du marché,
en présence d'une foule immense. Sa mort
est devenue le sujet d'un opéra.
*FRAGOI\ARD (Nicolas), peintre,
né à Paris vers 1732, fut élève de Boucher,
Il adopta la manière affectée de son maî-
tre , en mettant toutefois plus de noblesse
et de poésie dans ses compositions. Après
avoir remporté le grand prix, il alla étu-
dier à RoiTi*; lise lit recevoir àson retour
membre de l'académie de peinture, en
présentant son tableau de Coresus et Cal-
lirhoé\ qui fit concevoir de lui les plus
hautes espérances ; mais ilaban-lonnabien-
tot les compositions d'histoire pour les
tableaux erotiques , qui lui obtinrent la
vogue et qui lui valurent une certaine
opulence. La révolution la lui ayant fail
I)erdre , il cessa dès lors de pehidre , el
mourut à Paris , en 1806, dans un état
voisin de la misère.
FRAGUIER ( Claude -François ) , de
l'académie française et de celle des belles-
lettres , naquit à Paris le 28 août 1666. Les
Pères laBaune , Rapin , Jouvenci , la Rue
et Commire lui inspirèrent le goût des
belles-lettres, et surtout de la poésie. Il
prit l'habit de jésuite en 1683 , et le quitta
en 1694 , soit qu'il fût convaincu que ce
n'était pas sa vocation, soit que ses supé-
rieurs ne crussent pas qu'il eût l'esprit
de l'état religieux. L'abbé Bignon chargé
de présider au Journal des savans . en-
gagea l'abbé Fraguier à partager ce tra-
vail , auquel il paraissait propre par ses
connaissances , et surtout parce qu'il pos-
sédait différentes langues. Renfermé chez
lui , dans un âge peu avancé , par des in-
firmités continuelles, il s'occupa d'une tra-
duction de Platon , que sa santé l'obligea
d'abandonner ; mais il jjublia un poème sur
la philosophie de ce Grec , intitulé : Ecole
de Pîaton. Il y montre un grand respect
I)our ces vieux pédagogues, qui ont donné
des leçons qu'ils ne pratiquaient guère,
leçons qui elles-mêmes n'étaient pas tou-
jours sages , et respiraient ou la vanité ou
la corruption des auteurs, et qui dans tous
les cas étaient sans ressort et sans sanction
( rof/ez PLATON , LUCIEN , SOCRATE ,
ZENON, etc. ). Ce poème et les autres
poésies de fabbé Fraguier se trouvent
dans le Recueil de celles de Huet , publié
en 1729 , in-l2 , par les soins de l'abbé
d'Olivet. On a encore de fabbé Fraguier
î)lusieurs Dissertations , insérées dans les
î\lémoires de l'académie des belles-lettres.
Il mourut d'apoplexie en 1728 , âgé de G2
ans. Le célèbre Huet et d'autres savans
illustres avaient été ses amis, mais ses
liaisons avec Ninon de Lenclos et son en-
thousiasme philosophique qui allait jus-
qu'à faire f éloge du pédéraste Socrate ,
éloignèrent de lui les hommes vertueux.
FRAL\ (Jean), seigneur du Tremblai,
né à Angers en 1641 , membre de l'acadé-
mie de cette ville , mourut en 1724. Sa
conversation était celle d'un homme qui
avait beaiw<»»rt '•* mais trop entêté de
FAA
SiO
FRA
-es Id^cs. Sur la lin de ses jours il devint
l>res(iuc misanthrope. Ou a de lui plu-
ticursTraiU'S de morale sulidonionti'crils:
l .XouveauJC Essais de morale, in-1'2;
Traité lie la vocation chrétienne drs
m/ans ; I Conversations morales sur les
/fujc et les tlivertissemens ; \ Traité ilc la
confiance en Pieu.
• FllAMEllY (NicotAS-ETiENXE). né h
liiucii le 25 mars 1745, mort à Paris le
;. novembre 1810, cultiva tout à la fois la
; lésie. l'art drauialique et la musiciuc, et
. publié dans ces différens genres plu-
sieurs ouvrages qui ne sont pas sans mé-
rite. Il a composé : | Mémoire sur le Con-
servatoire de musique , 1775 ; | Le musi-
len pratique, traduit de l'italien de d'A-
7.>pardi. 2 vol. in-S", 178G; c'est un traité
«.le contre-point que l'on dit fort médio-
cre, et dont cependant M. Cboron adonné
une nouvelle édition en 1823 , 1 vol. in-
8" ; I Lettre à l'auteur du Mercure ( dans
le Mercure de septembre 1776 ) où il se
déclare contre la musique de Gluck ;
I .4vis aux poètes lyriques . ou de la né-
cessité du rhythme et de la césure dans
les hymnes . 1780, in-8° ; | Discours cou-
ronné par l'institut sur cette question :
analyser les rapports qui existent entre
la musique et la déclamation . et déter-
miner les moyens d'appliquer la décla-
mation à la musique sans nuire à la mé-
lodie. 1802, in-8"; | JVotice sur Joseph
Haydn. Paris. 1810. in-S"; | De l'organi-
sation des spectacles de Paris, 17ÎM, in-
8° ; [ Za première partie du Dictionnaire
de musique de l'Encyclopédie méthodi-
que, avec Ginguené. Il rédigea le Jour-
nal de musique en 1770 et 1771 , in-8" :
Framery fut le premier qui parodia en
français quelques opéras italiens : les
pièces qu'il a parodiées sont la Colonie,
V Olympiade . V Infante de Zanwra et les
deux Comtesses. Il réussit assez bien
dans ce genre de travail qui demande
beaucoup d'esprit et surtout l'esprit de
critique. 11 avait à peine 18 ans. lorsqu'il
donna aux Italiens sa Nouvelle Eve, dont
b représentation fut défendue par ordre
de la police. Il Gl paraître ensuite (\a-
nctte et Lucas, musique du chevalier
a'Herbain; il retoucha et fit remettre en
M énc le yicaise de Vadé; il donna en
1783 la Sorcière par hasard, opéra-comi-
i\\v' flont il avait fait la musique et les
^. Enfin, im concours ayant été ou-
'ir les drames lyriques, F'ramcry
prix pour son opéra de Médce.
chini qui mourut avant d'avoir commencé
son travail : ce fut Krnmeryqui se char-
gea de ce soin ; la pièce n'a jamais été re-
présentée. Parmi les attires production»
lilléraires de Framery on compte | La
pureté de l'âme, ode couronnée k Rouen,
1770 : I quelques romans; \ une traduo
tion littérale en prose de la Jérusalem dé"
livrée. Paris, 1785, 5 vol. in-18. et un
autre du Roland furieux. Paris, 1787, 10
vol. in-12 : ces deux traductions ont été
faites en société avec Patickouke.
FIIA\C ( Martiv le ) . prévôt et cha-
noine de Lausanne , puis secrétaire de
l'antipape Félix V et du pape Nicolas V,
était d'Aumaleen Nortnandie, selon Fau-
chct. 11 ptiblia un mauvais livre ( contre
le roman delà Rose ) intitulé: Le Cham-
pion dis Dames. Il plaide assez mal leur
caase ; cependant l'édition de Paris, 1530,
in-8'', est recherchée des personnes fri-
voles, ainsi que son Estrif de la Fortu-
ne et de la Vertu. Paris, 1519, in-i".
FR.WC (Jean-Jacques le), marquis
de Pompi'inan . premier président de la
cour des aides de Montauban, membre de
l'académie française , etc., né en 1709 , à
Montauban , oti il exerça d'abord la char-
ge d'avocat général à la cour des Aides ,
et succéda ensuite à son père et à son
oncle dans la première présidence de ce
tribunal. Il avait obtenu aussi une place
de conseiller d'honneur au parlement de
Toulouse , distinction extraordinaire et
même unique. Son goût pour les lettres
lui fit quitter bientôt toute espèce de
fonctions publiques, et il vint à Paris
jouir des succès que lui avaient déjà mé-
rités quelques-uns de ses ouvrages. Il
avait débuté sur la scène tragique en 1734
par sa pièce imitée de Metaatitse, de Di-
don. qui s'est long-temps maintenue au
théâtre. Depuis cette époque tous les mo-
mens de loisir que ses emplois lui avaient
permis de prendre avaient été consacrés
à l'élude. Il s'est fait un nom très dis-
tingué dans divers genres de littérature.
Bien différent de nos écrivains moder-
nes, il s'était nourri de tous les sucs de
la saine antiauité, et avait puisé dans le»
mêmes sources où s'étaient abreuvés, si
l'on peut hasarder cette expression, le»
Racine, les Despréaux, les J. B. Rous-
seau. Le latin, le grec, l'hébreu, ces trois
langues qu'on peut regarder comme le»
trois fleuves de l'ancienne érudition,
étaient familières à M. de Pompi;;nan : il
y joignait l'italien et langlai». On peut
dont la musique devait être faite par Sac- | dire , sans craiale d'être dciueoti par tout
FRA
220
FRA
connaisseur impartial , que M. de Pom-
pignan est le poète français qui approche
le plus de J. B. Rousseau , pour le talent
d'exprimer en vers les beautés des pro-
phètes- Quoiqu'un grand poète, descendu
de sa sphère pour sacrifier à sa passion,
et se montrer le plus petit des hommes,
ait dit : Sacrés ils sont, car personne n'y
touche; celte plaisanterie n'empêchera
point que les Poésies sacrées de M. de
Pompignan ne reçoivent à jamais un juste
tribut d'admiration. On sera toujours frap-
pé de l'ode où Isaie nous peint les om-
bres hautaines des Souverains de l'E-
gypte renversées dans les enfers, sous la
main de Dieu; et de plusieurs autres
remplies d'expressions nobles, d'idées
vastes et sublimes. Partout on y retrouve
le poète instruit, l'homme qui possède
toutes les richesses de sa langue , point de
faux éclat , le terme propre , la rime con-
servée dans son exactitude. Voilà ce qui
distinguera toujours M. de Pompignan de
tous ces rimailleurs qui se sont avisés de
vouloir imiter J. B. Rousseau. Ses Poé-
sies diverses n'étincellent pas de beautés
aussi frappantes. Mais sa tragédie de Bi-
don est sans contredit une des meilleures
qui aient paru sur le théâtre français. Son
T'oyage de Languedoc ^^\&in. d'agrément,
de variété et d'intérêt , inférieur à celui
de Bachaumont et de Chapelle du côté de
la naïveté et de l'aisance, mais supérieur
par la correction, la noblesse et la poésie,
a paru moins occuper l'attention du pu-
blic que sa traduction des Géorgiques^
ouvrage généralement applaudi, devenu
plus célèbre encore par l'espèce de lutte
qu'il a essuyée contre celui de M. l'abbé
Delille, et les parallèles multipliés qu'on
a. faits des deux traductions. « La manière
» de M. Delille, dit un critique juste et
» éclairé, doit paraître plus brillante, et
M cela par un défaut qui a généralement
» réussi aux poètes de ce siècle : c'est la
méthode de travailler en marqueterie,
» par de petites phrases morcelées , et en
» isolant leurS' vers. Cette méthode , qui
6 détruit, à la vérité, l'harmonie générale
» d'un ouvrage, qui empêche d'en sentir
» les liaisons, d'en saisir Tensemble , et
» d'en suivre la marche, a de grands avan-
» tages pour briller aux yeux des lecteurs
J» superficiels , dont l'attention décousue
V et le goût de détail ne peut voir et juger
» qu'un petit objet à la fois. La manière de
» M. de Pompignan , plus simple , plus
» naturelle, plus conforme en général à la
» marche des idées et aux phrases périodi-
B ques du poète latin , plaira peut-être
» davantage aux connaisseurs qui sentiront
» un peu mieux dans ses vers le goût pur
» et vrai de l'antiquité ; d'autant plus qu'on
» n'aura point à lui reprocher ce clinquant
» antithétique, ces bluettes du bel-esprit,
» ces tours maniérés, ces petits agrémens
B sans grâce , et ce vermillon éblouissant
» dont M. l'abbé Delille a souvent enlu-
» miné la muse de Virgile. » Sa traduc-
tion ^Eschyle et de quelques dialogues
de Lucien est d'une perfection qu'il sem-
ble difficile de surpasser ; peu d'écrivains
ont mieux gardé les règles de la traduc-
tion , et mieux conservé l'esprit des au
teuis traduits. Il a donné en 1784 ses OEu-
vres complètes^ Paris, 6 vol. in-S°, très
belle édition. On souhaiterait qu'il eût
fait un choix, et qu'il n'eût point associé
aux titres d'une gloire solide, des baga-
telles qui ne peuvent en rien y contribuer.
On est» surtout fâché d'y trouver la PnV?re
universelle ^ pièce remplie de maximes
fausses, que l'auteur, par une complai-
sance mal entendue , a traduite de Pope,
à la sollicitation de quelques Anglais, faux
amis qui l'imprimèrent à son insu, et que
lui-même , par une tendresse mal placée
envers cet enfant illégitime , n'a pas eu lo
courage de supprimer. Il n'avait jamais
eu dans resi)rit les principes qu'elle ren-
ferme , et en général il est difficile d'al-
lier d'une manière plus étroite le génie
avec la religion, avec le respect des
mœurs, et les égards dus à l'honnêteté et
à la décence. On chercherait en vain
dans ses épîtres et dans ses Discours phi-
losophiques^ ce ton d'aigreur et de cynis-
me, qu'un coloris séduisant n'est pas ca-
pable d'adoucir; ces maximes hardies qui
défigurent toutes les notions ; cet appa-
reil de sentiment qui n'échauffe que l'i-
magination et laisse le cœur froid. On y
trouve en revanche des traits de force et
de lumière, des leçons de morale , des rè-
gles de goût qu'on peut adopter sans crain-
dre de s'égarer. Tout ce que le poète y
débite est toujours daccord avec les vrais
principes. Qu'on lise avec attention son
Epitre sur la décadence de la littérature
franç-aise , on y reconnaîtra sans peine le
danger des travers qu'il condamne, la né-
cessité des préservatifs qu'il leur oppose,
la sagesse des réflexions quil présente ; on
y admirera surtout un athlète vigoureux,
luttant avec avantage contre les cham-
pions de la nouveauté et du mauvais goût.
C'est un spectacle bien noble que celui
d'un académicien, qui, au milieu de sa
FRA 121
compacnîc, ose rappeler le» lettres à
leur preiniirc dlîiiile, élever la voix eu
faveur île la pairie et tles niKurs , et ilé-
feiiilre la fi»i île 5es pères, sans que, ni les
iimriiuires d'une parlie tlel'aîiseinblée, ni
la surprise et liii(li{ïrjalioii qui éclatent
Mir le visage de certains auditeurs, ni les
u'fTonls sévères qu'on lui lance, puissent
i KerlerTinlrépide avocat d'unecause
U'. Oppose?- à ce tableau celui d'un
i; -wlicureux vieillard qui a fondé sa répu-
tation sur la ruine de la religion et des
mœurs, égayant ses dernières années par
de coupables facéties, et rappelant toutes
SCS forces pour jeter de la boue au visage
de son respectable confrère, parce qu'il a
eu l'audace d'exposer en pleine académie
les senlimeris d'un hoanétc homme et
d'un bon citoyen . Un homme d'esprit l'a
appelé le dernier des Romains. II mou-
rut le 1" novembre 1784, dans son châ-
teau de Pompiguau, où il était retourné
pour se soustraire à la tourbe philosophi-
que qui le persécutait. M. de Sancy a con-
sacré ces vers à sa mémoire :
Pr^t «le Rni-.ttcau Le Franc cit au sacT^ rallon ,
Favori de Minerve ainii que d'Apollon ,
Rien ne peut ternir la rarmoire ,
El icn triomphe est affensi :
Voltaire fut «on enoeioi ,
C'ctt on nouveau litre à M gloire.
Outre les ouvrages dont nous avons parlé,
SCS Lettres qui sont en très grand nombre ,
et dont on se propose de faire la collection,
ne seront pas le moindre titre de sa gloire.
« Cet écrivain, dit l'abbé Maury, dans un
» Discours où d'ailleurs il ne lui a pas
» rendu assez, de justice, semble amollir
■ son style et s'attendrir au nom de l'aml-
» tié, dont il a la rordialité, l'abandon,
» les aimables irii[uiétudes. Ce qui dans
t> l'art décrire lui a le moins coûté, sera
9 peul-éire ce qui honorera le plus sa mé-
» moire ; et il aura ce trait de resscm-
» blance avec le chancelier d'Aguesseau ,
t- dont il fut chéri et estimé, que ses lettres
» seront un des plus beaux monumens de
» ses travaux et de son génie. »
FIlA\C(JEA>-GEOMtt:s le), marquis de
Pompignan, frère du précédent, ne à
Montauban le 22 février 1715 , évéque du
l'uY en Velay en 1743 , archevêque de
^ iiirie en 1774, est mort à Paris le 30 dé-
'Tc 1790, après avoir long-temps servi
1 I .jlise par son ztle, édilié la France par
ics vertus, etcclairé par ses savans écrits,
dont les principaux sont : | Questions di-
verses sur l'incrédulité . in-12; ouvrage
très bien écrit, quoique d'une manière
FIIA
un peu prolixe, et plusieurs fol* réim-
primé. Il y examine , 1" s il y a l>eaucou|>
do véritables incrédules ; 2" Quelle e»t
l'origine de linen-dulilé ; 3" Si les in-
crédules sont des esprits- fort» ; 4" .Si
l'incrédulité est compatible avec la pro
bile ; 5° Si elle est pernicieuse à l'étal.
Toutes ces questions sonl traitées avec
autant de profondeur que de sagess--,
I L'Incrédulité convaincue par les J*n>-
pliéties, Paris, 17:i9, 3 vol. in-12. L'ai-
complissemcnt des prophéties , dans l'ex-
position claire et précise qu'en fait le sa-
vant prélat, en fixe le sens, et met la vé-
rité de la religion dans le plus grand jour.
I La Religion vengée de l'incrédulité par
l'incrédulité elle-même, Paris, 1772, in-
12. Il a l'avantage d'y combattre des en-
nemis qui se détruisent eux-mêmes par
les contradictions et les absurdités qu*;
renferment leurs systèmes comparés les
uns avec les autres ; il n'a besoin, pour les
terrasser, que des propres traits qu'ils se
lancent eux-mêmes, et il en fait résulter
le triomphe le plus complet et le plus
glorieux pour la cause qu'il défend ; | La
dévotion réconciliée avec l'esprit. 1754, in-
12. II y prouve, contre les détracteurs de
la dévotion, qu'elle s'allie très bien avec
l'esprit des belles-lettres, des sciences,
du gouvernement, des affaires et de so-
ciété. I Le véritable usage de l'autorité
séculière dans les matières ,qui concer-
nent la Religion. Avignon, 1782, in-lL'.
4'édit. On y trouve la même solidité qui
caractérise les ouvrages du savant évêquo
duPuy; car tous ces ouvrages ont été
publiés avant qu'il ait été élevé sur lesiég ^
de Vienne : il trace avec précision la lig i
de démarcation qui sépare les deux poi;
voirs. 11 a paru oublier les principes (piil
y établit , lorsqu'il a voulu jouer un rolo
dans ce qu'on appelait mal-à-propos l'^-Zv-
scmbléc nationale de France; mais il e^'
à croire qu'il ne prévoyait pas jusqu'c i
les choses seraient portées. « Trop bon .
» dit l'abbé Barruel , pour soupçonn'T a
» quoi tendaient ceux qui ont abusé de s.i
» faiblesse, il se laissa entraîner par co
» parti, qui le fit, pour quinze jours, pré-
» sident de l'assemblée , qui lui valut en-
» suite le ministère dj la feuille. Il fut à
» la cour ce qu'est un honnête homme
• qui dit son avis, mais qui , sans nerf et
» sans vigueur, se contente de gémir, de
» pleurer, quand il voit prévaloir des de-;
• seins pernicieux à l'Eglise. Il fut un tl
»ces hommes qui, par crai île du bruit ,
• n'osent pas même souffler quand l'en-
19.
FRA 222
» nemi est aux portes, qui se rangent
» même sous ses bannières, sous prétexte
* de l'engager à faire moins de mal : il
" lui eu a coûté , je ne dirai pas des re-
» mords , mais des larmes amer es , qu'il
» ne répandait même qu'en secret et en
» présence de ses amis. Il avait peur qu'on
«> ne sût aux Jacobins qu'il avait pleuré
» sur les maux de l'Eglise. Il est mort pour
» avoir étouffé sa douleur. Bossuet l'eût
» exhalée; et la cour, et la ville , et nos
» législateurs auraient su que la peur n'é-
» touffe pas la voix dos Chrysoslôme de-
» vant les précurseurs du schisme et de
» l'hérésie. Bossuet n"eût pas tenu sous
» le boisseau ce trait de lumière échappé
» depuis long-temps à Rome sur la con-
» stitution prétendue civile du clergé. Je
» le sais de ceux mêmes qui ont vu et lu
«la lettre du pape à M. dePompignan(i).
> Elle en disait assez pour décider notre
» opinion sur cette malheureuse consti-
» tution du clergé. La politique Ta tenue
» secrète ; je rcproclie à cette politique
» les sermens de tous ceux que la mani-
» feslation du bi'ef adressé à M. de Pom-
» pignan en aurait détournés. Nous sou-
» hailons que Dieu ne fasse pas au prélat
> mort le même reproche. La peur excuse
K tout, mais c'est la peur même qui a be-
> soin d'excuse, et Dieu seul connaît celles
» qui peuvent la rendre pardonnable dans
» un prêtre. »
• Fll/VÎVC ( N.... Le ) , prêtre eudiste ,
ancien supérieur des eudistes de Caen ,
élail du nombre de ceux qui furent mas-
sacrés au couvent des carmes, le 2 sep-
tembre 1792. Il avait publié deux ouvrages
intitulés : | le P^oile levé pou?' les curieux^
ou Secret de la révolution révélé à l'aide
de la franc-maçonnerie ^Va.ris, 1791, in-8° ;
I Conjuration contre la religion catholique
et les souverains, Vàvis, 1792, in-8". Le
Franc avait fait des recherches sur les
iiommes célèbres du Cotentin ( Manche ),
et en communiqua le Manuscîit, en 1792 ,
au célèbre abbé de St.-Léger ; celui-ci lit
beaucoup de notes critiques sur ce travail.
Ce Manuscrit est probablement perdu.
(:) Cette lettre ne fut troave'e dans les papiers de
7il. de Porapigniin qu'après sa mort. Cependant il
n'est rien de plus vrai que cette excuse des prêtres as-
sermentés , fondée sur le silence prétendu du sonve-
raio pontife sur la constitution civile du cierge. L'.tu-
t«'ur de cette note atteste avoir entendu dire à beau-
toup de pn'tres qu'ils n'avaient prêle' serment que
parce que le saint Père avait refusé de répondre. Si
CCS mêmes ecclésiastiques ont persiste depuis dans
tsur termcol, c'est qu'un abîme en appelle uo autre.
FRA
FîlAiVCESClïIM ( Mvnc-AxTOiXE ),
peintre bolonais, naquit en 1648. Il fui
l'élève de Cignani. Il .saisit tellement le
goût de son rnailre , que celui-ci lui con-
fia l'exécution de ses principaux ouvrages.
Ce peintre mourut en 1729 , après s'être
fait une réputation étendue.
FUANC-FLOilE. ^oijez FLORE (Fn.\.\--
çois ).
FRAlVCni (Nicolas), ou plutôt NI-
COLO FRANCO, poète satirique, nalif de
Bénéve.nt vers 1509 , l'ami , ensuite le ri-
val de TArélin , attaqua counne lui les vi-
vans et les morts, et en fut récompensé
comme lui , si ce que nous avons dit à
l'article Jrétin, est vrai. Pie V l'ayant
fait arrêter, il fut pendu à Rome en 1369.
Si l'on en croit le Ghilini,il écrivait avec
beaucoup de délicatesse en vers et eu
I)rose; mais il est vrai seulement que
Franco écrivait des infamies et des or-
dures avec beaucoup de facilité. Son ima-
gination était fécqnde en horreurs. Il se
déchaîna avec fumeur contre le pape Paul
in , contre tous les Farnèse, contre les
Pères du concile de Trente, contre Char-
les-Quint, etc. On a de lui : | plusieurs
Sonîiets sur l'Arétin . qui furent impri-
més avec la Priapeia , 1548, in-8" , de
225 pages; | Dialogi piacevoli ^ Venise,
1542 , in-S" ; | // Tenipio d'amore ; \ Dia-
logo Suella Belloezza. On a imprimé en
1777 la Vie de Nicolo Franco, ou les Dan-
gers de la satire , Paris , in-i2.
FR AINClîI ( VixcE^r ) , président du
conseil royal de Naples , sa patrie , et cé-
lèbre jurisconsulte , morl en 1601 , à 70
ans, a pul)lié : Decisiones sacri regiicon-
siliineapolitani , in-fol.
FRA.XCUÏM (François), né à Co-
scnça en 1495, suivit Charles-Quint à l'ex-
pédition d'Alger , et allia Blars avec le.9
Muses. Il fut ensuite évoque de Messa,
puis de Populania , et mourut en 1554.
On lui doit quelques Dialogues , et d'au-
tres petits ouvrages écrits avec assez d'a-
grément. Les meilleures pièces de' Fran-
chini se trouvent dans les Carmina illus'
trium poetarum de Toscano , et dans les
Deliciœ poetarumitalorumde J. Gruter.
FRANCL\ ( François RAIBOLINI , dit
Le ) , peintre bolonais , mort le 7 avril
1553, à 68 ans, excellait dans le dessin,
et fut un des premiers artistes de son
temps dans l'art de graver des coins pour
les médailles. On prétend que Raphaël
lui ayant adressé un tableau de Ste.-Cé-
cile ^ pour le corriger et le placer dans
une église de Florence, Francia fut si
FRA
S25
I l\A
frapiu'i do 8vi lu'aulo . que la jalousie dé-
i-iiorôc en di's«s|>oir . orcMiona sa dcr-
i.ièrc nialndiorl sa mort.
FRWr.ISOn:. i.iintrc. f oi/r-r MILK.
l-KWr.HS ;' PiKBRK FRANZ, plus
ronnu soiis lo nom de ) , professeur d'é-
. Hiuencc, d'histoire et de grec à Ainster-
i.iin . sa patrie, né en 16&3, voya{îea en
Ani;letorre. en France et en Ilalic. Il
jouissait dune réputation assez, étendue
1 «rsquil mourut en 1703 , à 58 ans. On a
'»• lui : ( Rfcueil de poésies , 1697, in-12.
(.0 Recueil ronlieot des poésies héroïques
où il y a trop peu d'élévation, des é{jIo-
pues , dos éléjjies et des épi{îranimcs ;
c'est dans ces deux derniers genres que
; ranci us a réussi, surtout dans les épi-
; ranimes. | Des Harangues . 170.-). in-8°.
Des OEuvres postlniines. {lOd . in-S".
FKWCK ou FRANK de FRANKENEAU
Georges), médecin, naquit à Naum-
■ ourg en 1643. A l'âge de 18 ans, il fut
I réè poète couronné à léna : il mérita cet
lionneur par sa grande facilite à faire des
vers alieniands , latins . grecs et hébreux.
Dans la suite, il devint successivement
professeur en n)édecine à Ileidelberg et à
M'iitemberg , d'où le roi de Danemarck ,
Christiern V, le lit venir à sa cour : il
fut honoré , à son arrivée , des litres de
nifdirin du roi et de conseillcr-aulique.
I.'i'.iiiuTiur Léopold ajouta celui de comte
l\ilalin en 16U'i. Ses ouvrages imprimés
'•ut : I Flora Franc ica . in-12; | Satijrce
nedicœ; \ plusieurs Lettres. Il a aussi
! lissé un grand nombre de manuscrits
;ui méritaient de voir le jour. L'acadé-
mie Leopoldine , celle des Ricovrati de
Padoue , et la société royale de Londres ,
?e l'étaient associé. Il mourut en 170i , à
61 ans.
FH A.\CIv ( Ai'gcste-Hermax ) , théolo-
gien allemand, né à Lubeck en 1665, lit
une partie de ses études à Leipsick. Il y
fonda , avec quelques-uns de ses amis ,
;me espèce de conférence sur l'Ecriture-
•ainte, qui subsiste encore sous le titre
!•; Collcgimn Philohiblicum. Devenu mi-
islre à Erfurt. il fut obligé de sortir de
■ ctte xille en 1691. Le fanatisme que res-
l'iraient ses sermons lui attira cette ex-
■■ lusion. L'électeur de Brandebourg l'ap-
; !a dans ses états : il s'y rendit, et fut
-, r. f. ^scnr de grec et des langues orien-
' 1.-. I Halle, puis de théologie en 1698.
i> est dans celte ville qu'il fit la fondation
i!c la Maison des orphelins. Cette maison
, rospéra tellement, qu'il y avait, en
.7i7, il96 jeunes gens, cl plus de 130
pr <rptciir<. On y donnait à manger à
près de 600 pauvres, soit étudians, soit
orphelins. L'empirisme et les rharlntane-
ries d'un certain Basc«low contribticrent
depuis à lui faire perdre sa réputation.
Franck mourut en 17!27, à ùk ans. On a
de lui : | des Sermons et des livres de dé-
votion . en allemand ; | MctUodus studii
theolngici; \ Tntroductin ad lectionnn
Prophetarurn ; | Commcnfalio de scnpo
lihrorum Veteris et IS'ovi Testamenri;
I Maniuluctio ad Icctionfni Scripdirœ sa-
crœ ; \ Ohservationes bililicœ. Les préju-
gés de secte qui réglaient les jugemens
de l'auteur ont empêché qtie ses ouvra-
ges ne fussent répandus hors des pays du
Nord.
FRWCK (Snio'v), né à Jemmapes,
près de Liège, en 1741, se distingua dès
le premier âge dans l'éloquence et dans la
poésie latine, comme on le voit par les
pièces diverses insérées dans les Jfusre
Leodienses , 1761 et 1762, 2 vol. in-8°.
Dans le premier de ces recueils, on dis-
tingue un poème épique sur l'établisse-
ment du christianisme au Japon, plein
d'épisodes , d'images et de comparaisons
heureuses, et de très beaux vers, qui a
été réimprime à la suite de la Vie de l'A-
potre des Indes , Liège , 1788. Parmi les
pièces du second volume , on remarque
l'ode : In impios seculi nostri scripton-s.
Ayant embrassé l'état ecclésiastique , et
s'élant livré a\ec une ardeur extraordi-
naire aux fonctions du saint ministère , il
mourut dans sa patrie en 1772, dune ma-
ladie contagieuse, qu'il avait contractée
en visitant les nialades, avec uny.èle égal
à ses. autres vertus... Qu'il soit para lis à
l'auteur de cet article de dire :
ÎManibni date lilia picais.
Hi« «illcm accuraulem dooit , tl fuDgir inani
Munere. JEni.lQ. VI.
FRA\r>KK\Ri:Rr. f ABnAHAMde) , sei-
gneur de Ludwigsdorff et de Schwirse
dans la principauté d'Oels, se livra au
fanatisme d'une secte obscure et mépri-
sable. Il passa la plus grande i)artiede sa
vie à Ludwigsdorff, où il était né en
li>93, et où il mourut en 16o2. On ado
lui un grand nombre de livres extrava-
gans , en latin et en allemand, remplis
de rêveries des Boéhmisies ; | une fie
de Jacques Boehm, fondateur de cette
secte : | Vita veterum Sapicnttini ; \ .Xosce
te ipsum . etc. Il y a dans ces derniers ou.
vragcs quelques vérités triviales, noyées
dans le verbiage, el mêlées à diverses ep»
reurs.
FRA
224
FRA
•FR VNCKEXBEUG (Je\n- Fîenri-Fer-
DixAXode ), cardinal, archevêquode Ma-
lines, né le 18 seplcmbre 1726, à Glogau
enSilésie, d'une famille distinguée , /il
ses études chex les jésuites. II se voua à
l'état ecclésiastique, passa à Rome pour
suivre les cours de lhéolo{jie et de droit
canon au colléfro germanique, et fut or-
donné prêtre le 10 août 1749. Il prêcha
devant Benoit XIV la veille de la Tous-
saint , et fut reçu l'année suivante doc-
teur en droit canon. En lllik, il fut nommé
chanoine de la collégiale de Toussaint à
Prague , et en 1753 doyen de l'église des
saints Corne et Damien à Breslau en Si-
lésie. Marie-Thérèse lui dorma en 1759
l'archevêché de Malines , le titre de con-
seiller d'élat et la grand'croix de l'ordre
de Saint-Etienne. Le nouveau prélat dé-
ploya tout son zèle dans son diocèse , et
prêcha souvent à Malines , à Bruxelles et
à Louvain ; il se levait à cinq heures du
matin , célébrait chaque jour les saints
iTiystères et joignait la méditation à de
fréquentes prières. Ses règlemens pour
son diocèse, ses exhortations à ses sémi-
naristes et à son clergé , ses instructions
réitérées au peuple qui lui était confié ,
sa constante assiduité aux offices de l'é-
gUse , tout annonçait combien il était pé-
nétré de ses devoirs. Pie VI l'éleva au car-
dinalat le l" juin 1778 , et jusqu'en 1780
son administration fut aussi calme qu'heu-
reuse. Mais la mort de l'archiduc Charles,
gouverneur des Pays-Bas, et ensuite celle
de Marie-Thérèse, changèrent totalement
la face des affaires; Joseph II qui succéda
à sa mère , voulut faire des réformes , et
rendit sur les matières ecclésiastiques une
foule d'édils et ordonnances aussi con-
traires à la religion qu'au repos de l'état.
Le cardinal ne pouvait garder le silence ;
il présenta lui-même à Joseph, alors dans
les Pays-Bas , un mémoire sur l'inconve-
nance de ses réformes et plusieurs autres
sur les édits rendus. Mandé à Vienne en
1787 pour y rendre compte de sa con-
duite , il parla avec respect , mais avec
une généreuse liberté, et au bout de quel-
ques mois il lui fut permis de retourner
dans son diocèse. On espéra d'abord que
Joseph ferait droit à l'opposition du clergé,
et il parut un moment disposé à ne pas
exiger l'exécution des mesures qu'il avait
prescrites ; mais né avec un carcatère ar-
dent, il se roidit ensuite contre les obsta-
cles, et donna un nouveau décret pour
l'ouverture du séminaire général. Le car-
dinal refusa uon-sculcment d'y envoyer
ses théologiens, mais il porta un jugement
doctrinal contre cet établissement. Accusé
en cette occasion de désobéissance, il ren-
dit en 1788 un décret pour recommander
la soumission à l'église et au prince, mais
en même temps il adressa de nouvelles
représentations au gouvernement pour ré-
clamer les droits de f église et des évêques
sur l'enseignement. L'empereur mécon-
tent lui ordonna de se rendre à Louvain
pour s'assurer de l'orthodoxie des nou-
veaux professeurs. Le cardinal en fit
l'examen en présence de deux théologiens
qu'il s'était adjoints, et il prononça que la
doctrine enseignée était répréhensible
sur plusieurs points et n'était point or-
thodoxe. Joseph II se irfontrant de plus
en plus rigoureux , les Brabançons se ré-
voltèrent et forcèrent les Autrichiens de
se retirer ; un congrès fut institué et les
édits de JosephabolL;. On rétablit l'ancien
ordre d'administration des évêques et on
reprit le cours des éludes de l'université ;
on arrêta aussi le rétablissement des mo-
nastères qui avaient été supprimés. Pie
VI avait écrit au cardinal et autres évê-
ques du pays pour leur annoncer que
l'empereur était disposé à faire droit aux
réclamations des Belges, lorsque Joseph
mourut. Son frère Léopold qui lui succéda
ayant révoqué les édits causes de tant do
troubles , fut reconnu par les Pays-Bas ;
mais bientôt de nouveaux orages fondi-
rent sur la Belgique. Les Français y pé-
nétrèrent à la hn de 1792, et tout en invi-
tant l'université de Louvain à continuer
ses travaux, la liberté , disaient-ils , étant
amie des études et des lettres , les églises
les plus considérables furent dépouillées
et souillées par des excès de tout genre ,
qui soulevèrent de nouveau un peuple
religieux. Les Français en furent chassés
dans le mois de mars 1793 ; ils y rentrè-
rent Tannée suivante, et l'archevêque se
relira d'abord à Utrecht puis à Amster-
dam ; lorsqu'il revint dans son diocèse,
il fut obligé de se loger dans son séminaire,
sou palais ayant été dévasté. Son ardent
désir de voir le rétablissement de l'ordre
le détermina à faire plusieurs sacrilices
pénibles; mais lorsqu'on prescrivit le ser-
ment de haine à la royauté, il répondit
que sa concience ne lui permettait poitif
de le prêter. Il protesta néanmoins de
sa soumission envers la république ( 1796 ),
en tout ce qui ne blesserait pas la loi de
Dieu. Un décret de déportation ayant
été lancé contre lui, il fut transféré à Era-
mcrik, où il logea au monastère des reli-
FAA 2S:>
gieuz Irinitaires. Mais un ordre qiic srs
ennemit obtinrent du roi de Prusse
l'ayant force de se retirer de ce Heu d pu
il corresponiluit avec son diocèse, il se re-
lira à li*MkiMU , ol envoya , peu de letnps
aprèj . la dnnission de son »uy,i! au pape
qui la lui tlcuianduit. Lecardin^tl Consalvi
l'invita au nom du Saint- Père à venir à
Rome ; mais il refusa à caiise de son A(îo,
et mourut à Bréda des suites d'une atlaquo
d'apoplexie le 11 juin 1804. Ce courageux
prélat avait continué dans l'exil ses fonc-
tions épiscopales. On trouve d'inléressans
détails sur sa vie et sur son administrai ion
dans l'ouvrage du docteur Van-de-Velde.
intitulé; Synopsis inonumentorum^ Gmid,
1822. 3 vol in-8".
FRA\CRE\STCIIV ( Cdristian Gode-
FRoi), né à Leipsick en 1G61. mort le 26
août 1717, après avoir voyagé en France ,
en Angleterre et en Suisse , exerça avec
applaudissement la profession d'avocat à
Leipsick. Il avait une mémoire prodi-
gieuse. Ses principaux ouvrages sont :
I une Continuation de l'introduction à
'Tfistoire de Puffendorff; \ Jle de la reine
itistine ; | Histoire du IG'' et da iT' siè-
^s . qui ne sont que de mauvaises com-
ilations.
FRAXCKEXSTEIN ( JAr.QtES-Ac-
ccsTE ) , fils du précédent , mort à Leip-
sick en 17.')3 , après avoir été professeur
de la chaire du droit de la nature et des
gens, est auteur d'un grand nombre d'ou-
vrages et de dissertations latines , dont la
plupart ne sont que des compilations, en-
tre autres : | De collatione bonorum ; \ De
juribus Judœorum singularibus in Ger-
inania; | De Thesauris, etc. , etc.
* FU.\\CKLI\ ( Thomas ), ecclésiasti-
que et littérateur anglais, né en 4721 à
Londres, mort dans cette même ville en
1784. chapelain du roi et nunistre de Bras-
led , dans le comté de Surrey , a publié :
|une Traduction de Sophocle , Londres ,
1739, 2 vol. iiWi" ; | une Traduction de
Lucien, ibid., 1780 , 2 vol. in-4° ; | les
Epttres de Phalaris . ibid., 17/»9, in-S".
II traduisit du fian«;ais, et lit représen-
ter comme lui appartenant en propre ,
Orrstr . Electre et le Duc de Foix de
Voltair» ; ainsi que le Comte de War-
wick. de la Harpe.
FR\XCKLI\ ou FRANKLIN ( Be:«-
JiMi!» ) , né à Boston dans la Nouvelle-
Aiij;loterre le 17 janvier 1706, mort à Phi-
ladelphie en Amérique le 17 avril 1790,
: ifis la >i:i* année de son âge. De simple
. lote d'imprimLrie, il parvint à su faire
FR.V
un nom distingue parmi les savans et
parmi les politiques, ^on père qui avait
reçu le jour en Anglslerre , et qtil était
fabricant de savon et de chandelles à
Boston, lenvoja à l'àgc de huit ans dans
une école , puis l'en rttira deux ans
après, pour lui faire embrasser sa pro-
fession. A douze ans le jeune Francklin
fut mis en apprentissage chez son frère
•James qui était imprimeur , et y lit do
grands progrès. Il travaillait avec a.»-
siduité, lisait beaucoup et méditait encore
plus. Dès 1721 , James fit paraître le
Journal de la Nouvelle- Angleterre : c'é-
tait la 3* feuille périodique qui paraissait
en Amérique : Francklin y mit quelques
articles qui furent accueillis favorable-
ment, et ce succès le décida à continuer ses
travaux littéraires. Il se proposa d'imiter
le Spectateur d'Addison , et fit pour y ar-
river des épreuves de tout genre. En
même temps il lisait les poètes , les phi-
losophes , les théologiens : cependant il
quitta Boston et alla à New-York, puis à
Philadelphie, où il entra dans l'imprime-
rie de M. Keimer. Engagé à établir une
imprimerie par W. Keit , gouverneur,
qui lui promettait l'appui du niinis-
l-'re, il vint en Angleterre pour acheter
le matériel nécessaire à cette entreprise,
ne trouva pas le gouvernement favorable
à son projet , et fut quelque temps sans
ressource ( 1724). Devenu ouvrier impri-
meur , il économisa sur sa nourriture de
quoi faire paraître sa Dissertation sur la
liberté et sur la nécessité, où il prélendit
que la vertu et le vice ne sont que de vai-
nes distinctions. De retour à Philadelphie,
il fut prote chez M. Keimer , et se rendit
utile à son établissement . Il chercha ensuite
à sortir de la gène qu'il éprouvait par quel-
ques essais de commerce , el parla publi-
cation d'un journal qui eut quelque vo-
gue, et fonda une société philosophique el
une bibliothèque : il couunença aussi son
yÉlmanachdu bon-homme liichard qu'i\
continua pendant 23 ans , et qu'il rem pli!
de n>aximesde frugalité et de leçons d'in-
duslrie :ilen vendait jusqu'à 10.000 exem-
plaires par an. Nomme en 1736 secré-
taire de l'assemblée générale de Pen-
sylvanie , et en 1737 tnaitre de poste,
il créa une compagnie d'assurance contre
l'incendie, une troupe de pompiers, une
société pour la défense de la province.
Francklin fit partie do l'assiMnbléc de
Pensylvanie , et prit part à toutes le»
querelles entre le gouvernement et ks
habilans. En même temps il s'appliqua
FUA
226
FRA
beaucoup à varier les phénomènes de l'é- ,
lectricilé , et à les faire servir à une
théorie qui donnât une idée juste de ce
fluide si subtil et si merveilleux. Quoique
toutes ses idées n'aient pas joui de l'ap-
probation des savans , on ne peut nier
qu'il n'ait répandu des lumières sur cet
objet, et que plusieurs de ses conjectures
ne soient appuyées de l'expérience. Son
projet d'apaiser les tempêtes de la mer
avec de l'huile et des matières graisseuses
est aujourd'hui reconnu pour une illusion
complète ( voyez le Journ. histor. et
/«■«<?>., l" Juillet 1782, p. 557, et autres
cités, ^bic",. ). On cait qu'il a beaucoup
travaillé à l'indépenilance des colonies
anglaiccs en Amérique, et c'est à ce titre
que l'Assemblée nationale de France a
décerné un deuil de trois jours pour ho-
norer sa mémoire. Cependant la guerre
dans laquelle il entraîna la France a fait
un mal infini à ce beau royaume , et l'on
peut dire qu'elle a mis le comble au dés-
ordre de ses finances. « On nous fit en-
• treprendre, dit un écrivain de cette na-
» lion, contre toutes les règles de la vraie
» politique autant que de la justice , une
» guerre effroyablement dispendieuse ;
» guerre aussi follement conduite que lé-
» gèrement engagée ; guerre où la nation
» fut réduite à se regarder comme triom-
» phante quand elle n'avait pas été battue,
j» et elle n'eut pas toujours cette étrange
» gloire ; guerre qui, en otant à nos ri-
» vaux des domaines immenses en éten-
» due , où leurs forces et leur commerce
3» s'extravasaient avec plus de faste que
» d'utilité réelle pour eux, leur en a rendu
» bien plus que l'équivalent , puisqu'une
» paix plus humiliante qu'avantageuse
» pour nous a été suivie d'un traité de
» commerce désastreux, extravagant dans
» plusieurs de ses dispositions , ruineux
» dans toutes, et dont on croirait que l'ob-
» jet a été d'indemniser l'Angleterre des
» pertes qu'elle avait faites en Amérique,
» de lui assurer en Europe, sur la France,
» les tributs qu'elle ne pouvait plus re-
» tirer dans l'autre continent. » Du reste,
c'est peut-être ce point de vue-là même,
qui a rendu cher le nom de Francklin à
l'Assemblée nationale , puisque , sous ce
rapport , elle lui doit son existence. Cet
homme célèbre, étant encore imprimeur,
s'était fait une épitaphe singulière, où
l'on voit qu'à cette date il croyait à la ré-
surrection un peu plus fermement que
lorsqu'il demanda la bénédiction de Vol-
taire pour son fil3 ( Foy. leJouma. hist.
et mt. . 23 mars 1778 , page kGti ). Mais fl
parait qu'à la fin il était revenu à cette
croyance , puisqu'il voulut que l'épitaphe
fût mise sur son tombeau. La voici , tra-
duite littéralement par M. Berlin :
Le corp»
de Benjamin FrancUiin, imprimeur,
(comme la coiiverturî d'un vieux livre
dont le dedans ;$l arraché ,
rt qui n'a plus ni rsliure ni dorure)
sert ici de pâture aux vers :
maiî l'ouvrage en luî-m<!rr.e ne sera pas perdo ,
car il reparaître un jour,
(ainsi «ju'il l'a toujours pensé)
dans une nouvelle et plus belle édition,
revue et corrigée
par l'auteur.
Les œuvres de Francîilin ont été réimies
en 3 vol. in-8°, Londres. 1806, en anglais.
Barbeu du Bourg a publié une trad. fran-
çaise de la partie physique, Paris, 1775,
2 vol. in-i". Gon éloge a été écrit par
Condorcet. Cn peut consulter les mé-
moires de sa vie pnX^ée qu'il a rédigés
lui-môme , et adressés à son fils : ils ont
été traduits en français par M. Ginguené,
Paris , 1791 , in-C°. Sa Corrsfipondance
choisie a été publiée et traduite en fran-
çais par M. de la MardcUe, Paris , 1818, 2
vol. in-8°.Turgot fit sur Francklin le vers
suivant :
Eripuît coelofulmen iceplrumque tyrannis.
FRANCO ( Battista ) , peintre véni-
tien, mort en 1561, égalait les plus habiles
artistes de son temps dans le dessin ; mais
il était faible dans le coloris , et peignait
d'une manière fort sèche.
* FRANCO ( AivTOivio ) , portugais , né
en 1662 à Montalvas ( province de l'Alen-
tejo ) , entra dans la société des jésuites à
l'âge de 15 ans, où il mérita bientôt , par
sa piété et ses talens, l'estime de ses su-
périeurs. Il remplit les charges les plus
importantes de son ordre, et, se consacrant
en même temps à des recherches histori-
ques, il contribua à la gloire de la société,
en faisant connaître les jésuites portugais
les plus recommandables par leur piété ,
leur talent et leur zèle. Le père Franco
mourut à Evora le 3 mars 1732. Parmi les
ouvrages , soit en latin , soit en portugais,
qu'on a de ce religieux , on distingue :
I Annus gloriosus societatis Jesii tn Lusi-
tania, complectens sacras memo?ias il-
lustrium virorum qui virtufibus, siulori-
bits, sanguine, fidem ^ Lusitaniam et so-
cietatem Je su in Asia , Africa , America
et Europafelicissime exomarunt. Vienne,
1720 , in-4° ; | Sijnopsis annalium. socie-
tatis Jésu in Lusitania abanno 1540, us-
FllA
que ad annum ll'iO, Au(;sl>our(;
S97
FI\A
1736 .
iti-fol. ; I Imatjeni do primfirn srcnlo du
contpanhia de Jrsn ein Portufjat . 2 \o\.
in-fui. ; I Imaijem do srf/undo seculo .
un vol. Dans rc dernier oiivra({e, rcslé
iniHiit, sont ran{;(>s par ordre clironolo(p-
«juc les évènenuMis les plus mémorables
des premiers 150 ans do la sociélé de Jé-
pus . dans la province du Portugal. | Une
Syntaxe ahrnjée en langue portmjaise ;
I une Traduction en la même langue de
XIndicxdus universalis du Tère de Po-
inev. ( foi/ez POMKY. )
FIl.WCO. rayez FRANCHI.
rUAXÇOIS D'ASSIvSi:( sainl), naquit à
Assise en Ombric l'an H82. On le nomma
Jean au baptême ; mais depuis on y
ajouta le surnom de François, à cause de
^ '■ facilité à parler la lan^fuc française ,
n< cessai re alors aux Italiens pour le com-
inrrce , auquel son père le destinait. La
])iélé seule avait de l'attrait pour Jean. II
quitta la inaison paternelle, vendit le peu
qu'il avait , se revêtit dune tunique et
se ceignit d'une ceinture de corde. Son
exemple trouva des imitateurs, et il avait
déjà un grand nombre de disciples , lors-
que le pape Innocent III approuva sa rè-
gle en 1210. Ce pape n'avart pas, dit-on ,
voulu écouter un homme que son exté-
rieur annonçait peu avantageusement ;
mais ayant vu en songe le même pauvre
qu'il avait rebuté , dans l'attitude de sou-
tenir l'église de Sainl-Jean-de-Latran qui
paraissait s'écrouler, il le lit rappeler et
lu! accorda sa demande. L'année d'après,
le saint fondateur obtint des bénédictins,
l'église de Notre-Dame de la Portioncule,
près d'Assise. Ce fut le berceau de l'ordre
des frères mineurs , répandu bientôt en
Italie , en Espagne et en France. L'en-
thousiasme qu'inspiraient les vertus de
François était si vif, que lorsqu'il entrait
dans quelque ville, on sonnait les cloches;
le clergé et le peuple venaient au devant
de lui , chantant des cantiques et jetant
des rameaux sur le passage. Sa nouvelle
famille se multiplia tellement, qu'au pre-
mier chapitre général qu'il tint proche
d'Assise en 1219, il se trouva près de 5000
frères mineurs. Peu après ce chapitre, il
obtint du pape Ilonorius III une bulle en
faveur de son ordre. PUisieurs de ses dis-
ciples voulaient qu'il demandât le pou-
voir de prêcher partout où il leur plairait,
même sans la permission des évêques.
Le sage fondateur se contenta de leur ré-
pondre : « Tachons de gagner les grands
B par l'humilité et par le respect , et les
» petits par la parole et le bon exemple.
» Noire privilège singiiiicr doit être de
» n'avoir point do privilège. • Hépon»«
digne de l'Iuimble fondateur , mais qui
n'empêche pas que les exemptions et pri-
vilèges di*s religieux n'aient été souvent
utiles à rF>(;lise,etmêmc nécessaires dant
les diocèses dont les évêques étaient ou
favorables à l'erreur , ou insourians sur
le sahit de leurs ouailles. Ce fut vers le
même temps que François passa dans la
Terre-Sainte ; il se rendit auprès du sul-
tan Mélédin pour le convertir. Il cffrit
de se jeter dans un bûcher pour prouver
la religion chrélienne : le sultan n'ayant
pas voulu le mettre à une telle épreuve,
renvoya François avec honneur. Revenu
en Italie, il institua le tiers-ordre. Il vou-
lut , par cette institution , procurer aux
laïques le moyen de mener une vie sem-
blable à celle de ses religieux , sans en
pratiquer cependant toute l'austérité, et
sans quitter leurs maisons. Après avoir
réglé ce qu'il croyait convenir le plus à
ses différens enfans , et s'être démis du
généralat , il se retira sur une des plus
hautes montagnes de l' Apennin. C'est là
qu'il vit, à ce que rapporte saint Bona-
venture, un Séraphin crucifié qui perça
ses pieds, ses mains et son côté droit ; c'est
l'origine du nom de Séraphique qui a
passé à tout son ordre : événement éton-
nant , mais bien prouvé , que io pape
Alexandre IV a vérifié par lui-même, et
que le judicieux Flcury ( liv. 79 , n° 5 ) a
montré être hors des atteintes d'une cri-
tique équitable. Le Père Chalippe, récol-
let, dans la Vie de saint François, Vanis,
175/i.et 1756, réfute très bien ce queBaillet
a étourdiment disserté sur ce sujet. Lo
saint patriarche mourut deux ans après à
Assise en 1236, âgé de 45 ans. Son amour
pour la pauvreté, son détachement de
tous les biens de la terre , et sa profonde
humilité , l'ont fait regarder comme un
des plus parfaits modèles de l'abnégation
chrétienne, de l'indifférence et du dépouil-
lement évangélique. Sa maxime, ou plutôt
l'élan habituel de sa piété, était les mots ,
Dt?us meus et omnia. « Paroles d'un seul
• sublime et profond ( dit un philosophe
» chrétien ) : Dieu est tout ; quitter I«miI
» jwur lui , c'est ne rien quitter , puisqno
» tout se retrouve en lui éminenunent. •
Le Ciel ne tarda pas à faire éclater sa sain-
teté par plusieurs miracles : ce n'en était
pas un petit , que la merveilleuse jiropa-
galion de son ordre. Quoiqu'il eût défendit
de toucher à sa ri glo , à peine fut-il v\wt\
FRA
228
FUA
qu'on rinlcrpréla de cent manières. Ce
partage produisit dans la suite les diffé-
rentes branches des Récollets ^ des Pic-
pus, des Capucins ^ des Observantins. Ces
enfans du même père diffèrent beaucoup
entre eux par l'habit et par la façon de
vivre. Les chroniques de l'ordre mar-
quent expressément que le premier qui
voulut se singulariser dans l'habit , quoi-
qu'il fût un des huit anciens compa^ïnons
du saint fondateur, fut frappé de lèpre et
se pendit de désespoir. L'ordre de St.-
François, malgré ses différentes scissions,
a produit des hommes illustres par leur
science et leur vertu , et a donné à l'E-
glise cinq papes , et un grand nombre de
cardinaux et d'évèques. Les services qu'il
a rendus à l'Eglise et qu'il continue de
rendre, sont inappréciables, et ont ample-
ment véritié la vision du pape Innocent.
La haine que les sectaires lui portent est
seule une preuve décisive du bien qu'il a
opéré , et des combats qu'il n'a cessé de
livrer aux erreurs. De prétendus réfor-
mateurs ont voulu ramener ces religieux,
ainsi que tous ceux qui embarrassent les
ennemis de TEglise, au travail des mains,
en usage chez, les anciens solitaires. Wi-
clef aurait bien voulu ériger cette préten-
tion en dogme ; et quoique l'Eglise l'ait
condamnée , quelques écrivains , parmi
lesquels on est fâché de compter M. Fleury,
ne se sont pas assez, écartés de ses erreurs.
« Quels qu'aient été la vertu des solitaires
V d'Egypte , dit un hagiographe, et îc
» zèle pour leur sanctification personnelle,
» il serait déraisonnable de vouloir en
» faire vuie règle complète et adéquate
« l)our des religieux qui, sans professer
» la même austérité, se dévouent à l'in-
» struction des fidèles , à la défense de la
» foi, aux combats contre les hérétiques.
» Si leur vie est moins éclatante en morli-
» fication , elle est parfois plus édifiante
» en fait de docilité , d'humilité et d'or-
» thodoxie : car l'on n'ignore pas avec
» quelle facilité i)lusieurs de ces solitaires
» se sont laissé entraîner dans diverses
» hérésies , et avec quelle obstination ils
» y ont persévéré ; et de nombreux mo-
snastèresy persévèrent encore aujour-
»d'hui. » On lit dans les ouvrages de saint
Jérôme, un passage exactement applica-
ble à celte nnatière , où l'on trouve toute
l'éloquence et la sévère logique de ce Père :
.Sï aut flscellam junco iexerem , aut pal-
iïiarum folia complicarem^ aut in sudore
vultùs met comederem panem . etventris
opus soUicilâ mente pcrlractarcm ; nul-
lus morderet^nullus reprehenderet. Nunc
autem quia juxta sententiam Salvatoris .
volo opérari cibum qui non périt ^ error
mihigeminus infligitur... O fratres dilec-
tissimi, proflabello , calathis , spo7-tellis-
que, înunusculis monachorum spiritualia
hœc et mansura bona suscipite. 2* Prae-
fat. inlib. Job. ( Voy. saint CLAUDE,
SAINT-AMOUR, BON AVENTURE, NOR-
BERT. ) La meilleure édition des deux
Règles du saint patriarche et de ses Opus^
cules est celle du Père Jean de la Haye, en
1641, in-fol. Elles ont été réimprimées en
Allemagne en 1759 , in-fol. Le Père Cha-
lippe, récollel, a donné sa F'ie^ Paris, 1728,
in-i", et 1736, 2 vol. in-d2.
FRIAÇOIS DE PAULE ( saint) , fon-
dateur de l'ordre des minimes , naquit à
Paule en Calabre l'an 1416. Un attrait sin-
gulier pour la solitude et pour la piété le
conduisit dans un désert au bord de la
mer , où il se creusa une cellule dans le
roc. La réputation de sa sainteté attira
auprès de lui une foule de disciples , qui
bâtirent autour de son ermitage un mo-
nastère, le premier de son ordre. On
nomma d'abord ses religieux les ermites
de saint François ; mais François voulut
qu'ils portassent le nom modeste de mi-
îiimes. Il leur prescrivit un carême per-
pétuel, et leur donna une règle, approuvée
parle pape Alexandr-e VI, et confirmée
par Jules II. Le nom du saint fondateur
se répandit en Europe avec le bruit de
ses vertus. Louis XI, dangereusement
malade, l'appela en France du fond de la
Calabre , espérant d'obtenir sa guérison
par ses prières. Ce prince , très jaloux de
tenir son rang, alla au-devant de lui et se
prosterna devant l'humble religieux.
« Vous étiez alors , o mon Dieu 1 connu
» dans le monde ( s'écrie à ce sujet un
» orateur célèbre), et les cours des princes
« n'étaient pas des lieux inaccessibles à
» votre grâce ni à la piété clirélienne,
» puisque vos serviteurs y étaient si hono-
nrablement traités, » Quoique le saint
annonçât au roi une fin prochaine, au
lieu de la guérison qu'il espérait , il con-
tinua à jouir de toute sa confiance, et l'aida
à finir par une mort chrétienne une vie
qui, à bien des égards , ne l'avait pas été.
François établit quelques maisons en
France, et mourut dans celle du Plessis-
du-Parc en lo07 ; il fut canonisé en 1519,
par Léon X. Les minimes furent appelés
en France Bons- Hommes ^ en nom de
Bon Homme que les courtisans de Louis
XI donnaient à leur père. Les hommis
FU\ 2
du «ièclc ne UKiiiqui'iil jiMiinis »lo roufiUi-
drc la piolé l't I» pntifusc simplicilc dt*
l'Evangile , avec ce qu'ils appellent bon-
homie. Lr Père IlilariondcCostc a donné
» fie, ink".
FUWÇOIS XWIEn ( saint), sur-
nonuné V. -/poire tirs Indes . né au rlià-
loau lie Xavier au pied des Pyrénées le 7
a\ril loOf».clail neveu du célèbre dotieur
Navarre. Il enseignait la philosopliic ati
Cdllepe de Béarnais à Paris, lorsqu'il con-
nut Iiîiiace do Loyola, fondateur des jé-
suilcs. Il s'unil élroiteinent avec lui, et fui
iindcs sept compagnons du saint espa-
jMiol, qui tirent voeu dans réalise de Mont-
Martre, en irirv'i. d'aller travailler à la
conversion des iulidèles. Jean III, roi dt-
Portugal, ayant demandé des niissionnai-
res i)our les Indes orientales, Xavier s'ein-
iKirqua à Lisbonne en 1541. D^ Goa où il
se lixa d'abonl . il répandit la lumière de
l'Evangile sur la côte de Comorin , à Ma-
laca , dans les Moluqnes, dans le Japon.
In nombre infmi de barbares reçurent
le baptême. Xavier leur inspira le goût
pour le christianisme, autant ^lar ses ver-
tus que par son éloquence ; et la Provi-
dence renouvela plusdune fois, en faveur
(le ces nouvelles églises , les merveilles
tics premiers temps du cbristianisme.
Il mourut en l'.io'i , dans l'ile de Sancian ,
il la \<ic de l'empiredclaChine, où il brû-
lait de porter la foi. Ilétaitàgé de 4G ans,
tl en avait employé dix et demi à la con-
version des Indes. « Terme bien court,
p dit l'abbé Béraull, quand il n'eût soumis
» qu'une nation au joug de l'Evangile.
» Mais s'il a établi la foi dans 52 royaumes
splusou moins étendus; s'il a arboré l'é-
» tendard de la croix dans 3,000 lieues de
» pays ; s'il a baptise de sa main près d'un
• million tant de Sarrasins que d'idolàtre.s;
» s'il a procuré à l'Eglise plus de nouveaux
» sujets que les fameux bérésiarques de
f son siècle n'ont fait de déserteurs et
••d'apostats, ne jicut-on pas dire que lara-
» pidité des conquérans les plus mémora-
» blés n'égala pas la sienne ; et que s'il
» eût rempli la mesure commune «le la
» vie humaine , le monde entier , pour
» son zèle , plutôt que |)our leur valeur,
• eût été un champ trop étroit?» Son
corps, plusieurs fois relevé de terre, d'a-
tK)rd à l'ile de Sancian , puis à Malaca ,
ensuite à différentes fois à Goa. fut trouvé
sans aucune corruption. En 17«2 , il fut
<!creditf déc«^»uverl et exposé durant trois
jours aux yeux du public. ( f'oyez la lic-
latiua de M. Cicala, et sa Vie impritnce à
5.
20 FR.\
l.ir;;e . p. 22. ) (Jrégoire XV le mil OU
noud)re des saints en i()22. Les protestant
mêmes lui ont dt»nné ce nom. Tavernler
dit qu'on peut l'appeler ajuste titre le
saint Paul et le vchtable apôtre des
Indes. Richard Ilaklvit , au second tome
<lcs IS'aviyatiuns de. la nation anglaise, en
parlant de l'ile de Sancian , remarque
(lu'elle est fami^use par la mort de Fran-
çois Xavier, dont il fait un grand é'.oge,
auipud il ajoute que les histoires modcr-
n s des Indes sont ronpUes des excel-
lentes vertus et des œuvres de ce saint
homme. Baldeus , dans son Histoire dr ,
Indes ,{\.{tvH avoirparléde Xaviercounn
d'un aulre saint Paul, dit «juc les dons
({u' il avait reçus pour exercer la charge
de ministre et d'ambassadeur de Jésus-
Christ, étaient si éminens. qu'Une lui est
pas possible de les exprimer. Et quelques
lignes après , adressant la parole au saint
même : Plût à Dieu, s'écrie-t-il , qu'ayant
été si célèbre par votre ministère, notre
Religion nous permit de vous adopter, ou
que la vôtre ne vous obligeât pas de nous
renoncer .'Effectivement, la vie et les im-
menses travaux de ce grand homme son
le fruit visible de celte conviction intime,
de cette foi vive , de cette charité active
et brûlante , que les systèmes et les opi-
nions des hommes ne sauraient produire :
aussi , le zèle pour la conversion des in-
fidèles a-t-il toujours été et sera toujours
propre à l'Eglise catliolique ; ceux des
sectaires qui ont voulu l'imiter n'ont pu
en soutenir long-temps les apparences ,
moins encore en renouveler les effets ; et
pour dire un mot des apôtres de la nou-
velle philosopiiie, conlens d'enseigner
commodément dans des brochures la pré-
tendue vérité , ils n'ont garde de quitter
leurs foyers pour l'annoncer à des peu-
ples ignorans et sauvages. On a de .saint
François-Xavier : | cin([ livres d'JJpitres.
Paris, 1G51, in-S"; | un Catéchisme; | des
Opuscules. Ces ouvrages respirent le zèle
le plus animé, la piété la plus tendre, un
jugement sûr et solide. Les Pères Tu rsc-
linet Bouhoui s, jésuites, ont élégamment
écrit sa fie ^ l'un en latin , et l'autre eii
français. Celle-ci a été très souvent reim-
prin»ée. On a de M. Dulard une é|K)pée
intitulée la Xavériade. ou l'Apostolat </-
saint François-Xavier, un peu froid»
mais pleine de grandes idées : il y en a un
autre en latin ( vogez FllANCK j.
FR.\.>ÇOIS DK nonGIA (saint), du.
de Candie où il naquit eu 1510, cl vice-t \
de Catai<ti{ue. juui»sail de la plus grande;
FIIA
250
FUA
fonsidéraîîon à la cour de Charles-Quint.
Chargé de conduire à Grenade le corps
de rimpéralrice Isabelle , yioiir y être dé-
posé dans le tombeau royal, etol)li[îc d'at-
tester que c'éluil réellement le corps de
cette princesse qui avait été un prodijje
de beauté , il fui si frappé à l'ouverture
du cercueil, de ne pouvoir plus la recon-
naître , que ce tableau de la mort devint
pour lui une leçon subiteinent efficace.
Il vécut en saint au milieu de la cour , et ,
après la mort de son épouse , il entra
chez, les jésuites, dont il l'ut le troisième
{jénéral. Tous les honneurs le poursuivi-
rent dans sa retraite; de riches évèohés ,
le cardinalat , et d'autres dignités lui fu-
rent offertes à plusieurs reprises, et, après
la mort de Pie V , une partie des cardi-
naux voulurent Télever sur la chaire de
saint Pierre. Il échappa à tout cela, et
mourut à Rome quelques mois après ce
pape, le .oO septembre 1572, à làge de
62 ans , après avoir établi sa compagnie
dans un grand nombre de provinces et
rendu de grands services à l'Eglise. Le
voyage quil lit par ordre de Pie V avec
le cardinal Alexandrin, pour réunir les
princes chrétiens contre Les infidèles ,
avança sa mort , ses forces et l'étal de sa
santé ne répondant pas aux fatigues de
cette commission. C'était un homme d'une
mortification extraordinaire. Sainte Thé-
rèse qui l'appelait un saint recherchait
et suivait ses conseils dans les affaires
difficiles. Charles-Quint voulut le voir
dans sa retraite de Saint-Juste , et lui ré-
péta ce qu'il lui avait confié long-lemps
auparavant, que son exemple avait beau-
coup servi à le déteru)iner à quitter le
trône et le monde, et que dès lors il en
avait conçu la résolution, anecdote qui
détruit les contes imaginés sur l'abdica-
tion de ce prince ( iio?/^;^ VESAL ). Clé-
ment X le mit au nombre des saints en
i67i. Il laissa plusieurs ouvrages, tra-
duits de l'espagnol en latin par le Père
Alphonse Dez.a, jésuite, Bruxelles, 1675 ,
in-fol. Voxjez sa Vie j publiée en fran-
çais, in-V, par le Père Verjus, d'après
liibadeneira et Eusèbe Niéx-emberg.
FRAÎXÇOIS DE S.\LES ( saint ) , né au
«'hâteau de Sales, diocèse de Genève , en
io67, fit ses premières études à Paris, et
son cours de droit à Padoue. Il édifia ces
deux villes par sa piété aussi douce que
tendre. Il fut d'abord avocat à Chambéri,
puis prévôt d'Anneci; ensuite évêque de
Genève , après la mort de Claude Garnier ,
son oncle , en 1602. Son zèle pour la con-
version des y.uingliens et des calvinistes
avait éclaté avant son épiscopat ; il ne lut
que plus ardent après. Ses succès répon-
dirent à ses travaux. Il avait gagné à l'E-
glise plus de _70,000 hérétiques , depuis
1592 jusqu'en 1602 qu'il fut évêque. Il se-
rait difficile de faire un détail exact de
ceux qu'il ramena au bercail, depuis
1602 jusqu'à sa mort. Le cardinal du Per-
ron disait qu'î7 n'y avait jjoint d'héréti-
que qu'il ne jJÙt convaincre ; mais qu'il
fallait s'adresser à l' évêque de Genève
pour les convertir. Un jour nouveau lui-
sît sur le diocèse de Genève , dès qu'il en
eut pris possession. Il fit fleurir la science
et la piété dans le clergé séculier et ré-
gulier. Il institua l'an 1610 l'ordre de la
Visitation , dont la baronne de Chantai ,
qu'il avait détrompée des faux charmes
du monde, fut la première supérieure. Il
voulut qu'on y admît les filles d'un tem-
pérament délicat, et mémo les infirmes,
qui ne peuvent se placer dans le monde ,
ni danâ les cloîtres austères. Cette congré-
gation fut érigée en litre d'ordre et de
religion, Tan 1618, par le pape Paul V.
Sur la fin de cette même année, François
fut obligé de se rendre à Paris avec le
cardinal de Savoie , pour conclure le ma-
riage du prince de Piémont avec Chris-
tine de France. Cette princesse le choisit
pour son aumônier ; le saint évêque , qui
avait déjà refusé un évêché en France , et
qui refusa vers le même temps la coadjuto-
rerie de l'évêché de Paris , ne voulut ac-
cepter cette place qu'à condition qu'elle
ne l'empêcherait point de résider dans
son diocèse pour lequel il soupirail. Il y
retourna le plas lot qu'il put , et conti-
nua d'y vivre en pasteur des premiers
siècles de l'Eglise, en Irénée, en Augus-
tin. L'an 1622, ayant eu ordre de se rcn*
dre à Lyon, où le duc de Savoie devait
voir Louis XIII, il y fui frappé d'apoplexie
le 27 décembre, et mourut le lendenjain,
à 56 ans (i)- Saint François de Sales était
une de ces âmes tendres et sublimes ,
nées pour la vertu et pour la piété , el
destinées i>ar le Ciel à inspirer l'une et
l'autre. On remarque ce caractère dans
tous ses écrits : la candeur , l'onction qu'ils
respirent, les rend délicieux même à ceux
que les lectures de piété eimuienl le plus.
Les principaux sont | Introduction à la
vie dévote. Le but de ce livre était de
montrer que la dévotion n'était pas scu-
(i) Saint FrjBçoit de Sile» a cté caDoniiC pi
Alexandre VU- I* — -'-il i665.
FIV.\
S5i
FUI
IcinciU faite pour les rloltrcs , mais qu'elle
pouvait i^trc dans le monde , et s'y accor-
der avec les obligaliun.H de la vie civite
cl séculière. Il Ut des fruits merveilleux
à la cour de Franre et à celle de Piémont.
1 l'n lYaité de l'amour de Dieu. . mis
dans un nouvel ordre par le Père Fellon,
jfsuilc. en 3 vol. Il a clé depuis imprimé
M 2 vol , et abrégé en un seul par l'abbé
\ic»\çt.\ Des Lettres spin'lu^llcs , et d'aii-
ires ouvrages de, piélé, recueillis en 2
vol. tn-fol. Elles ont été réimprimét-s en
1817, en 3 vol. in-S", avec un beau por-
Irnit et un modèle de son érritwie.
Saint François de Sales y parait un des
mystiques les plus judicieux des der-
niers temps. Les lecteurs qui voudront
connaître plus en détail ses ouvra<;es
et ses vertus, peuvent lire sa fie élé-
gamment écrite par l'abbé Marsollier, en
2 vol. , et son Esprit^ par le Camus, évé-
que de Belley , son. intime ami. Ce der-
nier livre, insipidemenl prolixe, a été
réduit par M. CoUot, docteur de Sorbonne,
à un gros vol. in-S", ou 2 vol. in-12 , plu-
sieurs fois réimprimé. On a publié à Paris
en 1823 une belle édition complète de ses
œuvres, 16 vol. in-8".
FR.\\ÇOIS. rotjez RÉGIS.
FRANÇOIS DR LORRAINE ( Etien-
KE ). , empereur d'Allemagne, naquit en
1708, de Léopold, duc de Lorraine, et
d'tlizabeth- Charlotte d'Orléans, et fut
marié en 1736 avec Maiie-Thérèse, lille
de l'empereur Ciiarles VI [voyez ce nom ).
Après la mort de ce prince, il disputa la
couronne impériale à Ciiarles Vil , mort
Munich en janvier i7/*5. Il fut élu empe-
1 ur le 13 septembre de la même année.
Le fléau de la guerre désolait alors toute
l'Europe. On peut voir à l'article BROWN
un précis des expéditions militaires de ce
temps-là. La paix conclue en 1748 à Aix-
la-Chapelle rendit la tranquillité à l'em-
. pire d'Allemagne. Une nouvelle guerre
s'clant allumée en 17;>6 , fut terminée par
le traité d'Huberbourg en Saxe, le 15 fé-
vrier 1763. L'empereur François profita
de l'heureux loisir de la paix pour faire
^fleurir le conmierce, les sciences et les
arts dans ses états , qui le perdirent le 18
,aoûl 1765. Il nmurut subitement à In-
spruck . où il s'était rendu pour les noces
do son tiU Léopold avec l'infante Marie-
T'iuisc d'Espagne. Comme il mourut au
.'-rlir de la comédie , on ne manqua pas
' t n accuser l'air du spectacle, qu'on sait
• tre plus n)éphitiquc ([ue dans k-s sali, s
U liùpiUus cl d'aJ!at».mie. Celait un de
ces hommes verli.rux par religion et par
sentiuuMit.qui font h; birn pour lui-même,
et savent se mettre à l'abri de celte ceh -
brité bruyaiilc , qui flatte la faiblesse cl la
vanité jusque sur le tronc. Sa vie n'a été
qu'une suitt; non interrompue d'actions
de sagesse, de justice , de bienfaisance;
et cependant il y a peu d'empereur» qui
aient fait moins de bruit dans lo monde
que François T'. Serait-ce une propriété
de la véritable grandeur , de n'être i):x8
compromise jiar la fausse science?
rois ET PUIXCES DE FRANCE.
FRANÇOIS I", roi de France, parvint
à la couronne le I" janvier 1515, à 21
ans , après la mort de Louis XII son beau-
père. Il était ué à Cognac en l.'*94, de
Charles d'Orléans, comte d'Angoulème,
et de Louise de Savoie. Petit-lils de Va-
lentine de Milan, il prit avec le titre de
roi de France, celui de duc de Milan, el
se mit à la tète d'une puissante arméo
pour aller se rendre maître de ce duché.
Il n'ignorait pas que les Suisses s'étaiejit
emparés du Mont-Genève et du Moul-Ce-
nis , les deux portes de lllalie; mais il
espérait tout de son courage et de celui
de ses troupes. On tenta de passer les
Alpes par les cols de l'Argenlière el de
Guillestre, jusqu'alors impraticables; on
en vint à bout, et les Français se virent
bientôt aux plaines de Marignan , où ils
furent attaqués par lés Suisses. La bataille
dura deux jours, les 13 et 14 septembre
1515. François I" ne perdit point le sang-
froid dans cette action , aussi longue que
meurtrière ; il passa une partie de la nuit
à ranger ses troupes, et une autre partie sur
l'affût d'un canon , en attendant lo jour
Le vieux maréchal de Trivulce disait , de*
18 batailles où il s'était trouvé , « que c'é-
p talent des jeux d'enfans; mais que celle
3 de Marign:in était une bataille degéans.»
Bayard avait ce jour armé chevalier son
roi. Les Suisses fuirent entin, laissant sur
le champ de bataille ])lus de dix mille do
leurs compagnons , et abandonnant le Mi-
lanais aux vainqueurs. Plus tard ils de-
vinrent Us lidèles alliés de la Fiance. Maxi-
milieu Sforre lui en lit la cession, et sa
relira en France , où il mourut. Les Gé-
nois se déclarèrent pour les Français. Lo
pape Léon X , effrayé de leurs succès . vit
le roi à B»)logne , et fit sa paix avec lui.
Ce fui dans cette conférence, qu'après
avoir obtenurabolition de la pragmatique*
sanction , il conclut le 14 décembre 1515 1
le concordat pour la collât ioa dos l»^<)é>
FRA
232
FRA
fices , confirmé l'année suivante au con-
cile de Latran. François obtint la nomi-
nation des bénéfices , et Léon les annales,
en renonçant aux mandats, réserves,
expectatives, et autres droits dont jouis-
sait le siège de Rome. Les universités et
les parlemens ne reçurent le concordat
qu'après de longues résistances. Cepen-
dant les universités n'avaient pas tant à
s'en plaindre , i)uisque la troisième partie
des bénéfices leur est réservée par le
moyen de l'impét ration; et les parlemens
ne faisaient pas attention que François l"",
en accordant les annates , se procurait
d'ailleurs des avantages considérables ; et
ils oubliaient sans doute la maxime très
raisonnable comme très catholique, que
tous les chrétiens doivent encourir à l'en-
Iretien du premier pontife, et à la splen-
deur de son siège. « Maxime si peu con-
» testée , dit un jurisconsulte de ce siècle,
» que le concile de Bâle , en proposant l'a-
» bolition des annales, demandait en
» même temps un moyen de les suppléer ,
» et de donner au souverain pontife, et à
» l'administrateur de l'Eglise universelle,
» les secours nécessaires à un gouverne-
» ment si vaste et si composé. Fébronius
)> lui-même , cet ardent adversaire des
« pontifes romains , convient que les an-
» nates sont une rétribution légitime , et
» fondée sur des vues et des fins très sa-
» ges. Et quand on sait que tout le produit
» des annales et autres droits quelconques,
j) attachés aux expéditions romaines , ne
» vont annuellement pour toute la France
» qu'à 500.000 1., on ne peut comprendre
» les clameurs que produit ce mince objet,
» sans en chercizer la source dans la haine
» de Dieu et de son culte. » L'année d'a-
près la conquête de Milan en 1516 , Char-
les-Quinl et François r*^ signèrent le traité
de Noyon, où ils se donnèrent mutuelle-
nient, l'un l'orilre de la Toison-d'or, et
l'autre, celui de Saint-Michel , après s'être
juré une paix éternelle. Cette paix fut de
deux jours. Après la mort de l'empereur
Maximilien , François fit briguer la coii-
ronne impériale. Charles plus jeune , et
moins craint par les électeurs , l'emporta
sur lui, malgré les 400,000 francs qu'il
dépensa pour avoir des sulfragts. La
guerre fut allumée dès lors , et le fut pour
long-temps. Le ressentiment de François
éclata d'abord sur la Navarre. Il la con-
quit et la perdit presque au même temps.
Il fut plus heureux en Picardie ; il en
chassa Charles qui y était entré , pénétra
dans la Flandre , lui i)rit Landrccies , Bou-
chain, Hesdin et plusieurs autres places;
mais il perdit le Milanais par les violences
de Lautrec , et le connétable de Bourbon
par les injustices de Louise de Savoie sa
mère. Ce général se jeta dans le parti de
l'empereur. Les Français, commandés par
Lautrec , furent défaits le 27 avril 1522 à
la Bicoque. Cette f unes le journée fut sui-
vie de la perte de Crémone et de Gènes.
Bourbon, secondé par Antoine de Lève ,
battit en 152l!i. l'arrière-garde de l'amiral
Bonnivet à la retraite de Rebec , où Eayard
fut tué; il marcha vers la Provence, prit
Toulon, et assiégea Marseille. François l"
courut au secours de la Provence, et, après
l'avoir délivrée , il s'enfonça encore dans
le Milanais et assiégea Pavie. On était dans
le cœur de l'hiver. C'était une faute con-
sidérable , d'avoir formé un siège dans
une saison si rigoureuse. François en fit
une autre non moins importante , en dé-
tachant mal à propos dix mille hommes
de son armée pour les envoyer conquérir
Naples. Trop faible pour résister aux im-
périaux , il fut baltu le 24 février 1525,
après avoir eu devix chevaux tués sous lui,
et fait prisonnier avec les principaux sei-
gneurs de France ( voyez LANNOY). Son
malheur voulut encore qu'il fût pris par
le seul officier français qui avait suivi le
duc de Bourbon, et que ce duc fût présent
pour jouir de son humiliation. L'abbé
Gervaise , dans la Vie de saint Martin de
Tours , semble attribuer ce malheur à la
violation du tombeau de ce saint , d'où
François I"" venait de faire enlever une
grille d'argent pour la convertir en mon-
naie. Comme il parait que le roi lui-même,
ainsi que la reine, était dans cette per-
suasion, il ne sera pas inutile de rapporter
ici le passage de cet historien, homme rai-
sonnable et instruit. « Quoique François T""
» eût fait serment comme les rois ses pré-
» décesseurs, lorsqu'il se fit recevoir abbé
» et chanoine de l'église de Saint-Martin,
» d'en être le protecteur , quelques offi-
» cicns de ses finances abusant de sa faci-
» lité, lui firent croire que dans les be-
» soins pressans de l'état , il pouvait légi-
» tin)ement se servir du treillis d'argent
» qui fermait le tombeau de saint Martin.
» Ils vinrent à Tours au :Tiois de juillet
ft de l'année 1522, signifier aux chanoines
» l'ordre qu'ils avaient de l'enlever. On
» trouve dans les registres de cette église
» la réponse que le chapitre leur fit. Elle
» est conçue en ces termes : Leschanoinea
rt disent qu'ils sont très humbles et très
» obéissans chapelains et orateurs dudii
IMW 2
» $1 inx'-ur roi . et (/ti à <iir n , st <ir que-
» trUrs , at'fjurr rt rontrstrr aiwr sa ma-
» ;f•>^•; wmit r/nr crnîi/nfrnt d'offenser
» Dieu . le créateur . et monsieur saint Var-
» tin . et pour frs causes par eux déjà al-
» léguées . et autres légitimes, ils n'osent
• et ne doivent consentir ledit treillis être
» pn's ou enlevé. Les offitiers ne laissrrenl
» pas de passer outre ; le Ireillis fut mis
» en pières le 8 du mois suivant, et chargé
• à ia porte de réalise dans des chariots ,
» escortés de phisieurs compagnies de sol-
» dais, qui le conduisirent à la monnaie,
p On en lit des lésions, où d'un côté la
» ligure de saint Martin est empreinte. Il
• s'en trouve encore quelques-uns dans
» les cabinets des curieux. Celte aclion si
» peu attendue d'un prince calholique ,
» jela tous les gens de bien dans la con-
» stcrnalioii. Ceux mêmes qui s'élaienl
» chargés de cette entreprise , la Irouvè-
■ rent si honteuse, qu'ils ne voulurent ja-
» mais permettre qu'on en dressât un pro-
» cès-verbal. Le fabricier de l'église et
» quelques chanoines des plus zélés , s'é-
« tant o|)iniàtrés à le vouloir faire, en fu-
■ rent chassés avec les notaires. La chose
» fut si loin, qu'ayant paru à l'une des fc-
» nôtres de l'église . pour voir ce qui s'y
» passait , l'on tira dessus plusieurs coups
■ d'arquebuse, dont heureusement per-
» sonne ne fut blessé. Quelques historiens
» ont cru que les malheurs qui arrivèrent
» depuis à François I" , furent de justes
■ chàlimens de la profanation du tombeau
» de saint Martin. En effet, on remarque
» que ce itrinre ayani peu de temps après
» iHjrlé ses armes dans le Milanais, et mis
■ le siège devant Pavie, il y fut abandonné
» des siens, son clieval lue sous lui dans
> la retraite, lui-même dangereusement
■ blessé, et arrête sur les terres que Char-
• lemagne avait données à l'église de
» sainl Marlin. Il reconnut alors, mais trop
» tard, que ce n'était i>as sans raison que
» Clovis avail dit aulrefdis qu'il n'y avait
» pas lieu de se promeître la victoire de
» ses emu'mis, apn'squ'on avail offensé ce
» grand saint. Louise de Savoie, sa mère,
» à qui il avait laissé la régence pendant
• son absence, siiot qu'elle eut reçu la
» nouvelle du la prise du roi, vint avec les
> princesses , cnfans de France , au lom-
• J>ean du saint, implorer son secours, et
r, par les présens qu'elle
qui lui avait été faite,
-lij n'eut pitsplustôtrecou-
» Tré sa liberté, qu'il y vint, avant d'aller
■ à Paris, pour lui en faire une esiit ce de
. t;:('.
. V 1
. Ia-
•'"5 FI\A
• satisfaclii.n. La colère de Dieu éclal.i
» d'une manièrj'lu'en plus sensible contit;
• la personne de Jac(iues Founiier (d'au
» très le nouimeiit Itenune, vm/ez ce mot ,
» seigneur de Semblançai , qui avail él-
» l'auteur d'une si méchante action ; car
> cinq ans après, le même jour ijue le
» treillis avait été enlevé , sur une fausse
« accusation il fut condamné à être pendu,
» et le fut en effet quelques jours après
» à Monlfaucon , dans le fief du prieuré
» de Sainl-Marlin-des-Champs. » Quoi
qu'il en soit de ces observations, Fraii
çois V fut conduit à Madriil, où Charlrs
le traita avec tous les égards possibles, et
lui rendit la liberté par un traité qu'il
savait bien que son prisonnier n'observe-
rait pas. Par ce traité , signé à Madrid, lo
14 janvier 1526, François renonçait à ses
prétentions sur Naples, le Milanais, Gènes
et Asti, à la souveraineté sur la Flandre
et l'Artois. Il devait céder le duché de
Bourgogne ; mais lorsque Lannoy vint le
demander au nom de l'empereur , F'ran-
çois r*", pour toute réponse, le fit assister
à une audience des députés de Bourgogne,
qui déclarèrent au roi « qu'il n'avait pa;
p le pouvoir de démembrer aucune pro-
i> vince de sa monarchie ; » et commis
l'empereur se jdaignit de ce manquement
de parole , François lui fit dire en pro-
pres termes : « Vous avez menti par la
» gorge, et autant de fois que vous le di-
» rez, vous mentirez. » Il fil plus, il se ligua
contre Charles avec les Vénitiens et pres-
que toute l'Italie. Lautrec se rendit maître
d'une partie de la Lombardie, et aurait
pris Naples, si les maladies contagieuses,
favorables aux Espagnols . n'eussent en-
levé une partie de l'armée française avec
leur général, en lo28. Ces pertes avancè-
rent la paix : elle fut conclue à Cambray
en 1529. Lé roi de France épousa Eléo-
nore, veuve du roi de Portugal et sœur
de l'empereur. Ses deux fils étaient restés
en olage lorsqu'il sortit de prison ; en vio-
lant le Irailé de Madrid , « il les exposa,
» dit Voltaire , au courroux de l'empe-
» reur; il y a des temps où cette infrac-
» lion eût coulé la > ioà ces deux princes : •
mais le caractère de (.liarles ignorait ce
genre de vengeance. l'rançois racheta ses
enfans moyennant deux millions d'or.
Mais celte rançon devint fatale à la France,
parce que le roi prit la résolution iii(îi,;n •
d'un grand prince, d'altérer la moïK.nr.
et fil frapper desesi>èccs de moindri . I..i
que celles qui avaient cours, pour payer
celle somme. Celle supercherie , itiinie a
FRA
234
FRA
la faiblesse qu'avait eue François I" d'a-
bandonner ses alliés à son rival, lui lit
perdre la confiance de l'Europe. A peine
la paix était conclue, qu'il travailla sour-
dement à faire des ennemis à l'empereur.
En iSô/i, il envoya en Amérique Jacques
Cartier habile navigateur de Sainl-Malo ,
pour faire des découvertes; et en efftl ce
Tuarin découvrit le Canada {voyez CAR-
TIER ). Il fonda le collé^^e royal , il forma
la bibliothèque royale ; il aurait plus fait
encore, sans la passion malheureuse de
vouloir toujours être duc de Milan et
vassal de l'empire malgré l'empereur. Il
passa encore en Italie , et s'empara de la
Savoie en 1;)35. L'empereiir de son coté
se jeta sur la Provence, assiégea Mar-
seille , et fut repoussé. François \" s'unit
avec Soliman II, mais celte alliance avec
un empereur mahométan, excita les mur-
mures de l'Eiirope chrétienne , sans lui
procurer aucun avantage. Las de la guerre,
il conclut enfin une trêve de dix ans avec
Charles, dans une entrevue que le i)ape
Paul III leur ménagea à Nice en 1550.
L'empereur, ayant passé quelque tem[)s
après par la France pour aller châtier les
Gantois révoltés, lui promit l'investiture
du Milanais, si l'on en croit la plupart des
historiens français, mais les Esjjagnols
l'ont couslaiiunent nié. « Quelle appa-
ï> rence, disent-ils, qu'un prince sensé aura
» consenti à céder une grande el inagni-
1) fique province , pour avoir pu abréger
n son chemin, et arriver quelques jours
» plus tôt aux portes d'une ville révoltée, n
Voltaire lui-même assure que Charles ne
donna qu'une parole vague ; et l'on ne
peut disconvenir que la demande qu'en fil
François dans ces circonstances ne fût
très déplacée. Si dans l'alternative d'être
arrêté ou de promettre le Milanais, Charles
eût pris ce dernier parti, la promesse eût
été nulle selon toutes les règles du droiî.
Quoi qu'il en soit, la guerre se rallume
bientôt après. Fraru;ois envoie des troupes
en Italie , dans le Roussillon et dans le
Luxembourg. Le comte d'Enghien bat les
impériaux à Cérisoles en {ohk , et se rend
maître du Montferrat. La France , unie
avec Barberousse et Gustave Wasa , se
promettait de plus grands avantages, lors-
que Charles-Quint et Henri A'III, ligués
contre François I", détruisirent toutes ses
espérances, en pénétrant dans la Picardie
et la Champagne. L'empereur était déjà
à Soissons, et le roi d'Angleterre prenait
Boulogne. Le luthéranisme fit le salut de
ia France. Les princes luthériens d'Al-
lema;;ne s'unissent contre l'empereur.
Ciiarles, pressant la France el pressé dans
l'empire, fit la paix à Crespi en Valois le
18 septembre ibkk. François 1". délivré
de l'empereur, s'accommoda bientôt avec
le roi d'Angleterre Henri VIII. Ce fut le 7
sejitembre l;)/i6. Il mourut Tannée d'après
à Rambouillet , le 31 mars i'6k7 , de celte
maladie alors presque incurable , que la
découverte dii Nouveau -Monde , avait,
dit-on, transplantée en Europe, mais que
plusieurs savans croient être d'une date
très antérieure (voyez ASTRUC). L^n long
portrait de François r*" serait superflu :
il est assez peint dans le cours de cet ar-
ticle. Il fut plus brave chevalier que grau il
prince. Il eut plutôt l'i nvie que le pouvoir
d'abaisser Charles-Quint , son rival de
gloire , mais plus puissant, plus heureux
et plus circonspect. « Charles-Quint, dit
» l'abbé Raynal , n'agissait que par des
» intérêts d'étal, et François T', qui n'a-
» vait en vue que des passio is parlicu-
n lières, y portail ce motif pelil et bas qui
» entraîne toujours à l'humiliation ■
(■ Anecd. hisl. , tome i. page 181 ). Comme
il réfléchissait peu , il entreprenait les
guerres avec une légèreté extrême, el
s'exposait imprudeimiientaux plus grands
revers. Quoiqu'il s'occupât beaucoup du
soin d'étendre son royaume, il ne le gou-
verna jamais lui-même. L'état fut succes-
sivement abandonné aux caprices de la
duchesse d'Angonlême, aux passions des
ministres, à l'avidité des favoris. Son zèle
l)Our la religion fut singulièrement incon-
séquent : tandis qu'il faisait brûler les
hérétiques en ï'rance, il les soutenait en
Allemagne ; et c'est à lui que le luthéra-
nisme est redevable de n'avoir pas suc-
combé à la puissance de Charles-Quint.
La protection qu'il accorda aux beaux-
arts, semble avoir couvert aux yeux des
savans une partie de ses défauts. Il se
trouva précisément dans le temps de la
renaissance des lettres ; il en recueillit les
débris échappés aux ravages de la Grèce,
et il les transplanta en France. Son règne
est l'époque de plusieurs révolutions dans
l'esprit et dans les mœurs des Français.
Il appela à sa cour les dames, les cardi-
naux et les prélats les plus distingués de
son royaume. La justice, depuis la fonda-
tion de la monarchie, avait été rendue eu
latin; elle commença l'an 15â6à l'être en
français. François T"" fut déterminé à ce
changement par tmc expression barbare,
emjiloyée dans un arrêt rendu au parle-
ment de Paris. Motif bien léger et plein
FRA 25:i
d'iarnnsiHjuence , j)uis<iiril cùl »'Ii' jdus [ donii
facile et plus simple! de corrifp-r un solé-
cisme, que de chaHi^cr de l»n(rue. • Celle
» innovation, dit un ohservalenr moderne,
»a en plus d'un mauvais effet. D'abord la
• langue romaine , ee j;raml ori;ane de
» l'érudilion el des sciences , cet idiome
» des grands modèles , u él«' iu'[îli(;ée. La
• jurisprudence est devenue un rl»am|>
• ouvert k lotit le monde; les ii;norans ,
> toujours plus i)résomj)tueux et p!us
» prompts que les i;ens insiruils. s'en sont
• emparés. I.a science de la justice et des
• lois a dégénéré en verliia;;e et en elii-
• cane. Le nom d'avocat est devenu l'éli-
» quelle <lcs petits-mailres. el un titre
• pour ceuxiiui n'en oui pas d'autre. La
» nuiRislralure a été considérée comme
» un groupe de {»ens ignares ou iulércs-
> SCS, et quelquefois counne un corps de
» factieux. De là les termes de robinerie .
» de rnhinnillc, de robinaiuleric . etc., af-
» feclés aujourd'hui à une profession <jui
» mérita loue-temps le respect el la con-
» fiance des peuples. Tant il est dantjereux
» de loucher aux usajyes établis, ne fût-ce
» qu'en matière de ian(îue! » Ce fut en-
core François V qui introduisit la mode
de porter les cheveux courts el la barbe
lon^jue . pour cacher une blessure qu'il
re<;ut dans un jeu en lî)2l. Tous les cour-
tisans eurent la plus loufjue barbe qu'ils
purent : c'était alors un ornement de
I)etit-majtre. Les (;ens (graves et les ma-
j}islrals n'en portaient point; ils ne lais-
sèrent croître la leur, que lorsque les
courlisaus se furent dégoûtés de cette
mode. François \" accabla son peuple
dimpûls, et il recommanda à son fils en
mourant de diminuer les tailles. II laissa
dans ses coffres environ six millions
d'à-présenl. Son histoire . écrWe par M.
Gaillard, 8 volumes in-I2, est le fruil de la
prévention el de l'esprit national ; tous
les faits et tous les caractères y sont dé-
figurés. Ce prince est mieux apprécié dans
la Galerie philosophique du IG* siècle, par
M. de Mayer, 2 vol. in-h". On y trouve .
après divers détails intéressafis, ce por-
trait en petit : • François I'', bon, sincère,
» ^Onéreux, populaire, mais incons<-quent
» et indiscret . jamais méchant ni cruel,
» n'eut point de mœurs, énerva et ruina
» la nation sans le vouloir. » On a aussi
sa f^'ic écrite par Varilias, Paris , IG«.') , 2
volnmcs in-i". On a publié à Paris, 1707,
in-l'i: Histoire et parallèle de Charlcs-
Çuint rt ilr François /*'. tirés d'un ma-
nuscrit du f'atican; M"' de Lussan a
FRA
les .tncc iitles tir ta our (Je Fran-
çois /". Londres ( Paris), 17'iK, 3 vcdiiine»
iu-12; IM. Rœderer a publie L«)ui$ XII et
François V , ou Mèmoirm j>our servir à
ifiif nouvrtlc histoire de leur rn/nr. V.nWn
la bibliothèque du roi possède |(Iusieurt
recueils manuscrits de poésirsci de lettres
de François l" : l'ubbé Len(;liil en a tiré
une Kpiire (eh vers ), traitant de son
part fine lit de France et de sa prise tlr-
vant Pavie.dX l'a publiée à la fui del'/Z/i-
toire justifiée contre 1rs romans, Amster-
dam, Rouen, I7.'I), in-12.
FU WÇOIS II , roi de France . né h
Fontainebleau en lîi/t.'i, de Henri If et de
Catherine de Médicis, monta sur le trône
après la mort de son père en l.'i'iO. Il avait
épousé l'année d'auparavant Marie vStuarf ,
fille tinique de Jacques V, roi d'Ecosse.
Quoique son rèjjne ne fût que de 17 mois,
il vit éclore tous les maux qui depuis dé-
solèrent la Fiance. François, duc de Guise,
cl le cardinal de Lorraine oncles de ce
roi enfant , par sa femme, furent mis à
la Icte du gouvernement, pour réprimer
les calvinistes qui menaçaient le royaumij
d'une enlièrc subversion. Antoine do
Bourbon , roi de Navarre . el Louis , sot;
frère, prince de Condé, fâchés de n'avtjir
point de part à radminislration , résolu-
rent de secouer le jou;;. Ils se joijînirent
aux calvinistes pour détruire les Guises ,
protecteurs des catholiipies. L'ambition
fut la cause de cette {jnerre. la reli{jioii ,
le prétexte , el la conspiration d'.tmbois •
le premier sijjnal. Celte conspiration
éclata au mois de mars laGO. Le prince
de Condé en était l'àme invisible, et La
Renaudie le conducteur. Celui-ci s'élant
ouvert à Avenclles , avocat de Paris , la
plus grande partie des conjurés est arrê-
tée, et ils sont exéculés. La Renaudie fut
lue en combattant . et plusieurs autres
périrent comme lui les armes à la main.
La conspiration découverte et punie, le
pouvoir des Guises n'en fut que plui
gra-id. Ils firent donner un édit à Roino-
rantin . i>ar lequel la connais-nurc du
crime d'hérésie était renvoyée aux évo-
ques el inlerdile aux parlemens. Ce fut le
chancelier de rilô|)ilal lui-même, quoique
très favorable aux protcsians, qui dressa
cet édit; édit raisonnable el assorti à la
nature des délits , i)uisque les évéque»
sont les vrais ju;;es de la doctrine. On d^
fendit aux calvinistes de tenir des asseiiv-
blées.On créa dans chaque parlement une
chambre qtii ne connaissait que de c« •.
cas-là , cl qu'on appelait la Chambre ar
FRA
236
FRA
dente. Le prince de Condé, chef du parti
calviniste, fut arrêté, condamné à perdre
la tête, et allait finir par la main du bour
reau, lorsque François II , malade depuis
long-temps et infirme dès son enfance ,
mourut à 17 ans , le 5 décembre 1560 ,
d'un abcès qu'il avait à la tèle, et dotit l'hu-
meur ne put entièrement couler par son
oreille. Quelques auteurs rapportent que
cet accident devint mortel par le poison
que le_ chirurgien , qui était huguenot,
mêla parmi les remèdes , pour délivrer
Son i)arti de la crainte que lui inspirait la
sévérité indispensable des lois de Fran-
çois Il {voyez les Mémoires de Caste biau
avec les notes de Jean le Laboureur).
FRANÇOIS de FRANCE, duc d'Alençon.
d'vVnjou et de Brabant , et frère de Fran-
çois II, Charles IX et Henri III, né en
V6ok , se mit à la tête des mécontens lors-
que son frère Henri III ajouta sur le trône.
Catherine de Médicis , sa mère , le fit ar-
rêter ; mais le roi le remit en liberté. Il en
profila pour exciter de nouveaux troubles.
En 1^75, il se mit à la têle des Reistres ,
parce qu'on lui avait refusé la lieutenance
générale du royaume. On l'apaisa; mais
quelque temps après ayant été appelé par
les confédérés des Pays-Bas , il alla les
commander malgré son frère, et se ren-
dit maître de quelques places. Il revint
en France, et repassa ensuite dans les
Pays-Bas , dont il fut reconnu prince. Il
signala son courage contre le duc de Par-
me qui assiégeait Cambray, et se rendit
maître de Cateau-Cambresis en 1581. Il
passa la même année en Angleterre pour
conclure sofi mariage avt-c Eli/.abeth , qui
le joua , et qui ne voulut pas s'unir avec
lui, malgré l'anneau qu'elle lui avait don-
né pour gage de sa foi. De retour dans
les Pays-Bas , il fut couronné duc de Bra-
bant à Anvers, et comte de Flandre à
Gand, en lo82; mais l'année suivante
ayant voulu asservir le pays dont il n'é-
tait que le défenseur et se rendre maître
d'Anvers, il y fut entièrement défait et
obligé de retourner en France. Il y mourut
de phthisicen 158/(.. à 29 ans, sans avoir été
marié, regardé cournie un prince léger,
bizarre , qui mêlait les plus grands dé-
fauts à quelques bonnes qualités.
FRANÇOIS de BOURBON, comte de St.-
Pol et de Clîaumont, né en 1491 , de Fran-
çois , comte de Vendôme , signala son
courage à la bataille de Marignan en 1515.
Le brave Bayard , ayant fait chevalier
François l" après cette journée, accorda
le même honneur à François de Bourbon.
Ce général secourut Mézièrcs assiégé par
les troupes impériales en 1521 , prit Mou-
ron et Bapaume , et battit les Anglais au
combat de Pas. A la bataille de Pavie en
1525 , il fut du nombre des généraux pri-
sonniers. Use sauva, et fut repris en
1528 par Antoine de Lève , qui le surprit
à Landriano, à 5 lieues de Milan. Les Lans-
quenets et les Italiens l'avaient abandonné
dans ce péril , et sa cavalerie s'était sauvée
à Pavie avec l'avant-garde. Il mourut à
Colignan , près de Reims, en 15i5.
FRA\ÇOIS de BOURBON, duc de Mont-
pensier , de Chàtelleraut, prince de Bom-
bes , dauphin d'Auvergne, fils de Louis
de Bourbon II du nom , donna des preu-
ves de sa valeur au siège de Rouen en
15G2, aux batailles de Jarnac et de Mont-
contour en 15f39 , et au massacre d'Anvers
en 1572. Henri III le fit chevalier de ses
ordres., et l'envoya en Angleterre. Après
la mort de ce monarque, il fut un des plus
fidèles sujets de Henri IV , et un de ses
plus braves généraux. Il se distingua à
Arques et à Ivri en 1590. Il mourut à Li-
sieux en 1592 , à 50 ans , après avoir sou-
mis Avranche au roi et lui avoir rendu
d'autres services non moins importans.
FRAI\ÇOISde BOURBON, comte d'En-
ghien , gouverneur de Hainaut , de Pié-
mont et de Languedoc, naquit au château
de La Fère, de Charles de Bourbon , duc
de Vendôme. Son courage se développa
de bonne heure. François 1"='' lui confia en
15/i3 la conduite d'une armée , avec la-
quelle il se rendit maître de Nice, s'avança
dans le Piémont, prit Crescentin, De-
zance , et remporta la victoire de Ccri-
soles, le lundi de la fête de Pâques de
15'i4. Il s'empara ensuite du Montferrat ,
à l'exception de Casai. L'année d'après ,ce
prince , jouant avec de jeunes seigneurs
à défendre un fort de neige, y fut tué ,
en 1545 , à 27 ans.
FRAXÇOIS de LORRAINE, duc de
Guise et d'Aumale , fils aîné de Claude de
Lorraine ^ duc de Guise , né au château de
Bar en 1519 , reçut au siège de Boulogne
en 1545 , une blessure qui , suivant quel-
ques auteurs, le fit appeler le Balafré^
quoique ce surnom semble n'appartenir
qu'à Henri de Guise. Son courage se mon-
tra d'une manière plus éclatante en 155.^
à Metz , qu'il défendit vaillamment contre
Charles-Quint. Les troupes de l'empereur,
engourdies par le froid , laissèrent plu-
sieurs soldats après elles. Le duc de Guise
loin de les faire assommer , comme fai-
saient quelques généraux de ces temps
FRA
2S7
FHA
malhciireax, les recul avec humanité.
Autant sa valeur avait paru durant le sîc-
po. autant sa (;«Miorosité éclata-t-elle après.
riusiiMirs autres avantages en Flandre et
en Italie firent proposer à quelques-uns
de le faire vice-roi dr ta France; mais
ce titre paraissant trop dangereux dans
un sujet puissant et belliqueux , on si;
rontenla de lui donner celui de lieutc-
Kitnt-ffènéral des armées du roi au de-
dans et au dehors. Les malheurs de la
France cessèrent dès qu'il fui à la tète des
troupes. En huit jours il prit Calais et toul
son territoire, au milieu de l'hiver. Il
chassa pour toujours de celte ville les An-
l^lais , qui l'avaii-nt i>ossèdèe 210 ans.
Celte conquête , suivie de celle de Thion-
ville , prise sur les Espagnols, mil le duc
deGui'Ne au dessus de tous les capitaines
de son temps. Il prouva que le bonheur
ou le malheur des èlals dépend souvent
d'un seul homme. Maître de la France
sous Henri II , il le fut encore sous Fran-
çois II. La conspiralion d'Amboise , tra-
mée par les proleslans pour le perdre , ne
lit qu'augmenter son crédit. Le parlement
lui donna le titre de €onsen>atcur de la
patrie. Son aulorilc était telle, qii'il rece-
vait assis et couvert, Antoine , roi de Na-
varre, qui se tenait debout et tète nue.
Après la mort de François II , cette auto-
rité baissa , mais sans être entièrement
abattue. Dès lors se formèrent les partis
des Condé et des Guise. Du côté de ceux-
ci étaient le connétable de IMontmorenci
et le maréchal de SainI -André, de l'autre
étaient les protestons cl les Coligni. Le
duc de Guise, 7.èlé catholique, et lame
du parli opposé aux proleslans, avait ré-
solu de maintenir l'ancienne religion dans
son éclat. Passant auprès de Vassy, sur les
frontières de la C.hampafîne, il trouva des
calvinistes qui chantaient les psaumes de
Marot dans une grange. Ses domestiques
prirent querelle avec eux. On en vint aux
mains ; et il y eut près de soixante de ces
malheureux lues et deux cents de blessés.
Cet cvénemeni imprévu, que les proles-
lans appcllenl le ma Fiacre de f^asst/, al-
lumala guerre civile dans toul le royaume.
Le duc de Guise prit Rouen , Bourges, et
gagna la bataille de Dreux en 1502. Il fut
alors au comble de sa gloire. Vainqueur
partout où il s'élail trouvé, il était chéri
des catholiques et le maître de la cour ,
affable, généreux , et en loul sens le pre-
mier homme de rétiil. Il se préparait à
assiéger Orléans , le centre de la faction
proleslaiilc et leur x>lacc d'armes , lors-
qu'il fut tué d'un coup de pistolet cn I56S
par Pollrol de Mérc , gentilhomme hu-
guenot. Les ralvinistcH qui . sous Fran-
çois II et Henri II, n'avaient su que
prier, et souffrir ce qu'ils aj)pelaient le
martyre, étaient devenus, dit un histo-
rien , des enthousiastes furieux. Ils ne
lisaient plus l'Ecriture, que pour y «her-
rher des exemples d'assassinats. Pollrot
se crul un Aod, envoyé de Dieu jiour
tuer un chef philistin. Le parli , aussi fa-
natique que lui , fit des vers en son hon-
neur ; et il reste encore des estampes avec
des inscriptions qui élèvent son meurtre
jusqu'au ciel, quoique re ne fût que le
vr'wuQ. d'un furieux aussi làrhe qu'imbé-
cile. Valincoura écrit la fie-Ac François
de Guise, in-12. Il parut, en lî»76 . une
satire san;',lanle contre lui , le cardinal son
frère et les autres Guise, sous le litre de
Légerule de Charles . cardinal de Lor-
raine .etc., i»ar François de l'Ile, in-8°.
On la trouve dans le tome fi des Mémoires
de Condé , in-Zt". Le nom de l'auteur est
supposé; on la croit de Régnier de \a
Planche. Aux traits flétrissans que ren-
ferme celle satire , nous substituerons
ceux-ci; ils font trop d'honneur à ce
héros , pour les laisser dans l'oubli. Un
jour qu'il visitait son camp, le baron de
Lunebourg , un des principaux chefs des
Reistres, trouva mauvais qu'il voulu/
examiner sa troupe , et s'emporta jusqu'à
lui présenter le bout de son pistolet. Le
duc de Guise tira froidement l'épée ,
éloigna le pistolet et le lil tomber. Mont-
pe/.at , lieutenant des gardes de ce prince,
choqué de l'insolence de l'oflicier alle-
mand . allait lui ôler la vie, lorsque Guise
lui crie:* Arrête/, , Monlpe7.al, vous ne
» savez pas mieux tuer un homme que
»moi. » Et se tournant vers l'emporté Lu-
nebourg : « Je le i)ardonne , lui dit-il ,
» l'injure que tu m'as faite ; il n'a tenu
» qu'à moi de m'en venger. Mais pour
» celle que lu as faite au roi , dont je re-
I» présente ici la personne , c'est à lui d'en
» faire la justice qu'il lui plaira. » Aus-
sitôt il l'envoya en prison, et acheva de
visiter le camp , sans que les Reistres
osassent murmurer, quoiqu'ils fussent
naturellement séditieux.... On avail averti
le duc de Guise qu'un gentilhomme hu-
guenot était venu dans son camp à des-
sein de le tuer; il le fit arrêter. Ce pn»-
lestant lui avoua s* résolution. Alors h-
duc lui demanda : « Est-ce à cause de quel
» que déplaisir que tu aies reçu de moi 7—
Non , lui réi»«jndil le prolestaut , C*«tt
:
FRA
238
FRA
» parce que vous êtes le plus grand en-
» nemi de ma religion. — Eh bien ! répli-
» qua Guise, si ta religion te porte à
> m'assassiner , la mienne veut que je te
» pardonne, » et il le renvoya. Le duc de
Guise avait une intrépidité que les héros
les plus fameux traiteraient d'imprudence.
On lui montra un jour un homme qui
8'étail vanté de le tuer ; il le fit venir , le
regarda entre deux yeux , et lui trouvant
un air embarrassé et timide : « Cet homme
» là , dit-il enlevant les épaules, ne me
» tuera jamais ; ce n'est pas la peine de
» l'arrêter. »
FRAXÇOIS ( don Claude et don
Philippe ) , qu'on réunit dans le même
article pour éviter les redites , apparte-
naient tous deux à la congrégation de
Saint- Vannes. Don Claude , né à Paris
en 1559 , fut envoyé , après avoir fait sa
profession, au Mont-Cassin, pour y étu-
dier les règlemens sur lesquels la congré-
gation de Saint- Vannes , encore au ber-
ceau , voulait se modeler. Don Claude
revint avec une constitution qu'il avait
rédigée, et fut nommé président de la
congrégation. II trouva, après quelques
années d'expérience, que l'article des
constitutions qui statue la vacance de la
supériorité après le terme de cinq ans ,
sans que le supérieur pût être continué ,
offrait des inconvéniens. Les autres su-
périeurs, et particulièrement don Phi-
lippe , ne partagèrent pas son opinion ; on
écrivit de part et d'autre, mais sans se
convaincre mutuellement. En 1630 , le
pape mit fin à la dispute en permettant de
continuer le supérieur au-delà de cinq
ans , lorsque le bien de la congrégation le
demanderait. L'union entre les deux con-
frères fte souffrit pas de cette dissension ,
et don Claude, après avoir rendu de
grands services à la congrégation , et en
avoir été douze fois président , mourut à
l'abbaye de Saint Michel, le 10 aoiU
1632.— FRANÇOIS (Don Pihlippe ), dont
le véritable nom était Philippe Colard .
naquit àLunévilleen 1579. Il était à peine
âgé de 10 ans lorsque son parent Ligna-
rius , abbé de Sénones , le prit dans son
monastère dans l'intention d'en faire son
coadjuteur. Il prit l'habit de Saint-Be-
noit et lorsqu'il eut fait profession , il alla
faire ses cours de philosophie et de théo-
logie à l'université de Pont-à-Mousson. Il
y étudia aussi la langue grecque , et avec
tant de succès que dés ce moment il s'en
servit habituellement pour correspondre
evec son père , qui était très versé dans
cette langue. Désirant entrer dans nn
monastère où la réforme fût en vigueur,
il quitta secrètement, en 1603 , Sénones,
malgré les avantages qui devaient l'y re-
tenir , et se rendit à Saint- Vannes , où il
fit profession l'année suivante , après
avoir enseigné la pliilosophie et la théo-
logie à Saint-Michel, où le cardinal de
Lorraine avait introduit la réforme. Rap-
pelé à Saiul-Vannes , il y fut mis à la tète
du noviciat. En JG09, il fut nommé visi-
teur, et, trois ans après , prieur de l'ab-
baye de Saint-Airy de Verdun, dont il
devint abbé. En 1622 , il fut élu président
de la congrégation. Il mourut à Saint-
Airy, le 27 mars 1637, après avoir fait
rebâtir l'église de cette abbaye , et l'avoir
enrichie de beaucoup de choses précieu-
ses. C'était un religieux plein de /.èle et
de piété , et très attaché à la discipline.
Marie - Jacqueline Bouette de Blemur,
religieuse bénédictine, a écrit sa Vie, in-
sérée dans le 2*^ volume des Hommes il-
lustres de l'ordre de Saint-Benoit. Don
Philippe écrivit plusieurs ouvrages au
sujet do son différend avec don Claude.
On a en outre de lui: | Trésor de per~
fection tiré des épîtres et évangiles qui se
lisent à la messe pendant Vannée ^ Paris ,
1615 , 4 vol. in-12 ; | Le Guide spirituel
pour les novices, Paris, 1616, in-12;
I Le Noviciat des bénédictins avec un traité
de la mort précieuse des bénédictins ,
in-12; | Renouvellement spirituel néces-
saire aux bénédictins ; \ La Règle de
Saint- Benoît , traJuite avec des considé-
rations. Paris , 1615 et 1620 ; | Occupation
journalière des religieux; \ Enseignement
tiré ds la règle ; j Courte explication de
ce qui se dit dans l'office divin , conte-
nant le sens littéral et mystique de cha^
que psaume^ avec des affections; | Le&
Exercices des novices. Ils ont été tra-
duits en latin, et étaient en usage dans
presqua toutes les congrégations de bé-
nédictins.
FUVAÇOISou FRANCISCUS de VIC-
TORIA , ainsi nommé du lieu de sa nais-
sance , dominicain , j)rofesseur de théo-
logie à Saiamanque, mort en 1549, est
auteur de ];)lusieurs petits traités de théo-
logie , recueillis en un vol. in-8° sous le
titre de Theologicœ prœlectiones.
FRAXÇOIS DE JÉSUS MARIE , carmo
réformé , natif de Burgos , fut professeur
de théologie à Saiamanque et défînileur
général de son ordre. Il mourut en 1677,
après avoir publié un Cours de théologie
mora/<? > imprimé à Saiamanque , et réim-
fh.v i^
prinu' «li'puis à Madrid cl à Lyon , i-n (>
vol. in fol.
FKA.NÇ^'S nOMVIX. dit le frère Ro-
main, An l'ordre de Saint - Uoininiquc,
naquit à Grand v\\ i6&C. Il travailla en
1684 i la construrlion diino arrlie du pont
de Marstrichl par ordri" drs étals de Hol-
lande. Louis XlV l'appela quelquesannces
après en France pour achever le Pont-
Hoyal comnuMicé par M. Gabriel , et qu'on
désespérait de pouvoir finir. Le sucrés
de cet ouvrage lui valut les titres d'ins-
pecteur de5 ponts el chaussées et d'ar-
chitecte du roi dans la généralité de Paris.
Il mourut dans cette ville en 17ôj, à 89
ans. Il était aussi bon religieux que grand
architecte. Il donnait aux devoirs de sou
état tous les niomcns qu'il pouvait déro-
ber à rarchiteclure.
FU.\\<,:OIS( LituExrdc), né ù Arin-
Ihod , dans le diocèse de Besançon , le 2
novembre 1698, passa ([uclques années
dans la congrégation do la iriission et s'y
distingua par ses talens quil continua
d'employer ulilemenl contre les erreurs
du temps, après en être sorti. Il mourut
à Paris le 24 février 1782 ; et laissa ses lé-
gataires imivcrsels, les pauvres de la pa-
roisse dans laquelle il était né. Ses vertus
répondaient à son xole i>our la religion ,
dont il pratiquait les devoirs comme il en
défendait les dogmes. Nous avons de lui :
{lettre sur le pouvoir des démons /vn-W* ;
I Les Preuves de la Religion de J.-C. , 1 75 1 ,
8 vol. in-12; | L'Examen du Catéchisme
de l'honnête homme, 1761 , I vol. in-12 ;
\ Réponse aux dif/iculté s proposées contre
ta Religion Chrétienne par J.-J. Rous-
seau. 176.T, in-12 ; | Oljservations sur la
Philosophie de l'Histoire , et le Diction-
naire philosophique, 2 vol. in-S", avec
gravure. Voltaire, dans une épilre àd'A-
lembert , traite l'auteur de pauvre imbé-
cile , qui a fait un livre en deux volumes
contre les philosophes , que personne ne
cannait et ne connaîtra. Il faut cependant
bien que le livre ait été connu , puisqu'il
• donné tant d'humeur à l'irascible philo-
S^)phe dont l'honnétc critique ne trouvait
ni esprit, ni jugement chez les gens qui
réfutaient ses erreurs. | Examendes faits
qui servent de fondement à la religion
chrétienne , 1767, 3 vol. in-i2. Lesouvra-
Cc» non imprimés de cet auteur, sont la
Réfutati ■;nie de la nature, k
^*>'' *ît ' trs trois imposteurs.
^-«souvr ,, avoir le mérite de l'é-
légance el de la précision . ont celui de la
dtf été , de la simplicité , de la facilité el
' I II \
(1( 1 (Ml. Mon. i,('s i-xcfiii us rdisonncmcns
opposés aux erreurs du temps, srinldrnt
quelciuefois saf.uiblir par la prolixité de
l'exposiiion el la marche grave et motteste
de l'auteur; mais pour peu qu'on réfléchisse
et qu'on resserre l'ensemble, on en saisit
toute la force. Ce savant, couune la plupart
des modernes, s'était laissé engouer de
riujportance et de la beauté des maximes
<les anciens philosophes grecs et perses;
mais ayant examiné leurs livres de plus
près , il revint de son erreur. Il s'apen;ut
que c'e^st une ruse de nos philosophes de
nous donner des extraits de Zoroaslrc,do
Confucius, cl d'autres prétendus sages di
l'antiquité , pour faire croire que nous n'a^
vions pas besoin de la religion chrétienne
pour avoir une bonne morale : s'ils d(m-
naient en entier les ouvrages de ces an-
ciens, ils ne feraient point tant de dupes :
car à côté d'une phrase raisonnable dic-
tée parle bon sens , ils en mettraient une
autre, qui semblerait naître d'une extra-
vagance consommée. « C'est raisonner
» pauvrement , dit un savant théologien ,
» de dire : telle maxime de la loi chré-
» tienne se trouve dans les philosophes,
» telle autre dans les législateurs : l'une
» est prêchée à la Chine, l'autre en
0 Egypte on au Japon : celle-ci a été con-
» nue du temps de Pylhagore, celle-là
» cinq ou six cents ans après. Donc le$
» hommes n'ont pus été mieux instruits
» par Jésus-Christ que par les païens. »
roy. COLLIUS, CONFUCIUS, EPICTÈTE,
ZENON , etc.
FRANÇOIS ( Je A!«-Cn ARLES), graveur
des dessins du cabinet du roi , naquit à
Nancy en 1717 d'une famille honnête. Il
commença par graver la vaisselle ; mais
il était né pour un travail bien supérieur
à celui-là. Après avoir perfectionné son
talent pour la taille-douce à Lyon, il vint
à Paris et y trouva des prolecteurs. C'est
dans celle ville qu'il inventa, dit-on , la
gravure en dessin, que d'autres attribuent
à Demarteau ( vo>jez ce nom ). C'est une
gravure qui imite le dessin au crayon, au
point de faire illusion. Quoi(iu'eUe n'aii
rien de flatteur à l'œil, elle peul servir
pour mettre sous les yeux des élèves d'ex-
cellens modèles à étudier et à copier.
Cette découverte, qu on lui a disputée,
lui valut une pension de 600 liv. et le tilro
de graveur des dessins du cabinet du roi.
Les persécutions que l'envie lui suscita
hâtèrent sa mort, arrivée en 1769. Celait
un homme simple, plus occupé de son
travail que de sea succès. Ses principaux
FRA
ouvrages sont : | un livre à dessiner; \ le
recueil des châteaux que le roi de Polo-
gne occupait en Lorraine, gravés par or-
dre de ce monarque ; | le corps de garde,
d'après Vanloo ; ] la F^ierge, d'après Vien;
I les portraits qui accompagnent l'His-
toire des philosophes modernes de Save-
rien ; I une marche de cavalerie , d'après
Parrocel , supérieurement gravée ; | le
portrait de M. Quesnay, estampe unique,
dans laquelle la taille-douce , le burin , la
manière noire du crayon , toutes les fa-
çons de graver sont réunies.
* FRANÇOIS (don Jean), savant bé-
nédictin de la congrégation de Saint-
Vannes, naquit le 26 janvier 1722, à Acre-
mont , village près de Bouillon. Il prit
l'habit de son ordre à l'abbaye de Beau-
lieu en Argonne, et y prononça ses vœux
à l'âge de 17 ans. Après avoir enseigné la
théologie et occupé avec distinction plu-
sieurs emplois supérieurs de sa congré-
gation , il devint successivement prieur
de l'abbaye de Sainl-Arnould et de Saint-
Clément, dans la ville de Metz. A l'épo-
que de la révolution , il se retira dans le
hameau qui l'avait vu naître , et y mou-
rut le 22 avril 17i)l, dans sa soixante-
dixième année. On lui doit | une Histoire
de Metz, (avec don Tabouiilot) 1779 et an-
nées suivantes, k vol. in-4"; | Dictionnaire
roman, wallon, celtique et tudesque, pour
servir à l'intelligence des anciennes lois
et contrats. Bouillon, 1777, in-4° ; | Biblio-
thèque générale des écrivains de l'ordre
de Saint-Benoit, patriarche des moines
d'Occident, contenant une notice exacte
des ouvrages de tout génie, composés par
les religieux, des diverses branches, fi-
liations etréformes. Bouillon, 1777, k vol.
in-4°.
* FRANÇOIS ("Louis-Jean), supérieur
prêtre de la congrégation de Saint-Lazare,
massacré le 5 septembre 1792 , dans son
séminaire qui avait été converti en pri-
son. Il a publié plusieurs écrits , où il
manifestait son opposition aux principes
des novateurs , savoir : | Opinion sur les
biens ecclésiastiques ;\Poinl de démission;
I Réponse à M. Camus, où il vengeait l'or-
thodoxie et la régularité des brefs de Pie
VI, relatifs à la constitution civile du cler-
gé ; I Trois lettres sur la juridiction épi-
scopale, en réfutation des écrits schisma-
liques de Gralien , usurpateur du siège
métropolitain de Rouen ; | Mon apologie ,
excellent ouvrage, où il démontrait qu'on
ne pouvait prêter le serment , sans em-
brasjcr ri.érésie et créer un schisme;
240 FRA
I Apologie du veto, apposé par le roi au
décret concernant la déportation des
prêtres.
FRANÇOIS, sculpteur, royez QUES-
NOY (François du). i
FRANÇOIS SONNIUS. Voyez SON-
NIUS.
♦ FRANÇOIS DE NEUFCHATEAU (Ni-
colas-Louis, comte), membre de l'institut,
ministre de l'intérieur, etc. etc. , né le 17
avril 1750 , à Neufchàteau en Lorraine, fi!
ses premières études chez les jésuites avec
tant de succès que dès l'année 17G5 il fit
paraître un recueil de poésies qui lui ou-
vrit les portes de l'académie de Dijon.
Deux ans plus tard il fui aussi admis dans
celles de Lyofi et de Marseille. En 1766 ,
il ajouta à son nom François celui de
Neufchàteau qii'un arrêt du parlement
de Nancy l'autorisa en 1777 à conserver.
II devint , en 1776, lieutenant-général
civil et criminel au bailliage royal et pré-
sidial de Blirecourt, et quatre ans après
on lui permit de réunir à cet emploi ce-
lui de subdélégué de l'intendance de Lor-
raine. Les fonctions de procureur-général
du roi au conseil souverain du Cap-Fran-
çais (Saint-Domingue), lui furent conliécs
en 1783, et lors de la suppression de cette
cour, en 1787, son nom fut inscrit au livre
des pensions pour une somme de 5,000
francs. Il perdit dans un naufrage, en reve-
nant en France, sa fortune et de précieux
manuscrits, dont un, la traduction de Ro-
land le furieux, lui laissa surtout de
vifs regrets. Le roi lui donna , en 1788,
le litre de conseiller honoraire au conseil
supérieur de Saint-Domingue. François
de Neufchàteau se déclara pour le parti de
la révolution, et fut nommé député sup-
pléant des communes du bailliage de TouJ
aux états-généraux où il n'a point siégé, lin
1790, il fut désigné par le gouvernement
pour commissaire du roi dans laformalioii
du département des Vosges, dont les élec-
teurs l'envoyèrent au mois de septembre
de l'année suivante à l'assemblée Législa-
tive. Il en fut nommé secrétaire avec Con-
dorcet,Lacépède, etc., et élu président le
3 octobre suivant. Il parla contre les prê-
tres insermentés, à l'égard desquels il pro-
posa des mesures rigoureuses et vota la
vente des biens nationaux, alin d'attacher
ainsi la masse des cultivateurs à la cause de
la révolution. Pré voyant bien que l'avenir
ne pouvait manquer de faire éclater de
violentes tempêtes, François de Neufchà-
teau refusa le ministère de la justice que
lui offrit la Convention, le 6 octobre 1792,
FHA
%M
FRA
en prt'IeiUnl le mauvais «lat île sa saiilr.
tlii prisideiit de ra«lininislrati(>n du do-
|i.irlc l'CnUits VosROs. en 171)5, il fit jotuT.
quelque temps après . sur le thràlrc de la
naliun , une pièce intitulée : Panuta ou
la J'erturéconti>fnsée , qui valut la pri-
son àson auteur, quoique celui-ci y eût fait
les t hanRCinens cxiijrs par le romilc du
Mlut public. 11 n'en sortit qu'après le 9
tlicrniidor et apprit presque aussitôt sa
nomination de juge au tribunal de cassa-
tion. Appelé, en 1795, aux fonctions de
commissaire du directoire près de l'ad-
ministration centrale du département des
Vosges , il les exerça pendant un an , et
•uccéda, le 21 juillet 1797, à Benciech,
comme ministre de l'intérieur. I)eux mois
après , il fut porté au directoire avec
Merlin de Douai, pour remplacer Barthé-
lémy et Carnot , proscrits au 18 fructidor.
Admis à l'institut, vers la mouie époque,
il contribua au rétablissement de la société
d'agriculture. En 1798, il assista aux con-
férences de Seltz , en qualité de plénipo-
tentiaire de la république française , fui
replacé au ministère de l'intérieur à lu
fin de la même année , et le quitta de
nouveau en 1799 , après avoir montré
beaucoup de lèle en faveur des sciences
et des arts. On lui doit la première expo-
sition publique des produits de l'industrie
française , qui se fil le 1" vendémiaire
an VU (22 septembre 1798). Il fit ache-
ter des exemplaires de tous les ouvrages
importans , jxjur en envoyer à la biblio-
thèque de chaque département, et donna,
en 1798, la plus grande solennité à la fétc
de la réception des monumens des aris
conquis en Italie. Après le 18 brumaire ,
il fut fait sénateur, et il reçut en 1804, la
croix de grand-officier de la légion-d'hon-
neur , puis en 1805, le grand-cordon du
même ordre. Lors du couronnement de
Napoléon, il fut diargé comme président
du sénat, de liaranguer l'empereur , au
nom de ce corps et du tribunal réunis,
et dans les différcns discours qu'il lui
adressa, il sut adroitement mêler à quel-
ques conseils qui auraient pu paraître
déplacés , des louanges exagérées qui les
faisaient oublier. Lurs du retour de Na-
l'oleon de la brillante campagne qui se
termina par la bataille d'Ausierlilz,
François de Neuf château adressa encore ,
au nom du sénat , de solennelles félicita-
lionn à l'empereur, et lui décerna le nom
de Grand, qui accompagna de])uis le
nom du monarque dans toutes les adresses
dec autorités civiles et militaires. Après
5.
la paix de Presbourg , il célébra de nou-
veau les merveilles du règne de Napo-
léon, qu'il ai)\ic\a la tni du peuple . ie pérr
du f/enre humain. Depuis 1807, il s'e.sl
retiré de la scène politique, pour ne plu»
s'occuper que d'objets d'agriculture, prin-
cipalement de la partie des haras, sur la-
quelle il a plus d'une fois appelé l'atten-
tion du gouvernement. Il est mort le 10
janvier 1828, n'ayant conservé de ses an-
ciennes dignités que la présidence à vie
de la socit^é d'agriculture. On a de Fran-
çois de Neufciiàteau : | Nècrologe dei
hommes célèbres de France depuis 1764
jusqu'en 1782, ( avec Poinsinct de Sivry,
(Castillan, Palissot, Irlande, etc.), Paris,
1767-1782, 17 vol. in- 12 ; | Poésies diverses
de deux amis (avec Mailly de Dijcm ) ou
Pièces fugitives, Amsterdam et Paris, 1768,
in-S"; I Nouveaux contes moraux en vers,
par un arrière-neveu de Guillaume Vadé ,
Berlin, 1781, in- 12; | Poésies diverses.
1765, in-12 ; | Pièces ugilives de Fran-
çois de Neufchàteau . 1766. in-12 ; | Ode
sur les parlcmens. 1771 . in-S" ; | le Mois
d'Juguste, épitre à Voltaire, 1774 , in-8";
( Discours sur la manière de lire les vers.
Paris, 1775, in-12; | Anthologie morale .
1784, in-16 ; | Recueil authentique des an-
ciennes ordonnances de Lorraine. 1784.
2 vol, in-8° ; ( Discours sur la disette du
numéraire à Saint-Domingue, et sur les
moyens d'y r^meV/ie/', Cap-Français, 1784 ,
in-8°,- réimprimé à Metz, 1788, in-8";
I les Etudes du magistrat au Cap-Fran-
çais, 1786; 1 \ Origine ancienne des prin-
cipes modernes ou les décrets constitu-
tionnels conférés avec les maximes des
sages de l'antiquité, 1791, in-S" ; | les
Lectures du citoyen, 1792; | Paméla, co-
médie en 5 actes et en vers, 1795, in-S";
I des améliorations dont la paix doit être
l'époque, 1797, in-S"; | les Vosges, poème,
1796, in-8", 2" édition 1797 ; | l'Instruction
des enfans ou Conseils d'un père à son
fils, imités des vers latins de Muret, 1798 ,
in-S" ; I Méthode pratique de lectwe .
1799 , in-8° ; | le Conservateur ou Recueil
de morceaux choisis d'histoire . de poli-
tique, de littérature et de philosophie .
1800. 2 vol. in-8° ; | Lettres sur le Robi-
nier. 1803, in-12; | Tableau des vues que
se propose la politique anglaise dan*
toutes les parties du monde. 1804, in-«»;
I Histoire de l'occupation de la Itavière
par les Autiichiens.pn 1778 et 1779, etc.,
1806, in 8° ; | Voyage agronomique dont
la sénatorerie de Dijon. IbOC. in-4"; \\'.-irt
de multiplier te*gram$, 1010. in-S»; ! Fa-
it
FRA
242
FHA
blés et Contes en vers, suivis des poèmes
de la Lupiade et de la Vulpéide ^ 1814,
2 vol. in-12 ; | Lettre à M. Suard sur sa
nouvelle édition de la traduction de l'his-
toire de Charles-Quint et sur quelques
oublis de RobertsonASn , in-8°; insérée
d'abord d&nslesudnnales encyclopédiques;
I Supplément au mémoire de M. Parmen-
tier sur le mdis^ 1817, in-8° ; ] les Tropes
ou les figures de mots ^ poème en k chants
avec des noies et extraits de Denys d'Ha-
lycarnasse sur les tropes d'Homère, et des
recherches sur les sources et l'influence
du langage mélhaphysique, dédié à la jeu-
nesse studieuse, 1817, in-12 ; I les Trois
nuits d'un Goutteux^ poème en trois
chants, 1819, in-8"; | Esprit du grand
Corneille ou Extrait raisonné de ceux
des ouvrages de P. Corneille qui ne font
pas partie du recueil de ses chefs-d'œu-
vre^ 1819, in-8°, formant le tome 45 de la
Collection des meilleurs ouvrages de la
langue française; \ une nouvelle édition
des Lettres provinciales^ augmentée,
1822, 2 vol. in-8° ; [ Examen de la ques-
tion de savoir si Lesage est Fauteur de
Gilblas ou s'il l'a pris de l'espagnol, im-
primé dans une nouvelle édition de Gil-
blas, 1820, 3 vol. in-S" ; \ Introduction
aux Pensées de Biaise Pascal^ en tète
d'une édition de cet ouvrage, 1821, in-8° ;
I V Institution des enfans, nouvelle édition,
1824-1828, in-8° et in-12 ; ] Mémoires sur
la manière d'enseigner et d'étudier la-
griculture, etc. ( en 1801, à la société d'a-
griculture delaSeine), 1828, broch.,in-8°.
II coopéra avi Dictionnaire d'agriculture
pratique, 1828, 2 vol. in-8° ; l'introduction
est de François deNeufcliâteau. Il a com-
posé en outre plusieurs Rappo7-ts, Lettres,
Mémoires et autres pièces insérées dans
divers jofirnaux. Un anonyme a publié :
Essai historique sur la vie et les écrits
de Eratiçois de Neufchâteau, entremêlé
de quelques conseils qu'on lui adressa sur
son ministère, 1799, in-8°.
FRANÇOISE ( sainte), dame romaine,
née en 1384, également respectable par sa
piété et sa charité, mariée dès l'âge de 12
ans à Laurent Ponziani, morte en 1440 , à
56 ans , fonda en 1425 le monastère des
Oblates, appelées aussi Collatines. à cause
duquartierdeRome, où elles furent trans-
férées en 1433. « A toutes les vertus de la
» femme forte , dit un hagiographe , à la
» prévoyance, à l'activité, au courage,
> elle joignait dans un degré rare toutes
» celles que le christianisme a portées si
> baiit, la douceur, la charité, la patience,
» l'humilité. On voyait cette dame illustre
» porter sur ses épaules ce qui était né-
» cessaire à l'entretien des pauvres et de
» sa communauté, ou conduire à travers
» la ville l'animal qui portait ces provi-
B sions. On en raconte des choses fort ex-
» traordinaires , que tant de sainteté rend
» très croyables , indépendamment des
» témoignages sur lesquels elles sont aj)-
« puyécs. » Paul V la canonisa ; on fait
sa fête le 9 mars.
FRANÇOISE, femme de Pierre II, duc
de Bretagne, fille de Louis d'Amboise, vi-
comte de Thouars , naquit en 1427. Elle
eut beaucoup à souffrir de l'humeur
sombre et chagrine de son mari, qui en
vint jusqu'à la frapper : outrage , dont
elle fut si affligée qu'elle en tomba ma-
lade. Le duc la voyant à l'extrémité lui
demanda pardon , et vécut depuis avec
elle dans une grande union. Elle fut sa
principale garde dans tout le temps de sa
maladie; mais ni ses prières, ni ses soins
n'empêchèrent point qu'il ne mourût. Il
dit avan t d'expirer « qu'il laissait son épouse
» aussi pure, qu'il l'avait reçue. » Les pa-
rens de cette princesse, et le roi Louis XI ,
employèrent inutilement les prières , la
ruse et la force pour l'obliger à épouser
le duc de Savoie , qui la désirait ardem-
ment à cause de sa vertu. Elle se fit car-
mélite en 1467 , et mourut le 26 février
1485, victime de sa charité. Elle gagna sa
dernière maladie auprès d'une religieuse,
qu'eUe secourut jusqu'à la mort. L'abbé
Barrin a écrit sa Vie, Bruxelles, 1704,
in-12.
FRANCOLIIM (Baltiiasarj, naquit à
Fermo, dans la Marche d'Ancône, en 1650,
se fit jésuite en 1666 , enseigna avec dis-
tinction la philosophie et la théologie à
Rome, et mourut au collège romain le 10
février 1709, avec la réputation d'un re-
ligieux vertueux et savant. Son livre in-
titulé Clericus romanus conlrq, nimium
rigorem munitus , imprimé à Rome avec
les ajjprobations ordinaires en 1705, et en-
suite à Munich en 1707, a pour objet de
réfuter les reproches des jansénistes , et
surtout du docteur Arnauld, contre la ma-
nière dont on administre dans l'Eglise lo
sacrement de pénitence.
FRA\COWlTZ (Mathias FLACH),
né à Albona dans l'Istrie , le 3 mars 1521 ,
est connu parmi les théologiens p rotes-
tans sous le nom deFlaccus Illyricus. Lu-
ther eut en lui un disciple ardent : ce fa-
natique s'éleva avec force contre Yinle-
rim de Charles-Quint , et contre les pro-
jf (Mlion. Il eut brnuiom) dc
I iilH)siru)ii des centuries d<
.»/ . ; roijrz .lUDF.X). Nous axons
dc lui i Le Catalogue des témoins de la
rérité , Francfort . ifJS , in-4' f voyez
EISEÏNGUKN); | Missa latina antiqua .
in-8°. Slrasbonru. l'i'iT. La rareté dc ce
livre la rendu 1res cher. Celle lilurcie
iiUienl la foi et les usages anciens dc
. (jlisc romaine. Les protestans croyaient
(luelle serait un tcmoignacc contre les
catholiques; mais s'étant aperrus qu'elle
fournissait des armes à leurs adversaires,
ils n'oublièrent rien pour en supprimer
tous le-s exemplaires; et c'est la cause de
leur rareté. On la trouve cependant en
entier dans les JunalesAu Père Le Cointe,
cl dans les Litxuyies du cardinal Bona.
Franco wilr a donné un Appendix à sa
Missa latina dans son édition de Sulpice-
Scvère, Bàle, 1536. in-8°. On a encore de
lui une foule de Traités violens contre
l'église romaine. Il veut y prouver « que
» la papauté est une invention du diable,
» et que le pape est un diable lui-même, p
Tous les ouvrafjes de cet enthousiaste
furieux sont peu communs. Ceux qui sont
curieux de sottises cl de pauvretés peu-
vent en voir le catalogue dans le tome
2'i des Mémoires de Nicéron. Il mourut
a Francfort-sur-leMein en 1575, à 55 ans.
Hitler a publié une notice sur la vie et
les ouvrages de Flaccus lUyricxis, Franc-
fort, 17'2:>et 1725. in-i".
FRA.NCl'S (Sébastien) , fameux ana-
baptiste du 16* siècle, publia plusieurs
écrits remplis d'erreurs et de fanatisme.
Los théologiens de la confession d'Augs-
Itourg, assemblés à Smalcalde en 1540 ,
rhargèrcnl Mélanchthon de le réfuter.
Francus publia encore un livre très sati-
rique contre les femmes; il fui réfuté par
Jean Freherus et par Luther, qui se char-
gea volontiers de la cause du sexe.
FRANiîlPAM ( François-Christophe,
comte de ), beau-frère du comte de Serin,
conspira avec lui contre l'empereur Léo-
pold, et fut un des principaux chefs dc la
rtvolle des Hongrois , qui commença en
1665. Les points capitaux de l'accusation
formée contre Frangipani , n'étant que trop
prouvés, il fut condamne à avoir le poing
droit coupe et la télé tranchée. Tous ses
biens furent confisqués au proût de l'cm-
•"""" "' 'r\ famille dégradée de noblesse;
se lit publiquement dans la
^ i-tadt, où il était prisonnier, le
50 avril 1G71. Frangipani mourut avec
beaucoup de résignation cl de constance.
• FnAMi (JKAi^-rifcKBE). I... -il. m al-
lemand d'une famille originaire dc France,
né à Holulben , dans le grand duché de
Bade, le 19 mars 1745, fil ses première*
études chez, les piaristes, à Radstat. II em*
brassa la profession do médecin , et se
rendit à l'université de Heidelberg , après
avoir étudié la philosophie à Met/, et i
Ponl-à-Mousson. En 1765, il fit un voyage
à Strasbourg, pour y suivre les cours et
fréquenter les hôpitaux, et revint l'année
suivante prendre le bonnet de docteur à
Heidelberg. Deux ans aj)rè3, il alla fixer sa
résidence à Baden , prèsRadslat. En 1772,
le prince évéque de Spire le choisit pour
son premier médecin, elle mit au nombre
de ses conseillers d'état. Pendant neuf
ans qu'il passa à Bruchsal , Frank fit de«
cours d'analomie et de physiologie, et di-
rigea l'ensei^jnement des sages-femmes.
En 1784 , il fut appelé à l'université de
Gœltingue , en qualité de professeur de
clinique, et le roi d'Angleterre lui accorda
le titre de conseiller d'état. Obligé de quit-
ter Gœltingue dont le climat nuisait à sa
santé, il se rendit à Pavie, en 1786, pour
y remplacer Tissol. Vers la même époque
il fut nommé direclcur-généraJ pour l'état
sanitaire delà Lombardie. En 1795, l'Em-
pereur d'Autriche l'appela à Vienne pour
régler le service de santé do ses armées,
et vers la fin de la même année, il le nom-
ma conseiller aulique et directeur-général
de l'hospice civil de Vienne. En 1804 ,
Franck partit pour Wilna, où il était ap-
pelé à remplir la chaire de professeur de
clinique. L'empereur de Russie le choisit
pour son premier médecin et pour pro-
fesseur de niédecintî-pratique à l'aradt-
mie médico-chirurgicale de Sl.-Pélers-
bourg. Le mauvais élatde sa santé l'ayatii
obligé de quil ter la Russie, il par lit en 180s,
pour se rendre à Fribourg en Brisgan .
Il quitta cette ville en 1811 , pour se fixer
à Vienne. L'archiduchesie !*Iarie Louise
lui accorda plus lard la croix de comman-
deur de l'ordre de St. -Georges. Frank c^i
mort à Vienne, le 24 avril 1821. On a d.-
lui les ouvrages suivans : | lettres s<ir
quelques principes émis par le cnllifjr iL-s
médecins, à Munster (en allvmand . ."Vlan-
beim. 1776. in-S" (anonyme, : | Epistnla
invitatoria aderuditos .de commun ican
dis qxuz ad politiam mrduam speclant
principum ac leijislatorum dcc relis . .Maii-
heim, 1776, in-8"; | Systcme complet de
police médicale ( on albinanJ ) . Manheim.
1779-80-83-89-18I1-I8I7.6 vol. in-8"; | Ob-
scrvaliones medico-chirur^ica^ de sin^ju-
FRA
244
fha
lari abcessu hepatico et de secitone sym-
phy sis osmim pubis in episcopatu spirensi
peractâ.l£.Tloidi, 1783 , in-4° ; | Oratio inau-
ffuraliSj de instiluendo adpraxin medico.
Gœltingue, 1784; | Prolasio de larvismor-
borum 6i7?os<5 ^ Gœltingue , 1784, in-4" ;
I Dissertalio de magistratu medico feli-
cissimo. 1784 , in-4"; [ Détectas opusculo-
ncm medicorum antehac in Germaniâ .
in diversis academiis editorum^quam in
auditorum commodum collcgit^ et cum
notis hinc indc aucta recudi curavit, Pa-
vie, 1783-1793, 12 vol. in-8° ; 1 Pland'école
clinique, ou méthode d'enseigner la prati-
que de la médecine dans un hôpital aca-
démique. Vienne, 1790, in-8°, trad. en
italien. Crémone, 1790, in-8°; | Apparatus
' medicaminum ad usum nosocomii ti-
îcinensis, 1790,in-8°; | De periodicaram
affectionum ordinandis familiis oratio
eicademicaA79l, in-8°; ] De curandis ho-
minum morbis epitome , prœlectionibus
academicis dicata, 1792-1821 , in-8'* : tra-
duit en français , sous le litre de Traité
de m,édecine pratique par Goudareau,
Paris , 1820-23, 5 vol. in-8° ; en allemand ,
1793, in-S° ; ] Interpretationes clinicœ ob-
servationum selectaram, 1811, in-8''.
FRANKLIN ( Eléonore - Aivîve , plus
connue sous le nom de m.iss Porden ) ,
née en 1793 , était fille de William Por-
den, architecte. De bonne heure elle
montra du goût pour la littérature et sur-
tout pour la poésie qu'elle cultiva avec
une sorte de passion. Dès l'âge de 17 ans
elle fit paraître une poème badin intitulé
les Voiles ( Ihe Vils ) qu'elle augmenta
dans la suite et fit réimprimer en 1813, en
six chants. Trois ans après elle donna un
second petit poème qu'elle intitula \ Ex-
pédition arctique , et qui lui valut la con-
naissance du capitaine John Franklin,
célèbre par les voyages de découverte
qu'il a faits dans le nord le l'Amérique.
L'admiration que ce marin éprouva pour
le talent de miss Porden le détermina
à demander sa main, et il l'épousa dans
le mois d'août 1823. Cette xmion ne fut
pas de longue durée ; M"*"^ Franklin mou-
rut le 22 février 1825, au moment où son
mari venait de partir pour son second
voyage. Un an avant son mariage elle
avait encore publié un poème épique in-
titulé Cœur-de-Lion ou la troisième croi-
sade.
FRANKLIN (Bexjamix). V. FRANCK-
LIN.
FRANTZIUS ou FRANTZ ( Wol-
CANG ), théologien luthérien, ne en 13G4
à Plawen dans le Voigtland, devint pro-
fesseur en histoire, puis en théologie à
Wittemberg, où il mourut en 1628. On a
de lui 1 Animalium historia sacra, 1666^
in -12, Dresde, 1687, 2 vol. in- 8°, ou-
vrage recherché et curieux ; ] Tractatus
de interpretatione sacrarum scriptura-
rum, 1634, 111-4°, et d'autres ouvrages,
où , si l'on excepte quelques préjugés de
secte, il y a des choses utiles à recueillir.
Le célèbre Scheuchzer a consulté l'Bis^
toria animalium pour sa Physica sacra.
FRANZ ( Joseph ) , jésuite , naquit à
Lintz en 1703, et fut professeur de physi-
que expérimentale à l'académie de Vien-
ne , et puis directeur de celle des langues
orientales, fondée en 1734, dans la mémo
ville , par Marie-Thérèse. Le Père Franz
était généralement estimé, et pour ses
lalens, et pour la pureté de ses mœurs.
On a de lui | Dissertatio de natura elec-
trij Vienne, 1751 , in-4°; | Jeu de cartes
géographiques, ibid., 1739. On lui attri-
bue un petit drame intitulé Godefroi de
Bouillon, représente par les élèves des
.académies des langues orientales, devant
leurs augustes fondateurs, le 18 décembre
1737, Vienne, 1761, in-8". Les interlocu-
teurs s'expriment dans les langues turque
et française; cette dernière est écrite
avec une grande pureté. Le Père Franz
est mort le 13 avril 1776 , trois ans après
la suppression de son ordre.
FRA- PAOLO. Voyez SARPI ( Paul ).
FRASSEN ( Claude ) , né près de Pé-
ronne en Picardie en 1620, définiteur-
gcnéral de l'observance de Sl-François,
docteur de Sorbonne et gardien de Paris,
mourut en 1711, dans la 91*^ année de son
âge. Ce savant religieux avait paru avec
distinction dans le chapitre général de
son ordre , tenu à Tolède en 1682 , et dans
celui de Rome en 1688. A l'exception de
ces deux voyages , il vécut toujours dans
une exacte retraite. Les principaux fruits
de ses veilles sont, | une Philosophie im-
primée plusieurs fois en 2 vol. in -4°.
I Une Théologie, en 4 vol. in-folio, Paris,
1672. Elle vaut mieux que sa Philosophie,
qui était bonne cependant pour son
temps : la logique, la métaphysique et la
morale y sont très bien traitées; il y a,
comme c'était alors l'usage, plusieurs
questions plus subtiles qu'importantes,
mais qui servent à rendre l'esprit juste
( Voyez DUNS , OCCAM ). | Disquisitio-
nes biblicce,Vixris, 1682, en 2 vol. in-4°.
le premier sur la Bible en général . le
deuxième sur le Pentateuque, réimpri-
FRE
%k^
FRE
mes avec des atijjm'.Mitatiuns , h Lacques,
Î764, en 8 vol. in-fol. L'cnidillon brille
dans Cfl ouvraj^o; mais on y désirerai»
plus de mclhodc et de prérisinn. On lui
reproche d'avoir pillé dans la Démonstra-
tion évanjrliqtte de M. Huct , et d'avoir
masque son larrin d'une ruse assci com-
mune aux plagiaires. Il critiqua d'une
fa^-on peu décente l'illustre prélat , à l'îns-
ti(;ation de Louis Ferrand; mais dans la
suite il en dcnKinda pardon à l'offensé.
FRATTA ( Jkam ), poète italien d'une
famille noble de Vérone, vivait dans le
iC* siècle : il laissa dos églogues . et un
poème héroïque intitulé la Multékle, dont
Le Tasse faisait cas. Ce poème fut im-
primé à Venise en 1596, in-4*, du vivant
de son auteur.
• FRAIMIOFER ( Joseph ), opticien
né à Slraubing en i787, mort à Munich
en 1826 , fut obligé , pour acquérir l'ins-
truction à laquelle il doit sa réputation ,
de vaincre les plus grands obstacles. Or-
phelin à il ans, il fut mis en apprentis-
sage chez un maître très exigeant; il par-
vint , quoique dépourvu de tout secours,
à apprendre à lire et à écrire. Retiré
comme par miracle de dessous les ruines
de la maison qu'il habitait et qui s'était
écroulée subitement , il devint l'objet d'a-
l>ord de la curiosité puis de l'inlérët de plu-
sieurs personnages de distinction, entre
«ulresde Maximilien-.Ioseph, roi de Ba-
vière. Malgré l'ex II éme discrétion avec la-
quelle le jeune Fraunhofer usa des secours
qu'on lui accorda , il vint à bout d'appren-
dre les mathématiques. A l'àgc de 20 ans
il fut reçu dans le bel établissement créé
par MM. Reichenbach et Uti-^chneider pour
la confection des instrumens de malhé-
nioliques et d'optique : et dès lors il com-
mença la carrière qu'il a parcourue avec
tant de succès. En 1823 il fut nommé con-
»• rvateur du cabinet de physique de l'a-
oadémic de Munich dont il était déjà
membre. Associé à plusieurs académies,
notamment à V Institution astronomique
d' Edimbourg et à VUniversité d'Erlan-
gen. il reçut du roi de Bavière la déco-
ration de l'ordre du mérite civil, et du
roi de Danemarck, celle de l'ordre de
Danebrog. Le célèbre télescope de l'uni-
versité de Dorpat est l'ouvrage de ce sa-
vant modeste.
FRAVITAS. roy<rzFLAVITAS.
FUEVRD DU <:ASTÉL ( Raoul -
AbRtcv ) , né à Bayeux , réunissait aux
vertus sociales les qualités d'un homme
ie bien. Se* mocnens de loisir étaient par
lagés entre l'étude de la géométrie et la
culture de» fleurs. 11 mourut en 1766.
après avoir dcmné : | Elémens de la géo-
métrie d'Euclide. Paris, 17/»0, in-H;
I V Ecole du jardinier fleuriste, ibid. ,
1764, in-12. Ces ouvrages sont faiblement
écrits.,
FRÉDEOAIRE, le plus ancien histo-
rien français depuis Grégoire de Tours.
es\.Oi\)\ic\cle scnlastique, parce qu'autre-
fois on honorait de ce nom les hommes
qui se distinguaient par leurs écrits. Il
composa, par ordre de Childebrand, frère
de Charles Martel, une chronique qu'on
trouve dans le recueil des historiens de
France de Duchesne et de don Bouquet.
Elle va jusqu'en 641. Son style est bar-
bare; il manque de construction et d'ar-
rangement. Il coule d'ailleurs trop rapi-
dement sur des évcnemens intéressans.
Cependant, tout abrégé qu'il est, il faut
absolument recourir à lui pour cette par-
tie de l'histoire de France. Sa Chronique
est divisée en 5 livres dont les trois pre-
miers ne sont qu'une compilation des
chroniques précédemment écrites par
Jules- Africain , Eusèbe , saint Jérôme et
Idace ; le 4' est un abrégé de saint Gré-
goire de Tours, et le 5* renferme la con-
tinuation de cette histoire. Cet ouvrage a
eu des continuateurs anonymes, qui l'ont
conduit jusqu'en 768. La Chronique de
Frédegaire a été imprimée en forme d'ap-
pendice aux OEuvres de saint Grégoire
de Tours. Bâle, 1568 et 1610, in-8°, sous
ce titre : Fredegarii Scholastici chroni-
con qund ille , jubente Childebrando
comiic , Pipini régis patruo scripsit ; et a
été traduite en français par l'abbé de
MaroUes et M. Guizot ( Collection des his-
toriens de France ). On peut consulter
sur cet ouvrage la dissertation d'Adrien
de Valois , de Fredegario ejusque operi-
Ints . la préface de D. Ruiiiart en tcte des
oeuvres de Grégoire de Tours, l'histoire
littéraire de France de D. Rivet . tom. 3.
et V Apologie de l'histoire de Frédegaire
par l'abbé de Vertot , insérée au tome 1"
des Mémoires de l'académie des Inscrip-
tions.
FRÉDÉr,0\DE, femme de Chilpéric I*',
roi de France , née en .').'*3 à Mout-Didici
en Picardie . d'une famille obscure , entra
d'abord au service d'Audouaire ou Audo-
vère . première femme de ce prince. Elle
employa tout son esprit et t' uté
pour la lui faire répudier. « 'il
une seconde femme ; Frétiio .^ .d tit
amassiiier. et obtint le lit et 4e trône
21.
FRE 246 FRE
Ce monstre d'ambition | j> lion des princes, et non de la libéralité
qu'elle occupait
et de cruauté inspira sou mari , el lui fit
commettre une foule de crimes. Il accabla
'.limpôts ses sujets, et Ot la guerre à ses
frères. Frédéyonde seconda ses armes par
le fer el le poison. Elle fit assassiner Sige-
bert, Mérovée, Clovis, Prétextât, etc.
Après la mort de Chilpéric , elle arma
contre Childebert, défit ses troupes en
o9l, ravagea la Champagne, et reprit
Paris avec les villes voisines qu'on lui
avait enlevées. Elle mourut en 597, cou-
verte de gloire par ses succès , et d'op-
probre par ses crimes. Nous parlons, dans
cet article , d'après le plus grand nombre
des historiens. Il y a cependant apparence
que la haine publique exagéra beaucoup
les vices et les maux attribués à Frédé-
gonde. Dreux Duradier a entrepris de la
justifier dans son Histoi7'e anecdotique
des reines et régentes de France ^ 6 vol.
in-12; mais il a été victorieusement ré-
futé par Gaillard , dans le Journal des
savans de janvier 1765 , pag. 15 et sui-
vantes. Voijez BRUNEHAUT.
FRÉDÉRIC (saint), évéque d'Utrechl,
et fils d'un grand seigneur de Frise ,
gouverna son diocèse avec zèle , et fut
martyrise en 858 pour la défense de la
foi.
EMPEREURS d'aLLEDIAGNE.
FRÉDÉRIC I", dit Barberousse. fils de
Frédéric , duc de Souabe , et duc de
Souabe lui-même en 1147 , après la mort
de son père , était né en 1121 , et obtint la
couronne impériale en H52, à 51 ans,
après Conrad III son oncle. Il avait déjà
été avec ce prince en Asie, et avait com-
battu dans les rangs des croisés ( 1147 ).
Il passa en Italie l'an 1155, poui la rece-
voir des mains du pape. Adrien IV le
sacra le 11 juin après bien des difficultés
sur le cérémonial. On savait si peu à
Rome ce que c'était que l'empire romain,
et toutes les prétentions étaient si con-
tradictoires , que d'un côté le peuple se
souleva , parce que le pape avait cou-
ronné l'empereur sans Tordre du sénat
et du peuple ; et de l'autre côté , le pape
Adrien écrivait dans toutes ses lettres,
qu'il avait conféré à Frédéric le bénéfice
do l'empire romain. Frédéric imposa si-
lence aux députés du peuple : « Rome,
» leur dit - il , n'est plus ce qu'elle a été ;
» Charlemague el Othon l'ont conquise,
» et je suis votre maître. » Non moins
choqué des lettres du pape , il dit « qu'il
* tenait son cmi-ire de Dieu et de l'clec-
» des pontifes romains. » Un légat , devant
qui il prononça ces paroles , voulut le lui
contester; Frédéric le renvoya. Adrien
lui envoya en 1157 à Besançon , où il
était alors, un axitre légat auquel l'em-
pereur fit protester que par le mot de
bénéfice ^ le pape n'avait entendu que la
bénédiction ou le sacre , et non une in-
vestiture. L'année précédente (1156) Fré-
déric avait répudié Adélaïde, pour épou-
ser Béalrix , fille de Renaud , comte de
Bourgogne, et réunit par -là le comté
de Bourgogne à ses états ; mais ce pré-
tendu mariage, contracté contre les
règles de l'évangile, le mit mal dans l'es-
prit des peuples , et ne coutribua pas peu
à la conduite des Milanais envers la
nouvelle impératrice ( voyez BÉATRIX ).
Après la mort d'Adrien , en 1160 , Fré-
déric, qui voulait dominer à Rome, op-
posa au légitime pontife Alexandre III ,
l'antipape Victor , et successivement deux
autres. Les Milanais, indignés de ces vio-
lences, secouèrent le joug en 1161, et
tâchèrent de former une république. Mais
leur capitale fut prise en 1162 et rasée
jusque dans ses fondernens. On passa la
charrue <'t on sema du sel sur son terrain.
Bresse , Plaisance furent démantelées , et
les autres villes, qui avaient voulu être
libres , perdirent non-seulement cet avan-
tage , mais leurs privilèges. Le vainqueur
fit faire la recherche de tous les droits et
de tous les fiefs usurpés. Quatre docteurs
de l'université de Bologne qu'il consulta,
lui attribuèrent tous ces droits , et même
l'empire du monde entier, tel que les
empereurs des premiers siècles l'avaient
possédé. Le fameux Barthole ne balança
pas même à déclarer hérétiques, tous
ceux qui oseraient douter de la monar-
chie universelle des empereurs romains.
On voit par cette plaisante décision , que
la jurisprudence des empereurs n'était
pas mieux en ordre que celle des papes ;
et que ceux qui déclament tant contre la
seconde , affectent à l'égard de la pre-
mière un silence qui tient de l'injustice
et de la mauvaise foi. Le pape Alexandre
m, qui avait été obligé de se retirer en
France, excommunia Frédéric en 1168.
Les villes de Lombardie se liguèrent en-
semble la même année pour le maintien
de leur liberté. Les Milanais rcbâtireiil
leur ville malgré l'empereur. Ils rempor-
tèrent sur lui une victoire signalée , prè»
de Côme, en 1176; el cette victoire pro-
duisit la paix entre Alexandre et Fré-
FRE
Î47
FIIK
ilnu. \,ii.so fui le lieu de la réconcilia-
lion. Il fallut que le superbe Frédéric
jiliàt. Il rccounul le pape, baisa ses pieds,
lui servit d'huissier dans l'ccliie, et con-
duisit sa Ulule dans la place St.-Marc. La
p.iix fut jurée le 1" août il77, par 42
jiriuccs de l'cnipire. Tout fut à Tavanlagc
.le 1 Eglise; Frédéric promit de reslitner
rc qui ap|)arlcnait au saint Siège. Les
Il rres de la comtesse Mathilde ne furent
l><»iut spétillces . et ce fut un nouveau
sujet de querelle entre l'empereur et le
j.ape l'rbain III. Les projrès des Sarra-
sins réunirent les esprits. Saladin , le
liéros de son pays et de son siècle , avait
repris Jérusalem sur les chrétiens. Le
pape engagea Frédéric à reconquérir la
Terre-Sainte. Ce prince se croisa en 1189.
Isaac l'Ange, empereur de Constanti-
nople , était l'allié de Saladin et du sultan
d'Icône. Frédéric fut donc obligé de com-
battre les Grecs. Il força les passages,
remporta deux victoires sur les Turcs ,
prit Icône, pénétra en Syrie, et alla
mourir l'année suivante 1190, après un
règne de 38 ans , près de Tarse en Cilicie,
pour s'être baigné dans le Cidnus ou le
Senef, de la maladie qu'Alexandre le
Grand contracta autrefois dans le même
fleuve, suivant quelques critiques : mais
la chose n'est pas certaine. Il laissa en
mourant une réputation célèbre d'inéga-
lité et de grandeur. Il couvrit son orgueil,
son caractère violent et emporte , par le
courage, la franchise, la libéralité et la
constance dans la bonne et la mauvaise
fortune. Il avait xme mémoire surpre-
nante , cl même beaucoup de savoir , pour
un siècle où la rouille de l'ignorance était
si épaisse, que presque aucun prince alle-
mand ne savait ni lire ni signer son nom.
Jamais les revenus des empereurs n'a-
vaient été plus considérables que sous
Frédéric ; il tirait annuellement de l'Italie
et de l'Allemagne 60 talens d'or , ce qui
retient à 6 millions d'écus d'Allemagne :
tomme prodigieuse pour ce temps-là , où
lo domaine des empereurs avait déjà souf-
IiTl des pertes immenses. C'est sous Fré-
déric 1" que les archevêques de Mayence
Commencèrent à prendre le tilre d'archi-
thanceliers de l'empire. La Fie de Frc-
ilt'ric liarhrrousse Si été écrite en latin.
et fils de l'empereur Henri VI, n*en \\%,
à lési, élu roi des Romains en H%, du
vivant de son père, empereur en 1212,
à 17 ans, ne fut paisible possesseur de
l'empire qu'après la mort dOlhon en 1218.
Son règne commença par la diète d'Kgra
en 1219. Ce fut dans cette diète qu'il lit
jurer aux grands seigneurs de l'einpire ,
de ne plus rançonner les voyageurs qui
passeraient dans leur territoire, et de ne
pas faire de fausse monnaie : usages bar-
bares, que les petits princes prenaient
pour des droils sacrés dans ces temps de.
brigandage. Après avoir mis ordre à tout
en Allemagne , il passa en Italie. MilaJn lui
ferma ses portes comme à un petit-fils de
Barberousse : et il alla se faire couronner
à Rome par le pape Honoré III , le 22 no
vembre 1220. Il signala son couronne-
ment par des édits violens contre les héré-
tiques, et par le serment d'aller se battre
dans la Terre-Sainte. Frédéric né en Ita-
lie , et s'y plaisant beaucoup , ne se pressa
pasde se rendre à Jérusalem. Grégoire IX.
successeur d'Honoré III, l'avertit en vain
d'exécuter son serment , et l'excommunia
en 1227 et 1228. Frédéricpartpourla Terre-
Sainte, et y arrive en septembre 1228.
Mélédin , sultan de Babylone, effrayé de
l'orage qui allait fondre sur lui , conclut
l'année d'après une trêve de dix ans avec
l'empereur. Grégoire IX, irrité de ce que
Frédéric avait abandonné si légèrement
la cause des chrétiens d'Orient , et exécnli:
son serment d'une manière illusoire, l'a-
nathématisa. Il assembla une armée , cl
s'empara d'une grande partie de la Fouille,
dont il investit le beau-père de Frédé-
ric II , Jean de Bricnne. Le jeune Henri
son fils, roi des Romains , se déclara aus.'i
contre son père , et fit répandre le bruit
de sa mort. Cette nouvelle, quoique fausse
occasiona la révolte générale de la Sicile
cl de l'Italie. Frédéric, instruit decesc\e-
nemens, repasse en Europe. Ayant ramas-
sé une armée à la hâte , il se rend maitie
de la Romagne , de la Marche d' Ancône ,
des duchés de Spolclte et de Bénévenl.
Les soldats de la croisade papale , appe-
lés Guelfes , portaient le signe des deux
clés sur l'épaule. Les croisés de l'empe-
reur s'appelaient Gibelins, et portaient la
croix; ils furent souvent vainqueurs. I^
Lcip^irJi, r/73, in-4°. On peut consulter pape se réconcilie avec l'empereur en 1230
»ur ce prince entre autres ouvrages, la
<:hroniqxur d 'Othou de Frcisingen ; ctGttti
moyennant la somme de 130,000 marcs
d'argent et la restitution des villes qu'il
ther Lujuiinus. sive de rébus gestis Fre- lui avait prises. Frédéric ne fut si facile,
derici i. lihri X, llcidclberg, 1812, in 8". que parce que son fils sétail révolté en
FRÉDÉRIC II, petit fils de Frédéric i", ' All^masac II va assembler une dièle à
PRE
248
FRE
Mayence; condamne en 1235 le rebelle à
une prison perpétuelle , et fait élire peu
après son second fils , Conrad IV , roi des
Romains. L'Allemagne pacifiée , il repasse
en Lombard ie en 1240, bat les Milanais
et en fait un grand carnage. Il prend plu-
sieurs autres villes, soumet la Sardaigne,
triomphe des forces de Venise et de Gènes,
se rend maître du duché d'Urbin et de la
Toscane , et assiège Rome. Ce fut alors
que ce prince emporté et cruel fit fendre
la téie en quatre , ou marquer d'un fer
chaud fait en croix , les prisonniers qu'il
faisait. Il alla ensuite saccager Rénévent ,
le Mont-Cassin, et les terres des Templiers.
Rien n'arrêtait ses dégâts , et c'était sur-
tout à l'égard des ministres de l'Eglise
qu'il se montrait implacable. « Les temples,
>. disent les historiens , furent saccagés ;
I» les vases sacrés servirent dans sa cui-
» sine ; les cendres des saints , troublées
• dans leur tombe, furent jetées aux vents,
- leurs ossemens dispersés ; des ecclésias-
» tiques languirent dans les fers ; à d'au-
» 1res on creva les yeux; d'autres furent
» chassés de l'empire , ou égorgés ou li-
■ vrés aux flammes. L'on fit expirer sur
» les bûchers des comtes et des barons du
» parti guelfe : d'autres périrent de faim
» et de vermine dans les prisons souter-
» raines d'antiques donjons. Des villes de
» cette faction furent ruinées de fond en
» comble. Ez.zelino, gibelin furieux et san-
» guinaire , fit périr par la faim , le fer et
» le feu , douze mille citoyens de Padoue ,
» enfermés dans l'amphithéâtre de Vé-
» rone » ( voyez EZZELINO ). Frédéric
avait été de nouveau excommunié par
Grégoire IX en 1256. Le pape donnait pour
motif de cette excommunication , que les
armées fle ce prince avaient pillé des
églises, qu'il avait fait juger par des cours
laïques les affaires ecclésiastiques, et qu'il
avait blasphémé Jésus-Christ dans la diète
de Francfort, et l'avait mis au nombre
des imposteurs qui avaient trompé l'uni-
vers. Dans sa îettre , adressée aux princes
et prélats contre cet empereur, le 12 des
calendes de juin de la 15"^ année de son
pontificat , 1259 , Grégoire l'accuse for-
mellement d'avoir rangé le Sauveur du
monde, Moïse et Mahomet sur une même
ligne , et rapporte les paroles mêmes de
l'empereur : A tribus Baraltoribus , xit
ejus verbis xitamur ^ scilicet Christo Jesitj
Moïse et Mahometo .totum miindum fuisse
deceptum . etc. V. VIGNES (Pierre des.)
Cette dernière accusation , la plus grave
un manifeste envoyé à toutes les cours.
Le pape , qui n'ajoutait aucune foi à cette
protestation , et qui avait , comme il l'as-
sure dans sa lettre , des preuves démon-
stratives du fait , voulut faire assembler
un concile ; mais les prélats français , an-
glais et espagnols, s'étant embarqués à
Gênes, furent faits prisonniers par Henri
roi de Sardaigne , fils naturel de l'empe-
reur. Le pontife en mourut de douleur.
CélestinlV, son successeur , n'occupa le
trône pontifical que 18 jours. Le siège va-
qua pendant 19 mois. Enfin Innocent IV
ayant été élu , ce pape , l'ami de Frédéric
quand il était cardinal, s'efforça en vain
de le réconcilier avec le saint Siège. Après
bien des négociations inutiles, il le déposa
dans le concile de Lyon, en 1245; mais la
sentence ne fut prononcée qu'au nom du
pape et en présence du concile, prœsente
concilio , non avec l'approbation du con-
cile, approbante concilio ^ comme portent
les décrets où le concile concourait avec le
pape. Il n'a point été question dans ce
concile du droit du pontife sur la cou-
ronne du prince ; ce point n'y fut nulle-
ment agité , ni défini. Tout paraît avoir
été supposé comme un article de jurispru-
dence reconnu ( Voyez MARTIN IV ,
GRÉGOIRE VII ). Tout se réduisait à sa-
voir si l'empereur était véritablement
coupable des crimes dont on l'accusait ;
c'est là-dessus qu'intervint le jugement.
Des historiens et des jurisconsultes ont
écrit que le point dont il s'agit ici, formait
une question purement civile , très dif-
férente de celle qui regardait le prétendu
domaine temporel des papes, et que c'était
une prétention de suzeraineté. Sous le
règne des Olhon, disent-ils, non-seule-
ment le pape, comme souverain de Rome,
conférait l'empire ; mais il donnait encore
aux empereurs le pouvoir de designer
leurs successeurs. Après les Othon, ildomia
à certains princes d'Allemagne le droit
d'élire les rois des Teutons, qui étaicni
ensuite élevés à la dignité impériale, et les
empereurs élus lui prêtaient serment do
fidélité ( Suppl. Baron., l. 'i , c. 40, tom.
10 , ann. 964 , p. 783, 784 et 909 ). Lis
papes prétendirent en conséquence que
les empereurs tenaient leur couronne du
saint Siège , comme les électeurs le droit
d'élection. De là ils inféraitnt, par une
conséquence quelconque , le droit de les
juger et de les déposer. On voit par une
lettre de Frédéric II, que c'était là une
des raisons sur lesquelles Innocent IV a.\y-
de toutes j fut niée par l'emperiur , dans J puyait ses prétentions ; elle est rapportée
FRE
^k9
FRE
dans VUistohr de France , par Daniel,
lome i. p. 573, éilit. (7.'>5. Quoi qu'il en
•oit . les i^crivas<iiers qui se sont opuisi'S
en sarcasmes cnntio lu conduite <lt's pon-
tife» dans ces IcinjJS jïi-nibles et difficiles.
n'ont jias eu l'iMiuilé d'observer qu'ils
avaient les mœurs de leur temps , qu'ils
en avaient adopté la jurisprtidencc cl les
niaximrs; que c'est sur cet état de choses
qu'il faut les ju{jer , ainsi qui* les ciiipc-
reurs qui n'étaient pas plus au dessus de
leur siècle que les papes, et dont la juris-
prudence, couHsie nous venons de lob-
«erver à l'article de Frédéric P' était plus
défectueuse encore et plus révoltante. Les
papes d'aujourd'hui sont très éloignés de
ces prétentions, et n'en ont pas qui leur
soit plus chère que celle de donner aux
souverains de la terre des exemples de mo-
dération, de douceur, de sagesse et de jus-
tire. «C'est une chose sinjulière.dit un écri-
» vain moderne, et elle serait inconcevable
» si on ne connaissait l'hypocrisie du sié-
» cle, d'entendre nos philosophes déclamer
• avec fureur contre le droit que s'attri-
» huaient les papes sur des rois chrétiens,
• précisément en faveur de l'Eglise qu'ils
» troublaient , et que leur devoir était de
» proléger : tandis que ces mêmes philo-
» sophes font ime jirofession ouverte de
» renverser les troncs , de traiter en es-
» daves les rois les plus sages , et d'éla-
» blir l'atiarcbie la plus affreuse sur les
» débris de toute autorité. » Les peuples
ligués de Lombardic battirent Frédéric :
les princes ne le regardèrent plus que
comme un impie; pour comble de mal-
heur, les Allemands élurent contre lui,
en 1246, Henri de Thuringe, puis Guil-
lnuu)e, comte de Hollande, en 1247. On
dit qu'étant dans la Pouille , il découvrit
que son médecin voulait l'enjpoisonner,
et qu'il fut oblige de prendre des malio-
mélans pour sa garde. Ils ne le garanti-
rent pas des fureurs de Mainfroy, l'un de
ses bâtards, qui, à ce qu'on prétend,
l'empoisonna à Fiorenxuela en 1250 , à 57
ans , et l'etouffa sous une pile de carreaux,
parce qu**- le poison n'agissait pas assez
promptemcnt. D'autres le font mourir
d'une manière différente. Quoi(iue d'un
naturel violent et emporté, cet empereur
avait quelques qualités estimables. Actif,
vigilant , courageux , il eut pu réprimer,
s'il avait voulu sérieusement, la puissance
malumiétane dans sa naissance. 11 fonda
des universités, notamment celle de Pa-
douc ; il niUiva les beaux-arts et les fil
ctiltivcr. On a de ce prince des vers en i
langue romane, des lettres tn latin, et
un traité do la chasse au faucon ( De arte
vcnandi cum avihus), imprimé avec yél-
bertus marjnns. De falconihus.. \.U{',f>hourg
11)00, in-8". Il lit traduire de grec en latin
divers livres, en particulier ceux d'Àris-
tote , l' .ilmngeste de Ptolémée et plu-
sieurs traites de Gallien. Ce fut un des
meilleurs troubadours de son époque. Il
parait que dans les dernières années de
sa vie il était revenu à des sentimens plus
religieux, puisque dans son testament il
charge son iils Conrad de restituer tout
ce qui pouvait appartenir à l'Eglise , et
légua 100,000 onces d'or pour le secours
de la Terre-Sainte. Quelques auteurs pré-
tendent qu'il mourut dans de grands sen-
timens de piété et de repentir.
FRÉDÉniC m, dit le Beau, fils d'Al-
bert 1" d'Autriche , fut élu par quelques
électeurs en 1514 ; mais le plus grand
nombre avait déjà donné la couronne im-
périale à Louis de Bavière, qui le vainquit
et le fit prisonnier dans une bataille dé-
cisive en 1522. Il mourut en 1555, après
quelques années do prison , empoisonné
par un philtre amoureux , selon les uns ;
rongé des vers , selon les autres. Duchat
lui attribue cette devise : A. E. I. O. 'V. que
Matthieu Tympius prétend signifier j4qui-
la Elrcta Juste Oinnia Vincit. L'événe-
ment fait voir qu'elle convenait mieux à
son rival. D'autres l'ont expliquée par
Âustria Erit In Orbe Vltimo ; d'autres
jtar^ï us tria Erit Imper ans Orbi f-'niverso;
d'autres enfin par Audox Et Imprnbus
Omnia Vcrtit.
FUEDÉIUC IV, empereur (ou HI ,
selon q»ielques-uns , qui ne mettent pas
Frédéric IH au nombre des empereurs ) ,
dit le Pacifique , né le 25 décembre 1415
d'Krnest, duc d'Autriche, monta sur le
Irone impérial en 1440, à 25 ans, et fut
couronné à Rome en 1442, de la main du
pape Nicolas V. Par le serment qu'irprcta
à ce i>onlife, il promit de n'exercer dans
Rome aucun acte de souverain , sans son
consentement. Le couronnement de Frè
déric est le dernier qui ait été fait à Rome,
et fut un des moins éclatans. Eleonore de
Portugal, qu'ilavaitdemandée en mariai;'
se rendit à Rome , et y fut couronnée iin
péralrice en même temps que son éi>oux.
Frédéric ne voulait pas d'abord conson>-
mcr le mariage en Italie . de peur que
l'enfant qui en naîtrait n'eût les moeurs
italiennes. Il fallut qu'Alfonse , aïeul de
sa fennne, roi d'Aracon et de Naplc», ly
engageât. L'empereur de retour en Ail»-
FKE 2
magne s'abandonna à son humeur trop
pacifique, et pour nnticux dire, insou-
ciante ; il en résulta des {juerres «iviles.
Les électeurs, assemblés à Francfort, le
sommèrent de s'appliquer aux affaires de
l'état , de rétablir la paix publique , de
faire administrer la justice et de punir le
crime. On le menaça d'élire un roi des
Romains, qui aurait le gouvernement de
l'empire. Ces menaces furent inutiles. La
Hongrie se donna eu 1458 à Mathias , fils
d'Huniade son défenseur. Frédéric se
contenta de lui refuser la couronne de saint
Etienne , qu'il avait entre les mains : re-
fus qui produisit une guerre sanglante.
Mathias envahit l'Autriche, prend Vienne,
en chasse l'empereur, qui, avec une suite
de 80 personnes , se met à se promener
de couvent en couvent , en attendant que
son vainqueur fût mort. Il répétait sans
cesse ces paroles , qui doivent être dans le
cœur d'un philosophe, mais non dans celui
d'un monarque : « L'oubli des biens qu'on
» ne peut recouvrer, est la félicité supré-
D me. » Il se conduisit suivant ces princi-
pes, et finit la guerre par un traité de
paix honteux en ilST. Il mourut en 1W5,
à 78 ans , après un règne peu glorieux.
C'est au commencement du règne de cet
empereur en 1440, qu'on place l'invention
de l'imprimerie. Voyez FUST. On trouve
quelques bons mots ( Proverbia ) de ce
prince dans un recueil intitulé Margarita
/actffmrum> Strasbourg, i509, in-4".
ROIS DE DAXEMARCK.
FRÉDÉRIC P% roi de Danemarck en
1523, après l'expulsion du barbare Chris-
tiern, se maintint sur le trône par les armes.
IlfitallianceavecGustaveP, qui s'était fait
reconnaître roi de Suède , et se ligua avec
les villes anséatiques. Après il introduisit
le luthéranisme dans ses états , l'an 1526.
Il mourut en 1555 , à l'âge de 62 ans.
FRÉDÉRIC II, roi de Danemarck , fils
et successeur de Chrisliern III, aug-
menta ses états , favorisa l'académie de
Copenhague , fit fleurir les lettres , aima
les sa vans, et protégea Ticho-Brahé auquel
il donna l'ile de Herven pour y construire
le fameux observatoire d'Uraniembourg.
Son règne ne fui troublé que par une
guerre passagère avec la Suède ; elle fut
heureusement terminée en 1570. llmourul
en 1588, à 54 ans. Il eut pour ministre
Pierre Oxe dont les talens améliorèrent
sensiblement ses états.
FRÉDÉRIC m. né en 1609, d'abord
archevêque de Brème, ensuite roi do Da-
i>0 FRE
nemarck en 1648 , après la mort de Chris-
tiern IV son père . perdit plusieurs places
que Charles-Gustave , roi de Suède , lui
enleva. Il mourut en 1670 , à 61 ans, après
avoir obtenu que la couronne , aupara-
vant élective , serait héréditaire dans sa
maison. La noblesse , qui traitait les au-
tres ordres avec dureté , perdit en même
tempsune partie de ses privilèges.
FRÉDÉRIC IV, roi de Danemarck, fils
de Chrisliern V, né en 1671, monta sur
le trône de son père en 1699. Il se ligua ,
avec le czar Pierre et le roi de Pologne ,
contre Charles XII , qui le contraignit à
faire la paix. Après une guerre fort désa-
vantageuse, le roi de Suède ayant été ré-
duit à se retirer en Turquie par le czar ,
Frédéric se dédommagea de ses pertes et
lui enleva j)lusieurs places. Il mourut en
1750 , à 59 ans , après avoir fondé les mis-
sions du Groenland et de la Laponie , la
maison des Orphelins de Copenhague et
240 écoles pour l'instruction des enfans
pauvres.
* FRÉDÉRIC V, roi de Danemarck et
de Norwége , fils de Christian VI , né en
1723 , succéda à son père le 6 août 1746 ,
et mourut en 1766. Pierre III étant monté
sur le troue de Russie en 1762 , leva une
armée considérable pour reprendre sur le
Danemarck le duché de Flesseig dont son
père avait été dépouillé. Déjà le général
Romanzow , à la tête de 40,000 hommes,
jetait la terreur dans le Mecklenbourg , et
Frédéric préparait une résistance formi-
dable , lorsque Pierre fut assassiné et que
Catherine s'empressa de retenir ses trou-
pes et de signer la paix. Son règne fut re-
marquable par plusieurs institutions et en-
treprises propres à faire fleurir l'indus-
trie, le commerce, les sciences et les arts.
Il accorda de grands avantages à la compa-
gnie asiatique, et parvint à rendre le com-
merce de l'Amérique entièrement libre.
Copenhague lui doit une académie de pein-
ture et une maison d'accouchemens gra-
tuits : cet hôpital est devenu l'un des plus
remarquables de l'Europe par sa bonne
organisation.
ROIS DE POLOGNE.
FRÉDÉRIC-AUGUSTE 1", roi de Po-
logne 1 naquit à Dresde en 1670 , de Jean-
George III, électeur de Saxe. Il eut cet
électoral après la mort de Jean-George
IV , son frère, en 1G94. Il fil ses premières
campagnes contre les Français en 1689 sur
les bords du Rhin, et y donna des mar-
ques de valeur. Choisi en 1695 pour com-
FRE
nvindcr l'armée chrclioimc conire les
Turcs, il soutint la rcpuUiliiMi do bra-
voure, et cul sur eux de grands avanlactis.
Ayant cmlirassé la roli(riun catholique
l'année suivante , il fut élu roi de Polouiic
le 27 juin, et couronné à Cracovic le 15
septciMbre. Il avait acheté la moitié des
5uffra{;es delà noblesse polonaise, et forcé
l'autre par l'approche d une armée saxon-
ne . qu'il ne tanla pas d'employer contre
Charles XH. 11 se jeta d'abord sur la Li-
vnnic: il y cul quelques succès contre les
Suédois, mais ils furent suivis de plusieurs
échec*. Il fut obligé de lever le siège de
Biga , perdit la bataille de Clisso w et celle
de Frawstadl ; et après une pucrre où il
avait été aussi malheureux que brave , il
sit^na la paix en 1706. Par ce traité il fut
dépouillé de la couronne de Polotpae , que
Charles XII avait fait donner à Stanislas
Lcc7.inski, en 1704. Après la bataille de
Pultawa, Frédéric-Auguste remonta sur
le trône , et s'y soutint avec honneur jus-
tju'à sa mort . arrivée en 1733. Ce monar-
(|uc avait une force de corps incroyable;
mais il était plus connu encore par sa
bravoure et surtout par sa grandeur d'àme
dans la bonne et la mauvaise fortune. Sa
cour était la plus brillante de l'Europe ,
après celle de Louis XIV. Il signala son
régne par un nouveau code . par l'érec-
tion de différentes chaires académiques,
p.Tr la fondation d'un gymnase pour la
noblesse à Dresde , et par d'autres etablis-
semcns qui l'ont inunortalisédans le cœur
de ses suje's.
FRÉDÉRIC-AUGUSTE II , roi de Po-
logne, lilsdu précédent, naquit en 1696 ,
cl parvint au trône en 1734. Les dernières
années de son règne furent très malheu-
reuses. En 17.")6, le roi de Prusse s'em-
para de la Saxe , qu'il garda jusqu'à la
paix conclue à Hubertsbourg , le 15 fé-
Nrier 1763. Frédéric-Auguste mourut le
.'> octobre du la même année. C'était un
prince plein de bonté et de générosité ;
mais qui ayant des voisins puissans né-
gligea trop le soin de préparer de bonne
bture les moyens de leur résister.
ROI DE StÈDE.
FRÉDÉRIC, prince de Hesse-Cassel ,
épousa, le i'i avril 1713, Ulrique Eléo-
norc , S'tur de Charles XII , roi de Suède.
Celle princi-ssc. après la mort funeste du
conquérant s«>n frère , succéda à la cou-
ronne le 3 février 1719. L'année suivante
elle associa «jn époux au trône avec l'a-
ient de» état», et Frédéric fui pro-
S5I II\E
damé roi de Suède le 24 avril 1720. Il Ç\*
la guerre aux ItuHses, qui battirent st ->
troupes en plusieurs rencontres, et motv
rut en 1731 , à 7oans, sans postérité.
ELECTEUnS DE BRA:«nEBOi;RG.
FREDEUIC-tUJILLAUME DE BRA\-
DEBOCRG . surnommé le GraiiJ-KUc-
<cur, né à Berlin en 1620, fit la guerre,
aux Polonais avec avantage. Elle finit
par le traité de Braunsberg en 1657. Dans
la guerre de 1674 conire Louis XIV. i;
s'unit avec le roi d'Espagne et les Hollan-
dais. Il marcha dans l'Alsace avec son ar-
mée ; mais il fut bientôt contraint de la
retirer , pour s'opposer aux Suédois qui
s'étaient emparés des meilleures places
du Brandebourg. Frédéricles mit en fuite,
fit une descente dans l'île de Rugen , prit
Fehrschanti , Stralsiuid , Gripswalde , et
fit une paix avantageuse, fruit de ses
victoires. Il mourut en 1688. L'auteur des
Mémoires de Brandebourg en fait ce por-
trait, ou, pour mieux dire, ce panégyri-
que : « Frédéric-Guillaume avait toutes
» les qualités qui font les grands hommes ;
» magnanime, débonnaire , généreux .
n humain.... Il devint le restaurateur et
» le défenseur de sa patrie, le fondateur
» de la puissance du Brandebourg, l'ar-
» bitre de ses égaux Avec peu de
» moyens il fit de grandes choses, se tint
» lui seul lieu de ministre et de général ,
» et rendit florissant un état qu'il avait
■> trouvé enseveli sous ses ruinçs. » Lors-
que Frédéric II fit transporter les corp-
de ses ancêtres dans la nouvelle catln
drale de Berlin, il voulut voir celui de
Frédéric-Guillaume, son bisà'ieul- Après
l'avoir considéré long-temps en silence
et les larmes aux yeux, il le prit par I
main et dit aux assistans : < Âlessieurs
» celui-ci a fait beaucoup. »
FRÉDÉRIC 1", électeur de Brande-
bourg .fils du précédent, naquit à Kœnig,' -
berg en 1657. Le titre de roi tentait son
ambition ; il fit négocier en 1700 auprès
de Léopold, pour l'érection du duché du
Prusse en royaume. L'empereur avait
refusé , en 1695, de reconnaître la Prusse
pour un duché séculier ; mais en 1700,
Frédéric lui ayant promis du secours
contrôla Fian<e. il ne fit aucune diffi-
culté de la reconnaître pour un royaume.
L'Ancletcrre et la Hollande furent ga-
gnées par le même motif. 1^8 différend»
entre la Suède et le roi de Polr>gne assu-
rèrent le consentement de f I-
ronnes, qui avaient un ii' a
FRE 2
ménajcr Frédéric; enfin, à la paix d'U-
trecht, il fut généralement reconnu
comme roi. On lui confirma en même
temps la possession de la ville de Guel-
dres , et de quelques autres de ce duché
dont il s'était emparé en 1703. Il aug-
menta encore ses états, du comté de Tck-
lenbourg, de la principauté de Neuchàtel
et de Valangin. Ce prince mourut d'une
frayeur : sa troisième femme Lou^ise de
Mecklenbourg était tombée en démence ;
on cherchait à le cacher au roi; mais
un jour elle enfonça une porte , et se
présenta vêtue de blanc et tout ensan-
glantée devant Frédéric qui dormait : à
sa vue , il pensa voir le Fantôme blanc ,
être imaginaire qui d'après une tradition
populaire, apparaissait dans les châteaux
de la famille de Brandebourg, peu avant
la mort d'un prince de cette niaison.
Trois semaines après Frédéric était mort :
c'était en 1715. Ce prince était magni-
fique et généreux, mais c'éiait aux dé-
pens de ses sujets : il foulait les pauvres
pour engraisser les riches. Sa cour était
superbe , ses ambassades magnifiques ,
ses bàtimens somptueux , ses fêtes bril-
lantes. Il fonda l'université de Halle,
la société royale de Berlin, et l'aca-
démie des Nobles. Il dépensait ordinai-
rement sans choix l'argent de ses peu-
ples. Il donna un fief de 40 mille écus à
un chasseur , qui lui fit tirer un cerf de
haute ramure ; enfin, pour nous servir
de l'expression de son petit-fils , a il était
» grand dans les petites choses, et petit
» dans les grandes. »
ROIS DE PRUSSB
FRÉDÉRIC-GUILLAUME I" (i), roi
de Prusse , né à Berlin , le 15 août 1688 ,
était fils du précédent; il commença à
régner en 1713, sous les auspices favora-
bles de la paix. Toute son attention se
tourna d'abord sur l'intérieur du gouver-
nement. Il rétablit l'ordre dans les finan-
ces, la police, la justice, le militaire. De
cent chambellans qu'avait eus son père,
il n'en retint que douze. Il réduisit sa
propre dépense à une somme modique ,
disant « qu' un prince doit être économe
» du sang et du bien de ses sujets. » La
(i) Ce serait FhÉdÉRIC-GdillAUME II, si l'on comp-
tait Frédéric-Guillaume le grand électeur; mais
l'on date depuis l'crcction de la Prusse en royaume
•—D'un autre côté , il faut observer que t'est l'usage
de cette cour de considérer l'ensemble de deux noms
•omrae un nom différent : c'est pourquoi le grand
Frédéric n'est que Frédéric II.
52 FRE
bonne administration de ses finances fit
que , dès la première année de son règne,
il entretint 50 mille hommes sous les ar-
mes, sans qu'aucune puissance lui payât
de subsides. La France et l'Espagne
avaient enfin reconnu sa royauté , et la
souveraineté de la principauté de Neu-
chàtel. On lui avait garanti le pays de
Gucldres et de Kessel , en forme de dé-
dommagement de la principauté d'O-
range , à laquelle il renonça pour lui et
pour ses descendans. Le Nord était en feu
par les querelles de Charles XII. Frédé-
ric ne voulut pas s'en mêler, et tandis
que ce héros soldat perdait ses plus riches
provinces, Frédéric acquérait la baronie
de Limbourg dans la Souabe. Il fut enfin
obligé de prendre part à celte guerre , et
de se déclarer contre le roi de Suède ,
dont les procédés et les hostilités l'avaient
d'autant plus irrité , qu'il ne voulait pas
les réparer. Frédéric , forcé de se défen-
dre, ne put s'empêcher de s'écrier : « Ah !
» faut-il qu'un roi que j'estime , me con-
» traigne à devenir son ennemi? » Ses ar-
mes eurent un heureux succès , il chassa
les Suédois de Stralsund en 1715 , et re-
vint vainqueur à Berlin , mais sans vou-
loir permettre qu'on lui élevât un arc de
triomphe. En méprisant les dehors de la
royauté, il en outrait cependant quelque-
fois les droits , et se rendait maître des
propriétés. C'est ainsi qu'il abolit en 1717
tous les fiefs dans ses états , et les rendit
allodiaux. L'année suivante , il borna la
durée des procès criminels à trois mois.
Il repeupla la Prusse et la Poméranie ,
que la peste avait dévastées. Il fit venir
des colonies de la Suisse , de la Souabe et
du Palatinat, et les y établit à grands
frais. Beaucoup d'étrangers furent appe-
lés dans ses états. Ceux qui établissaient
des manufactures dans les villes , et ceux
qui y faisaient connaître des arts nou-
veaux, étaient excités par des bénéfices,
des privilèges et des récompenses. Il par-
courait annuellement toutes ses provin-
ces , et partout il encourageait l'industrie
et faisait naître l'abondance. Dès l'an 1718,
son armée montait à près de 60 mille
hommes, nombre excessif pour l'étendue
de ses états ; mais de ce mal il résulta
quelque bien ; l'argent que les provinces
payaient à l'état leur revenait sans cesse
par le moyen des troupes. Les laines
qu'on Tendait aux étrangers et qu'on ra-
chetaitaprès qu'ils les avaient (lavaillées,
ne sortirent plus du pays. "Toute l'armée
fut habillée de neuf, régulièrement tous
FRE
25S
FRE
le* ans. La paiidi* {7'20 lui assura lavilk»
cl la principauté dcSicttin. KrtHloric avait
établi sa rcsiJonce n Pot/Alain , maison de
plaisance, dont il lit une belle ville, où
fleurirent les arts. Il y fonda un grand
bùpHal où sont entretenus annuellement
S.-SOO enfans de soldais, qui peuvent ap-
prendre les professions auxquelles leur
génie le» détermine. Il établit de même
un liopital de tilles, qui sont élevées aux
ou^ rages propres à leur sexe. Il aug-
menta , la même année, en 17t22 , le corps
des cadets, où 300 jeunes gentilshommes
apprenaient l'art de la guerre. Tandis
que Frédéric faisait fleurir ses étals au-
dcdans, il les soutenait au dehors. Il si-
gna en 17-27 le traité de Muslerhausen
avec l'empereur ; il consistait dans des
garanties réciproques. A peine ce traité
fut-il conclu, qu'il pensa s'allumer une
guerre en Allemagne entre les rois de
Prusse et d'Angleterre. Il s'agissait de
deux petits prés , situés aux contins de la
vieille iMarclie et du duché de Zell, et de
quelques paysans hanovriens que des
ofliciers prussiens avaient enrôlés. Cette
querelle fut pacifiée dans le congres de
Brunswick. L'année 1730 est remarquable
par les brouillcries de Frédéric avec son
lils, qui, lie de bonne heure avec les
philosophes , et lisant leurs livres, n'a-
vait pas pris les maximes qui assurent la
paix des familles. Le roi de Prusse, père
tendre mais sévère , l'envoya prisonnier
à Cusfrin sur l'Oder, et ne le relâcha
qu'après les prières réitérées de l'empe-
reur et du roi d'Angleterre. 11 mourut le
31 mai 1740, avec tous les sentimens de
religion qu'on peut avoir hors de la véri-
table Eglise. « La politique de Frédéric ,
> dit son illustre fils, fut toujours insépa-
» rable de sa justice. Moins occupé à
» étendre ses états qu'à les bien gouver-
» nci , circonspect dans ses cngagemens ,
» vrai dans ses promesses , austère dans
' »cs mœurs , rigoureux sur celles des
• autres, scrupuleux observateur de la
> discipline militaire, il présumait si bien
• de l'humanité , qu'il aurait voulu que
» SCS sujets fussent aussi sto'iques que
» lui. > Il n'aimait pas les savans ni les
poètes. I4i connaissance de i'hisloire ,
peut-être celle de la nature humaine, lui
avait persuadé que les lettres cultivées
au-delà d'un certain degré, et devenues
d'un usage trop général, détruisaient l'é-
nergie des nations et préparaient la chute
des empires; et c'est peul-éire à la con-
duite qu'il tint à cet égard, qu'il faut en
partie attribuer la gloire du règne sui-
vant, rot/ez GIHALDI ( Lii-io ), ROUS-
SKAU ( Jew-Jacquks. )a 11 retarda par
■ là, dit l'abbé Dcnina, les progrès d'une
B philosophie destructive et de cet esprit
» léger qui commençait à se répandre de
• son temps. C'était à l'éjwque de la ré-
» gencc du duc d'Orléans, que Frédério
» Guillaucne montrait tant d'aversion pour
» les modes et les muses françaises. C'é-
» tait dans ce temps-là que les Français les
» plus sensés se plaignaient de la futilité
» qui régnait dans la littérature, et de la
» corruption du goût qui gagnait ample-
» ment. » Les anecdotes suivantes achè-
veront de donner une juste idée de son
caractère. Le roi et le prince royal ( de
puis Frédéric II ), passant quelques jours
à Bonn, l'électeur Clément-Auguste, de
la maison de Bavière, les traita avec toute
la magnificence possible. On leur donna
entre autres, un bal. Frédéric-Guillaume
était toujours fort mal habillé , car il por-
tait un uniforme aussi long-temps qu'il le
pouvait ; et quand il se faisait faire un
habit neuf, on y mettait les boulons du
vieux. Le prince royal n'était guère plus
élégant ; d'ailleurs il était fort triste , et
ne trouvait aucun plaisir à tous les diver-
tissemens. Le roi s'en étant aperçu lui
demanda la raison de sa tristesse, et pour-
quoi il ne dansait pas. Frédéric baissa les
yeux et regarda son habit tout usé. Mais
le vigoureux monarque répondit en lui
appliquant un ample soufflet devant toute
la compagnie ; et le poussa au milieu de
la salle, en lui disant : Allons, allons ,
marche! Des larmes coulèrent des yeux
du prince ; mais il fallut prier une dame ,
et danser avec elle. Quand Frédéric-
Guillaume avait fait sa revue, il allait se
promener à pied par la ville. Alors tout
le monde s'enfuyait au plus vite. Il ne
pouvait pas souffrir surtout une frmme
dans les rues. Quand il en rencontrait
quelqu'une, il la renvoyait chez elle,
avec une paire de soufflets , ou quelques
coups de canne ou de pied, en disant ;
« Que fait ici cette gueuse? Les honnêtes
» femmes restent dans leur ménage. » Un
beau jour d'été , il surprit plusieurs
femmes qui se promenaient derrière la
château dans une place publique , nom-
mée >ar</m du Roi. ma.\i qui n'est qu'une
grande place d'exercice. A cette vue , il
appela des soldats , envoya dierchcr des
balais, et obligea les belles dames à ba-
layer la place pendant une demi-heure. Il
ne pouvait souffrir que les ministres <>
FRE 2
la parole île Dieu vinssent voirla parade ;
et quand il en apercevait quelques-uns ,
il les envoyait, à coups de canne , lire la
bible et faire des sermons. On a publié
la Vie de Frédéric-Guillaume , en 2 vol.
in-12 , 1741. C'est un ouvrage très médio-
cre, fait en partie sur les {jarettes , mais
plus véridique que la plupart des histoi-
res modernes, écrites avec l'emphase du
faux esprit philosophique.
FRÉDÉRIC ir , roi de Prusse, fils du
précédent, né le 2/». janvier 1712, succé-
da à son père, Frédéric-Guillaume , le 51
niai 17i0. A l'âge de 18 ans , ce prince fut
tellement indigné des vexations tyranni-
ques dont il était l'objet , qu'il voulut
prendre la fuite : un goût naturel pour
les lettres et les arts , développé encore
par une éducation toute française , lui
avait d'ailleurs rendu insupportable la
cour de son père. Aussi en 1730 il allait
partir; mais son projet échoua par l'im-
prudence d'un offlcier nommé Katt , qui
devait être le compagnon de sa fuite.
Frédéric eut la douleur de voir exécuter
ce malheureux jeune homme qu'il aimait
tendrement , et fut lui-même condamné
à mort : il passa plus d'une année dans
an emprisonnement rigoureux , resta
éloigné de la cour, étudia dans la retraite,
et ne se montra guère qu'en 1740 pour
monter sur le trône. Il entra la même
année en Silésie à la tête d'ime armée ,
pour enlever celle province à l'héritière
de Charles VI , et , par une de ces révolu-
tions dont la politique humaine offre tant
d'exemples, on vit le successeur du plus
fidèle allié de l'Autriche, tourner sa puis-
sance contre une maison long-temps dé-
fendue et secourue par ses ancêtres. Il
ne trouva qu'une faible résistance , et fut
bientôt maître des places les plus consi-
dérables. L'année suivante, le 9 avril, il
surprit à Molvitz , le comte de Neipperg,
commandant 2a mille autrichiens , et le
défit entièrement, quoique le général
Bomer, à la tète de la cavalerie, eût
d'abord culbuté l'armée prussienne. Cette
victoire fut suivie de celle de Czaslau ,
le 17 mai 1742 ; mais la cavalerie prus-
sienne y ayant été presque détruite , la
paix fut signée le 11 juin à Breslaw ;
le comté de Glatz en Bohème et la
basse Silésie furent cédés au roi. L'ex-
trémité où les succès de Marie-Thérèse
avaient réduit l'empereur Charles VII
et ses alliés , engagea le roi de Prusse à
reprendre les armes. Il s'empara de Pra-
gue le 16 septembre 1744 ; mais les Hon-
54 FRE
grois la reprirent le 17 novembre de la
même année. La victoire remportée à
Friedberg, le 24 juin 1745 , sur les Autri-
chiens et les Saxons , fut suivie d'un nou-
veau traité de paix , conclu le 23 décem-
bre , où les cessions précédentes furent
confirmées. Depuis cette époque , Frédé-
ric s'appliqua entièrement au gouverne-
ment intérieur de ses états , à protéger
le commerce , à établir des manufactu-
res , embellir les villes et surtout sa capi-
tale , élever des forteresses , etc. , jusqu'à
ce qu'en 17S6 , sur le soupçon d'une al-
liance conclue entre le roi de Pologne et
l'împératrice-rcine , il entra brusquement
en Saxe , combattit le général Brown à
Lowositz en Bohème , le 1" octobre 1756,
et quoique la victoire parût indécise ,
s'empara peu de jours après de toute l'ar-
mée saxonne , composée de 14,000 hom-
mes , renfermée dans le camp de Pyrna.
L'année suivante, il s'avança jusqu'à Pra-
gue, donna le 6 mai une bataille sanglante,
dans lacpielle ayant rapidement occupé
un vide que les Autrichiens, par trop
d'ardeur , avaient laissé dans leur centre ,
il obligea une partie de leur armée de se
retirer, et l'autre d'entrer dans Prague.
Il assiégeait cette ville , lorsque le comte
de Daun lui présenta la bataille à Kolin ,
le 18 juin. Il y perdit ses meilleures trou-
pes. Ses grenadiers furent repoussés à six
reprises différentes ; les voyant hésiter à
obéir à l'ordre d'une nouvelle attaque , il
accourut en personne en leur criant :
Jf^oUet ihr dann ewig leben 7 ( Voulez-
vous donc vivre éternellement?) Celte
exhortation singulière les fit marcher à
une septième attaque , aussi inutile que
les précédentes. Après cette défaite ; il
leva le siège et évacua la Bohème. Le 50
août de la même année, ses troupes,
commandées par le général Lehvald , fu-
rent défaites par les Russes à Gros-Jœ-
gerndorff dans la Prusse Brandebour-
geoise, elle 7 septembre, par les Autri-
chiens sur la Neiss , dans la Lusace ; mais
le S novembre il remporta sur les Fran-
çais la fameuse bataille de Rosbach. 11
perdit Schweidnilz , le 12 novembre , et
son armée commandée par le prince de
Beveren , fut défaite à Breslau le 22 du
même mois , ce qui rendit les Autrichiens
maîtres de cette capitale de la Silésie ;
mais ils la perdirent le 10 décembre, après
avoir été totalement défaits à Lissa, 5
jours auparavant. La campagne suivante
s'ouvrit par le siège d'Olmutï , que le roi
commandait en personne , tandis que le
FUE
a)inlc de Daun s'orcupail h former une
ariuoc (car la défaite de Lt.s<«a avait pres-
que anéanti celle qui triompha à Kulin
et à Brt'Slaw ). Ce yéiiérnl avan^'a avec
ces nouvelles traupcs, intercepta un (jrand
convoi ; et celte armée , composée pour
ainsi dire de recrues , que le danpt'r do
Ja patrie avait fait accourir de toutes
I>«r«s , força le roi à lever le sié(;e de
lettc place importante ( i ). L'année f75i<
fut remarquable par la liataillc donnée à
/^rnodorff le 2j août ; les Russes com-
inandcs par le général Former, et les
Prussiens par leur roi , s'attribuèrent éf^a-
lement la victoire. La bataille de Hocli-
Kirchen fut plus décisive , le camp des
l'russiens . leurs tciiics , leurs baiïaces,
tombèrent au pouvoir du comte de Daun ;
mais , ce qui est plus étonnant qu'une vic-
toire , c'est que le roi complètement battu,
partit comme un foudre pour la Silésie ,
et fit lever le siège de Neiss , qui était
sur le point de se rendre. L'année 1759 ,
l'armée prussienne fut défaite à Zulli-
cliau le 2ô juillet par le général russe Sol-
f ikow , et à Kunncrsdorff le 12 août par
le même général et un corps d'Autri-
chiens, commandé par Laudon. Dresde
se rendit aux Autrichiens le k septem-
bre , et le» Trussicns tâchèrent inutile-
ment de le reprendre en 17G0. Ils eurent
plus de succès au combat de Peitx , le 30
octobre 1759 ; mais le général Finck , s'é-
lant placé avec 20,000 hommes près de
Maxen sur un plateau commandé de toutes
parts , fut environné par les Autrichiens
et obligé de se rendre sans tirer un coup
de fusil, le 20 novembre 1759. Le général
Fouquet ne fut pas plus heureux le 23
juin 17G0 , ayant été battu et fait prison-
nier à Landshut , par Laudon , cet habile
(0 Celte ebierTilion et d'antre» dn m?nie grnre
pr«dairADl prol-étre ud jour dr. çrandci rfformei dan»
fétu militaire : on pensera qu'une ariorc de 3o i
So.ooo hororne» de Tirilles Iroapei peut . en peu de
B«ii , former et s'iocorporer loo.ooo recroei , et
^n'une telle armée eoœpojre de loldali •aios , ro-
Laitet et de bonne volonté , vaut plot Af tfOo.ooo
komraet énerriff daof l'oiii'-.-te , dam la eorrtiption
Morale et phytique : Ir'lail ^vmain . comme dit un
komMe d'eiprit , qui périt Iroi» foi» avant qu'on r.n
ait besoin. I.e génie de l'komanilé ouvrira peul-i^lrc
on jo-»r les yeoi des rois sur cet important oLjrt ; mais
I» politique d'aujourd'hui est tonte d'apparril, et rllc
n'a pont de calculs ponr lr« moyens qni rendent l'état
fsraiîdable uni parade et i^ns bruit. Kt d'ailleurs,
«(■aad les genvetneraeni crtsrronl - ils de consacrer
dans Iritrs rclalinns celte immorale et odieuse maiiree
da ^roi! l : rlu$ fort, et quand, pr'nrtré» du sentirai ni
i>r la Hgnitr hiimai'>e , cesseront-ils de sersrr a*ce si
p«« àl% foéna^rmenl le sang de( peuplei f
iî>3 FUE
et actif militaire , que Fi édéric appelait sa
sentinelle , parce qu'il en était partout ob-
servé et le rencontrait partout. Lo 3 no-
vembre , les l'russiens curent leur rr
vanche à Torgau , oii I« comte de Dan
avait d'abord été victorieux ; mais les Au-
tri( biens ayant abandonné une montagne
que le général Ziethcn s'empressa d'occu-
per, l'honneur de cette journée resta à Fré
déric. Laudon ayant pris Schwcidnit/.
d'emblée en 1761, les Prussiens le reprirent
en 1762 après un siège de deux mois. Mais
Colbi-rg étant tombé au pouvoir des Rus-
ses , et l'étal menacé de toutes parts, Fré-
déric avait besoin de tout son courage
potir ne pas céder aux revers , lorsque la
mort de la czarine Elisabeth , arrivée en
1762. changea l'état des affaires, et amena
la paix signée à Iluberl.sbourg le 15 fé-
vrier 17G3. Le résultat de ce traité, fruit
de tant de sang inutilement répandu , fut
que tout resterait sur le pied où il était
avant la guerre. Les divisions de la Po-
logne ayant inspiré en 1772 aux puissances
voisines le projet de la démembrer, Fré-
déric eut pour sa part la Prusse polo-
nai.'îeet quelques autres districts. Les pré-
tentions que l'impératrice forma sur la
Bavière , après la mort de l'électeur Maxi-
milien-Joseph en 1777 , rallumèrent la
guerre, qui dura deux ans sans qu'il y
ait eu de part et d'autre aucune action
d'éclat. Par le traité conclu à Teschen
le 13 mai 1779, on ajouta à l'Autriche
quelques districts de la Ravière , et la
succession de Bareuih et d'Anspach fut
assurée à Frédéric. Ce monarque était
occupé à former une ligue qu'il croyait
nécessaire à la sûreté et à Icquilibre du
l'Allemagne, lorsque la diminution sen-
sible de SCS forces l'avertit que la fin de
son règne n'était pas éloignée ; une hy-
dropisie, qui se joignit a cet épuisement,
avança sa tnort et l'enleva à Sans-Souci .
près de Potidam , le 17 août 1786, dan»
sa 75' année. Il avait épousé Eliiabeth-
Christine de Brunswick, nièce de l'im-
pératrice , épouse de Charles VI , dont il
n'etit point d'enfans. {l'oyez MAHIE-
THÉRESE, LOI IS XV, BROWN, DAl>.
CHARLF:S-ALEXANDRE, etc. ) Un génio
vaste, vif et rapide , une étendue de vuen
qui embrassait tout, une promptittulo
qui réunissait presqn'au même instant lu
projet et l'exécution : la science de k
guerre portée à f-nn romble; «ne vto
dure, agissante. inratic-^l>lc ; un fond*
inéptiisiible de ressources personnelles et
jioliliqtics dans les circonstance» le» plu»
FRE 2
pénibles ; une administralioa ferme, cffale,
conséquente , seront toujours des idées
allachées au nom de Frédéric II. Il aima
les sciences et les arts , il les cultiva lui-
même , fui l'ami et le Mécène des savans.
S'il se trompa quelquefois sur l'objet de
ses bienfaits , si de l'encouragement gé-
néral il est né quelquefois un excès de
confiance, si la licence et l'audace ont
usurpé le nom de liberté , c'est qu'il est
bien difficile à la prudet^f^e humaine de
faire le bien sans rnélange , et d'atteindre
exclusivement le but qu'elle se propose.
Ceux qu'on appelle aujourd'hui philoso-
phes l'ont regardé comme leur appui ;
mais on sait avec quelle sévérité il les
châtiait quand leur vanité et leur égoïsme
osaient compromettre sa protection , et à
quel point leur chef éprouva son ressen-
timent. Son zèle pour la justice a pu s'é-
garer dans sa route, par la célérité et
l'ardeur avec lesquelles il l'a quelquefois
poursuivie ; mais si dans le flegme de la
réflexion et la lenteur des formes judi-
ciaires le magistrat peut s'abuser, ne ju-
geons pas trop sévèrement le monarque
dont la puissance ne prescrit pas contre
l'erreur. Un état militaire égal à celui des
plus grandes monarchies , l'obligea à tirer
de ses provinces des subsides propor-
tionnés à une si vaste dépense , à établir
tin ordre de finances qui semblait pres-
surer le peuple : mais dans toutes les oc-
casions il venait à son secours : les villes
et les provinces ne réclamaient jamais
en vain le trésor public; il respecta la
propriété , les possessions civiles et reli-
gieuses , comme un dépôt sacré confié à
sa défense. Trop judicieux pour s'en tenir
en fait de religion à l'inconséquence des
principes protestans , il fut , comme tous
les savans destitués de la lumière de la
■vraie foi, dans un état d'indécision et de
perplexité ; mais la nécessité et l'impor-
tance de la religion en général lui étaient
connues. Il aima , il protégea les catholi-
ques , conserva leurs églises, leurs prê-
tres , et ne permit point qu'on donnât la
moindre atteinte à leurs usages , à l'ordre
et à la pompe de leur culte. Tous les étran-
gers admirent le beau temple qu'ils ont
iJevc à Berlin sous ses auspices. Il était
vivement touché de la majesté de leurs
cérémonies, et surtout de la pompe im-
posante du sacritice. Un jour qu'il avait
assisté à la grandmesse chantée dans la
cathédrale de Breslaw par le cardinal de
Ziuzendorff , il dit à ce prélat : « Les cal-
* vinistes traitent Dieu comme ixn servi-
:j6 FRE
» leur, les luthériens , comme leur égal ,
» mais les catholiques le traitent en
» Dieu, n Vers la fin de son règne , ayant
appris qu'une secte, auparavant peu con-
nue en Allemagne, et qui partout se faisait
passer pour un fantôme ^ faisait des ra-
vages à Brunn et à Olmutz , il prit toutes
les précautions convenables pour en pré-
server le clergé de ses états. On lui a re-
proché d'avoir profité de la faiblesse de
l'Autriche pour conquérir une de ses pro-
vinces , d'avoir ravagé et épuisé la Saxe ,
d'avoir réglé sur l'esprit de conquête et la
gloire des combats, des démarches que la
morale chrétienne et la rigueur du droit
font dépendre d'autres principes; mais
« quel est le prince, dit le maréchal de
» BerAvick dans ses excellens mémoires ,
i> quelle est la nation qui puisse se vanter
» d'avoir toujours préféré la bonne foi et
» la justiceà ses intérêts? Iln'est question
» que d'un peu plus ou d'un peu moins :
» car l'on peut avancer hardiment, qu'il
» semble que la religion, l'équité et la pa-
» rente ne sont plus présentement des
» motifs qui fassent impression ; et que
» pour satisfaire son ambition et se pro-
» curer quelques avantages, l'on se croit
B tout permis. » Tout cela peut être , et
n'est effectivement que trop vrai; mais
dans les jugemens moraux , ce n'est pas
sur ce qui est généralement pratiqué, que
le sage se règle, mais sur ce qui doit être
pratiqué. L'équité n'eût-elle plus qu'un
seul partisan, n'en eùt-oJile aucun, c'est sur
clle.sur elle seule, sur ses droits invariables
et imprescriptibles, que l'homme de pro-
bité, que l'homme chrétien se décide
pour distribuer la louange et le blâme.
Nous ne rassemblerons pas ici tous les
traits de ce monarque célèbre. Les por-
traits des rois guerriers surtout ne peu-
vent acquérir qu'avec le temps le mérite
d'une ressemblance parfaite. Il est des
traits qui doivent être aperçus de loin
pour faire leur véritable effet dans l'en-
semble ; il est des couleurs trop vives ou
trop foncées , que le temps doit réduire à
des nuances convenables. Si l'admiration
a ses excès , la censure a les siens. Si la
personne des monarques s'illustre par des
faits éclatans, la gloire des actions publi-
ques est quelquefois obscurcie par des
bruits sourds que l'indiscrétion répand
sur la conduite personnelle. Quelques
anecdotes suppléeront à l'ensemble d'un
portrait complet. Frédéric aimait les re-
parties libres , et s'en offensait rarement,
surtout quand elles étaient promptes el
FBE
t57
FI\E
vives , et qu'il y avait donné lieu. Dans
une revue, ayant aperçu vu» officier qui
avait une balafre , il lui dit : « A quoi ca-
■ barcl avc7.-vous .itlrnpc cela? A Koliu,
» répondit celui-ci , où Votre iMajeslc a
■ paye l'écol. • ( Le roi avait tté complè-
tement batlu à Kolin. ) — l'ar le parla{;e
de la Pologne et la prise de possession du
roi. l'é vèquc do Warmic perdit une grande
partie de ses revenus. Ce prélat, que Fré-
déric aimait beaucoup, étant venu, en
1776, lui rendre ses devoirs à Tol?.-
dam , le monarque lui dit : « Il est impos-
» siblc que vous ni'aimicï. » L'évéquc ré-
pondit qu'il n'oublierait jamais les de-
voirs d'un sujet envers son souverain.
• Pour moi , dit le roi, je suis vraiment
» votre aiiii , cl j'ai beaucoup compte sur
» votre amitié. Si saint Pierre me rcfu-
» sait un jour l'entrée du Paradis, j'es-
» père que vous auriez la bonté de m'y
• porter sous votre manteau, sans que
■ personne s'en aperçoive. » « Cela sera
» difllcile , reprit l'évéque , car votre ma-
» jcsté me l'a tellement ro{;né, que je ne
» pourrai jamais y cacher de la conlre-
» bande. » Le roi se mit à rire et prit fort
bien la plaisanterie. — Soupant un jour
avec l'abbé Basliani , un des italiens qu'il
avait souvent auprès de lui, Frédéric lui
dit : « Quand vous aurez obtenu la tiare
■ ( car je ne doute pas que vos vertus ne
» vous la procurent un jour ) , comment
» me rccevrez-vous, lorsquej'irai à Rome
» pour vous rendre mes hommages ? Je
» dirai, répondit l'abbé , qu'on laisse en-
» trer l'aiffle noir, afin qu'il me couvre
» de ses allés , mais en même temps je
» me garderai de son boc. » — Un anglais
causait un jour avec le roi de Prusse sur
les débats du parlement d'Angleterre.
Frédéric, se plaignant du peu de ressort
de l'autorité royale dans le royaume bri-
tannique , dit : « Oh ! si j'étais roi d'An-
» gletcrre... » « Sire , dit l'anglais , en l'in-
» terrompant , si vous étiez roi d'Angle-
» terre , vous ne le seriez pas vingt-quatre
■ heures. » — On sait que le roi faisait
battre une grande quantité de petite mon-
naie de mauvais aloi , que l'on nommait
pièces de six pfennings. On payait avec
ces pièces les suidais , les ouvriers, et une
partie des pensions des officiers civils et
militaires ; mais à aucune caisse royale on
ne recevait ces six pfennings , de sorte
que le roi attirait le bon argent dans ses
coffres pour n'en ressortir jamais, cl dis-
tribuait parmi le peuple cette mauvaise
qui ne rentrait plus dans ses
coffres. Un jour Frédéric, pa<i»nnt à Pof?
dam devant la porte d'un boulanger , I
voit disputer avec un paysan ; il demand
ce que c'est , on lui dit que le boulanger
veut payer en six pfennings du blé qu'il
a acheté du paysan , et que ce dernier re-
fuse de prendre celle monnaie. Frédéric
s'avance et dit au paysan : « Pourquoi ne
» veux-tu pas prendre celte monnaie?» Le
paysan regarde le roi, et lui répond avec
humeur : « La prends-tu, toi? » Le roi no
répondit pas un mol , et passa son che-
min. — Un jeune officier quittait quel-
quefois son uniforme , quoique cela fût
défendu sévèrement, et metlait un habit
vert, pour aller à quelques parties de
plaisir. Un jour qu'il croyait le roi ab-
sent , il va , ainsi vêtu , se promener avec
sa maîtresse dans les jardins de Sans-
Souci. Au détour d'une allée , il aperçoit
le roi, qui le reconnaît à son épée qu'il
avait eu l'imprudence de garder. Qui étcS'.
vous? lui dit Frédéric. « Sire , répond hi
» jeime homme , en se remellant de sa
» frayeur , je suis un officier, mais je mo
» promène ici incognito. » Le roi se mit à
rire et lui dit : « Eh bien ! prenez gardo
» que le roi ne vous voie , » et il passa
son chemin. — Cependant cette indul-
gence de Frédéric à l'égard de la liberté
des reparties , avait des exceptions ; quel-
quefois il en prenait de l'humeur , et ne
pouvait s'empêcher de la témoigner, et il
reste toujours vrai en géHcral qu'il n'est
pas bon de rire avec les rois. * Frédéric,
> dit l'auteur de sa vie , aimait à railler
oies autres, et la plaisanterie lui était
» désagréable , lorsqu'il en était l'objet.
» Quand il voyait un médecin, la prc-
B mière chose qu'il lui demandait, c'était
» le nombre des personnes qu'il avait cn-
» voyées dans l'autre inonde. L'un d'eux
» lui répondit : Pas tant que vous , Sire.
» Il lui tourna le dos et ne lui reparla de
» sa vie. » — Ce qui avait irrité Frédéric
contre Voltaire , c'est que Mauperluis lui
avait raconté l'anecdote suivante, l'n
jour que le général Manslein était dans la
chambre de Voltaire . où celui-ci corri-
geait le style des Mémoires sur la Russie.
composés par cet officier , lo roi lui en-
voya une pièce de vers de sa façon à exa-
miner. Voltaire renvoya Manslein. en Ini
disant : « Mon ami, à une aulre fois;
» voilà le roi qui m'envoie son linge sa!
Ȉ blanchir, je blanchirai le \oti
. après. » — La Mélrie ayant dit au i
qu'on étail bien jaloui de la faveur cl <1
la fortune de Voltaire , il rt pondit : • Lai-
•n.
FRE 2
0 sez faire : on presse l'orange , et on la
» jette quand on en a avalé le jus. » « Fré-
» déric , ajoute son biographe, n'eut ja-
» mais d'autre dessein que de faire cor-
» riger et publier ses ouvrages , par cet
» auteur à la mode. » — Lorsque l'abbé
Raynal vint à Berlin , Frédéric demanda
à le voir , et se vengea par une petite mé-
chanceté du passage de Ylfisloire des
deux Indes j où il n'était pas ménagé. Le
Toi lui parla de son Histoire du Stathou-
derat et de ses Mémoires historiques .
et affecta de ne lui pas dire un mot de
\ Histoire des deux Indes. L'abbé lui dit :
o Sire, j'ai fait encore quelques autres
» ouvrages. — Je iie les connais pas, lui
« répondit Frédéric ; » et il parla d'autre
chose. On prétend que l'abbé n'aurait pas
refusé la place de président de l'académie
si on la lui eût offerte ; on en toucha quel-
que chose à Frédéric , qui rejeta la pro-
position bien loin. Il écrivit en même
temps une lettre à d'Alcmbert , où il di-
sait les plus belles choses de l'abbé Ray-
nal ; mais dans les petits soupers on le
traitait de fanatique et dedécla/nateur. —
Frédéric se moquait de son académie,
qu'il avait appris à connaître par toutes
ses guerres intestines, aussi bien que par
la bizarrerie et la contradiction de ses ju-
gemens. « Un jour, dit l'auteur de sa f^ie^
» il voulut s'assurer si les louanges que
V les académiciens prodiguaient à ses
» Mémoires étaient bien sincères. Pour
» cet effet , il lit passer au secrétaire per-
» pétuel un manuscrit de sa façon , en
» cachant soigneusement d'où il venait.
» Soit oubli ou négligence , il n'en fut fait
» aucune mention. Au bout de quelque
» temps, le nom de l'auteur transpira, et
» les louanges recommencèrent , mais on
» prétend que Frédéric répondit : Fous
« 77i'avez appris ce que je dois penser de
» vos suffrages. » — Ce qui pouvait un
peu consoler l'académie , c'est que les ju-
gemens de Frédéric n'étaient quelquefois
pas mieux motivés. « Avant que Voltaire
» eût avoué au roi qu'il avait fait la Pu-
» celle d'Orléans^ Frédéric prétendait
« que c'était faire injure au plus bel es-
« prit de la France , que de lui attribuer
y ce qu'il appelait une infâme rapsodie.
» Quand on sut que Voltaire en était l'au-
■ teur, il se la fit lire par d'Algarotti, et
» dit : Ce n'est pas cela que j'avais lu ;
» ceci est charmant, il n'xj a que Voltaire
» capable de faire un si bel ouvrage. L'é-
» tait le même ouvrage , mais les noms
» en imposent. » Le roi répara en quel-
a8 FKE
que sorte cette inconséquence par les vers
suivans , où la Pucelle sert de pendant à
Candide .
Candide est un pclit vaurien ,
Qui n'a ni pudeur ni cervelle ;
A ces Irails on le connaît bien
Fiàe cadet de la Facflle.
I.eur vieux p.ipa , pour rajeunir.
Donnerait une belle somme :
Sa jeunesse va revenir ,
Il fait des œuvres de jeune liomire.
Tout n'est pn s hien : lisez l'écrit ,
La preuve en est à chaque page :
"N'ous le verrez en cet ouvrage ,
Où /oa/ es/ mal , comme il le dit.
Quand Frédéric eut bien apprécié sea
académiciens, non-seulement il en fit son
jouet, mais « il encouragea, dit l'auteur de
» sa Vie^ les plaisanteries que Ion fit con-
« tre eux, et donna même le plan d'un
» ouvrage critique sur leurs Mémoires.
» Quand il les faisait venir, c'était souvent
» pour se moquer d'eux. Il appelait l'un
» son Montesquieu , un autre son d'Alem-
» bert , un troisième son Fontenelle. Les
n bons académiciens faisaient de profon-
» des révérences, et allaient raconter ces
» beaux complimens à leur retour à Ber-
» lin, pendant que Frédéric riait de leur
j) crédulité et s'applaudissait de son per-
» sifflage. Il y a dans une ville de Suisse
» un homme employé à la poste aux let~
» très, qui a été académicien de Berlin.
» Il ne manque pas pour se donner du
j> relief , de faire parade do ce titre. Un
» plaisant lui disait un jour : p'ous n'avez
» guère changé d'état ; vous étiez homme
» de lettres; maintenant vous êtes V homme
» au.x lettres. Un autre suisse , aussi mem-
» bre de l'académie de Berlin , a postulé
» dans sa patrie une place d'espèce de
» massier. qui porte la livrée de l'état. Il
» n'a pas réussi, et a été obligé de rester
» à Berlin ( i ). » — Après le départ de
Voltaire, Frédéric défendit les plaisan-
teries irréligieuses; et causant un jour
avec la comtesse de Camas, il lui dit
(i) On ne peut s'empècber de faire ici une re'Sexion
aussi frappante par ta vcritc , qu'humiliante pour les
petits esprits , qui se croient savans, parce qu'ils sont
membres d'un corps réputé scientifique. Si soui Ici
yeux d'un roi qui se connaissait en hommes , et sur-
tout e:) hommes de lettres , qui voulait s'illustrer par
les sciences , par les secours et l'éclat qu'il leur don-
nait ; si , dis-je , sous les yeux et .i la nomination im-
médiate d'un tel prince, de semblables personnage!
ont obtenu àtijaulfuils, que penser des académicien*
àr% autres pays , que penser de ce genre d'honneur en
général, que penser de cea» qui l'ambitionnent ?
l'oyez. l'wow , MuRAToai PiissK ( Armand ).
FRE 2
qu'il eslini.TÏl forl heureuses los personnes
<! Il pouvaient eroirc les vérités de la rc-
1 ;;ion ; mais que jjour lui, ayant une fois
Vrisson parti, il ne pouvait plus clian{îer;
€ car, ajouta-t-il.siines sujets me voyaii-nt
» maintenant aller a ré(Tlise, ils se moque-
» raient de moi, et m'accuseraient de fai-
» blcse. — Non, Sire, lui répondit M™' de
» Camas, on les verrait verser des larmes
» de joie. » — Nous Unirons tous ces dé-
tails par le jugement qu'un écrivain connu
xient de faire de l'administration de Fré-
déric, à l'occasion du pané{;yrique de ce
prince , publié par l'auteur de l'J-Jssai
relierai lie tactique. « Depuis cette guerre
• de sept ans, les forces de Frédéric n'ont
» guère servi qu'à maintenir la paix en
» Europe , en épouvantant ceux qui se-
» raient tentés de la troubler. Dans ce
» long repos , il restait au roi de Prusse à
» acquérir une autre gloire qui eût expié
» cette gloire du guerrier qui, comme le
i» dit Montesquieu , laisse toujours uiie
» grande dette à payer à l'humanité. Je
» parle de la gloire de grand administra-
» leur et de grand législateur. Le pané-
» gyriste de Frédéric, attaché à la mé-
• moire de ce grand homme par quelque
» rapport secret de goût et de génie, vou-
■ drait bien , après en avoir fait le pre-
» mier des rois guerriers, lui assigner cn-
» core une des places les plus honorables
» parmi les monarques administrateurs
» et législateurs. Il parait que les esprits
» les plus éclairés de l'Kurope résisteront
» beaucoup à ce jugement : ce n'est i)as
» que le panégyriste dissimule les repro-
» chesqui ont été faits à son héros, mais
» il en atténue trop quelques-uns, et il
» voudrait trop balancer les autres par
» quelques biens particuliers, ouvrage de
l'ordre cl de l'économie du roi de Prusse.
» Si on le considère comme législateur,
»cc Code Frédéric ^ auquel il a permis
> qu'on donnât son nom . ne méritait pas
• de le porter. Ce n'est guère qu'un extrait
» du droit romain , qui n'est pas au-dessus
» du livre de notre Domat. Tous les dé-
» fauts des lois romaim-s y sont , au nom-
» brc près, parce qu'on a tout abrégé ; et
» il est douteux qu'on y ait ajouté une
» seule grande vue de législation ; car ce
• n'en csl pas une que cet amour de sim-
• plicitcct de rapide exécution, qui tient
• bien plus à l'esprit militaire qu'à l'esprit
» lc,;i^latciir. Si on le considère comme
D administrateur, l'indexible équité or-
» donne de porter sur sa mémoire un ju-
• gemcnt pluss^\ère encore. On cite les
'>0 FRE
n terres qu'il a fait défricher, les »ablrf
«qu'il a rendjis fertiles, les nombreux
• villages qu'il a élevés ou peuplés; dci
» manufactures par lui créées ou cncou-
»ragé(s; la population enfin augmentée
o dans son royaume , tandis que partout
B ailleurs elle a beaucoup de peine à se
» soutenir à son niveau. Tous ces faits
i> peuvent n'être pas assez bien établis; ils
» peuvent avoir été exagérés ; et quand
» ils seraient tous vrais et tous exacts, l'ad-
» ministralion du roi de Prusse pourrait
» encore avoir été très vicieuse. N'ayant
» aucune cour, aucun faste , avec beau-
» coup d'économie , il a dû avoir beau-
» coup d'argent, et avec de l'argent il a pu
» faire des établissemeiis utiles : il en a
» fait. Mais ce qu'un roi, tel puissant qu'il
» soit, peut faire par lui-même , est tou-
» jours peu de chose en comparaison de
» ce que ferait sa nation , s il la laissait
» libre de toute géno cl de toute entrave,
» en protégeant seulement son industrie.
» Cent mille esprits qui méditent con-
» stammcnt sur leurs propres hiférêls,
» voient .toujours beaucoup plus de cho-
» ses et les voient mieux qu'un seul homme
B de génie qui médite quelquefois sur les
» intérêts des autres. Frédéric avait une
» manie bien indigne dun esprit supé-
» rieur. Il voulait tout voir et tout admi-
» nislrer par lui-même ; au lieu que les
» grands administrateurs, éclairés par uti
» petit nombre de principes dont ils ré-
» pandenl la lumière sur leur nation,
» sont des spectateurs tranquilles, et non
» des créateurs uiquiets dun ordre qui
» n'est jamais si beau ni si heureux que
» lorsqu'il s'établit par lui-même sur les
1» lois éternelles de la nature des choses et
» des hommes. Le bien que Frédéric a
B fait, est celui d'un particulier très pui»-
» sant, plutôt que l'œuvre d'un souverain
• qui avait du génie : et si vous touIcz
• prendre une juste idée du méchant sy-
• stème d'administration qu'i} avait em-
» brassé, voyez à quelles misérables et
• honteuses pratiques ce système avait
» conduit un grand homme : voyez en
■ quelle estime il avait pris cet art de nos
» finances, dont notre désespoir est de ne
• pouvoir nous délivrer; voyez-le travail
» 1er de concert avec des faux-monnaycurs
• qu'il devrait punir du dernier supplice.
» et faire servir son effigie à attester un
» mensonge et à couvrir une fraude; mul-
» tiplier des impôu à toutes les entrées.
> sur tous les objets do consommation . et
>M persuader encore, comme les plus
FRE
260
FRE
I. bornés de nos politiques, que ce qui est
t> pris sur la denrée n'est pas pris sur la
» terre , que ce qui est pris sur les mar-
» chandises étrangères n'est pas pris sur
» les nationaux qui les achètent : voyez-
» le porter l'inspection d'un inquisiteur
»sur des actions abandonnées à la liberté
» dans les empires les plus despotiques;
» défendre à ses sujets riches de nnaricr
• leurs filles sans sa permission : leur in-
» terdire les longs voyages ; ne pas leur
> permettre de transporter hors de la
* Prusse leur fortune : le royaume d'un
» roi philosophe semble être converti en
» un cloître. Frédéric oublie , ou il ignore
» que la liberté est la chaîne la plus forte
» qui attache les hommes dans un pays,
» et il croit rendre son empire florissant
B en dépouillant ses sujets des droits les
» plus sacrés de la nature. Je ne croirai
» donc pas à tout ce qu'on a dit des pro-
» spérités de son peuple ^ parce que je ne
p crois pas aux prospérités des esclaves ;
» et quand même ce qu'on en a dit serait
» incontestable, je croirai qu'avec un sys-
» tème opposé , Frédéric eût fait cent fois
» plus de bien encore. Et qu'on ne dise
» pas que j'oppose un principe général à
» un fait ; ce principe général est fondé sur
» des faits universels; au reste, et je dois
» le répéter, le panégyriste du roi de
» Prusse énonce lui-même presque tous
» ces reproches, et s'il tâche de les adoucir
» en faveur d'un monarque qui a de si
0 grands droits à l'admiration universelle,
» on voit sans incertitude qu'il ne partage
o: aucune de ses erreurs, et qu'il est loin,
» comme tant d'avitres, de se servir des
a fautes d'un grand homme, pour attaquer
» des vérités auxquelles on doit plus de res-
» pect encore. » Outre la vie dont nous
avons cité quelques passages , et qui a
paru à Strasbourg en 1788 , 4 volurries in-
8", l'abbé Denina en a donné une autre
en 1789, beaucoup plus courte, mais écrite
avec plus de discernement et de sagesse ,
1 volume in-8°. Le meilleur ouvrage an-
glais sur Frédéric II est intitulé Tableau
durègne de Frédéric II, avec un paj-al-
lèle entre ce prince et Philippe II de Ma-
védoincj par Gillies , Londi*es, 1809. Le
[jénéral Jomini, dans son Traité desgran-
ies opérations militaires, a donné \ His-
toire critique des campagnes de Frédé-
ric^ comparées à celles de l'empereur
Napoléon. On trouve dans les œuvres de
Guiberl V Eloge historique de Frédéric II ;
on peut encore consulter l'ouvrage de
Busching intitulé : Caractère de Fré-
déric II, traduit de l'allemand, et les
souvenirs de Thiébaud. Paris, 181 0, S
vol. in-8". On a publié les OEuvres pri-
mitives de ce prince, c'est-à-dire, la col-
lection des ouvrages qui avaient paru de
son vivant, en h vol. in-8°, Amsterdam,
1790, et ses OEuvrcs posthumes, &n 20
vol. in-S", avec sa wze, Amsterdam , 1789.
Nous n'entrerons pas dans le détail de tout
ce qu'ils présentent de matières propres
à l'éloge ou à la censure. Il en est peu
qu'on puisse regarder comme lui appar-
tenant en entier. Mais si quelques philo-
sophes lui ont attribué les leurs , un d'eux
fut accusé de s'être attribué les siens ; et
l'on sait ce qu'il lui en coûta. Il n'y a pas
d'apparence qu'un prince qui avait un
grand sens ait écrit tout ce qu'on lit dans
quelques-uns de ces ouvrages , moins en-
core qu'il l'ait pensé Parmi les produc-
tions de Frédéric, on remarque r^7i?e-iW«-
chiavel; les Mémoirespour servir à Vhis-
toire de la vfiaison de Brandebourg ; les
Poésies du Philosophe de Sans-Soicci ;
l'Histoire de mon temps (1740-45) ; | l'His-
toire de la guerre de sept aiis, etc. Il montra
de bonne heure du goût pour l'étude et les
lettres, et ce fut même un sujet de brouille-
rie avec son père, qui connaissait le danger
de ses études philosophiques {voyez FRÉ-
DÉRIC-GUILLAUME ). Le jeune Frédéric
ne persista pas moins dans ses idées; il
étudia la philosophie de Wolff, se lia avec
Voltaire, et se permit avec lui les plai-
santeries les plus indécentes contre le
christianisme et contre les prêtres. En
montant sur le trône , il ne craignit pas
de renoncer à tout acte de religion , et iï
accueillit successivement tous les écri-
vains à qui leurs ouvrages irréligieux at-
tiraient quelques traverses , c'est-à-dire
tous les hommes dont les idées d'innova-
tion menaçaient leur pays d'une révolu-
tion prochaine. Il est vrai que lorsqu'à
connut mieux leurs principes , il les éloi-
gna de sa cour; mais devait-il leur en per-
mettre l'entrée? N'était-ce pas une injure
faite aux autres puissances, que de donner
un asile à des hommes proscrits dans
leur patrie pour leurs principes dange-i
reux? Berlin éprouvera long-temps l'inr.
fiuence funeste de ses exemples, de ses
écrits et de ceux des philosophes qu'il ad-
mettait dans ses états et même dans son
intimité. On a dit néanmoins qu'il aima,
qu'il protégea les catholiques; cependanc
on lit dans l'histoire , qu'à son entrée dana
la Silésie , il favorisa les luthériens, et qu'il
élendil leurs privilèges au point qu'ils eu-
FKE 261
) :;>os ilo toute pari ; qu'un con-
t it dos nusurcs fàchrusos coii-
1 lifiuos. <juil di-fciulil les pè-
leriiiaijcs, suppriuia des fètc». cl conféra,
lie sa propre nulorilé , des bénéfices à des
rcelésiasliques réfuj^ics dans ses étals, et
STisperts sur la rt li;;i()ii . tels que l'abbé
de Tiades et l'abbé liasliani. Son niépris
lK)ur la religion était tel , qu'il lit con-
struire, sur la place des Gendarmes à
Berlin, une salle de spectacle entre une
e-jlisc catholique et un temple luthérien ,
• de manière, dit un historien de sa vie,
» que les murs de ces édifices se tou-
• chaient, et que souvent l'office divin
» était interrompu par lebruit delorches-
» tre et le chant des acieurs. » Il est triste
de voir qu'un souverain qui devrait pro-
téger la relijion en fasse ainsi un sujet de
dérision et de caprice. Il n'avait guère
plus de respect pour la juslice, que par-
dessus tout un monanjuc devrait respec-
ter, puisque c'est le lion de toute société.
«Comme il aimait, dit un de ses liisto-
» riens, à être le maître en tout , et qu'il
» ne pouvait souffrir qu'on lui résistât ,
» adin d'entretenir la crainte dans tous les
» tribunaux et les collèges, il cassait de
» tempe en temps des gens en place sans
» examen , sans donner raison de sa con-
Bduite, sans qu'il y evilaucime apparence
»de faute. » JSous ne lui reprocherons pas
Dresde livrée au pillage , la garnison de
Neiss passée au fil de l'épée, les forteres-
ses de Custrin et de Spandaw pleines de
prisonniers d'état. Ce sont là de ces traits
propres À Icus les conquérans , et l'on ne
peut en attendre davantage d'un guer-
rier incrédule. Si nous passons è radini-
nisiralion intérieure et aux détails domes-
tiques, il était d'une sévérité implacable,
et oubliait aisément les plus importans
services. On lui reproche aussi son goùl
pour la raillerie, si peu séant pour un roi.
Il n'est pas un seul de ses amis, de ses
courtisan-:, de ses savans, de ses philoso-
phes, qu'il n'ait cherché à liumilier. On
1 accuse encore d'une avarice excessive,
et ses historiens en citent des exemples
peu honorables. L'auteur du Voyage en
Prusse . in-8", 1807. prétend qu'il n'ai-
itiait personne , et cite de lui des traits
étranges d égoïsme et de dureté; il lui
reproche des actes iniques, une profonde
indifférence pour l'opinion jjublique, son
mépris pour ses sujets, et sa défiance de
ceux qui l'entouraient. Il faut tirer le
>()il»;sur ses nupurs ; Voltairi; on a dé-
voile la turpitude. Quant à tes écrits, on
FUE
est facile d'y voir Fro«léric descendre au
r»*)le choquant d'un conjuré , et i»arler d<'
la religion avec une licence révoltante cl
le ton d'un homme de mauvaise comjja-
gnic. Il est vrai que dans quelques-uns d»
ses ouvrages il a changé de langage, et
qu'après avoir approuvé les projets des
plnlosoplics , tant qu'il a cru qu'ils n'en
voulaient qu'à la religion, il a cherché à
les réfuter; mais c'est lorsqu'il les a vus
attaquer aussi les rois. «Que voulei-vous,
» écrivait-il à d'Alembert, que le public
» pense, lorsqu'il voit des écrits du même
B auteur se contredire , qu'on voit des li-
» belles infâmes paraître contre le gou-
» vernement, et des cynicjues effrontés
» qui mordent indifféremment tout ce
» qu'ils rencontrent? • Il écrivait, dans un
autre endroit , toujours en parlant des
philosophes: « Mon avis serait de loger
» ces messieurs aux Petites-Maisons, pour
» qu'ils fussent les législateurs des fous
» leurs semblables, ou de leur donner à
n gouverner une province qui méritât
« d'être châtiée. Ils apprendraient , par
» leur expérience, après qu'ils y auraient
«tout mis sens dessus dessous, qu'ils sont
» des ignorans, et surtout qu'on s'expose à
» dire force sottises quand on se niéîe de
» parler de ce qu'on n'entend pas. a II est
malheureux qu'il n'ait pas toujours pensé
de même. « Frédéric fut, dit un écrivain
» judicieux , un grand capitaine ; mais le
B titre de grand roi cmbiassc de plus
B hautes qualités. Les vertus guerrières
B étendent les empires : ce sont les vertus
B civiles qui les affermissent... Frédéric
B a créé l'armée prussieimc qui déjà
B n'existe plus; il n'a point créé de nation.
B II a fondé iine tactique nouvelle; il n'a
B point formé cet esprit public et social
B qui naît de l'amour de l'ordre. Il a mon-
B trc en cela moins de prévoyance qu'il
B n'appartient à un prince d'en avoir...
B II fallait donc fonder son trône sur une
B base plus solide qu'une époe ; il fallait
B rendre sa nation forte en mœurs et en
B principes, y répandre cet esprit d'ordre
B et de vertu qui résiste aux chances des
B combats et aux secousses des révolv
B tions ; et, par un insigne aveuglement,
B ce prince rassembla autour de lui tous
B les esprits forts delllur.ipc, comme pour
B multiplier dans son jiays les exemples
B de licence. d'impiélcet dedépravation.»
Pour terminer col article, nous y ajoute-
ronscc portrait de Krodoric trace on peu
de mots. Sa vie ne fut qu'un enriiaino
lucnl d'arliiices : en violaul toutes les loii
FRE
262
FRE
de riuimanilé, il avait l'audace d'en pro-
clamer les droits. Dominé par deux pas-
sions cruelles, l'ambition et l'avarice, il
se montra plus jaloux de l'affermissement
de son pouvoir que du bonheur de ses
sujets.
' FRÉDÉRIC-GUILLAUME II, roi de
Prusse , né le 25 septembre 1744 , était ne-
veu du grand Frédéric , qui lui témoigna
toujours beaucoup d'affection , mais ne
voulut pas qu'il fût ménagé sous aucun
rapport. Aussi on l'exposait aux hasards
de la guerre comme un simple hussard.
De bonne heure il donna les plus grandes
espérances. Chargé , dans la guerre de la
succession de Bavière , de conduire un
corps d'armée en Silésie , il le ramena
sans se laisser entamer, quoiqu'il fût suivi
par des forces beaucoup supérieures aux
siennes. Il parvint au trône à l'âge de 42
ans , le 16 août 1786 , et montra d'abord
des intentions de bienfaisance. Il répara
plusieurs injustices de son prédécesseur,
diminua quelques impôts, abolit des mo-
nopoles vexaloires , et voulut que ses su-
jets jouissent d'une plus grande liberté;
mais d'un autre côlé , il se montra fort
jaloux de son autorité, et il écarta suc-
cessivement du ministère les hommes les
plus distingués par leurs talens et leur
expérience. En même temps il s'abandon-
nait à son goût excessif pour la débauche,
et se laissait dominer par ses maîtresses
et des favoris obscurs. Un autre travers
de Frédéric fut sa crédulité pour les illu-
minés j alors très nombreux en Allema-
gne, qu'il accueillit dans son palais, et
qui parvinrent à égarer son imagination et
à tromper son esprit. Dès lors , les emplois
ne furent plus accordés qu'aux plus misé-
rables intrigues; les trésors que Frédéric
avait amassés pour des circonstances im-
portantes , furent dissipés d'une manière
honteuse , et l'armée qui cessa d'être en-
couragée par la présence de son chef,
perdit tout-à-fait sa supériorité ; mais ce
qu'il y eut de plus malheureux encore ,
ce ini sa faiblesse et sa versatilité dans
les occasions les plus importantes. On le
vit successivement abandonner les Turcs,
les Polonais et les Belges après les avoir
excités à des attaques imprudentes. En
1792 , il se mit à la lète de la coalition qui
devait rétablir Louis XVI sur le trône ,
et après être parvenu à 50 lieues de Paris
avec une armée de 80,000 hommes , il
négocia avec le parti révolutionnaire , au
moment où il fallait agir avec le plus de
vigueur , pour ne pas lui laisser le temps
de se reconnaître. Son armée revint sur
le Rhin, où elle combattit encore deux
ans sans résultat. Il s'occupait en même
temps , de concert avec la Russie , d'un
nouveau partage de la Pologne , et ce fut
lui qui triompha en 1794 de Kosciusko,
et s'empara de Cracovie. En 1795, il se
retira tout-à-fait de la coalition, aban-
donnant à la république française ses états
de la rive gauche du Rhin , et laissant
l'Autriche presque seule aux prises avec
cette puissance , dans le moment où son
aggression et ses menaces avaient porté le
parti révolutionnaire de France à mettre
sous les armes une immense population.
C est à une telle défection et dans de pa-
reilles circonstances , qu'il faut sans doute
attribuer tous les malheurs qui accablè-
rent depuis l'Europe. Frédéric-Guillaume
ne jouit pas lui-même long-temps de la
paix qu'il venait de procurer à ses sujets.
Il mourut le 16 novembre 1797, laissant
la couronne à son fils Frédéric-Guillau- *
me III. M. le comte de Ségur aîné a pu-
blié en 1800 , V Histoire des principaux
événemens du règne de Frédéi'ic-Guil'
laume II, roi de Prusse , et tableau po~
litique de l'Europe depuis 1786 jusqu'en
1796 , contenant un précis des révolutions
de Brabanl , de Hollande , de Pologne et
de France j 5 vol. in-8". Cette histoire est
écrite en général avec élégance. On y
trouve des portraits bien frappés; mais
on y désirerait de temps en temps quelque
chose de plus précis, de plus mâle, de
plus sévère.
* FRÉDÉRIC- GUILL/VIJME, premier
roi de Wurtemberg , né le G septembre
1734 , à Treptow en Poméranie, était fils
de Charles-Eugène duc de Wurtemberg.
Il entra très jeune au service de Prusse
en qualité de colonel , et se distingua dans
la guerre de la succession, pendant la-
quelle il obtint le grade de major-général.
L'impératrice Catherine II , au service de
laquelle il s'était ensuite placé, le créa
lieutenant-général et lui confia le gouver-
nement de la Finlande. Il épousa en pre-
mières noces la princesse Auguste-Caro-
line de Brunswick-Wolfenbuttel , et eo
secondes noces, le 18 mai 1797, Charlolte~
Auguste-Mathilde d'Angleterre, sœur de 1
Georges IV, et fut appelé sur le trône ducal
de Wurtemberg , par la mort de son père
arrivée le 25 décembre 1797. Une ancienne
constitution souscrite à Tubingen en 1514
par Ulric, et garantie depuis par l'Au-
triche , la Prusse et le Hanovre , assurait
aux étals de Wurtem.berg le droit de sur-
FRE i63
veiller rassi<M5c de rimpùl ci Icmpl»»! de
son produit : le duc U-ur driiiu ce droit ,
et comme il Iruuva de la nsistancc , il
e'ensiiivit de violens démêlés. Une vou-
lut voir dans cette opposition que le ré-
sultat des idées dtMua(jo;îiques dont ses
tUJclscommcn«;aienl à se pcnélrcr, cl lit
arrêter les principaux membres de l'as-
semblée , comme accusés d'entretenir des
relations politiques avec les républicains
de France. Les vicloires de Moreau , le
CQOtrai^iirent de s'enfuira l'élran^fcr, et
une contribution de six millions de francs
fui imposée au Wurtemberg. Le duc re-
vint dans ses étals après le traité de
Luné ville, du 9 février i80l, et signa
avec la France un traité particulier ,
diins lequel des indemnités lui furent
garanties. Elles lui furent en effet assi-
gnées , le 2i> du même mois , par le rccex
de la dcputalion de l'empire, dont il de-
vint membre. Le duché de Wurtemberg
fut érigé en éleclorat , et Frédéric fut dé-
dommagé aux dépens du territoire des
états faibles de la confédération. Lorsque
la guerre fut déclarée par la France à
l'Autriche, l'électeur de Wurtemberg ou-
Uia ce qu'il devait à la confédération ger-
manique reçut Bonaparte à Ludvvigs-
bourg , et conclut avec lui le 4 octobre
iSOo un traité par lequel l'intégralité de
son électoral était garantie; il devait en
revanche fournir à son protecteur un
corps de huit à dix mille hommes. L'ar-
chiduc d'Autriche , François II , avait en
1804 pris de sa propre autorité le titre
impérial : les électeurs de Wurtemberg et
de Bavière prirent le titre de roi sous le-
quel ils furent désignés comme alliés de
Bonaparte dans le traité de Presbourg,
et se firent proclamer dans leurs états le
1" janvier 1806. Le nouveau roi de Wur-
temberg reçut plusieurs accroîssemens
de territoire. En vertu de la convention
signée le 12 octobre 1805 , Bonaparte
avait délégué à Frédéric toute la puissance
souveraine : voulant en conséquence user
pleinement du droit que lui accordait son
maître, il cassa les états , anéantissant par
cette mesure violente l'ancienne coostitu-
tion du pays : de là de sourds mcconten-
temens, puis des soulèvemens qu'il fallut
réprimer par des moyens extrêmes ;
cette fermentation des esprits dura jus-
qfu'cn 1814 , époque où le roi se vit con-
traint de faire des concessions exorbitan-
tes et de donner une constitution qui lui
■tttrs de la part de la noblesse médiatisée
4t fi «mères censures. Il avait été on
FUE
(1rs premiers à signtr larlc di- confedé-
ralisme des états du Hhin proposé par
Bonaparte ( 12 juillet 1806 ). Après avoir
assisté à la conférence d'Erfurl qui eut
lieu en 1808 entre Bonaparte et l'empe-
reur Alexandre , il prit l'année suivante
ainsi que cinq autres princes delà confé-
dération , la part la plus active à la guerre
des Français contre l'Autriche. I^ paix
de Schœtibrunn lui permit de s'occuper un
peu de son royaume, et on le vit faire
des échanges de territoire avec le roi de
Bavière. Il assista en 1809 à l'anniversaire
du couronnement de Bonaparte, et réu-
nit de nouveau ses troupes aux troupes
françaises pour faire la campagne de
Russie. Après les désastres qui signalè-
rent cette expédition, il resta encore
quelque temps lidèle à son allié ; mais obéis-
sant à la loi des circonstances , il se ran-
gea du côté des Russes et des Prussiens.
Mais ce n'est pas sur un champ de ba-
taille que se fit ce revirement. Dès le 22
octobre 1813 , un de ses ministres entama
des négociations à ce sujet , et le 8 du
mois suivant le comte de Zepplin signait
à Fulde , en son nom , un traité par le-
quel il promettait de donner 12,000 hom-
mes aux puissances alliées. Lorsque les
événemens qui amenèrent la chute de
Bonaparte eurent été accomplis, il se
rendit à Vienne et assista au congrès qu'il
quitta brusquement pour revenir à Stutl-
gard : son titre de roi avait été maintenu
par les hautes puissances et son indépen-
dance garantie. Il convoqua les états pour
le 15 mars 1815 , et leur présenta l'acte
constitutionnel qu'il donnait à son peuple.
On assure que cette concession qui fut
blâmée par tous les souverains , empoi-
sonna le reste de sa vie. Il mourut le TiU
septembre 1816 : son lils Guillaume 1*^'.
né le 27 septembre 1787 lui a succède.
Frédéric avait du goût pour les arts ,
mais il les encoaragea avec peu de dis-
cernement. Une de ses filles épousa un
dos frères de Bonaparte , Jérôme , alors
roi de Westphalie.
• FRÉDÉUIC-AUGTISTE. roi de Saxe.
né le 23 décembre 1750, était fils de l'é-
lecteur Frédéric-Christian. Il perdit s«m
père à l'âge de treiae aas, et le prince
Xavier, l'ainé de ses oncles exerça la ré-
gence jusqu'en 1768. En prenant les rênes
du gouvernement , Frédéric - Aagost-
trouva le pays dans l'état le phis dépl«>-
rable par suite de la mauvaise adminis-
tration du régent . et des m«in qoe U
â»aie avait soufferts pendant U guerre
TRE
264
FRE
de 7 ans; mais par une stricte économie
et les sages conseils de son ministre Gud-
schmid, il parvint, en peu de temps,
à ranimer l'agriculture , l'industrie et le
commerce; il encourafjea les beaux-arts,
et enrichit la belle galerie de Dresde ,
d'un grand nombre de chefs-d'œuvre. Il
s'occupa aussi de l'amélioration des codes ,
adoucit l'extrême rigueur des lois crimi-
nelles et abolit la torture en 1770. Fré-
déric Auguste épousa , en 1769 , Marie-
Amélie-Auguste, fille de l'électeur de Ba-
vière , et il jouissait de l'amour de ses su-
jets , lorsqu'une conspiration tramée par
quelques ambitieux que dirigeait , dit-on,
sa propre mère, vint troubler, en d776,
son repos; mais averti à temps par la
Gour de Prusse qui en eut connaissance ,
il parvint à la déjouer , en faisant arrêter
le colonel Aydolo, chef principal qui fut
enfermé dans une forteresse. Frédéric-
Auguste se ligua ensuite avec la Prusse
pour faire valoir, contre l'Autriche , les
droits de sa mère à l'électorat de Bavière,
devenu vacant par la mort de l'électeur,
dernier enfant mâle de sa famille. Le
traité de Teschen, signé le 10 mai 1770,
qui mit fm à la guerre , lui assura la sub-
stitution à tous les droits de sa mère , et
l'Autriche renonça à ses prétentions. En
1791 , il eut la sagesse de refuser la cou-
ronne de Pologne , qui lui fut offerte au
nom de la nation polonaise. Il résista
également aux sollicitations de l'Autriche
et de la Prusse pour se joindre à la coali-
tion contre la France, et ce ne fut qu'en
1792 , lorsque les Français eurent pénétré
dans les Pays-Bas, qu'il fit enfin mar-
cher le contingent qu'il devait fournir
comme prince de l'empire. Frédéric- Au-
guste continua de prendre part à la guerre
jusqu'en 1796 , époque à laquelle le géné-
ral Jourdan entra en Franconie ; il con-
clut avec lui un armistice , et obtint sa
neutralité qu'il conserva pendant plusieurs
années , ayant refusé de prendre part à la
guerre entre l'Autriche et la France. Mais
ses relations avec la Prusse l'obligèrent
de permettre , en 1805 , le passage des
troupes de cette puissance par ses états ,
et de faire marcher en 1806 , contre l'ar-
inée française , un corps auxiliaire de 22
mille hommes. Les batailles décisives
d'Iéna et de Auërstaedt mirent la Saxe à
la merci du conquérant , qui occupa mili-
tairement le pays , et le frappa de fortes
contributions. Les fortifications de Dresde
furent rasées , et la Saxe néanmoins fut
érigée en royaume et agrandie. Etant
entré dans la confédération du Rhm , Fré-
déric-Auguste vit incorporer à son royau-
me sous le nom de duché de Varsovie ,
les provinces méridionales enlevées à la
monarchie prussienne. Le roi de Saxe de-
vint alors l'allié de la France , et lui four-
nit un contingent de vingt mille hommes
En 1809 , les Saxons n'ayant pu , malgré
leur bravoure, empêcher l'ennemi d'en-
trer à Dresde , le roi se retira à Francfort-
sur-le-Mein , et ne revint dans ses états
qu'après la défaite des Autrichiens. Son
royaume reçut encore de nouveaux agran-
dissemens par le traité de Venise. Bona*
parte , avant de partir pour son expédi-
tion de Russie , eut à Dresde ( 1812 ) ime
entrevue avec les rois de Saxe et de Prusse ,
l'empereur d'Autriche et plusieurs princes
de l'Allemagne , qui tous lui parurent dé-
voués , mais qui l'abandonnèrent ensuite ,
à l'exception du roi de Saxe qui , décidé
à partager le sort de son allié , lui resta
fidèle. Forcé, à l'approche des Russes,
de quitter sa capitale , il remit aux Fran-
çais les places fortes de Wittenberg, de
Fergau , de Kœnigsberg , et après la san-
glante bataille de Leipsick , il eut la dou-
leur de voir ses états livrés à toutes les
horreurs de la guerre ; il fut conduit à
Berlin et enfermé dans un château avec
sa famille , en attendant que les souve-
rains alliés prononçassent sur son sort.
La Prusse exigeait la Saxe pour prix des
services qu'elle avait rendus à la coalition ;
cependant la France et l'Autriche réunies
obtinrent que Frédéric- Auguste conser-
verait le titre de roi; il perdit, non-seu-.
lement tout le pays qu'il avait acquis,
mais encore une grande partie de son an-
cien territoire; il dut en même temps
fournir son contingent de troupes pour
la guerre contre Bonaparte qui était
rentré en France. Profitant ensuite de la
paix générale , il ne s'occupa plus qu'à ré-
parer tous les maux dont ses états avaient
été la proie. Il est mort le 5 mai 1827, ne
laissant qu'une fille , la princesse D. Ma-
rie-Auguste , née le 21 juin 1782.
FRÉDÉRIC DE HOLSTEIN. Voyez
ADOLPHE-FRÉDÉRIC.
FRÉDÉRIC V, électeur , palatin suiu
nommé roi d'hiver. Voyez FERDINAND
II, enipereur.
FRÉDOLI ( BÉRENGER ) , né à Benne,
en Languedoc , d'une famille noble , mort
à Avignon en 1323 , était habile dans le
droit. Il fut choisi en 1298 , par Boniface
VIII , pour faire la compilation du Sexte,
c'est-à-dire , du 6" livre des Décrétales,
FRE
UH
FI\E
avec Guniaumc de Maiulai;ot cl Richaril
de Sienne. Clément V llionora du cha-
peau de cardinal en inOS.
•FRÉE ( Jean ). ccfl«'"siaslique an-
(;liran, né à Oxford en 1711, consacra
sa vie à la prédicalion, à l'instruction de
la jeunesse et à la culture des lettres. Il
fut directeur de l'école de grammaire de
S linl-Sauveur, et occupa successivement
plusieurs cures. Il mourut dans un état
voisin de l'indiccnce.leO septembre 17'JI.
Son principal ouvrage est une Histoire de
la langue anglaise, 1753, en 4 parties, qui
a eu plusieurs éditions. La 4* est de 1788.
On a encore de lui des semions et plu-
sieurs écrits de controverse , dirigés la
plupart contre les méthodistes, eides poé-
sies diverses.
FHÊt.OSE, FULGOSE, ou CAMPO-
FRÉGOSE . nom d'une illustre famille gé-
noise . d'origine plébéienne, qui s'éleva
«liins le 14' siècle au-dessus de la noblesse
et fournit plusieurs doges à la république.
Les membres les plus remarquables de
« ette famille sont FRÉGOSE ( Paul ) , car-
dinal, archevêque de Gènes, sa patrie,
doge en HG2 : il perdit cette place quel-
que temps après , la recouvra en l/t65 , et
l'occupa encore deux fois. Il mourut à
Romeen 1498.
FRÉGOSE ( Baptiste) , neveu du pré-
cédent, né à Gènes vers l'an 1440, fut
élu doge eu 1478. Il ne conserva que très
peu de temps cette dignité. La hauteur
de son caractère et la sévérité de son gou-
vernement le firent déposer la même an-
née. Il fut exilé à Trégui ; mais nous
itjnorons quand il mourut. Il égaya sa re-
îraite par la lecture et le travail. On
doit à sa plume : | un ouvrage italien eu
'J livres, mais qui n'a paru qu'en latin,
Milan, 1509, in-ful. de la traduction de
(^dmille Chilini, sur les actions mémora-
hles , dans le goût de Valère-Maxirae. Les
meilleures éditions de ce traité, souvent
réimprimé, sont celles de Juste Gaillard,
avocat au parlement de Paris , qui y a
fait des additions , des corrections, et l'a
orné d'une préface. | La f^ie du pape
Martin V; \ un Traité latin sur les fem-
mes savantes ; \ un autre en italien contre
l amour. Milan, 4496, in-4*, traduit en
français, 1581 , in-4°; l'original et la ver-
sion sont également rares.
FREGOSE ( Frédéric ) , né à Gènes en
1480, archevêque de Salerne et cardinal,
de la même famille que les précédens,
défendit la côte de Gènes contre Cortoijoli,
corsaire de Barbarie , qui la ravarjeait. Il
surprit ce pirate d.ins le port de Biserte ,
passa à Tunis , et à l'ilc de Gerbes , et re-
vint à Gènes chargé de gl(»irecl de bulin
Les Espagnols ayant surpris Gène» en
l;)!22, Frédéric chercha un asile en France
François l*""" le reçut avec distinction, et lui
donna l'abbaye de Saint-Bénigne de Dijon
De retour en Italie , il fut fait cardinal et
évéque d'Engubio où il mourut en 1541.
La langue grecque et l'hébra'ique lui
étaient familières. Son savoir était soutenu
par les vertus épiscopales. On a de lui un
Traité de l'oraison en italien , Venise ,
1542,, in-S".
FRÉGOSE ( Anto:«io-Fii-eremo ) , né à
Gènes, un des poètes italiens qui fleurirent
à la fin du 15* siècle et au commencement
du 16*, eut un grand succès dans son
temps. Son poème de Cçrva Bianca . et
autres poésies ont été réunies à Milan en
2 vol. in-8"; le 1" parut en 1513, le 2* en
1525 , et ils sont assez rares.
FRÉGOSE. royez FULGOSE.
FREHER. Voyez MARQUART-FRE-
HER.
• FREIESLEBEN ( Curistophe-He^vri),
jurisconsulte allemand, conseiller 'camé-
ral du duché de Saxe-Gotha et des mines
d'Altenbourg , mort vers l'an 1733, a
laissé plusieurs ouvrages fort utiles pour
l'étude du droit : | Corpus juris civilis aca-
demicum. Altenbourg, 1721, in-4°,très
souvent réimprimé. La dernière édition
est de 1789. | Corpus juris canonici aca-
demicum . 1778, in-4''. La dernière édi-
tion est de Bàle, 1775; | Schutzius illustra-
tus sive compendium juris Schutzio Lau-
terbachianum ex compluriuni celeberri-
înorumjurisconsultorum scriptis ac no-
tis illustratum, Altenbourg, 1734 , 2 vol.
in-4° , compilation fort bien faite . des-
tinée à expliquer l'abrégé fait par Schutz
du Collegium juris , de Lautcrbach. | Une
traduction allemande deVI/omme de cour
de Balt. Gracian, et quelques opuscules
moins importans.
FREUi ( Jean-Thomas ) Freigius, né
à Fribourg en Brisgaw l'an 1543 , ensei-
gna le droit avec réputation à Fribourg, à
Bàle et à Altorf , et mourut de la peste
vers 1583. On a de lui des Paralilles sur
le Digeste, in-S" , et d'autres ouvrages.
FREI\D (Jean ) naquit en 1675 , à Cr«^-
ton , dans le comté de Norlhamplon, d'un
pèro ministre. Westminster fut sa pre-
mière école. Dès l'âge de SI ans . il mit au
jour deux discours grecs , l'un d'Eschine.
l'autre de Déinusthènes, avec une tra-
duction et des ruinaniues 11 se consacra
FRE
266
FRE
ensuite à la médecine. Le comte de Pé-
terborough l'emmena avec lui en 1703 en
Espagne, alors le théâtre de la guerre.
Après y avoir exercé sa profession pen-
dant deux ans , il passa à Rome et s'y lia
avec tous les savans qui cultivaient son
art. Freind , de retour en Angleterre , fut
renfermé à la tour de Londres , soupçon-
né d'être d'intelligence avec les ennemis
de l'état : malheureusement les philoso-
phes et les lettrés ne sont que trop sou-
vent dans ce cas-là ( voyez VESPASIEN ).
On sollicita en vain son élargissement
pendant six mois; mais au bout de ce temps ,
le ministre étant tombé malade, Méad
( voyez ce nom ), confrère du prisonnier,
ne voulut lui ordonner aucun remède ,
que Freind ne fût sorti de la tour ; con-
duite très blâmable et qui ne prouve pas
que Méad fût convaincu de l'innocence
de son ami. Cependant Freind fut élargi,
et obtint la place de premier médecin de
la princesse de Galles , depuis reine d'An-
gleterre. Il mourut à Londres à 53 ans ,
en 1728, membre de la société royale.
Freind était aussi heureux dans la prati-
que , qu'éclairé dans la théorie. Ses opi-
»ions étaient reçues en Angleterre, comme
elles d'Hippocrate dans la Grèce. Des ou-
«rrages qu'il a laissés les principaux sont :
I Histoire de la médecine^ depuis Ga-
lien jusqu'au 14' siècle : livre savant, tra-
duit de l'anglais en français par M. No-
guez, en 3 vol. in-i", 1728. | VEmmeno-
logie ^ ou Traité de l'évacuatio7i ordinaire
des femmes , traduit en français par De-
vaux , 1730 , in-12 ; | Lectiones chimicœ ,
Amsterdam, 1710, in-8°; | Traité de la
fièvre. Tous les écrits de Freind ont été
recueillis à Londres , in-fol. , 1753 , et à
Paris , 1735 , in-i" ; sa Vie est à la tête de
cette collection.
FREINSHEMIUS ( Jeai« ), naquit en
1608 à Ulm en Souabc. Mathias Berneg-
ger , savant de Strasbourg , lui confia sa
bibliothèque et lui donna sa fille. L'uni-
versité d'Upsal lui ayant proposé des
avantages considérables, il y alla profes-
ser l'éloquence pendant 5 ans. La reine
Christine , qui l'enviait à l'université , le
choisit pour son bibliothécaire et son his-
toriographe , avec sa table et 2,000 écus
d'appointemens. Il fut bientôt obligé d'a-
bandonner ces honneurs et de revenir
dans sa patrie , pour rétablir sa santé ,
que le climat de Suède avait dérangée.
L'électeur palatin lui donna un an après
son départ d'Upsal , en 1656 , une place
de professeur honoraire de l'université de
Heidelberg, et une charge de conseiller
électoral. Freinshemius n'en jouit pas
long-temps , étant mort en 1660 , à 52 ans.
Ce savant possédait les langues mortes
et presque toutes les langues vivantes. Il
joignait à une littérature choisie , de l'es-
prit et du goût. Il s'occupa toute sa vie
avec autant de zèle que de succès à ré-
parer les brèches que le temps avait faites
à quelques auteurs. Il entreprit de fairo
des Supplémens à Quinte-Curce , et il y
réussit, dans l'édition qu'il donna avec
un index et des commentaires ^ Stras-
bourg, 1640, 2 vol. in-8°. Il fit avec
succès un semblable travail sur Tite-
Live dont il publia ( Lib. XI ad XX).
Strasbourg, 1649 , in-12, et donna ensuite
une édition qui contient 60 livres , Stras-
bourg, 1654,in-4°; Doujat réunit ensuite
les 95 livres dans son édition de Tite-Live
ad usum Delphini. Les supplémens de
Tite-Live, moins estimés que ceux de
Quinte-Curce , ont été cependant insérés
dans les éditions latines de Jean Leclerc
et de Crevier, de Lemaire, et traduits en
français par Durier , Guérin, Dureau de
la Malle. Il fut moins heureux dans ses
supplémens de Tacite . parce que , pour
faire revivre cet historien inimitable, il
fallait un génie aussi fort, aussi vigou-
reux , aussi profond que le sien , et il s'en
trouve à peine un dans vingt siècles. Le
Père Brotier y a depuis complètement
réussi. On a encore de Freinshemius des
Commentaires sur Florus . et quelques
autres auteurs latins , qu'il a ornés de sa-
vantes tables.
FREIRE DE ANDRADA (Hyacinthe),
abbé de Sainte-Marie de Chans, né à Béja
en Portugal, l'an 1597, parut d'abord
avec distinction àla cour d'Espagne ; mais
son attachement à la maison de Bragance
indisposa le ministère contre lui. Il s'é-
clipsa jusqu'au temps que Jean IV fui
proclamé roi de Portugal, en 1640. Il se
rendit auprès de lui , et en fut très bien
reçu. Ce monarque lui offrit l'évêché de
Visen qu'il refusa, prévoyant que le pape,
qui ne reconnaissait pas d'autre roi de
Portugal que celui d'Espagne , ne lui ac-
corderait point ses bulles. Il mourut à
Lisbonne , en 1657, à 60 ans. Freire avait
l'esprit léger , mais le cœur généreux et
plein de franchise. Il défendait ses amis
en secret , et les reprenait en face. Il cul-
tiva avec succès la poésie et l'histoire. On
a de lui : | la Vie de don Jxian de Castro.
in-fol. traduite en latin par Ratto , jésuite
italien. C'est un des livres les mieux écrits
FAE
ÎC7
FRE
an porluoais. | Des Poésies portugaises ^
en petit nombre, m;ils rlrj{anlcs.
FRCIT Vr.ou philù Fin: YTAG (Jeaîh),
né à Niedcr Wcsel . dans le duché de Clè-
ves. en 1581, fut professeur en médecine
àllcliiistadt, médecin cndiffrrenlrs cours
d'Allemagne, cl enfin professeur h Gronin-
Ruc , où il mourut en I6il. 11 ne cessa de
critiquer les ouvrages du célèbre Daniel
Secmcrl , auquel il ne semble pas avoir
rendu asscr. de justice , quoique plusieurs
«le ses critiques soient fondées. Les prin-
cipaux ouvrapes de Freitaij sont | : Noc-
trs medicœ . Francfort , 1G16 . in-4°; | Ju-
rora mcdicorum . \(\'(\ , in-4° ( voyez
Mangct. Bibliotheca script, medicor. t.{{,
p. 346 ). — n ne faut pas le confondre
arec Jea\ FREIT \G , né à Perleberg en
1587 . qui pratiqua la médecine avec ré-
putation à Ratisbonuc , où il mourut en
lOrii , après avoir publié De vieïancholia
hypochondriaca ; ni avec Jew-Hexri-
FREITAG, qui publia un ouvrage sur la
chimie en 1635, à Quedlimbonrg ; ni avec
le major FREITAG , devenu célèbre pour
a voir donné à Francfort des coups de bâton
à M. Arouel de Voltaire, par ordre de
Frédéric II, roi de Prusse.
" FREMI\ ( Re\é ) , sculpteur, né en
1673 à Paris , où il prit les premières le-
çons de son art , alla à Rome pour se per-
fectionner, el se distingua à son retour
par divers ouvrages. Appelé en Espagne
par Philippe V, qui faisait alors con-
struire la Cranja, à Saint-Ildefunse , il
contribua beaucoup à orner les jardins
de ce palais , et fil un grand nombre de
statues el de groupes ; mais l'ouvrage qui
lui fît le plus d'honneur fui la fontaine
dite des Grenouilles. On loue , dans cet
artiste, l'élégance et la facilité avec la-
quelle il exécutait ses ouvrages ; mais on
rritique l'atlitudc de ses statues et le ca-
ractère qu'il imprimait à ses dieux et à
ses nymphes , qui manquent de cette sin>-
plicité grecque dont il aurait dû se péné-
trer à Rome. Il est mort à Paris, comblé
d'honneurs et de richesses, en 1745.
FREWI\nT(M*nTix ), peintre, né h
Paris en 1^67 , fit le voyage de Rome dans
un temps que les peintres étaient parta-
gés entre Michel-Ange de ("aravage, et
Joseph d'Arpino dit le Giospin. 11 s'atta-
cha à prendre ce que ces deux peintres
avaient de meilleur, el y réussit. Fremi-
net était très instruit dans les sciences re-
latives à son art : il savait l'anatomie, la
perspective et l'architecture. Il fut un
grand dessinatetir, et l'oo remarque beau-
coup d invention dans S(y tableaux; mais
sa manière fière , les expressions forte»
de ses figures , des muscles et des nerf»
durement prononcés , et les actions de ses
personnages trop recherchées, ne sont
l>oinl du goût de tout le monde. »Ses des-
sins sont terminés. Henri IV le fit son pre-
mier peintre, et Ix)uis XIII l'honora du
cordon de Saint-Michel. Il peignit le pla-
fond de la chapelle de Fontainebleau , ei
mourut à Paris en 1619.
FREMIWILLE ( Edme de la POIX ),
né en 1680 à Verdun en Bourgogne , du
lieutenant-général de cette ville, devint
lui-même bailli de La Palisse. Les ma-
tières féodales sonl les principales qui se
présentent à traiter devant un juge de
grandes seigneuries ; il en fit une étude
particulière. Le fruit de ses travaux fut
le Traité des dîmes , 1 vol. in-12; la Pra-
tique des terriers , en 5 vol. in-4° qui est
un excellent traité des fiefs. Il fit un 6*
volume , pour les droits des habitans. Il a
extrait, par ordre alphabétique, le Traité
de la police du commissaire La Marre ,
sous le titre de Dictionnaire de la police,
en 1 vol. in-4<» : ouvrage estimé , et réim-
primé en province , in-8°. Freminville
mourut à Lyon , le 14 novembre 1773. C'é-
tait un homme savant et laborieux.
FREMIOT. royez CHANTAL.
FREMIOT ( AxDRÉ ), archevêque de
Bourges, né à Dijon en 1573, d'une fa-
mille noble et féconde en personnes de
mérite , fut chargé d'affaires importantes
sous Henri IV et Louis XIII, et s'en ac-
quitta en homme intelligent. On a de lui
un discours des marques de l'Eglise con-
tre les hérésies, 1610, in-8° et d'autres
ouvrages. Ce prélat estimable mourut à
Paris le 13 mai 1641.
•FREMOMT (don Charles), religieux
et réformateur de l'abbaye de Grammont.
naquit à Tours en 1610. Dès qu'il eut pris
l'habit , à l'âge de 18 ans, il ne tarda pas
à s'apercevoir du relâchement qui régnait
dans la discipline de l'abbaye ; il n'en fit
pas moins son noviciat avec une exac-
titude exemplaire , et redoubla de fer-
veur et de zèle pour ses devoirs. Lors-
qu'il eut fait sa profession , son al)bé le
nomma prieur de l'abbaye. Dom Frc-
mont s'efforça . par son exemple et SC3
discours, d'établir parmi ses confrères
plus de régularité; ne pouvant y parve-
nir, il demanda cl obtint la permission
d'aller à Paris terminer ses éludes dani le
collège que l'ordre y av.iit prè< de l'uni-
versité. A.yant été présenté au cardinal de
FRE 268
Richelieu , il lui fit agréer un plan de ré-
forme qu'il avait dressé. Nommé par le
ministre , prieur d'Epoisse , près de Di-
jon , don Frémont aidé de son confrère
don Joseph Baboul, y jeta les premiers
fondemens de sa réforme. Pour ne pas
paraître affecter la singularité, il se con-
ienta de remettre en vigueur dans sa
communauté la règle telle que le pape In-
nocent IV l'avait mitigée. Le prieuré de
Thiers en Auvergne , lieu de la naissance
fie saint Etienne, instituteur de l'ordre ,
prit aussi la réforme , ainsi que six ou
sept autres monastères, mais sans se sous-
haire à la juridiction de l'abbé de Gram-
mont. Don Frémont gouverna pendant 50
ans le prieuré de Thiers, et y mourut
saintement en 1689 , âgé de 79 ans. On
connaît de ce religieux : La Fie ^ la Mort
et les Miracles de saint Etienne , confes-
seur ^ et fondateur de l'ordre de Grani-
mont ^ dit vulgairement des Bons-Hom-
mes ^ Dijon , 1647 , in-8°. On trouve à la
suite de cet ouvrage La Vie du bienheu-
reux Hugues de Lacerta, disciple de saint
Etienne. Il a composé en outre plusieurs
OEuvres de piété à l'usage de ses con-
frères.
* FRÉMO^'T-D'ABLAîVCOURT (Nico-
las ) , diplomate et littérateur, né à Paris
en 1625 , était neveu de Perrot d'Ablan-
court qui fut son maître. Il se fit une
grande réputation d'esprit et de savoir ,
et plusieurs princes d'Allemagne s'ef-
forcèrent de l'attirer auprès d'eux. Mal-
gré les offres les plus brillantes, il se
décida d'autant moins à quitter le ser-
vice de sa patrie , que Turenne, qui l'a-
vait pris sous sa protection , le fit nom-
mer ambassadeur de France près la cour
de Portugal , et quelque temps après ré-
sident à Strîisbourg. De retour à Paris,
après la mort de Turenne , il partageait
çun temps entre la société des beaux es-
prits de l'époque et la culture des lettres,
lorsque la révocation de l'édit de Nantes
le força de s'expatrier dans un âge encore
peu avancé. Il se retira en Hollande où
le prince d'Orange le nomma son historio-
gi aphe et lui accorda une pension. Fré-
mont mourut à la Haye , en 1693 , laissant
les ouvrages suivans : ] Dialogues de la
santés Amsterdam , 178i , in-12 ; | Perrot
d'Ablancourt vengé ou Amelot de la
Houssaye convai?icu de ne pas parler
français et de mal expliquer le latin,
Amsterdam , 1786 , in-12 ; | Mémoires
concernant l'histoire de Portugal, depuis
le traité des Pyrénées ( 1659 ) jusqu'en
FKE
1668, avec les révolutions arrivées dans
ce temps-là à la cour de Lisbonne , Paris,
1701, in-12, réimprimés la môme année
en Hollande. Frémont a ajouté à la tra-
duction des OEuvrcs de Lucien, par
Perrot d'Ablancourt , le Dialogue des let-
tres de l'alphabet et le Supplément à
l'histoir-e véritable. Il a aussi revu la tra-
duction de V Afrique parMarmol, et a
travaillé au Dictionnaire des rimes de
Richelet.
FREMCLE( Nicolas ) , poète français
né à Paris en 1600, fut conseiller-général
en la cour des monnaies, et mourut
doyen de la même cour après l'an 1661.
On a de lui plusieurs pièces de théâtre :
I Polémon elNiobé , in-S", deux pastora-
les ; 1 VEnt?-ètien des bergers, autre pas-
torale ; [un poème intitulé Jésus crucifié ;
I une Paraj)hrase des psaumes, en vers ,
etc. Tous ces ouvrages sont très mé-
diocres.
FREIVICLE DE BESSY ( Berîvard ) ,
frère du précédent, mort en 1675 , fut
grand arithméticien et ami de Descar-
tes. Ce philosophe faisait grand cas de
son arithmétique , qui le conduisait à des
détails où l'analyse a bien de la peine à
parvenir; mais il s'étonnait que sans le
secours de l'algèbre , dont en effet il ne
faisait aucun usage , Bessy fût devenu si
profond dans cette science. On trouve
plusieurs de ses écrits dans le 6' tome
des anciens mémoires de l'académie des
sciences , dont il était membre : entre au-
tres, une méthode pour trouver la solu-
tion des problèmes par les exclusions.
Condorcet a écrit son éloge.
* FRÈRE ( GiîoncES ) , comte , lieute-
nant-général , naquit le 2 octobre 1764 à
Montréal. A l'âge de 17 ans ( 1791 ) , il en-
tra dans le 2^ bataillon de l'Aude , et y
ayant déployé du courage et de rintelli-
gence , il fut nommé capitaine en 1792.
Devenu chef de bataillon l'année suivante,
à l'armée des Pyrénées -Occidentales, il
se distingua bientôt après à celle des Py-
rénées-Orientales , d'où il passa en Italie ,
y fit les campagnes de 1794 et 1795, et
fut blessé aux redoutes de Séza. Lorsque
les Français entrèrent dans le Piémont ,
il reçut à la journée de la Brenta une
nouvelle blessure, qui lui valut le yrade
de chef de brigade. De retour en France,
après le traité de Campo-Formio , il servit
dans les armées de l'Ouest, de la Hol-
lande et du Rhin, fut nommé ensuite
commandant de la garde du premier con-
sul , devint général de brigade en sep-
FKE
269
FRE
fcnibrc 1802 , ci fui employé dans l'ariuce
de HiinoTfe cl à la grande armée , pen-
dant les campayncs de 1805, 1H06 et 1807.
Le yenoral Fri-rc fut souvent cité avec
• loge dan» les bulletins du temps; et no-
tammct»t en 1806 à la prUc de Lubcck.
où il entra un des prcrtuers. Un de ses
l)lus beaux faits dariucs fut la défense do
Kl tète du ptml de SjMindau sur la Vassar-
i;c. Avec un seul régiment etqxiatre pièces
Je canon, il soutint l'attaque de 10,000
Russes , qui revinrent six fois à la charge
pour s'emparer de ce pont, et qui furent
forcés de se retirer, après avoir éprouvé
une perte considérable. Il fut nommé suc-
cessivement comte , cominandant de la
lésion d'honneur et général de division.
Le 6 mai 1808, il se rendit en Espagne ,
et le 7 juin . il s'empara de la ville de Sé-
govie. Il alla ensuite appuyer l'armée du
maréchal Moncey , qui assiégeait Valence;
et . après la prise de celte ville , il coopéra
au siège mémorable de Saragosse , en qua-
lité de chef d'étal-major du maréchal
Lannes. \ ppelc à la grande armée , le gé-
néral Frère se trouva à la bataille de Wa-
frram, où il se distingua de nouveau et
reçut des blessures graves. A peine guéri,
il retourna en Espagne et assista aux siè-
ges d'Ostalric, de Tortosc et de Tarra-
gone. Il revint en France en 181'), et passa
au commandement de la ly division mi-
litaire à Rennes, puis à la 10"^ à Lille. Lors
delà première restauration, Louis XVIII
le créa chevalier de Saint-Louis. Après le
débarquement de Bonaparte à Cannes, le
20 mars 1H15 , et pendant les ccnt-jours ,
le général Frère se conduisit avec une ré-
serve extrême. Cependant, s'il ne s'em-
pressa pas de se ranger sous les drapeaux
de son aincien général, il ne se montra pas
non plus fort zélé pour la cause des Bour-
bons. Anssi, au retour du roi, et dés le
commencement de 1816 , il fut mis en non
activité, et y resta jusqu'à sa mort, arri-
vée le 17 février 1826.
FRERET (Nicolas), secrétaire perpé-
tuel de l'Hcadémie des belles-lettres . né
à Paris le 15 février 168S, d'un proaireur
•u parlement, se fil recevoir avocat par
complaisance pour sa famille. La nature
ne lui avait donné aucun goût pour le
barreau, et par conséquent presque point
détalent; il le quitta pour se livrer à l'his-
toire el à la dironologie, ses premières
p.issions. L'académie des inscriptions li'i
ouvrit SCS portes dès l'âge de 25 ans. Il
»i{;nala son entrée par un Discours sur
l origine des Fronçait , rempli de pro-
pos indiscrets sur l'affaire des princes
avec le régent, qui le fit renfermer à
la Bastille. Bayle fut presque le seul au-
teur qu'on lui donna pour égayer sa
prison; il le lut tant do fois, qu'il le sa-
vait presque par cœur. Les erreurs de ce
fameux sceptique s'inciilquèrcnt dès lor»
dans son esprit. On ne s'en aperçoit q\ie
trop, lorsqu'on jette les yeux sur ses Let-
tres de Thrasybule à Leucippe . où l'on
trouve le triste athéisme réduit en prin-
cipes , quoique adroitement enveloppé ;
et sur X Examen des apologistes du chris-
tianisme. 1767, in-8° : ouvrage posthume,
non moins répréhcnsible que le précédent,
mais qui n'est pas de lui. L'abbé Bergier
l'a réfuté victorieusement par son ouvrage
intitulé Certitude des preuves du chris-
tianisme. Fréret ayant obtenu sa liberté,
s'adonna entièrement à ses anciennes
études. On lui doit : | plusieurs mémoires.
pleins d'érudition et de discussions épi-
neuses. Ils sont répandus dans les diffé-
rens volumes de la collection académique
des belles-lettres. Ceux dans lesquels il
essaie d'éclaircir la chronologie lydienne
et la chinoise ont été d'abord recher-
chés ; mais l'on s'est convaincu depuis ,
que CCS fabuleuses histoires n'avaient
rien gagné aux travaux de ce savant, beau-
coup plus crédule en matière de vieilles
aimalcs, qu'en matière de religion. | I^
préface, les notes, et une partie de la tra-
duction du roman espagnol, intitulé Ty-
ran le Blanc. 2 vol. in-12 ; \ Défense de ta
chronoloyie contre le système de Newton .
Paris, 1738, in-4°; | quelques ouvrages
frivoles, qui n'amuseront jamais les lec-
teurs sages. Fréret avait une vaste litté-
rature, il connaissait l'intrigue de pres-
que toutes les pièces des différens théàt re»
de l'Europe. Sa mémoire était immense.
Il écrivait avec netteté et avec ordre, mais
il avait du penchant pour les opinions sin-
gulières; ses Lettres de Thrasybule annon-
cent, au jugement d'uncritique judicieux,
« un esprit dur et un cœur corrompu. •
L'auteur du Dictionnaire philosophique
s'est souvent paré de l'érudition de Fré-
ret, et n'en a pas fait un n»e;lleur usage.
Il mourut en 1749. Ses OKuvres complèlet
ont été recueillies el publiées par Sepl-
chénes, en '.0 vol. in-12, Paris. 1766 ; mais
cette édition est extrêmement inromplèie
el défectueuse; l'auteur n'a fait usa«e
d'aucun des manuscrits de Fréret . qui
étaient alors entre les mains de Sainic-
Croix, et dont plusieurs sont reste* iné-
dits. On fait awez de cas de ses méinonc*
•11.
FRE
270
FRE
sur les cultes de plusieurs dieux du pa-
ganisme, sur VÂ7inée persane; de son
Traité sur iot'igine des Grecs, et de son
traité ^ sur les antiquités de Babylone.
1< RÉROîV ( Elie-Catherine ) , né à
Quimpcr en i7i9, «iontrade bonne heure
des talcns. II entra chez, les jésuites, pour
les y perfectionner. Il professa pendant
quelque temps avec succès au collège de
Louis le Grand. Les Pères Brumoi et Bou-
geant le dirigèrent dans ses études, et
lui inspirèrent le goût de la belle litté-
rature. Quelques mécontentemens l'ayant
obligé de sortir des jésuites en 1759 , il
aida d'abord l'abbé des Fontaines dans la
Komposition de ses feuilles , et donna en-
suite un petit journal, sous le titre de Let-
tres de JfJ""" la comtesse, in-12, 1746. Cette
comtesse était l'interprète de la raison et
du bon goût , et elle s'exprimait avec
autant d'esprit que de sel. Comme la ré-
putation de plusieurs beaux esprits n'é-
tait pas ménagée dans ces feuilles, ils
eurent le crédit de les faire supprimer.
Elles reparurent en 1749 , sous un autre
titre. C'est au commencement de cette
année que Fréron publia ses Lettres sur
quelques écrits de ce temps^ qui , renfer-
mant une critique aussi vive que pi-
quante , ne plurent pas plus à un grand
nombre d'écrivains, que celles de la com-
tesse. Elles furent quelquefois inter-
rompues , et ce fut presque toujours au
regret du public , qui aime à s'amuser
des critiques et de ceux qui en sont l'objet.
Après avoir publié 13 vol. de ce journal,
l'auteur le fit paraître en 17S4, sous le titre
iVj4nnée littéraire, et il en a publié régu-
lièrement 8 vol. par année , à l'exception
de 1734, qu'il n'en donna que 7, jusqu'à sa
mort arrivée en mars 177C. Beaucoup
d'esprit naturel , de la gaîté, un goût sûr ,
un tact fin, le talent de présenter les dé-
fauts d'un ouvrage avec agrément : telles
furent les qualités de ce redoutable jour-
naliste. De la partialité, une malignité
quelquefois trop marquée , de la préci-
pitation dans les jugemens : tels furent
ses défauts. Il avait des mœurs douces, et
sa société était facile et enjouée; mais le
ressentiment des injustices le rendit
quelquefois injuste. Ses autres ouvrages
sont : I un recueil di' opuscules , en 3 vol.
in-12, parmi lesquels on trouve des poé-
sies qui ne sont pas sans mérite, VOde
sur la bataille de Fontenoi est une des
meilleures qui aient paru depuis Rous-
seau. I Les amours de Vétius et d'Ado-
nis^ in-i2, 1748 : brochure traduite de l'i-
talien (lu cavalier Marini. Fréron était
très peu conséquent dans l'attachement
qu'il affichait pour les bonnes mœurs. Di-
verses analyses qu'on voit dans V Année
littéraire, en sont une autre preuve. II
travailla pendarit quelque temps dM Jour-
nal étranger. Il l'abandonna pour s'occu-
per entièrement de son Année littéraire.
dont le privilège a été continué à sa veuve.
* FRÉRON (Louis-Stanislas), fils du
précédent, né à Paris vers 175S, oblinl
après la mort de son père le privilège de
l'Année littéraire, qu'il fit publier sous
son nom , par l'abbé Royou , son oncle, et
par le professeur Geoffroy. Fréron ne
s'occupait que de ses plaisirs. Dès 1789,
il embrassa le parti de la révolution avec
fureur, et devint l'émule de Marat par la
publication d'vme petite feuille périodi-
que iniituléeV Orateur du peuple. Il avait
connu Robespierre, lorsqu'il faisait ses
études au collège de Louis le Grand ; et
quand celui-ci vint à Paris pour siéger
aux états-généraux, ils agirent long-temps
de concert. Lors de l'insurrection du mois
de mars 1791, il fut remarqué, ainsi que
Camille Desmoulins , à la tète des insur-
gés , et il devint un des plus violens ora-
teurs du club des cordeliers qui prit une si
grande part auxévénemens du 10 aovitl792 .
Dans cette journée , il s'empara de vive
force de la commune, et en devint membre,
sans avoir fait ratifier sa nomination. Il fut
ensuite élu à la Convention, où il vola la
mort du roi. Envoyé dans le Midi avec
Barras , Salicetti et Robespierre le jeune,
il fut l'auteur des mesures sanglantes
exécutées à Marseille et à Toulon. Il ne
persécuta pas seulement les chefs de
l'autorité proscrite , mais tous les négo-
cians les plus considérés , les riches, ainsi
que tous ceux qui jouissaient de quelque
crédit. On cite de lui entre autres ce trait
horrible. Etant entré à Toulon après que
les Anglais eurent évacué cette ville , il
ordonna aux habitans de se rendre au
Champ de Mars sous peine de mort, pour
y recevoir les instructions qu'oh avait à
leur donner. Huit cents s'y rendirent ; à
peine y furent-ils arrivés, qu'il fit appro-
cher une batterie de canons et tirer sur
eux à mitraille. Plusieurs qui n'avaient
pas été atteints se jetèrent à terre et fei-
gnirent d'être morts. Fréron, qui ne vou-
lait pas qu'aucune de ses victimes lui
échappât, s'écria alors : « Que ceux qui
n ne sont pas morts se lèvent , la répuhli-
» que leur fait grâce. » Ces malheureux
se levèrent en effet, et à l'instant même
FKE
171
FHE
U« furent massacres à coups ilc sabre et
de fusil par ordre du féroce proconsul.
»>n nepiut lire >aiis ctre saisi d'horreur les
Irllres qu'il tcrivail alors q la Convention.
I>.ins «a correspondance avec son çollè(;ne
Î^Ioise Bayle. où il lui rendait compte des
vénemens de Toulon, Fréron lui disait
; ail avait requis 12.000 hommes pour
l^or la ville . que tous les jours on y fai-
it tomber deux cents tètes, et il ajou-
! it : . Toutes les grandes mesures ont
» clé manquées à Marseille par Albiltc et
» par Cartuux. » Après avoir fait périr un
prand nombre d'habitans de Toulon et
détruit une partie de ses édilices , Fréron
retourna à Marseille pour y continuer ses
œuvres de destruction. Il y fit périr en-
core 400 personnes et fit recommencer
K'S démolitions. Mais la Convention in-
' rrompit elle-même ces bri(îanda{jes, en
appelant ses commissaires. Ils revinrent
Paris, et Fréron, reçu comme un triom-
phateur par la société des jacobins, fut
jiroclamé le Sauveur du Midi ! La mésin-
tiHigence commençait cependant à se
ineltre entre les différens partis, et Ro-
cspierre venait de faire périr Hébert,
t.lool7,,Chaumette. Danton, qui étaient les
principaux meneurs du club des Corde-
liers; Fréron, qui appartenait à la même
faction, et plusieurs autres clubistes,
( raignant le même sort, concertèrent leurs
moyens de défense , et parvinrent à ren-
verser leur ennemi le 9 thermidor (27 juil-
let 1794). Après la chute de Robespierre,
Fréron, ainsi que la faction dautoniste ,
prirent le nom de thermidoriens, et quit-
tèrent la Monta{jnc , pour aller s'asseoir
au côté droit. Il devint alors l'apôtre de
la réaction , et poursuivit avec acharne-
ment ses anciens amis. En l'entendant
faire la motion de raser l'hôtel-de-ville et
le club des jacobins, et plus tard de brûler
le faubourg Saint-Antoine , on reconnut
encore en lui le proconsul de Toulon fu-
mant et de Marseille saccagée. Fréron pu-
blia de nouveau son Orateur du peuple.
où l'on remarquait toujours la même fré-
nésie d'expressions, quoique dans un esprit
différent , et se mit à la télé d'une troupe
déjeunes gens qui, sous le nom de jeu-
nesse dorée de Fréron . parcouraient les
rues et les places publiques en chantant
le Réveil du peuple, et poursuivant les
jacobins. Le club de ces derniers fut fer-
mé à la suite d'une rixe. Après l'insurrec-
tion du 13 vendénuaire (o octobre 1793 ),
les thermidoriens craignirent d'avoir
p<irlé trop loin leur système de réaction ,
et soupçonnèrent in^mo quelques-uns de
leurs collègues, d'avoir fuit un pacte secret
avec les royalistes. Fréron, Tallien, Bar-
ras reparurent alors au hotU de la Mon -
lagnc. Ils firent nommer un comité extra
ordinaire, dont Tallien fut rapporteur,
et ils révèrent le renouvellement de la ter-
reur. Après la session Fréron, qui n'avait
point été réélu, fut envoyé de nouveau
dans le Midi en qualité de commissaire
extraordinaire du nouveau gouverne-
ment ; mais craignant le ressentiment des
habilans, il s'y fil accompagner d'une
force imposante. Plus tard, illit paraître
un mémoire sur sa mission. Bonaparte
était devenu premier consul ; on assure
que Fréron devait épouser sa sœur, dont
la wiain lui avait été promise et qui fut
depuis mariée au général Leclerc cl en-
suite à Camille Borghèse. Fréron, nommé
sous-préfet dans un des arrondissemens
de Saint-Domingue , refusa long-temps
de s'y rendre ; il partit cependant en 1802 ,
avec l'armée sous les ordres du général
Leclerc. Il y mourut en 1802, après une
maladie de six jours. On a de lui : | Mc-
i7ioire historique sur la réaction royale
et sur les massacres du Midi, avec des
notes et pièces justificatives . première
partie. 1795, in-S". Isnard y répondit par
une brochure virulente intitulée Isnard
à Fréron; \ Moïse Dayle au peuple sou-
verain et à la Convention, in-8"; | Hé-
fiexions sur les hôpitaux . et particuliè-
rement sur ceux de Paris , et V établisse-
ment d'un mont-de-piété. 1800, in-8°.
• FIIESIA D'OGLIAMCO (Machice-
Ign.vce ), lieutenant-général des armées
françaises, naquit à Saluées en 1746 d'une
ancienne famille du Piémont. Il reçut à
Turin une éducation distinguée et entra
à 20 ans au service de Sardaigne. D'abord
cornette dans le régiment du roi ( dra-
gons), il parvint de grade en grade à ce-
lui de colonel qu'il obtint en 1793, d'abord
dans le régiment de Chablais, puis dans
celui des chevau-légers du roi. Il avait
fait jusqu'alors toutes ses campagnes con-
tre la France : nommé général en 17%, il
passa l'année suivante sous les drapeaux
français avec le môme grade , et se di$-
îingua dans plusieurs occasions, notam-
ment dans deux affaires qui eurent lieu
sous les murs de Vérone. Il dut à sa bril-
lante réputation le commandement fr^né-
ral des troupes piémonlaises ;i '•
l'rance, qui s'ius >(s ordres. t
de courage et de gloire avec nu. .. .: - Lr
Béncral Frcsia fut fait prisonnier vx bord
FRE
ée l'Adda ; mais il fut bientôt écliangé , et :
reparut à la tête de ses troupes. Lorsque
le Piémont fut réuni à la France, Frésia
fut investi du commandement du dépar-
tement de la Haute-Loire et ensuite de
celui de l'Hérault. II organisa en 1803 à
Montpellier le corps piémontais que l'on
appela la légion du midi . fit les campa-
gnes de 1805 et de 1806 en Italie , et celle
de 1807 en Prusse , et obtint le grade
de général de division. Il commandait
la cavalerie piémontaise à la bataille
de Friedland et conduisit ensuite un
corps de cavalerie en Espagne, d'où il
revint par suite de la capitulation de
Baylen que fit le général Dupont. Après
avoir été pendant quelque temps à la tête
de la 18" division militaire , il fut envpyé
à la cour de Toscane où il remplit , à la
satisfaction du gouvernement, la mission
qui lui avait été confiée. Employé de nou-
veau, à son retour, à la grande armée, il
commanda ensuite la k^ division militaire
du royaume d'Italie , fut chargé provi-
soirement du gouvernement de Venise ,
et lit en 1813 la campagne de Saxe. Nom-
mé commandant militaire des provinces
Illyriennes, il pourvut à la défense de Lay-
bach et de Trieste. Lorsque les événe-
mens le forcèrent de quitter ces provin-
ces, il revint en France où il reçut le
commandement de la division de réserve
que l'on organisait dans le Piémont. Au
commencement de 1814. il fut chargé de
la défense de Gènes qu'il ne rendit au
général Bentink qu'après avoir obtenu
une honorable capitulation. Les événe-
mens de 1814 ne ramenèrent point le gé-
néral Frésia dans sa patrie; il continua
de résider en France où il obtint sa re-
traite en 1815, et où il est mort dans le
mois d'octobre 1826 , âgé de 80 ans.
FRESNAYE ( Jean V AUQUELIN de la),
né en 1556 à la Fresnaye en Normandie ,
fut d'abord avocat du roi au bailliage de
Caen, ensuite lieutenant-général, et pré-
sident au présidial de celte ville ; il y
mourut en 1606 , à ce qu'on croit , à 70
ans. C'est le premier poète français qui
ait fait des satires. Celles de La Fresnaye,
plus sensées que plaisantes , n'ont ni l'é-
nergie , ni le piquant de Régnier ; et par
ixjuséquent sont moins lues par les Fran-
çais, naturellement amis du sel et del'é-
pigramme. On a encore de La Fresnaye :
I un ^rt poétique qu'on ne lit plus et qu'on
ne doit plus lire , parce que ce qu'il y a
de bon se trouve ailleurs, et que le reste
D'est qu'un recueil de préceptes triviaux,
272 FRE
versifiés faiblement. | Un poème intitulé :
Pour la Monarchie de ce royaume contre
la division^ ouvrage d'un zélé patriote-
I Deux livres d'Idylles , et trois autres
à! Epigrammes ^ à.' Epitaphes et de Son-
nets. Toutes ces poésies ont été recueillie»
par lui-même, in-8'', 1605, à Caen. Il était
père de Des Ivetaux. ( Voyez ce nom)
FRES\ E ( Abraham- Alexis QUINAULT
du), naquit d'une famille attachée au théâ-
tre depuis long-temps. 11 était d'un carac-
tère extrêmement hautain, comme Ba-
ron. Il disait modestement , en parlant de
lui : a On me croit heureux : erreur po-
» pulaire ! Je préférerais à mon état celui
» d'un gentilhomme qui mangerait tran-
» quillement douze mille livres de rente
» dans son vieux château » Du Fresne
était si glorieux , qu'il parlait à peine a
ses domestiques ; et lorsqu'il était question
de payer un fiacre ou un porteur de
chaise, il se contentait de faire un signe ,
ou de dire d'un air dédaigneux : Qu'on
paie ce malheureux. « Ce n'est du reste pas
» à ces mimes qu'il faut s'en prendre, dit
» un auteur, s'ils sont pleins d'insolence
» et d'orgueil , mais à l'engouement du
» public qui leur fait perdre la tête par
» des applaudissemens exagérés, et par
» des richesses qui les mettent de niveau
» avec les plus grands seigneurs. » ( Voy.
BARON, ESOPUS,GARRICK,ROSCIUS),
Cet histrion est mort en 1767.
^ FRESIVE. Foyez CANGE (du).
FRESIVE. Voyez FORGET.
•FRESIVEL ( Augustin- Jeaiv ), physi-
cien célèbre, né à Broglie, département de
l'Eure, le 10 mai 1788. Jacques Fresnelson
père, qui était architecte et entrepreneur
de travaux publics , n'ayant point adopté
les principes de la révolution, se vit forcé,
par l'anarchie révolutionnaire, de renon-
cer aux entreprises , et de venir chercher
un asile , en 1794, dans une petite campa-
gne qu'il possédait aux environs de Caen.
II s'y occupa uniquement de l'éducation
de ses enfans. Les progrès d'Augustin, s<aj
fils cadet , furent singulièrement retar-
dés par sa complexion faible et valétudi-
naire ; il savait à peine lire à huit ans. A
15 ans, ses parens l'envoyèrent continuer
ses éludes à l'école centrale de Caen , où
deux professeurs , du plus rare mériU-,
MM. Quesnot et l'abbé de Larivièrc,
chargés l'un d'un cours de mathéma-
tiques , l'autre du cours de grammaire
générale et de logique, contribuèrent à
développer et fortifier en lui un sens droit
et un jugement exquis. A 16 ans il fut ad-
riiE
273
FRE
misa récole polyicclmique, et malgré les
infirmités précoces qui arcnblaiciU déjà sa
jeunesse, il se fit remarquer parmi les élè-
ves les plus distingués , et fixa sur lui l'at-
It-ntion de ses prfifosscurs. par la solution
de plusieurs problènu-s d'une difficullé re-
marquable. Au sortir de l'école polytechni-
que, Fresnel entra dans celle des ponls-
,1 ■ ^. et fut bientôt employé com-
1, I dans le département de la
> , usuite dans celui de la Drome
où il bc trouvait lors du débarquement de
Bonaparte. S'étant montre favorable aux
Bourbons , il fut destitué et se retira en
Normandie, où il se livra à des éludes
physico- mathématiques, et principale-
ment à des recherches sur les divers phé-
nomènes que nous présente la lumière.
Celte étude pour laquelle il avait toujours
eu beaucoup de goût, mais dont il n'avait
pu s'occuper avec continuité à cause de
ses emplois, le conduisit à déterminer
les lois de la diffraction de la lumière, qui
jusques-là n'avaient pas été bien connues ;
il publia, en 1816 , dans les Jimales de
physique et de chimie^ un Mémoire, con-
tenant les premiers résultats de ses recher-
ches, qui attira l'attention de l'académie
des sciences. Les principales questions qui
y étaient traitées devinrent le sujet d'un
prix propose par elle en 1817. Alors Fres-
nel reprit et compléta ses expériences, et
présenta un nouveau travail qui fut cou-
ronné par l'académie en 1819, et qui le
plaça parmi les plus célèbres physiciens.
Après les cent-jours, il avait été réintégré
dans ses fonctions d'ingénieur, et envoyé
dans le département d'Ile- et- 'Vilaine.
M. Becquey, nommé, en 1817, directeur-
général des Ponts-et-Chaussées , le fi^a à
Taris en le chargeant d'un service qui lui
laissait les loisirs nécessaires pour conti-
nuer ses recherches scientifiques, dans
lesquelles nous ne pouvons suivre ici leur
«avant auteur. Il fut appelé en 181'J à
concourir aux travaux de la connnission
des phares, et inventa un nouveau sys-
tème d'éclairage, \ks phares lenticulaires^
qui ont été définitivement adoptés, en
1825, pour l'éclairage de toutes nos côtes
maritimes et lui valurent la médaille d'or
annuellement destinée par la société d'en-
couragement à l'auteur de la plus belle
invention dans les arts. Cette découverte
lui donne des droits à la reconnaissance
dis marins de tous les pays. En 1813,
l'iesncl chargé d'aller remplacer l'ancien
appareil d'éclairage du pliare de Cor-
Uwuun, d l'cutbouchure de la Gironde,
par un appareil lenticulaire à éclipses dm
premier ordre, s'actiuitta de cette mi*-
sion avec un plein succès, el recueillit sur
les lieux même des témoignages d'admira-
tion de marins français et étrangers. L'aiv-
née suivante, il fut nommésecrelairedcla
commission des phares, et chargé de l'ins-
pection des phares maritimes, fondions
qu'il a remplies jusqu'à sa mort. En I8'i/»,
il fut nommé chevalier de la légion-d'hon-
neur. Plein de dévouement, Fresnel avait
accepté, en 1821, les fonctions d'exami-
nateur de physique, de géométrie des-
criptive à l'école polytechnique ; les fati-
gues de ce nouveau travail , qu'il accom-
plissait avec une exactitude scrupuleuse,
réagirent d'une manière funeste sur sa
santé. A la suite des examens de 1824,
Fresnel éprouva une attaque d'hémo-
ptysie , qui , regardée d'abord comme pu-
rement accidentelle, était en effet le pre-
mier symptôme d'une affection de poi-
trine du caractère le plus alarmant. Sa
santé qui s'affaiblit depuis continuelle-
ment, ne lui permit plus ([ue de se con-
sacrer exclusivement au service des pha-
res. Durant sa dernière maladie , il reçut
de la société royale de Londres, pour avoir
appliqué la théorie des ondulations lu-
mineuses à l'application des phénomènes
de la polarisation , la médaille d'or fon-
dée par Rumford, pour les plus belles
découvertes sur la théorie de la lumière
et de la chaleur. Cette médaille lui fui
remise huit jours avant sa mort par
M. Arago , son ami. Fresnel a expiré à
"Ville-d'Avray , dans les bras de sa mère ,
le 14 juillet 1827 , regrettant de ne pou-
voir compléter plusieurs recherches scien-
tifiques du plus haut intérêt. Ses produc-
tions scientifiques n'ont pas été réunie»
en corps d'ouvrage. Voyez pour les mé-
moires et notes sur la diffraction, la po-
larisation, la double réfraction, etc., les
^/nnales de physique et de chimie . an-
nées 1816, 17, 18, 19, 21.22, 23 et 25; le
Bulletin de la société philomatique, an-
nées 1822, 23 et 24 ; le Supplément à la
traduction de la chimie de Thompson,
parRiffault , et les Mémoires de l'acadé-
mie des sciences, tomes 5 et 7. Le J/tf-
moire sur l'éclair aye des phares a été
publié séparément en 1822. On a promis
de publier plusieurs travaux inédits de
Fresnel. M. Duleau, ingénieur des jKjntv
et-chaussées lui a consacré une excel-
lente notice. Fresnel avait été élu, à ruc
nanimité, en 1823. membre de Tacadc-
uiic des sciences. U clail déjà de la *»-
FKE
27/1.
FUE
cicté philomatique , de l'académie royale
de Caen, et de la société de physique et
d'histoire naturelle de Genève. La société
royale de Londres l'admit parmi ses mem-
bres en i825.
FRESIVOY ( Charles- Alfoivse du), né
à Paris en 16H, d'un apothicaire, fut des-
tiné à la médecine par ses parens , à la
poésie et à la peinture par la nature. Les
beaux arts l'emportèrent sur la pharmacie,
malgré les mauvais traitemens que sa fa-
mille lui fit essuyer. Il prit d'abord des
leçons de dessin chez Perrier et chez' » que je n'enrichirai jamais, » du Fresny
Vouet. De cette école il passa dans celle
d'Italie, sans autre secours pour vivre que
son pinceau. Du Fresnoy fui obligé , pour
subsister, de peindre des ruines et des
morceaux d'architecture. Pierre Mi-
gnard , avec lequel il lia une amitié qui
dura jusqu'à la mort, vint le trouver à
Rome , et l'aida à sortir de l'indigence.
Chaque jour étendait la sphère de ses
connaissances : il étudiait Raphaël et l'an-
tique, et à mesure qu'il avançait dans la
théorie de son art , il écrivait ses remar-
ques en vers latins pour s'aider dans la
pratique. De ces observations rassemblées
naquit son poème : De arte graphica^ de
l'art de la peinture : production admira-
ble pour les préceptes, mais dénuée d'or-
nemens et de grâces , et très inférieure ,
pour la pureté et l'élégance du style , au
poème latin de l'abbé de Marsy , sur le
même sujet. Du Fresnoy prenait tour à
tour la plume et le pinceau. Il approche
du Titien pour le coloris et de Carrache
pour le dessin. Ses tableaux et ses dessins
ne sont pas communs. Le musée de Paris
possède deux tableaux de cet artiste : une
Sainte-Marguerite et une "Nymphe avec
des Naïades. Il mourut en 1665 , chez un
de ses frères, dans le village de Villiers-le-
Bel, à k lieues de Paris. Son poème sur la
peinture a été traduit en français par Ro-
ger de Piles. La meilleure édition de ce
poème est celle de Paris, 1673, qu'on a
ornée ies figures de Le Clerc, in-i2. Re-
ntra en a donné en 1789 une traduction
libre et en vers, avec des remarques ; en-
fin M. Rabany-Beauregard en a publié
une nouvelle traduction à Clermont-Fer-
rand, 1810, in-S".
FRESAOY. Fby. LENGLET du FRES-
NOY (NiCOTAS).
FRES\ Y ( Charles RIVIÈRE du ) , né à
Paris en 1648, passait pour petit-fils de
Henri IV, et lui ressemblait. Il joignait à
un goût général pour les arls , des talens
particuliers pour la musique et le dessin.
Sans crayon, sans pinceau, sans plume j
il faisait des tableaux charmans. Il excel-
lait surtout dans l'art de distribuer les
jardins. Ce talent lui valut le brevet de
contrôleur des jardins du roi , et le pri-
vilège d'une manufacture de glaces. Du
Fresny , extrêmement prodigue , le céda
pour une somme médiocre. Il se fit lem-
bourser en même temps une rente viagère
de 3 000, livres, que Louis XIV avait
ordonné aux entrepreneurs de lui faire.
Ce prince disait : « Il y a deux hommes
et Bontems. C'étaient ses deux valets-de
chambre , et presque aussi dissipateurs
l'un que l'autre. Du Fresny quitta la cour ,
après avoir vendu toutes ses charges.
Ses ouvrages ont été recueillis en 1731 , en
6 vol. in-12. Ils renferment : | ses Pièces
de théâtre ; \ des Cantates ^ qu'il a mises
lui-même en musique; | plusieurs chan-
sons ; I les j4m.usemens sérieux et co-
miques ^ petit ouvrage souvent réimpri-
mé , et plein de peintures vives et plai-
santes de la plupart des états de la vie ;
I des Nouvelles historiques , etc. On re-
marque dans toutes ces productions une
imagination enjouée et singulière.
* FRESSINET ( le baron PHILIBERT ),
lieutenant-général , né le 21 juillet 1767 ,
à Marcigny, département de Saône-et-
Loire, s'enrôla, en 1789 dans un régi-
ment de dragons, et devint en 1797 ad-
judant-général. Il fut employé en Allcma>
gne , en Suisse , et fit les campagnes d'I-
talie de 1799. A la bataille de Tauffert ,
il mérita le grade de général de brigade,
fut blessé à celle de Novi , et continua de
servir en Italie , sous les ordres du gé-
néral Brune. En 1802 , il fit partie de l'ex-
pédition de Saint-Domingue , sous les
ordres du général Leclerc. Ayant blâmé
l'arrestation de Toussaint-Louverture
qui s'était rendu à lui , il fut renvoyé
du service actif. De retour en France,
il demeura cinq ans sans activité , après
quoi il fut envoyé à l'armée de Naples.
En 1812 , il eut un commandement dans le
11*^ corps de l'armée, et joignit, avec ses
troupes , le prince Eugène , en Pologne ,
à la suite des désastres de la letraite de
Moscou. Le commandement d'une divi-
sion lui fut confié en 1815, et il s'empara,
à la bataille de Lulzen , du village d'Es-
dorf ; l'intrépidité et le talent dont il fit
preuve en cette occasion , lui valurent le
grade de général de division, celui de
commandant de la légion d'honneur et la
croix de commandeur de l'ordre de Wurt»-
FRE 2
îxMir<». II comballit encore avec distinc-
iiDii aux batailles de Baiilr.en et de Leip-
sii-k. V.n 18i'» il pa!>5a en Italie, et se lit
remarquer à la défense du Haut-Minrio.
Après la resta\iration , Kressinet rentré
en France reçut la cniix de Saint-Louis.
Bonaparte , pendant les cenl-jours , le
tiomuia au commandement de la 15' di-
vision militaire à Houen ; et en'iuite, par
intérim . à celui de la 10* division militaire
àToulon. Il publia dans ces deux villes des
proclamations où il se prononçait contre
la restauration et en faveur de l'em-
pereur. Il remit peu après le comman-
dement de la 10' division au général-
Decaen , et revint à Paris. Après la ba-
taille de Waterloo, il signa, avec quel-
«Hies autres généraux , une adresse à la
chambre des représenlans , contre la res-
tauration de la dynastie des Bourbons ,
et suivit l'armée sur les bords de la Loire.
Son nom fut inscrit à l'article 2 de l'or-
donnance du2i juillet 1815, confirmée par
la loi du 47 janvier 1816. En conséquence,
il quitta la France, et se retira en Bel-
(TÎque. C'est là qu'il publia , dans la pre-
mière effervescence de son ressentiment,
une brochure intitulée : Jppel aux géné-
rations présentes et futures . sur la con-
vention de Paris, faite le Z juillet 1815,
où il prétend démontrer que la conven-
tion de Paris avait été conclue pour assu-
rer toute {jarantie aux personnes, contre
la recherche des faits politiques qui ve-
naient de se passer. En janvier 1818, Fres-
Mnet partit d'un port de la Belgique avec
-a famille, pour l'amérique méridionale
dans l'intention d'aller combattre sous
I les drapeaux des colonies insurgées
' contre l'Espagne. Il arriva à Buenos-
Ayres le 10 mai i818 , à bord la goélette
américaine l'Aurora. Il se proposait d'al-
ler rejoindre l'armée de San- Martin; mais
diverses circonstances l'en détournèrent.
De retour en Europe , le ministère fran-
çais lui permit de rentrer dans sa patrie.
Il était à Paris, en 1820, lors des émeutes
populaires , à la suite desquelles il fut dé-
tenu pendant quelques jours. Après sa
mise en liberté , il obtint une audience du
roi, et fut replacé sur le cadre de dis-
ponibilité. Le général Pressinel est mort
i Paris, la nuit du 9 an 10 août 1821,
dans un état voisin de l'indigence.
• FRETEAII DE SAI.\T-JIJST ( Emjia-
HCEL-M^mie-MicHEL-PHiLipPE) , Conseil-
le! de grand'chambre au parlement de
Paris, beau-frère du président Dupaty, né
v«rs 1743, se voua au commencement de
7.S FRE
la révolulii.n au parti d'Orléans, et se d*»-
rlara contre les mesures propo^ies au par-
lement par les ministres. Arrêté par suite
de ces différends, il fut relâche après la
disgrâce du cardinal de Briennc, et nom-
mé, par le bailliage de Melun , député do
la noblesse aux états généraux. Il fut un
des premiers membres de la minorité qui
passèrent à la chambre du tiers-état, et
fut entièrement dévoué au parti démo-
cratique. Son empressement à parler sur
toutes les matières et à vouloir se mêler d«
tout, le lit surnommer par Mirabeau , la
commère Fréteau. Il proposa de donner
à Louis XVI le titre de roi des Français,
et d'ajouter à ces mots : Louis par lagràce
de Dieu, ceux-ci : et par la loi constitu-
tionnelle lie l'état, appuya toutes les me-
sures contre la cour, dénonça les bastilles
secrètes , demanda l'abolition des ordres
religieux et la vente des biens du clergé.
Il vota ensuite pour que le droit de guerre
et de paix appartint à la nation , adhéra à
l'abolition de la noblesse, et fit une vio-
lente sortie contre lesennernLS de la con-
stitution. Il voulut s'opposer au nouveau
serment du clergé , mais il ne fut pas
écouté. Son rapport alarmant sur la situa-
tion de la France en 1791 lui attira une
foule de sarcasmes. Cependant, à la suite
de ce rapport , on ordonna au prince de
Condé de rentrer en France, et il lit ren-
dre le 28 juin un décret qui défendait à
tous les Français de sortir du royaume.
Après la session , il fut nommé juge du
tribunal du 2' arrondissement de Paris.
Les jacobins le firent arrêter comme su-
spect en 1793 , et il fut condamné seule-
ment à la détention par mesure de sûreté
générale ; mais poursuivi par la haine de
Robespierre , on l'enveloppa dans une
prétendue conspiration des prisons, et il
fut mis à mort le 14 juin 1794.
* FRËTE.VU ( JEA:«-MAKiE-NicoLAS ) .
médecin, naquit à Messai, diocèse de Ren-
nes, en 1765. Son père était avocat aupar-
lementde cette ville, et il y lit ses premiè-
res études médicales. Il se rendit à Paris,
en 1788 , pour les compléter , et revint i
Nantes, entreprendre l'exercice de son
art. En 1793 il fut nommé chirurgien ma-
jor à la suite des hôpitaux ambulans de
l'armée des côtes de Brest ; fixé à Nantes,
il s'y occupa à la fois de la théorie de son
art sur laquelle U écrivit, et de la pratique,
principalement dans la partie chirurgi-
cale , qu il avait étudiée sous Desault. e|
où il se fit une grande répuUliou pour U
cure des plaies invétérée» In l'an S U olf
FRE
276
FRE
tînt par éleclîon le litre de chîrurfîien-
inajor des volontaires de la Loire-Infé-
rieure. Fréteau s'étant rendu plus tard à
Paris, pour recevoir le grade de docteur ,
soutint publiquement le 2 vendémiaire an
12, une thèse sur l'asphyxie de Venfant
nouveau-né. Fréteau a souvent porté la
parole comme président ou secrétaire de
la société royale académique de Nantes,
et les discours qu'il a prononcés en ces
occasions sont imprimés dans les recueils
de cette société. En 1819, il rédigea au
nom de cette compagnie, un mémoire sur
l'état de l'agriculture dans les déparfe-
mens de Tanciemie Bretagne. Fréteau fut
membre du conseil général du départe-
ment delà Loire-Inférieure, et est mort le9
avril 1823 à la suite d'une attaque d'apo-
plexie. Il pratiqua avec un égal succès la
chirurgie et la médecine. Il s'attaclia d'une
manière particulière à étudier l'action
des moyens mécaniques propres à corri-
ger les difformités du corps ; il s'était ac-
quis une brillante réputation dans l'art
des accouchemens. On a de lui : | Mémoi7'e
sur les moyens de guérir facilement et
sans danger les vieux xdcères des jam-
bes j même chezlesvieillards,Va.ris, 1803;
j Essai sur l'asphyxie de l'enfant 7iou-
veau-né^ Paris, F. Louis, 1803 ; | Considé-
rations pratiques sur le traitement de la
çonorrhée virulente, etc. , Paris, Le Nor-
mand, 1813, in-8° de 500 pages ; | Traité
élémentaire sur l'emploi légitime et mé-
thodique des émissions sanguines dans
l'art de guérir J. avec application des prin-
cipes à chaque maladie , Paris , Gabon ,
1816, in-8''. Cet ouvrage avait été cou-
ronné par la société de médecine de Paris,
le 5 juillet ISl/i. | Considérations sur l'as-
phyxie de l'enfant nouveau-né, 1816. C'est
la réponse à une critique de son ou vragesur
le même sujet, qu'il développe plus am-
plement, et d'une manière victorieuse. Il
a donné , en outre, un grand nombre de
mémoires dans plusieurs journaux savans
etde médecine, comme sur V Heureux ef-
fet de l'allaite?nent artificiel. — Sur la
ligature d\m polype utérin — Sur une
hémorrhagie très sérieuse dont la cause a
été long-temps inconnue. — Sur la doctrine
des nécroses , et la nécrose du tibia. —
Sur une intumescence de la langue, avec
prolongement hors de la bouche. — Di-
vers articles sur V agriculture , le magné-
tisme j etc.
• FREU>fDWEILER (Henri), peintre
suisse, né à Zurich en 1733 , fit plusieurs
voyajjes en Allemagne, et séjourna quel-
que temps à Dresde et à Berlin. Le prince
de Dessau chercha à se l'attacher : mais cet
artiste préféra son indépendance , et re-
vint en Suisse , où il cultiva surtout le
genre historique. La plupart de ses ta-
bleaux sont tirés de Vhistoire de sa na-
tion. On loue la vérité de leurs détails et
la beauté de leur coloris.
*FREVIER ( Charles- JoSEPu), né à
Rouen le 11 novembre 1689, entra fort
jeune dans la société des jésuites, où il
fut deslinéàrenseigneinent. On n'est pas
sûr de l'époque do sa mort ; mais il vivait
encore en 1770 , après la suppression de
son ordre ; il parait qu'il survécut peu à
cette époque. Il est coruiu par le différend
littéraire qu'il eut avec ses confrères les
journalistes de Trévoux. Le PèreWiden-
hoffer, jésuite allemand, passant par Ma-
tines, remarqua dans la bibliothèque des
jésuites de cette ville un manuscrit de
Bellarmin , qui contenait xine disserta-
tion sur la Vulgate ; il en lit un précis ;
mais trouvant ensuite plus à propos de
faire imprimer la manuscrit lui-même, il
en obtint une copie collatiotmée du Père
Holvoët, bibliothécaire du collège de IVIu-
lines, et le publia sous ce titre : Apogra-
phus ex manuscriplo aulographo venera-
bilis Dei servi Roberti Bcllarmini e socie-
tate Je su, S. R. E. cardinalis , de édi-
tions Kulga,ta , quo sensu a concilio tri-
dentino definitum sit , ut ea pro authen-
tica haberetur. Le Père Berlhier, en ren-
dant compte de cet écrit dans son Jour-
nal de Trévoux, établit que le sentiment
de Bellarmin et même du cardinal Palla-
vicin était que le concile de Trente , en
déclarant la Vulgate authentique , avait
voulu dire qu'elle était exemple de
toute erreur en matière de foi et de
mœurs , et qu'elle seule devait être en
usage dans les églises et les écoles , mais
qu'il n'avait pas prétendu qu'il ne s'y trou-
vait pas de fautes. Le Père Frévier s'éleva
contre cette opinion, qu'il trouvait dan-
gereuse , dans un livre qu'il publia sous
ce titre : La Vulgate authentique, authen-
tique dans tout son texte, plus authentiqtie
que le texte hébreu, que le texte grec, qui
nous restent; théologie de Rellarmin, son
apologie contre l'écrit annoncé dans le
Journal de Trévoux ^ article 85, juillet
1730 , Rome , 1733, in-12. II y soutient que
la Vulgate est le seul texte pur, et que ni le
texte hébreu ni le grec n'ont cet avan-
tage, et que c'est ainsi qu'a voulu l'établir
le concile de Trente. Quant à l'opinion de
Bellarmin et du cardinal Pallavicin, il
FUE
Î7T
FUI
prouve, d'après des pussapos lires de leurs
écrits, que leur sentiment étail le ipt^nie
que le sien , cl que le nianuscril trouvé î»
Malines ne peut prouver lo contraire ,
étant luic pièce Sivns ronséciuence, un mé-
morial où Kellarniin, jeune encore, aurait
recueilli le résultat deses lectures, etquil
aurait ensuite jeté comme un écrit indi-
gne de lui. Mais c'était moins pour com-
battre le Père Berlhier que Frévier avait
romiM)sé ce livre, que pour ne pas laisser
croire que les l^crilurcs saintes pouvaient
^ire exposées à un soupyon de corrup-
tion.
FREY ( Jeax- CÉCILE ) , né à Keisers-
luhl en 4580, piofessa la philosophie au
collège de Monlaigu à Paris , cl y mourut
de la peste l'an lG5i. Ses ouvrages latins
de philosophie furent imprimés en cette
Tille, in-8°, ÎJ vol. ; le 1" en Ifiio, le r
en {(tU&. On trouve dans celui-ci quelques
écrits de médecine , science en laquelle il
avait été passé docteur. La liste des autres
ouvrages que renferme cette collection se
trouve dans le Dictionnaire de Moréri et
dans le tome ô9 des Mémoires du Père
Nicéron.
FllEV. royez NEUVILLE.
FREY ( Jeax-Jacques), né à Lucerne.
le 17 février 1681 , fut l'un des plus célè-
bres graveurs de son époque, vécut long-
temps à Home , et y mourut le 12 janvier
1751. Il a gravé d'après les plu» grands
maîtres, tels que Raphaël, le Guide, le
Dominiquin, Annibal Carrache, Carlo
Maratti, le Poussin. Son burin est vif et
expressif. Le recueil de ses gravures for-
me 2 gros vol. in-folio et s'élève à plus de
cent planches , outre l'estampe , qui passe
pour être son chef-d'œuvre et qui est
appelée : In conspectu cmgelorum psal-
lam tibi.
FREZIER ( Améoée- François ) , ingé-
nieur et voyageur, né à Chambéry en
1682, d'une famille distinguée dans la
robe, originaire d'Ecosse, vint à Paris
pour étudier la jurisprudence ; mais les
mathématiques ayant plus d'attrait pour
lui , il s'y livra entièrement , et entra dans
le corps du génie en 4707. La cour le
chargea d'aller examiner les colonies
espagnoles, au Pérou et au Chili en 1711.
cl employa son talent pour les fortifica-
tions à Saint-Malo, à Saint-Domingue en
1719, à Landau en 1728. Ce fut aussi cette
même année qu'il reçut la croix de St.-
Louis , et qu'il te maria. Il parvint en-
suite au grade de lieutenant - colonel , et
enfin de directeur de toute» les fortific»-
5.
lions de la Brctaijne. Il mourut en 1773,
h l'Age de 92 ans. Nous avons de lui divers
ouvrages : | Traité des fciix d'arti/ice .
iM-8"; I Voyage de la mer du Sud. 1716,
17'»7, in-4", cl 2 vol. iii-12, 1717 ; | Théorie
et pratique de la coupe des pierres et des
bois, Strasbourg, 1737-39 , 3 vol. in -4°.
Il donna l'abrégé de ce livre sous le titre
d'Llémens de stéréotomie ^ Paris, 1759, 2
vol. in-S".
FRE/ZI DE FOLIGNO (Frédéric),
évéque de Foligno sa patrie, avait été
dominicain, il fut décoré de la mitre par
Uoiiiface IX en 1403, assista au conci'e
de Pise en 1409, et moiirut en 1416 à
Constance, pendant la tenue du concile.
11 est auteur d'un poème fort estimé des
Italiens, intitulé : // quadriregio . ou Les
quatre règnes de la vie de l'homme; \v
i" règne est celui de Cupidon, le 2' celui
de Satan ^ le 5' celui des Vices , et le 4*
celui de Mineive ou de la Vertu. Il fut
imprimé pour la première fois à Foligno
en 1481, in-fol., et celte édition est rare
et recherchée. La dernière et la meil-
leure est celle de Foligno, 1725, 2 vol.
in-4°. Quelques critiques ont voulu enle-
ver cet ouvrage à Frezzi, pour le donner
à Nicolas Malpigli, Bolonais; mais les
meilleurs bibliographes d'Italie soutien-
nent qu'il est certainement de Frei/.i.
FRI.VRT ou FRÉAR. Voyez CHAM-
BRAT (Rolaxd).
FRIBURGER. Voyez GERING.
* FRIEDEL(ADRiEN-CnBÉTiEx), naquit
à Berlin le 31 mars 1753. Il vint à Paris
dès sa première jeunesse , et fut profes-
seur en survivance des pages du roi. 11
publia plusieurs comédies traduites de
l'allemand, comme La Piété filiale ^ d'En-
gel , 1781 ; Le Page . du même , 1781 , etc.
Il donna en outre le Nouveau théâtre
allemande ou Recueil des pièces qui ont
paru avec succès sur les théâtres des ca-
pitales de l'Jllemagtie. 1782-1785 , 12 vol.
in 8°. M. Bonncville a eu part à cette tra-
duction. Le Nouveau théâtre contient
vingt-huit pièces des meilleurs auteurs
allemands. A la tète du premier volume ,
on trouve une histoire de leur théàtre-
Friedel est mort en 1786.
• FRIEDEL (LouisE-BÉATE-Auci;8Ti."«K.
UTECHT, dame), née en 1758 à Colno\y
en Poméranic , njorle à Carcassorme ei;
1818, est auteur de deux ouvrages qui
ont sauvé son nom de l'oubli : | \\4rt d >
confiseur , Paris , 1802. souvent réimpi i
mé; I Mémoire d'une mère infortunée a
ses filles; la 14* édition faits en 1819, iia
FRI
278
FRI
roi. in-l2 , est précédée d'une Notice sur
l'auteur.
FRISCH C Jean -LÉONARD ) , ministre
protestant et philologue allemand , né à
Sulzbach le 19 mars 1666 , passa la moitié
de sa vie à voyager en Allemagne, en
France , en Suisse, en Italie, en Hollande,
en Turquie, etc. et se fixa en 1700 à
Berlin , où il enseigna la langue russe à
Leibnitz. Il exerça tour à tour , auprès
de divers gentilshommes , l'emploi d'éco-
nome, d'intendant et de précepteur, et
devint recteur de la société prussienne
en 1726. Il fut chargé en 1731 de diriger la
classe historico-philologico- germanique ,
et mourut à Berlin le 21 mars 17/i.3. On a
de lui un grand nombre d'ouvrages qui
attestent la variété de ses connaissances :
I Spécimen lexici get^manici^ Berlin, 1723,
in -8°; | Dictionnai7-e allemand - latin ^
4741, in- i"; | Nouveau dictionnaire des
passagers j français- allemand et alle-
mand-français ^ Leipsick, 1712 , très sou-
vent réimprimé en 1 et 2 vol. in - 8° ;
I Programma de origine characteris sla-
vonicij vulgà dicti ci7'ulici_, Berlin, 1727,
in -4°; I Continuationes historiée linguœ
slavonicœ . 1727, 1729 et 1734, in-4° ; | Des-
cription de tous les insectes de l'yïlle-
tnagne^ Berlin, 1720-1758, 13 cahiers
in-4"; ouvrage estimé; | Description et
figure des oiseaux de l'Allemagne^ in-
folio, figures coloriées, très bel ouvrage,
qui a été continué par son fils Joseph-
Léopold, mort en 1787 ; | Recherches d'his-
toire naturelle j, Berlin, 1742, et autres
ouvrages qui ont pour objet la minéra-
logie et la z,oologie'.
FRISCH (JosEPH-LÉopoLD ) , fils puîné
du précédent , ministre protestant, naquit
à Berlin, le 29 octobre 1714 , et fut très
instruit dans les sciences naturelles et
dans la philologie. On a de lui : | Musei
hoffmaniani petrificata et lapides j Halle ,
1741 , in-4'' ; ) Tableau systématique des
quadrupèdes^ distrilmés en ordres .genres
et espèces . GloQixw , 4775, in -4°; | Des
avantages et des inconvéniens que pré-
sentent les quadrupèdes j Bulaunz, 1776,
in- 8". Ces deux ouvrages sont écrits en
allemand. Frisch mourut en 1787.
FRISCH E ( Don Jacques du ) , béné-
dictin de la congrégation de St.-Maur , né
i Séez en 1640 , donna, en 4686 et 1690,
avec D. Nicolas Le Nourri , une nouvelle
édition de saint Ambroise . accompagnée
de «ayantes notes, en 2 vol. in-fol. Onlui
doit aussi la Vie de saint Augustin, qui
se trouve ù la tête des œuvres de ce saint
docteur; il y travailla avec D. Vaillant
sur les mémoires de l'abbé de Tillomojit.
D. Frische travaillait à une nouvelle édi-
tion de saint Grégoire de Nazianze . lors-
qu'il mourut à Paris en 1693, avec la ré-
putation d'un savant vertueux. Pinsson ,
avocat au parlement, a fait l'éloge de
don Frische dans une lettre imprimée
en 1694.
FRISCIILIX ( NicoDÈME ) , philologue
allemand , né à Balingen , darts le duché
de Wurtemberg, le 22 septembre 1347,
se tua en 1590, à 43 ans, en voulant se
sauver d'une tour où ses vers l'avaient
fait enfermer. Il avait beaucoup de talent
pour la poésie. On a de lui seize livres
d'élégies, sept comédies .àGxm tragédies,
etc. Sa comédie de Rébecca lui valut une
couronne de laurier d'or , que l'empereur
Rodolphe voulut lui donner solennelle-
ment à la diète de Ratisbonne. Il était
partisan de Ramus : ses écrits en matière
grammaticale en font foi. Il a travaillé
aiissi sur Callimaque .Aristophane . Vir-
gile. Perse, etc.. qu'il a ou traduits ou
éclaircis par des notes. Ses Œuvres poé-
tiques T^&rurent en 4 vol. in -8", 1598 à
1607. On a encore de lui des ouvrages sur
V astronomie, sur les Hébreux . et un dic-
tionnaire grec -latin-allemand. Lange a
publié à Brunswick en 1727 : Frischlini
Vita. fama. scriptis et vitœ exitu memo-
rabilis. ( Voyez la liste de ses ouvrages
dans le tome 19 des Mémoires de Nicéron.)
FRISCHMUTH ( Jean ) , né en 4619 à
Wertheim, dans la Franconie, fut rec-
teur, puis professeur de langues à léna,
où il mourut en 1687. On a de lui : | des
explications de plusieurs endroits diffi-
ciles de l'Ecriture sainte , dont quelques-
unes sont assez heureuses ; | plus de 60
dissertations in-4°, philologiques et tfiéo-
loaiques. sur des sujets curieux , pleines
d'érudition.
* FRISI ( l'abbé Paul ) , célèbre ma-
thématicien et physicien, né à Milan le 43
avril 1728, entra à l'âge de 15 ans chez les
clercs de Saint-Paul de l'ordre des Barna-
bites, et composa à 22 ans sa fameuse
Dissertation sur la figure de la terre. Il
professa la philosophie à Milan , ensuite
à Pise. En 1764 , il fut rappelé dans sa
patrie pour occuper la chaire de mathé-
matiques dans les écoles palatines. Il était
membre de presque toutes les académiics
de l'Europe, et fut honoré de la protec-
tion du pape ^Clément XIH , de l'empereur
Joseph II, de Catherine II, et de6;rjW8. de
Prusse, et de Danemarck. Pise bii avait
F m
i79
FRI
HonnéU pferiniesiun de M.aictdftri«er. U
l'.ircourul alors à plusieurs reprise» l'I-
t ilitî, l'Allemagne , !« Franco «t l'Anglo-
I " 'ut consulté , par louL duiinont
i 1% ù> sur tous Us snJL'ts de lua-
I puru&, d'a^lruiioiiiie , do
IjUyaiquo et partàcultèrcmLMit d'hydrauli'-
({ue. L'abbc Frisi apprit aux iMilaiiais ù se
scr\ir des paraioiiiicrre-s. Il uiourut à
Milau en 1"»S4. Sfs printipaux ouvrages
sont : I IHsqnisitio matheineUica in cuu-
Stiin phtjsiciun figura et viaguiludinis tel-
tun's itostne , Milaii, 1751; | Xova clec-
UiciUitis Uuioria. etc. Milan, 1755; | De
Viotu diumo terrce disse rtatio , Pise, 1758 ;
I Del modo di regolare i fuuni e torrenti
principalmenie del Bolognesse e délia
Homaiftia^ Ubri tre . Lucqucs, 17G2 et
17G^, 5' édiliou augmentée, Florence,
1770. On eu a publitf uiie traduction fran-
V-iise à Paiisen 1774. | Saggio sopra iar-
chiiecUira, gQlica,lÀ\ovirue, 1766; | De
gravitate universali^ Ubri très, Milaa,
1708. IternoulU dit que cet ouvrage est
un des plus protonds et'des plus utiles
qu'il y ait sur l'ustrouonue. | Cosmogror-
j'hiœ physicce et matheinatico',, etc. Milan,
177i., 2 vol. iu-4". Ce livre est regardé
rumine le chef-d'œuvre de Frisi; | Pauli
Frisii opéra. Milan, 1782-85, 3 vol. in-8".
II a écrit en outre plusieurs éloges, parmi
lesquels il n'a pas oublié celui de d? Alem-
bert, son amL Le comte Verri a dédié à
C.uiulorcet l'éloge de Frisi intitulé : Me-
T/iorie appartenenti alla vita ed agli stiulj
(îel signor don Paoli Frisi ^ Milan, 1787,
in-4".
* FRITZ ( Chables- Maximiliex ) , na-
Miit le 7 octobre 1758 à Strasbourg. Après
avoir tenniné ses études, il visita l'Alle-
luagne, et particulièrement léna, où il lit
la connaissance des savans professeurs
'riesbach, Doederlein, Eiclihorn. Deux
us après son retour, en 1788, U fut nom-
ué agrégé au collège Guillaume , et pas-
ur à Barr, en 1795. îl avait à peine com-
iiencé à remplir ce dernier cuipioi , que la
persécution l'obligea à fuir dans les mon-
tagnes. Découvert avec plusieurs autres
fugitifs , il fut traîné dans les prisons. Mais
i)ientôt la tranquillité ayant été rétablie.
Frit! retoumd à ses fonctions, auxquelles
il joignit celle de prédicateur et de maître
d'école. En 1802, il fut nommé prédica-
fi nr ;i ri-('li*<. neuve de Strasbourg, et eu
-.eur de théologie au sémi-
iul. U obtint le même emploi
à la fjiculif (le théologie, lors de sou réta-
bliKeracnl en 1819. 11 était vu outre ;:vm-
iiasuirque et mspe< leur «ccl
Frits est mort à Strasbourg,, lu tV janvier
1821 , &gâ do 62 nos .'> niuis. On a de lui ;
I Te/itarrwN , „,n . 1782; | y^ntr
mativerston >na folturii circa
irligionis < i< iric/ines . asaerta .
1786 ; I Discours prononcé aux funéraillea
de Jean- Laurent /ilesssig . 1816, in-K'' ;
I fie de Jean- Laurent Hlcasig . Stras-
bourg, 1818, in 8". lig. Ces deux dernierf
ouv rages sont écrits en allemand.
FUIZO.\ ( Pierre ), du diocèse de
Reims, d'abord jésuite, ensuite grand-
maitre du collège de Navarre, et docteur
de Sorbonue , mort en 1651 , laissa : | une
histoire des cardinaux français, sous le
titre de Gallia piwpurata . 1658, in -fol.,
ouvrage très estimé d'abord, mais qui
perdit quelque chose de son crédit, lors-
que Baluze en eut dévoilé les bévues dans
son Anti- Frizonius; \ une édition de la
Bible de Louvain . avec les moyens de
discerner les Bibles françaises catholiques
d'avec les hérétiques, 1621 , in -fol. — 11
ne faut pas le confondre avec Nicolas
FRIZON, jésuite lorrain, mort au com-
mencement du 18*" siècle , après avoir pu-
blié : I La vie du cardinal Bellarmin .
Nancy, 1708 , in -4" ; | La vie du vénéra-
ble Jean Berchmans. in-8° ; | Abrégé des
méditations du Père I^ouis-du-Pont , Chà-
loiis, 1712. Cet abrégé est très bien fait;
on en a donné une nouvelle édition en
1786, à Paris, chez Nyon , 4 vol. in-12.
* FRIZIËRI ou FRIEDZERI ( N... ),
célèbre compositeur , né à Vérone le 6
janvier 1741, perdit la vue avant l'âge
d'un an, et lit preuve cependant d'une
adresse si grande , qu'à l'âge de 11 ans il
lit une mandoline , et apprit sevd à jouer
de cet instrument. U était parvenu aussi
à jouer très bien de la flûte , du cor , de
l'orgue, etc. U voulut mettre à prolit ses
talens, et, dès l'âge de 24 ans, il alla
chercher des applaudissemens dans plu-
sieurs villes d'Italie. Il s'arrêta d'abord à
Novare. où il produisit le plus grand
effet sur la mandoline et le violon, et
séjourna long- temps à Strasbourg et à
Paris. Ce que l'on admirait surtout en
lui , c'était la précision et la facilité avec
lesquelles il improvisait l'accompagne-
ment d'une sonate. Fri/ieri avait aussi la
faculté de retenir les plus loniîs morceaux
de musique dès qu il les avait entendu!
une fois. Il a donné à Paris plusieur»
opéra-comiques qui ont obtenu du succès,
enlr'jnilres les Dexix miliciens. 1771 , les
Souliers mordorés ou la Cordonnière attf
FRO
280
FRO
mande j 1776 ; on lui a attribué aussi
Lucelte ^ opéra joué en 1784 ; mais cet
opéra n'est pas de lui. Il avait établi à
Nantes une aca-démie philharmonique. En
4794, il revint à Paris où il établit en 1796
une société philharmonique où l'on en-
tendit ses deux filles exécuter d'une ma-
nière brillante les concerto de Viotti sur
le violon. L'explosion de la machine in-
fernale du 5 nivôse ayant détruit son éta-
bUssement, il alla à Anvers où il est mort
en 1823 à 8S ans. Il avait publié à Paris
un OEuvre de duo de violons ; une sym-
phonie concertante pour deux violons;
deux recueils de six romances^ avec ac-
compagnement de piano ; une scène tirée
de son opéra des Thermopyles ^ et un
livre de quatuors.
FROBEN ( Jean ) , célèbre imprimeur
d'Hammelburg dans la Franconie, alla
exercer sa profession à Bâle. Il fut le
premier en Allemagne qui eut de la déli-
catesse dans l'art d'imprimer , et du dis-
cernement dans le choix des auteurs. Il
publia les ouvrages de saint Jérôme , de
saint Augustin, d'Erasme, qui vint lui-
même à Bâle , attiré par sa réputation.
Ces trois impressions sont les plus cor-
rectes de toutes celles de Froben. Il se
proposait de mettre au jour les Pères
grecs ^ lorsqu'il mourut en 1527 d'une
chute. Son fils et son gendre soutinrent
son nom avec honneur.
FllOBISHER. royez FORBISHER.
• FROCHOT (Nicolas-Tuérèse-Beivoit,
comte ) , conseiller d'état , préfet , grand-
oflicier de la légion d'honneur, etc., était
notaire et prévôt royal à Arnay-le-Duc, à
l'époque où éclata la révolution dont il
adopta les principes. Nommé député aux
états généraux par la sénéchaussée de
Chàlillon-sur-Seine , il se lia étroitement
avec Mirabeau, qui le choisit pour un de
ses exécuteurs testamentaires. Frochot se
chargea de révéler à l'assemblée Consti-
tuante l'insolvabilité de ce célèbre ora-
teur, et demanda que ses funérailles fus-
sent faites aux frais du trésor public.
Quelques mois plus tard, il développa à la
tribune un projet de révision périodique
de l'acte constitutionnel; ses raisonnemens
produisirent une si grand e impression sur
l'assemblée qu'elle en fit la base de ses dé-
ciets, et que le plan proposé par Frochot
devint le fondement du titre VII de la
constitution. Nommé juge de paix en 1792,
il vécut dans l'obscurité jusqu'après le 18
brumaire , époque à laquelle il fut appelé
au corps législatif. Il fut ensuite revêtu des
fonctions de conseiller d'état et de préfet
de la Seine, et reçut de l'empereur divers
titres et décorations. Lors de l'audacieuse
tentative du général Mallet contre la puis-
sance de Napoléon (1812), le comte Fro-
chot fut accusé de n'avoir pas déployé
toute la vigueur nécessaire , et , le 20 dé-
cembre, dans une réponse aux discours du
sénat, l'empereur fit entendre ces mots
qui annonçaient sa résolution : « Des ma-
» gistrats pusillanimes détruisent l'empire
» des lois, les droits du trône et l'ordre so-
» cial lui-même. » Trois jours après le pré-
fet de la Seine fut en effet destitué. Après
la première rentrée du roi, Frochot recou-
vra son titre de conseiller d'état, avec une
pension de 1S,000 francs sur la réclama-
tion expresse des maires et du conseil gé-
néral de la capitale. Napoléon, à son re-
tour de l'île d'Elbe , le nomma préfet des
Bouches-du-Rhône ; mais après les cent-
jours il dut renoncer entièrement aux af-
faires publiques. Frochot est mort le 50
juillet 1828, âgé de soixante-huit ans.
FRODOARD royez FLODOART.
FROELiCH (Guillaume), né en 1492
à Zurich en Suisse, servit avec beaucoup
de zèle et de gloire les rois François T"",
Henri II et Charles IX ; il commanda en
quaUté de colonel, plusieurs régimens
suisses au service de ces princes, et mou-
rut à Paris en 1562, après 40 ans de ser-
vice. On lui éleva un mausolée dans l'é-
glise des grands Cordeliers. Frœlich était
zélé pour la religion catholique, autant
que pour le service militaire. Il quitta sa
patrie, lorsqu'elle embrassa les nouvelles
erreurs. Brantôme et de Thou font un
grand éloge de ce brave officier.
FROELIGU ( Erasme ) , né à Gratz en
Styrie en 1700, entra chez les jésuites en
1716. Il professa les belles-lettres et les
mathématiques à Vienne , où il eut occa-
sion de suivre son inclination pour la
connaissance des médailles. Il était biblio-
thécaire du collège Thérésien de cette
ville , lorsqu'il y mourut le 7 juillet 1758.
De 1753 à 1757 il a publié outre un grand
nombre d'opuscules , 16 ouvrages impor-
fans sur les médailles et les monnaies des
rois et des villes grecques , romaines et
asiatiques : nous citerons seulement les
suivans : | Utilitas reinummariœ veteris,
compendio proposila ^ etc.^ Vienne, 1735 ,
in-8° ; 1 Annales compendiarii regum et
rerum Syriœ ^ nummis vetetibus illus-
trati ^ deducti ab obitu Alexandrie etc.
Vienne , 1744 , in-folio ; 2' édition aug-
mentée, ibid., 1754, in-fol.; ) Regumvcte'
FRO 281
mm numismata amfalofa , aut prrrara.
notii illiutrata . flo.. ibid. , 17;>'J! , in-4° ;
i Qiuttuor leniamina in re nummariâ
vfteri. Vienne, 1757, in-4.". rôimprim»^ en
<750; I De fiijttrà /«.'//un.» . Tassau , i757,
I«-4" ; j Dfs (liisertations sur des iiié-
iaiilesunrtjfulicrfs , parmi lesquelles on
dislingue Fannlia f'aballathi Jiummis
illnstrata. 1762. in-4°, etc.
I UOII»IO.\ r ou FROMONT (Libert),
/•Vomom/««, né à Hacourt, village du pays
oe Liège , en 1587 , docteur , inlcrprèle
royal de l'Ecriture sainte à Louvain, mou-
rut doyen de la collégiale de St. -Pierre
(le celte ville en 1653. Descartes et Jan-
sénius étaient ses amis ; il publia T. /u^i^s-
tinus du dernier avec Henri Calénus, cha-
noine et ensuite archidiacre de Malines,
ol évêque de Ruremonde : service dont
on doit leur savoir peu de gré, quand on
ri'ûéchit aux troubles que ce livre a fait
iiailre ( voyez CALENUS et JANSÉNIUS .
On a de Froidmont : | un Commentaire
latin jur les Epitres de saint Paul. 2 lom,
in-folio, 1670. C'est proprement un abrégé
de celui dEstius. | Des Commentaires sur
le Cantiques lies cantiques et sur l'Apoca-
lypse, peu utile», et qui se ressentent des
erreurs qu'il avait adoptées; | f^iticentii
fenis theriaca contre les Pères Peteau et
Deschamps, jésuites. Ce dernier ouvrage
>t polémique. On a encore de lui, dans le
même genre, avec des titres bizarres et
ridicules : la Lampe de saint Augustin ;
les Mouchettes île la Lampe; Colloques
en rimes entre saint Augustin et saint
Ambroise ; ces écrits sont en latin.
FROILA, 1"^ de ce nom, roi d'Espagne,
à Oviédo, à Léon et dans les Asturies,
était flls d'Alfonse 1", et commença de ré-
gner l'an 757. H lit d'abord de belles or-
donnances pf)ur la police du royaume et
>'oppo9a aux courses des Maures. Depuis
il remporta, l'an 760, une célèbre victoire
sur Omar, prince des Sarrasins en Galice,
et tua 54 mille de ces Iwirbares. Froila
souilla sa gloire par le meurtre de son
frère Vimazan ; meurtre vengé bientôt
après par Aurèle son autre frère, qui lui
ùta le trône et la vie en 768.
FROIL\ II. Voyez FRUELA.
FROIL.V III , frère dOrdogno, roi de
Léon en Espagne , lui succéda l'an 9iJ3 ,
parce que les cnfans de son frère n'étaient
pa*» en état de régner. Il ne sut imiter son
prédécesseur que dans ce qu'il avait fait
d« mal. A son exemple, il lit mourir les
enfans d'un grand seigneur de Castillc,
nommé don Osmond Ccttt- action àclu'va
FRO
de révolter les Castillans. IN iMircrn u-a
armes ouvertement, »érig«Tent en cspeer
de république, et liront rlmix de deux
magistrats souverains pour les gouverner.
Froila mourut de la lèpre enl)24,aprè«
avoir régné un peu plus d'un an.
FROivSSARD (Jka:^) , naquit à Valen -
ciennes, en 1553. Vn esprit vif et inquiet
ne lui permit pas de se fixer long-temp*
aux mêmes occupations et aux mémeit
lieux. Il aimait la chasse, la musiriue, \e%
fêtes, la parure, la bonne chère, le vin,
les femmes. Ces goûts , fortifiés par l'ha-
bitude, ne moururent qu'avec lui. On croit
qu'il finit ses jours à Chimay , où il était
chanoine et trésorier vers 1402. Froissa ri
était poète et historien ; mais il est plus
connu sous celle dernière qualité que sous
la première. Sa Chronique de France,
d'Angleterre, d'Ecosse, d'Espagne, de Bre-
tagne, etc., a été imprimée plusieurs fois.
La meilleure édition cl une des moins
communes était celle de Lyon , in-fol. en
4 vol. 1559 , réimprimée à Paris en 1574.
Cette chronique s'étend depuis 1526 jus-
qu'en 1400. Jean Sleidan l'a abrégée.
Monstrelet l'a continuée jusqu'en •1467.
On y trouve, dans un détail très circon-
stancié, même quelquefois jusqu'à la mi-
nutie, les événemens les plus considéra-
bles arrivés de son temps en Europe. Elle
a été traduite en anglais par Bourchier .
Londres, 1725-1725, 2 vol. in-folio; 5* édi
lion, Londres, 1812, 2 vol. in-4°, avec dr
nombreuses corrections, etc., etc. Johnes
en a donné une nouvelle traduction an-
glaise imprimée avec le plus grand luxe,
1805-1807, 4 vol. in-4'', avec un supplé-
ment publié en 1810. La chronique de
Fioissaid a été abrégée en français pai
Belleforest sous le titre de Recueil diligent
et profitabU. V'drïs, i'il-î , in-16; en latin
par Sleidan . ibid. 1657 , in-8" ; en anglais
par le P. Godling, Londres, 1608, in-4". C*ii
a encore de Froissard plusieurs pièces
de poésies, parmi lesquelles oii distingue
SCS pastourelles . un peu trop libres pour
les productions d'un chanoine. Froissard
fut un des premiers qui mit en vogue la
ballade.
FROLAND (Louis), avocat au parle-
ment de Rouen , mort en 1746 . exerça sj
profession à Paris, et y fut singulicremi m
consulté sur la coutume de Norman. lir
qu'il possédait très bien. On a ! i i
qucs ouvrages de droit, rclai
tume de son pays. | Mmioirci , - i
la prohibition d'cvoqut-r les décrets dwi
mrublrs situés en .\ormandte \72i, in 4'-
FRO
1 Mémoires concernant les statuts , 1729 ,
2 vol. in-i» ; | Mémoires sur le sénatus-
consulte velléien. 1722, in-4° ; \ sur la
comté-pairie d'Eu , in-i".
* FROMIGE DES FEUGRES (Chaii-
les-Michel-Fra:vçois), vétérinaire né en
1770 à Viette près Lisieux, professa depuis
1791 jusqu'en 1793 la philosophie au col-
h'ge de celte ville; il fut nommé élève à
l'école normale en 179/t, puis à celle d'Al-
fort, où il fut professeur de médecine et
de chirurgie. Plus tard il quitta sa chaire
pour devenir vétérinaire en chef de la
gendarmerie de la garde impériale , et
périt malheureusement pendant la désas-
treuse retraite de Moscou, à latin de 1812.
On lui doit : | Correspondance sur la con-
servation et l'amélioration des animaux
domestiques ^ 1811 , h vol. in-i2 ; | De la
garantie dans le commerce des animaux,,
Paris, 1805, in-S"; | Traité de l'engraisse-
ment des animaux domestiques , 1803, et
1806, in-12; | Importance de V amélioration
et de la multiplie alion des chevaux en
France^ 1805, in-8°; | Moyens de rendre
l'art vétérinaire j)lus utile, 1805, in-8°. Il
a publié ces quatre derniers articles avec
Cijaberl. [Plusieurs articles dans la conti-
nuation du Cours complet d'agriculture
de Rozier, et dans V Abrégé^ en 6 volumes
in-8°, publié sous le litre de Cours com-
plet d'agriculture pratique^ Paris, 1809.
FROMA.GE\U (Germain), parisien ,
docteur de Sorbonne succéda à Delamet
dans la décision des cas de conscience.
Son désintéressement le porta à refuser
(OU3 les bénéfices, et sa charité à accepter
l'emploi héroïque d'assister ceux qui sont
(:^ndamnés au dernier supplice. lU'cxerça
iong-temps avec beaucoup de zèle. Il mou-
rut en Sorbonne l'an 1703, laissant grand
nombre de décisions de cas de conscience,
recueillies avec celles de son prédécesseur
en 2 vol. in-folio, à Paris, 1735.
• FROMVGEOT ( Jea\ - Baptiste ) ,
avocat au parlement de Dijon, et profes-
seur en droit à l'université de cette ville,
y naquit le 10 septembre 172i, et mourut
à Besançon le 14 août 1753. Il eut plusieurs
querelles avec le président Bouhier. On
hii doit les Lois ecclésiastiques tirées des
seuls livres saints, 1753, in-12, et plusieurs
dissertations sur différens sujets de juris-
prudence.
FROMA.GET (N.), mort à Paris en
1739 , poêle médiocre , donna quelques
romans et quelques opéra-comiques déjà
presque oublies.
•FROME.\T (lebaron Fraxçois-Marie
282 FRO
de), né à Nîmes , le 9 juillet 1756 , d'une
famille originaire d'Italie, était avocat dans
cette ville lorsque la révolution éclata.
Dès son origine il se fit remarquer par son
opposition aux principes des novateurs ;
et donna contre eux le sighal de l'insur-
rection dans le raidi de la France. Froment
contribua puissamment à organiser le ras-
semblement du camp de Jalès; et courut
de grands dangers à l'époque des pre-
miers troubles de Nimes, comme ayant eu
beaucoup de part à la requête que les ca-
tholiques présentèrent à l'assemblée na-
tionale, pour que leur religion restât do-
minante. La relation de ces événemens se
trouve dans un écrit de Froment', impri-
mé à Nimes, à Lyon et dans l'étranger,
sous ce titre : Mémoire historique et poli-
tique , contenant la relation du massa-
ci'e des catholiques de Nim.es en juin 1790 ,
et des réflexions sur les événemens qui
l'ont amené. Ce mémoire curieux est de-
venu fort rare. A la fin de 1790 il se ren-
dit à Turin oîi il fut parfaitement accueilli
par Mgr. le comte d'Artois. La noblesse du
Languedoc , qui se trouvait auprès du
prince , demanda des lettres de noblesse
pour lui et sa famille, illustrée par la vertu.
Cette faveur lui fut accordée par les prin-
ces français, qui lui confièrent ensuite des
missix)ns importantes, en Espagne, en An-
gleterre , et dans sa patrie , où il courut
les plus grands dangers. Après la restau-
ration. Froment rentré en France fut con-
firmé dans ses titres de noblesse , et dans
celui de secrétaire de la chambre et du
cabinet du roi , qui lui avait été accordé
en 1793; mais il resta sans fonctions , et
ne put obtenir aucune des indemnités
qu'il réclamait pour ses pertes et ses
nombreux services. Les refus du minis-
tère jetèrent Froment parmi I(^s mécon-
tens; il consigna ses plaintes dans un
opuscule intitulé : Recueil de divers
écrits relatifs à la révolution^ Paris, 1816,
in-8". Lors du retour de Bonaparte en
1815, il se réfugia en Espagne, et il revint
à Paris en 1816. Froment est mort le 22
septembre 1825 , âgé de 59 ans. On a en-
core de lui : Lettre à M. le Marquis de
Foucault^ colonel du génie ^ secrétaire-
rapporteur de la commisson des anciens
officier s, etc. Paris, 1817, in-8°.
FROME\TII.\L (Gabriel BERTHON
de), juge-mage du Puy en Yelay, mort
vers 1762, fut l'oracle de son pays par
son savoir , et ne fut pas moins estimé
pour son intégrité. Ses Décisions de droit
civile canonique et français, 1740, ji>-
FI\0
283
FRO
r.>iio, 9onl consultées de tous les juriscon-
inOMENTIERES (Jba!«- Louis de),
évoque d'Aire, naquit on 1632 h Sainl-
Di-nis de Gastines, dans le Bas-Maine. Il
prêcha l'A vent devant Ix)uis XIV en 1672,
el le Carême en 1680. et toujours avec suc-
cès. Elève du Père Scnaut, de l'Oratoire,
Il mil comme lui , dans ses sermons , de
rélovation et de la solidité. Quoiqu'il eût
défendu eu mourant de les imprimer , on
les publia en 1684 . 6 vol. in-12. Cet ora-
teur, plus attentif au fond des choses
qu'à la forme , néglige quelquefois l'har-
nH>nie, l'élégance et la pureté du langage.
Il mourut en 168i, exlrémement regretté
de son diocèse , malgré les réformes qu'il
y avait introduites.
•FROMO.ND ( Jea-s-Claide), religieux
tamaldule , correspondant de l'académie
des sciences de Paris , et membre de
f presque toutes celles d'Italie , né à Cré-
mone en 1703 , mort en 1763, professa la
philosophie à l'université de Pise. Mathé-
matiques pures , physique animale et ex-
périmentale, chimie, histoire naturelle, il
lit faire à toutes les parties de la science
quelques progrès. C'est lui qui découvrit
que la contraction du cœur est le résultat
d'une force physique , opinion qui parut
singvdière alors , mais dont Albert Hallcr
a prouvé depuis la vérité jusqu'à l'évi-
dence. Les plus remarquables de ses ou-
: âges sont : [ Nova et generalis introduc-
0 ad philosophiam ^yenïsc, 1748, in-8° ;
Délia fluidità decorpi . trattato , Li-
vourne , 1734 ; | Examen in prœcijma
viechanicœ principia . Pise , 1738 ; | de
Raiione philosophandi . quâ instrum.
mechanica gencralim polenliarum actio-
nibus corroborandis vcl etiervandis. etc.,
\ Pise, 1739. L'abbé Bianchi , professeur de
morale à Crémone , a publié VElogio sto-
rico del P. D. Giovan. Claud. Fnmiond ,
pulA. profess. nelV università di Pi sa ,
Crémone, 1781 , in-4''. On y trouve la liste
de tous les écrits de ce professeur.
FROXSAC. Vo<jez MAILLÉ-BRF.ZÉ.
FROXSPERG ou plutôt !• RL NDSBERG,
( GcuROES , comte de ) , d'une maison illus-
tre du Tyrol, naquit à Mundelheim dans le
Wurtemberg. C'était un homme d'une va-
leur et d'une force extraordinaires. Il servit
deux fois l'empereur Charles V en Italie ,
avec beaucoup de gloire, particulièrement
à la bataille de Pavie ; mais ses emporte-
mens allèrent jusqu'à la fureur contre l'é-
glise romaine. Fronsperg était luthérien,
et au fanatisme d'un hérétique, il joignit
la férocité d'un soldat. Ayant levé dei
troupes pour l'empereur contre le pape
Clément VII, il lit publier qu'il enrichi-
rait ceux qui le suivraient des dé|>ouilleS
de Rome. Les lutliérieiis accoururent CQ
foule pour s'enrôler sous ses enseignes;
et sur l'espérance du sac de Rome , ils se
contentèrent d'un écu par tête. Fronsperg
ayant formé \uio armée d'environ 18,000
hommes , se mit en marche au mois d'oc-
tobre pour entrer en Italie. Ce fut alors
qu'il fit faire un cordeau tissu d'or et de
soie , qu'il portail en écharpe à la vue de
tout le monde. Il disait à ceux qui lui en
demandaient la raison, « que c'était pour
» traiter le pape conune les OHomans trai-
» talent leurs frères. » Ce barbare joignit
l'armée du duc de Bourbon sur la fin du
mois de janvier 1327; mais il n'alla pas
jusqu'à Rome; car pendant que les trou-
pes étaient dans le Bolonais , il fut frappo
d'une apoplexie dont il mourut àFerrare,
sur la fin du mois de mars.
FRO.\TE VU ( Jew ) , chanoine-ré-
gulier génovéfain, et chancelier de l'uni-
versité de Paris, naquit à Angers en 1614,
enseigna la philosophie et la théologie, s'at-
taclia pendant quelque temps au parti des
anii-constitulionnaires , et fut exilé dans
un prieuré de l'Anjou. Ayant quitté l'es-
prit de parti , il revint à Paris et fut fait
curé de la paroisse de Sainte-Madeleine
à Montargis, où il mourut dix jours après
sa prise de possession en 1662. On a de
lui divers ouvrages : j De dicbus festivis.
in-fol. , dans le Kalendariam romanum .
1632, in-8"; ] Jnd'thescs Jugustini et Cal-
vini ^ 1631, in-16 ; | Epistolxs de origine
parochiarum. de jure episcoporum , dé
priscorum christianoruni moribus ^de si-
gna cnicis. j4nnotata in romanum Kalei>-
darium , etc. La meilleure édition e«t
celle de Vérone, 1736, in-S". | Des Disser-
tations pour prouver que l'Imitation de
Jésus-Christ est de Thomas à Kempis , et
non pas de Gerson ni de Gersen ( voyez
AMORT). I Une édition des aruwr«rf*/f^i
de Chartres . Paris , 1647 , in-fol. accom-
pagnée de remarques savantes et judicieu-
ses, et d'une yje de ce pieux docteur. Le
Père Fronteau possédait neuf langue* ,
ce fut lui qui dressa la belle bibliothèque
de Sainte-Geneviève. Se piété était aa>«i
solide qu'af fer tueuse, et ne lui permit pas
de rester long-lemps dans un i»arti qui
n'en avait que les dehors , et qui dans la
dedans nourrissait l'orgueil de la rcbcllioQ
contre lEglisc. L'éloge du Père tVon-
teau a clé lait en latin par lo Père LaUt-
FRO
284
FRO
tnand, chancelier de Sainte- Geneviève,
Paris, 1665, in^4".
FROI>iTIi\ {Sextus Julius Frontinus),
brave guerrier et savant jurisconsulte
romain, fut préteur l'an 70 de J,-C., et
ensuite 5 fois consul. Vespasien l'envoya
vn 78 contre les Anglais , et il les battit
plusieurs fois. La lecture des auteurs mi-
litaires, grecs et romains, perfectionna
beaucoup ses connaissances sur l'art de
la guerre. Il a laissé quatre livres de stra-
tagèmes de guerre , écrits , à ce que l'on
croit, sous Domitien , et imprimés avec
les antres auteurs qui ont traité de l'art
militaire dans les T^eteres de re militari
scriptores , Wesel, 1670, 2 vol. in-S" ; et
plusieurs fois séparément, Leyde , 1731,
in-8° , et Paris, sans notes, 1765, in-12.
Ils sont traduits en français avec Polyen,
1770 , 3 vol.^ in-12. C'est l'ouvrage d'un
capitaine autant que d'un savant. L'expé-
dition d'Angleterre l'avait encore plus
instruit que ses lectures. Nerva lui donna
l'intendance des eaux et des aqueducs de
Rome, sur lesquels il composa un ouvrage
en deux livres, imprimé à Bâle et à Flo-
rence, sous le titre -.De aquœductibus
urbis Romœ. M. Rondelet a publié une
traduction de cet ouvrage : Commentaire
de Frontin sur les aqueducs de Rome .
traduit avec le texte eu regard, précédé
d'une notice sur Frontin, Paris, 1820, un
vol. in-4°, avec un atlas. Son traité De
qualitate agrorum vit le jour à Paris par
les soins de Turnèbe , avec les autres au-
teurs qui ont écrit sur les limites. On a
encore de lui un petit livre : De coloniis.
Ses livres : De scientiâ militaiH , qu'il
avait dédiés à Trajan, sont perdus. Fron-
tin mourut l'an 106 de J.-C. (859 de
Ruine).
FRO\TO ( Marcus-Cokivélius ) , rhé-
teur latin , eut pour disciples L. Vérus et
Marc-Aurèle , qui fit ériger une statue à
son maître, et qui le nomma consul. Son
éloquence n'était pas fleurie , mais elle
était noble et majestueuse , et respirait
une certaine gravité austère : quelques-
uns disent que, pour cette partie, il était
l'émule de Cicéron. Il ne reste guerre de
Fronto que quelques fragmens cités par
les grammairiens.
FRONTO ( Marcus - JuLius ) , consul
l'an 96 de J.-C, osa s'écrier en plein sé-
nat, en parlant des abus qui se glissaient
dans la punition des délateurs : « Il estdan-
» gereux d'être gouverné par un prince
» sous qui tout est défendu ( il voulait par-
1* 1er de Néron ) ; et encore plus dangereux
» de l'être par un prince sous qui tout est
«permis. «Ces dernières paroles tombaient
sur la facilité de Nerva, qui remédia bien-
tôt aux désordres dont elle avait été la
source.
FRONTO DUC/EUS. Fbyez DUC.
* FRORIEP (Just-Frédéric), ministre
protestant et savant orientaliste d'Allema-
gne, naquit en 17ii.o à Lubeck, et y fit d'ex-
cellentes études qu'il perfectionna en-
suite à Leipsick. Il fut reçu maitre en phi-
losophie dans l'université de cette ville, en
1767,etbaclielier en théologie l'année sui-
vante. Nommé prédicateur du temple dans
la même université, il se fit dans cette car-
rière évangéliqueune réputation brillante,
et bientôt il obtint, encore dans la même
université, la place de professeur extraor-
dinaire de théologie ; mais il occupa très
peu de temps cette chaire qu'il échangea
successivement contre celle de théologie
à Augsbourg , en 1771, et contre celle des
langues orientales à l'université d'Erfurtli.
En 1792, Froriep fut destitué : alors il se re-
tira à Wetzlar où il fut nommé prédicateur
en 1796. Il avait publié un grand nombre
d'ouvrages sur la philosophie sacrée et la
littérature orientale, lorsqu'il mourut dans
cette ville en 1800. Ses productions les plus
importantes sont : | Deutilitatelinguœara-
bicœ in defendendis nonnullis locis S.
Scripturœ spécimen primum, Leipsick,
1767, in-i" ; | Corani caput primum et se-
cundi priores versus arabice et latine .
cum animadversionibus historicis et phi-
lologicis, 1768, in-8''; | Arabische biblioteh .
Leipsick, in-S"; | Dissertatio inaugurait^
de nova ralione conjungendi theolngiani
dogmaticamcumtheologiâ morali. Ileîm-
sladt , 1772 , in-h°; | Bibliothèque des con-
naissances théologiques j, en allemand,
premier vol. Lemgo, 1771-1775, deuxiènie
vol. ibid. 1774-1778. La liste complète de
ses ouvrages se trouve dans le Diction-
naire de Meusel. —FRORIEP (Amélie-
Hexriette-Sopiiie), femme du précédent,
née à Roslock en 1762 , morte à Gotha en
1784, à l'âge de 22 ans, traduisit en langue
allemande les deux ouvrages suivans : la
jSouvelle Clémentine , ou Lettres de Hen-
riette de Berville de Léonard Weimar,
1782, in-S"; Correspondance de Rollin
avec le roi de Prusse. Gotha, 1783, in-8".
Elle avait aussi composé Amélie de Nor-
dheim ou la Mort prématurée . 1785, 2
vol. in-8°.
* FROSSARD ( N... ), professeur de
théologie protestante à Montauban , na.
quit à Nyon dans le canton de Vaud , ei
FRO 28»
exerça d'abord le minislôru de pasteur à
Lyon; mais la révuUitiun le força d'in-
terrompre SCS fonctions ecclésiastiques
qu'il ne reprit qu'en t.SOi à Munluubun.
Lorsqu'on forma u;ic faculté do tlu-oloyic
da/19 cette vill'; , il en fut nommé doyen,
et fut on même temps professeur de mo-
rale et d'elo<iucnce de la chaire. Frossard
y est mort au mois de janvier 1830 , à 78
ans. On a de lui une Traduction des
ifrmons de Bloi s c\. à' wn livre de Wilber-
force, intitulé : le Christianisme des gens
du monde mis en opposition avec le véri-
tabte c/uistianisme ^ Paris, 1821, 2 vol.
in-S".
• FROTTÉ (le comte Louis de), chef
des royalistes de Normandie, gentilhomme
de cette province, servit dans l'infanterie
avant la révolution française , et se mon-
tra de bonne heure l'adversaire de toutes
les innovations politiques de cette époque.
U prit le parti de rémi^;ralion en 17'J2 ;
mais la guerre extérieure ne remplissant
point son attente, il quitta l'Angleterre
deux ans après, et passa en France pour
faire insurger la Normandie , où il avait
des intelligences. En débarquant sur la
côte de Saint -Malo avec plusieurs au-
tres gentilshommes , il eut à s^iulcnir un
combat avec les troupes républicaines ;
U leur échappa, et parvint dans la basse
Normandie , où il commença à figurer
parmi les chouans royali-îles en qualité de
général. Il avait tout ce qu'il faut pour
réussir, un grand courage, une patience
à toute épreuve, des lalens militaires na-
turels et le désir de se faire un nom. Il se
rendit, le 1"^ avril 1705 , aux conférences
de La Mabilais en Bretagne , et refusa de
signer le traité négocié par Cormalin, en
déclarant qu'il n'y avait pour les royalis-
tes de sécurité que dans les armes. Il re-
gagna alors la Normandie, et organisa
l'insurrection dans les cantons limilro-
plics du Calvados et de la Manche. Il n'eut
d'abord sous ses ordres , que 300 hom-
uies peu aguerris; mais sa persévérance
et son infatigable activité lui valurent
d'-** succès partiels et répétés contre des
tachemens de républicains. En 1793 11
une incursion dans le Maine, s'em-
irnenlanémcnt de la petite ville de
. et s'efforça de coordonner ses
■ ns avec celles des autres chefs de
iijou, du Maine et de la Bretagne. La
ilheureuse issue de l'expédition deQui-
r)rron vint arrêter l'essor de ses vastes
projets, n ne jx-rdiJ cependant pas courage,
et rcniporta quelques avanipgcs sur plu-
FRO
sieurs bataillons républicains; mais il fui
battu à son tour. Ayant reçu des subsides
du ministère anglais , il redoubla de lèle,
forma une compagnie organisée sous 1«
nom de goitilshommes de la couronne,
et devint redoutable aux troupes qui lui
furent opposées; il essaya même de s'eir»-
parer de la petite ville de Tinchebray, qui
levait quelques fortitications; mais il fut
repoussé avec perte. Poursuivi par le gé-
néral Hoche, qui avait soumis la Vendée,
il se vit contraint, après une résistance
opiniâtre , de se rembarquer pour l'An-
gleterre. Il y resta jusqu'à l'époque de la
rupture des conférences de Kasladt, en
1799, où les royalistes purent reprendre
les armes. Alors il débarqua en Norman-
die, et se trouva bientôt à la tète de for-
ces considérables que l'on peut porter
jusqu'à 10 mille hommes. Il prit plusieurs
bourgs, et délivra sa mère et un grand
nombre de royalistes qui venaient d'être
emprisonnés, en exécution de la loi des ota-
ges. Il lit ensuite une expédition assez heu-
reuse dans le midi du département de la
Manche, puis il éprouva quelques revers.
Mais après le 18 brumaire qui promettait
plus de stabilité au nouvel état de choses,
presque tous les autres chefs royalistes
capitulèrent, et il résistait encore, reje-
tant toute espèce de pacification. Enfin
accablé par des forces toujours croissan-
tes , il se détermina à écrire , le 28 jan-
vier 1800, au général Guidai pour lui dé-
clarer qu'il se soumettait aux lois de la
république. Il se rendait à Alençon pour
négocier son accommodement, lorsqu'au
mépris de la foi jurée 11 fut arrêté avec
six de ses officiers, et traduit devant une
commission militaire fonnée à Vemeuil.
Frotté parut devant sesjuges avec l'audace
qui l'avait toujours caractérisé, et fut
condamné à être fusillé. Il ne voulut pas se
laisser bander les yeux, et attendit debout
et avec calme le coup qui devait lui ôter
la vie. Il avoit environ 45 ans. Son supplice
fut un des premiers crimes politiques de
Bonaparte. On assure qu'il avait donné
des ordres secrets pour son arrestation
et pour sa condamnatioru
FROIJME.XTE \|] ( Nicolas), nom sont
lequel s'est caché un écrivain protestant du
16*^ siècle, qu'on n'a pas encore dérouvert
selon les luis. et qui selon d'autres s'appe-
lait BAKNAUD. Ses ouvrages sur le réta-
blissement des linanres sous le malheu-
reux règne de Henri IH, sont encore re-
rherchés malji é leur style suranné, par la
caiidriir . la l»onhomie et les vue» utiles
FRU
286
FUC
qui y régnent. Le premier est intitulé :
Secret des finances de France^ ia^8°, 1{)8I;
le second : Cabinet du roi de France^
J582, in-8°. Ce dernier ouvrage contient
des infamies qui font presque oublier leS'
bonnes observations qui y sont mêlées.
FRUCTUEUX (saint), évêque de Tar-
ragone, souffrit le martyre en 259, par
ordred'Einilien, gouverneur de cette ville.
FRUCTUEUX (saint) , archevêque de
Brague au 7^ siècle, se retira dans une
solitude et bâtit un monastère qu'il nonmia
Complutum^ parce qu'il le consacra à Dieu,
sous l'invocation des saints Justin et Pas-
teur, martyrs de Complule , aujourd'hui
Alcala de Hénarez, dans la Caslille. Mal-
gré l'amour qu'il avait pour la retraite,
SCS vertus relevèrent à Tépiscopal. On l'or-
donna d'abord évèque de Dunie , et on
(556, le 10"^ concile de Tolède le plaça sur
le siège archiépiscopal de Brague. Il mou-
rut en 663 , après avoir éditié le monde
vt comme évèque et comme religieux.
Ses reliques sont à Compostelle. On a en-
core deux règles, dont il est l'auteur. La
première est dite de Complute^ parce
qu'elle était particulière à l'abbaye de ce
nom. La seconde, appelée Rèçle com-
mîmes s'observait dans les autres commu-
nautés d'hommes et de femmes , dont il
était fondateur. Sa vie^ écrite par un au-
teur contemporain, se trouve dans Bol-
landus, Mabillon et Bulteau.
FRUELA ou FROILA, usurpateur du
royaume de Léon, vers le milieu du 9*^
siècle, était fils du roi Véremond, et
comte de Galice. L'ambition le perdit. Il
ne put voir sans envie la couronne sur la
tète d'Alfonse III, son neveu qui avait
succédé à Ordogno, et qui par ses belles
qualités était digne de régner : il se fit
proclamer roi dans cette province. Alfonse,
dont la prudence ne s'élendail pas jusqu'à
soui)ço»uier de trahison ceux qui lui
étaient unis par le sang, n'apprit cette
révolte que par la marche de Fruela , qui
venait se présenter devant Ovîedo avec
nue armée assez, forte -, mais bientôt après
*1 ti'ouva le n:toyen de faire poignarder
l'usurpateur et de se rétablir sur le trône
vers l'an 866.
FRUGOiM ( CnARLES-IxNOGENT ) , poêle
italien, né à Gènes le 21 novembre 1692,
entra dans l'ordre des clercs réguliers So-
in asqu es , et enseigna les belles -lettres
pendant plusieurs années. Il se dégoûta
ensuite <le son état, sollicita et obtint du
pape la permission de quitter son ordre.
11 était prêtre, et vécut le reste do sa vie
a Parme, où l'mfant don Philippe l'ho^
norait de son estime. Il y mourut en 1768.
La collection de ses poésies , fort estimées
des Italiens, a paru à Parme, en 1779, en
9 vol. in-8°. On a réimprimé à Brescia en
1782 un Choix des poésies de Frugoni ^
en 2 vol. in-8°.
FRUMEKCE (saint), apôtre de l'Ethio-
pie, était tyrien. Etant allé dans l'Ethiopie
avec Edesse son frère, et Mérope, mar-
chand et philosophe de Tyr, les deux
frères plurent tellement par leur sagesse
et leur science au roi , qu'il en fit ses fa-
voris ; il fit Edesse son échanson, et Fru-
mence son trésorier. Frumence se servit
de son crédit pour établir la religion chré-
tienne dans l'Ethiopie, dont il fut ordonné
évèque l'an 531 , par saint Athanase. Le
christianisme fit de grands progrès par
son moyen dans ce vaste empire. Ces peu-
ples reconnaissent qu'ils sont principale-
ment redevables à sairjt Frumence de leur
conversion au christianisme. Ils tombè-
rent depuis dans l'hérésie d'Eutychès, et
encore aujourd'hui ils ne reconnaissent
qu'une nature en Jésus-Christ. Dans le
16^ siècle leur roi envoya une ambassade
au pape Clément VII. Il se forma des mis-
sions dans leur pays. Grégoire XIII leur
envoya des jésuites ; les succès répondi-
rent d'abord à leurs travaux , mais ne se
soutinrent pas : ces missionnaires furent
martyrisés en 1670.
FRUTER ou plutôt FRUITIERS (Ldc),
FrutetHus s ct'û.\(['aQ , né en 1541 à Bruges,
vint à Paris en 1566 , et y mourut ayant à
peine 25 ans. Il était ami de Muret et de
plusieurs autres sa vans. On a de lui quel-
ques ouvrages, 1584, in-8°, bien écrits en
latin , et qui promettaient beaucoup à la
république des lettres. Quoique très jeune,
il avait le jugement aussi sain que les
vieillards les plus expérimentés.
* FUCIIS (Théophile), poète et mi-
nistre protestant , né en 1720, à Leppers-
dorf, dans la Haute-Saxe, était fils d'un
pauvre paysan et ne reçut aucune édu-
cation jusqu'à l'âge de dix-huit ans. A
celte époque , il fréquenta la petite école
de Freiberg. A 25 ans , désirant étudier
dans une université , il reçut de son frère
une avance de sept florins sur la succession
de leur père, et partit avec cette somma
pour Leipsick. Le long de la route, il com-
posa un poème sur sa misère passée et le
bonheur qu'Use pi'omettait, et il présenta
cette pièce à Gottsched , qui l'inséra dans
sa Nouvelle bibliothèque des sciences et
des arts, en recommandant l'auteur au.x
FUE
387
Fï R
•mis lit» Icllrcs. liatïoilorn onvoyaù Furhs
viiigj-cinq ôrus de Saxe , ou .*an propre
nom. et sept cents olll^^"^ au nom de ses
concitoyens de llai«bt)nr(î. Celle somme
le mit à même de suivre lo^ cours do
lliéolooic de Leipsick, et en 17')! , Fiichs
fut nommé second pasteur de Ircluen .
près Messein. Il épousa . en 17ii2, la lille
du IJoufiïmeslreHubner de Dresde, et fut
pille trois fois durant la {jiierrc de trente
ans. Nonuné,on 1761). prédicateur à Tau-
benlieim, près Kreiberg , il obtint sa re-
traite en 1787 , et mourut vers 1810 , à
Meisscn, où il était flxé. Ses ptiésies, dans
lesquelles il a imité Hagedorii , offrent
du naturel et de l'esprit; niais on y désire-
rait plus d'clegancc et de correction. Plu-
sieurs de ses odes se trouvent dans les
yinthologics lyriques de Ramier et de Mal-
thisson, et dans le recueil de Christophe-
Henri Schmid. L'auteur publia, en 1759,
à Lei}>sick, in-i", sans y mettre son nom,
vingt-cinq odes , mises en musique par
Doles. On a encore de Fuchs : ] Poésies
d'un fils de Paysan qui a fait ses éludes
à Leipsick, "Dresde , 1771, in-8°; \Ma vie
jusqu'à l'âge de soixante-dix-sept ans .
biièvetnent racontée pour la gloire de
Dieu et la consolation des hommes. 179G.
* FLCIIS ( Jean-Christophe), physi-
cien et littérateur allemand, né le l""
murs 1726 à Gross-Germerslcben dans le
duché de Magdebourg, mort en 1795. fut
nommé à Fàge de 28 ans gouverneur
des pages du roi et de la reine de Prusse,
emploi qu'il conserva toute sa vie. Ama-
teur éclairé des sciences physiques et
naturelles, il écrivit, duns les momens de
loisir que lui laissait sa place , quel({ues
mémoires inléressans qui ont été insérés
dans les recueils de Y Jcadémie des Scru-
tateurs de la nature . de Berlin , dont il
était membre : nous citerons: | Mémoires
sur l'histoire des fossiles et des pétrifica-
tions; 1 Mémoire sur un os maxillaire et
une défense d'éléphant trouvés près de
Potsdam en 1768; | Mémoires sur les pa-
ratonnerres. On a encore de lui d'autres
dissertations qui ont été iasérécs dans
d'autres recueils académiques. Il a laissé
aussi quelques opuscules inédits. Tous
tcf ouvrages «ont écrits en alloniond.
FUCHS1L8. Foycx FL'SCH.
FUKXTE. Tov. PONCE de laFUENTE.
• !« <•»■!;•-; '\:-. rooTte de), général es-
i (lodid le 18 septembre
1 1 Lsiiaction sous le règne
t U isl sous celui de Philippe
y- t : , d comoianduil, quoique octo-
génaire, cetlr réU-bn* infanlerl
regardée roininc invincible jn
ment où le grand Coudé en l , i
la bataille de Uocroi. Fucntè», alors tour-
menté de la goutte, se lit porter sur le
cliainp de bataille, où il mourut percé tlo
coups le 19 mars IG/tlî. Condé, en appie-
nant sa mort, s'écria qu'il aurait voulu
mourir comme lui. s'il n'avait jws vaincu.
FIHÙSI (Pie), dominicain, né en 1703
à Comaron en Hongrie, de parens pio-
teslans, embrassa la religion catholique
et entra dans l'ordre des Dominicains. Il
mourut à Vait/.en en 1769. On a de lui :
I Otia poetica.y'icnne, ilkk; \ Tribunale
confessariorum et ordinandornm Martini
If^igardt in brève compendium collée-
tum , 17/i'> ; I Fasciculus biblicus . Bude ,
1746 ; I Vie de saint Vincent Fcrrier .. eu
hongrois, Œdenbourg, 1749; | Catonis
moralia disticha , ad hungaricos versus
magna, elegantia redacta, plusieurs fois
réimprimés, dernière édition, Bude,
1772.
FUESSLI ( Jea^-Melchior ) , graveur
et écrivain , naquit à Zurich en 1677. Il
a exécuté plusieurs planches, parmi les-
quelles on cite la Cérémonie des scrmens,
qui représente l'alliance jadis stipulée
entre la république de Venise et les can-
tons de Zurich et de Berne. Fucssli a aussi
laissé un ouvrage csiimé, qui a pour titre
lliiitoire des meilleurs peintres de la
Suisse . de 17I>5 à 1780 , 4 vol. , avec un
Supplément et portraits. Fuc&sli, après
avoir long-temps voyagé en Allemagne ,
où il s'attira l'amitié des artistes et d<s
gens de cour, revint en Suisse, s'y marin,
ocruiK» quelques temps la plocc de chan-
celier, et mourut en 1736. — Son iiisalné,
Jean-Rodolphe, mort à 'Vienne 'en moo,
avait entrepris le Catalogue raisonné des
meilleures estampes gravées d'après tet
artistes les plus célèbres dr.' cfuufue école.
dont il n'a publié (jue les 4 premiers vi>-
lumes, 1798 à 1806. Ils comprennent les
écoles flamandes et italiennes. Il a gravé
les portraits et les vignettes de VHisttàrt
des peintres de la Suisse, de son père.
MJFJtôLI (JEA\-^o!«n;iDj, né eu i7;«4
à 'Wclzlar , où son père originaire de Zu-
rich était pasteur, fut minislrc à VeltJieini
en 17^ , et mourut en 1775. On a de lui :
I T/usaurus Aw/orrrr hrhetuee^ Zucich ,
1755, in-fol. ; c'est un recueil des bisl«>-
rieits latins de lu Suivse; i un Abrégé de
l histoire de la Suisse à la suite de JHW-
vetioritm respublica de Sindec,
1754. Sou fanatisme contre ia ri
FUE
288
FUL
calhollque perce partout où il a trouvé
occasion de le montrer.
• FUESSLI ( Matthieu ) , peintre , né à
Zurich en 1598 , se distingua dans la re-
présentation des scènes effrayan4es ; telles
que batailles, combat naval, incendies et
pillages. Il mourut en 1661.
* FUESSLI ou FUSELI ( He\ri ) , peintre
et professeur de dessin à l'académie de
Londres , né à Zurich en 17/iO , d'une fa-
mille féconde en hommes célèbres dans
la carrière des beaux arts ( Voy. les arti-
cles précédens ), fit ses études dans sa
patrie , et suivit à Berlin les leçons des
grands maîtres de l'école allemande.
Après s'y être pénétré de la lecture des
poètes les plus distingués de ce pays, sur-
tout de Kleist, de Wieland, de Klopstock,
il s'attacha au fameux Lavater avec qui il
parcourut en 1761 une partie de l'Alle-
magne. Use rendit ensuite en Angleterre
où il se lia avec le fondateur de l'école de
peinture de ce pays, Reynolds, surnommé
le Corrége de la Grande-Bretagne , passa
à Rome en 4772 pour y étudier les chefs-
d'œuvre de Michel-Ange et des autres
grands-maîtres. Il revint en Angleterre
en 1778, et se fixa à Londres. Ses tableaux
ont été accueillis avec tant- de faveur
qu'on l'a placé après le fameux West. Il
mourut le 26 avril 1825 à Pultney-Hill
près de Londres, dans un état tellement
voisin de l'indigence qu'on assure que la
modique place de gardien de l'académie
royale l'empêcha seule de périr de mi-
sère. Son œuvre complet , précédé d'une
notice historique a paru à Zurich en 1806,
k volumes in-fol. Parmi ses principaux ta-
bleaux on remarque ladij Macbeth ; quel-
ques scènes de l'Espiègle ; le Sceptre de
Dion^ d'après Plutarque; une suite de su-
jets tirés de Milton ; Hercule combattant
les chevaux de Diomède. Fuessli a publié
aussi des ouvrages sur son art : | Leçons
sur l'art de la Peinture, Londres, 1801 ;
\Réflexions sur la peinture et la sculpture
des Grecs , avec des instructions jiour le
connaisseur, et un essai sur la grâce dans
les ouvrages de l'art , traduit de "Winkel-
mann ; | Dictionnaire des peintre»* ( de
Pilkington ) avec des notes et corrections,
Londres, 1805.
FUET (Louis), célèbre avocat au par-
lement de Paris, mort en 1739, âgé de plus
de 50 ans , est auteur d'un IVaité estimé
sur les matières bénéficiales , 1723, in-i".
Rousseau de Lacombe l'a redonné sous le
titre de Jurisprudence canonique, in-fol.,
4774, après l'avoir rectifié et augmenté.
FUGGER ( Ui.Ric ), né en 1528 à Angs-
bourg, d'une famille riche, fut d'abord
camérier du pape Paul III , et se fit en-
suite j)rotestant. Il faisait des dépenses si
considérables pour acquérir les manu-
scrits des auteurs anciens, que sa famille
lui fit ôter l'administration de son bien,
lise retira à Heidelberg, où il mourut en
158/i , à 56 ans. Il légua sa bibliothèque ,
qui était très belle , à l'électeur palatin.
C'est le seul individu de cette famille cé-
lèbre qui ait abandonné la religion catho-
lique. Il arriva même contre son inten-
tion qu'il rendit grand service à cette
religion en destinant 1000 florins pour
une œuvre pieuse , et engageant ses pa-
rens à en faire autant ; car cette somme,
beaucoup accrue , servit ensuite à la fon-
dation du magnifique collège de Saint-
Sauveur à Augsbourg, un de ceux qui fu-
rent les plus utiles à l'église catholique
en Allemagne. Les jésuites l'occupaient
encore après leur suppression , en 1791 ,
et il en sortit une multitude d'ouvrages
contre les erreurs et les faux docteurs du
temps. On peut voir sur ce sujet, Origo
collegii S. J. ad sanctum Salvatorem ,
A. V. Fuggeriunœ pietatis monumentam .
Augsbourg, 1786, 4 vol. in-S".
* FUHRM A]\N (Mathias), savant moine
autrichien, de l'ordre de Saint-Paul, pre-
mier ermite , était définiteur-général de
la province d'Autriche, et movirut en 1773.
Il a publié plusieurs ouvrages en alle-
mand : I V Autriche ancienne et moderne.
Vienne, 1734, h part, in-8"; | Vienne an-
cienne et moderne, 1758, 2 part. in-S";
I Vie et miracles Se Saint-Severin, apôtre
du Nordgau ou de l'Autriche, il k(>, in-8";
j Description historique de la ville et des
faubourgs de Vienne, 1766-67, 2 volumes
in-8°; | Histoire générale , ecclésiastique
et civile des états héréditaires de la mai-
son d'Autriche , depuis Auguste jusqu'à
Van 557 de J.-C, 4769, in-i", fig.; | His-
toria sacra de baptismo Constantini Max.
Aug. colloquiis faniiliaribus digesta,
Rome, 47i5-47, 2 part. in-i°, fig., ou-
vrage plein d'érudition , mais dont la se-
conde partie est défigurée par de nom-
breuses fautes d'impression; | Dux via
angelicus ad urbem Romam, 4749, in-8°
II a été traduit en allemand , la même
année.
FULBERT , 54* évêque de Chartre« en
1007, chancelier de France, suivant quel-
ques-uns, avait été disciple de Gerbert,
depuis pape sous le nom de Sylvestre II.
Il passa d'Italie en France, et fit des le-
Fil. 2
çon9 »le lhcuU>j{ic (laii>i U> inn> »li li-
glisc (le Chnrtros. Il iiiuuiul le 10 avril
T039. lo^ardé coinnic lu piclal de son
temps qui connaissait le mieux l'an-
cienne discipline , et qui la faisait obscr-
Ter avec le plus dexartilude. Ses œuvres
ont été pvibliees en 1G08 . in-S". On peut
voir dans ses épitres combien il était con-
sidéré de tous les princes de son temps.
Elles sont d'ailleurs bien écrites, et sur-
tout fort utiles pour l'histoire, la disci-
pline et les usages de son siècle. Ses au-
tres ouvrages sont des scrmons^da hym-
nes, dt:s proses ; mais co ne sont pas les
plus précieuses parties de ses Œuvres.
FULC.KNCE (saint), Fa/jius Clautiius
Gordianus Fulgentius . né à Leplé dans
la Biiàcène, province dWfrique , en 4(i7 ,
ou bien en 403 , de parens nobles , quitta
le monde, où il aurait pu briller par ses
talens, pour se renfermer dans un mo-
nastère. Il devint le pèro d'une grande
comumuaulc en 494, fut ordonné jjrétre
à Rome en jOO.On le tira de sa solitude,
pour l'élever sur le si.'ge de Ruspc en
Afrique , en 508. Son xèle contre l'aria-
nisme déplut àTrasiinond, roi des Van-
dales, qui l'exila en Sardaigne. HiUléric ,
successeur de ce prince barbare , le rap-
pela en ii23. Son peuple le reçut comme
en triomphe. Pendant son exil il avait
composé plusieurs ouvrages. Le Père Sir-
niund en a publié quelques-uns , Paris .
<684, in-4" : ca/ nous n'avons pas tous
ceux qui sont sortis de sa plume. Lo prin-
cipal de ceux qui nous restent est son
Traité de la prédestination et de la grâce,
en 3 livres. Il y défend avec /.éle la doc-
trine de saint Augustin. Il mourut en
5r>3 , après avoir fait un bien inTmi en
Af ri(iue, par une science profonde, unie à
une rare vertu.
FL'LCE.NTIIS-PLWCIVDES ( Fv-
Wfs) esl auteur de trois Livres de m;/lho-
iwjie . publiés à Amsterdam en KiSI , 2
toi. in-8". avec Julius-IIyginius. Lactan-
cius-Placidus et Albricius, pai Muncker,
s<»us le titre de M>jlhoijraphi liUini II était,
dit-on, évéque de Carlhage dans le G*^ siè-
cle. Nous avons encore de lui un traité
curieux : De priscis vocabulis iatinis j,
Paris, lîiSC , in-4".
FLLGOSE ou FRÉOOSE (Rapuael),
enseigna vers l'an 14^8, le droit avec ré-
putation à I'a\ie et à Plaisance, puis à
Padoue, où il mourut , 'aissant divers ou-
vrages peu lus , même par les juriscon-
sultes. — Il y a un autre FULGUSE ou
FaEG(XSE (Uaptiste), qui fut do^c de
89 ¥Vh
(unes, sa patrie, en 1478. f'oi/ez FRE-
GOSi: (Raimistf).
• FI;lu.ATTI (Julks), jésuite de Cé-
sène dans la Romagne , fil imprimer .
Ferrarc en 1017 , un ouvrage intitule
/Jrglioriuoli a sole. Mu7.7.ioC)ildi d'Urbin
architecte de Lorettc, qui avait publi'
un Traité s.ur ce sujet, à Milan, en 161/».
in-4'*, cl à Venise en 1048, prétendit qu'un
partie de son ouvrage avait été copit
par Fuligalti.— 'FULIG-VTri (Jacqlks,,
aiitre jésuite italien, né en lîj9j,à Rome,
mort dans la môme ville en 1653, est au-
teur des ouvrages suivans : | f^ita di Ro-
hcrlo liellannino cardinale. Rome, 1624,
in-4'', traduit en latin par Sylvestre Petru
Sancta, Liège, i026 , in-4'', et en français
par Fierre Morin , Paris , 1025 , in-8" ;
I Cornpendio délia vita di San France sca
Xaverio . Rome , 1637 , in-8" ; [ Vita di
Bernardo Healino. Viterbe , 1744, in-8° ;
I F'itadi P. Canisio , Rome , 1649, in-8" ;
I et une Vie de sainte Elizabelh. reine de
Portugal . en latin.
♦ FlJLLEBOttN (Georces-Gcstave).
savant professeur allemand, né à Glogau
le 2 mars 17G9 , lit ses premières élude
sous son père, homme profond et distin-
gué par ses connaissances littéraires , el
qui était conseiller du bailliage de Glogau.
II alla lestcrmineràruniversilé de IlalU-
où il publia bientôt une Dissertation la
tine sur le livre de Xcnophon : Zenon u
Gorgias. ordinairement attribué à Aris-
tote. De reloyr à Glojjau en 1789, il prêcha
dans l'église luthérienne de cette ville ,
et ses succès dans la prédication le firent
nommer troisième diacre. Appelé à Eres-
lau iH)ur y enseigner les langues hébraï-
que, grecijue et latine , en remplace mci;t
du célèbre professeur Gedickt, dans l'ét ;.
blissement ap|)elé VL'lizabelhanuin i!
Breslau , il ne remplit pas long-temps cc>
fonctions, qui l'avaient illustré, .\lteiiil
d'une maladie du ciRur causée par la con-
tinuité de ses travaux, il mourut à la fleur
de l'âge le 10 février 1803. il a laissé un
grand nombre d'ouvrages dont les prin-
cipaux sont : I une édition des satires </-•
Perse j avec une traduction et des nota
en allemand , Zullichau , 1794 ; | Théorie
abrégée du aty le latin, en allemand, Brp*-
lau , 1783 , iu-S"; | que
taires dans la méin<
I des mélanges intiluU^ i
d'Ldelnalde Justas . 17«^5 ; \ Fragnicr
de Parnunide avec une Vaduction cidi
notes en allemand. Zullirhaii, 1793, \u-b
I Gcoriji Gemiithi S. VlfthonU et V/i . i
FUL
200
FUL
Gpostoli. orationca funèbres dum, in qiihus
de immortdlilale animi exponitifr^ nu)}C
primum c manu.sci\ editî, Leipsick, 1793,
in-8''; ( Encyclopediaphilologica , Bres-
lau , 2*= edit. 1805, 1 vol. in-8" ; | une édition
des œuvres jiosthumes du célèbre Lessinç/ .
Berlin , 179,j , in-S" ; | un morceau sur le
dialecte silésien ^ inséré daiis le Journal
de Silesie ; \ des fragmens pour servir à
l'histoire de la Philosophie ^&n 12 parties,
ZulUchau et Freystadt, 1791 , 5 vol. in-S^,
i Notes et dissertations jointes à la tra-
duction de la politique d'yïristote , l>n~
liliées par Garve , Breslau , 1799-1800 , in-
«S^; I un ouvrage périodique en allemand
sous le titre de Conteur de Glogau. à par-
tir du Zi.^ cahier, 1800.
FULI.ER ( Nicolas ) , né en l;Jo7 à Sou-
ihamplon, fut successivement secrétaire
(le Robert Horn, évèque de "Winchester,
])asteur de l'église d'Aldinglon , chanoine
<ie Salisbury , et recteur de Wallhain. Il
iiiourut à Aldington en 1622. On a de lui:
I Miscellanea Vneolotjica et sacra , Lon-
dres, 1G17, in-4" ; |un Jppendix à cet ou-
vrage , Leyde , 1022, in-8". On y trouve
beaucoup d'érudition. L'auteur possédait
très bien les langues orientales.
FULLER (TH051AS ) , historien anglais,
né en 1608 à Aldwincle, dans le comté de
Northampton, fut ministre en différens
endroits, chanoine de Salisbury, prédica-
teur à Londres. Le zèle qu'il montra pour
Charles l" l'exposa à des tracasseries de la
l)art de l'usurpateur , qui le dépouilla de
ses emplois ; il fut ensuite réintégré dans
.von canonicat de Salisbury , où il mourut
Je 16 août 1661. On lui doit : | Description
delà Palestine et des régions adjacentes ^
cl des choses mémorables y arrivées
.sous l'ancien et le nouveau Testament ,
ï/ondreSj 1662, iu-folio , en anglais. Il s'y
iiiontre habile critique. [ Histoire del'E-
tjUse depuis Jésus-Christ jusqu'en 1648, |
Londres, IGiia, in-fol. On comprend qu'elle
n'est pas exemple de préjugés , surtout
quant aux derniers temps. | Histoire des
croisades^ Cambridge, 1651, in-folio;
( lies des hommes illustres de l' Angle-
terre, 1662, in-folio, réimprimée en 1810,
on 2 vol. in-.'i.'', avec des notes explicatives;
} De la vie des théologiens modernes, 1651,
h\-k° ; I des sermons et des livres de
controverse. Tout ce qu'il a écrit est en
anglais.
fULPiADE, abbé de St.- Denis en
France , archichapelain du roi Pépin ,
njcnt en 784 , se distingua par sa piété ,
j)ar ses talens et sa capacité dans les af-
faires et les négociations i.npoi tantes dont
il fut cliargé. Il sut mériter la confiance
des princes et des papes. Etienne II lui
accorda divers privilèges pour son abbaye
(le St.-Denis, où il logea lorsqu'il vint en
France solliciter du secours auprès de
Pépin, contre Astolfe. Voyez ETIENNE H.
* FULTO.\ ( Robert), célèbre mécani-
cien américain, né vers 1767, dans le comté
de Lancaslre . état de Pensylvanie, fut
d'abord destiné à la profession de joaillier,
qu'il abandonna pour se livrer à la pein-
ture. Il suivit à Londres les leçons de West,
origuiaire d'Amérique, et, après avoir
passé plusieurs années sous ce grand
peintre d'histoire, il exerçiiit son art dans
le comté de Devon lorsqu'il fit la cgunais-*
nancc du mécanicien Rumsey son com-
patriote ; il se livra alors à l'étude de la
mécanique dont il attendait des résultats
pins avantageux , lorsqu'un américain ,
Joël BarloAV. l'attira en France pour exé-
cuter des panoramas. Cette entreprise lui
attira gloire et profit. Il retourna aux
Etats-Unis, où il publia successivement la
découverte d'un moulin pour scier et
polir le marbre; un système de canaux de
navigation ; une machine à faire des
cordes ; l'invention d'un bateau pour
naviguer sous l'eau , du torpédo , ou ma-
chine pour faire sauter en mer les vais-
seaux ennemis ; et enfin mit en pratiquo
!a découverte du steamboat , que Jona-
th;m Hull avait déjà fait connaître aux An-
glais en 1737. l'abbé Arnal aux Français,
en 1781, et Rumsey aux ha!)itan3 des
Etats-Unis en 1784. Il conçut depuis,
potir la défense des ports en temps d«
guerre, xine espèce de frég:ale qu'on peut
manoeuvrer au moyen de cette machine,
et il eut la satisfaction de voir ses expé-
riences réussir au-delà de ses espérances.
Il fut noniiné immédiatement mem-
bre de la société philosophique do Phi-
ladelphie et de la société militaire des
Etats-Unis. Le congrès venait de lui ac-
corder cinq mille dollars , pour l3 mettre
à même de continuer ses expériences du
torpédo, lorsqu'une moit prématurée
l'enleva au\ sciences, le 24 février 1815.
Plusieurs de ses découvertes ont été dé-
crites en français dans les Annales des
arts et manufactures, et dans le Bulletin
de la société d'encouragement. Son sy-
stème des canaux a été traduit par M. de
Recicourt , sous ce litre : Recherches sur
les moyens de perfectionner les canaux
de navigation, eic, Paris, 1799, 'm-8", fig.
La vie de Fulton a été éciite par son
FUL
291
FUM
ami f-idwallcr D. Coltlcn, Ncw-Yoïk,
18IÎ), il.-»".
FI'LVIK, dame romaine, de la famille
Fulvia qui donna tant de grands capitai-
ne» à la république . mariée d'abord uu
ti^ditieux (.lodtus, ensuite à Curion, enfin
à Alarc- Anloitu* , eul part à toutes les
extTution» liarhure» du triumvirat. Kilo
liait au.ssi vindicative que son mari. Lors-
qu'«)U lui apiMirta la tète de Cicéron , elle
per<;a sa lanjue avec un poinçon d'or, et
j.iit;nit à cet oulraui; toutes les indignités
qu'une fennnc en fureur peut imaginer.
Antoine l'avait quittée pour Ciéopàtre ,
dont il était éperdument amoureux : elle
voulut qu'Auguste venjjeàl cet affront ;
mais n'ayant pu l'obtenir, elle prit les
armes contre lui , cl les lit prendre à Lu-
cius-Anloine frère de son mari. Auguste
ayant été vainqueur , elle se retira en
Orient, fut très mal reçue par Antoine, et
en mourut de douleur à "Sicyone l'an 40
avant J.-C.
FULVIIS NORILïOIl ( Servils ) , de
l'illustre famille Fulvia, dont nous venons
de parler, fut élevé au consulat , l'an 235
avant J.-C. , avec Emilius Paulus. Ils si-
gnalèrent leur administration par des vic-
toires et des malheurs. Ayant appris l'in-
fortune de Ré{îiilus , fait prisonnier en
Afrique , ils y allèrent pour soutenir la
réputation des armes roiuaines. Ils chas-
sèrent les Carthaginois qui assiéfjeaient
Clupéa ; et après avoir fait un grand bu-
tin, ils périrent dans un naufrage , avec
près de *200 navires. — Marcls FULVIUS
^■OBILIOK , petil-fdr, du consul, fut en-
voyé l'an 189 avant J. -<"■.. en Espagne, cl
y rendit de grands services à la républi-
que. Il fut aussi honoré du consulat l'an
lOr), Use distingua parla prise d'Ambra-
cie, près du golfe de Larta, et obligea les
Etoliens de demander la paix. — 11 y eut
du temps d'Auguste un sénateur nommé
FULVIUS , qui ayant eu la faiblesse de
dire à sa femme un secret important, que
l'empereur lui avait contié cl qui fut di-
vulgué sur-le-champ , se donna la mort
de regret. Sa femme suivit cet exemple
funeste.
FULVII'S-l'USIXL'.S ou FLUVIO OR.
>SINI, romain, bâtard , dil-on, de la mai-
son desUrsins. Un chanoine de Latran
réleva et lui donna son canonicat ; il en
cm ploya les revenus à ramasser des livres.
Il mourut à Rome en IGOO, à 70 ans, lais-
sant des notes sur Cicéron , Varron , Co-
InmelK*. Festus-Pompéius . tir. , cl plu-
sieurs o Mujt 5 sur l'anti.iuitè. On distin-
gue ses traités |; De familiis Romanorun
1G63 , in-f(dio ; | De Trirlinin Romuri',
rum. 1089 , in-12, on il a mis à prolit l<> '
ce que la belle littérature, dirigée» par ;
goût, peut fournir iK>ur cclaircir ctl'
matière.
• FULVY(PiiiuPPE-LoLisOURY, ni, m
quis de ) naquit le 4 février 177)0 à IV
de France, suivant quelques biograpf»'
cl suivant d'autres à VersaUles , ou à -
terre de Fui vy , d'un conseiller d'él.ii
Jean-Henri- Louis Orry, qui fut inln,
dant des finances cl (jui établit à ses frai
à Vincennes la belle manufacture de p..
celainc, qui à sa mort fut Iransféréo i
Sèvres , où elle est maintenant exploiter
pour le compte du gouvernement. Lo
jeune de Fulvy se relira en Angleterr:-
au commencement de la révolution , <
y resta jusqu'à sa mort arrivée le 18 jan-
vier 1823. 11 cultiva les lettres pendant
toute sa vie : avant 1789 il avait inséré
un grand nombre de pièces fugitives dans
le Mercure, dans X Almanach des Musra
et dans celui des FArennes d'Jpollon. W
a laissé un Recueil de 133 fables. IMadrid,
1798, dont il existe à la bibliothèque
royale un exemplaire , peut-être le seul
qui soit en France. On a encore de lui ;
I Relation d'un voyage de Paris à Bru-
xelles en 1791, suivi de poésies diverses.
l'aris, 1823, in-18. On a cependant attri-
bué la relation du voyage à Louis XVIIl,
et le marquis de Fulvy serait seulement
l'auteur des Poésies(\\i\ suivent à l'excep-
tion de trois. | Louis XT'III , sa vie, ses
derniers momens. sa mort, suivi du détail
de ses funérailles . et d'anecdotes sur r.
prince, par E. de S.-H. , Paris , 1823 , in
12 , 2' édition. Les poésies de P'ulvy -
font remarquer par la décence des e v
pressions, la facilité du style et la délie i
tesse du sentiment.
• FL'M VOALLl ( le PèrcAxcB ), savan
historien de la Lombardie et abbé de l'oi -
dre de Cileaux , entra à l'àgc de 15 ans
dans cette congrégation , et y étudia les
langues orientales et la théologie. Lors
de la création de l'Institut d»-s sciences ,
lettres et arts du royaume d'Italie , il fit
choisi des premiers pour donner de l'i
lustration à celte compagnie naiisanle
mais la suppression de son ordre devii,
pour lui la cause d'un chagrin mortel : .
n'y survécut que peu de ten.
rut à Milan le 12 mars is
On a de Fumagalli les «>uv r ..
Ions écrits en italien: | Sur l Onyme U«
l'idolùtiie (^daiis k recueil miJun au ) ,
FU>1
292
FUN
J7S7 ; ( Sw un Code grec de la liturgie
aniln-osienne ^ 17u9; | Les Vicissitudes
de Milan , pendant la gueri'e de Frédé-
ric I" (Barbe-Rousse) . 1778, 1 vol. in-4°;
j Histoire des arts du dessin chez les
anciens^ par J. Winkelmann ( traduit en
italien), Milan, 2 vol. in-4" ; | Fie du
célèbre littérateur du 16*^ siècle François
Cicercio ( traduit de l'italien ) ; | Des
antiquités de la Lombardie milanaise ^
etc , ibid. , h vol. ïa-h° ; \ Des Institu-
tions diplomatiques , ibid., 1802, 2 vol.
in-4° ; | Code diplomatique ambrosien ,
contenant les diplômes et les chartes des
siècles 8* et 9*^, qui existaient dans les
archives du monastère de Saint-Am-
hroise. ibid., 1805, 1 vol. in-/t°; | Notice
historique sur l'existence des oliviers ^
clans plusieurs endroits de la Lombai-die^
depuis le k^ siècle jusqu'au lO', ibid. ,
1789-1793, 2 vol. iu-/t°; | Esquisse sur la
police du royaume lombard j dans les
siècles 8*= et 9% Bologne , 1809, 1 vol. in-
4° ; I Mémoire historique économique sur
l'arrosage des prairies^ au tome second,
dans les Actes de la société d'agriculture
de Milan.
* FUMARS ( ExiENXE ) , littérateur et
poète , né le 22 octobre 1743 , dans un
bourg des environs de Marseille , fut
chargé de l'éducation des enfans du comte
de Grave , et ensuite de celle des enfans
du comte de Vérac , qu'il accompagna
dans son ambassade en Danemarck. Il s'y
maria^ et devint professeur de littérature
française à l'université de Kiel, et ensuite
à ceÛe de Copenhague. Il mourut subite-
ment dans cette ville le 50 novembre 1806.
On a publié , après sa mort , à Paris , le
recueil de ses fables ^ en 1 vol. in-8° et
in-12, 1807 : quelques-unes joignent à la
facilité du style l'originalité des idées ;
mais le plus grand nombre sont faibles
d'invention et de couleur.
FUMÉE ( Adam ) , premier médecin de
Charles VII , de Louis XI , et de Charles
VIII, eut les sceaux par commission en
1492 , comme doyen des maîtres des re-
quêtes, elles eut jusqu'à sa mort, qui ar-
riva au mois de novembre 1494. Il était
mathématicien, médecin, poêle, historien.
Louis XI, qui l'estimait beaucoup, l'avait
souvent employé dans des négociations.
FUMÉE. Voyez BEUCHLIN.
FUMEL ( Jean- Félix-Henri de ), né à
Toulouse en 1717, fit ses études à St.-Sul-
pice et fut sacré évêque ae Lodève en
17S0 : il illustra son épiscopat par les ver-
t;i8 et les œuvres que la religion inspire
aux vrais ministres de .lésus Christ II fut
pendant trente ans le père et le consola-
teur de son peuple. Indépendamment des
travaux propres de son ministère , aux-
quels il se livraitavecune activité incroya-
ble, payer les dettes des pauvres, secourir
des familles honteuses , étaient ses actes
de bienfaisance de chaque jour Les curés
du diocèse trouvaient toujours chez lui
des ressources pour leurs paroisses. L'é-
glise de la cathédrale, l'Hôtel-Dieu , l'hô-
pital , ont été les objets de sa générosité.
Il aimait surtout l'hôpital qu'il s'est appli-
qué à rendre utile et commode à force de
dépenses , et qu'il a institué son héritier.
Par le spectacle de ses vertus autant que
par ses instructions, il a ramené à la reli-
gion catholique un grand nombre de cal-
vinistes, et leur a assuré un état honnête,
surtout aux enfans persécutés ou aban-
donnés de leurs parens ( voyez - en un
exemple touchant dans le Journal histo-
rique et littéraire , 15 juillet 1784 , page
411 ). Il mourut le 2 janvier 1790 , au mi-
liciu des ruines de l'église de France , et
dans le pressentiment douloureux des
scènes plus affreuses encore qui allaient
s'ouvrir. Il n'a eu d'autre oraison funè-
bre que les sanglots des pauvres et les
larmes de tous les catholiques de son dio-
cèse. On a de lui deux Insti^uclions pas-
torales, l'une du 21 novembre 1759,
l'autre du 25 mars 1705, où il s'élève par-
ticulièrement contre les incrédules; et le
Culte de l'amour divin ^ ou Dévotion au
sacré cœur.
FUi\CH , FUIVECCIUS ou FUNCCïUS
( Jean ) , ministre luthérien , né à Wer-
den, près de Nuremberg, en 1518, s'atta-
cha à la doctrine d'Osiander , dont il
épousa la fille, et exerça le ministère dans
la Prusse. Il ne put se défendre de l'esprit
de trouble qui agitait tous les réforma-
teurs de son siècle. Ayant été convaincu
de donner à Albert , duc de Prusse , dont
il était cliapelain, des conseils désavanta-
geux à l'état de Pologne, il fut condamné
avec quelques autres , comme perturba-
teur du repos public. Il eut la tête tran-
chée à Kœnigsberg en 1566. On a de lui
une Chronique depuis Adam jusqu'à
1560, Wittemberg, 1570, in-fol. , et quel-
ques autres ouvrages auxquels son sup-
plice donna de la célébrité autrefois, mais
qui n'en ont plus aucune aujourd'hui.
• FUNÉS (Martin), jésuite espagnol,
né à Valladolid en 1560 , mort à Colle près
Florence en 1617, a publié : | Disput. de
Deo uno^ et de vitiis et peccatis^ Grat»,
FUR
«9:s
Fun
1589; I Spéculum niortde practicum. Con-
Blaiicc. 1598, Cologne. KilO; | Ulcthodus
practica utrndi libnt Thnmcr à Kcmpia
t/e Imùatione C/iristi . Iraduil en diffé-
rentes langues , et placé en tête de plu-
sieurs éditions de l'Imitation do J.-C.
FrUKTlÈRE ( A\toi\e) . né en IG'20,
pari>iien. abbé do Clialivoi, de racadémic
fran<"aise, fut exclu de celte compagnie en
IbSo. L'académie l'accusail d'avoir profité
de son Iravail pour composer le diction-
naire françaisquiporleson nom. Use justi-
fia dans des /"./r^<m5 ; mais ilajouta aux rai-
sons des injures contre plusieurs acadé-
n)iciens, à la vérité écrites avec esprit ,
mais qui n'en étaient pas moins des inju-
res. On prétend qu'il chercha à se rac-
commoder avec eux avant sa mort, arri-
vée en 1GS8. à 68 ans. Son Dictionnaire
ne vit le jour que deux ans après, en IGi'O,
2 vol. in-fol, , ou 3 vol. in-i". Basnagc de
Beauval le retoucha , l'augmenta , et en
publia une édition beaucoup meilleure
que la première, en 1701 , 3 vol. in-folio,
réimprimée à Amsterdam , 1725 , k vol.
in-folio. On a dit que ce dictionnaire avait
donné naissance à celui de Trévoux, dont
la dernière édition est de 1771 , 8 vol. Si
cela est, il faut convenir que les imitateurs
ont tellement perfectionné l'ouvrage,
qu'on n'y reconnaît plus le premier ar-
chitecte. Furelière s'était fait connaître
par d'autres ouvrages : | par c'inqsadrfs
en vers, in-12, et des paraboles cvangé-
liqnes . aussi en vers , 1672 , in-12 ; les
unes et les autres sont écrites faiblement;
I par son Roman bourgeois . satire mo-
rale et un peu trop personnelle, qui eut
beaucoup de cours dans son temps ; | par
une Relation des troubles arrivés au
royaume d' FAnquence , in-12, allégorie
forcée ; | un Recueil de poésies; \ yoyage
de Mercure. On publia, après sa mort,
un Fureteriata. recueil où il y a bien des
choses qui lui sont absolument étrangères.
• FrilGAILT ( Nicolas ), professeur
à l'université de Paris, né en I70'l à Suint-
Urbain près de Joinville, diiwèse di; Chà-
lons-sur-Marne, fit ics études avec dis! inr-
tion au collège de Troyrs, cl vint les per-
fectionner à Paris. Ilfutapp;lé ensuite
dans luniveriité . et il professa d'abord la
sixième, i)uis la septième au collège Ma-
ya r in. Sonr.èle pour la jeunesse le porta à
composer un grand nombre d'ou\ rages qui
sonltou3dpsliu('sàs<jn inslruction.il « pu-
blié : I un ynuvel abrégé de la Grammaire
^rec/7U^,Pari8.1746,in-8", ouvrage élémen
université qu'elle en fil un usa^c constai^t
jusqu'au moment do sa suppression ; ou
en a fait depuis phisieuis réimpressions
parmi lesqu«'lli-s n,»us remarquons les édi-
tions de M. .lannet , Paris, 1813 et 181.'»,
in-8". \Àbrégéde la quanti té ou mestirede»
syllabes latines. Paris, 17/i6, in-8'';cct
ouvrage était à sa neuvième é«lilion eti
1813; I Dictiommire d'antiquités grec furs
et romaines . Paris , 1768 , et 17»J(» petit in-
8" ; 3' édition, 1809. in-8"; | JJictionnaim
géographique historique et mythologique
iwrlatif.V-AÙs, 1776, petit in-8"; | Les prin-
cipaui idiotismes grecs avec les ellipses
qu'ds renferment. Paris, 1780, 178't <ft
1789, in-8"; cet ouvrage fait suite à la
grammaire grecque; | Les ellipses de lu
langue latine précédées d'une courte imn-
hjse desdifférens mots appelés pai lies d'o-
raison, Paris, 1780, in-12. Tous ces oîivra-
gcs sont Irè.s estimés. Furgaull avait été
nommé professeur émérile de l'université,
et il jouissait en paix de ce titre modeste .
lorsque la révolution le força de quitter
Paris, lise retira dans son lieu natal où il
est mort le 21 décembre 1795. 11 avait pris
l'habitude de se faire lire quelques mor-
ceaux de Séncquc après son repas , par
une de ses nièces ; et, c'est pendant une
de ces lectures sur la brièveté de la vie ,
qu'un jour celle-ci, le croyant endormi ,
s'aperçut bientôt après qu'il avait cessé
de vivre.
FI ur.OLE ( Jeax-Baptistf. ) , avocat
au parlement de Toulouse , né en 1690 à
Castel-Ferrus , dans le bas Armagnac ,
joignit à la science la i)lus profonde des
lois de la jurisprudence française, des
usages, des coutumes , la connaissance de
cette partie de lliistoire, qui est relative
à la législation de tous les temps cl do
tous les pays. Le chancelier d'Aguesseau,
qui l'estiniait beaucoup, l'encouragea a
entreprendre un Commentaire sur l'or
donnauce concernant les donations, du
mnii de février 1751. Cet ouvrage , inv-
primé d'abord à Toulouse en un seul vol.
in-'»", a été réiniprimé en 2 , en 1761.
Après avoir publié cet ouvrage , il com-
mença son Traifédes curés primitifs, etc..
un vol. 'm-k", 1736, dont l'édition est épui-
sée depuis long-temps. 11 se rendit h Para
pour présenter lui-uiémc son Traité des
Testamens et autres dispositions de der-
nière volonté. Lcchanreli-r [wrrourut cet
ouvrage, et donna (b ' ",ui-
teur. Il parut en 4 vol is
les exemplaires »c li
taire quifut tellement (joûlé par l'ancienne I mcsuro que chafiue volumo vit le jci
FUR
294
FUS
L'édition donnée à Paris en 1779, quoi-
qa'en 5 vol., est beaucoup plus complète.
Il se préparait à faire imprimer son Com-
mentaire sur l'ordonnance des substitu-
tions , lorsque le roi le nomma capiloul en
4745. Les occupations de cette charge
l'empêchèrent de finir l'édition de cet ou-
vrage qui n'a été publié qu'en 1767 , par
les soins de Poncet de la Grave , en 1 vol.
in-4°. Il travailla, en attendant, à son
Traité de la seigneurie féodale univer-
selle^ et du Franc-Aleu naturel, qui a paru
à la même époque, in-12. On a réimprimé
ses OEuvres complètes, Paris, 1775 et 1776,
8 vol. in-8°. Cette édition est moins es-
timée que rin-4°. Ce savant jurisconsulte
est mort en mai 1761.
FURIUS-BIBACULUS ( Marcus ), de
Crémone, poète latin vers l'an 103 avant
J.-C. écrivit des Annales en vers, dont
Macrobe rapporte quelques fragmens , cl
qui ne donnent pas une grande idée de
ses talens. C'est de lui que parle Horace
dans ce vers :
Furium hibernas eana nive conspuit Alpes
FURST (Walter), /^wrsms, suisse du
canton d'Uri, fut un des fondateurs de la
liberté helvétique. Il se joignit en 1507 à
plusieurs de ses compatriotes animés du
désir de secouer le joug d'Albert d'Au-
triche. Furst travailla, de concert avec
ses compagnons, à s'emparer de toutes les
citadelles bâties pour les contenir. On les
démolit , et ce fut le premier signal de la
liberté. Voyez TELL et MELCHTAL.
FURSTEMBERG ( Guillaume de ), issu
d'une des plus illustres maisons d'Alle-
magne , grand-maître de l'ordre de Li-
vonie , ou des Portes Glaives , défendit
cette province contre les armes des Mos-
covites ; moins heureux en 1560 , il fut fait
prisonnier, et on l'emmena en Moscovie,
où il mourut.
FURSTEMBERG (Ferdinand de ), évê-
que de Paderborn , puis de Munster, né à
Bilstein, en 1626, fut le père de son peu-
ple et le Mécène des hommes de lettres.
On lui est redevable de plusieurs monu-
mcns de l'antiquité , qui étaient dans son
diocèse de Paderborn. Il les fit renouveler
à grands frais , les embellit de plusieurs
inscriptions , et en publia de savantes des-
criptions dans ses Monunienta Paderbor-
nensia, Amsterdam, 1672, et Francfort,
1713 , in-4° : collection utile et curieuse.
On lui doit encore des poésies latines .
imprimées au Louvre en 1684, in-folio ,
çt dignes de cet honneur , par la pureté
du style et la noblesse des pensées. L'an-
tourne vit point cette magnifique édition,
étant mort le 6 juhi de l'année précé-
dente.
FURSTEMBERG ( François EGON,
prince de ) , fils d'Egon , comte de Furs-
tcmberg, naquit eu 1626. Il fut grand
doyen et grand-prévôt de Cologne , et
l'un des principaux ministres de l'élec-
teur de celte ville. Ayant été élu évêqiie
de Strasbourg en 1663, il conçut le dessein
d'y voir rétablir la religion catholique , et
s'attacha à la France , qui s'empara de
cette ville en 1681. Il mourut à Cologne,
le l^"" avril de l'année suivante.
FURSTEMBERG ( Guillaume EGON,
prince de ) frère du précédent , lui suc-
céda dans son évéché. Il s'attacha aussi
à la France, devint cardinal et abbé do
Saint - Germain-des-Prés à Paris , où il
mourut le 10 avril 1704 , dans sa 75' année.
II avait été postulé de 14 voix pour l'évê-
ché de Cologne en 1688 ; mais le prince
Clément de Bavière l'emporta sur lui ,
après un procès vivement poussé de part
et d'autre, et décidé par Innocent XI.
Louis XIV en conçut un chagrin très-vif,
et ce ne fut pas la moindre cause qui dé-
cida la guerre de 1688 , terminée par ta
paix de Ryswicken 1697. Ce cardinal était
un homme instruit , et doué de qualités
très estimables
FUUSY. Voyez FOILLAN.
FUSCIIIUS ou FUSCH ( Léonard), ap-
pelé l'^^m^fe d'Allemagne, naquit à Wem-
bdingen, en Bavière, l'an 1501. Il professa
et exerça la médecine avec beaucoup de
réputation à Munich , à Ingolstadt, etc.
L'empereur Charles-Quint l'anoblit , et
Cosme, duc de Toscane, lui offrit 600
écus d'appointemens pour l'attirer dans
ses états. Il s'attacha surtout à la partie la
plus essentielle de la médecine , à la bota-
nique. Son exemple et ses leçons la firent
renaître en Allemagne , et excitèrent l'é-
mulation en France et en Italie. Parmi
le grand nombre d'ouvrages qu'on a de
lui, on ne citera que son Historia Stir-
piu}7i^\e meilleur de tous, Bâle, 1542,
in-fol. Il mourut en 1566 à Tubingen , âgé
de 63 ans. Il ne faut pas le confondre avec
Remacle FUSCHIUS, de la ville de Lim-
bourg médecin, mort chanoine de Saint-
Paul a Liège en 1587 , et qui a aussi donné
une flistoire des plantes , Anvers^ 1344,
et Pies des médecins . Paris , 1342.
FUSELI. Voyez FUESSLI.
FUSI (Antoine), docteur de Sorbonne,
cl curé de Sainl-Barthélemi et de Saiwt-
FUS
sorj
FUS
Ton son annexe , fut privé do sof» bciii--
Iji fs par scnlcnrc de l'ufiirialitu . ren-
ilue sur des acctisations de ina(ji«\ I^
sciilonco ayant i'W ronfirmce par la pri-
inatie, il se retira à (ii-novc en 1619, s'y
maria, et y mourut. Il a public sous le
nom de Juvain Solonicque . ime satire
contre Vivian, maître des comptes, mar-
Cuillier dcSaint-Leu, intitulée Ae Jfasli-
t.'i)/j/wre. 1609, in-8"; cl depuis sa retraite
à Genève . il a donné Le franc-archer de
la véritable Eglise. 1019, in-S". Il eut un
lils digne de lui , qui su fit mahométan à
<",onstantinople , pour décliner la juritlic-
lion de l'ambassadeur de France, qui de-
vait le juger pour un crime qu'il avait
commis.
FUSS ( Nicolas ) , né en 1754 à Bàle,
partit , dès l'âge de dix-huit ans, pour
Saint-Pétersbourg, après avoir reçu une
éducation très distinguée. Ce fut son
maître Daniel Bcrnoulli qui lui lit faire
ce voyage pour aller servir d'adjoint
au célèbre Euler qui était aveugle. Fuss
s journa long-temps dans la maison de
ce savant. Associé en 177C à l'acadé-
mie des sciences de Saint-Pétersbourg, il
en devint membre en 1783, puis secré-
taire en 1800 : son zèle et sa science fu-
rent très utiles à celte société qu'il diri-
gea pendant long-temps. L'empereur
Alexandre le nomma en 1802 membre
d'une commission chargée de faire des
statuts pour l'académie, les universités et
les écoles de l'empire , et le choisit aussi
plus tard pour la direction générale des
écoles que l'on venait d'organiser. Il avait
été nommé conseiller d'état et chevalier
des ordres de Saint-Wladimir, et faisait
partie d'un grand nombre de sociétés sa-
vantes. Il est mort le 23 décembre 182.Ï.
On lui doit plusieurs Mémoires importans
sur les mathématiques pures ou appli-
quées : quelques-uns ont été traduits en
plusieurs langues.
Fi:ST ou FAUST ( Je4:v ), orfèvre de
Maycnce , fut un des trois artistes qu'on
associe ordinairement pour l'invention
de l'imprimerie; les deux autres sont Gul-
Icmberg et Schueffer. Il parait qu'on lui
doit particulièrement les caractères sculp-
tés mobiles ; car il est vraisemblable que
Ouitenibcrg a imprimé avant lui, ou vers
le même temps que lui , sur des planches
gravées. ATégard de Schœffer, qui était
écrivain de profession, et devint depuis
gendre de Faust, on ne peut lui disputer
la gloire d'avoir imaginé les poinçons et
le* matrices , à l'aide desquels cet art ad-
mirable fut porté n sa p<Tfcction. Le pre-
mier fruit de ce nouveau procédé, qui
<(>ristitue rori(rinu du véritable art typo-
Crapliiquc. fui le Duran.li rafionale divi-
nnruin nfficionini.i\nv. Faust et Schfpffer
publièrent en l/».')9, et qui fut suivi l'ati-
tiée d'après du Catholicon Jnannit .lu
nucnais. Panit ensuite la liible de HCj
si recherchée des amateurs de rareté ■»
typographiques. Ces trois ouvrages a vairnt
été précédés de deux éditions du Psautier
par les mêmes artistes, la première en
1/i j7, et la 2* en 1459 ; mais exécutées , au
jugement de quelques savans, l'une et
l'autre avec des caractères en bois sculp-
tés, quoique d'autres prétendent qu'elles
sont imprimées avec des caractères en
fonte, excepté les capitales. Ces deux édi-
tions du Psautier, excessivement rares,
sont des chefs-d'<EUvre de typographie ,
qui étonnent les gens de l'art , tatit par la
hardiesse, la propreté et la précision avec
laquelle l'industrieux Sclueffer en a taillé
les caractères, qui imitent la plus belltî
écriture du temps, que par la beauté et
l'élégance des lettres initiales, imprimées
par rentrées de trois couleurs, bleu, roug»;
et pourpre, à la manière des cama'ieux, et
par Ja justesse et la netteté de l'impres-
sion. On connaît cependant des livres que
l'on juge plus anciens que ceux que uojm
avons cités, quoique la date ni le nom
du lieu et de l'imprimeur n'y soient pas
marqués. Tels sont : | une liible de la
bibliothèque ma/.arinc, imprimée aver
des caractères en bois mobiles, en 2 vol.
in-fol. : ( Le Spéculum vitœ humanœ. en
58 planches; | une Histoire de l'ancien et
du nouveau Testament, représentée en
40 figures, gravées en bois, avec des sen-
tences et des explications latines sculptée»
sur les mêmes planches ; | L'Histoire di
saint Jean l'évangéliste , de même en 48
planches: ] Ârs rnoriendi , en 2'i pages,
imprimées seulement d'un coté. Chaque
pag*î est composée d'une estampe en l)ois.
qui représente un exemple des misères
de la vie humaine avec quelques explica-
tions gravées sur la même planche. Ce
livre a été vendu 1000 liv. à la vente do
cabinet de M. Mariette , en 1775- Ce» troi«
derniers livrets, qui sont in-folio , précè-
dent sûrement l'impression en caractères
mobiles, et peuvent remonter jn-
1440. La Bible doit avoir été inij
entre 1450 et 14î»3. L'abbé Ghes'iu.vi..
long-temps associé aux boUandistrs, pré-
tend qu'on a un petit livret d'une date
pour le moins aussi ancienne, imprimé
FUS
296
FUZ
par un Jean Brito de Bruges ; mais il pa-
rait certain que cet ouvrage n'est point
un fruit de la typographie, mais un ma-
nuscrit exécuté avec de nouveaux soins et
une méthode particulière , quoique l'in-
scription , prise dans un sens absolument
littéral , semble dire autre chose ( voyez
le Journ. histoi: du l'-'' août 1780, pag.
51/».). On a écrit et répété bien des fois,
que Fusl, étant venu à Paris pour y vendre
une partie de son édition de la Bible Ae
1462, et en ayant vendu les exemplaires
à vil prix, en comparaison de ce qu'on
payait alors les Bibles manuscrites , mais
à des prix fort différens , avait été pour-
suivi en justice par quelques acheteurs
qui se plaignaient de les avoir surpayés;
qu'ayant même été accuse de magie à
cause de la parfaite ressemblance qu'on
avait remarquée entre les caractères, il
avait été obligé de s'enfuir. Mais s'il est
vrai que Faust ait vendu à Paris des exem-
plaires d'une bible, ce ne peut être de
celle de 1462, puisque le Psautier impri-
mé cinq ans auparavant , absque calami
exaratione Ani ôtait le moyen de faire
des dupes. Quant à l'accusation de magie,
c'est un vieux conte qui doit son origine à
l'histoire du docteur Faustus ou Faust
( voi/ez FAUSTUS ). L'on ne peut douter
néanmoins que Faust n'ait fait plusieurs
voyages à Paris. Il y était en 1466, et la
preuve en résulte d'un exemplaire des
offices de C/ce>o«. publiés celte année par
le même Faust et Schœffer, son gendre,
existant dans la bibliothèque publique de
Genève, à la fin duquel le premier pos-
sesseur de ce livre a noté de sa main,
« qu'il lui a été donné par Jean Faust , à
» Paris, au mois de juillet 1466. » On
peut croire que Faust mourut delà peste,
qui , cette même année , enleva quarante
mille habitans à la capitale, pendant les
mois d'août et de septembre , et d'autant
mieux qu'on ne trouve plus que le nom
de Schœffer seul dans les souscriptions
des livres imprimés postérieurement à
Mayence. Voyez GUTTEMBERG.
FUZELIER (Louis) , parisien, cultiva
les lettres dès son enfance. Il fut rédac-
teur du Mercure^ conjointement avec
La Bruyère, depuis le mois de novembre
1744, jusqu'à sa mort arrivée le 19 sep-
tembre 1752, dans la 80*^ année de son âge.
Cet auteur travailla seul ou en société
pour tous les théâtres de Paris. Parmi ses
pièces on en compte 36 dont une seule est
passable, c'est Momus fabuliste :\?L\\\.^iux
a voulu faire une critique de La Fontaine.
Laharpe, dans son Cours de Littérature,
dit « qu'il affichait des prétentions fort
» mal placées; et qu'il était bien le plus
» froid et le plus plat rimeur, le bel esprit
» le plus glaçant et le plus glacé , qui ait
» fait chanter à l'opéra des fariboles dia-
» lofîuées. »
GAB
GAB
ijAAL , fils d'Obed , alla à Sichem , dans
le dessein de défendre et d'affranchir les
habitans de cette ville , de l'oppression et
de la tyrannie d'Abimélech ; mais il se
vit indignement trahi par un certain Zé-
bul , qui par les avis quil donna à Abi-
mélech fut cause que Gaal fut battu , mis
en fuite , et ses troupes taillées en pièces.
Gaal étant rentré dans Sichem , Zébul l'en
chassa avec ses gens.
GABALÏS. ;^0i/^;3 VILLARS (l'abbé de
Montfaucon de ).
GADATO ( Sebastien ), surnommé le
Nocher, iVaucferu5> mérita ce titre par
son habileté dans la navigation. Il était
natif de Venise ; il quitta sa patrie , et s'é-
tablit à Bristol en Angleterre. Il tenta le
premier de suivre une route différente de
celle que Christophe Colomb tenait pour
aller en Amérique. Colomb faisait toujours
voile vers les Canaries , de là vers les
Açores , et arrivait en Amérique par le
sud-ouest. Gabalo au contraire crut qu'on
arriverait plus tôt, et avec moins de peine,
si l'on faisait voile toujours vers le nord-
ouest ; et il ne se trompa point. Henri VIT
lui donna en 1496 trois vaisseaux mar-
chands , avec lesquels il découvrit la terre
de Labrador. On peut voir, sur ce cé-
lèbre navigateur , la Vie de Henri VII ,
par le chancelier Bacon.
GABBARA , géant de 9 pieds 8 pouces
de haut , dont Pline fait mention. On le
mena d'Arabie à Rome, du temps de
l'empereur Claude. On peut croire que la
grandeur que Pline lui donne est cxagc-
CAR
Q97
r. \n
rrc , comme le sonl la plupart do se* rap-
ports: c'est au reste & peu près la gran
(leur de Goliath.
r. Vni\IK\ .cilcbre rlu'teur, enseigna
avec beaucoup de réputation la rlitMori-
!iiie dans les Gaules, pendant environ
'JO ans , sous l'empire de Vespasien. Ce-
lait selon saint Jériune, un torrent d'é-
loquence. Ce père renvoie au recueil des
Discntus de Gabinien , ceux qui aiment
la délicatesse et rélécance du style. Ces
discours n'existent plus aujourd'luii.
G.VBIMl'S ( AuLUs) . consul romain
f)8 ans avant J.-C. , ayant obtenu le j^ou-
vernemeiit de Syrie et de Judée par les
inlrigues de Clodius , réduisit Alexandre,
fils d'Aristobule , roi de Judée , à deman-
der la paix, rétablit Hyrcan dans la di-
gnité de grand-pontife, et rendit la tran-
quillité à la Judée. Il tourna ensuite ses
armes contre les Parlhcs ; mais Plolémée
Aulètcs lui ayant offert mille talens , pour
rtre rétabli sur le trône d'Egypte , il mar-
cha vers ce royaume. La cupidité était
1 àme de toutes ses entreprises. Il pro-
longea la guerre autant qu'il put ; Arclié-
laiis, ennemi de Ptolémée , payait cbère-
uientces retardemens, Arcliélaiis ayant été
tué dans un combat, Gabinius mit son
rival en possession de son royaume. De
retour à Rome , il fut accusé de couciissiou
et banni. Cicéron, qui avait voulu le faire
condamner pendant son absence, le dé-
fendit alors, et harangua vivement pour
lui à la prière de Pompée. Gabinius mou-
rut à Salone , vers l'an 40 avant Jésus-
Christ.
• GABIOT ( Je\:v-Locis ), auteur dra-
matique, né à Salins ( Franche - Comté)
en 1759, mort à Paris le 12 septembre
1811 , vint dans celle ville à l'àgc de 18
ans, et entra en qualité d'instituteur dans
une maison d'éducation, travailla ensuite
jKiurle théâtre et donna plusieurs petites
p/ï'ccs , qui furent jouées à l'Jinttigu-co-
mique .\^ plupart avec succès. Les princi-
pales sonl : Esope aux boulevards, pièce
épisodique en un acte et en vers , Paris,
1784. in-S", citée avec éloge dans W-innée
littéraire ; | Le goûter, ou un bienfait n'est
jamais perdu , proverbe ; | Les deux ne-
veux . comédie en deux actes ; | Le baron
Ue Trenck . fait historique en un acte et
en vers, 1788, in-S", etc. On a encore de
lui une traduction du poème des Jardins
du Père Rapin , Paris, 1782 et 1803 , in-8",
préférable à celle de Gaz^n-DoucKigné ;
if style en est cepî.'ndiuit un peu enflé, et
les iiiijgcs du poi.'tc bttn n'y sont pas tou-
jours rendues ndèbMnent. Sur la fi'i de
sa rarrirre Gd)i()t reprit les fonctions
d'instituliiir. — C.AIUOT (.Ir.^^i) jésuite,
delà niéioiî famill^^ né et niorl dans le 17'
siècle, fut recteur du collé(;eile Kesançoi:
et a composé Mnriœ pro nccc/itis a D, ,
in sacra et illihata concrpftonr bcncfictts
votiva congratulatio , Lyor» , IG.")! . in-ji'.
•(;\ULI:R ( JEW-Pim.nM'f O . fameux
théologien, né le 4 juin 17.>.') à Francf(jit
sur le Mein. d'un père qui était secrétair.-
du consistoire, suivit peiidaul quelque
temps les leçons de Grieslmch à Féna. Il
fut nommé lui-môme professeur de Ihéo
logie , d'abord au Gymnase de Don
mund.puis à celui d'Allforl, et enfin i
lénaà la place de son ancien maître Gries-
bach. Le duc de Saxe-Weymar luidoniii
le titre de conseiller eciiésiasticpie. Gabier
est mort le 17 février 18'i6 . après avoir
publié les ouvrages suivans qui sont es-
timés: I Essai sur le nouveau Testa-
ment. Alt fort , 1788; | Introduction his-
torique et critique au nouveau Testament
ci - dessus , 1789 ; | Histoire primitive
d' Eichhorn . ouvrage remarquable par
Vintrodurtian et les notes dont il l'a enri-
chi ; I Aouvel Essai sur l'fiiftoire de la
création de Aloise . Allfort , 17!l."). Il a tra-
vaillé aussi au Journal de théologie. 1796,
1811.
(i Alton. Voijez BETLEM-GABOR.
GAItillKr^SKVÈUE. né à Moncmbasi.i
autrefois Epidaure, ville du Prl<»j>onè-''
ou Morée , ordonné évéquc de Philadel
phie en l;i77, quitta cette église, où il
y avait très peu de Grecs, pour se retirer
à Venise. Il fut évéque des grecs répan-
dus dans le territoire de la république.
On a de lui divers ouvrages de théologir .
publiésen 1671 , in-4'', par RichardSimo:i
en grec et en latin , avec des remarques
dans lesquelles il prouve qu'on ne peut
pas admettre cet évéque au rang de» grec?
unis à l'église de Rome , puÏMiu'il a écrit
conlre le concile de Florence. Quoiqu •
peu favorable aux Latins, le prélat gre-.-
admettait la transsubstantiation ain>i
qu'eux. On le voit clairement dans son
Traité des sacremens ; et l'on convient
aujourd'hui, même parmi les protcstanv
que c'est la doctrine générale et uniform
de l'Eglise grecque. Ses autres écrit-; re-
fermés dans ce recueil sont une l>
du culte que les Grecs rendent au ,
au vin que l'on doit consacrer , Ior>.,i. . .
les porte au sanctuaire; un Discours d •
l'Usage des colyhes ou des Ugitnies cuii».
G VUUILL SlOMTi: , savant marunitu «
GAB
298
GAB
né à EdJen , petite ville -du mont Liban ,
professeur des langues orientales à Ro-
me, fut appelé à Paris en 1614 , pour tra-
vailler à la Polyglotte de Le Jay. C'est
lui qui fournit les Bibles syriaque et ara-
l)e, imprimées dans celie Polyglotte. Il
les avait copiées sur des manuscrits , et y
avait ajouté, par un travail inconcevable,
les points voyelles que nous y voyons ,
avec une version latine. Cet habile homme
mourut à Paris , en 16.'i8, âgé de 72 ans ,
professeur royal dans les langues syria-
que et arabe. Les savans de cette capitale
se perfectionnèrent sous lui dans la con-
naissance de ces idiomes. Il ne dirigea pas
jusqu'au bout la Polyglotte de Le Jay. Ce
président , s'élant brouillé avec lui, ap-
pela Abraham Ecchellensis pour le rem-
placer. Gabriel Sionite traduisit encore la
géographie arabe , intitulée Gcographia
Nuhiensis . d'Abou Abdallah Mohamed
Edrissi , 1619, in-i°, et publia une Gram-
maire arabe. Il fut aidé pour ces deux
ouvrages par Jean Hesronita , maronite.
Il donna avec Victoire Scialac , de Gre-
noble , les Psaumes de David , traduits
de l'arabe.
GABRIEL (JACQtfEs), architecte, né
à Paris en 1667, parent et élève du célèbre
Mansard, se rendit digne de son maître.
Il acheva le bâtiment de Choisy et le Pont
Royale ouvrages commencés par son
père , architecte du roi. Il donna le pro-
jet du grand égoût de Paris , et les plans
d'un grand nombre de bât imens publics ,
parmi lesquels on cite ceux de Vltôtel-
de -faille , de la Cour du présidial . et de
la Tour de l'horloge ^Aq Rennes; de la
Maison de ville ^ de la Salle et de la
Chapelle des Etats ^ de Dijon. Il était né
à Paris , en 1667 , et y mourut en 1742.
GABRIELLE DE BOURBOX, fille de
Louis l" de Bourbon, comte de Montpen-
sier , épousa en 1485 Louis de La Tré-
mouille , tué à la bataille de Pavie en 1523.
Elle en eut Charles , comte de Talmond ,
tué à la bataille de Marignan en 1315.
Elle mourut au château de Thouars en
Poitou, en décembre 1516. On a d'elle :
I L'Instruction des jeunes pucelles ; \ Le
temple du Saint-Esprit ; \ Le voyage du
pénitent; \ Les contemplations de l'âme
dévote , sur les mystères de l'Incarna-
tion et de la Passion de Jésus-Christ . et
d'autres ouvrages de piété, manuscrits.
Cette princesse avait autant de vertu que
d'esprit.
GABRIELLE D'ESTRÉES. Voyez
ESTRÉES.
GVRRIELLE DE VERCY. Vogcz
FAIEL.
GABRIELLI (N.) prélat romain, d'une
famille noble, se laissa séduire par un
certain docteur Oliva , qui se mêlait de
sortilège. Ils furent arrêtés sous le pape
Alexandre VIII, ainsi que quelques-uns
de leurs adhérens. Ils avouèrent qu'ils
tenaient des assemblées nocturnes, dans
lesquelles ils offraient au démon du sang
humain , mêlé avec des hosties et des re-
li{[ues. On les accusa encore d'autres
crimes non moins atroces. La plupart des
malheureux partisans d'Oliva furent con-
danmés aune prison perpétuelle. Gabrielli
perdit tousses bénéfices et ses dignités,
et fut enfermé dans un château, où il vécut
jusqu'à la fin du 17*= siècle.
* GABRIELLI, nom d'une famille illus-
tre d'Italie , originaire de Giibio , dans
la Marche d'Ancône. Au lieu de suivre la
carrière des armes, la famille Gabrielli su
consacra , pendant le 14*= siècle, à l'élude
des lois. En 1302, Cante de Gabrielli , po-
destat de Florence , porta des sentences
de proscription, qui enveloppèrent tout le
parti des blancs, et entre autres le Dante
et le père de Pétrarque. Jacob Gabrielli
fut revêtu à Florence , en 1336 , d'un pou-
voir presque illimité; mais il y exerça
une tyrannie si odieuse, qu'il fut défendu
par une loi , de confier jamais à cette fa-
mille aucune magistrature. Cependant
en 1340 le même Gabrielli fut rappelé à
Florence, pour réprimer les ennemis de
l'ordre public. En 1350, Jean de Canlaccio
de Gabrielli s'empara de l'autorité souve-
raine dans sa patrie; mais en 1354, il fut
dépouillé de son autorité par le cardinal
Egidio Albornos, qui soumit Gubbio à
l'Eglise. Enfin Cante de Gabrielli, nommé
en 1379, capitaine du peuple à Florence,
pendant la fureur de la révolution des
Ciompi, résista cotirageusement aux me-
naces du peuple , qui voulait le forcer à
verser le sang de Pierre Albizzi et de sea
collègues. La même famille a donné ensuite
plusieurs cardinaux à l'Eglise , et plusieurs
hommes distingués dans la littérature.
* GABRIELLI (Jules ), évêque de Si-
nigaglia, naquit à Rome le 20 juillet 1748
et mourut à Albano le 22 septembre 1822.
Pie VII le créa cardinal le 23 février
1805 , et évoque de Sinigagîia le 1 1 janvier
1808. Il exerça les fonctions de pro-sc-
crétaire d'état du saint Siège dès le 6 mars
1808, en remplacement du cardinal Doria,
exilé par le gouvernement français, et sa
conduite fut remarquable \>q.y la fermeté
G AH
qu'il nuKilra dans la lull»' qu'il enl à »«)U-
Iriiir roiilrc les pinicraux de Huiiapaiic :
ainsi le "0 mars . î2'i jours ajjri's sa nonii-
nalion, il donna à tous les fonctionnaires
de r«''lal ercK'vSiastique , Tordre formel de
se rctirrr. si l'on voulait les forcer d'o-
béir à une autre autorité qu'à celle du
Mini Sit (jo. Son T.éle pour les intérêts du
souverain jxintife indisposa contre lui
M. Lcfibvrc, envoyé de France: le 17
juin suivant, on saisit ses papiers; lui-
niéinc fut arrêté et exilé à Sinigaglia,
puii à Milan, cnlln en France. Il avait
adressé un niai»ifeste aux ministres élran-
pvTs et une ciri ulaire aux cardinaux .
protestant dans ces di-ux pièces contre
son arrestation et déclarant qu'il ne cé-
dait qu'à la force. En ISliil revint à Uomc
avec Pie VIII , devint secrétaire du Bref,
j)uis préfet delà congréualion du concile,
cl enfin pnodataire. En 181G il donna sa
démission de son sié^e épiscopal. On re-
marque plusieurs pièces de sa correspon-
d.incc diplomatique dans l'ouvrage intitulé
C'jrrcspondaftcr anlhentiqiie île la cour
dr Ilnme avec la France, 1809, in-S".
(. VBIIIM (Nicolas) , dit Ricnzi . né
à Rome dans l'obscurité, mais vain et in-
trigant, se fil députer par les Romains
M-rs Clément VI à Avignon , pour per-
suader ce pape de revenir àRome. Pétrar-
que se joignit à lui; le poète présenta au
jiontifc un beau poème latin , et Gabrini
l:ii fit une barangue éloquente. Mais ce-
lui-ci d'un génie bien plus exalté qtie Pé-
trarque, fit du parlement qui se tint à
Uomc pour entendre le rapport de l'am-
bassade d'Avignon, une vraie faction de
r.)iij:irés contre la puissance pontificale,
(.e lils audacieux d'un meunier, et pour
(jui la diarge de notaire avait autrefois
été une fortune , persuada aux Romains
de rétablir rancicnne dignité de tribun
du peuple et s'y fit nommer par acclama-
tion. 11 les flatta de l'espoir cbimériquc
de rétablir Rome dans son antique splen-
deur, d'en étendre de nouveau la domi-
nation sur tout l'univers, et déclara que
l'empire et l'élection de l'empereur ap-
partenaient à ce peuple roi . citant devant
Hii , pour un terme fixe , tous les princes
qui prétendaient avoir droit à l'empire ,
ou à l'élection de l'empereur. Il exen;a
'1 abord une justice exacte, poursuivit
s..:i< reUrlte les brigands protégés par dif-
f Meurs, et prit des mesures si
ir la tianquillilé publique,
! aller partout en pleine »iire-
ic, la iiuU auÂfti bien que le jour. Biciitùt
21)9 G.. m
il se renlit irniverselleuicul oJietix par
son insolence, son avarice et sa cruauté.
Il fiit chassé de Rome, erra quel(|ue temps
fugitif, et tomba nu pouvoir du pape,
qui le fit emprisonner à Avignon , où il
demeura dans les fers jusqu'à la mort de
Cléu>eut VI. Le jmpe suivant l'en tira , et
le renvoya comme sénateur à Rome , dam
l'espérance de s'en servir avec avanlag»
roiiire unsfcond tyran, nommé Baronrùt-
li. (jui fut nîis en pièces parle peujile.
Au bout de k mois , Ricn^.i eut le mèm3
sort le S octobre Mo'» pour s'être aban-
donné de nouveau à l'injustice . aux exac-
tions et aux violences de tout genre.
a Tous ces désordres, dit un historien,
» et tant d'autres qui affligèrent la capi-
» talc du monde chrétien , furent l'effil
» de la résolution funeste qui transporl.i
» la résidence papale à Avignon. G^inmo
» si les maux qui en résultèrent pour l'E-
» glise n'étaient pas suffisans pour punir
» ce: te imprudence, et pour avenir les
» papes de retourner dans leur siégj . il
» fallut que Rome fut en proie aux factions
» et à la plus désolante anarchie. » L'/Ii.s-
toire de Gabrini -a été écrite en italien
par Thomas Fortiliocca, auteur contem-
porain. Nous en avons une en français,
curieuse et bien écrite , par le jicre du
Cerceau , jésuite . avec des additions cl des
noies du ])ère Brumoi , de la même socié-
té. Cette Histoire a été imprimée à Paris,
en 1753, in-12, sous le litre do Conjura^
lions de !\'icolas Gabrini , dit de liienzit
tyran de Rome . en lô47.
• r.ARRIM ( Tiio>ias-Map.ik ) , général
de l'ordre des clercs-mineurs réguliers,
né en 1736 à Rome prétendait descendre
de Nicolas Gabrini plus comui sous le
nom de llienzi dont il est question dans
l'article précédent. Entre dans l'ordre des
clercs-mineurs, il professa pendant quel-
que temps avec succès à Pesaro, cl revint
ensuite n Rome où il remplit nue chairo
de philosophie. Il fui ensuite charge
d'une cure qu'il gouverna pendant 27 ans.
Gabrini mérita par ses talens et ses vertus
d'être élevé à la dignité de ({énéral de
son ordre. C'était un philologue très sa-
vant et un des meilleurs hellénistes de
«ju temps. Il fit paraître un grand nom-
bre de dis.i£rtations sur l'histoire du tri-
bun Ricnzi. On a en outre de lui plusieurs
vicmoires ou Icttrfs. imprimés soi*, sépa-
rément ou dans >' ••- ■ 'îvcrses
académies, un ou u in-
titulé \i\ scnuiinc ;e 1res
réjtandu . cl sa Ji^strlulivn tuf la 20*
GAB
proposition du i" livre cV Euclide, Pcsaro,
47;);2 , iii-8". Il a laissé des manuscrits sur
l'antiquité sacrée, ctilre autres, une dis-
sertation curieuse sur la population des
antipodes avant le déluge. Le Père Gabri-
ni est mort à Rome le 16 novembre 4807.
• GABUÏ.\0 (Augustin), fanatique
italien , ne à Brescia vers le milieu du
17' siècle, s'annonça comme le monar-
que de la Sainte-Trinité , prince du sep-
tennaire , chef suprême de tous les nom-
bres mystérieux , délé(ïué de Dieu pour
sauver l'Eglise catholique de l'invasion de
l'anlechrist, dont le règne était prochain,
et qui devait soumettre le monde à sa
puissance. Il réunit une troupe d'imbé-
ciles , la plupart artisans , au nombre
d'environ 80, leur donna le titre de che-
valiers de l'Apocalypse, avec des armoi-
ries qui consistaient en une étoile flam-
boyante environnée des noms des archan-
ges Raphaël , Michel, Gabriel, un bâton
de commandeur et une épée en sautoir.
Le dimanche des Rameaux de l'an 1694 ,
Gabrino entra dans une église de Brescia
et fondit sur les prêtres qui y célébraient
le service divin; mais il fut arrêté, mis
en prison comme aliéné, et sa secte dis-
j)arut avec lui.
GABUllEÏ ( Nicoi-AS ), chirurgien du
roi Louis XIII , ne se rendit pas moins
recommandable par la candeur de ses
mœurs, que par sou habileté dans sa pro-
fession. Lorsqu'on fut obligé de préparer
des lieux pour y recevoir ceux qui étaient
tittaqués de la peste , Gaburet fut nommé
en 1621 pour les gouverner. Cet emploi
offrit une ample matière au zèle du chi-
rurgien. Il se comporta dans ses fonctions
presque autant en missionnaire éclairé,
<pii cherche à guérir les âmes, qu'en chi-
rurgien expérimejilé , qui donne son ap-
plication à la guerison des corps. Il mou-
rut en 1602 , dans un âge assez avancé.
*GABY ( Je.vx-B.vptiste), cordelier ob-
servantin et missionnaire , né vers 1 640
était supérieur dans le couvent de Loches
et fit en 1686 un voyage au Sénégal , où
il opéra plusieurs conversions. Il publia
à son retour en France une Relation de
la Nigrilie , contenant une exacte des-
cription de ses royaumes , avec la décou-
verte de la rivière du Sénégal , etc. , Paris
1689, in-12. L'auteur faitdériver ce fleuve
du lac de Borno, et non du Nil, comme
le prétendaient plusieurs géographes.
Mais de nouvelles découvertes ont prouvé
que ces deux fleuves ont leurs sources
dans la même chaîne de montagnes. Quoi-
00 GAD
que la relation du Père Gaby soit très
concise, on y trouve des détails inlércs-
sans sur la religion , les mœurs et les
usages des nègres. Il est mort vers 1710.
GACOiV ( François ) , fils d'un négo-
ciant de Lyon, né en 1G07, d'abord Père
de l'Oratoire, sortit de cette congrégation
pour se livrer à la poésie. Il avait de la
facilité ; ow dit même que Regnard l'em-
ployait, lorsqu'il était pressé, à mettre en
vers quelques scènes de ses comédies ; mais
cette facilité lui fut funeste : il s'en servit
pour se laisser aller à son humeur sati-
rique. Il y a quelquefois d'assez bonnes
choses dans ses satires, mais encore plus
de mauvaises. La plupart ne regardent
que de petits auteurs , obscurs dans leur
temps même , aujourd'hui entièrement
inconnus. Ses principaux écrits sont :
I Le poète sans fard, ou Discours sati-
rique sur toutes sortes de sujets , 2 vol.
in-12, 1696. Quelques mois de prison fu-
rent le prix des traits de satire dont cet
ouvrage, d'ailleurs assez médiocre, est
parsemé. | Une traduction d'Jnacréofi en
vers français , 1712 , 2 vol. in-12. Gacon
commenta le poète grec àsa façon. Il noya
le texte dans de prétendues anecdotes
sur son auteur , et dans une foule de ré-
flexions satiriques , où il s'attacha moins
à expliquer son original , qu'à lancer quel-
ques traits contres des gens qu'il n'aimait
pas. } L'anti- Rousseau , ou Histoire sati-
rique de la vie et des ouvrages de Rous-
seau ; en vers et en prose , par M. F.
Gacon. C'est un gros vol. in-12, com-
posé de rondeaux et de réflexions sati-
riques. Rousseau se vengea de ce libelle,
par plusieurs épigramme* pleines du sel
le plus piquant.] V Homère vengé , in-12,
contre La Motte ; | Les fables de L^amotte
traduites en vers français au café du Par-
nasse. in-S". De toutes les plaisanteries de
Gacon, c'est la moins mauvaise. | Plu-
sieurs Brevets de la calotte , dans les
Mémoires pour servir à l'histoire de cette
turpitude, 1752, 4 vol. ui-12. | Plus da
200 inscriptions en vers, pour les por-
traits gravés par des Rochers.... Gacon
reprit Ihabit ecclésiastique sur la fin de
ses jours. Il eut le prieuré de Raillon ,
près Beaumont sur Oise, où il mourut ea
172.^ , âgé de 58 ans. Son style est lâche,
lourd et diffus en prose , dur et rampant
en vers. Il remporta pourtant le prix de
l'académie française en 1717 ; mais beau-
coup d'auteurs médiocres ont eu cet hon-
neur.
GAD, T fils de- Jacob par Zelpha, mv-
GAD
301
GAE
quil l"an IT.")'» avant J.-C , cl fut chef
d'une tribu de sou nom, (|iii produisit do
vaillans hommes. Ses ciifans .sortirent
d'Ejryptc . au nombre de /iU.GIiO , tous en
ftgc tic porter les armes.
CiAD, prophète que David, persécute
par Saiil, ronsidta pour savoir s'il devait
sVnfermcr dans urje forteresse. Le pro-
phète l'en dissuada. Il tiffrit, par l'ordre de
Dieu à David, le choix de la famine, de
la {juerre ou de la i)esle, pour punir ce
prince de ce que par vanité et inaljjré sa
défense, il avait fait faire le dénombre-
ment du peuple. David ayant choisi la
peste. Gad lui conseilla d'offrir un sacri-
lice à Dieu pour apaiser sa colère.
GVDDI-GAnDQ (A-sge), peintre flo-
rentin . né en l'iôO mort en 1512 . à 73 ans ,
excella dans la peinture à la mosa'i'quc. Sfs
ouvra{7es sont répandus dans plusieurs
villes d'Italie, et surtout à Iloujc cl à Flo-
rence. 11 n'avait point d'égal de son temps
])Our le dessin. Gaddi s'occupa à tm genre
.le travail assez, sinijulicr. Il faisait peindre
des coquilles tl'œuf on diverses couleurs .
et les employait ensuite avec beaucoup de
patience et d'art pour représenter diffé-
rens sujets.
nVDDI (Taoeo), fils du précédent,
élève du Giolto . boa peintre, bon arclii-
Ijcte. né en 17)00. mourut en 1552, àfjé
de J>2 ans. C'est sur ses dessins que fut
construit un des ponts qu'on voit à Flo-
rence , appelé Ponte l''ecchio. Il fut em-
jiloyé aussi dans la même ville à terminer
la construction de la tour de Santa Maria
del Fiore . commencée par le Giolto. Il
reste aussi de ce mailre quelques pein-
tures. Il .s'attachait surtout à bien expri-
mer les passions . et il n'a pas mal réussi.
();j .emarquail aussi beaucoup de génie
(';.ms sa romposilion.
GADEBL'.SCII ( Fp.ÉDÉnic-Co\r.AD ),
écrivain allemand, né le 29 janvier 1719
dans l'ile de Rugcn , fut d'abord chargé de
fonctions subalternes dans la magistrature.
f.at!icrine II l'appela ensuite à faire partie
de la conjmission légi.slstive instituée
par clic à Moscou , dans l'intention de
reformer les lois de la Russie. De rc-
lîjur en Suède, il devint, peu de temps
a;)rès, membre du consistoire et chef de la
jjsticede la ville de Dorpat ,où il mourut
I'.; 8 juillet 1788. Il a laisse un grand nom-
bre d'ouvrages maimscrits et imprimes :
parmi ces derniers on remarque : | Mé-
moire sur /i'5 historiens de la Livonie .
Ili;,'a. 1772. in-8"; | Essai sur la vie dn
comte de Fermor^ Reval , 1773, in-8°;
I Ilihliothèque livoniriuie par ortùe al-
phah.Uiqne. Riga, 1777. 3 vol. in-8"; ] Es-
sais sur l histoire et ta jurisprudence fia
la Livonic . 9 livraisons in-S", Riga. 1779
à 1785; I .Innalrs livoniennr.i ilrpuii lOTïO
jusqu'en 1761 , 8 vol. in-8°, Rif;i . «780-83.
Tous ces ouvrages sont ccriu en alle-
mand.
GADROIS (Ci-AunE ) , parisien , mou-
rut en 1678 , à la fleur de son âge . car à
peine avait-il 56 ans. 11 était ami du doc-
teur Arnauld. Basin, maître des rcfiuélcs,
et intendant de l'armée d'Allemagne, la
prit auprès de lui en ({ualitc de secrétaire,
cl lui doima deux ans après la direction
de riiopilal de l'armée établi à Melz.
Gadrois, en visitant les soldats cl les ofii-
ciers malades, contracta une ma!adi«
dont il mourut. On a de lui plusieurs ou-
vrages de philoso[)iiie : les pluî connus
sont un petit Traité sur l'inflnrncn dt:s
astres , in-12, et un Système du mond .
1675 , in-12. Ses écrits ne sont plus guèrr
consultés, parce que C''idrol;",«élail pas-
sionné pour la philosophie de Descartes; et
que cet te philosophie, fruit de l'imagina tior>
de son inventeur, plutôt que de l'étude ('
la nature, n'est plus regardée que co'niiit
im vieux roman péniblen>cnt imaujiné et
dénué de vraisemblance.
• GAEUT.VER (CiiAKLES-CnRiSTiA;« ).
conseiller de cour de Brunswick, né en
1712, à Frcybcrg, petite ville de l'Erzge-
biigc (Saxe) , où son père était maître
de poste et négociant, termina ses éttidcs
à l'université de Leipsick. Il publia dans
le journal intilulé Les uniuscinens de la
raison et de V esprit , ses premiers essais
poétiques , qui lui valurent les bonne»
grâces du fameux arislarque Gollsched,
sous la direction duquel il traduisit en-
suite une grande parlie-4.1u diciioimaii'
de Bayle et quebiues volumes de l'histoiri'
de Rollin. Plus tard il s'associa cepen-
dant à plusieurs écrivains qui s'étaient
réunis pour combattre l'école dont Golt-
schcd était le chef. Ceux-ci fondèrent à cet
effet un recueil périodique sous le titre d'-
Nouveaux amusemens de la raison et da
l'esprit, et les premiers écrivains do l'é-
poque, tels que Klopslock , Gellcrt, K. A.
Schmit, etc. s'empressèrent d'y cnvoy.r
des articles. En 1745, Gacrlner accomju-
gna, en qualité de gouverneur, deux jeu-
nes comtes à Brunswick. Il y oblinl unu
chaire d'éloquence latine ( î '
raie au collège Carolin. cl la
qu'à sa mort arrivée le 14 f
Outre le» articles de critique et Ir» puvstos
26
GAE 5
fngilives que Gaertner a fait insérer dans
des écrits périodiques, on a de lui trois
recueils de Discours , de Poésies et de
Pièces de théâtre ^ qu'il a successivement
publiés de 1761 à 1790 , à Brunswick.
* GAERTiXER (Joseph) , un des plus
célèbres botanistes allemands, du siècle
dernier, naquit à Calw , dans le duché
de Wurtemberg, le 12 mars 1752, et étu-
dia d'abord pour l'élat ecclésiastique , puis
pour le barreau, et enfin pour la méde-
cine. Il suivit pendant deux ans les cours
rie Haller à l'université de Gœtlingue , et
se lit rccevoii- docteur en 1753. Jaloux de
connaître les hommes les plus distingués
cl les i)lus fameux établissemens scienti-
fiques de l'Europe , il parcourut l'Italie et
la France et dans ses courses, il s'occupa
de la physique expérimeritale pour la-
quelle il consîruisit plusieurs instrumens
tels qu'un Iclescope, un microscope. Nom-
mé à son retour , professeur d'anatomie à
Tubingen\ il se rendit ensuite à Saint-
Pétersbou'i<3% où il accepta la chaire de
botanique et la direction du jardin et du
cabinet d'histoire naturelle; mais le climat
étant contraire à sa santé, il quitta la
Russie à la lin de l'été de 1770 , povir se
fixer dans sa ville natale. Peu de temps
avant son départ , il fit avec le comte
Orloff un voyage dans l'Ukraine d'où il
rapporta beaucoup de plantes étrangères.
Dès lors il s'occupa uniquement de son
beau travail carpologique qu'il avait com-
inencé sur les bords de la Newa. Dési-
rant se procurer plusieurs renseignemens
qui lui manquaient encore pour complé-
ter son ouvrage, il visita l'Angleterre et
la Hollande , et remplit le but de son
voyage : le travail trop assidu auquel il
s'était livré , altéra sa constitution, et pen-
dant 20 mois il s'environna de médecins
et de remèdes ; mais le mal empirait tous
les jours. Enfin il se décida à laisser agir
la nalure , recouvra la vue et la santé, et
acheva en 2 ans les derniers manuscrits
de son 1"" volume. Il avait composé le
second et il y mettait la dernière main,
lorsqu'il mourut le 15 juillet 1791. On lui
doit : I De fructibus et seminibus plan-
tarxim. Stutlgard , 1788, et Tubingen, 1791,
2 vol. in-/i.°, ouvrage très estimé; j Car-
yologia , seu descriptiones et icônes fruc-
tuiirn et seminum plantaruni , Leipsick,
1803-7, 5 parties en un vol. in-i". Cet ou-
vrage se joint souvent au précédent, et
alors il en forme Ip tome 3. Il a été jugé
par l'académie d:'3 sciences de Paris, un
descavr^jc? les plus uliijs qui aient paru
02 GAE
depuis plusieurs années. | Un Mémoire
sur les mollusques, inséré dans les Trans-
actions philosophiques. M. Deleuze a
publié dans le premier volume des Ân^
nales du musée d'histoire naturelle , une
notice sur la vie et les écrits de Gaertner.
Le docteurallemand Jean-Chrétien-Daniel
Schaeber consacra à Gaertner un genre do
plantes de la famille de malpiyhiacées .
sous le nom de gaertnera.
GAETAN (saint), né à Vicence en 1480,
d'une famille illustre, protonotaire apo-
stolique participant , exerçait celle charge
à Rome , lorsqu'il forma le dessein d'insti-
tuer un nouvel ordre de clercs-réguliers.
Jean-Pierre Caraffe, archevêque de Thcate
ou Chiéti , depuis pape sous le nom de
Paul IV; Boniface Colli, gentilhomme
milanais, et Paul de Ghisleri se joignirent
à lui pour commencer l'édifice. Le but de
la nouvelle fondation était principalement
de travailler <à inspirer auxecclésiasfiques
l'esprit de leur état, de combattre les hé-
résies renaissantes de toutes paris ; et sur-
tout d'assister les malades et d'accompa-
gner les criminels au supplice. Un des
points de cet institut, formé pour soulager
les misères lunnaincs , était de ne point
qiiéter et de ne rien demander. Les (jualre
fondateurs , Gaétan à la tête , firent leurs
vœux le 14 septembre lo24, dans l'église
de Saint-Pierre au Vatican. Le pape Clé-
ment VII avait donné, deux mois aupara-
vant , une bulle approbative de cet ordre
de clercs-réguliers, appelés Théatins .
parce que Caraffe. leur premier supérieur
conserva le titre d'archevêque de Théate.
Gaétan fut supérieur après lui, et mourut
sainîement à Naples , en 1547, dans la 67*
année de son âge, et la vingt-troisième de
la fondation de son ordre, des suites do
ses austérités, jointes à ses travaux con-
tinuels. A l'approche de son dernier mo-
ment , les médecins lui conseillant de re-
noncer à la coutume qu'il avait de cou-
cher sur des planches : « Mon Sauveur est
» mort sur la croix, répondit-il, laissez.-
» moi du moins mourir sur la cendre, n
Il fut béatifié en 1629, et canonisé par
Clément X, en 1671 ; mais la bulle de sa
canonisation ne fut publiée qu'en 1G9I. On
garde ses reliques dans l'église de Saint-
Paul à Naples. Voyez sa Vie , par le Père
de Tracy , 1774 , in-12. On a plusieurs let-
tres de saint Gaétan; huit sont adressées
à Laura Mignana , religieuse augustine do
Brescia , morte en odeur de sainteté en
1525 Elles ont été imprimées dans Vf/is-
toire du m,onaslèrc de ces religieuses, en
GAE -(
ITi'i. ."-. . l.fS autres se liouxoul dans
li'S Mémoires historii/tiei sur la vie ilu
»aiiil. par lept-ru Ziiiclli, ini|>ri:iics à Ve-
nise en 1753 , in-i-». Le feu divin doiil
Captaii était enflauiuié, se luauifeste clans
SCS Icllros. L'obbé de Barrai, vicaire de
Snint-Méry, à Paris ( (jnil ne faut pas
confondre avec le lexicotpaphe janscnisle
du même nom ) . a donné aussi une édi-
tion de ce« Icllrcs en 1785, Paris, 1 vol,
in-l-i, avec do bonnes notes. C'est doiu-
niai;e que parini res lettres il s'en soit
plissé fine de lu fabritiue du sieur Carrac-
cioli, ce fameux compositeur des lettres
de Canf/anelli, -Vvdllcur aurait dû se tenir
en garde contre une telle surprise. Foyez
le Journal liist. et litt. 15 juillet 1786 ,
p. 413. .
• GAÉTAM ( CÉSAinE , comte de la
JORRE ), né à Syracuse en 1718, d'une
des familles les i)lus distinguées de celte
ville, s'adonna de bonne beure à l'étude
des lanjjues savantes, et se livra particu-
lièrement à des recherclies profondes sur
les anticpiités de sa ville nalulc. Il lit faire
à ses frais des fouilles nombreuses et il dé-
couvrit des restes de l'ancien lliéàlre, de
l'ancien arsenal, des bains , des caves , et
des aqueducs creusés dans la pierre vive,
des vases, de petites statues de terre cuite,
des médailles, des inscriptions, des dypli-
ques. etc. G.iétani s'occupait aussi de pliysi-
que, de pbilosopliie morale, de littérature ;
il expliqua par la tht»orie de la réflexion
et de la réfraction de la lumière, des pbé-
nomèncs singuliers qui ont lieu de temjis
en temps auprès du lac Naflia. Le comte
Gaétani exjjliqua les Oflice.s de Cicéron
dans une chaire publique. Il mourut à
Syracusedans le mois d'août 1808, laissant
divers ouvrages dont les princi|)aux sont :
! Disserlazione islorico-apolojetno-tii-
tira interno aW ori(jine f fondazione délia
cfiiesa di Stjracusa, Rome . 17/»8, in-/t" ;
I Opticarum quœslionuin dissertaliones ,
i.-iorm., 1754, in-4"; | f'estigi di Syra-
isa antica illustrati . 2 vol. in-fol. ma-
nujcr. ; | une traduction . en vers italiens ,
des Odes d'Anacri-on. des Idylles et des
Epigrammesde Thcocrite.de Moschus et
de Bien; \ des Dialogues sacrés, des Eylo-
gues , et autres poésies lyriques et musi-
cales, qui se fciit remarquer par l'éié-
gance de la diction et par le charme de la
simplicité, et plusieurs Mémoires et t)l>-
'i'afions sur des objets d"anti<iuilé in-
I es dans la Collezione di Opuscoli di
(l'tfori sicdiani, qui s'imprime annucllc-
r.icnl à Palcrmo-
)■" GAF
' <. Vl.J ■»\0(0(:îAvr.) . savaiii jr^niio
sicilien, né à Syracuse on L'iMi , mort A
Païenne en 1020 , fut ndminislraleur des
collèges de Messine et de Palerme , et di-
recteur de la maison professe de ccttedcr-
nière ville. Il donna, pendant toute sa vie,
des marques d'une: piété fervente. On a
d(! lui : I De die vatali S. IS'ympho'. viryi-
nis et martyn's panonnitanœ . Palerme,
1610. in-.t" ; | Idca o])eris Sirulorum sanc'
torum fauiave sanctitalis illuslrium. Pa-
lerme. 1617, in-i" ; | f'itœ SS. Siciiloru/n ex
antiquis yrœcis, latinisque monument is.
et ut plun'inum ex mnnuscriptis codicib.
nondum edilis colleclœ. ibid., 1057, 3 vol,
in-fol. ; I Isayo'je ad historiam sacram Si'
cidani. ibid. 1707, m-k" ; | Oraison fuucor"
de Philippe //. roi d'Espagne (en ilalicnj,
1601 , 1619, :/ édition.— GAETANO (Ai,-
FoxsE ), frère du précédent, jésuite comme
lui , né à Syracuse en 1578 , mort en 1647.
a laissé une Vie de François Gaetano de
la compagnie de Jésus (en italien) , Pa-
lerme, 1037, Bologne, 1649, traduite eri
latin par le P. T. Bridoul, Lille, 1641,
in-S".
GAFFAREL ( Jacques), né en 1601 , à
."Mannes, village de Provence, mort à Si*
gonce , dans le diocèse de Sisteron. en 1681
à 80 ans , fut bibliothécaire du cardinal de
Richelieu. Ce ministre l'envoya en Italie,
pour y acheter les meilleurs livres impri«
niés et manuscrits. Gaffarel en rcvinlavec
une abondante moisson. Personne n'a pé-
nétré plus avant que lui dans les sciences
aussi mystérieuses que vaines des rabbins
et dans t«)utes les ridicules manières d'ex-
pliquer l'Ecriture dont se servent les ca-
lialistes. On a de lui: | Curiosités inoiùes.
etc., qui ont été traduites en latin sous co
litre : Curiositates inautiitte de fiyuris Per-
sarum talisntanicis , avec des notes de
Grégoire rdichaélis, Hambourg, 1676, i
vol. in-l2 : celte édition est la plus esti-
mée , l'auteur y n)ontre l'abus des talis-
mans; nïais malade lui-n»cme, en voulant
guérir les autres, il leur attribue néan-
moins quelques vertus. Cet ouvrage fut
censuré par la Sorbonnc. | ^bdita cubain
mysteria defensa . Paris, 1625, in-i"
I Index codicum cabtlistorum Mss. quibu»
usus est J. Picus Mirandulanus . Paris .
1051. in^"; |Çu/r. num reti'
gionis dissidia. p< i '«"« prm-
cipia.perantiquo^' umonenta-
lium Uhros riluales . et pcr propria fut-
rcticorum dogmata conciliari possintT
in-k" , 16,15. On dit que le cardinal de Ki-
chelieu voulait l'eniployer à réunir les
GAG
304
GAG
protesUms a la religion catholique : ce fut
apparyinment pour ce sujet que Gaffarel
avait fait ce traité, où il y a quelques vues
singulières et beaucoup d'excellentes cho-
ses , propres à ramener les hérétiques qui
seraient dans la bonne foi , et qui réflé-
chiraient sérieusement sur leur séparation
d'avec l'ancienne église des chrétiens;
I Histoire universelle du monde souter-
rain, contenant la description des plus
beaux antres et des jHus rares grottes ,
voûtes, cavernes et spélonques de la terre.
II n'y a jamais eu que le prospectus de cet
ouvrage qui ait vu le jour ; et il est de-
venu rare. L'axifeur en aurait fait un mo-
nument de folie et dé savoir. Il voulait y
traiter les matières les plus singulières et
de la façon la plus ridicule. Entre ses mains
toulse métamorx)hosait en grottes. Gaffarel
possédait presque toutes les langues mor-
tes et vivantes. On ne peut lui refuser la
gloire de l'érudition, mais il aurait pu
charger un peumoins samémoire,et s'ap-
pliquer davantage à redresser son esprit,
trop porté au singulier et au bizarre.
GAGE ( TuoMis) , irlandais issu d'une
famille distinguée , fut envoyé en 1612 en
Espagne , pour étudier chez, les jésuites.
II était au monastère de Xérez, en Anda-
lousie , lorsqu'il fut envoyé en 162o mis-
sionnaire en Amérique. Il acquit de gran-
des richesses dans ses missions, apostasia
et se réfugia en Angleterre. Il publia en
1651 , en anglais , une Relation curieuse
des Indes Occidentales , que Colbert lit
traduire en français. Cette version, publiée
en 2 vol. in-12 , 1676 , eut autant de succès
à Paris, malgré plusieurs retranchemens,
que l'original en avait eu à Londres. Gage
était le premier étranger qui eût parlé
avec quelque étendue d'un pays dont les
Espagnols défendent l'entrée à toutes les
nations. Voilà ce qui donna du cours à ce
Voyage , qui d'ailleurs n'a pas un grand
mérite. L'affectation do l'auteur à débiter
de petits contes sur les moines, ses an-
ciens confrères ; ses mauvaises plaisante-
ries sur les cérémonies ecclésiastiques ;
la haine qu'il fait paraître contre les Es-
pagnols, ses bienfaiteurs, les inutilités
dans le style et dans les faits, tout cela
a indisposé les amis de la vérité et les gens
de goût contre l'auteur et contie le livre,
dont la version française est d'ailleurs fort
mal écrite. On l'attribue à Baiilet. Th.
Gage mourut en 16o5 à la Jamaï<[ue.
GAGES (JEAX-BoMVVENTL'nE DUMONT,
comte de), né le 27 décembre 1682 à Mons
en liainaut, embrassa le parti des armes,
s'attacha à la cause de Philippe V, et en-,
tra dans le régiment des gardes wallones.
Sa bravoure et son intelligence lui mé-
ritèrent un avancement rapide , et il servit
en qualité de lieutenant-général dans l'ex-
pédition de rile de Minorque.en 1740,
sous les ordres du comte de Glimes. Vers
la lin de septembre 1742 , ayant pris le
commandement de l'armée espagnole,
forte de 18,000 hommes , il s'avança vers
la Lombardie; et à la journée de Campo-
Santo, il enleva aux Autrichiens, quoique
bien supérieurs en nombre , 4 pièces de
canons, plusieurs drapeaux et étendards,
180 chariots de blé , et fit 400 prisonniers.
Celte campagne de 1743 et celle de 1744 ,
lui firent le plus grand honneur. Quoique
harcelé par des forces supérieurs , il sut
se maintenir dans ses positions , et lors-
qu'il eut reçu des renforts, prenant à son
tour l'offensive, il s'empara de Nocera,
Lodi, Alexandrie, etc., et força le prince
de Lichtenstein , commandant de l'armée
autrichienne, à se replier derrière la Sec-
chia, après s'être emparé de Milan le 19
décembre 1743. L'infant don Philippe ,
qui avait pris le commandement en chef
de l'armée, ayant repassé le Pô , de Gages
perdit le fruit de la victoire. Mais il no
montra jamais autant d'habileté que dans
la savante retraite qu'il exécuta apiès la
perle de la bataille de Campo-Freddo , et
surtout à la journée du 10 août, après le
passage du Tidon , où il repoussa le mar-
quis de Botta avec perte de 0,000 liommes.
Il avait reçu de Philippe V le collier do
la Toison-d'Or. Après la mort de ce prince
en 1746, le comte de Gages remit le com-
mandement de l'armée au marquis de laî
Minas , et revint à Madrid , où le roi Fer-
dinand lui conféra les commanderies de
Vittoria et de Pozuelo , la première, de
l'ordre de Saint-Jacques , la seconde , de
celui de Calatrava. En 1748 , on lui offrit
encore le commandement des armées es-
pagnoles en Italie , mais son grand âge et
ses infirmités le forcèrent à refuser. Nom-
mé alors gouverneur et capitaine général
de la Navarre , il s'occupa du bien de la
province , et fit tracer les belles routes qui
la traversent. Le comte de Gages mourut
à Pampelune le 51 janvier 1733. Le roi
Charles III lui fit élever en 1768, dans
l'église des capucins de cette ville , un su-
perbe monument pour lequel il composa
lui-même une épilaphc.
GAGLI.VUDI ( Paul ) , né à Brescia en
1695, fut chanoine de la cathédrale de cette
ville. Il s'app.'iqua avec ardeur à la ra-
CAO
cImi i rr ta- tout rc qui po.iv.ui vcrxirj'i
rhisloirc do sa patiio. Son t-rtrlilion le
iiMiilll (•«■"lèbriMlaiis loutcrilalic. Plusiciiis
vans le cilciU avec rloijc. t'I Fonlaiiiiii
sirait tju'il lioniiM une édition dos .!/<•-
i/»o/7r/i/rsri«///Ml Oiiavio Rossi. le croyant
jilus propre que personne à le faire avec
Fuc«ès. Paul <>;i(;liardi ujoiirul à Bresiia
«11 17 «'J. Il a laissé : | Oratiu pro advcntu
J.-F. liai-bodict mi episcojmfuin Brixta-
Ti/r j:rclcsi{e.\vn\se , 1715, in-ltJ ; | Pa-
trre intorno alltintico stafo (le ctnouiaui
rJ ai loro co/i/îni . Padoue, 17'i.'i, in-8". Cel
ouvrage a t'ié réiiupriuié dans les Memorie
tstorico-criticite intorno alCantico statn
lie' cenomani . deSaniluico, Brcscia , 17')0,
in-fol. I Los Or.nvrcs de saint Pliilastre et
de saint (iaudence, évoques de Brescia,
au 4* siècle, Brescia, 1758, in-V. 11 a
placé à la tète de l'édition la f-^ie des deux
saints évèques , et une Rt-futalion . faite
avec autant de force (jue de sajacilé . de
lu critique trop sévère que Diipin avait
faite do leurs écrits ; | Sancli Gaudenlii
sermoiwi . cnin opusnilis Rarnperli et
Aiielmanni lirixiœ episcoporv.m . avec
des notes . Padoue. 1710, in-4" ; | des Notes
remplies d'érudition sur la liste des évé-
(jues do Brescia. publiée dans Vltalia sa-
cra dl;;lu'lli. Ces notes ont été insérées
à la suite de la liste dans la dcuxièn>e
vdilion de l'ouvrafye.
• r. \r. I.l VIIDO ou GAGLIARDI
f Ar.un.i.E}, jésuite, né à Padoue en l.*)."57,
professa à 25 ans la morale et la philoso-
phie à Rome, la théolo^rie à Padoue et à
Milan, devint successivement directeur
des collées de Turin , de Milan , de Ve-
nise et de Brescia, et mounit à Mo<Kne
en 1007. Il laissa : | un catéchisme en
Ian<jue italienne . Milan , 1584 , xn-k" ; | île
Disiijjlina hominis intcrintis ; \ Coniprn-
(iitim christianœ prrfeclionis . contincns
praxitn nnientli animant cum Dco , tra-
duit en latin à Vienne, <G."»3; ( des Com-
mentaires sur les écrits de saint If/nare;
î Krf)lication de l'institut de la société de
Jésus; I des Méditations pour tous les
étals ; I Différentes manières île méditer
en récitant le rosaire.
•GAG.VA (GASPAno ), jésuite italien,
né en 1086, mort à Turin, directeur du
rolléj'c , en 175.0, a laissé : | Lettere il'Ku-
</rnio apoloyista ad un collega del P. I)a-
nirllo Concina sulle lUss/rtazioni délia
storia drl prol)alnlismo e del ritjorismo
del ptutre Saddefo . con un saggio ili av-
verhmenti sopra l'opéra niedcsima e con-
futaziwu ,yi\u'i3c, 1745, 3 vol. in-4*.
50 rj G\r,
GAr.MEfl ( h.w ;. nv a i'.uM, vfr«
l'an l<;70, d'abord calliolique. montra dans
la suite du penchant pour h-;i nouvelles
erreurs; atin de les ])rofcsser plus libre*
ment, il su retira en Angleterre, où U
acheva ses études à Ca,nl)rid(îc et à Oxford.
Il s'appliqua particulièrement à l'élude des
langues orientales , devint professeur «l'a-
rabe h Oxford, et y mourut le 2 mars 1740.
Il illustra la république des lettres par plu-
sieurs ouvrages pleins de ren«ar«pies sa-
vantes, accompagnées d'une crititiue ju-
dicieuse et éclairée. Les plus connus sont :
I f'i'e de Mahomet , traduite et compilée
du Coran, des traditions authentiques de
l.i Sonna, et do» meilleurs auteurs arabes,
Amsterdam, 1732, 2 vol. in-lij, réimpr,
en 1748, en 5 vol. in-12 , dans la même
ville; mais cette réimpression est peu es-
timée. On y voit une partie des imperti-
nences que le prophète conquérant don-
nait pour des inspirations divines. Cel
ouvrage est très propre à réfuter lapologie
que de prétendus pliilosoplies ont voulu
faire de cet imposteur. | Une traduction
latine de la Géographie d'Aboul-Féda .
Londres, 1752. avec l'arabe à coté , in-fol..
et avec les petits géographes, 1712, m-S";
I une autre , aussi latine , du livre hébreu
de Joseph lien-Gorion, Oxford, 170G, in-
4°, avec des notes très savantes; j f-'indi-
cite Kircheriana;. 0\foiii, 1718 , ii^fo!.;
I L'église romaine convaincue d idolâtrie
et d'anti-chrintianisnie ^ la Haye, 1700,
in-8".
GAGUIN ( Robert), 20* minisire géné-
ral de l'ordre de la rédemption des cap-
tifs, né à Collines petit bourg du diocèse
d'Arras, situé sur la Lys aux contins de
l'Artois , d'une famille assex obscure, se lit
icligicux, et entra dans un couvent de^
Malluu-in3, à Provins en Champagne. On
lui trouva des dispositions qui engagèrent
ses supérieurs à l'envoyer à Paii*. 11 lit
ses études dans runiveri>ité, et y prit bj
bonnet de docteur. Son mérite le lit par-
venir au généralal de son ordre. Une
grande connaiss;mce des houmies et une
prudence consouunée lui ar([uiient utiu
estime universelle. Il passait pour l'hom-
me de son siècle qui écrivait le mieux en
lutin , jugeuuiit qui a éprouvé des contra-
dictions. Il fut employé par \i:% rois Char-
les VIII et Louis Xll, dans plmieuri né-
gociations aussi imjMJrlnnlcs qu'epimu-
ses , en Italie , en Allema(ît»c . en Afi ;1. -
terre. Ces voyage» allcrèntit "vit.Tii'' i
interrompirent sesélud
de ics and)as5ade>, il rc
GAÎ 30
el ne put oblonir du roi un seul regard
pour le dédommager de ses maux et de ses
peines. « Voilà, dit-il , comme la cour ré-
» compense ! » Il mourut à Paris en 1501 ,
avec la réputation d'un homme sincère et
reconnaissant. Il n'abandonnait pas ses
amis dans la disgrâce. Il paraît , par ses
lettres , qu'il était un malade un peu in-
quiet, et qu'il redoutait l)eaucoup la mort.
Nous avons de lui plusieurs ouvrages en
vers et en prose. Les principaux sont :
I une Flistoire de France en latin, depuis
Pharcmioiid jusqu'à Vannée 1499, in-fol.
Lyon, lu2/i, traduite en mauvais français
en 1514 j par Desrey. Les auteurs des dif-
férentes Histoires de France se sont servis
de celle de Gaguin , non pas pour les pre-
miers temps de la monarchie , qiie l'histo-
rien a chargés de contes fabuleux, mais
pour les événemens dont il avait été té-
moin. I Chroniques et histoires faites et
comjmsées par l'archevêque Turpin , tra-
duites du latin en français , par ordre de
Charles VIII , 1527 , en lettres gothiques ,
in-4", ou Lyon, 1583, in-8", | des épitres
curieuses, des harangues et des poésies en
latin , 1498 , in-4° ; j une Histoire romaijie,
en 5 vol. in-folio, en gothique, recher-
chée par les bihliomanes,etc.; | \\n poèrtie
latin sur la Conception immaculée de la
Vici'ge ^ imprimé à Paris en 1497 : il y a
des épisodes et des expressions peu con-
venables ; mais qu'il ne faut pas juger ce-
pendant sur nos idées , ni sur la fausse
délicatesse de notre langue , qui , comme
l'on sait , est en raison directe de la cor-
ruj)tion des mœurs.
GAlCHiÉS ( Jean ) , né à Condom en
d647, prêtre de l'Oratoire, théologal de
Soissons et membre de l'académie de cette
ville, troubla son repos parson attachement
aux opinions de Jansénius ; il fut obligé
par son évèque Languet , de se démettre
de sa théologale, et vint se fixer à Paris,
où il mourut dans la maison des Pèrss de
l'Oratoire, rue Saint-Honoré , en 1731, à
83 ans et demi. L'abbé de Lavarde a pu-
blié le recueil de ses OEuvres en 1759 , in-
12. On y trouve 10 discours académiques
aussi élégans que judicieux ; et des Maxi-
uies sur le 7ninistère de la chaire. Cet
ouvrage ( attribué d'abord à Massillon qui
le désavoua ) est estimé, tant pour la so-
, lidiîé des préceptes, que pour les agré-
mens du style.
G.UGXKY ou GANAY ( Jea\ de), Ga-
ynœus, docteur de Sorbonne, né à Paris,
mort en 1549, fut chancelier de l'univer-
sité et premier aumônier du roi Fraji-
o GAI
çois I". On a de lui de savans Commen-
taires sur le nouveau Testament , oh ij
sens littéral est développé avec beaucoup
de justesse. On les trouve dans la BH/ha
magna du Père de La Haye, 5 vol. in-fo!.
* GAIL ( Jeax-B.vptisïe), professeur de
littérature grecque au collège de France,
conservateur des manuscriis grecs et la-
tins à la biJiliothèque royale, membre de
l'institut, de l'académie de Gœttingue el
d'un grand nombre de sociétés savantes,
un des hellénistes les plus connus et les
plus laborieux de ce siècle, naquit en 175G
à Paris, de parens sans fortune. H s'adonna
debonne heure à rinstructio.i. fut d'abord
répétiteur au collège dHarcourt où, selon
l'usage du temps, il portait le petit collet,
ce qui le fit appeler l'abbé Gail ^ quoi-
qu'il ne soit jamais entré dans les ordres.
Il s'était fait connaître depuis plus de dix
ans par des traductions el des éditions d'au-
teurs grecs, lorsque la proscription de Vau-
villiers le lit nommer professeur de groc
au collège de France en 1792 ; il n'accepla
cette place qu'^îu déclarant qu'il ne la re-
cevait que comme un dépôt etqu'il était
prêt à la rendre au savant exilé. Gail rem-
plit cette chaire avec distinction jusqu'à
sa mort. Indépendamment de ce cours, il
en faisait encore un gratuit de la même
langue, entièrement élémentaire, et il con-
tribua beaucoup à faire revivre l'étude
du grec à l'époque où tous les moyens
d'instruction avaient été anéantis. lia con-
tinué ce cours pendant 25 ans . et il a été
suppléé parson fils pendant les trois der-
nières années. C'est donc au zèle de ce
professeur qu'est due en France la conser-
vation de l'élude de la languegrecque, jus-
qu'au moment où elle a été rélablic da:i.s
nos écoles. Il répandit un grand nombr j
d'éditions de petits ouvrages grecs qu'il
accompagnait de notes très utiles aux éle-
vés. Chargé par le gouvernement de don-
ner une édition de Xénophon , il fit pa-
raître ce grand ouvrage avec une traduc-
tion française en 10 vol. in-4° : et pu-
blia à ses propres frais son- Thucydide en
() vol. ^1-4", collalionné sur 13 manuscrits
dont les variantes enrichissent cette édi-
tion. Ses traductions d'Anacréon et do
Théocrite, ses textes do Théocrite et d'Hé-
rodote, ses travaux sur la géographie (!e
cet historien , ses éditions de Musée , da
Lucien , des fabulistes , son Philologue ,
dont il publia successivement 22 volumes,
indicjuent assez quels furent sa constance
et son zèle- Gail composa pour les jeunes
gens luie grammaire grecque meilleure
G AT 507
que riMIos qu'on avait failcsavanllasifniic
(ii<»>is ne parlons pas «le celle de l'orl-
Hoy.il. qui n'est pas à la portée tlos coin-
uie içans, et qui a eu le mérite de préparer
colles qui ont été coiuposéca depuis). Gail
est mort à Paris au mois de février iS'iO.
» 7*» ans et demi. Il rerut de Ixjuis XVIII,
m ISH, la décoration delà légion dlion-
n-.-iir. et avait reyu la croix de St.-Wladi-
niir on I80'J de l'empereur de Russie à qui
il avait fait liommaije d'ua de ses ouvra-
i;es. Celte même nimée, il fut re<;u mem-
bre de l'institut. A la mari de M. Laporle-
Dulhoil, Gail fut nommé conservateur
lUs manuscrits ^recs et latins de la biblio-
llieque royale. Ou a de lui : | Grninuinirc
<jrfcque.\y édition , Paris. Delalaiu, 1818.
iu-S". La i)remière édiUon de celte yram-
uiaire avait été puliliéeen I7*.»'J. — Supplé-
ment à la grammaire grecque , ou Idio-
tismes de la Uinijnc grccqu.". suivie d'ob-
servations pdreasèes à M. Hcrinnnn ,
Paris, Delalain, 1812, in-8". M. Gail relève
dans ce sup\)lcment les contre-sens, les
solécismes et les barbarismes qui four-
millaient dans un ouvrajje qtii avait paru
antérieurejuciit sous le même litre. J-Z/tc-
yé de la grammaire grecque , Paris , le
même. 1813, in-12, réimprimé en I8U,
1820, 18'i2. I Introduction au cours grec
ou nouveau Choix de fables WKsopcdi-
visées en quatre parties, accomjiaynées
de notes grammatictles, où souvent l'on
compare entre elles les lan^j^cs ffrec<iue,
française et latine, et suivies | d'un Ile-
rueil de jnols français dérivés du grec,
et des fables d'Esope, imitées par Phèdre
et La Fontaine; \ d'un index des notes
les plus utiles, o^ édition, Paris, Delalain,
1812, 1822. in-12. | Cours de langue grec-
que ^ ou extraits de diffère ns auteurs,
avec traduction interlinéaire en latin et en
français. Paris, 17'J7, 2 vol. in-8"; | Dis-
sertation contenant les observations {'^ sur
le duel des Grecs ; 2" sur les seconds aoris-
tes et les secomis futurs, etc. Paris , De-
blain, ISI^t , in-12. Cette dissertation a
été imprimée aus'^i 111-8" , à 120 exem-
plaires; à la suite de ces derniers exem-
plaires l'auteur a joint lui autre de ses écrits
intilulé : J. It. Gail à M. Hast. \ Essai
iur l'effet, le sens, la valeur des désinen-
ces grecques , latines , françaises, et sur
divers points fie grammaire, 1808 , iu-8" ;
Essai sur les prépositions grecques ou
IS'ouvcau supplément à la grammaire
grecque. Paris, Gail neveu, 1821, 182S.
in-8". Ce vohuTïe fait aussi partie du 2'
volume de la Géographie d'Hérodote :
GAI
il a été reproduit dans le Phtloloque ,
dont il f.)rme \v. 8' v..Inuic. | IXccherche^
sur .IpolUm et sur divers jmints île i/ram-
maire. Paris, Delalain. 1814, in-»" de 3'J
Itajîes ; | OEuvres complètes de Xénophon.
traduites en français , 181/» ; ] Traite de ta
chasse de A'énophnn traduit en français ,
1801 ; I Réclamation contre la déeision
du jurg, et observations sur l'opinion en
vertu de laquelle le jurg institué par S. JA
l'empereur et roi propose d/; décerner
un pnx à M. Coray . à l'exclusion de la
Ciiassede Xénopbon, rf« Thucydide prer-.
Ialin-fran<;ais , et f/<?« Observations litl
raircssurTliéocriteetVirjfile, Paris. 181
in-'i"; I Réponse à la critique de sa tra-
duction du Trailé de la chasse de Xéfio-
plion, par E. Clavier, Paris, 1801. in-lS.
I Repos et'délassemsns ite J.-Ii. Gail.
après cinquante antiées de travau r , ojms-
cule accompagné de fac-similé. Paris, De-
lalain, Wurlz ; Buffart ; Gail neveu, 1827,
in-b". Cet opuscule, qui contient plusieurs
circonstances de la vie de l'auteur, <•-!
adressé aux habilans de Bourg en Bres< -,
et aux instituteurs de l'universilé de
France. Il est écrit avec modéralion, quot-
((ue sous l'influence d'un mécontentement
bien excusable après la perle d'un proct<.
! République de Sparte et <C.tthrnes. trad.
de Xénopiicn. 17'j:j. ( l'oyez XÉNOPHON. )
1 Observations hisloriqties et critiques s tr
le Traité de la Chasse de Xénophon . Par is,
1809, in-8"; | Histoire grecque de Thiuy-
dide, trad. du grec, 181/»; | Géographie
d'Hérodote prise dans les textes de l'a i
leur et appuyée sur un examen gramtn
tical et critique, avec Allas contenant ' .
géographie des trois grands historiens <
l'antiquité et les plans des batailles qa
ont décrites, et avec trois index , Par
imp. royale, cher. Truttel et NVurl/., IS-
2 vol. 10-8", cl Atlas, in-/»"; [ Idyll'js et c
très pièces de Théocrile , trad. tlu ;;ri
1792; I Idylles de fiion et de Moschus . t r
du grec, 1795; | Xotessur Isocrate et />
monique. dans lesquelles on a de fréqu 1
tes occasions de reuurquer le dan;»er <!
corrections arbitraires, Paris, le mém
1813, in-12; | Antholof/ie poétique grc
que, oit Extraits de différens auteurs av.
la traduction interlinéaire latine- f m \
çaisc avec des notes yrammntieales et crt-
tiques: première partie de l'AnlluiloQio
poétique et cinriuieme du aiurs f;r<< ; 'i*
vol. de la collection, in-8«. Pari», l>
an 9 ( 1801 }. i Observât ion t sur T
et I irgilf. Paris, Ch. Gail. neveu, m
I Odes tfjnacréon , Il ad. du ijrcc , 17J •
GAI
508
GAI
/ Phiîoctète , tragédie de Sophocle, trad.
du grec, 1815 ; | Examen du Phiîoctète
de La Harpe , rapproché du texte de So-
phocle, Paris, Delalaia, 1813, in-8"; | Re-
chei-ches sur les Pha?-aons de l'Egypte ,
les temples grecs, et le monument d'Osy-
rnandias, décrit par Diodore, avec exa-
men des opinions de divers savans , j)our
servir de suite à la Descript. de l'Egyple,
Paris, Gail neveu, 1823, in-8° avec plan-
ches, reproduit dans le 14*^ vol. du Philo-
logue ; I Tableaux chronologiques des
principaux faits de l'histoire ancienne
avant l'ère vulgaire, suivis d'un tableau
synoptique, etc., et d'un excursus où l'on
donne , d'après Hérodote. Thucydide et
Xénophon. la division de l'année et l'ex-
plication de diverses locutions chronologi-
ques , Paris , Gail neveu , 1822 , in-S"; | Ta-
bleaux chronologiques des principaux
faits de l'histoire depuis l'ère vulgaire.
Paris, le même, 1822, in-8". Ces deux vo-
lumes ont encore été reproduits dans le
Philologue : le premier en forme le t. 13,
et le second le commencement du tom, 6.
( Promenade des Tuileries ou Notice his-
torique et critique des monumens du jar-
din des Tuileries dans laquelle sont rele-
vées les erreurs commises dans les pré-
cédentes descriptions , suivie d'une notice
sur le Louvre et autres monumens, nou-
velle édition , avec estampes et spécimen
des écritures de Henri IV et de S. A. R.
I\I(jr. le duc de Berry, Paris, Gail neveu ,
1821, in-8". La première édition parut en
1798 sous le litre de Promenade savante
des Tuileries. La dernière édition fait
aussi partie du Philologue , et se trouve
dans le [f volume. | Le Philologue , ou
Recherches historiques, militaires , géo-
graphiques , grammaticales . lexicologi-
ques et philologiques , d'après Hérodote ;
Thucydide , Xénophon. Polybe, Strabon,
etc., pour servir à l'étude de l'histoire an-
cienne, Va.iis, Ch. Gail, 1814-1828, 22 vol.
in-S", dont im d'Jtlas de 107 planches
in-4°. Parmi les ouvrages dont Gail a été
l'éditeur, les ims sont destinés à l'Europe
savante et ont fondé sa réputation : les
autres ont été faits dans l'unique but
d'être utile , et pour être mis à la por-
tée des élèves. Ces nombreuses publi-
cations forment 34 volumes. Indépen-
damment de ces ouvrages, Gail a fourni
des articles au Mercure , des mémoires
aux 5* et 6^ vol. du Recueil de l'acadé-
mie des inscriptions , des notices aux
./n?iales des faits et des sciences mili-
taires.
* GAIL ( Sophie, née GARRE ) , épouse
du précédent , née à Meiun en 1776 , était
tille d'un habile chirurgien , auquel ses
services avaient mérité le cordon de Saint-
Michel. Elle montra de bonne heure d'heu-
reuses dispositions pour les arls et surtout
pour la musique : dès 1700 elle publia
dans des journaux de musique différens
morceaux qui furent accueillis avec fa-
veur. En 1794 elle épousa M. Gail qui était
alors professeur au collège de France ;
mais une fâcheuse incompatibilité de goûts
troubla le bonheur de cette union qu'une
séparation volontaire rompit au bout de
quelques années. Madame Gail devenue
lii)re , perfectionna encore son talent. Elle
voyagea dans le midi de la France, visita
l'Espagne , et reproduisit dans ses com-
positions plusieurs insj)irations emprun-
tées à la musique de ce pays. Au re-
tour de son voyage elle songea à travail-
ler pour le théâtre. Elle s'était déjà es-
sayée , en 1797, dans le genre dramatique
par la partition d'un opéra qu'elle avail
composé, et qui mérita les suffrages de
Méhul : cet opéra avait élé joué dans quel-
ques sociétés; mais elle n'avait point o>é
hasarder son talent devant le public. Son
début fut un chef-d'œuvre : peu à' opéras
ont été entendus avec autant d'enthou-
siasme que les Deux Jaloux qn'eWe donna
en 1813 au théâtre Feydeau. Quelque
temps après, madame Gail lit représenter
mademoiselle de Launay à la Bastille :
autre opéra dont l'intrigue assez triste est
tirée à.&s Mémoires de M""^de Staè'lqaïQix
est l'héroïne. Elle eut peu de succès, mais
la musique fit encore honneur à Madame
Gail. Son dernier opéra intitulé la Séré-
nade ne fit qu'auginetiter sa réputation.
Madame Gail a aussi publié trois Recueils
de 7iocturnes , et un grand nombre de
romances qui pourraient servir de modè-
les. Elle s'occupait d'opvrages plus éten-
dus que ceux qu'elle avait publiés jusque
là, lorsqu'une maladie aiguë de poitrine
vint l'enlever aux arts le 24 juillet 1817.
Peu de temps avant de mourir, elle eut
la satisfaction de voir son fils couroimé
par l'académie des inscriptions et belles-
lettres. Après sa mort on a donné d'elle
deux nouveaux Recueils de nocturnes et
un autre Recueil de romances.
GAILL ( A\DRÉ}, hubile jui isconsulte ,
né à Cologne l'an 152G, fut conseiller de
la chambre impériale à Spire, de la part
de l'électeur de Trêves, Jean de Leyen.
Maximilien II et Rodolphe H l'honorèrent
de plusieurs commissions imporlunles.
G AT
.•509
GAI
Son liabiletc dans la jurisprudence l'a
(ail nommer le Papinien de l' rlUftiiagne :
au wvoir, il joi|;nait un yrand léle pour
la conservation de la foi de se» pères. Il
niotnut, selon la plus commune opinion,
à Coloiîno le 11 décembre 1587. Nous
avons de lui : | Practicarum ohservalio-
mim /i7;ri rfuo, Amsterdatn, 1665. in-4°.
r.tsl la meilleure édition; il y en ad'aulres
q»ii sont enrichiesdc remarques par Bcrn-
lianlt Greveh , Everard Fabricius , et
Charles Othon Tyllius ; | Decisiones Cor-
vterce imperialis , avec Meisncr, Franc-
fort , 1603, 3 vol. in- fol.; [ I\'ovHm opus con-
ciliorum. Francfort. 1666, in-fol.; ] une
édition , avec des additions , d'I/ad/iani
Cilinanni supplicationes processuum Ca-
vierœ imperialis ^ Francfort, 1601, 2 vol.
in-folio.
GAILLARDDE LOJUMEAl! ( Jean ),
lâC à Ai\ le 22 mai 1654 d'une ancienne
maison de Provence, évèque d'Apt depuis
1673 jusqu'en 1695 , année de sa mort ,
forma le premier le projet d'un {jrand
dictionnaire historique universel , et en
confia l'exécution à Moréri son aumùnier.
Il fit faire, pour la construction de cet
édifice , depuis «i augmenté , des recher-
ches dans tous les pays , et surtout dans
la bibliothèque du 'Vatican. Moréri dédia
à son Mécène la première édition de son
Dictionnaire, entrepris en Provence, et
publié à Lyon en 167/(. Il lui donne des
éloges magnifiques; l'évéque d'.Apl les
méritait par sou amuur éclairé pour les
arts, et par ses vertus.
GAILLARD ( HoxoBÉ ), jésuite, né à Aix
en 1641, mort à Paris en 17ii7, exerça avec
beaucoup de succès le ministère de la pré-
dication, et fut aussi goiilé à la cour qu'à
la ville. Nous n'av(»ns de lui que quatre
oraisons funèbres imprimées séparément.
Elles prouvent un talent marqué pour
l'éloquence brillante et pathétique. Le père
Gaillard avait ras3en;b!é ses sermons
quelque temps avant sa mort; mais on
ne sait ce que ce précieux recueil est de-
venu. Ce jésuite joignit aux travaux de la
chaire, cc^x de la direction. C'est lui qui
convertit la fameuse Fanchun Moreau,
actrice de l'opéra, qui épousa depuis un
capitaine aux gardes.
• (lAILLARD { Gabriei.-Hexri ), litté-
rateur et historien français né à Ostel en
Pi(;trdiele26 mars 1726, étudia en droit,
et fut reçu avocat; mais il quitta bientôt
le barreau pour se livrer exclusivement
aux lettres. L'académie des inscriptions
l'admit au nombre de ses membres en
1750, et l'académie française, en 1771. V.n
1796 il entra à l'institul dans la classe
d'histoire et de littérature ancienne. Sur
la fin de ses jours il se relira à Saint-Fir-
min, près Chantilly, où il mourut le i
février 1806. On a de lui : | une Ilhélort
que française à l'usage des demoiselles,
Paris, 1743, ouvrage devenu classique qui
a obtenu un grand nombre d'éditions,
quoique ce soit une pr<Kluction osseï mé-
diocre : I Poétique française à l'usage des
dames, Var'ii, 1749 : | Parallèle des quatre
Electre ( tragédies), ibid. 1730; \ Mélan-
ges littéraires en prose et en vers. Paris ,
173(5, in-12 ; [ Histoire de Marie de Bour-
gogne.iAm nom d'auteur, Paris, 1737, in-
12 ; | Histoire de François /", 7 vol. in-
12, Paris, 1769, et 1819, 4 vol. in-8°. C'est
un de ses bons ouvrages; maison regrette
qu'il ait suivi le système adopté par Vol-
taire , qui consiste à traiter séparénuînt
chaque* partie de l'histoire ; systèii^e vi-
cieux, en ce qu'il détruit l'ensemble et
rompt la chaîne des événemens. Cel.'c uia-
nière d'écrire l'histoire est plus facile;
mais ce n'est pas celle desmaltrcade l'art.
Elle a été vivement critiquée. Néanmoins
l'auteur a continué de l'adopter dans l'ou-
vrage suivant : | Histoire de Charlenuignr.
Paris , 1782 , 4 vol. in-12, et 1819, i) vol.
in-8°; livre mal digéré, confus, rcnai»li
d'inexattitudes et des petites vues de la
philosophie du jour. On lui reproche en-
core d'y avoir inséré deux consiiléralions
assez diffuses, sur la première et la se-
conde races, qui font presque oublier le
principal sujet. | Histoire de la ri-^alité
de la France et de l' Angleterre. 1771-77.
7 vol. in-12 , et Paris , 1818, 6 vol. in-.s
_ Le plan en est défectueux , la marche lr<
lente; les citations quchiuefois agréabli-
mais souvent déplacées. C'est cependa -
son meilleur ouvrage. On y trouve d. -
détails intél-essans sur tout ce qui con-
cerne les deux nations. | Histoire de la ri-
valité de la France et *U rEspagnr """
8 vol. in-12. L'introduction qui i
cet ouvrage est généralement e-
mais celte histoire présenté à peupt'
les unîmes défauts qtie la précédenlf
l'autfur s'y montre généralement ""!%■.
impartial. Le style de «iaillard , du,. . ,
différentes histoires, surtout dan- <
dernière, manque de force ctdc r ^
les phrases sont Ionique* et sym'i;
cepciulant on y ' ' '
l'élégance; I Des '
de France de l ' ^ ' ' ' .
1806, 4 vul. in-li. Ce* ul>»«.(valuMW, t^u
GAI
10
GAÎ
l'auleur n'avait probablement faites que
pour lui , ne présentent presque que des
remarques grammaticales : celles qui lou-
lent sur des points d'histoire sont souvent
peu justes. ] Divers éloges et discours
oratoires, poèmes^ odes.épitres, discours
envers, etc.. qui ont remporté des prix
à lacadémie française et dans d'autres aca-
démies, recueillis en grande partie après
sa mort, sous le litre de Mélanges acadé-
miques, poétiques, littéraires, philologi-
ques, critiques et historiques. Paris, 1806,
k vol. in-8°; | plusieurs mémoires d'éru-
dition insérés dans le Recueil de l'acadé-
mie des inscîiptions et belles-lettres; pres-
que tous les articles d'histoire qui se trou-
vent dans l'Encyclopédie méthodique. Il
a travaillé au Journal des savans depuis
1752 jusqu'en 1792, et a fourni beaucoup
d'articles au 3Iercure de France depuis
1780 jusqu'en 1789.
GAILLARD. Voxjex FRÉGOSÉ ( Bap-
tiste.)
GAI.XAS, golh, devenu général romain
par sa valeur, et surtout par la faiblesse de
l'empire , qui n'avait alors aucun grand
homme à mettre à la tête des armées. Il
fit tuer Rulin , qui voulait s'emparer du
trône impérial. L'eunuque Eutrope , fa-
vori d'Arcadius après llufin, eut la même
ambition ; Gainas appela les Barbares
dans l'empire , et ne les cliassa qne lors-
qu'on lui QÛt remis l'indigne favori. Les
empereurs romains n'étaient plus ces
fiers el puissans monarques de l'univers
qui, au premier ordre , faisaient venir au
pied de leur tronc des rois du bout du
monde. Un particulier, un étranger, s'il
avait un peu de courage , les faisait trem-
bler. Gainas n'en continua pas moins de
ravager l'empire, après la mort d'Eulrope.
Il fallut que le lâche et faible Arcadius
vint le trouver à Chalcédoine, pour traiter
de la paix. Ils se la jurarent ; mais le gotli
n'ayant pu obtenir de saint Jean-Chry-
sostôme une église pour les ariens, il
tomba sur la Thrace, et mit tout à feu et
à sang. Flavita le repoussa jusqu'au-delà
du Danube où il fut tué par Ûldin, roi des
Huns l'an iOO. Sa tête fut portée à Arca-
dius, qui la fit promener par toutes les
rues de Constantinople.
• GAIN - MOATAIGIVVC ( Fratïçois
de ), né au château de Monlaignac en Li-
mousin le 6 janvier 1744, d'une famille
noble et ancienne, embrassa l'état ecclé-
siastique, el devint d'abord aumônier du
roi et grand-vicaire de Reims, puis évc-
que de Tarbes, le 20 octobre 1762. Lors-
que la révolution éclata, il fut du nombre
des prélats qui s'opposèrent avec le plus
de constance aux innovations. Remplacé
dans son diocèse pour avoir refusé le ser-
ment, il chercha vainement à ramener
celui qui devait lui succéder à des idées
orthodoxes , et continua toutefois d'exer-
cer son ministère jusqu'à l'époque de la
terreur. Il se retira dans la vallée d'Aran
en Espagne , à une journée de Tarbes, et
laissa en partant une ordonnance et des
instructions sur le schisme. Il se rendit
ensuite au monastère des bénédictins de
Notre-Dame de Mont-Serrat en Catalogne,
où il resta 5 ans , et d'où il ne cessa de
correspondre avec la partie fidèle de son
clergé et de son troupeau qu'il soutenait
par ses sages conseils. Il passa de là en
Italie , en Portugal , et chaque fois qu'il
changeait de résidence il avait soin d'en
prévenir son clergé , ailn de maintenir
les communications nécessaires avec son
diocèse. Lorsque Pie VII demanda la dé-
mission aux évêques de France, il donna
la sienne et la motiva; mais la maniera
dont le concordat fut exécuté l'affligea
beaucoup, et il signa les réclamations qui
furent envoyées au pape en 1803. Il mou-
rut à Londres, en 1806. Dans ses nom-
breux écrits il montra beaucoup de zèle
pour les intérêts du roi; et en même temps
beaucoup d'opposition à des concessions
que des évêques et des ecclésiiastiqut'S
restés en France crurent devoir accor-
dt;r, et qui sans doute leur parurent né-
cessaires dans la situation des affaires de
l'Eglise.
• G AIIVSBOnOUGn ( Thomas ) , pein-
tre anglais , naquit en 1727 à Sudbury
dans le comté de Suffolk, de parens sans
fortune. Des l'âge de 10 ans il crayonnait
tous les objets qui frappaient sa vue. A 15,
il se rendit à Londres, guidé par le désir
d'aider plus tard sa famille et de travailler
à l'élude de la peinture : il reçut des le-
çons du peintre Gravelot , et travailla
ensuite seul. Il excellait dans le portrait
et dans le paysage, et mourut à Londres,
le 2 août 1788. Ses paysages se font re-
marquer par la simplicité des sujets, par
le naturel avec leqtiel sont rendus les si-
tes et les objets qu'il y a rassemblés, par
la vigueur du coloris et la juste distri-
bution de la lumière. On cite surtout son
petit berger, la fdle qui garde les cochons^
le combat des petits g arçons et des chiens,
le bûcheron surpris par l'orage. Ce der-
nier tableau passe i>our son chef d'œuvre.
• Sa manière rappelle celle des Walcau»
GAL 5
des Wlnâns et des Tcniors. Prtnni ses
portraits, ou disliiiRuo ceux do prcsqui-
toiH les membres do lu faiiullo royale
d'An(jlelcrk'o , du inusirioii Abel. et do
Lokaiii lo comcdien. llsaisi<sul av«'cuiu'
grande facilité lu rcsscuibianco la plus
parfaite; repi-ndimt il échoua contrôla
physionomie niobilo de (;»»rrick et relie
du comédien Koole • Ces hommcs-là. di-
» sait-il. ont la li(',urc de tout le niunde,
» excepté la leur. »
(i.VlOT ( Marc-/V\toixe ) , natif d'An-
::i»nay. diocèse de Lyon, professeur d'hé-
breu à Rome, publia eu cette vilh', en
16.^7. in-8", \cs, jphnrismcsii' llippocràtc.
en trois langues, à trois colonnes, savoir:
le texte grec ; une version latine, où il
prétend avoir été plus exact que Foès , el
une traduction hébraïque, faite par des
rabbins.
(iVITTK ( CninLEs), docteur de Sor-
bonnc et chanoine de Lui;on, publia en
4678 in-V, un traité tlu'oloyique en latin
Siu l'usure, qui parut sévère aux casuis-
les reilàcbcs. Il est intitulé : De tisura el
fenore.
i; \J VDO. l'oyez CAJ\DO ( He\ri ).
(>AL ou GALL ( saint ) , Gallus . natif
d'Irlande et disciple de saint Colomban,
fonda en Suisse le célèbre monastère de
Saint-Gai. dont il fut le premier abbé en
Gl'». Il mourut vers CiG. < Les courajjcux
» missionnaires rdit le protestant.auteur du
» Dict. géo(j..hist. et polit, de la Suisse),
• chez des usurpateurs barban-s , chez
» des peuples abrutis par de lon;;ues dé-
» solutions et par resclava{je. tirent succé-
» dcr à des superstitions absurdes, sou-
» vent atroces , des do{îmes de bienfai-
> s^mcc et d'Iiumilité , les craintes et les
9 consolations d nue vie à venir. • On a de
saint Gai quelques ouvra{;es peu connus.
— Il ne faut pas le confondre avec saint
GAL. évèqucde Clermont, mort versii.'ii.
GAL \DI\ ( Mauomëc ) , empereur du
Mojol. dans lo IG' siècle, s'illustra par
ses belles qualités. H possédait l'art de ré-
gner. Ses sujets pouvaient avoir audience
deux fois par jour ; et a lin (pie les per-
sonnes de basse condilioii ne fussent pas
poussées par sc-s (jardes , il lit mettre
ic clochette à stm palais, dont la corde
f pondait .i la rue. Dés qu'il entendait
K son de la cloche, il descendait , ou il
f lisait monter celui quiavait des deman-
s ou des plaintes à lui faire. Il mourut
1 IGO"). On prétend qu'il se serait fait
chrétien, si la pluralité des femmes ne
)*avftit retenu dans le mahométbmc.
Il GAL
r, VrVNTICS, roi de* anciens Celle» ,
succéda n sa mère (f.ilulhea. Après avoir
Kubju,;ué plusiiMirs peuples, il leur donna
lo nom de Gafutrs . et uppella (ialatie le
pays qui fut d puis iioimné (Maffia ( la
(iaule J. Leurs descendants s'c lentlirent
jus(pm d ui3 la Grèce et dans l'Asic-Ali-
neuro.o:! ils transportèrent le nom il«
Galales.
* (.\L\\Ti ( Josr.PH-M%miB). mé en
I7i3 à Can>i>o-Basso dans l'ancien Satt^
niuin. étudia la juris|)niileui-o à l'univer-
sité do Naples; mais il négligea bientôt
la carrière du barreau, et en 177i il pu-
blia Vclogp (le Gcnovesi i\oi\i il était l'é-
lu»'e ; il fonda ensuite une imprimerie, et
donna une nouvelle édition des OKuvres
lie Machiavel , qui fut supprimée avant
d'avoir i)aru. Balanti publia bientôt uno
description détaillée du comté de Molise,
1780. 2 vol. in-8" : lo gouvernement du
Naples le chargea do faire un travail sem-
blable ou une statistique générale de ce
royaume. Au milieu de ses description»
du pays.Galanti plaça des considérations
étrangères à son sujet; il fit connaître des
abus vrais ou faux, et en demanda la ré-
forme : on l'engagea à ne pcjint continuer
l'ouvrage, et , pour le dédommager de
ses peines , on lui accorda une place dans
la magistrature. A l'époque de l'organisa-
tion do la ré])ubli(pio napolitaine, Ga-
lanti fut nouuné représentant ; il fut
exposé à do grands dangers , lorsque la
gouvernement royal fut rétabli , et vécut
caché et proscrit jusqu'au retour des
armées françaises. Il venait d'être nom-
mé bibliothécaire du conseil d'état avec
le rang de conseiller, lorsqu'il mourut
à Naples le G octobre I80G. Ses ouvrages
sont: I Elogio di Gcnovesi. Naples, 1771,
in-S"; I Descrizione liel contado di Mo'
lise; 1780, 2 vol. in-S"; \ FAogio sto-
rico diMacchiavelli. Naples , 1779, in-8";
1 Saggio stdla storia di primi abita'
tori d Italia. ibid. 178'>, in-S" ; | Osser^
vazioni intorno aromanzi,c\c. Ibid. 1781,
in-I2 ; | Bello spirito générale délia re-
iigione cristiana. ibid. 1788, in-12; | Dclla
descrizione storicageograficadcli Italia.
ibid. 1782-91, 2 vol. in-8", ouvrage incom-
plet; I Descrizione geografica e poiitica
de lie Sic t lie. ibid., 178G, 4 ^ol. in-8".
trad. en fran»;ais, en allemand et en an-
glais; I Napolie suocotUomo. ibid. 1791,
ia-S" ; I Testanwnto /"orense . Veuise.<806i,
2 vol. in-8". Tous ces ouvrages sont écrits
en italien.
GALA.M'S ( CuiMt%r ), né à Sorrunto,
GAL 312
tlans le royauma de Naplos, tliéaliu , mis-
sionnaire en Arménie pendant 12 ans,
publia à son retour à Rome , de 4630 à
4661 , deux gros volumes in-fol. en latin
et en arménien , sous ce titre : Concilia-
lions de l'église arménienne avec l'église
romaine ^ sur les témoignages des Pères
et des docteurs arméniens. L'auleur re-
marque dans sa préface, qu'il a commencé
par «apporter les histoires des Arméniens
avant de disputer contre eux , parce que
tous les schismatiques orientaux ne veu-
lent que sous ce point de vue parler de
la relijîion avec les Occidentaux; quand
ils sont convaincus , ils répondent « qu'ils
» suivent la foi de leurs pères, et que fts
» latins sont des dialecticiens qui, ayant
» l'esprit subtil, peuvent prouver, comme
» des vérités , les plus grandes faussetés
»du monde. » Cette réponse prouve assc7,
que c'est l'ignorance et l'entêtement qui
entretiennent le schisme fatal qui divise
l'église grecque d'avec la latine. Du reste,
la méthode de Galanus est excellente :
l'histoire de la religion suffit pour faire
connaître la véritable, pour montrer la
nouveauté et l'inconséquence des sectes.
Il enseigna à Rome la théologie aux Ar-
méniens en leur propre langue. On doit
encore à Galanus une grammaire armé-
nienne qui a pour titre : Grammalicœ et
logicce institutiones linguœ litteralis arme-
nicœ, addito vocabulari armeno -latino
dictionum scolasticarum, 1645, in-/i.°.
GAL./VS ou plutôt GALLAS(Mathias ),
général des armées impériales > né dans
la comté de Trente, fit à Maëstrieht son
cours d'humanités en 1589, et fut d'a-
bord placé en qualité de page auprès
du haron de Beaufremont, chambellan
du duc de Lorraine. II se signala tel-
lement en Italie et en Allemagne , sous
le célèbre Tilli , qu'après sa mort il fut
mis à la tète des armées de l'empereur
Ferdinand II. Galas rendit des services
importans à l'empire, ainsi qu'au roi d'Es-
pagne Philippe IV. Il voulut même s'em-
parer de la Bourgogne en 1656 ; mais il
fut repoussé à Saint- Jcan-de-Lône , ob-
ligé d'en lever le siège et de retourner en
Allemagne. Il réussit mieux contre les
Suédois ; cependant son armée ayant dé-
péri près de Magdehourg par les habiles
manœuvres de Torstenson , il fut disgra-
cié de l'empereur. Quelque temps après
on lui rendit le commandement des trou-
pes; mais il n'en jouit pas long-temps,
étant mort à Vienne en Autriclie en I6/i.7,
à 53 ans, avec h répulalio;i d'un des plus
GAL
grands généraux de son temps. Son père
était né à Trente , ce qui a donné lieu à
l'erreur de quelques historiens qui ont
fait naître Blalhias Galas dans cette ville.
On p.'^ut consulter le Père Engelflus dans
la préface de l'ouvrage intitulé ; Virtutis
et honoris œdes.
GALVTÈE ou GALATÉO ( Antoine ),
né à Galatina , village d'Italie qui lui
donna son nom, s'appelait originairement
Ferrari. Il s'illustra dans le 15* siècle,
comme pliilosophe , médecin, poète et
géographe. Nous avons de lui : | una
excellente Description de la lapygie, 1624,
in-i" ; une autre de Gallipoli ; \ des vers
latins et italiens ; | V Eloge de la goutte,
qu'il composa pour charmer les douleurs
de cette cruelle maladie ; | Succesi dell
armata Turchesca délia citta d'Olranto
deir anno 1480, in-4°, 1612. Il avait ac-
compagné le fils du roi de Naples à cette
expédition. | Vite de letterati Salentini.
Il mourut en 1517, âgé de 73 ans.
GALATIIN ( Pierre ), juif italien, se
convertit et se lit franciscain. Il devint
ensuite docteur en théologie et péniten-
cier apostolique. Il était savant dans les
langues , et se fit un nom par son traité
De Arcanis catholicce veritatis . contre
les juifs. Il y aeu plusieurs éditions de cet
ouvrage , qui , sans être parfait, renferme
des choses utiles et curieuses. La meil-
leure est celle de Francfort 1612, in-folio.
Galatin vivait encore en 1552. L'auteur
s'est beaucoup servi de l'ouvrage de Por-
cheti, qui lui-même avait profité de celui
de Raimond- Martin, selon son propre
aveu.
GALAUP DE Cil ASTEUIL, (Fran-
çois de ) , né à Aix , d'une famille noble ,
en 1586, ami du célèbre Peiresc, avait
beaucoup de goût pour les langues orien-
tales, et alla les cultiver dans le pays
même. Il se retira en 1631 sur le mont
Liban , où il partagea son temps entre
l'élude et la prière. Les courses des Turcs
troublèrent souvent le repos de sa soli-
tude : mais sa vertu faisait impression
sur l'esprit même des Barbares. Il était
si parfaitement connu de tous les maro-
nites, qu'après la mort de leur patriar-
che, ils voulurent le revêtir de cette di-
gnité. Le saint solitaire la refusa, et mourut
peu de temps après , eu 1644, dans un mo-
nastère de carmes-déchaussés. On peut
consulter sa Vie , in-12 , écrite par Mar-
cheli, prêtre de Marseille, ou celle com-
posée par Gaspard Augeri oui a pour
titre le Solitaire provençal du mont Li-
CAL 5
!an , Aix, 1671, ln-12.— Il y a eu encore
lie la mt^inc faïuillu. Fi\a\çois cl Pieiire
<iALAUP, neveux du i»rocédent. Le pre-
mier, préci"|)li'ur ilu lils du «!uc de Sa-
voie, uiori à ViMi-oil vu |{)7'i, à 5t2 ans , cul-
ii\ait la p()t>>io, la pliilusuphie et la liltc-
lature. Il s'ilail mis daltord au service
lie I-asraris , grand-uiaitre de Malle . puis
t crlui du nraïul Coudé, qui le lil cupi-
^liIle do SCS {>ir<li's. Ce prince étant sorti
.11» France. Galaup se relira à Toulon,
ou il arma un vaisseau de (juerre, suus la
bannière de Malle. Après s'être sitjnalé ,
jifudanl plusieurs années, il fut pris par
drs Algériens, el mis en esclavage. Il en
5i)rlil au bout de 2 ans, et passa au ser-
vice du duc de Savoie, qui, pour récom-
penser son mérite, le (jratilia d'une pen-
sion de 2.000 livres. Il avait traduit les
prlils Prophètes , et mis en vers français
quelques livios de la Thcbaïds de Stace.
Le second, mort en 17S7, à 8/t ans, fai-
sait joliment des vers provençaux , et
était lie avec Kuretière, La Fontaine,
lîoilcau el M"*^ Scudéri. 11 a laissé une
KrpUcalion,ïn-io\., drs arcs de triom-
phe dressés à Aix pour l'arrivée des ducs
de Bour{;Ojne cl de Berry.
(i.VLB.V ( SKP.viLS-StLPirics ), empe-
reur romain, de la famille des Sulpices,
ficonde en prands hommes, naquit dans
une petite ville d'Italie, près de Terra-
rine, le 2''* décembre, la 'o^ année avant
1 ère conmnine. Il exerça avec lioimeur
la charge de préleur à Rome , puis celles
de gouverneur d'Aquitaine, de général des
années dans la Germanie , et ensuite dans
l'Espajne Tarragonaise. Dans le temps
(ju'il était en Afrique, il rendit un juge-
ment resnarquable. Deux citoyens se dis-
putant la possession d'un cheval , sur le-
t:uel les témoins ne s'accordaient point ;
(^alba ordonna que l'animal serait conduit
les yeux landé.s à son abreuvoir ordi-
naire, qu'tnsuite on lui ôterait son ban-
deau, el qu'il apparliendrail à celui de
bi'S deux maîtres chez, (jui il se rendrait
lie lui-même. Au milieu de ses emplois,
il se livra h la solitude, pour ne point
donner prises aux soupçons inquiets de
Néron. Il ne put les éviter. Ayant désap-
prouvé les vexations cruelles que les in-
ti ndans exe rçairnl dans toutes les pro-
\ inces de l'einjare, Néron envoya ordre
dr le (aire mourir. Galba évita le sup-
j.iice , eu se faisant proclamer empereur.
Toute la Gaule le reconnut. Néron fut
force de se donner la mort , l'an G8 de
J.-C. Quoique moins affermi sur le trùnc
15 GAL
qu'aucun de ses pré(l<cc9»eurs , Galba ne
prit aucune précaution pour sa îulrcté.
Il se livra au contraire û trni* liommr^
obscurs , que les Romains ;ii ,
pédtujoffurs . Le pif m i t T f a \ 1
nius liulinus, autrefois sni> !• u
Kspagne , et d'une insatiabk: uvarire. l o
jour étant à la table de l'empereur Claude,
il vola une coupe d'or. Claude qui en fut
informé le lil inviter encore le lendemain ,
et le lit servir seul en vaisselle de terre.
Le deuxième favori était Cornélius Laco ,
capitaine de ses gardes, que son orgueil
rendait insupportable à tout le monde :
mais extrénjcment lâche et paresseux .
ayant autant d'ignorance que de pré-
somption. Lp troisième était Marcianns
Icélus, le premier de tous li'.s affrancliis
de Galba, et qui ne prétendait pas m<;i. >
qu'à la première dignité dans Tordre <l-
chevaliers. Ces îrois favoris le gouvei
nant tour à tour avec des vices différen
le llrcnt passer continuellement d'u-;
vice à un autre. A la vérité , il rappela 1-
exilés du règne précédent; mais l'avarie
rcmpêcha d'achever son ouvrage : il ou
blia la restitution des Liens , et au lieu d
réparer les crimes de Néron , il s'en reti
dit le complice. Les soldats n'eurent pa .
moins à s'en jdaindre que les citoyens.
Les troupes de la m.irine lui ayant de
mandé le titre de léfponnaire.^, que Néron
leur avait accordé, il lit fondre sur elle>
ses cavaliers, qui en massacrèrent uik
grande partie. Galba, aspirant au trône .
avait promis de grandes sounnes aux pré-
toriens ; il les refusa dès qu'il y fut monté.
« Un empereur, leurdil-il fièrement , doit
» choisir ses soldats, el non les acheter. »
Cette réponse irrita ses troupes ; elles pro-
clamèrent Othon et assassinèrent Galba,
l'an 6î) de .J.-C. Cet empereur fut dans l'em-
pire ce que Sylla avait été dans la républi-
que ; l'un donna le premier excnqilv. de la
tyrannie , l'autre de la révolte. Il dévoila ,
dit Tacite, un secret funeste aux Romains ,
et funeste à lui-même , en leur apprenant
qu'un empereur pouvait être élu hors dv*
Rome : Kvuhjato impe.rii arcano , poisf
priiicipcm alibi quàni Ronur fieri [ T.i«-
Hist., 1. 1 }. Galba fut grand , tant .]r
régna pas, mais ses vertus devinr^
défauts, lorsqu'il fut emi^-rcur. 11 ..
pas s'élever avec la fortune , et garda ion -
jours le caractère d'un parlicolier . uu V.
outra celui de roi. Il avait 75on$ loriqu :-
fut tué.
'GALDI ( Mattko), ne ^w I7f6 h Co-
pcrchia prèsdeSoIcinc dans le rttpmm;
GAL 5
de Naplcs, embrassa au sorlir de ses éludes
la canicre du barreau, et allait se livrer
à la plaidoierie , lorsque les principes ré-
volulioimaires qu'il avait adoptés le for-
cèrent de s'expatrier. Il se réi'ujjiaen Fran-
ce, et s'enrôla dans Tarmée qu'on organi-
sait, pour francbir les Alpes. Attaché à
l'état-major , il arriva bientôt avec les
troupes françaises à Milan , où il échangea
son grade de capitaine contre une place
de professeur : doué du talent de l'impro-
visation, il prit une part très active aux
affaires d'Italie , soit en haranguant le
peuple, soit en distribuant ses écrits po-
litiques. Le gouvernement républicain de
Kaples l'envoya coiTime agent de relations
commerciales près de la république ba-
tave. IVlurat le nomma ])îiis tard intendant
d'une province, puis directeur de l'in-
slruclion publique du royaume de Naples.
A la chu te de ce prince, Gakii sa relira ; dé-
puté eu 1820, à l'assemblée qui fut tenue
alors par les constitutionnels, il fut élu pré-
sident du parlement napolitain, et reçut en
cette qualité le serment du roi Ferdinand,
Galdi est mort en novembre 1821. Ses
principaux ouvrages, écrits en italien,
sont : ] Considérations sur la féodalité;
I Nécessité d'établir une république en
Italie , 1796 ; | Obse^oations sur la répu-
blique helvétique . 1797; | Vicissitudes du
théâtre italien ; \ Discours sur les rap-
ports 2>olitiques et économiques de l'Ita-
lie avec la France et V lî:urope ^ il^il ;
I une Statistique de la Hollande; | Pen-
sées sur l'instruction publique ^ J^aiAes.
•1819. Il a dotmé à l'acadéniic royale de
Naples, dont il était membre, plusieurs
mémoires snr des matières de législation
et d'économie politique. La poésie ne lui
était pas étrangère, et on a de lui quelques
pièces de vers.
GALDI.\ ( saint ), né à Milan, de l'il-
lustre maison de la Scala, célèbre dans
l'histoire d'Italie , s'attacha de bonne
heure au service des autels , après s'y être
préparé par l'étude de l'Ecriture sainte ,
j)ar une grande innocence de mœurs , et
jjar la pratique de toutes les vertus chré-
tiennes. Il devint sucessivement archi-
tliacre et chancelier de l'église de Milan.
Les archevêques Ribald et Hubert se dé-
« hargèrent sur lui d'une partie de l'admi-
nistration du diocèse, qui était alors rem-
pli de troubles et de confusion. Ce fut
dans ce temps que l'empereur Barberousse
se mit en marche contre la ville de Milan,
qui prétendait avoir le droit exclusif de
choisir ses magistrats, et qu'il attaqua
14 G. IL
avec une nombreuse armée, cl la força
de se rendre à discrétion après un sié/je
de dix mois. Ce prince porta la vengeance
aux derniers excès. La ville fut détruite ,
et les habitans eurent à peine la vie sauve.
roijez FRÉDÉRIC { Barbe rousse). Hu-
bert, archevêque de Bliian, étant nioit
en 1166, Galdin , quoique absent, fut éiu
pour lui succéder. Le pape le sacra lui-
même , le fit cardinal et le nomma légat
du saint Siège. Galdin remplit avec exac-
titude tous les devoirs d'un digne pas-
teur. Il annonçait assidûment la parole
de Dieu ; soulageait les malheureux avec
une bonté paternelle , et prévenait mémo
leurs besoins; rétablit la discipline qui
avait beaucoup souffert, étouffa toutes
les semences de division, et s'occupa
surtout à détruire les erreurs des catha-
res, espèce de manichéens qui avaient
profité des troubles occasionés par la
guerre , pour s'introduire en Lombard ie.
Il mourut au milieu de son clergé et de
son peuple, le 18 avril 1176, après avoir
fait, malgré sa faiblesse , un long sermon
qu'il débita avec beaucoup de feu. Sa
mort fut généralement pleurée. Sasain
tetc éclata par plusieurs miracles. Il est
honoré dans les anciens bréviaires de Mi-
lan , et est nommé le 18 avril dans le
Martyrologe romain. ( Voyez ses deux
vies ,\\\nG et l'autre autiientiques avec
les notes du Père Henschenius, avril ,
tom. 2, p. 593.)
GALK ( Thomas ) , né à Scruton, dans
le duclié d'Yorck en 1656, fut successivu-
mont directeur de l'école de Saint-Paul .
membre de la société royale de Londres,
et enfin doyen d'York en 1697. Ses ou-
vrages décèlent une profondeur d'érudi-
tion étonnante. Les principaux sont : | JJii-
toriœ poeticœ antiqui scriplorcs ^ Viùvis ,
1675, in-S", Oxford, 1676, in-8". Ce sont h'S
anciens écrivains de la mythologie , ac-
compagnés de savantes notes, elprécéilés
d'un discours préliminaire non moins sa-
vant. I Jamblicus de mijsteriis JEgypiio-
rurn , etc.^ Oxford , in-fol. 1678 , en git^c
et en latin, avec des éclaircissemens (jui
renfermentun fonds d'éruditionimmense;
\IIistoriœ Britannicce j Saxoniœ et ylmjlo-
Danicœ scriptores quindecim , Oxford ,
1687 et 1691, 2 vol. in-folio, avec une
préface qui fait sentir le mérite de cette
compilation, et une table des matières fort
ample; | Rhetores sélectif Oxford, 1676,
in-8°, d'un mérite égal aux précédens;
I Opuscula mythologica,ethica et phy-
sica, en grec et en latin , Cambridge,
GAL
Si»
GVL
lf(l7, inS", ou Amslcrdaiij , 1688. Il inou-
rul le 8 avril 1702, que l'on comptait aUirs
ni AimlclLTrc 1701. On lui attribue eii-
a>re Jntnnitti itrr Hn'tanniaruni . 1709 .
iii-l", avt'c des notes ; mais c'est son (ils
lîojor (|ui a publié cet ouvrage. Le nirme
a traduit m Au|;lais la science des .!/«'-
..'cilles lie Jol^eti . 1715. in-8", et donné
lies explications de médailles et d'insrrij)-
'.l.ins dans différens recueils. — Un autre
(!e ses tiU, SamlelGALE, no à Londres
*'n 166^, luorl en {Tôk, adonné au pu-
blic l'Histoire de la cathédrale d York .
in-folio.
G VLKANO ( Josicrn ) , savant médecin
de Pulerme né vers 1G03 , pratiqua son
art avec beaucoup de succès; et en déve-
loppa les principes avec d'autant phis de
sagacité, qu'il l'avait exerce pendant 50
ans. Son génie s'étendait à tout , belles-
lettres, poésie, théolojjie, mathématiques ;
mais il ne lit qu'eflleurer ces différens
genres, pour approfondir davantage la
médecine. On a de lui plusieurs ou\ rages
en italien. Les jjUis coiuuis sont : ] Mctlw-
do di conservar la sunita , è di curare
ogni morbo col solo itso deW acqua vita ,
en lGt22, in-i° ; ] // café con piu diliyenza
esaminato. 1674, in-Zi". On en a aussi en la-
tin, parmi lesquels on distingue | son Jlijr-
jjocratcs redivivus . paraphrasihus illus-
tralits. en IGjO, IGîijcI 1701. et 1 sa Politica
medicn pro leproiis.On lui doit encore un
Jîecueil des petites pièces des écrivains les
plus célèbres qui ont cultivé les muses
siciliennes, en li vol. Galéuno mourut en
iG7o, regretté de sa patrie dont il était
l'oracle. Les pauvres perdirent en lui un
bienfaiteur ingénieux. Il était consulté
de toutes les parties de l'Europe.
GALÉAS. roijcz VLSCO.NTL
GALE\ ( MATTfuuu ). né à "VVcstcapel
en Zélandc, vers l'an 1528, enseigna la
théologie avec réputation à DilUngen ,
puis à Douai, devint chancelier de l'uni-
versilé de cette ville, y lit llenrir les
sciences , cl mourut en 107.'). On a de lui :
I Commentarium de christiano et catho-
lico sacerdotio . Dillingen, 15G5, in-4°;
\ De orif/inibufi uwtiusticis ; \ De miisœ
sacrifîcio; \ De sœculi nostri choreis. et
d'autres écrilâ pleins d'érudition, quel-
quefois dépourvus de critique, mais rem-
plis d'une sage morale.
GALEX ( Jeax van-) «capitaine fameux
Il service des Provinces-Unies des Pays-
!'.as. Né vers 1600, à Esscn dans la Wcsi-
• ■'■■•, iVxine lionne famille, mais pauvre,
:tc:iça par cire malciel. Ses pro- '
grès furent si rapide» que , dès l'àgc de 26
ans , il fut capitaine de vaisseau. Il se si-
gjiala contre le» Frawvi'i"», les Anglais, Ict
Maures et les Turcs. Ko 1G52 il XAm^un,
avfc quelques vaisseaux des états <!.• Ho!-
lamle, six vaisseaux anglais, enfermes
dans le poil de Livourne. D'autres vais
seaux étant venus à leur secours, il y eut
un conjbat dans leciuel van Galen fi;'
blessé à la jambe. On voulut l'engager
se retirer, nuiis il répondit : C'est mourir
ylorieusement . que de perdre la vie
au tnilieu de la victoire que l'on reni>.
porte pour sa patrie. Il fallut lui cou-
per la jambe, et il mourut neuf jours
après à Livourne l'an 1G55. Son corps fut
transporté à Amsterdam; les états lui
firent ériger m» monument superbe, qu'où
voit dans l'église neuve d'Amsterdam.
GALCN ( CnnisTofiiE-BEH\ARD ).
prince-é vé(iue de Munster , d'une des plus
anciennes familles de Wcstphalie, naquit
vers 1G07 , et porta d'abord les armes. Il
les quitta pour un canonirat de Munster,
mais sans i)erdre le goût de son premier
état. Elu évéque de celle ville, et ne pou-
vant la soumettre à son autorité, il l'as-
siégea en IGGI, la prit et la conserva en
faisant bâtir une forte citad- lie. En 1664
il fut choisi pour être un de» directeurs
de l'armée de l'empire , contre les Turr«.
en Hongrie. Il n'eut pas le temps d'y si
gnaler son courage , la paix ayant été con
due d'abord après son arrivée. L'annd
suivante il endossa encore la cuirasse pou i
les Anglais contre les Hollandais, et rem-
porta sur eux divers avantages. La paix
se lit en 16GG, par la médiation de Loui>
XIV; mais la guerre recounnença en 1G7'_',
pour une seigneurie que la Hollande Im
retenait. Uni avec les Français, il enle\..
aux étals plusieurs villes et places fortev
Les armes de l'empereur l'ayant oblij;.
de faire la paix , il se ligua avec le roi d'
Danemarck , contre le roi de Suède, «i
lui enleva quelques places. Galen, grand
capitaine , mauvais evéque, avait la bra-
voure d'un soldat. Il mourut en 1G78, à
71 ans, aussi peu regretté de sou peupl<
que de ses troupes. Sa f^ie, traduite rn
français par Le Ixjrrain , en 1679, in-l'J,
est un ouvrage mal écrit , remjili de faii«
hasardés ou exagérés ; Jean ^ ■•• "
chanoine de Cologne cl de
réfutée dans son traité : De i
gestis Chri.ffophoré llentardi . «yw,.
principis Monastcncnsu . etc. , G>
16λA . in-8».
GALE.\US. fotjez GALICN.
GAL
516
GAL
GALEOTTI ( Nicolas) Jésuîle italien,
ne à Vienne en 1C92 , est célèbre par les
Vies des généraux de sa compagnie ,
avec leurs portraits . in-fol., lalin et ita-
lien , imprimées à Rome en 1748. Ses sa-
vantes Notes sur le Musœum Odescalcum,
Rome, 1751, 2 tom. in-fol. sont un ou-
vrage posthume. Il professa en 1725 la
physique à Macerata, et de 1728 à 1749 la
rhétorique ù Rome où il mourut en 1758.
GALEOTTI-MiVRZIO , né à Narni dans
l'Ombrie vers 1440, fut secrétaire de Ma-
thias Corvin , roi de Hongrie , et précep-
teur de Jean Corvin son fils. Il mourut
à Lyon en 1494 d'une chute de cheval , en
allant au-devant de Charles VIII. Sixte IV
assista quelquefois à son cours , ainsi que
plusieurs savans, entr'autres Mérule. On
a de lui : ] un Recueil des bons mots de
Mathias Connn , dans la Collection des
historiens de Hongrie , Francfort, 1600,
in-fol.; I un traité De homine interiore ,
et de ejus partihus, Bàle 1518 , in-4'' , qui
fit beaucoup de bruit à cause de quelques
sentimens peu orthodoxes qu'il fut obligé
de rétracter ; | De dortrinâ jn-omiscuâ^
dédié à Laurent de Médicis , Florence,
1488 ; Lyon , 1552 , in-8''. C'est un mélange
de questions de médecine , de physique
et d'astrologie. C'est surtout dans le livre
intitulé : De incognitis vulgo^ qu'il fit pa-
rade de ses sentimens hétérodoxes. Il y
réduisait la religion à la seide pratique
de la loi naturelle. Il en fil circuler quel-
ques copies manuscrites , qui pensèrent
lui coûter cher; caf dans ces temps on ne
répandait pas aussi impunément qu'au-
jourd'hui la doctrine philosophique. — II
y a eu un autre GALEOTTI (Bartiiélkmi )
qui donna , dans le 16*^ siècle , une His-
toire des hommes illustres de Bologne ^
sa j)atric , Ferrare, 1590, in-4".
GALERE - ARME^TAIRE , empereur
romain. Voyez MAXIMIEN, Galerius
Valer. Maximianus.
* GALESIM ( PiEHRE ), i)rofonotaire
apostolique à Milan, né à Ancône vers
1520, vécut dans l'intimité de saint Char-
les Borromée , s'occupa avec fruit de l'é-
lude de l'antiquité , et mourut vers 1590.
On a de lui : | une Traduction latine des
Sermons de saint Grégoire de Nysse,
Rome , 1563 ; | une autre de la Lettre
d'Isidore de Péluse à Palladius ; | 3far-
tyrologium romanum, in singulas dies
anni accommodatum , Milan, 1578, in-4°;
j Ordo dedicationis obelisci qaem Sixtus
V in fora vaticano erexit^ Rome, 1586,
in -4"; I Dedicatio columnœ cochlidis
Trajanœ ad honorem sancti Pc tri , îb. ,
1587 ; I Conimentarius brevis de bibliis
grœcis interprelum LXXII , etc. , ib. ,
1587, in-4''. On lui doit encore des édi-
tions de plusieurs auteurs sacrés ; il a eu
part au Recueil des actes de Véglise de
Milan ; et il a laissé en manuscrit une
Histoire des papes sous le titre de Thea-
trum pontificale , ainsi qu'une Histoire
des saints de Milan.
GALFRII) , ou GEOFFROI de WINE-
SALF , célèbre poète latin, né en Angle-
terre , vers 1170. Après avoir visité plu-
sieurs villes de la France, dont il était
originaire, il suivit, en 1190, le roi Ri-
chard à la Terre-Sainte. A son retour en
Europe, il passa à Rome, où le pape In-
nocent ÎV lui fil un bon accueil. D'après
l'avis du Père Fatlorini et de Tiiaboschi,
Galfrid enseigna les belles-lettres à Bolo-
gne, ce qui ferait croire qu'il se fixa cr»
Italie. L'époque de sa mort est incertaine,
et on ne peut guère la fixer que vers l'an
1250. Il a laissé : | Poetica nova^ sive Car-
men de arte dictandi, versificandi et Irans-
fercndi, publiée par Deyser dans son His-
toria pocmatum mcdiiœvi. Halle, 1721,
réimprimée séparément à Helmstad, 1724
in-S^-Ildédiacetouvrage, d'un rare mérite
pour le temps, à Innocent IV. On en con-
serve un manuscrit dans la bibliothèque
vaticane. ] Ilistoria seu itinerarium Ri-
chardi Anglorwn régis in Terram Sanc-
tam ab anno 1177 ad 1190, insérée dans
les Script, hist.angl. de T. Gale. | De plan-
tatîonc arborunt et conservatione fruc-
tuum , c\c.. , dont une copie est conservée
dans la bibliothèque de Cambridge. On
altriljue à Galirid une élégie intitulée :
De statu curiœ romance. Don Mabillon . la
considérant comme vme apologie de l'E-
glise romaine, l'a insérée dans le tome 4
de ses Analccta. Francowitx , au con-
traire, qui était protestant, n'avait vu en
elle qu'une satire de cette même église,
et l'avait placée d'avance dans son recueil
De corraplo Ecclesiic statu , Bàle, 1557.
Nous aimons mieux nous fier aux lumières
du savant Mabillon.
GALGACIJS, chef des Calédoniens,
résista long-temps avec courage aux Ro-
mains commandés par Agricole. Il suc-
comba dans une grande bataille avec pres-
que tous ses soldats. Tacite ( Vie d'Agri-
cola ) met dans sa bouche un discours ad-
mirable qu'il adressa à ses troupes avant
le combat.
GALÎANI ( Fep.dixam» ) naquit le 2
décembre 1728 à Chiéti, où sonpèrerem-
r.Ai 1
I>lt^•lail la chnr(;e «l'autlii' m tovii.ll fut
inxoyo à NapU-s , à rà(»c tlo 8 ans. cIhv.
stMi iMiclo, Cc'Ii'5liii (ialjaui, arche v«\qu(î
th'Tarcntc et (^niiul-rliapclaiii dii nti , qui
vu! soin de son cddcatioii. Ses talons ne
fai drrcnl pas à se montrer. II pnMia en
17iiO , à l'àye de 21 ans , un onvrafre sur la
monnaie , qui eut un succès décid«i , piiis-
quo le gouvernement adopta les principes
fie l'auteur, qui avait pardc ranonvmc.
A cette é|K)que . il entra dans la carrière
erclé->ia8tique, et fut p(Mirvu d'un ln-nè-
ticc de 500 ducats, auiiuel il réunit une
nlibaye. Après avoir vopgé en diverses
contrées d'Italie, il revint à Naples en
^7b'■>. Nonniu' en 17;>9 secrétaire de l'am-
bassade en France , il ])assa dix ans à Paris
cl s'y lia avec tous les beaux - esprits ,
surtout avec les encyclopédistes, le sei-
gneur de Ferney et M"" d'Epinay. De
retour à Naples, il ne cessa de s'y occti-
pcr des sciences et des lettres ju.^qu'en
1787 , qu'il mourut dans cette ville le 50
octobre, à l'âge de près de 59 ans. On a de
lui , outre le Traité sur la monnaie dont
nous avons parlé.] plusieurs écrits sur les
antiquités d'//<?rrM/<ï«M;;i , de Pompcia et
de Stttbia; \\\i\c Oraison funèbre de Benoit
XIV; I un I)ia!of/ue sur Icsfetnmes; [un
Traité sur 1rs (jeans . à l'occasion d'un
jeune Irlandais d'une stature extraordi-
naire, nommé Ma{irat;\ des noies sur
Horace, qui ont paru dans la Gazette
littéraire r/f l'/Stu-o/je : et à la suite des
vcuK-res d'Horace, traduites par MM. Cam-
penon et Df«près, Taris. <8t21,2 vol. in-
8" ; divers Mémoires sur le commerce des
grains . sur la disette qui afpiqea la
France en 17!>r) et {~f>k . etc.. où les éco-
nomistes ne sont pas ménagés ; un opéra
intitulé le Sncrate imaginaire . etc. « On
» trouve dans tout cela , dit l'abbé de
■ Saint-I^'i;»'r, im é« ri vain facile et plai-
» sanl . chez, qui les pràces n'ofrus(iuent
» pas le jugement. La vérité ne permet
• pourtant pas de dissimuler que plu-
a sieurs traits caustiques épars dans les
» dialogues, et plus encore les sarcasmes
• qui Coulaient à floU de la bouche de
• Galiani dans les sociétés, lui tirent <Ies
> ennemis à Paris, où il avait beaucoup
> perdu de l'estime publique, quand il
• en partit d\\ mai 17ti9, pour retourner
» à Naples et rentrer dans le conseil du
» commerce; néanmoins il entretint tou-
• jours un commerce éjustolairc avec l)i-
» de rot . d'Jlenibert, foliaire . les abbés
• liatteuT. .^niauld . liarthélenii . et nos
• Mires 53^ ans, dudt il a conservé les
i7 r. VI,
• lettres, qui foruieril nruf bons vol i
» n«es. »M. Diodali a publié sa vie. N
pies, 1788, in 8". L'hiMorien ne di«M
pas les fautes et les vices de son i
il lui applique ces paroles de Cn
Népos sur Thcmistorle : /fujit% vi'
jrimis siint emendata virfntihiis. i
de paradoxe ou d'impossibilité .s. ,.,.,.
Horace :
Virtmeil viliora fiigere , el i»pientia prima
Stutiitia caruitie
On a publié sa Correspondance OK^rr
.»/""= d'Epinay et antres en 1818. 2 v(.
in-8". roijez EPINAY. C'est un livre ( n
rioix et nécessaire à consulter jwur cou
naître l'hisloirc do l'école pliilosophiqi.
du 19*^ siècle. — Il avait un frère nommr
le marquis GALIANI. dont il existe une
traduction de Fitruve , avec des com-
mentaires , Naples. 1758, in-folio.
G\LIE\, Clau'iius Galenus . { suivant
les règles, il faudrait dire GALÈNE ],
célèbre médecin sous Antonio , Marc-Au
rèle et quelques autres empereurs , na-
quit à IVrgame d'un habile architecte .
vers l'an 151 de J.-C. On n épargna rien
pour son éducation. Il cultiva égalemeiil
les belles-lettres, les mathématiques, Ii
pliilosoi.hie ; mais Lt médecine fut son
goût et son talent principal. Il jiarcouriit
toutes les écoles de la Grèce et de l'E-
gypte, pour se pcrfoclionner sous les pli!>
habiles maîtres. Il s'arrêta à Alexandrie .
le rende/. - vous de tous les savans , et i i
meilleure école de niédecine que l'on coi
nût alors. D'Alexandrie il passa à Rom*
et s'y lit des admirateurs et des envien\
Ses confrères , jaloux de sa gloire da: -
l'art si conjectural, mais si nécessaire.,
l'humanité, de guérir les malades, allri-
biièrent ses succès à la magie. Toute la
magie de Galion était une élude profond '
dos écrits d'ilippocrate. et surtout de 1,»
nature. Une peste cruelle , qui ravagea
une jiarlie du monde, l'obligea de retour-
ner dans sa patrie ; mais il fut rappelé h
Rome par les lettres obligeantes de Marc-
Aurèle. Cet empereur avait une con-
fiance aveugle en lui. A|>rès la mort d»'
ce prince. Galion rotonina de nouveai;
dans sa patrie, où il mourut dans une
vieillesse avancée, vers l'an SIC de J.-C..
Il dut sa longue vie à sa frugalité; car il
était d'ailleurs d'un tcmp«r ■■■%
délicat. Sa maxime ( cl ce «1
de quiconque aime sa sani
sortir de ttUtle avec un reste du^jrtiù
Ses mœurs, son caractère rrpnnd.ivul i
27.
GAL 3
son habileté , et ajoutaient encore à sa
réputation. Outre les principes de la mé-
decine, il avait étudié ceux de toutes les
sectes philosophiques. Il se trompa néan-
moins étrangement dans les idées qu'il se
forma des chrétiens. Il les confondait avec
les juifs, qu'il accusait de croire aveu-
glément les fables les plus absurdes , et
devint leur ennemi déclaré. Il recon-
naissait les causes finales, et s'élevait au
Créateur par l'élude de ses ouvraj^es. Un
jour qu'il avait expliqué l'anatomie du
corps humain : « J'ai , dit-il , offert à l'E-
» ternel un sacrifice plus agréable que le
» sang des boucs et des taureaux. » Leçons
utiles pour ces demi-medecins qui , pour
avoir entrevu lestement quelques opéra-
tions de la mystérieuse nature, arrêtent
leurs regards sur la superficie de l'ou-
vrage , en méconnaissent le but , la sa-
gesse de l'ensemble , et l'aiiteur lui-même
( voyez ELOY ). Une partie des écrits de
ce médecin , périt dans l'incendie qui
consuma le temple de la paix à Rome , où
ils avaient été mis en dépôt. Ceux qui
nous restent ont été publiés, d'abord à
Bàle, en 1558, 6 vol. qu'on relie en ,'i, et ont
été traduits et commentés un grand nom-
bre de fois surtout dans le IG*" siècle. Cette
édition fut suivie d'une autre à "Venise en
4(i2o, 6 vol. en grec et en latin, et elle a été
éclipsée par celle de Chartier ,avec Hip-
pocrate, Paris, 1639, 13 tom. en 9 vol. in-
fol. Galien devait beaucoup à Ilippocrate,
et ne s'en cachait pas. Plusieurs modernes
sont redevables de leurs connaissances à
ces illustres anciens , et les ont décriés :
semblables aux enfans qui déchirent le
sein qui les nourrit. Mais le plus grand
nombre des médecins s'est réuni non-
seulement aies respecter, mais à prendre
leurs écrits pour des modèles, et leurs
décisions pour des oracles. Les hommes
sages et in)partiaux ont tenu un milieu
entre les détracteurs et les partisans ou-
trés de ces pères de la médecine. Ils ont
jugé d'eux comme ils jugent de leur art,
pour lequel il ne faut avoir ni trop de
confiance , ni trop de mépris. On con-
vient que Galiea a beaucoup contribué
aux progrès de la médecine par ses ex-
périences ; mais qu'il lui a fait aussi
beaucoup de tort par ses raisonnemens
trop subtils, par ses qualités cardinales ^
et autres chimères. Galien fit le premier
des dissections sur le corps humain , quoi-
que les lois romaines défendissent de tou-
flier aux cadavres : il disséquait plus sou-
vent des animaux, surtout des singes. Il
18 GAL
s'est beaucoup occupé des muscles dont
il a tracé la figure, la position, la direc-
tion, et a composé un Traité sur la sai-
gnée dont il était partisan.
* GALIEX (Joseph), religieux domi-
nicain, ne en 1699 près du Puy-en-Velai,
professa la philosophie scolastique et la
théologie dans l'université d'Avignon,
cultiva la physique avec succès, et mou-
rut dans sa ville natale en 17G2. Il avait
entrevu la possibilité de s'élever dans les
airs, au moyen d'une sorte de vaisseau
plus léger que l'air atmosphérique , dé-
couverte qui illustra plus tard les frères
Monlgolfier ( voyez ce nom ). On a de
lui : I l'jfrt de naviguer dans les airs ,
précédé d'un Mémoire sur la nature et la
formation de la grêle , Avignon, 17oo et
1737 , in-16.
GALIFET ou GALIFECT ( Joseph ),
jésuite, est particulièrement connu par
un ouvrage de Cultu sacro-sancti cordis
JesH , Rome , 1726 , in-4", dédié au pape.
Il en a publié lui-inême une traduction
française sous ce titre : Excellence de la
dévotion au cœur adorable de Jésus-
Christ. Ce livre traite amplement de la
charité immense de Jésus-Christ pour les
hommes, dont le souvenir nous est re-
tracé parle symbole de son cœur, cl des
sentimens que ce souvenir doit faire
naître dans l'âme des fidèles reconnais-
sans : ce qu'on exprime ordinairemen t par
dévotion env rs le sacré Cœur (voyez
Marguerite-Marie ALACOQUE ). Mais
comme l'esprit de l'homme toujours ir»-
quiet et immodicus^ selon l'expression
d'un ancien , ne sait s'arrêter où il faut ,
le Père Galifet a joint à son ouvrage un
Appendix ^ pour prouver qu'il faut join-
dre le culte du cœur de la sainte Vierge
à celui de l'Homme-Dieu ( cnllum cordis
Mariœ a cultu cordis Jesu non separe-
mus ). Cette singularité, qui semblait
confondre des cultes dont les objets sont
l'un de l'autre aune distance infinie, et
dont le second ne pouvait entrer dans l'es-
prit de la représentation symbolique dont
nous avons parlé, excita des murmures
de la part même des personnes les plus
dévotes envers la sainte Vierge, et d'un
autre coté trouva des défenseurs et des
partisans. Clément XIU se contenta de lu
condamner par le fait, en instituant ex-
clusivement la fête du sacré cœur de ./<?-
5U5, et en expliquant la nature et robjit
de cette fêle , de manière à ne souffrir
aucune extension. On peut voir là-dessus
le Journal hist. el //«^r., 13 juillet 1791,
G AL S
p. .\î8 ; l.'i soploiubro , p. 1 10. On a cnrorc
iT|irorlic ou IVro («aliTet d'avoir ras-
&(>inMt* dans c«'t .ipprndir hvaiiamp de
cliosos, où la sovi'ie Ui«'olo(»ic n'esl pas
d'arcord aviT la piilé de l'aulcur. Tout
y est porté à l'cxIriMnc: tout ce. qui a pu
chc taxé dinexacliludc ou d'iiypcrbolc
dans les é-rrils do. qufhiuc homme relcbre,
y est répété comme autant d'expression»
normales de la cr«)yance catholique. Il est
impossible de lire cette partie de l'ou-
>rij{îc, sans que l'imaf^ination sorte des
homes où se tient la notion d'une pure
créature, et sans prendre l'idée d'une
espèce d'égalité qui heurte les fondemens
de la foi. « On est étrangement embar-
» rassé, a dit quelqu'un ù celte ocrasion.
» quand, après la lecture de ces sortes
» de livres, (m vient à rencontrer celte
• maxime fondamentale du christianisme,
• si clairement et si maguiliquement
» énoncée par le prince des apôtres :
• yon est in alio aliqiio salus . neque
■ enim alitid nomen est suh cœlo datiim
» liominibus in quo oforteat nos salvos
. fteri. . ( AcI. IV. ) f'oij. MURATORI.
GALIGAI ( Ei.ÉoxoRE, ) lille d'un me-
nuisier et d'une blanchisseuse, épousa le
célèbre et malheureux Concini, depuis
maréchal d'Ancre. Elle était venue en
France avec Marie de Médicis, dont elle
était sœur de lait, et qui l'aima toujours
tendrement. Celte femme, modèle de
L'tideur, et sans aucun autre mérite que
ci-lui de l'intrigue, obtint pour sou ujari
l.s postes les |>lus brillans. L'abus inso-
lent qu'ils tirent de leur faveur souleva
tous les glands de la cour, et J>ouis XIII
en partie II lier. Concini fut tué, et sa
feiume conduite à la Bastille. On lui im-
puta mille crimes, et surt<Mit celui de la
magie; mais tout son sortilège, connue
rilc répondit elle-même à ses juges, qui
lui demandaient comment elle avait en-
sorcelé la reine, était le pouvoir tiu' ont
1rs âmes fortes sur les âmes faibles. Cette
réponse ne la sauva {Kjint : elle perdit la
tète en place de Grève, l'an 1(JI7 , comme
sorcière. On ajouta à l'accusation de la
magie, celle de judaïsme [voyez CON-
CINI ,. I^ relation de sa mort se trouve
avec relie de son mari, dans l'Histoire
d«> Favoris, par Du Puy. On lit aussi sur
sa mort une tragédie intitulée La magi-
cienne étrangère , en 4 actes et en vers,
Houcn, 1617, in-8" : satire atroce et gros-
îiere. I-a Galigaï avait eu un lils et une
hile. Celle-ci nu>urut peu de temps après
le meurtre de son père. Le ûls fut cnvc-
10 CAL
lop|n .>..,.. ,., sentcnre rendue ronln- sj
mrre , et dégmde de noblesse. Il se retira
à Florence, où il jouit de \k mille écu«
de rente, que «on père, licurcuMMnent
pour lui. avait placé» dans cette ville. Lu
frère de la Galiga'i', parvenu k l'arclie-
vèché de Tours et .i l'abbaye de IMarrnou-
tier», se démit de ces deux bénélices. sur
Icscpiels on lui d»)nua luie bonne pension,
et alla finir ses jours en Italie, loin des
orages des cours.
(.AMLÉK-GAMLEI. créateur de la
philosophie expérimentale, fils naturel de
Vincent Galilei, noble florentin [voy. son
article ), naquit à Pise en Vjiàk. Après
avoir étudié d'abord la nuisiquc et le des-
sin pour lesquels il montra peu de goût ,
il suivit des cours de médecine {tendant
quelque temps à Venise ; mais pressera
tant sa vocation . il profila de son séjour
dans cette ville pour s'y livrer enlière-
u>ent à l'étude des mathématiques. A Ik
ans il obtint une chaire de philo8f)phie à Pa-
doue , et il la remplit pendant 18 ans avec
le plus grand succès. C'est à cette époque
qu'il inventa le thermomètre . le pendule.
et la balance hydrostatique qui n'étaient
que le prélude de ses découvertes plus
importantes encore. Cosme II, grand duc
de Toscane , l'envia à cette ville , et le lui
enleva pour le fixer à Horence. Il l'y .•■
tacha par les titres de son premier phil
sophe et son premier mathématiritri.
Lorsque Galilée était à Venise, il avait eu
occasion de voir une des lunettes d'ap-
proche que Jacques Métius avait inven-
tées en Hollande. Cette découverte le
frappa tellement , qu'il en fit une sem-
blable. ÎMetius avait dû cette invention en
partie au hasard; Galilée la fit servira
l'astronomie. Le télescope de Galilée fut
créé en 1609. Aidé de cet instrument, il
vit plusieurs étoiles incotmues ju-^qu'a-
lors. le croissant de l'astre de Venus, lea
quatre satellites de Jupiter, appelés d'u-
I>ord les astres de Médicis . la surface ds
la lune, les sinuosités qui lui sont parti-
rulièies, etc. Il aurait été à souhaiter
p»)ur son repos, qu'il se fût borné à faire
de.< observations dans Icciel; mais il voulut
al>solument embrassi-r un système : il -
détermina jiour celui de Coi>crnic. Sch' .
ner, jésuite allemand, à qui on doit |.i
découverte de» taches du soleil, comliattil
S(jii ardeur à soutenir une cIkmc incer-
taine, qui lui paraissait d'ailleurs cooi-
promellre le témoignage des livres saints
( voyez SCHEINEH }. Dès l'an tOll . lu.
quisiiion du Ilonie avait fait un dén.
GAL
520
GAL
contre l'opinion de Copernic, contraire,
selon elle, à l'Ecriture Galilée, dont on
esUmait les lalens en attaquant ses idées,
en fut qxiitte pour une défense de ne plus
soutenir son système, ni de vive voix,
ni par écrit. Le cardinal Bellarmin, chargé
de lui faire celle défense, lui donna un
écrit par lequel il déclarait « qu'il n'avait
» été ni puni, ni même obligé à se ré-
« tracter; mais qu'on avait seulement
» exigé de lui qu'il abandonnât ce senti-
>. ment, et qu'il ne le soutînt plus à l'ave-
I) nir. » Galilée promit tout ce qu'on vou-
lut , et surtout de ne plus contourner l'E-
criture sainte pour établir son système
( car il allait jusqu'à prétendre qu'il était
tiré de la Genèse, et voulait en faire un
dogme ). Il tint sa parole jusqu'en 1652 :
il eût pu continuer à jouir du repos,
d'autant plus aisément, que par un dé-
cret de l'an dG!20 , on lui avait permis
d'enseigner son système comme une
hypothèse astronomique. Mais la vanité
dont un mérite réel ne garantit pas tou-
jours les savans , lui ayant fait publier en
1(>52 des dialogues pour établir l'immo-
bilité du soleil et le mouvement de la
terre, comme une chose incontestable,
l'inquiéition le cita de nouveau. On lui
rappela ses promesses ; il se défendit
mal, et il fut condamné, le 21 juin 1G33,
par un décret signé de 7 cardinaux , à
élre emprisonné, et à réciter les sept
psjiumes pénilenciaux iiae fois chaque
semaine , pendant 5 ans. Galilée demanda
j)ardon et abjura son grand attachement à
une hypothèse plausible , qu'il regardait
comme la source de sa gloire ; mais au mo-
ment que la cérémonie iinit, ildit en frap-
pant la terre du pied : E pur si move ( et
pourtant elle se meut ). Il est cependant
• certain que cette assertion n'avait point,
au moins alors, ce degré d'évidence et de
démonstration qui nécessite le consente-
ment et subjugue l'esprit d'une manière
invincible ( voyez COPERNIC ) ; on peut
même dire qu'il n'avait pas lui-même de
ce système une idée parfaitement nette et
bien conséquente, puisqu'il en dérivait,
comme une vérité évidente et incontes-
table, le flux et le rellux de la mer, qui ,
au jugement de tous les savans, n'y a pas
le moindre rapport (i). Les cardinaux
inquisiteurs le renvoyèrent en Toscane ,
(i) On trouvera toute cette malif^re araplt-ment dé-
vcloppre , tant pour la partie historique que pour la
partie astronomique et physique , daus les Olisirva-
lions p!iitosophiq:ies sur les sysùmes , troisième cdi-
lion, Liège , 1788 pa;;»; 'jâ , n" 1 12 et luiv.
oiJ il vécut comme il voulait dans la cam-
pagne qu'il avait dans le territoire d'Ar-
cetri. M. Mallet du Pan , quoique proles-
tant, a publié en 1784 une dissertation,
où il réfute les hijurcs bannales que les
écrivailleurs ont coutume de dire à celle
occasion contre l'inquisition, et prouve
que tous les torts étaient du côté de Ga-
lilée. Un M. Ferri a fait de vains efforta
pour affaiblir cette démonstration ( voyez
le Journ. hist. el littèr.. 15 mai 1785, j).
112 ). Galilée lui-même a supérieurement
réfuté tous ces contes. « Le pape ( dit-il
» dans une lettre qu'il écrivait au père
» Receneri, son disciple ) me croyait
« digne de son estime... Je fus logé dans
« le délicieux palais de la Trinité -du-
« Mont... Quand j'arrivai au saint Office,
» deux jacobins m'intimèrent très lion-
» nêtement de faire mon apologie... J'ai
» été obligé de rétracter mon opinion en
» bon catholique. » — « Pour ine punir,
» continue-t-il, on m'a défendu les />/«-
» logues, et congédié après cinq mois de
ft séjour à Rome... Aujourd'hui je suis à
» ma campagne d'Arcetri, où je respire
» un air pur auprès de ma chère patrie. »
La vieillesse de Galilée fut affligée ])ar
une disgrâce plus réelle : il perdit la vue
trois ans avant sa mort , arrivée à Flo-
rence en 1642, à 78 ans. Il fut enterré dans
l'église de Sainte-Croix, où on lui a élevé
un mausolée en 1757, vis-à-vis celui de
Michel- Ange. Cet astronome était d'une
physionomie prévenante, et d'une con-
ver.sation vive el enjouée. 11 cultivait
presque tous les arts agréables. La géo-
graphie lui doit beaucoup , par ses obser-
vations astronomiques ; et la mécanique ,
pour la théorie de l'accélération On pré-
tend qu'il puisa une partie de ses idées
dans Leu.-ippe. Peut-être ne connut-il
jamais ni Leucippe, ni sa doctrine. Il csj
bien vrai que les modernes ont pris beau-
coup des anciens, mais on les dépouille
quel([uefois avec trop de rigueur de l'in-
vention des systèmes vrais ou faux qu'ils
ont pu imaginer tout aussi bien que les
spéculateurs de Rome et d'Athènes. Le^
goût de Galilée n'était rien moins que
pur. Ses jugomeus en fait de littérature
ne prouvent pas la solidité de son esprit.
Il était à la tête des plus fanatiques admi-
rateurs de l'Arioste , el donnait haute-
ment la préférence aux bizarreries et aux
caprices de ce poète bouffon , sur les
beautés nobles et régulières du Tasse. Les
ouvrages de cet homme célèbre ont été
recueillis à Florence en 1718, en 3 vol
GAL 321
iu-.'*". Il y on a (nu>l(im>H-nin on lalin , et
phi.Htours on ilalien. Coll
odiltoii csl
ornée d'une vit ruriouso ol intorossanto de
ratitour. Liv% principaux ouvra(^jos d«! Ga-
liU'c sont : | Dialaghi tir lie scirnze minier;
I SiJ^/nis nuncins . Florence. 1610; | //
sagittatorr . twl quale con bilancia esqui-
sita e f/iusla si pondcrano le cose conlr-
niite.clc.. Rome. 1625, in-4" ; | Dialor/fti
(jualtro sapra i rfwr massimi sistemi Ucl
mondo Tolemaico e Copemicatio . Fltv
ronce . {(yS-l, in-4° ; | Fpistolœ très de con-
ciliittione sacrœ scripturce cuin sijsieinate
telluris mohifis , quanon dwr posteriores
nunc primuni cura M. Nevrœi prodnmt .
Lyon, 4649. in- 4"; |un Traité de fortifica-
tion et d'architecture . etc. La plus coni-
plôlc des éditions de Galilée est celle de
Milan, 1808. 13 vol. in-8°. Le P. Frisi a
publié en italien l'Eloge de Galilée. Li-
vourne. 1775, traduit en français par
Flonct'l. Les pièces originales de son pro-
cès en latin et en ilalien, qui se trou-
vaient à Rome dans les archives pontili-
ralcs, furent envoyées en 1810 à Paris
par ordre de Bonaparte. M. A. Barbier,
fut chargé de les examiner, et en traduisit
ou en lit traduire une partie. Ces orijji-
naux ont été rendus en 1814, sur la de-
mande du Saint -Père.
(iVLILÛE ( Vi\r.EXT ) , 111s du précé-
dent, soutint avec hoiuieur la réputation
de son illustre père. C'est lui qui a le pre-
mier appliqué le pendule aux liorlo;;es :
invention à laquelle on doit la perfection
de l'horlojjerie. Son père avait inventé le
jKndule simple, dont il se servit utile-
ment pour les observations astronomi-
ques. Il eut ujcme la pensée de rai)pli«pu;r
aux horloges ; mais il ne l'exécuta pas . et
en laissa l'honneur à son fds qui en lit
l'essai à Venise en 16/t9; celte invention
fut perfectionnée, dans la suite, par Huy-
L'cns.
<". VLILEI f ViiwcEJiT ) , père du célèbre
Galilée, gentilhomme florentin, .savant
dans les mathématiques, et surtout dans
la musique, lit instruire son lils, quoique
illégitiuie, comme s'il eut été son enfant
propre. Il lui inspira son goût pour les
mathématiques ; mais il no put jamais lui
donner celui de la musique. Ses ouvrages
prouvent ses connaissances. Ix'S plus csli-
n>és sont cinq dialogues en italien sur la
musique. Florence, ICOl , et 1602, Ui-
folio. Il attaque dans le dernier Joseph
Zarlin , et y traite de la musique ancienne
et moderne. Descartes a confondu plu-
sieuii fuis Ig père avec le Jils.
CAL
r.VMI.KI ( Ai.KXA^DRK ), arrhitecle
florentin , né on 1691 , voya/rr.i dans dif-
fércnlc» contrées de rKuro|ic ; de retour
de l'Angleterre , où il s'était arrêté pen-
dant sept ans, il devint surintendant drS
édilices publics de Toscane. Il fut appelé
à Rome par Clément XI. La f.i»;.i,l.! <!«
Saint-Jeau de Latran. la chapelle (.orsini
de cette église, et la façule de Saiul-.Ic.'.
des Florentins, sont des ouvrages qui !■
font honneur. Cet artiste entendait Ir^
bien la décoration et le choix des orri
uuMis. qui quelquefois font disparaît i
des vices d'architecture. Il mourut i u
17.-^7.
• G VLIM \UD ( N... ). jésuite fran.;ai<
qui vivait dans le 17* siècle, n'est connu
qtie par les ouvrages qu'il a publiés sous
le voile de l'anonyme : ce sont : | Philoso-
phie des princes . 1690 , in-12 ; | Histoire
réduite à ses principes. 1671, deux vol.
iu-l'i. Il a doimé une seconde édition de
W'irl d'élever un prince . par le P. M. An t.
de Foix . 1688, un vol. in-S".
* G.VLI.X ( Pierre), musicien, né i
Bordeaux en 1786, de parens pauvres,
mort à Paris en 1821 , fut d'abord profes-
seur «le mathématiques spéciales au lycée
de liordcaux, puis instituteur des sourds-
muets de l'école de cette ville. Ce fut dans
le but de perfectionner les théories mu-
sicales qu'il ab.Miilonna renseignement
des mathématiques et ses essais sur l'e-
diication des sourds- muets. Il se proposa
de reformer la marche routinière qu'on
avait toujours suivie dans 1rs leçons ék -
mentairesde nuisique, et après une aune,
d'iicnreux essais, il publia, en 1818, l'ex
|K)sitit)n de sa méthode, connue aujour-
d'hui sous le nom de Méthode du tnélo-
plaste. Son ouvrajje a pour titre : Kxposi
lion dune nouvelle m<thode pour l'ensa
qni'tnent de la inn%iquc , Bonleaux et
Paris, 1818,in-8". M. Francirur arenduuti
compte très avantageux de celle décou-
verte dans une notice sur différent pro-
cédés tiiis en wsa./e depuis quelques an-
nées dans la musique . insérée ilans le
tome 12. pag«' 20 tie la Revue encyclopr-
dique. Lu mort prématurée d«» Galin n.
lui a pas permis d'achever le travail plu5
étendu qu'il se projxtsait de donner »oni
le titre de Traité élemenlaire de musique.
Un de ses élèves . M. Golin . a publié une
Exposition de la gamme . rrhed" rlèmrn.
taire de la musique . y
c est le complément '
vrage do son maître, .".i
professeur « Trcolc ruyalo de* ponl» et
GAL
522
GAL
chaussées, membre de plusieurs sociétés
savantes, et qui avait été son élève, a
donné une troisième édition de \di Méthode
du Méloplaste ^ par Galin^ Paris ^ 1831,
nri vol. in-S" , en y ajoutant de nouveaux
développcmens, et de nouveaux tableaux.
GALirVDOiV. roijez PRUDENCE LE
JEUNE.
* GALINDO ( Beatrix ) , connue sous
le nom de la Latina, naquit à Salamanque
en 1/1.75. Dès râ^je de neuf ans, elle mon-
tra xm goût décidé pour l'étude , ce qui
engagea un de ses oncles, ecclésiastique
insiruit, à seconder ces heureuses dispo-
sitions. Il lui enseigna la langue latine ,
dans laquelle elle iit de si grands progrès
qu'en peu de temps elle expliqua avec une
facilité étonnante les passages les plus obs-
curs des auteurs classiques. Elle étudia
la philosophie avec le même succès. Isa-
belle de Castille l'appela à sa cour, la
nomma sa demoiselle d'honneur, et la
maria en 1493 à don François Ramirex ,
secrétaire de Ferdinand V. Restée veuve
à trente ans sans enfans , et possédant des
biens immenses, elle fonda un hôpital
qui existe encore à Madrid , et qui porte
toujours le nom d'hôpital de la Latina.
Elle fonda aussi plusieurs maisons reli-
gieuses consacrées à l'éducation des de-
moiselles sans fortune , et se voua elle-
iTiême à la direction d'une de ces maisons.
Elle fut toujours un modèle de vertu et de
piété , et mourut à Madrid le 25 novembre
1553. Cette savante espagnole avait com-
posé plusieurs ouvrages qui sont restes
manuscrits ; des Commentaires sur Aris-
tote ^ des notes sur les anciens^ et des
poésies latines.
GALIOTE. roi/ez GOURDON.
GALISSONxXlÊRE. Voyez GALLIS-
SONNIÈRE.
G.VLIÏZIIV ( Basile ) surnommé le
Grand, seigneur d'une des plus illustres
et des plus puissantes familles de Russie,
né en 1653 d'une famille qui tirait son
origine d'un Kan ou jjrince tartare, se
distingua de bonne heure par son instruc-
tion , sa prudence , ses mœurs polies et
son aptitude aux affaires. Il avait appris
le grec et le latin, et dès le règne d'Alexis
Michaelowitz, il développa ses talens
et sa capacité dans des travaux utiles.
Nommé ministre en 1680 par Fœdor suc-
cesseur d'Alexis , il gouverna presque
seul sous la minorité des deux cz.ars Ivan
et Pierre , et sous la régence de Sophie
leur sœur. Il apaisa la révolte des Slré-
lilz en 1682, coriclul un traité de paix
perpétuelle avec. laLVolotrne en 1G86, fut
vice-roi de Casan , d'Astracan , et garde-
sceau de la Russie. Son caractère ambi-
tieux et intrigant donna lieu de le soup-
çonner d'avoir pensé lui-même à mouler
sur le trône de Moscovie ; et ce soupçon,
joint aux échecs que ses armes essuyè-
rent, l'exposa à l'animadversiou des
Russes. Dans sa première compagne
contre les Tartares de Crimée , ceux-ci
vinrent au-devant de lui avec quelques
tonneaux remplis de ducats , et ils enga-
gèrent Galitzin à leur vendre la paix.
Dans une autre expédition contre les
mômes peuples , il lit mettre le feu aus
herbes sèches d'un désert , de cent lieues
de longueur , pour leur ôter toute espé-
rance de fourrages (i). Pendant l'incen-
die, le bruit courut que l'ennemi appro-
chait ; on n'était pas bien disposé à le
recevoir , on prit l'alarme: il fallut fuir
au travers même de ce feu qui brûlait
encore, et la flamme ou la fumée fil péiir
plusieurs milliers de soldats. Celte mal-
heureuse expédition attira à Galitzin xmd
aversion extrême. Quelques jours avant
qu'il partît de nouveau pour l'armée , ou
trouva le matin devant sa porte un cer-
cueil , avec un billet , où on lui annonçait,
que s'il ne réussissait pas mieux dans
cette campagne que dans la précédente ,
ce cercueil serait sa demeure. Le succès
fut le même qu'auparavant ; le czar Pierre
ne lui ôta pas cependant la vie ; mais on
confisqua tous ses biens et on le relégua
eu Sibérie. Cet exil quelque temps après
fut changé en un plus doux : il fut envoyé
dans une de ses terres, près de Moscou.
Il se relira sur la lin de ses jours dans
un couvent, où il s'assujétit àtoutel'aus-
térilé des moines grecs. Il y mourut en
1715, âgé de près de 80 ans. Galitzin avait
préparé les voies au C7.ar Pierre , et on
lui attribue avec raison une grande par-
tie des changemens qui se sont faits en
Moscovie. '
G ALITZIN (Michel 1" Michaelovitz,
prince de), né en 167i, de la même fa-
mille que le précédent, aida le czar
Pierre le Grand dans la guerre de Charles
XII. Il se trouva presque à toutes les ba-
tailles, et en gagna plusieurs sur mer eî
sur terre. Ce fut lui qui termina heureu-
(i) Ce ne fut point Galilzîn , mais bien !<■« Tartares
eux-mèraes qui mirrnl le feu À dej tsptces de »a-
vannes , dant un espace de ccut tieuet , e*. qui , en al-
lumant cet immense incendie , fatcit uti dtiseri walrc
eu>( ¥t leurs cancmis.
GAL
RCîiicnl rcltc {jucrre par la paix di; Ny-
ktadt, après avoir coiuinaiulu plus do dix
ans eu Fiulaiido. Ses services ne dcniou-
rorent pas sans rcrouipcnso. Il devint
premier fchl-niaréelial en I7iij:el. après
'la morl du rrar , il fui déclaré présidenl
du col'iétje dotal de ({uerre. Il nioiirul en
1730. regardé ronune un bon ministre et
lia {^rand rapitaine.
•(..\1.1T/J\ ;DEMEraiusou Dimitri III.
.rince do), parent des précédens, na-
quit vers 175j. Nommé ambassadeur en
France en 17G5 , il se lia avec les hommes
rjni avaient alors le plus decéléhrité dans
les Ifllres, notamment avec Voltaire et eji-
trelio! avec lui une correspondance suivie
pendantplusieiirsannées.Cel écrivain loue
ses belles qualités et surtout son esprit de
tolérance. Il parait en effet que le prince
tie Galàl/,in suivit toujours , dans ses opi-
nions, la doctrine des philosophes. Ayant
été nommé à l'ambassade de Hollande , il
acquit le manuscrit du Traité de l' homme
et de ses f.icuHés intellectuelles d'Hel vé-
lins, cl le publia à la suite des OEuvres
d' ce métaphysicien philosoidie , dont il
donna une belle édition. Lorsque la ré-
v!>hilion éclata, il se retira en AUematjne,
( l se livra à Tétude de l'histoire naturelle
< ) de la minéralogie . qu'il avait toujours
aimées avec passion et sur lesquelles il fit
quelques ouvrajes peu importans. Il mou-
rut à Drunswick le 17 mars I80."î. Galitzin
ùt don de scm riche cabinet de minéralogie
à la société minéralo{jiqne d'Iéna, dont il
avait été nommé président. Il était aussi
membre dcsacadémiesde Pélcrsboury.de
Stockholm, de Berlin, de Bruxelles, etc. Il
a laissé quelques ouvrages : | Description
l'hysiquede la Tauritle ( la Crimée ) rela-
tivement aux trois règnes de la nature ,
traduite du russe en français , la Haye ,
• 788, in-8"; | Traité de minérahtrjic ,o\x
Description abrégée et méthodique de mi-
néraux. Maestricht. 17'.l2. in-4", édition
aujmcntée, Helmstadt, 1790. in-4"; | L'es-
prit des économistes , ou Les économistes
justifiés d'avoir posé . par leurs principes .
lesbasesde larévolution française. Biuris-
wick, 1796. 2 vol. in-S". Celte justili-
cation est très faible . comme on se l'ima-
îjlne bien. L'auteur n'a pas su ou n'a jias
voulu remonter aux véritables causes.
I Un Essai sur le k' livre de régèce. inséré
dans le Journal des savons . et plusieurs
'•es dans les recueils des sociétés
s ; I des notes et observations sur
... i-.u-e de Ui guerre entre la Russie et
la iïirguie, par Keralio.
523 G.\L
* r.Al.r ( .Ikw-.Joskimi ), médecin c|
physiolojiste célèbre , noquit eu i75« à
ïiesenbrnnn dans te Wurtemberg. Après
avoir étudié successivement à Badn . è
Brucksul. à Sirasbouri; et a Vienne, il fui
reçu docteur dans celle dernière villu en
178:; . et y exerça sa profession jusqu'en
1S05. Il parcourut alors rAllemafjnc pour
y répandre ses découvertes analomique^,
et sa doctrine sur les fondions «lu cer-
veau. Parlant du fait {fénéralement re-
connu que les divers individus de l'es-
pèce humaine apportent en naissant de»
aptitudes cl des propensions différentes,
il avait cherché et cru trouver dans l'or-
ganisation du cerveau la cause de celte
variété des facultés instinctives, njorales.
et intellectuelles, et il avait Uni par dis-
tinguer un certain nondire d'orjanes pla-
cés sur divers points de la superlicie cé-
rébrale, par lesquels il expliciuait les di-
vers phénomènes de la vie humaine con-
sidérée sous tous ses aspects. Pensant que
la boite osseuse du cranc représente assez,
fidèlement la surface interne de cette
partie du corps humain, il jn.îca que les
saillies et l'étendue des |)rotnb(rances vi-
sibles, indiquaient le (lévcloppement de
la masse cérébrale correspondante, et par
suite , de la faculté ou du penchant qui
était attaché à cet organe. Dans le njème
syslèsnc , l'applalissement des protubé-
rances, et surtout leurs ilépressions, indi-
quaient au contraire le défaut de déve-
loppement de l'organe interne qu'elles
reccmvraient . el aussi de la faculté cor-
respondanle. D'après cela , le di)Cteur (lall
pensa que l'on pouvait , sur la seule iu-
spcction du crâne , déterminer le pen-
chant, l'aptitude , le caractère de chaque
honune. Il s'ap]»liqua donc à faire uiiti
exploration du cerveau plus cxarle. plus
détaillée que celles qu'on en avait faites
avant lui. Comparatil à la conformation
du cranc humain celle des crânes de di-
verses espèces d'animaux qu'il trouva
toujours marquée d'un caractère à part,
selon leur instinct propre , et étudiant
l'organisa lion cérébrale dans une foule
d'hommes et surtout <lans des individus
conims par une aptitude ou un penclianl
prédoininant , il crut avoir puise as>ci
de lumière» dans celle suite d'observa-
tions pour tracer la carie du crâne In»*
main, il délernnncr d'une manière pré-
cise la section du cerveau qui »er\sit de
siège à chaque faculté ou pcDchani. Il
porta d'abord le niMubre de» organes cl
des protubcraiiccs à 27. cusuilc à 33, noii^
GAL 55
bre que le docteur Spurxheiin , son dis-
ciple et son collaborateur, a aufïmenlé de
deux. Parmi ces organes se trouvent ceux
du choix de la demeure ^ de la sociabi-
lité, de la rixe , de l'orgueil , de la pru-
dence, de l'espérance , de la conscience ,
de la géométrie ou des formes , de l'éteti-
due^ des poids , du temps ou de l'exacti-
tude,de la logique, etc. Il suflit d'un coup
d'oeil pour s'apercevoir que celte nomen-
clature est tout-à-fait arbitraire , et que
Gall a converti en facultés distinctes de
simples modilications de la pensée. Plu-
sieurs de ses organes paraissent n'avoir
été établis que sur des données vagues ou
des analogies forcées. Quelquefois il a
confondu une aptitude- physique et un
sentiment moral qui n'avaient rien de
commun enlr'eux , comme par exemple
lorsqu'il a rapporté au même organe la
disposition à grimper ou à habiter sur les
lieux élevés, la fierté, et la hauteur.
Ce n'est pas sans raison , qu'on lui a re-
proché d'avoir matérialisé l'âme , et d'a-
voir livré l'homme en ce monde à la fa-
talité de son organisation. Car , dans son
système , toute action volontaire étant
l'effet d'une excitation cérébrale, lorsque
certains organes attribués aux penchans
vicieux prédomineront dans le cerveaix,
l'organe de la volonté ne devra-t-il pas
obéir sans résistance à leur impulsion
énergique? où l'àme trouvera-t-elle un
point d'appui pour les combattre? Il y a
donc dans ce système des hommes voués
sans espérance de retour à la carrière du
crime. La doctrine du docteur Gall, com-
battue sous le point de vue moral et re-
ligieux, l'a été encore sous le rapport de
l'anatomie. AValter, Sœmmering, les doc-
teurs Gordon et Barclay en ont fait sentir
le défaut. Les deux derniers surtout sou-
tiennent qu'il est impossible de découvrir
à la surface tlu cerveau mis à nu, la
moindre trace d'élévations qui corres-
pondent aux protubérances extérieures
du crâne. D'autres écrivains ont contesté
les fonctions assignées aux divers organes
du cerveau. Des faits nombreux ont été
cités d'ailleurs, qui démentent complète-
ment la doctrine de Gall. On a remarqué
que plusieurs individus célèbres par des
talens extraordinaires, n'offrent point les
protubérances correspondantes, tandis
qu'une foule d'hommes ordinaires, et
même des idiots, ont la tète pleine de ces
bosses qui sont censées révéler le génie.
Quoi qu'il en soit , le système du docteur
Gall trouva à sa nais-îanre beaucoup
h GAL
d'adversaires et quelques partisans. L'au-
torilè n'ayant pas permis à Gall de déve-
lopper sa doctrine à Vienne, il visita le
nord de l'Allemagne , la Suède, le Dane-
marck et vin», en 1807 se fixera Paris, où
il exposa sa doctrine dans une chaire de
l'Athénée et où il publia successivement
sur l'anatomie et la physiologie du sys-
tème nerveux, plusieurs ouvrages qui
contribuèrent à donner à son système une '
certaine faveur. Le docteur Spurz,heim
l'introduisit en Angleterre et en Ecosse,
où après avoir été repoussé par les ana-
(omistes, et tourné en ridicule par les
poètes , il finit cependant par acquérir
une certaine vogue, surtout à Edimbourg.
Gall accusé de iMatérialisme, publia pour
se justifier un écrit intitulé : des Dispo-
sitions innées de l'âme et de l'esj)i'it, ou
du Matérialisme, Paris, 1812, in-8°. Mais
sa mort arrivée à Montrouge , le 22 août
1828 , ne sembla que trop confirmer les
accusations dont il avait été l'objet. Après
avoir refusé les secours de la religion, il
demanda que son corps fût porté directe-
ment au cimetière. Sa veuve, dans imc
lettre adressée à la Quotidienne le 14 sep-
tembre de la même année, s'efforça de le
justifier du reproche d'incrédulité qui lui
avait clé adressé ; elle y déclarait que , si
le docteur Gall avait défendu de présenter
son corps à l'église , ce n'était point par
une vaine fanfaronnade d'impiété , mais
parce que Rome ayant mis son livre à
l'index , il avait craint qu'on ne renou-
velât autour de son cercueil, des scènes
tumultueuses dont il avait déploré le scan-
dale, a Les sacrifices de l'Eglise, ajoutait-
« elle, n'ont point, il est vrai, répandu
» leurs consolations sur les derniers mo-
» mens du docteur Gall, plaignons-le..., et
» respectons par notre silence les mysté-
» rieux décrets d'une Providence qui a
D ravi l'usage de toutes ses facultés inlel-
» lectuelles, cinq jours avant sa mort, à
» un homme qui ayant consacré de si
i> grands talens et une carrière de 70 ans,
» à prouver ses prodiges et ses bienfaits ,
» a bien pu, pendant l'épreuve d'une lon-
» gue agonie , trouver grâce aux yeux de
» sa miséricorde. » Le docteur Gall a joui
d'une réputation européenne. 11 a pu-
blié : I RecJicrches philosophiques et mé-
dicales sur la natui'e et l'art dans les états
de santé et de maladie^ Vienne , 1791 , 2
vol. in-S"; | Introduction au cours de
physiologie du cerveau, ou Discours pro-
noncé à la séance d'ouverture de son
cours public. Paris, 1808, in-8"; | Mé-
GAL
moire concernant les recherches sur le
système tten'eux en (/èru'ral et sur celui
(lu cerveau en particulier, Paiii , 1809,
ln-4* ; I .■énatomie et physiolnyie du sys-
tème uer\'eux et du cerveau en par'.icu-
lier , avec des observations sur ta possi-
bilité de reconnaître plusieurs disposi-
tions intellectuelles et morales de l hom-
me et des animaux par la confu/uration
de leur tête .VatH. 1810, 1818. i volumes
in-t" avec 17 planches , in-folio. Le doc-
teur Spuizherin a travaillé au premier
volunie et à la moitié du swronti ; | Sur
les fonctions du cerveau et sur celles de
chacune de ses parties, avec des obsetva-
tions sur la possibilité de reconnaître les
instincts ^ les penchans, les talens ou les
dispositions morales et intellectuelles des
hommes et des animaux par la configu-
ration de leur cerveau et île leur tête .
Paris, 1822, in-S" ( prospectus) ; l'ouvrage
u paru sous les litres su i vans : Sur V ori-
gine des qualités morales et dei facultés
intellectuelles de l'homme, et sur les con-
ditions de leur manifestation ^Varis, 1822,
lom.l" et 2*^; [ Influence du cerveau sur
ta forme du crâne . difficultés . moyens
de déterminer les qualités . et les facultés
fondamentales et de découvrir le siège de
leurs organes , 1823, tom. 3; | Organolo-
gie ou exposition des instincts . des pen-
chans . des sentimens . et des talens , ou
des facultés morales et des facultés in-
tellectuelles fondamentales de l'homme
et des animaux et du siège de leur or-
gane. 1823, tom. h clli; \ Revue critique
((e quelques ouvrages anatomico-physio-
logiques. et exposition d'une nouvelle phi-
losophie des qualités morales , et des fa-
cultés intellectuelles, tom. 6.
GALLA , fille de l'empereur Valenti-
nien et de Justine, fut mariée l'an 386 à
Thécxlosc , et fut mère de Galla Placidia
fdont on parlera au mot PLACIDIK), et
de Oratien, mort jeune. Philostoqje dit
qu'elle était arienne ; il est vrai que sa
ruTc l'avait fait élever dans les principes
de l'arianisnie; mais il y a lieu de croire
que l'épouse de Théodose et la mère de Pla-
cidie était bonne ralholique. M. Fl«*chier
dit que l'empereur Théodosc a l'avait
» retirée des erreurs où l'impératrice Jus-
» tine l'avait enrayée dang son enfance,
* et lui avait fait part non-seulenn'nt de
» vm trône, mais encore de sa piélc. »
Klle mourut en couches à Constantinople,
vers le mois do mal de l'an 594. — II ne
faut pas la confondre avec GALLA. fennne
de Jules Constance, qui était frère de
T^rS GAL
(',i)j:>I.Tnlin le Grand, cl mire de Gallas.
frère de Julien raiM)slat.
(ÎALLA-PLACIDIA./'oyrsPLACIDii:.
* G ALLAIS (JBAX-PiKiiiiE), ancien bé-
nédictin de Sainl-Maur , et professeur de
piiilosophie dans son ordre , né à Doué
en Anjou (IMaine et Loire) . le 18 janvier
175G. Dès rori|;iiic de nos troubles, il aii'
nonça lus malheurs qui en seraient la suite,
dans ])Iusieurs opuscules qu'il publia en
1789, 90 et 91, sous les titres d'//isfoire
persane , de Dictionnaire inutile , de Dé~
mocrite voyageur , etc. En 1792 il entre-
prit la rédaction dn journal général, que
dirigeait alors l'abbé de Fontenay, cl il y
écrivit jusqu'au 10 août, avec une liberté
qui n'était i)as alors sans courage. Trois
jours avant le jugement de Louis XVI , il
ne craignit pas de publier un mémoire .
sous le titre d'Jppel à la postérité . où il
protestait contre le droit que les conven-
tionnels s'arrog»aient de citer à leur barre
ce monarque infortuné. Le libraire Wc-
bert qui distribuait cette brochure au
Palais-Royal, fut pris et périt sur l'écha-
faud un an plus tard. M. Gallais prit la
fuite, mais fut arrêté le 17 septembre 1793,
et envoyé à la Force , où il demeura sept
mois. Après la mort de Robespierre, il
coopéra à la rédaction de la Quotidienne,
du Censeur des Journaux, ei fut proscrit
après le 18 fructidor an 5. Les presses
de Gallais furent brisées ce jour-là, sa
niaison fut pillée, et il n'échappa lui-même
à la déportation qu'en vivant caché pen-
dant deux ans. Rendu à la liberté par le
décret qui amnistiait les déportés, il fut
chargé pendant 10 ans de la rédaction du
Journal de Paris, et devint, en 1800,
professeur d'éloquence cl de philosophie
à l'académie de législation, où il se ùt
remarquer par ses leçons de morale chré-
tienne. Sa vie privée fut cependant peu
édifiante. Oubliant son premier état, il
avait eu la fail)lesse de se marier, et l'au-
teur d'une notice sur sa vie , le nomino
comme ayant été, en 1806, membre de
de la société épicurienne , séant au Ho-
cher de Cancale. On a de lui | une suite de
V Histoire de France d'Anquetil , 2 vol. in
8", ou 3 vol. in- 12 ; | des i:tudes de littéra-
ture . d histoire et de philosophie , 2 vol.
in-8° ; | des .Vœurs et caractères du iT
siMe, 2 vol. in-8". elc. ; mais les ouvrages
qui ont le plus contribué à le faire con-
nallre , sont | V Histoire de la révolution du
18 fructidor , 2 vol. in-S", où il ne crai-
gnit point de faire celle profession de fo4
poltli pie -.«Qu'il n'y a point de salut {Miur
GAL 526
y la France Siins monarchie , et point de
» monarchie sans les Bourbons; » | l'His-
toire du i8 brumaire et de Botiajiarte ^
5 part, in-8", que le public éclairé distin-
gua de la foule des brochures que chacune
des époques de notre révolution a vues naî-
tre ; I et V Histoire de la révolution du 20
mars 1815 , qui fut son dernier ouvrage ,
et mérita un égal succès. Gallais est mort
à Paris le 2G octobre 1820 dans la 63*= an-
née de son âge. Gallais fut en butte aux
sarcasmes des philosophes : Cliénier a dit
de lui :
Et Gallaii , qui n'a point , maïs qui donne la gloire ,
Croit que le sort du monde est dans son écritoire.
Gallais avait été choisi après la seconde
restauration par l'empereur de Russie
pour son correspondant littéraire,
GALLAIND ( Pierre), principal du col-
lège de Boncour à Paris, et chanoine de
Notre-Dame , était né vers 1510 , à Aire
en Artois. Il lia une étroite amitié avec
Turnèbre, qui fut son disciple, avec Bu-
dé, "Valable, Latomus, etc., et fut estimé
de François I". Il mourut en 1559. On a
de lui divers ouvrages en latin , qui ne
sont pas assez bons pour en donner le
catalogue.
GALLAND ( Auguste ) , procureur-
général du doiTiaine de Navarre, et con-
seiller d'état, né vers 1570, était très
Ncrsé dans la connaissance des droits du
roi, et dans celle de Thistoire de Franco.
vSes ouvrages, pleins d'une érudition cu-
rieuse et recherchée, en sont un témoi-
(^nage. Les principaux sont : | Mémoire
j)our l'histoire de Navarre et de Flandre^
IG48, in-rfol. ; | plusieurs Traités sur les
i-nseignes et étendards de France ; sur
la chape de saint Martin ; sur \' Office du
cjrand-sénéchal ; sur VOriflainme ^ etc.
I Discours au roi sur la naissance et ac-
croissement de la ville de La Rochelle .
J028, in-8" ; | un Traité contre le franc-
oleu^ sans titre, dont la meilleure édition
est de 1657, in-4''. On croit que Galland
mourut vers Tan idkh..
GALLAi\D ( Antoiive ),néàRollotdans
la Picardie en 1G4G , de parens pauvres ,
mais vertueux , se tira de l'obscurité par
ses talens pour les langues orientales. Il
obtint une chaire de professeur d'arabe
au collège royal , et une à l'académie des
inscriptions et belles -lettres. Le grand
Colbert l'envoya dans l'Orient. Il en re-
vint avec une moisson abondante; il co-
pia des inscriptions, il dessina des monu-
lïiens, il en enleva môme; il obtint des
attestations sur la cr.jy mce de l'église
GAL
grecque, touchant l'eucharistie, très fa-
vorables à celle de l'église latine. Ces
voyages le perfectionnèrent dans la con-
naissance de l'arabe et des mœurs njuh(>-
métanes. Les ouvrages qui nous restent
de lui, ont été empruntés en partie des
Orientaux. Les principaux sont : | Traité
de l'origine du café, 1G90, in-12, traduit
de l'arabe ; | Relation de la mort du sul-
tan Osman j, et du couronne/nent du sul-
tan jtiustapha Ar&dmle du turc, in-12;
I Recueil des maximes et des bons mots
tirés des ouvrages des Orientaux, in-12;
I Les Mille et une nuits. C'est un recueil de
contes arabes, les uns piquans , les autres
insipides , mais présentant en général de
bonnes moralités , en 12 vol. in-12, réim-
primé en 6. Dans les deux premiers vo-
lumes de ces contes, l'exorde était tou-
jours : « Ma sœur, si vous ne dormez pas,
» faites-nous un de ces beaux contes que
» vous savez. » Quelques jeunes gens, en-
nuyés de celte uniformité , allèrent , une
nuit qu'il faisait très grand froid, frapper
à la porte de l'auleur , qui court en che-
mise à sa fenêtre. Après l'avoir fait i)ior-
fondre quelque temps à lui demander
s'il était M. Galland, auteur des Mille et
une nuits . et s'il était levé, ils tinirent la
conversation par lui dire : « M. Galland ,
» si vous ne dormez pas , faites-nous un
» de ces beaux contes que vous savez. »
I La Préface de la Bibliothèque orientale
de d'Herbelot, qu'il continua après la mort
de ce savant ; | plusieurs Traités et dis-
sertations sur clés médailles antiques. Gal-
land mourut en 1715, à fi9 ans. Il était
simple dans ses nriœurs et dans ses maniè-
res, comme dans ses ouvrages. Il iie se
proposait dans ses livres que l'exactitude,
sans se mettre en peine des ornemens. Il
aimait l'étude avec passion ; s'occiipant
peu des besoins de la vie, et dédaignant
ses commodités. Voyez son éloge dans le
recueil de ceux de M. de Boze.
* GALLAIMDI (AxonÉ), prêtre orato-
rien qui vivait dans le 18^ siècle, s'e.'-t
fait connaître par deux ouvrages : | Bi-
hliotheca veterum patrum antiquorvm'
que scriptorum ecclesiœ . etc. , Venise,
i7G5-81, 14 vol. in-4°, collection très im>
portante; | De tietustis canonum collée-
tionibus dis sert. Sylloge. i790, 2 vol. in-4°,
' GALLAllD (Germain), docteur de
Sorbonne, grand-vicaire et chanoine de
Sentis , né en 1744, à Arlenay près d'Or-
léans, til SCS études à Paris et fut nommé
en I772directeurspirituel de l'école royale
mililaire de Paris. Il joignait à l'esprit et
GAL 5
aux cunnatssanci'9 de son élut une ainr-
nitéde caraclèrc qui lo faisait rcrluTchor.
So«i niéiili". le lil choisir, par rassemblée
«lu chîrt;»'" de 178'J, piiur donner une édi-
lioa coinpièle des OtSm.<rrs Uf Fénélon \n-
h"; mais les foitcliuns qu'il avait à reuiplir
Il la faiblesse »le s;i sanlé l'empiVlièrent
de lermiiuT seul «elle enlieprise. On fui
obligé de lui udjoindre le Père Querbeuf .
homme latK)rieux qui acheva l'édilioii
fil 9 vol. ii'-V, el composa la vie de ce!
illustre archexèijue. Pendant la terreur,
l'abbé Gallard fut obli[;é de se cacher;
mais, lors(jue des temps moins ora[jeux
lui permirent de se montrer , il entreprit
de donner une édilion des Srrmons de
lieauvais êvéque de Sener., qui avait été
son an>i, qu'il jjublia en 1807, en /i vol.
in-12, el où il ne lil p;is entrer deux dis-
cours prononces dans les assemblées du
clergé , et deux autres sur la cène. Il de-
vait joindre à celle édition un éloge de
l'auteur, mais sa mauvaise santé, cl peut-
être un peu de né{jli(Tence , rempcchèrenl
de terminer ce travail ; il n'en a publié
qu'un/'/"a<7/nc«/ qui fait repreller que celle
œuvre soit rcsléc tncomplùle. lin 1809
ral)bé Gallard fui appelé à uire chaire d'é-
loquence sacrée da^is la faculté de théolo-
gie : il la refusa, se conlenlanl d'une pe-
tite place dans une des connnissions de
l'univcrsilc. Il est mort à Paris lu 11 mai
1812.
GAI-LE (Skr vais), Seivatiits Gallœus.
hollandais, né à Holterdam en 1027, motl
à Campcn en 1709, est auleur dim Traité
latin sur les oracles des Sjjhillrs . 2 vol.
iii-/*", Amsienlain, 1089; le l^conliml
les orades avec un commentaire. Le se-
cond contient des dissertations sur tout ce
qu'on peut dire des Sybilles. Il prouve
leur existence conire Socin : il soulienl
qu'elles ont été inspirées par le démon;
il nie qu'elles aient élé vierges, et pré-
tend qu'il n'y a rien de fixe sur leur nom-
bre. 11 y fait un? sorlii; pleine do Cel con-
tre quelques saintes, à «pii Ion a attribué
le don ce prophétie. « Plaisanl cmbarnis,
» dit un critique , où s'est trouvé ce bon
» prolestant ! RecoHuaissant l'existence
> des Sybilles el leur inspiration , mais
> craignant quehjues fâcheuses conséquen-
• ces cofiire sa série, il aime mieux les
«faire inspirer par le démon , et leur cn-
» lever leur virginité, que de fournirquel-
» que preuve en faveur des vierges qui ,
• parmi les catholiques, ont paru av«,ir
• «juelque connaissante d<; l'axcnir. » O.i
a encore de lui une édition de Lactance .
i7 <;vL
1 Lcydo , ICfiO, où il fait I ou» %t% efforts
pour réfuter les noie» qu'Isxus avait fai-
tes sur cet ancien nuleur chrétien, et pour
mélamorphoser Larlancc en huguenot. Il
a travaille à une éililion de MinuUut Fe-
lix . qui na pas vu le jotir , el qui apjja-
remmenl ne valait pas mieux que la pré-
cédente.
• O ALLF.T ou GALET ( N ... ) , crclc-
siaslique français attaché à Fénélon qu'il
a presque toujours suivi, a publié : | la
Vie do ce prélat sous ce tilre : Recueil
des principales vertus de Fénélon, Nati-
cy, 172j, in-12, 1res rare ; | nnt Disserta-
tion dogmatique et morale sur la doctrine
des indulgences . sur la foi des miracles
et sur la pratique du Itosa.'re. 172'», ln-12.
On lui attribue : Lettre d'un anonyme à
feu M. de Iteausohre sur .V. de Fénélon.
inséré dans la Bibliothèque germanique .
lome /»('», p. CO.
' (i VLLKT ( J.vr.QLEs), ancien supé-
rieur du séminaire de Saint-Louis à Paris,
naquit à Lamballe ( Bretagne) vers le mi-
lieu du 17* siècle, et mourut en 172C a
Compans dans le diocèse de Meaux , où il
élait curé. Il se livra à de profondes re-
cherches sur Ihisloirc de la Brelagne. II
a composé une dissertation histori(]ue sur
l'origine des Bretons dont l'abbé des Fon-
taines a fait les tomes 5 el 6 de son Histoire
des dues de Bretagne qui parurent en
1757 ; elle a été réimprimée à la fin du i"
vol. de l'Histoire de Bretagne de don Mo-
rice, qui l'a beaucoup améliorée tant par
ses propres corrections que par la resti-
tution du texte d'après le manuscrit ori-
ginal que possédait le cardinal de Rolian.
• (,ALLI:TTI ( PiKRiit-Lotis ) , savant
antiquaire italien cl évéque de Cyrène .
né en 1724 à Rome, n>ort subitement il'une
attaque d'apoplexie le {'j décembre 1790,
fit ses premières études dans sa \illc na-
tale, puis entra cher, les bénédictins de
Florence, cl fut nommé bibliothécaire-ar-
chiviste de .Son couvent. II avait dirigé
ses travaux vers l'antiquilé , et l'hisluirc
p<jlitique, lilléraire el ecclésiastique de
plusieurs villes et maisons religieuses. F.n
parcourant les manuscrits de la biblio-
thèque de Florence il Irouvj» une charte
sur l'origine primilive de l'ordre deshio*
ronymiles : ce <(ut occasiona une di*.
cussion assez \ivc enirc lui cl le Pcrr No-
rini, abbé général de cet ordre , dÏM-ut-
sion dans laquelle il parait que l'avautajo
lui resla. Kn IT.tli il publia une di>ferla-
lion tendant à delenniurr la po^likit;
exacte de I'uik icnnc Ruine cl d4u« loquoUc
GAL 528
il prétend qu'elle était dans le lieu qu'on
appelle civitacula. On lui doit aussi des
notices intéressantes sur les actes de saint
Gélulien et de ses compagnons ; des mé-
rnoù'es sur les antiquités ecclésiastiques ;
ime collection des inscriptions du mot/en
âge qui se trouvent encore dans plusieurs
contrées d'Italie, publiée à Rome de 1737
à 1766 ; la publication de plusieurs lettres
médites de saint Basile le Grand eldu
vénérable Bède , et de trois discours de
Th. Ph. Jnghirami de Volterre. Son mé-
rite lui obtint l'amitié des plus illustres pré-
lats ; le pape Pie VI lui conféra plusieurs
bénéfices et le titre d'évêque de Cyrène.
Ses principaux ouvrages sont : | Ragio-
namento deW origine e de primi tempi
delV abadia Fiorentina, Rome , 1773 , in-
U°; I Capenamunicipio de' Romanis Rome,
1756; I Gabbio antica citta diSabina sco-
jjerta ave era torrij, ovvero le grotte di
toro^ Rome, 1757,in-ii°, fig.; | Inscriptio-
nes veiwtœ infimi œvi , Romce exstantes,
Rome, 1737-1766, 3 vol. in-4°. Il publia suc-
cessivement les inscriptions de Bologne,
1 volume in-/i.° ; de Rome , 3 volumes
in-4" ; de la Marche d'Ancône et du Pié-
mont.
GALLI. Voyez BIBIENA.
GALLICrVN ( saint ) , consul romain
sous l'empereur Constantin , battit les
Scythes, et souffrit le martyre à Alexan-
drie , par ordre de Julien l'Apostat, le 23
juin 362.
GALLICAN, tribun de l'armée de Ves-
pasien. Il se signala beaucoup à la prise
de Jotapat, et fut envoyé à Flave Josèphe,
pour l'exhorter à se rendre.
*GALL£CCIOLI ( l'abbé Jea.\-Bap-
TiSTE ), savant professeur d'hébreu et de
grec, né à Venise en 1753. Il savait indé-
pendamment des langues orientales , le
syriaque, lechaldéen, le latin, le français,
l'anglais ; et son plus grand plaisir était
de communiquer son savoir à ses disci-
ples. Il leur avait inspiré une telle con-
iianceet en mêmetempsune si grande ar-
deur pour l'élude, qu'ils le suivaient jus-
que dans les rues de Venise, pour profi-
ter de ses conversations. Il était d'une
excessive charité pour les pauvres, et à
sa science se joignit une extrême modestie.
Quoiqu'il possédât une fortune assez con-
sidévable, on le trouva , à sa mort arrivée
en 1806, dépourvu de tout , et l'on décou-
vrit qu'il y avait plusieurs familles qui
ne vivaient que de ses bienfaits. On lui
doit : I Dizionario latino italiano délia
sacru Biblia; \ Disserlazione deli aiUicà
GAL
lezione degli Ebrei e delV origine de-
puJiti;\ Pensieri sulle 70 setlimane di Da-
niele, écrit rempli d'érudition , dont tou.es
les universités italiennes lui firent des
remercîmens ; | Mémorie venete antiche
profane ed ecclesiastiche , 8 vol.; | la
grande table des 32 vol. in-foldu Thésaurus
antiquitatum saci'armn, d'Ugolini ; j tra-
ductions italiennes de V Ecclésiaste et des
différentes Défenses de la religion chré-
tienne^ écrites par Talien , Atliénagorc ,
etc. On regrette qu'il n'ait pas publié
avant sa mort un ouvrage important, qui
lui avait coûté 20 ans de travail, intitulé:
Approssimazione délia sinagoga alla
nostra religione. Galliccioli a donné aussi
une édition des œuvres de saint Grégoire
le Grand.
GALLIEIV, Publius Licinius Gallianus ^
fils de l'empereur Valérien , fut associé
à l'empire par son père , l'an 233 de J.-C,
et lui succéda l'an 260. Le nouvel empe-
reur avait signalé son courage contre lc3
Germains et les Sarmates ; mais la vo-
lupté amollit son âme , dès qu'il fut sur
le trône impérial. Pendant que tout le
monde gémissait sous le poids des guerres
et des calamités publiques, il vivait tran-
quillement à Rome , toujours environné
de femmes impudiques, tantôt couché sur
des fleurs, tantôt plongé dans des bains ,
ou crapuleusement assis à table , ne res-
pirant que pour le plaisir, et n'ayant point
d'autre objet. Les uiiines , les bouffons
formaient son cortège ordinaire , et des
femmes prostituées l'accompagnaient
tous les jours lorsqu'il allait au bain. Il
était devenu insensible à tout ce qui ne
regardait pas la volupté. Quelqu'un étant
venu lui dire que le royaume d'Egypte
s'était révolté contre lui : « hé bien ! ré-
» pondit-il , ne saurions-nous pas vivre
» sans le lin d'Egypte ? » Un autre lui ap-
prenant la défection des Gaules, il répon-
dit d'un air indolent : « Qu'importe ? Est-ce
» que l'état ne peut subsister sans les lon-
» gués casaques et sans les draps d'Ar-
» ras ? » Il ne reçut pas avec moins d'in-
différence la nouvelle qu'on lui apporta
des désordres qu'avait faits en Asie un
furieux tremblement de terre , et celle
d'une dernière invasion des Scythes ; il
ne dit que ces mots : « Il faudra nous
» passer de salpêtre. » La perte de plu-
sieurs autres provinces ne le toucha pas
davantage , et on eût dit , à le voir et à
l'entendre , qu'il était un simple parlicu-
lier. Il fallut enfin qu'il sortit de sa léthar-
gie. Poslliunio et ln?T;cnuuà se firent pro-
GAL
rUmor empereurs en môme lpmp<, l'un
ilans les Gaules, >"aulre dans rillyric. (ial-
licn marcha contre celui-ci , le vainquit
cl le tua. Il lit pt'rir tous les rebelles ,
■iins distinction dàje ni de sexe , ou par
lui-nu^mc , ou par ses licutenans. « Epou-
» se/., écrivit il à l'un d'eux, ma querelle,
r et ven^er-la comme si c'était la vôtre. »
les soldats et le petiple de Mœsie , irri-
tes de tant d'exécutions barbares, procla-
mèrent un nouvel empereur, tué par ses
pardes peu de temps après. Macrianus,
tlu empereur en Ejjypte vers le même
temps , y répna près de 2 années. Trente
tyrans dans différentes parties de l'em-
pire se mirent , ou se firent mettre sur la
télc , la courotme impériale. Gallien ,
plongé dans Tassoupissement des plaisirs,
n'avait de vivacité que celle que lui don-
nait sa colère ; dès qu'elle était apaisée ,
il retombait dans son indolence. Son père
avait été fait prisonnier par les Perses ;
au lieu d'aller le délivrer, il confia lesoin
de le ven;;er à Odénat. Ce général fit ce
que l'empereur aurait dû faire : il chassa
les Barbares des terres de l'empire, et
porta la terreur dans leur propre pays.
Odénat ayant été tué , Zénobie sa veuve,
prit le titre de reine de l'Orient , et fit
proclamer empereurs ses trois fils. Iléra-
clien, envoyé contre elle, fut battu, et son
armée taillée en pièces. Auréole , dace
d'origine , berger d'extraction , prenait
dans le même temps le litre d'empereur,
et se rendait maître de Milan. Gallien alla
mette le siège devant cette ville. Le re-
belle, pour se défaire de lui, fit donner de
faux avis aux principaux officiers, et leur
persuada, par ses émissaires, que Gallien
avait résolu leur perte. On forma à l'in-
stant une conjuration contre lui , et on
l'assassina l'an 2fj8 de J.-C. , avec son fiis
Valérien qu'il avait associé à l'empire. II
avait alors 50 ans. Ce prince cruel et bru-
tal fut à quelques égards plus nKKlérc et
plus juste que les empereurs les pliu
vantés. Les chrétiens , dont les Trajan et
les aiarc-.Vurèle firent couler le sang dans
toutes les provinces de l'empire , furent
épargnés par Gallien. 11 les connut , il les
jugea mieux ; il con«;ut du respect pour
leurs vertus, fit publier des éditsde paci-
fication en leur faveur, leur accorda le
libre exercice de leur religion , ordonna
qu'on leur rendit les cimetières où ils
s'assemblaient, et qu'on restituât aux par-
ticuliers tous le» bien» confisqués. Tant
il est vrai que l'orgueil philosophique et
une vainc o<>lenlalion de vertu sont lou-
529 G. IL
vent plus à craindre que des vice» re-
connus et avoués !
*GAI.I.lMVUD(JeA^ Kdur). institu-
teur et professeur de mathématiques qui
mourut à Paris en 1771 , à l'âge de 86 nus,
a laissé un grand nombre d'ouvrages qu'il
les pritu'i-
a composés pour la jeunesse
paux sont : | V Arithmétique dctunuatra-
tive; l'Jlyèbre, ou l'arithmétique littérale
dé montrée, tn deux tables, chacune d'un.'
feuille d'impression. 1740, in-8"; | Géomé-
trie élémentaire d'Euclide avec des sup-
plémens, 1736, 1749, in-12; ( Science du
calcul numérique, 1750, in-12 ; | les Sec-
tions coniques et autres courbes traitées
profondément, 1752, in-i"; | Méthode théo-
rique et pratique d'arithmétique, d algè-
bre et de géométrie . mise à la portée dir
tout le monde. 1753, in-l6; | Théorie des
sons applicable à la musique, 175/t , iu-8 "
d'une feuille; | .-alphabet raisonné pour la
prompte et facile instruction des en fans,
1757, in-12; | le Pont aux ânes métho-
dique, ou Nouveau liarréme pour les
comptes faits , 1757 , in-8".
G.VLLIO\' ( JcîviL's), sénateur romain,
fut d'avis que les coliortes prétoriennes ,
après plusieurs campagne», auraient I;î
droit d'être assises parmi les quator?. ;
ordres. Il en fut rudement repris par leni-
pereur Til)ère, qui sur-le-champ le lit
sortir du sénat, puis de l'Italie. Il choisit
l'agréable ville de Lesbos pour le lieu d«;
sa retraite. Tibère sut qu'il s'y plaisait,
et le fit revenir à Rome, où il fut obligiî
de demeurer dans la maison des magis-
trats. C'est toute la récompense qu'il eut
pour les bassesses qu'il avait faites au-
près de ce tyran.
G VLLION (Ju:«ius), frère de Sénèquc ,
précepteur de Néron. Etant proconsul
d'Aclia'ie, le» juifs lui amenèrent saint
Paul pour le faire condamner; mais Gal-
lion leur dit « qu'il ne se mêlait point .le
leur» disputes de religion, et qu'ils eu>-
scnt à vider leur différend entre eux. •
( Jet. 18j. Celte réponse semble prouver
que ce pnKronsul regardait ce» démêh «
avec indifférence. Cependant quehjuos
historiens en ont conclu que, s'il n'était
pas chrétien , il avait quelque penchant
au christianisme. Gallion, condamné à
mort par Néron, se tua lui-même; ce der-
nier trait prouve mieux que tout le re»tc
qu'il n'était pas chrétien.
G \I.USS()>XIÈRE ( RoLA^o Mirnrt
BAllRIN, marquis de la ) . liculenant-cr-
néral des armée» navales de France, né
à RocheforI le il novembre lûOS , entra
GAL
330
GAL
au service en 1710 , comme garde de la
marine, et après diverses promotions, fut
nommé gouverneur général du Canada
en 1743. Il remplit cette place avec talent
«.'l distinction, elles succès que les armées
françaises eurent dans cette partie du
monde furent le fruit de l'ordre qu'il y
avait établi. Il repassa en France en 1749,
et fut nommé chef d'escadre. Tout le
monde connaît la célèbre expédition de
Minorque,en 1756, où il battit les An-
glais et s'empara de Mahon. Mais celte
expédition si glorieuse pour de La Gal-
lissormière, acheva de ruirxer sa santé,
dérangée depuis plusieurs années. 11 mou-
rut à Nemours , le 26 octobre de la même
année , âgé de 63 ans. Aux talens supé-
rieurs de son état , à des connaissances
très variées (i), cet illustre marin joignait
un 7,èle et une bonté de coeur rares. iS'une
exacte probité et de mœurs austères , il
n'était sévère que pour lui-même.
GALLO ( Alo\zo ) , auteur espagnol ,
à qui nous devons un traité fort recher-
ché et très rare , surtout en France , écrit
dans sa langue, sous ce titre : Declaracion
del valor del oro. Madrid, 1615, in-12.
Cet ouvrage a été d'un grand usage pour
ceux qui travaillent ce métal ou qui le
négocient. L'auteur vivait dans le 17*=
siècle. — Il ne faut pas le confondre avec
GALLO ( .lEAiv-BAiTiSTE). /"oyezGELLI.
GALLOCOE { Louis), natif de Pa-
ris, mort en 1761 âgé de 91 ans, fut
elevede Boullongne qui l'instruisit, en
lui dévoilant les principes de la peinture
d'après les tableaux mêmes des grands
hommes. Celte façon d'instruire habitua
Galloche à un goût de théorie, qui semble
, avoir nui en quelque sorte au progrès
des connaissances qu'on acquiert par la
pratique. On voit néanmoins quantité de
beaux tableaux de cet artiste , entre au-
tres la Résurrection du Lazare . à Téglise
de la Charité; le Départ de saint Paul
de Miletpour Jérusalem , à Notre-Dame;
saint Nicolas , évcque de Myre , à Saint-
Louis du Louvre ; V Institution desenfans
trouvés, à Saint-Lazare; la Samaritaine ,
et la Guérison du possédé , à Saint-Mar-
tin des Champs ; saiiit Nicolas de Tolen-
■Un 3 dans l'église des petits-Pères; et dans
ia sacristie , la Translation des reliques
(i) Le marquis de la Galisspnnière e'tait membre
aisacié libre du l'acadomie des sciences, dont les ÎMe-
ranirei renferment un e'crit de lui intitulé : Observa-
tions sur une espèce Je ^ranil qu'on trouve près de
Skoa.la.igu , el qui est susceptible d'un beau poli.
de saint Jugustin : c'esi le chef-d'œu%Te
de l'auteur , ainsi que son tableau de r»>
ception àl'académie royale, représentant
Hercule qui rend Alceste à son épouM
Admète... Galloche fut gratifié par le roi
d'un logement et d'une pension. François
le Moine fut son disciple. Il mourut rec-
teur et chancelier de l'académie royale.
GALLOIS ( Jean ), abbé de Saint-Mar-
tin des Cores, secrétaire de l'académie
des sciences , professeur en grec au col-
lège royal, et inspecteur du même col-
lège , naquit à Paris en 1632 , et y mou-
rut d'hydropisie en 1707. Il travaillaaprès
Sallo , le père du Journal des savons, à
cet ouvrage périodique; mais il n'y mit
pas la même critique ; il savait combien
elle offensait , lors même qu'elle est mo-
dérée et juste. Les auteurs furent contens,
mais le public le fut moins : on l'accusa
de prodiguer les louanges, non -seule-
ment aux bons écrivains, mais même
aux médiocres; défaut devenu commun
à tous les journalistes, et qui va toujours
croissant , en raison directe de la déca-
dence du goût et des sciences. « La bonne
» critique , dit un auteur moderne , a dis-
» paru avec le vrai savoir. Elle a cesséd'être
» sévère, jjarce qu'elle a senti sa faiblesse
» et son impuissance; elle a craint ses pro-
«presjugemens, parce qu'elle n'apas suies
» fonder assez en raison et en droit pour les
» faire respecter. De là tous ces pérîodistes
» louangeurs qui ne savent qu'admirer et
» s'épanouir, lors même qu'ils analysent la
» pauvreté et la sottise. C'est l'ignorance
» qui compose avec l'ignorance , qui loue
» pour être louée à son tour , comme ces
» faux prophètes dont il est dit dans TE-
» criture : Beatificant et beatificantur. »
Observation du reste qui ne convient pas
dans toute son étendue à l'abbé Gallois .
et qui ne doit se rapporter qu'au mauvais
exemple qu'il a donné . et qui est aujour^
d'hui si bien suivi. Le grand Colbert , ton.
ché de rutilitéde ce journal, prit du goût
pour l'ouvrage, et bientôt après pour
l'auteur. Après avoir éprouvé long-temps
son esprit, sa littérature, ses mœurs, il
le prit chez lui en 1674 , et lui donna tou-
jours une place à sa table et dans son car-
rosse. L'abbé Gallois lui apprit un peu de
latin dans ses voyages de Versailles à Pa-
ris. On n'a de lui que les extraits de ses
journaux , et quelques petits écrits qui ne
formeraient pas un volume.
* GALLOIS ( A\toine-Paul le) , béné-
dictin de la congrégation de Saint-Maur,
né en 1640 à Vire , en Normandie , pro-
G AL
351
GAL
foMa la philosopliic à l'abbaye de Sainl-
Waiulrillc : il5o livra eiisiiitu à la prédica-
lion, i*t y renonça au Ik>uI de 20 ans. pour
écrire l'Iiisloire de Bretagne. Il suivail
ce projet avec ardeiw lorsqu'il mournt
d'ajjoplexie en l(î'J5 , à l'abbaye du nioiit
Sainl-Micliel . dont il était allé visiter les
archives. Il a laissé : | Oraison funèbre d^
ia reine Marie-Thcrèse WJutriche, Pa-
ris , 1()8.T ; I Klof/e funèbre du chancelier
L^teïlier. en latin, Paris et Rouen, 1685;
I Abrégé de sermons de controverse .
Caen , 1684, in-'i°; | Eclaircisiemens
apologétiques sur quelques propositions
de théologie. *i\c, il)id. IG86. in-Zi" ; ] quel-
ques autres écrits peu remarquables, | et
des fragnicns de ï/fistoire de Bretagne,
terminée par D. Lobineau.
• G AM.OIS ( JiiA!«-ANT«iNE GAUVIN),
membre associe de l'institut ( section d'é-
conomie politique), fut envoyé en 1791
avec Gensonné dans la Vendée en qualité
de commissaire pour examiner de quelle
nature étaient les troubles de celte pro-
vince. Il lit le 9 octobre suivant un rap-
port sur l'état relijïieux des départemens
de l'Ouest, où il avait pa constater une op-
position très vive à la constitution civile
du clergé et aux prêtres qui l'avaient
adoptée. Cliargé en 1798, de traiter de l'é-
change des prisormiers français en An-
gleterre, il échoua dans celte mission et il
lui fut même défendu de séjourner à Lon-
dres. De retour en F'rance, il fit partie
du tribunat dont il devint président en
1802, et secrétaire en 1804. C'est en cette
qualité qu'il signa le procès-verbal de la
séance dans laquelle M. Jard-Panvilliers
demanda que Bonaparte fût déclaré em-
pereur et que ladiijnilé impériale fût hé-
réditaire dans sa faiiitlle. Après la dissolu-
tion du tribunal, Gallois devint membre
du Corps législatif; plus tard il adhéra à
la déchéance de Bonaparte. Membre de la
chaml)re des dé|»utés de la première res-
tauration, il y parla en faveur de la liberté
de la presse, puis vécut dans l'obscurité
jus(|u'à sa morl arrivée le TjuilU-l 1828.
On lui doit une traduction française de
l'ouvrage de Filangiéri sur la science de
la législation, Paris, 1786, 1798,7 vol.
inS".
G.VM.OMO (A\toi?ie), prêtre orato-
rien de Rome, mort en 1617, publia en
italien : | une Histoire des vierges . l.Wl,
in-4°; | les fies de qwlques martyrs .
i:;97. in-4"; | la lie de saint Philippe de
Aéri. in-8" ; i de Afonachalu sancli Gre-
gorii. Roine , 1004 , ïn-h". Il y prétend ,
avec Baronius , que laint Gréjroîrc n'a pas
été bénédictin, mais de l'ordre de saint
Kiiuice , dont saint (irégoire fait mention
dans ses livres de morale. | Il mit au jour
en 1591 , in-4°, avec les figure» de Tcni-
pesta. un traité en italien, curieux et fait
avec beaucoup de soin , sur les différent
supplices donl les païensse servaient pour
faire souffrir les martyrs de la primitive
église. Cet ouvrage , traduit en latin par
l'auteur, fut imprimé en i:j94 , et réiirw
primé en 16'J9 à Paris. Gallonius non-seu-
lement recueillit ce qui se trouve des
tourmens des martyrs dans leurs actes ,
dont plusieurs pourraient être suspects
aux esprits forts, mais aussi ce qu'on lit
dans les auteurs anciens , tant profanes
qu'ecclésiastiques. Ce livre est ufie ré-
ponse victorieuse à cette phrase d'un in-
crédule UHiderne : « Il est difficile de curi-
» cilier avec les lo4s romaines tous ces
» tourmens recherchés, toutes ces mutila-
» lions, ces langues arrachées, ces mem-
» bres coupés et grillés, etc. » Il se peut
qu'aucune loi romaine n'ordonna jamais
de tels supplices ; mais la fureur des r»>-
mains Idolâtres les inventait, cl les juges
les laissaient faire, et souvent les ordon-
naient eux-mêmes. Le traité de Gallonius
en est la preuve. <« Le même argument ,
» dit un savant moiierne, prouverait la
» fausseté de toutes les atrocités exercées
» par les Adrets , les Halberstad , les La
» Marclc. les Sonoi, etc.; car où sont Ws
» lois qui, chez, les proîeslans, ordonnent
» de tels supplices envers les catholiques !
» Et pour rester dans l'histoire romaine.
» par quelles lois «le la jurisprudence cri-
» minellc, les chrétiens , sous Néron, fu-
• rent-ils enduits de poix et transformés
• en flambeaux. » Le livre De crue e de
Juste-Lipsc peut servir de pendant à ce-
lui de Gallonius.
GALLOW VV. rugez RUVIGNT.
G ALM'CCI. ou plutôt G ALLL'ZZI ^Tx*-
QCiiv), Gallulius . jésuite italien, mort ;«
Rouje en 1649, à 75 ans, est auteur de pi !i-
sieurs ouvrages. Les principaux sont :
1 findicationes virgilian^ . Wome , 1621,
in-4''; | Commentani très df tragœdiâ.il'
comeedià et de etegià. Paris, liir)! cl tù\:>,
2 vol. in-fol. Il était passionné |Knir Vir-
gile, autant que M"" Daner l'était pour
Homère. Il a tàdié de veinjcr le pt»cto
latin de toutes les rri tique* qu'tl • c»-
suyées. Il y a eu eneo! '. v>-
PaclGALLICCI. sa^ »-
lien, ne a Salo . dans !- la
milieu du 16* iièdc , Uwnl ic^ priaripau»
GAL
532
GAI.
ouvrages sont : | un traité Degli stro-
vienti di astronomia^ Venise, 1597, \n-k°;
1 Spéculum uranicum, in-fol.;] Cœlestium
cwporum explicatio . in-fol.; | Theatrum
mundi et temporis, in-fol. etc.
GALLIICCIO (Axge) , ne à Macérata
l'an 1593, entra dans la société des jésuites
en 1606, enseigna pendant 24 ans la rlié-
torique dans le coUéje roinain, avec beau-
coup de réputation, et mourut à Rome
le 28 février 1674. Son principal ouvrage
est la continuation des décales : De bello
belgico du Père Famien Strada, son con-
frère, depuis 1590 jusqu'à 1609, imprimée
à Rome en 1671 , 2 vol. in-4". Sa latinité
est pure et élégante, mais swi style est
plus affecté et moins coulant que celui de
Slrada.
GALLIÎS (Cornélius), de Fréjus en
Provence , grand capitaine et bon poète ,
était chevalier romain. Il aima Cytliéris,
affranchie de Volumnius, et la célébra
dans ses vers ; mais cette courtisane le
quitta pour s'attacher à un autre : ce qui
donna occasion à Virgile de composer sa
10*^ églogue, pour consoler Gallus de cette
perte. L'empereur Auguste lui donna le
gouvernement d'Egypte. Gallus pilla ce
pays , et , selon quelqiH'S-uns , conspira
contre son bienfaiteur , qui l'envoya en
exil. Il s'y tua de désespoir l'an 26 avant
J.-C. Virgile, qu'on peut croire n'avoir eu
pour amis que des gens d'un mérite dis-
tingué, fait l'éloge de ce poète. Gallus avait
travaillé dans le genre élégiaque ; mais il
ne reste presque rien de ses poésies. Les
fragmens que nous en avons se trouvent
dans l'édition de Catulle et Tibulle j. 1771,
2 vol, in-8" et in-i2, avec une élégante
traduction française par M. le marquis de
Pezai.
(îALLUS (ViBius) , natif des Gaules,
orateur célèbre sous le règne d'Auguste,
parut au barreau avec tant d'éclat , qu'on
lui donna un des premiers rangs parmi
les orateurs romains, après Cicéron. Sé-
nèque, son ami et son admirateur, a con-
servé quelques échantillons de ses plai-
doyers. Gallus mourut frénétique.
GALLUS (Caius VibiusTréboniaivus),
proclamé empereur romain en 251, à la
place de Dèce qu'il fit mourir, était d'une
bonne famille romaine , dont il souilla la
gloire par des actions lâches et honteuses.
Outre le meurtre de son prince , il con-
clut avec les Goths une paix si ignomi-
nieuse, que les Romains n'en avaient point
fait de semblable jusqu'alors : le traité
porlait qu'ils i)aycraicnt aux Goths un
tribut annuel. Domitien avait cependant
introduit autrefois la coutume de don-
ner de l'argent aux barbares, pour les
empêcher de ravager les terres de l'em-
pire. Il ne tarda pas long-temps à porter
la peine de ses infâmes actions ; mais
l'eiTipire la piarïagea avec lui. Les Gotlis
et les autres peuples ennemis des Romains
ne se contentarrt pas du traité avantageux
qu'ils avalent fait , le rompirent presque
aussitôt qu'ils l'eurent conclu. Ils vinrent
fondre sur la Thrace, la Mœsie, la Thes-
salie et la Macédoine , qu'ils ravagèrent,
et où ils commirent, sans que Gallus té-
moignât s'en soucier, tous les désordres
ordinaires aux nations septentrionales.
Les Perses , d'un autre côté , qui n'igno-
raient pas les progrès des Goths, entrè-
rent sous les ordres du fameux Sapor,
dans les provinces de Mésopotamie et de
Syrie; et poussant plus avant, ils subju-
guèrent l'Arménie , d'où ils chassèrent le
roi Tiridate. Gallus , aussi tranquille que
s'il n'eût point eu d'ennemis , demeurait
à Rome plongé dans les plaisirs. Après
avoir associé à l'empire Volusien son lils,
qui n'était encore qu'un enfant , comme
s'il eût dû le trône des Césars à sa valeur
et au mérite de son nouveau collègue , il
fit battre des pièces de monnaie avec cette
inscription : Virtus Augustorum. Ce-
pendant le peuple paraissait si irrité de
l'indolence de Gallus, que ce prince cher-
cha à l'apaiser , en adoptant un jeune fils
de Dèce ; mais craignant qu'il ne vengeât
la mort de son père, il l'empoisonna de-
puis secrètement. Gallus ajouta à tous
ses crimes , la persécution des chrétiens ;
mais le courroux du ciel se manifesta en
même temps contre l'empire, par une
peste épouvantable. Ce fléau commença
en Ethiopie, sur les confins de l'Egypte,
se répandit de là dans toutes les provin-
ces, et fut aussi funeste par sa durée que
par sa violence. Gallus fut massacré par
ses soldats à Terni , l'an 253. Son fils Vo-
lusien , qu'il avait décoré de la pourpre,
fut tué avec lui.
GALLUS ( Flavius-Claudics-Constan-
Tius ) , fils de Jules Constance et frère de
l'empereur Julien, fut créé césar en 551,
par l'empereur Constance son cousin , qui
lui fit épouser sa sœur Constanline. Il
avait passé sa jeimesse avec Julien dans
une espèce d'exil , où ils furent élevés
dans la piété. Gallus parut très attaché au
christianisme; il abolit l'oracle d'Apollon
dans un faubourg d'Antioche où il fai-
sait sa demeure , brûla les villes des Juifs
GAL 5
qtil s'étaient révoltés , défit les Perse» , et
s'acquit la répiitalion d'un priiirc coura-
geux. Mais les porlidcs conseils de (lA>n-
Stanline le perdirent : |M»ur satisfaire leur
avarice, ils s'abaiuloimérenl à toutes sor-
tes de vexations et de cruautés. Gallusltt
massacrer Doinitien, préfet d'Orient,
Théophile, gouverneur de Syrie , et Mon-
liiis, ininislru des linanccs. On prétend
uine qu'il forma le projet de détrôner
« instance. Ce prince le lit arrêter; on
procétla contre lui comme contre un sim-
ple particulier, et il eut la tète tranchée
en 3;)4. Il n'avait que 29 ans. Q)nstance
fit périr les principaux complices de ses
crimes, royez CONSTANTINE.
• GALLL'ZXI (RiGLCcio), historien
ilalien , né à Volterra vers l'an 17/t3 , est
auteur d'une Histoire du grand duché
de Toscane sous les Médicis . publiée en
italien à Florence, 1781 , 5 vol. iii-4" et 9
vol. in-S", réimprimée plusieurs fois. Cet
ouvrage lui avait été commandé par le
grand-duc Lt-opold qui l'avait, assure-t-on,
engagé secrètement à déprécier celte fa-
mille puissante pour rehausser la nou-
velle dynastie. Lorsque celle histoire pa-
rut , elle excita les nombreuses réclama-
tions des cours d'Espagne , de Naples , de
Parme, et surtout de Rome, sur le compte
des<iuellcs l'auteur s'était exprimé dune
manière souvent inconvenante et injuste;
soutenu et protégé par le grand-duc, Gal-
lur.zi ne fui point inquiéléet mourut tran-
quillement en 1805.
•GALOIS ( EvARiSTE ) , jeune mathé-
maticien qui donnait les plus grandes es-
pérances, naquiten 181îJ à Bourg-la-Reine,
dans le département de la Seine; il lit ses
études au collège Louis-le-Grand , à Paris,
remporta en 18iJ7, aux concours généraux
un prix de mathéujaliiiues. et entra deux
ans plus tard à l'école norn»alc. 11 avait
adopté avec une sorte d'enthousiasme
les idées républicaines, que les résultats
de la révolution de juillet 1830, dont il
n'avait pas lieu d'être satisfait, exaltèrent
encore, -assistant un jour à un banquet
donné aux tendances de liourgogue , il
se leva comme pour porter un toast, et
prononça ces mois, en tenant un couteau
àlamain : A Louis-Philippe .s'il trahit... J
^•nprisonné jwur ce fait , il fui bientôt
idu à la liberté. Evariste Galois est
il. ri en 1832, à la suite d'un duel, lais-
sant plusieurs ouvrages inédits sur les
mathématiques, entre autres un Mémoire
sur la théorie des équations . donl M. Cau-
chy présenta, en 18S9, un extrait à l'acu-
>r> GAL
demie des sciences. I.41 lin mallieiireuse
de ce jeune homme doil élre attribuée a
une absence de princifies religieux qu'on
ne peullropdéplorei (/'oy<rr ESCOLSSE).
(;AIX)PI!>i ( Geukgb ) , né à Mf»n» en
Hainaut , vers l'an IGOO , bénédictin dans
le monastère de Saint-Guislain , s'op(Kisa
avec véhémence à la réforme de Saint-
Vanne , que l'on introduisit dan» ce mo-
nastère , et nuisil par là à sa réputation.
11 parait néanmoins, par toute la suite de
sa conduite, que c'était un homme droit
et vrai, qui peut-être dans celte reforme
appréhendait quelque nouveauté. Il so
relira à Douai , où il fui fait professeur
de philosophie au collège du roi, cl y
mourut le 21 mars 1G57. Il s'applii|ua à
donner de lx)nnes éditions avec des notes
des anciens auteurs ecclésiastiques, qui
n'avaient pas encore vu le jour, entre
autres, du f'crbum ahbreviatuin Ae Pierre
le Chantre; du Commentaire sur le Penta-
tcuque de saint Bruno, cvéque de Wurtr-
bourg, de Wlurora de Pierre Riga; la
fie de saint f'éron . par Albert , abbé de
Gemblours , et une Généalogie des com-
tes de Flandre . tirée des manuscrits du
monastère de Sainl-Guislain.
• (..VLSIIIXTE, ou GALSUINDE, nom-
mée par quelques-uns Ca/5onf<f et Gelé-
suinte, fille dAthanagilde , roi des Visi-
goths d'Espagne , et sœur ahiée de Brune-
haut , naquit vers l'an îi.'»0. Elle se niaria
en 5G6, à Chilpéric roi de Soissons et fils
de Clolaire ; mais ce roi , épris de la fa-
meuse Frédégonde , qui lui avait déjà fait
répudier Audovère , sa première femme,
se lassa bientôt des grâces et des vertus
de sa nouvelle épouse. Cette princesse ,
justement indignée contre sa rivale, et ne
l^juvanl en détacher le roi, lui demanda
la grâce de retourner en P^spai'.ne . offrant
de lui laisser la riche dot <iirelle avait
apportée. Chilpéric parvitil a ra[>aiser;
mais quelque jours après on trouva celte
malheureuse princesse morte dans son lit.
Grégoire de "Tours assure <|ue ce fut lo
roi qui la fit étrangler , ayant été conduit
à ce crime par les instillations de Fréd^
gorille , qu'il plaça sur le trône aprè» la
mort de Galsuinte. C'est en \oulanl tirer
vengeance de ce crime «jiie IJnuiehaut
s'engagea contre Frédeguiule dans la luHe
sanglante où elle finit par succomber vic-
time du fils de sa rivale, yoyez CLO-
TAIRE If.
• C;AI.V AM ( Lotis ), médecin et phy-
sicien célèbre d'Italie, professeur d'fciia-
toniie , né a Il«>logne k; y »rplcmbre 1737,
GAL 5
montra dès l'enfance un grand zèle pour
la religion catholique et témoigna même
le dessein de se renfermer dans un cloître.
Mais on le détermina à embrasser la car-
rière de la médecine qu'il négligea en-
suite pour étudier l'anatomie. Il soutint
en 1762 sa thèse sur les Os ^ et fut nommé
professeur d'aiiatomie à l'université de
Bologne , emploi dont il s'acquitta avec la
plus grande distinction. En même temps
il exerça avec beaucoup d'habileté la chi-
rurgie et l'art des accouchemens : et il se
livra jusqu'en 1790 sur cette partie de
lart à de nombreux et importans travaux,
qui sont insérés dans les Mémoires de
l'institut des sciences de Bologne. Mais il
dut sa plus grande célébrité à sa décou-
verte du galvanisme ( 1790 ) , qui ne fut
cependant que l'effet du hasard , comme
presque toutes les découvertes. On pré-
parait des bouillons de grenouilles pour
M™* Galvani , dont la santé était affaiblie ;
un des aides de ce médecin ayant appro-
ché sans y songer la pointe d'un scalpel
des nerfs cruraux internes d'une gre-
nouille écorchée , qui se trouvait ])lacée
près d'une machine électrique en mou-
vement , tous les muscles furent aussitôt
agités d'une vive commotion. M™' Gal-
vani, s'en étant aperçue, en avertit
son mari, qui s'attacha dès lors à l'i-
dée d'une électricité inhérente au corps
animal, et ses expériences multipliées
lui en offrirent la certitude. Plusieurs
savans, qui ont cherché à perfection-
ner la découverte de Galvaini, en ont ob-
tenu des effets nouveaux et curieux;
mais quelques-uns , en adoptant ses pro-
cédés et en multipliant ses expériences ,
leur attribuèrent d'autres principes. Gal-
vani défendit son système dans plusieiirs
mémoires dédiés à Spallan/.ani. On a publié
beaucoup d'écrits sur le galvanisme. Les
principaux sont V Histoire du galvanisme j
par Pierre Suc, Paris, 1803, k vol. in-8",
et le Manuel du galvanisme , par Joseph
Izarn, Paris, 1804, in-8°. Galvani était
doux, modeste, extrêmement aimant,
simple dans ses goûts et dans ses mœurs.
Il parlait avec facilité, mais sans élo-
quence, et il était modéré dans la discus-
sion. Il observait rigoureusement les pré-
ceptes de la religion, à laquelle il était
sincèrement attaché. Lorsque la républi-
que cisalpine exigea de tous les employés
im serment , il préféra perdre sa place et
les émolumens qui y étaient attachés et
qui faisaient toute sa fortune, plutôt que
de trahir sa conscience. II se relira alors
34 GAL
chez un de ses frères , où il succomba le
h décembre 1798 à une maladie de lan-
gueur qui le minait depuis la perte de son
épouse (1790 ). Quelques jours avant sa
mort, le gouvernement cisalpin avait
décrété qu'il serait rétabli dans sa chaire,
sans être tenu de prêter le serment qu'on
avait exigé. Le docteur Alibert a fait son
Eloge historique ^ où il a résumé avec un
rare talent le système de ce célèbre mé-
decin : il sert d'introduction au li' voluine
de la société médicale d'émulation. Les
principaux écrits de Galvani sont : | De
renibus atqueuréteribus volatilium. Cette
description anatomique de quelques orga-
nes des oiseaux est remarquable par l'exac-
titude scrupuleuse avec laquelle il rendit
compte des observations que lui avaient
permis de faire ses dissections nombreuses.
I De volatilium aure. Cet ouvrage n'était
qu'une ébauche d'un grand travail qu'a-
vait entrepris l'auteur sur l'organe de
l'ou'i'e ; Galvani accusa Scarpa de lui avoir
enlevé ces découvertes à mesure qu'il les
faisait connaître à ses élèves. | De viribiis
electricitatis in motu musculari com-
mentarius. Ce dernier opuscule a été in-
séré dans le tome 7 des Mémoires de l'in-
stitut, et est imprimé séparément. C'eât
dans ce mémoire (de 58 pages) qu'est
consignée sa découverte des phénomènes
excités ou produits après la mort , sur la
contraction musculaire, au moyen des
métaux mis en contact avec les nerfs et
les muscles.
GALVANO, ou plutôt GALVAM (An-
toine), fds naturel d'Edouard Galvano,
naquit à Lisbonne en 1503 ; après avoir
achevé ses études, il s'embarqua en 15^7
pour les Indes et devint gouverneur des
iles Moluques. Il signala le commence-
ment de son gouvernement par la vic-
toire qu'il remporta dans J'île de Tidor
sur 20,000 hommes, n'eii ayant avec
lui que 350. Il purgea les mers voisines
de tous les corsaires. Il ne se rendit pas
moins recommandable par sa bonté pour
les naturels du pays , et par le soin qu'il
prit de les faire instruire des vérités de
la religion. On assure que, pendant 4 ans,
il dépensa 70,000 crusades : aussi acquit-
il le glorieux titre S! Apôtre des 3foluques
Ses libéralités l'ayant réduit à im étal qui
n'était guère au-dessus de la misère, il
se rendit l'an 1540 en Portujjal , où il ne
trouva pas la reconnaissance qu'il devait
attendre du roi Jean III, dont il avait aug-
menté les revenus de 500,000 crusades.
II se vit obli;]é de se retirer dans l'hôpital
GAL
lîe I.UIkmhio, où il vorut jusqu'en I5!»7.
llavail t'cril une Histoire des Moliiqurs.
qui est p<*rdue ; innison imprima, co i5.*i.'>,
à Lisbonru", un IVnitc (hs <li\,'rrs chemins.
par lesquels les inurcliuiidises des Indes
onl élé opporlées un Eumpe. et (1rs dé-
couvertes faites jusqu'en io50.
•GALVEZ (don Ukr>\rd ). oflicier gé-
néral esiWRnol, vice-roi duMi-xiquo, né à
Mala{;a en 17 1>6. dut sa fortune à son oncle,
don Joseph Galver , ministre d'état , (jui ,
n'ayant pas d'enfans mâles, l'appela à Ma-
drid en 1775. et le fit entrer dans le corps
des gardes wallones. Il quitta bientôt le
service d'Espagne pour venir servir en
France dans im régiment cantabre. De-
puis trob ans il était dans les troupes
françaises lorsqu'il reulra dans son corps
avec le grade de lieuteiuuil, et partit pour
l'expcdiliou d'Alger en 1761), où il se dislin-
l^ua en plusieurs occasions. Peu après son
retour, il fut nommé successivement colo-
lu'l , et maréchal de camp, ayant à peine
24 ans; mais son oncle, voulant rendre
sa carrière plus rapide encore, le nomma
f eus-gouverneur de la Louisiaue. Galvez
partit pour celle colonie, où il épousa la
lille dun riche négociant français, et
remplaça bientôt le gouverneur, appelé
à d'autres fonctions. Il se distingua dans
celte place autant par sa modération que
par la sagesse de ses vues. Il améliora la
rolonic par toutes sortes de moyens,
donna de nouveaux développemens à l'a-
griculture et au commerce, bâtit de nou-
velles liahitations . ré|)andil la civilisa-
tion et mérita les éloges de sa cour tt la
reconnaissance des colons. I>a guerre d'A-
mérique ayant éclaté ( 1780 ), il fut chargé
d'une expédition contre les Florides, «-t.
créant lui-même les ressources dont il
avait besoin , forma une armée de l'»,()00
hommes; il attaqua les anglais et s'em-
para de Pensacola, malgré la vigoureuse
résistance des assiégés. Après la paix de
1783, il obtint le titre de comte, et fut
nomme vice-roi du Mexique. Il s'atlaclvi
ù corriger les abus qui s'étaient introduits
dans différentes branches d'aJinini-^tra-
tion. et se déclara protecteur des colons et
des propriétaires des mines : aussi jamais
U- Mexique ne fut plus riche cl plus licu-
"■■■IX que sous son gouvernement : il de-
.: l'idole des Mexicains ; mais cette pré-
clion exclusive déplut à la cour. Une
M te circonstance l'aurait perdu infail-
■ li-ment : il venait de faire bâtir à peu
de dislance de Mexico une maison de plai-
eance entourée de fossés et extrêmement
333 GA^I
forliûée ; on supposa qu'il visait i détacher
ce pays de la mèrc-pairie, pour s'en faire
proclamer roi. Le cabinet i-sfiairnol allait
le rappeler, lorsque p • ii, violent
exercice qu'il avait I , il mou-
rut en août 171)4 , nj ralcment
de tous les Mexicains.
OAM V (Vasco de), célèbre navigateitr
porlugais, né à Cynis. ville maritime d«
Portu;;al, d'une famille illustre, s'est im-
mortalisé par la découverte du pntsage
aux Indes orientales, par le cap de /ion-
ne-Kspèrance. Le roi don Emmanuel
l'envoya en 1497 dans les Indes pour lc$
reconnaître. Il courut toute la cote orien-
tale de l'Afrique , descendant en divers
lieux pour tenter de faire alliance avec
les rois. Il se conduisit de même sur la
c«^)te orientale de l'Inde; mais il ne trouva
de favorables dispositions que dans le roi
de Melinde , qui le lit acompagnerà sou
retour par un ambassadeur. Gama, satis-
fait de son premier voyage , se prépara à
en faire un second avec une flotte de 20
vaisseaux. Le roi, pénétré d'estime i>our
son mérite et de reconnaissance pour sej
services , le fil comte de Vidiguère et
amiral des mers des Indes, Perse et Arij-
bie: titre que ses descendans conservent.
Il partit le 10 février 1502, et après s'ê-
tre vengé des insultes qu'il avait s«juffer-
tesla preujière fois, en bombardant quel-
ques places, et battant plusieurs petites
flottes des princes b:irbares, il revint
avec 13 vaisseaux chargés de richess<;s. le
premier septembre 1503. Enfin le roi .Ican
III, l'ayant nommé vice-roi des Indes en
1524, l'y renvoya pour la troisième fois;
mais à peine avail-il établi son siège à
Cochin, qu'il y mourut le 24 décembre
1525. vScs lieulen lus venaient «le défaire
les flottes de Calicut et de Cananor. On
dit qu'il publia la relation de son pre-
mier voyage dans les Indes; mais on no
la trouve point. Ce grand homme fut ho
noré du don . pour lui et pour sa posté-
rité, et créé grand du Portui^'il. On voit
ses exploits amplement détaillés dans l'é-
légante Histoire des Indes du Père »Iaf-
fée. Le Camoéns a chante dans la /.usiaita
{ Os Lusiatlas ) la découverte du rap d<)
Bonnc-Esiiéiance , que Vasro tic Gania
avait appelé le cnp des Tourmentes.
r. \M V ( A-xTtu^E de ; . né à Lislmnnf»,
en 1520, mort dans celle ville n 75 ans,
fut conseiller d'élal et c lier
du nii de Portugal. Les n '■ u «
laissés sont : | Dcciuonf* .,.,,. .,„t Luâi-
tani(t senatàs . ii»-fol. ; | TracUAu* de sa-
GAM
cramenlis iJrœstandis ultimo supplicio
damnalis. Ce savant magistrat tirait son
plus grand lustre de son érudition , de sa
probité €t de sa religion , et il le fit re-
jaillir sur les dignités qu'il remplit.
GAM \ ( EuMAXUEL de ), avocat au par-
lement de Paris, publia en 1706, in-12,
une Dissertation sur le droit d'aubaine^
droit qui paraîtrait barbare, si un long
usage ne l'avait consacré. Ce n'est pro-
prement qu'un factum; mais il roule sur
une question importante. L'auteur pré-
tend que le droit d'aubaine ne s'étend que
sur les étrangers établis dans le royaume,
et non pas sur ceux qui n'y font que pas-
ser en voyageant.
* GAM A ( Ant. de Léon ), astronome
cl géo;îraphe, naquit au Mexique en 172G.
Il publia différens Jllémoires sur les sa-
tellites de Jupiter, sur l'almanach et la
chronologie des anciens Mexicains, et sur
le climat de la Nouvelle-Espagne ; mé-
moires qui , suivant l'opinion du savant
Humboldt, « annoncent une grande jus-
« tesse dans les idées, et de la précision
« dans les observations. » Gaina concou-
rut avec d'autres astronomes à détermi-
ner la longitude du Mexique ; travail
dans lequel les observateurs eux-mêmes
avouent qu'ils restèrent incertains de
près d'un quart de degré pour avoir cal-
culé sur des tables anciennes. Gama don-
na au public le résultat de ses opérations
dans une brochure en espagnol , intitu-
lée : Description orthograpliique de l'é-
clipse de soleil du 'ik juin 1778 , dédiée à
don Joacliiin Velasquez de Léon, Mexico,
4778, in-4''. Ce savant astronome naquit
pauvre, vécut dans la misère, malgré les
recommandations du célèbre navigateur
Malaspina, qui lâcha en vain d'intéresser
la cour d'Espagne en sa faveur.
GAMACHES (JoaciiimROUAULT de),
geuUlhomme de Poitou, acquit une grande
réputation sous Charles VII et sous Louis
XI. Il se trouva à deux batailles et à dix-sept
sièges, sans avoir pourtant commandé en
chef. Son action la plus éclatante est la
défense de Paris pendant la guerre du
Bien-public y en 1463. Ses services, qui
lui méritèrent le bâton de maréchal , ne
le garantirent point des jaloux, ni des dé-
Jiances do Louis XI. Ce prince le îil arrê-
ter en 1476, et juger par des commissai-
res. Gamaches lut condamné, non-seule-
ment à perdre ses charges, mais encore à
l»aycr au roi 20,000 francs d'amende, et
à garder la prison pendant S ans ; mais le
raarécljal n'en conserva pas moins sa li-
556 GAM
berlé el ses biens. On ne dit point quel
était son crime , ni pour quelle raison
l'arrêt ne fut point exécuté. Gamaches
mourut en 1478.
GAMACHES (PniuppE de ) , abbé de
Saint-Julien de Tours, docteur et profes-
seur de Sorbonne, né en 1568, se distin-
gua par l'ardeur avec laquelle il soutint le
docteur Richer {voyez ce nom). Sans l'aj)-
peler un grand homme ( comme fait le
Lexicographe critique ^ aussi outré dans
ses éloges que dans ses satires), on petit
dire que Gamaches élait un bon scolasti-
que. On a de lui des Commentaires sur la
Somme de saint Thomas , 2 vol. in-fol.
Cet écrivain mourut en 1623, à 57 ans.
GAMACHES ( Etienne de) , né à Meii-
lan en 1672 , entra chez les chanoines de
Sainte-Croix de La Brelonnerie , et s'y dis-
tingua par un esprit méditatif et profond.
L'académie des sciences de Paris lui ou-
vrit ses portes. Nous avons de lui : | une
Astronomie physique j ou Principes géné^
vaux de la nature appliqués au méco'
visme astronomique, 1740, in-4° ; | Sys-
tème du cœur, sous le nom de Clarigny j
1708, in-12 ; | Système du philosophe chré-
tien. 1721 , in-8° ; | Dissertations littérai-
res et philosophiques , 1755 , in-8". Mais
celui de ses livres qui est le plus connu,
est intitulé : Les agrémens du langage
réduit à ses principes, Mol , in-12. Cet
ouvrage, qu'un homme d'esprit appelait le
Dictionnaire despensées fines,^ été vaincr-
menf déprisé par l'abbé Goujet. Il est digne
d"étre lu par quiconque veut écrire. L'au-
teur mourut en 4756 , dans sa 84"^ année.
GAMALIEL , docteur de la loi , et à ce
que l'on croit , disciple secret de Jésus-
Christ, maître de saint Paul, fut très fa-
vorable aux apôtres dans une assemblée
que les juifs tinrent pour les faire mourir.
Il fut sensiblemeKt touché du mauvais
traitement qu'ils reçurent, et surtout du
martyre de saint Etienne , qu'il fil ense-
velir honorablement , mais sans se mon-
trer. On dit que ce saint homme fut en-
suite découvert et martyrisé avec son lils
Abibon , âgé de 20 ans ; qu'en 415 il appa-
rut en songe à un saint prêtre nommé Lu-
cien , à qui il découvrit l'endioil où repo-
sait son corps et celui de saint Etienne.
Nous avons un écrit de Lucien lui-même
sur ce sujet. Il nous apprend que Gama-
liel ayant enlevé le corpsde saint Etienne,
la nuit après son martyre, l'avait enseveli
dans un tombeau neuf , où il fut depuis
enterré lui-même avec Abibon son lils cl
Nicodème. Ces corps furent effective-
CAM
537
GAM
iiuMil trouvas iluns rciidroit que Gamalicl
\ ait iiiiliquc. SaiiU Aufriisliii et Evodc
uonluiit la chose avi-c des circonstances
<jin ne laissent aucun doute sur lu vérité
tiii récit de Lucien. Cet illustre docteur
de rE(jlise rapp«)rte en particulier les
■u'-risons miraculeuses qui se tirent lors
• la translation du corps de saint Etienne.
• <,)uol tcmoignaue. s'écrie un orateur clué-
» lien, en faveur des honneurs que nous
» rendons aux dépouilles niorlcUes des
» serviteurs de Dieu ! Les saints eux-niè-
» mes nous en uionlrcnl les dépôts, et
» d'autres saints accourent pour les hono-
à rer , et le Dieu de tous les saints fait
■ éclater au milieu de tout cela les mer-
» veilles de sa puissance; et les houmies
» qui attestent tout cela comme témoins
» oculaires , sont des saints eux-mêmes et
» de grands docteurs , des {jénics fermes
» et i)rofonds : et cela dans le temps où ,
» de l'aveu des novateurs, l'Eijlise était en-
rroie chaste et pure. Que faut-il donc à
Terreur pour la confondre, si de tels faits
:ic la confondent pas. » Voyez GERVAIS
et PUOTAIS ( saints ).
(l.VMB.VRA ( VÉuoxiQiiE ) , sœur du
cardinal Uberto, née à Prato-Alboino près
de Krescia en l/tSS , mariée à un seigneur
italien, fut veuve de bonne heure, et ne
voulut point se remarier, pour être moins
Cénée dans son goût pour la poésie et pour
la littérature. Elle savait le latin et le
grec, et était très versée dans la connais-
sance des principaux ouvrages anciens et
modernes, sacrés et profanes. Elle mou-
rut à Ck>rrégio en 15>)0. Ses poésies oui
été jmprimées plusieurs fois, et en der-
nier lieu à Brescia en 17j9, in-8^
r.AMBAR.V (LAttiENf), poète latin,
de Brescia, dans l'état de Venise ,mort en
11)86 , à 90 ans , demeura long-temps au-
près du cardinal Alexandre Famèse, son
ami et son protecteur. On lui doit : | un
traité latin 5ur/rt/;oesic,in-4'*. Rome, 1586.
L'auteur voudrait que les poètes chrétiens
n'employassent i)as dans leurs ouvrages
les noms des dieux du paganisme. La
poésie perdrait* peut-être quelques agré-
mens; mais elle serait plus digne des
lecteurs sages. On peut excepter les noms
qui sont devenus en quelqtie sorte pure-
ment symboliques, pour signilier les cho-
ses mômes auxquelles présidaient ces fac-
tices divinités. Foyez RAPIN (Re\é).
I In poème en U. chants, intitulé Coluin-
bus. où la Coloinbiade. Ce fut le cardinal
de Grandvellc qui l'engageaà le composer ;
ruuteur le lui dédia. C'est l'histoire de
Christophe Culumb mise en vers. M"* du
Bocage a fait un poème sur lu mémo sujet
en vers français, hvspoc'siea de Gainbara
sont en gémral lâches et faibles. On en a
plusieurs éditions : le» meiUeures sont
celles de Rome en lîiSl el i'.tbt't. in-Zi". On
estime ses églogues, intitulées f rnaloriœ.
— Il ne faut pas le confondre a\ec Hu-
bert GAMIÎAHA. né à Bresse, évéquc de
Tortone. 11 fut chargé de commissions
imi)orlanlcs par les papes Léon X, Clé-
ment VU et Paul m. Les services qu'il
leur rendit lui procurèrent le cliapcau do
cardinal en ili^J. Il mourut à Rome en
luA9. — J»:a\-Fka.\çois GAMBARA, son
neveu, évéciue de Tortone, cardinal, mou-
rut à Rome en io8'», à 54 ans, après avoir
rendu de grands services à la maison d'Au-
triche.
GAMBART (Adrien), pieux et 7.élé mis-
sionnaire , fut un des premiers disciples
de saint Vincent de Paul. Il mourut à
Paris, le 19 décembre 1608, à 08 ans, après
avoir consacré sa vie à l'instruction des
pauvres et des gens de la campagne- On n
de lui des prônes sous le titre de Mission-
naire paroissial . en 8 vol. Ceux qui s'ap-
pliquent à instruire le peuple de la cam-
pagne, recherchent encore aujourd'hui cet
ouvrage.
• (iAMELIN (Jacques ), peintre , né à
Carcassonne le V» octobre 1759, de v hit pro-
fesseur à l'académie de Saint-Luc de Rome,
puis directeur de l'académie de Montpel-
lier en 1776. 11 était professeur à l'école
centrale de l'Aude lorsqu'il mourut, dans
sa ville natale , le 12 octobre 1803. On es-
time ses tableaux moins pour le dessin
et le coloris que pour la chaleur, la fou-
gue d'imagination, et la hardiesse de la
touche. On lui doit un nouveau Recueil
d'ostéologie et de myolojie , dessiné d'a-
près nature, imprinié et gravé à Toulouse
en 1779, grand in-folio. M. Mahul lui a
consacré une notice dans sa brochure :
Aotice sur quelques artistes néglùjés dan»
tous les Dictionnaires historiques ,Parii,
1818, in-8".
• GAMON (FBAJiçois-JosEpn ), con-
ventionnel, né a Eniraigucs ( Avryron ),
dans le Vivarais, vers 1765, fx> ••
la révolution la profession <; '
déparlenunl de l'Ardèchc le i - -a
179*i député suppléant à l'assemblée Lé-
gislative, où il rrniiilTf-i VnHadirr .dé-
missionnaire. En-. ' • '-
vention, il se lit i
ration de ses prin. .j- .*.;..• .......i.i — -;.s
hà séance du 3 décembre I7OT qu'on co-
S'J
GAiV
338
GAIV
lentlîl Louis XVI, avant de prononcer le
docrt't d'accusalion. Lors du jii{jement de
ce monarque , Gamon vota pour la mort
avec l'appel au peuple et le sursis à l'exé-
cution jusqu'au moment où le territoire
français serait envahi. Nommé, en 1795 ,
membre du comité des inspecteurs , il
rendit compte eu cette qualité des ma-
nœuvres employées parles Jacobins pour
composer les tribunes publiqvies de leurs
affidés. Signataire des protestations du
Coté droit contre les journées des 51 mai
et 2 juin, il fut compris dans la proscrip-
tion des 73. Mais il se déroba aux re-
iherches, se réfugia en Suisse et rentra à
la Convention le 8 décembre 1794. Gamon
lit partie du conseil des Cinq-cents jus-
qu'en 1797 , fut nommé en 1800 juge à la
cour d'appel de Nimes , et président au
tribunal criminel de l'Ardèche, puis en
juin 1811, président d'une des chambres
(le la cour impériale de Nîmes. En 1814 ,
il fut obligé de quitter ses fonctions qu'il
reprit durant les cent-jours. A cette
même époque , le collège électoral de
l'Ardèche le députa à la chambre des re-
présentans où il proposa, après la défaite
de Waterloo, de remettre en vigueur lu
constitution de 1791. Destitué de nouveau,
à la seconde restauration, Gamon se re-
tira dans sa terre d'Entraigues, et fut
exilé comme régicide. Il revit la Suisse,
où il s'était marié, lors de sa première
expatriation , et obtint sous le ministère
Decazes la permission de revenir en
France. 11 vécut depuis dans une complète
obscurité , et est mort le l*^"^ novembre
1852. Il avait présenté, en 1806 , à Napo-
léon, un drame intitulé : Beaurèpaire ,
ou la Prise dS Verdun en 1792. Il mit en
veis le Télémaque de Fénélon, et a laissé
ie plus : | Clêopâtre^ tragédie, en 3 actes
et vu vers, Amsterdam, 1788, in-8" ; | des
Poésies^ Privas, 1803, in-8° ; | enfin Bx-
■posé de ma conduite j)olitique depuis le
20 mars jusqu'au 1 juillet 1815, 1815,
in-8".
GAINA Y ( Je vx de). Voyez GAIGNEY.
GAIXD. Voyez HENRI de G AND.
GAÎ\DOLl*ÎIY (Pierre) , prêtre ca-
Iholique anglais , étudia en tliéologie au
collège de Stonyhurst. Il s'était fait une
certaine réputation par ses sermons de
controverse, relatifs aux limites de l'au-
torité temporelle sur la discipline de l'E-
glise ; mais lorsqu'il les eut imprimés , on
crut y découvrir des choses peu exactes ;
Gandoiphy n'ayant point voulu consentir
« lus rccliiicr , son li%re fui censuré par
l'evêque catholique de Londres. L'auteur
se pourvut à Rome contre celte décision,
et soutint avec fermeté les senlimena
qu'il avait émis dans ses écrits. Il séjourna
quelque temps à Paris, à l'occasion de sou
voyage dans la capitale du monde chré-
tien. Cette controverse donna naissance à
divers pamphlets. Gandolphy est mort à
Eastsheen, le 9 juillet 1821 , âgé seulement
de 41 ans. On a de lui : 1 Défense de la
foi ancienne ou cinq Sermons sur le»
preuves de la religion chrétienne j^ 1811 ,
in-S" ; I LitU7'gie ou Exposition complète
de la foi de l'église catholique ^ 1812,
in-8°; | deux Lettres au docteur H. Marsh.
1811 et 1813, in-S" ; | Exposé complet de
la religion chrétienne en une série de se?--
mofiSj 1813, in-8° : | Sermons sur le texte:
Rendre à César, etc., 1813, in-4°.
GA\GA1\ELLI. Voyez CLÉMENT XIV.
* GAXGES (Asine-Elizabeth de ROS-
SAN , marquise de ) , darne célèbre par
ses malheurs , née à Avignon en 1656 ,
épousa à l'âge de 13 ans le marquis de
Castellane, et devint bientôt veuve. Ayant
contracté une nouvelle union avec le mar-
quis de Ganges, elle revint avec lui à
Avignon. Son mari avait deux frères qui,
ayant coiiçu pour elle la passion la plus
criminelle , cherchèrent chacun séparé-
ment à la séduire. Leurs efforts ayant été
inutiles , ils jurèrent sa perte et s'enten-
dirent pour la consommer. Après en être
venus auprès d'elle à la violence, à la-
quelle elle eut la force de résister , ils se
présentèrent devant elle un jour que son
mari était absent, et lui dirent en lui pié-
senlant un pistolet , un breuvage empoi-
sonné et une épée nue : il faut mourir^
choisissez : elle se décide à prendre le
breuvage, mais elle parvient à le répan-
dre-, sans l'avoir bu , et se précipite par
une fenêtre élevée de 22 pieds; poursui-
vie par ses assassins, elle est percée de
sept coups d'épée dont elle mourut au
bout de 19 jours. Les assassins avaient
pris la fuite. Plusieurs personnes furent
compromises dans celle affaire et notam-
ment le mari même de la marquise dont
l'absence parut extraordinaire. Le parle-
ment informa contre les coupables et par
arrêt rendu le 20 août 16u7 , il condamna
les deux frères qui étaient contun^aces à
être rompus , et le marquis à pei dre ses
biens , à être dégradé de sa noblesse et
banni à perpétuité. On trouve dans les
Causes célèbres le récit de celle affreuse
aventure, qui faille sujet de la. •■/" Iléroide
de Gilbert. EUe a éiiïtleiuenl fourni à
G AN
MM. Boiric cl LoupuKl le* siijct d'an nie-
lodratiu! cii 3 actes s<ius ce litre : /m mar-
quise de Gang es , ou Les trois frères ,
Paris, 1815 , iii-H". M. d« Foi lia tl'frliaii
a puliHc Vhistoira de la mar qui ne de G an-
ges , 1810. iii-Jti. .
CANIIUSILS (Jei:«). Foijez GON-
NELLI.
• (;\N\0 ( lÎTiBivsiE de), religiiîux
iiciâcain, né à Luvaur en 1A80, est k*
prriiiicr qui ail écrit sur Thisloirc de
Toulouse , où l'on conserve aux ardiives
de i'holel-dc-villo sou ouvrage manu-
scrit. Fonlellc parle d'une ancienne édi-
tion in-^}*^ iiupriiiiée sous Ixjuis XI ; mais
il y a erreur dans celle époque ; car, l'au-
teur étant né en 1480, celle Loprcssion
n'a pu avoir lieu que sous Louis XII. On
connaît encore d'Elienne de Ganno une
Chronique renfennant les exploits de
Charles .Martel et de Charlemagne.
• G.VNS ou GANZ ( Jeax) , jésuite al-
lemand , né à Wurlzbouriî en 1591 , pro-
fessa la philosophie , la tliéologie et les
mathématiques dans plusieurs collèges de
son ordre, se livra ensuite à la prédica-
tbn, devint confesseur de l'empereur
Ferdinand III , et mourut à Vienne eu
1662 , dans la maison professe de sa so-
ciété. On a de lui : | quelques Oraisons
funèbres. el plusieurs ouvrages ascétiques
( en allemand) ; | des Sermons ( en latin ) ;
I Jrboretum gcnealogicum exhibens om-
nes principes qui liiiea recta a HodolpUo
I. impèratore austriaco. dcscendwit ^KJo-
logne, 1650 et 1658, in-fol.
•G\.NTEAt.ME (le comte Howoré ) ,
vice-amiral et pair de France , graitd -
rroix de la légiou-dhoimeur, etc., né à La
i.tolat , en 17jj , ilail lils d'un capitaine
de vaisseau marchand, et suivit Ja ménie
carrière que son père. Il jouissait, à "il ans,
de la réputation d'un excellent marin, et à
l'éfKxiuede la guerre d'Amérique, il passa
sur les vaisseaux de lélat en qualité d'of-
ticicr auxiliaire. Ganleaume se lit remar-
|uer au combat naval de la Grenade et à
b prise de celte ile par le comte d'Lslaing.
n assbta au siège de Savanah et à la prise
de Trinquemale par le bailli de Suffren.
A la paix, il conliiiua de servir sur les
bâtimens de guerre, el entra, en 1786,
dans le Corps-Koyal de la Marine avec le
(jra'k- de Sf)us-lieu tenant de vaisseau. La
iiarliedesofUciersde ce corps
au commencement de la re-
...,,.1,,,,.,.. lut élevé, au couunencencent
'••la guerre avec l'Angleterre en 17'J"> . au
rade de lieutenant de vaisseau, et Tan-
née sui\.i.i: .1 ..,i, a. i.Jiiiiainc. En
179j, il devint chef de diviition , cl fut
chargé dune expédition de l'Archipel, où
il débloqua l'escadre française retenuu
dans lo port de Smyrne, pui:« rentra à
Toulon avec la conserve anglaise ta Se-
mésis. L'habileté avec laquelle il dirigea
sa navi^ration lui lil beaucoup d'honneur;
il ne se signala pas moins en 1797, où il
eut le couimandement dune escadre des*
linée à proléger l'arrivage par mer det
uuuiitioMs el subsislances nécessaires
pour rée([uiper notre armée navale de
l'Océan ; malgré les croisières ennemies
avec lesquelles il eut plusieurs engagc-
mens, et qu'il sut écarler de la cote , il
parvint a. favoriser l'entrée des convois.
Il lit ensuite partie de la fameuse expé-
dition d'Egypte comme chef d'état-major
de l'amiral llrueys , et on lui imputa la
détermination que celui-ci prit d'attendre
l'ennemi au mouillage d'Aboukir, faute
considérable qui causa la perle presquo
totale de notre escadre. Ganleaume fut
blessé pendant lu combat; mais il eut io
bonheur d'échapper au désastre du vais-
seau l'Orient qui sauta en l'air au foi'i do
l'action, et suivit l'armée de terre eu
Egypte et en Syrie. Ce fut lui qui pré-
para, avec autant d'activité que de secret,
l'armement qui raniena, en septembre
1799, Bonaparte en France. Les consuls
le nommèrent alors membre du constil-
d'état, el président de la section de la
marine. En 1802 . il reyiil le commande-
ment de l'expedilion qui sortit du ixjrtde
Brest, el tenta, sans succès, de porter du
renfort au général Menou qui comman-
dait en Egypte. Apres la paix d'.\miriu il
fut nommé préfet maritime à Toulon , cC
il reçut le grand cordon di; l'ordre de l.i
Ié^;ion-<rhonneur aussilùt que celle nou>
velle distinction eut élé élublie. Lorsque
la guerre se ralluma en ISCi, Ganleaume,
qui n'était alors i\\n'. cuntrc-amiral , ne
I>ouvail avec justice obtenir le couimaii-
dement de nos forces navales, qui fut con^
lié aux deux plus anciens vice-amiraux;
mais Truguet, l'un d'eitx . ayant refuse
son vole à l'élévalion .i ; '
au trône impérial , tut i
teaume qui reçut alors K „
amiral, et il eut le rommandcmctit dir U
plus l>elle de nos flottes; l'inaction dans
laquelle il resta pendant p;è$ de deux
ans, quoiqu'il eùl reçu, dil-on. des ordrrs
pour agir . nuisit considemblcmenl à !»«
réputation, clic lendil l'oltjct dos railkp-
ries des nuii4*loU eux-mêmes- Eo janvtar
GAR
540
GAU
iSOS, il fut cîiarEjé de ravitailler Corfou
bloque par une escadre anglaise ; il y Ut
entrer ses convois le 25 février, et revint
à Toulon. Ce fut sa dernière expédition.
U fut nommé inspecteur-général des côtes
de l'Océan, et à la fin de 1815, envoyé
comme commissaire extraordinaire dans
la 8*^ division militaire pour des mesures
de salut public. Cependant , lors de l'oc-
cupation de Paris par les troupes étran-
gères, il adhéra à la déchéance de l'em-
pereur et au rétablissement des Boui-
hons. Il n'accepta aucun emploi pendant
bs cent-jours, et se rendit même à Tou-
lon avec la coc&rde blanche avant que les
autorités maritimes eussent reconnu le
gouvernement du roi. Il se concerta avec
elles pour le rétablir , et fut élevé à la di-
gnité de pair du royaume et de com-
mandeur de l'ordre royal de Saint-Louis.
Peu après on rétablit pour lui l'ancienne
place d'inspecteur-général des classes des
marins. Ganteaume est mort , dans sa
terre d'Aubagne près de Toulon, dans le
courant de septembre 1818.
GANTES ou GANTERI (Jeapj de ), d'une
maison ancienne , originaire du Piémont ,
établie en Provence , naquit à Cuers en
1350. Il se signala en qualité de chevalier,
sous Robert le Bon , comte de Provence ,
et commanda des corps considérables sous
Jeanne , reine de Naples , de Sicile et de
Jérusalem. Il suivit cette princesse à
Naples, où il apaisa une sédition populaire.
Il partit ensuite pour Rome, et soutint
Rvec honneur la cause et les intérêts de sa
souveraine. De retour en Provence , l'an
1373, il leva un corps considérable de
troupes dans la contrée de Cuers , de Sou-
liers et d'Hières, pour s'opposer à des
brigands qui , sous le nom de Tuschiens ,
ravageaient la Provence au nombre de
plus de 12,000 hommes. Les états du pays
tenus à Aix en 1574 , nommèrent Jean de
Siméonis généralissime contre ces bri-
gands, et Jean de Gantés fui son lieule-
nant-général. Ces deux généraux délirent
totalement les Tuschiens. Gantes mérita
le surnom de In'Civs ^ et la place de lieu-
tenant-général des troupes de la reine
Jeanne. Il mourut à Cuers en 1589. — Il y
eut un AxNiB.vL GAISTES , qui lit impri-
mer à Auxerre V Entretien familier des
musiciens j 1043, in-8". Cet ouvrage, rare
et singulier , est recherché des curieux.
L'auteur était de Marseille , et chanoine
de Saint-Etienne d'Auxerre.
GA\Z. Voyez DAYID GANZ.
GARA (Nicolas) , palatin deIIongri<>.
né dans 1" obscurité, s'en tira par sa valear .
Il parvint aux plus éminentes dignités du
royaume de Hongrie. Elizabeth , veuve du
roi Louis 1" , mort en 1582 , lui en confia
le gouvernement. Si l'on en croit quelques
historiens , Gara ne se servit de son pou-
voir et de son crédit que pour tyranniser
les petits et opprimer les grands; seloa
d'autres, ces reproches sont peu fondés,
et le mécontentement des grands ne vint
que de ce qu'ils se voyaient éloignés des
affaires. Ils prirent les armes et donnèrent
la couronne de Hongrie à Charles de Duras
roi de Naples. Gara, le regardant comme
un usurpateur, le lit assassiner. Alors la
reine Elizabeth, accompagnée de son mi-
nistre et du meurtrier de Charles, par-
courut les diverses provinces de l'état
pour se faire reconnaître. Le gouvernent
de Croatie , conhdent du prince assassiné,
se servit de cette occasion pour être son
vengeur. Il assembla la noblesse et le peu-
ple , prit Gara et Elizabelli. Il tua le pre-
mier, et fit jeter la seconde, enfermée
dans un sac , au fond de la rivière (d'au-
tres disent qu'elle mourut prisonnière au
château de Novigrad). Il ne restait que
Marie , fille d'Elizabeth ; il l'enferma dans
une prison. Sigismond, marquis de Bran-
debourg, auquel cette princesse avait été
promise , vint la délivrer , fit périr son
persécuteur par le dernier supplice , et
l'épousa ensuite.
GAIIAMOA'D ( Claude ), parisien , mort
dans sa patrie en 1561, était un très célè-
bre graveur et fondeur de caractères. Il
grava, par ordre de François T'' , les trois
sortes de caractères grecs dont Robert
Etienne s'est servi dans ses éditions. Il
n'excellait pas moins pour les autres ca-
ractères. Ce fut lui qui bannit des impri-
meries la barbarie gothique, et qui donna
le goût des beaux caractères romains. Ses
caractères se sont extrêmement multipliés
par le grand nombre qu'il en a gravé, et
et par les frappes qui en ont été faites.
* GARAMPI (Joseph ), cardinal et sa-
vant antiquaire italien , naquit à Rimini
en 1725 et devint d'abord garde des ar-
chives secrètes du Vatican sous Benoit
XIV, où il obtint un canonicat à Saint-
Pierre de Rome, fut ensuite promu à
l'évêché de Montefiascone , et exerça plu-
sieurs nonciatures. Garampi se trouvait
à Vienne en 1782 , lorsque le pape Pie VI
y vint, et il fut créé cardinal le H février
1785. Il passa le reste de ses jours tantôt
à Montefiascone, tantôt à.Rome, au collège
germanique dont il était protecteur, cl ij
r. A i\
tivnirut daiiJ celle (ifiiiii'io ville le î mai
179->. Garampi avait éiclié avec lo célèlne
Muratori. Ou a de lui : | /ir nummo ar-
grnteo nenedicti II , pontiftcis maximi
tlisseitntio.cic, Rome, 1749,111-4"; | -W*-
morie ccclrsinstiche nppartenend ail' is-
ton'a ed al niltn dclla beata Chiaria di
Himini . ibid. . ITîi:), in-4"; | Sotizie . re-
gole e orazioni in onore de SS. martiri
delta basilica yaticana. etc., ibid., 17."»6,
in- 12; | Wastraziona di wi siijillo dclla
Oarfagnana. ibid., 17;i'.'; [ Satfgiodioxscr-
vazioni sul valore drtfc anliche ntnnrle
pontificie , in-4", sans date. Le cardinal
J. Garampi a\ail formé une immense bi-
bliothèque, dont le calal();;ue , fait avec
soin, fut publié par M. Mariaiio de Ro-
manis. Rome, 171t() , 7 %ol. f»rand in-S".
M. Jérôme Amerli a placé à la tète de ce
calaloiTUc une nolicB latine sur la vie du
cardinal. On trouve son EloflC par Re-
nazzi dans le tome 4 de l'histoire de l'u-
niversité de la Sapicnce.
GARASSE (Fr.wçois) , jésuite né eu
4585 à Angouléme , prit l'iiabit de la socié-
té en IGOl. Né avec du feu, de l'imagina-
lion , mais sans goùl et sans jugement , il
se mil à écrire contre ceux qui lui déplu-
rent. Il se sitjnala surtout roulre le poète
Théophile et l'avocat Pasquier. On doit h.
sa plume infalijjable : | Heclierrhes des re-
cherches d'Etienne Pasquier , in-8". Timt
ce que la foujîue la plus impétueuse peut
inspirer de {jrossièrelés, esl entassé dans
cet ouvra(je. Ce (jui peut excuser l'auteur
à un certain point , c'est que les écrits de
Pasquier n étaient pas plus exempts d'ex-
pres>ions basses et ridicules, moins encore
de colère et d'emportement. C'esl une es-
pèce de représailles , mais qu'un homme
de bon goût et d'une àme élevée ne se se-
rait pas permise. Les lilsde Pasquier entre
prirent de venger leur père. Le jésuite
avait adresse son premier ouvrage : < A
» feu Etienne Pasquier, partout où il
» sera. ■ Les lils de 1 avocat-général . dont
le style ne s'éloignait pas do celui de Ga-
rasse , lui adressèrent la réponse: * En
• quelque lieu qu'il fut. »| Doctrine cu-
rieuse des beaux esprits die ce temps . ou
prétendus tels, IG'ir), iu-4° : ouvra{»e contre
les déistes, rempli de lurlupinades et de
raisons, qui auraient eu plus d'effet si elles
avaient été seules. | lin''elai.i réformé,
'\n-\-2 : mauvais livre de controverse contre
du Moulin, et qui n'est point du tout ,
comme quelques-uns- l'ont cru , une re-
fonte de l'inintelligible livre de Rabelais,
l Somme de théologie , 1625 , in-fol. , ceo-
surée par l;i Sdiboime. L'auleur ydi -i .fe
la m.ijesté de la religion , par le style I»î
plus familier et le plushouffcm. | 1^ ban-
quet des srpt-saqes . dressé au logis de
M. Louis Scrvin. Ce livre, publié mjih lu
nom il'/ïspinceil .h Paris, IGI7, in ' " î
la plus rare des productions de (,
il y a quelques bonnes plaisante 1 1
a de lui de» poésies latines . iri-4°: ce Mint
des élégies sur la mort de Henri IV , et tin
pnèmf! sur le sacre de son lils Ix)uis XIII.
L'auteur relégué à Poitiers par ses supé-
rieurs , mourut en secourant les pestiféréf
en 16'>1 , à 46 ans. Ce jésuite , si amer dans
ses livres, était doux dans la société; sa
colère n'est que dans sa plume : ses ac-
tions et sa ^induite portaient l'empreinte
de la charité. Dans des temps plus mo-
dernes, le style de Garasse a provoqu»'
l'imilalion de plus d'un honnne célèbre.
Son livre île Recherches des recherches
d'Etienne Pasr/uier . peut être regardé
comme les archives où Voltaire a puiso
les injures qu'il a prodiguées à tant d'é-
crivains. Il y a cependant cette différence
entre hii et Garasse, que celui-ci se bor-
nait à dire que ses adversaires étaient des
impies . des athées . des ânes , des sots
par bémol . des sots par béquarre . dis
sots à la plus haute gamme ; et que h;
champion de l'abbé Ra/.in a traité les siens
non-seulement A'ànes et de sots , mais di;
crocans . de cuistres, de marauds. <l«:
fripons .iS" ivrognes . de sndomites . de
scélérats . à' auteurs mmirant de honte ri
de faim. De plus , Garasse ne se passion-
nait que contre ceux qij'il croyait être Us
ennemis de Dieu, de la morale et de la
justice : l'cmule de Garasse faisait des in-
jures un usage tout inverse. Chaque siècly
a donc sa nuance. Si Garasse était un d(-
clamateur burlesque, comment nomnici a-
t-on son imitateur î
* (.\n AT ( Pie««E-JEAi«). célèbre rluin-
teur, neveu du comte de Garât qiil était
ministre de la justice à réix)que de la coi»>
damnationdc Louis XYI, naqtiit en i763à
Bordeaux , suivant son acte mortuaire,
mais, à c qu'il parait, à Usiarilz daiu lo
pays des li:isq'ics, et 1 • ' ' ' !i lo
goùUhulunl lU- sa m <"c,
qui toutes ùr\i\ j.os- l!o
voix. Destiné au barreau, ii tuiiuucn4,a *c%
études à B^irdeaux et Ie« continua à Bar-
ber.ieux. Mais elles ne i " " tourner
de sa vocation musicii \ i U d*al-
tenlion et de mcmoir -lil pour
retenir les iiwrcraux de musique qu'il
enIcnUaii cxiculcr par »ca catuaradea.
S9*
furent tels qu'il s'ensuivit une maladie de
consomption. Ses parons pour le guérir se
virent obligés de le retirer de pension. Il
reçut plus tard à Bordeaux des leçons de
Lamberli et de François Beck. Le jeune
Garât se rendit chez son oncle à Paris en
4782, et obtint de nombreux succès dans
les plus brillantes sociétés de la capitale.
Il contrefaisait la voix de tous les acteurs,
le son de tous les instrumens, et exécutait
seul un opéra entier , d( puis l'ouverture
jusqu'aux airs de ballet. Les premiers
compositeurs de ce temps, Gluck, Piccini,
Grétry , Philidor , avaient peine eux-
mêmes à cioire ce prodige. Garât clianta
au concert spirituel avec mesdames Saint-
Hubert y elTodi, et le 12 janvier 1785, il
reçut l'invitation de venir chanter devant
à reine, qui en fut tellement satisfaite
«[u'elle voulut prendre des leçons de lui.
La même année le comte d'Artois le prit
pour son secrétaire, et il reçut , en 1734,
une pension de 6,000 francs sur l'admi-
nistration de la loterie. Admirateur du
génie de Gluck , Garât chantait la musiq^ie
de ce célèbre compositeur avec une ex-
pression , une sensibilité que personne
n'a pu égaler , et il excellait dans tous les
genres. Il pratiqua long-temps son art plus
en amateur qu'en artiste, et il se montra
fidèle au malheur comme il l'avait été à
la prospérité. Le succès de sa romance :
Fous qui portez un cœur sensible, com-
posée après les journées des 5 «t 6 octo-
bre 1789 , et dans laquelle il faisait allu-
sion aux infortunes de Marie-Antoinette,
causa son arrestation à Rouen en 17.)5.
Mais il fut remis en liberté au bout de
quelques mois de détention, dont 11 a dé-
crit les peines dans sa touchante com-
plainte : Kous qui savez ce qu'on endure,
etc. Réduit à chercher des ressources
' dans son talent, il donna au théâtre Fey-
deau, à la fin de 179a, ses premiers con-
certs publics qui attirèrent la foule. Ces
concerts continuèrent pendant quelques
hivers dans le même local, puis dans une
salle de la rue Cléry. Garât voyageait du-
rant la belle saison en Hollande, en Angle-
terre, enEspagne, en Allemagne, et obte-
nait partout les mêmes succès. En 1796, il
fut attaché au Conservatoire de musi(iue
comme professeur de la classe pour le
])erfectionnement du chant, et l'on cite
})armises élèves Nourrit, Ponchard, Deri-
vis, Levasseur, Mesd. Branchu , Boulan-
ger, etc. Des allusions qu'on crut remar-
quer dans quelques-unes de ses productions
telles que la romance : ïfcnri //" à Ga~
GAR
brielte et une autre sur Bayard, indispo-
sèrent contre lui Naijoléon ([ni lui relira
pendant quatorze mois son traitement de
professeur. Garât le recouvra en 1814, et
fut chargé, en 1817, par le ministère de la
maison du Roi, de parcourir le midi de
la France, pour y choisir des sujets pro-
pres aux différens emplois du chant. Il est
mort à Paris le i*^"" mars 1823 , à l'âge de
60 ans. Ses restes ont été inhumés près
de ceux de Grétry, de Méhul , de Delille
et de Ginguené. M. Bignan a publié en
1825 Hommage aux mânes du célèbre
Garât , chœur à quatre voix et avec ac-
campagnement de piano.
* GARWE (Claude-Toussaixt MA-
ROT de la), gentilhomme brelon, naquit
à Rennes le 28 octobre 1675. Après avoir
terminé ses études avec succès, il consa-
ci'a ses travaux et sa fortune entière au
soulagement des malheureux. Non con-
tent d'avoir établi de petites écoles pour
les enfans, des hospices pour les malades,
des ressources pour les prisonniers, des
fondations pieuses de tout genre , soit à
Renues, soit même à Paris, il étudia, pour
être plus à portée de donner ses soins aux
indigens, la médecine, la chimie, et cher-
cha à propager les lumières qui devaient
leur assurer des secours mieux dirigés et
pi us efficaces. C'est dans cette vue qu'il pu-
blia: I Recueil alphabétique des pronostics
dangereux et mortels sur les différentes
maladies de l' homme ^ pour servir à MM.
les curés et autres, Paris, 1736, in-18, plu-
sieurs fois réimprimé ; | Chimie hydrau-
lique pour extraire les sels essoitiels drs
végétaux ^ animaux et minéraux avec
l'eau pure, Paris, 1745, et 1775, in-12.
L'analyse végétale lui doit quelques pro-
grès : ce fut lui qui apprit aux pharma-
ciens à préparer l'extrait sec de quin-
quina, lequel porta long-temps le nom
de sel essentiel de La Garaye. Cet homme
respectable mourut dans son château ,
près de Dinan , le 2 juillet 1755, regretté
de tous les pauvres dont les larmes ont été
son plus bel éloge. Sa vertueuse épouse
partageait tous ses soins. Le vénérable
abbé Caron a publié leur vie sous ce titre :
Les époux charitables oir /'7<? du comte
et de la comtesse de La Garaye, Rennes ,
1782, in-8";
* GAlUîÉ (le vicomte M.VRiE-Tniio-
DORE-Unu.vix ), lieutenant-général, inspec-
teur général du génie, né à Hesdin en
1769, y commença ses études et vint les
terminer à Paris, au collège de 3Tonlaigu.
A l'époque de la révolution il retourna
G AU .•)
danssa vilU' natale, rt il y i inii.l;ss.iil avt'c
5iirri's les fonctions lUr piofoscur ilt* ina-
tlKiiialiqucH, loistiu'il fut appolc par la
picinicre i t'«piisilion à la di-fcnse de nos
frontières, ri envovr à l'arnice du nord ,
où il servit dans le llf ré({inienl d'infan-
terie, ronime siiupL» Rren.ulier. Vu coii-
ruuis ayant été ouvert pour l'arnic du
l'.tnic, il s'y présenta et reçut le brevet
délèvc sons-lieutenant le 26 venlose an 2.
Après dix-huit mois d'études, il sortit de
I erolc de IMeti le 1"^ {terminal an !>, avec
le îfradc do llculeuant ; envoyé aussi-
tôt à l'année des Alpes , il fut attaché à la
division Serrurier. Uientôt les succès de
l'armée d Italie lui ouvrirent un théâtre
plus brillant : il se trou\a à Montenotlc,
à Mondovi et à d'autres affaires qui sifyna-
lèrent celte campa;îno, et fut récompensé
par le prade dcr.ipitaiMc. Fait prisonnier
pnr les Autrichiens il fut bientôt délivré,
continua la campa{!^ie jusqu'au traité de
Campo-Formio, et lit exécuter des travaux
dans diverses jilaces fortes. Garbé était à
Rome lorsipi'il rceul l'ordre d'aller s'em-
barquer à Civila-Vecrhia avec la division
Desaix. Débarqué en Egypte, au iMara-
bou, avec sa division, il la suivit aussitôt
à la con(iucte du Caire à travers le désert,
et il se Ircmva aux batailles de Chebreis
et des Pyrauiivles, qui décidèrent la red-
dition de celte capitale. Il fit construire
le fort de Kenné, puis nommé chef de
balaillon il fut chargé des ouvrajjes qui
furent exécutés au Caire. A son retour
en France, il fut envoyé à Ostendc et à
Gand couune sous-directeur des fortili-
cations ; il dtri[;ea ensuite les travaux du
parc du génie au camp de Bouîo{;ne, et y
participa à la première distribution des
décorations delà lé;;ion-d'honneur. Garbé
suivit l'armée en Allemagne, comme chef
d'état-major du génie, et se trouva à Mem-
mingen, à Hollenbrun , à Austcrlilr. Nom-
mé colonel après celte dernière bataille ,
le 5 nivôse an 4, il assista à celle diéna,
à la prise de Lubeck, à la bataille d'F.ylau,
au combat d Hofl, où il fut atteint d'une
balle au bras, et à cchii d'Heilsberg, où
nne autre balle lui traversa la cuisse. II
fut nommé oflicier de la légiori-d'honneur
le 25 mars 1807 . et baron de l'emiiire
après la paix de Tilsitt. Envoyé en Espa-
gne, il commanda le génie dans le corps
d armée du maréchal Soult. 1^ prise de
la Corofjnc, le combat d'OporIn, l'affaire
du pont de l'A^- " ' ^iialcrcnt cette
campaj^rM'. n; il fut nomtiié
général de br;j i jve.ubre lilUD.
'1 :^ (. A u
Il fît exéruler les nombreux ouvrages qti{
furent élevées aulo-ir de Cadix, à Cliirlaua
rueH(»-Réal, Tort Sainte-Marie, el eut un
cheval lue sous lui à la désastreuse ba-
taille de Vitloria. Arrivé sous les mur» do
r.ayoniie , if reeut le commandement su-
|iei ieur du génie de celle place , et lit
exécuter un camp relfanrhé sur les hau-
teurs de Mousseroles el tous les travaux
nécessaires pour arrêter l'armée anglaise.
Ce but imp»)rtanl fut atteint. Le génériil
Garbé fut nommé commandant de la lé-
gion d'honneur en ISI/*, et se trouva à la
bataille de Waterloo. De 1«I5 à 1823, il
siégeait au coniilé du géi»ie, lit des in-
spections annuelles sur nos diverses fron-
tières et présenta des mémoires sur leur
défense. En 1827), il se tr.)uvait en mis&ior.
sur les Pyrénées lors de la formation de
l'armée destinée à s'emparer de> places
de la Navarre et de l.i Catalogne. Le gé-
néral Garbé reçut l'ordre d'aller comman-
der le génie à cette armée, el il y dirigea
les travaux du siégede Pampelune. .\près
la prise de celte jdace , il fut fait graii.I-
oflicier de la légion-d'honneur, et lieu-
tenant-général. De ISi") à 18.->0, indéperK-
dammenl de ses travaux au comité du
génie et des inspections dcjut il fut chargé ,
il lit partie de plusieurs cotumissions im-
portantes , et s'occupa de |>lusieurs mé-
moires sur l'art militaire et nos institu-
tions politiques. Nommé en 1830 à la
chambre des députés, il venait d'y étr-j
réélu en IS.'il, lorsqu'il mourut à l'âge de
G2ans, le lOjuillet !8'l.
• G.VRBlÉm, peintre d'histoire, né à
Bologne, mourut en IGjV. Elève de Louis
Garrache, il était il'un génie sombre, et
chereiiail toujours à ]>eindrc des sujets
tristes; tels que des morts, des pestes,,
des carnages : cependant sa masiière lière
et terrible n'était point privée de gràcci,
quand les sujets le demandaient.
•G.VRBO (RiPiiAti. de;, peintre d his-
toire , né à Florence en IhTd , mort en
lo34. Son tableau de la Résurrection {UMa
pour un chef-d'œuvre.
r.,VUCEZ( Jolies) , dominicain araso>
nais, né en IWO, étudia à Paris, fut reçu
ilocteur en Sorljonne. enseigna cusuilc la
tliéologie dans sa patrie avec réputation,
fut nommé par (harles-Quint preuiirr
évéque de TIascala au Mexique, où U (ui
le iM're de son pi-uple. U » intéressa tur-
tout au sort des Indiens, rt écrivit are
sujet un t/uit/'vn f ■ ' ' •■- ■ - '-t-^\cc
au p.ipc PjuI m. I il'a
fait impriîncr Jan^ 'Icifc»
GAR 5
que. Garcex mourut en odeur de sainteté,
vers l'an 1547.
GARCIA , ou GARCIAS II, roi de Na-
varre , né à Tudéla en 958, succéda à
son père, Sanche II, en 994. Il fut ap-
pelé le Trembleur, parce qu'il tremblait
d'impatience martiale lorsqu'on l'armait
pour aller aux combats. Il remporta plu-
sieurs victoires sur les Maures ; et lié avec
don Bermudo , roi de Léon , et avec le
comte de Casltlle , il {ïa^jna en 998 la fa-
meuse bataille de Calacanazor , où le ter-
rible Almanxor , vaincu pour la seconde
fois, laissa sur le champ de bataille 50,000
des siens. Garcia lit de nombreuses fon-
dations , protégea le clergé , et mourut
en 1001 , trois ans après la défaite d'Al-
iTianxor.
GARCIA I" , ou GARCIAS FERNAN-
DKZ , comte de Castille , naquit à Burgos
en 938. Il succéda à son iwre Fernand
Gony.alès en 970. Plein de justice et de gé-
nérosité , il signala son avènement au
jiouvoir en pardonnant aux comtes de
Vêla qui s'étaient toujours montrés enne-
mis de la maison de Castille , et s'étaient
rendus coupables de plusieurs rébellions.
11 gagna trois victoires consécutives sur
Ordouan , roi de Cordoue , et défit com-
])lélement , en 984 , dans les plaines d'Os-
man, le terrible Almanzor , et fut ainsi
le premier qui vengea la défaite des Es-
pagnols à Alorcon. Ce prince généreux
eut la douleur de voir son lils Sanche ré-
volté contre lui, par les perfides insinua-
tions des comtes de Vêla, à qui il avait
pardonné. Sanche , vaincu par son père,
en obtint un pardon généreux. Garcia
fut de nouveau obligé de marcher contre
Almanzor, qui s'était jelé sur les terres
de Castille avec des forces considérables.
Dans le combat qu'il lui livra, s'étant laissé
entraîner trop loin par sa valeur, il fut
fait prisonnier, et mourut de ses blessures
peu de jours après. Ses sujets pleurèrent
sa mort , et les Maures admirèrent son
courage et sa fermeté.
* GARCIA II, comte de Castille, petit-
fils du précédent , succéda à son père, don
Sanche, lorsqu'il avait à peine atteint sa
ih!^ année. L'implacable famille des Vêla
excita de nouveaux troubles peu après
son avènement. Le roi de Navarre , oncle
de don Sanche , parvint à les apaiser. Les
comtes de Vêla semblèrent alors entière-
ment dévoués aux intérêts de leur jeune
maître, mais, par la plus noire perfidie,
rayant attiré chez eux , ils le poignardè-
rent, et firent prisonniers tous les gens
fi^ CAR
de sa suite. Le roi de Navarre vengea son
neveu , et ravagea les terres des comtes
de Vêla, qu'il fit mettre à mort. Garcia
fut assassiné le 15 juin 1052 ; il avait alors
24 ans.
'GARCI A de MASC ARENII A5 (Blaise) ,
poète portugais, naquit le 5 février 1596
à Avarodans la province de Beyra. Ayant
lue son adversaire dans un duel , il fut
condamné à la déporlalion; mais il par-
vint à s'échapper au moment où on allait
le faire partir , et il se réfugia à Madrid.
Ses parens ayant obtenu sa grâce, il re-
vint en Portugal , d'où il partit pour le
Brésil en 1614 avec le grade de sous-lieu-
tenant. Il se signala contre les Hollandais,
avec lesquels l'Espagne était toujours eu
guerre. Mais ayant appris la révolution
qui arrachait le Portugal à la domination
de l'Espagne , il repassa à Lisbonne en
1640, et assista au couronnement du duc
de Bragance proclan>é sous le nom de
Jean IV. Il leva eri l'honneur de ce prince
une compagnie de jeunes gentilshommes
dont il fut élu capitaine. On le nomma en-
suite gouverneur d'Alfajates, et il défen-
dit cette place avec le plus grand courage
contre les attaques réitérées des Espagnols
Accusé d'avoir trempé dans un complot
contre l'état , il fut traîné en prison. Il
parvint à prouver son innocence, et le
roi , en lui rendant ses bonnes grâces, lui
rendit aussi le gouvernement d'Alfajates,
et le nomma chevalier de l'ordre d'Avis.
Dans les dernières années de sa vie il se
relira dans sa terre natale pour se li\Ter
entièrement à la poésie. Il mourut le 8
avril 1656. Les recueils poétiques portugais
renferment plusieurs de ses compositions.
Mais ce qui a le plus contribué à établir
sa réputation de poète, c'est son Viriato .
poème en 20 chants , qui fut imprimé
après la mort de l'auteur et qui a mérité
les éloges de plusieurs lit lérateurs distin-
gués, et notamment du Père de los Reyes.
Le plan de ce poème est sagement conçu ;
le style est plein de chaleur, et la versi-
fication ordiniiremenl Iiarmonieuse. On
trouve cependant qu'il manque quelque-
fois de régularité et d'ensemble. Malgré
ces défauts, les véritables beaute*s dont il
abonde ont placé Garcia après le Camoëns,
à côté des meilleurs poètes épiques por-
tugais.
♦ GARCIA-SUELTO ( Thomas), mem-
bre du conseil de santé d'Espagne et de
l'académie royale de Madrid, né en cette
ville l'an 1778 , se livra de bonne heure
à l'élude des lettres , et par les connais-
G AU r>
tanrcs rionduos qu il acquit en peu do
loiiips dans lus lanjiics latine et (irecque,
ne tarda i)as à se faire une réputation
d'érudit. Outre plusieurs poésies de dif-
forcnsffcnres qu'il publia dés l'année 1800,
il lit paraître peu de temps après une pièce
de vers héroïques en lauf^ues latine , es-
pa(jnole, française, italienne et allemande,
avant pour titre Conseils d'un père à ses
cnfans. U écrivit aussi d'autres composi-
tions littéraires, et notamment quelques
poèmes dramatiques. Le (ïoût et le dis-
cernement dont il lit preuve dans ses di-
vers ouvrajjes , le tirent distinguer par le
pouvernement espagnol qui le nomma
membre des diverses commissions créées,
soit pour l'examen des œuvres destinées
au théâtre . soit pour celles qui concer-
naient l'instruction publiqtie. En njéme
temj)S qu'il cultivait ainsi la littérature et la
poé.sie, Garciasuivail la carrière médicale
<i s'était rendu à l'université d'Aleala.
Il rédigeait un journal périodique . qui
paraissait sous le titre de Seminario eni-
dito de scicncias . artes y bellas letras de
la Ciudad île Jlcala. Il vint ensuite à
Madrid , et suivit pendant deux ans les
cours de l'école royale de clinique et de
perfectionnement , sous le célèbre profes-
seur Severo Loper., Les propres qu'il fit
dans la médecine et la connaissance qu'il
avait acquise de presque toutes les langues
(le rturope, le firent nomnu-r médecin
(Us étran^jers àl'hôpilal civil et militaire
de Madrid. Garcia fil preuve du zèle le
plus aclif à ré{jard des blessés français ,
et sa conduite lui valut bientôt le titre de
médecin ordinaire de l'armée française.
In 1810, il traduisit en espagnol le savant
Traité de Ilumholdl sur le galvanisme.
avec des notes curieases qui le firent con-
naître comme physicien. Il accompaf^na
l'armée française dans sa retraite , vint
à Paris, fut accueilli par les savans et fil
bientôt partie de plusieurs sociétés médi-
cales. Gar<;ia mourut dans cette ville le iO
septembre ISltj. Outre les ouvrages dont
nous a\ons déjà parlé, il en a laissé plu-
sieurs autres, parmi lesquels on distingue :
I sa '.rafjrdic de f 'i> nirte ; \ des traductions
t\\ï Cid de Corneille; | des Recherches
physiques sur lu vie et la mort de Bichat;
iHOli; I les 3 premiers vol. de l'anato-
viie médicale de Portugal, 1805; | un
J.loye historique du docteur Severo Lo-
pez,etc. Il a aussifwurni plusieurs articles
è la Bibliothèque médicale , ou Journal
universel des sciences médicales . où il
inséra en 18 IG uii Mémoire contre la pré-
4» GAR
tendue incnmbuslibddé du charlatan Ma-
riano Chacon: une notice sur la médecine
des Jrabes. M. le docteur Ifurtudo a pu-
blié une notice sur la vie et les écrits dr
Th. Garcia-Surlto. Paris, 1816. In-8";cllc
a été insérée par M. Leroux dans sonjnw
nal de médecine, mois d'octobre de la
même année. Enfin Garciaa été le prlii*
cipal rédacteur d'un journal universel de
sciences, arts et belles-lettres.
• r.AUCI.V ( Maxlel ), compositeur et
chanteur espagnol, naquit à vSévillo en
1779 , et fit ses premières études musicales
à la cathédrale de cette ville. Il débuta par
(juelques vaudevilles qui furent joués avec
suriès à Madrid , et donna en 1801 , à
Malaga, sous le titre du Prisonnier , un
opéra qui commença sa réputaiion. Gar-
cia parcourut ensuite plusieurs villes d'Es-
pagne, de France, d'Italie, etc. ou il faisait
entendre sa voix. Sa pièce intitulée IlCa-
lifo di Bagdad, en 1 actes , après avoir éle
représentée avec succès à Naples en 1812,
le fut aussi à Paris en 1817, et 1 auteui
y reujplil le rôle principal. Ce succès lo
détermina à rester en France et il est
mort à Paris le 10 juin 1852, laissant d'au-
tres pièces qui sont : | L' Aid}ergiste ;
I L'Horloge du bois; \ les Chevilles de
maître Ailam ; \ La cantate de Diane et
Lmlymion. exécutée à Naples; | Le I^tète
colporteur, etc.
<i VIICIAS ( Nicolas), jurisconsulte du
15* siècle, natifdc Scville, laissa des Com-
mentaires sur les Décrétâtes. — Il faut le
di.stinguer de Nicolas GARCI AS, autre sa-
vant jurisconsulte espagnol du 17"^ siècle,
dont on a un Traité des bénéfice s. csliinc ,
1618. in-folio.
GAHCi \S-L \.SO DELA VLGA (et par
abréviation (iarcilaso ) , poète cspai;nol ,
le réforcnateur de la poésie espaiMuilf ,
naquit en i:>05 à ToUde, d'un. ' r-
ble alliée à la maison de Gu/ t
fils puîné d'un grand romi :».«
Lœn h qui Ferdinand V doiuia lu »urnoin
lie la Véga. en mémoire d'une p»one*«K
chevaleresque. Il eut l'av.in ,•
élevéauprèide l'empereur ( t
et sui\it ce prince en .\lleiiM.,: ...-
que, en Barbarie el en Provence, il fut
blessé dans cette dernière exprtlilion.
.Vyant voulu faire étala
aux yeux de son inaltrr
me coup de pierre au \
près de Fréjus , et mourut a àNice de *<-i
blessures, en 1.536. à Sfi an*. Gnrri ^ -^x
tm de ceux à qui la pt»
plus d'obligattun. il La ,
GAR
516
CAR
ment de son ancienne barbarie, mais il
lui prêta diverses beautés, empruntées
des étrangers anciens et modernes. Ses
ouvrages offrent beaucoup de majesté et
moins d'enflure que ceux des autres poètes
de sa nation. Paul Jove prétend que ses
odes ont la douceur de celles d'Horace ;
mais elles n'en ont pas l'énergie. On a
donné plusieurs éditions des Poésies de
Gardas. Sanctius , le plus savant gram-
mairien d'Espagne, les a commentées.
Il relève, en bon commentateur , les moin-
dres beautés de son original. Ce qu'il y
a de plus utile dans ses notes ^ ce sont
les comparaisons des beaux morceaux
de Garcias avec ceux des poètes anciens
qu'il a imités. Les Observations de Sanc-
tius parurent à Naples en 1664 , in-8°.
* GAUCIAS ( Grégoire ), religieux do-
minicain , né en 1554 , à Cozar en Anda-
lousie , prêcha long-temps la parole de
Dieu dans l'Amérique et au Mexique , re-
vint en Europe vers 1603, fut nommé
lecteur de théologie morale au couvent
de son ordre àBaeça, et mourut dans cette
ville en 1627. On a de ce savant mission-
naire : I Origine des Indiens du nouveau
vionde examinée ^ etc. Valence , 1607 ,
in-12; Madrid, 1729, in-fol.; | Prédication
de l'évangile dans le nouveau monde du
vivant des apôtres . Baeça , 1623 , in-8".
*G.\RCIASyMATAMOROS(ALFo.\SE),
naquit à Cordoue en 1490. .Ge savant Es-
pagnol eut un talent très précoce. A l'âge
de dix -sept ans il possédait déjà une éru-
dition peu commune dans son siècle. Il
ne nous reste de cet auteur qu'un seul
ouvrage intitulé : De academiis et doctis
viris Ilispaniœ^ inséré dans Yllispania
illustrata, Alcala, 1555, in-8°. Il avait em-
brassé l'état ecclésiastique, et l'on assure
qu'il avait beaucoup de talent pour la
cliaire.
GAIICIAS LASO DE LA VEGA , sur-
nommé l'Inca , né en 1550 , à Gusco au
Pérou , mort en 1568, a donné en espa-
gnol l'Histoire de la Floj'ide ^ et celle du
Pérou et des Incas , écrite d'un style am-
poulé , et traduite , l'une eu latin et l'au-
tre en français, par Beaudoin , Amster-
dam, 1757, 2 vol. in-4", avec ligures,
telle histoire n'est qu'une espèce de ro-
man , imaginé par ce péruvien en l'hon-
neur de sa patrie. L'auteur se ressentait
de la faiblesse d'esprit qui caractérisait sa
nation. Il est étonnant que la plupart des
écrivains français aient plutôt adhéré aux
narrations de ce visionnaire, (juaux. ré-
cits de Xérès , de Zarate, de Herrera et
d'aulrcs^ historiens judicieux et instruits.
Marmontel , dans ses Incas . leur a aussi
préféré les contes de l'écrivain péruvien :
il est naturel du reste que pour faire un
roman de celte espèce, il n'ait consulta
ni le vrai ni le vraisemblable. M. Paw,
dans ses Recherches sur les américains ,
réfute la plupart des extravagances de
Garcias Laso , qu'on nomme ordinaire-
ment Garcilaso ; nmis le critique, en
combattant quelques erreurs de fait, en
écrild'aulres beaucoup plus graves où les
vérités de la morale, de la religion et de
la bonne physique sont étrangement com-
promises.
GARCiVS DELOAYSA. Vog. GIRON.
GARDAi\E (Joseph-Jacques), mé-
decin i)rovençal , né à La Ciotat , prit ses
degrés à la faculté de Montpellier, et
exerça son art avec distinction à Paris,
vers le milieu du 18""' siècle. Il dirigea
plus particulièrement ses éludes sur les»
parties de la médecine qui ont un rap-
port immédiat avec la salubrité publique
et avec les mœurs. Il s'appliqua d'une
manière spéciale aux maladies des arti-
sans , et publia successivement plusieurs
ouvrages qui prouvent son humanité et
où l'on trouve des vues utiles, des faits
exacts et bien prouvés. Ses principaux
ouvrages sont : | Conjectures su?' l'élec-
tricité médicinale^ Paris, 1768, in-12;
I £ssais sur la putréfaction des humeurs
animales , nù9 , in-12; | Recherches pra-
tiques sur les différentes ma/iiéres de trai-
ter les maladies vénériennes ^ i77Q-7b ,
in-8°. ( r^oijez ASTRUC.) | Mogens de
détruire le mal vénérien^ 1772 j in-S" ;
I Manière sûre et facile de guérir les ma-
ladies vénériennes , 1775, in-12.
• GARDAÎVE-DIIPORT, chirurgien,
né en 1746 à Toulon et mort à Paris eu
1813, en a domié une nouvelle édition,
avec des améliorations , sous le titre de
Méthode sûre de guérir les maladies vé-
nériemies , Paris , 1787 , in-8" ; | Avis au
peujjle sur les asphyxiés y 177 k , in^l2;
I Traité des mauvais effets de la fumée
de la lilarge ^ 1776 , in-8" ; | Eloge histo-
rique de M. de Bordeu ^ i777 . in-8" ; | Mé-
moire concernant une espèce de colique
observée sur les vaisseaux , Paris , 1785 ,
in-8" ; | des maladies des créoles en /iu-
roj)e, avec la manière de les traiter. Gar-
dane publia aussi la Gazette d€ santé de
1773 à 1776.
M;ARDAi\.\E (Paul-Ange), général
français natif de Provence , habitait le dé-
partement du Yar. A i'époq,uc du siège
G.VR
5i7
GAR
de Toul4Mi ,,il se mit ù la h' tr d'un nimi-
lirc considi'rablc de pay.s;inH qui iiiarrliè-
rt'ut sur rctte ville iM)ur la détruire. Apres
la |M isc de cette ville . il v«TUt a«er lufig-
ttiiips sans cinpU)i . parce que l'on rc-
iloiilait la violence de son caractère . qui
l'avuit entraîné quelquefois pendant le
siéije à des mesures d'iuie grande ri[jueur.
Se trouvant à Paris au 15 vendémiaire, il
fut employé contre les sections en qualité
d'adjudant général, et peu après envoyé
en Italie sous le général Bonaparte. Il se
distinjjiia particulièrement à l'attaque du
Mincio cl à la bataille d'Arcole , où il fut
blessé. Il fut ensuite employé comme chef
de brigade sur le Rhin . et il se lit remar-
quer par son sang-froid cl l'habileté de ses
manœuvres à la bataille de Neuwied. Il
passade nouveau en Italie en 1799, et
commanda la ville d'Alexandrie qu'il fut
oîfligé de rendre après la perle de la ba-
taille de la Tréhia. De retour en France ,
il concourut à dissiper les rassemblemens
delà "N'endée. Il repassa en Italie en 1800,
cl sa conduite à la bataille de Marengo lui
mérita un sabre d'honneur. Il commanda
<|uelque temps dans la Ligurie et le .Man-
touan , cl passa en Allemagne pendant
les années 180G et 1807, et mourut à Bres-
lau le 1/i août 1807 , lorsqu'il revenait en
Fiance pour se reposer des fatigues de la
i; lierre.
•<iAUD.\X\r ' Gaspard- A^DBÉ, comte
de'* , général de brigade, oncien aide de
r.jmp de Bonaparte , ne à Marseille le 11
juillet 17r.r>. entra au service en qualité
(iofliricr de cavah-rie en 1792, el parvint
dès i7'.>9 au grade de général de brigade.
Honaparlc le nomma sou aide de camp,
et lui donna en 180.'i la charge de gou-
verneur de ses pages. F.n 1807 l'empereur
envoya le comte de Gamlanne en qualité
de ministre plénipotentiaire . près la cour
tle Téhéran, atin d'engager Feth-Aly-
iJiah, roi de Perse , à faire cause com-
nnme avec lui. Le général Gardanne, dont
I j'ieul avait déjà rempli une pareille n)is-
»iun, partit dans le mois <le mai 1807 ,
traversa rVllemagne , la Hongrie el la
Turquie jasqu'à Sculari, cl s'embarqua le
iO septembre pour l'Asie-mineurc. Il ne
fut point inquiété pendant toute sa roule,
excepté dans l'Annénie où il fut obligé de
Ijenl à son cfligie. Arrivé ii Téhéran il tei
présenta devant le roi de Perse <|ui le ro-
\ut avec distinction , et lui donna le lilrc
de Khan. Ce prince le décora en outre
de l'ordre du vSoleil. Les nei;<»riali()os qui
furerjl enlamées devaient avoir le< [dus
heureux résultats dans rintércl de l'em-
pereur, niais soU que Bonaparte , occu|>é
de tant d'autres intérêts , nrgli;;càl si>n
envoyé, soit que cehii-ci ne fui pas con-
tent des relations qu'il entrclenail axecla
ministre des affaires étrangères sans la
participation duquel il était entré dans la
diplomatie, il quitta la Perse sans ordres,
el revint à Paris où il tonil)a complète-
ment en disgrâce. Il perdit ses titres d'aide
de camp et de gouverneur des pages, en-
voyé en Espaî;ne, il éprouva un échec
lors de la retraite du Portugal en 1810.
Lors des événemens de 181.'i il comutan-
<lait dans le département de la I^ozère une
brigade sous les ordres du général Krnouf
dans l'armée qu'avait réunie le duc d'An-
gouléme ; mais il ne larda pas à suivre
l'entrainemeul général , et se réunit aux
troupes impériales. Admis à la retraite
en septembre 181;), il est m(»rt en 1818.
Napoléon lavait fait comte de l'empire ,
avec une dotation de 2.'>,000 francs.
• GVRDAN.NE ( PAti.-A\r.E-Lotis de ),
né à Marseille le 2 mars 176îi, suivit en
Perse son frère qui y avait été nununc
ambassadeur de France, el partit en qua-
lité de premier secrétaire d'ambassade. II
revint , en 1808, dans sa i)alrie, et rendit
compte de la mission dont le c<i(nte de
Gardannc avait été cliargé auprès du
schah do Perse, Felh-Aly-<.hah. Il publia
à celle occasion : Jvnninl d'un vixjai;^
dans la Turquie d' tiie et en l'erse, fait
rn 1807 et 180H. Marseille , 1808 , in-8° :
on y tr<mve dus détails curieux . et à la
lin de l'ouvrage, un voca'.ulaiie it-'- ■•
persan cl lurc par le prince Ti
Mir7^. Gardanne mourut <lanssa xi
taie le 8 janvier 1822 . laissant quelque»
manuscrits. Il avait fourni plusieurs ar-
tich'S à la nac/ic pnwençalf ' 'i-
blié n Marseille, qui niifei '•
détails sur lui dans le n" l" il'
• GAUDAZ (Fn.»>rot?»-M*»ifc;, uc n
Oyonnax en B-igey ver» 1777 , d'une fa-
mille peu riche , étuil compatriote du f.i-
meux S.îjithonax , qui h" procura Ici
r«'pous«cr l'attaque de cpielques Counles.
peu idudes de brigands (pii désolent celte moyens «le faire quelques études, cl de
du I se faire recevoir avoral'à Lyon. Il no psu-
patlii: de l'Asie. En pjssant au pied
mont Ararat. Gardannc lit graver sur le
roc'u-r le nom de son maître el y déjwjsa
plusieurs pièces de monnaie d'or cl d'ar-
lagea pas cependant »c» pitiiCipc* rc»i>-
lulionnaircs , et li»r» de la rcstauratioo , il
fut un des premier» à clocr M \uU en
Gar
548
CAR
Ikveur des Bourbons. Les événemens du
mois de mars i815 l'affeclèrent si vive-
ment, qu'au mois de septembre de la
même année, s'imaginant que l'usurpa-
teiir revenait une seconde fois , il fut saisi
d'une lièvre violente et mourut dans d'af-
freuses convulsions après avoir avalé, dit-
on, sa langue. Un a de lui : | Essai sur la
vie et les ouvrages de Linguet, 1809, in- 8",
ouvrage qui fut vivement critiqué, et pour
lequel on l'accusa de plagiat; | Vœux
propJiétiques et réalisés , à V occasion de
V heureux 7'éta.blissement des successeurs
de saint Louis sur le trône de France,
par Vabbé Delille , suivis de quelques con-
sidérations sur les effets du fatalisme et
de l'irréligion , ISl/i-, in-8" ; | divers arti-
cles dans les journaux.
G VUDE ( A\TOi:«E ESCALIN DES AI-
MARS , baron de la ) , et marquis de Bri-
gançon, connu d'abord sous le nom de ca-
I)itainePolin, naquit en 1498 d'une famille
obscure au village de La Garde en Dau-
phiné , dont il acheta par la suite la sei-
gneurie, et ne élut son élévation qu'à son
courage et à son esprit. Parvenu de l'élat
de simple soldat au grade de capitaine ,
Guillaume du Bdlay-Langey le fit con-
naître à François V^, qui l'envoya en am-
bassade à Constantinople, vers Soliman II,
on iVthi. Il devint ensuite général des ga-
lères, et se fit une grande réj)utation sur
nier par ses belles actions. Il commandait
ca Provence comme lieutenant-général ,
lors de la sanglante exécution qui se fit
contre les Vaudois de Cabrières et de Me-
rindoî, en 1545. Il fut emprisonné à celte
«u-casion , et destitué du généralat des ga-
lères ; mais au l)out de 5 ans, il fut élargi,
déclaré innocent et réintégré dans sa
charge {Voyez OPPÈDE). Elle lui fut en-
core ôtée en luo7, et ne lui fut rendue
qu'en 1566. Il mourut d'hydropisie à 80
ims, en 1578.
GARDE ( Philippe BRIDARD de la ) ,
né à Paris en 1710 , mort le 5 octobre
1767 , fut chargé des fêtes particulières
que Louis XV donnait dans ses apparle-
mcns. Il avait un goût singulier pour ce
genre. La marquise de Pompadour fut sa
bienfaitrice ; sa mort le jeta dans une ha-
bitude de mélancolie, qu'il ne fut i)as
maître de dissiper. Il faisait la partie des
spectacles pour le Mercure de France.
On a de lui les ] Lettres de Thérèse, 2 vol.
\x\-iiL;\/lnnales amusantes, in-12; \la Rose,
opéra-comique, et d'autres frivolités où
il n'y a rien à gagner pour la sagesse et
les mœurs, ni même pour le bon esprit.
* GAPiDEIL , professeur de médecine
et de mathématiques à Toulouse, et mem-
bre de l'académie des sciences de cette
ville , né vers 1725, mort, le 19 avril 1808,
a publié sous le voile de l'anonyme une
traduction des OEuvres médicales d'Hip-
pocrate sur le texte grec , d'après Foès ,
Toulouse , 1801 , k vol. in-8°. Il consacra
50 ans à cet ouvrage dont il n'a fait ce-
pendant que les sept premières sections;
la mort l'empêcha d'achever la 8*^ au temps
qu'il avait désigné pour la publication de
cette traduction. On a encore de lui une
lettre à Bernard de Jussieu sur le tri'
poli, insérée dans le Recueil de l'acadé-
mie des sciences.
* GA.RDELLI.\I (Louis ), sous-promo-
teur de la foi , naquit à Rome le 4 août
1759, et mourut le 8 octobre 1829. Il avait
été choisi à l'âge de 28 ans pour l'office
de sous-promoteur de la foi, qu'il remplit
pendant toute sa longue carrière , et fit
même les fonctions de promoteur en l'ab-
sence de M. Ei-skine. Il était en outre as-
sesseur de la congrégation des Rites, cha-
noine de Sainte-Anastasie et chapelain à
Sainte -Marie -Majeure. Sa douceur, sa
modestie , sa charité pour les pauvres re-
commandent autant sa mémoire que sa
fermeté dans le malheur et sa pieuse ré-
signation à la mort.
* G.\RDE.\ ( Fraîwçois ) , magistrat et
littérateur écossais, plus connu sous le
nom de lord Gardenstone , né à Edim-
bourg en 1721 , fut reçu avocat en 1744 ,
et se distingua dans le barreau , autant
par ia sagacité de son esprit que par la
justesse et rimparliaiilé de ses opinions.
En 1764 , il fut nommé solliciteur du roi ,
et ensuite l'un des juges de la cour de
session et de celle de justicier. Ayant
adquis le domaine de Johnston , près du
village de Laurence-Kirk, et témoin du
sort misérable des paysans , il chercha à
l'adoucir , et consacra une partie de sa
fortune pour y établir des manufactures.
Ce village s'étant accru considérablement,
il obtint en 1779 qu'il fût érigé en bourg
de baron ie , ayant, entre autres avan-
tages , celui d'un magistrat particulier,
La santé de lord Gardcnslone exigeant
un climat plus doux que celui d'Angle-
terre, il passa en France en 1786 ,et par-
courut plusieurs autres parties de l'Eu-
rope , formant des collections d'objets
d'histoire naturelle et d'art. On assure
qu'il se montra partisan de la révolution
française. Il a publié le résultat de ses re-
marques dans ses voyages, sous ce titre :
GAR S
Souvenirs d'un voyageur. 1702, 3 vol. in-
IJ, ocrit» avec ayrôincnt et chaleur, et
iciifermant des anecdotes intéressantes :
les deux premiers vol. parurent en 1791
et 1793; le 3* ne fut publié qu'après sa
mort. On a encore de lui Mélanges en
pr<M«tf<<rni>frj. dont les meilleures pièces
lui sont attribuées.Lord Gardcnstone mou-
rut le 22 juillet 1793.
r.ARDIE ( POrTUS. baron de la), gen-
tilhomme de Carcassonne, célèbre par son
courage et par ses aventures , servit d'a-
bord en Piémont , puis en Ecosse , en-
suite en Danemarck. Ayant été fait pri-
sonnier dans un combat contre les Sué-
dois, Eric XIV, roi de Suède, le prit à
son service. Ce prince ayant perdu son
trône, La Gardie conserva sa faveur au-
])rès de Jean III , à qui sa bravoure avait
été utile. Il lui confia des commissions im-
porrantes à Rome et à Vienne , et le dé-
( laraen 1580 général des troupes de Suède
<onlre les Moscovites. Pontus se rendit
maître de la Carélie, et ût d'autres con-
quêtes avec autant de courage que de
bonheur. Ses victoires furent suivies des
népocialions pour la paix. Dans cet inter
valle La Gardie périt malheureusement,
l'an 1!>85 , dans le port le Revel. Il avait
épousé une fille naturelle du roi. Il en
cul deux fils, desquels sont descendus les
comtes de La Gardie , qui sont comptés
parmi les plus grands seigneurs de Suède.
GARDIE ( Mag!«i}S GABRIEL de La ),
comte d'Avensbourg, né en 1622 , fut suc-
cessivement conseiller , trésorier , pre-
mier maréchal de la cour , chancelier de
Suède , enfin premier ministre et direc-
teur-général de la justice dans tout le
royaume. Il fut fort avant dans les bonnes
grices de la reine Christine , qu'il empê-
cha d'abdiquer autant qu'il fut en lui ;
mais ayant été obligé de se retirer de la
cour en 163i, cette reine fit ce qu'elle
voulut. Il y rentra sous Charles-Gustave,
qui le nomma trésorier du royaume, lieu-
tenant du roi, et généralissime dans la Li-
vonie. En 1656, il obtint le gouvernement
de la Samogilie et de la Lithuanic , et dé-
fendit Riga avec tant de vigueur, que les
Moscovites furent obligés de se retirer au
bout de six mois de $ié(Te. Après la mort
du roi , il fut élu chancelier du royaume,
et eut part à la régence. II fut ensuite
premier ministre de Charles IX, qu'il as-
sista utilement de ses conseils. Il mourut
en 1686.
• GARDIN-DUNESNIL ( Jeaw-Bai'
TiSTE ) , professeur de rhétorique aux col-
Aï GAR
hgcs de Lisicux et d'IIarcourt A l'uaiver-
sllédc Paris, était ne en 1720 au vilUge
dcSaint-Cyr, près de.Valofrne m Basse-
Normandie. Il fut ensuit liicc-
teur du collège de L<.i i Un
goût sûr et un talent j,our
transmettre à ses élèves Id scicticc qu'il
possédait, lui assurent un rang distingué
parmi les maîtres les plus illustres du 18*
siècle. Retiré dans son pays natal avant
la révolution, il y fonda, du fruit de ses
économies, une école gratuite pour les
enfans des habitans. Pendant la terreur,
son école fut anéantie , et il se vit forcé
de s'expatrier. Il rentra ensuite dans son
pays où il mourut en 1802. On lui doit :
I les Préceptes de Rhétorique tirés de
Quintilien, Paris, 1762in-12; ] leiSgnony-
înes latins, ouvrage d'un mérite généra-
lement reconnu, fait sur la plan des 5y».
onymes français de l'abbé Girard, 1777,
in-12. lien donna en 1788 une 2* édition
revue , corrigée et considérablement aug-
mentée. M. Jannet en a publié une 3* édi-
tion , Paris, 1813, in-8'', où il a ajouté un
grand nombre d'exemples , et fait dispa-
raître quelques inexactitudes de l'auteur.
GARDI.\ER (Etienne ), savant évo-
que de Winchester et chancelier d'Angle-
terre, natif de Saint-Edmond, dans le
comté de Suffolk, souscrivit à l'arrêt da
divorce de Henri VIII , et le défendit par
son traité : De verà et falsâ obedientiâ .
Londres, 1335, in-4°. Il ne se sépara de
l'église romaine qu'en ce seul point. S'é-
tant opposé à la réformation , il fut em-
prisonné et déposé sous Edouard VI, ré-
tabli sous Marie; et il mourut en 1555,
laissant quelques écrits de controverse.
in-«».
* G.ARDINER (Guillaume), mathéma-
ticien anglais du 18* siècle, ne s'est fait
connaître que par ses Tables de loga-
rithmes . Londrc$ , 1742, in-fol. Cet ou-
vrage a été réimprimé avec des addi-
tions, parles .soins des Pères Pezenas,
Dumas et Blanchard , Avignon, 1770, in-
fol. Il n'est plus consulte depuis que les
Tables des logarithmes . XoyapiG/ioi , ont
paru.
GAREXGEOT (Rênf. T , - ' ROIS-
SAl^T de ) , né à Vitry 1 !»>88.
était membre de la sociri Ixxi-
dres, et démonstrateur royal tu diirurgie
à Paris, où il mourut le 10 drccmbre
1759. Il avait beaucoup de connaissances
et de dextérité. Ses ouvrages sont : | La
Mitomie humaine . 1750 , 1 ▼ol. in-1 J ;
I Traité de* ùutrumens de chirurgie s
FOR
5dO
GAR
1727, 2 vol. în-12 ; \ Des opérations de
chimr(/ie,i7li9, 3 vol. in-12 ; | L'Anato-
mie des viscères, 1742, 2 vol. in-12;
[L'Opération de la taille ^ 1730, in-12.
Ces différens écrits sont estimés. •
GARET ( Jean ) , bénédictin de Saint-
Maur, naquit au Havre-de-Grâce en 1617,
et mourut à Jumiéges en 1694 , à 77 ans ,
avec la réputation d'un savant consommé
et d'un bon religieux. Il donna une belle
édition de Cassiodore , à laquelle il a
joint une dissertation curieuse sur la pro-
fession monastique de ce célèbre sénateur
romain. Celle édition parut à Rouen en
1679, 2 vol. in-fol. Les notes en sont sa-
vantes et judicieuses. ( Voyez l'Histoire
littéraire de la congrégation de Saint-Maur,
pages 158 et 159 ).
GARETIUS ( Jean ) , né à Louvain ,
chanoine régulier de l'ordre de Saint-
Augustin, se distingua par son zèle, ses
prédications et l'étude des saintes Lettres.
On a de lui : | De veritate corporis Chris-
ti in Eucharistiâ. C'est une collection des
passages des Pères grecs et latins , tou-
chant la certitude du dogme de l'eucha-
ristie. La dernière édition est d'Anvers,
1569, in-8°. | De mortuis vivorum preci-
bus juvandis ^ Anvers , 1564 , in-16 ; | De
sacrificio missœ ^ An\ ers , 1561, in-i2 ;
I De sanctorum invocatiotie ^ Gand , 1570,
in-8°. Ces ouvrages ont paru , traduits et
commentés en français, sous le titre de
Perpétuité de la Foi. Ceux qui les ont lus
et qui les ont confrontés avec celui qui,
sous ce dernier titre , a fait tant d'hon-
neur à Nicole et Arnauld , n'auront pas
de peine à grossir l'histoire des réputa-
tions usurpées. L'auteur mourut à Lou-
vain en 1571. Son frère Henri GARETIUS
docteur en médecine dans l'université de
Padoue , est auteur de quelques ouvrages
de son art.
GARIDEL (Pieuue), né à Manosque
en Provence , professeur de médecine en
l'université d'Aix , publia en 1715 une
Histoire des plantes qui naissent en Pro-
vence j 1 vol. in-fol, avec figures. Il mou-
rut en 1737 , à 78 ans.
GARi:V LE LOIÏÉRANS ou le LOR-
RANS. C'est le nom du plus ancien roman
que nous ayons en langue romance , ou
vulgaire française. L'auteur vivait en
1150, sous le règne de Louis le Jeune , bis-
aïeul de saint Louis. Il y chante en vers
les beaux faits de Heruis , duc de Metz; ,
tils du duc Pierre , et père de Garin ou
Guérin Le Lohérans, aussi duc de Metz
el de Brabant. Le poète suppose que ces
princes vivaient sous les règnes de Pépin
et de Charles Martel, et en raconte beau-
coup d'aventures fabuleuses. La plupart
des historiens de Lorraine citent cepen-
dant ce poème comme une histoire véri-
table , au moins quant au fonds : car il est
impossible de soutenir tous les contes qu'il
y débite. L'auteur n'a aucune teinture de
la vérité de l'histoire , ni des vraies généa
logies; il pèche à tout moment contre la
chronologie et la géographie. Tout l'usage
que l'on peut faire de ce roman se réduit
à connaître le goût , le langage et les
mœurs de ce temps-là.
GARISSOLES ( Antoine ) , ministre de
la religion prétendue réformée , né àMon-
tauban en 1587, a publié plusieurs ouvra-
ges , dont les principaux sont : | L'Adol-
phide j poème épique en 12 livres , où il
chante , en beaux vers latins , les exploits
de Gustave-Adolphe ; | un autre poème
latin à la louange des cantons suisses pro-
testans ; | diverses thèses de théologie;
I un traité De impulatione primi peccati
AdcB:. et un autre : De Christo media-
tore. Il mourut en 1650.
GARLANDE ( Jean de) , grammairien,
né dans le village de Garlande en Brie ,
passa en Angleterre après la conquête de
ce royaume , par le duc Guillaume , et il
y enseigna avec honneur. Il vivait encore
en 1081. C'est son séjour en Angleterre
qui a fait croire à plusieurs écrivains
qu'il était anglais. On a de lui im grand
nombre d'ouvrages imprimés et manu-
scrits. Les principaux des imprimés sont :
I un écrit en vers rimes , intitulé Face-
tus. sur les devoirs de l'homme envers
Dieu , envers le prochain et envers soi-
même , Cologne , 1520, in-4°; | un poème
sur le mépris du monde ^ faussement at-
tribué à saint Bernard , Lyon , 1489 , in-4°.
On le trouve aussi avec le précédent. | Un
autre poème , intitulé Floretus ou Liber
Floretij sur les dogmes de la foi el sur
presque toute la morale chrétienne , im-
primé avec les précédens ; | un Traité
des synonymes ^ et un autre des équivo-
ques ou termes ambigus, Paris, 1494;
Londres, 1505, in-k'' •,{ Dictionnarium artis
alchimiœ , cum ejusdem artis compendio,
Bâle,1571, in-8°. On trouve en général
beaucoup plus de goût et de savoir dans
cet auteur, qu'on n'en suppose pour l'or-
dinaire aux écrivains de son temps ; et
c'est une nouvelle preuve contre les dé-
tracteurs de ces prétendus siècles d'igno-
rance , que l'abbé Bérault a si bien réha-
bilités.
GAIV
35i
GAR
•GARNEKIN ( A^uitk -.Ia« yi ks ,1c
Jeune), célèbre ai'ionaule, né en 1770,
avait été rharjc on 1793. par le comité do
s.ilut public . d'une mission auprès de
larnue du Nord . relative aux équipafjcs
lie» cliarrois. Il fut pris parles Aulriobieiis
a MarcliJLMHU'S o» rcnfcriué dans les ca-
( hols tle Bude en Honjjrie où il resta trois
ans. Il a publié à ce sujet : | l'otjarjc et
capt^Hté du citoyen Garnerin , excommis-
sicnnaire de la rétniblifjue française, etc.,
cl son ouvra[jc a eu deux édilions. C'est
pendant sa captivité en Honr^rie, qu'en
motlitant sur les moyens de francliir les
murs, il consul l'idée des parachutes. A
son retour en France, il lit l'essai de sa
découverte qui, après diverses lenlalives
j»eu silisfaisanlcs , réussit complètement ;
plusieurs fois il a répété son expérience
devant presque tous les princes de l'Eu-
rope. Il fui pendant quelque tcnjps en
contestation avec son frère aine qu'il ac-
cusait de vouloir usurper son titre, et à
cette occasion il publia l'ouvrage inlilulé :
L'surpation d'étal et de réputation par
un frère au préjudice d'un frère. Jacques
Garneiin , le jeune , phijsicien . premier
aéronaute du Sord , au public. 1815, in-4°.
Garneriti prenait le tilrede premier aéro-
naute du fs'ord depuis la descente en pa-
rachute qu'il avait exécutée en 1800 , de-
vant la cour de Sainl-Pélersbourg. En
1816 , il lit paraître le Ti-iomphe des Lis :
divertissement qu'il composa en l'hon-
neur du roi. Garnerin le Jeune est mort
a Paris le 18 août 1823, a 53 ans . des suites
• l'une blessure qu'il avait reçue au jardin
IJeaujon.
GAUXET 'Wksm), jésuite, naquit à Not-
lingliam en Anulelerrc, l'an 1555 ; après
a voir ensei{jiié les mathématiques à Rome
avec une réputation é{;ale à celle du célè-
bre Clavius, ildevinl provincial de sa com-
pagnie en Angleterre, et travailla jus-
qu'en 1606, avec autant de tèle que de
succès, à y soutenir la foi catholique. La
conjuration des poudres donna occasion
aux ennemis de celte religion , de se dé-
faire d'un adversaire redoutable- Ils l'ac-
rusèrenl d'avoir eu connaissance de celle
odieusfi entreprise; il l'avait ctw effecti-
viim-iil, mais par la voie de la confession
f! ;i\a\l employé tous les moyens de per-
sii.iNion pour détourner les conjurés de
leur dessein. Le ministre Cécil lui ht faire
son pn)rès ; le Père Carnet fut pendu et
ecartelé le 5 mai , en présence d'une mul-
titude incroyable de petiplc, qui voulait
voir mourir le Grand Jésuite; c'est ainsi
qu'on l'appelait communément , mém'*
parnil les protestans ; les cnliiolique^ le
révérèrent comme un martyr. Tout le
monde a entendu iwrler de l'épi sur le
qtu'l était tombée une (joullc de sang, où
le vis.ige du PèreGarnel était peint avec
la phis grande ressend)îafire. Larrcy dit
(jue c'est une supersiilion ; Dupleix et les
auteurs catholiques en ont parlé différem-
ment. Le roi demanda lui-nu'^me à voir
l'épi ; mais l'ambassadeur d'Espagne l'a-
vait déjà fait passer au collège anglais i
Liège. Foytfz JACt^UESVl, roi d'Ecosse.
('.ARMEIl ( RoBEnr), né à la Ferlé-
Bernard, ville du Maine en 1534, mort au
Mans en 1590 , à cinquante-six ans , fut
lieutenant-général de celle ville, et ob-
lint une place de conseiller au grand-
conseil sous Henri IV. La lecture de Sé-
nèque le tragique lui ayant donné du
goût pour l'art dramatique, il travailla ,
et dès la seconde pièce , il disputa le pas
à Jodelle , le père de la tragédie française.
Ses amis le mirent au-dessus d'Eschyle ,
de Sophocle et d'Euripide ; mais les gens
de goût sentaient qu'il étail beaucoup au-
dessous de ces grecs. Les tragédies de
Grt;vji>r furent recueillies à Lyon en 1 vol.
in-12, en 1597, et à Paris en 1007. Ou a en-
core de lu i V Hymne de la monarchie. In 4",
15G8 ; et d'autres poésies, qui ne valent pas
mieux que son Théâtre. L'abbé Le Clerc ,
dans sa liibliothèque du Richcict, pré-
tend qu'il faut placer la naissance de Gar-
nicr en 1545, et sa mort en 1601 , à 56
ans.
(..VRMER (Seb\stie:v ), procureur à
Blois , sons le règne de Henr«i IV, s'occupa
de la- poésie avec peu de succès. Il esl au-
teur dune Ilenriade, dont il lit impriiTi. r
les huii derniers chants à Blois. 1 - '". ,
in-4". II y célèbre les exploits de en piinrr
contre les Espagnols. (>n réimprinja ce
poème en 1770. in-8" . pour prouver «pi»
Voltaire y avait pris l'idce desalh n
On a encore de Garnier, la /
Blois, 1594, in-4°. Ce sont les ti\ i
miers clianis d'un poème sur l'cxpcdilion
de saint Louis dans la Terre Sainte. — Il
ne faut pas le confondre avec Ci.At;»K
GAHNIKH, poète contemporain de Mal-
herbe, dont on a des/MKiirj imprimée»
en 1609, in-12, qui sont cnilcreinenl ou*
bliées.
OARMER ( ' ^ ><• . profe»s«ur
d'humanités, «i . de philoso-
phie et <lo th- ,11* * P"'" ""
1612. et .1. uni' . !■■ 1 • :. ' " '
allaritaltuiuc ou savMmp.ijtiK- iJ^,
GAR 5
pute. C'était un homme plein de piété et
de savoir : les ouvrages qui nous restent
de lui en sont des témoignages. Les prin-
cipaux sont : I une édition de 3fa?-ius
Mercator j iGlU , in-folio, avec quantité
ée pièces, de notes, de dissertations sur
le pélagianisme ^ d'une grande recherche.
On les a réimprimées dans V Jppendix
de saint Augustin ^ An vers , 1703 , in-folio ;
j une édition de Libérât^ in-8°, Paris ,
1675, avec de savans commentaires ; | une
édition du Journal des papes ( Liber
diurnus ) , 1680 , in-i.", accompagnée de
notes historiques et de dissertations très
curieuses ; | le Supplément aux OEuvres
de Thèodoret, 1684 , in-fol.; | Systema bi-
bliothecœ collegii Parisiensis societatis
Jesu. C'est un vol. in-/i.", parfaitement
bien disposé , et très utile à ceux qui
veulent mettre en ordre les grandes hi-
bliothèques. Voyez l'éloge que le Père
Hardouin à fait de ce jésuite, à la têle de
son Supplément aux OEuvres de Théo-
doret. Le cardinal Noris critiqua, avec
peut-être un peu d'aigreur , des annota-
tions géographiques et d'autres remar-
ques du Père Garnier , dans sa Disserta-
tion sur les Synodes tenus à l'occasion
du pélagianisme ; mais lorsque ce cardinal
eut lu le Marius Mercator du Père Gar-
nier, il revint des préjugés qu'il avait
adoptés trop légèrement contre ce savant,
et dit que Garnier approchait du mérite
des Pères Pe*au et Sirmond ; il ajouta
que les Dissertations sur le pélagianisme
lui avaient tellement plu , que s'il les
avait vues avant de faire imprimer son
Histoire pélagienne j. il ne l'aurait jamais
donnée au public. On trouve ces anec-
dotes détaillées dans la Vie du cardinal
Noris , par les frères Ballerini. — Il ne faut
pas le confondre avec PiERRE-IgN ace GAR-
NIER, aussi jésuite, né à Lyon, en 1692,
mort à Avignon en 1763, dont on a les
Pensées du marquis de ** sur la religion
et l'Eglise. i7b9, in-12.
GARNIER ( don Julien ) , de Conne-
rai , au diocèse du Mans , bénédictin de
Saint-Maur en 1670 , mort à Paris en 1725 ,
âgé d'environ 55 ans , joignait à une
grande variété de connaissances , ces ma-
nières douces et prévenantes, ce carac-
tère aimable , qui désarment les envieux
et nous font des amis. Ses supérieurs le
chargèrent de l'édition de saint Basile,,
une des meilleures qui soient sorties de la
congrégation de Saint-Maur. La préface
est un morceau précieux par une critique
très judicieuse , et un discernenicnl sûr
52 GAR
pour distinguer les ouvrages véritables
des écrits supposés. Don Garnier ne put
en faire paraître que 2 vol. Don Maran ,
chargé de continuer ce travail après la
mort de son confrère , mit au jour le 5*
en 1730. Il n' est point indigne des pre-
miers. Voyez l'Histoire littéraire de la
Congrégation de Saint-Maur, p. Ii70.
* GARNIER ( CUARLES-GEORGE-Tno-
MAS ) , avocat, né à Auxerre le 21 septem-
bre 1746, fit ses études au collège Duplessis,
et entra ensuite dans la carrière du bar-
reau ; mais un penchant irrésistible l'en-
traînait vers les belles-lettres auxquelles il
consacra tous les momens de loisir que
lui laissait l'exercice de sa profession. En
1770 , il publia dans le Mercure, sous le
nom pseudonyme de M^^Raigner de Mal-
fontaine, quelques Proverbes dramatiques
qui attirèrent l'attention de M""* de Pra-
lay, chargée de diriger l'éducation de la
jeune princesse de Condé. Elle les fit re-
présenter à l'abbaye de Panthémont, par
la princesse et ses compagnes, et après
avoir connu quel en était l'auteur, elle
lui en demanda de nouveaux. On a de
Garnier : ] Proverbes dratnatiques . re-
marquables par le naturel du dialogue,
la vérité des caractères et l'heureuse in-
vention du sujet : un précepte moral est
toujours le but de chacun de ces petits
drames. | Nouveaux proverbes drajna-
tiques, ou Recueil de comédies de so-
ciété, pour servir de suite aux théâtres
de société et d'éducation, par M. G.,
Paris , 1784 , in-8''; | Le Cabinet des fées .
ou Collection choisie de contes de fées et
autres contes merveilleux . 1785. 41 vol.
in-8'' et in-12 ; | Voyages imaginaires,
songes . visions . et romans merveilleux ,
Paris, 1787, 59 vol. in-8° ; | OEuvres de
Regnard avec des remarques sur chaque
pièce, par M. G...., Paris, 1789 et 1810,
6 vol. in-8°. A l'époque de la révolution
il fut nommé commissaire ( procureur du
roi ) près un des tribunaux civils de Paris;
il exerça ensuite les mêmes fonctions à
Auxerre où il est mort dans le mois de
février 1795.
* GARNIER ( Jean-Jacques ) , histo-
riographe de France , et membre de l'a-
cadémie des inscriptions et beUes-letIres,
né à Goron, bourg du Maine, le 18 mars
1729 , de parens pauvres , qui lui donnè-
rent néanmoins une éducation au-dessus
de leur état. Il se rendit à Paris à 18 ans
et il ne lui restait que 24 sbus, lorsqu'il
se trouva devant la porte du collège d'ilar-
court, à l'heure où les élèves y entraient:
OAIV
5î>3
il «c niôla parmi imj\ pour pt'nt'lrer duiis
la cour où hii'utùl il resta si-iil , chacun
«lant entre dans sa classe. I,e sous-princi-
pal qui le rencontra lui lit quelques ques-
tions, prit intérêt n son sort, et lui fil
donner dans cet établissement une place
de sous-maitre. Garnier apprit riiébreu
ft dut à la i)rotcclion du ministre Sainl-
Klorentin , la place de professeur de cette
langue au collège de France, dont il de-
V int ensuite inspecteur ; il parvint, à force
d\ffortselde démarches, à relever cet éta-
blissement et à lui rendre son premier
éclat. Lorsqu'on exigea le serment à la
constitution en 1790, plus attache à ses
principes qu'à ses intérêts, il quitta le
collège , aussi pauvre qu'il y était entré.
Lalande lui fit obtenir une pension de
1200 francs , dans un moment où il était
réduit à la plus grande détresse. Il mou-
rut quelques années après , le 21 février
1805. On a de lui : | i Homme de lettres ^
i764 , 2 vol in-12 , dans lequel il s'est peint
iai-mème ; 1 un Traité de l'éducation ci-
'ile, 1763, in-12; | V Origine du gouver-
nement français . 176λ , in-18 ; ] une suite
à X Histoire de France de l'abbé Velly. Il
a écrit la moitié du rigne de Louis XI et
s'est arrêté à la moitié de celui de Cliar-
les IX. Il avait achevé, dit-on, ce règne,
mais il détruisit par délicatesse le manu-
scrit , ne voulant pas publier des faits peu
Iiunorables pour la royauté , dans un mo-
ment où l'onen sapait les fondemens. Son
travail est moins estimé que celui de
Velly et de Villaret. Il n'est pas cependant
aussi superficiel que le premier, ni dé-
clamatcur comme le second ; mais il a
moins de goût , d'esprit et de talens que
ces deux écrivains ; | Figures de l'histoire
de //-anrff, dessinées par Moreau le Jeune,
1 1 gravées par Le Bas , avec des explica-
tions, Paris, 1785, gr. in-i"; | un grand
nombre de mémoires dans le rectwil de
l'académie des inscriptions . qui se re-
rx>mmandent presquo toas par l'iinpor-
lance des sujets et pir la manière dont ils
Bont traités. AI. Barbier lui attribue le
Commerce remis à sa place. 17i»G . in-i2 ;
'e Bâtard légitime ou le Triomptie du
comique larmoyant . 17;»7, in 12.
• G.VRMEU DKSCIIE.NKS (Edme-iii-
' vinE }, né à Montpellier en 1727, et mort
. G janvier 1812, fut notaire à Paris, puis
: hninistratcur de l'enregistrement et des
i.):nainr3. Il a public : | Jai Coutume de
Paris mise en vers, PaiTis, 17C8, petit in-12,
V édition, in-S", 1787; | Traité élémentaire
do géographie astronomique , naturelle
n-H" : \ necherrhea sur
et poliUifur, 1708
l'origine du calcul duodécimal. 1800,
8" ; I Observations sur le projet dr rode
civil . 1801 , in 8" ; | Traité l'iémcnlnire
du notariat Ami , in-8" ; | Formules d'ac-
tes à joindre ati Traité élémentaire , {Mi.
in-/t" ; I des Mémoires dans ceux de la
société d'agriculture de Paris . dont il
était membre ;on y trouve aussi son éloge
• r.ARMKIl (le comte Ger»ai\ ) ,
pair de France, ministre d'état, né à Au-
xerre le 8 novembre 175'», était procureur
au Chàtclet, lorsqu'il obtint, en 1789. par
la protection de IM*"* la duchesse de Nar-
boime, la phce de secrétaire de M'"* Adc»-
la'ide tante de Ix)uis XVI. Il fut élu dé-
puté suppléant de Paris aux états géné-
raux, où il ne siégea pas, et devint en-
suite membre du Directoire du départe-
ment. En 1790, il s'attacha à la société mo-
narchique , et refusa, l'année suivante, le
ministère de l'intérieur. Forcé de s'ex-
patrier en 1792, il se retira en Suisse où
l'étude fut son unique occupation ; il ren-
tra en France , après le 18 brumaire , fut
nommé préfet de Seinc-et-Oise , ensuite
sénateur et comte de l'empire. Décoré du
cordon de la Légion d'honneur, il fut en
1809 président du Sénat. Il vota la dé-
chéance de Bonaparte, cl fut créé pair de
France avec le titre de marquis par le
roi, le 4 juin 1814. Fidèle à son serment,
il quitta Paris le 20 mars 1815, et rejeta
les offres qui lui furent faitesde reprendre
les fonclioiis de conseiller du sceau des
titres. Il ne reparut sur la scène politique
qu'après le 8 juillet, époque où le roi le
nomma président du collège électoral de
Seine-et-Oise, membre du conseil privé
et ministre d'état. Il i>arut souvent à la
tribune et fut menjbre de plusieurs a»jn-
missions, surtout des finances dont il était
habiluellemtnt le rapporteur. Il e.*t mort
le A octobre 1821. Il avait enipb)yé à la
culture des lettres les momcns de loi-«ir
que lui laissaient Us divers emplois d(ml
il avait été chargé, et était membre dt- l'a-
cadémie des hisrriptions. On a de lui : | /)é
la propriété considérée dons w* rapfftrtn
avec le droit politique. i'J
élémentaire des print \
politique A7'Jù, 'iti-1'2. i ^- '-
nature et les causes de la richesse de* na-
fio/u, traduites de l'anfjbisd'.Adfltn S.nitl».
avec un grand non. '-
valions, 1802,^ ^
C vol. in-S", avec v! i
la meilleure traduction que nou« aytHM
de cet ouvrage, j Descripti<m geojra-
90.
GAR 554 GAR
phiquej physique et politique du dêpar- comité des recherches de
. • »- o-' _» r\:„^ jQr»o :.. o» . I •r^l.■■.
tementde Seine-et-OiseASO^, iii-8° ; | plu-
sieurs rapports sur le budget , sur les
finances , etc. ; | deux Mémoires sur la
valeur des monnaies de compte chez les
peuples de Vantiquilé.V&vïs, 1817,2 vol.
'u\-U°; ces mémoires ont été réfutés par
M. Letronne, son collègue, à l'académie
des inscriptions , où l'auteur les avait lus,
dans un écrit intitulé : Considérations
Qénérales sur l'évaluation des monnaies
grecques et romaines, et sur la valeur de
l'or et de l'argent avant la découverte de
l'Amérique, Paris, 1817, in-4°. 1 Observa-
tions en réponse aux considérations gé-
nérales ( de M. Letronne ) , Paris , 1817,
in-/i." ; | Jppelà tous les propriétaires de
l'Europe. Paris, 18J8, in-8°, ] Histoire de
la monnaie, depuis le temps de la plus
haute antiquité, jusqu'au ?-ègne de Char-
lemagne . ibid. 1819, in-8°. Le marquis
Garnier a , en outre , traduit de l'anglais
Caleb Jf^illiams, de Godw in, Paris, 1794,
2 vol. in-8° ; [ Les faisions du château
des Pyrénées . par Anne Radcliff , ibid.,
1809, 4 vol. in-12 ; | Poésies de lady Mon-
taguë. traduites de l'anglais, 1806. Il a été
l'cdileur des OEuvres complètes de Ra-
cine, et a joint ses notes au Commentaire
de La Harpe sur cet immortel tragique,
Paris, 1807, 7 vol. in^" ; — 1816, avec gra-
vures. M. Garnier communiqua à M. Mil-
ievoie le manuscrit autographe des Let-
tres inédites de madame de Sévigné. dont
ce poète, que la mort ravit à la fleur de
l'âge, donna ime édition en 1814, 1 vol.
in-8".
GAROFALO ou GAROFANO ( Ben-
VEXUTO-Tisio , dit le ) , peintre , naquit
à Fer rare en 1481 , et mourut en 1559. Il
fut long-temps entre les mains de mau-
vais maîtres, qui empêchèrent ses talens
de se développer ; mais il fit un voyage
en Italie , où la vue des ouvrages des
plus célèbres peintres échauffant son gé-
nie, le mit en état de produire de belles
choses. Il excellait à copier les tableaux
de Raphaël. Dans ceux qu'il ne devait
qu'à lui-même, il peignait ordinairement
un oeillet, par allusion à son nom qui, en
italien, signifie la même chose. On a deux
morceaux de lui au Palais-Royal, à Paris,
et une belle copie du tableau dela2'/-a«s-
figuration de Raphaël.
* GARRAA DE COIILOA ( Jean Phi-
lippe ), membre de l'insUlut , né vers
1744 à Saint-Maixent ( Deux-Sèvres ) ,
embrassa les principes de la révolution,
Cl devint successivement membre du
sa commune,
dépulé à l'assemblée Législative et à la
Convention. Il présenta plusieurs rap-
ports contre la cour, appuya la proposi-
tion de supprimer les titres de sire et
de majesté . et se déclara en faveur de
l'affranchissement des noirs. Lorsqu'il
fut question du jugement de Louis XVI ,
il s'éleva contre l'accumulation de pou-
voirs que se permettait l'assemblée ,
refusa de prononcer comme juge sur
le sort de ce prince , et vota comme lé-
gislateur la réclusion du monarque. Nom-
mé grand -juge à la haute cour d'Or-
léans , il fut réélu au conseil des Cinq-
cents , où il défendit Sanlhonax , dont il
justifia l'administration, vota en faveur
des sociétés populaires, et déclara même
qu'il était membre de celle de Paris.
Après sa sortie du conseil , il remplaça
Genissieux dans les fonctions de commis-
saire du Directoire près le tribunal de
cassation, et fut élevé à la dignité de sé-
nateur après la révolution du 18 bru-
maire. En mai 1804, il obtint la sénato-
rerie de Riom, et quoiqu'il eût pris part à
tous les actes du sénat contre Bonaparte,
il ne fat pourtant pas du nombre des pairs
nommés par le roi. Il est mort le 19 dé-
cembre 1816 , à 72 ans. Il était de l'insti-
tut , et a publié outre plusieurs rapports
aux diverses assemblées dont il a été
membre : ( Recherches politiques sur
l'état ancien et modeimc de la Pologne,
appliquées à la dernière révolution. 1795,
in-8'' ; | Rapport sur les troubles de Saint-
Domingue. in-8", etc. Il a aussi fourni de
nombreux articles au Répertoire de ju-
risprudence Ae. Gwfoi.
GARRICK ( David) , né à Hereford en
1716 , d'un français nommé la Garrigue,
protestant, s'est fait une grande célébrité
par les rôles divers qu'il a joués sur les
théâtres de Londres. Dans un siècle où
les hommes et les femmes consacrés à la
frivolité publique, sont estimés et pré-
conisés comme des gens qui auraient
sauvé la patrie, la gloire de l'histrion
anglais n'a pas de quoi surprendre. Du
reste , ce n'esl pas seulement à la gloire
d'acteur qu'il a osé aspirer : on l'a encore
flaltc de celle d'écrivain digne de servir
de modèle. Des gens dont le fanatisme
servile exalte tout ce qui est tuie fois par-
venu à faire quelque bruit , sont embar-
rassés à trouver quelque chose qu'ils puis-*
sent comparer à la délicatesse , et à l'élé-
gance des épilogues de Garrick. Pour ap-
précier son mérite, sous ce dernier point
GAR 3ii5
(ie vue, il fauî savoir rc que c'csi qu'ui.
é|>Uugue nnijluis. A la fin d'une pu ce,
vous t'tes lout surpris de voir un acteur
ou une actrice sorlir de» couliîises, sou-
vent un papier à la main, et débiter, de
•Tiénioire ou en Usant , un sermon satiri-
que, qui n'a souvent aucun rapi>ort avec
ce que l'on vient de jouer. Il mourut à
Londres en 177'.», et fut enterré dans l'é-
cHse de Westminster, comme Newton, et
avec la même pompe que lui. Si, comme
on l'assure, il a laissé quatre millions de
biens, ses héritiers ont le droit de le trou-
ver un très grand lïoiTime ; mais le pu-
blic, dont cette somme atteste la duperie
et la balourdise, paraîtra bien petit. Il
est vrai que les anciens mimes levaient
sur les individus oisifs etdissipés des tri-
buts peut-être plus forts encore ( voyez
ROSCIUS) ; mais cela prouve précisément
que l'espèce humaine a toujours eu du
goût pour les sottises , et n'a jamais pru
les payer trop cher. On a aussi de lui un
assez grand nombre de comédies et de
petits opéras.
'GARROS (Pierre- AscEXSiox), méca-
nicien , mort à Paris le 24 janvier 1823,
s'est fait cormaitro comme fondateur
d'une manufacture pour les apprentis
pauvres et orphelins, qu'il avait établie
rue du faubourg Saint-Denis à Paris , et
qui malheureusement n'a pu se mainte-
nir. Garros inventa une machine télégra-
piiique à l'usage de la marine et des ar-
mées qui ne fut point adoptée. Il a publié
sur les sciences, la politique et la morale
plusieurs écrits anonymes dont les plus
importans sont : | Ponts en fer indestruc-
tihles et inamovibles jetés en 2 minutes .
1799 , in-8" ; | Projet de cmistilution . base
fondamentale de la constitution fran-
çaise. Paris, 181/», in-8° ; | de la Sauve-
garde des peuples contre les abus du pou^
voir. 1815, in-S", trad. espagnole ; | Esprit
de la morale universelle ou Manuel de
tous les âges , traduit d'un manuscrit in-
dien . 1821 , in-8". — Un autre GARROS
( Pierre de ), poêle gascon, né à Ler-
toure , est auteur d'un Hccucil de poésies
pfttoises. imprimé en 1563.
C; VRSAL'LT ( Fra:«çois-Alex,\;«ore ) ,
pet il- fils d'un éruyer de la grande écurie
du roi de France, s'occupa beaucoup de
tout ce qui concerne les chevaux , ce qui
le mit en élal de publier Le nouveau Par-
fait Maréchal . ou Connaissance générale
et universelle du cheval , 7* éUtion iti-4".
1805. Les éditions mullip'iées de cet ou
vrage montrent qu'il a été bien accueilli.
GAR
cl qu'il est fort utile. Il avait auparavant
donné V.inatnniir du cheval . traduite »lr
l'anglais deSnap. Paris, I7."^7,in-/»«'. On a
encore de lui : | Traité des voitures, 1756,
in-4". Il y donne entre autres la devrip-
tion d'une voilure inversabic , donl il s'esl
long temps servi. | Le guide du cavalier.
1769, in-r2; | Ia; Notionnaire de ce qu'il
y a de plus utile dans les connaissances
utiles . 1761 , in-8° ; | Faits des causes ce-
lè>>res et intéressantes, Amsterdam , 17;»7,
in- 12; | Description de plusieurs arts
dans les Mémoires de l'académie. Il mou-
rut en 1778, à 8.'» ans.
(; VRTII ( sir Samlei. ) , poète et méde-
cin anglais, de la province d York, mort
le 18 janvier 1719, âgé d'environ 46 ans.
cultiva avec un succès égal ces deux art*
différens. Il fut admis dans le colléfje des
médecins de Londres, en l('»93. On doit a
son zèle la fondation du Dispensari. C'est
un appartement du collège médical de
Londres, dans lequel on donne aux pau-
vres les consultations gratis, et les méde-
cines à bas prix. Cet établissement, qui
fait tant d'honneur à l'humanité, excita
contre lui la plupart des médecins et des
apothicaires. Gartli se vengea d'eux par
un petit poème en 6 chants, dans le goût
du Lutrin de Roilcau, intitulé ( thc Itis-
pensary, dont la 6*^ édition a été donnée j
Londres en 1706, in-8". C'est une bataille
entre les médecins el les apothicaires.
Celte satire n'est pas toujours fine; mais
elle est très piquante. Ofi y trouve de l'i-
magination , de la variété , de la naïveté .
et même du savoir.
G.\RVE ( Christian ), moraliste alîe-
mand, né à Brcslati le 7 janvier 1742, y
mourut le i*' décembre 1798. Il réuniss,ni
à beaucoup d'instruction une grande nm
naissance du cœur humain. Ses prinrip«s
de morale sonl assez purs ; il se montra
cependant en quelques endroits admira-
teur de la philosophie de Kanl. Ses prin-
cipaux ouvrages sonl : 1 Disserta tio de
nonnullis i; " ' " ' ~ ' ' >
babilium
tatio de rat
losophicam , 1766 ; j Disurtaliou
uion de la morale et de la pi'
Breslau. 1788. in-8". <
que les ouvra.'yes sui^
duite en français, Berl
ches sur divers objet* de la maraU . .<> la
littérature et de la vie sociale . Brrtbu ,
il 8"; I Tableau des pnn-
■narquiddes de la phitutf*-
' ; Mis Artitott jusqu'à no$
GAR
jours . Breslau , 1798 , in-S" ; 1 Qiielques
considérations sur les principes les plus
yénéraux de la philosophie morale , 1798,
in-8"; | un Traité de la patience, qu'il
dicta de son lit de mort à un de ses amis ;
I Sur l'existence de Dieu ^ Breslau , 1802,
in -8°, ouvrage posthume. | Un grand
nombre de traductions , parmi lesquelles
on remarque celles de V Ethique, delà
llhélorique et de \a. Politique d'Aristole,
et plusieurs ouvrages sur l'histoire, la
politique et la biographie, parmi lesquels
on distingue Fragmens d'un tableau de
l'empire, du caractère et du gouverne-
tnent de Frédéric II , 1798, 2 vol. 111-8".
GARZI ( Louis ) , peintre , de Pistoie
dans la Toscane , disciple d'André Sachi ,
et émule de Carie Marate dans cette école,
fut chéri de son maître , et surpassa son
rival. Il avait de grandes parties , un des-
sin correct, une belle composition, un
coloris gracieux , une touche facile. Après
avoir fait plusieurs ouvrages à Rome , il
fut appelé à Naples ; mais on tenta vaine-
ment de l'y retenir. Il retourna à Rome,
où il peignit, à l'âge de 80 ans , par ordre
de Clément XI , la voùle de l'église des
Stigmates. Il termina cet ouvrage supé-
rieui' à tout ce qu'il avait fait dans les
plus belles années de sa jeunesse. C'est
son chef - d'oeuvre. Il mourut peu de
temps après , en 1721 , à 83 ans.
• GAUZIA. Il y a eu en Espagne plu-
sieurs peintres célèbres de ce nom, de-
puis le 17* siècle jusqu'au commencement
du 18" ; ces artistes sont : — GARZIA Hi-
dalgo , dont on cite à Valence le tableau
de la Bataille de Lépante; — GARZIA de
Muanda, appelé le Manchot, peintre de
Philippe V ; — GARZIA Reynos ; ~ GAR-
ZIA Salmeron. — On compte parmi les
bons sculpteurs du nom de Garzia, Fer-
nand, François, Jean, et deux frères
François et Jérôme, chanoines de Saint-
Sauveur de Grenade.
GARZONI ( TnoMAS ) , né à Bagnaca-
vallo , chanoine-régulier de Lalran, mou-
rut en 1589, à iO ans. Il est auteur de
différons ouvrages moraux, imprimés à
Venise, 1617, in-4°. | Théâtre de divers
cerveaux du monde, traduit en français
par Gabriel Claipuis, lo8(3, in-lG; | L' Hô-
pital des fous incurables , traduit eu fran-
çais par François de Clarier, sieur de
Longueval, 1620, in-8° ; | // rairabile Cor-
nucopiaconsolatorio, 1601 , 111-8°. C'est un
ouvrage burlesque , pour consoler un
homme qui croyait sa femme infidèle.
• GAIIZOIVI ( Pierre ) , sénateur et his-
356 CAS
toriographe de Venise, naquit en 1660. H
fut chargé de continuer VHistoire de
cette république , que Michel Foscarini
avait conduite jusqu'en 1690 , et il la pu-
blia sous le titre de Isto?-ia délia repu-
blic a di Venezia, in tempo délia sacra
lega centra Maometto IV être suoi suc-
cessori, Venise, 1705, 2 vol. in-i,°. Elle
obtint un brillant succès et fut réimpri-
mée pour la quatrième fois en 1719. li
mourut vers 1750.
* GASCOIG^E ( sir William ) , magis-
trat anglais, célèbre par sa vertu incor-
ruptible et la fermeté de son caractère ,
naquit à Harwood vers 1350. Il remplit
avec honneur les fonctions d'avocat du
roi et de juge des plaids communs, et mit
un frein aux rapines des gens de justice.
La manière honorable dont il s'acquitta
de cet emploi le fil élever à la dignité de
grand - justicier d'Angleterre ( premier
juge du banc du roi ) , et dans ce poste
éminent il se conduisit avec une énergie
peu commune. L'archevêque Scrope, ac-
cusé de haute trahison , fut présenté à son
tribunal avec injonction expresse de la
cour de prendre connaissance de cette
affaire; mais ne pouvant, sans enfrein-
dre les libertés ecclésiastiques , juger un
archevêque, il préféra encourir la dis-
grâce du monarque que de prononcer
dans une cause dont la connaissance lui
était interdite par la loi. Toujours inexo-
rable dans ses fonctions , il osa condam-
ner, en présence du jeune prince de
Galles ( depuis Henri V ) , un des compa-
gnons de ses débauches , traduit devant
son tribunal pour un crime capital , quoi-
que le prince le prît publiquement sous
sa protection, et qu'il fût venu lui-mèmr
à l'audience dans l'espoir de lui imposer ;
il fit même arrêter sur-le-champ , et con-
duire dans la prison du banc du roi, ce
prince qui , furieux de ce qu'il regardait
comme un manque d'égard pour sa per-
sonne , s'oublia jusqu'au point de le frap-
per sur son siège. Le roi, instruit de celte
action , s'écria : a Heureux le monarque
» qui possède un magistrat assez coura-
» geux pour faire exécuter les lois contre
» un tel criminel ! mais plus heureux en-
» core le père dont le fils peut se sou-
» mettre à une telle punition. » Cet évé-
nement a été souvent célébré par les
poètes, notamment dans une pièce inti-
tulée Theplay ofking Henri y. Gascoigne
fut chargé par Henri IV de plusieurs né-
gociations importantes, et contribua beau-
coup à apaiser les troubles occasionés par
GAS 3
Il rcvollc de Henri Pcrcy , comte de
Norlhumberland. Il niuurut en 1413.
• GASM \:VN ( Florian-Lkopoi.o ) , cé-
lèbre compositeur allemand, né en 1729,
à Brux en lîoliômr , njorl en 1774 , par-
courut une partie de l'Italie , et vint se
fixer k Vienne , où il rédigea le catalojue
de la bibliothèque impériale de musique.
Cette ville lui doit encore rétablissomont
d'une caisse de secours pour les veuves
des musiciens , qu'il établit en 1772. Il a
travaillé pourlelliéàlre,pour la chambre,
mais plus particulièrement pour l'église.
On cite, dans ce dernier genre , son Dies
irce et son orr4orio de Bethulia libcrata.
On peut voir la liste de ses ouvrages dans
Cerber.
GASPVn. Voyez MAGES.
• G ASP AUI ( Curistia:«-Adam ) , con-
seiller de collège et professeur de géogra-
phie et de statistique à l'université de
Kœnigsberg, naquit le 18 novembre 1752
à Scheusinger, ville du comté de Honne-
berg dans le royaume de Saxe. Il termina
ses études à l'université de Gollinguecl
devint ensuite gouverneur chez le comte
de Molke à Noerdans le duché de Schles-
wig. Il s'occupa beaucoup d'économie po-
litique ; et publia trois volumes de maté-
riaux pour servir à la connaissance de
l'histoire et de l'économie politi(iue des
royauiï.es du Nord. Reçu docteur de la
faculté de philosophie à l'université de
Kiel en 1790 , il fut bientôt professeur au
gynmase d'Oldenbourg ; puis il fut chargé
de la rédaction de la liibliothèque alle-
mand'^ que Nicolaï avait abandonnée en
1792. Il passa trois ans à Hambourg, et
dc-l.i il se rendit à Erfurl. àWeimar, cl
à léna. où il enseigna la géographie et la
statistique. Retiré à Wandsbcck près de
llamltourg , il publia successivement un
nrand nombre d'ouvrages. Après avoir
fait paraître deux volumes sur le llecez
de la députation de l'empire . il donna
de 1800 à 1802 les Epliémérides de géo-
(fraphie générale. Ces écrits le lirent
appeler en 1803 à la chaire de sluti.Ntique
et d'histoire de l'université de Dorpal
nouvellement crét-e , avec le titre de con-
seiller auliquc imirérial, puis en 1810 à
celle de géographie et de stati^ttiquo de
Kœnigsbergoù il est mort le 27 mai ISJO,
après avoir reçu de l'empereur Alexan-
dre et de son successeur les distinctions
les plus honorables. Gaspari a été trois fois
protecteur de l'université , et neuf fois
iluvon de la faculté de philosophie : on
iruuve la liste de ses productions dans
il (\ V8
VJH< ..... ,.■ .....i^f/f'de McuSfl . êc\ m/t-
ntuls pour renscignemcnront eu beau-
coti|) d'éditions.
GASI»\RI\0, surnommé BARZIZZIO
ou Barrir/.a. du lieu de sa naissance Bar-
7.i7.ia, près de Bergame , où il naquit vert
l'an ir>70. contribua beaucoup h ramener
en Italie le goût de la belle latinité. Il lut
Cicéron, Virgile, César, tous les l)ons écri-
vains de l'antiquité , en prit l'esprit, et 1«-
commimiqua à ses disciples. L'utiivcrsil»-
de Padoue l'nppela pour professer les
belles-lettres ; le duc de Milan, Philippe-
Marie Visconti, jaloux d'un tel homme .
le lui enleva. Ce prince le combla de
bienfaits , et l'honora de l'intimité la plu;
flatteuse. Gasparini mourut eu l/t3f, re-
gretté par les uns coramie ami, par les au
très comme un maître, partons en géneml
comme la gloire de l'Italie. Nous avons de
lui I ilcs commentaires sur divers livres de
Cicéron ; | des épitres imprimées en vSor-
bonne , 1469 , in-4" ; | des harangues t-l
d'autres productions. Ses lettres et sis
harangues ont été réimprimées en 172.'i ,
avec une préface utile et curieuse. S«>n
traité De eloqunUià est imprimé avec
Sicphani Flisci stjnonyma . Turin et Mi-
lan, 1480, in-fol.
CV\SSE.\DI ( Pikrre), prévôt delà
cathédrale de Di^jne , et professeur royal
de mathématiques à Paris, naquit en i:>9J
à Chantersier , bourg près Digne. In es-
prit vif et pénétrant, une mémoire heu-
reuse, une envie de tout apprendre . an-
noncèrent à SCS parens qu'il i>ourrait etr».-
un jour l'honneur de leur famHle. Quoi-
qu'ils ne fussent pas riches, ils eurent soin
de son éducation. Dès l'âge de 4 ans, cet
enfant précoce composait, dit-on , et dé-
clamait de petits sermons. Sun goût {mmit
l'astronomie se développa peu de tein|>v
après, et il devint si foit , qu-' ;
du sommeil pour jouir du ^i
ciel étoile. On l'envoya à l)i
achever ses études. Il y professa ïa rhé-
torique pendant une année. Il avait eu
cette chaire au concours, qur; :' i
que 16 ans. En 1614 , il fut n
logal de Digne et 2 ans âpre . . i
à Aix, pour y remplir les chaires de pfi»-
fesscur de théologie et di» f.lulov>|.hie
dans l'université de c«'t 'i
ne garda ces places qtit i
de la solitude le raruen i ' '
treprit un ouvrai;* contre Li
d'Aristotc. qu'il lit imprimer
où il fut envoyé pour le» aff.iir. -^ iie mm»
chapitre. Ce philosophe eut ensuite
G AS
55$
GAS
sien (l'èUidier l'anatomie , pour laquelle
Descartes avait encore plus de goût que
lui. Il composa un écrit j)Our prouver que
« l'homnie n'est destiné à manger que
» du fruit , » et que l'usage de la viande ,
éiant contraire à sa constitution , était
abusif et dangereux II fondait ce système
particulièrement sur la figure des dents
de l'homme, qui, disait-il, annoncent un
nnimal frugivore ; mais cet argument
n'es'; pas plus solide que celui que Buffon
lire, en faveur du système contraire , de
la configuration de l'estomac ; et l'on ne
risque rien de dire que cette controverse
n'est point encore décidée, et qu'il n'y a
point d'apparence qu'elle le soit jamais
par des observations de cette espèce.
Celle de Buffon se trouve en opposition
avec l'opinion commune, qui regarde les
végétaux comme la nourriture de l'homme
avant le déluge , et avec la bonne consti-
tution de tant de persorines qui ne man-
gent point de viande ; et celle de Gassendi
est suffisamment réfutée par le droit qu'a
l'homme de tuer les animaux pour s'en
nourrir, droit quiserait une cruauté inu-
tile et révoltante, si leur chair était con-
traire à sa santé, et qui est néanmoins
constaté par des titres sûrs et justes {voyez
le Spect. de la Nature, tom. 3, p. i% ). Il
est arrivé dans cette matière comme dans
l.;s autres : en voulant généraliser les dé-
cisions, on ne peut les assortir à la nature,
lorsqu'elle n'a point de règle constante et
uniforme. Quoi qu'il en soit , Gassendi se
conduisait suivant ses principes ; et pen-
dant les dernières années de sa vie il ne
voulut point rompre l'abstinence du ca-
rême, quoiqu'il fût très malade. Un procès
l'ayant appelé à Paris , il se fit des amis
puissans, tels que MM. du Vair, le cardi-
nal de Richelieu , le cardinal de Lyon. Ce
fut par la protection de celui-ci, qu'il eut,
en 1645, une chaire de mathématiques au
roUége royal. Descartes changeait alors
la face de la philosophie ; il ouvrait une
nouvelle carrière. Gassendi y entra avec
lui; il attaqua ses méditations^ dont quel-
ques-unes sont des rêves , et jouit de la
gloire de voir partager les philosophes de
6on temps en cartésiens et en gassendistes.
Les deux émules différaient beaucoup.
Descartes, entraîné par son imagination ,
bâtissait un système de philosopliie ,
«•omme on construit un roman ; il vou-
lait tout prendre dans lui-même. Gas-
sendi , homme d'une grande littérature ,
ennemi déclaré de tout ce qui avait quel-
que air de nouveauté, était extrêmement
prévenu en faveur des anciens. Chimères
pour chimères , il aimait mieux celles qui
avaient deux mille ans. Il prit d'Eplcure
et de Démocrite , ce que ces philosophes
lui paraissaient avoir de plus raisonna-
ble ; mais la source était si mauvaise, qu'il
n'y avait pas de bon choix à faire. Il ro-
nouvelales atomes et le vide, et les ajusta
à sa mode et le mieux qu'il put. Gassendi,
en soutenant l'épicuréisme, se fît des ad-
versaires ; et malgré la pureté de ses
mœurs, malgré la plus exacte probité , on
attaqua sa religion ; mais cette imputa-
tion resta sans d'autre preuve, que l'ana-
logie de son système avec celui d'Epicure;
analogie dont Gassendi avait tâché de
prévenir les conséquences , en enseignant
l'existence d'un Etre-Suprême. Son sys-
tème n'en était pas meilleur en bonne
physique. Il mourut le 2b octobre 16oG ,
dans la 65*^ année de son âge. Des incouj-
modités fréquentes, jointes à son applica-
tion continuelle, avaient ruiné sa santé.
Gassendi avait une vivacité douce qui
s'échappait quelquefois en saillies. Vv.
imbécile voidant lui faire adopter le sys-
tème de la métempsycose , et lui disant
les choses les plus absurdes , il répondit :
« Je savais bien que, suivant Pythagore ,
n les âmes des hommes après leur mort
» entraient dans le corps des bêles ; mais
» je ne croyais pas que l'âme d'une bête
» entrât dans le corps d'un homme. » Ré-
ponse applicable à nos profonds matéria-
listes, qui renchérissent encore sur les
pythagoriciens. Gassendi avait cependant
aussi ses travers : indépendamment do
ses atomes, il s'était beaucoup occupé de
l'astrologie judiciaire ; il disait, àla vérité,
que c'était un jeu , mais le jeu du monde
le mieux inventé. Il avait appris l'astrono-
mie en vue de l'astrologie ; mais il y fut
trompetant de fois, qu'il l'abandonna
pour se donner entièrement àla première.
Il avait mis à la tête de ses livres : Sapere
aude ;ce n'était pas le moyen d'y réussir,
que de prendre Epicure pour maitre.
Montmor, qui lui avait donné un appar-
tement pendant sa vie , fit recueillir ses
ouvrages après sa mort. Ils furent im-
primés à Lyon en 6 vol. in-fol. , 1658,
avec la vie de Gassendi , par Sorbière. Il.s
renferment : | la Pliilosophie d' Epicure ;
I la Philoso2>hie de l'auteur ; \ des OEu~
vres astronomiques ; \ les lies de Peiresc»
d'Epicure ( roman apologétique ) , de
Copernic, de Tycho- Brahé , de Peurba-
chius. etc.; \ la Réfutation des médita-
tiens de Descartes: recueil do visions
CAS 350
philosopliiqucsqui rn coniballcnt d'autres;
1 (livirs aulrcs traités; | des ^;>f/rrj. Co»
ouvraffcs inonlrciit de l'orudititm , mais
celle érudition nuit snuvrnt à ses raison-
nemens, scinl>K; affaildir son ju(;ciiicnt ,
et porter la confusion dans ses idées. Des-
cartes avait rertaineincnt sur lui la supé-
riorité du style cl du Rénio. Le Père Bou-
pcrel de l'Oratoire a donné en 1757, à Pa-
ris, la fie de Pierre Gassemli . gros vol.
iu-12 . qui offre beaucoup de recherches,
mais pcud'affrémcnl, et trop de minuties
et de di(jressions étrangères à son sujet.
François Bernier a abrégé la Philosophie
de Gassendi^ en 8 vol. in-12. Il a paru en
4770 un Jbrégé de la vie et de la philoso-
phie de Gassendi, par M. de Cambural.
C'est une aiwlogie du philosophe et de ses
opinions, pleine d'inexactitudes , de vues
superficielles et fausses.
• G \SSE.\DI ( Jea\-J.\cques-Basii.ie!V
comte de ), lieutenant-général d'artillerie
et pair de France , né en Provence le 18
décembre 1748, de la famille du précédent.
En 1789, il était capitaine d'artillerie T il
fut créé en 1791 chevalier de Saint-Louis,
fit les campagnes de la révolution , et
pat vint au grade de général de brigade
qu'il avait obtenu en 1800, lorsque Bona-
parte, qui avait servi sous ses ordres dans
le régin)ent de Lafère, lui conlia le soin
d'organiser et de commander le parc
d'artillerie du camp de l'armée de réserve
formé dans les environs de Dijon. Gas-
sendi devint successivement en 1803 chef
de la 6* division au ministère de la guerre,
peu de temps après conseiller d'état ,
grand-officier de la légion d'honneur en
1811 , candidat au sénat- conservateur ,
comte de l'empire , général de division,
sénateur en 1813 et grand-croix de l'ordre
impérial de la Réunion. Il reçut de Louis
XVIII le titre de pair qu'il conse rva du-
rant les Cent-jours. Exclu sous la seconde
restauration de la chambre haute . il y
rentra en 1819 après avoir démontré qu'il
était étranger à l'insertion de son nom
dans l'ordonnance de Bonaparte. Gas-
Bendi est mort en 1828 à Nuits (Cote-d'Or)
où il avait depuis long-temps fixé son do-
micile. Il avait donné en 1789 un ouvrage
élémentaire sur l'arlillerie qui a eu beau-
coup de succès , et qui a été réimprimé
cinq fois; la dernière édition est de 1819 ,
2 vol. in-8"*. Il a pour titre : Âide-tné-
nioire à l'usage des officiers d'artillerie
de Frœxce. attachés au service de terre.
On a de lui aussi un recueil de i>oésies,
publié par lui-mcmc et intitulé : vies loi-
GAS
sirs par 3f. de G. . ancien officier au rè^
fjimcnt dr Lafère .D\'\on , 1820, 1 vol. in-
18. L'alinanach des Afmes renferme
aussi yilusieurs pièces de poésies de lui.
'GASSIKS. peintre d histoire et de
genre, mort à Bordeaux, sa patrie, au
mois d'octobre 48:)2 , à la fleur de son âge,
fut élève de David. La simplicité d'exe*
cution ou plutôt la vérité , résultat d'une
étude approfondie des effets de la lumière,
était le caractère distinclifde son talent. U
renipoî-ta le prix de l'école flamande à l'a-
cadémie de Bruxelles. Parmi ses tableaux
historiques remarqués, aux diverses
expositions du Louvre, il faut citer celui
qui a pour sujet la dernière communion
de saint Louis , qui décore le maltre-au-
tel de la cathédrale de Versailhs. Plu-
sieurs de ses autres ouvrages ornent aussi
diverses églises de Paris, le palais des
Tuileries , la cathédrale de Strasbourg et
de Marseille. Marin dans son premier âge,
Gassies avait beaucoup observé les côtes
de l'Océan, et, devenu peintre, il ai-
mait à reproduire sur la toile les divers
lieux qu'il avait observés dans ses jeunes
années. Mais c'est surtout dans les ta-
bleaux d'intérieurs d'églises gothiques ou
mauresques qu'il excellait. Peu de jours
avant sa fin prématurée , il venait d'é-
baucher plusieurs ouvrages qui promet-
taient devoir ajouter encore à sa réputa-
tion. Il avait été décoré par Charles X de
la croix de la légion d'honneur.
G.\SSIO\ ( Je.iti de ) , maréchal de
France , né à Pau en 1609 , était fils d'un
président au parlement de cette ville. Il
servit d'abord en Piémont , et passa en-
suite au service de Gustave- Adolphe, roi
de Suède , et s'y distingua par diverses
actions de bravoure, que ce prince eùl
récompensées , s'il n'eût été lue à la ba-
taille de Lulzen en 1632. Gassi(»n , ayant
perdu son bienfaiteur retourna en France,
suivi de son régiment, avec lequel il joi-
gnit l'armée du maréchal da La Force en
Ixjrraine. Il défit 1,400 liommes en trois pe-
tits combats, prit Charmes , Neuchâtel. et
d'autres places. Les années suivantes le
virent paraître au combat de RavtMi , au
siège de Dôle, à la prise d'Hcsdin, au
combat de Saint-Nicola». à la pri v d'Aire ;
mais un des endroits où il s<-
plus, ce fut à Hocroi. Blesné <!
ment à la prise de Thionville , , ..i
récompense de ses exploit» le bàlon de
maréchal de France an 1643. Il fut déclaré
l'année d'après lieulenanl-gcnéral de l'ar-
mée de Flandre , et continua de donner
GAS 5
ries preuves de sa valeur au siège de di-
verses places, surtout à celui dcGravell-
iies, qu'il prit conjointement avec le ma-
réchal de La Meilleraye. Il arriva à ce
siège ime anecdote singulière, qui prouve
que des subalternes peuvent quelquefois
oublier l'obéissance et la subordination,
l)Our prévenir les malheurs qui naissent
des passions des chefs , et que les règles
les plus sacrées ont leurs exceptions.
Voici comme Puységur raconte la chose
dans ses Mémoires. « Lors de la prise de
» Gravelines en d6H , le régiment des
»> gardes, conduit par La Meilleraye, entre
» le premier dans la place : le premier
» régiment de l'armée étant le seul qui, sui-
B vaut l'usage du temps, ait droit d'entrer
» dans une ville conquise, quand il est assez
» fort pour la garder. Gassion voulant y
» faire entrer le régiment de Navarre , la
» Meilleraye s'y oppose ; et la querelle
» s'échauffant, ils mettent tous deux l'épée
» à la main, l'un criant : A moi Navarre :,
» et l'autre : A moi les gardes. Les deux
a maréchaux et les deux régimens sont
» sur le point d'en venir aux mains , lors-
» que le marquis de Lambert arrive. Il
» fait ce qu'il peut pour les apaiser; mais
» voyant qu'il n'y réussit pas, il dit, d'un
» ton de maître , au régiment des gardes
» et à celui de Navarre : Messieurs ^ vous
» êtes les troupes du roi. Il ne faut pas
» qu^ lam.ésintelligence de deux généraux
» vous fasse couper la gorge. C'est pour-
» quoi je vous commande j. de la part du
» roi et de M. le duc d'Orléans^ de retirer
t> vos armes ^ et de ne plus obéir ni à M.
» de la Meilleraye ni à M. de Gassion.
» Les troupes lui obéissent ; et les deux
» maréchaux , voyant qu'ils ne sont plus
« les maîtres , se retirent. Cette action ,
» également sage et hardie , augmenta
» considérablement la réputation de Lam-
» bert. » Gassion recul un coup de mous-
quet au siège de Lens , en 1647, et mou-
rut b jours après à Arras, regardé comme
un bon politique et un grand capitaine ,
infatigable, ardent, intrépide. Il avait
établi parmi les gens du métier les plus
entendus , la maxime que la spéculation
était merveilleuse dans le cabinet ; mais
qu'il fallait nécessairement de l'audace
et de l'action à la guerre. L'abbè de Pure
a donné l'Histoire du maréchal de Gas-
sion, en k vol. in-12, écrit d'un style
languissant et diffus.
GASSAEIl ( Jeak-Joseph ) , prêtre du
diocèse de Coire en Suisse , curé dun
village autrichien nommé Cloeslerlc. en-
60 GAS
suite conseiller ecclésiastique et chape-
lain du prince évoque de Ratisbonnc, né
le 20 août 1727, à Kratx , près de Pludentz,
sur les fron tières du Tyrol et de la Souabe,
s'est rendu célèbre en Allemagne par le
don qu'on lui a attribué de guérir les
malades par l'invocation et l'efficace du
nom adorable du Sauveur. Le fameux M.
Lavater , ministre de Zurich , et un grand
nombre de protestans et de catholiques
ont attesté ce fait comme témoins oculai-
res ; d'autres l'ont nié ; quelques-uns ont
essayé de l'expliquer par des raisons pu-
rement physiques. On peut voir tout ce
qu'on a dit pour ou contre ces guérisoas,
dans le Journal hist. et litt., 15 juin 1776,
p. 248; 15 décembre 1777, p. 595, 1*'
octobre 1784, p. 234. L'abbé Gassner était
au reste un homme de bien , un ecclésias-
tique plein de charité et de zèle, respec-
table par ses mœurs , sa piété et son dés-
intéressement. Il est mort le 4 avril 1779.
M. Haen , à la fin de son traité De mira-
culis, Francfort, 1776, parle de Gassner
d'urte manière qui semble tenir de la pré-
vention , et qui prouve qu'il a adopté avec
une entière confiance la diatribe publiée
par le moine Herlzinger , contre ce ver-
tueux prêtre. Mais on voit en même
temps l'embarras où il se trouve d'expli-
quer une multitude innombrable de faits
dont il ne conteste pas la certitude ; il com-
bat tous les moyens de les expliquer na-
turellement , et parait enfin décidé à les
regarder pour de la magie : ce qui n'est
guère plus philosophique que de les don-
ner pour des miracles. Et le bon Gassner
avait d'ailleurs l'air si peu magicien ! Ceux
qui l'ont comparé à Mesmer , et lui ont
supposé les secrets du prétendu magné-
tisme , n'ont pas raisonné plus juste. Le
savant abbé HoU , dans la Statistica ec~
des. germ., et le célèbre Martin Ger-
bert , abbé de Saint-Biaise , dans son His-
toriaNigrœ Sylvce, ont parlé de Gassner
d'une manière à embarrasser ses adver-
saires.
* GAST ( Jean ) , historien irlandais ,
né à Dublin en 1716, était fils d'un of-
ficier français , qui avait quitté Bor-
deaux pour cause de religion et qui
s'était réfugié en Irlande , et d'une pa-
rente de Montesquieu. Il embrassa l'état
ecclésiastique , et fut d'abord chapelain
d'une congrégation française à Portaling-
ton, et en 1744 archidiacre de Glande-
lah , et curé de Saint-Nicolas à Dublin. Il
se voua en même temps à l'instruction et
ouvrit chez lui une école qu'il dirigea avec
GAS
361
CAS
hcBucoup de Kèlo et de savoir. On a du
lui : I Rudhnrtis de l'histoire grecque .
en forme de dialof^nos, Dublin, 17;»i!;,
in-8»; | Histoire de la Grèce , depuis l'a'
%'énement d' Alexandre de Macédoine ,
ûtsqu'à sa soumission définitive à la puis-
sance romaine . 178'i , in 4°. Ces deux ou-
vrage» curent avec justice un groiid suc-
cès. Le second a été traduit en français
( par madame Vilicroi). On le trouve dans
l'Histoire de la Grèce , traduite de plu-
sieurs auteurs anglais par Leulietle. Paris,
4807 , 2 vol. in-8" ; | Lettres d'un ministre
de l'église d'Irlande à ses paroissiens
catholiques romains. Gast mourut en
1788.
GASTALDI ( Jt-ROWE ) . d'une maison
célèbre , vit le jour à Gènes , au conimen-
cemeut du il" siècle. L'état ecclésiasti-
que qu'il avait embrassé de bonne heure,
l'entraîna à Rome. L'Italie, exposée aux
contagions fréquentes, éprouva en 1056
imc peste cruelle; Rome en fut bientôt in-
fectée. On jeta les yeux sur Gaslaldi pour
l'emploi périlleux de commissaire-géné-
ral des hôpitaux. Nommé ensuite commis-
saire-général de santé, il mérita par sa
vigilance, son activité et ses soins, l'ar-
chevêché de Bénévent , le cliapeau de
cardinal et la légat ion de Bologne. Il mou-
rut en 1685. Plusieurs monuinens élevés à
ces frais, à Rome et à Bénévent, attes-
tent son désintéressement et sa bienfai-
sance. Nous avons de lui un ouvrage trop
peu connu. Il fut imprimé à Bologne,
in-fol. , sous ce litre Tractatus de aver-
tendà et profligandà peste polilico-lcgatis .
Les expériences multipliées, les précau-
tions nécessaires, les remèdes éprouvés
qu'on doit employer pour prévenir ou
pour se délivrer de ce fléau redoutable ,
tout est détaillé dans ce traité avec au-
tant de clarté que de méthode.
G,\STALDY ( Jea:«-Baptiste ) , con-
seiller-médecin ordinaire du roi de
France, docteur de la faculté de méde-
cine d'Avignon, naquit à Sisteron en 1674 .
et mourut en 1747 à Avignon, où il «'é-
tait fixé de bonne heure. La faculté à la-
quelle il se fit agréger, lui dut beaucoup :
il en occupa pendant plus de 40 ans la
première chaire. Il avait dans ses leçons
le rare talent de mêler l'utile à l'agréable.
Il n'excella pas moins dans la pratique
que dans la théorie. La peste qui rava-
gea Avignon en 1720 , fit connaître à celte
ville combien un tel homme lui était utile.
n joignit à une probité exacte et à une
conduite régulière* beaucoup de facilité
h s'énoncer et à se cuiiitnuniqucr. Sel
principaux écrits M>nt . | fnntitutioneimê-
dicinœ phystco-annlnmico' . in-12. Quoi-
que do son temps la nouvcll'- -'- -
n'eût pas fait de granils pro(;i
écoles des provinces, l'aiiU-nr .
cet ouvrage, et y explique celle UcDi car-
tes. I riiisieurs Questions de médecine.
Les journalistes de Trévoux les ont analy-
sées dans le temps cl ont loué l'auteur sur
1*; choix des malièreset sur sa précision
(iAST.VUD ( Frakçois ) . d'abord père
de l'Oratoire, ensuite prédicateur à Pari»,
enfin avocat à Aix en Provence , sa patrie,
mourut en 1732 à Viviers , où il était exi-
lé, et fut privé delà sépulture ecclésias-
tique , traitement qu'il dut à son attache-
ment aux convulsionnaircs et à ses écrit»
contre le respectable évoque de Marseille.
Henri-Xavier de Bcisunce. C'était un do
ces hommes qui sacrifient leur repos a
des tracasseries volontaires, et qui, pour
se tirer de la foule, s'associent à des fac-
tions bruyantes. Il fut un des plus ardens
admirateurs du Père Quesnel. On a de
Gasiaud : | un Recueil d'homélies sur l'e-
pitre aux Romains, 2 vol. in-12 ; | La
Politique des jésuites démasquée ^ et d'au-
tres ouvrages oubliés.
• GASTELIER DE LA TOUR ( Db«i$-
Fraxçois ), généalogiste, né en 1709 à
Montpellier, vécut dans un élal voisin do
l'indigence , refusant des places qui au-
raient pu le mettre dans une position
plus agréable , mais qui auraient nui <i
son indépendance. Il s'occupa de bonne
heure de l'art héraldique et fit la généa-
logie d'un grand nombre de maisons.
M. A. Barbier a donné dans son Examen
critique la liste des ouvrages de Gastelier
de la Tour : cet auteur mourut \ Paris en
1781 des suites de la commotion trop vio-
lente que lui causa la nouvelle d'une in>-
mensc succession à laquelle il était loin
de s'allcndre. Sfi% principaux ouvrages
sont :| Dictionnaire étymologique des ter-
mes d'architecture, Paris, 175;>, in-12:
I ytrmorial des principales maisons et
familles du royaume, en société avec Du-
buisson, Paris, 1757,2 vol. in-12; ) Gé-
néalogie de la maison de Chdteaunruf-
Ratulon . 1760, in-4"; | Cènéalogie de la
maison de Foix . 1762, in 4" ; | nescnp-
tion delà ville de Montpellier. I7(V4. ln-4*:
( Armoriai des états du Languedoc .
1767, in-4''; | Généalogie de la maùom
de f'aragne de Gardone. 1769, in-4« ;
) Généalogie de la maison de Prettac-
nescUgnac . 1770 , i»-** ; | Ihctiofmatn
GAS
héraldique contenant tout ce qui a rap-
■port à la science du blason , Paris , 477/t,
111-8". Il a laissé en manuscrit une Des-
cription géographique et historique du
Languedoc ^ qui de^■ait former plusieurs
volumes in-folio.
* GASTELIER ( RÉNÉ-GEoncES ) , mé-
decin, né le 1" octobre 1741 à Ferrières,
en Gatinois , s'occupa simultanément de
droit et de médecine , et devint avocat au
parlement et docteur de la faculté de Pa-
ris. Il devint médecin consultant du duc
d'Orléans, et travailla à une statistique du
Gatinois que lui demanda Turgot , auquel
il présenta en 1776 un excellent rapport
sur l'agriculture ^ le commerce et les
moyens que l'on pourrait ejnploijer pour
assainir cette province. En 1780, il fut
nommé maire de Montargis et réélu , sui-
vant les formes populaires, en 1791. En
1787, il faisait partie de l'assemblée pro-
vinciale de l'Orléanais et en 1791 , il fut
élu député du Loiret à l'Assemblée légis-
lative où il siégea au côté droit. La même .
année , il fit hommage à cette assemblée
de cinq médailles d'or et de quatre-vingts
jetons académiques enargent. Le 11 juillet,
lise prononça vivement contre les péti-
tions dont les habitans de Paris acca-
blaient l'Assemblée , et dit que 82 dépar-
lemens n'avaient pas envoyé leurs dé-
putés que pour écouter sans cesse le 83""=.
Pendant toute cette session, il se fit remar-
quer par sa loyauté et par ses bonnes in-
tentions. A l'époque de la terreur il se re-
lira à Sens , où les autorités locales le ga-
rantirent d'abord du sort qui menaçait par-
tout les constituans. Mais bientôt arrêté
comme suspect, il subit une détention de
près d'un an , et aurait porté sa tête sur
l'échafaud , si , le 9 thermidor , la France
n'eût été délivrée du monstre qui pesait
sur elle. Gaslel ne jouit pas de son repos;
il fut poursuivi par de calomnieuses im-
putations qu'il crut devoir repousser dans
les dernières années de sa vie par unMé-
moire justificatif intitulé : A mes conci-
toyens. Après avoir séjourné quelque
temps à Montargis, il vint se fixer à Pa-
ris <îù il pratiqua son art, et où il est mort
le 20 novembre 4821 à l'âge de 80 ans.
Louis XVIII l'avait décoré du grand cor-
don de Saint-Michel dans la promotion de
1817. Ses principaux ouvrages sont: \Prin-
eipes de médecine de Ilome^ traduits du
latin , auxquels on a joint un extrait d'un
autre ouvrage du même auteur intitulé :
Expériences et Observations de 7néde-
cine ^ txad ailes de l'anglais, Montargis,
362 GAâ
1772 , 2 vol. în-8'' ; ] Jvis à mes conci-
toyens ^ ou Essai sur la fièvre miliaire
essentielle ^^loniarQis, 1775, in-12 , réim-
primé avec des additions sous ces titres :
Traité de la fièvre miliaire des femmes en
couches, Montargis , 1779 , in-8°, et Traité
de la fièvre miliaire épidémique ^ 178i ,
in-12 ; | Traité des spécifiques en médecine
Paris, 1783 , in-8° ; | Histoire d'une épidé-
mie du genre des catarrheuses putrides
des plus graves et des plus contagieuses.
mémoire couronné par la société royale de
médecine en 1783 , Orléans , 1787 , in-8'' ;
I Dissertation sur le supplice de la guil-
lotine ; I des Maladies aiguës des femmes
en couche^ Paris, 1812, in-8°; | Contro-
verses médicales^ 1817, in-S"; | Exposé
fidèle des petites véroles . survenues après
la vaccination , suivi d'observations su/'
la petite vérole naturelle ^ sur la petite
vérole artificielle^ et sur la vacci7ie ,
Paris, 1819, in-8°, et plusieurs Mémoires
couronnés par la société royale de mé-
decine, insérés dans ses mémoires en
1779-1783.
GASTINAU (Nicolas), parisien, na-
quit en 1621. Il était curé d'Anet , aumô-
nier du roi , et ami des théologiens de
Port-Royal. Il mourut en 4696 , à 76 ans,
laissant 5 vol. de lettres contre le minis-
tre Claude , aussi savantes que solides :
une conversation avec un protestant en
fut l'occasion. L'auteur avait brillé dans
les conférences théologiques et anticon-
stitutionnelles, qui se tenaient chez lo
docteur Launoi.
GASTON III, surnommé Phébus^ comte
de Foix, et vicomte de Béarn , s'est il-
lustré par sa valeur, par sa générosité , par
les bâtimens qu'il éleva , et par sa ma-
gnificence. Gaston ayant refusé de faire
hommage de ses terres au roi Jean , ce
monarque le retint prisonnier à Paris, et
lui donna depuis la conduite d'une armée
en Guyenne. Il mourut subitement à Or-
tez , en 1591 , au retour de la chasse , com-
me on lui versait de l'eau sur les mainsi
pour souper. Il avait composé un livre in-
titulé Phœbus ^ des déduys de la chasse ,
in-i", sans date, réimprimé en 4529 à
Paris. Il eut d'Agnès de Navarre, Gaston,
prince de Foix , dont la fin fut funeste.
Le comte son père entretenait une maî-
tresse , et Agnès , sa mère , fut obligée de
se retirer dans la Navarre. Charles II, qui
en était roi, oncle du jeune Gaston, lui
donna une poudre pour mettre sur les
viandes qu'on servirait à son père en lui
faisant accroire qu'elle le guérirîul de soo
GAS
fvi .iwuMii . i.cUc poudre fl.iii un |M.iMiii.
I^ cliose fui vériliée , el le jcuno prince
mourut vn lôWi, dans une prison où son
pi-rc l'avait fait enfermer.
r.ASTOX DE FOIX , duc de Nemours,
iib de Jean de Foix , comte d'Etampes ,
et de Marie d'Orléans . sœur de Louis XII.
se signala à î2r> ans dans la guerre de
8on oncle en Italie. Il repoussa d'abord
une armée do Suisses , passa rapiilemenl
quatre rivières, prit Bolo{;nc , {japna la
I)ataille de Ravcnne le 11 avril, jour de
Pâques 1512 , et y fut lue en voulant en-
velopper un reste d Espafjnols qui se re-
tiraient. Il n'avait que -Ik ans.
GASTON Di: FUAXCE ( Jean-Bap-
tiste ), duc d'Orléans , fils de Henri IV et
frère de Louis XIII, né à Fontainebleau
en 1608, n'est guère connu dans l'histoire
que par ses cabales contre le cardinal de
Richelieu. Poussé par sesfav«»ris, il tenta
plusieurs fois de le perdre. Ce fut lui qui
porta le duc de Montmorenci, gouver-
neur du I^nguedoc , à se soulever. Il tra-
versa la France pour aller le joindre,
plutôt comme un fugitif suivi de quelques
mutins, que comme un prince qui se pré-
pare à combattre un roi. Cette révolte
cul des suites fort tristes. Montmorenci
fut pris , et Gaston l'abandonna au res-
sentiment de Richelieu. Sa vie fut un
reflux perpétuel de querellcset de rarcom-
modcmens avec le roi et le cardinal.
royez PLESSIS RICHELIEU ( Armand).
Il fui encore mêlé dans la conspiration de
Bouillon et de Cinq-Mars. Il se lira d'af-
faire,en accusant ses complices et en s'hu-
ntilianl. Après la mort de son frère , il fut
nommé licutcnant-pénéral du royaume.
Il rétablit sa re|)utalion par la prise de
Gravelines . de Courtrai et de Mardick ;
mais il la ternit bientôt encore , en caba-
lanl contre Mazarin. Il fut relégué à Blois
où il mounit en IGliO , regardé comme un
prince pusillanime el lâche. Il laissa des
mémoires^ depuis 1608 jus<pi'cn IG5o,
revus par Martignac. Ils ont été réimpri-
més en 1756 . à Paris, in-12 . à la suite des
Mémoires partictiliers pour ser\>ir a t 'His-
toire de France . sous Henri III ^ Henri
IV et Louis XIII.
GASTON ou GAST. gentilhomme du
Dauplùné , bâtit , sur la lin du 11* .siècle,
un hôpital jwur y recevoir les malades
qui venaient visiter le corps de saint An-
toine , que Josselin avait api>orté dans le
Viennois. Ce fut le couunencemenl de
l'ordre de Saint-Antoine approuve par
i'rbain II au conrdc deQcrinunt en 1(>9:>.
r.AT
t.ci 1.1 (ire n . • ,, KTll à relui d*
Malte par h i
•G.VSTON srrn-Hv*<i^TB»
de ), poêle franv-iis, ne « Rodci en 1767,
d'une famille dislingtiér , fil sf^ ^tudp^ n
Paris au collège Du, "
au service. Il était 1
leric, lorsque la ré V.. 1 ........
en 1790, et servit dans lurmee deCondè. il
passa ensuite à Hambourg, puis en Russie,
où il fut d'almrd obligé , pour subsister,
<ledonner desleçons de français. Le comte
de Roman/.off ayant eu occasion de le con-
naître, lui confia la direction du Journal
littéraire de Sainl-Pétersliourg . et lui lit
accorder, par l'impératrice Catherine II,
ime place à la bibliol!ièque impériale.
Paul I"^ l'honora de son estime particulière
el le créa chevalier de Malte. II rentra en
France en 1800 , se fit connaître par la
publication de quelques fragmcns d'une
Traduction île l'Enéide qu'il avait com-
mencée en Russie , et quelque temps
après il en publia les quatre premiers li-
vres. Fourcroy, son parent, chargé alors
de la direction de l'iu'^truclion publique ,
le nomma proviseur du lycée da Limoges.
Gaston continua de publier les autres li-
vres de sa traduction qui ne fut terminée
qu'en 1807. Sa santé altérée ne lui permît
pas de remplir long-temps le; fonctions
(jui lui avaient été ronfiées.Il mourut d'une
maladie de poitrine le 14 décembre 1808-
On lui doil une Traduction de l'Enéide
en vers français, 1805-1807, 3 vol. in-8*,
et 1808, k vol. in-12, avec le texte en regard
et des notes pleines d'érudition et de goût,
et où l'on trouve d'excellens principes de
morale.Cetle traduction a obtenu un grand
succès et elle le méritait : l'auteur sait
écrire en vers ; son style a de la clarté , de
la pureté, de l'harmonie : il ne se néglige
point, il lulle sari* • " ■ n ori-
ginal, cl quelquef' licu-
reiix; mais il n'a p l>ril-
Innte, cette vcrsifiraliou si dislùiguce par
!a variété des coupes , le jeu des phrases.
l'artilice de l'harmonie, qui a placé D«>-
lillc au-dessus de lt)us les poites de m)o
temps; aussi la traduction de ce dernier
est préférée , quoique moins fidèle el né-
gligée en beaucoup d'endroits. Gaston
composa en outr<- ...i.^. ,i,,|,|
l'une fut représeni' "f6«
l'autre reçue au Tl > t un
poème sur tes quatre ti^es de la femrtt
dont on connaît divers fragmcns.
GATAKEll ( Tbowa» ). théologien «o-
glaii , ne à Londres m 1574 , fut pulrut
GAT
564
GAT
fè Lincolns-Inn , et ensuite à Rotherhilh,
où il mourut en 1654. Les ouvrages qui
lui ont fait un nom parmi les savans ,
sont : I Jdversaria miscellanea ; \ une
édition du livre de l'empereur MarciAn-
tonini^ de Rébus suis , Londres, i707, in-
4" ; I une Dissertation sur le style du nou-
veau Testament j conire Pfochen {voyez
ce mot ) ; | Cinnus : c'est le titre d'un re-
cueil d'observations diverses , principa-
lement sur les livres sacrés ; fruit d'une
critique quelquefois juste et savante, quel-
quefois légère et fausse. Gataker était un
homme d'érudition; mais la singularité
de ses sentimens , et la bizarre affectation
de son style, ont dégoûté bien des gens
de la lecture de ses ouvrages. On a publié
un recueil des principaux écrits de Gataker
sous ce titre Thomœ Gutakeri opéra cri-
tica, Utrecht , 1698 , in- folio.
* GATES ( Horace ) , général améri-
cain, né en Angleterre en 1728, fit ses
premières armes sous le prince Ferdi-
nand, depuis duc de Brunswick , et fut
ensuite en\oyé en Amérique , où il servit
en qualité de capitaine d'infanterie, et s'y
distingua dans diverses occasions. Il re-
vint en Angleterre en 1763; mais le goût
qu'il avait pris pour le séjour du nouveau
monde , le détermina à vendre sa com-
mission et à y retourner. Il acheta un do-
maine dans la colonie de Virginie, et il y
A écut paisiblement jusqu'au moment de la
guerre de l'indépendance , époque où il
prit les armes pour sa patrie adoplive.
Ses talens militaires, son expérience , et
surtout sa réputation de prudence , le por-
tèrent bientôt aux grades supérieurs. En
4776 , il fut investi du commandement en
chef de l'armée américaine du Nord , et
peu après il battit en plusieurs rencon-
tres l'armée anglaise commandée par le
général Burgoyne, qu'il força de capituler
le 13 oclobre 1777 à Saraloga. Envoyé en-
suite dans la Caroline septentrionale , il
fut battu par Cornwallis , qui, à la tête
de 1,500 hommes de troupes réglées , mit
en déroute six mille hommes de milices
américaines, que leurs officiers s'effor-
cèrent inutilement de rallier. Ce revers
fut d'autant plus sensible au général Gates
qu'au moment où il s'occupait aie réparer,
le congrès américain lui retira le com-
mandement avec une rigueur de procé-
dés qui fut généralement blâmée. Il se
retira dans une de ses fermes dans le
comté de Berkley et y mourut le 10 mars
1806, emportant avec lui l'estime publi-
que pour ses talens militaires, et surtout
pour son humanité et sa modération dani
la victoire.
GATIEÎV ( saint ) , fut un des /.élés mis-
sionnaires qu'envoya le pape Fabien, l'an
250 , pour porter l'Evangile dans les Gau-
les. Il devint premier évêque de Tours ,
y fit plusieurs chrétiens, et y mourut vers
la fin du 5"^ siècle.
GATIMOZEN. J^oyez GUATIMOZIN.
• GATTEAUX (Nicolas-Mabie ), gra-
veur en médailles , né à Paris en 1751 ,
fut d'abord artisan comme son père. Bien-
tôt Use livra aux arts du dessin , de l'ar-
chitecture et de la sculpture. Présenté,
en 1775, au directeur de la monnaie des
médailles , il exécuta cette même année le
portrait de Louis XV pour la collection
des rois de France , et ce fut son premier
ouvrage en ce genre. Depuis cette époque
jusqu'en 1852 , cet habile artiste n'a
pas cessé de donner des preuves con-
stantes et nombreuses de son beau talent
comme graveur en médailles. Gatteaux
était aussi fort habile mécanicien. Il a
successivement inventé des moyens et des
macliines propres à éviter la contrefaçon
des marques des étoffes , à timbrer le pa-
pier pour la régie de l'enregistremei.'f ; à
poinçonner les plombs qui enveloppaient
les assignats envoyés en province, de ma-
nière à ne laisser aucune latitude à la
fraude. La gravure en médaille n'étant
que la sculpture en petit, l'art du sculpteur
ne pouvait être oublié dans les combinai-
sons du graveur-mécanicien. Gatteaux a
inventé en effet un appareil fort ingénieux
pour mettre les statues au point, et ce
mécanisme a obtenu le suffrage de la com-
mission de l'académie des beaux-arts , et
a fait décerner en 1819 à son auteur une
médaille d'or , à l'exposition des produits
de l'industrie nationale. Gatteaux est mort
à Paris du choléra-morbus , le 24 juin
1852, à l'âge de 81 ans. M. Miel lui a
consacré une notice nécrologique très
étendue.
• GATTEL ( Claude-Mauie ) , littéra-
teur et grammairien, né à Lyon le 2!
avril 1743 , professa la philosophie dans
cette ville, ensuite au collège royal de Gre-
noble. Mais ce collège ayant été donné en
1786 à la congrégation de Saint-Joseph ,
il s'adonna entièrement à l'étude des lan-
gues. Lors de l'organisation des écoles
centrales, il obtint la chaire de grammaire
générale à Grenoble , et fut ensuite nom-
mé proviseur du lycée de cette ville. Il
s'était démis de cette place depuis peu de
temps , lorsqu'il mourut le 19 juin 1812.
GAI
Dn lui doit : | Nouveau dictionnaire es-
pagnol-français et français - espagnol ,
avec l'interprétation latine lU chaque mot.
Lyon, 1790, 2 vol. in-8", roiinpriiiu* en
1803, en 2 vol. ia-4"; | IS'ouveatt diction-
naire portatif de la langue française .
1797, 2 vol. in-8", *qui obtint un prand
succès , et qui a èlc réimprimé en 1805.
loin lie l'auleur et à son insu, avec des
additions qu'il n'approuvait pas toutes ;
aussi ne donna-l-il le litre de seconde
rtlilion qu'à celle qu'il venait de nicltre
cous presse quand il mourut, et qui parut
sous le titre de Dictionnaire universel
portatif de la langue française . avec la
prononciation figurée. 1813 , 2 vol. in-8°.
Il a été réimprimé en 1820. | îVouveau
dictionnaire de poclie français-espagnol
et espagnol-français. 1798,2 vol.oblonjs;
I Dictionnaire espagnol-anglais et anglais-
espagnol. 1803, 2 vol. oblon^js; | Gram-
mitire italienne de Veneroni . entièrement
refondue . 1800 . in-8". On lui a attribué :
Mémoires du marquis de Pombcd . tra-
duits de l'italien , 1785 , 4 vol. in-12. Cet
ouvrage ne porte point son nom, et l'on a
quelque raison de douter qu'il soit de lui.
* GATTERKR ( jE.w-CnniSTOPiiE), sa-
vant professeur d'histoire . de géographie
et de généalogie à Nuremberg , et à Goet-
tingue, né le 13 juillet 1727 à Lichtenau ,
mort le 5 avril 1789 , contriliua puis*iam-
ment aux pro^^res que l'élude des sciences
liisloriqucs a faits en Allemagne pendant
Jf 18' siècle. Depuis 1770. il portait le titre
lie conseiller aulique de la Grande-Breta-
gne.On lui doit plusieurs abrégés d'histoire
universelle, écrits en allemand, dont
aucun n'a été achevé; ils ne se répèlent
nullement , et l'on y trouve des recher-
ches savantes et des observations lumi-
neuses Les plus estimés sont : Introduc-
tion à l'histoire universelle sgnchronisti-
que. 1771, 2 vol. in^" ; | Histoire du monde
dans toute son étendue . 1785-87 , 2 vol.
in-S"; I Essai d'une histoire universelle
du monde jusqu'à la découverte de l'A-
mérique. On a encore de Gattcrcr : ] flis-
toria genealogica dominorum Holzschu-
herorum . Nuremberg. 1755, in-folio. Il
n'en a paru que le premier volume. | Ta-
bles généalogiques pour V histoire univer-
selle . 1790 , \n-l" . t. 1 ; I Précis de la gé-
néalogie . 1790 , in-/»"; | Abrégé du blason
in-h" ; I niason pratique; | Flcmentaarlis
diplonittiica: universalis. in-4" ; | JVécis
de la diplomatique . in-t", 1799; | Diplo-
matique pratiqw. 1776 , in-8" ; | un Précis
de la géographie. 1789 et 1793,2 vol.
;6S
GAU
I Bibliotliique historique universeth^ «#•
pècc de journal dont 11 a paru 16 vol.
in-S".
GA-TTINARA ( Mr.nruni'f ALBORIO
de ), ainsi nommé du lieu de sa nai^Mnce
dans le Piémont , devint chanrrlicr de
l'empereur Charles-Quint , qui "' ' i
en diverses négociations im; i!
mourut à Inspruck en 1530, a ' ' -
ment VU l'avait fait cardinal l'année pré-
cédente . pour récompenser son mérite
GAIIBIL ( A\Toi>E ), jésuite, né à
Gaillaccn 1689, mort en 17:i9. fut envoyé
en qualité de missionnaire à la Chine , où
il passa 36 ans, et où il se fil aimer par
ses mœurs et respecter par ses connais^
sances astronomiques. Il était correspon-
dant de l'académie des scicncps de Paris ,
meujbre de celle de Saint-Pétersbourg,
et interprète à la cour de Pékin. Il était
très versé dans la littérature chinoise; il
envoya beaucoup de mémoires au Père
Soucict cl à Fréret, qui en ont f»il usage
dans leurs ouvrages. Nous avons de lut
une bonne Histoire de Genghiskan ^ 1739,
in-/t°; et la traduction du Chou/cing .Vàris,
1771 , in-i". Le Père Gaubil était un de ces
hommes qui savent de tout et qui sont
propres à tout. Les docteurs chinois eux-
mêmes admirèrent souvent comment un
étranger avait pu se mettre si bien au fait
de leurs sciences. Il devint leur maître. Il
leur développait les endroits les plus dif-
ficiles de leur King ; mais ces commen-
taires tenaient souvent de l'imagination :
il n'est guère possible d'en faire d'autres
sur les livres des Chinois. ( foyes l'Eloge
du père Gaubil dans le 31* vol. des Let-
tres curieuses et édifiantes. Paris , 1774 .
et le 2G' de l'édit. de 1781. )
GAlBIl S (Jérôme-David), né à Hei-
delherg, le 24 février 1705. étudia la
médecine sous son oncle à .Vmslcrdam .
ptiis sous le célèbre Boerliaave , aucpiel ,
quoique étranger, iisuccédadans sa chaire
à Lcyde. Il atteignit pres<iue la réputation
de son maître , et fut nonuné médecin du
stathouder. Il mourut le 29 novembre
1780. On lui doit : I ATethodus concinnandè
formulas remediorum . Leyde . 1767 . Ir».
duite en français, Paris, 1799, in-lî ;
1 Institutiones pathologicœ . Lcydc . 171*.»,
2 vol. in-S".
• GAl'CIIAT ( G.%BaiF.t ) " • ^ • -
mcndatairc de Saint -Jean ■
ordre de Prémontre, cl prit
André, né à I>ouhans en R"
1709, fit partie pni lanl qui i
de la socit'' ' "■" ■'
GAU
566
GAU
étrangères. Il consacra ensiiile sa plume
à écrire contre les incrédules. Il maniait
l'ironie avec finesse, mais il est un peu
diffus ; du reste il écrit avec facilité, clarté
et élégance. On a de lui : I Rapport des
Chrétiens et des Hébreux ^ 5 vol. in-12^
4754; 1 Lettres critiques, ou Anahjse et
réfutation de divers écrits contraires à la
religion , de 1633 à 1765, Paris ^ 19 vol.
ia-12 ; | Retraite spirituelle . 17S3 , in-12 ;
i Z6'P«?'a^imj/, conversation morale^ 1736,
in-12 ; | Catéchisme du livre de l'esprit,
ifi-12; I Recueil de jJiété tiré de r Ecriture
xainte,5 vol. in-12; \Le temple de la Véri-
té . Dijon , 1748 , in-12 ; ] Harmonie géné-
rale du christianisme et de la raison, 1766,
k vol. in-12 ; \ Extrait de la morale de
Sauri7i, 2 vol. in-12; | La pltilosophie
moderne analysée dans ses principes ,
ïn-12; I le Philosophe du Valais, 1 vol.
in-12.
* GAUCHER ( CiiAnLES-ETiENNE ), gra-
veur , né à Paris en 1740 , mort en 1804,
V-lait élève de Basan et deLebas. lia gravé
enpetitdifférens sujets d'histoire, tirés de
la galerie du Palais royal et plusieurs por-
traits , parmi lesquels on distingue celui
de la reine , épouse de Louis XV. Il était
fort instruit , et a publié : | une Iconolo-
gie ou Traité complet des allégories ou
emblèmes, 1796, 4 vol. in-S"; | La collec-
tion des peintres flamands ; \ le coui'onne-
tnent de Voltaire au théâtre Français ;
I les adieux de Louis XVI àsa famille, etc.
I un Traité d'anatomie à l'usage des ar-
tistes; I plusieurs opuscules sur les beaux
arts , imprimés dans les journaux du temps;
i plusieurs notices sur des graveurs en
taille douce , insérées dans le Diction-
naire des artistes de l'abbé de Fontenai ;
j un opéra comique intitulé V Amour ma-
ternel, reçu, mais non représenté, etc.
GAUDEiXCE (saint), évêque de Brescia
en Italie vers 587, fut élu, tandis qu'il
était en Orient: et quoiqu'il alléguât sa
jeunesse et son incapacité , il fut ordonné
iiialgré lui. On croit qu'il était un des trois
évèqucs que l'empereur Honorius et le
concile d'Occident députèrent l'an 40a à
Arcade, pour obtenir le rétablissement
de saint Chrysostôme. Cet illustre persé-
cuté écrivit à saint Gaudence, le remer-
ciant des travaux qu'il avait essuyés pour
la défense de sa cause. Nous ignorons le
temps de la mort de saint Gaudence ; mais
\ il païaît qu'il vivait encore l'an 410. Il
laissa des sermons et des lettres, dont on
a dorme, par les soins du cardinal Qui-
r.ini, une édition à Brescia en 1738, in-
folio, avec ceux de saint Philaslre et des
autres évcques qui ont occupé ce siège.
* GAUDE\ZI( Pellegrixo ) , ])oète et
littérateur italien , né à Forli en 17/(9 , mort
en 1784 , a laissé la Nascita di Cristo .
Padoue , 1781 , poèmft en 5 chants, dont la
conception est singulière , mais où l'on
trouve des beautés du premier ordre. On
y admire avec raison sa description du
palais du péché , le discours que Satan lui
adresse, la peinture de la crèche, et sur-
tout le chant prophétique de David sur
l'histoire du Christ et celle du christia-
nisme jusqu'à Constantin. On a encore de
lui un petit poème dithyrambique , inti-
tulé : la Campagna, et un Examen cri-
tique de la vie de Cicéron.par Plutarque
inséré dans le tome 2 des Saggi delV aca-
demia di Padova , dont il était membre.
Ses œuvres complètes ont été publiées à
Nice en 1786 avec sa vie.
* GAUDIÎV ( Louis-PasgIvl ) , théolo-
gien et peintre espagnol, né en 1536, à
Villa-Franca , près de Barcelonne , fit S(î5
études à l'université de Cervera oîi il fut
reçu docteur en théologie. Il passa ensuite
en Sardaigne , enseigna la théologie pen-
dant plusieurs années à Cagliari , au bout
desquelles il revint en Espagne, et entra
dans la chartreuse de la Scala Dei, où il
fit sa profession en 1595. Il avait cultivé
la peinture dès sa jeunesse ; il s'y adonna
alors a ver ardeur, et fît plusieurs tableaux
pour la grande Chartreuse , entre autres
une suite de huit tableaux offrant la vie
de Saint Bruno, estimés des connais-
seurs; une excellente Conception; six
grands tableaux de \diVie de la Vierge.
pour le couvent de Sainte-Marie de La
Cuevas, près de Séville; un Saint-Pierre
et un Saint-Paid, qu'on voit dans l'église
de Porla-Cœli à Valence. Le pape Gré-
goire XV le fit inviter à venir à Rome,
pour travailler au palais de Monte-Cavallo
et à la basilique de Saint-Pierre ; mais il
tomba malade , lorsqu'il était sur le point
de partir, et mourut dans son monastère
le 20 août 1621. Ses tableaux se distin-
guent par la correction du dessin , et sur-
tout par la noblesse de caractère dans ses
figures. On lui reproche un style un peu
trop prononcé dans les ombres, ce qui
empêche ses tableaux de plaire au pre-
mier coup d'oeil.
* GAUDIIV ( Jean ), jésuite , né à Poi-
tiers en 1617 , mort vers 1690, a composé
pour l'instruction de la jeunesse des ou-
vrages qui se distinguent par la clarté dts
définitions, des observations judicieuses
GAU
367
GAU
ri un «lyle pur. Le» principaux «onl : | luic
lu» l'anne Grammaire latine . et Ir^s sou-
xriil rt-iiuprimce; | Epigrammatiimlibri
r r ,« , Liinoyog , 1661, in-12 ; | Trésor ou
/ Ucdotmairedes langues latine, française
' : //rrcfiue . TuUc , 1677, Limoijc», 1709,
2 vol. in-^".
• G Al'DIIV ( Jacques ) , oratorien , né
•iix sables d'Olonnc dans la Vendée vers
17.'*0, t-nlra cher, les pères de l'Oraloire ,
vl devint abbé et vicaire-général de Ma-
li.ma en Corse, puis conseiller- clerc au
I >>nscil souverain de cette ile. Entraîné
1 .ir les principes philosophiques qui do-
minaient alors , il quitta l'habit religieux,
U entreprit de justifier sa conduite dans
\m ouvrage intitulé : ïnconvéniens du cé-
lihal des prêtres, prouvés par des recher-
ches historiques. Genève (Lyon), 1781.
Uliraboau détermina le libraire Lejay à
réimprimer cet ouvrage soils le titre de
Recherches sur le célibat ecclésiastique ,
Paris, 1790 , in-8". Dans cet ouvrage, les
preuves, comme on se l'imagine bien, ne
sont nullement puisées dans les bonnes
sources, et la plus mauvaise foi règne
d'un bout à l'autre. Gaudin fut nommé
en 1792, par son départeinent, député à
rassemblée Législative. Il ne parla que
I)our faire un rapport sur les congréga-
tions religieuses dont il demanda la sup-
l^ression qui fut prononcée le 18 août 179:2.
II était juge et bibliothécaire de La Ro-
1 belle , lorsqu'il mourut le 30 novembre
(810. Ses autres productions sont : | Tra-
duction de différens traités de morale de
Plutarque. Paris, 1777, in-12; \ Mémoires
d." Jean Graham . marquis de Mœitrose .
contenant l'histoire tle la rébellion de son
<<?//j/J5, traduits di; l'anglais, Paris, 1768,
2 vol. in-12 ; | Gulistan ou le jardin des
roses, traduit du poème de Saadi , proba-
blement sur la version latine de Gentius,
1789, in-8", 1791, avec un £ssai histori-
que sur la législation de la Perse ; | Voyage
en Corse . et vues politiques sur l'amélio-
ration de cette ile, Paris , 1788 ; | .4 vis à
mon fils âgé de 7 ans . 1805 , in-12.
* «i.VLIFFItll ( Lotis), peintre fran-
çais, oc à La Ilochellc en 176i , mort à
KIorcncc le 20 octobre 1801, à peine âge
:lr /iO ans, s'adonna de bonne heure à la
peinture, et fut élève deTaraval; après
avoir renii>orté le premier prix de pein-
ture en 1784, il composa plusieurs tableaux
qui lui firent une grande réputation. Les
j)rin( ipaux sont : la Cananéenne; Alexan-
dre mettant son cachet sur la bouche
d'Fjihestion; ce tableau , le seul qu'il oit
fait de grandeur naturnlle, fui son mor-
ceau de réception à l'académie de France,
sa santé faible et rhnn.^«*lnnl«> n<* bu per-
mettant pas d'cntu ; ' lUuu-
V rages; les Dann i don
de leurs bijoux an , frinpa
de calamité publique ; le Sacnftce dfi .Vo
nué ; les trois Anges apparaissant n Abra-
ham ; Jacob et llachcl ; Achille reconnu
par Ulysse ; la Vierge servie par le»
anges, etc. Ses tableaux sont moins re-
marquables par la vigueur du dessin que
par le goût de la com|K)silion. Sun épousa
et son élève, Paulixe CHATILLON, qui
mourut trois mois avant lui ( 1801 ), avait
aussi beaucoup de talent pour la peinture.
Plusieurs de ses tableaux ont été gravé*
par Bartolozzi.
GAUFRIDI (Jea;«), né à Aix en 162t,
fils d'un président à mortier 'au parlement
de Provence, devint en 1660, conseiller
dans le même parlement. Le temps que
lui laissaient les devoirs de sa charge , il
l'employait aux recherches historiques de
sa province. La privation de la vue , et sa
mort arrivée en 1689, à 67 ans, l'empêchè-
rent de mettre au jour le fruit de son tra-
vail. Son fils, l'abbé GAUFRIDI, publia
son Histoire de Provence . à Aix , 169i , 9
vol. in-fol. En 1733 on l'a fait paraître
avec de nouveaux titres. Cette histoire
est mieux écrite , et cependant moms es-
timée que celle de Bouche, f-'oyez ce
mot.
GAUFRIDI. Voyez GOFFRIDY.
• GAIIHE ( Jeak-Frédéric) , tliéolo-
gien protestant cl généalogiste , né à Wal-
terdorff , en Saxe , en 1681 , a enrichi la
littérature allemande des ouvrages sul-
vans: | Commcntatio historica de Krrlesim
Misnensis olim archidiaconu' '
chidiaconis . apeciatim Lusi.
daiislcs Fragmenta Lusatica , i , ;
et on trouve du m^me auteur , daiis la
Continuation du Recueil des affaires théo-
logiques anciennes et n 'en al-
lemand. 17*J9) I une/.' '>régéê
de Godefroy Ornold; 1 u .. .' .. - Je son
Histoire de l'Kgtise et des hérétiques;
I une autre JVotice sur le famnir <tpo%(nl
Juste-Paul Hœning , etc.. < »
ouvrages cpii firent le plu"» i
Gauhe sont le» deux sui^an-. -
naire historique des héros rt de « kerotnei,
contenant l'hitfnirrff^t nf/irtrr* d^ ferre et
de mer de f nps Us
plus rendf '-«'p-
sick, 1716. 1 • • - - - .cnéal9'
gique-histonquede la noùlesm éêtê
GAU
germanique ^ etc. , ibid. , 1719 , 1744 , 3'
édition , 3 vol. , contenant près de dix
mille articles. Cet écrivain mourut à Frey-
berg, en décembre 1755.
GAULI. royez BACICCIO.
* GAULMIER ( A. ) , professeur de rhé-
torique au collège royal de Bourges, et
poète enlevé aux lettres , en 1829 , à l'âge
de 34 ans , avait obtenu plusieurs prix aux
Jeux floraux. En 1820, il concourut
pour le prix proposé par l'académie
française à la meilleure ode sur le dévoue-
ment de Malesherhes , et obtint ime men-
tion honorable ; sa pièce a été imprimée
à Paris, 1820 , 8 pages in-8''. L'année sui-
vante , il concourut de nouveau sur le
même sujet et eut le prix ; cette seconde
composition fut également imprimée à
Paris , 1821 , 8 pages in-4.° Gaulmier qui
avait le pressentiment de sa fin prochaine,
aimait surtout l'élégie : en 1823 , il célébra
dans un poème le Courage des médecins
français et des sœurs de Saint-Camille
qui bravèrent l'épidémie de Barcelone :
sa pièce qui obtint une mention honorable
attestait les progrès qu'avait faits son
talent ; elle a été publiée à Paris , 1823 , 16
pages in-8°. Ce jeune écrivain avait entre-
pris une traduction en vers des Elégies
de Tibulle, et a laissé un Recueil d'élégies^
d'épitres et d'autres poésies.
GAULMIN ( Gilbert ), de Moulins en
Bourbonnais, né en 1585, mort en 1665, à
80 ans , conseiller d'état , était versé dans
les langues anciennes et modernes. On a
de lui , outre des épigrammes ^ des odes^
des hymnes ^ et ime tragédie àUphigénie ;
I des notes et des commentaires sur l'ou-
vrage de Psellus , touchant les opérations
des démons ; | sur celui de Théodore Pro-
dromus, contenant les amours de Bho-
dante et de Dosiclès ; | sur le Traité de
la mort de Moïse ^ par un rabbin ano-
nyme ^ 1629, in-8''; | des Remarques sur
le faux Callisthène. \ Il publia le pre-
mier, en 1618, in-8°, le roman d'Ismène
et /sm<?'n2(?^ attribué à Eustathius, en
grec , avec une traduction latine. Ces ou-
vrages décèlent de l'érudition. Ses vers
ne manquent pas de chaleur, mais sou-
vent de goût.
• GAULTIER ou GAUTHIER ( l'abbé
Louis) , maître de pension, né en Italie
vers 1745 d'une famille française, fut de
bonne heure amené en France. Plein de
T,èle pour l'instruction de l'enfance, il
chercha et réussit à lui en adoucir l'ennui
et à lui en aplanir les difficultés. Son Cours
complet de jeux instructifs, destiné à ap-
568 GAU
prendre aux enfans les éléftiens des scien-
ces, se compose de 28 vol. in-12 ou in-18,
avec deux atlas in-folio; l'un pour la gram-
maire , contenant des tableaux analytiques
pour la construction des phrases ; l'autre
pour la géographie, avec des cartes écrites
et non écrites , et plusieurs cahiers in-foL
pour l'écriture , l'analyse grammaticale ,
etc. Sa géographie a obtenu un très grand
nombre d'éditions ; elle est cependant
bien superficielle. On pourrait reprocher
à ses jeux un peu de monotonie ; néan-
moins ils sont devenus populaires , et lui
ont mérité le titre de bienfaiteur de la
jeunesse. Lorsque la révolution l'obligea
de quitter la France, l'abbé Gaultier n'en
continua pas moins la tâche qu'il avait
commencée, et tandis qu'il exerçait l'em-
ploi d'instituteur des enfans de l'ambas-
sadeur d'Angleterre, il prodiguait géné-
reusement ses soins aux jeunes Français
que leurs familles avaient emmenés sur
cette terre étrangère , où lui-même accep-
tait une honorable hospitalité. Après la
paix d'Amiens , il rentra en France ( 1802)
laissant à Londres avec le souvenir de
ses vertus plusieurs maîtres qu'il avait
mis en état de propager sa méthode d'in-
struction. L'abbé Gaultier se montra par-
tisan de l'enseignement mutuel, et la
société pour cet enseignement élémen-
taire le comptait parmi ses membres. Il
est mort à Paris en 1818. Les ouvrage»
qui composent son cours sont : | Lectures
graduées pour les enfans du premier
âge, 2 vol. ; ] Lectures graduées pour les
enfans du second âge. 3 vol. ; ] Leçons de
grammaire en action, "h vol.; | Leçons de
grammaire et d' orthographe , S. vol., 9*^
édition , 1820 ; | Leçons de géographie et
de sphère, 1 vol.*, 17*= édition, 1820;
I Leçons de chronologie et d'histoire, 4 vol.
contenant V Histoire sainte , V Histoire de
France, Y Histoire ancienne ci l Histoire
7noderne; \ FAémens d'arithmétique ren-
dus sensibles aux yeux par des jetons
coloriés, in-12. | Méthode pour analyser
la pensée et j)our faire des abrégés .1 voL
I Exercices sur la construction logique
des phrases et des périodes frariçaises .
1 vol. ; I Méthode pour exercer les jeunes
gens sur la composition française, 2 vol.;
in-12; | Méthode pour entendre la langue
latine sans connaître les règles de la com-
position, { vol.; I Phrases latines graduées
1 vol.; \ Périodes latines graduées, l vol.;
I Construction et analyse grad-^ées des
phrases et des périodes latines, en ta-
bleaux in-folio; | Jpplication de cette
CAU 369
méthode au premier livre des odes d'iîo-
»Yi. e. in-fol.; | Méilxode pour entendre et
pour parler la latu/ue italietme . in-lS ;
Traité de la tnesure des vers français .
\ vol. in-12 ; | Jeu des fables, sujets choisis
de La Fontaine , i vol.;| Traits caractéris-
tiques d'une tnau^'ai\e éducation, ou Prin-
cipes tL' la politesse, 1 vol.; | Notions de
çeonu'trie pratique nécessaires à l'exer-
cice de la plupart des arts et métiers .
in-12.; [ Elémcns de musique , 1 vol.;
I Treize tableaux gravés pour l 'usage de
ladite inc(lio:le , iii-4°. Ou a extrait du
Cours complet de M. Gaultier un petit
Cours contenant : Syllabaire et première
leature . 1 vol. ; Elémcns de grammaire
et d'orthographe A vol. ; Elémcns dcgéo-
hie, 1 vol. On vend séparément,
pour joindre à ces ouvrages, une Boite
typographique pour appremlre à lire aux
e/ifans; des étiquettes pour le jeu de
grammaire en un étui; des étiquettes
pour le jeu de géographie en un étui ; les
médaillons des rois de France en un étui;
cent jetons de couleur pour les différens
exercices du Cours. On a encore de lui
Méthode pour appremlre à calculer fa-
cilement et promptement . tirée du nou-
veau sijstème de j. Lanccutre . in-i2.
GALLTILU. f'oyez GAUTHIER.
GAURIC ( Lcc ), astrologue de Gifôni
dans le royaume de Naples , faisait ses
prédictions sous Jules II, Léon X, Clé-
ment VU et Paul III. Ces pontifes donnè-
rent des marques d'estime à ce prédiseur,
dans un siècle où l'astrologie était la ma-
rotte des savans , et surtout des astrono-
mes que l'on confondait alors pour cette
raison avec les astrolo(pics et les devins.
Paul m lui donna fort mal à propos l'é-
véché de Civila Ducale. Gaurac mourut
a Ferrarc en l5o8 , 'a 82 ans. On a de
Oauric plusieurs ouvrages où ses rêve-
ries sont consignées.
GAIRIC ou plutôt G.VWRY (le comte)
I un des plus grands seigneurs d'£co.ssc ,
fut exécuté avec plusieurs de ses frères,
•■ous le règne du roi Jacques VI , vers la
lin du 16' siècle. Grégorio Lellii cl d'autres
piotcstans racontent qu'il avait conspiré
( outre le roi , et rapportent à ce sujet
lies circonstances tout-à-fail singulières;
niais leur récit, copié dans presque tous
les dictionnaires, n'est qu'un roman sans
icalilé cl sans vraisemblance, fabriqué
p'jur affaiblir l'horreur des cruautés exer-
cées envers une famille illustre , dont le
stîul crime étail rattachement i la foi ca-
tlioli(iuc. Hume, en parlant de la prétcn-
G AU
duc délivrance de Jacques, eon\innt
qu'elle eut cette circonstance anttr ; ,,■
les ecclésiastiques persistèrent à sou' -nr
en face à ce prince . que pe nonne n'avatt
conspiré contre lui.
GAl'SSMI et non CAUSSIN ( Jka^:«k-
CATiiEni.\E ) , fameuse actrice ,.née à Pan*
en 1711, d'une ouvreuse de loges, mou
rut dans cette ville en 1767. Ses succès
furent extraordinaires; elle réussissait
surtout dans les rôles d'amour ; n)ais des
motifs de religion l'engagèrent à quitter
sa profession en 1763. Elle trouva dans la
retraite et dans la pratique des vertus chré-
tiennes , une satisfaction qu'elle n'avait
pas goûtée sur le théâtre où elle avait eu
tant de succès.
• GAIJTUEROT ( Nicolas ) , célèbre
compositeur, né à Is-sur-Tille en 17V> ,
d'une famille pauvre qui le plaça comme
enfant de chœur à la cathédrale de Dijon,
où il prit les premières leçons de musique
Il montra de bonne heure un goût décidé
pour cet art , et devint un des plus savans
démonstrateurs pour le clavecin et la
théorie musicale. Son ouvrage sur la
Théorie des sons . publié en 1799 , fit hon-
neur à son génie et le plaça au raii(; (!• s
meilleurs compositeurs. Il s'occupa i i i
des sciences physiques, et particuli. -ri-
ment de l'électricité et du galvanisme ,
découvertes dont il cherchait à pénétrer
les causes, et sur lesquelles il lut plusirur»
mémoires à la première classe de T in-
stitut. On lit ses recherches sur l'aiti^m
de l'électricité dans les appareils galva-
niques dans le Journal du galvanisme du
M. le docteur Nauche, année 1803. Il
mourut à Paris le 29 novembre 1803.
• CAL'THERDT ( Ciauoe ) . peintre
d'histoire , élève et ami du célèbre David.
naquit à Paris en 1769 , et y mourut en
1825 dans un état voisin de l'indigence. Il
avait remporté quelques prix acadé-
miques ; mais il ne put obtenir le grand
prix pour lequel il concourut par son ta-
bleau de Manlius Torquatus. Son .Harius
à Minturne qu'il fit en 1796 . malgi > '
ques imperfections, était loin d'ctf
ujérile; le convoi d'.ital a . qu'il rui,., ... ,
en 1800, ne fut pas remarque conm.r il
devait rétre,à cause du tal)lraii tic (n. î. t
qui parut à la m*mc cp«>
même sujet. Les autre» ouvr ^
therot qui 1 '
pariui les
rame et i .t
lesmalailei\\b\\t pour Utliai^llc duio»/»
Saint Louis doimaai ia iéjmlture aux
GAU 370
soldats de son armée (pour l'église de
Sainte-Madeleine ) ; le Serment du dra-
peau^ et l'empereur (Napoléon) blessé
devant Ratisbonne. Gautherot a travaillé ,
pour la partie du dessin, à la Galerie
française ou Collection de portraits des
hommes et des femmes célèbres qui ont
illustré la France dans les 16^ ^ il^ et 18^
siècles j par une sociélé d'hommes de
lettres et d'artistes, Paris, Didot, 1820
et années suivantes , 3 vol. \\\-h°.
• GAIJTIIEY ( Emilian-Marie ) , inspec-
teur-général des ponts et chaussées , né à
Châlons-sur-Saône le 5 décemhre 1732 ,
fut nommé en 1758 sous-ingénieur des
élats de Bourgogne, et admis peu de temps
après à l'académie des sciences de Dijon.
Il donna en 1767 l'Idée de joindre la Saône
à la Loire, projet qui fui exécuté depuis,
et qui lui fit une réputation justement
méritée. En 1782, il devint ingénieur en
chef et directeur-général des canaux de
la Bourgogne , et en 1791, il fut nommé
inspecteur-général des ponts et chaussées.
On doit encore à cet ingénieur les quais
de Chàlons-sur-Saône , le pont de Navilly
sur le Doubs , la portion de jonction de la
vSaône à l'Yonne , la partie du canal du
Doubs à la Saône , etc. Pendant plus de 16
ans il prit la part la plus active aux travaux
du comité central, sans négliger ses tour-
nées d'inspection. Il a publié plusieurs
mémoires sur son art, et il s'occupait d'un
Traité complet sur la construction des
ponts et des canaux navigables ^ lorsque
la mortl'enleva, le 14 juillet 1806. M. Na-
vier, son neveu, et ingénieur distingué ,
a publié une partie de ce travail en 1809
et 1813 , 2 vol, in-4°, qu'il a enrichis à!ad~
ditions consLdérables,et d'un Eloge histo-
Hque de l'auteur. M. Lefèvre prononça sur
lu tombe de M. Gauthey,un discours qui
a été imprimé à Paris, 1806, in-4°.
GAUTHIER , surnommé le Vieux , ex-
cellent joueur de luth, a laissé plusieurs
pièces , rassemblées avec celles de Denys
Gauthier son covisin , doué du même ta-
lent, dans un volunie intitulé -.Livre de
tablature des pièces de luth sur différens
modes. Les auteurs y onl ajouté quelques
règles pour bien toucher cet instrument
ei gracieux , mais presque entièrement
al.'audonné en France , par la difficulté de
le bien jouer.
GAUTHIER (Claude) , célèbre avocat
au parlement de Paris , dans le dix-
septième siècle , était plus connu par son
caractère caustique et très mordant, que
pur son éloquence. On a de lui des Plai-
GAU
doyers qu'on ne lit plus guère , en 2 vol.
in-i°, 1688.
GAUTHIER (Pierre) , musicien, de
La Ciotat en Provence , était directeur
d'un opéra qui séjournait alternativement
à Marseille , à Montpellier et à Lyon.
S'étant embarqué au port de Cette , il pé-
rit avec le vaisseau qui le portait, en
1697, à Sa ans. Il y a de lui un recueil de
duos et de trios, estimés des connaisseur».
La musique instrumentale était son prin-
cipal talent. Voltaire prétend , dans un
écrit contre J. J. Rousseau, qu'on trouva
la musique du Devin du village ^ dans les
papiers de Gauthier , et qu'elle fut ajustée
aux paroles par le citoyen de Genève
GAUTHIER ou GAULTIER ( Jea\-
Baptiste) , né à Louviers, dans le dio-
cèse d'Evreux , en 1085 , mort d'une chute
en revenant de sa patrie à Paris , en 1755,
à 71 ans , fui le théologien de l'évêque de
Boulogne ( de Langle ) , et ensuite de l'é-
vcque de Montpellier (Colbert). Ce der-
nier prélat le prit chez, lui en apparence
pour être son bibliothécaire ; mais réelle-
ment pour être son conseil et son écrivain.
Après la mort de son bienfaiteur, l'abbé
Gauthier se retira à Paris, où il continua de
donner au public des brochures contre les
incrédules , ou contre la constitution Uni-
genitus ; car par une concurrence singu-
lière , l'impiété et la soumission à l'église
irritaient également son zèle. On peut en
voir une liste exacte dans la France litté-
raire de 1758. Celles qui ont été les plus
répandues sont : | Le Poème de Pope (in-
titulé VJEssai sur l'homme ), convaincu
d'impiété An- i^ J 1746; | Lettres théolo-
giques... contre le système impie et soci-
m'en des Pères Ilardouin et Berruyer ,
1756, 5 vol. in-12 : ouvrage semé de rai-
sonnemens justes, d'un zèle amer et d'une
critique outrée. | IjCS jésuites convaincus
d'obstination à permettre l'idolâtrie à la
Chine ^ 1743, in-12 ; | plusieurs lettres
destinées à prénmnir les fidèles contre
l'irréligion, 1746, in-12. | Critique du
Ballet moral ^ dansé dans le collège dei
jésïiiles de Rouen. 1756 , in-12 ; | Réfuta-
tion d'un libelle intitulé : La Voix du sage
et du peuple, 1750, in-12; \Fie de Soanen.
cvèque de Sénez, 1750, in-8'' et in-J2 ;
I Les Lettixs persanes convaincues d'iin-
piétéj, 1751 , in-i2 ; | Histoire abrégée du
parlement de Paris ^ durant les troubles
du commencement du règne de Louis
XIV ^ 1754 , in-12. En lisant les critiques
de l'abbé Gauthier , on ne peuts'empéclu'i
de le regarder comme un homme \At'\ix
GAU
571
GAU
do fiel : • Tous ses ouvrages, dit l'aulcur
• lies Trois si f des, mou raient à mesure
» qu'il» voyaient le jour. Son gi^nie ne
• s'enflammait que par la fermentation
» do sa bile. Ce n'est pas ainsi qu'on doit
• réfuter ses adversaires. Si on n'a pas le
> talent de la plaisanterie , il faut du
> moins avoir le lanuage de l'honnêteté et
» de la raison. »
GVUTIlIclR ou GAULTHIEIl ( Frax-
rois-Lotis) né à Paris en 16% , embrassa
Vctat ecclésiastique, fut nommé à la cure
de Savigny-sur-Orgc , par le cardinal de
Noaille^, en 17:28, et en remplit les de-
voirs jusqu'en 1780 qu'il mourut. On lui
doit : I Traité contre les danses et les
mauvaises chansons ; \ Traité contre le
luxe et la parure dans les habits ; \ Ré-
flexion sur le s Ode V. 4 vent; \ Explication
des huit béatitudes ; \ Homélies sur les
Kvamfiies. Il s'était démis de sa cure un
mois avant sa mort , pour se retirer au
Val-de-Gr5ce , à Paris , où il est mort ; ce
qui n'a pas peu contribué à fortifier les
soupçons qu'on avait de son opposition
aux décisions de l'Eglise ; ce qui est à
regretter dans un homme qui a écrit tant
de bonnes choses.
• GAUTHIER ( m"'), comédienne,
née à Paris en 1692, particulièrement
comme par sa conversion subite et pres-
que miraculeuse , avait eu une jeunesse
très dissipée ; elle avait obtenu quelque
succès dans les rôles de M"' Jobin de la
De^'ineresse ^ et de la Tante du Mariage
fait et rompu de Dufresny. Elle venait
d'atteindre sa 50* année , lorsque l'idée
de renoncer au monde lui fut tout à coup
inspirée pendant une messe qu'elle avait
PU la fantaisie d'entendre à l'occasion de
lanniversaire de sa naissance. Ses parens,
»es amis , s'efforcèrent en vain de la faire
changer de résolution ; elle persévéra hé-
roïquement, et, après avoir obtenu sa
retraite , elle se rendit à Lyon où elle
prit l'habit de carmélite et le nom de
sœur Jugusline de la Miséricorde { 1723).
Elle vécut 52 ans dans le fond de son
cloître, sans éprouver d'autre regrt-t que
celui de n'y être pas entrée plus tôt, et
sans rien perdre de sa gaité. La vivacité
de son caractère s'était changée en fer-
veur pour ses devoirs de religion ,
qu'elle pratiqua avec la plus grande exac-
titude jusqu'au moment de sa mort , ar-
rivée en décembre 17o7. Elle a écrit elle-
in«'me V Histoire de sa conversion , qui
renferme une foule de détails curieux et
aitachans. On la trouve dans le premier
volume des Pièces intéressantes et peu
connues . publiées par Laplarr.
• GAlITIIIF.il Di: LA PHYIIOME. lit-
térateur. ancien commis ile^affairesclran-
gores, né vers I7t0, mort à l'nri^ en 1804. a
traduit de l'allemand les t'oyarfes de M.
P. S. Pallas en différentes provinces de
l'empire de Russie et dans l'Jsif tcpten-
trionaleen 1781) r-/ 1795, 5 vol. in-fc"", et un
vol. de planches. On a encore de lui Essai
historique et politique sur l'état de Gènes,
1794 , in-8", et f'otjagc en Islande par ot^
dre de S. M. danoise , traduit du danois ,
d'Olafsen et Povelsen . 5 vol. in-S" et atlas,
terminé par M. Biornerod, Norwégien.
•GAUTHIER DE SlOWET, pluj
connu sous le nom de I^tit Gauthier .
mort à Paris en 1809 , s'acquit une cer-
taine célébrité au commencement de la
révolution par son Journal d' la cour et
de la' ville , oii '\\ 'i^imaxi avec esprit les
plaisanteries et les sarcasmes contre les
patriotes.
• GAUTHIER DAGOTY. V. DAGOTT
•GAUTHIER DE SIBERT, de l'aca-
démie des inscriptions et belles-lettres,
né à Tonnerre, en Bourirogne, vers 1740,
d'une famille alliée à celle du fermier-gé-
néral du même nom , fut destiné à exer-
cer une place dans les linances ; mais en-
traîné par Sf>n gimt pf)ur les lettres , il se
rendit à Paris pour se livrer entièrement
k l'étude. Il fut nommé en 17C7 membre
de l'académie des inscriptions et belles-
lettres. Lors de la suppression des acadé-
mies, il se retira à Tonnerre où il mou-
rut en 1798. On lui doit: | f^ariations de la
monarchie française dans son gouveme-
tnrnt politique , civil et militaire , ou //»-
toire du gouvernemrnl de la France de-
puis Clovis jusqu'à la mort de Louis XI h',
h vol. in-12 , Paris , 17«».S, réimprimées en
1789. Cet ouvrage , utile à ceux qui s'of-
cupent de notre ancienne histoire , est
écrit avec clarté; niais on {Mourrait y dé-
sirer plus de critique. | Vies des empe-
reurs Tde . ArUonin et Marc - Aurèle ,
1769. in-12; | Hist ' ' ' vaux.
hospitaliers et tu zare .
de Jérusalem et </' \ ' Mont
Carmcl , Lii^c , 177 j, in-4 , \L<//utd^ra
lions sur l'ancienneté de l'existence du
tiers-état . et sur les en t
sion de ses droits prnd<i
in-8°; 1 plusieurs mémni> '■
de l'académie des inscription».
• GAUTHIER ( HoaciiT ) , ingénieur du
roi , né à Mmcs , le 1) août IG60 , fut d'à
bord docteur en n»édcclne. rludiâ ensuite
GAU 572
la physique et les mathémaliques , et eut
la faiblesse de croire* à l'astrologie judi-
ciaire. Il devint inspecteur général des
[)onts et chaussées , et eut une grande
part aux travaux du canal de Languedoc.
Gauthier était protestant, mais il était lié
arec 'évêque Fléchier, et celui-ci en
1689 , parvint à le convertir. Il parait
toutefois que sa conversion ne fut pas
bien sincère , il mourut à Paris , le 27
septembre 1757. On a de lui un grand
nombre d'ouvrages , dont les princi-
paux sont : I Traité des fortUications „
Lyon, 1685, in-12; | Traité dM armes à
fevt.. tant de canons, mortier s, etc., ibid.;
( Dissertation sur les eaux minérales de
!iourbonne-les-Bains , etc., Troyes, 1716,
in-8" ; \ Nouvelles Conjectures physiques
concernant la disposition île tous les coj-ps
animés,McSiU\, 1721 ; | La Bibliothèque
des philosophes et des savans , tant an-
ciens que modernes, etc., 1723, 2 v. in-S";
1733, 2774, 5 v. in-8" ; | Nouvelles Con -
jectures sur le globe terrestre /xh'xà^; | His-
toiredela ville de Ninxes et de ses anti-
quités, Nimes, 1725 , in-4° ; | Traité de la
construction des chemins, tant de ceux
des Romains que des modernes ^ etc. ,
Paris, 1715 ; k" édition, 1751 ; ] Traité des
ponts, etc. , Paris , 1716, in-8° , avec 26
planches, etc. Gauthier leva les cartes des
diocèses de Toulouse, de Béziers,à'Jgde,
de Nimes, d'C/zès , et celle d'Alais, qui
est restée inédite.
• GAUTIER ( du Var, Isidore-Marie
BRIGNOLLES ), né à Brignolles , en Pro-
vence , en 1765 , fut député du départe-
ment du Var au conseil des Cinq-cenis ,
après le 18 fructidor. Il ne parut point à
la tribune , mais il publia dans le Moni-
teur en 1798 deux lettres , où il accuse
ceux qu'il appelle les contre-révolution-
naires du midi , de recommencer à piller
et assassiner. Depuis la restauration, Gau-
tier devint écrivain ministériel. Il est mort
à Paris , le 20 décembre 1824 , âgé de 59
ans. Il a laissé : | Réfutation de l'exposé
de la conduite politique de Carnot, 1815,
in-8° ; | Conduite de Bonaparte relative-
ment aux assassinats du duc d'Enghien
et du marquis de Frotté, 1823, in-8° ; | Des
indépendans, des libéraux et des consti-
tutionnels, 1823 , Paris , in-8° ; | Réflexions
sur le dernier ouvrage de M. de Chateau-
briand, intitulé .-Du système suivi par
le ministère, 1818, in-S", et quelques
«utres opuscules anonymes.
GAUTIER-STUAIIT. .Vorjcz S TUART
( Gautier.)
GAV
GAIlTRUCnE ( Pierre ), né à Orléans
en 1602 , se fit jésuite en 1624 , et se con-
sacra entièrement à l'élude des belles-
lettres, de la pliilosophie, et à l'instruc-
lion de la jeunesse. M. Huet l'appelle
vir diffusœ eruditionis. Il a professé pen-
dant plus de 50 ans dans la ville de Caen,
et y est mort le 30 mai 1681. On a de lui :
I un Cours de philosophie et de inathèma-
tiques; \ Histoire poétique; Histoire sainte.
dont la 15* édition est de 1692. 4 vol.
in-12.
GAVANTI ( Barthelemt), en latin
Gaventus, consulteur de la congrégation
des rites , et général des barnabites , étaif
de Milan, et mourut dans cette ville en
1638. Il est princii)alement connu par son
Commentaire sur les rubriques du Missel
et du Bréviaire romain^ ouvrage plein de
recherches , et très propre à entretenir la
dignité et la régularité des cérémonies
saintes. Les détails en paraissent sans
doute très indifférens aux hommes du
siècle, mais les ministres du Seigneur zélés
pour son culte , le lisent avec autant d'in-
térêt que d'utilité. L'auteur néglige quel-
quefois les raisons littérales ou historiques
des cérémonies, pour s'attacher à des
considérations mystiques ; il eût dû tâ-
cher de joindre constamment les unes
aux autres. La meilleure édition de cet
ouvrage , qui est bon pour la pratique ,
est celle de Turin, avec les observations
de Merati, 1736 à 1740, 3 vol. in-4'', fig.
Ces observations sont exactes, solides, et
suppléent à celles qui ont échappé à Gavan-
tus. On a aussi de lui : Manuale Episco-
poram , 1642 , in-4° ; et un Traité des sy-
nodes diocésains . 1639.
* GAVARD ( Hyacinthe), médecin et
anatomiste, né à Montmélian l'an 1753,
fut élève du célèbre Desault; il se livra
avec tant d'ardeur à l'étude de l'anatomie ,
qu'il fut bientôt lui-même en état d'ouvrir
des cours, et il s'attira un grand concours
d'auditeurs par l'admirable précision
qu'il mettait dans ses descriptions anu-
tomiques , avantage inappréciulile qu'il
avait puisé dans les cours de son maître.
On lui doit plusieurs ouvrages estimés
sur son art : | Traité d'ostéologie , suivant
la méthode de Desault, Paris, 1791, 2
vol. in-8" , 2* édition , augn>entée d'un
Traité des ligamens . Paris, 1795, 2 vol.
in-8°; | Traité de m/ologie , Varis , 1791,
in-8*; édition revue et corrigée, Paris,
1802, in-8"; | Traité de splanchnologie .
Paris , 1800 , 1802 et 1809. Gavard , entiè-
rement occupé de la composition de ses
a\V 87
onvri»(je<», viTiil et mourut pauvre, â
Varis, dans la force de l'àjji' , en 1802.
• (ÎAVE.\l!X ( PiKnnF. ) , acteur et eom-
posileur de musique, naquit en 1761 n
Béliers, et entra couiuie enfant de rha»ur à
la cathédrale de celte ville, à l'àpe de sept
ans. Il termina ses premières études musi-
cales à 10, et eut successivement pour maî-
tres de composition le célèbre organiste
Combes, l'abbé Tindel . amateur cnlbou-
««iiîte et professeur de pbilosophie du jeune
«'>a veaux, enrtn François Berlt , organiste
lie Saint-Séverin à Bordcaiix. Après plu-
sieurs années de résidence dans celte der-
nière ville, où il s'était attaché au théâtre,
il se rendit en 1788 à Montpellier , et y
occupa pendant un an l'emploi des pre-
miers amoureux au grand opéra. En 1789,
il fut admis à débuter comme premier
ténor au théâtre de Monsieur ( aux Tui-
leries ), et fit partie du lliéàlre Feydeau ,
îois de sa formation en 180i. Gavcaux est
mort à Paris le 5 février 1825 , laissant,
outre plusieurs compositions estimées, un
grand nombre d'oi)éras parmi lesquels
«m cite : | l'Jmour filial . 171»'2 ; ] les Deux
Lrmites . 1793; | la Famille indigente.
1794 ; I le Petit Matelot. 1795 ; | Monsieur
des Chalumeaux . 1806 ; | l'Enfant pro-
digue. iSii ; I C'ne nuit au bois. 1818, etc.
Plusieurs des airs de Caveaux ont obtenu
une vogue populaire , notamment la Pipe
de tabac. C'est Gaveaux qui mit en mu-
sique les fameuses strophes du Réveil du
l'euplc. par M. Souriguières.
GAVESTO\ ( PiERUE de ) , favori d'E-
douard II , roi d' Angleterre en 1307 , était
liU d'un genlilhonnnc gasc-on , qui avait
rendu de grands services à Edouard ^^ Il
fut élevé auprès du jeune prince , qui ,
parvenu à la couronne après la mort de
son père , donua à ce favori le comté de
Cornouailles. Au l)out de quelque temps ,
ce prince passa en Franci; pour épouser
Isabelle, lille de Philippe le Bel; il laissa
a Gaveston le gouvernement de son
royaume. L'élévation et l'orgueil de ce
favori excitèrent la haine et l'envie des
grands qui vinrent à bout de le faire exi-
ler ; mais ce ne fut que pour un temps.
Le roi ne pouvant souffrir son al)scncc ,
le fit revenir jKJur épouser sa nièce ,
soeur du comte de Glocester; et engagea
les seigneurs du royaume à approuver ce
retour et cette alliance. Gaveston n'en
parut pas plus modéré , et sa mauvaise
conduite obligea les grands du royaume
à se liguer encore une fois contre lui.
Us levèrent une puissauie armée , le
X G AT
|M)wrsuivirrnt à force ouverte, cl w «^i^i-
reiit de lui. I^orsque le roi sut qu
prisonnier , il temoif^na vouloir lui i
mais le comt«î de Warwirk. piqué des
«mirages qu'il en avait reçus rn particu-
lier , lui lit trancher la tète en 1515.
• GAVIMÈS ( PiEaaB ), compositeur
de musique et l'un des plus célèbres vio-
lons de l'Europe , né à Bordeaux le 26 mai
1726, avait une exécution brillante et ra-
pide. A l'expression la plus pathétique
dans l'adagio . il joignait le talent de bro-
der et de varier la musique qu'il exéci^
lait, au point qu'on l'a entendu jouer plit-
siciirsfois de suite le même concerto de
manière à le rendre méconnaissable. On
a de lui une fameuse romance qui porte
son nom : le Prétendu /opéra en 3 actes ,
joué avec succès aux Italiens en 17G0 ; des
concerto , Afi% sonates. et un recueil inti-
tulé : les f^ingtquatre matinées. Il est
mort le 9 septembre 1800.
GAVVRIYC. f oy*x GAURIC(te comte
de).
GAY (Jean), poète anglais, né en
1688 , àBarndstapIe ou près de celte ville,
d'une ancienne famille de la province de
Dcvonshire, fut mis de bonne heure dans
le commerce; mais il le quitta bientôt
pour la poésie. En 1712, il fut fait secré-
taire de la duchesse de Monmouth. En
1714, il accompagna à Hanovre le comU;
de Clarendon ; mais ce seigneur s'elnnl
démis de ses emplois , Gay revint en An<
glcterre, et publia des tragédies . des
comédies, des opéras et des fables : cellev
ci, imprimées à Londres en 1753 . 2 \oL
in-8° , fig. , ont été tm ' ' - - ^-■
par M"' Keralio;imii
in-8° , et tra<luites en ^ •
Jolyde Salins, Paris. 1811. in-18. M. \u\*t
Duvivier a donné en 1802 la traduction
de 28 fables de Gay daru son Fahlier an-
glais , et M. de Mauroy a publié êeifaôUs
choisies mises en vers français , 1784 ,
Paris , in-12. I<es fables de Gay ne man-
quent pas d'invention et de «ei ; la chute
en est assez lieureuse, mais 1.
en sont trop longues On a f
I des pastorales. On les pn
les autres productions de Goy.Sc» l ■ ^
ne sont ni petits-maîtres, ni couri
comme dans plusieurs éflogoes Iran
I Des poésies diverses . fviMéa» ci.
en 2 vol. in-12. Il y en apl«atetir
tour heureux et agréable. Parmi ».
Icures i)rodurtiaos on cite t'A'venXau
via ou t'ytn de t€ promener ilmnt les ruct
de Londres: Diane , druM pastoral , aie.
GAY
57ft
GAY
Gay «tait doux , affable , généreux , mais
d'une indolence excessive qui tenait de
l'apathie et qui mettait le désordre dans
ses affaires. Après diverses vicissitudes ,
tantôt dans l'opulence, tantôt dans la
médiocrité, il mourut en 1732, chez, un
seigneur anglais , qui , depuis quelques
années, pourvoyait libéralement à tous
ses besoins.
• GAY DE VERNOI\ ( Léonard ) , évo-
que coustitutionnel , député de la Haute-
Vienne à l'assemblée Législative et à la
Convention , naquit en 1748 à Saint-Léo-
nard dans le Liitiousin , d'une famille no-
ble ; il avait embrassé l'état ecclésias-
tique, et était curé de Compreignac dans
le diocèse de Limoges avant la révolution.
Il fit le serment demandé aux prêtres , fut
nommé en 1791 évêque constitutionnel
de la Haute-Vienne . et vota dans le pro-
cès de Louis XVI pour la mort. Il avait
appuyé la motion d'un député nommé
Torne qui demandait que l'on proscrivît
l'habit ecclésiastique ; le 6 avril 1792 ,
jour du vendredi saint , il déposa sur le
bureau du président son anneau et sa
croix d'évêque , en disant qu'il en desti-
nait la valeur à l'équipement d'un dé-
fenseur de la patrie , et que désormais il
ne porterait qu'une croix de bois. Après
avoir abdiqué publiquement son ca-
ractère dans la séance du 7 novembre
1793 , il se maria avec une marchande de
inodes. Dans les assemblées qui se suc-
cédèrent, il se prononça contre les Gi-
rondins qu'il poursuivit avec acharne-
ment , et parla contre Robespierre après
le 9 thermidor ; mais il n'en continua pas
moins à agir d'après ses principes, puis-
qu'il essaya de défendre son collègue Car-
rier, au club des Jacobins et à l'Assemblée.
11 fit partie de toutes les législatures jus-
qu'à celle des Cinq-cents, d'où il fut ex-
clu par le Directoire. Gay-Vernon réclama
contre cet arrêté , et parvint à se faire
donner la place de consul à Tripoli de
Syrie. N'ayant pu se rendre à sa destina-
tion, à cause delà guerre que l'on venait de
déclarer à la Turquie , il séjourna quelque
lemps à Rome , où il exerça les fonctions
de secrétaire-général du consulat romain.
Le Directoire l'ayant déclaré déchu de sa
qualité de français , Gay-Vernon vécut
dans la retraite ; et ne reparut sur la
scène politique , qu'après la journée du
30 prairial an U. Il fut alors nominc
commissaire central près de l'adminis-
tration départementale de la Somme.
Après le 18 brumaire , il donna sa démis-
sion , se retira dans sa terre de Vernon ,
où il vécut dans l'obscurité jusqu'en 1816.
Compris dans l'ordonnance qui bannis-
sait les régicides , lise réfugia dans les
Pays-Bas , et y donna des leçons de latin
dont il consacra le produit au soulage-
ment des autres exilés. Trois ans après,
il obtint du roi la permission de rentrer
en France , et il retourna dans sa terre
de Vernon , où il mourut le 20 octobre
1822 , après avoir refusé les sacremens
de l'Eglise. Son testament renfermait ce-
pendant un assez grand nombre de legs
pieux.
*GAY DE VERNON (Simon-Fraiïçois),
frère du précédent, maréchal-de-camp,
né en 1760 à Saint-Léonard, où il mourut
en 1822, fut admis en 1780 comme élève
sous-lieutenant dans l'école du génie , et
parvint au grade de capitaine en 1790.
Employé à l'armée du Rhin en 1792 , il se
distingua aux attaques de Spiie et de
Mayence , où il combattait sous Custine.
Pendant la campagne d'hiver de 1792 à
1793, il fut chargé de construire la grande
tête du pont de Cassel ; ce qu'il parvint
à faire avec sept bataillons qui protégeaient
ces travaux. Dans le mois d'avril 1793, Gay
de Vernon fut nommé colonel adjudant-
major et suivit en cette qualité le général
Custine à l'armée du Nord, et y resta sous
les ordres du général en chef Houchard
auprès duquel il remplit les fonctions de
major-général. Ce fut lui qui dressa le plan
de la fin de la campagne de 1793, et qui
donna les moyens de délivrer Dunkerque
assiégé par les Anglais, et Maubeuge atta-
qué par les Autrichiens. Après les victoi-
res de Hondschoot et de Menin , il reçut
l'ordre de se retirer dans ses foyers où il
fut ensuite arrêté pour être conduit dans
la prison de la Conciergerie à Par is. Il était
accusé de conserver un attachement trop
vif au général Custine et d'avoir conspiré
avec le général Houchard , en ne faisant
pas mettre bas les armes à toute l'armée
anglaise que commandait le duc d'York;
il ne recouvralaliberté qu'après le 9 ther-
midor. Gay de Vernon fut un des fonda-
teurs de l'école polytechnique, où il de-
vint professeur en 1798. Lorsque cette
école fut organisée sur le pied militaire,
il fut nommé commandant en second et
directeur des études , avec le grade de
colonel du génie. Il occupa ces fonctions
pendant 17 ans. Napoléon le fit baron en
1811, et en 1813, il était adjudant-com-
mandant près du 5' corps de la grande
armée. Nommé commandant de la place
GAY 57»
de Torgau en Saxe, il rendit celle forle-
reMo après une longue et honorable ré-
sistance , le t" janvier 18 li , et oMint la
permission de rentrer en France sur pa-
role. Pendant les cent-jours , il refusa de
faire i>orlie du corps du gênerai Van-
dantine : Louis XVIII le nonnna maré-
chal-dc-canip et chevalier de Saint-Louis.
Gay de Vcrnon fut mis depuis à la retraite ,
romme ayant plus de 30 ans d'activité. Il
.si lutour d'un Traité élémentaire d'art
T . \:,iirc et de fortification à l'xisage des
ji ujic:> gens et des élèves des écoles mili-
taires. Paris, 1805 , 2 vol. in-4" ; cet ou-
vrage qui a été traduit en anglais , en alle-
mand et dans d'autres lant>;ues , a été adop-
té pour l'enseignement des écoles mili-
taires à Saint-Pétersbourg, à Ségovie et
aux Etats-Unis. Il a publié aussi Exposi-
tion abrégée du cours de géométrie des-
criptive appliquée à la fortification , etc.,
i802, in-4".
•GAY.V (Louis de, sieur de Tréville) ,
capitaine au régiment de Champagne sous
le règne de Louis XIV, n'est connu que par
les ouvrages qu'il a laissés. On lui doit :
I \Art de la guerre, Paris, 1677, 1678, 1689
1692 , in-12 ; \ Traité des armés, 1678, in-
12, fig.; I Cérémonies nuptiales de toutes
les nations et religions du monde , Paris ,
1680; la Haye, 1681 ; Cologne, 1694, in-
12, rare, trad. en italien par Casimir Frcs-
chot , 1683 . in-12.
OAYOT DK PITAVAL (François),
naquit à Lyon en 1673, d'un conseiller au
présidialde cette ville. II prit le petit col-
let, qu'il quitta bientôt, pour suivre l'exem-
ple de ses deux frères qui étaient l'un et
l'autre dans le service. Aussi peu propre
à l'étal uiililaire qu'à l'état ecclésiastique,
il se lit recevoir avocat en 1723 , et prit
une femme. Son éloquence n'ayant réussi
que très faiblement au barreau , et ne
possédant qu'une fortune médiocre , il se
mit à publier volume sur volume, jusqu'à
sa mort arrivée en 1743 , après plus de
40 attaques d'apoplexie. On peut appliquer
à Pitaval ce que La Bruyère a dit de cer-
tains écrivains : « Il y a des esprits , si
> j'ose le dire , inférieurs et subalternes ,
B qui ne semblent faits que pour être le
» registre ou le magasin de toutes les pro-
■ ductions des autres génies. Ils sont pla-
• glaires, traducteurs, compilateurs; ils ne
» pensent point, ils disent ce que les autres
> ont pensé ; et comme le choix des pensées
» est invention, ils l'ont mauvais, peu
• juste, tu raftportent beaucoup de choses,
» plutôt que d'exccUcnte» chose». • Ce
GAZ
portriài. , ^i..,,ii de Pitaval. S.^ ..ijm,.,.;i%
en sont un témoignante authentique. Lt-s
principaux sont : | Relation des campa-
gties de 1713 et 1714. très mal rédigée sur
les Mémoires du maréchal de Villars;
I L'art d'orner l'esprit en l'amusant. 2 vol.
in-12 : recueil de bons mots , plutôt fait
pour gâter le goiU. que pour enrichir U
mémoire ; | Bibliothèque des gens de la
cour, en 6 vol. in-12, compilée jwur le peu-
l)le ; I les Causes célèbres, en 20 vol. in-12 :
collerlton qui intéresse par son objet , mai*
qui dégoûte par le style fade, rampant,
entortillé , louche du compilateur , par
les puérilités , en vers et en prose , dont
il l'a semée; par des hors-d'œuvre sans
nombre , par le mauvais choix des ma-
tériaux ; par la profusion du verbiage le
plus vain et le plus commun. M. Garsault
a réduit les 20 vol. des Causes célèbres en
un seul , sous le titre de Faits des causes
célèbres et intéressantes. Un M. Besdel en a
donnéuna6rtf^^enunvolumein-12, Liège.
1788. M. de la Ville, avocat , en a donne
une suite en 4 vol in-12. La continuation
de cet ouvrage a pris la forme de journal
et une marche périodique : le public sensé
n'y a rien gagné. Richer a publié depuis
un Recueil de causes célèbres . qui a 'fait
entièrement oublier celui de Gayot de Pi-
taval.
GAZA (Théodore), un de ce» savans
grecs qui se retirèrent en Italie, après la
prise de Constanlinoplc, était de Thessa-
lonique. 11 trouva dans le cardinal Bessa-
rion un ardent protecteur , qui lui pro-
cura un bénéfice dans la Calabrc. Ce grec
apprit si bien et si promptement le latin,
qu'il sentit les beautés de cette langue
comme ceux qui en avaient fait une longue
étude. Il mourut à Rome en 1475, à 80
ans. On dit qu'étant allé présenter à Sixte
IV quelques-uns de ses ouvrage», ce
pape ne lui fit qu'un prést-nt fort modi-
que. Gara le jeta de dépit dans le Tibre .
disant en colère , « que le» sa van» ne doi
» vent pas se donner la peine d'aller a
» Rome, puisque le goût y était si déprave,
. et que les ânes les plus gras y refusaient
. le meilleur grain : . invective plato et
grossière, et qui donnerait mif iilic dé»-
avanlageuse de son cararterr . si cllf ttall
bien constatée; mais il y a tout lieu de la
révoquer en dout»*. On a de lui : | une tra-
duction vn\!i\'u\itel'ff ' ' - • - TMX
d'Aristolc. (.'est uni r-
sions. dans laqurllc le
génie du philosopli- ; ^r
ksArabc» ctle»»coUi >
GAZ
576
GEB
maire grecque , in-4°, en 1540 ; 1 La tra-
duction de l'Histoire des plantes de Théo-
phraste ; | celle des aphorismes d'Hippo-
crate ; ] une version grecque du songe de
Scipiorij et du traité de Senectute^ de
Cicéron, etc.
GAZAIGINES (Jeaiv-Antoine), cha-
noine de Saint-Benoît de Paris , né à Tou-
louse le 23 mai 1717 , a composé et publié
les Annales de la société des soi-disant
jésuites j 5 gros vol. hx-k" , 1704 et années
suivantes. Ce livre parut sous le nom
emprunté à.' Emmanuel-Jiohert de Phili-
bert^ ancien chanoine de l'église de Tou-
louse. C'est un recueil de tout ce qui s'est
écrit d'injurieux contre les jésuites. On
prétend qu'outre ces cinq vol., Gazaignes
en avait préparé trois autres qui n'étaient
pas moins outrageans , mais qui n'ont
point paru. Au reste , il n'épargnait rien
pour que sa diatribe fût complète. 11 en-
treprit , dit-on , plusieurs voyages , et no-
tamment celui de Vienne, dans l'espoir
de se procurer de nouvelles anecdotes
dans le sens de celles qu'il avait déjà re-
cueillies. On trouve néanmoins dans cette
compilation quelques renseignemens cu-
rieux sur ce célèbre institut. L'abbé Ga-
y.aignes mourut le 29 mars 1802. Quoiqu'il
fût appelant , il avait désapprouvé la con-
stitution civile du clergé.
GAZELLI , prince d'Apamée , et gou
verneur de Syrie pour le sultan d'E-
gypte , s'opposa d'abord aux Turcs ; mais
voyant que Tomanbey , son maître, avait
été pris et mis à mort par Sélim en 1317,
il implora la clémence du vainqueur , et
fut continué dans le gouvernement de
Syrie. Après la mort de Sélim , Gazelli
lâcha d'engager le gouverneur d'E-
gypte , Cayer bey , à rétablir la puissance
des Mamelouks ; mais celui-ci fit mourir
ses ambassadeurs. Gazelli , nonobstant
cette nouvelle, livra bataille aux Turcs,
près de Damas , contre le bâcha Ferhat.
Il fut tué en combattant vaillamment
l'an 1550.
GAZET (Guillaume ), chanoine d'Aire ,
el curé à Arras où il était né en 1554,
mourut dans cette dernière ville en 1612,
à 58 ans. On a de lui : | VHistoire ecclé-
siastique des Paxjs- Bas^ 1614, in-4° ;
I Vies, des saints^ Reims, 1615, 2 vol.
in-8" , et plusieurs livres de piété. L'au-
teur manque de critique , et son style est
négligé.
GAZET ( Alard ) , bénédictin de Saint-
Vaast, à Arras sa patrie, prévôt de Saint-
Michel, près de cette ville , se distingua
par sa piété et par sa science. Il mourut
en 1626, âgé de 60 ans , après avoir donné
une bonne édition des OEuvres de Cas-
sien . avec des notes critiques , Arras ,
1628 , in-fol. Leipsick , 1722, in-fol., édi-
tion très estimée.
GAZOLA (Joseph) , médecin de Vé-
rone , où il établit l'académie degli Ale-
tofili, mort en 1715 , à 54 ans , a donné
quelques ouvrages de médecine, entre
autres : Jlmondo ingannato dafalcime-
dici , Pérouse, 1716 , ui-18. îl y convient
que les malades meurent aussi souvent
des remèdes que des maladies , et ensei-
gne à se passer des médecins.
* GAZO.\-DOlIUXIGI\É (Sébastie\-
MARiE-MAxnuum ), littérateur, né à Quim-
per-Corentin, obtint quelques succès dans
les lettres. Ses différens ouvrages, sans
être d'un mérite éminent, se font remar-
quer par le bon goût qui a présidé à leur
composition. On lui doit : | trois Lettres
sur les Kx^ztà\&%^' Arislomène ,i^' Epicha-
ris et de Sémiramis ; j l'Ami de la vérité
ou Lettres impartiales sur les pièces de
^o/toiVe^ Amsterdam, 1767, in-12 ; | Essai
histoiHque et philosophique sur les prin-
cipaux ridicules des différentes nations,
1766 , in-12 ; | les Jardins, poème traduit
du latin du Père Rapin, 1772 , in-12. C'est
plutôt une imitation qu'une traduction
îidèle. Gazon-Dourxigné mourut le 19
janvier 1784.
GÉBELIN (Antoine COURT de), na-
tif de Lausanne , de plusieurs académies,
censeur royal , mort à Paris , le 13 mai
1784 , a publié : | Histoire de la guerre
des Cévennes , 1760 , peu exacte et écrite
d'un style qui n'est pas celui de l'histoire,
5 vol. in-12 ; | Le Patriote français et
impartial 1753 , 2 vol. iû-12. Cette der-
nière qualité n'est presque jamais celle de
l'auteur : il n'avait ni l'esprit assez, calme
ni la raison assez ferme pour l'acquérir ;
I Le monde primitifs analysé et comparé
avec le monde moderne , considéré dans
son génie allégorique et dans les allégo'
ries auxquelles conduit ce génie, Paris,
1773-82 , 9 vol. in-4° , lig. ; ouvrage d'un
esprit faible , crédule et chimérique ; en-
semble de combinaisons arbitraires et ri-
dicules , écrit d'une manière entortillée ,
mystérieuse et pleine de prétentions. Des
philosophes, qui ne l'entendaient pas
mieux que le reste du public, l'ont prôné,
parce qu'il paraissait dans plus d'un en-
droit fronder l'histoire sainte et les no-
tions reçues touchant l'âge et la création
du monde ; mais les vrais sa vans en ont
GEB
377
GEB
fait un objet de risév . l'un d'eux l'a coin-
pari> à l'ouvrage do Postel , intitule : La
clef des choses cachc'es depuis le com-
mencement du monde. Un criliciuc plu»
modéré ( M. l'abbé de Fontenay ) en a
parlé de la manière suivante : • Nouu
» avouons francbcment que nous ne sau-
» rions caractériser l'ouvrage de M. Court
» de Gébclin , qui lui a fait une si grande
» réputation auprès de certaines person-
» nés. Nous en avons lu quelque chose ,
» et nous avons été repoussés à la vue de
• tous ces systèmes imaginaires, de ces
» conjectures frivoles , de ces fatras et
» des inutilités dont ce livre est rempli.
» Mais peut-cire est-ce notre faute , si
» nous n'avons pas l'esprit de l'admirer. »
I Histoire nalxuelle de ta parole . ou Pré-
cis de la grammaire universelle. 1776,
in-8" , extrait du monde primitif , et dont
le mérite doit par conséquent cire appré-
cié sur celui de l'ouvrage précédent ; | Le
monde primitif analysé et comparé avec
le monde moderne . considéré dans les
origines françaises . Paris , 1778 , in-8°.
Le goût de Gcbelin pour les idées bizar-
res et romanesques lut cause de sa mort.
Ijt magnétisme animal , prêché et prati-
qué à Paris par un charlaliui allemand ,
nommé Mesmer, exalta son imagination
au point qu'il n'en fut plus le maître. JI
se magnétisa si bien , qu'il tuioba roidc
à deux i«s de l'endroit où il s'exerçait
dans le nouvel art. Peu de temps avant sa
mort , il a\ait eu de grands démêlés avec
un M. Cailhava , touchant la présidence
d'une coterie scientifique, nommée le
Musée de la rue Dauphine . et dépensa ,
pour so maintenir dans cette dignité ima-
ginaire , plus de 15 raille livres; ce qui ne
contribua pas peu à grossir la somme des
dettes qu'il laissa à sa mort. On lui a fait
cette épitaphe.
Ci-gil ce paurrc Gébetia ,
Qoi parlAÏl gr«e , brbreo , l*ti« j
Admirct tout ion h>-roï>m< ,
W (ut martyr da migncluiac.
Le comte d'Albon a fait exhumer son ca-
davre, pour lui ériger un mausolée dans
son jardin : démarche peu assortie »u
bon sens qui parfois règne dans les Dis-
cours de cet économiste.
GEBEIl ou GlABER (Jeast), célèbre
alchiralsle arabe, dont le vrai nom est
Abou Moussah Djafar Al SoJi , était de
llaurati en Mésopotamie. On a de lui plu-
sieurs ouvrages , dans lesquels on trouve
beaucoup d'expériences chimiques, même
d>e celles que l'on donne aujourd'hui i>our
nouvelles. Le célèbre Boi<rlia«ve en parle
avec estime dans sr» Institutiom chimt-
quts. vSuivant Aboiil-Feda. il vivait
dans le liuilicmc sierlr. L'abbé Laiglcl
du Fresnoy a recueilli tout ce qu'un
pouvait dire sur la personne rt le» mi-
vrage» de ce chimiste, d.n " .1er
vol. de son Histoire de l 'ne
hermétique. Ceux qui pn .^ue
Geber a travaillé le premier à la recher-
che d'un remède universel, se fondent
sur certaines expressions que l'on trouve
dans ses écrits. Telle est celle-ci : L'or
ainsi préparé guérit la lèpre et toute»
sortes de maladies. Mais il parait que ce»
paroles doivent se prendre dans un sens
énigmatique et ridiculement mystérieux .
tel que les cliimistes d'alors affectaient
dans leurs leçons ; et qu'il est question
ici de convertir en or les métaux les plus
bas, qui sont les lépreux. On peut voir plu-
sieurs de leurs apophthegmes et de leurs
grimoires favoris dans le Mundus subter-
raneus du Pèrs Kircher, 2^ partie , page
292. Les traités de Geber furent impri-
mé.s sous ce titre : Summœ perfectiones
magisterii in sua natura libri IV . cum
additionc ejusdem Gehri reliçuorum trac-
lutim . à Dant/.ick, 1082, in-8". Sa Céo-
maure, en italien, est de Venise, 1.^52,
in-g* , lig. Ses oiMTages . quoique déligu*
rés par les visions de l'alchimie et d'au-
tres préjugés , contiennent plusieurs cho-
ses utiles et curieuses sur la nature , la
purilîcation , la fusion , et la malléabilité
des métaux, sur les sels et les eaux fortes.
C.LBIIARD , archevêque de Sall/.l>ourj.
était d'une ilUistre famille de Souabe , el
fut pourvu de cette dignité en 1%1. 11
soutint constamment le parti du pape
Grégoire VII contre l'empereur Henri IV.
Et en coitsidération de ce service, il fut
honoré par Sa Sainteté du titre de légal-
iié dans toute l'Allrmagne , que ses suc-
cesseurs ont au3si pris aprè^s lui. 11 fui en-
suite exilé par l'empereur . et mourut en
1091, dans le château de Wcrsten, qu'il
avait fait bâtir.
(«EOil.VnDT (Jea!«), savant huma
nistc, né à Schwartihovrn . près de ^ni-
bourg, dans le haut Palatinul en VSJi.
Après avoir parcouru une grande partie
de l'Allemagne et de la Suéde pour solli-
citer de l'emploi, il obtint cnliu à Gruaia-
gue une chaire d'histoire et de lansu*
grecque. Il y mourut le S octobre I6S}.
Nous avons de lui : | de» note* sur Ln'
tulle. TUmtle et Properc» . Fiancfuii.
ICIS , 10-4" ; 1 une iéiHen d« Conttliui
58.
GED
378
GED
Sepos , avec une chronologie cl dos com-
mentaires, Ainslerdam, 1662, in-d2; | Ci-
Céron^ Ovide, Qaintilien , Rufin, etc.,
corrigés sur les manuscrits de la biblio-
thèque palatine, Hanau , i615 , in-i" ;
i des poésies , Groniiigue , 1618 , in-12 ,
estimées. On a une vie de Gebliardt par
André son frère , Gronîngue, 1633, in-4°.
GÉDALIAH , iFameux rabbin, mort en
4448 , a fait une chaîne de Tradition de-
puis Adam jusqu'à l'an 761 de J.-C. en 2
parties, et une 5^, où il traite de la créa-
lion du monde , Venise , 1587 , 'm-k'\ On
a encore de lui d'autres écrits.
" GEDDES (Alexandre), prêtre ca-
tholique d'Ecosse , né en 1737 , à Rulhven,
dans le comté de Banff , lit sa théologie
à Paris au collège des Ecossais. De retour
dans sa patrie il fut ordonné prêtre à
Dundee , et devint chapelain du comte de
Traquaire ; après avoir séjourné de nou-
veau quelque temps à Paris , il fut pré-
posé à la congrégation d'Auchinhalrig,
dans le comté de Banff. S'étant lié im-
prudemment avec des grands seigneurs
et des gens de lettres accoutumés à parler
légèrement des matières de religion, il
adopta auprès d'eux des sentimens qui ne
convenaient guère à son état , et, comme
il entendit mal les observations que son
évêque lui adressa, il quitta bientôt sa
congrégation, et vint à Londres où il fut
obligé encore pendant quelque temps de
remplir les devoirs de chapelain : mais eu
1782 il quitta ses fonctions ecclésiastiques
pour se livrer entièrement aux lettres. Le
premier fruit de sa plume fut un»; tra-
duction des Satires d'Horace , qui fut
bien accueillie. II s'occupait depuis long-
temps d'une traduction de la Bible , et il
publia successivement de 1792 à 1797 le
Pentateitque , Josué , les Juges, Samuel,
les Rois. Cet ouvrage excita un violent
orage contre lui , parce qu'il combattait
formellement l'inspiration entière de l'E-
critiu'e, et qu'il insinua que les écrivains
sacrés rapportent quchiuafois des faits
contraires à la raison. Ses Remarques cri-
tiques qu'il donna en 1800 ne firent qu'aug-
menter lo mécontenicment public : les
évêques défendirent l'usage de sa traduc-
tion. Aux censures quil reçut , à la siis-
pense qui fut prononcée contre lui , il ne
répondit que par des libelles : il mourut le
26 février 1802. On ne peut pas dire qu'il
fût décidénieut incrédule; mais il avait
des idées peu orthodoxes. Du reste il
avait du savoir , de la littérature et des
connaissances biibliques assez, étendues. Il
était très versé dans les langues anciennes
et modernes. Il a laissé outre les ouvrages
que nous avons cités : ] Carmen seculare
pro Gallicâ gente tyrannidi aristocratie
cœ crepto. , 1790 , in-4° ; | Le premier li-
vre de l'Iliade rendu littéralement en
vers anglais , avec des notes critiques ,
1792, in-S"; | L'Avocat du diable, 1792,
in-4" , écrit satirique contre un lord L"';
I Carmina secularia tria, pro tribus ce-
leberrimis libertatis Gallicte epochis ,
1793 , in-4" ; | Vert-Vert , mis en vers an-
glais , 1793 , in-4" ; | La bataille de B.
(de Bangor ) , ou ^^ Triomphe de l'Eglise.
poème hé roi-comique, 1797, in-8°, en an-
glais; I liardomachia , poema macaro-
nico-latinum , 1800, in-4"; | divers mor
ceauxdans quelques recueils périodiques.
GÉDÉOA' , fils de Joas, de la tribu de
Manassès, et 3*^ juge d'Israël vers l'an 1243
avant J.-C, fut choisi par l'ange du Sei-
gneur pour être le libérateur dlsrael. Gé-
déon, dont Ihumilité était extrême, et
qui prenait d'ailleurs cet ange pour un
homme , eut besoin de voir des miracles
pour croire la vérité de celte mission.
Ayant fait cuire un chevreau pour l'of-
frir, l'ange lui dit d'en mettre la chair et
du pain sans levain dans vme corbeille .
et le jus dans un pot, de l'apporter sous
un chêne , et de verser ce jus sur la chair
qu'il mit sur une pierre. L'ange toucha la
pierre avec une baguette , et il sortit aus-
sitôt de celte pierre un feu qui consuma
la chair et le pain. Gédéon ayant ensuite
étendu sur le soir la toison , il la trouva
le lendemain toute mouillée de la rosée ,
sans en voir sur la terre des environs. Le
lendemain le contraire arriva , la terre
étant mouillée et la toison ne l'étant pas;
Gédéon commença sa mission par abattre
de nuit l'autel de Baal. Il fît sonner en-
suite de la trompette, et vit autour de lui
en peu de temps une armée de 52 mille
hommes, qu'il réduisit à 500, qu'il n'anna
que d'un pot, d'une lampe cachée dans
1 ce pot, et d'une corne de bélier ou d'une
trompette. Gédéon s'avança pendant la
nuit , avec les 500 hommes , avec ordre
de casser tous ensemble leurs pots. L'or-
dre ayant été exécuté à propos, les enne-
mis crurent avoir une g/ande armée à
combattre. Ils toui nèrenl leurs armes les
uns contre les autres : et ceux qui échap-
pèrent à celle boucherie, furent mis en
pièces par les vainqueurs. Gédéon les pour-
suivit , tua de sa propre main Zébée et
Salmana , et délivra la terre de ces hom-
mes féroces ( vojj. JOSUÉ ). « Afin , dit un
CED
379
CED
I rrivaiii moderne , qu'on ne puisse se
incprendrc sur le véritable auteur de la
vicloire. ces libérateurs , choisis pour
affranchir le peuple de Dieu . ne «ont
• pas les plus riches ni les plus ncrrédilcs
> de la nation, ni 1rs plus di$liii(rués |>ar
» leurs talcns et leur expérience. Ou n'ein-
» ploie ni le nombre ni le courage des
<• couibatlaus. ni la force des armes. Par-
» tout Dieu iwrait seul; ou s'il met en
» œuvre quelques moyens , ils sont si fai-
» blés, si méprisables par eux-mêmes, que
» l'on est obligé de reconnaître que c'est
» Dieu qui agit. Si la victoire avait été
» remportée par les voies ordinaires , on
» aurait arrêté les yeux sur les hommes ,
» et oubliant Dieu qu'on ne voyait pas ,
» on leur aurait rapporté toute la gloire
» (les bons succès. Au contraire , la ma-
* nière dont tout est conduit chez- ce peu-
> pie ne laissa aucun lieu à l'équivoque,
» l'on est forcé d'y reconnaître le doigt
» de Dieu. » Les Israélites voulurent don-
ner la couronne à Gédéou , et le procla-
n-.er roi , offrant même la succession au
trône à sa postérité ; mais il refusa, o Non,
■ dit-il, je ne régnerai pas sur vous, ni
» moi ni mes enfans : ce sera le Seigneur
» qui sera votre roi. » Il continua à gou-
verner comme juge, avec beaucoup de
sagesse et d'équité, et mourut dans un
âge avancé, l'an {'ITM avant J.-C, lais-
sant 70 enfans de plusieurs femmes, outre
Abimclech qu'il eut d'une concubine, et
qui tua tous les autres.
GEDICCrS (Si-MON- , docteur en théo-
logie et ministre à Magdebourg, a ré-
]K)ndu sérieusement au traité paradoxal
attribué à Acidalius contre les femmes.
Ce dernier prétendait que les femmes
n'appartiennent iMjinlà l'espèce humaine.
La Defensio sexns mulicbris de Gediccus
a été imprimée pour la première fois en
1593, et se trouve avec l'ouvrage de son
antagoniste, à La Haye, 1642, in-12.
• G£DIKK ( Fréufiiic ;. savant profes-
seur allemand, né le lli janvier 1754 à
Boberow, village du Brandebourg où son
père était pasteur. Dépourvu de toute
ressource, il fut admis dans l'hospice des
orphelins de Zullichaud et y fit ses éludes
avccsucris. Il consacra toute sa vie à
l'instruction publique, dirigea plusieurs
gynmases en Prusse , et devint membre
de l'académie des sciences de Berlin et
du cojnité chargé de perfectionner la lan-
gue allemande. Re<;u docteur en théologie
à la faculté de Halle c« 1771, il voyagea
ensuite en Italie et fut nommé, à son
retour, inspecteur de« écoles de la Prus<se
méridionale et occidentale. Il fonda n
Berlin un séminaire , où sont élevés huit
jeunes gens qui se vouent à la haute in-
struction. Il mourut le ti inni 180r), On \
de lui des traductions allemandes dc4
Oiir s olympique s A<t Pindare. Berlin. 1786,
in-8"; de quatre Dialogues de Platon ( \*s
Crj/o?i, le yl/t'non, et lesdeux /' '
Hiille. 1780 . in-8" ; du Philo* '
phode, Berlin, 1781 , in-8", *' .
recueils de morceaux choisis dans le*
auteurs classiques de sa nation , qui ont
obteini »m grand nombre d'éditions. Il a
aussi donné des morceaux français traduits
en allemand qui ont été accueillis avec
la même faveur. La vie de Gedike par
François Horn se trouve en tète d'un re-
cueil de quelques-uns de ses ouvrages
posthumes, publié à Berlin en 1808.
GÉDOW ( Nicolas ) , né à Orléans
d'une famille noble en 1667 , fut jésuite
pendant dix ans. Rentré dans le monde
avec les agrémens de l'homme d'esprit .
il y plut, et y plut peut-être trop. On a
prétendu que la fameuse Ninon de Len-
clos 1 aima éperdùment , et qu'à 80 ans
elle en vint aux dernières faiblesses ;
mais cette anecdote e^t peu vraisemblable.
11 obtint un canonicat de la Sainte-Cha-
pelle en 1709 , fut reçu à l'académie des
lielles-letlres en 1711 , à l'académie fran-
çaise en 1/16 , et nommé à l'abbaye de
Notre-Dame de Baiigcncy en 1752. Il
mourut au château de Fonl-Pertuis , près
de son abbaye, en 174/t. Ses principaux
ouvrages sont : | \u\e traduction deQuin-
tjien. \n-U" , et en /» vol. in-12 . plusieurs
foLs réimprimée ; la meilleure édition est
celle de Paris , 1802. Ce n'est ptiint une
traduction scrupuleuse et littérale; l'ublir
Gédoyn a traité l'original avec l'assurance
d'un maître qui se donne trop de liberté.
M. Adry en a donné une nouvelle édition,
accompagnée du texte latin , corrigée cl
augmentée , Paris, 1810, 6 vol. in-S"; | tu»c
troiluction de Pausanias, en 2 vol. in-4".
exacte, fidèle, élégante , et ornée de sa-
vantes notes. Klle a été réimprimée à
Amsterdam en 1733 , k vol . in-lî, fig. . M
à Paris , 1794 , 4 vol. in-8". fig. ; IVdilion
d'Amsterdam est la meilleure et la plu«
recherchée. | Oeuvres diverses. Pari».
1745, in-12. C'est un recueil de petileî
dissertations sur des matières de morale
et de lilléralure. en général utiles, écriles
elégammenl,mai«stn"i fmf^** ' PIm'eun
dissertations rui i i rit :
c'est un examen a d.'
GEH
580
GEI
MUton. Examen trop sévère qui parait se
ressentir quelquefois de l'humeur ou de
la prévention , mais où il y a des remar-
ques fort raisonnables.
• GEER ( GnAKi.ES , baron de ) , maré-
chal de la cour de Suède, et commandeur
de l'ordre de Vasa, né à Stockholm en
1720, commença ses études à Utrecht , et
les termina à l'univers^ité d'Upsal. Il suivit
avec assiduité les cours de Colsius, de Klin-
genstiern et du célèbre Linnée. Il lit le
plus noble usage de sa fortune en se livrant
à des actes mulUpliés de bienfaisance, et
prenant part à toutes les entreprises utiles
pour son pays. Il a publié en français un
grand nombre d'observations sur les in-
sectes, sous ce titre : Mémoires pour ser-
vir à l'histoire des i/isectes ^ Stockholm ,
4752-78 , 7 vol. in-4°, lig. Ces mémoires ,
rédigés avec plus de méthode que ceux
de Réaumur , sont très recherchés ; c'est
un des ouvrages les plus clairs , les plus
profonds et les plus riches en faits et en
observations qu'on ait sur les insectes.
Géer mourut le 28 mars 1778 .
GEIIA\-GllIRou DJIHAN-GUYR , roi
des Indes , commença à régner en 1604 ,
et mourut en 1028. Deux de ses fils déjà
avancés en âge , dont l'aîné se nommait
Kosrou et le cadet Kourom , ennuyés de
la longueur du règne de leur père , firent
tous leurs efforts pour monter sur le trône
pendant sa vie. Kosrou le va une puissante
armée ; mais il fut vaincu et fait prison-
nier, avec les seigneurs qui avaient suivi
son parti. Son père ne voulant pas le faire
mourir , se contenta de lui ôter la vue
avec un fer chaud. Il le ganla auprès de
lui , dans le dessein de laisser le royaume
à Bolaki, fils aîné de ce prince rebelle.
Cependant Kourom, qui employait tout
son crédit pour se faire roi , attira dans
son gouvernement de Decan , son frère
aîné Kosrou, comme dans un lieu où il
vivrait avec plus de douceur, et trouva
le moyen de s'en défaire secrètement.
Après sa mort il forma le dessein de dé-
trôner son père. Gehau-Guir marcha au
devant de ce fils rebelle, avec une armée
fort nombreuse ; mais il mourut en che-
min, après avoir recommandé son pelit-
tils Bolaki à Souf-Kan , généralissime de
ses armées, et son premier ministre d'état.
Souf-Kan avait donné sa fille à Kourom ;
il trahit les intérêts de Bolaki , légitime
successeur de la couronne , et mit son
gendre sur le trône.
• GEIILER ( jEAX-CiiAitLES ) , célèbre
médecin-accoucheur, et professeur à l'u-
niversité de Leipsick, né à Gorlitz lé 17
mai 1732, fut reçu docteur en 1758, et alla
voyager en Allemagne et en Suisse. De
retour à Leipsick , il se livra à l'enseigne-
ment , et fut le premier qui donna dans
cette université des leçons particulières
sur la minéralogie. En 1762 il fut nommé
professeur extraordinaire de botanique .
et en 1773 professeur de physiologie. Il
mourut le 6 mai 1790, après avoir publié
un grand nombre de dissertations et
mémoires sur différens objets relatifs aux
sciences naturelles. La première a pour
titre De caracteribus fossilium exlernis ,
1757, in-i". On trouve l'énuinération des
autres dans Meusel. On a encore de lui
un recueil de plusieurs mémoires concer-
nant l'art des accouc/iemens^en allemand,
Leipsick, 1798 , 2 vol. in-8° , et une tra-
duction allemande de la Chimie expéri-
mentale et raisonnéc de Baume.
•GEIILER (Jcaîv-SamuelTRAUGOTT),
physicien, frère du précédent , né à Gor-
litzen 1751 , s'adonna particulièrement à
l'étude des mathématiques, de la chimie,
de la physique , des lettres et de la jurFs-
prudence. Il professa les mathématiques ,
fut reçu docteur en droit, puis entra dans
la magistrature , et fut nommé sénateur
de la ville de Leipsick et assesseur de la
haute cour de justice. Il n'en continua pas
moins ses travaux scientifiques , et ter-
mina sa carrière en octobre 1795. On lui
doit : I Dissertatio historiée logarilhmo-
rum naturalium primordia , 1776, in-a.°;
I Dissertatio inauguralis de lœsione emp-
toris ultra dimidium rectè computandâ ,
1777, in-i° ; | un Dictionnaire de phy-
sique, en allemand, U. vol. in-8'* , 1787-91.
II a traduit , en allemand , les Recherches
sur les modifications de l'atmosphère ,
par de Luc, 2 vol. in-8'* ; les Lettres phy-
siques et mo7-ales sur l'histoire de là
terre et de l'homme, par le même , 2 vol.
in -8°; la Description des expériences
faites avec les machines aérostatiques ,
par Faujas de Saint-Fond, 2 vol. in-8° ;
la Philosophie chimique de Fourcroy , in-
8", etc.
GEIER ( Martin ) , théologien luthé-
rien, professeur en hébreu , ministre de
Saint-Thomas , prédicateur , confesseiu-
et membre des conseils ecclésiastiques de
l'électeur de Saxe , était né à Leipsick en
1614 , et mourut en 1681 , h 67 ans. On a
de lui : | des commentaires en latin sur
VItcclésiaste. les Proverbes. Daniel et 1er,
Psaumes; \ un traité en latin sur le deuil
de& HéUreux. \ Plusieurs autres ouvrages,
GEL
381
GEL
pleins d'érudition. Oa les a recueillis à
AiiisU'rdam , 1695, en 3 vol. in-fol.
r>F.I.\OZ ( Fra>vois ), membre do l'a-
radomie des bcUcs-lctlrc» , et aumônier
de la compa(pitc {jéiiéralc des Suisses ,
t'tait ne en 16% à Bulle , peUto ville dans
le canton de Fribourg, et mouiul en 1752
à Paris, à 56 ans. C'élail un homme très
estimable par ses vastes connaissances, et
surtout par sa probité : il avait la candeur
de son pays. On a de lui des dissertations
dans les mémoires de l'académie des belles-
lettres. Elles roulent presque toutes sur
Hérodote. Ce savant académicien prépa-
rait une nouvelle édition de ce Père de
l'histoire grecque, ou si l'on veut, des fa-
bles de l'histoire grecque, corrigée sur les
manuscrits de la bibliothèque du roi. On
peut voir un éloge plus étendu de l'abbé
GeinoL , dans l'Histoire militaire des
Suisses au service de France ^ par M. le
baron de Zurlauben.
GELAIS ( saint), f^oy. SAINT-GELAIS
( OcTAviEN et Meux de ).
GELASE 1" (saint), pape africain, suc-
cesseur de Félix III en mars /»92 , fut oc-
cupe, comme son prédécesseur , des trou-
bles de l'église d'Orient, et ne put les ter-
miner. 11 refusa constamment sa commu-
nion à Euphémius , patriarche de Con-
stantinople, qui ne voulait point condam-
ner publiquement la ménwire d'Acace.
Gélase convoqua à Rome , en 494 , un
concile de 70 é véques. On y lit un catalogue
des Ecritures saintes , conforme à celui
que l'église catholique reçoit aujourd'hui.
On nomme avec distinction dans les actes
du concile , plusieurs Pères de l'Eglise,
parmi lesquels on compte saint Cyprien ,
saintAlhanase, saint Grégoire d(;Nazianze,
saint Cyrille d'Alexandrie , saint Jean-
(^hrysostôme , saint Ambroise , saint Au-
gustin . saint Hilairc , saint Jérôme et
saint Prosper. Le pieux pontife mourut
le 21 novembre 496, laissant entre autres
écrits, un traité contre Eutycfiès et Nesto-
vius, que nous avons ; et des lettres qui
ont servi à Baron ius]K)ur écrire l'histoire
de ce temps. Il avait aussi composé des
hymnes^ des préfaces eida oraisons pour
le saint sacritice et pour l'administration
(!fs sacremcns. On lui a attribué un ancien
Sacramentaire de V église romaine, qui
contient toutes les n)csses de l'anuée , et
U'S formules des sacremcns. Il est le pre-
mier qui ait fixé les ordinations aux quatre-
(cmps. Denis le Petit , dans sa littre au
prêtre Julien , insérée dans la Collection
romaine de Hoblénius, fait de Gclasc un
éiogo magnifique, c Les moeurs de ce pon-
• tife , dit un historien . honorèrent son
« savoir et ses lalens. Il était d'une raro
» piété, donnait à la prière ou a de saints
» entretiens, avec les plus dignes serviteur»
B de Dieu, tout le temps qui lui restait de
» ses fonctions su))limes. Elevé à la dignité
» la plus émincnte , Il la regardait coiu
» le plus pesant fardeau , et comme
» vraie servitude , qui le rendait coinpla-
B ble envers tout le monde. Il nourrissait
» tous les pauvres qu'il pouvait découvrir,
» vivait lui-même en pauvre, et dans la
p pratique des austérités les plus rigou-
» reuses. «Saint Anastasell lui succéda.
GELASE II ( Jea:« de GAÈTE ), chan-
celier de l'église romaine et cardinal, fut
élu pape en lil8 , et succéda à Pascal II.
Cencio, consul de Rome, marquis de
Frangipani, dévoué à l'empereur Henri
V, et excité par lui ( d'autres disent que
ce fut Henri en personne ) , entre dans
le conclave l'épée à la main , donne aux
cardinaux des coups de pied à droite et à
gauche ; saisit le nouveau pontife à la
gorge, et l'accable de coups. Celte férocité
brutale met la consternation dans Rome ,
et Henri i>ousSjtnt s? pointe, fait donner
la couronne pontificale à Buurdin, arche-
vêque de Briigne , qui prit le nom de Gré-
goire YIII. Gélase II se relira d'abord à
Gaète, où il fut sacré ; puis à Capoue. où
il excommunia dans un concile cet anti-
pape, et celui qui l'avait fait élire. llpa>sa
ensuite en France, assembla un concile à
"Vienne, et mourut à l'abbaye de Cluny ,
qu'il édifia par des mœurs pures et une
mort sainte. Il expira le 29 janvier 1119,
après une année de pontificat. On ne peut
s'empêcher de remarquer ici que les histo-
riens modernes, en parlant des difft rends
des papes et des empereurs, ne font pua
observer les torts de cesderniers, quoique
les papes ne se soient jamais portés à des
violences comparables à celles que Henri
exerça envers le pieux et modeste Gélase.
[foyez LOUIS V, empereur. )
GELASE de Cynique, auteur grec du V
siècle, a écrit V histoire du concile dé A'i-
cée , tenu en 325. Celte histoire n'w!
qu'un roman au jugement li' -
critiques ; du moins tians plu-
nes'accorde-t-elle pas avec h - ^
relations les plus dignes de foi. Le con-
tenu en est du reste très sage et ortho-
doxe : il parait même que l'auteur a xuulu
prévenir des objections, cl fermer quel-
que.» érliappatoires à l'erreur, cl que r'cAl
ce qui lui a fait un peu brodcnonUiHoir*-
GEL
582
GEL
C'est ainsi qu'il fait prononcer le concile
sur la divinité du Saint-Esprit, quoique,
selon les actes reconnus, il n'ait parlé que
du Verbe , parce que cela suffisait ; la di-
vinité du Fils, selon la remarque de saint
Augustin, établissait celle du Saint-Esprit,
que les ariens ne croyaient pas être infé-
rieur au Verbe {voyez le Cath. phil. t. 3,
n° 433). On la trouve dans la Collection
des conciles. On l'a aussi imprimée sépa-
rément en grec et en latin, Paris , 1599,
in-8°.
GELDENIIAUR ( Gérard ) , historien
et théologien de Nimègue , fut d'abord
chanoine régulier de l'ordre de Sainte-
Croix , secrétaire et lecteur de Tévêque
d'Utrecht. Il quilta l'église catholique pour
le luthéranisme, et surtout pour une
femme , qui avait fait plus d'impression
sur son cœur que les opinions de Luther
sur son esprit. Il fut professeur d'histoire
à Marpurg pendant quelques années.
Voulant se rendre de là à Wittenberg, il
fut assassiné par des voleurs en 1542 , à
50 ans. Erasme son ami , outré de son
changement, écrivit contre lui. On doit à
cet écrivain , une Histoire de Hollande ,
Leyde, 1611, et Harlem, 1650. Il y a beau-
coup de recherches , mais peu de sincé-
rité, comme on peut s'en convaincre par
ce qu'il dit de Philippe de Bourgogne ,
évéque d'Utrecht. On ne parlera point de
quelques ouvrages de controverse ; l'au-
teur ne les a écrits que pour donner un
air de raison à son apostasie.
GELÉE (Claude ), dit Claude Lorrain^
né en 1600> au château de Chamagne dans
le diocèse de Toul , de parens fort pau-
vres, parut presque stupide dans son en-
fance. On l'envoya vainement à l'école ;
il n'y put rien apprendre. On le mit chez
un pâtissier , chez lequel il n'eut pas plus
de succès. Sa seule ressource fut de se
mettre à la suite de quelques jeunes gens
qui allaient à Rome. Augustin Tassi ,
peintre célèbre , le trouva assez, bon pour
lui broyer ses couleurs, soigner son che-
val et faire sa petite cuisine. Il le prît à
«on service, et lui donna quelques leçons
de peinture. Gelée n'y put d'abord rien
comprendre ; mais les semences de l'art
«e développèrent peu à peu, et il devint le
premier paysagiste de l'Europe. Il est une
preuve de ce que peut la constance du tra-
vail contre la pesanteur de l'esprit. Ce
peintre mourut à Rome en 1682. Plusieurs
critiques ont refusé d'ajouter foi à ce
récit : ils suivent la version de Bal-
tiiaucci qui s'appuie sur le témoignage
du neveu de ce grand artiste. Devenu
orphelin à l'âge de 12 ans , Claude Gelée
alla joindre à Fribourg un de ses frères ,
graveur en bois , apprit sous lui les pre-
miers élémens du dessin , et se rendit
ensuite à Rome , puis à Naples , vivant
du produit de son travail , quand il ne
pouvait recevoir de son pays la rente mo-
dique qui constituait toute sa fortune,
Il suivit pendant deux ans dans cette der-
nière ville les leçons d'architecture et de
perspective de Goffredi , bon peintre de
paysages, et retourna ensuite à Rome
où il s'attacha à Tassi. Il revint dans sa
patrie où il ne resta qu'un an , pendant
lequel il peignit à Nancy l'architecture
de l'église des carmélites. Dégoûté de ce
genre de travail qui ri'est pas sans pé-
ril , il alla passer le reste de ses jours à
Rome où il forma et dirigea pendant
plus de 20 ans une école d'où sont sortis
des artistes distingués. Aucun peintre
n'a mis plus de fraîcheur dans ses teintes,
n'a exprimé avec plus de vérité les diffé-
rentes heures du jour , et n'a mieux en-
tendu la perspective aérienne. Il n'avait
point de talent pour peindre les figures.
Celles qu'on voit dans ses paysages sont
de Philippe Lauri ou de Courtois. Ses
dessins sont admirables pour le clair-ob-
scur ; on y trouve la couleur et l'effet
des tableaux. Gelée a gravé plusieurs mor-
ceaux à l'eau-forte avec beaucoup d'art. Le
musée du Louvre possède plusieurs de
ses tableaux. On regarde comme des chefs-
d'œuvre le sacre de David, le débarque-
ment de Cléopâtrcj la fête villageoise , la
vue d'un port de mer au soleil couchant.
GELÉE ( Théophile ) , médecin de
Dieppe, mort en 1650, excella dans la
théorie et dans la pratique de son art. Il
est auteur d'un excellent Abrégé d'anatO'
mie. réimprimé avec des augmentations,
en 1656 , et 1742 , in-8°, à Paris ; et d'une
traduction des OEuvres d'André du
Lauretis . imprimée à Rouen , en 1661 ,
in-folio , avec figures.
GELIOT ( LouvAN ) , auteur du 17* siè-
cle , connu par un ouvrage sur l'art héral-
dique , intitulé : La vraie et parfaite
science des armoiries. Pierre Palliot
l'augmenta, et le fit imprimer à Dijon,
in-fol. , 1660. Les curieux le recherchent
encore.
GELLERT ( Christian FURCHTE-
GOTT), professeur de philosophie à Leip-
sick , né à Haynichen , bourg entre Frey-
bergetChemnitz (Saxe),en 1715, mourut
te 13 décembre 1769. H eut un grand nouie-
GEL
383
GEL
hre de disciples , el se fil un nom célèbre
ii«i)S sa patrie. Il est moins connu chcx
les étrangers connue professeur de plulo-
9ophic, que comme fabuliste et littéra-
teur. Les AUeiuands le placent au rang de
leurs meilleurs |M)ètes. Nous avons de
lui : I des fables el des contes . traduits
dans presque toutes les langues , et plu-
sieurs fois en français , entre atitres par
Toussaint „ et en vers par Boulanger de
Rivcry. On reproche à Gellerl d'être q»fcl-
quefois monotome et diffus , et de ne pas
osset respecter les mœurs , quoiqu'à cet
égard il soit plus réservé que beaucoup
d'autres : on a dit pour l'excuser, que la
licence tient en quelque sorte à la nature
des contes ; si cela était , la réponse serait
fort simple, c'est qu'il ne faut pas faire de
contes. I Un Recueil de cantiques. Il y a
du sentiment, de l'élévation el de la bonne
poésie ; la langue allemande prend sous
sa plume des tournures avantageuses , cl
déploie des richesses long-lcmps incon-
nues. I Des comédies : celle intitulée la
Dévote , est remplie d'idées cl d'expres-
sions triviales , moins propre à corriger
la fausse déTOtion, qu'à ridiculiser la vé-
ritable. \\izi poésies morales didactiques;
I des Œuvres mêlées; \ des Dissertations
de littérature et de morale ; \ des lettres ,
traduites en français par M. Huber el par
M""= de Ladite ; | des leçons de morale, pu-
bliées après sa mort par Schleger , et tra-
«luites en français par Pajon, qui y a joint
(les réflexions sur la personne el les écrits
de l'auteur. Ses OEuvres complètes ont
été imprimées à Leipsick, 1766, 10 vol.
in-12; Berne, 1769, 10 vol. in-12 ; Franc-
fort, 1770, /i vol. grand in-8", cl Leipsick,
1776 et 1784. Ces deux dernières éditions
sont les plus complètes.
• GELLEUT (CHBisrMEB EHREGOTT ),
frère aîné du précédent, né à Haynichen
en 1713 , commença ses études à Meisson
et les adieva à l'université de Leipsick. Il
passa en Russie où il fut professeur el
ensuite adjoint à l'académie de Saint-Pé-
tersbourg. Pendant son séjour dans cette
ville , il s'adonna particulièrement à l'é-
tude de la chimie, de la physique et de la
métallurgie; il revint en Saxe en 1747, et
donna à Freiberg des cours de minéralo-
gie. Il fut nommé successivement con-
seiller-commissionné aux mines (1753),
rliargé de l'inspection des machines, de
l'examen des fontes et de celui des miné-
raux de la Saxe , administrateur en chef
des fonderies et forge* à Freiberg, pro-
fesseur de métallurgie à l'académie de»
mines établies dans la même ville, et enfin
en 1782 cons<>iIler effectif des mines. Gel-
lerl a le prcnier introduit, en grand , le
procédé du départ des métaux par amal-
gamation , non par la manière de M. de
Born qui emploie le feu , mais par une
méthode qiii lui est propre : ses recher-
ches métallurgiques ont fait faire un
grand pas à la science. II est mort le 17»
mai 170.'». Ses ouvrages, écrits en alle-
mand sont : I Elémens de la docimasie ,
exposés selon les principes de la théorie
et de la pratiqua, par J. A. Cramer, tra-
duits du latin, 1746 et 1766, in-8^ fi{î ;
I Elémens de la chimie métallurgique .
considérés sous le rapport de la théorie
et de la pratique , 1730 et 1776 , in-S";
I Elémens de la docimasie, ou tome 2
de la chimie métallurgique pratique, 17.')3
et 1772 , in-S", fig. II démontre dans cet
ouvrage différens procédés pour essayer
les métaux avec certitude. Il a été tra-
duit en français par le baron d'Holbach ,
Paris, 1758, 2 vol. in-12; et en anglais par
J. G. S., Londres, 1776, in-8°.
GELLI ( Jeax-Baptiste), poète floren-
tin, avait une condition inférieure à son
esprit : il était tailleur ou chaussetier. Il
fut un des orncmens de l'académie de gli
Umidi de Florence, cl en fut regardé
comme le restaurateur, par la réputation
que ses ouvrages donnèrent à cette com-
pagnie. Les principaux sont : | des dia-
logues, faits sur le modèle de ceux de Lu-
cien; ils plurent beaucoup aux lecteurs
qui attachent assez de prix aux bons mots,
pour leur sacrifier le sentiment de la
vertu. Leur titre est : Caprici del Bottaio
Fiorcnza, 1549 ou 1551, in-8°. Ils ont été
traduits en français sous le titre de Dis-
cours fantastiques de Justin Tonnellier .
par Cl. de Kcrquisinen, Paris, 1575, in-16.
I La Circé; elle a aussi été traduite en
français assez, mal, en 1680, in-12; | une
version italienne du Traité latin des cou-
leurs diQ Porzio, Florence, 1531,in-8°;
I deux comédies. Gelli mourut en 1563 ,
à 64 ans.
GELLIUS ( AoLUS ). yoyex AULU-
GELLE.
GELMI ( Jeax-Ajitoi:«e}, poète de Vé-
rone, florissait dans le 16* siècle. II a
pubUé des sonnets italiens et d aulrrs
poésies, où l'on remarque un goul fin el
délicat. On dit qu il faisait ses pièces sur-
le-champ.
GEfX)\, fil' ^'^ Dinomrnc, s empara
de l'autorité do Syracuse. r»n 4«* yânl
J.-C. , après avoir abandonné à son frer»
GEL
58ii
GEL
Miéron, Gela, ville de Sicile sa patrie. Cet
usurpateur avait les qualités d'un héros
et les vertus d'un roi. Il remporta une
victoire considérable près d'Himère sur
les Carthaginois , commandés par Amil-
car. La fortune, au lieu de l'enorgueillir ,
le rendit plus doux , plus affable , plus
humain. Il alla sans armes dans l'assem-
blée des Syracusains, justifia sa conduite ,
et fut élu roi, d'une voix unanime. Il
mourut l'an 479 avant J.-C, après 7 ans
de règne , pleuré comme un père. On lui
éleva un superbe monument, environné
de 9 tours d'une hauteur prodigieuse , et
on lui décerna les honneurs qu'on ren-
dait alors aux demi-dieux.
• GÉLU ( Jacques ), archevêque d'Em-
brun, naquit vers 1570 , à Yvoy , ancienne
ville du duché de Luxembourg , appelée
Carignan, dans les Ardennes. Il vint faire
ses études à l'université de Paris, y reçut
le grade de bachelier es-décrets, prit ses
licences à Orléans , et , de retour dans la
capitale , obtint la chaire de théologie.
Le bruit de ses taleus s'étant répandu, le
duc d'Orléans , frère de Charles VI , le
nomma maître des requêtes de son hôtel,
cl quelque temps après, une charge de
conseiller au parlement étant venue à va-
quer , Gélu se présenta au concours , et
obtint cette place parmi quatorze autres
concurrens. Il existait alors une espèce
de guerre intestine entre les ducs de Bour-
gogne et d'Orléans ; ce dernier prince en
fut la première victime , et fut assassiné
à Paris , le 23 novembre 1407, par ordre
de Jean sans Peur ^ duc de Bourgogne ,
oncle du roi. Gélu perdit en ce prince un
protecteur et un ami; mais Charles VI
récompensa les services de Gélu, en l'at-
tachant au service de ses trois fils, qui
portèrent successivement le titre de dau-
phin. Gélu fut en même temps nommé
président de la province de Dauphiné.
Le concile de Constance, tenu en 1414, le
nomma à l'archevêché de Tours; Gélu se
rendit au concile, qui le chargea, conjoin-
tement avec d'autres ecclésiastiques , de
la mission difficile d'aller demander à
l'antipape, Pierre de Lune ( connu sous le
nom de Benoit XIII), son abdication. Par
suite de son refus obstiné , le concile élut
un autre pape , et, dans le scrutin , Gélu
eut plusieurs voix en sa faveur. Il revint
à Paris, en 1418 ; mais le duc de Bourgo-
gne, qui haïssait Gélu, comme ancien
protégé du duc d'Orléans , s'y trouvant
dans ce moment, il fut obligé de se cacher
pour échapper aux dangers qui le mena-
çaient. Ce fut par suite de la guerre dé-
clarée (en 1419) par le duc de Bourgogne,
qui venait de faire un horrible massacre
des Jrmagnacs ( ou partisans du duc
d'Orléans), que le dauphin, depuis Charles
VII, envoya Gélu en Castille demander à
Jean II des secours que ce monarque ac-
corda aux éloquentes sollicitations de cet
évêque. Il fut chargé d'une autre mission
non moins importante par le pape Mar-
tin V , élu au concile de Constance , et
dont l'objet était de concilier les diffé-
rends survenus entre le roi d'Aragon ,
Alphonse V, et Louis III d'Anjou, qui pré-
tendaient à la couronne de Naples , après
la mort de Jeanne IL Gélu se rendit à
Naples auprès de cette princesse , qu'il fit
entrer dans ses vues pacifiques , mais il
ne put rien obtenir des deux puissans et
ambitieux rivaux. Gélu avait été chanoine
à Embrun, dont il fut élu archevêque , en
1427, par le clergé de ce diocèse, qui con-
naissait ses talens et ses vertus. Il quitta
alors la cour , et se dévoua entièrement
aux devoirs de son saint ministère. Il
mourut dans un âge très avancé, l'an 1432.
Il a laissé : | Apologie pour l'empereur
Sigismond, le roi d'Aragon et les ambas-
sadeurs du concile contre l'antipape Be-
noit Xlll. Gélu adressa à l'Eglise univer-
selle cet écrit , qui mérita l'approbation
du concile de Constance , et servit beau-
coup à détacher de Pierre de Lune, dont
il fit connaître les artifices , ceux qui s'é-
taient déclarés ses partisans. Gélu eut
ainsi l'honneur de contribuer à l'extinc-
tion du schisme. | Vita Jacohi Gelu.ad
annum 1421, ah ipso conscripta. Cette
pièce curieuse, rédigée de la main de Gé-
lu, est comme un mémoire des principaux
événemens de sa vie. Il est écrit sur le
revers de la couverture et s\ir quelques
feuillets blancs d'un manuscrit du décret
de Gratien . qu'on conserve dans les ar-
chives de l'église de Tours. A la fin de
chacun des dix-huit articles que contient
ce mémorial, Gélu loue et remercie Dieu
des grâces qu'il en a reçues. On trouve
cette pièce dans le Thésaurus anecdoto-
rum de don Martène , page 1747. Gélu
était contemporain de la célèbre Pucelle
d'Orléans, dont la valeur et l'enthou-
siasme étaient l'objet de l'admiration gé-
nérale. Charles VII , non moins surpris
que les autres , voulut avoir l'avis de ce
prélat, pour savoir si, en effet, la mission
de Jeanne d'Arc était divine. II lui fit à
ce sujet cinq questions , auxquelles Gélu
répondit par l'écrit suivant ; | Jacobi Gelu
GE^
38S
GEM
ministtn ( archicpiscopi ) ebrodunmais ,
de Puella attrclianensi disserlatio. Ce
nianuscrit sur papier vélin était dans la
bibliothèque de Ducan(^c. et se trouve
aclucUcmcnt dans la bibliollu*quc du roi ,
un tome 4, n" ()I99; | Renan ah anleces-
'iorihus in rcrlrsia cbrodunensi gcstarum
bre\.'c compt'ndium. Gélu avait de prt>-
fondcs connaissances, particxilièrcnient
sur les matières ecclésiastiques; ce qui,
dans les temps d'ignorance où il vivait,
le rendait comme un oracle infaillible
que l'on s'empressait de consulter. Sa
pieté n'était pas moindre que son savoir,
et il gouverna son diocèse avec la même
prudence qu'il avait montrée dans ses
missions politiques. Né avec un cœur juste,
il eut la douleur de voir immoler l'héroï-
que libératrice d'Orléans , qui fut brûlée
en 1431.
*r.E.>lELLI-CARERI( Jean-François),
voyageur célèbre , né à Naples en 1651 ,
d'une famille qui tenait un rang distin-
gué. Dévoré par la passion des voyages,
il quitta la maison paternelle, après avoir
obtenu le grade de docteur en droit , et
l>arcourut l'Italie, la France, l'Angleterre,
la Belgique , la Hollande et l'Allemagne.
Il servit comme volontaire en Hongrie,
et visita ensuite le Portugal , FEspagnc ,
et revint par Genève , dans sa patrie
en 1689. Ce tour d Europe lui ût naître
lu désir de faire celui du monde par
ttrre; des chagrins domestiques con-
tribuèrent aussi à lui inspirer ce projet.
11 quitta donc Napl&s le 15 juin 16<J5 , et
n'y rentra que le 31 décembre 1698. Il
s'était rendu à Malte , ensuite à Alexan-
drie, et après avoir visité les antiquités
de la haute Egypte, il avait aussi parcouru
la Syrie, la Palestine, une partie des côtes
de l'Asie mineure, et de la Turquie d'Eu-
rope : il était revenu en Asie par la mer
Noire , avait traversé les montagnes de
l'Arménie, la Géorgie, la Perse, visité I$-
pahan, Scbiras, les ruines de Persêpolis,
passé dans l'Indostan et s'était fait pré-
senter au célèbre Aurcng-Zeb. Peu de
temps après, profitant d'un navire por-
tugais destiné pour la Chine, il s'était
rendu de Goa à Marao, puis à Péking, où
il obtint une audience de l'empereur. Il
lit une excursion jusqu'à la grande mu-
raille qui sépare la Chine de la Tartario
septentrionale, revint à Macao,pdSsaà
Manille, de là à Acapulco, visita le Mexi-
que, rile de Cuba, et vint débarquer à
Cadix en 1698. A soo retour à Naples . A
t'occupa de rédiger la relation de soo
5.
voyage, qu'il publia aoai ce titre : Gin
df l mondo {Tour du wn-'- ' •":•.- i—f)
et 1700, 6 vol. in-12 I
en 1708 et 1721 avec d.
et traduit en français |>ur Dubois du 6ain^
Gelais, Paris, 1719, 6 \oI. in-12. giioique
Gemelli no soit pas très profond ol
teur, son Voyage ne laisse pas que
beaucoup de ciioses prerieusi-s » t
velles , surtout sur les Philippines et le
Mexique. On a encore de lui : yiaggj dt
Kuropa. Naples, 1701,2 vol. ln-8". Ce
Voyage, divisé en lettres, n'est pas d'un
grand intérêt ; on y trouve cependant des
particularités assez curieuse.s. On ignore
l'époque de sa mort.
• GEUIM VM ( Fka:«çois ), musicien ,
né à Lucqucs en 1680, mort à Dublin en
1762, fut un des premiers violons de son
temps. Il séjourna long-temps à Londres,
et y publia ses ouvra^jcs théoriques :
I Traité du bon goiïl et règles pour exé-
cuter avec goût ; \ Leçons pour le clave-
cin ; I L'art déjouer du violon . avec de»
règles nécessaires pour la perfection, etc.
Sieber lils en a donné une nouvelle édi-
tion en 1801. I h\-lrt d'accompagnement
ou Méthode nouvelle pour exécuter pro-
prement et avec goût la bassc^<onlinue
sur le clavecin; Ixjndres, 1742; | Guide
ou Dictionnaire harmonique pour l'har-
monie et la modulation, ib., 1742. Il a été
traduit en français , Paris , 1756. La Mé-
thode de Géminiani , pour jouer du
violon, a été considérablement simpli-
fiée par les compositeurs qui lui ont suc-
cédé, et notamment par le célèbre Nardini.
GEMLSTE (Georges), surnommé /Y^-
thon. philosophe platonicien, se retira à La
cour de Florence, alors l'a.-sile des lettres,
après la prise de Constantinople sa patrie,
par les Turcs. H s'était trouvé au concilo
de Florence en 1438. et y avait brillé par
l'étendue de ses lumières et la prudence
de son caractère. Il mourut âge de près
de cent ans, laissant plusieurs ouvrages :
I Commentaires sur les oracle» magiques
de Zoroastre . Paris, 1599 . in-8", gnc et
latin : livre d'une érudition profonde,
mais quelquefois frivole. | Plusieurs trai-
tés lii ■ . qui décèlent une vaste
coDii l'histoire i;rerquc : tclU
est Liti // di; ce qui a tuivt la bo'
taille de .Vantvue . avec dt's éclaircutf
mens sur Thucydide . \rx\\%c . 1503 . in-
folio; j un Trmie Jr la ' '' 'e iH»-
lon et d'Jnstnte .Vax S* : il
penche bc.-iucotip ver» l" ^ >
GEUM A ( HiibXiK» ), U*4 fnttm on le
GEIV 5
F7-ison, parce qu'il était né ( 1508 ) à
Dockum dans la Frise, professa la rnéde-
rine avec succès à Louvain, et mourut
iJans cette ville en do53 , à 47 ans. Il pas-
sait pour un des plus habiles astronomes
de son temps , et donna plusieurs ouvra-
ges de malhématiques, entre autres : [ une
Mappemonde j bonne pour son temps. Il
la dédia à l'empereur Charles-Quint , qui
y trouva une faute en la parcourant : l'au-
teur profila de cette correction ; | Melho-
dus arilhmeticœ ^ in-8°; | De usu annuli
astronomici ^ etc.
GEMi>IA ( CoRXEiLLE ), fils da précé-
dent, né à Louvain en 1S55, fut reçu
docteur en médecine en 1370. Il y ensei-
gna avec réputation celte science, et fut
aussi célèbre astronome que son père. Il
mourut en 1S79. On a de lui : j De arte
cycloqnomica, Anvers, 1569, 3 vol. in-i°;
I Cosmocritice j seu de Naturce divinis
characlerismis ^ Anvers , 1575 , in - 8".
C'est xm tableau des merveilles de la na-
ture dont l'auteur a profondément saisi la
marche et le but. Il y a des réflexions ad-
mirables, exprimées avec un langage de
sentiment qui touche autant qu'il instruit
\Q\cc\Q\iT.\Deprodi(jiosacometœ specie ac
natuîYi anni 1577, Anvers, 1578. C'était un
homme vertueux et fortement attaché
aux bons principes ; ses ouvrages se font
lire avec plaisir et avec fruit. On y trouve
([uelques erreurs physiques alors univer-
sellement reçues, mais en petit nombre ,
et d'une conséquence bien moindre que
celles dont fourmillent les livres de phy-
sique les plus vantés dans ce siècle su-
perficiel et suffisant, où nous jugeons si
sévèrement nos pères et nos maîtres. Sa
latinité est en général très pure , son style
élégant et sonore. Beyerling lui fit cette
épitaphe :
Qui» lapis hic? Gemmes Gemmam lapis an tegit ,
inquis ?
At tondi in Gemma àchuerat potius,
.^on ila : nam qiisevis tniaor illo Gemma fiiiiset,
El posilo Gemma, Gemma fit islc lapis.
GENDRE (Louis Le ), né en 1059 à
Rouen , d'une famille obscure , s'attacha
à François de Harlay . alors archevêque
de cette ville , et qui dans la suite le fut
de Paris. Ce prélat lui donna un cano-
nicat de Notre-Dame en 1690 ; l'abbé Le
Gendre lui dut plusieurs autres bienfaits,
et n'eu perdit point le souvenir. Il mou-
rut en 1733, à 74 ans. Il avait, depuis
J724 , l'abbaye de Claire-Fontaine au dio-
cèse de Chartres. On lui est redevable de
plusieurs ouvrages, dont les principaux
S6 GEIV
sont : I Histoire de France^ contenant
l'histoire des rois jusqu'à la mort de
Louis XIII; les mœurs et coutumes de
la nation dans les différens temps de la
monarchie; la généalogie de la maison
royale; l'histoire des grands - officier&
de la couronne^ Paris, 1718, en 3 vol. in-
fol. et en 8 vol. in-12. C'est un des abré-
gés les plus exacts de l'histoire de France;
il est écrit d'un style simple et un peu
lâche. Les premiers volumes parurent en
1700, et ne furent pas beaucoup recher-
chés , parce qu'il est très difficile de ren-
dre intéressans les premiers siècles de la
monarchie française ; ce sont pour ainsi
dire les temps fabuleux de la nation. Les
derniers volumes furent mieux accueillis.
Les mœurs et coutumes des Français,
etc.^ ont été imprimées séparément à
Paris en 1712 et en 1755, in-12. C'est un
ouvrage curieux et estimé ; Yelly et Vil-
laret y ont puisé la plupart des notes dont
ils ont enrichi leur Histoire de France.
I Vie de François de Harlay ^ in-8°. C'est
la reconnaissance qui mit la plume à la
main de l'auteur ; cependant en louant
son héros, l'auteur ne déguise pas tou-
jours ses défauts. | Essais du règne de
Louis le Grand, in-h" et in-i2 , dont il se
lit quatre éditions en 18 mois. Si Le Gen-
dre a pris un peu trop le ton de pané-
gyriste , les honnêtes gens d'aujourd'hui
lui pardonnent volontiers ce défaut, par
comparaison aux infâmes détracteurs de
ce grand roi , qui barbouillent sa mémoire
avec les couleurs d'une philosophie in-
fecte et virulente. | Vie du cardinal
d'Amboise , avec un Parallèle des car-
dinaux qui ont gouverné les états, in-li?,
Paris, 1724, et Rouen, 2 vol. in-12 : ce
sont des tableaux assommans pour les
détracteurs de l'administration sacerdo-
tale, et qui démontrent, par des faits
éclatans et l'état glorieux des plus gran-
des monarchies, que des hommes consa-
crés au Seigneur, délivrés des embarras
du mariage, et n'ayant d'autre famille que
le peuple, possédant d'ailleurs la science
et le z,èle du bien public , sont des anges
de salut que Dieu envoie aux nations dans
sa miséricorde. Voyez SAMUEL, SU-
CER , XIMÉNÈS, elc.
GEXDUE ( Gilbebt-Chari.ks Le), mar-
quis de Sy^INT- AUBIN, mort à Paris sa
patrie , en 1746, à 59 ans, est connu dans
la république des lettres par deux ouvra-
ges estimables : I Traité de l'opinion, en
8 vol. in-12. C'est un tissu d'exemplcj
historiques, sur l'empire de l'opinion
GEN
587
GEIV
dans \c» différenlcs science». L'auteur le»
aK i ompaRUc do quelques réflexions i)Our
1 . l.urcir le» faits, ou pour dissiper des
tireurs. I Antiquités de la maison de
France. in-i°. Paris, 1739. Le marquis
de Saint- Aubin fonne un nouveau sys-
tème sur les commcnccmens de la maison
de France ; mai» quelque sagacité et quel-
que savoir qu'il fasse paraître , son opi-
nion n'est pas plus capable de fixer les
esprits sur cette matière, que celle des
écrivains qui l'ont précédé et qui le sui-
vront.
GENDRE (Nicolas Le ), sculpteur,
natif d'Etampes , mort à Paris en 4670, à 52
ans, a laissé de beaux morceaux de sculp-
ture. Il fut l'illustre disciple d'un maiire
très médiocre : on remarque dans ses ou-
vrages une sagesse et un repos admirables.
On peut voir ceux qui embellissent l'église
de St. Nicolas-du-Chardonnet, à Paris.
GEADRE (Le ). foy. LEGENDRE.
GE\DRO\ ( Claude DESHAIS ) , mé-
decin ordinaire de Monsieur, frère de
Louis XIV, et du duc d'Orléans son tils,
était d'une bonne famille de Brauce. Il
prit le bonnet de docteur en médecine
a Montpellier ; il excella surtout dans l'art
de guérir les cancers et les maladies des
yeux. Il ajoutait à toutes les connaissances
qui peuvent rendre un médecin utile à
l'humanité, les agrémcns de l'esprit cl
le» qualités du cœur, qui le rendent cher
à la société. Parvenu à un âge assez
avancé, il se retira à Auteuil. près de
Paris, dans la maison qui avait appar-
tenu à Boileau son ami. C'est dans cette
retraite philosophique qu'il mourut en
1750, à 87 ans, pleuré des pauvres dont
il était le père , des chrétiens dont il était
l'exemple, et même dea niédcrins, quoi-
qu'ils eussent en lui un concurrent redou-
table. L'abbé Ladvocat dit que Voltaire,
étant allé un jour lui présenter un de ses
ouvrages, se trouva tout à coup saisi de
respect pour un endroit si cher aux mu-
ces, et lit cet impromptu :
C'en ici le vrai Psraatte
Dei «rail eofani d'Af.nlIuD i
Sont Ir oom àe Uoileau, en lieoa « ireal Horace ,
Etculape y paraît lout celui de Gendroo.
Mais ce poète a désavoué çk'S ver». On
assure que Gendron laissa plusieurs ma-
nuscrits, un entre autres sur Varlyine ,
le développement et la reproduc>.ion de
tous les être* vivons : matière dans l'olv
■curité de laquelle il s'est certainement
perdu , comme tous ceux qui ont voulu la
discuter. T'oyez MUYS.
GENKnnARD ( r;iiiiriiT ) , né vdrvIRt?
h Ri«)in en Anvci ^
nedirlindr (luii
où il fil des pro,,
dans les langues. H fut reçu docteur de
la maison de Navarre en l-NfiT. et devint
professeur en lanj'.ue hébrauiur au rollcge
royal en l.'iGO. Pirrro I).iii»s, é\(''(nir de
Lavaur, touché de son mrrite, se démit
en sa faveur de son évéché , vA présentfii
une requête aux états de Rloi» , pour le
faire recevoir. Henri IIÎ y avait consenti,
le clergé cl la noblesse y applaudissaient,
mais le tiers- état s'y opposa, parce qxK
La Robe favorisait Pibrac , frère du prt-
sidcnt. à qui cet évéché était promis de-
puis long-temps. Dans ces temps pénibb»
et difficiles, où la plti^art des Frmiçai»
regardaient la religion catholique comme
une condition pour le moins au^si esseï»-
tielle à la succession au trône que la loi
saliquc ( voy. HENRI IV ), Génébrard se
déclara pour Li ligue et la soutint de tous
ses efforts. D'ailleurs le parti protestant
était également une li;;ue, el une ligue
armée contre le Irùnc et l'autel; ligue
pour ligue, celle des catholiques lui parut
plus légitime. En I.Wi, Grégoire XIV,
à la sollicitation du duc de Mayenne el
de plusieurs autres scignctirs, le nomma
à l'archevêché d'Aix . dont il ne prit pos-
session qn'en 1593. Avant celle époque il
avait publié u«i Traité des Kfectinn% . qui
dans la suite lui causa des 1 i>.
Il y soutenait les élection^ s
par le clergé et le peuple co.... . ._ m-
nalion du roi , Paris , 1592 , in-»". Le par-
lement d'Aix le fit brûler p.ir la main du
bourreau, bannit l'aulrur du royaume,
avec défense d'y revenir, sous peine de
la vie. On lifi permit pourtant daller liuir
ses jour» à son prieuré de S«»mur en Bour-
gogne. Il y mourut en l.'i97. à fiO ans. On mit
ce vers sur son tombeau.
Uro« capil cioerc*. BQMca ••"
Génébrard était cerlainement \\n .! .•
homme» lesplus savansdc son sirrl. n> ^
vertus, et surtout la 111 i ^.
le firent respecter di '«
illustres. Saint Fr?n',...,
rifiûit d'avoir été son disciple. 1
conntis de sesoiivm.Ti -^ «'Ht : \ ttt
nologie sacrée . <
être lu enc ore ti
il y a bien des t i' i . ,.* i
chercherainaiii. M i .ir». | l>o t*P»-
tncntaire sur les / v. - .c . . in-S". Mvanl
el bien irril, qui doit cire mi» au pr*.
GEIV
588
GEN
mier rang avec ceux de Jansénius de
.•îand et de Siméon de Muis. Il y défend
la version des Septante contre les parti-
sans outrés du texte hébreu, tel qu'il est
aujourd'hui, y compris surtout les ponc-
tuations des rabbins. La meilleure édition
de cet ouvrage est celle de Paris, 1588,
in-fol. I Trois livres de la Trinité ^ in-8";
} une traduction de Flaçe Josèphe en
français en 2 vol. in-8" ; | la traduction
de différons rabbins, in-fol.; ] une édition
des OEuvres d'Origène. eslimée même
après celle des bénédictins qui auraienl
1res bien fait de conserver la Dédicace de
Génébrard au roi Charles IX, où il y a
d'excellentes choses , et l'apologie de Pam-
phile pour Origène. | Quelques écrits po-
lémiques.
* GENER ( Je Aiv-B artiste), jésuite es-
pagnol, né en 1711, professa la pliiloso-
phie et la théologie dans sa patrie , et
vint à Rome en 17(36. Il publia une Théo-
logie dogmatique j éclaircie par des dis-
sertations historiques et par les m,onu-
mens de l'antiquité. 6 vol. ïn-k° : ouvrage
savant, qui fournit des témoignages pré-
cieux en faveur de la religion.
• GENERALI { Pierre ) , maître de
chapelle à la cathédrale de Novare en Lom-
bardie , naquit en 1787 à Massérano près
de Verceil, et est mort à l'âge de 53 ans à
Novare, le 8 novembre 1852. Son véritable
nom qui est peu connu, était Pietro MER-
CANDETTI. Ce célèbre compositeur a
donné en Italie plusieurs opéras pour les
théâtres dt; Turin , de Parme , de Milan ,
et a enrichi le répertoire de la cathédrale
de plusieurs oratorios.
GÉiVÉSIUS ( Jean ) , que l'on nomme
aussi Joseph Byzantins ^ historien grec
sous les règnes de Léon et de Constantin
Porphyrogénète son fils. Nous avons de
lui l'Histoire de l'empire grec, depuis
Léon l'Arménien jusqu'à Basile le Macé-
donien , en 886 ; elle parut en grec et en
latin à Venise, in-fol., 1753. On la con-
serve manuscrite à Leipsick, dans la bi-
bliothèque Pauline, à l'académie.
GENEST ( Charles- Claude ) , naquit
à Paris le 17 octobre 1639 Ayant perdu son
père dès son enfance , il s'imagina d'aller
aux Indes chercher fortune. A peine fut-il
en haute mer, qu'un vaisseau anglais
l'enleva et le conduisit à Londres. Sa res-
source en Angleterre fut d'enseigner le
français aux enfans d'un seigneur du
pays ; mais cette vie ne l'accommodant
point , il repassa en France. Il fut placé ,
par la protection du duc de Nevers et de
Pellisson , en qualité de précepteur , au-
près de m"' de Blois , mariée depuis au
duc d'Orléans. Il fut ensuite nommé à
l'abbaye de St.-Vilmer, devint aumônier
de la duchesse d'Orléans son élève , secré-
taire des commandemens du duc du
Maine, membre de l'académie française,
et mourut à Paris en 1723 , à 84 ans. L'abbé
Genesl avait des mœurs aimables et le
cœur généreux. Homme de cour, simple
et vrai, sans affectation, sans empresse-
ment , il sut plaire à ce qu'il y avait alors
de plus élevé et de plus délicat. Sa vertu
se fait sentir dans tous ses ouvrages, et y
plaît encore plus que son génie. Les prin-
cipaux sont : I Principes de philosophie
ou Preuves naturelles de l'existence de
Dieu et de l'immortalité de l'âme , in-8" ,
Paris, 1716 : ouvrage laborieux dans lequel
la philosophie de Descartes est mise en
rimes plutôt qu'en vers ; mais si la poésie
et la partie systématique sont faibles, les
grandes vérités n'y sont pas moins forte-
ment énoncées , quoique toutes les preu-
ves n'y soient pas également bonnes.
a Un avis , dit un critique , qu'on ne sau-
» rait trop répéter, surtout en parlant aux
» gens de bien , c'est de ne jamais ap-
j) puyer des choses incontestables sur des
» idées particulières. » | Une belle Epitre
en vers à M. de La Bastide, pour l'engager
à rentrer dans le sein de l'Eglise : mor-
ceau plein de chaleur et d'éloquence, qui
cependant ne produisit aucun effet. | Des
pièces de poésie, couronnées à l'acadé-
mie avant qu'il fût honoré du fauteuil ;
I une petite Dissertation sur la poésie
pastorale, m-l^; j plusieurs tragédies:
celle de Pénélope est la plus estimée. Elle
attache autant par le caractère vertueux
de ses principaux personnages, que par
le merveilleux des incidens, et par son
dénoùment pathétique. Elle respire le
goût de la belle et simple antiquité. Le
grand Bossuet, ennemi du théâtre, fut si
pénétré des senlimens de vertu dont îa
tragédie de Pénélope est semée, qu'il té-
moigna, dit-on, qu'il ne balancerait pas
à approuver les spectacles, si l'on y don-
nait toujours des pièces aussi épurées :
mais l'on conçoit qu'une telle supposition
changerait tout l'état de l'histrionisme.
On trouve dans les Mémoires historiques
et philologiques de M. Michault ( tom. 1,
pag. 1 ), une vie assez détaillée de l'abbé
Genest, par M. l'abbé d'Olivet.
GEi\ET ( François ) , né à Avignon en
1640 d'un avocat, chanoine et théologal
de la cathédrale d'Avignon, et ensuite
G EN
S89
GE3f
fvt'^quc de Vaisuii, eut le chagrin dcire
iMjvfloppi- dans l'affaire de» filles de t'Kn-
funce de Toulouse, qu'il avait revufsdnns
«ou diocèse. Il fui anèlé en KSS, coi'.duit
d'abord au l'ont -Sainl-Espril, ensuite ù
Nliucs, et de là à l'ilc de Illié. où il pa<>sa
15 mois. Rendu à son diocèse à la prière
du pape, il se noya dans un petit torreni,
en retournant d'Avi(;non à Yaison , l'an
1702. On a de ce prébl la théologie con-
nue sous le nom de Morale Je Grenoble .
qui a paru suspecte à plusieurs évéques
de France, ainsi qu'à l'université de Lou-
vain, comme on peut le voir dans le ju-
ycmenl qu'elle rendit le 10 mars 1703. La
meilleure édition de cet ouvrage, infé-
rieur aux Conférences d Angers , est de
1715, en 8 vol. in-12. Les 2 vol. de Remar-
ques ( publiées sous le nom de Jacques de
Hemondc ) contre la Morale de Grenoble.
furent censurés par le cardinal Le Camus,
«l mis à l'Index à Rome; le 7.cle du cri-
tique a paru le conduire à une extrcmilé
ro;i traire. La Théologie de Grenoble a été
traduite en latin, 1702, 7 vol. in-12, par
l'abbé GHNET son fi ère , prieur de Sainte-
Gemme , mort en 1716, qui est auteur des
Cas de conscience sur les sacrcniens^
1710, in-12.
• GENET ( Edme- Jacques ) , secrétaire,
interprète de Monsieur , frère du roi
Louis XVI , depuis Louis XVII/, a publié
les ouvrages suivans : | IliUoire des dif-
i'érens sièges de Berg-op- Zoom . 17i7 ;
I Lettres choisies de Pope . trad. de l'an-
glais, 1754, 2 vol. in-12 ; | la Vérité révé-
lée, trad. de l'anglais, 1755, in-12; | le
Peuple instruit ou les alliances dans les-
quelles les ministres ont engagé la îtation.
traduit de l'anglais, 1756, in-12; | le
Peuple juge, traduit de l'anglab , 1755,
in-12; \Petit Catéchisme politique des An-
glais.Viol , in-12 ; | FAut politique actuel
Je l'Angleterre, ouvrage périodique,
1757, in-12; | Mémoire pour les ministres
d'Angleterre contre l'amiral liyng . tra-
duit de l'anglais, 1757, in-12; | Essais
historiques sur l'Angleterre . 1761 , 2 vol.
in-12; | Lettres au comte de liute sur la
retraite de M. Pilt . trad. de l'anglais,
1761 , in-8" ; ] nouvelle Lettre au comte de
liute . concernant la rupture de l'Angle-
terre avec l'Espagne, 1762 , in-8" ; | Table
ou Abrégé des 135 vol. de la Gazette
de France , depuis son commencement,
m 1651, jusqu'à la fin de l'année 1765.
l aris, 1768.3 vol. in-i". Plui>icurs bio-
graphes lui ont attribué à tort : J/istvirc
d'Eric l!', roi de Suéde ^IraJl. d:t sué-
dois. 1777 . S vol. iu - li. cl necheteh*»
sur l'ancien peuple finois . trad. au<tti du
.Huédois , 1778 . in- S" ; ce» dcui ouvragra
.«ont de son fils. Gcnel est mori à Paria,
en 1781.
(.E.\ÈVE ( Robert de ) . fils d'Amédée,
comte de Genève, cvéquc de Térouane.
puis de Cambrai, cardinal, fut élu papa
sous le nom de CIcmcnl VII à Pondi , la
27 août 1378, par 15 des cardinaux qui
avaient nommé Urbain VI cinq mois au-
paravant. Il fut reconnu pour légitima
pape en France , en Espagne , en Ecosse,
en Sicile, dans l'Ile de Chypre, tandis que
le reste de la chrétienté reconnaissait l'r
bain VI. Cette double élection causa un
schisme, qui dura l'espace de 40 ans. Ce
pape, faux ou légitime, mourut d'a-
poplexie le 16 scptcndirc 1.394, à Avi-
gnon , où il avait établi son siège. Voyez
URBAIN VI.
* GE.NEVEY ( Claude ), vicairc-géne-
ral du diocèse de Lyon et chanoine d'hon-
neur de la cathédrale, en 1744, avait été
curé à Ecully avant la révolution; il émi-
gra pendant cette désastreuse époque , et
reparut sur le sol natal dès qu'il redevint
possible de faire le bien : rendu aussitôt
à l'exercice de st)n miiiisière, il fut nomme
curé de Villefranche lors de la réorgani-
sation du culte ; son caractère doux cl
conciliant, sa piété et ses lunucres lui mé-
ritèrent rattachement de lou.< ceux qui Ir
connurent, et son inépuisable bicnf.ii ' n
en avait fait le père des pauvres. 1. 1 .
part des établisscmens de cliarilé de \ .i.r-
frainche , et spécialement ceux des frcrua
et sœurs de la doctrine chrétienne, des
dames de la niisérirordc . clc, It.i ' •
vent leur existence ou leur pro*) • :
Claude Gencvey, est mort ]" '."
1827, âge de 83 ans. à la suil
ladie de poitrine longue et :•
GE\EVIEVË>ainle;. patronne tic l'ai ta.
vierge célèbre . née à Nautcrrc , près de
Paris, vers 423 , consacra à 1> ir-
ginilé par le con^îil de sai
évéque d'Auxerre , qui lit 1 .
cérémonie de celle consécraliuti. (^iic
sainte liile ayant été accusée d'hypoi ri«i«
et de superstition, l'illu'
dit la calomnie et lit r
ccnce. Attila, roi des I
dans les Gaules avec une are
ble, les Parisien* vonhirfol
leur V illc ; .
clia, leur
pcclé par K I - -. ,„ -
lifla sa ;«rcdic(ion, et les l^rinrns ne»-
33.
CEIV
590
GEIV
Tcnt plus pour elle que des senlimens de
vénération et de confiance. Ce fut par le
conseil de cette sainte que Clovis com-
mença l'église de St.-Pierre et St.-Paul, où
elle fut enterrée, et qui depuis l'an 512
a pris son nom. La réputation de sainte
Geneviève était si grande , que saint Si-
inéon Stylite avait coutume d'en deman-
der des nouvelles à ceux qui venaient des
Gaules. Son tombeau devint célèbre par
plusieurs miracles, et fut orné d'ouvrages
précieux , travaillés par saint Eloi. Sa
Vie, écrite en latin, 18 ans après la mort
de Clovis, est un monument contempo-
rain, digne de la plus grande confiance :
les doutes que quelques critiques ont éle-
vés contre l'antiquité et l'authenticité de
celte Vie , ne paraissent pas solidement
uïotivés. « On voit , disent les savans bé-
» nédictins , auteurs de la Bibliot. litt. de
* la France, tom. 3, pag. 151, que c'était
» un auteur grave , judicieux , plein de
» piété, et qui ne manquait pas d'crudi-
» tion pour le siècle où il vivait : il écri-
» vait cette Vie dix-huit ans après la mort
» de la sainte , et par conséquent l'an
» 550. i> La Vie de saint Germain , par le
prêtvo Constance, rapporte la consécra-
tion de sainte Geneviève par ce saint. Ce
Constance écrivait du vivsmt même de
sainte Geneviève [voyez les BoUandistes,
Acta sanctorum. 31 juillet ). C'est dans le
superbe temple élevé à l'Eternel sous l'in-
vocation de cette sainte vierge, que fu-
rent portes en triomphe les os du chef
des philosophes modernes, en 1791,
et que ce cadavre odieux, pour lequel
jadis la terre avait refusé d'ouvrir son
.sein . fut déposé avec ceux de ses com-
plices, comme autant de reliques de la
philosophie; Alors on se souvint avec
élonnement et avec effroi de la prophétie
consignée dans la première édition de
cet ouvrage, art. SOUFFLOT {V. le Jouni.
hist. et lin. , 1" août 1791, pag. 557 ).—
Quelques légendes font mention d'une
sainte GENEVIÈVE, duchesse de Brabant,
qui, accusée d'adultère et exilée par le
duc son époux, se retira dans le désert
avec son enfant , qu'une biche venait ré-
gulièrement allaiter. On ajoute que le duc
tianlà la chasse, les chiens poursuivirent
cette biche, qui se réfugia avec son faon
ilans la caverne de la duchesse ; que le
duc, ayant franchi celle asile , fut con-
sterné d'y trouver son épouse dans cet
•état, ot convaincu de son innocence. Les
rriliqucs révoquent en doute cette his-
toire singulière, que M. Le Grand, habile
graveur, a représentée, en 1789, dans une
très belle estampe, et que M. Berquin a
célébrée par une romance , dont voici
deux couplets :
Cœuri sensibles , que ses entraiilet
Souffrirent dans la longue nuit !
Le jour renaît : dans les bronssaillct
Elle va chercher quelque fruit.
Elle re\'int. Qu'aperçoit-elle?
Une biche accourt vers Tcnfaol '.
Il presse sa douce mamelle.
Près d'eux bondit un jeune faon.
O grand Dieu ! le cœur d'une mire
Est un bel ouvrage du tien !
Son fils peut vivre , elle l'espère ;
Ses propres mau» ne lui sont rien.
Dans le creux d'un rocher sauvage ,
La biche accompagne ses pas.
Dans la main vient brouter l'herbage,
Et nonrrir l'enfant dans ses bras.
• GENEVOIS ( Louis-Benoit ), conven-
tionnel, né à la Mure en Dauphiné vers
1760 , était avocat au parlement de Gre-
noble avant la révolution , et fut nommé
en 1791, président du tribunal criminel do
Grenoble. Député en 1792, par le déparle-
ment de l'Isère, à la Convention, il vota
la mort du roi sans appel et sans sursis ;
il ne prit aucune part aux sanglans débals
des Montagnards et des Girondins ; mais
après le 9 thermidor , il se prononça con-
tre les terroristes. Envoyé dans les dépar-
temens de la Meurthe et de la Moselle ,
il les poursuivit avec vigueur , et écrivit
à la Convention qu'il cherchait à réparer
les bévues du gouvernement à bonnet
rouge. Il entra au conseil des Cinq-cents,
sortit de celte assemblée en 1798, et de-
vint sous le gouvernement impérial mem-
bre du tribunal de cassation et chevalier
de la légion-d'honneur. A l'époque de la
réorganisation des tribunaux par le gou-
vernement royal , il fut exclus de celle
cour , dans laquelle il fut replacé par Na-
poléon durant les cent-jouis. La loi dos
régicides l'obligea de se réfugier à Genève
où il est mort il y a quelques années.
GE!\GA et non GENCA ( Jérôme ) ,
peintre et architecte , né à Urbin en H7(j .
se distingua surtout dans l'architecture.
Parmi les ouvrages qui lui ont fait le plu s
d'honneur, on ci te un palais qu'il bâtit pou i
le duc d'XJrbin sur le mont Impérial, prè«
de Pésaro, et l'église de Saint-Jean-Bap-
liste de la même ville. Cet artiste mourut
en 1351. C'est de Inique l'illustre famille
Genghi tire son origine.
GEIVGA. (Barthélemi ), fils du précé-
dent, se rendit digne de la réputation de
son père , par son habileté dans le même
art. Les princes s'enviaient l'avantage de
G EX
391
Ir poMéder. Le grand inailre du Mullc en-
voya deux chevaliers exprès à Irbiii ptmr
h- demaïuier au duc , qui ne le céda qu'a-
vec peine. Comme Gcnga était occupé aux
fortifications du port et de la ville de cetic
lie, il fut altaqtic duuc pleurésie, qui
l'emporta en 1558, à làge de 40 ans, re-
tjrelté de tous les chevaliers.
GEM.IllSKiW, ou DJENGUYZ-
K 11 AN, fils d'un chef d'une horde mo-
phole , naquit à Bloun - Touldouck en
1(63. Il n'avait que 13 ans lorsqu'il
< oinmença à régner. Une conjuration
presque {jcnérale de ses sujets et de ses
voisins l'obligea de se retirer auprès
d'Avenk-Kan , souverain des Tartares. Il
mérita l'asile que ce prince lui accorda ,
par des services signalés , non-seulement
dans les guerres contre ses voisins, mais
encore dans celles qu'il eut à soutenir
contre son frère qui lui avait enlevé sa
couronne. Gcnghis-Kan le rétablit sur son
trône , et épousa sa fille. Le kan, oubliant
ce qu'il devait à son gendre , résolut sa
perte. Genghis-Kan , ayant pris la faite ,
fut poursuivi par Avenk-Kan et par Scho-
koun 9on fils. Il les défit l'un et l'autre.
Cette victoil-e irrita sonambition.il leva
une grande armée , avec laquelle il con-
quit , dans moins de 22 ans , la Perse , le
Cathai , une partie de la Chine , la Corée
et presque toute l'Asie. Sa domination
s'étendait 1800 lieues de Toricnt à l'occi-
dent , et plus de mille du septentrion au
midi. II se préparait à achever la conquête
de la Chine , lorsqu'une maladie l'enleva
au milieu de ses triomphes, en 1227, à 66
ans. Son règne ne fut presque qu'une suite
lie dévastations. Il ne fit que détruire des
villes, sans en fonder, si l'on excepte
Rokhara , et quelques autres qu'il permit
qu'on réparât. Genghis-Kan partagea ses
états entre ses quatre fils. 11 déclara grand
kan des Tartares , son 3*^ fils Oktai, dont la
postérité régna dans le nord de la Chine,
jusque vers le milieu du 14* siècle. Un
autre fils du célèbre conquérant , nommé
Touschi, eut le Turquestan, la Bactrianr,
le royaume d'Astracan et le pays des
Usbecs. Le fils de celui-ci fit des courses
jusqu'en Pologne, en Hongrie, et aux
portes de Constantinoplc. Il s'appelait Ba-
lou-Kan. Les princes de la Tarlarie-Cri-
niée et les kans usbecs descendent de
lui...Touli ou Tuli-Kan. autre fils de Gen-
ghis, rut la Perse du vivant de .son père ,
le Korasan et une partie des Indes... Un
4* fils, nommé Zagathai, régna dans llnde
septentrionale et danslcTIiibtl... • Si l'on
Q«V
• ablùmé CterieiiMene d'avoîi divUô .^,
•elals, on doit en k>uer Gen^hi^ K n. .
• dit un historien. Les élan dn rr.n ; ..
n rant français se toucha
» étregouvernésparuii ,
» du Tartare, partagés ,_; ;.,_
» rentes et beaucoup plus vastes, dr ,n
» daicnt plusieurs monarques. » L't ^ . n.
ment n'a guère justifié cette observation.
Malgré la faute que peut avoir faite Char-
Icmagne eu divisant ses états, son empire
a subsisté long-temps après lui; les par-
tages qui l'affaiblirent ne le rendirent pas
méconnaissable. Celui de Gcnghis-Kan,
comme toute conquête qui n'est que le
fruit de la violence et de la rapacité, s'est
évanoui comme la fumée d'un vaste In-
cendie.
• GEMSSIEUX ( J. J. V.), né ver» 17M,
était avocat au parlement de Grenoble.
lorsque la révolution éclata. Il en em-
brassa la cause avec chaleur , et fut
nommé en 1792 député du département
de l'Isère à la Convention nationale .
où il vota d'abord pour l'expulsion do
de toute la famille royale, et ensuite pour
la mort de Louis XVI , sans appel au peu-
ple et sans sursis. Après la mort do ce mo-
narque , il siégea toujours avec la Monta-
gne , et appuya de tous ses moyens les
mesures les plus révoh:"' ^ et le»
plus tyranniques. Tra\ ; ;able,
il fut constamment enii. h s co-
mités, et fit souvent des rapiioiU en leur
nom , i)articulièremcnt sur la législation ,
la ix)lice et les mesures de sûreté inté-
rieure. II poursuivit avec acliarncment le»
nobles, les prêtres cl les parons d'émigrés.
Cependant en septembre 1795. il parla
en faveur des prêtres déportés et de leun
familles. Genissicux fut ensuite ministre
de la justice pendant troii mois sotts l«
Directoire , et substitut du commissaire
du gouvernement près le tribunal de cas-
sation. En 1798 il présida l'assemblée
électorale du département de la Seine,
qui le choisit pour son représentant aa
conseil des Cinq-cents, il en devint pré^
sident, et se déclara ouvertement contre
la révolution du 18 brumaire. Par suite
de cette opposition, il fut arrêté avec pli»-
sieurs de .ses collègues; mais la libellé
leur fut rendue le njêmc jour. Il ne put
obtenir que la place de juge au tribu-
nal d'appel de la Seine, qu'il conserva
jusqu'à sa mort arrivée ver» la fin d'oe-
lobre 180&. Il était de ceux «(ue la rcv»
lution avait enrichi».
• G EN LIS (SxcfUAjriB-FiLucni DU-
GEN
592
GEN
CREST de SAINT-AUBIN, comtesse de)
naquit à Champcery près d'Autun en 1746.
Reçue chanoinesse du chapitre noble d'A-
lix , situé à peu de distance de Lyon , à
l'âge de sept ans , elle prit en même temps
le titre de comtesse de Lancy , parce que
«on père était seigneur de Bourbon-Lancy.
Une jolie figure, un esprit cultivé, et un
rare talent pour la musique assurèrent
«es succès dans le monde. Cependant la
ruine totale de la fortune de son père
qui partit pour Saint-Domingue dans l'es-
poir d'y rétablir ses affaires , la réduisit
bien jeune encore à un étal voisin de l'in-
digence. S'étant rendue à Paris avec sa
mère, elle vivait dans une gêne extrême,
lorsque le fermier-général La Popelinière
vint offrir à la mère et à la fille un asile
dans sa charmante habitation de Passy.
Après la mort de ce généreux protecteur,
un homme de robe fort riche, nommé M.
de Jouy, leur fit accepter un appartement
dans sa maison où elles restèrent jusqu'à
ce que les créanciers de ce nouveau bien-
faiteur vinssent mettre obstacle à la con-
tinuation de ses bontés. Un hasard heu-
reux procura bientôt à la jeune comtesse
un état de fortune moins précaire. M.
Ducrest , son père, revenait de Saint-Do-
mingue avec une somme considérable ,
lorsqu'il fut pris par les Anglais. Conduit
à Lanceston , il y rencontra le comte de
Syllery de Genlis, prisonnier comme lui,
qui ayant vu le portrait et quelques lettres
de sa fille, conçut pour elle une vive pas-
sion, et assura son sort en l'épousant. De-
venue par son mariage nièce par alliance
de Madame de Montesson , dont le faible
duc d'Orléans couronna l'ambition par un
mariage secret , madame de GenlIs entra
au Palais-Royal , avec son mari , comme
dame de la duchesse de Chartres. Elle sui-
vit la princesse dans un voyage en Italie,
et se vit partout entourée d'hommages
qu'elle devait à son esprit autant qu'à sa
beauté. En 1777, à l'âge de 31 ans , elle
entra au couvent de Belle-Chasse pour se
vouer à l'éducation des deux filles jumel-
les de la duchesse de Chartres. Plus lard
le duc lui confia ses trois fils avec le titre
inusité pour une femme de gouverneur.
Celte étrange nouveauté n'obtint pas l'ap-
probation publique. Il paraît même que
le vertueux Louis XVI n'y donna son as-
sentiment que par la considération qu'il
clait peu probable que les futurs élèves de
M°' de Genlis pussent jamais s'asseoir sur
le trône de France. L'institutrice avait
déjà commencé à fonder sa réputation
littéraire en publiant son Théâtre d'édu-
cation, au profit d'une famille malheu-
reuse. En faisant paraître successivement
Jdèlc et Théodore , les F'eillées du Châ-
teau, les Annales de la vertu ^ elle sembla
prendre à tâche de justifier aux yeux de
la France le choix du duc de Chartres.
M""* de Genlis entreprit de compléter ce
cours d'éducation par deux ouvrages de
théologie et de morale ascétique. La Be-
ligion considérée comme base du bonheur
et de la véritable philosophie fulcomposée
à l'époque de la première communion de
son principal élève. L'autre ouvrage, qui
était une controverse sur l'Ecriture sainte
parut presqu'en même temps. Ces deux
productions , critiquées par les philoso-
phes, furent jugées avec une juste sévé-
rité par les hommes religieux , et elles
n'obtinrent aucun succès. Lorsque la ré-
volution éclata , M™^ de Genlis fut loin
d'y voir un événement funeste. Son atta-
chement kun prince dont la participation
aux premiers actes de la révolution n'est
pas deuteuse, dut sans doute lui faire en-
visager avec espérance le changement
politique qui allait s'opérer. A la nouvelle
de la prise de la Bastille, quittant le châ-
teau de Saînt-Leu qu'elle habitait avec ses
élèves, elle accourut à Paris, où elle ar-
riva assez à temps pour être témoin du
triomphe des vainqueurs , et pour faire
jouir les jeunes princes de ce spectacle
révolutionnaire. Plus tard, elle suivit sans
scrupule les séances du club des Jacobins,
où, par Tordre de son père, le jeune duc
de Chartres s'était fait recevoir. Les prin-
cipes dans lesquels M™^ de Genlis éle-
vait les enfans du duc d'Orléans étaient
loin d'èlre approuvés par la duchesse son
épouse. Cette princesse se plaignant de
ce qu'on Inspirait à ses enfans de l'éloi-
gnement pour leur mère, et croyant avoir
contre leur institutrice des griefs d'une
autre nature demanda avec instance son
éloignement. Dans ces dissidences do-
mestiques M™* de Genlis resta viclo-
rieuse, grâce à rattachement du prince
pour elle. Après un éloignement simulé ,
elle revint , sur l'invitation du duc d'Or-
léans, reprendre son poste auprès de ses
élèves. Lors des événemens des 5 et G oc-
tobre, qui donnèrent lieu à une enquête ,
le duc d'Orléans se disposant à passer en
Angleterre, voulut que M™* de Genlis l'y
précédât avec sa fille. Demeurée à Lon-
dres après le retour du duc en France, la
société des hommes les plus di3iin{;ucs
de l'Angleterre ne lui parut qu'un Dicn
GEN
593
CES
faible alléffemcnl aux cnnnb de l'exil, cl
elle revint k Paris. Mais le priiire la fil
renarlir aiisstlut pour la Boli^iquc avec
M"» dOrléan.» ( (.\v\nun M™* Adélaïde ),
qui malgré sa fjraiulc jeunesse venait
d'être mise sur la liste des émigrés. Elle
se fixa d'abord à Tournay occupé alors
par Dumouricz ; mais ayant appris qu'elle
avait été décrétée d'arrestation par la Con-
vention nationale , elle s'enfuit précipi-
tamment avec son élève , et se dirigea
vers la Suisse où le duc de Chartres (au-
jourd'hui Louis-Philippe) , la rejoignit à
Schaffhouse. M°' de Gcalis avait paru
d'abord applaudira la révolution. En par-
tant pour l'exil, elle s'était donné le titre
A'émigrante jacobine. Mais lorsque la
cause du duc d'Orléans fut absolument
perdue , et surtout depuis que ce prince
eut porté sa tête sur l'cchafaud, elle chan-
gea de sentiment et de lanfrage , et prit la
révolution en horreur. Partout où elle
passa les émigrés français la repoussèrent
comme une ennemie. Les étrangers même
avaient peine à croire qu'elle n'eût pris
aucune part aux intrigues politiques our-
dies par le prince dont elle était la con-
seillère et l'amie. Elle trouva enfin un
asile dans le couvent de Bremi^arlen , où
elle entra sous un nom supposé. C'est là
que m"' d'Orléans se sépara d'elle, pour
nller rejoindre à Fribourg M"" la prin-
cesse de Conli , sa tante. Vers le même
temps, M™* deGenlis abandonna laSiiisse
pour le nord de l'Allemagne, et se rendit
d'abord à Altona, qu'elle quitta après 9
mois de séjour pour aHer à Hambourg,
où elle eut à essuyer les traits satiriques
du spirituel Rivarol. Après avoir passé
par Berlin , où le roi de Prusse lui donna
l'ordre de sortir de ses états, elle se retira
à Brévcl , dans le Holslein où elle com-
posa quelques romans et le Précis de ma
conduite , ignoble flagornerie du Direc-
toire, suivie d'une épitreau duc d'Orléans
(Louis-Philippe) , où elle l'exhorte à re-
pousser la couronne si on la lui offrait ,
et où elle loue dans son auguste élève
des vertus privées , qui , selon elle , ex-
cluent en lui les qualités qui font les prin-
ces. Toutes ces avances faites au Dircc-
I'Ȕre ne purent lui obtenir la permission
' • rentrer en France. Mais le premier
'iKul lui fut plus favorable. M"** de
'•nlis, sous son gouvertiemcnl , put re-
N oi r sa patrie, et elle parvint à s'attirer les
bonnes grâces de Bonaparte, qui lui donna
un logement à l'Arsenal avec une pen-
sion considérable. Il entretint même avec
elle une rorrespondanr.* .Airi;rMi;^r„ ^^
voulut qu'elle lui cnvo\ ,
des extraits raisonnes .i
ques. Bonaparte espérait saiu dnulc pui-
ser dans les longs souvenirs de M"^ de
Genlis des renseignemens utiles »ur Ica
homme» notables de s<m temps. M"* de
Genlis réunit dans son salon les hommes
les plus remarquables dans les lettre» cl
dans les arts , et comme aux plu» beau»
jours de sa fortune , elle jouit de tout re
que les succès du grand monde , mêlés aux
succès littéraires, peuvent avoir de plus
doux. Plusieurs productions nouvelles
qu'elle fit paraître à des intervalles rap.
proches attestèrent l'inépuisable fécon-
dité de son talent. Elle assure que Bo-
naparte pleura enlisant 3/"* de Clermont
et Ar°' de la fallicre. Cependant des
querelles littéraires assct vives qu'elle
eut à soutenir lui prouvèrentquc la gloire,
mémcpourune femme, n'est pas toujours
sans amertume. Sa malencontreuse pu-
blication de V Influence des femmes sur
la littérature . ouvrage où elle flagellait
d'une main jalouse certaines célébrités,
et ses critiques de la Biographie univer-
selle à laquelle elle avait refuse de parti-
ciper, armèrent contre elle une formida"
ble coalition d'auteurs blessés, qui signa-
lèrent sans pitié les erreurs de sa conduite
aussi bien que les défauts de «es ouvra-
ges. Par une fatalité singulière, qu'expli-
quent pourtant les variations de ses prin-
cipes et de ses idées , elle eut en même
temps pour adversaires les écrivains phi-
losophes et les écrivains religieux , et
elle put dire avec assez de raison qu'elle
avait eu à se plaindre , pour ses écrits .
(le tout le monde excepté du public.
Plusieurs de ses ouvrages obtinrent en
effet un grand succès. Apres la restaura-
tion , la pension impériale que louchait
RI™* de Genlis fut remplacée par celle que
lui fit le duc d'Orléans. Cependant, mal-
gré cette assistance et malgré le produit
de ses ouvrages , elle était loin de vivre
dans l'aisance. EU. ' ' ' î( rnier
lieu, près l'eglisr "^ «ule,
un appartement n • sim-
plicité extrême, et elle clail revenue à des
scntimenssincères de piété qui durent Ini
faire regretter san» doute la publicatioQ
de quelques-uns de ses ouvrage». A l'é-
clat de sa vie sou» le gouvernement im-
périal avait succédé un profond otobU ,
d'où elle sortit tout à coup par la publi-
cation de ses Uémoirtt. Ce n'esl pas mm
raison qu'on lui a reprocbé d'avoir trop
GEIV 3
songé dans ce livre à amuser la malignité
publique et à conquérir des souscripteurs
par le scandale. Cédant avant tout à ses
prétentions et à ses ressentimensde fem-
me, elle fonde la plupart de ses jugement
Bur des motifs personnels , qui donnent à
ses opinions un caractère frappant de
partialité et d'inconséquence. Ajoutons
qu'elle a grossi sa narration d'une foule
de détails insignifîans qui fatiguent le
lecteur. M™* de Genlis , après avoir vu le
flot delà révolution de juillet pousser sur
le trône son auguste élève, à qui jadis elle
avait conseillé une destinée plus mo-
deste , mourut subitement le 51 décem-
bre 1831 , à l'âge de 85 ans. Ses restes fu-
rent déposés au cimetière du Mont-Valé-
rien.De tomes les femmes qui ont cultivé
la littérature , M""^ de Genlis est assurc-
iTient celle qui a produit le plus d'ouvra-
ges ; mais elle a trop écrit pour avoir tou-
jours pu bien écrire. Inférieure à M""^ de
Slael pour la vigueur de la pensée, et à
M™*^ Cottin pour le langage passionné, dans
aucun des genres nombreux qu'elle a es-
sayés , elle ne s'esl élevée jusqu'au pre-
mier rang. Il faut reconnaître pourtant,
que plusieurs de ses productions se dis-
tinguent par ua mérite d'élégance et de
correction très remarquable. Elle a peint
avec linessc 1« monde au milieu duquel
elle a vécu , et elle en a saisi avec saga-
cité les vices et "les ridicules; mais quand
elle a voulu peindre les scènes de l'I^is-
toire , les spectacles de la nature , et les
passions du cœur humain, tous ses ef-
forts n'ont servi qu'à révéler son im-
puissance. Toutefois , plusieurs de ses
romans ne sont pas dépourvus de cet
intérêt qui résulte de situations ingénieu-
sement combinées. Mademoiselle de Cler-
niont est regardée comme le meilleur de
ses ouvrages dans ce genre, où l'auteur
n'a pas toujours respecté la morale. « Dans
> les Chevaliers du Cijgne . dit Chénier ,
> le caractère et les aventures cyniques
* d'Armoflède , repoussent tout lecteur
> qui a quelque respect pour les dames ,
» pour la décence et pour le goût. » En
général ses livres sur l'éducation renfer-
ment des leçons très utiles et ses nom-
breux écrits malgré leurs défauts révèlent
une imagination brillante et des con-
naissances variées. Madame de Genlis
M réussi spécialement dans ce genre de
satire' légère qui s'exerce surtout dans
les causeries des salons ; voilà pourquoi
les souvenirs de Félicie et les premiers
volumes des Mémoires présentent un in-
04 GEIV
térêt qu'on chercherait en vain dans ses
autres écrits. Madame de Genlis a publié :
I Les Veillées du Château , ou Cours de
morale à l'usage des enfans, Paris, 1784,
3 vol. in-8° ; | Les Jeux champêtres des
enfans et de Vile des monsti'es . conte de
fées, pour faire suite aux Veillées du châ-
teau, Paris, 1821, in-12 ; | Les Chevaliers
du Cijgne , ou la Cour de Chai'lemagne ,
conte liistorique et moral pour servir de
suite aux Veillées du château ,v\.^on\
tous les traits, qui peuvent faire allusion
à la révolution française , sont tirés de
l'histoire , Hamljourg, 1793 , 2 vol. in-8" ;
I Les Veillées de la chaumière . Paris ,
1823 , in-8° , et 2 vol. in-12 ; | Discours sur
l'éducation publique du peuple , 1791 , in-
8° ; I Discours moraux et politiques sur
divers sujets, et particulièrement sur l'é-
ducation. Paris, 1791, in-8°, et in-12;
1 Discours sur le luxe et l'hospitalité, con-
sidérés sous leurs rapports avec les mœurs
etl'éducationnationale . 1791, in-8° ; | Dis-
cours sur l'éducation de monseigneur le
dauphin et sur l'adoption , Paris , 1790 ,
in-8'' ; ] Discours sur la suppression des
couvens des religieuses^ et sur l'éducation
publique des femmes . 1790 , in-8° ; | Le^
çons d'une gouvernante à ses élèves^ ou
Fragmens d'un journal quia été fait pour
l'éducation des enfans d'Orléans , Paris,
1791, 2 vol. in-8" et 2 vol. in-12 ; | Les Pe-
tits émigrés., ou Correspondance de quel-
ques enfans : ouvrage pour servir à l'édu-
cation de la jeunesse, 1798 , 2 vol. in-8° et
2 vol. in-i2 ; ] annales de la veî'tu > ou
Histoire universelle , iconographique et
littéraire, pour servir à l'éducation de la
jeunesse , et à l'usage des artistes et des
littérateurs , Paris , 1802, in-8'> , ou 5 vol.
in-12 ; 1 Nouvelle méthode d'enseignement
pour la première enfance ^ Paris , an 10
( 1802 ), in-8° et in-12 ; | Projet d'une école
rurale pour l'éducation des filles^ Paris ,
an 10 (1802 ) , in-8° ; | La Maison rustique,
pour servir à l'éducation de la jeunesse .
ou Retour en France d'une famille émi-
grée , Paris, 1810, 3 vol. in-8° , et Paris,
1826, h vol. in-12 ; | Arabesques mytho-
logiques, ou les Jttributs de toutes les di-
vinités^ en 78 planches , gravées d'après
les dessins coloriés de madame de Genlis,
etc., précédés d'un Discours sur la mytho-
logie en général et particulièrement sur
l'influence que dut avoir le paganisme
sur le caractère j. les mœurs et la littéra-
ture des anciens Grecs et des Romains :
ouvrage fait pour servir à l'éducation de
la jeunesse, Paris, 1810, 2 vol. in-12, avec
GE\
SOS
OE?f
r.iTurcs coloriées d'api i'.H les dessins ori({i-
i.iux dcraulour: | La Itntainqnc histori-
; ic et littéraire . contenant tous les traits,
tontes les anecdotes et les superstitions
relati^'cs n\i r fleurs, dont il est fait men-
tion dans l liisioire sainte et profane . etc. ,
suivie d'une Xouvelle inlitutoe : les Fleurs
eu les Jrtistcs . Paris, 1810. in -8° , ou 2
vol. in-12; | .4lnianach de la jeunesse .
en verset en prose . Vivis , 181'J. in-8" .
J2 gravures: | .-idèle et T/ic'cji/ore . on
Lettres surl'édtica'ion, Paris. 1782. 3 vol.
in-S" . et 3 vol. in-12; | Contes. Nou^'clles
tt Historiettes, par madame la comtesse
de Genlis. madame la comtesse de Beau-
fort- d Haut poul ^ madame Dufresnoy .
}f. L.-C. (Labbêe).etc., Paris, 1819, 2
vol. in-12 , avec 7 gravures ; | Nouveaux
contes moraux et Nouvelles historiques,
Paris. 1802-3, 4 vol. in-8", et 6 vol. in-12;
I Le comte de Corke . ou La séduction
sans artifice . suivi de sept Nouvelles. 4*
l'dilion , Paris, 1809. 2 vol. in-12; | Nou-
■lles. Paris, 1804, ia-12; | Six nouvelles
norales et religieuses. Paris, 1821, in-12,
avec cinq jolies gravures ; | Les Prison-
niers, conlenanl six nouvelles et une No-
tice historique sur l'amélioration des pri-
sons : ouvrage fait pour les personnes qui
les visitent, Paris, 1824, in-8°, avec 2 pi.
Vl in-12 ; | Alphonse. Paris, 1809 , in-8",
ou 2 vol. in-12 ; | Âlphonsine . ou La ten-
dresse maternelle , Paris , 180G , 2 vol.
in-8° , ou 3 vol. in-12 ; | Les Battuécas,
Paris, 1814, 1816,1817. 2 vol. in-12; | Le
dernier voyage de Nelgis . ou Mémoires
d'un vieiliard. Paris , 1828, 2 vol. in-8°;
' Palmyre et Flaminie ^ ou Le secret,
Paris, 1811 , 2 vol. in-8°, cl 2 vol. in-12 ;
i Thérésina , ou L'enfant de la provi-
dence : nouvelle écrite au profil de cette
jeune personne , âgée de 12 ans , Paris .
1826, in-12 de 120 pages ; | Les Parvenus
ou Les aventures de Julien Delmours .
écrites par lui-même. Paris, 1819, 2 vol.
in-^", el 3 vol. in-12 ; | Sinclair . ou La
victime des sciences et des arts : nouvelle.
Paris, 1808, in-18 de 133 pages; | Les
f-^œux téméraires . ou L'enthousiasme ,
Paris, 1799, 3 vol. in-12; | Zwna. ou La
découverte du quina . suivie de la Belle
Paule de Zéncide et des Roseaux du Ti-
hre.V&r'is, 1817, in-12; [ Les Hères riva-
les, ou F^a calomnie . Paris . 1800, 4 vol.
in-S", et 4 vol. in-12, et Berlin et Paris , 4
vol. in-18, et 3 vol. in-8"; | Les Ermites
des marais Pantins, Paris, 1814, in-18, de
56 pages ; | Le siège de La Rochelle, ou
L» malheur de la conscience. Paris, 1808,
in-8*, cl 2 vol. in-12; | Les Voyage» \^
ques d' Eugène et d' j4tUonine.VAT\%, ISI8,
in-12 ; | I^s Athées conséquent . ou Até»
moires du commandeur ilr Linanges ,
Paris, 1824. in-8"; ] Les Tiddeanz dt M. là
comte de Forhin . ou La mort de IHtne
l'ancien , et Inès de Castro : noavclles
historiques, Paris, 1817, in-8*, avec deuB
gravures ; 1 Inès de Castro, novella saca-
da de la historia del Portugal . escrila
en francès, etc., y traductaal castellano,
par D*", Paris, 1828, 2 vol. in-18 ; | Bé^
lisaire . Paris, 1808, in-S". ou 2 vol. in-
12; I Les Bergères de Mtulian . ou /wt
jeunesse de Moise. poème en prose en six
chants, Paris, 1812, in-12 ou in-8°; \ Pé-
trarque et Laurc. Vir'is,, 1819. in-S", cl S
vol. in-12 ; | La Vie. pénitente de i/"* la
duchesse </'• La Vallière . avec des ré-
flexions sur la miséricorde de Dieu, nou-
velle édition , Paris, 1816, in-12; Paris,
1824, in-18, portraits, et 1825, in-12;
I La Duchesse de La f'allière . Paris,
1804, in-8", et 2 vol. in-12; 11* édition
1823 , 2 vol. in-12; | .»/""= de Maintenon,
pour servir de suite à l'histoire de âf"
de la Fallière . Paris, 1800, in-8", 2 vol.
in-12 ; | il/"' de Clermont . nouvelle hi»
torique , Paris . 1802 . 1811 . 1813 , in-18,
avec un portrait et 4 gravures; | Louisa
de Clermont. novela histonca. escrita en
francès. traducida al castellano . par D.-
J.-C. Pages, interprète real, Paris, 1824.
1825, in-18 ; | le même sous ce litre : Lm
Senorifa de Clermont. novela histonca .
escrita en francès. y traducida al castel-
lano,nînt P. Ferrer, Bordeaux, 1825, in-
18 ; 1 .U"' de La Fayette . ou La suite de
Louis XIII. Paris , 1813, in^", et 2 vol.
in-12; | Histoire de Henri le Grand.
Paris, 1815, 2 vol. in-8" et 1816, 2 vol.
in-12; | Jeanne de France; nouvelU
historique, Paris, 1816. 1818. 3 voL ifv
12; I Souvenirs de Félicie L"' . Paris ,
1804, 1 vol. ; suile, Paris, i vol. : en tou4
2 vol. in-12 ; | Les soupers de la ma-
réchale de Luxembourg. Paris, 18J8,
in-S" ; I Les Dîners du baron d'HoUmch,
etc., 2 vol. in-42 ; | .Mémoires inédit» tm
le 18' siècle . et la révolution frmnçaim.
depuis 1793 jusquànos jours. Paris, 18S5,
10 vol. in-8''; | Dictionnaire critique et
raisonné cU- s " ' r, d»%
usages du m '- ^^^'
in-8'' ; \ De li . »»f '«
littérature française . ou Prctu d* l'hit ■
toire des femmes françaites le* plus eélè^
bres . Paris, 1811. in 8". t\ \ toI. in 11;
I Observations critiques pour servir à l'iti»-
GEN
396
GEIV
totre littéraire du 19* siècle ou Réponse
de i/™" de Genlis à M. F. et N. L. etc. ,
les critiques de son dernier ouvrage inti-
tulé : I De l'influence des femmes sur la
littérature française j comme protectrices
des lettres et comme auteurs ^ Paris, 18H,
in-8° de 104 pages ; | De l'emploi du temps^
Paris, 1823, in-8°, et 1824, in-12 ; ] Etu-
des du cœur humain, etc., Paris, 1805 ,
in-12 ; | La Feuille des gens du monde^
ou Le Journal imaginaire^ Paris , 1812,
in-8° ; | Etrennes politiques pour 1828 :
Lettres au duc d'Orléans^ etc., ou Pro-
fession de foi politique j Paris, 1828, in-8°,
de 16 pages ; ] Epttre à l'asile que j'aurai^
suivie de deux fables^du chant d'un jeune
sauvage^ de l' Epttre à Henriette Sercey^
ma nièce» et des réflexions d'un ami des
talens et des arts, Paris, 1796, in-8° ; | Pré-
cis de ma conduite pendant la révolution,
Hambourg', 1796, in-8° et in-12; | Lesmo-
niimens religieux, ou Description criti-
que et détaillée des monumens religieux,
etc. , qui se trouvent maintenant en Eu-
rope et dans les autres parties du monde,
Paris, 1803, in-8°; | Prières, ou Manuel
de piété, proposé à tous les fidèles, etc.,
nouv. édit. , revue et augmentée, Paris,
1821 , in-12 , avec 4 figures ; \ Nouvelles
Heures à l'usage des enfans, depuis l'âge
de cinq ans jusqu'à 12 , Paris, 1801, 1816,
et Paris , 1825 , in-18 ; | La Religion con-
sidérée comme unique base du bonheur
et de la véritable philosophie ; \ Pièces
tirées de l'Ecriture sainte, Genève, 1787,
in-8" ; | Théâtre à l'usage des jeunes
personnes , ou Théâtre d'éducation , Pa-
ris, 1779-80, 4 vol. in-12, et 1795, 5 vol.
in-12 ; | Théâtre de société, Paris, 1781, 2
vol. in-8'*, et 2 vol. in-12; Suisse, 1782,
2 vol. in-8**; Genève , 1781 , 2 vol. in-12 ;
Paris, 1782, 2 vol. in-18 ; | Le La Bruyère
des domestiques , précédé de considéra-
tions sur l'état de domesticité en géné-
ral, et suivi d'une Nouvelle, Paris, 1827,
in-S", et 2 vol. in-12 ; | Manuel du voya-
geur contenant les expressions les plus
usitées en voyage et dans les circonstan-
ces de la vie, en 4 langues , anglaise, alle-
mande, française, italienne, Breslau, 1807,
in-8° , et Leipsik, 1807 , in-24 ; | Herbier
moral, ou Recueil de fables nouvelles ou
autres poésies fugitives, Paris, 1801, in-8°,
de 229 pag., et in-12; | Examen critique
de louvrage intitulé : Biographie univer-
selle, Paris, 1811-12 , 2 parties in-S".
GE!\NADE, patriarche de Conslanti-
nople , succéda l'an 458 à Anatole. Il gou-
verna son église avec zèle et avec sa-
fjesse , et mourut en 471. Il ne nous rcslc
presque rien de ses écrits. Il avait com-
posé des homélies, et un commentaire
sur Daniel.
GENIVA.de. r. SCHOLARIUS (George).
GErïi\ADE , prêtre et non pas évéque
de Marseille , mort vers 492 ou 495 , a
été accusé d'avoir adhéré quelque temps
aux erreurs des semi-pélagiens , parce
qu'il ne suivait point les sentimens de
saint Augustin sur la grâce et sur le libre
arbitre ; mais cette raison ne suffit pas
pour suspecter son orthodoxie , la doc-
trine de ce Père n'étant règle de foi qu'au-
tant qu'elle est contradictoire aux erreurs
condamnées dans Pelage ( Ko?/ez AUGUS-
TIN, SADOLET ). On a de lui : ] un livre
des Hommes illustres, altéré , à ce qu'on
croit, par une main étrangère ;| un Traité
des dogmes ecclésiastiques , qu'on trouve
parmi les œuvres de saint Augustin. Il
avait composé plusieurs autres ouvraiges,
qui ne sont pas venus jusqu'à nous.
* GE]\NAIH ( CÉSAR ) , peintre , neveu
duGuercliin.donl il continua l'école, né à
Bologne en 1G41 , s'est fait quelque répu-
tation par ses paysages qui sont fort es-
timés; il peignait aussi très bien les su-
jets d'histoire. Il mourut en 1688. — Be-
noît Gcnnari, son frère aîné, dit le Jeune,
né en 1633, fut aussi l'élève du Guer-
chin, et devint premier peintre des rois
Charles II et Jacques II. Il peignait l'his-
toire, et résida pendant quelque temps à
la cour de Lotiis XÎV , qui l'employa à
l'embeliissemenl de son palais. — Benou
GENNARI dit V Ancien fut le maître du
Guerchin : on estime surtout son tableau
qui rei»résente le Repas du Sauveur avec
les voyageurs d'Em?naûs , qui est dans
la galerie de Milan.
' GE\?iAIlO ( Joseph- AuRÈLE de ),
célèbre avocat , né à Naples en 1701 , ac-
quit dès son début au barreau une répu-
tation qui appela sur lui l'attention du
roi Charles III. Ce monarque le nomma
magistrat de Naples, et lui confia les
soins d'un travail qui avait pour objet de
réunir en corps de doctrine le^différentes
lois qui composaient la législation napoli-
taine. Plus tard Gennaro devint conseiller
du roi, puis professeur de droit féodal,
membre du conseil supérieur du com-
merce, etc. Tout occupé qu'il était, il
trouva encore quelques momcns à consa-
crer aux lettres qu'il cultivait sans jamais
néjjliger les devoirs de son état. Sa santé,
affaiblie par l'excès du travail, l'obligea
de se retirer dans une campM<;ii'.' près de
GE\
r>97
iNapU-s, où il inotirut le 8 scptombro i7Ct\.
à peine ùgé de JiO ans. Ses cruvm , qui
concemejU toute la jurisprudence . onl
été imprimées avec luxe par les soins de
M. Torrès qui y a mis une préface ,* en k
vol. in-8" . Naplos , 17()7. Le premier vo-
lume rcnfrrmo \ine production asscr in-
génieuse intilulée : Respublica juriscon-
sitltorum. qui avait obtenu plusieurs édi-
tions; la meilleure est celle de Naples,
1752 . in-4". Le 2* vol. contient les frrio!
autumnales .qui est en quelque sorte une
suite de la Respublica jnrisconsultorum ;
le 5' vol., sespo^5«<?s latines et italiennes.
q'ui avaient déjà été recueillies sous le
titre de Latina carmina , Naples, 1742,
in-4**. Dans le 4* vol. on trouve un traité
Délie viziose manière dcl difender le
faiiiff ne/ /bro. que Gennaro dédia au pape
Benoît XIV , et qui lui assure la recon-
naissance de tous ceux qui se destinent à
la carrière du barreau. C'est un recueil
des préceptes les plus importans sur les
défauts que doit éviter l'avocat. L'ou-
vrage est précédé d'une préface de l'édi-
teur .1. A. Scrgio, morceau fort curieux,
qui renferme une histoire du barreau
chez les peuples anciens et modernes. Ce
livre a été traduit en français par Ruyer
Duval, sous le titre de l'Ami du barreau,
Orléans , 1787, in-12.
GK\\ES ( JfUESi-REJfÉ-BEWAWiJi de),
de Vitré en Bretagne , né le 16 juin 1687,
entra dans la congrégation de l'Oratoire ,
et y fut ordonné prêtre en 1726. Il devint
professeur de théologie à Saumur , à l'âge
de 30 ans. Une thèse qu'il y lit soutenir
sur la grâce, ayant été censurée par l'é-
vêque et par la faculté d'Angers, le Père
de Gennes publia trois lettres contre ce»
censures. Il fut envoyé par ses supé-
rieurs à Montmorenci , puis à Troycs , et
ensuite à Ne vers , avec défense de prê-
cher. Ayant protesté, en 1729, contre
tout ce qui se ferait dans l'assemblée des
Pères de l'Oratoire, il fut exclu de cette
congrégation par plusieurs lettres de ca-
chet. Après avoir donné de nouvelles
scènes, il alla en habit de paysan ye ca-
cher dans le village de Milon, près de
Port-Royal. Il se rendit ensuite à Paris, fui
renfermé à la Bastille, et envoyé quatre
mois après en Hainaut dans un couvent
tle bénédictins. Sa liberté lui ayant été
icndue onic mois après, à cause du dé-
rarir.tncnt de sa santé , il alla voir révo-
que lie Sénci à la Chaise-Dieu. Il mourut
n 1748. C'était, dit l'abbé Ladvocat, un
homme vif. téhément, emporté. Son ar-
drur j>..,M ... . .
clos du diarrc P.u
des convulsions, j
fanatisme ordinaire. On a de Un : { qur^
qucs écrits en faveur des inirnr|r« tlc«
convulsionnairos ; ' •' l'av
senrblée de la cou toire
de 17r>3, que l'a M _ _ ,• un
chef-d'œuvre ; \ un uulre .Hemoire sur
l'assemblée de 172i) : Unis ouvrages qui
avaient l'air d'avoir clé écrits dans io
cercle des saltimbanques de Saint-Medard.
• CE\\ETE (N ), physicien, né eu
Lorraine dans les premières annj'^e» du
dernier siècle. II s'est fait connaître par
plusieurs inventions utiles, surtout par
des procédés ingénieux pour empêcher
les cheminées de fumer et pour conser-
ver la chaleur des foyers. On a de lui le»
ouvrages suivans dans lesquels il a ex-
posé ses recherches et ses découvertes :
I Cahier (mémoire ) présenté à .M.M. de
l'académie des Sciences de Paris . sur la
construction et les effets d'une nouvelle
cheminée qui garantit de la fumée , etc.
Paris , 1759, in-8", "h" édition, V)us le lilro
de nouvelles Constructions de cheminéts.
qui garantissent du feu et de la fumée, à
l'épreuve du vent . de la pluie et dex au-
tres causes qui font fumer les cheminées ,
Paris, 1764 , in-12 : | Expériences sur le»
cours des fleuves, 1760, in-8"; \Purification
de l'air croupissant dans les hôpitaux, les
prisons et les vaisseaux de mer . Nancy ,
1767 , in-8'* ; | Manuel des lalioureurs. ré-
duisant à quatre chefs principaux ce
qu'il y a d'essentiel à la cuUitrr des
c/iam/?«, Nancy, 1767, plusieiii
primé ; | Ponts de bois de ch
rizontale. sans piles ni cheval. . . ... .,,.-
tre appui que ses deux culées , 1770 , in-
8"; \ Connaissance des veines dr hmiftt
et de c/iarbon de terre, et tri .
tion dans la mine qui les conti
{'Ih. , in-S' ; I Origine des fontu,-,, ^. ri ue
là des ruisseaux, des rivières et de*
fleuves. 1774. in-S".
c;E.\()1'ILL.\C. royez GOURDON.
* (;K\0VESI ( AnToive ) . savant e(S
..... . =, Çj^
I libre
i;;_. .--.-. ■ «"S da
grandes dispositions : > ira 4
S4 ans . il profe««a 1 - it^
auiéminaire dcS.ii »
à l'étude de l'hi^
et de rrcf>nonur } , , s
où il continua de suivre ie% cours dr droit,
et se lit recevoir avocat ; maia n< pouvaAt
CEIV 398
s'accoutumer à la pratique souvent fasti-
dieuse qu'entraîne celte profession , il se
livra à l'étude des langues pour se consa-
crer à l'enseignement public , et fut suc-
cessivement professeur de métaphysique,
de philosophie morale et d& théologie. La
hardiesse de ses leçons lui fit interdire la
chaire. Il se rappliqua alors à l'économie
politique , pour laquelle il avait un vrai
talent. Barlhélemi înlieri fonda pour lui
en 1754 , avec l'autorisation du gouver-
nement , la première chaire d'économie
politique qui eût existé en Italie ; et de-
puis cette époque jusqu'à ses djerniers
jours Genovcsi continua cet enseigne-
ment. Il mourut d'hydropisie le 22 sep-
tembre 1769. Ses ouvrages sont | des Sie-
mens de métaphysique^ en latin , Naples,
1744 et années suivantes , 5 vol. in-8°;
j Elemenlorum artis logico-criticœ libri
quinque^ 174.^ , in-S". Ces deux ouvrages,
remplis de tous les principes qu'il avait
puisés dans les éciils d'Helvétius, de d'A-
lembert et autres philosophes du siècle ,
lui causèrent beaucoup de désagrémens.
I Elémens de théologie . Naples, 17ol. Le
cardinal Spinelli , archevêque de Naples,
se déclara contre cet ouvrage, qui fut la
cause de son interdiction, j Lezioni di
commercio^ o di economia ciVî7e> Naples,
1757, 2 vol. in-8°. Le succès de cet ouvrage
fut étonnant : c'est le meilleur de tous ceux
qu'il a publiés quoique on y trouve encore
bien des imperfections. | Meditazioni
filosofiche, sur la religion et sur la morale,
1758, in-8°; | Lettere academiche ^ sur
l'utilité des sciences et des arts, con-
tre X J. Rousseau, 1764 ; | Logica per gli
Giovanetti, in-8°, 1766. Cette logique est
remplie de pensées hardies comme tous
ses ouvrages qui ont rapport à la reli-
gion. I Trntlaio di scienze metafisiche ^
in-8°. C'est un résumé de ses Elémens
métaphysiques. \ Diceosinaj ou la science
des droits et des devoirs de l'homme,
1767 : cet ouvrage est incomplet; l'au-
teur n'eut pas le temps de l'achever. J. M.
Galanii , un des élèves les plus distingués
de Genovesi , a écrit son Eloge histori-
que^ "Venise , 1774.
GEMSERIC , roi des Vandales en Espa-
gne, fils de Godégisile et d'une concu-
bine , né à Séville en 406 , commença son
règne en 428 par une victoire signalée sur
Hermenric, roi des Suèves. Le comte Bo-
niface , gouverneur d'Afrique , perdu à la
t-our par le crédit d'Aétius son rival , ap-
pela Genseric dans son gouvernement
pour s'y maintenir par son secours ; mais
GE\
s'élant ensuite reconcilié avec l'empe-
reur, il voulut inutil.imcnt l'engager à
repasser en Espagne. Il tenta de le chasser
les armes à la n»ain, cl fut battu. 4spar,
en voyé à son secours avec toutes les forces
de l'empire, fut vaincu dans une nouvelle
bataille , plus funeste que la première.
Genseric , resté maître de toute l'Afrique,
y établit l'arianisme par le fer et par le
feu; er, suivant la pensée de Paul Diacre,
« il fit la guerre à Dieu , après l'avoir
» faite aux hommes. » Quelque temps
après, Valentlnien III ayant été tué par
Maxime , Eudoxie sa veuve, appela le hé-
ros vandale pour venger ce meurtre. Gen-
seric , gagné par ses présens , et ne cher-
chant qu'à se signaler, fit voile vers l'I-
talie avec une puissante flotte. Entré dans
Rome le 15 juin 455, il livra celle ville
au pillage. Ses soldats la saccagèrent pen-
dant 14 jours avec une fureur inouïe.
Les Romains virent renverser leurs mai-
sons , piller et détruire leurs églises , en-
lever leurs femmes , massacrer leurs en-
fans. Eudoxie, victime de sa vengeance,
fut menée en captivité avec ses deux filles
Eudoxie et Placidie. Léon l" , empereur
d'Orient , envoya contre lui en Afri-
que, vers l'an 458 , une flotte portant plus
de cent mille hommes ; mais le barbare
corrompit par ses présens Basilides, chef
de l'expédition, et cette armée périt avec
ses vaisseaux. Ce désastre , fruit d'une
trahison , força l'empereur à traiter avec
le vandale auquel il assura la possession
de \ Afrique proconsulaire. Carlhage
avait été exceptée de cette donation avec
quelques autres villes ; mais Genseric s'en
empara, et cette ville que les Romains pos-
sédaient depuis 585 ans devint la proie
d'un barbare. Le vainqueur affermi en
en Afrique devint redoutable à toute l'Eu-
rope , dont il désolait chaque année les
côtes par ses flottes. Ce corsaire couronné
ravagea tour à tour la Sicile , la Sardai-
gne, l'Espagne , la Balmalie. Il n'était pas
moins barbare chez lui que chez, les au-
tres. S'étant imaginé que sa bru cher-
chait à l'empoisonner pour se vçir reine
après sa mort , il lui fit couper le nez et
les oreilles , et la renvoya dans cet état
hideux au roi Théodemer son père. Ce
monstre était possédé de cette mélancolie
sombre, qui n'éclate jamais dans les parti-
culiers et dans les princes que par des for-
faits et des barbaries atroces. La terre en
fut délivrée en 477. On ne peut nier que
Genseric , malgré sa cruauté , n'ait été le
plus habile politique de son siècle, capa-
GÊN
399
G EN
Me de fntmer les plus (grands projeta et
de les exécuter , vif^ilunt, nrlif . infaiign-
Itle . parlant peu, niuis à projx>s; habile n
semer la division parmi crux qti'il vou-
lait Affaiblir , 5urhnnt en tirer avanta{;e
( I saisir adroitement les occasions.
•GE\SOM^É (Absiawo), né à Bor-
deaux le 10 août 1758, était avocat au
parlement de cette \ille. Il embrassa le
parti de la révolution, et devint membre
de la cour de cassation , lors de la forma-
tion de ce tribunal. Elu membre de la
seconde assemblée nationale, il s'unit avec
ses collè{jues Guadot. Ver^niaud, Roland,
leiu s promesses, leuri pro|K>s il ions firent
rejeties. Ils se rétitiirrnl alor^ niomenla-
néineut aux jarubins . niii rie
dernirr eoup à l'aiiliirii ' ••ttc
alliame ne fut pas de : : ,, ne :
comme cliaqua parti voulait dommer , il
s'éleva entre eux une lutte terrible. Le*
députés de la Gironde , parmi lesquels
se trouvaient de (vrands taWns, résis-
tèrent (pielque trmps ; mais enfin ils
succombèrent. Gensonné fut arrêté le a
juin 179:s, avec plusieurs députés, et con-
duit au Luxembourg. Traduit ensuite au
tribunal réxolutiotmaire, il fut condamne
Erissot; et ib formèrent le parti dit de^à mort, avec 21 de ses collègues, le 31
la Gironde ^ qui, après avoir été la prin-
cipale cause de la destruction de la mo-
narchie pour établir une république fé-
«lérative , devait bientôt être proscrit
elle-même par im autre parti , encore
plus avilie de sang. Gensonné obtint
beaucoup d'influence dans les romilés,
qu'il subjugua moins par ses talens que
par une causticité et un entêtement qui
le faisaient redouter de ses collègues. 11
fut le premier qui osa avancer celle bar-
bare niaximc : que dans les temps de ré-
volution, la stispicion seule est un titre suf-
fisant pour être condamné. Il lit ordonner
le séquestre des biens des émiiîrés , pro-
voqua la guerre contre l'Autriche, et fit
accorder aux commissaires de l'assemblée
le droit de destituer et de traduire en
jugement les généraux et tous les fonc-
tionnaires publics. Réélu à la Convention
nationale, il y parut plus modéré, et pro-
nonça un discours pour faire renvoyer le
jugement de Louis XVI aux assendjlées
primaires; i^iit défendre, pour un temps,
les visites domiciliaires, et eut le courage
de demander la pimilion des crimes com-
mis le 2 septembre. Cependant il vota la
mort de l'infortuné Louis XVI et se pro-
nonça contre le sursis à l'exécution ; mais
il parut s'intéresser à la jeune princesse
et au dauphin : et demanda (jue la muni-
cipalité fût responsable de leur sûreté.
Cette preuve tardive d'humanité ne ser-
vit dans la suite qu'à fournir des armes
à ses ennemis : on l'accusa, ainsi que son
parti, d'avoir voulu sauver le roi. Il est
certain que, reiloulanl Robespierre et
Danton, les Girondins seinblénnt un mo-
ment vouloir s'approcher de la cour, et
qu'un mémoire, rédigé par Geitsonné, fut
prcsenlé au roi par on peintre nommé
Boxe ; mais . s< i irix qu'ils met-
taient à leurs t excessif, soit
^e la cour n u ' conliancc en
octobre 1795.
•tîE.XSSA.XE (N. de), directeur gè-
néral des mines du Languedoc et conces-
sionnaire de celles de la Franche-Comté,
membre corre5pondaiit de l'académie des
sciences, est auteur des ouvrages suivans :
1 Description d'un planisphère , cadran,
et machine pour observer les asù-cs par
le méridien. 17:^6; | Manière d'employer
l'eau pour tes pompes. 17/il ; | IS'ouvetles
Corrections faites aux pom/>es ; \ Correc-
tions faites à la pompe à feu, 1744; | Traite
de la fonte des niities par le feu de char-
bon de terre. Paris, 1770-1776. 2 vol.
in 4" ; | la Géométiie sottten-aine pour
l'exploitation des mines. Montpellier.
1776, in-8" ; | Histoire naturelle delà pro-
vince de Lan ffuedoc. Montpellier, 177t>-77,
2 vol. in-8"; et des | Observations sur un
météore en forme de cornets , sur un ni-
veau, sur les mines d'yilsacs et du comté
de Bouryoyne. Genssane est mort en
1780.
• t;ENTIL ( jEAN-BArnSTB-JoSBPB ) ,
colonel d'infanterie, chevalier de l'onlrv
de Saint-Ixjuis, né à Bagnois le S5 juin
1726, d'une famille noble, passa dons
l'Ifide en 1752, avec le régiment où il ve-
nait d'être reçu eu'-eit'ne. Il servit «ui^
cessiveiiieiil soiu» lis onlres de MM. l)u-
pleix , de Bussy , de Conflans, de I.ally et
de Law de Lauriston, contribua aux suc-
cès de nos armes dans celte riche contrée,
et fut aussi témoin de nos désastres. Apres
la ruine de nos etablissemens , Gentil qui
s'était élevé jusqu'au grade de col«»n«l .
V, ' • affaires al'wluinenl desc»pc-
, , le, offrit se» services au na>
1 . .lie, qui lesatrrpla : révolté
ensuite de kl manière atroce et pcrtidca»ec
laquelle ce prince faisait la guerre , il l0
,,,,;•■ ' *r rendre auprcadu cé-
|, 1 1 lu'ah.naliai* d'Aoudr,
< iiiuxtACvtiKclcs ^ rai>-
GETV
AOO
GEIV
çais, l'accueillit avec empressement, et le
rombla de bienfaits. Le généreux Gentil
consacra ses richesses à secourir ses mal-
Jieureux compatriotes errans dans l'Inde ,
dont il réunit jusqu'à 600, et en forma une
légion soldée par le Nabab ; il acheta aussi
des objets d'histoire naturelle, des médail-
les , des manuscrits , des dessins indiens,
fie, qu'il déposa généreusement, à son re-
tour en France eu 1778, à la bibliothèque
du roi et au cabinet d'histoire naturelle. Les
Anglais lui avaient offerl 500 mille francs
de cette riche collection. Sa générosité et
ses services militaires ne le préservèrent
par des malheureux effets de la révolu- L
lion. Ayant perdu sa pension, qui con-
stituait ses seuls moyens d'existence , il
mourut dans le dénùment àBagnols, le
15 février 1799. Il a composé | une Histoire
métallique de l'Inde^ avec un grand nom-
bre de dessins, ornée de vignettes et de
■ portraits, un vol. in-fol. avec la carte de
chaque gouvernement ; | Histoire des bad-
jahs de l'Indoastan depuis Barlh jusqu'à
i'itaurah ; ] luie Histoire de l'empire du
jfofjol; 1 nn Abrégé géographique de l'Inde .
Ces diffcrens ouvrages sont restés manus-
crits. Son fils a publié , en 1814 , un Pré-
cis sur J. B. J. Gentils ancien colonel
d'infanterie^ etc.^ in-8°.
* OEA'TIL ( Andké-Antoixe-Pierre ) ,
religieux bernardin et savant agronome ,
né à Pesmes en Franche-Comté, dans les
premières années du 18*^ siècle , fit ses
éludes à Dole , et prit l'habit de Saint-
Bernard, à l'âge de 18 ans. Nommé pro-
cureur de la maison de Clair vaux , il la fit
prospérer, en aug nentant tousses reve-
nus par de nouvelles méthodes d'agricul-
lure ; et accrut par le même moyen l'ai-
sance des habitans du voisinage qui sui-
virent son exemple. Ces résultats Tayaut
fait counaUre avantageusement, Gentil
fut nommé prieur de Fontenai dans
l'Auxerrois. En 1775 il fit paraître son
J'Jssai d'agronomie^ dans lequel il deman-
dait aux états de Bourgogne l'établissement
de Fermes expérimentales ou modèles.
mais il ne put les obtenir. Il écrivit un
grand nombre de mémoires sur à^^ques-
lions d'agriculture^ qui furent couronnés
par diverses académies. La révolution le
fit sortir de son cloître. Réfugié à Paris ,
où il comptait vivre du produit de ses li-
vres qu'il voulait réunir en un seul sous
le titre de Petit économe , il fut trompé
dans cet espoir, et n'eut pour toute res-
source qu'une pension qui ne lui était
pohil c-xactemout ^)ayée, 11 mourut en
1800. Il était membre d'un grand nombre
d'académies et de sociétés d'agriculture.
GEM'ILIS DE FOLIO !\0 ou GENTILIS
de Gentilibus , médecin dont on a des
Co7nmenlaires sur Avicenne ^ in-fol., et
d'autres ouvrages. Il mourut à Bologne
vers l'an 1510, âgéd'environ quatre-vingts
ans.
GEATILIS (Albruic), né en 1531, à Cas-
!ello-san-Genesio dans la Marche d'An-
cône. Matthieu Gentilis, son père, qui
exerçait la médecine , ayant embrassé
les opinions des novateurs, entraîna ses
deux fils dans l'erreur. Albéric se retira on
Angleterre. Il fut fait professeur en droit
à Oxford, et mourut à Londres au com-
mencement de l'an 1611. Il est auteur : | de
troislivres Dejm^ebelli.Layde, 1588, in-4",
qui n'ont pas été inutiles à Grolius. | De
leyationibus ; \ De juris inierpretibus i
I De advocatione hispanicâ.
GE.\T1L1S (Scn>io\), frère du précé-
dent , naquit en 1565. Il était encore fort
jeune, lorsqu'il quitta ritalie avec son
père. Il étudia à Tubingen , puis à Wit-
leinberg , et enfin à Leyde , sous Hugues
Doneau et sous Juste-Lipse. Il enseigna
ensuite le droit avec une réputation ex-
traordinaire à Altorf, et fut conseiller de
Nuremberg. GentiUs mourut en 1616. Ses
principaux ouvrages sont : | De jure pu-
blico populi romani, 1602^ in-8°; ] De con-
jurationibus, 1602^ in-8°; | De donationi-
bus inter virum et iixorem, 160i, in-4'*;
I De bonis malernis et secundis nupliis^
1606, in-8". On voit par le style de ses
livres qu'il savait mêler les fleurs de la
littérature avec les épines de la jurispru-
dence. Ses Œuvres complètes ( Opéra
omnia) ont été imprimées à Naples,
1765, et 1763 , in-4°.
GEMILIS ( Jeaiv-Valentin ), parent
des précédens naquit à Cosenza, dans le
royaume de Naples. Obligé de quitter son
pays pour éviter la peine de mort dont il
était menacé à cause de l'impiété de ses
opinions, il se réfugia à Genève. 11 trouva
quelques italiens que le même sujet y
avait amenés, et forma avec eux un nou-
vel arianisme. Leurs nouveautés donnè-
rent lieu au Formulaire de foi dans le
Consistoire italien en 1358. Gentilis y sou-
scrivit, et ne laissa pas de somcr clandes-
tinement ses erreurs. Les njagistrats pri-
rent connaissance de cette affaire, et le
mirent en prison. Convaincu d'avoir violé
sa signature, il pi-ésenta en vain divers
écrits i)our colorer ses opinions. On le
conduuina à faire amende honorable, et à
GE\
&0i
GE^
jrttT lui-nu'me ses écrits au feu. Apn-i
axoir cxt'culc celte seiitt-mi*, il vt'cul
quelque temps tranquille; mais se voyant
à Genève avec désagrément, « cause de
la haine que lui portail Calvin , et ne pou-
vant se {îuérir tle l'envie de dogmati-
ser, il quitta celte ville cuiitre le serment
qu'il avait fait aux magistrats de n'en
point sortir sans leur permission. Il voyu-
(;oa dans le Dauphiné , dans la Savoie, et
retourna dans le canton de Berne. Il fut
reconnu et mis en prison; mais il s'é-
chappa et s'enfuit vers Georges Blandrata,
médecin, et Jean-Paul Alciat, milanais,
ses associés , qui s'efforçaient alors de ré-
pandre l'arianisme en PoloGue. Le roi
ayant publié en 15G6 un édit de bannisse-
ment contre ces novateurs étrangers, Gcn-
tilis passa en Moravie , puis h Vienne en
Autriche. Ayant appris la morl de Calvin,
il retourna dans le canton de Berne. Le
bailli, qui l'avait autrefois emprisonné,
se trouvant encore en cliarge, se saisit de
lui en juin 156(). La cause fut portée à
Berne , et Gentilis , ayant été convaincu
d'avoir attaqué le mystère de la Trinité ,
fut condamné à perdre la tète. Il mourut
avec impiété, se glorifiant d'être le pre-
mier martyr qui perdait la vie pour la
gloire du l'ère^ au lieu, disait-il. que les
apôtres et les autres niariijrs n'étaient
tnorts que pour la gloire du luis ( voyez
V Histoire de son supplice en latin , par
Bère, Genève, lo07, in-4° ). Gentilis
était léger et inconstant dans ses opi-
nions, et en changeait selon les temps :
sort de tous les sectaires qui, ayant secoué
le joug de la foi et l'autorité de l'Eglise ,
ne savent plus à quoi s'en lenir ( voyez
SERVET). Les termes de Trinité , A' Es-
sence.à' Hypostase, étaient, selon lui, de
l'invention des théologiens. Mais qu'im-
porte, pourvu que les idées que ces mots
renferment, n'en soient pas. Pour parler
juste sur la diviuilé de Jésus-Christ , il
voulait qu'on dit que le Dieu d'Israël .
qui reste seul vrai JJieu et le l^rede N. S.
Jésus-Christ, avait versé dans celui-ci sa
Uivinité. liavançait que Calvin faisait une
Çuatemité, en admettant une Essence di-
vine et les trois Personnes, comme si ces
Personnes n'étaient pas l'Essence divine,
ainsi que le savent et le disent tous les en-
ions des chrétiens. Ce chef des réforma-
teurs écrivit contre lui ; mais comme il
savait par lui-même que les écrits n'inti-
mident guère un enthousiaste, il chercha
à lui faire une réponse plus décisive; il
travailla à le faire brûler ; et à son grand '
ri'grtl , il n'avait pas pu réussir. C^t lntr>>
Icraut reforniateiir semblait intimem nt
convaincu qu'il avait un privilège exclu-
sif de fronder la doctrine de l'Eglixc et la
croyance générale des chrétiens : dann
tout autre dogmatisant, cet attentat lui
paraissait digne du feu. yoyez KAPRI-
NAI, LENTULUS, SEUVET.
GENTILLET ( IrvxocE'VT) , juriscon-
sulte protestant de Vienne en Dauphiné,
d'abord président de la chambre de l'é-
ditde Grenoble, établie en 1576, ensuite
syndic de la république de Genève. Or» a
de lui : | une Apologie latine de la reli-
gion protestante. 1588, Genève, in-h" :
I Le Bureau du concile de Trente. Ge-
nève, 1586, in-8°, dans lequel il prétend
ridiculement que ce concile est contraire
aux anciens canons et à l'autorité du roi ;
I Discours sur les moyens de bien gou-
verner et maintenir en bonne paix xui
royaume ou autre principauté... contre
Nicolas Machiavel. 1576, in-S", et 1577,
ni-li2; I \\4nti-Socin. 1612, in-i" : ce
sont des ouvrages savans et sages, partout
où l'auteur n'a point l'occasion de prôner
les erreurs de sa secte.
GEXTU'S ( George ) , né à Dahme
dans la Basse-Lusace , en 1618, étudia les
langues savantes, se rendit habile dans
les mathématiques et dans la médecine,
alla à Conslantinople , et parcourut tout
le Levant. De retour en Europe, il fut fait
conseiller de Jean-Georges II , électeur de
Saxe, et interprète pou ries ambassadeurs.
II mourut à Freyberg en Saxe, en 1687.
On a de lui pfusieurs traductions latines.
Les principales sont : | Ilosarium politi-
cum dePersico in latinum vcrsum , avec
des notes , Amsterdam . 1652 et 1674 , in-
fol. Nous l'avons aussi en fraii^is sous
le titre de Guiistan, ou l'Empire des ro"
'ses, par Sadi, prince des poètes turcs et
persans, traduit par Audi é du Ryer. Paris,
I65i : idem, traduit par M*", Paris, 1704.
in-8". î Ilistoria judnica. res judœorum
ah eversa œdc Ùierosolymitana ad hœc
ferè tcmpora usque. complexa ; a Solo-
moue ben Virga. de hebneo in latinum
versa, Ainsterdam, 1651 , in-4". Auguste
Beyera fait une vie de Genlius.
• GE.\TLEMA\ ( Fra\( is ), auteur et
comédien anglais, né à Dublin en 1728,
embrassa d'abord la carrière des armes à
laquelle il renonça pour se faire acteur :
il débuta sur le lliéàtre de sa ville na-
tale, et parut ensuite successivement sur
les théâtres d'Kdiiiil>ourg, de Liverpool
et d'Hayiuaikei , à Ix^ndrcs. II mourut en
Zk,
GEIV 402
178i., après avoir publié | des Fables roya-
les^ 1766, in-8° ; 1 une Epître intitulée Les
caractères et le censeur dramatique ^ 1770,
2 vol. in-8°. Gentleman a encore donné
une édition des OEuvres de Shakespare.
' GEATYou GENTIL (Louis), né vers
1770, était procureur-syndic du district
d'Orléans, au commencement de la révo-
lution. Député à l'assemblée Législative
et à la Convention par le déparlement du
Loiret, il s'y fit remarquer par son esprit
lie modération. Genty combattit avec
fermeté le parti de !a Gironde et celui de
la Montagne, s'opposa à plusieurs décrets
votés par la majorité, notanmieiit à celui
qui fut adopté dans le mois de janvier
1792 contre les princes émigrés , et plus
tard à la déclaration de guerre faite à
l'Autriche. Il s'éleva avec force contre
Jourdan d'Avignon, surnommé Coupe-
tête, dont les crimes restaient impunis ,
et contre Pétion, alors maire de Paris, qu'il
accusa d'être l'auteur des événeinens du
20 juin 1792 , jour où la populace vint in-
sulter le roi dans son palais. Genty fui
rappelé à l'ordre pour un discours véhé-
ment qu'il prononça contre Guadet, et
après la funeste journée du 10 aoxït , il ne
parut plus à la tribune ; dans le procès
du roi , il vota pour la détention et l'ap-
pel au peuple, et lit entendre ces paroles
remarquables : « Je ne veux pas que
» mon opinion donne à la France un
j> Cromwcll. » Après avoir fait partie du
conseil des Cinq-cents, d'où il sortit en
1798, il se retira des affairQS publiques,
vécut dans l'obscurité , et mourut peu
d'années après.
* GEi\TY ( Louis, l'abbé ), homme de
lettres , né à Senlis en 1745, fut professeur
de philosophie à Orléans, où il était aussi
vice-secrétaire de la société d'agriculture.
L'abbé Genty était correspondant de l'in-
stitut pour la classe de géométrie. Il est
mort en 1817, après avoir publié les ou-
vrages suivans : | Jrbor philosophica,
1767, in-8°; | Discours sur le luxe, cou-
ronné par l'académie de Besançon , 1784 ,
in-8" ; | de V Influence de Fermât sur son
siècle , 1784 , in-8° , mémoire qui a été
couronné par l'académie de Toulouse,
patrie de Fermât ; \ V Influence de la dé-
couverte de l'Jmérique sur le bonheur
du genre humain , 1788 , in-8".
* GENTZ (Fkédéric), publiciste cé-
lèbre et homme d'état, né en 1760, àBres-
lau , en Silésie, entra dans la carrière ad-
ministrative à Berlin. Obligé de se dé-
inet're de ses, fonctions, en J805 , il sii mit
GËO
au service de l'Autriche, et fut chargé
bientôt par la cour de Vienne d'une mis-
sion secrète pour Londres. De retour à
Vienne, il fut obligé de fuir devant les
armées françaises en 1805. Plus tard il
fut encore, employé par le ministre des
affaires étrangères. En 1813, on le chargea
de rédiger le manifeste par lequel l'em-
pereur François Il déclarait que ses traités
avec la France étaient rompus, et il de-
vint ensuite premier secrétaire du con-
grès de Vienne. Gentz assista également
aux congrès de Paris , de Carlsbach et de
Laybach. Il est mort le 9 juin 1852 , lais-
sant quel([ues ouvrages, tels qu'une ira-
duction de l'ouvrage de Burke sur la ré-
volution française, à laquelle il ajouta
quelques articles et des notes ; | un Essat
sur l'état actuel de V administralion des
finances et de la richesse nationale de la
Gi-ande-Bretagne , 1800, traduit la même
année eu français, Londres, in-8'' ; | une
Vie de Marie Stuart, traduite en français
par Damoze de Raymond, Paris, 1813,
in-8°, et 1820, in-12; | et un pamphlet in-
titulé : De l'état de l'Europe à la fin du
i^^ siècle. Gentz entreprit à lui seul , en
1799, un Journal historique ^ dans lequel
il se livrait à de violentes déclamations
contre la France. Il s'était d'abord pro-
noncé pour les idées libérales ; mais les
crimes commis au nom de la révolution
opérèrent dès 1792 un changement total
dans ses principes. On a aussi de lui des
Mémoires sur l'Histoire de son temps;
nous ignorons s'ils ont été imprimé-.
GEOFFRIN ou JOFRAIN (Claude),
parisien , d'abord franciscain , ensuite
feuillant, prieur, visiteur et assistant-gé-
néral de son ordre , est plus connu sous
le nom de don Jérôme. Il remplit les
chaires de la cour et de la capitale. Mais
en 1717, s'étant mêlé fort mal à propos des
disputes qui déchiraient l'Eglise, il fut
exilé à Poitiers. Rappelé à Paris , il y
mourut en 1721, à 82 ans. Ses sermons
ont été publiés en 1757, en 5 vol. in-12,
par l'abbé Joli de Fleury, chanoine de
Notre-Dame. L'éloquence de don Jérôme
était plus solide que fleurie ; sa déclama-
tion pathétique contribua beaucoup à sa
réputation de prédicateur.
GEOFFUIJV ( Marie-Thérèse RODET ,
épouse), née à Paris en 1699 , morte dans
la môme ville en 1777 , s'est fait un nom
par ses liaisons avec les beaux esprits de
ce siècle, qu'elle assemblait chez elle.
Mt'l.iDt de trente plats la solide ambroitie ,
Au nectar fugitif de la phiioso;>hie .
GEO
405
GEO
Ti-u conlenlc de ce (jenrc de céU-brilc. elle
(Nircourut toutus lus cours de l' Allcinagno ,
•e rendit à Vienne et do là à Varsovie, pour
recueillir le tribal de louantes quelle
•'nnaginait tHre dû par les princes à son
bel esprit. On connaît le mot de Fonle-
nellc, apprenant la inort de M™'^ de Tcn-
cin : J'irai donc manger chez la (ieoffrin.
D'AIenibert et d'autres académiciens ont
fait de grands éloges de M™* Geoffrin, qui
noiinnail les gens de lettres qui lui fai-
saienl la cour, des bêles frottées d'esprit,
en faisant allusion au mol de M'"'= de Ten-
ciii, qui les appelait ses bétes. Voltaire ne
paraît pas avoir clé fort prévenu en faveur
des assemblées scientifiques qu'elle tenait
chez elle , quand il a dit :
ll> parlaient, diipulaienl, et criaient tout enicmble;
Ainsi lorsqu'à ilincr une xicille rassemble
Onioxe ou xingl heaiit esprits, fainrliques «alenri ,
IVitnciirs , corapilatcurs, ibansonneiirs, traducteurs î
r.a maison retentit des cris île la cuhuc,
Les passant cbaliis s'arrêtent dans la rue.
L'auteur des Jnnales politiques l'a cou-
\ erle de ridicule, ainsi que ses convives ,
dans une satire intitulée : V Enterrement
de la pie. Il est certain que son enthou-
siasme pour la pliilosophie et le bel esprit
a rendu sa vie inquiète . et lui a fait cber-
cher dans l'oslentation et le bruit, un bon-
heur qui , chez le sexe surtout , ne germe
que dans une sagesse modeste et paisible.
f'oyez FAYETTE (la), GRAFFIGNY,
St'ZE , TENCIN.
GEOFFROÏ, abbé de Vendôme en 1093,
et cardinal l'année suivante , était d'An-
gers, et mourut vers l'an 1130. Louis le
Gros, roi de France , et les papes Urbain
II, Pascal II, Calixte II, Ilonorius II, le
chargèrent des affaires les plus impor-
tantes et les plus épineuses. Nous avons
de lui cinq livres de lettres, onze sermons
et des opuscules. où l'on trouve un excel-
lent Traité sur les investitures. Tous ces
écrits ont été publiés en 1610, par le Père
Sirmond. La lettre à Robert d'j4rbrissel.
fondateur de Fontevrault, sur sa fami-
liarité avec les feinmes , est certainement
de lui, quoiqu'on en ait contesté l'autlien-
iicité ; elle se trouve dans les manuscrits
de son temps. Mais Gcoffroi revint deson
préjugé, rendit justice à Robert, et devint
un de ses plus ardens défenseurs.
r.EOFFROI DE SAI.NT-OMER, fut un
des neuf gentilshoinmes qui formèrent
l'ordre des Templiers, l'an 1118, et celui
qui scdislingna le plus dans cette insti-
lution. / oyrr Ill'GUES des PAYENS.
CEOFFROl DE MOXMOLTII, surnom-
mé Ârturus . archidiacre de Monmoulh
en Angleterre, puis évéque de Saint-
Asaph. florissait vers 1152 sous le règne
de Henri H. Les rcnturiateurs de Mag<lc-
boiMg le font contemporain <lu vénérable
Bède, et lui donnent le titre de cardinal;
mais les auteurs anglais ne sont pas de
celte opinion. On a de lui : | De cxilio ec-
clesiasticorum ; \ De corpore et sanguine
Doniini ; \ Carmina diversi genrris ;
I Commentaria in prophetias Merlini .
etc. ; mais le plus célèbre de ses ouvra-
ges est une Histoire de la Grande Bre-
tagne, dans la collection des bistoriens
d'Angleterre par Commelin. Comme elle
contient divers faits apocryphes, et qu'il
y a inséré la vie du roi Arlus par Mer-
lin, Possevin , Baronius, et d'autres sa-
vans l'ont mis au nombre des écrivains
romanciers ou fabuleux.
GEOFFllOI ( Etiewe-François ) , né
à Paris en 1672, dun apothicaire , voya-
gea en France, en Angleterre, en Hol-
lande cl en Italie , pour se perfectionner
dans la connaissance de la médecine , de
la chimie et de la botanique. De retour
dans sa patrie, il recul le bonnet de doc-
teur, obtint les places de professeur de
cbimie au jardin du roi , de médecine au
collège royal , et fut associé à l'académie
des sciences de Paris et à la société royale
de Londres. Cet habile homme mourut
en 1731. Son caractère doux , circonspect,
motléré, et peut-être un peu timide , le
rendait al tenlif à écouter la nature et à
l'aider à propos. Il ne refusait ses secours
à personne. Une chose singulière qui lui
lit du tort dans les commencemens , c'est
qu'il s'affectionnait trop pour ses mala-
des. Leur étal lui donnait un adr triste et
alarmé qui les affligeait. On a de ce sa-
vant médecin : De viaterià medicà, sivé
de medicamentorum simplicium histo-
rià. virtute, delectu et usu, 3 vol. in-8°.
Cet ouvrage imfK)rtant , un des plus ro»
cherchés, des plus certains et des plus
complets que l'on ait eus jusqu'à présent,
a été traduit en français, en 7 vol. in-12,
pai BEKGIER , médecin de Paris, né é
Myon, près de Salins, mort en l7Ub, à A4
ans, regretté de ses confrères, et encore
plus de ses malades. Il en a j»aru une
continuation en 3 vol. par M. de Nobl«»-
ville, qui y a joint aussi une I/istoire df$
animaux, 6 vol., cl cnlin une table géné-
rale ; ce qui fait en tout 17 vol. in-IS.
• GEOFFROY (Clauoe-Josewi), frèr«
puiné du précédent, né à Paris en IGSS,
mort en 17j2> avait été destine à la iiiéile*
GEO
&0A
GEO
eîne ; mais U donna la préférence à la phar-
macie pour laquelle il avait une prédilec-
tion marquée. Il suivit assidûment les
leçons du célèbre Tournefort , acquit de
grandes connaissances en botanique et
en chimie, voyagea comme son frère dans
le midi de la France, et fut admis à l'aca-
démie des sciences dès l'âge de 22 ans-
Geoffroy a publié dans le recueil de cette
illustre société dont il était membre , un
grand nombre de mémoires, sur différens
sujets de chimie et de botanique.
* GEOFFROI ( Etieivive-Louis ), fils d'E-
tienne-François, né à Paris en 1725 et
mort au mois d-aoùt 1810, montra comme
•on père une sorte de passion pour les
diverses branches de l'art de guérir, et
notamment pour l'histoire naturelle. Il
fut reçu docteur en i748. Retiré depuis la
révolution de 1789 dans un village près de
Soissons, il avait été nommé correspon-
dant de l'institut peu après la création de
cette société savante. On lui doit : | une
Histoire abrégée des insectes qui se trou-
vent aux environs de Paris^ dans laquelle
ces animaux sont rangés suivant un ordre
méthodique ^ V axis , 1762, 2 vol. in-i^
fig., réimprimée en 1799, avec un supplé-
ment et des figures coloriées. On regrette
de ne pas trouver, dans cet ouvrage pré-
cieux à beaucoup d'égards, les noms spé-
cifiques. Le professeur Fourcroy a rem-
pli cette lacune dans son Entomologie pa-
risienne;] Traité sommaire des coquilles
tantfluviatiles que terrestres ^qui. se trou-
vent aux environs de Paris, ibid. 1767,
ia-12; | Dissertation surV organe de Vouie
de l'homme j des reptiles et des poissofis.
Amsterdam et Paris, 1778 , in-S", traduit
en allemand avec des notes, Leipsick,
1780, in-8°, avec fig. ; | Tlygieine, sive Jrs
■sanitatem conservandi . poema . Paris,
1771, in-8**, trad. en prose française par
le docteur de Launy, ibid., 177/i, in-8° ;
I Manuel de médecine pratique à l'usage
des chirurgiens et des personnes chari-
tables qui s'adonnent au service des ma-
lades dans les campagnes^ ibid., an 9
( 1801 ) , 2 vol. in-8" ; ce volume qui est
très médiocre se ressent de la vieillesse
de l'auteur.
GEOFFROI ( Jeaiï-Baptistiî ) , né à
Charolles en Bourgogne, en 1706, et mort
àSemur, petite ville de la même pro-
vince en 1782 , occupa pendant 22 ans
à Paris , au collège de Louis le Grand, la
cliaire de rhétorique , rendue si célèbre
par les Cossar!, les Jouvency, les Porée,
ses prédécesseurs. 11 s'était fait la réputa-
tion d'un homme d'esprit, et même de bel
esprit : ses harangues et ses plaidoyers la
lui avaient acquise. Il était moins connij
comme prédicateur. Cependant ses dis-
cours ont été jugés avec raison dignes
d'être publiés : ce sont des sermons sur
les mystères et sur la morale , qui compo-
sent les deux premiers volumes, des pa-
négyriques qui forment le troisième. Plu-
sieurs de ces sermons sont écrits d'un
style simple, affectueux , et presque sans
nul apprêt , tandis que d'autres sont re-
marquables par les mouvemens oiatoires
et les richesses de l'imagination. On a
reproché à l'auteur d'avoir trop prodigué
les antithèses ; et ce reproche est fondé :
c'est la manière de l'auteur , et ses orai-
sons latines ne l'avaient déjà que trop
prouvé. Mais dans tous ses sermons on
trouve une morale pure , de la dignité,
des maximes propres à instruire et à édi-
fier les fidèles. On y remarque surtout la
bonne et ancienne coutume, la seule digne
de la prédication évangélique , de pren-
dre l'Ecriture sainte et les ouvrages des
Pères pour base de l'instruction , de les
expliquer, de les commenter, d'en repro-
duire les sentences sous différens rap-
ports, par des répétitions heureusement
amenées , et propres à renforcer la pre-
mière impression. Manière des Bossuet,
des Bourdaloue, des Neuville, etc., et qui
servira toujours de modèle aux vrais ora-
teurs chrétiens. Ses Harangues latines
ont été imprimées de son vivant , mais
ses Sermons n'ont paru que quelques an-
nées après sa mort, à Lyon , 1788, 4 voL
in-12.
GEOFFROI. rorjez JOUFFROI GROS-
TESTE.
' GEOFFROY (Julien-Louis ) , célèbre
critique, né à Rennes en 1743, fit ses pre-
mières études chez les jésuites, et vint les
terminer à Paris au collège de Louis le
Grand, dirigé aussi par eux. Ces religieux
se l'attachèrent, et il demeura auprès d'eux
jusqu'au moment de la suppression de
leur société. Geoffroy, privé de toute res-
source, entra comme maître d'études au
collège de Montaigu , après avoir pris le
petit collet , puis en sortit pour faire
l'éducation des enfans d'un riche proprié-
taire nommé M. Boutin. Il se fit agréger
à l'université, et remporta trois ans de
suite (de 1775 à 177G) le prix annuel de
discours latin. Ce fut à son occasion qu'on
décida que le même concurrent ne pour-
rait être couronné plus de trois fois. Il con-
courut aussi à l'académie française ; mais
GEO
kOH
(ii:o
Ajn Eh^e de Chartes /"n'oblint qu'une
iDeiilionhouorublc, ol lo prix fulJ-cm porté
par La Harpe, à qm Geoffroy en (rnrJadu
ressentiment. Il obtint la chaire de rluHu-
riqucau coUf(;e de Navarre, ensuite celle
du cuUège Ma^.arin; cl après la inorl do
Fréron il devint un des collal)oratenrs de
X.tnnée littéraire. C'est dans ce journal
tuillit ses premières armes dans legcnre
|-olénuque. et quil préluda, par des arti-
cles contre Voltaire et le pliUosophisnie
moderne, aux attaques qu'il diri|;ea de-
puis contre ce coryphée de la littérature
française et contre ses sectateurs. Il écri-
Tjt aussi daiis le Journal île Monsieur et
entreprit ensuite, avec l'abbé Royou ,
V.Iini du Roi, journal qui eut et méritait
1 eaucoup de succès. Obligé de fuir après
' dix août 179'i, il se relira dans un ha-
. ioau à quelques lieues de Paris, où il
ri'sla ifjuoré sous l'habit modeste d'un
iiiaitre d'école. Sa femme interrogée sur
le lieu de sa retraite refusa courageuse-
ment de répondre, et brava les plus vio-
lentes menaces. Il retourna à Paris en
1799, et fut bientôt chargé delà partie des
spectacles dans le Journal des débats.
Quoique le genre ne jiarût guère le com-
porter, il trouva l'occasion de combattre
toutes les fausses doctrines en philosophie,
( 11 morale, en politique, en littérature, et
. déclara une guerre continuelle et vigou-
reuse aux principes de la révolution, aux
préjugés qu'elle avait accrédités , aux
écrits et surtout aux ouvrages dramati-
ques qu'elle inspirait. Il contribua ainsi
beaucoup à éclairer les esprits , à les ra-
mener à des idées justes et saines, à dé-
truire les faux systèmes de philosophie et
de politique, et à faire connaître le char-
latanisme de ceux qui les professaient.
On lui a reproché quelques exagérations,
l'encens qu'il a prodigué à Napoléon dans
plusieurs de ses feuilletons , et une insa-
lirible cupidité qui lui lit porter souvent
I sjugemens marqués au coin d'une évi-
'lenle partialité; mais ses torts ont été
beaucoup exagérés par les ennemis que
•es satires lui suscitèrent en grand nombre,
surtout parmi les poètes dramatiques et
1rs comédiens , et ce n'est pas à leur
jugement qu'on peut s'en rapporter. Il
lM)ssédait un mérite réel, et la foule de
»ts lecteurs s'étonnait surtout de sa pro-
.i: .... ' rondilé , qui, dans un cadre
ne s'épuisait jamais. Geoffroy
I ■> février 1814. Les nombreux
un., il, tii il a fournis au Journal des
OçùaL ont clé rcrucillis çn I{Hy soU3 W
titre de Cour.i de littérature dramatique,
ou Reçue il par ordre de matières des feuil-
letons de Geoffroy. îi v, in-8". On a en-
core de lui : | une traduction agréable et
élégante de Thcocrite. 1801 , in-8" ; | uns
édition des OKuvres de Racine , 7 vol.
in-8", avec un commentaire qui ne ré-
pond pas à la réputation de l'auteur. Il
parait qu'il l'avait fail avec précipitation.
On y trouve beaucoup de remarques mi-
nutieuses, et l'art et le génie du poète ne
sont pas assez approfondis ; il y a cepen-
dant d'ingénieuses réflexions et de très
bonnes observations littéraires. | Enlin
d'excellenles traductions de fragmens con-
sidérables des poètes grecs et latins , cl
d'une tragédie entière d'Euripide. On lui
a attribué la Fie polémique de Voltaire;
mais ce n'est autre chose (|ue le T(d)leau
de l'esprit philosophique de Voltaire de
l'abbé Sabbatlier de Castre, sous un autre
titre.
GEOUG (Je%\-Mic!IEl), directeur de la
régence prussienne de Baireulh , ne en
17/tO dans un bourg de la principauté de ce
nom, était lils d'un pauvre charbonnier. Il
fut élevé dans une école de cliarilé, et tilde
grands progrès, surtout en arithméli»iui';
mais bientôt arrêté dans sa carrière par le
défaut de fortune , il s'engagea dans un
régiment de hussards, déserta et rentra
dans l'humble cabane de son père ; cepen-
dant un riche propriétaire de forges qui
sut apprécier les heureuses dispositions du
jeune Georg, le chargea de l'inspection de
ses usines. Cette nouvelle position lui
donna l'idée de poursuivre ses éludes , et
le pasteur du lieului enseigna tout ce qu'il
savait; ensuite il se rendit à Erlang, où
il étudia la philosophie et les mathémati-
ques. Etant parvenu à se faire recevoir
maitre-ès-arls, il ou v rit lui-même un cours
de ces sciences, et fut bientôt après ap-
pelé à Baireulh où il consacra à l'étude de
la jurisprudence tous les loisirs que lui
laissait son emploi. Enfin, son mérite le lil
élever, en 1782, à la dignité de conseil-
ler de régence, puis en 1795, au postf
éminent de directeur de la régence du mar-
graviat de Baireulh. Il est mort en 1796,
« laissant , dit un biographe, un bel excn»
» pie à tous ceux «jui cherchent . par leur
• constancedansl'etudeet par leur m
» à s'élever au-dessiu de la coiidiii
D ils sont nés. » On a de Georg, ew -..^-
mand : | £ssai d'wie grammaire géné-
rale . en dialogues . Schwabach . 17ti8 ,
in-8"; | llistove du tribunal aulique de
liaireuUh B«ircuth, 177 », 178i, 2 vol. \x\r^'i
GEO
I Ùictionnaire complet de chasse ^ publié
après sa mort et rédigé d'après les ma-
nuscrits de l'auteur, Leipsick, 1797, 2 vol.
in-8°; | Dissertation sur des questions de
physique et de jurisprudence : iadépen-
dammènt de ses ouvrages imprimés , il a
ïaissé en manuscrit 60 cartons ou vol. in-
fol. sur l'histoire et le droit public de Bai-
reuth; trente autres volumes in-folio ou
in-/i.°, sur les mathématiques, la physique.
la chimie^ l'administratitM des forêts^ des
mines j etc. ; lui Dictionnaire, une Gram-
maire ^ une Mxjthologie Sorahe-TFendes.
Son fils Frédéric-Adam Georg a publié
sa Vie en allemand à Erlang , 1787 , 1
vol. in-4°.
• GEORGEL ( Jevx-François ) , né à
Bruyères en Lorraine, le 29 janvier 1731,
lit ses études chez les jésuites , entra dans
leur ordre à l'âge de 13 ans , et professa
successivement la rhétorique elles mathé-
matiques dans les collèges de Pont-à Mous-
son , de Dijon et de Strasbourg. Après la
suppression de la société , le prince Louis
de Rolian, qui avait connu l'abbé Georgel
à Strasbourg, se l'attacha particulière-
ment ; lorsque le prince fut nommé am-
bassadeur à Vienne , Georgel l'y accom-
pagna en qualité de secrétaire d'ambas-
sade ; ses lalens , son habileté pour les
affaires, lui acquirent bientôt toute la
confiance de son protecteur. Lorsque l'am-
bassadeur revint à Paris , l'abbé Georgel
resta chargé des affaires à Vienne , et il
les dirigea avec autant de succès que de
prudence. 11 parait même qu'il avait pé-
nétré les projets de la cour de Vienne sur
la Pologne, et qu'il en avait averti le ca-
binet de Versailles assez à temps pour
qu'on pût prendre les mesures convena-
bles. Il resta à Vienne jusqu'à l'arrivée du
nouvel ambassadeur. Le prince Louis
ayant été nommé à son retour grand au-
mônier de France , évêque de Strasbourg
et cardinal , l'abbé Georgel fut chargé de
tous les détails attachés à ces hautes digni-
tés , en sa qualité de grand-vicaire de
Strasbourg et de la grande aumônerie.
Mais voyant avec peine les liaisons du
cardinal avec Cagliostro ( V. CAGLIOS-
TRO ) et madame de la Motte, il ne fut
plus son confident intime , et il ne se pré-
sentait chez lui que pour lui rendre compte
de l'administration dont il était chargé.
Lorsque le cardinal de Rohan eut été
arrêté , le 15 août 1785 , pour la trop
fameuse affaire du collier^ l'abbé Georgel,
oubliant aussitôt les torts de son maître ,
retrouva tout son zèle., et voua tous ses
A06 GEO
soins à la cause de son protecteur malbeii-'
reux. Il s'empressa de soustraire parmi les
papiers du cardinal tout ce qui aurait pu
le compromettre. ExiW à Mortagne quel-
ques mois avant le jugement, en vertu
d'une lettre de cachet obtenue par le ba-
ron de Breteuil , il continua à soutenir ,
par tous les moyens qui étaient en sa puis-
sance, la cause du prince de Rohan. Après
le jugement de cette affaire, dont l'Eu-
rope attendait l'issue avec tant d'impa-
tience , l'abbé Georgel obtint la permis-
sion de se retirer dans sa ville natale ,
tandis que le cardinal fut exilé dans son
diocèse. Malgré les services qu'il en
reçus , ce prélat se laissa prévenir contre
lui , et il n'entretint avec l'abbé aucune
liaison. Pendant les troubles de la révo-
lution , l'abbé Georgel fut arraché de sa
retraite et déporté en Suisse , d'où il
passa à Fribourg en Brisgau. 11 commen-
çait à travailler à la rédaction des notes
où étaient consignés les divers événe-
mens auxquels il avait pris part, lorsqu'on
1799 il fut rejeté de nouveau dans les af-
faires , et fit un voyage à Pélersbourg dans
les intérêts de l'ordre de Malte. Revenu à
Fribourg, il obtint bieniôt après la per-
mission de rentrer en France. M. Portails
ministre des cultes lui offrit un évêchô
qu'il refusa. Cependant, pour se rendre
utile à la religion , il accepta , à la sollici-
tation de M. l'évêque de Nancy, la place
de provicaire pour le département des
Vosges. Il se concilia , par la sagesse de
son administration dans ces temps diffi-
ciles , par son zèle et sa piété ,1a confiance
de son évêque et l'estime des autorités
civiles. Il continua en même temps la ré-
daction de ses mémoires. L'abbé Georgel
mourut le 14 novembre 1813 , âgé de 83
ans. On a de lui : ] Mémoires sur les rangs
et les honneurs de la cour , ou mémoires
de M. de Soubise , Paris, le Breton, 1771,
in-8". Ce mémoire avait pour but de prou-
ver, contre un écrit anonyme ( de M.
Giberl ) , que la maison de Rohan des-
cendait de la maison souveraine de Bre-
tagne ; I SIémoires pour servir à l'histoire
des événemens de la fin du 18' siècle de-
puis 1760 jusqu'en 1806, Paris , Eymery
1818, 6 vol. in-8". L'auteur traite dans ces
mémoires de la destruction des jésuites ,
des dernières années du règne de Louis
XV , qui comprennent les ministères du
duc de Choiseul, du duc d'Aiguillon et du
chancelier Maupeou. Passant ensuite au
règne de Louis XVI , il parle des opéra-
lions dcsmiuislres, cl il domie des détails
GEO
A07
GEO
jiîr îa fameuse affaire du cnlUrr ; enfin il
prend la révolution dans son principe, et
il la suit jusqu'en i80:>. Les juueini-ns qu'il
porte nnnonrenl souvent un sens droit,
et une certaine pénétration ; cependant
on désirerait quelquefois qu'il montrât
moins de partialité. Il peint sous un jour
odieux plusieurs personnages, que d'au-
tres nous montrent avec raison sous des
couleurs plus favorttI)les, tels, par exem-
ple , que le baron de Breteuil , à qui
on a généralement accorde de {'randes
et de nobles qualités. Ces Mémoires qui
sont remplis d'intérêt offrent beaucoup à
la curiosité et ont eu deux éditions. Mais
on doit les lire avec une certaine mé-
fiance , plusieurs hommes de lettres , as-
6ure-t-on, et c'est l'opinion du savant
auteur du Dictionnaire des anonymes.
en ayant retouché le manuscrit avant et
pendant l'impression. On affirme que,
durant sa dernière maladie, l'abbé Georgcl
éprouva quelques remords sur la manière
dont il s'était exprimé sur le compte de
plusieurs hommes recommandables, et
qu'il voulut jeter son ouvra^je au feu. Des
amis le détournèrent de cette résolution,
et le manuscrit fut vendu par les héritiers
de l'auteur à son libraire pour la modique
somme de 25 louis.
GEORGES ( saint ), martyr sons Dioclé-
tien. Son nom est très célèbre chez les
chrétiens, et même chez les mahomélans :
ceux-ci lui allribuenl plusieurs miracles,
entr'autres celui d'avoir rendu à la vie le
bœuf d'une pauvre veuve . qui l'avait reçu
dans sa maison. Il y avait autrefois à
Constantinople cinq ou six églises de ce
nom. Il se faisait un grand concours de
peuple à une de ces églises : elle s'ap-
pelait 3fanffalles. et était attenante à un
monastère , situé du côté de la Propon-
tide. C'est de là que l'Hellcspont , ou dé-
troit des Dardanelles , a pris le nom de
Bras-de-Saint-George. Ce saint est honoré
par plusieurs autres églises d'Orient, prin-
cipsdement en Géorgie. On voit par saint
Grégoire de Tours, qu'il était fort célèbre
en France dans le 6* siècle. Saint Gré-
goire le Grand ordonna de réparer une
ancienne église bâtie en stin honneur, qui
était sur le point de tomber en ruines.
On trouve son office dans le Sacramen-
taire de ce pape, et dans yilusieurs autres.
S ■ ■ ^ ■> autels sous son
n !■ du monastère
de' A fondatrice, fût
aiusi dediee sous son invocation. Il est
dît dans ranci«nne vie de saint Droctovéo,
qu'on apporta des reliques du saint à Partit
et qu'on les déposa dans l'église de Sainl-
Vinrent; uujourd'hui de Saint-Germain-
des-Prés , lorsqu'on en Ut la dédtrarc. For-
lunat de Poitiers a composé une piùite de
vers sur une église du niênie saint, qui
était à Maycnco. Il résulte de ces autorité!
que son culte est fort ancien dans l'Occi-
dent, et surtout en France. Les gens de
guerre avaient beaucoup de dévotion pour
saint Georges, principalement fondée sur
ce que l'on disait qu'il avait été lui-même
guerrier, au rapport de Métaphrastc. Il
est présentement premier patron de la
république de Gènes. Les Anglais , sous
leurs rois Normands, rapportèrent des
croisades une grande dévotion à ce saint.
Le concile national, tenu à Oxford en 1222,
ordonna que sa fête fût de précepte dans
toute l'Angleterre. Ce fut sous sa protec-
tion qu'Edouard III mit l'ordre de la Jar-
retière , qu'il institua en 1347. Certains hé-
rétiques avaient forgé des actes de ce saint.
Le pape Gélase les condamna dans le cé-
lèbre concile qui se tint à Rome en 494.
Calvin et les ccnturiateurs de Magdebourg
ont avancé qu'il n'y avait jamais eu de
saint Georges ; mais leur prétention est
dénuée de toutes preuves , et réfutée par
les titres et les monumens les plus authen-
tiques. Jurieu, Reynolds et Echard, n'ont
pas rougi de confondre ce saint avec ub
arien nommé Georges, qui usurpa le siégo
d'Alexandrie { voyez l'article suivant ).
Les fables des hérétiques sont tellement
incorporées à l'histoire de ce saint , qu'on
ne peut plus démêler la vérité dans les
actes qui nous restent de lui ; mais l'an-
cienneté et l'universalité de son culte par
toute l'Eglise ne permettent pas de douter
de son existence {voyez saint ROCH,
sainte CATHERINE); c'est un point in-
contestable, prouvé d'ailleurs par un
grand nombre d'autours , qui ont écrit
depuis le 5"* siècle jusqu'à présent. Saint
George est ordinairement représenté à
cheval, et ayant un drajjon sous ses pieds,
pour marquer qu'il a vaincu par sa foi le
démon, désigné dans l'Apocalypse sous
le nom de dragon. Quelques auteurs ont
conjecturé qu'il était le mente que ce jeune
homme, qui, au rapport de Lactancp,
dans son livre De la mort des persécu-
teurs .mit en pièces les éilits qui avaient
été affi ' " Muédle. Le Père Pope-
broch : ' neuves de cette conjec>
ture. / ' ^•
GEOIKitS, fameux arien, devint maître
dusiégc d'Alexandrie par inlrusioo. 11 pcr-
GEO
408
GEO
s#cula avec une cruauté inouïe saint Atha-
nasc et les catholiques, massacra un grand
nombre de ceux-ci, bannit leurs évcques ,
pilla les maisons des orphelins et des
Tçuves, traita avec la dernière barbarie
les vierges consacrées au Seigneur. Enfin
ces désordres allèrent si loin , que les païens
eux-mêmes ne purent souffrir un pareil
monstre. Ils le massacrèrent sous le règne
de Julien. Onremarque dans tous les temps
que les évéques intrus étaient des hoiTimes
féroces etdétestables : la lâcheté qui s'unit
au sacrilège dans ces âmes viles et basses ,
en fait des espèces de monstres, odieux à
ceux même qui les mettent en action, ou qui
parleurscélératesse personnelle devraient
naturellement être portés à applaudir à la
leur.
GEORGES, despote de Servie en i/i.iiO ,
suivait la religion grecque , aussi bien que
ses peuples ; mais il était accusé d'y avoir
mêlé quelques impiétés de l'Alcoran par
le grand commerce qu'il avait avec les
Turcs. La Servie étant alors la borne com-
mune des Turcs et des Hongrois , il s'était
réduit dès sa jeunesse à porter les armes,
tantôt pour les ottomans , tantôt pour les
chrétiens. Enfin Mahomet II rechercha
son alliance, et épousa Marie sa fille ; ma-
riage nul selon les lois chrétiennes. Le
sultan s'était proposé d'usurper un jour la
Servie pour la dot de son épouse. Il fit
aveugler avec un fer ardent Etienne et
Georges , fils du despote ; il préparait le
même traitement à Lazare, son troisième
tils; mais ce père infortuné trouva le moyen
de le sauver des mains de ce barbare. En
1445 , Mahomet II vint en personne assié-
ger la ville de Novigrad en Servie. S'en
étant rendu maître, il se borna à cette con-
quête , parce que Marie négocia l'accom-
modement de son père , en le détachant
d'Huniade, et des intérêts communs de la
chrétienté. Georges mourut en 1457, d'une
blessure qu'il reçut à la main, en faisant
combattre un petit corps d'armée contre
hîs Hongrois : tant il se méprenait sur ses
vrais ennemis. Il laissa la conduite de son
état à Irène Cantacuzène , son épouse , et
à Lazare , le plus jeune de ses fils. Ceux
que Mahomet avait fait aveugler furent
privés de la succession, et sortirent en
même temps de Servie , sur le bruit que le
sultan venait pour s'en emparer. Georges,
qui était le cadet, se retira en Hongrie et
Ktienne en Albanie. Leur frère Lazare suc-
céda à la couronne , et mourut la même
année , après avoir fait périr par le poison
sa mère, pour régner seul : mais bientôt
la puissance maliométane absorba cepctit
élat , et vu la conduite de ceux qui le gou-
vernaient, il n'y a pas de quoi s'en étonner.
GEORGES, moine grec , florissait dans
le milieu du 10"^ siècle , et a écrit V His-
toire des empereurs d'Orient depuis Léon
le Philosophe jusqu'à Romain II , en 9G3.
C'est une suite d» celle de Génésius. On
la trouve dans V Histoire byzantine^ Pa-
ris, 4685.
GEORGES de Trcbisonde, ainsi appelé
parce qu'il était originaire de cette ville,
naquit à Candie , et vint à Romesotis le
pape Eugène IV. Après avoir professé la
rhétorique et la philosophie pendant plu-
sieurs années avec succès , il fut secré-
taire de Nicolas V. On lui doit : | unj
Rhétorique^ dont la première édition sans
date est de Wendelin de Spire, vers 1470,
in-folio , réimprimée avec d'autres rhé-
teurs , Venise , 1525 , in-folio ; | plusieurs
traductions diQ livres grecs et latins, entra
autres , de la Préparation évangélique
d'Eusèbe : version que le savant Petau
méprisait avec raison ; | des écrits de
controverse en faveur de l'église latine
contre la grecque , dans la Grœcia ortho-
doxa d'Allalius, grec-latin, Rome, 1652, eJ
16592 vol. in-4°; [ quelques ouvrages^ dans
lesquels il fait paraître un mépris extrêmo
pour Platon , et un enthousiasme incon-
sidéré pour Aristote... Georges.de Trébi-
sonde était un homme ardent , colère ,
querelleur , bizarre. Il quitta la cour do
Rome, pour briller dans celle d'Alfonse,
roi de Naples ; mais il fut bientôt las de
celle-ci. Il retourna à Rome , où il mou-
rut vers l'an 1486.
GEORGES SYNCELLE. Voyez SY^-
CELLE.
GEORGES ACROPOLITE ou LOGO-
THÈTE. royez ACROPOLITE.
GEORGES, dit AMIRA, savant maro-
nite, vint à Rome sous le pontificat de Clé-
ment VIII, ety mit aujour une Grammaire
syriaque et chalddique, 1596, in-4° , esti-
mée des savans. De retour en Orient , i!
fut fait patriarche des Maronites , y fit
recevoir la réformation du calendrier, et
mourut vers 1641. Georges Amira souffrit
beaucoup avec son troupeau, durantla
guerre des Turcs contre les Emirs. Ce
fut lui qui reçut au mont Liban Galaup
de Chasteuil.
GEORGES, duc deClarence, frère d'E-
douard IV, roi d'Angleterre, fut convaincu
d'avoir eu dessein de secourir la duchesse
de Bourgogne contre le roi son frère. Son
procès lui fut fait ; on le condamna à être
GKO
ouvcrl loul vif ptnir lui
&09
arracher les en-
trailles et les jeter au fou , puis à avuir lu
tite Iranchée , oprès quoi son corps de-
vait tire mis en quatre quartiers ; mais
M mère ayant fait modérer cette sentence,
on le noya dans un tonneau de malvoisie.
C'est ainsi que linil ce prince infortuné ,
lan li78.
GEORGES I" (Louis de BRUNSWICK ),
duc et cleclcur de Hanovre, était lils
d'Ernest-Au(;ustc de Brunswick, et naquit
le 8 mai 16(30. Il commanda avec succès
farmée impériale en 1708 cl 1709. La
reine Anne étant morte le 11 août 1714,
Georges fut proclamé roi d" Angleterre le
même jour, en vertu d'un acte du parle-
ment d'Angleterre du 14 mars 1701 , con-
firmé le Tj octobre 1705, qui excluait
les Stuarls du trône. Quelques jours
après son couronnement , le roi dit que
la quantité de monde qu'il avait vu à cette
cérémonie, lavait fait penser aujour de la
résurrection des morts. Miladi Cowper ré-
pondit : Sire, aussi ce jour-là fut-il celui
de la résurrection de l'Angleterre et de
tous les bons Anglais. Réponse flatteuse.
mais qui tombait à faux, puisque le règne
d'Anne qui venait de finir était un des
plus glorieux que présentent les annales
de la Grande-Bretagne : mais la réflexion
du roi est d'un sombre instructif, et res-
semble à celle de Xerxès , que saint Jé-
rôme a si bien commentée ( Epist. ad
Heliodorum ). La nation anglaise continua
à prospérer sous son règne. En 1726 , elle
mit trois flottes en mer : la première alla
en Amérique , et empêcha l'arrivée des
galions en Espagne ; la seconde croisait
sur les côtes d'Espagne , et observait de
près le mouvement des Espagnols; la
troisième fit voile pour la mer Baltique,
où elle empêcha les Moscovites de mettre
à exécution les projets qu'ils avaient for-
més. Georges 1" mourut l'année d'après ,
en 1727, à Osnabruck . d'une apoiilexie ,
en allant d'Angleterre à Hanovre.
GEORGES - Ai;GtSTE II , duc de
BRUNSWICK , fils du précédent , naquit
en 1683, et succéda à son père en 1727 ,
dans ses états d'Angleterre et d'Allemagne.
La même maladie l'emporta. Il fut frappé,
le malin 25 octobre 1760, d'une apoplexie
foudroyante, qui termina dans un moment
sa longue vie et son heureux règne. Poli-
tique habile , il sut gouverner un peuple
qui ne sait guère obéir , et en obtint tout
ce qu'il voulut. Les armes des Anglais
prospérèrent dans la guerre de 1741, que
Georges II soutint avec gloire ; et leur
<;eo
puissanrc s'actrui dans celle de 1750, qu'il
ne vit pas terminer. Dans la première, il
maintint la reine de Hongrie dans ses
possessions, après la mort de Charles VI ;
et dans la seconde, il fil des con(|urles au
Nouveau-Monde , et ses vaisseaux firent
(les prises immenses. On raconte de ce
prince une anecdote qui donne la meil-
leure idée de son caractère. En 1746 il se
trouvait masqué à un bal, et causait avec
une dame masquée aussi, et qui ne le con-
naissait pas. Celte dame lui proposa d'al-
ler avec elle se rafraiciiir au buffet ; le
roi y consentit. On lui verse à boire : A
la santé du jyrétendant . dit la dame. — De
tout mon coeur ^ répondit ce monarque :
je bois volontiers à la santé des princes
malheureux.
* GEORGES III, roi d'Angleterre et de
Hanovre, né le4 juin 1738, était fils de Fré-
déric-Louis , prince de Galles , et d'Au-
gusta , princesse de Saxe-Gotha. Il perdit
son père à l'âge de 12 ans : placé sous la
tutelle sévère de sa mère , et sous la di-
rection rigide de lord Bute son gouver-
neur, il futélevédans la gène etdans tous
les préjugés des cours d'Allemagne ; son
éducation eut moins pour but son propre
intérêt que celui de la princesse douairière
de Galles , et celui de «on gouverneur ;
l'une était jalouse de l'autorité future dn
son fils , et l'autre avait des vues per-
sonnelles d'ambition. Un peu de inusi(iue.
le français , l'allemand et l'italien , quel-
ques parties de riiistoire de son pays cl
des états voisins , telles furent les seules
connaissances qu'on cherchaà lui donner.
Rarement il lui était permis de sortir des
palais où il était élevé, et il n'avait aucune
communication avec les personnages di*-
tingués qui auraient pu lui u)>prendre
à connaître les honnnes ou contiibuer au
développement de ses facultés inorales.
Comme parmi les leçons qu'il recevait,
aucune ne s'adressait à son caractère, il
conserva toute sa vie une fermeté qui lui
fut quelquefois nécessaire, mais qui,
poussée jusqu'à l'opiniàtrelc, lui aliéna
une grande partie de ses sujeli et princi-
palement les catholiques d'irl.- i \ ,
glelerre déplora longtemps 1
aveclaquelle on dirigea la je
prince dont l'esprit , il faut l'avouer .
avait naturellement peu d'cicndn**, mai^
qui était doué do plusieurs ^
niables, et mêmede hautes vi
de 22 ans, il succéda k son aitui i><:v^i^c^
Auguste II. Le premier acte de SOQ règiM
fut d'annoncer au parlement brifunniqu»,
GEO
410
GEO
qu'il était engagé dans une guerre contre
la France et l'Autriche , que la croyant
juste et nécessaire il la continuerait ; qu'il
ne devait pas seulement compter pour la
îaire sur la valeur de ses troupes , mais
encore sur les secours en argent dont il
avait im besoin urgent ; jamais prince
n'obtint un subside aussi considérable ;
12 millions de livres sterlings ( 300 mil-
lions de francs ) lui furent accordés. On
ne se repentit point d'avoir fait un tel
sacrifice, lorsqu'il vint annoncer au par-
lement la prise de Belle-Ile sur les côtes
de Bretagne, de Pôndichéry dans l'Inde ,
de la Martinique, de la Grenade , et de
Saint-Vincent dans l'Amérique. En 1762
le roi déclara la guerre à l'Espagne , et
cette puissance ne tarda pas à essuyer les
pertes les plus considérables ; im vais-
seau évalué à 25 millions de francs, la
Havane et Cuba , furent pris par les An-
glais, et ces succès exaltèrent au plus
haut point l'enthousiasme et l'orgueil du
peuple britannique. Moins heureuses sur
le continent, les troupes de Georges I 11
essuyèrent des revers qui furent adroUc-
jnent dissimulés. La paix fut conclue à
Paris le 10 février 1763, et elle fut avanta-
geuse à l'Angleterre qui obtint ave>' le Ca-
nada tout le continent de l'Amérique sep-
tentrionale jusqu'au Mississipi, excepté la
ville de la Nouvelle-Orléans. Les îles de
la Grenade, Saint-Vincent, la Dominique,
les rives du Sénégal , Minorque , le port
de la ville de Dunkerque furent placés
sous l'humiliante inspection d'un commis-
saire anglais , comme il avait été réglé
précédemment par le traité d'Aix-la-Cha-
pelle. La France recouvra Belle-Ile , la
Martinique, la Guadeloupe, Pôndichéry ,
et l'Espagne rentra en possession de l'ile
de Cuba. Quoique ce traité augmentât la
puissance des Anglais dans les deux mon-
des, ils en furent mécontens : d'un côté
ils se rappelèrent les triomphes de leurs
armées, de l'autre les dépenses exorbi-
tantes qu'ils avaient faites pour ces entre-
prises , et ils jugaient que Georges n'avait
[)oint obtenu des avantages proportionnés
à l'étendue de ces sacrifices et de ces suc-
cès. Lord Bute, principal auteur du traité,
fut exposé à l'animosité générale , et le
roi commença à perdre de sa popularité.
Pour rétablirles finances, que les dernières
guerres avaient mises dans un état pi-
toyable, Georges eut la malheureuse pen-
sée d'imposer plusieurs taxes nouvelles
aux habitans cks Colonies de l'Amérique
»epte»trioQale. Plusieurs ministres lui
firent d'inutiles représentations. Ce fui
vers 1765 que commencèrent à se mani-
fester dans le nord de l'Amérique , par
suite de l'envoi de Yédit du timbre , les
premiers signes du mécontentement qui
amenèrent la révolution des Etals-Unis
Nous n'entrerons point dans les détails de
celte guerre qui dura 8 ans, et dont le ré-
sultat fut non-seulement la séparation des
Colonies d'avec la métropole ; mais en-
core l'affaiblissement momentané du pou-
voir monarchique en Angleterre. Pendant
cette lutte , la Grande-Bretagne éprouva
de grandes pertes dans samaiine, par les
victoires des Suffren , des d'Estaing, des
Lamothe- Piquet : la France soutint de
son argent et de ses armées les nouvelles
républiques de l'Amérique ; peut-être
l'Angleterre fut-elle antiplement vengée
de la part que les Français prirent à cette
guerre d'indépendance par les malheurs
dont leur pays devint ensuite la victime,
et que ne contribuèrent peut-être pas peu
à développer les idées de liberté et de ré-
publicanisme que rapportèrent à la suite
de celte expédition les compagnons de
Franckliu et de "Washington. Pendant
cette époque où l'Amérique commençait
à secouer le joug du vieux continent, les
esprits fermentèrent aussi en Angleterre.
En 17691a sédition éclata dans Londres
même , après l'arrestation du fameux
Wilkes, écrivain populaire que le gou-
vernement fut obligé de relâcher, et qui
fut ensuite nommé lord-maire de Londres,
et député de Weslminsler. Les lettres de
Junius qui parurent à la même époque et
qui attaquaient de la manière la plus vive
le gouvernement du roi Georges, causèrent
aussi une grande agitation. Ce fut en 1783
que les colons de l'Amérique septentrio-
nale se séparèrent définitivement du gou-
vernement de St. -James. Aux malheurs
intérieurs et extérieurs l'Angleterre pou-
vait opposer les succès de ses armes dans
l'Inde, et la fondation de la puissance co-
lossale que tous les jours elle y a accrue
depuis. Elle avait eu à y combattre une
foule de princes, parmi lesquels on dis-
tingue Hyder- Aly et Tippoo-Saëb dont la
mort fut pour les nouveaux conquérans
de l'Asie une époque de prospérité. Dès
lors ils devinrent les maîtres absolus d'une
des plus belles et des plus fertiles contrées
de l'univers , peuplée de 50 millions
d'hommes industrieux. Un des événe-
mens les plus importans du règne de
Georges III, ce fut la réunion complète
de l'Irlande à la Grande-Bretagne. Les
GEO
&II
GEO
deux parlement n'en liront plus qu'un ;
mais coltc révolution a donné et donne
encore lieu frt*qiicininenl ù des troubles
graves. Bn 1789 la révolution française
éclata. Georges m s'en déclara l'ennemi, et
ses ministres parlafrèrcnt ses dispositions
hostiles. Cependant le cabinet de Saint-
James fut trop adroit pourfaireentrevoir
ses projets ultérieurs; il attendit i>our profi-
ter de nosdiscordes que la {juerre civile eût
affaibli nos forces : et en effet , sous le
ministère de Pitt , la guerre fut déclarée :
elle dura jusqu'au traité d'Amiens en 1801.
Pendant ce temps la marine anglaise
parvint au plus haut degré de sa gloire ,
I>ar les victoires que remportèrent l'amiral
Howe près des côtes de Bretagne ( l*"" juin
1794), l'amiraUervisprcs du capSl.-Vin-
cent ( U février 1797 ), et l'amiral Nelson
dans la rade d'Aboukir et à Trafalgar.
Les armées anglaises ne pouvaient se
glorifier des mêmes succès; elles avaient
été battues en Allemagne , en Hollande ,
en Amérique et en Espagne. La paix d'A-
miens ne fut pas de longue durée : les
hostilités , recommencèrent et l'Angle-
terre ne fournit pas seulement ses flottes
et ses troupes , elle recourut aussi à la
puissance de l'or. Ce fut pendant cette
guerre qu'elle conquit Malte , le cap de
Bonne-Espérance , Corfou, etc. : tels sont
les actes et les résultats qui ont signalé
le règne de Georges III ; la première
(;uerre avec la France qui fut terminée
par le traité de Paris, le soulèvement des
Colons d'Amérique . la création des pos-
sessions anglaises dans l'Inde , la guerre
faite à la révolution française . celle qui
fut dirigée contre Bonaparte. Georges III
avait déjà eu pour ministres le fameux
FoK, sous Icipiei fut reconnue l'indépen-
dance des Etats-Unis ; le célèbre Piti, sous
lequel eurent lieu la guerre contre la
France républicaine et l'incorporation du
parlement d'Irlande à celui d'Angleterre;
lord Sidmouth qui fit la paix d'.Vmiens;
enfin Pitt qui reparut de nouveau sur la
scène, ainsi que Fox qui fui remplacé
successivement par Perceval, lord Liver-
pool et lord Castlereagh. Dix parleinens
turent convoqués pendant ce règne de CO
an» . le premier dura sept ans : ce fut le
pltuloog : le huitième qui fut le plus
court n'en dura que 4 et fut dissous en
1806. L'autorité royale prit une grande ex-
tension sous le gouvernement de Georges
m. Parmi les mesures qui furent suggérées
au roi pour la fortifier, on doit rilcr l'aui;
mcntatioo du nombre des (ne-iiin es de la
clinmbre des lords faite à son
au II ône : il n'existait que 181 pain ; iMir
nombre fut porté à près de 800. Le pou-
voir royal a fait aussi un usa^je fréquent
de la suspension de Xllahtas corpus et de
V Atientail. (^.hacun sait que pendant les
dernières années du règne de Georges III,
ce fut son fils le prince de Galles qui gou-
verna : une maladie cruelle avait éloigné
le roi du gouvernement depuis 1811. En
1787, il éprouva la première attaque du
mal qui plus tard devait lui ôter totale-
ment l'usage de la raison. Promptemenf
guéri par le docteur Willis, il éprouva
une seconde attaque en 1792 , et elle fut
assez, sérieuse pour que l'on discutât au
parlement la nécessité d'une régence :
Pitt s'y opposa , et celte opposition fut
considérée par le roi comme un bienfait
dont il lui sut gré toute sa vie et qui lui
assura le pouvoir pendant si long-temps.
Enfin en 1810 l'aliénation mentale devint
si complète que le prince de Galles fut
nommé peu après régent sans opposition.
Le vieux monarque vécut encore 10 ans,
dans un état digne de pitié. La perte de
la vue vint se joindre à celle de la raison :
quelquefois il jouait d'un instrument de
musique qui dans des temps plus heu-
reux l'avait délassé des ennuis du gou-
vernement ; quelquefois aussi il parlait
seul pendant des jours entiers , et quel-
ques-ans de ses discours sans suite ont
duré jusqu'à 36 et même 72 heures. Ia
mort mit le SW janvier 18'J0 un terme à
sa déplorable existence. Ce prince él.ttt
généralement chéri: cependant on essaya
plusieurs fois de lui donner la mort ; en
1780 , il faillit être victime d'une émeute
populaire ; en 1787 , il reçut de Margue-
rite Nichol un coup de couteau dont la
lame plia dans ses véteraens ; en 1795 des
cailloux brisèrent les glaces de sa voi-
ture, dans le moment où il allait faire l'ou-
verture du parlement à Westminster :
enfin le 15 mai 1800 un coup de pistolet
fut tiré par un fou nommé Hathfield , aa
théâtre de Drury-Laue , contre sa loge .
et personne ne fut blessé. Georges III
était affable et populaire, et ques(ionnait
chacun sur ses affaires particulières avec
une bonhomie qui avait au moins l'appa*
fcncc de l'intérêt. Il aimait les arts et le»
sciences, et il les a protégés plus que n'A-
vaient fait ses prédécesseurs de la inatsoa
de Brunswick. On doit san* doute aux en-
GEO
412
GEO
et favorisa les méthodes qui pouvaient la
multiplier dans ses états : il voulait que
le plus pauvre enfant des trois royaumes
pût lire la Bible. Il était bon père et bon
époux : il s'était marié le 8 septembre
1761 avec Sophie-Charlotte de Mecklen-
bourg-Sfrélitz, princesse vertueuse qui
lui donna 12 enfans : Georges -Frédéric-
Auguste , prince de Galles ( depuis roi
»ous le nom de Georges IV ) ; Frédéric ,
duc d'York ; Guillaume-Henri , duc de
Clarence; Edouard- Auguste, duc de Kent ;
Ernest- Auguste, duc de Cumberland ; Au-
guste-Frédéric^ duc deSussex: Adolphe-
Frédéric, duc de Cambridge ; Charlotte-
Auguste-Mathilde , deuxième épouse du
dernier roi de "Wurtemberg , et quatre
princesses non mariées. La paix intérieure
de sa famille fut plusieurs fois troublée par
les querelles du prince et de la princesse
de Galles : il lit tous ses efforts pour réta-
blir entre eux l'harmonie : et se déclara
même le protecteur de sa belle -fille.
Georges III vivait dans son palais en sim-
ple particulier ; il se plaisait -dans l'inté-
rieur de sa famille : le château de Wind-
sor était son séjour de prédilection : ses
ministres n'y étaient point admis , et il
revenait à Londres lorsque les affaires
publiques exigeaient sa présence. Il fai-
fait valoir près de ce châteauune grande
ferme , presque entièrement expérimen-
tale , où il travaillait comme un simple
laboureur et contribuait aux progrès de
l'agriculture. En un mot s'il manquait à
ce prince quelques-unes des qualités qui
font le grand roi, il avait toutes celles qui
font estimer l'homme dans la condition
privée. On peut consulter sur l'histoire
de Georges III , Recollectioiis and re-
flexions personnal andpoliticaL etc. du-
ring the reign of George III ^ par John Ni-
chols, Londres , 1820, in-8° ; George the
third , his court and family ^ eic. Lon-
dres, 1820,2 vol. in-8". Annales durègne
de Georges III..., jusqu'à... 1815 , par le
docteur Aikin, traduit en français par M.
Eyriès, Paris , 1817, 2"^ édition , continuée
jusqu'à la mort de Georges III, 1820. Me-
moirs ofthe reign of George III ^ to the
commencement ofthe year^ 1799 , par W.
Belsham, Londres, 1801, 6 vol. in-S*"; la
continuation de V Histoire d' Angleterre de
Humes par Aikin ^ l'Histoire d'Angleterre
du docteur Lingard^ etc.
* GEORGES IV (Frédéric-Auguste ),
fils du précédent , roi d'Angleterre et de
Hanovre , né le 12 août 1762 , reçut peu
de jours après sa naissance le titre de
prince de Galles. Le docteur Marlcham ,
archevêque d'York, et le docteur Jackson
furent chargés d'abord de son éducation,
et depuis 1776 ce jeune prince fut confié
aux soins du docteur Hurd , évêque de
Worcester , et de M. Arnold orateur du
collège de Saint-Jean de Cambridge. Le
prince de Galles était doué de dispositions
heureuses , mais quoique sa jeunesse fût
dirigée , dit-on , avec une grande sévérité,
il n'apprit point suffisamment à mettre un
frein à ses passions. Dès l'âge de 19 ans il
contracta un attachement très vif, mais
passager, pour mistriss Robinson, actrico
dont le talent égalait la beauté. Enfermé
comme prisonnier dans le château de
Kew, par ordre de son père , il chargea
lord Melden et le célèbre Fox de gagner
le cœur de cette dame ; et ils ne rougi-
rent point de s'abaisser à cet acte de vile
flatterie. Mistriss Robinson a écrit un Mé-
moire sur ses relations avec le prince. La
fougueuse jeunesse de Georges fut mar-
quée par d'autres écarts dont nous croyons
inutile d'entretenir nos lecteurs. D'un
autre côté on le vit se lier avec Fox,
Burke , Shéridan et avec tous les mem-
bres distingués du parti de l'opposition
Cette conduite lui donnait nn grand nom-
bre de partisans parmi le peuple ; mais
elle excitait le plus grand mécontentement
à la cour et dans la partie la plus éclairée
du public. Bientôt il ne fut plus question
que de sa liaison avec mistriss Filz-Her-
bert, veuve plus âgée que lui , mais re-
marquable par sa grande beauté. On ré-
pétait qu'il s'était marié avec cette dame,
et comme elle était catholique , on ajou-
tait qu'en vertu de la constitution an-
glaise il s'était mis dans le cas de perdre
la couronne ( 178G ). 11 est vrai que l'on
faisait courir aussi le bruit que cette ir-
landaise avait changé de religion; mais
la même constitution déclarait nuls tous
les mariages contractés sans la permission
du roi par les princes, avant qu'ils eussent
atteint l'âge de 25 ans. Depuis 1783 le
prince de Galles était majeur: sur la pro-
position même du roi , le parlement lui
avait alloué la somme annuelle de 50,000
livres sterlings, somme beaucoup moins
forte que celles qui avaient été accordées
jusqu'alors aux héritiers du trône, et 60000
livres sterlings pour son établissement.
Le prince de Galles contracta cependant
en moins de trois ans des dettes pour près
de 500,000 livres sterlings (7,500,000 fr.)
Il s'adressa au roi pour venir à son secours;
mais cette demande fut mal accueillie^ et.
C.tlO
quoique Gt;t)rgcs III se fil rendre compte
des affaires de son fils . il ne voulul rien
lui accorder ( 1787 ). Dans cet étal de dé-
tresse, le prince de Galles prit des moyens
d'éi-ononiie : il forma lu projet de mettre
de côté toutes les aimées une somme asseï
grande, prise sur ses revenus, pour satis-
faire aux exigences de ses créanciers :
cette belle résolution ne dura que neuf
mois, après lesquels il s'adressa au parle-
ment. Celte communication, qui donnait
la plus scandaleuse publicité au dérange-
ment des affaires du prince héréditaire ,
agit d'une manière fâcheuse sur l'esprit
public : la motion fui retirée après une
entrevue que le prince eut avec Pitt. et le
roi, pour éviter d'aussi pénibles discus-
sions , déclara qu'il prenait sur sa liste ci-
vile 10,000 livres sterlings pour les ajou-
ter annuellement à la pension de son lils.
La chambre des communes remercia le
roi par une adresse dans laquelle elle le
supplia aussi d'accorder la somme néces-
saire pour acquitter les dettes du prince ,
et qu'elle se chargeait des moyens de la
procurer. C'est sur ces entrefaites que
Georges III éprouva le premier symplôuie
du mal qui plus tard devait lui enlever
complétenjcnt la raison; le parlement fut
obligé de s'occuper de la régence : tout
annonçait que le prince de Galles, malgré
li'S efforts de Fox et de l'opposition , serait
exclu de l'administralion , lorsque le roi
se rétablit et gouverna lui-même. De nou-
velles tentatives furent faites alors auprès
du prince de Galles qui avait toujours ré-
siste à toutes les propositions de mariage
qui lui avaient été adressées : enfin en 1795
il céda à des i aisons d'état et aux ordres de
son père qui lui promit de faire acquitter
ses dettes et de lui allouer un apanage
plus considérable : toutefois ce fut contre
-on inclination assez, hautement manifes-
tte qu il promit de se marier avec la prin-
cesse Caroline-Amélie-Eli/.abeth , seconde
lille du duc de Brunswick. Ce maria^j^e ,
célébré le 8 avril 17% sous d'aussi tristes
auspices, fut la cause des troubles sérieux
qui divisèrent la famille royale; et d'ail-
leurs l'on ne recueillit i)oint les fruits que
l'on altendaitde cette union : à peine avait-
elle été conclue , et les créanciers avaient-
Us été payés, que ce prince introduisit dans
sa maison ses deux maîtresses favorites,
à qui il confia le soin d'accompa{jiuT son
épouse létjitime ; c'est de deux femmes
Corrompues qu'elle devait recevoir des
leçorw de conduite. Bientôt poussant plus
loin l'indtccnce, il loua un i..i'.aib, il dt-jx
413 GEO
mois apiès son maria(;u il ubaMitiitmi sa
fenuiie pour aller s'y loger avec une »le
ses maîtresses. Méb- à la plus mauvaise
compagnie de son temps, environné de
jockeys et de maquignons , il fut ocruse de
friponnerie, La veille d'une de ces courir»
de chevaux si fréquentes en Anglctern; .
un de ses domestiques alla par ses ordres
remplir la crèche et l'auge d'un cheval
qui avait déjà remporté plusieurs succès,
afin de lui ôter par les alimens la vigueur
et la célérité que l'on n'obtient des ani-
maux de son espèce que par une diète
sévère, avant le moment consacré à cette
espèce de lutte : un cheval du prince de
Galles devait concourir, et un prix consi-
dérable avait été proposé. La vie du prince
de Galles , depuis son mariage jusqu'en
1805 , ne présente aucune circonstance
intéressante ; ircontinua à vivre loin de
l'épouse qui lui avait donne une fille , la
princesse Charlotte , et se livra à son pen-
chant pour la débauche et le jeu. Il était
entièrement indifférent aux affaires de
l'état , et on le vit très rarement assister
aux débats du parlement. Il n'avait oc-
cupé dans l'armée que le rang de colonel
de dragons , tandis que ses frères étaient
tous généraux : le duc d'York en particu-
lier avait déjà commandé en chef, et à
celte époque il élail à la tête du départe-
ment de la guerre. Georges III , qui deju
plusieurs fois lui avait refusé de l'avan-
cement, persista dans ses refus : une cor-
respondance assez, vive s'établit entre le
duc d'York , le roi et son nls mécontent :
celui-ci n'obtint rien. Pendant les cinq
années qui précédèrent la maladie du
roi, le prince de Galles vécut suivant ses
habitudes ordinaires. Alors l'aliénation
mentale dont Georges III fut affiigé força
le parlement de le rem])lacer dans l'ad-
ministration du royaume : Pitt, qui s'é-
tait montré en 1787 l'adversaire le plus
ardent du prince de Galles, était mort , ei
la régence fut confiée sans opposition au
fils aîné du roi. Le prince régent gou-
verna l'Angleterre jusqu'en 1850, c'est-à-
dire pendant près do vingt ans. On ne lui
confia pas d'abord toute 1 autorité royale;
on la borna surtout dans le droit de nom-
mer des pairs , et le bill de régence ne
fui fait que pour un an ; mais plus tard
il fut continue. Depuis l'accession de*
princes de Hanovre au trône d'Angleterre,
wie habitude bizarre s'était établie, rt
s'e»l presque transformée en principe
cou'-litutif de gouvernement : chaque
j.iiticc? héréditaire est chef de lo] ;i«si-
GEO
414
GEO
tioii. Quand le prince de Galles devint ré-
gent , il abandonna ses anciens amis. Il
conserva le ministère et sembla hériter
de tous les projets de son père contre la
France. Sa constitution physique, altérée
par de longs excès, avait changé ; le ressort
de la jeunesse avait disparu : à une fou-
gue impétueuse avait succédé une apathie
profonde. La table , le jeu et les femmes
n'étaient plus pour lui qu'une habitude.
Privé d'énergie morale et physique, il
essaya vainement pendant les premières
années de sa régence de triompher de sa
paresse , et de conquérir la force néces-
saire pour devenir un roi. Lord Caslle-
reagb [voyez ca nom) lui prêta son se-
cours. Les six fameux actes contie la
presse , contre la liberté du commerce ,
contre les associations populaires , contre
les attroupemens , contre les pétitions et
les adresses, furent proposés au parle-
ment et adoptés. La guerre que Bonaparte
faisait alors à la Russie n'était que la con-
séquence de la guerre avec l'Angleterre :
et les flottes anglaises continuèrent à par-
courir l'Océan et la Méditerranée. Wel-
lington était à la tète d'une puissante ar-
mée avec laquelle il avait délivré le
Portugal : après la victoire de Salaman-
que , il était entré à Madrid, doù il fut
chassé peu de temps après. Le prince
rcgent reçut en juin 181/t, après le ré-
tablissement de la paix, la visite du roi
de Prusse et de l'empereur Alexandre,
avec un faste jusqu'alors inconnu en An-
gleterre. Les empereurs d'Autriche et
de Russie lui donnèrent le grade de feld-
maréchal : il se revêtit tour à tour de
leurs uniformes et se couvrit de, leurs
cordons- Le retour de Bonaparte de l'île
d'Elbe força les souverains alliés de di-
riger une seconde fois leurs troupes
contre la France : Wellington, chargé du
commandement des troupes anglaises des-
tinées à l'envahir par le Nord, triomplia à
Waterloo, On sait quel sort était réservé au
monarque fugitif qui vint chercher un
asile sur un des vaisseaux anglais. A l'épo-
que de la formation de la sainte-alliance, le
prince régentne put s'associer à cette ligue
des rois contre lu démocratie : la consti-
tution anglaise ne le permettant pas, le
prince-régent crut devoir par une lettre
du 6 octobre 1815, déclarer qu'il s'unissait
personnellement aux monarques alliés , et
qu'il adhérait autant qu'il était en lui aux
principes émis dans l'acte monarchique.
Pendant la régence , l'Angleterre lit au
dehors d'importantes acquisitions : celles
du cap de Bonne-Espérance , des posses-
sions hollandaises des côtes de Ceylan , de
plusieurs provinces dans l'Inde, de Corfou
et des îles Ioniennes assurèrent la domina-
tion des Anglais dans les deux mers. Mais
au dedans la misère publique se manifes-
tait par des troubles sérieux : des réunions
immenses eurent lieu à Manchester, à
Londres et sur différens autres points de
la Grande-Bretagne. On conspira contre
les ministres , et on attenta aux jours du
prince. L'Irlande aussi était loin d'être
tranquille; pendant toute cette cpoquu
elle ne cessa doffrir des scènes de bri-
gandages, de meurtres ou de révoltes ou-
vertes : les supplices ne firent qu'aigrir
les esprits. Cependant, le 29 janvier 1820.
le roi Georges III termina enlin sa longue
et malheureuse carrière. Son fils fut pro-
clamé le même jour sous le nom de Geor-
ges IV. Son couronnement, qui eut lieu
avec la plus grande pompe, fut troublé par
la tentative que lit son épouse , la princesse
de Galles, pour partager les honneurs de
la cérémonie (19 juillet 1821), Elle s'é-
tait présentée à 6 heures du matin à deux
portes différentes de l'abbaye ; l'entrée
lui en fut refusée. On a remarqué que la
moitié des pairs seulement avait assisté
au sacre du roi. Dès les premiers jours de
ce règne eut lieu le scandaleux procès d;;
Georges IV et de son épouse, qui fut lon-
guement discuté au parlement. Déjà en
1813, de semblables discussions faites à la
suite d'une enquête avaient occupé le pu-
blic. La mort de cette princesse malheu-
reuse vint peu de temps après donner
naissance à des bruits de tous genres. Ses
funérailles turent l'occasion de quelques
troubles au milieu desquels le sang fui
répandu : alors Georges IV voyageait en
Ecosse. Le ministère anglais n'a pas subi
de grandes variations depuis la mort de
Georges III. Le puince et son ministre
lord Castlereagh s'entendaient ensemble
sur la polilique qui devait présider au
gouvernement : et ils voulaient l'un et
l'autre le triomphe des idées aristocrati-
ques. Toutefois après la mort de Castle-
reagh ( 12 aoi'it 1822 ) , les destinées de la
Grande-Bretagne furent confiées à lord
Liverpool qui en conserva la direction
jusqu'au 12 avril 1827 , époque à laquelle
Canning lui succéda jusqu'à sa mort arri-
vée le 8 août de la même année. Lord Li-
verpool avait continué le système de Cas-
llereagh ; mais Canning donna quelques
momens de triomphe aux -wighs , et ce
fut sous son administration que les repu-
GEO
415
GEO
bliqtiei de l'Amérique méridionale furent
rt'coiinuos par rAnglclcrrc , et que plu-
sieurs puissances conlinenlali'S s'unirent
à la Granilo-I5reta{înc pour faire triom-
pher la cause de la Grèce. Plus tard Georges
iv revint aux doctrines aristocratiques,
et chargea le duc de Wellington de la pré-
sidence du ministère. Ce fut le ^0 mars
1S2'J que la cliambredes communes adopta
le bill pour l'émancipation des callioli-
ques. et le 10 avril suivant la chambre des
lords prit la même résolution. Durant les
dix ans de règne de Georges IV, de grands
evénemcns se passèrent en Europe et en
Amérique, et l'Angleterre ne fut étran-
, re à aucun : elle agit toujours avec les
autres puissances de l'Europe, et ne s'op-
posa à rien de ce qui pouvait prévenir
ou réprimer de grandes révolutions.
Georges IV mourut le 26 juin 1830, après
une maladie qui avait duré plus de G mois.
• GEORGES CVDOLDAL, chef de
cliouans, né en 1769, dans le village de
Rrech , dans la Basse-Bretagne où son
père était meunier , fut élevé au collège
de Vannes, et prit part à la première in-
surrection du Morbihan en 1793 ; il s'é-
tait réuni comme simple cavalier aux
royalistes. Ce mouvement n'ayant eu au-
cune suite , il se rendit la même année
avec une cinquantaine de paysans bas-
bretons auprès des chefs vendéens , qui
venaient de passer la Loire , et étaient
alors à Fougères. Il assista aux diverses
opérations militaires de cette campagne ,
»e fit remarquer par sa force et son cou-
rage et fut fait officier au siège de Gran-
ville. Arrêté par un détachement républi-
cain, tandis qu'avec le jeune Lemercier,
son ami, il parcourait les côtes du Mor-
bihan pour rejoindre le parti insurgé, il
fut conduit dans les prisons de Brest ,
d'où il parvint à s'échapper au bout de
quelques mois , déguisé en matelot. Alors
Il revint dans son canton dont il fut nom-
mé commandant : il se rendit fameux et
fut un des chefs de chouans les plus re-
doutables. En 179ij, il prolesta contre la
jiacifiration de Mabilais, et seconda les
mesures qui devaient protéger le débar-
quement de Quiberon. Après le désastre
qui le suivit, il réunit les débris de l'ar-
mée royaliste que les ofliciers vendéens
voulaient licencier, en forma une troupe
asseï nombreuse, et entreprit de résister
aux troupes républicaines. Il avait fait
arrêter .M. de Puisayc à qui il attribuait
la responsabilité du désastre de Quibe-
ron, et voulut même un instant le faire
fusiller. Cadoudal ne pouvait résister aut
troupes nombreuses du général Hoche :
dissimulant ses projets , il consentit k
licencier ses soldats et à opérer leur dé»-
armemcnt (1796); mais il paraît qu'il
donna des ordres secrets pour que le li-
cenciement n'eût pas lieu. En 1797, Georges
fit tous ses efforts pour ranimer l'insur-
rection. Il y réussit en 1799. Mais les com-
bats deGrandchamp et d'Elven, au mois
de janvier 1800, l'obligèrent de traiter
avec le général Brune, et celte fois il li-
cencia ses troupes. Toujours dévoué à la
cause des Bourbons, il passa en Angio
terre , pour y concerter les moyens de
faire encore la guerre ; il fut accueilli
avec distinction par le gouvernement an-
glais , et par Mgr. le comte d'Artois qui
lui donna au nom du roi le cordon rouge
et le grade de lieutenant-général. Rentré
depuis quelque temps en France , il était
muni du titre de commandant général du
Morbihan , de plusieurs autres départe-
mens, et déjà il avait cherché à s'emparer
de Belle-Ile et de Brest, lorsque désigné
par la voix publique comme ayant trempé
dans la conspiration dite de la machine
infernale, il repassa en Angleterre. En
1803 , U se rendit à Paris, avec Pichegru et
plusieurs autres officiers, dans l'intention
de détrôner Bonaparte. Le complot ayant
été révélé par quelques conjurés subal-
ternes, la police fit rechercher George»
avec une activité extraordinaire. S'étant
aperçu que son dernier asile était observé,
il essaya de s'évader dans un cabriolet;
mais il fut arrêté près du Luxembourg ,
après avoir tué deux agens de police avec
ses pistolets. Il fut condamné à mort le
Il mai 180i , avec onze de ses officiers,
comme coupable d'avoir voulu attenter à
la vie du premier consul. Dans toute la pn^
cédure il montra beaucoup de courage, et
en avouant qu'il était à la léte du complot
pour rétablir les Bourlwns , il eut grand
soin de ne compromettre aucun de ses
partisans. Son projet n'était point, dil-on,
d'assassiner le premier consul , mais de
l'attaquer publiquement et à force armée
au milieu de ses propres gardes. Sa fir-
mcté ne l'aliandonna pas jusqu'au momcnl
de son exécution qui eut lieu le 25 juin
1804 au milieu d'une foule immense. Il
n'avait alors que 53 ans ; il refusa d'ache-
ter sa grâce en apposant sa signature à
un placet à l'adresse de l'empereur de»
Français.
* <; kuRGES XI, dernier roi de Céonjie,
naquit vers 173o. Soo pcro lléracliusll le
GEO
416
GEO-
nomma , à peine âgé de 22 ans , gouver-
neur des provinces du Bortchalo et de
Souckhethi , au midi de la Géorgie. Cette
place fournit à Georges l'occasion de dé-
ployer sou courage dans les guerres fré-
quentes qu'il eut à soutenir contre les
Persans. Son père étant mort le il Jan-
vier 1798 , Georges monta sur le trône ;
mais son autorité fut bientôt troublée.
Les Lezghis envahirent le royaume; el
quoique battus par Jean, fils puîné de
Georges ils portèrent partout le meurtre
et la dévastation. Dans ce même temps les
Turcs pénétrèrent en Géorgie , par un
autre côté , sous le commandement du
pacha de Kaïs; mais David, fils aîné de
Georges, marcha contre eux, et, après
les avoir défaits , il s'empara de la forte-
resse de Kiiil-Tchaktchak. La paix se fit
alors avec les Turcs. Le souverain de la
Perse , Baba-Khan , envoya une ambas-
sade au roi Georges , lui offrant de pren-
dre ses états sous sa protection, à con-
dition qu'il lui donnerait pour otage son
fils aîné David. La Porte , de son côté ,
lui fit à peu près les mêmes offres ; mais
il craignit d'irriter contre lui les Russes ,
qui depuis long-temps convoitaient ses
états. Tourmenté encore par les incur-
sions des Lezghis , il demanda du secours
aux Russes, et Paul l" lui envoya deux
régimens. Le prince Jean , avec le secours
de ces troupes , battit les Lezghis sur les
bords du fleuve Zori , et en délivra pour
quelque temps la Géorgie. Georges mourut
eu 1800, et aussitôt après les Russes s'em-
parèrent de ses états. Ses enfans, au nom-
bre de huit, trois garçons et cinq filles,
renoncèrent à l'héritage de leur père.
L'allié , David , entra dans les armées de
l'empereur Alexandre, avec le titre de
lieutenant-général.
GEORGEO^i. Foijez GUICHARDIN.
• GEORGET ( Jean ) , peintre distin-
gué, élève de David, né en 1763, s'appli-
qua d'abord à la miniature qu'il quitta
pour entrer à Feydeau où il resta plu-
sieurs années. Un accident l'ayant forcé
de quitter le théâtre , il allait reprendre
la miniature , lorsqu'on lui proposa une
place de peintre à la manufacture de por-
celaine de Sèvres : il s'empressa de l'ac-
cepter , et il l'a occupée jusqu'à sa mort
arrivée le 26 mars 1823. On a de lui deux
ouvrages justement admirés; [la Copie
de Charles-Quint et de François 1" visi-
tant les tombeaux de Saint-Denis ^ imt
M. Gros , et celle de la Femme hydrojn-
que s de Gérard Dow. Le premier surtout
offrait de grandes difficultés à cause du
grand nombre de figures qu'il renferme
sur des plans très différens. Ce bel ou-
vrage appartenait à la duchesse de Berry.
On trouve des détails et un jugement sur
cet artiste dans la Notice sur l'exposition
des produits des Manufactures rot/aies,
1820 , et dans la Revue encyclopédique ,
tome k , page 286 , et tome 17 , page ii.39.
* GEORGET ( Etienne- Je AN ), méde-
cin , né à Vernon en Touraine le 9 avril
1793 , montra , dès son enfance , les plus
heureuses dispositions , et acquit presque
seul les connaissances nécessaires pour
étudier la médecine. Il se rendit à Paris
en 1812 , se distingua dans les divers con-
cours de l'école et dans les hôpitaux . et
fut placé d'abord élève interne à l'hôpital
Saint-Louis, puis à la Salpétrière soug
M. Esquirol. Le moment étant arrivé
d'obtenir le grade de docteur , il présenta,
en 1819 , à la faculté de médecine de Paris
une thèse remarquable sur les causes de
la folie. Peu après, encouragé par les
conseils de son maitre qui appréciait son
talent , il réunit les divers travaux qu'il
avait faits sur ce sujet , les compléta par
de nouvelles recherches, et publia, en
1820 , Traité sur la folie ^ où l'on remarque
une grande originalité de pensée et une
force de style qui fait oublier d'assez nom-
breuses incorrections. Avantageusement
placé à la Salpétrière pour bien observer,
il recueillit un grand nombre de faits sur
les maladies nerveuses , et principalement
sur l'épilepsie et l'hystérie , et voulut d'a-
bord ne publier ses observations que sous
la forme d'un Mémoire; mais le sujet se
développant devant lui à mesure qu'il
écrivait , il composa, dans l'espace de peu
de mois , un ouvrage important en 2 vo-
lumes , intitulé : Physiologie du système
nerveux et spécialement du cerveau,
suivie de Rechei'ches sur les maladies
nerveuses en générale et en particulier
sur le siège ^ la 7iature et le traitement
de l'épilepsie , de l'hystérie, de l'hypo-
condrie, de l'asthme convulsif. qu'il pu-
blia en 1821. On y trouve partout une
observation étendue et bien dirigée, des
réflexions neuves et justes , des consé-
quences hardies. L'auteur aurait complè-
tement réussi s'il eût classé, avec plus
d'ordre et de méthode, les diverses par-
ties de son ouvrage. Il a cherché aussi
peut-être trop à subordonner la méta-
physique à la physiologie , ce qui l'amène
quelquefois à de singuliers rapproche-
meos; comme par exemple à celui du
GEO
4(7
GER
sysièmc psycologiquc tic Kent, système
ilo plaUmlsmc tout Uanscendaiit, avec le
systômc organique du docteur Gall. Le
docteur Geor(jft a encore rédigé tous les
arlities des maladies nerveuses et men-
lales dans le nouveau Dictionnaire de
médecine , et des articles très inlcrcssans
sur diverses questions médico-légales re-
latives aux aliénations mentales, dans
les archives générales de médecine. C'est
à son zèle que ce journal dut ses premiers
Succès. Au commencement de 18iJ8 , il
fut attaque d'une affection pulmotiaire,
dont il avait déjà éprouvé quelques at-
teintes , et les progrès en furent si ra-
pides qu'elle le conduisit au tombeau
dans l'espace de 4 mois. Craignant que
ses ouvrages sur Us fonctions intellec-
tuelles du cerveau ne favorisassent dans
quelques esprits une tendance matérialiste,
il rédigea , peu de jours avant sa mort ,
une rétractation de ses opinions philoso-
phiques qui , d'après sa volonté, a été lue
sur sa tombe. Voici la liste de ses pio-
duclions : | Des' névroses ou maladies
netveuscs. extraits du Dici ionnaire de mé-
decine, in-8"; I Pliijsiologiedusystèmener-
veujf. el principalement du cerveau, etc.
Paris, 1821 , 2 vol. in-S"; | De la folie , ou
aliénation mentale , extrait du Diction-
naire de médecine, Paris, 1823, in-8";
I De r hypocondrie et de V hystérie, extrait
du Dictionnaire de édcc'mc , Paris ,
i&lk , in-S" ; I Examen médical des pro-
cès criminels des nonunés Léger, FeUlt-
raann, Lecouffe, Jean-Pierre et Papa-
voine , suivie de considérations médico-
légales sur la liberté morale . Paris , 1825,
in-S" ; I Discussion médico-légale sur la
folie ou aliénation mentale , suivie de
l'examen du procès d'f/enriette Cornier ^
et de plusieurs autres procès , dans les-
quels cette maladie a été alléguée comme
moyen de défense, Paris, 1826, in-ô";
Des maladies mentales , considérés dans
leurs rapports avec la législation civile .
Paris, 1827, in-8''; | Aouvclle discussion
sur te même sujet . Paris, 1828, in-8".
CKOIIGIEWITZ ( BiRTnKLEMi ) , hon-
grois, versé dans les langues, florissait
flans le 16^ siècle , visita les lieux saints,
cl fut détenu captif pendant 13 ans chez,
les Turcs. Nous avons de lui plusieurs
ouvrages : | De Turcorum ritu et cccre-
moniis . Paris, 1545, in-12. Don Mont-
faucon en faisait grand cas. | Disputafio
de fuie christiana. etc. Vienne, 1547.
( De af/lictione christianorum captivo-
rum sub Turcico jugo , avec fig. , Worms,
1545 , in <S . I 11 a traduit de la langue
perse en latin un ouvrage singulier, et
<|ui pourrait bien être une prophétie :
Prognome scu prœsagium mahometano-
rum , primxim de christianorum calami-
tatibus , deinde de suœ gentis interitu ,
Bâle. 1551, in-8".
GÉRA.LDIM ( Ai.f.xa:«dre ), premier
évéque de Saint-Domingue , naquit en
1455 à Auiélia en Ombrie. Issu d'une fa-
mille distinguée, il embrassa d'abord la
carrière des armes, servit dans let ar-
mées d'Isabelle de Caslille, et occupa en-
suite, àla cour de celte princesse, plusieurs
emplois distingués. £n 1472 , il se voua
à l'étal ecclésiastique; à cette même épo-
que , Christophe Colomb vint offrira la
cour de Castille son projet d'aller à la de-
couverte d'un nouveau monde. Géraldini
fut , avec le cardinal de Alendoza, un de
ceux qui contribuèrent le plus à faire
agréer, le projet. Cette expédition ayant
obtenu un heureux résultat , Géraldini fut
nomnîc évéque de Saint-Domingue, après
avoir rempli plusieurs missions impor-
tantes dans les différentes cours de l'Eu-
rope. Arrivé à Saùit-Domingue, en 1520,
il s'occupa à faire fleurir la religion dans
sa nouvelle église , et mourut au milieu
de ses travaux apostoli'.;ues, en 1525. On
a de ce prélat un Itinerarium ad regioncs
sud cequinoctialiplaga constitutas Alexan-
dri Géraldini^ etc. : opus antiquitates ,
ri tus . mores et religiones popidorum
Kthiopiœ , Africœ. atlantici Oceani , In-
diarumque regionum complectens . etc.
Rome , 1G51 , 1 vol. in-12. Cette relation
es* dédiée au pape Urbain VIII. L'inté-
rieur de l'Afrique étant très peu connu
du temps de Géraldini , on ne doit pas
s'étonner que ce qu'il en dit manque
d'exactitude ; mais i)Our les détails sur
les Antilles , ils sont vrais et curieux. On
a encore de lui plusieurs Traités de théo-
logie.
' GÉRALDIM ( Ai«Toi:«E ), frère aîné
du précèdent , est connu par les ouvrages
suivans : | Eclogœ XII de mysteriis vi-
tœJ.-C, Salamanquc, 1505, in 4" ; \ Pcr-
nitentialis psalmodia . 1486 , in-S". (es
écrits sont en vers latins.
GKRA.\ (saint ). t'oyez GUICHE.
GÊU.VIID : c'est le nom de trois saint»
personnages, dont Ic'l" fut tire du sémi-
naire des clercs de C-olognc , pour gou
verner l'égliic de Toul en %3 : il occupa
ce siège avec édification l'c-; ' '{
ans. Le 2*, dal)ord moine de -
puis premier al>bc de Brogru-
GER
418
GER
de Namur, mourut en 9Î)9. Le 3', mort
en 1138, était frère de saint Bernard et
religieux de Corbie. Les légendes de Hon-
grie font aussi mention d'un saint Gérard,
martyr, précipité du haut d'une monta-
gne voisine de Bude, où l'on voit une
cliapelle bâtie en son honneur. On peut
voir dans l'ouvrage de l'élégant et judi-
cieux Isthuanli : De rébus Pannonicis ,
diverses particularités touchant ce saint,
et nommément un genre de punition
tout-à-fait singulier , attaché aux desceii-
dans de l'auteur de sa mort. On en cite un
autre qui après avoir passé quelques an-
nées dans un rponastère de Venise , voulut
faire le voyage de la Terre-Sainte ; mais
en traversant la Hongrie, il fut retenu
par Etienne roi de cette contrée, et reçut
un évêché.
GERARD. Fbye^ GERHARD.
GERARD TOM ou TUNG ou TEUQUE,
né en 1040 dans l'île de Martigues en Pro-
vence, suivant quelques écrivains, était
plus vraisemblablement d'Amalfi. Il fut
l'instituteur et le premier grand-maître
des frères hospitaliers de Saint-Jean de
Jérusalem ^ connus aujourd'hui sous le
nom de chevaliers de Malte. Cet ordre
commença dès le temps où la ville de Jé-
rusalem était encore en la puissance des
infidèles. Des marchands d'Amalfi en
Italie obtinrent la permission de bâtir ,
vis-à-vis l'église du Saint-Sépulcre, un
monastère de bénédictins , où les pèlerins
pussent trouver l'hospitalité. L'abbé de ce
monastère fonda en 1080 un hôpital, dont il
donna la direction à Gérard, homme recom-
mandable par sa piété. Ce saint homme
prit un habit religieux l'an 1100, avec une
croix de toile blanche à huit pointes sur l'es-
tomac. Il donna cet habit à plusieurs per-
sonnes qui s'engagèrent dans cette so-
ciété , et firent les trois vœux de chasteté .
de pauvreté et d'obéissance , avec un vœu
particulier de secourir les chrétiens par
les armes. Ces religieux obtinrent de
grands privilèges dès leur naissance.
Anastase IV les confirma en 1154 par une
bulle , dans laquelle il leur permet de re-
cevoir des clercs pour faire l'office divin et
administrer les sacremens , et des laïques
de condition libre pour le service des pau-
vres : telles sont les trois sortes de person-
nes qui composent l'ordre de Saint-Jean
de Jérusalem: \&i frères chevaliers, les
clercs et les frères servons. Le saint fon-
dateur mourut en 1120, et eut pour suc-
cesseur Raymond du Puy. L'abbé Vertot
a écrit Y Histoire de cet ordre, royez
VERTOT. De Hait/.e a écrit la Fie de
Gérard, Aix, 1730, in-12.
GERARD LE GRAND ou GROOT, cé-
lèbre par ses vertus, ses écrits et ses ser-
mons, naquit à Deventer en 1340, et
mourut en 1384 , à 44 ans. Il institua les
clercs-réguliers , appelés les frères de la
Vie commune , parce que sans s'engager
par aucun vœu , ils demeuraient ensem-
ble et se procuraient par leur travail , qui
consistait principalement à copier les li-
vres des saints Pères, et à les corriger
sur des anciens manuscrits, tout ce qui
était nécessaire pour leur entretien, sans
qu'aucun se réservât rien en particulier.
Gérard établit aussi ime congrégation do
filles , qui , après leurs exercices spiri-
tuels , s'occupaient à des ouvrages conve-
nables à leur sexe. Il y en eut plusieurs
monastères dans les Pays-Bas , dirigés
par les clercs de la même congrégation.
Il donna pour directeur avant de mourir ,
à ses disciples , Florent Radewyns , de
Deventer, qui a été le maître spirituel
de Thomas à Kempis ( voyez STAN-
DONCK ). Plus de la moitié de leurs mai-
sons furent ruinées par les protestans de
Hollande et d'Allemagne dans le 16'
siècle. Celte congrégation , approuvée en
1576 par Grégoire XI , subsiste encore
avec honneur à Cologne , à Wesel et ail-
leurs. Gérard avait été chanoine d'Aix-
la-Chapelle et d'Utrecht; mais le désir de
la solitude lui fit quitter ces bénéfices.
Nous avons de lui plusieurs livres de
piété, dont quelques-uns sont imprimés
parmi les œuvres de Thomas à Kempis ;
ils en ont souvent l'onction et l'adnùrable
simplicité; Cologne, 1660, in-8°, tom. 3 ;
la plupart des autres sont restés manu-
scrits.
GÉRARD (Balthasab), né à Vuillafans
en Franche-Comté en 1588, ayant appris
que Philippe II , roi d'Espagne , avait mis
à prix la tête de Guillaume , prince d'O-
range, chef de la révolte des Pays-Bas,
s'imagina qu'il était chargé d'exécuter cet
arrêt. De fausses idées qu'il s'était faites
des avantages que la religion et l'état re-
tireraient de la mort du prince proscrit ,
en exaltant son imagination , achevèrent
d'égarer son esprit. Un jour que le prince
sortait de son palais à Delft, Gérard le
tua d'un coup de pistolet, chargé de trois
balles. Dès que le meurtrier eut été ar-
rêté, il demanda du papier et une plume
pour écrire tout ce qu'on voulait appren*
dre de lui. Il déclara que, depuis six ans,
ii avait résolu de donner la mort au
GER
M9
GER
prîace d'Orange cl des hor«5li<iuc$ rebelles,
ivoua que si le prince vivait , il le tuc-
ii encore , dût-on lui faire souffrir mille
tortures. Apres avoir t-ti- applique à la
question , on pronon^-a la scnlcnrc de
mort. Elle portait qu'on lui brûlerait la
main droite avec un fer rouge , et les par-
lies cliarnues avec des tenailles; qu'on
80ui)erail ensuite son corps vivant en
quatre quartiers; qu'on lui ouvrirait le
ventre, et qu'après lui avoir arraché le
cœur, on lui en battrait le visage; enfin
qu'on lui couperait la tcle.Cct arr^t fut
exécuté le 14 juillet 158't, sans que le
jeune homme jetât un soupir. Philippe II
anoblit tous les descendans de sa famille.
Nous n'imiterons ni les hortimes inconsi-
dérés, qui ont donné des éloges à l'action
Gérard , ni les philosophes iuconséquens
de ce siècle, dont plusieurs prêchent,
avec Raynal, l'assassinat des rois, et par-
lent avec une horreur factice et hypo-
crite de l'exécuteur d'un arrêt prononcé
par un roi légitime contre un sujet rebelle,
qui ne se recrient pas lorsque la tête d'un
prince , légitime successeur du trône, est
mise à prix en Angleterre ( en 1746 ) ,
et qui font un crime à Philippe d'avoir
proscrit un chef de rébellion. Tout ce
qu'on peut dire de plus raisonnable , de
plus conforme aux principes du droit des
gens et de l'équité naturelle , c'est que la
révolte des Pays-Bas ayant déjà pris une
espèce de consistance, et son chef parais-
sant en possession de l'indépendance , la
nouvelle constitution du gouvernement
étant à quelques égards affermie , la puis-
sance législative de l'ancien souverain res-
lait sans activité et sans force , et ne pouvait
par conséquent autoriser une action qui ,
dans un tel état des choses, el surtout
parles circonstances' qui en précédèrent et
accompagnèrent l'exécution, fui regardée,
au moins par les étrangers , comme un as-
sassinat. Trois écrits furent publiés dans
le temps en l'honneur de Gérard : l'un en
français , l'autre en latin et un 3' en ita-
lien et en vers : ils ont été insérés dans
Muse Toscane di diversi nobilissimi m-
çeçnidc Borgogno, etc., Bergame, 1394 ,
GÉRARD ( Jbk^ ) , théologien luthé-
rien ,né à Qaedlimbourg en 1582, ensei-
gna la théologie à léna avec réputation.
On a de lui grand nombre cl'ouvrages.
Le^ prinripaux sont: ! des Afrtix communs
de ta Théologie ; \ la Confession catholi-
que; I V Harmonie des quatre Evangé-
tûtes . Genève , 1646, S vol. in-folio ; | des
Commentaires sur la Genèse, sur le D«j-
téronomc . sur les EpUrrs de saint Pierre
et sur i .ipocnlypsc. Il mourut en 1637.
GiinvUl) ( Jeam), savant luthérien,
professeur en théologie et recteur de Ta-
cadéinie d'Iéna, sa patrie, ntountl en
1668, à 57 ans. On a de lui : | une !far-
monie des langues orientales ; \ un Traité
de l'tu/lise cophte , et d'autres ouvrages
estimés. — Jean Erxest GÉUARD, son
(ils. marcha sur les traces de son père.
*riÉllVRD( Alexandhe), ministre de
l'église d'Ecosse, né en 1728, dan* le
comté d'Aberdeen , mort le 22 février
I71».S, embrassa l'étal ecclésiastique, et
pntfcssa la philosophie naturelle el expé-
rimentale au collège Maréchal , puis la
théologie au collège royal de l'université
d'Aberdeen. On a de lui : | un Essai sur
le goût . 5' édition, 1780, traduit en fran-
çais sur la 2* édition par Eidous, qui y a
ajouté trois dissertations sur le même su-
jet. I Dissertations sur des sujets relatifs
au génie et aux preuves du christia-
nisme, Aberdeen, 1766 et 1774, in- 8";
I un Essai sur le génie , ibid. 1780", in-S",
I des sermons. 1780-82, 2 vol.; | les de-
i'oirs du pasteur, publiés en 1799, par
GiLBEitT GÉRARD son fils , et son succev
scur dans la chaire de théologie. On doil
à ce dernier un extrait de ses leçons , qu'il
a publié sous ce titre : /nstitutes ofbibli-
cal criticism , etc. ouvrage plein d'érudi
tion. Quelques-uns des écrits d'Alexandre
Gérard ont été traduits dans différentes
langues.
• GÉRARD ( Philippe -Locis), cha-
noine de St. -Louis du Louvre, naquit à
Paris en 1737, d'une famille honnête,
mais peu aisée , qui lui lit faire néan-
moins ses études au collège de Louis le
Grand. Doué d'une imagination vive,
d'une sagacité rare, il se livra avec une
égale ardeur à l'étude des lettres et au
monde, dont les dangereuses illusions,
comme il l'avoue lui- même , l'égarèrent
un moment ; mais ayant eu le bonheur de
connaître l'abbé le Gros, alors chanoine
de la Sainte -Chapelle, il reconnut s< u
erreur , el pour se consacrer enlièremen;
el sans retour au service de Dieu, il em-
brassa l'état ecclésiastique, donl il rem-
plit, pendant sa longue carrière, les au-
gustes fonctions avec autant d« tèle que
de succès. Il fui un des ecdéaiaatiqnes o
qui l'Assemblée du dergé de 1778 déeeraa
des honneurs et de» eneonragemcn» pour
avoir pris la défense de la religion. C'i'-
tait un titre pour être persécuté pendant
GER
la révolution. Il le fut effectivement, et
resta long-temps en prison. Rendu à la
liberté, il alla passer dans la retraite le
reste de sa vie , et mourut le 2i avril 1813.
On lui doit : | Le comte de p^almont ^ ou
Les égarcmens de la raison, qu'il publia
d'abord en 3 vol. ensuite en 5 ; enlin 6 vol.
y compris la Théorie du bonheur, et qui
a eu plus de 20 éditions. Celte production,
d'un ordre aussi relevé que utile, en as-
s\nant à l'abbé Gérard des titres certains
à la gloire d'un écrivain très distingué,
lui a acquis des droits incontestables à la
reconnaissance de tous les amis de la
religion et des mœurs. L'auteur, dit un
écrivain judicieux , « y montre , dans une
^ agréable fiction, les écarts d'un jeune
» homme entraîné par ses passions et par
» des sociétés pernicieuses, et y établit
» les preuves qui ramènent tôt ou tard à
» la religion un esprit droit et un cœur
» vertueux. » C'est le meilleur livre qu'on
jniisse mettre entre les mains des jeunes
gens pour les prémunir contre la philo-
sophie moderne. Peut-être faudrait-il dé-
sirer le retranchement de quelques pas-
sages dans lesquels les passions sont
peintes de manière à amollir le cœur.
I Les leçons de l'histoire , ou Lettres d'un
père à son fils sur les faits inléressans
de l'histoire universelle, 1786-1806 , 1 1 vol.
in-12. Les premiers volumes de cet ou-
vrage sont accompagnés de savantes dis-
sertations qui offrent autant d'érudition
(jue de critique : les derniers , qui termi-
nent l'histoire ancienne jusqu'à Jésus-
{'-iirist , paraissent traités avec moins de
soin. I h' Esprit du christianisme , pré-
cédé d'un précis de ses preuves et suivi
d'un plan de conduite ^ Paris , 1803 , in-
IJ; I des mémoires sur sa vie, suivis de
viélanges en prose et en vers, Paris,
1810, in-12. Il n'est pas certain que cet
ouvrage soit de l'abbé Gérard; | des ser-
vions jjour l'avenl . le carême et les prin-
cipales fêtes de l'année , Lyon, 1814-16,
h vol. iu-12. On trouve à la lin du h^ vo-
lume un panégyrique de saint Charles.
Gérard a laissé plusieurs ouvrages iné-
dits : le plus important de ceux-ci a été
publié sous le titre suivant : Essai sur les
vî'uis principes relativement à nos con-
naissances les plus importantes . Paris ,
4826, 5 vol. in -8°, avec le portrait de
l'auteur.
•GÉRARD (Louis), médecin et botaniste
correspondant de l'institut , né en 1733 à
Cotignac ( Var ), travailla toute sa vie avec
beaucoup de zèle à l'étude des différentes
AÎO GER
branches de l'histoire naturelle. Il procla-
ma le premier les affinités despla7itesda.n3
l'ouvrage intitulé : Ludovici Geraldi flora
galloprovincialis , Paris, 1761 , in-8° ; sys-
tème dont l'idée première appartient à
Bernard de Jussieu qui l'avait établi dès
1759 dans le jardhi de Trianon à Versail-
les. On doit encore à Gérard un gra-.id
nombre de mémoires et des morceaux
plus ou moins étendus, insérés dans le
Magasin encyclopédique , dans le Jour-
nal du Var . dans les Recueils de la so-
ciété d'émulation de ce département,
dans ceux de l'académie des Sciences.
On en peut voir la liste dans la table du
Magasin encyclopédique par M. Sajou, t.
2. p. 245 et 246, et dans la Bibliographie
de la France , année 1822, p. 421-422.
Gérard avait envoyé à l'académie des (^
servations sur la traduction de Pline,
par Poinsinet de Sivry,qui sont restées
inédites ; il a eu part aux mémoires de
Joseph Bernard sur l'histoire naturelle
de l'olivier, et a fourni au Père Papou
pour son Histoire générale de Provence
la desciiption des arbres et des plantes
les plus remarquables de cette province.
Gérard est mort dans son lieu natal en
1819.
* GERARD DE MELCY ( Claude-Frax-
çois) , anf;ien avocat et procureur au par-
lement de Paris, né en 1747 à Clermont
en Argonne, mort en 1817 près de Varen-
nes, n'est connu que par les ouvrages
anonymes suivans : \ Réflexions sur les
établissemens de bienfaisance , contenant
des vues sur les moyens de perfectiomter
l'administration et la distribution des se-
cours, Paris, 1800, in- 8°; | Abrégé mé-
thodique des lois civiles et du droit ccrm-
înun de la France^ Paris, 1805,6 voL
in-8°.
♦ GERARD DE RAYNEVAL ( Joseph-
Mathias ) , diplomate , naquit en 1756.
Il fut d'abord employé dans plusieurs
missions politiques en qualité de secré-
taire d'ambassade ; et exerça ensuite pen-
dant 20 ans la place de chef de division
au ministère des affaires extérieures. En
1783, il avait été chargé des intérêts de
l'Espagne, aux conférences qui eurent
lieu pour la paix faite à cette époque : la
cour de Madrid le récompensa des ser-
vices qu'il lui rendit , par la décoration de
l'ordre de Charles III. En 1786 il concou-
rut au traité de commerce que la France
fit avec l'Angleterre, ainsi qu'à d'autres
négociations importantes. Il est mort à
Paris , après avoir publié quelques ou-
GER
4âi
G EU
vra^jes cslîmt^s, dont los principaux sont:
I Institution an droit public d" Allemagne .
Leipsirk. 176G, iii-8" ; | le Partage de la
Pologne en sept dialogues , traduit de l'an-
glais, 1775. in-8°; | Observations sur le
mémoire justificatif de la cour de Lon-
dres. Paris. I7sri, in-4" et in-8" ; | Prin-
cipes du commerce entre les nations . tra-
duits de lanjîlais de Vaughan , Paris, 1780,
in-8' ; | Institution au droit de la nature
et des gens. Paris, 1803, in-S"* ; ( de la
Lihrrté des mers. 1811, in -8"; | ave<;
rffffcl et Bourgoing , Géographie univer-
selle . traduite de l'allemand de Busching.
Strasbourg, 1768-79, 14 vol. in-8". lia
laissé en manuscrit un Commentaire sur
Machiavel, où il s'attache, dit-on, à jus-
tifier la mémoire de cet écrivain, en sou-
tenant que sa politique n'a pas été bien
comprise, et que ses maximes ont été
mal interprétées.
• GER.VRDIX ( SÉnASTiE\ ) , natura-
liste, né àMirecourt en 1751 , et mort en
1816 , a publié : | un Tableau élémentaire
de botanique, oii l'on trouve les systèmes
de Tournefort et de Linnée . et les famil-
les naturelle s de Jussieu, 1803 , in-8". fig. ;
I un Tableau élémentaire d'ornithologie.
ou Histoire naturelle des oiseaux que
Ton rencontre commxnièment en France,
suivie des moyens d'en former des collec-
tions . 1801 , 12 vol. in-8", et atlas ; | un
j:ssai de physiologie végétale. Paris,
1810 , 2 vol. in-8°, fig. Il ne faut pas le
confondre avec René-Locis GERARDIN,
mort vers 1808 , auteur de La composi-
tion des paysages . ou Moyens d'embellir
la nature autour des habitations . illl ,
in-8° ; 4' édition . 1803 , in-8",
GÉRASIME( saint ), solitaire de Lycie,
après à\-(Ar mené long-temps une vie
«'•rémiliquc dans son pays , passa ensuite
en Palestine , où il se laissa surprendre
par Théodose, moine vagabond, qui lui
inspira les erreurs d'Eutychès. Le saint
abbé Euthyme lui ouvrit les yeux, et sa
faute ne servit qu'à le rendre plus humble,
plus vigilant et plus pénitent que jatnais.
h bâtit ensuite une mai'^on de 70 cellules,
près du Jourdain , dans laquelle il fmit
saintement sa vie, aicc un grand nombre
de solitaires , le 5 mars /i73 , dans im âge
avancé. La prière et la méditation des
vérités éternelles remplirent entièrement
•es dernières années. L'auteur duPratum
spirituale dit qu'il guérit un lion qui s'é-
tait enfoncé une forte épine dans le pied,
que cet animal lui resta attache, et mourut
de regret après avoir perdu son maître.
S.
GERAUD ou GERARD ( saint ), Gérât-
dus. moine de Corbic, abbé de Saint-Vin-
cent de I>aon , puis de Saint-Médard de
Soissons, et enfin premier abbé du Saint
Sauve, près de Bordeaux, mourut le 5
avril lOlK). Sa vie avait été sainte . sa
mort lu fut aussi. Il a laissé une l'ie du
saint Adalhard. insérée dans les Jeta
sanclorum.
GERAUD ( saint ) , comte et baron
d'Aurillac , fonda l'abbaye d'Aurillac,
ordre de saint Benoit , en 894 , cl mourut
le 13 octobre 909. 11 fut le père des pau-
vres et l'exemple des solitaires.
GERBAIS (Je\>), né en 1029 à Rupois,
vjllage du diocèse de Reiuis , docteur de
Sorbonne en 1661, professeur d'éloquence
au collège royal en 1662, mort en 1699 , à
70 ans, avait un esprit vif et pénétrant.
On a de lui plusieurs ouvrages en latin et
en français ; les premiers sont mieux écrits
que les seconds. Les principaux sont : | un
traité De causis majoribus. Paris, in-4.'*,
1679 , pour prouver que les causes des
évoques doivent être jugées en première
instance par le métropolitain et par les
évoques de la province. Ce traité déplut
à la cour de Rome, non-seulement par
les assertions qu'il contenait sur les liber-
tés de l'église gallicane , mais aussi par la
manière dure dont elles étaient exprimées.
Innocent XI le cotidamna en 1680. L'As-
semblée du clergé de l'aniu'c suivante or-
donna à Gcrbais d'en publier une nouvelle
édition corrigée , pour donner . dit l'abbé
Carrai , dans son Dictionnaire critique.
quelque satisfaction à la cour de Rome,
qui n'en aurait dà recevoir aucune. Qu'en
sait-il, et de quel droit se méle-t-il de con-
damner la conduite d'un corps si respecta-
ble, qui sans doute savait ce qu'il devait et
ce qu'il ne devait pas au siège de Pierre
I Un Traité du pouvoir de l'église et des
princes sur les empéchcmens du mariagél
L'auteur y prouve contre Launoy, que l'E-
glise a toujours usé du pouvoir de con-
stituer lesempéchemensdirimans {voyez
LAUNOY). Raccorde cependant aussi aux
princes le pouvoir d'établir de tels em-
péchemens : sentiment qui a été défendu
encore par d'autres catholiques, mais qui .
comme le remarque un savant throlo};ii r»
de ce siècle, ne résiste pas à une très siri>-
ple, mais invincible obsarvatioa. « Il nie
• went en idée ( écrit-il à M. Ricci , évf-
» que de Pistoie ), que les en
» mains ont, sans besoin, inii
» l'Asie et l'Afrique du sang (11-
• leurs sajels, dansTimique vue d'extirper
56
GER 45
» la religion clirétienne. Car une senle loi
» qui, en vertu de leur droit inhérent et
» notoire, eût statué que la confession du
» christianisme était un empêchement di-
» rimant le mariage , sufiisait pour faire
" oublier, à la fin d'une «jénération , le
y- nom adoré de Jésus-Christ, sans verser
» une goutte de san^; . sans opprimerlout
"l'univers. Les chrétiens eussent dû re-
» noncer au christianisme , ou s'abstenir
» du mariage qui , en vertu de la loi im-
.' périale , serait devenu pour eux un sa-
» crilége et ime incestueuse union. Ainsi
» l'Eglise , composée seulement de céli-
» bataires, dont la propagation est impus-
» sible , eût péri dans sa naissance. Que
» pourriez- vous opposer à cette difliculléî
» Que les empereurs , dans le cours de
"trois siècles, ont ignoré ce droit, ou
» qu'ils n'y ont pas songé, ou qu'ils ont
» préféré contre l'ordre des choses les
» persécutions et le carnage. Mais qui sont
» donc les princes auxquels Dieu a lévélé
» ce pouvoir qu'il leur avait donné? Com-
» ment, entre tant d'apostats, dans l'espace
» de 500 ans, ne s'en est-il pas trouvé
» un seul qui , instruit de ce dogme , sug-
» gérât à César im moyen si facile et si
» efficace ? Comment l'empereur Julien ,
» élevé dans les mêmes écoles, imbu des
» mémos principes que les Basile et les
» Grégoire; JuHen, si bien instruit dans
» la religion à laquelle il renonça , qu'il
» pouvait prendre à tâche de la combattre
» même par sa plume , et d'engager les
» meilleurs auteurs ecclésiastiques de son
» temps à lui répondre ; comment , dis-je^
» cet empereur n'a-t-il point usé d'un
» moyen si doux et si conforme à son
» plan de délruiie le christianisme sans
» verser de sang? Supposons que tous ceux
» qui professaient la religion du Galiléen,
» fussent déclarés inhabiles à contracter
p un mariage légitime ; ce seul et simple
» édit de l'apostat eût effectué dans un
» moment ce que n'avait pu faire le fer
» des Dioclétien et des Maximin. Parcourez
» ainsi l'histoire des siècles ; appliquez
» cette idée aux empereurs ariens et ico-
• noclastes , aux protestans d'Allemagne ,
» au long et cruel règne de la reine Eliza-
» beth , et figurez-vous quelles pertes eût
' pu causer au catholicisme une seule loi
>> sur les mariages. Cette évidence dont
« Vous parlez n'est donc qu'une chimère
» et ce dogme a été ignoré dans toute TE-
» pUse , jusqu'au temps de Launoy, de
» Dominis ; et ce sera im dogme que Dieu
B aura révélé à ces docteurs , ou qu'ils au-
2 GER
« ronl fabriqué. Quoi !si Jésus-Christ eût
» donné aux princes le pouvoir d'annuier
» les mariages; pouvoir qui à chaque in-
» stant pouvait tourner à la destruction de
V) son Eglise; il s'ensuivrait qu'il a réuni
» dans son plan des principes contradit-
» loires qui se détruisent mutuellement :
«car, d'un côté, il eût voulu que nulle
» force humaine ne pût faire cesser so:»
» règne spirituel sur la terre ; et d'un
» autre , il eût permis que tous les sou-
» verains eussent le moyen de le ruiner
» de fond en comble, dès qu'ils l'auraient
» voulu. Il aurait institué des sacremens
» dans son Eglise, comme des sources iné-
« puisables de ses grâces, et il aurait dé-
» pendu de la volonté d'un seul homme de
» les tarir tout d'un coup. Puisqu'il est donc
» impossible de soupçonner même que
fl la Sagesse éternelle ait pu tomber dans
» une absurdité si palpable , il est évident
» en supposant , comme vous êtes con-
« traint de le faire , la perpétuité de l'E-
«glise, et la nature intrinsèque du sa-
» crement , que Dieu ne peut avoir ac-
» cordé aux princes de la terre aucun
» pouvoir sur la validité du mariage. Et
«il ne vous servirait de rien de dire que
» les empereurs pa'iens ou les princes hé-
» rétiques ne pouvaient user de ce pou-
>. voir au désavantage de la religion chré-
fl tienne ou de l'église catholique. Car si
» ce droit leur appartenait en effet, ils
» auraient pu s'en servir toujours (i), si
» non licitement, du moins validement ,
n et la défense serait toujours tombée in-
» directement sur la validité du sacre-
» ment ; de sorte que les chrétiens , selon
«les principes mêmes de leur religion,
» eussent été obligés d'obéir et de préférer
« une stérilité destructive à un manifeste
« concubinage. » On peut voii d'autres ré-
flexions également simples et justes dan»
le Joum. hist. et litt., 13 février 1791,
p. 250. \lies Lettres sur le pécule des re-
ligieux faits curés ou éi>équeSj 1696, in-
12 ; j une édition des Règlemens touchant
les réguliers ^donnée par ordre du clergé
de France, qui le gratifia d'une pension
de 600 livres. Ces règlemens parurent en
1663, in-i°, avec lés notes du savant
(i) Coramr conservateur» de la religion de l'em-
pire , ils ne pouvaient manquer d'y recourir. Il»
eussent d'ailleurs dit aux chrétiens • • Vous n'ave»
. pas d'obligation de vous marier, votre religion vous
> invite raisiné à on état plus t^lcve' ; efa bien ! tuivex
• ce conseil L'empire est d'ailleurs assez peuple , et
» les populaleuri n'y manquent pa». • l)^s lori le^
chrétien» fini»»4ie.it
GER
423
G EU
Hallicr. On les Irouvi- aussi dans les Mé-
tnoirrs du clergé, par Le M«Trc , tom. 6.
I Quelques écrits sur la comédie , sur la
parure des femmes , elc. Gerbais foiula
par son testament deux bourses dans le
rolléiîC de Reims, dont il était principal.
/oyrr TUDESCHI.
GCUDKL ( Nicolas), Gerbclius . juris-
consulte, natif de Pfor/.heim. habile dans
les langues et dans la jurisprudence , fut
professeur en droit à Strasbourg, où il inou-
rutfort vieux en ioGO.Le présidenldeThou
l'appelle virum optimum ^ et pariter doc-
Vinà ac vionun suavitate excellenlem.
Son principal ouvrage est une descrip-
tion estimée de la Grèce, sous le litre de :
Isagoge in tabulam Grcr.ciœ Xicolai So-
phiani. imprimée à Bàlc eu loiiO, in-ful.
On a encore de lui [ f'Hfi Joaunis Cuspi-
niani; j De anabaptistanim ortu et pro-
gressa, etc. Ces écrits sont curieux.
GERBERGE , lille de saint Guillaume ,
comte deToulouse, renoncade bonne heure
au monde, pour mener une vie retirée
ù Châlons. Elle édifiait celle ville par ses
vertus, lorsque Lolhaire, usurpateur du
trône impérial sur son père Louis le Dé-
bomiaire, eut la cruauté de la faire en-
fermer dans un tonneau conmie une sor-
cière et une empoisonneuse, et de la faire
précipiter dans la Saône, où elle périt.
C'était pour se venger de Gaucelme^t du
duc Bernard, frères de cette princesse,
qui s'étaient opposés à ses desseins ambi-
tieux, et qui avaient favorisé contre lui
le parti de l'empereur son père. Le Père
Daniel prétend dans son Histoire de
France , que Gerberge avait d'abord
épousé le comte Wala, et embrassé ensuite
la profession monastique dans le temps
que ce seigneur prit de son côté l'habit de
religieux dans l'abbaye de Corbie.
r>ERBERO.\ ( Gabriel ) , né à Saint-
Calais dans le Maine en IGiS , fut d'abord
de l'Oratoire , et se fit ensuite bénédictin
dans la congrégation de Sainl-Maur en
4G49. Il y enseigna la théologie durant
quelques années. Il s'expliquait avec si
peu de ménagement en faveur de la doc-
trine de Jansénius, que Ix)uis XIV vou-
lut le faire arrêter dans l'abbaye de G)r-
bie , en 4682 ; mais il échappa aux pour-
suites de la maréchaussée . et se sauva
en Hollande. Sa vivacité cl son enlhou-
•iasme l'y suivirent. L'air de Hollande
étant contraire à sa santé , il passa dans
les Pays-Bas. L'archevêque de Malines le
fil saisir en 1703, cl le ccjndamna comme
partisan des nouvelles erreurs sur la
gràro. Le père Gcrberon fut ensuite en-
fermé par ordre du roi dans la citadelle
d'Amiens, puis au château de Vincennes,
sans que ni les prisons, ni les chàtimcns
pussent modérer la chaleur de son lèle,
pour ce qu'il appelait la bonne cause. L'on
ne doutait pas (pi'il ne dût mourir dans
ropi)ositi<»n aux décrets de l'Eglise, lors-
«lu'il revint à des sentimens plus catho-
li<iues. Il demanda avec empressement de
signer le formulaire , ce qu'il fil le 18
avril 1710, rélraclanl la doctrine de tous
ses livres , et téiMoignant beaucoup de
douleur de son attachement aux opinions
condamnées. On le mit en liberté, et le
30 du même mois , rendu à ses frères , il
ratifia de son plein gre dans l'abbaye de
Saint-Germain des Prés, ce qu'il avait
fait à Vincennes. Il était temps qu'il se re-
connût. A une obstination de 50 ans enfin
désavouée , il ne survécut pas dix mois
entiers , étant mort le 29 mars 1711 , à
l'âge de 83 ans , « non sans de cruels re-
» njords, dit un historien, surtout à cause
» du grand nombre d'àmes qu'il avait éga-
»rées; mais en même temps avec une
» ferme confiance dans les miséricordes
» du Seigneur , et avec une vivacité de
» repentir qui a pu en expier le délai. »
On a de lui plusieurs ouvrages sur les dis-
putes du temps, ou sur ses querelles
particulières. Ceux qui ont échappé au
naufrage de l'oubli sont : | une Histoire
générale du jansénisme^ 3 vol. in 12,
Amsterdam, 1703, telle qu'on devait l'tfl-
tendrc d'un apôtre de celte doctrine. Il a
laissé sur le même sujet : annales janse-
tiianij qui n'ont pas été imprimées, et
qui ne doivent pas l'être. L'auteur traUa
ses enncnjis de mofinistes outrés , de dis-
ciples de Pelage , de semipélagiens.
I Plusieurs livres de piété, écrits avec feu;
I des éditions de Ma/ius Mercator , Bru-
xelles, 1673, in-12 ; de saint Anselme cl
de //ams, Paris, 1673 cl 1681, in-folio;
I une Jpolngie latine de Rupert. abbé de
Drulz, au sujet de l'Eucharistie, Paris^
1609, in-8°; I un Traité historique sur la
grâce ; \ Lettres à M. Bossu,' f. évéque de
Meaux; | la Confiance cbn tienne ; | le
Chrétien désalmié. \ Ui /IrgledcsMorurv^
contre les fausses jnarivies de la morale
corrompue, in-12 ; | la Défense df léglite
romaine; | V Histoire de la robe sont
couture de Sotrc-Seignrttr Jésus-Christ,
qui est révérée dans i église des religieux
bénédictins d'Jrgrntruil ; ouvrage qui
manque de critique . où l'auteur se fonde
sur des titres qui suul cux-iuèuics sus*
GER
k^k
GER
pects ; el qui , quand même ils seraient
authentiques , ne prouveraient rien. | Les
jdçis salutaires de la sainte J^ierge à ses
dévots indiscrets. Ce livre , qui corrigeait
un excès par un autre, fut défendu à Rome
en iG7k, donec corrigatur , et ensuite ab-
solument. Le Père Bourdaloue (it un ser-
mon pour le réfuter, ( De la dévotion en-
vers la sainte Vierge dans le 2*^ tome des
jMystères. ) Le Père Gerberon avait dans
,8es ouvrages, comme dans son caractère,
une impétuosité qui faisait de la peine à
fses amis même ; mais en même temps
jquelque chose de plus franc et de plus
droit que n'ont ordinairement les gens de
parti ; et c'est peut-être ce qui le détacha
enfin de la faction à laquelle il avait sa-
crifié ses talens et son repos, l'espace
d'un demi-siècle.
GERBERT (Martix), baron de HOR-
NAU , prélat catholique allemand , né à
Horb dans la Forêt-Noire , en 1720, mort
en 1793, entra dans l'ordre de S. Benoît,
où il se distingua par son vaste savoir et
ses vertus. Devenu abbé du célèbre mo-
nastère de Saint-Biaise , il ne relâcha rien
de son application à l'étude , en même
temps qu'il consacra une vie laborieuse et
édifiante au bien de sa maison , de ses
sujets et de l'église catholique , dont les
intérêts l'ont aussi vivement que constam-
ment occupé , comme on le voit par la
nature de ses ouvrages, qui sont en grand
nombre , et dont voici les principaux :
I Apparalus ad eruditionem theologicam.^
Fribourg , 1754 ; | Theologia vêtus et
nova circa realem prœsentiam Christi in
Eucharislia^ Fribourg , 17o3 ; | Principia
Iheologiœ exegeticœ ^ prœmittuntur pro-
legomena theol. miiversce, Saint-Biaise,
i 757 ; I Principia theologiœ dogmaticœ
juxta seriejn temporum et tradilionis ec-
clesiasticœ digesta^ 1758; | Principia
iheologiœ symbolicœ ^ 1758 ; j Principia
iheologicB mysticœ ad renovationem in-
teriorcm et sanctifie ationenx christiani
hominis, 1758 ; | Principia theologiœ mo-
ralisjuxtaprincipia et legem evangelicam.
17o8. 1 Principia theologiœ canonicœ quoad
exteriorem ecclesiœ formam et guherna-
tionem, 1759 ; \ Principia theologiœ sacra-
tnentalis^i7l}9; \ Theologia lilïirgicaATo'J;
! Dissert, de recto etperverso usu theol.
scholasticœ j 1759; | Dissert.de ratione
exercitioruni scholasticorum ^ prœcipuè
disputationum , ciim inter catholicos ^
tùm inter hœreticos, in rébus fidei, 1759 ;
j Demonstratio verœ religionis verœque
«cclesiœj 17GP ; 1 De légitima ecclesiœ po-
te state circa sacra, 1761; | De ccmmti-
nione potestatis ecclesiasticœ inter sum-
mos ecclesiœ principes , pontificem et epis~
copos. 17GI ; I De veleri liturgia Àleman'
nica ; \ De cantu et musica a prima sa-
cra ecclesiœ œtate usque ad prœsen s
tempus; | De radiis Divinitatis in operibus
nalurœj providentiœ etgratiœ, 1762 ; | Iter
^lemannicum; a^cedit Italicum et Gal-
licum , 1765 ; | De festorum dierum, nu-
méro minuendo j celebritate amplianda ,
1765 ; I De eo quod est juris ecclesiastici
et diviniin sacramentis. 1767; | De peccato
in Spiritum S. in hac et altéra vita irre-
missibilij 1767. Tous ces ouvrages respi-
rent une érudition vaste et variée, sage-
ment dirigée et employée, une logique
exacte, la plus pure orthodoxie, une
grande piété, un zèle brûlant. Son admi-
nistration , ses voyages , sa conversation
douce, intéressante, instructive, l'ont
fait connaître et estimer autant que ses
profondes études. La piété et l'humilité
s'étaient admirablement unies chez lui
aveclascience et le plus rare mérite. Il a
retracé, dans un degré éminent, les
utiles travaux et les vertus qui distin-
guaient autrefois cet ordre célèbre , dont
la réputation est si étrangement déchue.
Rien ne peut exprimer la douleur quil
ressentait à la vue de celte décadence ;
mais ce qui le touchait plus vivement
encore , c'est l'apostasie de tant de reli-
gieux de différens ordres qui dogmatisent
aujourd'hui en Allemagne , soit dans les
chaires, soit dans les livres; qui, hérétiques
enfroqués comme les Fra-Fulgenzio et les
Fra-Paolo, déchirent le sein de l'Eglise
d'une manière plus sûre que par une apos-
tasie avouée. Le savant et pieux abbé en
parle de la manière la plus touchante
dans son livre De légitima ecclesiœ po-
testats circa sacra; mais il espère en
même temps que l'Eglise , qui a triomphé
de tant de persécuteurs, triomphera égale-
ment de ces derniers, les plus odieux
comme les plus dangereux de tous. Quod
de peî'secutionibus ethnicorum j^fofessa
est antiquitas, id de insultibus hœretico-
rum etiam verumfit, ecclesiam, indè novum
florem, decorem et ampliludinem nan
cisci, ad quod etiam speramus, dum j'am
dolentes cernimus ipsos ecclesiœ filios
AD COIVCUTIEXDAM ECCLESIASTICASI AUC-
TORITATEJI PROULENIES, IMBIBITIS PRO-
TESTAXTIUMLATENTER PIUXCIPUS (De Icg.
eccl. pot. 1. 2, c. 5 ). Dans son llistoria
Nigrœ Si/lvœ. 5 vol. in-i°, il y a quelques
préjugés contre les jésuites que sans doute
gi:k k'i
le jiulirii'UX aulour a <iuill»''S plus lard ,
à la faveur de la luiniorc n'-paiiduc par
K-5 évctUMiu-ns. Poul-iMie ne s'csi-il pas
aiscr conslainmont dcfiMidu contre les
cmbùolu'S de ce siècle . dont sa bonne foi
cl sa franchise ne prévoyaient pas tou-
jours les suites, connue elles n'en devi-
naient pas les principes. Les nouveautés
liruyantcs lui faisaient assez, aisément
Illusion. En général, les bénédictins en
Allemagne n'ont pas été assex en garde
contre les nouveautés de tout genre. Du
reste, les religieux de Sainl-Blaise . à l'i-
mitation de leur chef, ont toujinirs él«!
télés pour l'orthodoxie. C'est à l'un d'eux
que nous devons le Febronius abhrevia-
fu»\, où les erreurs de ce chef de secte
5ont savamment et judicieuserocnl ana-
lysées.
' r.i:«BEnT. J'oyez SILVESTRE II.
* GLHBIER ( PlEUIlE-JlCAX-I) VPTISIE ),
célèbre avocat du parlement de Paris , né
à Rennes le 29 juin 172j , jeçut sa pre-
mière éducation de maîtres habiles que
son père fit venir de Hollande, et termina
ses éludes à Paris. Il fui reçu avocat en
MUV> et ne parut au barreau qu'à l'âge de
23 ans. Les causes les plus extraordinaires
semblèrent se présenter pour lui faire
une brillante réputation. Une des plus
fameuses dont il fut chargé , et dans la-
(luelle il déploya tous les talens de l'ora-
teur , est celle des Lionci , négocians de
Marseille, contre les jésuites. Il les fit
briller encore en plaidant un<?autre cause
dans laquelle un père refusait de recon-
naître deux de ses filles légitimes. Ger-
liier parla avec tant de chaleur et d'élo-
quence que ce père présent à l'audience ,
oubliant tous ses griefs, fondit en larmes :
Gerbier interrompit alors sa plaidoirie , et
termina ainsi : jurisconsultes . retirez-
vous ! lois, taisez-vous ! magistrats, écou-
lez la voir de la nature ! voyez ces larmes,
et jugez ! Vcxxd'or&liixirs ont réuni autant
d'avantages que Gerbier; il avait reçu de
la nature une figure noble , un regard
plein de feu, un organe sonore et flexi-
ble, une diction nelle, un élocution fa-
cile, une grâce infinie, un charme inex-
primable répandu dans toute sa personne.
Il était difficile de l'entendre sans éprou-
ver ces émotions qu'il n'appartient qu'aux
grands talons de faire ressentir. Il parlait
f.)njuurs sans cahier; mais au milieu des
mouvemensoraloircs auxquels il se livrait,
jamais il ne s'écartait du plan sage et lu-
mineux qu'il avait tracé dans sa tète. I^
caraclère donnnant de son éloquerirc éia.l
f> GER
rinsinnation et le pathctiiitic. Ceux qnî
ne l'ont pas entendu n'ont pu que tics
imparfaitement apprécier cet orateur :
car, la plume à la main, il n'avait pas
les mêmes avantages qu'en parlant ; il n'é-
crivait pas bien, et ses mémoires ne don-
nent qu'une idée faible de son talent. Il
est vrai que dans son temps les fartums
imprimés des avocats plaidans n'étaient
que des précis, des extraits faits pour
mettre sous les yeux des magistrats le
sommaire du procès , dans lequel on n'a-
vait ni le temps ni le dessein de chercher
à briller par sa manière d'écrire, et où
l'on songeait à instruire le juge plutôt qu'à
lui plaire. L'orateur réservait toute son
éloquence pour la plaidoirie. Pendant
l'exil du parlement sur la fin du règne de
Louis XV, Gerbier alla plaider devant la
commission nommée par Ic chancelier, et
le parlement ne lui pardonna pas cette
défection dont il avait été un des premiers
à donner l'exemple. A la même époque
Linguet, rayé du tableau des avocats, l'ac-
cusa devant l'opinion publique d'être
l'auteur de sa disgrâce , et écrivit contre
lui des mémoires pleins d'amertume. Ger-
bier mourut le 29 mars 1788 , après avoir
été nommé en 1787, bâtonnier de son
corps, dont il emporta l'estime et l'affec-
lion. Dans la société, il était doux, nio-
deslc et peut-être trop confiant. On dit
qu'il ajouta une foi aveugle aux jongleries
du magnétisme, el l'on croit qu'il en fut
la victime , ayant préféré ces illusions a
tout autre secours dans le dépérisseminl
de sa santé , résultat d'un empoison-
nement occasionné par un mets prépaie
dans un vase mal propre.
GERBILLO\ ( JEAX-FnATfçois), né en
IGîii à Verdun sur la Meuse , jésuite en
1670 , fut envoyé à la Chine en 1085, et
arriva à Pékin en 168G. L'empereur le
goûta tellement, que, trois mois après
son arrivée, il eut ordre de suivre les
ambassadeurs envoyés en Moscovie, pour
réjjler les limites de cet empire et de ce-
lui de la Chine. Le jésuite, aidé d'un de
ses confrères, aplanit toutes lesdifficullcs,
et fut le médialeur d'une paix avanta-
geuse. L'empereur chinois , pénétré de
.reconnaissance, le fit revêtir de ses habits
royaux, et le prit pour son maître de nia-
thématiqueset de pliilobophie. Il lui peruiii
de prêcher el de faire prêcher la religion
chrétienne dans ses vastes étals, el vouiiil
l'avoir toujours auprtide lui dans ses prc^
mcnadcs,dans ses voyages, cl nirme d.ms
SCS maladies. Le Pcre Gcrbi'ltm mourut i^
56.
GER 4
Pékin en 1707, supérieur général de toutes
les missions de la Chine. Il a composé des
Elémens de géomélrie , tirés d'Euclide el
d'Aroliimède ; et une Géométrie pratique
el spéculative. Ces deux ouvrages , écrits
en chinois et en tartare , furent magnifi-
quement imprimés à Pékin. On trouve
dans la Description de l'empire de la
Chine du Père du Halde , des Obseiva-
iions historiques sur la grande Tartarie^
par le Père Gerbillon : ainsi que les Re-
lations des voyages qu'il fit en ce pays.
La relation de son Voyage de Siam n'a
point été imprimée. On dit que c'est sur
cet ouvrage que l'abbé de Choisy composa
sa Relation , en y ajoutant quelques orne-
mens, dont les Mémoires du Père Ger-
billon avaient besoin. Le style n'était pas
le principal mérite des écrits de ce jésuite.
On peut voir des extraits de son manu-
scrit sur Siam , dans le tome l^"" des Mé-
langes historiques de M. Michavilt.
* GEUDIL ( Hyacinthe - Sigismoivd ) ,
célèbre cardinal de la congrégation de
Saint-Paul, dite des Barnabites , naquit à
Samoëns en Savoie, le 25 juin 1718 , d'une
famille estimée. Il donna dès sa plus tendre
jeunesse des preuves non équivoques de
la supériorité des talens qui devaient le
faire distinguer pendant sa longue et bril-
lante carrière. Son oncle paternel, homme
de lettres estimable, soigna ses premières
études, que le jeune Gerdil continua en-
suite sous les barnabites , qui dirigeaient
le collège de Thonon cl celui d'Annecy. A
peine âgé de 15 ans, il devint le confrère
de ses professeurs en embrassant leur
institut. Après son noviciat, ses supérieurs
l'envoyèrent à Bologne pour y faire son
cours de théologie. Il cultiva en même
temps les langues anciennes et modernes,
et s'appliqua avec succès à l'histoire et
aux sciences exactes. Il obtint l'estime
générale à Bologne; mais principalement
celle de Lambertini, alors cardhial arche-
vêque de celle ville, et depuis pape sous
le nom de Benoît XIV. Ce savant homme
jugea parfaitement le jeune Gerdil dès la
première entrevue, et en augura les plus
grandes choses ; il lui donna même une
preuve de confiance en ses luiiiiières , en
le consultant sur divers morceaux de son
grand ouvrage sur la Canonisation ^q\. en
l'employant à traduire du français en la-
tin plusieurs extraits des auteurs qui de-
vaient y être employés. Dès qu'il eut ter-
miné son cours de théologie, il fut envoyé
à Macérala, pour y enseigner la philoso-
phie. Plusieurs ouvrages qu'il y publia le
6 GER
firent connaître avantageusement. II es-
saya d'abord ses lalens polémiques en
cherchant à réfuter Locke , et ensuite à
défendre Malebranche. Il passa bienlôl
après à Casai de Montferrat, d'où il fut
appelé à Turin pour y occuper dans l'u-
niversité la chaire de philosophie , et en-
suite celle de théologie morale. L'arciie-
vêque de Turin , qui ne tarda pas à con-
naître tout le mérite de Gerdil, l'admit
dans son conseil de conscience , tandis
que son ordre lui témoignait sa confiance
en le nommant provincial des collèges de
Savoie el de Piémont. Peu de temps après,
la congrégation ayant perdu son supé-
rieur général, il fut question de nommer
Gerdil pour lui succéder; mais Benoît
XIV le désigna en même temps à Emma-
nuel III, roi de Sardaigne, comme la per-
sonne la plus capable de diriger l'éduca-
tion de son petit-fils, le prince de Piémont.
Gerdil vécut à la cour comme il l'avait
fait dans son collège ; il s'occupa tout en-
tier des travaux de son emploi, et con-
sacra le temps qu'il ne donnait pas à l'é-
ducation du prince, à composer plusieurs
ouvrages utiles. Gerdil vit ses succès
récompensés par deux abbayes ; mais
ses revenus ne le rendirent pas plus
riche : il les employait à l'éducation
de ses neveux et à faire de bonnes
œuvres. Le pape Clément XIV lui dé-
cerna un prix plus honorable. Dans le
consistoire tenu le 20 avril 1775 , le saint
Père le réserva cardinal inpetto^ sous une
désignation qui caractérisait en même
temps et sa grande réputation et sa rare
modestie : notus orbi. vix notas urbi. Ce-
pendant Clément ne put achever la no-
mination , elle était réservée à Pie VI. Ce
vénérable pontife appela Gerdil à Rome ,
le nomma consulteur du saint Office , le
fit sacrer évêque de Dibbon, et le pro-
clama le 15 décembre 1777 cardinal du
litre de Sainte-Cécile ; il avait déjà été
agrégé au sacré collège le 27 juin de la
même année : Gerdil montra dans ce haut
rang beaucoup de zèle pour les intérêts
de l'Eglise. Nommé préfet de la Propa-
gande , et membre de presque toutes les
congrégations, il était au milieu du sacré
collège comme une lumière. C'était tou-
jours son avis qu'on suivait dans les af-
faires les plus délicates, et Geidil incli-
nait toujours pour le parti modéré, dès
que les principes ne devaient pas en souf-
frir : c'est dans ce sens qu'il agit dans
l'affaire du concordat. Lorsqu'en 1798 les
Français s'emparèrent de llomc , cl en
GEU
4t7
GKR
eminoniTont le souverain ponlifo , Gerdil
•Viuprossa de quitter une ville livrée nu
ilésonlre; cl, |)our siiV»vrnir aux frais de
»on voyage . il fui ol)li|{é de vendre ses
livres. Arrive à Sienne, il y vit l'infor-
luné Pic VI en proie au besoin ; el . loin
do pouvoir le soula{;cr , il fut obligé lui-
'"<iuc. pour se rendre en Piémont , d'ac-
ii-r les offres généreuses du cardinal
: en/ana, arclievéque de Tolède , et de
luonseigneur Desping , archevêque de
î»c\ ille . et depuis cardinal. Reste dans le
»emIoairc de son abbaye de la Clusa , il
»c vit souvent sur le point de manquer de
tout , mais il supporta ses malheurs avec
la ])lus grande résignation. Après la mon
de l'inforturié Pie VI, Gerdil se rendit
au conriave convoqué à Venise. Dès les
premiers scrutins, im grand nombre de
suffrages se réunirent en sa faveur, et son
«,;e très avancé fut un des plus grands
obstacles à son élection. Il suivit à Rome
îe nouveau pape Pie VII, et y reprit ses
occupations. La santé dont il jouissait
dans l'âge le plas avancé faisait espérer
«le le conserver encore quelques années ;
mais il fut attaqué en iSO'i d'une maladie
grave à laquelle il succomba le 12 août de
la même année. Il avait alors plus de 84
ans. Membre d'un grand nombre d'aca-
démies de l'Europe, il fut honoré des re-
grets de tous les sa vans. Le pape ordonna
de magniliques obsèques, et voulut lui-
mcme faire l'absoute. Le Père Kontana,
jjénéral des barnabitcs, et depuis cardi-
nal, son ami, ])rononça son oraison funè-
f>re {i\ui a été traduite en français par
l'abbéd'Hesmivyd'Auribeau, Rome, 1802,
iu-8°), et lui composa l'cpitaphe la plus
honorable, et un Eloge lu le G janvier
<804 à l'académie des Arcades, sous le
titre d'Elogio letterario. Ce savant et res-
pectable prélat a composé un grand nom-
bre d'ouvrages, dont plusieurs furent im-
primés séparément. Le Père Torelli les a
recueillis et publiés, Bologne, de I7>5'i à
1791, 6 vol. in-4". Le Père Fontana, aidé
du Père Scatti, entreprit une nouvelle
édition dont les six premiers volumes pa-
rurent en 1806 , et qui depuis s'est conti-
nuée. Voici les ouvrages compris dans
l'une et l'autre édition: [ Introduction à
l étude de ta reW/ion . avec la réfutation
des philosophes anciens et modernes tou-
chant l'Etre suprême . V éternité . etc. ;
ouvrage déilié à Benoit XIV, et auquel
applaudirent non- seulement les savons
catholiques, niais encore plusieurs pro-
iestans de l'académie de Berlin ; i Expo-
sition des caractères de la vraie religion.
traduite de l'italien en français, par le
Père Livoy, barnahile, Paris, 1770. 1 vol.
in-8" ; | Dissertations sur l'origine du sens
moral, sur l'existence de Dieu . l'imma-
térialité des substances intelligentes, avec
deux Dissertations sur les études de le
jeunesse; | Projet pour l'établissement
d'un séminaire , avec un Essai d'instruc-
tion théologique à son usage; 16 Traités
de théologie et k Dissertations sur la né-
cessité de la révélation. Dans l'essai, l'au-
teur réfute Bayle. le Système de la nature,
lesdéfenseursdel'antiquitédumotvle.etc.
Ces divers écrits forment les deux pre-
miers volumes de l'édition de Bologne ,
et sont en langue italienne. Les .">', /».• cl
y' vol. et une partie du 6' renferment les
œuvres françaises. On y trouve : | un
Traité de V immatérialité de l'âme contre
Locke, et la Défense du Père Malebran-
che contre ce philosophe ^ Turin , 17/t7 et
1748, 2 vol. in-i". Locke, dans son Traité
de l'entendement humain, avance que
sans le secours de la révélation , on ne
peut être assuré que Dieu n'a pas donné
à la matière la faculté de penser, et pré-
tend que cela n'est point au-dessus de sa
puissance. Cette idée , qui favorisait les
principes des nouveaux philosophes, avait
été avidement saisie par eux. nolanamcnt
par Voltaire. Les doutes du philosophe
anjlais sont réfutés solidement dans le
traité du Père Gerdil. Il y prouve que tout
ce que dit I^ocke touchant l'immatérialité
de Dieu peut également s'appliquer à
l'àme. Burke a fait l'éloge de cet ouvrage.
Un des caractères des écrits ]H)lémiqucs
du Père Gerdil est qu'ordinairement il
puise dans les raisonnemens même de se»
adversaires les argumcns par lesquels il
les réfute ; et c'est ce qu'il lit en cette
occasion. | Essai (fune démonstration
mathématique contre l'existence étemelle
de la matière et du mouvemenkj elc. ; et
des preuves que l'existence et l'ordre de
l'univers ne peuvent être déterminés ni
par les qualités primitives des corps , ni
par les lois du mouvement ; | Âfémoires
sur l'infini absolu considéré dans la gran-
deur, et sur l'ordre dans le genre du
vrai et du beau, insérés dans le tome
sixième des Hliscellanca taxirincnsia, 1771;
I Essai sur les caractères disîinctift de
l'homme et des animaux brutes, oit l'on
prouve la spiritualité de l'âme par son
intelligence ; \ Incompafibifilé îles prin-
cijifs de Descartes et de Spinosa ; \ Eclair-
cis sèment sur la notion et la dtviubililé
GER
k^S
GER
de l'étendue géométrique . en réponse à
M. Dupuis, Turia , 1741 ; | Réflexion sur
un mémoire de M. Beguelin , concernant
le principe de la raison suffisante j et la
possibilité ou le système du hasard;
I Dissertatio7i sur l'incompatibilité de fat-
traction et de ses différentes lois avec
les phénomènes . et sur les tut/aux capil-
laireSj Paris, 17b4, 1 vol. in-12. Un pre-
mier travail sur cet objet avait été in-
séré dans le Journal des savans , mai
1752. L'astronome Lalande y répondit
dans le même journal. A la suite de la
dissertation se trouve un Mémoire sur la
cohésion. \ Observations sur les Epoques
de la nature , jJour servir de suite à l'exa-
men des systèmes sur l'antiquité du monde j
insérées dans l'Essai théologique ; | Traité
des combats singuliers ou des duels j
Turin , 1759. Le Père Gerdil y rappelle
que le métier des armes n'est pas moins
sujet que les autres états aux règles de la
morale , ni moins soumis pour des chré-
tiens aux préceptes de l'Evangile. Il mon-
tre l'absurdité , et fait sentir la férocité du
prétendu point d'honneur qui fait une
loi de la vengeance. Il prouve enfin que
tous les duels , même ceux autorisés au-
trefois pour cause publique ou particu-
lière , et à plus forte raison ceux qui ont
lieu entre particuliers , de leur autorité
privée, choquent la raison, blessent la
religion , n'ont rien de commun avec le
véritable honneur, tendent à renverser
l'édifice social. | Discours philosophiques
sur l'homme considéré relativement à
l'état de nature, à l'état de société et sous
l'empire de la loi, Turin, 1769, in-8°,
traduits en italien par le docteur Giudici,
Lodi, 1782; | De la nature et des effets
du luxe, avec l'examen des raisonne-
tnens de M. Melon, auteur de TEssai po-
litique sur le commerce en faveur duluxe,
Turin , 1768 , in-S''. Gerdil y analyse les
raisonnemens des apologistes duluxe, en-
tre autres de Montesquieu, et les réfute.
II montre que ces apologistes sont en con-
tradiction avec eux-mêmes; il tire ses
preuves des écrits qu'ils préconisent.
I Discours sur la divinité de la vraie re-
ligion; I Réflexion sur la théorie et la
pratique de l'éducation, contre les prin-
cipes de J. J. Rousseau , Turin , 1765 ,
in-S". Elles se trouvent dans la nouvelle
édilion sous le titre de VAnti- Emile.
Elles sont écrites avec modération et mé-
nagement pour l'auteur ; mais rien n'y
manque pour la solidité. Elles ont été tra-
duites en anglais ; rt la princesse héré-
ditaire de Brunswick fit passer dans seô
états plusieurs exemplaires de cette tra-
duction , comme un antidote aux dangers
de l'ouvrage. Rousseau lui-même ne put
s'empêcher de reconnaître le mérite de
cet écrit , et de dire que de tous ceux qu'on
avait publiés contre lui, c'était le seul
qu'il eût trouvé digne d'être médité. II
ajoutait néanmoins qu'il craignait que
l'auteur des réflexions ne l'eût pas com-
pris; et certes ce n'était pas le Père Geidil
qui manquait d'intelligence. | Considé-
rations sur l'empereur Julien. C'est dans
les auteurs païens que Gerdil puise ses
motifs pour apprécier le caractère de ce
prince ; et c'est d'après leurs témoignages
qu'il prouve jusqu'à quel point sont exa-
gérés les éloges que dans ces derniers
temps lui ont prodigués quelques philo-
sophes, sans doute à cause de sa haine
pour le christianisme , qu'ils partagent
avec lui. Tout ce morceau du Père Ger-
dil est plein d'une excellente critique.
I Observations sur le 6* livre de THistoire
philosophique et politique du commerce
dans les deux Indes , par l'abbé Raynal.
Gerdil écrivit ces observations rapide-
ment , et à la lecture de ce 6' volume.
Elles font regretter qu'il n'ait pas fait le
même travail sur tout l'ouvrage. Quel-
ques œuvres latines complètent le 6' vo-
lume ; ce sont : | une harangue sur ce su-
jet : Virtutem politicam ad optimum sta-
tum non minus regno quam reipublicce
necessariam esse. L'orateur y combat
Montesquieu. | Une autre harague : De
causis academicarum disputationum in
theologiam moralem inductarum. Elles
furent prononcées en présence de la so-
ciété royale de Turin , la première en
1750 , et l'autre en 1754. | Disputatio de
religionis virtutisque politicœ conjunc-
tione ; \ Elementorum moralis prudentiœ
spécimen. Tels sont les ouvrages compris
dans les six premiers volumes de l'édi-
tion de Bologne. Le cardinal délia So-
maglia en fit imprimer un 7' à ses frais
en forme de supplément et sous ce litre :
Opuscula adhierarchicam Ecclesice con-
siitutionem spectantia, imprimé à Parme,
chez Bodoni, en 1789, in-8° ; et réimprimé
à Venise , 1790, in-S". Il contient : | Con-
fatazione di due libelli contro il brève
Auctorem fidei di Pio VJ , in cui si con-
danna il lib^-o di Eybel : Qu'est-ce que le
pape? Rome, 1789, 2 vol. in-8". | Âpo-
logio del detto brève. Rome , 1791 et 1792 ,
in-4*'. Eybel était professeur de droit ca-
non à ^ ienne du temps de l'empc! eur
GER
.I(»soph, et pendant la chaleur dos rc-
ft>rmcs de ce prince. Il attaque dani son
libelle la puisswnce papale, et parle avec
peu do respect du pontife. Le Père Gcrdil
rcfutc sa doctrine en lui op|>osant les
lhéulo{;it>ns les plus attacliés aux libertés
de l'éjjUse (rallirane, tels que Gcrson , le
Tore Alexandre, Bossuet et Fleuri. \ In
commcntarinin a Justino Fcbronio in
$uam relractationem editain animadver-
siones, Rome, I7l»2, in-/i°. Gcrdil croyait
avoir recnarqué danS la rétractation de
cet évéque quelques tournures enibar-
rassccs, et y désirait des expressions
1 lus franches. Il montre en quoi elle
pèche , et c'est toujours de rantorilé
«:es plus célèbres théologiens français
qu'il s'appuie. ] Tn Sotas nonnuUantm
] ropositionum synodi Pistoiensis. Rome,
1795. Ces remarques tendaient à juslilier
*ur quelques points le synode de Pistoie :
le PèreGerdil les réfuta.' | Fsame dci mo-
tivi d'eliopposizione del vescovo di Noli
( Benoit Solari ) alla publicazione délia
bolla che condanna le propnsizioni es-
tratte dal sinodo di Pistoia, Rome et Ve-
nise, 1802, in-12; | Ac^s, Lettres pastorales
adresséesaux paroisses qui déj)enda!ent de
son abbaye de la Clusa. et ses Constitutions
synodales; \ Précis d'un cours d'instruc-
tion sur l'origine, les devoirs cl l'exer-
cice de la puissance souveraine . Turin ,
<799 , in-»". Il y en a deux traductions ita-
liennes, Tune, Rome, 1800 ; l'autre. Ve-
nise , 1802 , in-8". | Notes sur le poème
de la religion du cardinal de Bemis .
Parme , Bodoni , 1793. A la mort du car-
dinal Gerdil, il restait en manuscrit dans
ses portefeuilles; | Osservazioni sopra
una nuova lettera del vescovo di Xoli.
Elles furent imprimées la même année
1802, à Venise. | Confutazione dei sis-
temi contrari all'autorità délie C/iiesa
eirca il matrimonio; \ Précis des devoirs
des principaux états de la société; \ Ins-
truction sur les différentes causes de la
grandeur et de la destruction des états;
I Avis sur la lecture et le choix des bons
livres ; \ Traité d'histoire naturelle con-
tenant les règnes minéral . végétal et ani-
mal ; I Trac taf us de primafu roman i pon-
lificis , de gratia . df- Icgibus . de actibus
hnmanis.de mutuo; \ Dissertatio contra
Paffendorfde xtsura. 5 vol.; | Cursus phi-
losophiœ moralis. Plu<iicurs de ces ou-
vrages font partie de la nouvelle édition .
composée de quinze volumes, il y a déjà
quelques années , et sans doute les antres
429 r,i:i\
cardinal Fontanti n'ait achevé cette œu-
vre , le plus beau monumcnl à élever à
la gloire de son illustre confrère , pour la-
quelle il a déjà tant fait. On sait qu'il pré-
parait une fie de Gerdil, et labbc d'Au-
ribeau de son coté se proposait de publier
son Esprit. Au reste , les ouvrag<s de ce
célèbre cardinal prouvent l'immense va-
riété des connaissances de leur auteur,
la fécondité do son génie , et son infatiga-
ble amour pour les travaux utiles. Il fut,
de notre temps , un des hommes qui mar-
quèrent le plus dans les sciences , qui fiH
rent le plus utiles a la religion et à l'E-
glise, et tirent le plus d'honneur au
clergé. Sa vie entière fut consacrée à dé-
fendre l'une contre les déistes, à soutenir
la doctrine de l'autre , et les jugemcns du
saint vSiége contre les réfractaires; modèle
d'ailleurs admirable de modération dans
ses controverses, où , tout en maintenant
avec fermeté les principes, non-seule-
ment il ne blesse pas la cliarité, mais il
ne laisse pas même échajjper la moindre
expression qui puisse offenser ceux qu'il
réfute.
GERHARD ou GÉRARD (Ephrain) ,
jurisconsulte allemand, né à Giersdorf ,
dans le duché do Brierg, en 1C82 , fut
avocat de la cour et de la régence à 'Wei-
mar. Il professa ensuite le droit à Altorf ,
où il mourut en 1718 , à 50 ans. On a de
lui divers ouvrages de jurisprudence et
de philosophie. Le principal a pour titre :
I Delineaîio philosophiœ rationalis; on
trouve à la fin une excellente dissertation
etc. Deprœcipuis sapicntiœimpedinwntis.
II y a un grand nombre de savans du
nom de Gerhard ou Gérard. Voyez GE-
RARD.
GERHARD. Voyez TERENTIUS ( Je*^
GEnn«nD ).
• GERHARD ( CnKÉTiE\-AnR%ii%ii ) ,
savant pra^sien , conseiller des linances ,
etc., ne en 1737, fut membre de l'acadé-
des sciences de Berlin et de plusieurs
autres sociétés savantes de l'Allemagne.
Toute sa vie fut consacrée à des recher-
ches et à des études de chimie , de mé-
decine, de physique et d'histoire naturelle,
et il s'efforça de rendre ces sciences po-
pulaires. Il publia plusieurs ouvrages es-
timés dont les principaux sont : ( His-
toire du règne minéral . en allrmund ;
I une tradurli«)n , '
du Voyage meta!. i
a enrichi de n<»tes ; , ;
tation des mines. On trouve des détails
y cnirtroul. On ne doute point que le ' sur cet ouvrajc dans la Revue cncyclO'
GER
A50
GER
pédique . tome 15, p. 638. Gerliard est
mort à Berlin en 1821.
' GERIIART ( Marc-Rodolphe-Bal-
TOASARD ) , arithméticien célèbre , né à
Leipsick le k mars 1735, entra ,^ après
avoir terminé ses études, à la banque de
lîerlin. Il y était principal teneur délivres,
lorsqu'il mourut le 50 septembre 1803 ,
I '.issant les ouvrages suivans , tous en al-
lemand : I l'able des logarithmes pour
les commerçans ^ Berlin, 1788^ in-8° ;
I Manuelde la connaissance des monnaies^
poids et mesures usités en Alleinagne _,
1788 , in-8° ; | Mémoire sur le calcul com-
mercial, 1788. in-S" ;| le Comptoriste uni-
versel A vol. in-/i.°, 1791 ; \Rè(jles générales
et pa7'ticulières pour le calcul du cours
des changes j, Berlin, 1796, in-8" ; ] Cabi-
net de monnaies portatifs 179/». , in-/».°.
Les tables pour la réduction des monnaies
ont été traduites en français sous le lilre
de Tableau du pair intrinsèque ^ tant en
or qu'en argent^ des monnaies de compte
de tous les états du monde ^ 1812, in-8''.
* GÉRICVULT (Jeax-Louis Théodo-
re-AivDRÉ) , peintre d'iiisloire , élève de
M. Guérin , né en 1793, était fils d'un
avocat qui possédait ime fortune assez
considérable. GéricauU travailla Pl'u, se
livra à toutes sortes d'excès, et mourut
au mom.cnt où , comprenant enfin la né-
cessité de sortir de ces habitudes funestes,
il sentit qu'il avait des talens qui pou-
vaient riliuslrer. Il avait exposé au salon
de 1819 le Naufrage de la Méduse, qui est
maintenant au nausée du Louvre, et qui
fut à l'époque de son apparition en bulle
aux critiques les plus vives : ce tableau
a des défauts; mais il n'en a pas moins
placé son auteur au rang des peintres dis-
tingués. GéricauU avait déjà peinl aupa-
ravant un chasseur à cheval , \m cuiras-
sier blessé , une forge de village , ta-
bleaux qui n'étaient pas sans mérite. Peu
lie temps avant de mourir, il entreprit la
traite des Nègres , la peste de Barcelone ,
et une descente de croix exécutée avec
toute l'élévation de style et la sévérité
de ton qui a distingué les meilleures pro-
ductions de l'école lombarde. On doit en-
core à cet artiste plusieurs dessins et li-
thographies . entre autres \\n épisode de
la retraite de Moscou, la bataille de
Maïpu, celle de Chacabuco, h planches
de la vie politique et militaire de Bona-
parte, par 31. V. A. Arnault, in-fol. ;
qu'il ne put terminer. GéricauU est mort
à Paris le 26 janvier 1824, à peine âgé
de 31 ans.
GERIIVG (Ulric) , allemand, fut un
des trois imprimeurs, que les docteurs
de la maison de Sor bonne firent venir à
Paris vers 1469 , pour y faire les premiers
essais du bel art de l'imprimerie. Gering
ayant amassé de grands biens , fit des for>-
dations très considérables aux collèges
de Sorbonne et de Montaigu. Il mourut
dans celui-ci en 13 10. Les deux impri-
meurs qui le suivirent en France étaient
Martin Grantz et Michel Friburger.
GEIIL.\C (Petri), de Deventer, cha-
noine de l'ordre de saint Augustin , dans
le monastère de Windesheim , mourut en
odeur de sainteté, l'an 1411. Il a laissé en
latin des Soliloques^ in-12 ou in-24 ,
qu'on a traduits en français , in-12.
GERLACII, pieux ermite, dont on con-
servait le corps dans l'abbaye des dames
Norbertines , qui porte son nom , à 2 lieues
de Maëstricht ( sous le règne de Joseph II,
cette maison a été détruite, et les dames
transportées à Ruremonde). Dans sa Vie
imprimée en 1745, à Maëstricht, chez
Lekens, on rapporte des choses étonnantes,
dont quelques-unes font plutôt l'éloge, de
la piété que du discernement du siècle où
ce saint a vécu.
GE113Ï\I>I (saint) , né à Auxerre ea
580 , d'une famille illustre, fit ses études
à Rome , et brilla dans le barreau de cette
ville. Devenu ensuite gouverneur de sa
patrie et commandant des troupes du pays,
il se fit tellement aimer des peuples par
son intégrité , qu'après la mort de saint
Amateur, évêque d' Auxerre, le clergé,
la noblesse et le peuple le demandèrent
d'une commune voix pour son succes-
seur. Auxerre goûta , sous son nou-
veau pasteur, toutes les douceurs de la
paix et de la concorde. Germain distribua
tous ses biens aux pauvres et à l'Eglise.
Le pélagianisme faisait alors des ravages
en Angleterre. Les prélats des Gaules , as-
semblés en 429, envoyèrent Germain
avec saint Loup, évêque de Troyes , pour
arrêter la force du poison. Ces médecins
spirituels firent en peu de temps beaucoup
de guérisons par l'éloquence de leurs
exhortations et par la sainteté de leur vie.
Saint Germain y fit une seconde mission
en 446. Plusieurs miracles éclalans opérè-
rent la conversion de ce qui restait de pé-
lagiens. Au retour de ce second voyago,
il passa en Italie , et mourut à Ravenne
en 448. On a cru avoir trouvé en 1717,
dans l'abbaye de Saint-Marien-d' Auxerre,
les reliques de saint Geimani ; mais les
bons critiques en ont con lesté l'authcn-
geh
4SI
CTR
ticilé, quoique l'abbé Le Bœuf l'ail sou-
Joniic. Sa fie fut écrite par le prêtre
(A.>ii$tant, auteur rontcinporain , h la
prière de saiut Palieut, arrhevoque de
Lyon; elle se trouve dans Surius.
GEUMVI\ (saint), successeur d'Eu-
sihe dans lévérhé de Paris, était né dans
le territoire d'Autun, de parens nobles ,
vers 4%. Childeberl I" le choisit pour son
nrchichapolain, titre qui répond à celui
de grand-aumônier. Germain était un
hogime ai>ost<)liquc , to«il brûlant de 7,éle
pour le saiut des âmes. C'est lui qui fonda
le monastère de Saint-Germain-des-Prés.
II mourut en 57(). Nous avons de cet cvé-
queuneexcellcnte/tfWr^àBrunehaut, dans
laquelle il exhorte cette reine , avec beau-
coup de force . à empêcher le roi Sijje-
bert de faire la guerre au roi Clùlpéric.
Don Bouillart , bénédictin de Saint-Maur,
a recueilli tout ce qu'on peut dire sur ce
digne pasteur, dans son I/istoire de l'al/-
baye de Saint-Germain . i)ubliée en 1724,
in-fol. avec des ligures relatives au sujet.
GERMAIN ( saint ) , fils du patricc
Juslinien . fut dès sa jeunesse un des prin-
cipaux orncmens du clergé de Constanti-
nople. Son mérite le fil élever sur le siège
épiscopal de Cyiiquc. En 715 on l'élut
patriarche de Constantinople ; il s'opposa
avec zèle à l'empereur Léon l'Isaurien ,
iconoclaste , qui le chassa du siège pa-
triarcal. Saint Germain mourut en 753,
âgé de 95 ans, avec une grande réputation
d'esprit et de vertu. Les ouvrages qu'on
lui atribue sont pour la plupart de GER-
MAIN NAUPLIUS, patriarclie grec de Con-
stantinople , depuis 1227 jusqu'en 1259,
qui écrivit à Grégoire IX en 1232, pour
la réunion des églises, tint des conférences
avec les députés du pape à Nicée , assem-
bla un concile à Nymphée en 1235, et
montra enfin peu de sincérité dans son
procédé. Ses écrits se trouvent dans la
Bibliothèque des Pères. Nous avonscepcn-
dant de saint Germain trois lettres sur
les affaires des iconoclastes ( voyez don
Ceillier , tome 18 , p. 62 ). Il avait fait une
apologie de saint Grégoire de Nysse
contre les origcnistes; Photius en admirait
l'élégance et la politesse. — Il ne faut pas
confondre ces deux Germain avec un 5*
GERMAIN , aussi patriarche de Constan-
tinople en 4265, qui renonça à son siège
cl fut député au concile de Lyon en 1274,
par Mi::bil Paléologue.
GERMAIN ( don Micuel) , bénédictin
de Saint-Maur, né à Péronne en 1645.
mort à Paris en W)k , avait fait profession
en 1G63. Il aida le savant Mabillon dam
la composition des 7* et 8* siècie» d«s
Jctcs bénédictins . et dans celle de la Di-
plomatique : il se chargea du traité jma-
les Palais des rois . qui contient environ
la !i' partie du livre. On a encore de lui
V Histoire de lafjbaye de Notre-Dame de
Soissons . 1675 , in-4°. L'auteur avait un
grand fonds d'esprit, une imagination
vive, et une mémoire heureuse.
GLRM VI.\ ( PtEiiRE ) , orlévre du roi,
né à Paris en 1647, mort en 1682 , excella
dans le dessin et dans la gravure. Colbert
le chargea de ciseler des dessins allégori-
ques sur les planches d'or qui devaient
servir de couverture aux livres conte-
nant les conquêtes du roi. Ce travail
précieux fut admiré et dignement récom-
pense. On a encore de cet illustre gra-
veur, des médailles et des jetons^ où il
rcprésenla les plus fameux événemens
du règne célèbre sous lequel il vivait. Il
mourut à la fleur de sou âge ; mais ses
talcns se perpétuèrent avec le plus grand
éclat dans son fils aîné.
GERMAIN (Thomas), fils du précédent,
naquit à Paris en 1673. Il fit un séjour en
Italie , où il se perfectionna dans le des-
sin et dans l'orfèvrerie. Le palais de Flo-
rence est enrichi de plusieurs de ses chefs-
d'œuvre. De retour en France , il travailla
pour toutes les cours de l'Europe. Le roi
fut si satisfait d'un soleil donné à l'église
de Reims , le jour de son sacre , qu'il lui
accorda un logement aux galeries du Lou-
vre. Tous ses ouvrages respirent le gé-
nie et le goût. Il mourut à Paris en 1748.
GERMAIN ( Claude-Louis, comte de
Saint-) , ministre de la guerre sous Louis
XVI , né , en 1708 , au château de Ver-
tambnr. près de Lons-le-Saulnier en Fran-
che-Comté, d'une famille noble et très
ancienne, entra chez, les jésuites chez. Ic.v
quels il embrassa la carrière de l'enseigne-
ment , et les quitta ensuite pour s'attacher
au parti des armes dans un régiment
dont son père était colonel. Il servit avec
distinction en Hongrie , dans la guerre d«
1737 contre les Turcs , passa ensuite suc-
cessivement au service de l'empereur
Charles VU, de la France, du Danemartk,
où il fut à la téte.des affaires militaires,
revêtu de la dijfnité de feld-maréchal , et
jouissant de la plus grande considération
jusqu'en 1772 , époque de la scène Ira-
giipie qui ensan^jlaula la capitale du Da-
neinarck par la uiorl des comtes vStrucn-
sée et Brandt.I^ manière dont il se con-
duisit dans cette affaire delicata (ail uo
GER
432
GER
hohneur infini à la droiture de son ca-
raclcre. Voyant l'impossibilité de diriger
les choses vers le dénouement qui lui sem-
blait le plus conforme à la vérité et à la
justice, il jugea qu'il était de son devoir
de demander sa retraite. Il l'obtint sans
difficulté , et les cent mille écus , stipulés
dans son traité , lui furent accordés ; il
se hâta de quitter Copenhague , et de se
retirer à Hambourg. Incertain sur le lieu
où il fixerait sa demeure , et sur l'emploi
qu'il ferait de son argent , il le confia au
banquier le plus renommé de Hambourg,
qui devait lui en payer l'intérêt. Quel-
que temps après , la situation de ce ban-
quier se dérangea ; il fit banqueroute ,
et toute la fortune du comte de Saint-
Germain s'y trouva tellement compro-
mise , qu'il n'a jamais pu en rien recou-
vrer. Il était déjà parti de Hambourg pour
Bordeaux ; après y avoir séjourné quelque
temps , il avait enfin fixé son domicile à
Lauterbach près Mulhausen, dans la
Haute-Alsace , où il vivait dans la solitude
et en vrai philosophe , sans ambition , et
espérant de terminer ainsi sa carrière
dans le repos , lorsqu'en 1775 , Louis XVI
jeta les yeux sur lui pour remplacer M. du
Muy dans le ministère de la guerre. Le
résultat général du ministère , court ,
gêné sans cesse , toujours contrarié , du
comte de Saint-Germain , est le tableau
d'une suite d'opérations utiles. Leur sort,
comme celui de tout ce qui est au pou-
voir des hommes , a dépendu des circon-
stances ; maLs la postérité ne pourra re-
fuser à leur auteur les éloges que méri-
tent une fermeté , rare dans sa place , un
désintéressement plus rare encore et le
courage avec lequel il l'a quittée , quand
il a vu sa bonne volonté , jusque là sou-
vent inefficace , devenue absolument inu-
tile. Le comte de Saint-Germain était à
peine rendu à lui-même, qu'il mourut à
î'aris le lo janvier 1778. Il ne faut pas
juger son mérite et ses qualités sur ce
qu'en dit l'auteur des Commentaires des
Mémoires de M. le comte de Saint-Ger-
mairt^ Londres , 1780; ouvrage de pas-
sion et d'un ressentiment aussi lâche que
peu mérité de la part de M. de Saint-Ger-
main , ni par ce qu'a écrit de lui M. de
Saint-Auban ( voyez le Journal hist. et
lut. de Luxembourg , lo juin 1780 ). Le
seul reproche fondé qu'on puisse faire à
cet homme célèbre , et dont plus d'une
fois il est convenu lui-même, c'est de
n'avoir point assez approfondi le carac-
tère des personnes qui l'approchaient , et
d'avoir rencontré des écueils, qu'une
triste expérience et la connaissance dés-
espérante de la méchanceté humaine a
bien moins de peine à éviter, que la
franche et confiante droiiure , qui se per-
suade aisément l'impossibilité d'une chose
dont elle ne sent pas la possibilité en elle-
même. Les mémoires que nous avons sous
son nom, Amsterdam, 1779, 1 vol. in-8°,
sont effectivement de lui pour le fond ;
mais ils ont été altérés par une main in-
fidèle et dirigés par des principes tout
opposés à ceux de M. de Saint-Germain.
M. A. R. Barbier attribue la rédaction de
ses Mémoires à Tabbt de La Montagne.
*GERMAL\ ( AuGUf.TE-jEAiv, comte
de Montfort) , pair de France , né à Paris
en 1786 d'une famille originaire d'Avignon,
était fils d'un banquier qui devint direc-
teur de la banque , membre des états-
généraux , et qui mourut en 1803. Le
jeune Germain étant entré comme sur-
numéraire dans les bureaux du ministère
de l'intérieur , s'attacha à la fortune de
Bonaparte , et , à l'âge de 20 ans , était
déjà son chambellan ( 1806 ). Nommé en
même temps comte de l'empire et officier
d'ordonnance , il suivit l'empereur dans
plusieurs campagnes, et notamment en
Espagne ( 1808 ). En 1809 il défendit à la
tête d'un corps de Bavarois le fort de Huf-
fstein dans le Tyrol, et se rendit en 1813 en
qualité de ministre plénipotentiaire au-
près du grand duc de Wurtzbourg. Après
les désastres de Leipsick, il revint ei>
France , obtint dans la garde nationale
I)arisienne le grade d'adjudant- comman-
dant, et se déclara pour la cause des Bour-
bons. Louis XVIII le récompensa de son
dévouement , en lui donnant la place de
préfet du département de Saone-et-Loiro,
et peu de temps après la croix de Saint-
Louis. Il obtint aussi la croix d'officier de
la légion d'honneur. Pendant les cent
jours il resta dans la retraite , et ne fut
point inquiété. Nommé préfet du dépar-
tement de Seine-et-Marne après la se-
conde restauration, il conserva son em-
ploi jusqu'à l'entrée de M. Decaze au
ministère. Dans le cours de son adminis-
tration il fit preuve de talent et de capa-
cité , notamment en 1817, lorsqu'il cii>
pécha les séditions que la cherté des
grains fut sur le point de faire éclater.
La dignité de pair lui fut conférée le 5
mars 1819. Destitué de sa place de préfet
il revint à Paris , où il siéga à la chambre
des pairs , jusqu'à sa mort arrivée en 1821.
Son éloge a été prononcé par M. le duc de
GKR 4
BrogHo, et se Irouxc Jans la roUortioii
des discours imprinir^ par ordre do la
chambre, l'aris . 1S2"J. in-8*. Le ronde
Germain desceiidail, di(-on» du fameux
orfèvre Germain , doiil Vullaire a fait la
réputaliuu, dans sa pièce des f^'ous et des
Tu.
•GERMAIN, marquis de ROSTAING
( JtST-AxT»M>E-nE\m- Marie ) , licute-
nant-génoral dos années du roi , cheva-
lier de vSaint-Louis el de Cincinnatus , né
aucUàleau de Vaurhetle . près Monbrison.
1« 2'* novembre I7.'»0 , fulsuccessivemenl
page de M. le Dauphin, et premier pa{je
de Ix)uis XV. Il lit en qualité de cornette,
dans le régiment de Caraman , les cam-
pagnes de 1700-61 el ITO'i, en Allenia^pie,
sous les ordres du maréchal de Broglie,
et entra , en qualité d'aide-major, dans la
première compagnie des mousquetaires ,
en 1769. Roslaing se distingua à la prise
de la Dominique . et à l'attaque de Sainte-
Lucie, où il servait comme colonel, et
dut à sa conduite le commandement du
régiment de Gatinois (ou Royal -Au-
vi-r(;ne ) , qui lui fut donné en 1778. Il
fit aussi la guerre d'Amérique . contribua
à la prise d'York, et obtint le grade de
maréchal-de-camp. De retour en France
il fut nommé député du Fore/, à l'assem-
blée Constituante , el fail lieutenant-gé-
néral dans la même année. Le mar(]uis
de Rostaing se retira bienlôl dans sa terre,
où il s'occu|)a uniquement d'actes de bien-
faisance. Il est mort au moii» de septem-
bre 1826.
• GERMAIN ( m"* Sophie ) , que M. de
Prony a surnommée Vl/ypatia du Vf- siè-
cle.nce à l'aris le 1" avril 1776 , el morte
le 17 juin 18Ô1. Elle appril les premiers
élémens des mathématiques sans autre
guide qu'un Beioul trouvé dans la bibiio-
tlièque de son père, et elle eut à surmon-
ter les obstacles que sa famille opposait à
S<jn ardeur pour les sciences. Le Calcul
différentiel de Cousin fut le livre où elle
puisa ensuite de nouvelles instructions.
Après la formation de l'école normale el
de l'école polytechnique, elle se procurait
des cahiers des leçons de divers profes-
seurs qui enseignaient dans ces deux éta-
blissemens, et tixa princiiKilement son
attention sur !a Chimie de Fourcroy et
V Analyse de Lagrangc. Comme les pro-
fesseurs avaient 1 habitude d'engager leurs
élèves à leur présenter des observations
par écrit, M"* Sophie fit passer les siennes
•ous le nom d'un élève de l'école poly-
tecluiique . à Lagrange, qui, ea ayaut
)3 GRR
connu ensuite le véritable auteur , alla
lui faire ses félicitai ions. Elle ne larda pas
à voir elle/, elle des savans du premier
niérite. Depuis la publication de l'ouvrago
de IM. Legendre sur la Thrnric de% nom-
bres, elle se livra particiilièremenl à co
genre d'étude. Plus lard elle trouva dans
les Recherches arithmétiques de M. Gauss
un nouveau stimulant vers ce genre d'a-
nalyse, et elle fit elle-même sur ce sujet
des recherches nombreuses. Cependant
elle n'avait encore rien public, lorsqu'un
physicien allemand, Chiadni , vint à Pa-
ris répéter ses expériences curieuses stir
les vibrations des lames élasiiques. Na-
poléon devant qui elles furent répétées,
regretta qu'elles ne fussent point soumises
au calcul , et fil proposer , à cet effet , en
1809, un prix extraordinaire à l'institut.
Sophie Germain le remporta, en 181o; il
avait été remis jusqu'à trois fois, el elle
n'eut pas un seul géomètre pour concur-
rent. Ses Recherches sur la théorie des
surfaces élastiques ont paru en 1821, en
un vol. in-4°. En octobre 1811, Sophie
avait adressé à l'institut un mémoire dans
lequel elle proposait l'hypolhèse qui donne,
au lieu de la raison inverse du rayon de
courbure d'une courbe , cas résolu par
Euler , la somme des raisons inverses
des rayons des deux courbures princi-
pales d'une surface. Cette hypothèse fixa
l'attention de Lagrange , et il en déduisit
l'équation qu'elle aurait dû donner elle-
même en se conformant aux règles du cal-
cul. Avant le 1=' octobre 1813, M"« Ger-
main envoya un mémoire qu'efle termi-
nait par la comparaison entre les résul-
tats de la théorie et ceux de l'expérience.
I^'équaliou du problème se trouvait jus-
tifiée, sans être encore démontrée; ce
qui exigea un troisième concours. La dif-
ficulté semblait alors réduite à démon-
trer , soit l'hypothèse de M"* Germain,
soit toute autre hypothèse qui menât éga-
lement à l'hypothèse comme. Dans se»
deux premiers mémoires, l'auteur so
bornait à la théorie des plaques élasti-
ques. Dans le troisième, elle appliqua
particulièrement son hyi»othèse à la re-
cherche de l'équation des surface* cylin-
driques vibrantes, et elle obtint le prix.
La classe ayant annoncé toutefois que sa
solution n'était pas entièrement satisfai-
sante, Sophie ne cessa depuis cette épo-
que de multiplier Its expériences, loa
calculs et les reflexions. Elle eut alors l'i-
dée de communiquer sa démonstration h
M. Fourier» secrétaire pcrpéinel de la
GER
434
GER
classe des sciences de l'inslituf. Ce gi-o-
mt'lre illuslre lui dil qu'il préférait Uiie
démonstration purement géométrique, et
lui proposa pour modèlecelleque Jacques
îk'rnouUi avait donnée pour le cas de la
lame droite. M"*^ Germain appliqua les
mêmes principes aux surfaces , et ob-
tint la démonstration géométrique de
son hypothèse. Elle publia en 1826 : Re-
inarqucs sur la Jiatiire , les bornes et l'é-
tendue de la question des surfaces élas-
iiques, et équation de ces surfaces ^ in-8".
On trouve encore dans les Annales de
chimie el de physique de 1828 , un écrit
de sa composition intitulé : Examen des
principes qui peuvent conduire à la con-
?iaissance des lois de l'équilibre ^ et du
mouvement des solides élastiques. M. Le-
gendre a aussi fait connaître quelques-
unes de ses découvertes dans le Second
supplément de la théorie des no/nbres
publié en IST6. Le {§ mars 1824, elle
avait adressé à la classe des sciences de
l'inslilut ,un mémoire sur l'emploi de l'é-
paisseur dans la théorie des surfaces
élastiques, faisant suite au mémoire qui
obtint le prix en 1815. On a trouvé dans
ses papiers d'immenses travaux sur l'his-
toire, sur la géographie, notamment sur
celle des anciens: sur les sciences natu-
relles, etc. m"' Germain avait a],)pris la
langue latine sans maîtres, a(in de pou-
voir entendre divers ouvrages, tels que
ccuxdEuler, de Newton. M. Guillaume
l.ibri lui a consacré une notice dans le
Journal des débuts du 18 mai 1852.
GEU.'»iAM(:{]S( CÉs.vR ), fils de Dru-
sus et de la vertueuse Antonia. nièce
d'Auguste, hérita du caractère et des ver-
tus de sa mère. Tibère , son oncle pater-
nel , l'adopta. Il exerça ensuite la ques-
ture, et fut élevé au consulat l'an 12 de
J.-C Auguste étant mort deux ans après,
pendant que Germanicus commandait en
Allemagne, il refusa l'empire que les sol-
dats lui offraient , et ramena les rebelles à
la paix et à la tranquillité. Il battit ensuite
les Allemands , délit Arminius , et reprit
sur les Marses ime aigle romaine qu'ils
jg gardaient depuis la défaite de Varus.
Rappelé à Rome, il y triompha, et fut
déclaré empereur d'Orient. Tibère, qui
l'avait honoré do ce titre , l'envoya en
Orient pour y apaiser les troubles. Ger-
manicus vainquit le roi d'Arménie, le dé-
trôna, et donna la couronne à un autre.
Tibère, jaloux de ses succès, le lit em-
poisonner à Daplmc, près d'Antioche,
par Pisun , l'an 19 de J.-C, à 34 ans. Les
peuples et les rois versèrent des larmes
à sa mort. Le monstre qui l'avait ordon-
née fut le seul qui l'apprit avec joie ; il
voulut en vain arrêter les pleurs et les
(jérnissemens des Romains. Germanicus,
doux dans la société, fidèle dans l'amitié,
prudent et brave à la tète des armées,
s'était gagné tous les cœurs. Les qualités
de son es])rit répondaient à celles de son
àme. Au milieu du tumulte des armes el
delà guerre , il cultiva la littérature et
l'éloquence. Il avait composé des comédien
grecques, une traduction d'yïratus . en
vers latins, et des épigrammes : le temps
en a épargné quelques-unes, imprimées à
C()bo!n-g, 1715 et 171(5. in-8", et dans le
Co^yus poetarum de. MaiUaire. Il y en a
d'ingénieuses, il y en a de faibles ; mai»
on ne s'attend pas qu'un grand capitaine,
cliargé des artnées d'un empereur, ver-
siiie comme un poète de profession. Ger-
manicus avait épousé Agrippine, dont il
eut 9 enfans , parmi lesquels on compte
Caligula, qui désiionoi'a le nom de son
illustre père. La vie de Germanicus a été
écrite par de Beaufort , Leyde, 1741 , in-
8", et on en a fait le héros de plusieurs
tragédies.
GERÎ'«10I\ ( AxASTASE ), archevêque
de Tarentaisp , et savant jurisconsulte , a
écrit un traité De jurisdictione ecclesias-
ticcc.ui-^o\. Le duc de Savoie l'envoya
ambassadeur en Espagne, où il mourut
en 1027.
Gî;11M0\ ( Barthéleki), jésuite, né à
Orléans en 1665, morl dans cette ville en
1718,futaux prises pendant quelquetemps
avec deux célèbres bénédictins de Saint-
Maur, don Mabillon et don Constant.
La Diplomatique du premier lui avait dé-
plu ; il prétendit y trouver plusieurs di-
plômes faux , et publia quelques disser-
tations latines à ce sujet, 1705,1706,1707,
en 3 vol. in-12, écrites avec pureté et élé-
gance. Plusieurs littérateurs prirent parti
pour lui, d'autres se déclarèrent pour le
bénédictin. L'abbé Raguet, dans son His-
toire de la Diplomatique de don Malnl-
lo7i.apibs avoir saisi studieusement le
vrai étal des controverses, se décide pour
le jésuite. Le Père Germon s'engagea aussi
dans les contestations concernant les cent-
une propositions deQuesnel; il fit, dit-
on, 2 vol. in-4° sur ces propositions, sous
le titre de Traité théologique, que le car-
dinal de Bissy, im des plus zélés adver-
saires de l'oratorien, adopta et publia sous
son nom. Voyez THIARD ( Hexri j.Noiis
avons encore de lui : Lettres et Questions
GEU 4
sur t'/tistoit'f </escoiii/r(^t/alions de Au\i-
Vm ihi I*rtT Srrri/. lUnuinicain.
• OKRMM; ( Ji:\x-C'.nnrriii:« ), enlo-
inologislc , ne à Krancforl sur le Mcin en
1745. lit ses iluJrs au f;ymuasc de celle
viJIe, puis eiuluassa le eouinieree qu'il
quiUa pour se livrer à son (joùl pour les
sciences. Il s'ap|iHqua à riiisloiie nalu-
velle. surtout à renlomoloRie. Sa rcpula-
lion lui nurila les récompenses du {jou-
\erncinenl de son pays. Il était conseiller
bulique de Saxc-Gotlia . lorsqu'il mourut
lîans sa ville natale en ISO'i. Sa collection
de papillons et d'insectes est la plus belle
qu'aucun amateur soit parvenu à faire.
II a travaille à plusieurs ouvra^jes d'his-
toire naturelle, notamment aux Papillons
de l' Europe . Paris. 1780-171)t2 : il a fourni
pour ce livre un grand nombre de li[îures
liréesde sa collection cl la plus grande
partie du t.xle.
GEROXCE. général des troupes du tyran
Constantin, dans le k" siècle, se brouilla
avec cet usurpateur, et résolut de le dé-
pouiller de la pourpre impériale, pour en
revêtir Maxime, une de ses créatures. Il
assiégea dans Vienne Conslauliii ; mais
l'arniée de l'empereur Honorius l'obligea
de >'enfuir eu K»pa,;ne. Ses soldats, pleins
de mépris pour lui , résolurent de s'en
défaire. Il fut attaqué dans sa projjre
maison en &11. Voyant qu'il lui était im-
possible de se défendre, il ota la vie à un
de ses ami-, à sa femme , et se la ravit à
lui-même par un coup d'épée qu'il se
plongea dans le cœur.
•GI:RSD0UF ( Adolphe TRAUGOLT
van ou de ), physicien et naturaliste, né
le 20 mars MU\ à Rengcrsdorf dans la
Haute-Lusace, fonda dans cette province
eu 1770 la socié'é des Sciences qui s'est
rendue depuis rccommandablc par ses
travaux. Il est mort en 1807 laissant diffé-
rens écrits dont les plus importans sont :
I E suai pour fixer Ui luuttcur des monta-
nttex des gêans, Lcipsick, 1772, in-4" ;
I delà Pouzzolane et de la manière de
l'employer utilement dans les construc-
tions, traduite en français. Dresde , 1784.
in-8"; I Préranlinns à observer pendant
l orage. Gorlil7.. 17'J8-I800 . in-S"; | 01/-
servalions sur t 'électricité atmosphérique,
i802, in-4°, lig. cl plusieurs mémoires
dans la Feuille hebdomadaire de Wit-
Icmbcrg. dans le Journal de la Haute-
Lhsu. e et le Magasin géographique de
Fabri.
r,i:RSi:\. r.ESK\ ou gf.ssf.n ( .Jf.%\).
nutns donnés à lui uLié de Vvrcutl. dont
'>!( GER
l'existence est un problème parmi lés •«-
vans. Quelques bénédictins dans les dcu«
derniers siècles , et M. l'abbé Valart . ont
essayé de le faire pussir p(Uir auteur du
livre de V Imitation de Jésus-Christ . que
l'opinion atissi générale que solidement
établie, attribue à Thomas à Kempis. M.
Valart. dans une dissertation mise à In
tête d'une édilion très intidèle de cet
ouvrage, imprimé chez, lîarbou, iu-li»,
en 17.-.8, croit prouver, 1" que limitation
de Jésus-Christ est ])lus ancienne qun
Thomas à Kempis; 2" qu'elle était connue
avant 1 an 1330; 5" que Jean Gcrsen eu
est l'auteur, p«iisqu'on voit son nom jus-
qu'à cinq fois dans im manuscrit .ancien,
et qu'on le retrouve dans d'autres manu-
scrits. Toutes ces prétentions ont été ré-
futées i)ar l'abbé Ghesqiiière, célèbre bol-
landiste, par Eusèbc Amort, et depuis par
l'abbé Desbillons. dans une excellente dis-
sertation publiée à Manheim on 1780, à
la télé d'une nouvelle édition de cet ou-
vrage précieux, où toutes les altérai ions
faites dans l'édition de M. Valart sonl cor-
rigées, et l'ouvrage rendu à son premier
état sur la foi des plus anciens cxcniplai-
res. ( roi/ez KEMPIS , AMOUT, CHAU-
LIER, NÀUDÉ ).
GERSO\. roi/ez CHARLIER.
• GERSTLACIIER ( CnAni.ES- FuKor-
Ric ), célèbre publiciste al]cman<l, né eu
1732, à Iloblingeu dans le Wurtemberiy,
se voua de bonne heure à l'enseignement,
et fut d'abord professeur exlraordinaii**
de droit h l'université de Tuhingen où il
avait fait ses études. Il devint ensuite
assesseur au tribunal de la cour à Carls-
rulie, et fut nomin», en 1789, consei 1er
privé effectif, puis assesseur à la cour
suprême de révision établie eu 1791 À
Bade. Il a laissé plusieurs ouvrages en al-
lemand et en latin donton trouverétmm'--
ralion dans le k" vol. du Dicfionnoirr ■ v
auteurs allemande par Meuscl . I.«i;.-i( ;%,
1804. Les plus rotmus sont : | Commcn-
tatio de quœstione per tonnent a. Franc-
fort et Leipsick. 17;i3. ui-4"; I Sprrthi-n
j'uris puhlici de majore statmini i:ii,uni
œtnte antiquissima, antiqun rt ho.li -ri'.;.
Francfort. 17o;). iu-4"; | Itihliofhrque j't-
ristique.etc.ShiUi'.nrA. I7'i?< !7.i'.V e v-l.
grand in-8"; | Corpus j '
privati. Francfort el I
k vol. grand in-8". Gcr-^iia» .i. • . ^» •
Carlsnihe en I79.'i.
GERTItrOE r s-unlc ) . nt'C à I^xmU'II
en Hral.anl. lan t;'.»'.. de IVpin. prin. r de
1 LanJcu, maire du p-.iais, cl uiiiiislru de»
GER 4
rois d'Auslrasie , fut abbesse de Nivelle
en 6/t7 , et mourut le i7 mars 659 , à 33
ans. Sa T'^ie a été écrite par un autour
contemporain, témoin des principaux faits
qu'il rapporte. Voyez les Acta sancto-
mm belgi, tome 3 , p. 146, 149. Nous l'a-
vons aussi en italien , par Bonnucci , in-
12; et en français par des Escœuvres ,
1612, in-8°. — Il ne faut pas la confondre
avec sainte GERTRUDE d'Eisleben en
Saxe , abbesse du monastère de Rodart,
puis d'Elpédian , ordre de Saint-Benoît,
qui mourut en 1354, après avoir édifié ses
contemporains par ses vertus et ses écrits.
Le livre de ses révélations a été imprimé
plusieurs fois. Sainte Gertrude y trace le
vrai portrait de son âme. C'est le récit
de ses communications avec Dieu , et des
transports de son amour. Cet ouvrajje,
après ceux de sainte Thérèse, est peut-
être le plus propre à nourrir la piété
dans les âmes. On distingue les éditions
données par Lanspergius , chartreux ,
mort en 1539, et par le célèbre Blosius,
abbé de Liessies. Don Canteleu en a
donné une édition , Paris , 1G62 , in-8°,
sous le titre à'Insinualïones divinœ pieta-
tis^ etc., et. don Mégeen a donné une autre,
sous le titre de Sanctœ Gerlrudis V, et
abbadssœ ord. Sancti Bénédictin insinua-
tionum divinœ pietatis exercitia , Paris,
1664, in-12. On a encore de ce dernier
une traduction française de la Vie et des
révélations de sainte Gertrude ^ Paris,
1671, in-8°.— Quant à sainte GERTRUDE
qui est honorée d'un culte particulier en
Franconie, il est probable que c'est la
même que celle de Nivelle.
GEUVAIS et PUO TAIS ( saints ), souf-
frirent la mort sous Néron, ou au plus
tard sous Domitien. On lit dans saint Am-
broise, qu'ils s'étaient long-temps prépa-
rés à la victoire qu'ils remportèrent, par
les exercices de la piété , et pur ia con-
stance avec laquelle ils résistèrent à la
corruption du siècle. Le même Père
ajoute qu'ils furent décapités pour le nom
de Jésus-Christ , et les appelle les pre-
miers martyrs de Milan. Le lieu où étaient
leurs reliques fut révélé à saint Ambroise
par une vision qu'il eut en songe. D'au-
tres dirent que les saints eux-jTiémes lui
apparurent, et lui tirent connaître l'en-
droit qui renfermait leurs corps. Am-
broise fit creuser la terre dans le lieu in-
diqué. On y trouva deux corps, le fond
du tombeau couvert de sang, et toutes les
marques qui pouvaient constater la vé-
rité de ces reliques. Elles furent transpor-
36 GER
tées avec beaucoup de pompe dans la ba-
silique de Fauste , dite aujourd'hui de
Saint-Vital et de Saint-Agricole , et de là
dans la basilique Ambrosienne. Il se fil
plusieurs miracles à la levée de leurs
corps et à leur translation. Les ariens de
Milan firent tous leurs efforts pour nier
la vérité des miracles opérés par l'inter-
cession de ces saints ; « mais ils mon-
» traient par là, dit saint Ambroise, qu'ils
i> n'avaient pas la même foi qu'eux. Au-
«trement, conlinue-t-il, pourquoi au-
0 raient-ils cherché à détruire des mira-
» des aussi évidens? Cette foi est confir-
» mée par nos ancêtres; les démons eux-
» mêmes sont forcés de rendre lémoi-
» gnage à une doctrine que nient les hé-
» rétitiues. » Saint Paulin de Noie et saint
Augustin rapportent que la découverte
de ces reliques, fuite en 586 , mit fm à la
persécution suscitée i)ar les ariens contre
saint Ambroise. Effectivement le saint
évêque les réduisit au silence, en con-
fondant dans son second discours , les im-
postures par lesquelles ils tâchaient d'of-
fusquer l'éclat de ces miracles. Cependant,
à la honte de l'esprit humain, Midleton a
renouvelé les contes des ariens. Mais le
protestant Cave n'a pu s'empêcher de re-
garder ces miracles comme incontesta-
bles. <i La vérité de ces prodiges, dit-il,
» est suffisamment prouvée par les té-
» moiguages de saint Ambroise, de saint
» Augustin et de saint Paulin , qui étaient
» tous sur les lieux. Ils s'opérèrent à la
» face de toute la ville, et ils furent deux
» fois la matière des sermons de saint
» Ambroise. Je ne doute point que Dieu
» ne les ait faits pour confondre l'impiété
» arienne, et pour prendre hautement la
» défense de la doctrine catholique, qui
» éprouvait tant de contradictions , et qui
» était si violemment persécutée. » Voyez
GAMALIEL.
GER VAIS DE TILBURY, ainsi nom-
mé d'un bourg d'Angleterre sur la Ta-
mise où il est né dans le 12' siècle, était
neveu de Henri II, roi d'Angleterre. I]
eut un grand crédit auprès de l'empereur
Ollion IV , auquel il dédia une Descrip-
tion du Monde, et une Chronique. Ger-
vais de Tilbury composa encore ïf/is^
toire d'Angleterre, celle de la Terre-
Sainte, et d'autres ouvrages peu estimés,
qui manquent de critique et dexactitude.
Il est mort en 1218.
GEUVAIS CiiKÉTIEN. f'oy ex CHRÉ-
TIEN ( Gervais ).
GERV^VIS ( Cu VRLES-HuBERT ), intei>
Gi:i\
437
GKU
danl do. la tniutquu du duc d'i>i-lêaiis, rc-
Uonldu ruyauiiiu, ut oii>utti: in:ù(rc de la
uiusique de la cîuipi'llc du roi , mourut à
Paris en i7Uk, k 11 uns. Du u de lui | un
livre do cantates vsi'xmiici; | trtùs opéras.
Méduic , llijprrHine.itrc , et les Amours
de Protêt'; | plusieur* inotrts.
C.KKVAISI-: (labbé Nicolas), parisien,
lils d'un médecin, s'embarqua fort jeune
piMir le royaume de Siam, avec queltiues
missionnaires de Li cotit;ré;;alion de Sainl-
Vincenl-ile-Paul. Le jeune liomnie ne fut
point spectateur oisif dans ses voyages; il
s'instruisit par lui-menK*. ou par les livres
du pays, de tout ce qui concernait les
mœurs et les productions des contrées qu'il
I)arcourut. De retour en France, après k
ans de séjour à Siam , il devint curé de
Vannes eu iîrelajjne, puis prévôt do i'é-
(jlise de Saint-Martin de Tours. Il alla en-
.««nile à Rome, et y fut sacré évéiiue
dliorren. 11 s'einbaïqua pour exercer mjh
zèle dans le lieu de sa mission; il fut mas-
sacré par les Caraïbes en i7i"J, avec ses
compatjnons. Le public lui est redevable
de plusieurs ouvrai^es : j Hisloirc natu-
relle et politique du rutjaunie de Siam.in-
lii : I Description historique du royaume
de Macassar .ïQ-i'-l. C'est comme une suite
du précédent. Quoique l'on sente bien
quelun et l'autre sont la production dun
jeune écrivain, on ne laisse pas d'y trou-
ver des choses curieuses sur les mœurs,
les liabitans, les lois, les coutumes, la re-
lit;ion, les révolutions des pays qu'il dé-
crit. L'abbé Gervaise était revenu en
France avec deux lils du roi de Macassar :
I J'ie de saint Martin . évcque de Tours,
Tout s. 16iK), in-/i" , pleine de recherches
édiliantcs et iikstructives; don Badier l'a
jujjeeavec trop de sévérité et d'aiyrciir ;
I Histoire de lioice . sénat ew romain,
avec l'analyse de tous ses ouvrages , in-
12, 171.i : bon livre dédié à Louis XV,
Louis XIV auquel il devait faire cette dé-
dicace ctanl mort avant la publication de
cet ouvrage, qui est dirijjé par une criti-
que solide et judicieuse.
(itUVAlSE (don AnM.\xi>-KaA:«VOis),
frèic du précédent , d'abord carme-de-
chaussé. ensuite religieux dr. la Trappe,
plut tellement à labbé de Rancé , par ses
luiuiëres et par son zèle, qu'il le lit nom-
mer abbé de son nionaslère en iô%. Don
Gervaise, impétueux, bouillant , biz-arre,
inquiet, sin|;ulier , n'était poi:it fait pour
être à la télé d'une maison qui demandait
un homme de paix. U voulut f.iire de»
cboDQcmwnâ au dedans et au dehors de
l'abbiye. Il affecta do ne p.iinl consulter
l'abbe de Uancé, à <iiii il devait fl:>n élc-
valiou, et de ne point .suivre sa faÇou do
Ijouverner. Lj vieux réformaliur, voyant
sonouvr.i{;e prêt à rlro cliam;e ou détruit,
en^jajjea adroitement le nouvel ahbe .j
donner sa démission. C'est sans doute ce
qui a fait dire à un écrivain, qui souvent
bouleverseles événemens pour placer un
bon mol. f\\\ après avoir fonilè et youvrr-
né son institut, il se démit de sa place cl
voulut la reprendre. Don Gervaise , di--
pouillé de son abbayo, sortit de la Traj)pe,
erra quelque temps de solitude en soli-
tude. Il conservait partout la manière de
vivre de la Trappe. Mais ayant publié son
premier soUuuc dcl'J/istoire yénérale lie
Cileaux, in-4", les bernardins, qui élaie;il
vivement attaqués dans cet ouvraije, ol)-
tinrcnî des ordres de la cour contre luL
Il fut aneié à Paris en sortant du Luxem-
bourg, puis conduit et renfermé à l'abbaye
de Notre-Dame des iieclus, dans le diocèse
deTroyes. 11 y mourut en 1751, âgé de 'Jl
ans, regardé comme un de ces hommes
qui, mal[jré plusieurs bonnes qualités,
sont toujours hais , paice qu'ils mêlent a
la vertu l'ai^îreur et l'amertume de leur
caractère. On a de lui : | Les f^ics de saint
Cyprien. in-4" ; de saint /renée, 2 vol
in-lii ; de saint Paul, ."> vol. in-l2 ; de saint
Paulin, saint J-Jpiphanc , in-4.". Les maté-
riaux ont été pris dans les Mémoires do
Tillemont; mais le style est de l'auteur.
De l'ima^jination, de la chaleur, de Ki
facilité, mais peu de justesse, beaucoup
de néjjhjjence et d'idées sin^julières : voilj
son caractère. | La /7<? d'Abailard tt
d'Hèloise. 2 vol. in-12 ; j les Lettres
d' Jbailard et d'JIéloise, ti adultes en fran-
çais d'une manière fort libre ; | Histoire
de la/jbé Suyer, 1721 , 5 vol. in-12 , cu-
rieuse, mais inexacte ; \ Histoire de l'aOùé
Joucliim, surnommé le Prophète^ rcli'
gieux de l'ordre de Citcaux... où l'on voit
l'accomplissement de ses j>rophéties sur
les papes, sur les empereurs, sur les rois,
sur les états , et sur tous les ordres rcli-
(jieux. 1745, 2 vol. in-P-' (K. JOACIIIM,;
I Histoire ijénérale de la réforme de l'or-
dre de Citcaux en France , iu-V". Le
1" volume de tel ouvrajc peu commun ,
contre lequel les bernardins portèrent dca
plaintes, n'a pas élé suivi du 2* ; | Juçc-
rncnt critique .mais équitable, des Vici
de feu V. l abbé de liancé. reformateur
de l abbaye de la Trappe, écrites par te»
sieurs Mauprouct Marsollier. in-12. 1744,
Troyes , suus le litre de Londres. L'au»
GES k:
leur y relève plusieurs fautes que ces
deux écrivains ont commises contre la
vérité de l'histoire. Il se justifie sur plu-
sieurs imputations, d'une manière qui
peut paraître satisfaisante. Il faut lire cet
écrit, quand on veut bien connaître le ré-
formateur de la Trappe, un peu flatté par
les historiens; mais il ne faut pas non plus
s'en rapporter entièrement à l'esprit aigri
et un peu romanesque de don Gervaise.
On peut voir aussi la longue Apoloyie
qu'il publia au sortir de la Trappe. | Quel-
ques autres ouvrages imprimés et ma-
nuscrits.
GÉRY ( André-Gc'illaumb de ) , né à
Reims le il février 1727 , entra dans la
congrégation de Sainte-Geneviève en
1742, enseigna la philosophie et la théo-
logie dans son ordre , et s'appliqua en
njème temps à annoncer la parole de
Dieu; ce qu'il lit avec un succès marqué
dans la capitale de la France. Il devint
successivement curé de Saint-Léger à
Soissons , et de Saint-Irénée à Lyon , et
fut peut-être un peu trop lié avec M. de
Fitz-JamcsUvSuissoiis, et avec M. de Mon-
tay.et à Lyon, prélats regardés comme
peu soumis aux décrets de l'Eglise.
De grade en grade, Géry parvint à être
élu supérieur-général de son ordre en
d778, et il mourut d'une attaque d'apo-
plexie le 7 octobre 1786. Nous avons de
lui des sermons , des prônes , et quelques
■panégyriques. Ce recueil est en 6 vol.
in-12, Paris, 1788.
* GESENIL'S ( Guillaume ) , médecin ,
naquit en 1760 à Schoningen, dans le du-
ché de Brunswick, et mourut le i" avril
1801 , après avoir exercé sa profession à
Nordhausen et à Walkenried. Il a pul)lié
les ouvrages suivans en allemand , dont
la plupart traitent de la science médicale:
i Essai d'une encyclojiéclie lépidoptero-
logique . ou Manuel pour les personnes
qui font des collections de papillons , Er-
furt , 1786, in-12; | Pathémalologie mé-
dico-morale j ou Essai sur les passions et
leur influence sur les fonctions du corps,
1786, in-S" ;| de la Fièv?'e putride, bilieuse
et épidémique des années 178o et 1786 ,
Leipsick, 1788,in-8°; \Catalogue descrip-
tif des médicamens simples tirés du règne
végétal . d'après l'ordre alphabétique des
dénominations usitées dans les pharma-
cies, Stendal, 1790, in-folio; \ Manuel
de matière médicale , 1792 et 1796 , in-8'\
GESLEN ou GHELEN ( Sigismo\d de ) ,
Gélénius, né à Prague, fut correcteur de
l'iniprimerie de Froben , emploi qui alors
8 GES
supposait du mérite et du talent, et mon-
rulen looi, après avoir traduit , du grec
en latin, Josèphe ^ Saint- Justin, Denys
d'Ifalicarnasse^ Philon ^ Jpjnen , et d'au-
tres auteurs.
GESLER ou GRISLER , gouverneur de
de la Suisse , ou du ir.oins du canton
d'Uri. pour l'empereur Albert , provo-
qua , dit-on , par ses vexations et ses
cruautés le soulèvement de ses peu-
ples ; mais les critiques ne sont pas d'ao
cord sur toutes les particularités qu'on en
raconte. Voyez TELL.
GES\ER (Conrad), surnommé le Pline
d" Allemagne , né à Zurich en 1516, n»or1
de la peste à Bàle en 1565, à 49 ans, sur-
monta pour s'instruire tous les obstacles
qu'apportait à son éducation la pauvreté
de ses parens, et professa la médecine et
la philosophie avec beaucoup de réputa-
tion. Après avoir employé toute sa vie à
la culture des lettres, il voulut mourii
au milieu d'elles. Attaqué de la peste , et
se sentant près de çon dernier moment ,
il se lit porter dans son cabinet , où il ex-
pira. La botanique et l'hisloire naturelle
l'occupèrent toute sa vie. Bèz.e dit « qu'il
» avait lui seule toute la science qui avait
» été partagée entre Pline et Varron. » Sa
probité et son humanité le firent autant
estimer que son savoir. L'empereur Fer-
dinand 1*^', qui considérait Gesner, donn;»
à sa famille des armoiries, qui marquaient
les matières qu'il avait approfondies. C'é-
tait un éeu écartelé. Dans le \." quartier,
on voyait une aigle aux ailes éployées ;
dans le 2', un lion armé ; dans le 3' un
dauphin couronné ; dans le 4' un basilic
entortillé. Ou a de lui : ] une Bibliothèque
universelle , publiée à Zurich en 1545 ,
iu-f >l. C'est une espèce de dictionnaire
d'auteurs et délivres, dont on donna un
Abrégé en 1583, in-foi. plus estimé que
l'ouvrage même. | Historia animalium ,
Zurich, 1551-87, 5 vol. in-fol. Cette com-
pilation offre de grandes recherches ; mais
elle n'est pas toujours exacte. | Un Lexi-
con grec et lalin . 1560, in-fol. Gesner
possédait bien ces deux langues ; mais
comme il écrivait pour avoir du pain,
ainsi qu'il l'avoue lui-même dans sa Bi-
bliothèque, ses ouvrages ne sont pas
exempts de fautes. | Opéra botanica , Nu-
remberg, io-folio, 1754; | Historiœ plan-
tarum fasciniliduo_,l>i\iTeinheTQ, 1759-70,
2 parties en 1 vol. in-folio. Ce volume fait
suite au précédent. [ Mithridates de dif-
ferentiis linguarum : ouvrage dans lequel
il compare 138 langues alors connues , et
GKS k
à la sui'.e duquel il duiiiic lu vucalnilairc
des \a(;abuiui'^ruiinus sous Iciioin d'Hi^yp-
liens ou Bolu-mK-ns. CVsl à Gesiier que
nous devons liilée d'élablir los (jfnicsdi's
niantes, par rappori à U'urslU-urs, à leurs
seujences ol à Uui s fruits. On doit regarder
conime une perle considérable, celle du
grand //tv^j>rqu"il avail entrepris, eldont
il parle souvent dans sesdifférens écrits
•ur la botanique. C'est aussi à Gesner qu'on
doit la naturaiis^ition et la culture de la
tulipe en France.
C.KS.\i:U ou GESSNER ( Salomon ),
poète, peintre et yraveur paysagiste, né
en 1730 à Zurich en Suisse, parut dans
son enfance inhabile à toute autre élude
qu'à celle de récriture et de l'arithméti-
que. Mais sous cette apparente incapacité
il cachait une àme brûlante et susceptible
d'enthousiasme. Il s'est fait une réputa-
tion très distinffuée parmi lès poètes alle-
mands, et a mérité une place parmi le
petit nombre des écrivains modernes,
qui , dans leur {jenre , ont paru balancer
le mérite des anciens. On ne peut au
moins lui refuser le mérite d'avoir éten-
du les limites dans lesquelles s'était ren-
fermée jusqu'ici la pastorale, en lui don-
nant un intérêt tout à la fois plus moral ,
enjoignant aux peintures les plus naïves
de la simple nature, des situations plus
loucliantes et plus variées, avec un ca-
ractère de mœurs plus pur et plus idéal.
Il faut convenir toutefois que ce genre
par lui-même n'est pas favorable aux
mœurs : la tendresse en fait le ressort et
le but ; et en général ces sortes de lectu-
res énervent toujours le cœur des jeunes
lecteurs, répriment l'énergie de leur àme
dans son premier essor, et étouffent les
grands sentimens dans leur naissance.
Rival infatigable de Klopstock, il ne se
rebuta p<jint du peu de succès de ces pre-
mières entreprises: il donna en 1755 son
Da>)hnis cp.ii le tira de l'obscurité; cl l'an-
née suivante, il publia des Idylles .c\\c{-
d'œuvre de délicatesse et de perfection
où sa aiuse se montra modeste, irmoccnte
et pleine d'attraits. Krilin il s'éleva à la
hauteur de l'épopée dans la Mort d'Ahel.
(^e poème qui retiferme de grandes beaii-
lés est le titre le plus solide d«î sa gloire.
Ce poète est mort .i Zurich . d'une atta-
que d'apoplexie, le 2 mars 1788, âgé de a8
ans. Ses Ohluvrei dans lesquelles on ren-
contre encore son poème du Premier na-
vigateur. kWux drames Eraste et ^V«/i-
dre, et des Lettres sur le paysage . ont
été imprimées à Reullingcn, 1773, 3 vol.
»9 r.KH
in li; elles fojit piulicd'une grdi.,Ic rol-
h'ction dr poiles allemands. MM. Ifuber,
Turgol, Mei^ter et lubbé Brute de Un-
relies, en ont publié une traduction fran-
çaise en 3 vol. grand in-4". lig. de Le Rar-
hier, Paris, 178«i-;»3, depuis très souvcnl
réimprimée en k et en ï vol. in-8"; en ô ,
k ou G vol. in- 18. La notice placée en
tête de l'édition de 1798 est de Petitain.
On recherche aussi l'édition qui a été exé-
cutée sous les yeux de l'auteur, Zurich
1775-1777, 2 vol. in-8", avec des ligures
dessinées et gravées par Gesner lui-même.
La Mort d'Ahel a été traduite en français.
• CiK.SM-:r ( jE\x-J.\<;yLES ), profes-
seur d'hébreu, né à Zurich en 1707 , s'est
principalement distingué par sa passion
pour la numisnvilique. On lui doit : Spé-
cimen rei nummariœ . Zurich, I75î;, 2 vol.
in-fol. : le 2" vol. a pour titre : Aumismata
auliqua imperatonim ronianorum, latina
et grœca. Cette collection, qui réunit pres-
que toutes les médailles grecques et ro-
niaines connues au moment de sa publi-
cation, est rarement complète, et n'est
pas fort estimée, parce qu'on y a admis
sans critique des médailles fausses ou su-
spectes , et que d'ailleurs les planches sont
médiocrement gravées. Gesner est mort à
Zurich en 1787.
CESSÉE ( Jea^ de la ) , né en Gasco-
gne en 1351 , et secr^itaire du duc d'Alen-
çon , a laissé des poésies latines et fran-
çaises . assez ignorées. Le recueil des pre-
mières parut à Anvers en 1580, in-S", et
celui des secondes, et 1585, in-8°.
* GESSI ( Fha:mçois ) , peintre italien,
né à Bologne en 1388, fut surnommé
Gtiido secom/o , parce qu'il imita parfai-
tement la manière du Guide dont il avait
été l'élève. S'il ne l'égale pas toujours
dans la correction du dessiti et dans l'ex-
pression des affections de l'âme, il ne lui
est pas inférieur pour la fermeté liu pin-
ceau et le moelleux du coloris. Il ne fallut
rien moins que la prudence et la douceur
du Guide pour lixer l'esprit volage qui
caractérisa ses premières années. Son
mailre l'emmena avec lui à Rome. Ge.ssi
passa ensuite à Naples où ses talens exci-
tèrent l'admiration, mais en même-temps
la jalousie. Il eut dans cette dernière ville
un procès qui le réduisit à un elal de dé-
tresse qui, l'obligeant de travailler iwur
vivre, influa sur son talent et l'entraiiit
à la débauche . puis à une mort malheu-
reuse ( 16'*8 ). iJn de ses plus beaux ou-
vrages est une sainte y'ierge avec un en-
fant Jésus, aux pieds duquel «ont piQ-
GEU 4/i.O
sternes quatre saints. Ses tableaux ne sont
pas tous également bons : ceux qu'il exé-
cuta avec vitesse et par besoin d'argent
sont presque sans mérite.
GESTIiL ( CouxEiLLE Van), né à Ma-
lines eu KJ.jS , fut curé aux environs do
Gand , puis chanoine de JMalines, où il
mourut le 10 janvier 17/tS. Nous avons de
lui Iliston'a sacra et profana arcliiepis-
copaUïs Mecliliaiensis, avec lig , La iïaye,
17:25 , -2 vol. in-fol. Cette histoire, estima-
ble par le grand nombre de faits qu'elle
renferme , par l'étendue des recherches
et })ar l'ordre qui y règne , ne l'est guère
ilu coté du style.
CiESVllES. royez POTIER.
(IKTA ( Septimius ) , fils de l'empereur
Se \ ère et frère de Caracalla, eut Thu-
meur féroce dans son enfance; mais lors-
que l'âge euf développé son caractère , il
parut doux, tendre, compati'^sant, sensi-
ble à lauiitié. Un jour que Sévère vou-
lait faire périr tous les partisans de ISiger
et d'Albin , et que Caracalla lui conseillait
d'immoler leurs enfans avec eux, Geta
dit : « Ne f<iis<)iis point cela; trop de per-
» sonnes seraient fâchées de la victoire
» que nous venons de remporter sur les
n rebelles. » Caracalla ne pouvait le souf-
frir. Sa jalousie éclata après la mort de
Sévère, lorsque Géta partagea l'empire
avec lui. Apres avoir inutilement essayé
de s'en défaire par le poison , il le poig-
naida entre les bras de Julie, leur mèie
coannune qui, voulant parer les coups,
fut blessée à une main l'an 21ii de J..-C.
Géta n'avait pas encore 25 ans ; sa modé-
ration promettait au peuple romain des
jours heureux et tranquilles. Ceux qui
étudient l'insloire en vrais philosophes,
remarquent (jue lorsque les crimes des
nations sont venus à maturité, et que le
lemps de la punition des empires est
arrivé, les bons princes périssent de ma-
nière ou d'autre, et les monstres seuls
vivent et régnent. On a de M. Petilot
une tragédie, intitulée Géta.
GECISS ( PiEuuE ) , né en 1706 à Maii-
seyck, petite ville du pays de Liège, se
rendit jeune à Paris , où il apprit l'orfè-
vrerie sous de grands maîtres, et se lit
remarquer ])ar l'exactitude de sa gravure
sur Targent et le cuivre. De retour dans
sa pairie vers 1731 , il s'adonna entière-
ment à son goût pour les sciences prati-
ques et les arts. La géométrie, l'électri-
cité, l'optique, l'art du tour, mais sur-
tout les aimans artiticiels, faisaient aller-
nalivcmenl l'objet de ses recherches. Les
GEY
personnes les plus distinguées s'empres-
sèrent de voir son laboratoire. Il était en
relation avec les savans* de Paris et de
Hollande ; mais trop d'application lui
causa Uii épuisement, et il mourut le 6
février 177o. Entre un grand nombre d'ob-
servations faites sur les objets de ses
étuJes favorites, il n'a fait imprimer
qu'un Mémoire sur la constructio7i des
ainans artificiels j etc. Venloo, 17G8, in-
12. Ce petit hvre , écrit en style assez dur
et négligé, contient des choses neuves et
curieuses. Ses pièces- d'argenterie et de
gravure, ses inslrumens de physique et
do])tique, ses tabatières, médailles, py-
ramides d'ivoire, etc. faites au tour , mais
surtout ses aimans artiliciels, qui sont
d'une force surprenante, sont encare très
recherchés des connaisseurs.
* GEYSEll ( CuRÉiiEV - Théophile ) ,
habile graveur allemand, né en 1742 à
Gorlitz , mort d'une attaque d'apoplexie
le 24 mars 1805 , était i)rofesseur de des-
sin à l'académie de Leipsick, et membre
de plusieurs sociétés de beaux arts. Ses
estiuupes , gravées à la pointe, ont un ca-
ractère d'originalité qu'on n'a pas su imi-
ter. On estime surtout ses paysages , avec
de petites iigures d après Ferg, Wouver-
mann et Pynacker, et ses vignettes pour
l'édition du Virgile de lieyne.
C i:\SSOLM ( Gcii.i.AUME ) , de l'illustre
famille des barons de Cromnes en Ecosse,
fut évoque de Dumbiane dans le même
royauuie. Les hérétiques l'ayant chassé
de son siège, Marie Stuart et Henri son
époux l'envoyèrent, en qualité d'ambas-
sadeur , aupi es de Pie V et de ses succes-
seurs, pour les assurer de leur attache-
ment à la foi catholique. Le saint pontife,
touclié tie l'élat déplorable où les fureurs
des héréli(pies avaient réduit cette reine
infortunée, lui envoya des nonces pour
la consoler, et de l'aigent pour la secou-
rir. Geyssolm se lit estimer de Pic V et
de saint Charles , qui lui donna le vicariat
de l'archiprétré de Ste.- Marie- Majeure.
L'évèque de Dumbiane fut pourvu quel-
que temps après de l'évêché de Vaison en
Provence, suffragant d'Avignon, qu'il
défendit contre les calvinistes du D^iu-
phiné. Sixte V connaissant les grandes
qualités de Geyssolm, et le cas qu'en tai-
sait Jacques VI, roi d'Ecosse, l'envoya
nonce auprès de lui. Geyssolm , de retour
à peine dans son diocèse , le quitta pour
se renfermer, à l'âge de 50 ans, dans la
grande Chartreuse, où il fit profession.
Son mérite le lit nommer prieur de Nolrg-
GUE
HM
r.iii
Dame tic» Anges à Homo. IVu apri-s il fui
lail proeurcur-géiu-ral de son qrilre. Ce
saint homme mourul dans cet emploi le
56 septembre ili'JTy.
CiEYSSOMI ( Guillaume), neveu du
précédent, lui surcéda l'an l')84, dans le
siège de Vaison. Il eui les verlus «le son
oncle. Comme lui , il fut envoyé à Jarqties
VI, en qualité de nonce. Il ne négligea
rien pour rétablir la religion catholique
dans sa patrie ; et ne pouvant réussir , il
revint dans son cvéclié. On lui donna le
gouvernement du comtat Venaissin, après
la mort de l'évéque de Carpenlras. Il mou-
lut le 13 décembre 162*.). L'aïeule mater-
nelle de ce prélat était sœur de .Jacques
IV, roi d"Ecosse. il est auteur d'un livre
solidement écrit, mais peu connu aujour-
d'hui , intitulé : Examen de la foi calvi-
niste.
' GEZELIUS (Georges), littérateur et
théologien suédois , né vers 1756, mort le
24 mai 1789 , fut curé à Lillkyrka en Né-
ricie , et obtint le titre d'aumonier du roi.
On lui doit un Dictionnaire biographique
des hommes illustres de Suède . Stock-
holm et Upsal , 1776-78, 3 vol. in-8'' , et
un supplément publié en 1780. Ce dic-
tionnaire comprend depuis l'époque de
Gustave I" ( 1521 ), jusqu'à Gustave III
(1771 ). On a reproché à cet ouvrage des
omissions, des articles peu intéressans et
des inexactitudes dans la partie bibliogra-
phique ; cependant on y rencontre des
notices fort intéressantes qui ne laissent
rien à désirer.
GilÉER\EnDS( Marc), peintre et
graveur flamand du 16' siècle , s'établit à
Bruges , et excella dans les paysages. Vers
Ij66 il se relira en Angleterre où il mou-
rut. On a de lui : | un Plan de la ville île
Bruges . f^\i"\\. dessina et grava dans la
dernière perfection ; | les Fables véridi-
qties . ou la t'hérite enseignée par des ani-
»/i«//x, Bruges, 1567, in-i°, en flamand.
<A' sont les fables d'Esope, ornées d'es
lampes estimées des connaisseurs; elles
ont été copiées }Kir Venceslas Ilullur.
I V^rt de l'enluminure » Amsterdau» ,
1705. in-12.
GIIEI.\ ( Jacql'es ). graveur hollandais.
Son burin est extrêmement net et pur ,
mais un peu sec. On a de lui le Manie-
ment des armes . 1607 , in-fol.
CillE.XART f A:«roi\E ), né à Visé, dans
la principauté de Liège , vers l'an 1522 ,
fut chanoine de l'église de Liège, vicr-
doycn , inquisiteur de la foi et professeur
en thculugie. Il as:>isla au concile de
Trente avec Guillaume de Poilier». pré-
vol de la même égliie , et mourut lu 1"
mars 1;)9j. fort regretté surtout des pau-
vres dont il avait élé le père. Ghénarl a
eu la plus grande part à l'éililioii du
Maître des Sentences, faite à I^)uvain»
15'i6 . in-/*". On a encore de lui : Afani-
pulits cvn-atorum a Guidone de Monte
Rocherii ; adjunctus est ritus celebrandi
ss. missœ of/icium . juxta morem diœct'
sis Lcodiensis ; item . Ifildeberti . CenO'
manensis episcopi . poema de officia mis-
sœ; Anvers, l.')70. in-12.
T.nÉKARDESCA (Philippe), musi-
cien et compositeur italien , né à Pi5tf)ie
en 1730. fut un des élèves les plus dis-
tingués du célèbre Martini. On lui doit
six sonates pour piano et violon ; mais ce
qui lui fit le plus d'honneur fut la Messe
de Requiem qu'il composa en 1803 , pour
la mort du roi d'Etrurie , et qui passe
pour un chef-d'œuvre dans ce genre. Il
avait coniffosé pour les théâtres de Tos-
cane un grand nombre d'opéras qui eu-
rent beaucoup de succès. Nommé en 1770
maître de musique de la cour de Léopold,
grand-duc de Toscane, Ghérardesca cessa
de travailler pour le théâtre et enseigna
la musique aux nombreux enfans du
prince ; plus tard il fut attaché au service
de Louis de Bourbon roi d'Etrurie, puis
il se retira à Pise , où il mourut au mois
de janvier 1808.
• GIIESQUlÈREdeRAEMSDONK (Jo-
SKPH de), jésuite, né à Giurtrai vers
1736 , fut un des auteurs du recueil des
Bollandistes. Il prit ensuite, dans cetto
vaste compilation , les vies des saints de
la Belgique qu'il publia sons le titre de
Acta sanctorum Belgii , 1783-94, 6 vol.
in-4° , avec des commentaires et des notes
critiques, historiques , etc. Apres la sup-
pression de son ordre, il s était retiré
à Bruxelles ; à l'approche des armées fran-
çaises en 1794, il se rendit en Allemagne
où il est mort en 1804. On a encore de lui
des Dissertations sur les différens genres
des médailles antiques. Nivelle, 1779;
sur l'auteur du livre de l'Imitation de
J.-C. . 1773. in-12 . i»ul«lié par labbé do
St. -Léger «jui y a joint un averlissemenl
et des noies ; un Mémoire sur troii
points intéressans de l histoire des l\tys
lias . c\c. cl plusieurs auircs ou\ rages
sur les dimes et les monnaies.
GlilLIM ( JÉRUHE }. né à Monr.a . dans
le Milanais, en 1389 , »e maria fort jeune,
et partagea son temps entre les soins de
sa maison et la littérature. Devenu veuf.
il recul loidrc de prélrisc et Je boiiaet
de docteur en droit caiioa. II mourut à
Alexandrie de la Paille, vers Tan 1G70,
membre de l'académie des Iiicoijnili de
Venise , et protonotaire apostoli([ue. On
lui doit plusieurs ouvraj^es en vers et en
prose. Les plus connus des savaus sont ;
\ Annali di yilcssandria ,Wi\àn, 1G66,
in-fol. ; I Teatrodcgli nomini h ttcrati , tn
2 vol. in-//." , Venise . WCl , livr" curieux ,
niais(iui manque d'exactitude.
GlIiî.I.M (C.\jm.i.E;. Voijez FREGOSE
( Baptisti; ).
* GIAC (le Clievalier de), lieute-
nant-général, né en 1738, entra à l'âge
(le 13 ans dans le régiment de Soucy,
royal-arlillerie, et passa trois ans après
lieutenant au régiuienl de Champagne.
En 1757 , il passa en Allemagne avec son
régiment, pour faire partie de l'armée
auxiliaire de la Reine de Hongrie. Son
courage et son sang -froid le tirent re-
marquer aux combats de Siutzel!)erg ,
Crévelt ( 17G8 ) , et surtout à Wi'.lem-
stadt, où il fut fait capitaine sur le cliamp
de bataille. Peu do temps après les affaires
de Filingfliauser , Sanderhausen , où il
fut blessé , lui vabirenl la croix ele Saint-
Louis, et un grade supérieur. Nommé
maréchal-des-camps et armées du roi ,
par Louis XVI, le clievalier de Giac , se
rangea, pendant les orages de la révolu-
tion, parmi les iidèles serviteurs du roi,
qui combattirent pom- lui sur la terre de
l'exil. Le retour des Bourbons lui rendit
quelques années de repos et da bonheur-
Pénétré des vérités de la religion , il est
mort en chrétien, au mois de septembre
1829 , à l'âge de 92 ans.
GIACOMELLI (M!Cuki.-Axgi: ), secré-
taire des brefs aux princes sous le j)ape
Clément XIII, cha^noine du Vatican, et
archevêque in partibas de Chalcédoiue ,
naquit en lG9o à Pisloie et mourut en 177/t
d'un débordement de bile. Il fut d'abord
bibliolhécaire du cardinal Fabbroni, et en-
suite du cardinal Colligola. Il avait tout
ce qu'il fallait pour ces places : une vaste
littérature et la connaissance des langues.
Divers écrits en faveur du saint Siège
lui méritèrent les bienfaits des pontifes
romains. Il perdit cependant sous Clé-
ment XIV la place de secrétaire des brefs,
peut-être parce qu'il avait montré des scn-
timens trop favorables à une sociélé me-
nacée d'une ruine prochaine. Il s'était ac-
([uitlé de cet emploi à la grande satisfac-
tion des au)ateurs d'une belle et pure
Jaiinitc : sou style était plein de dignité et
2 GÎA
d'onction. On a de lui divers ouvra ces;
les principaux sont : | une traluctinn
latine du /Vv^Ye de Benoît XIV, sur les
fêles de Jésus-Christ et de la Vierge . et
sur le sacrifice de la M:;sse , PaJoue ,
1745 ; I vme version en italien du livre
de saint Jean--Chri/sostàme sur le sacer-
doce ; I Prométhée aux liens , tragédie
d'Escliyle , et V Electre de Sophecle, tra-
duites du grec , Rome , 1754 ; | les
Arnours de Chéreas et Callirhoé , tradui-
tes du grec , Rome, 1755 et 1736; | une
édition du commentaire de Philoti , évé-
que de Carpasi , sur le Cantique des can-
tiques ; I Une excellente version italieniie
de la Bible, imprimée après sa mort ; ( une
traduction des Inslitutioncs ecclesias-
^/cflJ de Benoit XIV , etc. Ce prélat était
un homme très laborieux. Il avait de la
pliilosophie dans l'esprit et dans le carac-
tère ; et quoique naturellement vif cl sen-
sible à l'honneur , il soutenait les disgrâ-
ces avec fermeté: ses manières étaient
honnêtes , et il était également propre à
vivre avec les grands et avec les gens de
lettres.
* GIANELLA (François), jésuite , ma-
thématicien > naquit à Milan le 15 janvier
1740. A l'âge de 16 ans , il entra chez les
jésuites et lit ses études à Turin , au col-
lège de cet ordre, et eut pour condisci-
ple le célèbre Lagrange. Après la sup-
pression do celle congrégation, il occupa
à Pavie, et ensuite à Milan , les chaires de
physique el de matiiémaliques, et mou-
rut dans cette ville le 15 juillet 1810. On
a de lui : i Miscellanea Taurinensia, 17G9,
contenant plusieurs mémoires fournis à
l'académie de Turin, (fondée en 17G2 ,
dont il était membre depuis sa création ;
[De tensione funium ^ Milan, 1773, ou-
vrage très estimé des savans; | De igné ^
ibid. 1772; | Elemetiti d'algebî'a . Vavic ,
1778 ; j Elementi di matematica , ib. 1781.
• GiAWETTASïO ( Niccolo PAR-
TENIO ) , jésuite napolitain , et poète latin
né en 1G48, professa la philosophie dans
la Calabre , et ensuite les njathématiques
dans le grand collège de Naples. Malgré
les travaux qu'exigeaient les chaires qu'il
remplissait , et la faiblesse de sa santé , il
cultiva, avec beaucoup de succès, la
poésie latine , et publia successivement :
I des églogues ; \ \Si\ poème sur la navi-
gation , en 8 livres , sous ce titre : Nico-
lai Parthenii Giannettasii neapolita7ii ^
è socielate Jesu. piscatoria et nautica ;
I Flalieuticorum libri X . 1689. in-8",
poème sur la pêche; j Nauinachicorum
Gl.V
4/t5
GIA
Hhri y. 1690, poiiuo sur la (;ucrrc de
iiur ; I Bcllic ruin liOri.X. itoiinc sur la
yucrrc Uf Irrrc : j «luo .■iniuu- savante .
divisée on /» jH)rim'S : yl^statrs Suncn-
tina' . 1097 ; Jut mnis Surrentinus. 1698,
llyemes Pntcolaui. et l'er JAvculaneum.
1704; I une Cosmographie cKuncGéogra-
phie. Tous ros ouvrages forment 12 vo-
J\iines, réiin|)riniés chacun plusieurs fois
el reunis à ^a^)lcs en 1715, 5 vol. in-T.
Sa poésie a de U noblesse , du nombre ,
lie la facilité , de l'aliondance ; on y trouve
des détails rendus avec des couleurs poé-
tiques, et surtout avec beaucoup de
clarté; tels que la description do la
boussole, l'oriijine des vent^ leur carac-
tère , etc. On a encore de lui : | Ptincay-
ricus et cwmen seciilare fnnocentio XII.
Naplcs, IG'.K), in -8"; | Panegijrtcns in
fuuere Innocenta XII . 1700 ; | Xav'e-
rius f'iutor. Naples, 1715 et 21, 3 vol.
ln-!i" : ouvraf^e de sa jeimesse, qu'il
n'a pas achevé ; | une Histoire de Xa-
ples . en latin et en fort bon style,
comme toutes ses productions ; mais ce
n'est qu'une espèce de traduclioi» de l'his-
toire de Summonle. Ses poèmes didac-
tiques sont dans le genre de Sanna-
7.ar, et ses autres ouvrages méritent
d'être lus. Ce savant relitjieux employa
le produit de ses ouvrages , qui eurent
\\n grand débit dans toute l'Europe , à
faire construire une superbe église dédiée
à la Vierge Marie, à laquelle il avait une
dévotion particulière. Il mourut à Massa ,
dans le collège de sa société, le 10 sep-
tembre 171;).
•GIA\M (François), poète et impro-
visateur italien, né à Rome en 17aJ , ap-
prit d'abord le métier de tailleur, et
l'iitit naître son talent pour la poésie,
1 lisant le Tasse et l'Ariosle ; c'est en
;;availlant dans sa boutique qu'il im-
provisa ses premiers vers, qui lui ont
donné l'idée d'embrasser , sans aucune
étude préliminaire, la profession d'im-
provisateur qui n'existe guère que chez.
les Italiens. Ses ]>remiers essais se firent
à Gènes. 11 parcourut ensuite l'Italie et
chanta les victoires de Bonaparte qui
conçut l'idée d'en faire un législateur , et
le lit nommer membre de l'un des deux
con$eilsdelarépul)liqiie cisalpine. Lorsque
Suwarow envahit l'Ilalie. Gianni fut en-
fermé dans la forteresse de Catlaro; mais
il en sortit en 1800, vint en France, et
r. rut de Bonaparte le titre A' I mprovisa-
tetir imnérial ,a\ec une pension de 6.000
francs ; recormaissant de ces bienfnit.5 , il
célébra les exploits de son héros avec
toute rexaltalion d'un poète. Il chanta
aussi les amours et tl'aulres «ujeU gra-
cieux. Plusieurs de ses chants improvi-
sés ont été imprimés avec la traduction
française en regard , et les journaux fran-
çais et italiens en ont fait beaucoup d'é-
loge. A la restauration , Gianni conserva
sa pension par le crédit de C.orvello, mais
sa muse ne se consacra plus qu'a des su-
jets religieux. Il est mort à Paris en 1823.
Ses principaux ouvrages ont été recueillis
à Milan en 1807, 5 vol. in-12. On y reii-
contre des vers que n'auraient point dés-
avoués les plus grands poètes d'Italie.
Le célèbre poète Monli disait en parlant
de Gianni : Xalura ha fallo di tutto per
formnrne un gran poeta.
• GIAWIM (J()Seph), médecin dis-
tingué, né en 1775 à Parabiégo près de
Milan , fut d'abord destiné par ses pa-
rens à l'état ecclésiastique ; mais il étudia
en secret \x médecine , et parvint à se
faire recevoir docteur en 1796, après avoir
suivi les leçons do Franck , puis de Scarpa
dont il fut un des élèves les plus distin-
gués. En 1810 Giannini fut nommé mé-
decin de la cour, et dut celle place à sa
grande répulalion. Il mourut le 18 dé-
cembre 1818. Giannini fut un des méde-
cins qui contribuèrent le plus à l'élablis-
sement et au progrès de la nouvelle mé-
thode médicale italienne. Ses principaux
ouvrages sont : | Memorie di medicina ,
1800-1802 , h vol. in-8" ; | Délia naiura
delta febri e del miglior metodo di curuli^
Milan et Naples . 1805-1817 , 2 vol. in-8° ,
traduit en français par Hcurtcloup, Pari»,
1808, 2 vol. in-8", et en partie par
Jouerne, sous le titre suivant : de la
Goutte et du rhumatisme . Paris, 1810,
in-8'''. avec des Notes du docteur Marie de
St.-Ursin.
GIA\\0>iE (Pierre), fameux écri-
vain napolitain né le 7 mai 1676 dans la
terre d'Ischitclla , province de la Capita-
nata, s'est rendu pendant quelque temps
fameux par une Histoire de Xaptes , où
il avait rassemblé tous les genres de sar-
casmes contre les pn'^tres , les religieux ,
les ministres de la religion en général, et
surtout contre le siège de Rome ; c'est
une compilation faite sans d'autre choix
quo celui de ri[;nnrancc «u de la mau-
vaise foi . do tout ce qui peut rendre
odieux l'église catholique cl ses pasteurs.
Chassé de sa patrie, il chercha un asile
dans les états du roi do Sardaignr. C'était
le sage Charles-Emmanuel 111 qui, instruit
GIB 44
des quanta de l'auleur cl de l'ouvrage ,
envoya Giannone dans une maison où il
mourut le 7 mars 1748 , à 72 ans. Cette
satire grossière, sous le nom <\'Jfistoi?'e,
est divisée en 40 livres, et a été imprimée
à Naples, en 4 vol. in-4", 1723. Le mépris
où elle est tombée , l'a rendue assex rare
La traduction française qu'en lit un cer-
tain Desmoneeaux , attaché à M. le duc
d'Orléans, lils du régent (La Haye, 1742,
4 vol. in-4" ) , est mal écrite. On a extrait
de ce corps d'histoire , tout ce qui regarde
la partie ecclésiastique; c'est un in-12,
imprimé en Hollande, sous ce titre : Jnec-
dotes ecclésiastiques , etc. Excellent régal
pour des sectaires, ennemis de l'église
catholique et de l'autorité pontilicale. On
a donné , depuis la mort dô l'auteur un
volume d'0£uvres posthumes j 1760 , in-
4°, qui contient sa profession de foi, qui
eût été bien nécessaire de son vivant. Jo-
seph San-Félice , jésuite , a solidement
réfuté les erreurs et mensonges de Gian-
none dans ses Reflessioni tnorali e theo-
logiche, Rome ( sous le nom de Cologne),
1728 , 2 vol. in-4°. L'abbé Fernando Pan-
zmi et Fabbroai ont écrit sa vie le pre-
mier en italien, et le second en latin.
• Gl.VUDIM ( FÉLicE ) , célèbre vio-
lon , né à Turin en avril 1716, mort en
Russie en septembre 1796 , séjourna long-
temps à Londres , où son arrivée lit une
époque mémorable dans l'histoire de la
musique instrumentale de ce pays. Il y
introduisit le bon goût, et fonda en An-
gleterre une école de violon , qui a donné
dans la suite d'excellens professeurs. Ce
musicien s'était fait admirer en Italie, en
France et en Russie. Ses œuvres sont
ploiîiL'sde goût et d'harmonie; mais on
trouve que le chant est trop dominé par
la partie instrumentale dans laquelle il
excellait.
GIATÏIA'I (Jean-Baptiste), jésuite
de Palerme en Sicile , mort à Rome en
1672 , à 72 ans , a fait un grand nombre
de discours et de tragédies à l'usage des
collèges ; mais son principal ouvrage est
la traduction latine de V Histoire du con-
cile de Trente de PallavLini , Anvers ,
1672 et 1677 , 5 vol. in-4°.
• GiïîBON (Edouard) , historien an-
glais, naquit àPutney, d'une famille as-
sez ancienne, le 27 avril 1757, et lit à l'u-
niversité d'Oxford des études où iln'obtinl
que peu de succès. Dès son enfance, il
montra un goût décidé pour les lectures
sérieuses, et spécialement pour l'histoire.
A l'âge de 15 ans il composa un civragc
4 GTB
intitule: le siècle de Sésostris, dont le
but était, non de peindre les exploits du
monarque égyptien, mais , ce qui parut
plus étonnant, de déterminer la date pro-
bable de son existence. Cependant , peu
satisfait de son travail , il ne l'acheva pas,
ei devenu plus diflicile à mesure que ses
connaissances s'étendaient, il le jeta au
feu quelques années après. Ayant lu r//i5-
loire des T'ariations des Eglises proteS"
tantes par Bossuet , ce livre porta la lu-
mière dans son esprit et le détermina à
abjurer le protestantisme entre les mains
d'un prêtre catholique, le 8 juin 1753. Stfn
père irrité de ce changement l'envoya à
Lausanne cjiez un ministre protestant ;
et telle était la mobilité d'esprit du jeune
Gibbon, qu'il revint bientôt à l'église
qu'il avait abandonnée, ou plutôt qu'il se
plaça entre l'erreur et la vérité dans un état
de doute et de scepticisme qui devint dès
lors sa disposition habituelle. Il s'accou-
tuma à voir tout avec indifférence, la re-
ligion comme les affaires mondainei. Aussi
inconstant dans ses occupations que dans
ses principes, il abandonna ses études litté-
raires pour entrer avec le grade de capi-
taine dans la milice de Hampshire ; mais
il renonça bientôt à cet état qui ne con-
venait ni à ses goûts ni à sa santé délicate^
pour voyager sur le continent. Il se rendit
à Paris en 1763. Deux ans auparavant , il
avait publié, en français, un essai sur l'é-
tude de la littérature. Cet ouvrage écrit
dans une langue étrangère avec autant
de pureté que d'élégance, l'avait fait con-
naître avantageusement dans le monde
littéraire, et à son arrivée à Paris, le
jeune auteur se vit accueilli avec une
extrême bienveillance. Après trois mois de
séjour dans cette capitale il visita la Suisse
et l'Italie, et ce fut dans ce dernier pays, à
la vue des ruines de Rome qu'il conçut le
projet d'écrire l'histoire de la décadence et
de la chute de cette ville immortelle. De
retour en Angleterre, en 1770, la mort de
son père le rendit possesseur d'une fortune
considérable; il entra au parlement en
en 1774 , et ne s'y distingua ni comme
orateur, ni comme homme d'état. Il s'at-
tacha au ministère de lord North, et se
déclara contre les prétentions des anglo-
américains. Partisan des mesures acer-
bes, il aurait voulu, assure-t-on,que l'on
coupât six têtes dans le conseil d'état , et
qu'on les étalât pour l'exemple, en plein
parlement. Nommé lord du commerce , la
chute de lord North amena la suppres-
sion de cette place, et GiJ)bon renonça
Gin
kk:i
GTR
alors aux affaires publujucs pour s't ru-
jior lie sou Rraivl *»u vra(îc » l'histoire de la
Uécadencc et de la chute de l'empire ro-
main. 6 vol. in-4". Le premier vohime
qui parut eu 177(j, lui allira de justes
critiques, et tout le clergé anijlicau se
Isva pour rci>ousser les attaques qu'il
renfermait contre le christ ianiuie. Les trois
derniers volumes furent publiés en 1788.
Cet ouvrage fut traduit dans presque
toutes les langues de IHurope, et fut ac-
cueilli avec empressement par cel t-spril
irréligieux et novateur qui dominait au
18' siècle, et auquel il offrait un nouvel
aliment. Un livre empreint d'une philo-
sophie anlichrélienne, ne pouvait man-
quer d'obtenir un grand succès en France,
où les disciples de Voltaire s'étaient pro-
digieusement nmllipliés. On applaudit
aux efforts que faisait l'historien pour
ralaisser l'héroïque courage des martyrs,
cl les magnificences de cette Rome chré-
tienne où, dans un aveugle enthousiasme
pour l'antiquité, il s'obstinait à ne voir
que des ruines. Incapable de comprendre
la grandeur paisible et les vertus modes-
tes, Gibbon n'accorde son admiration qu'à
l'éclat extérieur, et à la force désordon-
née ; après avoir rabaissé la constance des
martyrs chrétiens, il célèbre les exploits
de Tamerlan et des Tarlares. Dans le fa-
natisme de son admiration pour l'anli-
((uilé, il va jusqu'à regretter le pa^janisnic;
c'est ce qu'il avoue lui-même uans ime
lettre à lordSheflield.» L'Eglise primilive.
« disail-il, dont j';«i parlé un peu fami-
» lièrement était une innovation, elj'e-
* tais attaché au paganisme. ■ On ne doit
pas s'étonner que l'ouvrage de Gibbon
ait soulevé contre lui tous ceux qui te-
naient encore au ehi islianisme; les plus
fameux théologiens de l'Angleterre, et
entr'autres les docteurs Watson . Wliitc,
(^heisam.Witoker, Prieslley, etc.. se décla-
lerent ses adversaires, cl atla(|uércnt no-
tamment les chapitres 15 cl 16 du pre-
mier volume , qui sont consacrés à l'his-
loire de rétablissement du christianisme.
Jl répondit à quelques-uns d'enlr't-ux par
une brochure intitulée : Défense de quel-
qttes passages des chapitres 15 el 16 de
l'histoire de la décadence et de la chute
de l'empire romain Cette défense . faible
sur beaucoup de iM>int8 et d'une extrême
amertume, décela toute l'humeur qu'a-
vaient causée à Gibbon les attaques dirigées
contre son livre. Lui-même avoua que s'il
avait prévu ces critiques, il aurait adouci
ces deux chapitres. Cependant il prit le
a.
parli de ne se rélracler en i m ,. , .,...m le
reste de l'ouvrage. L'histoire de GiblK>n.
beaucoup trop vantée par le parti philov>
phique, n'est pas cependant fans un grand
mérite. Outre l'intérêt du sujet . on y trot»-
ve une érudition vaste, so'.i-li! cl varice;
\inc critique exacte et ing» iiiiu^e , lor»-
quc l'auteur n'est pas aveuglé par ses pré-
ventions; des vues judicieuses et souvent
profor)des; el surtout l'art de rattacher les
faits à de grandes idées. Mais c'est en vaiii
quoii y chercherait des principes lixescn
morale, en religion et en économie polit!»
que. L'incertitude des opinions de l'auteur
se révèle partout, el donne lieu à de nom-
breuses contradictions dans ses rai-îonne-
mens.C'estainsiqu'Hurès avoir nié les mi-
racles, il leur attribue la co>i version de l'u-
nivers. On a reproché aussi à l'ouvrage do
Gibbon plusieurs omissions , descilations
tronquées, défaut impardonnable dans un
historien dont l'exactitude est le premier
mérite. Gibbon avait terminé son histoire
en 1787 , à Lausanne. Il était encore dans
celte ville lorsque la révolution française
vint troubler son repos. Surpris et effraye
des désordres qu'elle anu-na, il la prit en
horreur. Ln IJifi, sonantilord Scheflield
l'engagea à retourner en Anjjlelerre pour
se soustraire à l'agitation du continent;
Gii)bon , dont la santé était mauvaise, hé-
sita (juelquc temps, et ne se décida qu'en
1793 à rentrer dans sa patrie. Quelques
mois après son «arrivée, ses in(irn.ités
augmentèrent; après avoir subi plusieurs
fois une oj)éralion qui semblait devoir
prolonger sa vie, il succomba inopiné-
ment le 16 janvier 17%, sans souffrir, et
><in3 uïéme s'être cru en danger. Gibbon
avait peu de lixité dans l'esprit, peu du
vigueur el d'élévation dans l'àmc. Cepen-
dant d fut constant dans ses li.nsons et
mérita d'être cité parmi les honmtes droits
et intégres. Le style de son histoire a été
loué pour la concision, l'éclat et le mou-
vement ; mais on y trouvait un peu de
recherche, et on lui reproche d'av,)ir ai-
fecté. surtout dans Ks derniers volumes,
des tournures piquantes et des expressions
pompeuses, qui allircnt le ualurcl et
mêuie quelquefois la clarté. Ciblmn a
publié : I Essai sur l'i ' ' " " ,,
lure. 1761. in-12 ; | //.
de la Suisse. ilf>^-\<K^ ,--
sur le d^ livre deî EnsUe.brorhurc. 1770;
I Histoire delad^'cadtnceet d>; la chute de
l'empire romain . in-4" ; le 1" vol. parut
en 1776, le T cl le 3* en 1781 , les trois
autres en 17S8. Les Uois premiers volutne»
5o
GIB
kkô
Gin
de la Iradiiclion française, iti-S", ont
été publiés à Paris en 1777, ])ar Lcclorc
de Scptchéiios. secrétaire du cabinet du
roi. Les suivans ont eu succi^ssiveinent
pour traducli'urs Canlwell , Dt'iiicunier,
et Boularcl. Tins tard I\I. Guizol a revu
celte traduction , et y a joint une «o/îVr
sur la vie et le caractère de Gih!>on ,
ainsi que des notes sur l'iiisloire du ciu-is-
tianisine.dans lesquelles l'éditeur a relevé
l)lusii;urs orreins de l'historien. Celte édi-
tion nouvelle, publiée à Taris en 18!!2 ,
forme 15 volumes in-8". I,es autres ou-
vrages de Gi!)bou ont été recueillis par
lordShefiield , et sous le titre à'OEuvres
diverses de Gibbon, avec ses mémoires,
Londres, ISH, 5 vol. in-o".
• GIBKM.X (Esi>r.ir-A\roi\E), peintre
et lilléraleur correspondant de l'institut
de France , né à Aix en Provence le 17
août 1750, manifesta de très bonne heure
ses dispositions pour la peinture, et résista
au désir de ses païens qui voulaient le
destiner au commerce ou au barreau. Il
reçut d'Arnulfi, élève du chevalier Be-
nedelto Lulli , célèbre peintre florentin,
les premières leçons de son art , et vint
ensuite en Italie où il se forma à l'école
des Ra[(liaid, des vlules Romain et des Po-
lydore de Caravage. Gibelin séjourna dix
ans à Rome et obtint de lacadémie de
Parme un prix pour son tableau d'^-
chille conibaltant le fleuve Scamandre. Il
vint ensuite en France où il s'est fait un
nomdistiujjué par ses peintures à fresque.
Kn 1771 il fut chargé de peindre la grande
salle de l'école de chirurgie , aujourd'hui
l'école de médecine , dont on vl'nait de
poser les fondemens : cette composition
était ternûnée en 1775; elle a 72 pieds de
longueur SJM- 18 de hauteur , et est divi-
sée en trois i)arlies : dans la principale
Louis XVI sur son troue est entouré des
vertus royales protectrices des sciences
el des arts : dans les deux autres parties
j^ ont d'un (Ole Csculape donnant à ses dis-
tiples, une leçon d'anatomie, el de l'au-
tre la lin d'une bataille et les soins don-
nés aux blessés par les chirurgiens. Gi-
belin a exécuté pour le même édifice une
ligure colossale d'Hijgie, déesse de la
santé , £l six figures de grandeur natu-
relle représentant les différentes parlies
de la chirurgie, VOstéoloçie . YJnffiolo-
gie. etc. A l'école militaire il a décoré de
peintures à fresque les frontons des deux
pavillons méridionaux ; on voit d'un côté
le Génie des sciences mili(aires^ et de
i'ttutre le dieu Mars. Dans l'église des
capucins, rue Neuve .Sainte-Croix, chaus-
sée d'Antin , il avait peint , toujours à
fiesque, une prédication de St.- François.
Telles sont les principales fresques de cet
artiste qui a fait aussi des ta'.dcaux à
l'huile. Plusieurs artistes ont gravé d'a-
près lui ; M. lîeisson , le Chagrin monte
en croupe ; Parparati , la Prétresse com-
pal/ssa7ite ^ etc. On trouve les gravures
de la grande fresque de l'école de chirur-
gie dans la description des écoles de chi-
rurgie par M. Gondoin, 1780, in-folio.
Gibelin était instruit et judicieux; il écri-
vait avec facilité et a composé un assez
grand nombre d'ouvrages, iiarmi lesquels
on cite ; | Lettres sur les toiirs antiques
qu'on a démolies à Jix en Provence , et
sur les antiquités quelle renferme , Aix ,
1787 , in-ii.°, avec onze planches ; | Obser-
vations critiques sur un bas-relief antique
conservé dans l'hôtel-de- ville d'Aix;
I plusieurs mémoires dans ceux de l'iri-
stitutet dans \sl Décade; | Discours sur la
nécessité de cultiver les arts d'imitation ,
Versailles , an 8 , in-4° ; j un Eloge funè-
bre du général Dugommier, Aix, an 3.
I De l'origine et de la forme du bonnet de
la liberté ., Paris , an G ( 1795).
* GIRELIiV ( Jacquks) , médecin, frère
du précédent , né à Aix le 16 septembre
1744 , où il lit de très bonnes études , fui
reçu à 20 ans docteur en médecine. Il
passa ensuite 3 ans à Paris pour y étudier
l'histoire naturelle , et se lia avec Ber-
thoUet et Broussonnet ; il alla ensuite à
Londres, pour y apprendre la médecino
anglaise, y séjourna pendant plusieurs
années , et y fut reçu membre de la so-
ciété médicale. A son retour en France, il
publia des traductions de différens ou-
vrages de médecine des plus célèbres au-
teurs anglais : et donna des abrégés , des
mémoires et des articles sur les sciences
naturelles, hisérés dans le recueil des
Transactions philosophiques de la société
royale de Londres, depuis son origine
jusqu'en 1792. Il a encore traduit et pu-
blié différens ouvrages italiens de Fovi-
tana. Retiré dans sa ville natale , il de-
vint en 1791 conservateur de la bibliothè-
que publique. En 1809 il fut l'un des foir-
dateurs de la société académique d'Aix
dont il devint le secrétaire perpétuel : on
trouve dans le i" vol. des Jf/éînoires de
l'académie d'Âix^ plusieurs Notices et
dissertations de Gibelin, qui est mort le 4
février 1828. Ses principaux ouvragea
sont : I Expériences et Observations sur
différentes espèces d'air ^ traduitde Priesl-
GIB
447
GIB
ley. 177a-i780, 9 voL iii-l2 ; | Expérictices
rt Observations stw différentes branches
lie la physique , avec une continuation
des obsefvations sur l'air, traduit du
iniSne autour, 1782-1787, 4 vol. in-l'J;
I Obseivations sur les maladies sijphilt-
i tiques, traduilts di« Swcdiaur , VlHk, in-
8"; I Elémens tie minéralogie , traduits
de l'anjîlais. de Kirvan, 1785, in-8" ,
I Observations phj signes et chimiques
d'après Fontana , 1784 ; | Histoire natu-
relle extraite des Transactions philoso-
phiques de la société royale de Londres.
i784 ,2 vol. in-8"; et Botanique . physi-
que végétale . agriculture . jardinage et
économie rurale, extraits des mêmes
Transactions . 17'J1 , 2 vol. in-8° ; | Traité
sur le venin de la vipère, sur tes poisons
américains . par Félix Foutana , traduit
sur le manuscrit italien de Fauteur, sou
ami particidier , 1791 , 2 vol. in-i"; | Mé-
moire de la vie privée de Franklin écrite
par lui-même, 1791 , in-8". Il en possé-
dait le manuscrit original. Il a aussi con-
tinué la traduction de Y Histoire des pro-
grès et de la chute de la république ro-
niaine de Fergusson. Les trois derniers
vol. et la moitié du premier sont de lui ,
quoiqu'on ait attribué toute celte traduc-
tion à Demeuuicr. On trouve \me Notice
sur Gibelin par M. Emeric David, dans
la Revue encyclopédique . tome 37 , page
875 et suiv.
GIBERT ( Jea?j-Pierre ) naquit à Aix
on 16G0 , et prit le bonne» de docteur en
droit et en théologie dans l'université de
cette ville. Après avoir professé pendant
quelque temps la théologie aux séminai-
res de Toulon et d'Aix , il quitta la pro-
vince pour se fixer dans la capitale. Ami
de la retraite et de l'élude , il vécut à Pa-
ris en véritable aiiacliorèle. Sa nourri-
ture était simple et fruijale ; toutes ses
actions respiraient la candeur et la sim-
plicité évangélique. Il refusa constam-
ment tous les bénéfices qu'on lui offrii.
Quoiqu'il fût le canoniste du royaume le
plus consulté et le i)lus laborieux, il vécut
et mourut pauxre en 17.'(j , à 76 ans. Le»
principaux fruits de sa savante plume
sont : ! Mémoires concernant V Ecriture
sainte , la théologie scolastique et l'his-
toire de V Eglise . volume in 12 qui n'eut
point de suite ; | Institutions ecclésiasti-
ques et bénéficiales . suivant les princijtes
du droit commun et les usages de France.
La 2* édition augmentée d'observations
importantes , puisées dans les Mémoires
ducîîîrjjé, est de 1730, 2 vol. in-4"; j Con-
sultations canoniques sur les sacrem/ms
en général et en particulier. 1721, 12 vol.
in-12; | Tradition ou Histoire de l'E-
glise sur le sacrement de mariage. 172:î,
r> vol. in-V. Il démontre par une suite*
non interrompue de monumens les plus
autlienti(|ues , tant de l'Orient que de lOc-
cillent, que cette matière a toujours été
soumise à la juridiction de l'Eglise. Ces
argumens tirés de l'autorité sont d'ail-
leurs exactement conformes aux lumières
d'une saine raison, à toutes les notions du
christianisme et aux intérêts de la sociélû
civile. 0 J'ai frémi , dit un sage et savant
» protestant ("M. Deluc) , j'ai frémi toutes
» les fois que j'ai entendu discuter pliilo-
• sophiquement l'article du mariage. Quu
j de manières de voir, que de systèmes,
» que de passions en jeu ! On nous dit que
« c'est à la législation civile d'y pourxoir;
i> mais celle législation n'est-elle donc jias
o entre les mains des hommes dont Us
» idées , les principes changent ou se rroi-
» sent? Voyez les accessoires du mariage
» qui sonl laissés à la législation civile ;
» étudiez , chez les différentes nations et
» dans les différens siècles , les variations,
» les bizarreries , les alius qui s'y sont in-
» troduits, vous sentirez àquoi tiendraient
» le repos des familles et celui de la so-
• ciélé, si les législateurs humains en
• étaient les maîtres absolus. Il est donc
B fort heureux que . sur ce point essen-
B liel, nous ayons une loi divine, supé-
» rieure au pouvoir des hommes. Si elle
» est bonne , gardons-nous de la mettre
B en danger , en lui donnant une autre
» sanction que celle de la religion. Mais il
» est un nombre de raisonneurs qui pré-
» tendent qu'elle est détestable ; soit : il
» en est pour le moins un aussi grand
B noud)re qui soutiennent qu'elle e«it so^je,
» et aux<juels on ne fera pas changer d'a-
» vis. Voilà donc la coiNirmalion de te
» que j'avance ; savoir, que la scciélé se
» diviserait sur ce point , selon la prépon-
• dérance des avis en divers lieux. Cette
» prépondérance changerait par toutes le»
«causes qui rendent variable la législa-
» tion civile, et ce grand objet qui exige
B l'uniformité et la constance , pour le
B bonheur et le repi»"» de la société, serait
B le sujet perpétuel des disi)utcs les pins
B vives. La religion a donc rendu le plus
B grand service au genre humain, m
B portant sur le mariage une loi sous ta •
B quelle la bizarrerie des hommes est for-
B cée de plier ; et ce n'est pas là le seul
B avont.tije que l'on lettre d'un code (on-
GÏB
kkS
GlB
» daiïicnlal de morale, auquel il ne leur
* est pas permis de toucher. » ( Lettres
sur l'Hist. de la terre et de l'homme
lome 1, p. 48.) royez DOMINIS , ES-
PENSE, GERBAIS, LAUNOY, POTHIER.
I Corpus juris canonici per régulas tiatu-
rali ordine dispositas . 1757 , 3 vol. in-fol.
Celte compilation , assez bien digérée , a
été recherchée , et l'est encore.
GIBERT (Balthazar), parent du précé-
dent naquit comme lui à Aix en 1662. Après
avoir professé pendant h ans la philoso^
phie à Beauvais, il obtint une des chaires
de rhétoriqi:e du collège Mazarin , et la
remplit pendant 50 ans avec autaat de
7.éle que d'exactitude. L'université de Paris
qu'il honorait par ses talens , et dont il
défendait dans toutes les occasions les
droits avec beaucoup de chaleur, lui dé-
féra plusieurs fois le rectorat. En 1728,
le ministère lui lit offrir une chaire d'élo-
quence au coUéye royal, vacante par la
mort de l'abbé Couture ; mais il crut de-
\oir la refuser. En 1740, ses démarches
contre la constitution Unigenitus le firent
exiler à Auxerre. Il mourut à Regennes ,
dans la maison de l'évêque en 1741 , à 79
ans. On a de lui plusieurs ouvrages,
parmi lesquels on distingue : ] la Rhéto-
rique ^ou les règles de V éloquence:, in-i2 :
ouvrage excessivement loué par les jour-
nalistes. Un littérateur instruit, qui lira
cet ouvrage, n'y trouvera cependant tout
au plus qu'une compilation de la Rhéto-
rique d'Aristoîe , de celle d'Hermogène,
du livre de V Orateur de Cicéron et des
Tnslitulions oratoires de Quinlilien. Il est
vrai qu'il y règne beaucoup de méthode,
qu'il y a de l'érudition, beaucoup de ci-
tations ; mais les o^uv rages didactiques,
surtout de celte espèce, exigent encore du
goût , de la critique , des vues bien pré-
genlées , et principalement ime élocution
Eoignéc, propre à animer les préceptes
que l'auteur veut faire goûter. C'est p- é-
cisément la partie faible de cette rhétori-
que. Le style en est tantôt diffus, tantôt
embrouillé, et toujours sans caractère.
\Jugeinens des savans sur les auteurs qui
ont traité de la rhétorique^ 5 vol. in-12.
C'est un recueil de ce qui s'est dit ae plus
curieux et de plus intéressant sur l'élo-
quence, depuis Aristote jusqu'à nos jours.
Cet ouvrage, fort supérieur aux Juge-
viens de Baillet et pour le fond et pour la
forme, a eu portant moins de cours. | Des
Observations assez justes sur le Traité des
études de RoUin. C'est un volume in-12 de
près de .SOO pages , écrit avec autant de
vivacité que de politesse. Rollin y répon-
dit en peu de mots, Gibert répliqua : mais
cette petite guerre ne rompit pas les liens
qui imissaient les deux célèbres antago-
nistes , en les attachant l'un et l'autre à
la cause du diacre Paris.
GIBERT ( Josei>h-Bai,tiiasar ) , neveu
de Ballhasar, né à Aix en Provence en
1711 , avocat au parlement de Paris, mem-
bre de l'académie des inscriptions, secré-
taire de la librairie et imprimerie de
France, mourut le 12 novembre 1771,
avec la réputation d'un homme savant.
On a de lui j Lettres à M. Fréret sur l'his-
toire ancienne, 1741, in-12; | Mémoires
pour servir à l'histoire des Gaides et de
la France , Paris , 1744, in-12. Don Jac-
ques-Martin, bénédictin, a fait une criti-
ques de ces mémoires , sous le titre à'E-
claircissemens historiques sur les origines
celtiques e gauloises;] Lettre sur la chro-
nologie des Babyloniens , 1745, in -8";
I Tableau des mesures itinéraires ancien-
nes, 1756 ; I grand nombre de dissertations
dans les Mémoires de l'académie des ins-
criptions.
GIBERTI (Jeax-Matthiiîc) , pieux et
savant évêque de Vérone , né à Palerme
en 1495, fut employé parles papes Léon X
et Clément VII dans des affaires imi)or-
tantes. Il était lils naturel de François Gi-
berfi, Génois, général de larmée navale
du pape. 11 gouverna son diocèse avec
tant de sagesse , de zèle et de prudence ,
que saint Charles Rorromée et plusieurs
autres évêques établirent dans leurs églises
les mêmes ordonnances que Giberti avait
établies dans la sienne. Il mourut en 1543,
pleuré de ses ouailles, dont il était l'exem-
ple par ses vertus , et le père par ses
immenses charités. Les gens de lettres per-
dirent en lui un ardent prolecteur. Giberti
avait une presse dans son palais pour
l'impression des Pères grecs. C'est de là
que sortit, en 1529, celte édition grecque
des Homélies de saint Chrysostôme sur
saint Paul, si estimée pour l'exactitude
et pour la beauté des caractères. Ses ou-
vrages latins ont été imprimes à OsllgUa,
1740 , in-4" , seconde et très belle édition.
GIBIEUF ( Guillaume ), docteur de Sor-
bonne , natif de Bourges , entra dans la
congrégation de l'Oratoire. Il fut vicaire-
général du cardinal de Bérulle , et supé-
rieur des carmélites en France. Il mourut
à Sainl-Magloirc, à Paris, après l'an 1650.
On a de lui divers ouvrages, entre autres,
un Traité latin de la liberté de Dieu et de
la créature ^ 1030, in-4". Il y enseigne des
GIR
4 49
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choses qui paraU5ctit apprcK-hcr dot er-
reurs qui ont été rondamuéos dans Jaii-
séntus, comme le témuimu» Isaac IIa))erl,
évéqiie de Vabrcs , dans «ta Théaioyie des
Pères grecs . p. Ji!i8. On peut cependant
assurer qu'il ainiail sincèrement la vérité.
Dès qu'il sut que le saint Siège avait con-
damné la doctrine de l'èvèque d'Ypres,
il rompit avec ceux qui restèrent alla-
chés à ce parti, comme il en conste par
une lettre circulaire qu'il écrivit aux car-
mélites en lG/i9. Il était ami intime de Des-
cartes et du Père Mersenne.
• GIBRAT (Jean-Baptiste), prêtre
delà Doctrine chrétienne, né en 1722 aux
Cabanes, près de Cordes, di»>cèse de Tur-
bcs (0 , fut chargé , par ses supérieurs,
de professer les belles-lettres dans les col-
lèges de la congréfjalion , et il le fit avec
succès pendant 12 ans. On lui confia aussi
la direction d'un séminaire. Au commen-
cement de la révolution , il fut nommé
par le département principal du collège
de Caslelnaudary. L'assemblée Consli-
tuatite ayant accepté la constitution civile
de clergé, il y adhéra , et exerça ses fonc-
tions ecclésiastiques ; il fut néanmoins per-
sécuté et emprisonné. Rendu à la liberté,
il continua de tenir au parti constitution-
nel jusqu'à sa mort, arrivée à Caslelnau-
dary en décembre 1803. On a de lui: | une
Géographie ancienne et moderne. 1790, 4
%-ol.in-12; | \mc Géographie moderne, qui
a eu jusqu'à 7 éditions ; | xu\ nouveau
.Vis sel du diocèse de Tarbes ; | un Rituel
d'Jleth ; I im Missel ci un Bréviaire pour
le même diocèse ; | des Hymnes pour les
offices de rK;i;lise. Gibrat avait composé
un office pour la fête perpétuelle du ré-
tablissement du culte décrété par les évi'-
qucs constilulionnels assemblés à Paris en
concile : cette fête n'a jamais été célébrée.
fîIB.SO.\ i'EoMoxi» ) , savant anglais, né
en 16f)9, évêque de Lincoln en 1715, de
Ixîndres en 1720, UKmrutle 6 septembre
1748. Il s'est plus distingué par les traduc-
tions enrichies de notes et les éditions de
bons ouvrages, que par ses propres pro-
ductions. On lui doit | Chronicon saxoni-
cum a Chrisfo nato ad annum 1154, Ox-
ford, 1692, in-4". Cette chronique d'Angle-
terre , utile et curieuse , écrite en langue
saxonne, est traduite en latin par Gibson.
I OF.uvres posthumes de Ifenri^Spclman
(voyeiSPELMAN ; | La Grande-Breta-
gne de Cambden, traduite en anglais, avec
(t) L'anlear dci Siirlei litlrraim fait Battre Gi-
btAi i GailUc , diociic d'.Mby, le a} oavc nbrc 17*7-
d»i additions, Londres, 1722, î voL In-
fo!. I Catalogue des manuscrits de$biblto-
thèques de Tmisun et Dugdale , Oxfort.
1092, in 4'; | Codex juris ecclesiastici an-
gliraui. 1713. in-fol.
r.lÉ (Le maréchal de). J'oyez ROHAN.
r.IKZI. J'oyez ELIZÉE.
r.IFFE\ (HunERT). CipAa/JÙM . juris-
consulte de Buren dans la Gueldre, né en
1534 , professa le droit avec beaucoup de
réputation à Slrasl>ourg. à Allorf el à Iti-
golsladt : le duc de Bavière ne lui permit
d'enseigner dans celle ville, qti'aprés (|u'il
eut abjuré le protestantisme. L'empereur
Rodolphe II , (|ni l'appela à la cour, Tlio-
nora des titres de conseiller el de référei»
daire de Tempire. Giffen mourut dans i»
âj;e fori avancé à Prague en 1604. On
de lui des Commentaires sur la Morale
et la Pnfiti/jue d'Âristote . în-S", sur Ho-
mère, sur Lucrèce; et plusieurs ouvrages
de droit . parmi lesquels on dislingue se»
Notes sur les Institutes de Justinien. Ce
savant fut accusé plus d'une fois de pla-
giat, cl surtout par Lambin ; niais c'est
un reproche qu'on peut faire à presque
tous les commentateurs, et on ne voit pas
que Giffen l'ait mérilé plus qu'un autre.
ClfFOIlD (GtiiLAtME), archevêqit.!
de Reims , mort en 1629 . à 76 ans , est
auteur du livre intitulé : Calvino Turc/ :-
mus . (jui parut à Anvers en lî>97, in-ft" .
sous le nom supposé de Guillaume li'-i:'-
ncdd. Il fit beaucoup de bruit et les hu-
genols en fment très mécontens.
• r.IFrORT (WiLLiA^v). poèlc et tra-
ducteur aii'îlais , né à Asliburlon dans le
Dévonsiiirf en avril 17'i7, était fils d'un
matelot qui se fit depuis vitrier, et qui
mourut de bonne heure. Privé de «o»:
père et de sa mère à l'àgc de i.1 ans , il
fut placé par son parrain à lK)rd d'un bi -
timent caboteur; mais il ne larda {kis a
abandonner ce dur métier et fut mis en
apprentissage auprès d'un cordonnier cbe»
qui il resta jusqu'à l'âge de 20 ans. Peit-
dant tout eu temps il avait manifesté le
goût le plus vif pour la poésie el pour 1rs
mathématiques, el ;iv;;il profilé de tousses
momens de loisir pour s'y livrer. Comno
il manquiîl de piipier cl de plumes,
il écrivait «vie un poinyon sur des la-
nières de cuir : quelques-unes de ses pn.-
durlions tombèrent entre le» mains do
William (ookesley, chirurgien qm - • •
ressa au sort dn poète, el fit une s'
lion en sa faveur, dans le but de
ner des moyensd'in^lrudion. 1.(^1. ; ■ i
rapides de Gifforl dcterniinèrenl . ^i .-
3â«
GIG II
tectcurs à l'envoyer à l'université d'Ox-
ford où il obtint la place de lecteur de la
Bible au collège d'Exeter. Il fil ensuite pa-
raître plusieui-s ouvrages qui ne sont point
sans mérite : | la Baviade j où il censura
le mauvais goût des poètes de l'école de
la Crusca; \ la Méviade j où il tourne en
ridicule le genre romanesque et l'usage
des machines au théâtre : en 1815 ces deux
poèmes avaient eu 9 éditions. Cependant
sa critique est grossière et pleine de per-
sonnalités. Parmi ses autres ouvrages on
remarque sa | Traduction en vers anglais
des Satires de Juvénal . avec des notes ,
i802 , in-4'' ; elle était déjà terminée en
1781. On y trouve une notice sur sa vie
écrite par lui-même. Sa Tradi^^tion de
Perse est inférieure à celle de Ju vénal. Gif-
fort a donné des éditions aimotéesde plu-
sieurs anciens poètes comiques grecs : les
Comédies de Massinger , 1808, k vol. in-
8", etc.; les Pièces de théâtre et Poésies
de James Shirley, etc. 7 vol. in-8". Ce
poète satirique est mort au commence-
ment de 1827 avec la réputation du plus
correct écrivain qui ait paru depuis Pope
en Angleterre.
GIGIULT (Ber\ai\din ) , marquis de
BELLEFOND , gouverneur de Vincennes ,
et maréchal de France, était fils de Henri-
Robert Gigault, seigneur de Bellefond , et
gouverneur de Valogne. Il se signala en
diverses occasions sous Louis XIV, qui
lui donna le bâton de maréchal en 1G68.
Il commandal'arméede Catalogne en 1684,
et battit les Espagnols. Il mourut en 1694,
à 64 ans. — GIGAULT de BELLEFOND
(Jacques-Bonne), parent du précédent,
fut évcque de Bayonne en 1755 , archevê-
que d'Arles en 1741, et de Paris en 1746. Il
est mort de la petite vérole en 1747.
GIGGEI ( Antoine ) , prêtre de la con-
grégation des Oblals , docteur du collège
ambrosien à Milan , mort en 1652 , est
connu par un Thésaurus linguœ arabicœ,
1652, 4 vol. in-fol. fort esliujé. Il est encore
auteur de la traduction latine d'un com-
mentaire de trois rabbins sur les Prover-
bes de Salomon . Milan , 1620 , in-4" , et
dune Grammaire chaldaïque et targu-
viique ^ que l'on garde en manuscrit dans
la bibliothèque de Milan.
*GIGLI (Jékome), célèbre poète italien né
à Sienne le 14 octobre 1660, se fit une grande
réputation dè^ son début dans la carrière
littéraire. Nommé membre de plusieurs
académies de l'Italie , il fut appelé à Sienne
pour y remplir la chaire de littérature
toscane qui donnait alors la noblesse. I^lais
5'0 GIL
son penchant à la satire lui fit beaucoiïp
d'ennemis : il fut disgracié et mourut h
Rome le 4 janvier 1722. Ses ouvrages les
plus estimés sont des drames en musique,
tels que | Sainte-Geneviève ; \ la Mère des
Machabées; \ le Martyre de Saint- Jdrien;
I leslipoiises des cantiques, etc. , qu'il coir»-
posa à la demande des personnes du plus
haut rang pour des occasions d'éclat, et
qui furent représentés avec toute la pompe
que Ion donnait à ces sortes de fêtes. Sa
Geneviève surtout obtint un si grand suc-
cès, qu'elle lui fut demandée à Rome, à
Brescia et dans plusieurs autres villes, où
elle ne réussit pas moins qu'à Sienne. Ces
pièces ont été recueillies sous ce titre :
Scella de/le poésie drammatiche di Giro-
lamo Gigli . Venise, 1700, 2 vol. in-12.
*GIG6t D'OIICY (N ), inspecteur
des mines, et receveur général des finan-
ces, né en 1755, s'adonna dès l'enfance
à l'histoire naturelle et forma sans aucune
instruction préalable, diverses collections
d'insectes, remarquables par les soins avec
lesquels ils étaient conservés. La science
lui est redevable d'une édition de Y his-
toire des Papillons deV Europe par Ernest,
6 vol. in-4", avec figures coloriées, et de
Y Entomologie ou Histoire générale des
insectes par Olivier, 2 vol. in-4'*, avec 24;}
planches. Ce naturaliste est mort en 1795.
laissant une bibliothèque remarquable par
le nombre, le mérite et la rareté des livres
sur la science qu'il cultivait avec enthou-
siasme.
GIL-DE-FRÉDÉRÎC (François), do-
minicain, missionnaire au Tunquin ,
trouva en arrivant en 1755 dans la partie
occidentale de ce royaume, 20 mille chré-
tiens, qui avaient été baptisés par les mi-;-
sionnaires de sonordre. Il s'appliqua aus-
sitôt à cultiver celte nouvelle vigne avec
le plus grand soin; mais en 1757, ayant été
arrêté par un bonxe , il fut condamné à
mort l'année suivante. Son supplice fut
long-temps différé. On s'engagea à lui
laisser la vie, pourvu qu'il déclarât seule-
ment qu'il n'était venu au Tunquin qu'en
qualité de marchand. Mais cette déclara-
tion étant un mensonge , il ne voulut pas
même permettre qu'un autre le fît en son
nom. Les idolâtres , étonnés de l'ardeur
que le missionnaire marquait pour lo
martyre, ne purent s'empêcher de s'é-
crier : L%s autres honmies désirent de
vivre ^ et celui-ci ne soupire qu'après la
mo7-t! Rien n'étant capable d'ébranler la
constance du Père Gil , il fut décapité le
22 janvier 1744.
GIL h
r.II.nEUT ( suiiil ) , prcmiir aMi.» de
Nciifunluiiics on Au vcrRuc. ordre do Vrv-
uioiilrc. élail un (yculillioiinne qui se
rroiia axec \c roi Louis !»• ji-uuc, qu'il oc-
roiiipa^na en Palesliiio Tan Hi7. De re-
tour en Fraïue. il embrassa la vie monas-
tique avec IVironille sa feniine . fonda
l'abbayc de Neufonlaiiies en lljl. 11 y
mourut Tannée d'après.
('.ILKKIIT. abbé de Cilcaux , élail an-
glais ; il se dislinjîua lellenient par son
•avoir el par sa piélé , dans son ordre el
dans les universités de IKurope, qu'il fui
surnommé le Grand el le Théologien. II
mourut à Cilcaux en IIGG ou 1168, laissant
divers ^^mYii tlethèolotjirvX de viorale.
(îlI.BKUT, surnommé V J tu/lais . est
le premier de sa nation ijui ait écrit sur
la pratique de la médecine. Il avait beau-
coup voyagé , el l'avait fait utilement. Il
connaissait les simples , leurs vertus et
leurs propriétés. Son Abrégé de médecine
en est un lémoijjnage.Nousen avons une
édition publiée à Genève en 1608, in-4°
et in-12.
GILBERT DE SIMPRlXr.II VM , fon-
dateur de lordrc des Gilbertins en Angle-
terre , né à Lincoln v«'rs llOi, mais ori-
naire de Normandie , fut pénitencier , el
tint une école pour instruire la jeunesse.
11 mourut très àj** en 1189, après avoir,
outre la fondation de son ordre, établi
plusieurs hôpitaux. Suint Bernard l'ai-
mait el l'esiimait.
GILBERT ( GvBRici. ), parisien, secré-
taire des cominandemens de la reine
Christine de Suède , et son résident en
France, fut contemporain de Rulrou el de
Corneille. Il amassa peu de bien dans ses
emplois. Il serait mort dm» l'indijîcnre ,
si Hervard, prolosLint connue lui . ne lui
avait donné un asile sur la tin de ses jours.
On a de Gilbert des tragédies . des ojtéras,
el des poésies diverses, W-irt de plaire ,
poème, recueillis «n 16<)1 , in-12. On y
trouve quelques bons vers, mais en géné-
ral ses productions sont au-dessous du
médiocre. 11 mourut en 1G75 : l'élégant et
judicieux Racine n'a pas dédai^pie d'em-
prunter des idées et des ex, tressions à ce
poète peu conim.
GILBERT DE LA I'O.RÉE. f'oyez
PORRÉE.
GILBERT (NicoLAS-JoSEPii-LAtRE:«T),
poète français, né à Fo.itenoy-le-Châleau,
près de Nancy , en 1751 , de juirens hon-
nête» mais sans fortune , vint lié- jeune à
Paris, daii> le dessein de se livrer aux let-
tres > et de lier connaissance avec des
►i r.iL
hommes irjslruMs. Se» premiers pas dani
la carrière annotirèrent un poèlc. A Ira-
vers les inégalités de sa verve, on niier-
Vulle vrai talent. Le l)ix-liuitièin« iiècle,
son .4]}ologie . les tMles sur le Jugement
dernier, sur le Jul)dc. sur le f'oi/age de
UoNsieur en Piémont, el qiiebpies autre»,
justilièrent les espérances qu'il avait don-
nées. Si d'un côté, les ennemis que lui a
faits le genre de la satire, ont trop ravalé
^vn mérite, de l'autre , les personnes vé-
rilablement impartiales se sont empressées
de payer à ses poésies un juste tribut d'es-
time. Ses adversaires les plus décidés
n'ont pu lui refuser delà hardiesse dan»
les idées, une tournure saillante . souvent
neuve, une manière ferme et vijjoureuse
dans le jet du vers. Zélateur de» bon»
principes, dévouéà la religion , il ne prit la
plume que pour fronder la médiocrité el
les systèmes téméraires de l'homme égaré.
Inhabile à déguiser son indignatimi, il ne
faisait point de grâce aux mauvais ou-
vrages , et ne pouvait soutenir, dans les
écrivains les plus célèbres , rapj)arencc
même d'une erreur qui blessait la sainteté
de nos dogmes. Il est mort à l'Hôtel-Dieu
de Paris l'an 1780 à l'âge de 29 ans , des
suites d'une chute de clitval , qui lui oc-
casiona une espèce de délire . durant le-
quel il avala une clef qui avança sa mort.
Frappé à l'excès de la haine que le» phi-
losophes lui portaient , et de la crainte
des manœuvres qu'ils emploient avec
tant d'art et de succès contre ceux qu4
n'ont pas l'avantage ou le malheur di»
penser comme eux, il s'imaginait que l'u-
nivers entier conspirait contre sa per-
sonne : tout lui faisait ombrage. Insensi-
blement cette terreur insurmontable a
desséché sa vie,el l'a conduit au l<jmbeau.
Jusqu'au moment de sa mort , il avait
sans cesse à la btmche les paroles conso-
lantes que nous fournil la religion. Son
dernier ouvrajçe est une I\iriiplii ase du
psaume ko , dans laquelle il exprime ses
alarmes, et conjure le» fantômes qui le
troublaient. Il a concouru plusieurs f<»is
pour des prix de poésie à l'académie ,
mais il a toujours eu le déplaisir de voir
couronner des pièces inférieures aux
siennes, au jugement des lillérateur» im-
|>arliaux : on rend enlin maintenant à
Gilbert une justice que ne lui accordaient
ni le» philosophe» ni le» cncyclopcdisie» :
on lui a donné le surnom de Juvrnal du
18*»iccle. Ses O/itivres ont été plusicuit
fois imprimée» à Pari». 4788, 1 vol. in-8*,
et 1802, S vol. in- 18. L'édition la (dus tv
GIL 4
timée esl celle qui a pour titre : OEuvres
complètes de Gilbert , publiées pour la
première fois avec les corrections de l'au-
teur et les variantes , accompagnées de
notices littéraires, historiques avec ^ot-
trah, fac simile et gravure , Paris, 1822,
un vol. in-8''.
' GILBERT ( François-Hilaire ) , sa-
vant vétérinaire, membre de l'institut,
né àCliàtcllcrault en 1757, contribua puis-
samment par ses travaux et ses écrits à
des améliorations importantes dans notre
système de culture. Il fut chargé, en 1794,
d'organiser et de diriger les établissemens
agricoles de Sceaux , de 'Versailles , de
Rambouillet, et fut envoyé en 1797 en Es-
pagne, pour y acheter des troupeaux de
mérinos ; mais n'ayant pas reçu les fonds
qui lui avaient été promis (i), il tomba ma-
lade de chagrin . et mourut dans un vil-
lage de la Castille , le 3 septembre 1800.
On lui doit : | un Traité d-'^ s prairies arti-
ficielles, 1790 , in-8°, réimprimé en 1802 ;
I Recherches sur les causes des maladies
charbonneuses dans les animaux, et sur
les mot/ens de les combattre et de les pré-
venir, 1794 , in-8" ; | Instruction sur le
claveau des moulons . 1790 , in-8''; | In-
struction sur les moyens les plus propres
à assurer la propagation des bêtes à laine
de race d'Espagne, et la conservation de
cette race dans toute sa pureté, 1797 , in-
8" ; I plusieurs mémoires couronnés par
des académies, et divers articles insérés
dans le Magasin encyclopédique , la Feuille
du cultivateur, etc.
• GILBERT (Nicolas-Pierre ) , méde-
cin, né à Brest en 1751, fut nommé à l'âge
de 18 ans, chirurgien-élève de la marine ,
et suivit en cette qualité en 1770 le capi-
taine TrongoUy dans sa campagne de
l'Inde. Après son retour de celte expédi-
tion , il exerça la médecine à Lanciernau,
à Morlaixel à Rennes. 11 devint plus tard
médecin en chef de l'armée de Samhre-
et-Meuse : en 1790, médecin en chef , pro-
fesseur de l'école d'instruction de l'hôpi-
tal militaire de Paris ; en 1802, médecin
rn chef de l'armée expéditionnaire de St.-
Domingue , et en J800 , médechi en chef
de la grande armée. Il se retira en 1812 du
service militaire, et mourut à Paris le 19
décembre 18ii , après avoir publié :
I Plan d'un cours d'institutions de mé-
(i). I.e gouvernement espagn.il avait , .i cette epo-
qi^e , fait drs représentations au gnuverueineut fran-
çais pour empêcher les trop fiéqiientes exportations
des mijriaos.
52 GIL
decine pratique sur les maladies les plus
fréquentes chez les gens de guerre , clas-
sées par famille, précédé d'un discours
sur la médeciite morale, Paris, an G, in-8";
[ Tableau historique des maladies intrr-
nes de mauvais caractère qui ont affligé
la grande armée dans la compagne de
Prusse et de Pologne en 1800 et 1807, suivi
de réflexions sur les divers modes de trai-
temens adoptés par les m.édecins français
et allemands, Berlin , 1808 , in-8", traduit
en allemand par le docteur Bock, avec
une préface et des notes par Louis For-
me y, Erfurt, 1808, in-8° ; | Histoire mé'
dicale de l'armée française à Sl.-Do-
mingue en l'an 10 , ou Mémoire sur la
fièvre jaune, avec un aperçu de la topo-
graphie médicale de cette colonie, Paris ,
1805, in-8'', traduit en allemand avec des
notes par J.-E. Aronsson , Berlin , 1800 ,
in-S" ; I les Théories médicales modernes
comparées entre elles et rapprochées de
la médecine d'observation , Paris , an 7 ,
brochure in-8°. Il a aussi fourni plusieurs
articles de médecine légale à V Encyclo-
pédie méthodique. On trouve une notice
sur Gilbert dans le tome 52 du Journal
général de médecine.
* GILBERT ( Nicolas- Alaiiv), mission-
naire , né à Saint-Malo le 31 mars 1702 ,
fut élevé à Paris dans le séminaire des
missions étrangères ; la faiblesse de sa
santé mit obstacle au désir qu'il éprou-
vait de se rendre dans les pays loin-
tains pour y prêcher l'évangile. De re-
tour dans son diocèse , il fut nommé suc-
cessivement vicaire à Saint-Peru, puis à
Dinan.et enfin à Jossclin, où il remplaça
dans les fonctions de curé M. Alain nui
avait été élu député aux états-généraux.
Ayant refusé le serment , il fut arrêté, puis
relâché peu de temps après ; il passa aus-
sitôt en Angleterre, où son premier soia
fut d'apprendre la langue du pays. Dès
lors il se voua entièreitient aux fonctions
de son ministère , se fixa à Withby où il
bàlit une église et un presbytère , et ne
tarda pas à y voir s'augmenter la popula-
tion catholique qui , à son arrivée , était
peu considérable. Il consacra aussi les
loisirsde son exil à publier différens écrits
dans le but de détruire les sectes du prcs-
bylérianisme et du méthodisme qui sont
si nombreuses en Angleterre. A son re-
tour en France , ii se livra aux missions
de l'intérieur, et fut un des premiers ec-
clésiastiques qui s'adonnèrent à ces péni-
bles fonctions. Toutes les villes et les cam-
pagnes qui avoisinaient Saint-Malo proû-
r.iL 4
tèrciil lie SOS élcMiiiciiius pr(*dicalit>iis. Los
conimunautos rciii;icu5t*s des diocèses do
Saidt-Hricuc et de <^iiim0or rorcvaionl ,
par SCS soins , dos rcliuilcs cdiliantcs.
L'altbo Gilbort rofiisa lo oanoiiiral quo
lui offrit 1 evotiueilo (^uiiii|H'r dans le bul
lie lui fairo prendre quoique repos. Cm
prêtre plein de zèle est mort, en donnant
Uiic ini.s>ion dans lo diocèse de Tours. le
2o soploinhre iS'_M. Il a publié on anijUns ;
î Dc/ctise lie la doctrine de ièylise cathn-
liqu« sur l'eucharistie, dans de-ux con-
versations entre un catftolique et un pres-
bytérien , Ltindros , 1800 ; | lie cherches
sur cette quest on : Si les marques do lé-
glise voiilalilo sont applioablos aux oylises
prcsbylôrieiinis, Borwick, 1801 ; | la Doc-
trine catholique du baptême prouvée pai'
l'Ecriture et la tradition, Berwick, 1802 ;
I Héjmnse aux fausses représentations
que J. ff-'esly a faites des doctrines ca-
tholiques .^VxWiXiy, 1811. Il avait aussi ré-
digé un Recueil de cantiques pour Tusage
de ses missions, dernière édition 1801 , et
publié quelques articles dans les journaux
anglais pour la religion catholique , en
réponse à quelques attaques des prolos-
tans. On trouve sur lui une notice plus
étendue dans l\4nii de la religion et du
roi^ touie 30, page Too.
• (.ilbi:rt-ui:-voisixs (Pierhe),
avocat-général au parlement de Paris ,
né le 10 août 1684 d'une ancienne famille
de magistrats, suivit la mémo carrière,
et plaida comme avocat dans plusieurs
juridictions. Il devint ensnile avocat du
rtii au Chàtelel , puis conseiller au parle-
ment, et eniin avocat-général en 1718. Il
86 distingua par uac éloquence mâle et
sévère, par un esprit judicieux et de
liantes vertus. Après s'être démis de sa
charge en 1759 en faveur de son HIs . il
fut no'.nnïo successivement conseiller d'é-
tat, premier président au grand-con>eil
et membre du conseil des dopèclus.
Dans ces diverses fonctions , Gilbert de
Voisins se lit remarquer par ses lumières,
rédigea un grand nombre de mémoires ,
et prit part à la réilaction de roglemens
utiles qui furent faits à celte époque. On
lui reproche toutefois d'avoir poussé trop
loin son 7,èle pour les prérogatives du roi,
r.èle qui l'amait fait écarter des vérita-
bles principes sur l'autorité des évéquos.
et sur celle de la constitution Unigenitus.
On a réclamé contre l'arréldu Parlement
du 18 janvier 1726, qu'il avait provoqué
lui-uiéme dans un réquisitoire où l'on a
rencontré quelques maximes contraires à
>3 (;iL
lo discipline do ri^;lise , et que l't-n a ré-
futé dans un mémoire adressé au roi.Gil-
bert-do-'Voisin.H mourut le f20 avril 1769. Le
Beau lit son épitaplu; <|ui fut placée dans
réj;lise de St.-Séveritj de Paris. Dans les
dernières aimées de sa vie , Gilbcrt-de-
Voisins composa un extrait en forme de
répertoire dos manuscrits de Bi iennc qu'il
écrivit entièrement do sa main, 3 gros
vol. in-/i". On a aassi de lui Mémoire sut
les moyejis de donner aux protestans un
état civil en France, composé par ordre du
roi Louis AT^ etc. , suivi d'un Projet de
déclaration ouvrage posthume , publié
par Pierre-Paul Gilberl-de- Voisins , qui
fut successivement avocat du roi au
Chàlelot , groflier en chef du Parlement
do Paris, président à Mortier, Paris, 1787,
in-8". Le pelit-lils de Gilbert péril sur
l'échafaud révolutionnaire en septembre
1793.
• GILCIiniST (Eb\É7,er), médecin
écossais, né à Dumfries en 1707, mort
en 1774, dans la même ville, a laissé plu-
sieurs ouvrages estimés : | Dissertation
sur les fièvres nerveuses ;\ Essais et ob-
servations médicales ; \ Traité sur l'uti-
lité des voyages sur mer dans les maladies
chroniques et nerveuses . Londres , 1756-
1771, iu-S" : cet ouvrage a été traduit en
français par Bourru, docteur régent de la
faculté de médecine de Paris sous le titre
que nous avons donné, Londres, 1770, in-
8". On y a joint un appondix contenant
des observations assez importantes sur
l'emploi du bain dans les lièvres graves.
Le traité de Gilchrisl eut plus de succès
qu'il n'en méritait.
GILDA.S ( saint ) , surnommé le Sage ,
né à Dumbriton en Ecosse l'an A9i ,
(Moreri le fait naître en 520 ) prêcha en
Angleterre et en Irlande, et y rétablit la
pureté do la foi et de la disripline. Il passa
ensuite dans les Gaules , et s établit auprès
de Vannes , où il bàlit lo niiinastère de
Buis. Il en fut abbé, et y mourut lo 29 jan-
vier .'i70 ou selon d'autres on 851. Il reste
do lui quelques Canons de discipline, dans
lu Spicilége de d'Acheri , et ini Discours
sur la ruine île la Grande - Bretagne ,
I-ondres, 1568, in- 12, et dans la bibliotliè-
quo des Pères. L'abbaye de Buis porte le
nom de son fondateur. Gildas fut un des
plus illustres solitaires du «/ siècle. Il s'oc-
cupait uniquement à combattre le vice et
l'erreur.
(;n.DO\. fils de Nubel, seigneur puis-
.sant de Mauritanie, dans le 4* siècle. Kir-
mas, un de ses frères, s'étant rcxollé.
GIL à.
fonlrc Throdose le Grand en 373, Glldoa
prit les armes contre lui , le réduisit à
s'étrangler lui-même, et obtint le gouver-
nement d'Afrique. Après la mort de Théo-
dose, pendant la vie duquel il avait com-
mencé de remuer , il se révolta conlic
Honorius en 393 , favorisa les liéré(i([ues
et les sclîismatiques , et défendit la traite
des blés en Italie pour affamer celte. pro-
vince ; mais Mascezel , son autre frère ,
qu'il avait contraint de s'enfuir, étant
rentré en Afrique avec une assez petite
armée , tailla en pièces 70 lïiille hommes
de Gildon, qui s'étrangla à son tour en 598.
GILDO\ ( Chaules ) , critique anglais ,
né à Gillingham près de Shaftesbury,
dans le comté de Dorset en 1G65 , aban-
donna la religion catholique , publia les
ouvrages antichréliens de Charles Blount,
revint à des sentimens plus raisonnables,
qu'il manifesta dans son Manuel des Déis-
tes , et mourut en 1723. royez BLOUNT
( Charles). Gildon s'étant avisé de cri-
tiquer Pope , celui-ci lui répondit , en
lui donnant une place dans sa Dunciade.
GILEMME (Pierre), prêtre imposteur,
se présenta pour guérir par la magie la
démence de Charles VI, roi de France. On
voulut éprouver ce qu'il savait faire : il
promit de délivrer 12 hommes liés de
chaînes de fer ; mais ayant manqué son
opération , le prévôt de Paris le lit brûler
avec ses compagnons l'an l/i.03.
* GILIRERT (Jeaiv-Emma\uel), cé-
lèbre médecin et naturaliste , né à Lyon
le 21 juin 1741, fil ses études médicales
à Montpellier. Après avoir subi avec dis-
tinction les épreuves du doctorat , il se fixa
à Chazay , petit village près de Lyon , et
il y exerça son art, sans négliger lu bota-
nique. Le ministre de Pologne ayant de-
mandé à M. Haller un médecin pour pro-
pager dans ce pays l'étude de l'iiistoire
naturelle et fonder une école de médecine,
Gilibert fut désigné pour cet objet. Il si-
gnala son arrivée par l'élablissement d'un
beau jardin de botanique et par des leçons
de médecine clinique , qui attirèrent un
nombreux concours d'élèves. Il suivit l'ci-
niversité lorsqu'elle fut transférée à Wil-
na ; et y occupa les chaires d'histoire na-
turelle et de matière médicale. L'âpreté
du climat , et quelques désagrémens qu'il
eut à souffrir, le décidèrent à revenir au
mois de février 1783, à Lyon où il fut élu
successivement médecin de l'Hôtel-Dieu ,
médecin en chef des épidémies, profes-
seur au collège de médecine , membre de
l'académie et de la société d'agriculture.
)4 GîL
Nommé en 1793, maire do Lyon, iî se
conduisit en magislral vertueux et éclairé;
mais ces qualités étant des titres de pro-
scription , il fut enfermé dans un cachot.
Rendu à la liberté , on le choisit pour pré-
sider la com.mission déparlefneiitale pen-
dant le mémorable siège de Lyon. A la
reddilioii de Ciîtle ville , il fut obligé de
fuir, et erra pendant 18 mois d'asile en
asile, souvent de forêt en forêt ; enfin, les
temps étant devenus plus tranquilles, il
revint à Lyon , et fut nommé professeur
d"!)i.stoire naturelle à l'école centrale. Il
succomba à une maladie longue et dou-
loureuse le 2 septembre 1814. On lui doit :
I les Chefs-d'œuvre de Sauvage ^ ou Re-
cueil des dissertations de cet auteur,
qui ont remporté le prix dans différentes
académies , corrigés, traduits ou coni-
mentéspar M. J. E. G., Lyon, 1770, 2 vol.
in-12; | V Anarchie médicinale .OM. la Mé-
decine considérée comme nuisible à la so-
ciété, Neuchâlel, 1772, 3 vol. in-12 : Haller
faisait beaucoup de cas de cet ouvrage ;
1 Flora Lithuanica inchoata,GToàno,\l^i,
2 vol. in-12 ; | Exercilium botanicum in
schola principe universitatis fF'ilnensis
peractum, Wilna, 1782, in-12; \ Démon-
strations élémentaires de botanique, rédi-
gées d'abord par Marc- Antoine-Louis Cla-
ret de la Tourette et François Rozier. 3*
édition refondue et considérablement aug-
mentée , Lyon, 1789, 3 vol. in-S". Cette édi-
tion est préféiée à la 4*, qu'il publia en
179(5, en 4 vol. in-8". On trouva que les
additions qu'il y avait faites surchar-
geaient un manuel destiné aux élèves, et
on regarda, comme un hors-d'œuvre les
2 vol. in-4" de planches qu'on y avait joints.
I Jdversnria medico-praclica prima, scu
Annotationes clinicœ , etc., Lyon, 1791,
in-8", traduit en allemanclparllebenstreil,
Leipsick, 1792, in-8°, figures; j Exer-
citia phrjtologica , Lyon, 1792. 2 vol.
in-8'' ; | Histoire des plantes d'Europe j
ou Elémens de botanique pratique , Lyon,
1798, 2 vol. în-12, et 180G, 3 vol. in-8°;
I Abrégé du système de la nature de
Linnéè ,'Lyon, 1802, in-8"^; \ Le médecin
naturaliste, ou Observations de médecine
et d'histoire naturelle , Lyon et Paris ,
1800, in-12, fig.,traduit en allemand, 1807,
in-8". Son éloge a été pubUé par le doc-
teur E. Sainte-Marie , Lyon, 1814.
GILIMER ou GELIMER, roi des 'N''aiv-
dales en Afrique , l'un des descendans du
fameux Genseric, détrôna, en 531, Hun-
néric , roi des Vandales , son cousin , et
se mit la couronne sur la tête. L'empereur
GIL h
' simien Icnvoya soinnui , > lois
l;i lui roiKire '^niain il ne rc<;iil point
lire roponsi' , sinon que» Ii*s affaire»
t tic i*Afri(jne \xv K' rcfyardaienl poinl ; el
»> ijnc s'il voulatl faire U Rncrre, on clail
■ tout prt'l à lui faire face. » IW'Iisiirc,
générai romain, rnvoyé ronlrc lui, le
vainquit dans les plaines de Triranieron.
à quelques lieues de Carlliace , se rendit
maître de cette ville, el bientôt de toute
l'Afrique. L'usurpateur, pressé de tous ce-
lés, se rendit. I^ misère qu'il avait essuyée
l'avait telleuu'nt endjirci ati malheur .(jue
lorsqu'on le présenta à Ilélisaire , il avait
l'air aussi riant que s'il eût été dans la
; • ospérité. Le vaincu fut conduit jusqu'aii
i]ue , où l'empereur était assis sur son
::ùne.Se rappelant alors ce qu'il avait été
il s'écria : Vanité des vanilès.et tout n'est
que vanité .'... Justinien le relégua dans la
\ Galalie, où il lui assi{;na des terres pour
vivre avec sa famille ; il l'eût même fait
patrice , s'il n'avait été infecté de l'héré-
sie arienne, à laquelle il refusa de re-
noncer.
* GIL-VICE>'TE, surniimmé fe Plante
portugais , naquit à Barcellos vers 1485.
11 fut le créateur du théâtre portugais,
et , pour ainsi dire , de celui de toute l'Ku-
rope, en le considérant comme devancier
de Jodelle , Shakespeare , Lope de "Vega .
etc. Jusqu'à son temps . excepté la comé-
«îie espagnole de Calixte et Mélibée.on ne
C'îimaissait que des imitations de Plaute
et de Térence, ou des farces irrégulières
el insipides. Il était attaché à la cour de
Jean IIÏ, devant laquelle il fit jouer la
})lupart de ses pièces, parmi lesquelles on
dislingue le Juge de lieyra et le Fidalgo
portugais. Ses ouvrages, comprenant des
comédies profanes et religieuses ( Autos),
Ad tragi-comédies . sva poésies diverses.
?es poésies dévoles , furent publiés par
son lils avec le titre de Compilaçao , Re-
' '-îcil, Lisbonne, lî)G:2, in-foi. , 158G,in-
II mourut à Evora en 15;>7.
' GILJ ( PniLiPPE-LoL'is ) , botaniste
italien, chanoine de la basilique du Va-
tican, et directeur de l'Observatoire fondé
par Grégoire XIII , ni à Cometo le 14
mars 17Ii6, euiploya tous .ses loisirs à l'é-
tude de la idiysiqueelsiirloiilde l'histoire
naturelle. Il a légué à la bibliothèque de
L;uici le maguiliquu musée qu'il a>ail
fonnc lui-même. Gilj est mort à Home le
m mai 1821, après avoir publié les ouvra-
ges su i vans: \/igri romani Hi^toritt v.alu-
ra/i«, Rome, 1781; I une Dissertation sur
hs machines hygrométriques, en italien,
::; GIL
Home, 177.'»: [un Mémoire sur un coup
de foudre tombé dans Hnme . 1782 ; | nn«
Pliysiogcnugraphit ou Description des
genres naturels divisés en six classes ,
178Î) ; I des Observations philolitgiqtwi
sur quelques plantes erotiques introduite*
à Home. 1789 et 17»>2: | plusieurs lA-mo/-
res sur divers sujets de physique, parti-
culièrement des observations uiétéorolo-
giqu'.'s faites à Rome, avec des notes sur
quelques insiruinens employés îi cet effet.
Il a aussi doimé en 1812 une édition ila-
liemie de W/rrliitecture de la bnsdique
de Saint-Pierre . en 52 planches par Mar-
tin Ferraboschi , avec des éclairriss»--
mens. 11 a laissé en manuscrit la l'ie r/n
célèbre Zubaglia.xtn Traité des paraton-
nerres el quelques autres ouvrages.
Gn.LE.S. royez GILON.
G1LLE.S ( sailli ) . A^gidius. né à Athè-
nes , passa en France, se retira dans un
désert près de remVouchu'-e du Rhône,
de là, dans un lieu voisin du Gard, el
enfin dons une forêt au diocèse de Nîmes,
où il s'occupa entièrement du service de
Dieu. Ce fut , dit-on , à la prière d'un roi
de France, qu'il recul des disciples qui
observèrent long-temps la règle de saint
Ceuoit. On a pres(|ue toujours confondu
ce saint avec un saint Gilles, que saint
r.ésaire d'Arles créa abbé d'un monastère
près de celte ville, el qu'il envoya à Rome
en 5l'i , pour obtenir du pape Symmaque
la confirmai ion des privilèges de son église.
Le Père Slilting, l'tm des bollandisles , a
prouvé, dans une savante dissertation,
que sairit Gilles, athénien de nation, vi-
vait à la lin du T el au commencement
du 8' siècle ; el que l'autre florissait au
commencement du f>*. Baronius les a con-
fondus, tiompé appareiiHueirt par une
ancienne / ie de ce saint . qui n'esl qu'une
compilation sans critique.
GILLE.S de Rome, l'oyez COLOMNB
( GiLI.KS ).
GILLES, seigneur de Champtocé, était
fils de Jean Vf. duc de Bretagne. Il fut
étoufté en lA.'iO entre deux matelas, après
trois ans et dix mois de prison, par ordre
du duc François 1", son frère. On l'ac-
cusait d'entretenir des intelligences avec
les \nglais, el d'avoir >iolé quantité
de fennnes cl du filles, ^n plus grand
crime. à ce que disent quplqu.-s historiens ,
était la haine impl' ' trlul
son frère aiué. On iicr.
qui a\ ait confessé 1. , . itade
sa part le duc François «u jugement de
Pieu, pcor y couii)ariùire en un ccrUiii
GIL h-Hô
Jwur qu'il lui marqua par écril ; et que le
duc mourut en effet peu de mois après.
Quoique ces anecdotes ne soient peut-èlre
l>as assez conslalées , l'on n'a point de
raison plausible de les rejeter. Voyez
FERDINAND L'AJOURNE.
GIIXES ( Pierre ) en latin GyUius ,
l'un des premiers qui se soient occupés en
France avec succès de l'histoire naturelle,
naquit à Albi en lk90. Après s'être rendu
habile dans les langues grecque et latine ,
dans la philosophie et l'histoire naturelle,
il voyagea en France et en Italie. Il dédia
en 1553 un ouvrage à François I'^ et il
exhorta ce prince dans son épitrc dédi-
catoii'e , à envoyer à ses frais des savans
voyager dans les pays étrangers. Le roi
goùla cet avis , et envoya , quelque temps
après , Pierre Gilles dans le Levant; mais
celui-ci , n'aya:;i rien reçu delà cour pen-
dant tout son voyage , fut obligé , après
la mort de François l", arrivée en i'6U7 .
de s'enrôler dans les troupes de Soliman II
pour pouvoir subsister. Dans vm autre
voyage , il fut pris par des corsaires , et
mené captif à Alger. Quand il eut ob-
tenu sa liberté, par les soins généreux du
cardinal d'Armagnac, évêquc de Rodez,
il se rendit à Rome auprès de son bien-
faiteur, chargé des affaires de France , et
y mourut en ioo5 , à 65 ans. On a de lui:
I De vi et naturaanimalium j Lyon, 1555
in-4° : ce n'est proprement qu'un extrait
d'Héliodore , d'Appien, d'Elienetde Por-
phyre , accompagné des observations du
compilateur ; | De bosphoj'o Thracio libri
très, in-24. ; | Topographia Constantinopo-
leos libri quatuor^ in-24 , et dans T/m-
periiim orientale de Banduri. Ces deux
derniers ouvrages ne sont pas inutiles aux
géographes.
GILLES-DE-CHIN , chevalier célèbre
par sa force et son courage, est regardé
comme le vainqueur d'un dragon terrible
qui désolait les environs de Mons dans le
Hainaut. Les détails de ce combat sont
parfaitement semblables à ceux du che-
valier Gozon ( voyez ce mot) contre le
fameux dragon de Rhodes , et celte res-
semblance affaiblit beaucoup l'authenti-
cité des deux histoires. Voyez V Histoire
de Notre-Dame de Vasmes^ Mons, 1771,
4 vol. in-i2. On montre la tête du dragon
à riiôtel-de-ville de Mons , et on voyait
à labbaye de Saint-Guislain , l'épitaphe
de Gilles-de Chin : mais elle a disparu
avec la vieille église.
GILLES de VITERBE, ermite de Saint-
Augustin , professeur de philosophie et
GIL
de théologie , devint , par ses talens , gé-
néral de son ordre en 4507, patriarche de
Constanlinople et cardinal. Il lit l'ouver-
ture du concile de Lalran en 1312 , et fut
chargé par Léon X de plusieurs affaires
aussi importantes qu'épineuses. Ce savant
prélat mourut à Rome en 1552 , laissant
des ouvrages en vers et en prose, sacres
et profanes. D. Martenne a donné dans su
grande Collection d'anciens monumen's ,
plusieurs lettres du Gilles de Viterbe, in-
téressantes pour la plupart , par les par-
ticularités qu'elles renferment sur l'au-
teur , ou sur les affaires de son temps. On
a encore de lui des commentaires sur
quelques morceaux de l'Ecriture, des
dialogues .évs épitres , (lea poésies.
GILLfilS ( Nicole ou Nicolas) , secré-
taire de Louis XII et contrôleur du trésor,
mort en 1505, a fait des Annales ou Chro-
niques de France , depuis la destruction
de Troie jusqu'en 1496. Celte histoire n'est
bonne que depuis le règne de Louis XL
Denis Sauvages, Belleforest , et plusieurs
anonymes, ont fait des additions aux
annales de Gilles , cl Gabriel Chapuis les a
continuées jusqu'à l'an 1585 , in-fol. Elles
ont été traduites en latin. On y trouve des
choses curieuses ; mais la crédulité extrême
de Gilles l'a si fort décrié, qu'on n'ose
presque pas le citer.
GILLES ( N... SAINT-), sous-hrigadier
de la première compagnie des mousque-
taires du roi deFrance,né en 1680 , mou-
rut en 173 dans un couvent de capu-
cins où il s'était retiré. Ce poète jjarlait
peu , ayant son esprit souvent occupé à
combiner de petits morceaux de poésie
dont il faisait part à ses amis. Son imagi-
nation était gaie, et quelquefois libertine.
Il réussissait particulièrement dans des
sujets obscènes , talent malheureux qui a
produit ses Contes et ses Chansons. La
plus grande partie de ses poésies a été
imprimée en 1 vol. intitulé : La Mas6
mousquetaire. Celte muse a l'air que son
titre annonce : mais peu de correction et
peu de Unesse. Saint-Gilles avait un frère,
qui mourut en 1743 , à 86 ans. Celui-ci
était auteur (ïAriarathe^ tragédie qui
ne réussit point. Il rampa dans la foule
obscure et nombreuse des rimeurs peu
favorisés des muses.
GILLES ( .Ieaiv ) , de Tarascon en Pro^
vence , né en 1669 , mourut en 1705 , à
Toulouse , maître de nmsique de l'église
de Saint-Etienne. Il unit à beaucoup de
talens de grandes vertus. On l'a vu se
mettre dans un état d'indigence, pour en
GIL h
retirer ciux (\\n y l'iaicnt. Il fui t'iifanl <.W
chœur avec le cclcbre Caïupra «laiis lu ni»'-
IropuIed'Aix. Gtiillaiiine Pointe viii. préire
de cette '(jlise, leurensei^jna la musique.
Gilles se lit bientôt un nom par ses tulens.
Bertier. évéque de Uieux. qui l'cstimiiil
particulièrement . demanda pour lui la
maîtrise de Saint-Etienne îà Toulouse ; mais
le chapitre avait disposé de cette place en
faveur de Faritielii. Celui-ci , informé de
ce qui se passait, alla trouver son con-
current, et le foiça d'accepter sa démis-
sion; démarche qui leur fait é(Talen!enl
honneur, ^ous avons de Gilles : | de beaux
motets et en grand iio:nbre : on estime
surtout son IJilùjam te; \ une Messe des
morts, sonclief-d'ceuvre ; elle fut chantée
la première fois pour son auteur.
GILLKT( Frax^ois-Pierre ), né à Lyon
en 1648, avocat au parlement do Paris en
iCûU , mourut dans cette ville en 17!20. U
lit quelque lionneur au barreau par ses
plaidoyers ; mais il en lit moins à la ré-
publique des lettres par ses traductions
des Catif inaires de Cicéron. et de plusieurs
de ses Oraisons. Ces versions sont non-
seulement inférieures à rori(;inal, mais
même aux traductions qui ont paru de-
I)uis. Ses plaidoyers, puliliés en iJ vol.
'\n-k°, offrent de l'érudition, de la solidité
et quelquefois de la force ; mais le style
est un peu sec , et l'auteur ne sera jamais
compté parmi les {grands orateurs.
Gll.LKT(LoLis-Jo.\r.iiiM), néà Frémorol
dans le diocèse de St.-Malo , en 1680, cha-
noine ré{îu!ier de Sle.-Geneviève à Paris,
cl bibliothécaire de cette abbaye jusqu'en
1717 , fut curé de Mahon, dans le diocèse
de Saint-Malo. Après en avoir rempli les
fonctions pendant 23 ans. il revint pren-
dre son emploi de bibliothécaire. Il mou-
rut en 1753 , à 7/t ans. C'était un homme
très estimabic. Il alliait la modestie au
savoir, les vertus sociales aux exercices
sédentaires du cabinet, et beaucoup de
douceur à une longue habitude d'iftlir-
mités. Nous avons de lui une Nouvelle
Traduction de l'historien J ose phe .faite
sur le grec . avec des notes critiques et
historiques pour en corriger le texte dans
les endroits où il parait altéré .l'expliquer
dans ceux où il est obscur, fixer les temps
et les circonstances de quelr/ues événemrns
qui ne sont pas assez développés . éclair-
cir les sentiniens de iautrur . et en don-
ner une juste idée . 4 vol. in-4", 17:jG , et
année» suivantes, à Paris, chex Chauberl
cl Hérissant. Cette version , plus lidcle
que celle d'Arnaud d'Andilly, est restée
>7 iA\.
au dessMU5 de la ccirbrite d(« rriltc der-
nière, quoique avec des avanla;;r8 el dcS
litres de préférence bien marqués.
C.II.I.I ( David ) , mini«lre protestant ,
natif «le I.ani;uedoc, abjura le calvinisme
eiH()«"> . et ramena plusietiis «-irans au
borcjiil. Louis XIV el le cle.n'.e de rr:mc«
lui firent une pension jiiMju'h >a mort ,
arrivée à Anyers en 1711 , à 63 uns. On a
de lui un recueil sous le titre de Conver»
sinndc. Gifli . 1683, in-I2. Il renferme
les raisons qu'il eut de se réunir à l'éuliso
romaine.
• CiILLI f Puilippe-Saoveur), jésuite ,
né dans l'état romain , alla, comme nns-
sionnuire. dans l'Amérique méridionale
on il passa 18 ans , c'esl-à-dirc , jusqu'à
la suppression de son ordre. Il a publié
en italien : | F.ssai sur l'histoire d'Aimé-
tique, un Histoire naturelle .civile et sa»
crée dfs royaumes et provinces espa-
gnoles de la Terre ferme dans i Améri-
que jnéridionale , Tiomc , 1780-8'*, & vol.
in-8", avec cartes et ïi'j. On y trouve des
noiitms curieuses; l'excès de crédulité do
l'aulcur lui fait dire cependant quelque-
fois des choses peu sensées. Le ô.' livre
du tom. 3 dans lequel on remarque des
détails sur les langues de l'Orénoque a été
traduit en allemand et publié avec des
notes par Fr.-Xav. Vei^jl , ex-jésuite, il
fait aussi p^-lic de la Collectinn publiée
par de Murr, Nureuberg, 1085, 1 vol.
in-8".
GILLOT (Jacques), d'une famille no-
ble de Bourgogne , était chanoine de la
Sainte-JChapelle de Paris et doyen des
conseillers clercs du Parlement. Sa maison
était une espèce d'académie ouverte à
tous les savans. Il mourut en 1619, lais-
-sanl ur.e riche bibliothèque. Ce chanoine
eut beaucoup de [larl au Calhulicon d'Es-
pagne , ou Satire .}fcnippée . Ratisbonnu
' El7.évir), 1664, in-1'2; et avec K-s notes
de Godefroi . Bruxelles. 1709 .3 vol. in-8°.
C'est daiis sa maison que fut composéo
cette satire, pour tourner en ridicule la
ligue catholique, quoiqu'il fût plus naturel
qu'un chanoine tournât ses talens contre
la ligue huguenote, plus di-iic parles
troubles qu'elle causait depuis long-temps
dans le royaume , et par sa rébellion far-
melle contre le trune et l'autel, de faire
l'objet de l'indignation des Inms citoyens
et des sarcasmes des satiriques, f'oyex
DUCIIAT, I È VRE ( A^toi^e le). MONT-
GAILLAKD. Ce fut Gillot qui imagina la
procession burlesque rapportée dans cet
ouvrage, et que les imbccjles otrt prise
GIL 4;
pour une réalité : mais celle calomnie
théâtrale contre les religieux et le clergé
ne peut donner qu'une mauvaise opinion
de l'aulcur. La îiaranj^ue du légat est en-
core de Ini. Les autres harangues sont de
Florent Chrétien, de Nicolas Rapin , et de
Pierre Pilliou , trois beaux esprits d'une
religion très équivoque. Nous avons ei!-
core de Gillot : | des Instructions et des
lettres misswes^ concernant le concile de
Trente, dont la meilleure édition est celle
de Cramoisi , 165/i., in-/t° ; ] la Fie de Cal-
vin j imprimée ïn-k", sous le nom de Pa-
pire Masson, et qui, selon quelques-uns,
est effectivement de ce dernier.
GILLOT ( G;:r>iai\), d'une famille no-
ble de Paris, où il est né en 1622 , reçut
le bonnet de docteur en Sorbonne , et se
distingua par ses lumières et ses vertus.
Il dépensa plus de cent mille écus à faire
élever de pauvres jeunes gens, et à les
rendre capables deservir l'Eglise par leurs
talens , ou l'état par quelque profession
honnête. Plusieurs de ses élèves brillè-
rent dans le barreau, et dans les facultés
de médecine, de droit et de théologie.
On les appelait Gillotins ^ et ce nom an-
nonçait à la fois la générosité de leur bien-
faiteur et leur propre mérite. Des ecclé-
siastiques qu'il avait élevés donnèrent
leurs soins pour que ses bienfaits se per-
pétuassent L'abbé Gillot moyuten 1688,
à 66 ans.
GILLOT ( Louise-Ge-veviève ) , pari-
sienne , morte dans sa patrie en i718, à
C8 ans, fut mariée à de Saintonge, avocat,
qui cultiva ses talens pour la poésie. Ses
OEavres consistent en épitres j, égloi/ues ^
madrigaux , chansons, deux comédies et
deux trarjèdies-opéra. Son pinceau était
facile , mais faible. Outre ses poésies, re-
cueillies en 1714, in-12, on a d'elle un(^
nouvelle historique, très romanesque, ui-
lilulée : Histoire de don Antoine , roi de
Portugal . iu-i2.
*GÏLLY (D,\v!d), ingénieur-architecte,
naquit en 1748, àSchwedt, en Brande-
bourg, d'une famille française réfugiée,
originaire du Tanguedoc. On lui doit plu-
sieurs ouvrages, en allemand, sur l'ar-
chitecture civile cl hydraulique. Les prin-
cipaux sont : I Elémens d'un cours d'hy-
draulique, avec application à la pratique,
lîcrlin, 1793 et 1801 , in-8"; | Instruction
pratique pour l'a7'chitecture hydrauli-
que, accompagnée de planches, en société
avec Eytcbvein. Berlin, 1802,2 part. in-S".
GlLO.\' ou GILLES, diacre de l'églîse
de Puiis", ensuite moine de Cluny , eniin
8 GÎL
évêque de Tusculum et cardinal, fut un
des meilleurs poètes du 12*^ siècle, et mou-
rut vers 1142. Il réunissait, dit l'abbé
Le Bœuf, le govU e4 la fécondité. On a do
lui : \\xn poème latin, où il chante la
première croisade de 101)3; | une Instruc-
tion <in vers, qu'il dédia au prince Louis,
lils de Philippe-Auguste , pour lui inspi-
rer l'amouf de la vertu par l'exemple do
Charlemagne qu'il y célèbre : c'est ce
qui a fait appeler cet ouvrage le Caro-
lin; I la Fie de saint Hugues, abbé de
Cluny,
* (;!LPL\ ( BcnTWAP.D ), ministre anglais,
naquit àKentmire.dans le comté deWest-
moreland, en 1317, d'une famille illustre
de ce comté. A l'âge de seize ans , il fut
envoyé à Oxford, et y lit ses études avec
un tel succès , qu'il fut agrégé du collège
de la reine. Ayant appris le grec et l'hé-
breu, il devint le piemier professeur de
ces deux langues au collège de Christ ,
que Henri Vil! venait de fonder. Giîpin
avait embrassé l'étal ecclésiastique, et se
montrait très attaché à la religion ro-
maine, que professait toute sa famille.
Il la défendit avec autant d'éloquence que
de courage, en soutenant plusieurs thèses
publiques contre Jean Hooper, évéque
de Worccster. Mais à celle malheureuse
époque, l'hérésie, soutenue parle roi lui-
même , avait déjà fait de grands progrès
en Angk'te're ;et lefaisieux Pierre Martyr
ayant obtenu, après la moil d'IIenriVHI,
une chaire de théologie dans l'université
d'Oxford , y prêchait les erreurs de Lu-
ther. Gilpin , séduit par l'éloquence de
l'orateur, embrassa ce qu'on appelait la
réforme. L'évcque de Durham , oncle de
Gilpin , avait composé un traité sur l'eu-
charistie, et envoya son neveu consulter
sur cet ouvrage les plus savans théolo-
giens de Louvain et de Paris*. Leurs lu-
mières et leur foi orthodoxe lui furent
inutiles. Ce fut en vain que son oncle lui
lit otl'rir une cure dans le diocèse de Dur-
ham ; il ne voulut poii>t l'accepter, parce
cfu'iî ne pouvait î)as la desservir lui-môme.
Ayant eniin accepté la cure d'Eusinding,
sa conscience fut bientôt alarmée de ce
qu'à cette cure était uni, le double emploi
d'un archidiaconé : il la résigna donc, et
fut pourvu de celle d'Iiongl>lon, qui n'a-
vait j)as cet inconvénient. Le règne de
Marie, fille el successeur de Henri VIII
( élevée par sa pieuse mère , Catherine
d'Aragon ;, avait rendu à l'église catholi-
que sa pjépondérance , el l'on réprimait
l'audace des proleslans, (^ui s'agitaient de
Gtr h
L Il l>ar IvUis iiilri,,ur», Oii par
K-uis pn-iiicalions. Gilpin &e bunia à |irr-
iher rorilrc plusieurs abus, roininc lu Don
iVNidoiuo, la pluialilt^ des l'riuTicc*. vU'.
Il fui lUiitiuinins doMoncé à la loiuc IVIai if.
el coMlruiut d»' se rendre à Londres, où il
s atUndait à monter sur un cchafuud ,
dcrnicre ressource des primes qui veu-
lent rrtablir la Iranquillilcdans leurs i tais
h'oul'lés pardcsfaclicuxopiniàlrcs. Ayant
appris en roule la mort de Marie, (.ilpin
retourna à Honyliton, et le rè{jne dKliz.a-
ÎKilh commença à se faire remarquer par
lUJC i)erséculion réelle contre les catholi-
ques, auxquels ou n'épargna pas les plus
mauvais Iraitomcns. A peine mcntte sur
leirone. la nouvelle reine remit à des
prélats protestans tous les siéijes épi^co-
paux. L'on offrit à Gilpin l'évéclié de Car-
iisle; mais il le refusa. Il mourut, dans
sa cure U'IIoncthon , eu 1583, à Tàje de
soixante six ans. On regrette sincèrement
qu'un homme, doué de plusieurs vertus
chrétiennes , soit tombé dans les erreurs
d'une doctrine qui a troublé souvent et
les consciences et les royauuu^s. H avait
établi à Hongbton une école et un sémi-
naire que lui-même dirigeait. Il y a une
f-'te de Gilpin^ écrite par Cartellon , évé-
que de Chichester, Londres , 4(336, in- 18.
A la lin du volume, on trouve un des ser-
mons de Gilpin , prêché en présence d'E-
douard M. en I5[i2.
• GILP1> ( Glillache), vicaire deBol-
dre dans New-Forest, parent et non des-
cendant de Bernard, comme l'ont avancé
queljpies biographes (il, naquit vers l'un
472'4. Il établit d'abord à Cheam dans le
Surrcy une maison d'éducation , dans la-
quelle il eut des élèves d un haut rang,
et dut à l'un d'eux, le Colonel Millford.
l'auteur de V Ilistuire de In Grèce, le vica-
riat de Boldie ; il quitta alors son pen-
sionnat qu'il remit à son fils, et s'illustra
par divers actes de bienfaisance. Il est
particulièrement connu par ses f'oyages
en différentes parties de V Angleterre ,
contenant des observations relatives aux
beautés pittoresques. 1787, in 8". et 1788.
2 vol. in-8" ; traduit en français en I78'J.
par Guédon de La Berchère , et en 1800
par le baron de Blumenstein , Breslaw ,
4800, 5 vol. in-8". li<;. Celte dernière tra-
duction est la plus estimée. On a encore
(OCarlcIoa, !}■{ arail pn »oir Bernard, lequel
o'eil mon qu'es iSSÎ, pnîtqac àU i58o, il élail
3«rpgr ao co1l<Cge de Mcrtea, rapport* que Ccroara
Cilpio vr<i!!ct moarulJjni Icc^lib*!.
0 CÎV
de Gi!, . i\'olion$ sur la rivièr<!
ffije. et sur quelques contrées de ta j/ar-
lie stul du pai/% de Galles , 1782 , In-S",
traduites m françnis. Ce volume se j«)int
aux jjréiédens. | Ohaervatinns relatives
principalement à la beauté pittoresque ,
faites en 1776 sur diverses parties de tn
Grande llrctagne , et particulièrement
sur les 7nontaf/nes d'Iùosse . 178'J , 2 vol.
in-8'*; traduiles en allemand , Leij)5iek,
17î)2, 2 roi. in-S"; \ Remarques sur les
scènes forestières et les beautés pittorcz-
que d''S pays bni-tés . avec les vues de
A'cH'Forcst dans le I/amps/iire . 17'Jl,
2 vol. in-8"; trad. on alleu>and, Leipsirk,
1800. in-8"; | Trois J-Jssais sur le beau pit-
toresque . sur les voyages pittoresques ,
sur l'art d'esquisser le paysage . et-.,
in-S". 17112 et 1808, trad. en français,
lîreslaw. 1799 ; | Observations sur les par-
fies Dceidcnlafes de l'Angleterre, princi"
paiement sous le rapport de la beauté
pittoresque. etc., 1798. in-8", lig.; j Obser-
valions sur les comtés de Hanipshire ,
Sussex et Kent. 1806, in-8°. Gilpin a créé
en quelque sorte mi nouveau penre de
voyages. 11 s'est attaché particulièrement
à décrire les paysages.et ses descriptions,
plei.'ies de vérité et de chaleur , sont en-
tremêlées de réflexions ingénieuses, pro-
pres à enrichir la théorie des arts et à en
guider la pratique. Il a écrit plusieurs
ries, celles de Jîcmard Gilpin. d' Hugues
Latimer . de Jeun If^iclef. de Thomas
Cranmer. etc. ,et laissé des sermons pré-
cités dans une église de campagne . avec
quelques essais et sujets pour des ser-
mons. 1799-1803, 3 vol. in-S"; | Contrastes
moraux . 1798, iu-I2, et autres ouvrages
ascéticiues.
* GI\ (PiERBE-Louis-CtACOE), Un des
écrivains les plus féconds du 18' siècle .
né à Paris en I7'2ù, fut suecessivcmeat
avocat . conseiller au parlement .Uuupeou
et ensuite au grand conseil où il resta
jusqu'à la suppression des cours souve-
raines. Il se lit remarquer parsonattadic-
ment aux priucipes religieux et à la cause
des Bourbons, dans les occasions les plus
périlleuses. Le 2 décembre 17'ja. il adressa
à Barrère un plaidoyer en faveur de L*mi«
XVI, qui lui valut l'honncurd'étrc incar-
céré avec sa famille à l'abbaye de Port-
Boyal. II profita de sa captivité pour ap-
prendre l'anglais d'un autre prisonnier
au(|uel il dormait des leçons de grec. Lors-
qu'il eut recouvié sa liberté en 1794, on
le uomma maire de Clamart. où il possé-
dait quelques biens. Il ne crut pas pour
GIN
A60
GliV
Yoîr refuser; mais lorsqu'un décret vint
assujettir les fonctionnaires publics à prê-
ter le serment de haine à la royauté, non-
seulement il s'y refusa , mais il déclara
que le gouvernement monarchique était
le seul qui pût convenir à la France. Il
échappa ncaïunoins à la persécution, et
mourut à Paris de 19 novembre 1807. lia
laissé un grand nombre d'ouvrages pres-
que tous médiocres : | Traité de l'élo-
quence du barreau , 1767 el 1803, in-12;
I De la religion, par un homme du. monde.
1778-80, 4 vol. i!i-8". nie retoucha et l'abré-
gea en 1806, sous ce litre : De la religion
du vrai pliilosophe. On y trouve une col-
lection complète des systèmes des philo-
sophes, de leurs vains sophismes , et jus-
qu'à leurs sarcasmes. Le l'ère Beau regard,
citant cet ouvrage en 1780 , dans son fa-
meux sermon des philosophes, disait :
« Ils le connaissent ce livre; ils n'y ont
» pas répondu, ils n'y répondront ja-
» mais. » L'abbé Duvoisin, alors censeur,
dans ra{)prouation qu'il donna pour la
première éàilion , dit que l'on y trouve
un plan vaste el bien remi)li, et des vues
neuves; mali)eureusement il s'en trouve
beaucouf) de connnunes, et le style ne
répond pas toujours au sujet. A la tête de
cet ouvrage se tiouve la liste de ses pro-
ductions. I Les vraii pnncipes du gouver-
nement français . i778 , in-8", plusieurs
fois réimprijué. Cet ouvrage est écrit en
faveur du gouvern- ment monarchique ,
et l'auteur y combat Montesquieu et I\Ia-
bly, mais avec des armes iàen inégales.
I Analyse ^-aisonnée du droit français ,
pour la comparaison des lois romaines et
de celles de la coutume de Paris , 1780 ,
ln-4°, el 1803,6 volumes in-8"; | OEuvres
d'Homère , 1783, 8 vol. in-12. Cette tra-
duction, qui a obtenu U'ois éditions, a été
effacée par celle de Bitaubé. | Nouveaux
mélanges de philosophie et de lillérature .
47S'i , in-12; | OEuvres d'Hésiode^ tra-
duction nouvelle , avec noies, etc. Paris ,
1783 , in-8"; | Idylles de Théocrile. traduc-
tion nouvelle , 1788, in-S" et in-12 ; | Ha-
rangues politiques de Démosthènes, avec
des notes relatives aux circonstances pré-
sentes. 1791, il vol. in-8" ; | Odes de Pin-
dare, unique traduction complète en prose
poétique,, 1801. 111-8". | Le vicaire de Tf^a-
hefield. traduit de l'anglais, 111-8", et avec
,1e texte , 2 vol.; \ Discours sur l'histoire
universelle . faisant suite à celui de Bos-
suet, 180:2, 2 vol. in-12. Quoique infini-
ment au-dessous de l'orijjinal , cette con-
tinuation n'est pas absolument sans mé-
rite. Elle aurait eu sans doute plus de
succès, sans les fautes nombreuses d'im-
pression qui s'y trouvent , et quelques
négligences de style qu'il serait facile de
faire disparaître.
"GÏAGIEXÉ (PiERRE-Loms), littéra-
teur et ambassadeur à Turin pour la ré-
publique française, naquit à Rennes le 2S
avril 17/i8. Comme il était sans fortune U
voulut tirer parti de ses talens, et il vint
jeune à Paris, où il fut d'abord précepteur
dans une maison particulière. 11 embrassa
les principes de la révolution, et s'unit
à Chamfort , avec qui il était lié pour
rédiger la Feuille villageoise , destinée
à répandre les maximes du jour. 11 n'eu
fut jias moins incarcéré en 1795 à Saint-
Laz.are ; mais plus heureux que André
Chénier et Boucher, ses compagnons
de captivité , il fut oublié dans la prison,
et recouvra la liberté après le 9 thermidor
(27 juillet 1794). W fut à celte époque
nommé membre adjoint au Comité d'in-
struction publique établi près le ministère
de l'intérieur, puis désii-né pour la diri-
ger seul. Lors de la création de l'institut
de France, il fut reçu parmi les membres
de cette société, et au bout de quelques
mois on l'appela aux fonctions de minisire
du gouvernement républicain auprès des
villes anséatiqucs. Il refusa cette place, et
accepta l'ambassade de Sardaigne. Arrivé
à Turin, il eut plusieurs différens avec ce
cabinet, d'abord au sujet de la réception
de sa femme à la tour, jmis sur lapplica-
lionde l'amnistie accordée aux insurgés
piémonlais. Il put néanmoins conclure en
juin 17;I8 l'arrangement qui livra la cita-
delle de Turin aux Français. Ginguené ,
lùentôt remplacé par d Eyinar, resta sans
emijloi jusqu'après la révolution de bru-
maire 1799 qui lui ouvrit la carrière du
tribunal : il y débuta par un discours
contre le projet relatif au mode de cor-
respondance entre les premières autori-
tés. 11 se déclara l'année suivante ( 1800)
contre le projet qui concernait la création
de tribunaux spéciaux. Ses discours el
d'autres motifs le firent comprendre en
1802 dans le premier cinquième des tri-
buns éliminés; depuis il vécut loin des
affaires, et se livra entièrement à la lit-
térature. On assure que lors du débar-
quement de Bonaparte à Cannes ( en mars,'
1815). il se rallia au parti républicain;
au moment où Napoléon se trouvait
placé entre ce parti et les royalistes, Gin-
guené lui adressa une lettre dans laquelle
il s'engageait à lui rendre favoraLle6 uu
r.T\ 4f)i
f^raïul nombre dtr rcptiMicaîm. On aiUi
( u'Il snlliritn aussi à crllo époque une
I Inrc «II* rotisoillor à Viinivorsil»*. Gin-
; uenc a fourni hrauronp d'arlirles sur les
illM'rs Ultcralour'» il.tlirns dans la Hù>-
yrnphir universelle, forl bien écrits , mais
un pou diffus . cl dans lesquels on remar-
que souvent di> la prévention, des yif,e-
meus hasardé';, et des élo{»cs exa(;éré9.
î.'ouvrafjc qui l'a le mieux fait connaître
r<l relui qii'ii a composé sur la Litlérature
l'nfirnne. dont il n*a publié que 6 vol. ; la
mort l'ayaul surpris au milieu de ce tra-
vail (au commemH'meut de 1817). Les vo-
luuiis 7, « el ;>. dont le dernier comprend
If IG*^ siècle., oui été rev\is et publiés en
janvier 1819 par MM. Daunou , Amaury
Du val et Salli. Cet ouvrage est bien écrit ;
mais tout le fond est puise dans Tirabos-
chi , Bellinelli, I^ampillas, Déniua, etc.,
qui ont traité la même matière , el que
<iincucjié a le phis souvent copiés. Il at-
teste cependant beaucoup d'érudition
dans son auteur. Mais il faut se délier de
l'esprit dans lequel il a été rédif^é. Dans
les derniers temps de sa vie , Gin[;uené
«licicha le bonheur uniquement dans les
affections do*nesliques, et parut l'avoir
trouvé auprès d'une épouse chérie. Il est
mort à Paris le 16 novembre 181G, à l'âge
de 08 ans. Voici la liste de ses ouvrages :
[ Pompotiin. ou le Tuteur mystifié, opéra
bouffon en deux actes tiré de i intermède
italien lAt sposo burlato, représente (le-
vant leurs majestés, à Fontainebleau, en
1777, Paris, 1777, in-8"; | Léopold , poème,
1787, in-S" ; \ FAoge de Louis XII . pire
du peuple, 1788. in-8°; | dom.fi Discours.
dans les Tableaux de la révolution fran-
çaise , etc. , 17«)0-9I , 25 livraisons in-fo-
'io; I De l'autorité de Rabelais dans la
révolution présente et dans la constitution
cioffc dit ctert/é , ou Institutions royales .
politit/ues et erclésiastiques . tirées de
Gargantua et Pantayruel , 1791, in-8";
lettres sur les confessions de J. J. Rous-
seau , 1791 , in-S"; | De M. Necker et de
ton livre intitulé : De la révolution fran-
çaise, 1797, in-8"; | Notice sur la vie et
les ouvrages de Pircini . IttOO, ln-8" ;
C.oujy-dail rapide sur le Génie du Gliris-
iianisme, ou Quelques pages sur cinq vo-
lumes in-octavo . etc., ISOi, in-8"; | Let-
tres de M. P.-L. Ginguené , membre de
l Institut. e\c. , 1805. in-8" ; ces lettres s'a-
dressent à Alliéri qui avait mal reconnu
un service qu'il avait reçu de Ginguené ;
I Notice sur Pétat actuel de la question
relative à l'authentuità des poésies d'Os-
GIO
>ï»Vi;i , en tète di- la Traduction des poéstri
tl'Osinn par I.elourneur, 1810, 2 vol . in-8";
I Fables nouvrlles . 1810 , in-l8, dan» les-
quelles on liouvc de la fniideur el une ttmr-
nureépigrammali(pii; ela|q)rétéequi con-
vient bien moins à ce genre r|u'tmc cer-
taine négligence; | Histoire littéraire d'I-
talie . 1811-19, 9 vol. in-8"; la moitié du
neuvième volume est de M. Salli ; | Noces
de Tliétis et de Pelée , trad. de Catulle,
1811 , in-8'; [Préface française '& la tète
des Nouvelles fables de Phèdre , trad. en
vers italiens par Pétroni, et en prose fran-
çaise par liiagioli , Paris, 1812, in-8";
I Fables inédites, 181/t, in-8". Ginguené
a encore coopéré à la Décade pltdoso-
phique, continuée sous le titre de Revue ,
au Mercure, à V Fnc y clopédie méthodique
( pour la partie de nmsique ), à la Nouvelle
grammaire raisonnée à l'usage d'une
jeune personne . par une société de gens
de lettres, publiée par Païukoucke. 17y.'>,
in-8"; et à V Histoire littéraire de France.
tomes 13 et ïk. Il a été aussi éditeur des
Œuvres de Chamfort, Paris, an 3, & vol.
in-8", et des Œuvres de Lebrun, 1811,
in-/».". On trouve dans le tome 1/i de l'his-
toire littéraire de France ime notice
détaillée sur Ginguené par M. Amaury
Du val.
GIOACIIIXO DllIXO, plusconnu sous
le nom du Calabrais, vivait vers l'an 1640.
C'était le plus habile joueur d'échecs de
son temps. Il parcoui ut toutes les cours
de l'Europe, pour chercher son pareil ,
mais il ne le trouva point. Nous avons de
lui \cs Règles du jeu d' Fclicis ,i\u"i\ a\-
mailtant, petit vol. in-12, dont on trouve
le précis dans \ Acailémie des jeux. Le
duc de Nemours, Arnaud lu Carabin,
Chaumontde I^a Salle, les trois plus fa-
meux joueurs de la cour de France , vou-
lurent rompre une lance avec ce rham-
piijîi, et furent vaincus.
• (ilOANNKTTI ( MeLcnioK-BKXorr) .
cardinal el archevêque de Bologite, naquit
dans celte ville le 9 janvier 1722 , d'une
famille bourgeoise estimée, et de la classe
dite des citoyens nobles. A dix-sepl ans,
il quitta la maison paternelle, se rendit
à havcnne . ou il entra dans le monastère
des camaldules, dont il prit Thnoil l«« 'JO
juin 1759, et rhang«a son pr« n
d'Andréa. II recul le<s ordres
rendit à Brunoni , on il fut eu ,
me professeur de Ihéologic. De rtiom .i
son ujonastcre de Kavitinc, son .un nu
abbé, alors archevêque de rc diocèse, le
choisit pourson thcol')tjicn. En I7«r». labb*
GIO
Gioaunctii fui nommé procureur, puis
abbé de ce même monastère, et eut ,
sous sa direction, M. Zurla, depuis car-
dinal. Tandis que le nouvel abbé faisait
observer parmi ses religieux une exacte
discipline, il end)ellissail l'église du mo-
nastère, en augmentait la bibliothèque,
le cabinet de physique et de numisma-
tique, qui] enriebit et qu'il classa connue
un homme très versé dans ces sciences. Il
fit dessécher plusieurs marais , dont les
exhalaisons infectaient le couvent , et au
milieu de ces travaux , il surveillait les
études des novices , et dirigeait , connue
père spiiituel, un monastère de relij'ieu-
ses appelées Favelle lie Kavenne. Dans
une année de diselte ("1766) , il ouvrit aux
pauvres les greniers de sa comnnmauté,
augmenta les aumônes qu'on leur don-
nait journellement ; cl, quand les greniers
et la caisse du uu)naslère furent é|)uisés,
il emprunta 40,000 fr. ( huit mille écus
romains ) , pour se procurer du blé dans
les pays étrangers. Son ardente charité
ne se borna pas à sccoui ir les pauvres de
Ravenne, elle s'étendit jiisquc sur les
habitansde la pelile républi(pu'. de Saint-
Marin, aiuxquels il lit parvenir des grains
à ses dépens. Ses fonctions d'abbé étant
terminées dans ce monastère, en 1770,
on lui conféra , trois ans après la inéine
dignité dans celui de Home, situé sur
le Mont-Célio. Il employait ses nioniens
de loisir à former les novices dans l'art
épigraphique ou lapidaire, dans les aiUi-
quités, dans la numismatique, et lit d'ex-
cellens élèves qui, par leurs connaissances
dans les sciences, illustrèrent l'ordre des
camaldules. Le cardinal Jean Ange Bras-
chi , qui fut ensuite pontife sous le. nom de
Pie VI, devint abbé commendataire du
monastère gouverné par André Gioannelti.
Le cardinal eut lieu d'apprécier les lalens
et les vertus de ce dernier , et, quand il
fut élu pape , le 15 février 1775 , il l'ap-
pela souvent auprès de lui pour le con-
sulter sur les matières les plus importan-
tes. La modestie de Gioannelti n'était pas
moindre que son savoir etsapiété : aussi
quand Pie Vile nomma, le 51 janvier 177G,
evéque d'Inérica in parlibus et adminis-
trateur du diocèse de Boiogne, non-seule-
ment il conjura le jwntife d'en choisir un
autre plus digne que lui , mais il lit faire
a ses religieux des prières pour obtenir
de Dieu que le saint Père renonçât à son
projet. Obligé d'obéir, il se rendit à Bo-
logne , où il publia plusieurs mandemens
qui étaient autant de témoignages de son
/t62 GÎO
7.èle éclairé pour la religion. Ces mande-
mens étaient essentiels à une époque (jù
le jubilé venait d'être célébré. Il fit faii o
des processions des prières publiques ,
et choisit pour prédicateur le célèbre niis'
sionnaire apostolique, le docteur Barthé-
lemi del Monte. Rappelé à Rome , il fu!
nommé . le 15 décembre 1777 , par Pie "VI,
cardinal et archevêque de Bologne. De
retour dans celte ville, il y fut reçu par
ses compatriotes avec des acclamations de
joie. Il eut encore à exercer sa charité et
son zèle apostolique dans les aimées 1778
et 1770, où la disette et les trend)lemcns
de terre désolèrent la ville de Bologne.
Gioannelti pnjdigua aux pauvres et aux
habitans , victimes de ces deux fléaux,
tous les secours qui étalent en son pou-
voir, et souvent il se laissait manquer du
nécessaire pour pouvoir les soidager. 11
ordonna des prières })ubliques , observa
lui-môme un jeûne rigoureux, et le soir
il allait, pieds nus, et accompagné d'un
seul prêtre, visiter les églises, en habit de
simple ecclésiastique. Alors l'Italie com-
mençait, connue le reste de l'Europe, à
être infestée des maximes philosopliiques
nées et proclamées en France. Le cardinal
Gioannelti composa pour les fidèles dix-
huil Leçons pasiorales , publiées en 178/t,
et suivies d'un Jppendice de réflexions
dogmatiques . tirées des Jetés des apô-
tres , et ayant pour objet de défendre et
de prouver la primatie du saint Siège. Il
tint eu 1788 un synode diocésain, par
lequel il établit, dans sou diocèse, une
pure et exacte discipline jiarmi tous les
pasteurs. La constitution de ce synode est
pailagée en quatre livres qui traitent, le T"^
de la foi , de la doctrine et de toutes les
vertus 7'elatives à la religion ; le 2*^ , des
sacrernens ; le 5*^ , des prêtres ^ du culte
et des biens ecclésiastiques; le h^ est «on-
sacré à des détails de discipline par rap-
port aux monastères , couvens ^ séminai-
res jétablissemens pieux . hôpitaux :, etc.
et contient un Appendice renfermant des
édits . décrets, lettres pastorales, dispo^
siliojis , svit pontificales soit diocésai-
nes , sur les sujets contenus dans les
quatre livres que nous venons de citer.
Le cardinal Gioannelti, malgré son âge et
ses infirmités , faisait régulièrement la
visite de tout son diocèse, et sa visite!
était toujoui'S utile au culte des égli-"
SCS et à la morale publique. On ne saurait
donner assez, d'éloges à ce respectable
prélat, pour le généreux et tendre accueil
qu'il lit aux prêtres français émigrés. Se.s
GIO
405
GIO
nKiycns ne pouvant siiHirc à lotj^ loiirs
soiiis , il parlail en leur faveur ; à sa
>\\ , les rouven.s vl U>.s inaistins de la
Mlle s'uuvrak'nl, i-l l'hacun s'c* m pressa il
de coiisoliT la rulrlilc et lu vertu persé-
rulées. Il exrr^-aiulo nn'ine sa charité ar-
\ 0 dans les pri-sons qui dépendaient de
Il auturilé épiseopale el qui étaient ron-
tijués à son palais. Il visitai» souvent los
prisonniers ; et souvent le blaspliéina-
leur. l'incrédide, le libei tin , ainsi que la
femme adultère ou la. tille inipii<li(|ue ,
revenaient de leurs erreurs, et. rentrés
dans la stu-iélè, offraient le uuxièle d'une
sa(;e eonduile et d'une vie exemplaire.
Il avait consacré une partie tie ses re-
venus à l'aclial de plusieurs lits, qu'il
faisait distribuer aux pauvres femmes
en couches et aux familles indijjenles ,
afin d'etnpéciier que les pères et mères,
forcés par la misère, ne partujjeas-
senl leur couche avec leurs enfuns. Les
Fran^^iis ayant inondé l'Italie. Bologne
se montra une des villes les plus portées
à suivre les innovations révolutionnaires.
Dans celle occiusion , le cardinal Gioaii-
nelli sut néanmoins préserver une par-
tic de H>ii troupeau de celle contajîion fu-
neste , et ses vertus furent respectées de
ceux-là mêmes qui se faisaient alors an
jeu des choses les plus .sacrées. Ne pou-
vant plus douler (jue les IJolonais, exci-
lis par les eimemis de l'ordre, ne vou-
lussent éri{;er leur ville en république ,
il adressa, le 9 janvier 1799, une Ictfrç
pastorale au sénat de Rolojjne (qui avait
toujours existé, depuis même que l'étal
l)olonais était devenu domaine du saint
Sié{je), dans laquelle il plaidait avec cou-
ra(;e en faveur des dniits du saint Sié(je
et de rEylise... « L'inununilé ecclésiasti-
> que, disail-il, n'e>t pas ime chimère,
» un préju|jé des siècles barbares , ni une
» loi faite par les prêtres ; elle fut recon-
» nue par les princes chrétiens; ils la dé-
» fendirent, la proclamèrent; cl d'illustres
> martyrs, de sa vans prélats bravèrent la
» mort pour en soutenir les dogmes., etc.p
Cependant l'ie VI, prisonnier et chassé
(iu sa capitale, passa par Bolo^jnc , le i?J
mars 1799. Le cardinal Gioannelli le vit
pour la dernière fois, et quelques mois
après il pleura la mort de ce pontife .arri-
vée à Valence en Dauphiné, leiiSaoùt 1799.
Lorsque réalise calh«dique fut rendue à sa
liberté , Gioannelli s'eujprcssa de rétablir
les éî;li.scs et les ctabli.ssemens i)ieux de
son diocèse dans leur étal primitif. A|itès
avoir a^si'.e au conclave de Venise, il so-
lenni>in. le 2G mars, l'exaltation de Pie VH,
en célébrant, en action de (pàces, dnnt
réalise de son monastère . .'i Minnno( Kiats
vénitiens ) , nne messe à l'issue de laquelle
il chaula le 'l'c Dcitm. Il revint k Bc»-
lofjne , où . alUuiué d'une maladie vio-
lente . il mourut au bout de dix jours , le
8 avril 1800, àjé de 78 ans. On ne sau-
rait mieux faire rrIo,;e de ce vertueux
pnlal. (pi'en rappt)rlant ces paroles tlo
l'oraison funèbre que prononça , pour ha>
norer la mémoire de Gioannelli, son an-
cien confrère, le cardinal Zurla : Seve-
rioris disciplina'- acerriinns cuslos . omni
eain cunt con/'m'it. Diurnis tiocluntisque
litmyiœ (icfil/ns primas assislcns . srm^
j>cr sihi parent , aliis profusus , onintùut
carus . vere pastur . vere paler, vcre
excmpUtr et lucema supereminens. cttnc-
tis e/ftil(/ens.
(;iO(:<).M)0 ( Fn.i-GiovAx^i) , en lalin
Jocutulus. dominicain , né à Vérone, vers
1 année 1455, se lit un nom par sa capa-
cité dans les sciences, dans les arls, et
dans lu coimaissance des antiquités et de
rarchileclnie. Il fut appelé en France par
Louis XII. et construisit à Paris le Pont
Notre-I)an>i;elle jH)nl Saint-Michel. Ce fut
encore lui qui . pour remédier aux atlé-
rissenuns causés dans les lagunes de Ve-
nise , par remboucimre de la Brenla . qui
faisait craindre qu'un jour cette \ille ne
se trouvât jointe à la terre ferme, ima-
{jia de détourner une partie des eaux de
celle rivière, et de le faire rnircr dans
la mer auprès de Chiogyia. S'élant relire
à Home , il fut choisit , après la mort de
Bramante, pour im des aichilcctes do
l'éijlise de Saint-Pierre : il travailla avec
Baphaèl dUrbin et Autuine Pan(;alloà
renforcer les fondeinensde cet immensu
édifice, auxquels Bramante n'avait pas
doimé la solidité nécessaire. Giocondo est
auteur de /temar//i(cs curieuses sur Us
Commentaires de César ; et il fut le pre-
mier qui publia le dessin du |H)nl que ce
conquérant lil construire sur le lUiin, dont
la description jus»|u'alors avait élc mal-
enlendue. Il adonné aussi des éditions do
/ itruve et de Frontin. Il a publie les trai-
tés d'a(rricullure de Galon. Varron. Colu-
melle cl de Palladius. Ce fut par son
moyen qu'on lrou\ i (Lois une bibliothè-
que de Paris, la pliip;ul d>s epitre» de
Pline, que Aide M..nucr imptima. Sou
savoir ne se boniail \»» à l'aicliilcrlurff
et aux aiUiquilés; ilct.;il é^aleinent «crs«
dans la philosophie cl la Ihcolo'jie, et fut
le maître de Julo Cv^ar i>raii;;i r.qui \'*\f'
GïO /tC)
pelait une ancienne et bonne bibliothèque
lie toutes les sciences. Dès avant lb06, il
avait , avec la permission du pape , quitté
riiabit de son ordre, et vivait en prêtre
séculier. Il mourut dans un âge très
avancé, vers 1550. Dans les nombreux
voyages qu'il fit en Italie, Giocondo avait
rassemblé une collection de plus de 2000
inscriptions anciennes , dont il donna le
manuscrit à Laurent de Médicis son pro-
tecteur.
* GIOEM (Joseph, le chevalier), né à
Catane en 1747 d'une des plus nobles fa-
milles du royaume de Naples, montra de
bonne heure une grande aptitude à l'élude
des sciences naturelles : il étudia particu-
lièrement le volcan de l'Etna et ses re-
cherches ne furent point sans succès ; elles
devinrent très utiles à Dolomieu et à Ha-
millon qui lui en ont témoigné publique-
ment leur reconnaissance. Gioeni accom-
pagna le géologue français dans son voyage
a"ux volcans de la Sicile. Dans ses diverses
courses, Gioeni avait recueilli des produc-
tions volcaniques; il y ajouta des coquil-
lages, de l'ambre, des sels, des métaux, des
souffres, des marbres , des cristaux , etc. ,
qu'il recueillit dans la Sicile , et se forma
ainsi peu à peu et à grands frais un mu-
sée précieux dont il a donné lui-même le
catalogue , et que les voyageurs peuvent
encore visiter à Catane. Ce savant natu-
raliste était professeur de l'université de
Catane , et gentilhomme de la chambre du
roi de Naples. Il est mort le 6 octobre 1822
âgé de Gi ans : il a publié en italien : | la Re-
lation d'une pluie couleu?- de sang qui
tomba en 1781 sur la côte méridionale de
l'Etna, insérée dans les Transactions phi-
losophiques de Londres ; j une Relation
de l'éruption de l'Etna . en 1787, in-i" :
I une Lithologie vésuvienne^ 171)6, 'ni-H" ,
fruit de trois ans de laborieuses recher-
ches sur le monl Vésuve qu'il visita. Cette
description le rendit célèbre dans toute
l'Europe, et lui ouvrit les portes de plu-
sieurs académies étrangères ; \ une Des-
cription d'un nouveau genre de testacées^
trouvés sur le rivage de Catane j Naples,
1785 , in-8°.
* GlOIA ( MELcnroR ) , prêtre , mathé-
maticien et homme de lettres , né à Plai-
sance vers 17G0, étudia au collège de
Saint-Lazare de cette ville et y fut ordon-
né prêtre. 11 s'adonna presque exiiusive-
nient aux mathématiques jusqu'en 179G,
époque de l'entrée des Français en Italie.
Gioia se lança dans la carrière politique
et devint républicain : ce fut dans le sens
de ses nouvelles opinions qu'il traita la
question proposée par l'académie de
Milan : Quel est celui de tous les gouver-
nemens libres qui convient le mieux à la
félicité de l Italie: Gioia remporta lo
prix. Dès lors il publia un grand nom-
bre d'ouvrages sur l'économie politi-
que. Ses idées révolutionnaires l'avaient
fait mettre en prison; mais le duc de
Parme lui rendit la liberté à la prière
de Bonaparte. Il vint s'établir à Milan où
il travailla à des journaux et à des opus-
cules de circonstance. En 1799, quand les
Français furent chassés de l'Italie , il per-
dit sa liberté qu'il ne recouvra que lors-
qu'ils y rentrèrent. Quelques brochures
publiées pour justifier la politique de Bo-
naparte , notanunent les Anglais peints
par eux-tné mes , qui parut à lépoque où lo
système continental fut mis en vigueur,
lui valurent le litre d'hisloi iographe du
royaume d'Italie : mais son livre sur la
Théorie du divorce parut si hardi, que le
gouvernement se crut obligé de lui retirer
cette place. Protégé par le ministre de
l'intérieur, il fut nommé chef de la divi-
sion chargée delà statistique du royaume,
puis il se brouilla avec le successeur du
ministre. Gioia ayant été renvoyé s'en
vengea par un pamphlet intitulé // povero
diavolo ; et reçut Tordre de sortir du
royaume. Il n'y rentra que 18 mois après,
et habita depuis Milan où il continua de
s'occuper d'économie politique, de statis-
tique et de mathématiques , jusqu'à sa
mort arrivée au commencement de J8i"j.
Il se livrait aussi à l'exploitation , d'après
ses procédés , d'une mine de charbon fos-
sile qu'il possédait à Grandino. Outre les
ouvrages dont nous avons parlé, on a de
lui : I un Traité sur le commerce des co-
mestibles ; 1 une Philosophie de la statisti-
que; I des Tables statistiques, ayant pour
second titre : Norme per descrivere ^ cal-
colare . classificare tutti g li oggetti d'ad-
ininistrazione privata e public a , Milan,
1818, in-S" ; | Aperçu des sciences écono-
miques . 6 vol. in-i" ; | "Traité d'examen
général ^ 2 vol. ; \Traité du mérite et des
récompenses ^ qui est une espèce de suite
au fameux livre de Beccaria ; | 'Traité sur
les injures et les dommages. L'ouvrage
de Gioia qui a fait le plus de bruit est celui
qui a pour titre le Nouveau Galalhée ,
traité de politesse , qui semble destiné à
la jeunesse , et dans lequel on trouve l'hi-
dulgence la plus grande pour les vices et
les désordres. Il a paru en 1824 dans les
Mémoires de religion <\ii Mod^nc> tom. 6,
GIO 46
un examm dcft opinnms de Gtoia en fa-
veur de la mode ; Gioia pi»|uc ajouta à la
4* édUioii de so» Calathce uno Heponse
mur Osirogoths . qui ^st loin dVlre un
modèle d'cnicniti; ri de polUfSSC, cl qui
pro\ oquf. dans les méritoires une rr|»U(|ue
qui parut ilans deux articles 9«)us le tilre
de (.a'atltèe des yens de lettres , toui. 1/t,
40* et il* raliiers.
GIOJ l ou GIOIA ( Flavio) ,né à Pasi-
tano, chàleau dans le voisinage d'Ainalli ,
vers l'an 1500 , connut la vertu de la pierre
d'aimant, s'en servit, dit-on, dans ses
navigations, el peu à peu, à force d'ex-
périences, il inventa la. boussole. On ujoule
que, pour apprendre à la postérité que
cet Inslruuient avait été inventé par un
sujel des rois de Naples ( alors cadets de
la maison de France) , il marqua le nord
avec une fleur de lys, exemple qui fut
suivi par toutes les nations qui liront
usage de celle ulile découverte. Oa pie-
tend que les Chinois la connaissaient de-
puis long-leiups, mais on sait que celte
\aino nation s'attribue bien des choses
qu'elle n'a apprises qu'avec beaucoup de
peine des Européens, el que les notions
qu'elle a eues avant leur arrivée sont lou-
jourg restéi'S dans une espèce d'enfance
San» développement et s-ns perfection.
Quoi qu'il en soit, c°.^st la boussole qui
ouvrit, pour ainsi dire, l'univers. Les
voyages ouparavanl claienl loti.;s et pé-
nibles; on n'alliit piGsquc que \c lu:»;j
des cotto; mci* grâce ô celte invention.
on trouv.i une partie de l'Asie el de l'A-
frique, dont on ne cuhnaissail qu'une
partie d.i littoral, et rAméri<iue que l'on
ne connaissait pas. F oyez HUGUES DE
BERCY.
GIrtJ.lTO DE FERRARI (Gabiiiel),
célèbre imprimeur de Venise dans le KJ*
siècle, élîit originaire de Frino, ville du
Monfcrrat, d'o i Jean son père, impri-
meur lui-m>me, était venu s'établir .i
Venise \iM3 1550. Gabriel se lit . dans son
art, une grande réputation qu'il mérita
plus cependant par l'élégance de ses ca-
ractères , tl par la qualité du papier qui!
employait, que par la correction de ses
éditions : encore ne sont-elles |)as toujours
aussi soignées qu'on pourrait le désirer.
Il vécul forteslimé el considéré à Venise,
el reçut pendant sa vie des marques dis-
tinguées de la faveur de plusieui » princes.
11 tirait son origine de la famille noble de
Ferrari de Plaisance, et sa noblesse lui
fut confirmée par un diplôme de l'em-
pereur (Uiarlcs V en iî>'«7. Il mourut en
:> r.io
1.S81, et l. lissa lii ux liU, .Iion et .lean-
Paul , qui furent imprimeurs rotnme lut.
(ilOlU) VM ( ViiAi-K ) , né 5 Bilonto
dans le royaume <le Naples le 15décembre
1G35 . passa sa jeunesse dans la debauciie,
cl épousa une lille sans forlime. Un ds
ses beaux-frères lui ayant reproché ses
désordres, il le tua, el s'enrôla dans la
lloUe que le pape envoyait contre les
Turcs. L'amiral lui trouvant des moyens,
lui donna l'emploi d'écrivain, qui était
vacant. Giordani , obligé d'apprendre l'a-
rithmétique pour renjplir ses fonctions,
dévora celle de Clavius, el prit du goût
pour les malhémati<iues. De retour à
Rome, en 161)9, il devint garde du châ-
teau Saint-Ange , el profila du loisir que
lui donnait cet emploi , pour se livrer à
l'élude des sciences exactes. Il y fil de si
grands progrès que la reine Chrislin« de
Suède le choisit pour son mathématiciun.
L«)uis XIV le nomma pour enseigner les
mathématiques à Rome , dans lacadémio
de peinture et de sculpture qu'il y avait
établie en 1666; et le pape Clément X lui
donna la charge d'ingénieur du chùtsau
Saint-Ange. Giordani eut, en 1G86 , la
chaire de mathématiques du collège de la
Sapience, fut reçu membre de l'académie
des Jrcadi . le 5 mai 1691 , et mourut eo
1711 , à 78 ans. Il était d'un tempérameat
bilieux el violent, mais infatigable. Il lit
des excès de travail, qui lui attirèrent
des maladies fâcheuses ; il se réUbli«*ail
par un bon régime. Ses princijMiux ou-
vrages sont : I Euclide restiluto . iitùt» .
in-fol.; I De componendis gravium moukon-
ti*. 1G»5; I Funtiamentiun docthnce mutns
graviuni. 1686; | Ad Ilyacinthum Chris-
tophurumeptstola, in-fol. , 1705. à Rome,
comme les précédens. Cms écrits eurent
de la réputation dans leur temps.
(iiOUnWO, plus communément ap-
pelé JORDANS. Foyez ce mot.
* GiOUGI (Dowimqije;, prélat, anti-
quaire et bibliojrraphe italien , naquit à
la Costa, près Rovigo en 16'JO, fut pen-
dant quelques années secrétaire de l'évé-
que d'Adria ; puis, s'élanl rendu à Rome,
il devint conservateur de la superbe
bibliolhè(|ue du cardinal Impériali. Ca
prélat, digne appréciateur du mérite do
Giorgi. et de son talent jMirlîculier jxiur
les antiquités ceci» sia-liqucs, lintrtKlu , t
à la cour de Rome, où il fut sucresxvc-
menl employé dans des recherches scien-
tifiques par les papes Innocent XIII,
Benoit XIII, Clément XII et BenoU XIV.
Ce dernier pontife le plaça «u nond.rc de
GîO
kÙ()
GIO
ses prélats domestiques; à cette (li{ji»Uc ,
Gior^îi n'unissait celle d'abbé de Sacco-
longo, qui lui avait été coulerée par Benoit
Xlll. Giorgi mourut à Rome, le 21 juillet
J747 : il laissa ses nombreux manuscrits à la
célèbre bibliothèque de la Casanata. On
compte parmi ses principaux ouvrages :
I De antiquis Italiœ vxetropolibus , exerci-
taiio historien, Rome, 1722 , in-4" ; | Trai-
té sur les habits sacrés du saint pontife
de B.onw j en italien, ibid., 1724, in-/*" ;
j De oriiiine metropolis ecclesiœ Bene-
ventancc 1723, in-4"; \ Antiquœ inscrip-
tionis ex planatio j in qua de locatoribus
scenicorui.'i disceptutur^ Monte-Fiascone ,
1727 , in-!:". On en trouve un extrait dans
les Mémoires de Trévoux , 1728, page 352.
I De Cathedra episcopali Setiœ civitatis ,
ibid.1727, 1775 , in-4" ; | De Liturgia ro-
mani pontificis in solemni celebratione
7nissarum , ibid. 1751 , 1743 , 1744 , 3 vol-
in-fol.; \De Monogrammate Christi. ihid.
1738. Il réfute dans ce livre une assertion
de Basnage, | VitaNicolai V^ Pont. Max. ;
accedit disquisitiode Nicolaierga littcras
et litieratàs viros patrocinio, ibid , 1742 ,
in-i"; j Catalogo , ou Catalogue de la
bibliothèque de Capponi„ ibid., 1747, in-4°
enrichi de notes savantes; celte biblio-
tlièque fut ensuite réunie à celle du
Vatican ; | Elogio, ou Eloge historique du
cardinal Corradini avec quatre morceaux
sur les monumens antiques insérés dans
la Raccolla, ou Recueil du Père Calogera ;
\ Marlyrologium Adonis, ope codicum
recogniturn , hibliolhscœ Vaticance adno-
tationibus illustratum , Lucques , 1745 ,
in-fol. Il a été ea outre éditeur des quatre
livres de Karietate fortunœ. Le qua-
trième livre seulement avait été impri-
mé en 1492 ; il contient la relation des
voyages de Nicolas Conli , traduits en ita-
lien par Ramusio, sur la version espa-
gnole de Rodrigo Fernandez deSanfaella,
publiée avec la relation de Marco-Polo.
<v. Séville , 1518 , in-fol. ) Giorgi publia
également cinquante-sept Lettres inédites
du Pogge , avec des notes, publiées à Paris
en 1723 , in-4° , sous les auspices du car-
dinal A.-E. de Rohan. Il ajouta aussi des
notes à la belle édition des Annales de
Baronius par le Père Mansi, Lucques,
1740 , in-fol.
GIORGI ( Antoine- AuGusniv ) , reli-
{jieux augustin, né en 1711, a Santo-
Mauro, bourg près de Rimini , se distin-
gua par une connaissance approfondie
des langues grecque, hébraïque, chal-
dccnne, samaritaine et syriaque , et mé-
rita d'être souvent consulté par Benoît XlV
qui l'appela à Rome au grand-coliége.
Giorgi ne profila du crédit que lui don-
nait sa science et son rang de procureur-
général de son ordre que pour rétablir la
règle dans toute sa pureté, faire dispa-
raître des écoles de théologie tout ce qui
restait de l'ancienne barbarie, et remettre
en vigueur la bonne littérature. Il exerça
cet emploi pendant 22 ans. Il est mort le
4 mai 1797. On lui doit | Alpliabetum Thi-
betanurn , nnssionum apostnlicarum coni-
inolo edituni, etc. Rome, 1762, in-4":
ouvrage savant, mais trop diffus, et pas
toujours exact. On a encore de lui : | Frag-
nientam evangelii sancli Joannis grœco-
copto thebaïcum seculi IV , Rome , 1789,
in-4° ; un volume sur les Actes des mar-
tyrs en langue cophte et plusieurs autres
dissertations savantes sur des objets d'an-
tiquité. On trouve la liste de ses ouvrages
avec sa vie dans les Vitœ Ilalorum de
Fabbroni.
GIORGI ( Alexaxdue ) , jésuite , naquit
à Venise le 11 septembre 1747. Il était fils
unique , et appartenait à une famille qui
descendait d'anciens patriciens , et qui
occupait un rang distingué dans la répu-
blique. Ayant fait ses études chez les Pères
de la compagnie de Jésus , il entra dans
leur noviciat à l'âge de 17 ans. Ses talens
précoces le firent nommer, deuxansaprès,
professeur de belles-lettres à Parme; et il
remplit cette chaire pendant plusieurs
années. Il n'y avait que deux ans , qu'il
avait reçu les derniers ordres , lorsque la
Société fut supprimée en Italie (1773).
De retour dans son pays natal , il y donna
des leçons particulières de théologie, jus-
qu'à ce que le marquis Bevilacqua l'ap-
pela à Ferrare , et lui confia l'éducation
de ses deux neveux. Il continua de se per-
fectionner dans ses études ; les connais-
sances qu'il acquit le mirent en relation
avec plusieurs savans , et notamment
avec le chevalier Vanneti, secrétaire de
l'académie de Roveredo. Il avait publié
divei-s ouvrages, et en préparait d'autres
plus importans encore , lorsqu'un excès
de travail , joint à une sanlé naturelle-
ment faible , lui causa des crachemens de
sang répétés, et amena sa mort qui eut
lieu le 14 juillet 1779, à l'âge de trente-
deux ans. On a de lui : | Del Modo d'irv-
segnare ou Traité sur la manière d'en--
s igner aux enfans les deux langues ita-
lienne et latine^ Ferrare, 1773, in-8°. Ce
petit traité , très estimé , montre combien
l'auteur était versé dans les deux langues
GIO
kù7
r.io
donl il propose une inrtiiodc aiissl t-xaru*
que facile. | Proilromn , ou l*ro</ramme
pour uite fCnri/rtopédie italienne . vSicnne,
1780 . in-/»". Le Pitc Giorj;i avnil réuni
plusieurs précieux matériaux pour re
(îranil ouvra{TC . auquel devaienl contri-
buer les lilléniteurs les plus renoujmés.
Il s'était réservé les arlieles les plus difli-
ciles de la nuMaphysii|uc et delà tliéolo-
fiie; cl, alîn d'offrir des modèles pour
les articlesà rédiger, il en inséra deux, fort
renia rquahles. dans ce prograinine, savoir
I Sur le pcclié originel . et | De la liberté
naturelle ; de la grâce efficace et de son
accord avec la liberté et la volonté hu-
maine : I Lettres 'au noirdire de trois)
adressées à M. Marc Lastri, de Florence,
sur ce qui a été écrit par M. Martin Sher-
lock, savoir : 1" De l'état de la poésie ita-
lienne : 2" sur VArioste ; 5° sur Shakes-
peare, Vcrr are , 177l>. Le Père Gioriri se
lait remarquer dans ses lettres par sou(îOÙt
exquis et par sou instruction dans les litté-
ratures italienne et étrangère. | Plusieurs
Lettres en latin, écrites à son ami le se-
crétaire Vaimeti, et dans les(iuelles l'ati-
teur, tout en écrivant le latin avec une
pureté et une éléi^ance rares, soutenait
qu'il élail impossible aux modernes de
s'exprimer correctement dans cette lan-
(;ue; c'était une erreur de sa modestie.
Un célèbre iwéte latin de celte uiéme
é|xx|ue, l'abbé Raymond Cunicli. ayant
lu les lettres des deux amis, lit pour eux
les vers suivusis :
Qiind vilain exim'ii icriptisti , Vanntte , fîiorgi ,
Ille tao vivct tl.iriit ab iD;'.coi<i ;
Vi%ct tu clarut litniil ; eximiusque fer-re
Scriptor et eximiut cullor amicilic.
Le chevalier Vanneli , aussitôt après la
mort dif Père Giorj;i , imhlia sa f^ie en
latin, qii'il mit à la tète de leur corri^s-
pondancc , avec ce titre : Clementtni f^^an-
netii equitis Commentarius . de vita yÉle-
ramlri Gionjii; accédant nonnullœ utri-
usque epistd'fr , Sienne. 177*.>, 1 vol. in- 12.
(;iou(.ii>\ (GeoBcts b\rp*.\ri;lli.
dit le), peintre célèbre, né en 1477, au
bourp de Cnsii-l-Franco , quitta la musique
pour laquelle il avait du (;oùt et du talent,
potir la peinture. Il apprit cet art sous
.leanlîellin. L'élève passa tout à coup de
la manière de son maître à une autre qu'il
ne dut qu'à lui-mén«c. L'étude qu'il fit
des ouvrapes de Léonard de Vinci , et siu--
lout celle de la nature, acheva de le per-
fectionner. Ce fut lui qui introduisit à
Venise la c<juluine où étaient les {pands,
de faire peindre les dehors de leurs niai-
son<. 1 •• y.iiil connu la sii|ii I ml iiu
de ses lalens, le viHitr#ii fré(|ueuunrnlt
pour lui dérober les si-rrels de son ({rancj
art ; mais le Gior-pon trouva des prétexlef
pour lui interdire sn maison. Cet habile
u)ailie mourut en Ijil, à "SU ans, de la
douleur que lui causa l'inliilélité de sa
maîtresse. Dans l'espace dune vie si
courte , il porta la peinture à un point
de perfection qui surprend tous les con-
naisseurs. Il entendait parfaitement l'art
si diflicile de ména^jer les jours et lei
ombres, et de mellre toutes les parties
dans une belle harmonie. Ses tableaux
sont supérieurs à tous ceux qu'on con-
naissait alors, par la force et la fierté.
Son dessin est délicat , ses carnations sont
peintes avec ime jjrande vérité, ses 4i-
(jmes ont beaucoup de rondeur, ses por-
traits sont vivans . et ses paysages lou-
ches avec un goût excpiis.
(.lOSEPI^. royez .\RPINO.
GIOTTO (le) , ou AN(iIOLOTTO , di-
minutif d'Angiolo oud'Angelo, ange,
peintre, naquit eu 127(5 dans une ferme,
près de Vespignano, non loin de Florence
de parens pauvres (i). Le fameux Cimabuc,
fondateur de l'école florentine, l'ayant
rencontré à la campagne qui gardait les
troupeaux de son père , et qui , en les
regardant paître, les dessinait sur une
bri(iue, le mit au nombre de .ses élèves.
Giolto prolila tellement sous son maître,
tpi'après sa mort, il passa pour le premier
peintre de l'Europe. On rap|>oi te que le
pape Benoit Xi voulant éprouver le mé-
rite des peintres florentins, envoya un
connaisseur pour rapporter ur« dessin de
cliacun. Le Giollo se contenta de faire sur
du papier, à la pointe du piiu:eau et d'un
seul trait, un cercle parfait. Cette har-
diesse, et en même teir:ps cette sûreté de
main, donna au pape une grande idée de
son latent, et lit nuilrc ce proverbe italien:
Tu sei piii rondo . che 10 det Giolto....
lienoit l'appela à Rome , d'où il passa à
(i) Vaiari place ta naittaDce i i'ao 1176. Baldi*
nncci, genrraUmenl eiacl »ur Ici dalci, ('eil ran(4
i celte opinion , en faitani remarquer qu'elle eti f««
vraiirrablaLle , attenao que Giollo ayaol es^calé l«
moia'ique de ta Péf'te miraculeutr, k lloree , ca t*^%,
n'aorait eu alori ^i/r a» am ; el qoM fauiirail par co*>
irqurnl luppoter qu'il aof ail proiiuil une ftèoit pal-
lie de «et mcillcnit ouvragri k Flofeocc , a Arciio . i
Atiite, i Pite el à Rome m*nie , avanl d'^it» par-
venu .1 cri ift, el prctqur au torlir de l'enfance. 0>
peul croire qu'il a rir fail par Vatari , •« loal aalrc .
une rriciir de chiffre . el que Giollo <»l »* ca i>(C
ou environ , «crt I* Icapi de U o«UM*cc 4a Daatc,
(OD (OBlMap*r«M <l *•• tmU,
Gin
468
GIR
Avifîfion dans le temps de la Iranslalioii
du sainl Siège. Après la mort de Clément
V , il retourna dans sa patrie, et mourut
à Florence le 8 janvier 1556. Les Floren-
tins ont fait élever sur son tombeau une
statue de marbre. Pétrarque et le Dante,
amis de ce peintre, le célébrèrent dans
leurs vers. Le grand tableau de mosaïque,
qui est sur la porte de Téglise de Saint-
Pierre de Rome , est de lui. Les églises
de Saint-François à Florence et à Pise
sont remplies de superbes fresques de
Giotlo. Le musée de Paris possède la vi-
sion où saint François reçut les stigmates.
On appelle aussi ce peintre di Bondone
du nom de son père , ou di Vespignano
de celui du village où il est né.
GIOVIO ( ÏACL ) , plus connu sous le
nom de Paul JOVE. Voyez ce mot.
GIPII VMIIS. Voyez GIFFEN.
GIUAC ( P vuL - TuoiiAS , sieur de),
natif d'Angouléme, fut conseiller au i)ré-
sidial de celte ville, l'intime ami de Bal-
zac, et l'adversaire de Voilure. Il défen-
dit le premier contre Costar, partisan
outré du second. Cette querelle produisit
une vive fermentation dans .son temps ;
mais aujourd'hui les écrits et les injures
qu'elle lit vomir, ne causeraient que de
l'ennui. Girac paraît savant dans les siens,
mais encore plus emporté. Il mourut en
1G65.
* GIUAC ( François BAREAU de ),
évêque de Reimes, né à Angoulême en
1752 , se distingua dans ses éludes et sur-
tout dans sa tliéologic, et mérita, en re-
cevant la prêtrise, d'être nommé doyen
du chapitre de la cathédrale d"Angouléme,
et vicaire-général de ce diocèse. La pro-
vince ecclésiastique de Tours le députa à
l'Assemblée du clergé en 1765, et il y
montra un caractère de conciliai ion et
d'aménilé qui lixèrent sur lui les regards
du clergé et des ministres du roi. Louis
XV le nomma évêque de Saint-Brieuc en
1766, et 3 ans après, évêque de Rennes.
Lorsque la révolution éclata, l'abbé de
Girac refusa son serment à la constilu-
lion civile du clergé, et motiva son refus
dans une déclaration fort étendue. Fidèle
à ses princii^es, il ne voulut point accor-
der la contirmalion canonique à l'abbé
Expilly : il publia même sa réponse, ainsi
qu'une lettre qu'il adressa aux électeurs
d'IUe-ct-Vilaine, pour les détourner d'é-
lire un évêque, et une autre à Claude
Lecoz, qui lui faisait part de son élection,
et , disait- il , de sa ■perplexité : il donna
en même temps une ordonnance pour
défendre de reconnaître Lecoz. Forcé de
s'expatrier pour éviter la vengeance de
ses ennemis, il se retira d'abord à Bru-
xelles, et, lor-que les événemens de la
guerre l'obligèrent de s'éloigner , il ac-
compagna le comte de Metleinich, mi-
nistre autrichien . dans les Pays-Ba-s, et
alla avec lui en Bohème, ensuite à
Vienne; enlin, il se rendit auprès du
dernier roi de Pologne, Stanislas Ponia-
towski alors retiré à Saint-Pétersbourg,
et il vécut avec ce prince dans la plus
grande inlimité jusqu'au moment de sa
mort , où il eut le honheur de lui prodi-
guer toutes les consolations de la reli-
gion. Avant le concordat , il donna la dé-
mission de son évêché, pour se confor-
mer à la demande que le pape en avait
faite à tous les évêques ; mais il lui témoi-
gna en même temps ses alarmes sur les
suites de cette mesure. Il aurait désiré
que les anciens évêques eussent été réu-
nis pour délibérer sur la démission qu'on
leur demandait. Après cette démarche, il
ne prit aucune part aux réclamations de
quelques-uns de ses collègues. Rentré en
France, il refusa, dit on, un évêché;
mais il accepta lui canouicat à Saint-
Denis, et mourut le 29 novembre 1820,
dans sa 89*^ année. Il était alors le doyen
des évoques français. Le diocèse qu'il
gouverna jusqu'au moment de la révolu-
tion lui doit la formation d'un petit sémi-
naire, la reconstruction du grand, et
plusieurs établissemens d'instruction ou
de secours. Ses aumônes répondaient à
ses revenus, qui étaient considérables :
il possédait, outre son évêché, les ab-
bayes de Saint-Mélaine , de Saint-Evroul
et de Froidmont. On a publié à Paris
une notice sur M. F. B. de Girac, évêque
de Rennes, 1821 in-S".
GIIIALDI ( Ln.io- Gkégorio ) , savant
profond dans les langues , dans la con-
naissance de l'antiquité et dans les ma-
thématiques , naquit à Ferrare le 14
juin l'i79, et mourut à Rome en 1552,
dans la misère. Il disait oixiinairement
« qu'il avait eu à combattre contre trois
» ennemis, la nature, la fortune et l'in-
» justice. » Il perdit son bien et sa biblio-
thèque, lorsque l'armée de Charles-Quint
pilla sa patrie. La goutte vint se joindre
à la pauvreté, et il en fut tellement tour-
menté dans sa vieillesse, qu'il ne pouvait
pas tourner le feuillet d'un livre. Les
écrits de ce savant ont été recueillis à
Leyde en ]■">%, 2 vol. in-fol. Les plus sou-
vent cités sont : i Syntagma de diis gen-
GIR
460
GIR
tium . livre cxrclloiit pour ce qu'il coii-
lirnl , mais qui ne renferme pas loul ce
qu'on peut faire entrer dans une mytho-
logie ; I V Histoire îles poètes grecs et la-
tins ; I celle des pottcs de son temps. Ces
deux ouvrages sont moins consultés que
son Histoire des dieux des Gentils ; | Pro-
çi/mnasmata adversàs litteras et littera-
tos . où l'on trouve le germe des idées
que J. J. Rousseau a depuis développées
sur les mauvais effets des lettres et des
•ciences ( voyez ROUSSEAU Jea^t- Ja«>
QLES. et FRÉDÉRIC-GUILLAUME I", roi
de Prusse ). Mais si Giraldi a osé écrire
contre les lettrés de son temps , la plupart
sages et réservés , qu'eùt-il dit de cette
nuée de gens de lettres qui couvre au-
jourd'hui la surface du globe, et ronge,
comme les sauterelles d'Egypte, tout ce
qui relient encore quelque apparence de
verdure ?
GIRALDI- CYXTIO ( Jean-Baptiste ),
né à Ferrare d'une famille noble , en 1504,
tint un rang distingué parmi les poètes et
les littérateurs de son temps. Il mourut
en 1573 , à 69 ans. On a de cet auteur :
I neuf tragédies J dont la meilleure est
VOrbèche ^ qui fut mise au même rang
que la Sophonisba de Trissino, VOreste
de Ruccellai et la Canace de Sperai. On
distingue aussi sa Didon et sa Cléopâtre.
I Un poème en 16 chants, intitulé l'Ercole.
imprimé à Modène en 1557, in-i" ; | un
recueil de 100 nouvelles, sous ce titre :
Hecatommili nel Montegale ^ oppressa
Lionardo Torrentino^ 1565, en 2 vol. in-
8° : c'est le plus connu de ses ouvrages,
dont nous avons indiqué les principaux.
Ces écrits sont en italien. Il a donné en
latin des poésies et V/iistoire d'jindré
Doria. Lcyde, 1696, 2 vol. in-fol.
GlilVLDL'.S. f'oyezGIRAUD.
GIR/VRD (Albert), habile géomètre
hollandais , publia, vers l'an 1629, un livre
intitulé Invention nouvelle en algèbre.
II y traite des racines négalises , ou affec-
tées du signe moins; et montre que dans
certaines équations cubiques, ou du ô''
degré, il y a toujours trois racines, ou
deux positives et une négative, ou deux
négatives et une positive. Girard entre-
voyait d'autres résultats de ce genre,
que Descartes développa peu de temps
oprès.
GIRARD ( Guillaume ), archidiacre
d'Angouléme, avait été secrétaire du duc
d'Epernon. Après la mort de ce duc , il
donna des mémoires pour sa vie , en 4
vol. in-12. Il nous y apprend beaucoup
de particularités inl«'rcs»anlc9. Sur l.i fin
de SOS jours, cet auteur se livra entière-
ment à la piété et ne s'occupa plu» que
d'objets religieux. Ce fut alors qu'il entre-
prit la traduction des œuvres du pieux
Louis de Grenade. Elle parut sur la lin du
17* siècle, en 10 vol. iu-S", ou 2 vol. in-
fol. C'est la plus exacte que nous ayons
mais nous pourrions en avoir une plut
élégante. Quelques biographes pensent
qu'il na traduit que la Guide du pécheur.
le meilleur des ouvrages de Grenade,
réimpriujé en 1817 en 2 vol. in-12, et que
les autres écrits de ce pieux dominicain
ont été traduits par un prêtre de l'Ora-
toire qui a gardé l'anonyme. Girard mou>
rut en 16G3, dans un âge très avancé.
GIRARD DE VILLi:TIIIERRI(jEA:«),
prêtre de Paris, mort dans sa patrie en
1709, à 68 ans, enrichit l'Eglise d'un
grand nombre de livres de piété. Ses
traités recueillis pourraient composer un
corps de morale- pratique pour toutes les
conditions et tous les états. Il appuie ce
qu'il dit, par les principes de la raison,
par l'Ecriture sainte , par les Pères et par
les conciles. Ses principaux ouvrages
sont : j Le véritable pénitent ; \ IjC Che-
min du ciel; \ La Vie des vierges ; \ celle
des gens mariés, des veuves, des reli-
gieuses . des riches et des pauvres ; \ La
fie des saints ; \ La vie des clercs ; \ un
Traité de la vocation ; | Le chrétien
étranger sur la terre ; \ un Traité de la
flatterie; \ un autre de la Médisance ;
I La Vie de Jésus-Christ dans l' Eucha-
ristie ; \ Le chrétien dans la tribulation ;
I un Traité des églises et des tetnples;
I un autre du respect qui leur est dû;
I La Vie de saint Jean de Dieu ; \ un
Traité des vertus théologales ; \ enfin la
Vie des Justes. Ces différens ouvrages
sont chacun en un ou 2 vol. in-12 ; on les
a souvent réimprimés ; il serait à souliai-
tcr qu'ils fussent écrits avec plus de pureté
et de précision.
GIRARD ( Jk.k's Baptiste), jésuite,
ne à Dole vers 1680, se lit un nom dans
son ordre par ses talens. Après avoir pro-
fessé les humanités et la philosophie, il
se consacra à la prédication et à la direc-
tion; et il exerçait ces emplois avec au-
tant d'assiduité que de succès. Un nombre
inllni de femmes du monde furent mi^os
par lui dans le chemin du salut. Plusieurs
lilles entrèrent dans le rluitre à sa per-
suasion, et en furent l'exemple. Il fut en-
\oyé d'Aix à Toulon en 17'i8, pour être
directeur du âÀminAire ruyai de la mai ine.
^ 40
GIR
Parmi les pénitentes qui vmrenc à lui , il
se trouva Marie-Catherine Cadière , lille
de 18 à 20 ans , née avec un cœur sen-
sible , et entêtée de la passion de faire
parler de ses vertus. La pénilenle , échauf-
fée par le plaisir d'avoir un directeur qui
la prônait partout , voulut avoir une ré-
l)utation encore plus étendue. Elle pré-
jendit avoir des extases et des visions.
Son directeur parut d'abord y ajouter
quelque croyance; mais sentant qu'il y
avait quelque chose d'outré dans la con-
duite de sa pénitente , il chercha à s'en
débarrasser. La Cadière, piquée contre
lui , choisit un autre directeur. Elle s'a-
dressa à un carme , fameux janséniste , et
connu par sa liaine contre les jésuites. Il
engagea sa pénitente à faire une déposi-
tion , dans laquelle elle déclara que le Père
Girard , après avoir abusé d'elîe , lui avait
fait perdre son fruit; et comme par cette
déclaration elle aurait été aussi coupable
que lui, elle l'accusa d'enchantement et
de sortilège. Cette misérable étala sa honte
aux yeux de l'univers, pour l'unique
plaisir de la vengeance. L'affaire fut
portée au parlement d'Aix , et elle mit la
combustion dans les familles. Enfin, après
des cabales, des querelles, des satires,
des chansons et des injures sans nombre,
le parlement déchargea le Père Girard
des accusations intentées contre lui, et la
Cadière fut condamnée aux dépens. Cet
arrêt fut prononcé le iO octobre 1751.
Peut-être ceux qui se sont étonnés que le
Parlement ne jugea point avec plus de ri-
gueur , ne connaissent pas assez les cir-
constances où ce tribunal se trouvait , ni
le dangereux fanatisme du parti qui s'é-
tait déclaré pour la prétendue dévote. On
assure d'ailleurs que le résultat des inter-
rogatoires qu'elle a subis , prouve plus de
folie que de méchanceté , plus de docilité
à des impulsions étrangères que de ma-
lice personnelle. Après que le procès fut
terminé , le Père Girard fut envoyé par
ses supérieurs à Dole. Il y fut recteur , et
V mourut le h. juillet 1753 , avec la répu-
tation d'un homme zélé et vertueux ; mais
pas toujours assez, circonspect. La fureur
d'écrire est telle en France qu'on a formé
6 vol. in -12 des pièces de ce smgulier
procès.
GIPiARD ( Gabriel ) , aumônier de la
duchesse de Berry , ilUe du régent , et in-
terprète du roi pour les langues escla-
vonne et rasse , naquit à Clermont en
Auvergne, et mérita une place à l'aca-
démie française par quelques ouvrages de
470 GIR
grammaire qui respirent la philosophlç :
I Synonymes français , leurs différentes
significations ^ et le choix qu'il en faut
faire pour parler avec justesse ^ in-12. Ce
livre , plein de goût , de finesse et de pré-
cision , subsistera autant que la langue,
et servira même à la faire subsister. Le
but de l'auteur est de prouver que pres-
que tous les mots , qu'on regarde comme
parfaitement synonymes dans notre lan-
gue , diffèrent réellement dans leur signi-
fication, à peu près comme une même
couleur paraît sous diverses nuances. Ce
grammairien philosophe saisit admira-
blement ces différences imperceptibles,
et les fait sentir à son lecteur, en rendant
ce qu'il aperçoit et ce qu'il sent , par des
termes propres et clairs. Le choix des
exemples est excellent, à quelques-uns
près, qu'il aurait pu se dispenser de
prendre dans des matières de galanterie.
Les autres présentent presque toujours
des pensées fines et délicates, des maxi-
mes judicieuses , et des avis importans
pour la conduite. Beauzée a donné en
1769 une nouvelle édition de cet ouvrage,
augmenté d'un volume, et de quelques
articles posthumes de l'abbé Girard.
L'abbé Roubaud a effacé en quelque sorte
cet ouvrage par les Nouveaux Synonymes
français , Paris , 1786 , k vol. in- 8". Mais
il cok /ient lui-même que l'abbé Girard a
le mérite d'avoir le premier ouvert les
yeux à la nation, sur la richesse que la
langue acquerrait par la seule explica-
tion des synonymes, qui sans une diffé-
rence nette et précise , la surchargent de
mots en l'apauvrissant d'idées. L'ouvrage
de l'abbé Roubaud n'est d'ailleurs pas à
l'abri de la critique. On y trouve quel-
quefois une métaphysique de langage, des
idées exotiques et romanesques , qui sem-
blent tenir à la secte des économistes à
laquelle il était agrégé. Les Synonymes
de Girard ont été réimprimés plusieurs
fois avec un extrait de ceux de Roubaud,
sous ce titre : Synonymes français avec
leurs différentes significations, publiés
par Girard, Beauzée, Roubaud, et au-
tres écrivains célèbres, et classés par
ordre alphabétique, 2 gros vol, in-12,
Paris, 1806. Cette édition a fait tomber
les Synomjmes de l'abbé Roubaud. M.
Guizot a publié un Nouveau dictionnaire
universel des synonymes, augmenté d'une
grande quantité de synonymes nouveaux,
Paris 4809 , 2 parties in-8". | Une gram-
maire sous le titre de Principes de la
langue française , 2 vol. in-12, 1747, in-
Gin i^
fi rieure aux Synrmyvirs . «m munis j><)»ir
la forme; mais qui offre d'cxrdU'nU's
choses, et moitié, suivaul son tilrc, les
vrais principes de la langue. I/iyulcur
subtilise trop sur la théorie du lutipagc
et ne dierchc pas assez, à en exposer clai-
rcnient et nettement la prali(iuc. L'abhé
Girard mourut en 1748, à 70 ans. C'était
un homme d'un esprit fin, et versé dans
la lecture dos bons écrivains.
r.IRARD (GiLi.Es), curé d'Herman-
ville , près Cacn , né à Oimpsour, dans le
diocèse de Coulances, a été un des meil-
leurs poètes latins de son temps. Il avait
perfectionné son talent dans l'irniversilé
de Caen, où il professa les humanités. Il
réussit surtout dans Iode alcaïque , et ne
le cède en ce ijenre à aucun poète mo-
derne. Nous avons de lui un nombre
assez considérable de poésies lyriques.
dont la plupart ont été counmnées aux
Talinods de Rouen , et imprimées sépa-
rément. L'auteur mourut en 176îi , â{jé de
CO ans.
GiU.VRD ( N. ), ancien curé de Saint-
Loup au 18* siècle , s'est fait connaître par
un livre intitulé ; Les petits prônes, ou
Instructions familières , principalement
pour les peuples de la campagne , Lyon ,
1766, 8 vol. iii-l'J, qui se relient en 4,
estimés et recherchés , quoiqu'il ait paru
depuis un {jrand nombre d'ouvrages dans
le même genre. Ils ont été traduits en
latin sous ce titre : Concioncs in doniini-
cas et festa, usui parochorum, Aujjs-
bourg, 1706, i vol. in-8".
• GIRARD ( l'abbé ), ecclésiastique
distingué, naquit à Joux, village près de
Tontarlier en Franche-Comlé , vers 1752,
vint à Paris, lit ses études au collège de
Louis le Grand , el emporta le prix d'hon-
neur. Son application et sa bonne con-
duite lui gagnèrent lu bienveillance de
M. de Cicé, alors évéque de Rodei, qui,
après que l'abbé Girard eut pris les or-
dres, l'emmena dans cette ville et le
nomma professeur de rhétorique. Ce pré-
lat, ayant fondé un collège dans sa ville
épiscopale , en confia la direction à l'abbé
Girard, sous lequel se formèrent des su-
jets distingués, entre autres M. Fraynsi-
nous , évéque d'Hcrmopolis. Cet établis-
ment avait obtenu une réputation méri-
tée; l'abbé Girard s'y distingua par un
lèle actif, une sage fermeté, une jnété
exemplaire el une indulgence paternelle.
La révolution arriva, et l'abbé Ginird,
n'ayant pas voulu ju» ter le serment à la
Constitution civile du (ler^jc, resta caché
71 îili;
en Fraiirc rhc/, iin iim i
en secret, porter à ipi'
secours spiritueU. Lrh.ii _ _ ^
tion, il sortit de sa retraite, dans des
tenjps plus calmes, et fut choisi pour v
directeur du collège de Figeac; mais il
avait laissé de trop beatix souvenir» h
Rode/. ; le» vœux de tons les habilans Ir
rappelèrent, et il reprit la direction du
collège de cette ville . en y apportant les
mêmes vcrtas et les mêmes linnières qni
l'avaient distingué auparavant. Quan<i
l'université fut réorganisée, on érigea er:
lycée le collège de Rodez. , et l'abbé (iirard
en fut nommé proviseur. Pendant près de
cinquante ans, il dirigea une nombreuse
jeunesse , qui reçut de lui les bienfaits de
l'éducation fondée sur les principes chré-
tiens. L'élite des habitans de ce pays le con-
sidérait comme le second père de leurs
enfans, et avait pour lui un respect et
une affection sans bornes. L'abbé Girard,
regretté de tout le monde, et plus parti-
culièrement encore de ses élèves et des
pères de famille, est mort le 23 avril
18122, à l'âge d'environ 70 ans. On a (je
lui : Préceptes de rhétorique , tirés des
meilleurs auteurs anciens et modernes.
Rodez , 1787 , in-12 ; 9' édition , ibid. 1827,
in- 12. Cet ouvrage, devenu classique
dans presque tous les collèges de France,
est fait avec beaucoup d'ordre et de mé-
thode.
• GIRARD (François-Narcisse), pro-
fesseur à l'école vétérinaire d'Alforl.
membre de l'académie royale de méde-
cine, né à Paris le 29 mars 1796 , surcéda
en 1821 à son père dans la place de pro-
fesseur d'anatomie et de physiologie à Té*
cole d'Alforl , que ce dernier avait occu-
pée avec distinction pendant 24 ans. Mais
11 n'obtint cette chaire qu'à l'issue d'un
brillant concours. Girard pratiqua les
théories qu'il avait si long-temps médi-
tées , et attira à se» cour», par la variété et
l'étendue de ses connaissances , et par son
élocution agréable et facile, un auditoire
aussi nombreux que distingué. Girard,
reçu en 1822 , à l'académie royale de mé-
decine, mourut à Paris le 22 L>ctobrc 1823.
11 avait publié un ouvrage intitulé :
Existe-t-it en médecine vétérinaire deê
exemples bien constatés de fùvrr.s essen^
tiellcs? Paris , 1814, in-S". «n trouve dans
les Archives tnédicales un excellent Mé^
moire sur les aponévrotrt nMnmin/ttes ,
une (. " " ■;-
vcUf
tfeait d ^ _. .- J,
GIR
472
GIR
vétérinaire^ annexé à la Nouvelle biblio-
thèque médicale^ et fit aussi insérer
quelques articles importans dans le Bul-
letin universel des sciences. Depuis plu-
sieurs années, Girard travaillait à une
Physiologie et à un Traité élémentaire
i'anatomie générale : les matériaux de
.es deux ouvrages étaient prêts quand il
ut enlevé par une mort prématurée.
GIRARD du HAILLiVN. Voyez HAIL-
'GIRARDET (Jean), peintre, né à
.unéville le 13 décembre 1709, et mort à
<îancy le 28 septembre 1778 , fit ses élu-
les de dessin sous Claude-Charles, pro-
cesseur distingué de Nancy; il se perfec-
tionna en Italie par l'élude des chefs-
d'œuvre des grands maîtres , et revint
enrichir sa patrie de plusieurs tableaux
estimés. Le roi Stanislas se l'attacha en le
nommant son premier peintre. On trouve
plusieurs de ses tableaux dans presque
toutes les villes de Lorraine. Sa descente
de croix ^ qu'il avait faite pour une des
églises de Nancy, passe pour son chef-
d'œuvre.
* GIRARDET (Abraham) , graveur en
taille-douce , né en 176i au Locle , canton
de Ncuchâlel, mort à Paris le 2 janvier
J825, vint en France à l'âge de 18 ans, et
travailla à Paris sous Benjamin-Alphonse
Nicolet II prit part ensuite à diverses en-
treprises , notamment à la collection du
musée publiée par Robillard, dans laquelle
on remarque sa transfiguration qui ob-
tint l'accessit au concours des prix dé-
cennaux. Ses principales gravures sont
V Enlèvement des Srt^ï/jes, d'après le Pous-
sin ; le Triomphe de Titus et de Vespa-
sien, d'après Jules Romain; une Cène ^
d'après Phil, de Champagne ; un Christ
mort^ d'après André Del Sarto; le fameux
Camée ^ dit de la Ste.'Chaj}elle _, etc. Gi-
rardet "a gravé un nombre infini de vi-
gnettes^ parmi lesquelles nous citerons
celles de YAnacréon , de M. de St. -Vic-
tor, Paris , Nicole , 1815 et 1818 , in-12 et
in-8° ; celles de V Horace^ de Didot l'aîné ;
des Fables de La Fontaine , du même.
Girardet donnait la dernière main à la
belle gravure représentant la mort du duc
de Berry , lorsqu'il a terminé sa glorieuse
carrière : cette planche a été achevée par
Pigeol. Girardet a beaucoup travaillé;
mais la passion du vin le réduisait pres-
que toujours dans un état de détresse , et
nuisait à la fois à son aisance , à sa répu-
tation et à son talent.
* GIRARDIN ( Jeax-Baptiste ) , curé
de Mailleroncour , diocèse de Besançon,
mort le 13 octobre 1785. On lui doit ; | Ré-
flexions physiques en forme de commen-
taires sur le chapitre VIII du livre des
Proverbes^ depuis le verset 22 jusqu'au
verset 31 , Paris , 1738 , ou Besançon ,
1759, in-12. Le but de l'auteur est de
prouver la bonté et la sagesse du Créateur
par l'ordre immuable de l'univers ; | L'in'
crédule désabusé par la considération de
l'univers ^ contre les spinosistes et les épi-
curiens^ Epinal , 17C6 , 2 vol. in-12 ; il dé-
montre l'existence de Dieu et prouve sa
sagesse par des raisons tirées de ses ou-
vrages ; il réfute ensuite les objections
présentées contre la Providence.
* GIRARDIN (RÉNÉ-Louis , marquis
de ) , maréchal de camp , né à Paris en
175S , descendait d'une famille noble, ori-
ginaire de Florence dont le nom était
Gherardini. A l'époque des troubles de
cette république, deux de ses membres
furent proscrits et devinrent la souche des
Fitz G<?r«W d'Irlande , et des Girardin
de Champagne ( voyez la Toscane fran-
çaise à la bibliothèque du roi). René-
Louis entra dans un régiment de cava-
lerie , et fut pat ticulièrement attaché au
roi Stanislas qui avait fixé sa résidence à
Nancy. Dans la guerre de 1760 , Girardin
servit en France , et devint maréchal de
camp. Pendant la paix , il voyagea dans
une partie de l'Europe, puis se retira
dans sa campagne d'Ermenonville, où il
s'occupa de l'art d'embellir les campa-
gnes. Il fit à ce sujet un ouvrage devenu
classique, et traduit dans toutes les lan-
gues , sous le titre de la Composition des
paysages sur le terrain^ ou Des moyens
d'embellir la nature près des habitations,
en y joignant l'utile à l'agréable ^ Paris ,
1777; k" édit. 1805, in-8°. C'est dans
cette charmante habitation qu'il reçut
Jean- Jacques Rousseau, auquel il confia
l'éducation de son fils dont il est question
dans l'article suivant. Girardin avait
adopté les principes de la révolution ; ce-
pendant il fut dénoncé dans le mois de
novembre 1795 ; plus tard il se vit dans
la nécessité de fuir d'Ermenonville. Lors-
qu'il put rentrer dans sa terre , il cher-
cha à lui rendre son premier éclat. Il y
mourut le 20 septembre 1808. Outre l'ou-
vrage déjà cité , on a de lui un discours
sur la nécessité de la ratification de la
loi par la volonté générale , Paris , 1791 ,
in-8".
* GIRARDIN ( STAxrsLAS-CÉciLE-XA-
YiER, cointe de^ , fils du précédent , né à
GIR
475
GIR
Luni'ville le iî4 janvier 1768, embrassa,
comme son père , la carrirrc des armes ,
ut obtint au bout de quelques années le
yradc de enpitaine ; il profila de la vie
oisive desgarnisons pour continuer la cul-
ture de son esprit et achever une éducation
commencée par l'auteur d'Kmiie. Imbu des
principes philosophiques de son maître, il
adopta ù l'exempledeson père, mais avec
plus de chaleur encore, les principes des
novateurs, et publia, dès le commence-
ment de la révolution , un écrit intitulé :
Lettre du vicomte d'Ermenonville à M'" ,
dans lequel il professait les opinions les
plus libérales ; il se trouvait en 17"Jl pré-
sident de l'administration du déparle-
ment de l'Oise lorsqu'il fut député à l'as-
semblée Législative , où il appuya le dé-
cret qui supprimait les litres de Sire eî
de Majesté. Peu de temps après il com-
battit la motion de faire imprimer les
noms de tous les officiers qui avaient
(luitté leur corps, en soutenant que c'é-
lait aux tyrans seuls à dresser des listes
(le proscription. Girardin vola aussi la
conservation du traitement des prêtres
(jui se mariaient , et se prononça forte-
ment pour des mesures répressives con-
tre l'émigralion : c'esl dans le même es-
prit qu'il repoussa l'ajournement du dé-
cret qui ordonnait à Monsieur de rentrer
en France dans le délai d'un mois, sous
peine d'élre déchu de la régence. Il atta-
qua ensuite les ministres eux-mêmes et
demanda leur accusation , en soutenant
que leur inertie était la cause des trou-
bles des départcmens. Il s'opposa encore
le 2 mars 1792 , à la poursuite de Marat ,
éditeur de Y.-/ mi du peuple. Cependant à
la suite d'une discussion orageuse (séance
du 30 mars I7*.)2 j au sujet du licenciement
de la garde du roi. il s'écria : « Si d'un
^ côté un prêche l'assassinat, d'un autre
» on prêche le régicide , qui ne voit qu'il
» existe deux factions ; l'une qui veut don-
» ner an roi plus d'autorité; l'autre qui
• veut détruire la royauté constilution-
» nelle. » Depuis celte époque il parut
rhanger de conduite et s'attacha au parti
conservateur. Ainsi lu6 juin ils'opposa au
|)iojet d? fédération et à la formation
d'un camp sous Paris , qu'on avait ima-
giné pour renverser le gouvernement de
Louis XVI ; ce qui le fit maltraiter par les
fédérés l'avanf-veille du 10 août, de même
que plusieurs députés qui venaient de
jurer le maintien de la monarchie con-
Slilutionnellc. Il s'en plaij;jiil vivement n
U Uibtuic , et déclara que l'assciMbsee
n'élait plu» libre. Apres la session il ren-
tra ilans la vie privée, et pour éviter la
vengeance des républicains <|ui triom-
phaient, il se lit donner une niLvsion pour
l'Angleterre, par l'entremise de Marat;
mais les dispositions hostiles du cabinet
de Saint-James envers la France l'ayant
empêché de prolonger son séjour à Lon-
dres, il revint dans sa patrie et rentra
à Paris dans la nuit du 21 janvier 171)3.
Craignant de ne pouvoir y rester ignoré,
il alla se cacher à Ermenonville, puis
à Sé/.anne où il fut découvert et mis
en arrestation avec ses frères; il mit
à profit le temps de sa détention pour
apprendre l'état de menuisier , et fut
bientôt capable de travailler pour des
chefs d'atelier de Séxarine, qui l'occupè-
rent dans sa prisf>n avec ses frères, et le
firent ainsi oublier jus<{u'au 9 thermidor
qui lui rendit la liberté. En avril 1798, Sta-
nislas Giiardin fut choisi pour remplir les
fonctions d'administrateur du déparle-
ment de l'Oise ; mais il fui destitué deux
mois après comme soupçonné de roya-
lisme. Cependant il fut appelé au tribunal
lors de sa création en 1799 et en fut nommé
président en 1802. Cette même année il
défendit la mémoire de J. J. Rousseau ,
attaquée par Carion-Nisas , et demanda,
lorsqu'il fut question de fimpression de
son discours , qu'on retranchât ce qui at-
tacjuait cet homme célèbre , en disant
qu'on ne pouvait ordonner la flétrissure
d'un écrivain que toute l'Europe révérait.
Quelque temps après , il vota pour l'éta-
blissement de la iégion-d'honneur , et en
devint commandant. Il avait aussi recou-
vré son grade à l'armée par un décret
impérial. En 1809 il devint membre du
corps législatif, et en 1812 il passa aux
fondions de préfet de la Scinc-Inférieurc.
Le 3 avril i8i/t, Girardin adhéra à la dé-
chéance de Bonaparte et au rappel des
Bijurbons , par une proclamation où l'on
remarque ces paroles. « Une grande et
■ heureuse révolution vient de sopérer.
• Après de longs malheurs , fruit de nos
• égaremens politiques, les premiers corps
• de l'état, interprètes des senlimens de
» la nation, onl rappelé au trône de Franco
• IcsdescendansdeSt.-LouiseldeHenri IV .
■ Louis-Slanislas-Xavier est rendu aux
• Français par une charte constilulion-
• nelle . également avantageuse à son au-
» gustc famille cl au peuple qu'elle e*t
» de>;v -M'.enier. C'est roli\'- '•
• b ; '.» . c'est apréa l*«r.
-iiij' •. «tu'il vient corn 11.
kO.
GIR
474
GIR
» te règne dont tout se réunit pour ga-
» ranlir la douceur et la prospérité. » Le
comte Girardiu fut maintenu dans sa
place par le gouvernement royal et nomnié
chevalier de Saint-Louis ; cependant , au
retour de Napoléon, il accepta la préfec-
ture de Seine-et-Oise à laquelle l'empe-
reur l'appela dès son arrivée à Paris. Dans
le même temps il fut nommé membre de
la chambre des représentans. A la se-
conde restauration , le roi le renvoya à la
préfecture de la Seine-Inférieure ; mais
il fut bientôt destitué comme auteur d'un
écrit injurieux à la famille royale. L'em-
pereur de Russie lui envoya la croix de
Sainl-Wladimir en récompense des soins
[u'il avait prodigués aux troupes russes ,
pendant leur séjour dans le département
de la Seine-Inférieure. En 181911 reprit ses
fonctions administratives dans le dépar-
tement de la Côte-d'Or , et fut nommé dé-
puté par le département de la Seine-Infé-
rieure ; il se plaça au côté gauche , et son
opposition constante aux mesures propo-
sées par le gouvernement , le lit desti-
tuer de nouveau par une ordonnance
du 3 avril 1820. Réélu député la même
année, il n'a cessé de figurer parmi les
membres les plus actifs de l'opposition
libérale. La mort le surprit le 27 février
•1827 , lorsque tout paraissait disposé pour
lui assurer un nouveau triomphe dans les
élections. Ses funérailles , comnie celles
de Foy et de Liancourt , attirèrent une
foule immense. On a publié après sa
mort : Discours ^ Journal et Souvenirs de
Stanislas Girardin^ Paris, 1828, 3 vol.
in-8°.
GIIIARDON ( François ) , sculpteur et
architecte , né à Troyes en Champagne ,
l'an 1630, de Nicolas Girardon , fondeur
de métaux , eut pour maitre Laurent Ma-
nière. Après s'être perfectionné sous Fran-
çois Auguier , il s'acquit une si grande ré-
putation, que Louis XIV l'envoya à Rome
pour étudier les chefs-d'œuvre anciens et
modernes , avec une pension de mille
écus. De retour en France , il orna de ses
ouvrages en marbre ou en bronze les mai-
sons royales. Après lu mort de Le Brun ,
Louis XIV lui donna la charge d'inspec-
teur-général de tous les morceaux de sculp-
ture. Les plus célèbres de ses ouvrages
sont : 1 le superbe mausolée du cardinal
de Richelieu dansl'églisc de la Sorbonne ;
I la statue équestre de Louis XIV , où le
héros et le cheval sont d'un seul jet :
c'est son chef-d'œuvre ; | dans les jardins
de Ycisuillcs, \ Enlèvement de Proser-
pine par Pluton ^ et les groupes qui em-
bellissent les bosquets des Bains d'Apol-
lon , etc II mourut à Paris en 1713 , à 85
ans. Il avait été reçu de l'académie de
peinture en lGo7, professeur eu 1659,
recteur en 1674 , et chancelier en 1695.
Catherine du Chemin , son épouse , se lit
un nom par son talent de peindre les
fleurs. F^oyez CHEMIN (Catueriive du).
GIR/VUD ( Sylvestre ) , Giraldus . né
à Mainapir, dans le comté de Pembrock,
se distingua parmi les savans de son
temps. Après avoir professé dans l'uni-
versité de Paris et à Oxford , il devint ar-
chidiacre et chanoine de Saint-David. Il
s'occupa beaucoup des affaires d'Angle-
terre ; mais il se fit tant d'ennemis par sa
rigidité , que son élection à l'évêché de
Saint-David ne fut pas confirmée par le
pape, dont cependant il avait toujours
pris les intérêts. Il mourut vers 1200, âgé
de 75 ans. On trouve de lui plusieurs ou-
vrages dans VAnglia sacra de Warlon ,
et dans VJnglica de Cambden. Sa Des-
cription du Pays de Galles ( Canibria )
a été imprimée séparément à Londres,
1585, in-8*'.
* OIRAUD ( Jean-Baptiste ) , prêtre
de l'Oratoire, né à Troyes en 1701, pro-
fessa les humanités, la rhétorique et la
philosophie dans diverses maisons de son
ordre, cultiva la poésie latine, et tradui-
sit dans la langue de Phèdre les fables de
La Fontaine ^ Rouen , 1765 , in-12 , nou-
velle édition, 1773, 2 vol. in-8'', avec le
français en regard , ou 2 vol. in-12 , sans
le français. Cette traduction est estimée.
Son éloge a été prononcé en 1777 * l'aca-
démie de Rouen par Haillet de Couronne,
secrétaire perpétuel.
*G1RAUD ( Pierre- François-Félix-
JosEPii ) , littérateur , né le 20 septembre
1764 à Bacqueville ( Seine -Inférieure ) ,
mort à Paris le 26 février 1821 , fut em-
ployé dès sa jeunesse dans l'instruction
publique, puis devint chef du bureau
des journaux à la préfecture de police.
Giraud a contribué à la rédaction de di-
verses feuilles périodiques. On a de lui un
assez grand nombre d'ouvrages dont on
peut voir la liste dans V Annuaire nécro^
logique de Mahul , 2' année , page 1978.
Nous citerons les suivans : | Mémoire
sur la colonie de la Guyane française^
1804 , in-8'* ; | Jristippe , opéra , joué
avec succès sur le théâtre de l'acadé-
mie royale de musique ; ] Campagne de
Paris en 1814, avec cartes, in-4'', (sept
édilioas); \ Prcci: des jour)iécs de^ 15,
GIR
47S
GIR
46, 17 et 18 juin 1815, ou Fin tlv la vie
politique de yapoléon Hona parte , Paris,
1815, in-S**; | Hcautés de l'histoire d I-
talie . ou Jbrcgé des annales italiennes ,
avec le tableau des mœurs . des scien-
ces > etc.. depuis l'invasion des barbares
jusqu'à nos jours. 1816, 2 vol. in-12.
Celle compilation, rédigée avec soin,
peut être placée plinni les bons livres élé-
mentaires. I Beautés de l'histoire germa-
nique. in-12; | Beautés de l'histoire de
l'Inde . avec un Précis historique de la
vie d'Hydcr-Jli-Khan . etc. , 1821 , 2 vol.
in-12; | Précis historique de tous les évé-
nemens qui se sont succédé depuis la
convocation des notables jusqu'au réta-
blissement de Louis Xf III sur le trône .
<822 , in-12 ; | Traité des vers à soie . in-12.
II a travaillé aux Tables du Moniteur . 7
vol. in-4°, et à la Biographie universelle.
•GIR.VIDE VIT (PuRBE}, de Montpellier,
négociant à Marseille, est auteur des ou-
vrages suivans : 1 La banque rendue facile
aux principales nations de l'Europe. 1756,
iii-4**,très souvent réimprimée. La der-
nière édition , dégagée de plusieurs for-
mules , que le temps a mises hors d'u-
sage , a été considérablement augmentée
et imprimée à Lyon en 1749 , iii-4". | Le
flambeau des comptoirs, contenant toutes
les écritures et les opérations du com-
merce. Marseille, 176i et 1797, in-i°;
I L'art de tenir les livres en partie dou-
ble . in-i°.
GIRAIÎDEAU ( BuxAVEXTURE ), jé-
suite, né à Saint-Vincent sur Jard en
Poitou, mourut en 1774, âgé de 77 ans,
après avoir donné : | une Méthode pour
apprendre la langue grecque . 1751 et
suivantes, y parties in-12; \ Praxis lin-
guœ sacras. 1757, in-4'' ; ouvrage très es-
timé , quoiqu'il y ait quelques vues hy-
pothétiques, n prétend , comme Masclef
( voyez ce mot ) , lire l'hébreu sans les
points massorétiques ; mais avec cette
différence , que partout où il manque une
▼oyelle , il y place la lettre O, au lieu que
Masclef y met la première voyelle qui se
trouve dans le nom de la consonne qui
précède : système qui d'abord parait ar-
bitraire, mais que l'auteur semble avoir
puisé dans la lecture cl l'étude des an-
ciennes versions. Il y a cependant des cas
où il en parait résulter des sens incom-
modes et difficiles. | Les Paraboles du
Père Bonaventure . petit in-12 , rempli de
moralités bien déduites, ingénieusement
et sagement adaptées à l'éducation dn la
jeunesse; | V Evangile médité^ ouvrage
digne de son titre , dont un a fait plusicurl
éditions in-12 et en 8 vol. par les soin*
de M. Du<iuesne , vicairc-genéral de Soi»-
sons, à qui le manuscrit avait élé confié
par feu M. de Beaumont , urrhevéque do
Paris. Il y a des passages plein» d éU>-
quence et de feu. Le style en est pur,
coulant, naturel; la manière grande et
noble ; les idées vastes , les réflexions pro-
fondes. C'est la philosophie de l'Kvangile.
Le vrai chrétien , et surtout le chrétien
instruit, y trouve de quoi nourrir substan-
tiellement sa pensée et son cœur. « Tout y
> est digne du Fils de Dieu, dit un prolestant
» (M. Nallat , recteur de l'église de Saint-
» Pierre en l'île de Guernesey ), toul y ré-
» pond à la sublimité de sa doctrine et a
» l'excellence de ses saints préceptes. Les
p réflexions touchent et persuadent, tant
■ par leur solidité, leur beauté, que par
» la manière de les exposer, qui est digne
«d'elles. Tout y est mélhjHlique, lié,
» simple, instructif , et surtout onctueux.*
( Lettre de M. Nallat à l'abbé Duquesne,
en date du 14 avril 1777. )
* GIRAULT ( Clalde-Xavier ), anti-
quaire, né à Auxonnc le 13 avril 1764, était
ûls d'un médecin , qui a laissé quelques
ouvrages estimés sur son art , et notam-
ment des Observations sur les fièvres in-
termittentes . et sur les maladies qui ré-
gnaicnt dans l'hôpital civil qu'il dirigeait.
Le jeune Giraull se voua à la magistra-
ture, et fut reçu avocat au parlement de
Dijon en 1783. Il fut pourvu quelques an-
nées après d'un office de conseiller au-
diteur à la chambre des comptes de
Bourgogne et de Bresse, et employa les
loisirs que lui laissait sa place , à des re-
cherches sur les antiquités de sa province.
Ses travaux ne demeurèrent pas sans ré-
compense ; les académies de Dijon et de
Besançon l'admirent dans leur sein. Re-
lire à Auxonne pendant nos troubles po-'
litiques, il resta sans emploi jusqu'en
1801 , époque à laquelle il fut nommé
maire de cette ville. Après en avoir exercé
le!> fonctions pendant quatre ans, Girault
devint conservateur du la bibliollièque
publique qu'il venait de fonder. V.n 1807,
il revint à Dijon, fut avi>cat consultant jus-
qu'en 1821 , et obtint la place de juge de
I>aix dans cette ville, où il est mort le S
novembre 1823. M. C. N. Amanlon a donné
dans les n°* 89-93 du Journal de ta Côt*-
dur, 1823, une notice intéressante et
complète sur la Tie «t le* écrits de Claude-
Xa^icr Girault, avec la li^tc de 63 ou-
vragc^i de cet auteur, qu'il divise cd
GIR
476
GIU
trois séries , temps anciens , moyen âge ,
et temps modernes : cette notice a été
réimprimée à part en 1823 , in-8°. Nous ci-
terons : 1 Notice historique sur les aïeux de
Tacqiies-Bénigne-Bossuet ^ Dijon, 1808,
in-8'' ; [ Dissertation historique et critique
sur le lieu où la croix 77iiraculeuse apparut
à Constantin et à son armée ,1810, in-8° ;
\ Essais historiques et topographique s sur
Dijon^ Dijon, 1814 , in-12 ; 1 Détails histo-
riques et statistiques sur le département
de la Côte-d'Or. etc., Dijon , 1818 , in-12 ;
I Détails historiques sur les ancêtres ^ le
lieu de naissance ^ les possessions et les
descendans de m.adame de Sévigné ^
Paris , 1814 , in-8° ; 2*= édition , 1819 , in-12 ;
I Notice des objets d'antiquités décou-
verts dans le département de la Côte-
d'Or, 1821, in-8° ; | Particularités inédites
ou peu connues sur la Monnaie^ Crébillon
et Piron ^ 1822 , in-8°; | Combat de Fon-
taine-Française , soutenu par Henri IV
en personne , et qui mit fin aux t?'oubles
de la ligue, Dijon , 1822 , in-8° ; | Archéo-
logie de la Côte-d'Or, Dijon, 1823 , in-8°;
I Lettres inédites de Buffon, J.-J, Rous-
seauj Voltaire, Piron , De Lalande , Lar-
cher, et autres personnages célèbres, etc.,
avec notes et fac-similé de leurs écritures,
Dijon, in-8°; | Annuaires historiques et
statistiques de la Côte - d'Or , années
1820 à 1824, Dijon, 5 vol. in-12 , etc. Les
ouvrages de Girault se retrouvent en
partie dans le Magasin encyclopédique ,
dans l'Annuaire, le Journal de la Côte-
d'Or, et dans les Mémoi?'es de diverses
sociétés savantes dont il était membre.
' GIRAULT-DUVIVIER (C.-P.),
grammairien et lexicographe distingué.
Cl composé la Grammaire des Grammai-
res , 2 vol. in-8°, qui est l'analyse raison-
née des meilleurs ouvrages sur la langue
française : ce livre a été approuvé par
l'institut qui en a ordonné la distribution à
chacun de ses membres. Le conseil de
l'université l'a également approuvé , et
plusieurs éditions successivement épuisées
prouvent qpie le public avait ratifié ces
jugemens. La première édition a paru en
1811 et la 6" a été publiée en 1827. Girault-
Duvivier a donné dans le mois de mai
181S , un Traité des participes, destiné à
servir de complément à sa grammaire ,
k"" édition , 1817 , in-8°. Il est mort dans
le mois de mai 1832.
* GIROD (Piekre-Fuançois-Xavier),
médecin , né en 1733 à Migaovillard, près
de Salins, s'est rendu recommandable par
son atk pour la propagation de l'inocula-
tion en Franche-Comté. Il fut nonnné
en 1763 médecin en chef des épidémies
de cette province , et mourut en 1783.
victime de son dévouement pendant la
maladie meurtrière qui s'était déclarée
cette année à Chatenoy. Il était membre
de la société royale de médecine. On
trouve dans les Recueil^ de cette académie
plusieurs mémoires de Girod sur la nature
et le traitement des maladies épidémiques.
Vicq-d'Azir a écrit son éloge qui se trouve
aussi dans ces recueils.
* GIROD (Joseph), chanoine de Saint-
Claude (Jura), mort dans cette ville à
l'âge de 65 ans , le 23 janvier 1853 , était
vicaire à Gex, lorsque le refus qu'il fit du
serment imposé au clergé en 1791 , l'obli-
gea de quitter la France. Nommé après le
concordat de 1801 , directeur du collège
de Saint-Claude , il professa ensuite les
belles-lettres dans une maison d'éducation
de Grenoble , où plus tard il dirigea lui-
même une institution du même genre.
L'abbé Girod fut nommé le 4 janvier 1811
principal du collège de Saint-Etienne, et
c'est à celte époque qu'il publia un Ma-
nuel des humanistes ou Principes de l'é-
légance latine. Il vint plus tard à Paris ,
où il devint vicaire de Notre-Dame ; il
convertit et baptisa plusieurs juifs et pro-
nonça, en 1826, à Orléans , l'éloge annuel
de Jeanne d'Arc. Girod avait été fait en
1824 chanoine honoraire d'Avignon, puis
en 1826, par Charles X, chanoine de Sainl-
Claude, par droit de joyeux avènement ,
et il passa ses derniers jours dans celle
ville, à l'hôpital de laquelle il a laissé par
son testament près de la moitié de sa for-
tune.
* GIRODET-TRIOSON ( Af«:vE-Louis ) ,
un des plus grands peintres de l'écoie
moderne , et élève de David qui l'appelait
son plus bel ouvrage , naquit à Montargis
en 1767. Il perdit de bonne heure son
père qui était directeur des domaines du
duc d'Orléans , et fut confié aux soins de
M. Trioson qui, venant de perdre un fils
unique, plaça sur lui toutes ses affections ;
Girodet par reconnaissance ajouta à son
nom celui de son bienfaiteur. A 13 ans il
fît le portrait de son père ; cependant il eut
à combattre les intentions de ses parens
qui le destinaient à la carriè/-e militaire ;
mais enfin son penchant l'emporta , et il
obtint la permission d'entrer dans l'école
de David. Girodet obtint à 22 ans le grand
prix, et se rendit à Rome comme pension-
naire. Les événemens qui avaient boule-
versé la France, et qui commençaient à agi
GIR hl
1er le roslo de l'Europe, l'oMij;» ronl liii'n-
tot de quitter Rome ; il voulut repondant
visiter Noples et Gènes, ei tontlm malade
daiis celle dernière ville, où Gros, son an-
cien camarade, alors officier d'élat-mojor,
cl depuis son émule cl son dinne pa-
négyriste, lui prodiijuu les soins les plus
iMupressés. De retour en France il resta
plusieurs années sansoffriraux rcgardsdu
public d'autres ouvrages que des portraits,
dans lesquels il montrait toute la puis-
sance de son talent ; mais il travaillait en
silence , et c'est de cette époque que date
une partie de ses admirables composi-
tions. Il ne commença à se faire bien
connaître qu'en 1799, par un tableau sati-
rique représentant une actrice , Made-
moiselle Lange, qui lui avait demandé son
portrait, et qui avait ensuite refusé de le
recevoir sous prétexte qu'il n'était pas
ressemblant. Le peintre , par vengeance,
la peignit en Danac ; mais au lieu dune
pluie d'or, il figura une pluie de pièces de
cinq francs et de monnaie de cuivre; cet
ouvrage ne fut exposé que 24 heures ,
mais c'était plus qu'il n'en fallait pour
faire beaucoup de bruit. Girodet donna
ensuite plusieurs tableaux qui augmen-
tèrent sa réputation. Louis XVIII le nom-
ma membre du conseil d'artistes et d'a-
mateurs , qu'il établit près du ministère
de sa maison , et le créa chevalier de St-
Michel au mois de janvier 1817. Comme
membre de l'institut , le 3 mai suivant ,
cpo«(ue de l'aniversaire de l'entrée du
roi dans Paris, Girodet lut dans la séance
solennelle qui eut lieu un Discours sur
l'originalité des arts du dessin ; cet écrit
n'est pas le seul qui soit sorti de sa plume.
Il avait composé un Poème sur les délices
de la ]>einture . une Traduction d Ana-
créon. et d'autres ouvrages qui sont res-
lés inédits. Ses tableaux , qui ne sont pas
aussi nombreux que ceux de plusieurs
autres peintres , sont presque tous des
chefs-d'œuvre. Celui du Sommeil d'En-
dymion, le premier qu'il lit à Rome, elle
tableau d' Hippocratc refusant les pré sens
SArtaxerxès qu'il donna ensuite, et qui
lui fut dicté par la reconnaissance, le pla-
cèrent au rang des premiers peintres.
Il créa le Déluge, et ses rivaux éton-
nés furent contraints de reconnaître dans
cette admirable composition le chef-
d'œuvre d«^ l'école franraise. En cette
occasion il eut la gloire de vaincre son
maître ; lorsqti'il fut question des prix dé-
ceni:aux , \e Déluge l'emporta sur les 5a-
biiics. Voici le rapport qu'eu Ut le jury.
7 Gin
« <>c(li" striit; si touchante et si UrrmK-,
» en offrant à nos regards ce que la crainte
* cl le danger extrême ont do plus ef-
» frayant, ne présente quo des mouvemcn»
B nobles , et ce que la oelle nature nue
» offre de plus pur. La réunion dts diffr-
0 rens âges et des sexes différons ajouta
> encore à la beauté du tableau, par d'heu-
» reuscs oppositions rendues avec autant
» de grâce que de force , et qui décèlent
» dans l'art isle une connaissance appro-
» fondie de la nature et de ce qui consti-
» tue le beau. Le pinceau do M. Girodet,
> toujours précieux , est dans ce tableau
» aussi vigoureux que brillant ; la cou-
» leur et l'effet y sont également portés à
» un très haut degré. Enfin on peut regar-
» der cet ouvrage comme un des plus
» beaux de notre école . sous les rapports
» de l'expression, de la science du dessin,
» et sous celui de l'exécution. » Girodet
qui dans ce tableau avait montré toift ce
que son pinceau avait d'énergique , voulut
dans Alala faire voir tout ce qu'il avait
de pur et de touchant, et dans une seule
et même composition il sut rendre avec
une égale vérité la piété angélique d'une
jeune vierge , la sombre douceur d'un
sauvage et la résignât ion sublime du prêtre
chrétien. Son tableau ù'Ossian n'eut pas
autant de succès que les précédons ; il s'é-
tait peut-être trop abandonné à toute la
verve de son génie et à la fougue de son
imagination-, on trouva la composition
trop compliquée ; mais jamais peut-être ce
peintre n'étala avec plus de luxe la vigueur
et la richesse de son pinceau ; on ne peut
s'empêcher d'y admirer le contraste dans
les physionomies, l'audace dans les expres-
sions , la variété dans les caractères et la
fierté du dessin. Ossicui avec son nom-
breux cortège parait transporté tout vi-
vant sur la toile. On pourrait citer encore
la Ré\foUe du Caire . tableau que Bona-
parte lui commanda et qui fut exécuté
avec une chaleur, tme verve et un élan
inexprimable, et où l'on trouve à travers
quelques défauts des beautés du premier
ordre. Galathée qui est le dernier effort
de son génie, mérite encore d'être placée
parmi ses chefs-d'œuvre , quoiqu'elle ait
essuyé quelques critiques. Cette produc-
tion se fait particulièrement remarquer
par la pureté des contours et la perfec-
tion du dessin. Girodet réus»iMait «omI
très bien dans le portrait. Il a emécolé et
envoyé au salon, les portraits en pied dM
vendéens Cathclineau et BoddHuap . OÙ
l'on rccotmai» les traces de loo (eoie.
GÏR hl
rpioique sa main fût déjà affaiblie par la
maladie qui le traînait au tombeau; on cite
encore celui d'un noir, député à la Conven-
tion. Plusieurs de ses tableaux ont été gra-
vés. Girodetest mort au bout de quelques
jours de maladie le 9 décembre 1824, après
avoir reçu les sacremens de l'Eglise. Le
roi, juste appréciateur du talent , a voulu
que les insignes d'officier de la légion-
d'honneur qu'il lui destinait, fussent dépo-
sés sur sa tombe, et ce fut M. de Chateau-
briand, qui à la demande du président de
l'académie des beaux-arts, les attacha sur
son cercueil. La vente de son atelier a
attiré un grand concours d'amateurs elles
moindres productions échappées à son
crayon ou à son pinceau ont été vendues
à un prix très élevé. Plusieurs écrits en
vers et en prose ont été publiés sur lui
à l'époque de sa mort. Nous citerons : Sur
Girodet^ par madame la princesse Con-
stance de Salm ; Notice nécrologique sur
Girodet par M. P. A. Coupin, Paris, 1823,
in-8° ; on a également publié : Catalogue
destahleauX:, esquisse s ^dessins et croquis
(le M. Girodet-Trioson ^ rédigé par M.
Pérignon son élève , Paris , 1823 , in-8° ;
les Amours des dieux ^ recueil des com-
positions dessinées par Girodet ^ et litho-
graphiées par ses élèves avec un texte
explicatif, par M. P. A. Coupin , Paris ,
1823-1826, h livraisons in-fol. ; Anacréon,
recueil de compositions dessinées par Gi-
rodet et gravées par M. Châtillon son
élève , avec la traduction en prose des
odes de ce poète, faite également par Gi-
rodet. Paris , 1823 et 1826 , in-4*' , 19 liai-
sons ; V Enéide , suite de scènes dessinées
au trait par Girodet, et lithographiées
par Âubry le Comte, 1823, in-fol. On at-
tribue à Girodet la critique des critiques
du salon de 1806, Paris, 1806, in-S". On a
encore de ce célèbre peintre : OEuvres
posthumes poétiques et didactiques , sui-
vies de sa correspondance; précédées
d'une notice historique et mises en ordre
par P. A. Coupin, avec gravures et litho-
graphies d'après les dessins originaux de
Girodet et un portrait, 1828, 2 vol.
grand in-8'*.
GIROX ( don Pierre ) , duc d'Ossonée,
is3u d'une famille illustre d'Espagne , fut
vice-roi de Sicile et de Naples , et prit,
dit- on, part à la conjuration contre Venise
( voyez CUEVA ). Les Napolitains ayant
porté des plaintes contre lui , le duc leur
répondit avec la fierté d'un homme qui
n'aurait rien eu à se reprocher; et ses ré-
ponses servirent presque à le justifier :
8 GIÏl
cependant, après avoir été enfermé pen-
dant trois ans , il mourut dans la prison
en 1624 , sans qu'on lui eût prononcé sg
sentence. On cite de lui plusieurs fades
plaisanteries , qu'on trouve dans tous les
insipides recueils de bons mois. Grégorio
Léti a écrit sa T^ic et l'a brodée à sa façon.
GIRO\ GiVRCIAS DE LOAYSA , ar-
chevêque de Tolède , né à Talavera en
Espagne en 1342 , fut appelé à la cour do
Philippe II, qui le fit son aumônier, lui
confia l'éducation de l'infant d'Espagne ,
son fils, et le plaça ensuite sur le siège de
Tolède. Il ne l'occupa pas long-temps, car
il mourut cinq ou six mois après, en 1399.
On dit que le chagrin qu'il conçut du peu
de considération que lui témoignait le roi
Philippe III , successeur de Philippe II,
hâta sa mort; mais cette faiblesse n'est
pas à présumer dans un homme dont le
caractère montrait delà fermeté , et n'a-
vait jamais paru asservi à l'ambition. Ce
savant prélat avait publié en 1394, in-fol.,
une nouvelle Collection des conciles d'Es-
pagne , avec des notes et des corrections.
C'était la meilleure qu'on eût avant celle
du cardinal d'Aguirre.
GIROUST ( Jacques ) , jésuite, né à
Beaufort en Anjou en 1624, mort à Paris
en 1689, à 63 ans , remplit avec beaucoup
de distinction les chaires de la province
et de la capitale. Sa manière de prêcher
était comme son âme, simple et sans fard;
mais dans cette simplicité il était ordi-
nairement si plein d'onction , qu'en éclai-
rant les esprits , il gagnait presque tou-
jours les cœurs. Le Père Bretonneau , sou
confrère, publia ses Sermons, d'abord en
3 vol. Paris , 1700; il y joignit en 1704,
2 vol. des Sermons de lavent. On y trouve
une éloquence naturelle et forte; mais il
n'est pas difficile de s'apercevoir que lo
Père Giroust s'attachait plus aux choses
qu'aux paroles, qu'il négligeait un peu
trop. Peut-être croyait-il que la simpli-
cité du style aidait beaucoup le pathé-
tique , donnait à l'éloquence un air plus
naturel et plus touchant, et produisait
l'onction. Son Avent est intitulé le Pé-
cheur sans excuse. C'était l'usage des
prédicateurs de ce temps-là, de choisir un
dessein général, auquel ils rapportaient
tous les discours de l'Avent. On a sage-
ment réformé cette coutume bizarre, qui
entraînait des répétitions fastidieuses ,
mettait des entraves au génie, et fatiguait
l'attention des auditeurs. Le PèreGirou-t
prêchait et agissait , ses mœurs étaient
di!T[ncs de ses sermons.
GIR 4
• GIIITA.WER ( CuniSTopin;), inédc-
dn, lié à SainlGall le 7 dccuiiibrc 17G0,
fut reçu docteur û l'université de Gol-
tinuue et devint const'illor privé du duc
de Saxe -Culiourg. Il lit de nombreux
voyages en Ailciua(;ao , en Suisse . en
France, en Angleterre, et mourut le 17
Diai 1800. Il a laissé plusieurs traités en
allemand sur*lu médecine, la chimie et la
]>olitique. Les principaux sont : | Traité
sur les maladies vénériennes , Gotlingue,
4788 et 179r>. 3 vol. in-8". Il a clé traduit
m italien en 4 vol. in-8", Venise, 1801.
I Traité sur les maladies et l'éducation
physique des enfans. Gottinjue, 1794, in-
8**, traduit en italien et augmenté d'un
article sur la vaccine, Gènes , 1801, 2 vol.
in-8" ; | Exposition détaillée, littéraire
et critique, du système de meiUcine-pra-
tique de Brotvn, GoU'mQuc, 1797-98, 2 vol.
in-S" ; I Exposition complète et raisonnée
du système de médecine pratique de Dar-
win, Gottingue , 1799, 2 vol. in-8'' ; j Elé-
mensde chimie antiphloyislique , Gbttin-
gue , 1792 et 1795, in-S". Il y proclama
avec une sorte d'enthousiasme les travaux
immortels des chimistes français Lavoi-
sier, Guylon , Berthollct et Fourcroy ;
mais il ne put s'empêcher d'y insérer
quelques-unes des idées bizarres que l'on
trouve dans ses autres ouvrages de mé-
decine : I Nouvelles historiques, et consi-
dérations politiques sur la révolution fran-
çaise, Berlin, 1791-97, 13 vol. in-8"; | Ta-
bleaux de la vie domestiqua, du carac-
tère et du gouvernement de Louis XVI.
1793, in-8", avec le portrait du roi ; | une
traduction allemande des viémoires du
général Dumouriez . a,\ec des notes, Got-
îiingue,i|94, 2 vol. in-8".
Gm^( Lotis ) , parisien né en 1595,
avocat au Parlement et au conseil, fut l'un
de» premiers membres de l'académie fran-
çaise. Il se lil un nom dans le monde par
sa probité et son désintéressement, et
dans la république des lettres par ses tni-
ductions. On distingue celle de | V apolo-
gétique de Tertullien , effacée par celle de
l'abbé Gourcy en 1781 ; | de V Histoire sa-
crée de Sulpice-Sévère, | de la Cité de
Dieu de saint Augustin ; | des Epitres choi-
sies de ce père ; | des Dialogues de l'ora-
teur de Cicéron, in-4°. Elles eurent
beaucoup do cours de son temps; mais
elle» sont quelquefois obscures , souvent
infidèles, et d'une diction trop négligée.
Ce traducteur mourut à Paris en 16Ca , a
70 AOft.
OIBY (FaA.<ço» ), fils du précédent, né
70 GIS
à Pari» en 1638 entra dans l'ordre des mi-
nimes, et en devint provincial. Il fut éga-
lement recuiiiinandahic pur sa piélé , son
savoir et sa iiMxleslie. Il avait une si grande
facilité à s'exprimer sur les matières do
dévotion, qu'il écrivait sans préparation.
Son plus grand ouvrage est la fie des
saints, en 2 vol. in-fol. Elle est écrite avec
onction; mais elle n'est pas eiiticreraeiit
purgée de fables. Il est à croire que le«
fies des 5ai/UjiJraduites de l'anglais par
M. Godescard , 1763-1781 , et dont on a
donné depuis plusieurs éditions en 12 el
en 14 vol. in-S", feront oublier l'ouvrage
du Père Giry. Ce pieux écrivain mourut
en 1691, à 53 ans. Le Père Raffron, son
confrère, provincial de la province du
France, a écrit sa vie in-12, 1691.
GISBEllT (Blaise ), jésuite, né à Ca-
hors en 1657, prêcha avec beaucoup de
succès. Il passa les dernières années de
sa vie dans le collège de Montpellier, où
il mourut le 28 février 1731. On a de lui :
I l'yïrt d'élever un prince , in-4°, réim-
primé en 1688, en 2 vol. in-12, sous le
titre de VJrt de former l'esprit et le cœur
d'un prince :U\re rempli de lieux com-
muns, ainsi que le suivant : | La philoso-
phie du prince . Paris, 1689, in-8''. Mais
l'ouvrage qui lui a fait le plus d'lu)ancur
est son Eloquence chrétienne. Lyon, 1714.
in-4", réimprimée in-12 , à Amsterdam,
1728, avec les remarques de Jacques Len-
fant. Il a été traduit en italien, en alle-
mand, etc. I Histoire critique de l'art de
prêcher chez les Français depuis les
premières années de François P^ jusqu'au
règne de Louis XIV , manuscrit. — * II y
a eu un autre jésuite el théologien célèbre
du même nom, né ù Caliors en 1639 el pro-
bablement de la inAino famille, mort en
1711, à Toulouse , où il professait la théo-
logie , auquel on doit plusieurs ouvrage»
en lalin; un Irailé sur la Somme de saint
Thomas, Vidée de la théologie associée
avec l'histoire ecclésiastique ; des disser-
tations thèologiques ; la Science de la re-
ligion; \' Antiprobabilisme. Dupin looe
beaucoup ce dernier ouvrage.
GISCVLV ( Jeau de ), ainsi nommé,
parce qu'il était ori^jinalre de cette vUl^
en Palestine. C'était un brigand, qui
exerça les plus horribles cruautés pendant
la guerre des Juifs contre les Romains.
Après la prise de Giscala, il »e jeta dans
Jérusalem , où il se rendit dief de parti.
II appela les Iduméen» i son secourt
contre Ananus. grand sacrificateur. c(
contre les bon» ciioycns, qu'il traita avec
GIU
480
GLA
la dernière indignité. Ses plus grands di-
vertissemens étaient de piller, voler et
massacrer. Ce scélérat s'étant joint à Si-
mon, fils de Gioras, qui était un autre
chef de parti, ils ne discontinuèrent pas
leurs brigandages et leurs massacres , que
la ville ne fût entièrement ruinée. Ils fi-
rent périr plus de monde par le fer, le feu
et la faim, que les Romains qui les assié-
geaient, avec toutes leurs machines de
guerre. Mais tous ces crimes ne restèrent
pas impunis. Après la ruine de la ville
et du temple, Jean de Giscala se cacha
dans des égoûts, où il fut trouvé au bout
de quelques Jours. Tite le condamna à
mourir dans une horrible prison : peine
trop douce pour de si grands crimes.
GISCON, fils d'Himilcon, capitaine
des Carthaginois, après avoir fait la guerre
avec beaucoup de bonheur , fut banni de
sa patrie par une cabale , et rappelé en-
suite. On lui permit de se venger de ses
ennemis comme il le voudrait. Il se con-
tenta de les faire prosterner par terre , et
de leur presser le cou sous un de ses
pieds; vengeance bien légère pour un
Carthaginois. Peu de temps après , l'an
538 avant J.-C, il fut général d'une ar-
mée pour la Sicile , fit la guerre aux Co-
rinthiens, et conclut une paix avanta-
geuse.
GISORS ( le comte de ). Voyez FOU-
QUET ( Charles-Louis- Auguste ) , à la
fin de l'article.
CIULIANO DE MAJANO, sculpteur et
architecte florentin, né en 1377, eut beau-
coup de réputation en son temps, surtout
pour l'architecture. Le roi Alfonse l'ayant
apjjelé à Naples, il y construisit pour lui
le magnifique palais de Poggio Reale^ et
embellit cette ville de plusieurs autres
édifices ; il fut aussi employé à Rome par
le pape Paul II , et mourut à Naples , âgé
de 70 ans, en ihhT, honoré des regrets du
roi Alfonse , qui lui fit faire de superbes
obsèques.
GIUNTIIVO. T^oyez JUNCTIN.
* GIUSTI, peintre italien, né à Florence
en 1624, mort en 1705, excellait à peindre
des animaux et des paysages.
•GIUSTIIVIAXI ( Augustin), évêque
de Nebbio en Corse, né à Gènes en 1470,
de l'illustre famille de ce nom, entra dans
l'ordre des dominicains en 1488, et se
livra avec ardeur à l'étude des langues
orientales dans le but de publier les livres
sacrés en hébreu , en chaldéen , en arabe,
en grec et en latin. Il assista au 5' con-
cile dcLatran, puis, fut appelé en France
par François \", qui le nomma son cha-
pelain et professeur d'hébreu à Paris. De
retour dans sa patrie , Giustiniani se fixa
dans son diocèse, fit plusieurs fois le
voyage de Rome, et périt en 1531, dans
une traversée de Gènes en Corse. On a de
lui : I Precalio pietatis plena ad Deum
omnijjotentem ^ composita ex diiobus et
septuaginta nominibus divinis^ hebraicis
et latinisa, cum interprète comment. Ve-
nise , 1513, in-8°; | Liber Job nuperhe-
braicœ verttati restitutus, elc, Paris, 1516
ou 1520, in-4°; | Psalterium hebrœum,
grœcum , arabicum , chaldaicum . cum,
tribus latinis interpretationibus etglossis,
in-fol. sans date ( Gènes, 1516 ) ; c'est le
premier ouvrage de ce genre qui ait été
publié en Europe ; | Philonis Judœi cen-
tumet diiœquœstiones^eic, super Gène-
sim^ Paris , 1520 , in-fol. ; | Rabbi Mose
Egyptii dux seu director dubitantium^ etc.
ib. 1520, in-fol.; | Castigatissimi annali
con la loro copiosa tavola délia... repub'
blica di Genova de fedeli ed approbatt
scrittori^ Gènes, 1537, in-fol.
*GIUSTIMAî\I ( Laurent), littéra-
teur et diplomate italien, né vers l'an
1760 dans le royaume de Naples, fit ses
études à l'université de cette ville, et y
devint plus tard conservateur de la bi-
bliothèque royale et censeur. Il venait
d'être nommé professeur de diplomatie
lorsqu'il mourut en 1825. Ses principaux
ouvrages sont : | Dictionnaire historique
du royaume de Naples^ 11 vol. in-8";
I Mémoires historiques sur les juriscr/n-
suites du royaume de Naples^ 1787, 3 voL
in-4°; | Essai sur la topographie de Na-
ples, 1793, in-4° ; ] Bibliothèque historique
et topographique du royaume d4l0iaples,
1793, in-4° ; | Brève contezza délie aca-
démie del regno di Napolie, 1801, in-S";
I Memorie délia real bibliotheca Borbo-
nica, 1818, in-S".
GIVRI. Votjez MESMES ( Je an- An-
toine de ).
GLABER ( Raoul ), bénédictin de
Cluni, florissait sous les règnes de Robert
et de Henri I"^ , rois de France. Il aima
et cultiva la poésie. Le plus considérable
de ses ouvrages est une Chronique on His-
toire de France, qui finit à l'an 1046,
adressée à l'abbé Odilon, sans ordre et
sans suite, pleine de fables ; mais qui est,
malgré ces défauts , très utile pour les
premiers temps de notre monarchie. On
peut consulter surGlaberunil/^'moîr«forl
curieux, dont M. de la Curne a enrichi le
tom. 9> des mémoires de l'académie des
GLA
481
GLA
bcllos-lcUrcs. On trouve la Chronique do
GUtber dans la Collrclion de Pithou , his-
toria Pmnconan .VranciorK, 1546, in-fol.
et dans les schptores Francomm coctta-
noruni de Duchesnc , tome 4. Il lit aussi
une vie de Guillaume, abl)c de Saint-Bc-
nipne. Paris. 1657, in-i". dans l'histoire de
l'abbaye de Rcomé par le Père Rouvière.
On peut consulter la fitf de Glaber dans
l'histoire littéraire de France, tome 7.
GL VBRIO. royez ACILIUS.
GL/\L\ ( N. de SAINT ), né à Limoges
vers 1620, se retira en Hollande, pour y
professer avec plus de liberté la religion
prétendue réformée, à laquelle cependant
il ne tenait qu'autant qu'elle était opposée
à la seule relifîion véritable. Après avoir
servi dans les armées en qualité de capi-
taine de la république , il travailla pen-
dant quelque temps à la Gazette de Hol-
là'ide. La lecture des livres de Spinosa
changea ce protestant en athée. Il tra-
duisit en français le trop fameux Tracta-
tus theologico-poUticus. Celte traduction
parut d'abord sous ce titre : La Clef du
Sanctuaire. L'ouvrage ayant fait beau-
coup de bruit, l'auteur, pour le répandre
encore davantage, le lit reparaître avec
le titre de Traité des cérémonies super-
stitieuses des Juifs ; et enfin il l'intitula :
Réflexions curieuses d'un esprit désin-
téressé sur les matières les plus impor-
tantes du salut, il est difficile de trouver
celte traduction avec ces trois titres réu-
riis. Elle fut imprimée à Cologne, en 1678,
in-12. C'est un recueil d'extravagances et
d'impiétés, où Frérel et d'autres sa vans
plus modernes ont puisé des réflexions
dont ils se sont fait honneur, comme si
elles leiir appartenaient en propre, et -ju'il
y eût en effet de quoi s'en glorifier.
GLA.>DORP ( Mathias ) , de Cologne,
se consacra a la chirurgie et à la méde-
cine dans la ville de Brème . dont il était
originaire. Il y mourut en 1640, méde-
cin de l'urchevêque, et physicien de lu ré-
publique. Ses ouvrages ont été publiés à
ondres en 1729, irï-4'' , sous ce titre:
Clandorpi opéra omnia . nunc simul col-
lecta et plurimum emendata. Son éloge
est à la tète de cet utile recueil. Il reafer-
nie plusieurs traités curieux d'antiquités
' inaines.
GLAWILL ( Joseph ) , né à Plimoulh
cil Angleterre, en 1636. membre de la
société royale , fut chapelain de Charles
II, et chanoine de Worccster. Il se distin-
gua par une mémoire heureuse et un es-
prit pénétrant. Il mourut en 16^, laissant
5.
plusieurs ouvr:i;;eH en anglais; les prifv
cipaux sont : | De la vanité de dogmati-
ser; livre dans lequel il prouve l'inrrrtl-
lude de nos connaisssmces, et combien
on a tort de se passionner pour celles qui
ne sont que d'invention humaine. | Lus
orientalis. ou Recherches sur l'opinion
de quelques orientaux , toucliant la pré-
existence des âmes ; | Scepsis scienti/ica.
ou l'Ignorance avouée, servant de che-
min à la science; | des Sermons; \ un
fessai sur l'art de prêcher; | l'hilosophia
pia. Londres, 1671, in 8»; |.le Plus ultra.
ou les Progrès des sciences depuis Aris-
lole; I divers tfVnYi contre l'incrédulité,
parmi lesquels il faut distinguer une bro-
chure curieuse et rare, intitulée : Eloge
et défense de la raison en matière dt
religion. L'auteur attaque dans cet ou-
vrage le scepticisme, et le fanatisme d«
toutes les espèces.
GLVUEVMJS. royez LORITI.
GL.VSER ( CHRiSTUPns ), apothicaire
ordinaire de Louis XIV et du duc d'Or-
léans, est connu par im Traité de chimie.
publié pour la première fois à Paris , in-
8", 1663, et traduit en anglais et en alle-
mand. Ce livre est court, mais clair et
exact.
GLASSIUS ( Salomox ), théologien lu*
thérien , docteur et professeur de théolo-
gie à léna , et surintendant-général des
églises et des écoles de Saxe-Gotha . s'ac-
quit do la réputation . et mourut à Gotha
en 1656, à 63 ans. On a de lui plusieurs
ouvrages en latin; le principal est sa
Philologie 5acrtf> . Leipsick , 1705, in-i".
GLATIOW ( Gabriel de ), premier
avocat-général de la cour des monnaies .
el membre de l'académie de Lyon, naquit
dans cette ville en 16'J0, et y mourut en
1755 , à 65 ans. On a publié en 1757 un
Recueil de ses O/Juvres . in-l^ , qui reiv
ferme ses Iiarangues au palais, et ses di>-
cours académiques.
GL \lIilKR ( Jeax-Rodolpub ). ail»
mand, s'appliqua à la chimie dans le 17*
siècle, et se fixa à Amsterdam, après avoir
beaucoup voyagé. 11 composa différent
traités, dont quelques-uns ont ete tra-
duits en latin et en français. Toutes si«
œuvres ont élé rassemblées dans un vi>.
lume allemand , intitule Glauberus con-
centratus. Ce livre a depuis été traduit
en anglais, et imprime In-fol. à Ixmdres
en 1689. Il esl utile; mais il le serait ila-
vantage, si l'auteur n'avait pas mêlé ses
ralsonncmcns et ses vaines spéculaliotu
à %€S c&périences. Oa « de lui en latin,
4i
GLE A82
Furni phïloso2)hici^ IGiiS, 2 vol. in-8",
Iraduit en français en 2 vol. in-8". Glau-
ber avait le défaut de tous les charla-
lans ; il vantait ses secrets, et en faisait
un vil tralic.
* GLAUBER ( Jeaiv, dit POLYDORE ) ,
peintre de paysages, né à Utrecht en 164G,
»l mort en 1726, passa pour un des meil-
leurs paysagistes flamands. On voit au
Louvre un de ses paysa^es^ dont les figures
sont de G. Lairesse.
TiLEDlTSCIÏ ( Jean-Tiiéopuile), cé-
lèbre botaniste, né à Leipsick le 5 février
ilik, mortleooclob. 1786, fonda en Prusse
une chaire où l'on enseigne la science fo-
restière , dans laquelle il était très versé.
Il a laissé un grand nombre d'écrits qui
se distinguent par une grande clarté ; mais
sa manière d'envisager et de traiter les
objets sous tous les points de vue, rend
quelquefois ses ouvrages un peu diffus.
Les principaux sont : | Systema planla-
fu7n à staminum situ, secundum classes ,
ordines et gênera cum charactcribus es-
Hentialibus , Berlin , 176/»., in-8°. Gleditsch,
qui a suivi, à quelques exceptions près,
le système de Linnéc , a divisé tout le
règne végétal en 8 classes : les 4 premières
comprennent les plantes dont les parties
Me la fructification sont visibles à l'œil ;
et les k dernières, celles où l'on ne peut
les distinguer qu'à l'aide d'un microscope.
1 Dissertations physico-hotanico-économi-
lyues. Halle, 1765-67, 5 vol. in-8°; j Intro-
duction systématique à la science fores-
tière moderne ^ fondée sur les princijies
physiques et économiques qui lui sont
particuliers^ 1774, 2 vol. in-8" ; | Histoire
complète, théorique etpralique des plantes
employées dans la médecine et dans les
arts , d'après des priricipes historiques
et philosojihiques, 1777 , ia-8° ; il n'en a
paru qu'vm volume. ] Introduction à la
science des remèdes simples, 1778-1781,
2 vol. in-8°; | Dissertations économiques
et botaniques . 1789 , 3 vol. in-8°.
GLEICIIEIV (N.... ), comte allemand ,
fut, dit-on, pris dans im combat contre
les Turcs , et mené en Turquie , où il
souffrit une longue et dure captivité. On
ajoute qu'il plut tellement à la fille du
sultan , qu'elle promit de le délivrer et
de le suivre, pourvu qu'il l'épousât, quoi-
qu'elle sût qu'il était déjà marié; qu'ils
s'embarquèrent en secret, et qu'ils arri-
vèrent à Venise , d'où le comte alla à
Rome , et obtint du pape une permission
solennelle de l'épouser, et de garder en
iu<Mne temps la comtesse Gleichcn, sa pre-
GLE
mière épouse. Mais tout ce récit n'esf
qu'une fable débitée par Ilondorf, auteur
luthérien, qui ne l'a racontée que pour
en faire un pendant au double mariage
du landgrave de Hessè. Ajouter qu'on n'a
dit point en quel temps ce seigneur vi-
vait , ni quel est le pape qui donna cette
dispense ; ni quel effet le scandale de ce
double j^ariage produisit parmi les fidè-
les; ni pourquoi tant de gens, de princes
surtout , que parfois une telle dispense
accommoderait très bien, ne se sont ja-
mais avisés de la demander , à l'imilalion
et après le bon succès du comte de Glei-
chen ; ni pourquoi le landgrave de Hesse
lui-même , et Luther son dispensateur ,
n'ont pas allégué un exemple si imposant,
etc. Le fait est , que souvent les anciens
chevaliers et seigneurs sont représentés
sur leurs tombeaux entre deux femmes,
parce qu'en effet ils en ont eu successive-
ment deux : comme on le voit dans le ma-
gnifique mausolée du comte Pierre de
Manfcld à Luxembourg; et qu'il n'en a
pas fallu davantage pour donner lieu à la
fable du double mariage du comte de Glei-
chen. On peut consulter sur ce sujet :
Disquisitio historico-critica in comitem
de Gleichen, cujus monumentum. est in
ecclesia S. Pétri, Erfordiœ ^ par D. Pla-
cide Muth, Erfurt, 1788, in-12 ; l'auteur
démontre que l'histoire du prétendu dou-
ble mariage est une pure fable.
• GLEICHE\ (Frédéric -Guillaume
de), savant naturaliste, né à Bareuth le
14 janvier 1717, mort le 16 juin 1783, aval»
embrassé d'abord la carrière militaire c»
parvint aux grades supérieurs. Il quitta
le service en 1756 , et fut appelé au con-
seil privé. En même temps il s'adonna à
l'élude des sciences naturelles et surtout
à la botanique. Gleichen a publié, en al-
lemand : I Notices de ce qu'il y a déplus
nouveau dans le règne végétale Nurem-
berg, 1762 , 2 parties , petit in-folio, avec
gravures. Cet ouvrage a paru aussi sous
le titre de Nouvelle du règne végétale
1764 et 1790 , petit in-folio , et a été tra-
duit en français avec le titre de Décour
vertes les plus nouvelles dans le règne
végétal, 1770, 5 part, in-fol.; j Histoire de
lamouchecom?nune.i76k,in-U'*,ÛQ., aussi
traduite en français ; | Essai d'une histoire
des pucerons, 1770 , in-4", fig. ; | Décou-
vertes microscopiques sur les plantes. If s
fleurs, les insectes, 1781, 6 cahiers in-4*' ;
I Dissertations sur les animalcides sper-
matiques et infusoires, 1778 , in-4° , fig.,
traduites en français , 1799, in-4*, fig.;
GLE
4&3
CLE
I Dissertations sur le microscoffr solaire
et le microscope universel . 1781 , in-/*";
1 De l'origine , de la formation, tir la
iransfonnation et de la destination du
globe terrestre . tiré des arc/wes de la
nature et de la physique, J782, iii-8".
• GLEIM ( jEA>-GtlLI.AtME-LoUIS ) ,
cvlôbre poclc allemand qui , dans ses œu-
vres, se donne souvent le nom de Gre-
nadier prussien , naquit à £rmslebcn .
dans le jwys de Halbersladl, en a\ril
1719. Il fut secrétaire du prince Guil-
laume, Cls du marpravc de Brandebour(j-
Schwcdt , le suivit dans diverses guerres,
et se trouvait à ses côtés quand le jeune
duc fut frappé d'un boulet de canon en
1744. De retour à Berlin, il fut nommé
en 1747 secrétaire du grand chapitre de
Halbcrstadt , fonction qu'il cxerya pen-
dant plus de 50 ans. Glein est mort le 18
janvier 1803, laissant : | Essais de chan-
sons badines, Berlin, 1745, 3 vol. in-S";
\Recued de chansons, Zurich, 1745. in-8":
\ F pitre s . JicrWn , 174G, in-8"; | Fables.
Berlin, i75C cl 1786, in-8". Ces fables, sans
valoir celles de la Fontaine, ont un niérite
remarquable. | Romances, ibid. 1757,
in-S" ; I Chansons prussiennes pour la
çuene. 1758 ; | Llor/es de la vie cham-
pêtre. 17G4 ; I sept petits poèmes dans le
genre d'Anacrcon, 1704; | La mort d'A-
dam, tragédie de Klopstock, mise envers,
1766; I Le meilleur des mondes. 177U
>n-8* ; I Poésies de circonstance avant et
après la mort de Louis X II. 1793, in-8",
etc. ; I Le grenadier à la Muse de la
guerre , après la victoire de Zordnorf^
<759, in-lii. I Le philosophe de Leasing',
mis en irri. Berlin . 17G0, in-4°; | Poésies
dans le genre de Pétrarque , 'i\nd. 1704,
io-8°; I Epigrammes , ibid. 17<)9, in-8'';
I Odes imitées d^ Horace . 1769, in-8";
I Poésies nocturnes dans le printems et
dans l'été. 1802. Ce recueil renferme les
derniers chants de Gleim devenu aveugle
sur la fin de sa vie. L'édition la plus coin-
pltle de %its œuvres est en 7 vol. in-8»,
1811.
CLO(Jea:« de), impiimcur et (jra-
vcur en bois, né à Liège vers le milieu
du 16* siècle, a donné un livre curieux
et recherché, intitulé: Des habits, mœurs,
cérémonies, façons de faire anciennes
et modernes . inS" , Liège. 1601. Il est
orné de 103 ligures de son invention, de
manière que ce livre lui appartient cnliè
renient comme auteur, imprimeur et gra-
veur. Ces r«;lampc8 sont on général dun
dcisin correct et ont beaucoup d'expres-
sion. On a encore de lui : Ltk merveilles
de la ville de Home . avec ligirrrs.
• 01. EY ( GÉRAno ), er« lésianiiquc , au-
mônier de riiôlel des Invalides, naquit m
Géradmer près de Salnl-Dié en Lorrain-
le 24 mars 1761, et après avoir fait si «
études thcologiques se voua à l'instrurliou
publique. Il quitta la France, en 179!.
voyagea en .Hollande et en Allcmagnr.
et obtint en 1795 une chaire à l'univei-
sité de Bamberg où il s'était retiré. Il s v
livrait entièrement à l'étude , lorsque I .
guerre de Prusse vint l'enlever en 180(> <
ses occupations paisibles. Comme il avait
une connaissance parfaite de la langu*
allemande, qui pouvait le rendre tn-.
utile à l'armée française, un ordre im-
périal l'attacha au 4* corps , commande
iwirle maréchal Davoust. Gley iKirrounii
successivement la Prusse et la Pologne .
oïl il fut chargé de l'iuspeclion des écoles
primaires : il fut charge après la paix <U-
Tilsilt d'administrer, au nom de Davoust,
la principauté de i.owicz; ses nouvelles
fonctions le mirent en relation avec uu
grand nombre de personnages distingué?*,
entre autres avec M. l'abbé de Pradt, con-
tre lequel il a souvent dirigé des plaisan-
teries assez piquantes, notamment dan»
son Voyage en Allemagne et en I\>h*jne.
avec des notes relatives à l'ambassade
de M. Pradt à Varsovie, 1815^1816, î
vol. in-18. Bentré en France en 1.813.
Gley fut successivement principal du
collège de Sainl-Diê, et professeur de
philosophie à Moulins , puis mis à la tète
du collège de Tours. Il se retira ensuite
aux missions étrangères, et devint enlin
un des auntôniers de l'hôtel des Invalides,
place qu'il occupa jusqu'à sa mort arrivée
le 11 février 1830. L'abbe Gley a publié :
I une Grammaire de langue française .
d'après celle de Wailly , Band)eri; , 1795,
in-8" ; | un Dictionnaire allemand rt fran-
çais; I IS'otice sur le monument littéraire
le plus ancien que l'on connaisse dans la
langue des Francs.\SOO , in-4" ; | une / «f
de Tamowski ; \ Langue et littérature de»
anciens Francs. 1814. 2 vol. in-8": ou-
vrage qui a coûté 20 ans de recherche» à
l'auteur; | Histoire de notre Sauveur,
d'après les textes des SS. Evangiles ,
selon l'ordre chronologique des faits . en
00 instructions, précédée dune harmonte
des quatieévangelistcs. To*ir%, 181'J, in-1*;
I llislona Fratuicc. ab anno 420 a*t 1820,
2* édition. Tour». 3 vol. In-lï; cl Wurli-
l>ourg. 1793, 2 vol. In-IS; | Philosophie Tu'
ronensis in*ftttihn*f^t, IÇW. 3 v«i|. ln-|*J
GLO
Asa
GLO
Le l*"" vol. renferme une Histoire de la phi-
losophie _, qui avait déjà paru l'année pré-
cédente ; I Essai sia- les élémens de la
philosophie, latin et français. L'abbé Gley
a travaillé à la Biographie universelle ;
il avait annoncé une nouvelle édition de
V Histoire ecclésiastique de Fleury , un
.Abrégé d'histoire ecclésiastique , une
Histoire de Pologne, et une Biographie
ecclésiastique : aucun de ces ouvrages
n'a été terminé. L'abbé Gley étaitlaborieux
et fécond ; mais malheureusement il écri-
vait trop vite.
GLICAS ou GLYCAS (Michel ) , histo-
rien ffrec, savant dans la théologie et
dans l'histoire ecclésiastique et profane ,
passa une partie de sa vie eu Sicile. L'on
ignore s'il a vécu dans le monde ou dans
le cloître, dans le maiiage ou dans le cé-
libat. Il n'est connu particulièrement que
j)ar des Annales depuis Adam jusqu'à
Alexis Commène , mort en 1118. L'auteur
inéle à son ouvrage, important pour les
derniers temps , une foule de questions
théologiques et physiques, qui ne sont
guère du ressort de l'histoire. Il est cré-
dule et exagérateur. Le Père Labbe en a
donné une édition au Louvre en 1660 ,
in-fol. grec et latin. La traduction est de
Leunclavius ; mais l'éditeur l'a revue , et
Ta enrichie de notes et d'une 5"^ partie.
Cet ouvrage est une pièce de la collection
app'elée Bijzatitine.
G L I S S O ]\ ( François ) , professeur
royal de médecine à Cambridge, ne à
Uampisham au comté de Dorset en 1597 ,
et plusieurs découvertes anatomiques qui
lui acquirent une grande réputation. La
principale est celle du canal qui conduit
la bile du foie dans le vésicule du fiel. Il
mourut à Londres en 1677. On a de lui
plusieurs écrits estimés. Les principaux
sont : j De liachitide, seu Morbo puerili,
Leyde, 1671 , in-8''; | De ventriculo etin-
testiniSj Londres, 1677, in-i"; ] Anatomia
hepatis ^ Amsterdam, 4663, in-12. Ces
deux derniers livres se trouvent aussi
dans la Bibliothèque anatomique de Man-
get.
GLOSCi\ ouKLOSCHKA (Soporoivius),
pape grec, se distingua en Hongrie et
en Transylvanie par un fanatisme brutal
et féroce , contre les Grecs qui acceptaient
l'union avec l'église romaine. Il avait in-
séré dans le symbole sanctam ecclesiam
coxsTAxriNOPOi.iTAXAM, et employait tous
les moyens pour faire recevoir cette ad-
dition : méprisé et chassé partout par
les catholiques et les Grecs unis , mis en
prison paf ordre du gouvernement , il
s'échappa , et se joignit à Horiah , lors de
la révolte des Valaques en 1784. Après
des excès et des cruautés inouïes, il fut
pris, exécuté avec lui, à Carlsbourg . le
28 février 1783. Voyez HORIAH.
' GLOVATCIIEWSKY ( Cyrille ) ,
peintre distingué, membre de l'académie
des beaux arts de Saint-Pétersbourg , né
en 1736 à Korope, ville du gouvernement
de Tchernigof , bâtie par ses ancêtres à
la fin du 15* siècle , fit ses études à l'aca-
démie de Kief, et vint en 1748 à Saint-.
Pétersbourg , où sa belle voix et ses dis-
positions musicales le firent d'abord ad-
mettre à la chapelle de l'impératrice Elt
zabeth II quitta bientôt la musique pour
la peinture, et à l'époque de la fondation
de l'académie des beaux arts , Elizabeth
le choisit pour être l'un des professeurs de
cet établissement, conjointementavecLos-
senkoct Sabloukof. Cette académie ayant
reçu plus tard une nouvelle organisation,
Glovalchewsky fut nommé bibliothécaire
et trésorier de la société. En 1771 il en de-
vint inspecteur, perdit celte place au bout
de deux ans, et fut réintégré dans ses
fonctions en 1783. Cet artiste excellait
dans le portrait. Un jugement sûr et un
goût délicat distinguent particulièrement
les créations de son pinceau. Glovat-
chewsky est mort à Saint-Pétersbourg le
5 août 1823.
*GLOVER (Richard), célèbre poêle
anglais , naquit à Londres en 1712. Son
père, qui était négociant, rapj)liqua au
commerce , sans lui interdire cependant
l'élude des lettres, et le jeune Glover lui
succéda dans les affaires commerciales.
Très versé dans la langue grecque, il pui-
sait dans les auteurs de cette nation , et
surtout dans Homère , les beaulés mâles
qti'on remarque dans ses ouvrages. Il
jouissait d'une grande considération, et
comme littérateur et comme publiciste.
Appelé à la chambre des communes , il y
fut , pendant quelques années , le chef de
l'opposition. Il s'y fit surtout remarquer
dans les longs débats qui furent occasionés
par le désordre des affaires de l'Inde. Il
mourut le 23 novembre 1783. Ses ouvrages
sont : I Newton, poème que faut cm con-
sacra , à l'âgt' de 16 ans , à la mémoire de
cet homme célèbre, imprimé à la tète de
V Aperçu de la philosophie de Newton,
par le* docteur Pemberton, 1728, in-4";
I Léonidas, poème en neuf chants , 1757 ,
in-4'', 1770, 2 vol. in-12 , augmenté de trois
chants, 1798, 2 vol. in-8° et avec fis.,6'"éai-
GLU
&8!$
Gttf
lion; traduit en prose française (d'apri^s
la 1" édition) , par J. Bi'rtrand . la Haye.
1759. in-18. Ce poème, rempli d'idées ré-
publicaines, dédié à lord Cohliam , un des
protecteurs de Glover, et prineipalemtrnt
dirigé contre le ministère de sir Robert
Walpole , eut dans son commenccmenl
un succès prodigieux. I i/osi>'r's fffiost .
ou L'Ombre de l'amiral //osier. 1739.
Celte balbdc guerrière eut encore une
grande popularité. Il la composa pour
exciter le peuple à faire déclarer la guerre
contre l'Espagne, dont le grand tort était
de ne pas vouloir se laisser écraser. | Lon-
dres, ou les Progrès du commerce, poème
17Ô9; I ^//jt'/uii'V/<'. poème en trente chants,
écrit dans le même esprit que celui de Léo-
nidiu. 1788, 3 vol. in-lS, et publié par mis-
trissHal^ay. après la mort de l'auteur; | les
discours qu'il prononça au parlement. Il
composa aussi deux tragédies, lioadicée
et 3tédée ^ qui n'eurent pas de succès. On
a imprimé en 1814, in-8", ses Mémoires.
<|ui s'étendent depuis la résignation de sir
//''alpole. en 1742, jusqu'à la seconde ad-
ministration de lord Chatam en 1757. Ils
ont pour titre : Mémoires d'un liomme
célèbre comme littérateur et comme po-
litique, etc.
GLUCK (Christophe), chevalier, cé-
lèbre musicien allemand, né dans un vil-
lage du haut Palatinat , sur les frontières'
de la Bohème en 1714, annonra dès son
enfance des dispositions extraordinaires
pour la musique. A l'âge de 17 ans , i]
passa en Italie et se fixa à Milan, où il
prit des leçons de composition sous le
rclèbre Saiul-Marlin. Ce fut là qu'il Hy
son yirtaxerxès ; il donna ensuite à Ve-
nise en 1742 / émétrius.ei 3 ans après en
Angleterre la Chute des géans. Plus de
40 autres opéras aujourd'hui presque en-
tièrement oubliés, furent représentés en
lialie dans l'espace de 18 ans; ils furent
composés ivar Gluck avec une facilité mal-
heureuse ; et la rapidité avec laquelle ils
se succédaient prouve que l'auteur n'avait
deviné ni le sens de la véritable comi)osi-
tiun dramatique, ni celui de son génie. Il
fallut que Cababigi , que Gluck avait con-
nu à Vienne, lui monlr.it la roule dans
laquelle il entra depuis et où il a laissé
des chefs-d'œuvre ; alors il fil I/cUne et
Paris. Alcesle et Orpliée : trois opéras
qui ont eu à Vienne et à Paris un succès
])rodigicux. Peu content de la réptilalion
qu'il s'était acquise dan» sa patrie par sa
composition, il voulut l'étendre en France
{ 1774). Les premières pièces qu'il y donna
n'eurent polnl de succès ; ce sont fcKé
et Xarcisse. le Siège de Cytfière ; le genre
élégi.'jqtif ou pastoral ne lui convenait
|)as; il fallait à la trempe vi|;ourcusc de son
génie la terreur et les grandes passions
de la tragédie : d'ailleurs il vit bien qu'il
ne réussirait point à faire d'emblée une
réformedansla musique fi ançaise; il lAcha
donc de l'allier avec la musique italienne,
et sa musique d' Ip/iiçénie en j-ttdide .
exécutée selon ce projet . fut reçue avec
enthousiasme. La mobilité française fit
qu'il enleva tous les suffrages ; il n'y avail
plus que la musique de Gluck qui plût. Les
Piccini, les Sacchini, les Grélry vinrent
ensuite traverser M. Gluck; comme ils
étaient nouveaux , on courut à eux , et on
oublia le réfonnateur de la musique fran-
çaise, qui eut beau donner de nouvelles
pièces; on ne les goûta pas. Gluck se relira
à Vienne en Autriche, où il mounil en
1787. C'est lui qui , le premier en France ,
a fait connaître le trombone, dont l'em-
ploi, sagement ménagé, donne aux pein-
tures de l'orchestre une couleur si vigou-
reuse. La révolution qu'il opéra dans la
musique fut le signal d'une guerre très
vive. Tout Paris fut ou glukiste ou picci-
niste, et l'on se distribua force injures.
Quoi qu'aient pu dire cependant les par-
tisans de Piccini, ses jolis chants ne sont
que de la poésie italienne. On y trouve
des beautés sans doute, une harmonie bril-
lante , des coupes heureuses, des tableaux
vrais, des scènes pathétiques, mais point
d'unité; le grand mérite des com)K>silions
de Gluck au contraire est que toutes les
parties sont liées entre elles , et présen-
tent néanmoins une telle variété, que
l'auditeur arrive à la fin du drame sans
s'apercevoir que son attention ait été cap-
tivée. Son chant simple, naturel, n'est
jamais déparé par des orncmens super-
flus; son (écilatif rapide et vrai est lou
jours noble ; ses airs de danse stml de la
plus aimable fraîcheur ; ujaisce qui l'élève
beaucoup au-tlessus des autres compost-
leurs . c'est son inépuisable talent pour le
genre pathétique. Il a saisi les inflrxions
même de la nature, cl rapprorh.ml à
l'exemple des anciens le chaut du In d»^
clamation, il semble avoir déterminé le
point où fmil l'une et où l'uutrc com-
mence. L'abbé le Blond , adn>iraleur du
comiMwileur allemand, a réuni <nns le
\\trc de Mémoires pour sen'tr : ^
de la révolution opérée dans !
etc.. Paris, 1781, in-8", qu»;, ..,,*.*.. •
de.s pièces publiées pour el coiitn: yviv
GME
486
GME
dant la giicrre musicale ; et Riedel a donné
en allemand, un livre inlitulé : Sur la
viusique du chevalier Gluck ^ Vienne,
1773 , in-S". On peut-consulter aussi , les
OEuvres de l'abbé Arnaud ^ les Variétés
litléraires de Suart, les Mémoires de
Martnontel et les Jugemens de La Harpe
qui , imprimes à celte époque dans le
Mercure de France, ont été recueillis
^Jans ses œuvres complètes.
GLYCÈUE, courtisane de Sicyone ,
êe distingua tellement dans l'art de faire
des couronnes , qu'elle en fut regardée
connne l'inventrice. Il y a eu aussi une
utre courtisane du même nom, qu'Har-
palus fit venir d'Athènes à Babylone, où
Alexandre le Grand l'avait laissée pour
garder ses trésors et ses revenus. Il fit
donner , pour lui plaire , des fêtes qui coû-
tèrent des somaïcs immenses.
GLYCÈUE ( Flavius Glycerius ), était
un homme de qualité qui avait eu des
emplois considérables dans le palais des
empereurs d'Occident. Dominé par l'am-
bition, et secondé par quelques grands,
il se fit donner le titre d'Auguste à Ra-
venne, au commencement de mars 473.
Il repoussa les Oslrogoths à force de pré-
sens. Il se croyait affermi sur le trône ,
lorsque Léon , empereur d'Orient, fit élire
Julius Népos. qui marcha vers Rome, et y
entra le 24 juin 474, et surprit Glycère sur
le port de cette ville. Népos, ne voulant
pas tremper ses mains dans son sang, le
fit renoncer à l'empire, et sacrer évêque
de Salone en Dalmatic. Glycère trouva le
repos dans son nouvel état , se conduisit
en digne pasteur , et mourut vers l'an 480.
GMELIN. Il y a deux voyageurs de ce
nom qui nous ont donné diverses relations
touchant les provinces les moins connues
de l'empire russe. Celle du vieux Gmclin
( Jean Georges ) né à Tubingen en 1709,
est la plus estimée , et est connue sous le
litre de Relation d'un voyage au Kamts-
chatka, imprimée à Saint-Pétersbourg,
en langue russe , en 1755 ; en allemand , à
Gottingue, en 1752; et en français par
M. Keralio , sous le titre de Voyage en
Sibérie ^Va.ris, 1767, 2 vol. iu-12.— Le jeune
GMELIN ( Samcel ) , né à Tubingen en
174o, fut d'abord professeur dans celle
ville, puis membre de l'académie de Saint-
Pétersbourg , qui le choisit pour visiter
différentes parties de l'empire russe. Il
parcourut en 1763 et années suivantes les
bords du Don et du Volga, le Caucase,
et le rivage de la mer Caspienne, et fut
arrête dans sa course par un prince tar-
tare , qui prétendait avoir des sujets de
plaintes contre la Russie. Il fut jeté dans
diverses prisons. La Russie donna satis-
faction à ce prince, mais Gmelin n'en
profita point, étant mort auparavant en
juillet 1774, dans un village du mont
Caucase. On parvint cependant à retirer
ses papiers des mains des Tartares. La
Relation de son voyage a été imprimée
en allemand à Saint-Pétersbourg, en
1773 et 1774 , 4 tomes en 3 vol, in-4". Elle
a été traduite en partie en français dans
un recueil intitulé Histoire des décou-
vertes faites par divers savans voyageurs,
la Haye, 1779, 5 vol. in-4°, ou 6 vol.
in-8".
' GMELIN ( Jean-Frédéric ) , physi-
cien et médecin , parent du précédent ,
né à Tubingen le 8 août 1748, fut nommé
professeur d'histoire naturelle, de bota-
nique et des sciences médicales à l'uni-
versité de Gottingue , et se fit une grande
réputation par ses leçons et par un grand
nombre d'ouvrages remplis d'érudition,
et qui prouvent une variété de connais-
sances peu commune ; les principaux
sont : I Onomatologia botanica compléta ,
1771-77, 9 vol. in-8"; j Enumeratio stir-
piumagro Tubingensiindigenarum, 1772,
in-8° ; | De alcalibus et prœcipitationibus
chimicis ope eorum, factis , 1775 , in-4" ;
I Histoire générale des poisons . 1776, 3
vol. in-8° ; | Introduction à la chimie , à
l'usage des universités, 1780 ,ia-8°; | In-
troduction à la minéralogie , à l'usage
des universités , 1780 , in-8° ; | Introduc-
tion à la pharmacie _. 1781 , in-8" ; | Mé-
moire pour servira l'histoire de V exploi-
tation des mines en Allemagne , 1785 ,
in-8" ; | Lettres à un médecin sur les dé-
couvertes récentes et leur application en
médecine, 1784 et 1793, in-8''; | Prin-
cipes de la chimie technique, 1786 et
1796, in-8° ; ] Principes chimiques de la
docimasie , 1786 , in-8"; | Elémens de
chimie générale , à Vusage des univer-
sités , 1789, 2 vol. in-8"; | Elémens de
minéralogie , 1790 , in- 8° ; | Elémens de
pharmacie, 1792, in-8"; ] De aeris vi-
tiosi exploratione , 1794, in-8" ; \ Prin-
cipes chimiques de la technologie , 1794,
in-4" ; | Apparatus medicaminum tàni
simplicium quàm compositorum , in pra-
xeos adjumentum consideratus, 1795, 2
vol. in-S"; | Histoire des sciences 7iatu-
relles j 1797, 3 vol. in-8°. Il est aussi l'é-
diteur de la 5"^ édition du Syslema na-
turœ de Linnée , et autres ouvrages.
Gmelin est mort le 1**^ novembre 189'* ■
GOA is
On Irouvn des détails ôlcrulns sur les iia-
▼aux de ce savant . dans V llisl. littcr. de
(iottingxte par I.tilhrr, et dans lu Souabe
rmi/rpar Cradinaun.
■ (;M1:LI\ ( Guillaume -FnÉoÉMC ),
graveur et dessinateur distin(;uc, naquit
en 17i5 à Badenweiller en Urispau , cl
mourut à Rome en 1821. On a de lui un
très nrand nombre de cravures qui cu-
rent beaucoup de vogue , à cause de leur
belle exécution : mais la plupart offrent
un ton trop prononce, parce qu'il les
travaillait de manière à en tirer un grand
nombre d'exemplaires. 11 s'occupa aussi
de sciences, et surtout de mécanique :
les graveurs lui sont redevables de plu-
sieurs macliines ingénieuses.
GXVPIIÉE ou GNAPILEUS. Foyez
FOULON ( Pierre et Glillaune ).
GXIPIIOX ( Marc-A-mtoine ) , Gnipho.
grammairien gaulois , contemporain de
Cicérondont il fut le mailre. lit ses études
à l'académie de Marseille, et vint à Rome
se perfectionner à l'école de Lucius PIo-
tius son compatriote qui enseignait alors
l'éloquence avec éclat. 11 y professa lui-
même la rhétorique, dans la maison de
Jules-César , avec succès et avec désinté-
ressement. Il mourut âgé d'environ îiO
ans. On lui a attribué un grand nombre
d'ouvrages ; mais Allenis le philologue,
l'un de SCS élèves, ne lui en donne que
deu.K qui se sont perdus; ils traitaient
de la grammaire.
GOAR ( saint ) , prêtre , né en Aqui-
taine, quitta sa patrie pour aller servir
Dieu dans la solitude. Il se fit construire
ime petite cellule avec im oratoire sur
la rive gauche du Rhin , entre Mayence et
(Loblcnt?.. L'éclat de ses vertus et de ses
miracles engagea Sigebert à lui offrir le
gouvernement de l'église de Trêves:
mais le saint le refusa , et mourut dans
mx solitude , qui fut bientôt peuplée à l'oc-
casion des fréquens pèlerinages qui se
faisaient à son tombeau. C'est aujourd'hui
ime ville qui porte son nom. (.Iiarlema-
gne avait fait v(Eu de n'y passer jamais
*^ans rendre ses devoirs aU saint , dans la
basilique où il avait fait déposer ses re-
liques.
GOAR ( Jacoces ), né à Paris in 1601.
dominicain en 1019, fut envoyé dans les
missions du Levant , y demeura neuf ans,
i-l y apprit à fond la croyance et la cou-
tume des Grecs modernes. De retour à
fiome, il se lia d'une étroite amitié avec
tinis les savans, et en particulier avec
i-con Allatius. Toutes les bibliothèques
7 r;c)n
hii fvncnl onvrrlc*. il y puisa rr vasta
fond d'érudition qtii parait dnnv tous srs
écrits. Il revint à Paris en ir»42. I.c prin-
cipal de SCS ouvrages csl YKucologetm
Rituel des Grecs . publié en t6&3 . à Pari<i,
in-folio, grec et latin. Celte édition fui
faite sur une foule d'exemplaires impri-
més et manuscrits, qu'il rechercha avec
beaucoup de soins et de peines. Il l'enri-
chit de savantes remarques, qui sont
d'une grande utilité pour bien connaît rn
les liturgies et les cérémonies erclésiasli-
quos de l'église grecque. Cet ouvrage,
devenu rare, a été réimprimé à Venise
en 17.30, infol. Le Père Goar publia aussi
la Chrottoçrapfde de Georges Synrelle, en
grec et en lalin, Paris, 16*i2. in-fol. Il
mourut en 1653 , à !>2 ans. Le Père Goar a
encore laissé : ] Attestatiode commimione
Oricntalium sub spccie unica . imprimée
avec le traité de Léon Allatius; ] De
ecclesiœ occiilenlalis atque oricntalis per-
pétua conscnsione ; 1 des traductions la-
tines de la Collection de Matthieu Bla-
slare et de Y Histoire du synode de Flo-
rence par Sylvestre Syropulo.
GOBAT ( Georges ) . jésuite , né dans le
diocèse de Bàle, en 1600, et non dans le
diocèse de Besançon comme l'ont avancti
plusieurs auteurs franc-comtois , mort
à Constance le 23 mars 1679, a publié une
Théologie en U vol. in-fol., où il y a plu-
sieurs propositions d'une morale relâ-
chée, que l'auteur a répétées d'après
beaucoup d'autres , et qui ont été con-
damnées depuis par le saint Siège. Ceux
qui ont voulu l'en rendre personnelle-
ment responsable, comme M. de Sève,
evêque d'Arras , ont montré combien peu
ils étaient au fait de ces matières. Voyez
les Vindiciœ Gobattatta , 1706, 1 vol.
in-4°.
* GOBEL C JKA^-BArrjSTE-JosEP» ),
évéquc constitutionnel de Paris , né i
Thann , en Alsace , le i" septembre 1727.
lit ses études au coUégo Germanique à
Rome , où il se lit remarquer de l'évèquf
de Porentruy , qui lui donna un canoniral
dans son chapitre. Il fut nommé en 1772,
évoque de Lydda m partibus in/îd lium ,
et se trouvait, tn I7t>9. suffragrmt de l'e-
vêque de Bide, lorstpic le clergé de Bel-
fort le députa aux état» généraux. Gobel
embrassa le parti de la rc\oluiion. n
prêta serment à Ii ' " i
clergé, moyennai.
qu'il s'empressa d'- i
«iénoncé par un de »e> culU-guc». Nuinme
à la fuis , par voix d'cleclion , à trois i\^
GOB
488
GOB
chés ( ceux du Haut-Rhin , de la Haule-
Blarnc et de Paris ) , il opta pour l'ar-
chevêché de Paris, et reçut l'institution
canonique le 27 mars 1791 de l'ancien
évêque d'Autun , Talleyrand-Périgord,
sur le refus de l'archevêque de Sens et
de l'évêque d'Orléans. Gobel publia, en
prenant possession de son siège, une
letlrre pastorale, dans laquelle il s'alta-
cliait à prouver que les élections popu-
laires étaient seules conformes à l'esprit
de l'Evangile et aux usages de la primi-
tive Eglise. Le 18 septembre de la même
année , il fit paraître un mandement dans
lequel il félicitait Louis XVI sur son ac-
ceptation du pacte conslilutionnel. Ce-
pendant, poursuivi par ses remords, il
tenta de rentrer en grâce auprès du saint
Siège , et écrivit à Pie VI, qui lui répondit
en lui donnant des conseils que .son am-
bition ne lui permit pas de suivre. En
4792 , il eut recours au marquis de Spi-
nola , ambassadeur du gouvernement de
Gènes en France , auquel il promit , dit-
'n , de rétracter son sermerU , s'il lui ob-
••naitdu pape une indemnité de 100,000
> us. L'ambassadeur refusa de se charger
*' une mission aussi singulière, et Gobel,
''ompé dans ses espérances , s'associa
Jès-lors au mouvement révolutionnaire
avec toute la véhémence d'un démagogue.
Il se mit tout à coup à la tète des jacobins
les plus emportés , et poussa la tolérance
pour le scandale au point de permettre à
des ecclésiastiques mariés de continuer
les fonctions du saint ministère. Celte
rotiduite était vivement blâmée par les
constitutionnels eux-mêmes. Deux curés,
Beaulieu et Brugières , ayant voulu ré-
clamer contre l'installation d'un prêtre
marié, nommé Aubert, ne furent pas
même écoulés. Gobel avait choisi ses
amis parmi les athées les plus déclarés ,
tels que Hébert ^Anacharsis Clootz, Chau-
mette , Péreira, Il se présenta , le 7 no-
vembre 1795 , à la barre de la Gjnvenlion
avec treize de ses vicaires, et osa faire
entendre ces paroles : « Aujourd'hui que
» ia révolution marche à grands pas vers
» une fin heureuse; aujourd'hui qu'il ne
• doit plus y avoir d'autre culte public et
» national que celui de la liberté et de la
» sainte égEdité, puisque le souverain le
» veut ainsi; conséquent dans mes prin-
» cipes, je me soumets à sa volonté, et
»je viens vous déclarer ici hautement
» que , dès aujourd'hui , je renonce à
» exercer mes fonctions de ministre du
» culte catholique. En conséquence, nous
» vous remettons tous nos titres. » Gobel
déposa sa croix et son anneau sur le bu-
reau du président , qui le félicita de so
défaire de ces « hochets gothiques de la
» superstition , et d'abjurer l'erreur. »
L'assemblée lui donna alors les plus grands
éloges, et le bonnet rouge fut placé sur
sa tête. Cet acte de démence où d'insigne
lâcheté de la part d'un prélat presque
septuagénaire donna le signal à toutes
les profanations et apostasies qui suivi-
rent , et Gobel sembla prendre à tâche do
favoriser partout la licence. II fut chargé
d'une mission révolutionnaire pour Po-
renlruy, et l'on prétendit ensuite qu'il
s'était enrichi, et qu'il avait pillé les
meubles de l'évêque de Bâle. Cependant
Robespierre , qui avait pris en aversion
tous les athées , le lit arrêter avec Chau-
mette , le comédien Grammont et quel-
ques autres. Dans la solitude de sa prison,
Gobel se sentit plus fortement que jamais
agité par les remords de sa conscience , et
il adressa par un inconnu à M. Lothriu-
ger , un de ses vicaires , sa confession
par écrit avec le billet suivant , qui prouve
qu'il était revenu sincèrement de ses er-
reurs, dues en partie au peu d'énergie
de son caractère : « Mon cher abbé , je
» suis à la veille de ma mort ; je vous en-
» voie ma confession par écrit. Dans peu
» de jours je vais expier, par la miséri-
» corde de Dieu, tous mes crimes et nu-î
B scandales contre la sainte religion. J'ai
» toujours applaudi dans mon cœur à wa
» principes. Pardon , clier abbé, si je vous
» ai induit en eVreur. Je vous prie de ne
» me point refuser les derniers secours de
» votre ministère, en vous transportant à
» la porte de la Conciergerie , sans vous
» compromettre ; et , à ma sortie , de ma
» donner l'absolution de mes péchés , sans
«oublier le préambule : ^élb omni vin-
» culo ex communie ationis. Adieu , mon
«cher abbé; priez Dieu pour rnon àuie.
» afin qu'elle trouve miséricorde devant
« lui. J.-B. G. évêque de Lydda. » Gobel
périt sur l'échafaud avec Chaumette,
Grammont et plusieurs autres fameux ré-
volutionnaires le 13 avril 1794, à l'âge de
67 ans cinq mois.
GOIiELIi\ ( Gilles), teinturier du 16«
siècle , sous le règne de François l", trou-
va , à ce que l'on dit , le secret de teindre
la belle écarlate , qui depuis ce temps-là
a été nommée Vécarlate des Gobelins. Il
demeurait au faubourg Saint-Marcel à Pa-
ris , où sa maison, la manufacture royale
de tapisseries, et la petite rivière qui,
GOB
480
(.OC
plus haul , conserve s«n nom de Bièvrc ,
portent encore aujourd'hui le nom de
Gofteltns.
GORIi:\ ( Cbaries le ), jésuite, de Sl.-
Malo . fut secrétaire cl procureur des
missions, cl mourut à Paris en 1708, k Kî»
ans. C'était un homme d'un esprit plein
de ressources, d'un caractère actif, et un
assez bon écrivain. Nous avons de hii :
I V Histoire des iles Marianne s . 1700 ,
in-12 ; | le commencement des Lettres
édifiantes . dont il y a 5/i recueils in-12,
et dont on a fait une nouvelle édition en
Si vol. Paris, 1781, qui offrent des détails
inlcressans sur l'histoire naturelle, la
géographie et la politique des états que
les jésuites ont parcourus. Le Père Gobien
entra dans la trop fameuse querelle entre
les missionnaires, sur le culte que les Chi-
nois rendent à Confucius et aux morts.
Les celai rcissemens qu'il a donnés à ce
sujet, se trouvent dans les Nouveaux mé-
moires sur l'état présent de la Chine du
Père Le Comte , en 3 %k)1. in-12 ( voyez
TOURNON ). Le 3* vol. de cet ouvrage
esi entièrement de lui. Il est composé des
lettres sur les progrès de la religion à la
Chine. 1607, in-8° ; et de V Histoire de le-
dit d l'empereur de la Chine, en faveur
de la reUgionchrétienne . et éclaircisse-
mens sur ies honneurs que les Chinois
rendent à Confucius. 1698, in-12.
C0BIM:T ( Charles ) , principal du
collège Duplessis, docteur de la maison
cl société de Sorbonne. né en 1613 à Saint-
Quenthi, instruisit pendant hô ans la ji-u-
nesse confiée à ses soins, par ses excm])Ies
et par ses ouvrages. Les principaux sont :
I Instruction de la jeunesse . in-12 , 1653 ,
très souvent réimprimée ; I Instruction
sur la pénitence et sur la sainte commu-
nion. 4667, 8*^ édition , 172.'), in-12 ; [ In-
struction sur la vérité du saint sacrement,
iiàùl, 1G91, in-12. | Instruction sur la re-
ligion . in-12. I Instruction chrétienne
des jeunes filles. 16.S2, 1709, in-12 ; | In-
struction sur la manière d'étudier. 1689,
1690, in-12 , etc. Tous ces ouvrages font
honneur à la religion et au jugement de
l'auteur ; le style en est quelquefois sur-
anné. Il mourut à Paris en 1690, à 77
■ns. Quoique sa vie eut été très pure , un
prêtre imprudent, qui l'assistait à la mort,
lui dit ; Qud est terrible de to/nbcr dans
les mains d'un Dieu vivant ! L'illustre
mourant lui répondit : Qu il est dour de
tomber entre les mains d un Dieu mort m
croix pnurnot^! Il expira un instant
•prè-s. IloUio a célébré , dans un poème
latin, ses >cilu» et se» lotn;N ci mur» ser-
vices.
GOBRYAS , un des sept seigneurs de
Perse , qui , après la n«>rt de Cambyse,
s'unirent jmur chasser les mages usurpa-
teurs du trône vers l'an [y2\ avant J.-C.
Il était beau-père de Darius, et il accom-
pagna ce prince dans son expédition con-
tre les Scythes. Ces peuples ayant envoyé
à Darius un oiseau, un rat, une grenouille
et cinq flèches, Gobria.s conjectura que
ce présent signi liait : a O Perses ! si vous
» ne vous envole/, comme les oiseaux , ou
» si vous ne vous jetez, dans les marais
» comme les grenouilles , ou si vous ne
» vous cacher, sous la terre connnc les rats,
» vous serez, percés de ces flèches. » L'é-
vénement fit voir que Gobrias n'avait pas
mal deviné , au moins quant au résultat
de son explication. Son fils Murdonius de-
vint gendre de Darius.
GOCLEMUS ( Co\RAD ) , né en 1485
à Mengeringshausen , dans le comté de
Waldeck, chanoine à Anvers, fit ses études
à Louvain , et fut le premier professeur
de langue latine dans le collûgedesTrois-
Langues , fondé de son temps. Il mourut
à Louvain le 25 janvier 1559 , et se ût un
nom : | par de savantes Notes sur les Of-
fices de Cicéron, Bàlc , in-/t° ; | par une
nouvelle édition de Lucain ; | par une
traduction latine de VHermotime de Lu-
cien , ou Des sectes des philosophes ,
Louvain, 1522. Erasme , son ami intime ,
faisait cas de son caractère et de son éru-
dition.
GCK'J.ENinS ( Rodolphe ) , docteur en
médecine, et ardent disciple de Paracelse.
né à Wiitenberg en 1572, et mort en 1621,
après avoir été professeur de physique,
puis de mathématiques à Marpurg. On a
de lui : | L'ranoscopia. chiroscopia etme-
toposcopia. 1608, in-12 ; et quantité d'an-
tres ouvrages en faveur des divinations
superstitieuses. | Tractatus de magnetica
vulneris curatione . 1613 , in-12 . Nurem-
berg. 1662, in-A".LePèreRobcrli, jésuite,
attaqua cet ouvrage et prouva que xa
n'était qu'un tas de fanssctes.de supersti-
tions et de sottises ; et que s'il y avait
quelque chose de réel, il n'était pas dans
l'ordre naturel. Le dorteur Mesmer a res-
suscité depuis les rêveries de Gocleniiu.
royrz IIELMONT ( Van ).
GOGLEMI'S : r. "- ^ ^ •
bnrh , dans le coiiu
fut eux iron 50 ans :
à Marpurg, où il niuuiulcn lbS8. it timi
pocto cl philosophe. On a de lui un trot
GOD
A90
GOD
grand nombre d'ouvrages, qui ne sont lus
de personne. Les principaux sont : | Mis-
cellanea theologica etphilosophica. in-S";
I Conciliator philosophicus . in-8°; | Idea
philosophiœ Platonicœ. in-8" ; | Lexicon
philosophorurn. in- fol.; | Physiognomicœ
et chiromanciœ spccialia. in-8", etc.
GODARD ( saint ) , archevêque de
Rouen , né à Salency en Picardie , était
frère, à ce qu'on croit , de saint Médard ,
évêque de Tournai. Son zèle parut dans
la conversion d'un grand nombre d'ido-
lâtres à Rouen ; mais l'action qui lui fait
le plus d'honneur est d'avoir contribué ,
avec saint Rémi de Reims , à amener le
roi Clovis \" au christianisme. Il mourut
saintement vers l'an 550.
• GODARD ( Jeax-Baptiste ) , ancien
proviseur du lycée de Bonn, né en 1775 à
Origny Ste.-Benoîte ( Aisne ) , a fait sur
l'histoire naturelle de savantes recherches,
qu'il a consignées dans l'ouvrage intitulé :
Histoire naturelle des Lépidoptères ou
papillons de France. Ce travail avait été
commencé par Genouville : Godard l'u
poussé jusqu'à la 71*^ livraison, ou jusqu'au
b"^ vol. , et il a été complété à 8 vol. par
M. Duponchel, qui a consacré une Notice
à son prédécesseur , placée en tel e du 6*^
volume des lépidoptères. Godard est mort
à Paris le 27 juillet 1825. Son Eloge a été
prononcé dans la société Linnéenne par
M. le capitaine Devilliers dans la séance
publique du 28 décembre 1825. Godard a
publié aussi un Mémoire sur plusieurs
espèces nouvelles de lépidoptères diurnes
exotiques inséré dans les Mémoires de la
société linnéenne.
* GODDARD ( Jo!«ATHAN ) , médecin
et chimiste anglais , né à Greenwich en
1617, fut nommé médecin en chef de l'ar-
mée anglaise parlementaire , accompagna
en cette qualité Cromwell en Irlande et en
Ecosse, et revint à Londres en 1651, après
la bataille de Worcester. Lorsqu'en 1565
le parlement dissous par Cromwell fut
remplacé par un nouveau , Goddard fut
nommé représentant de l'université et
conseiller d'état la même année. Il con-
tinua à jouir d'une grande considération
auprès de Charles II , à cause des nom-
breux services qu'il rendit à la société
royale de Londres. Il est particulièrement
connu par l'invention de différentes dro-
gues, et surtout par celle des gouttes
d'Angleterre ^ connues sous le nom de
gouttes de Goddard. autrefois fort célèbres
pour les attaques d'apoplexie et d'épilep-
sie. Goddard mourut le 24 mars 1C74. On
a publié ses recettes sous le litre d'^r-
cana Goddardiana, qui ont été réimpri-
mées dans la Pharmacopeia bateana. On
a encore de lui : De l'abus des remèdes;
de la malheureuse situation où, se trouvé
la pratique de la médecine à Londres,
Les Transactions philosophiques et l'/Iis-
toire de la société royale de Londres in-
diquent plusieurs autres écrits de God-
dard. 11 esl le premier anglais qui ait con-
struit un télescope.
GODEAU ( Axtoi^e), né en 1605' à
Dreux, d'une bonne famille, se destina
d'abord au siècle ; mais une demoiselle
qu'il recherchait ayant refusé de l'épou-
ser, parce qu'il était petit et laid, il vint à
Paris et y embrassa l'état ecclésiastique.
Produit à l'hôtel de Rambouillet, le bureau
du bel esprit, et souvent du faux esprit ,
il y brilla par ses vers et par une conver-
sation aisée. 11 fut un de ceux qui , eu
s'assemblant chez Conrart, contribuèrent
à l'établissement de l'académie française.
Le cardinal de Richelieu , instruit de son
mérite, lui accorda une place dans cette
compagnie naissante. On dit que ce mi-
nistre lui donna l'évêthé de Crasse, pour
faire un jeu de mots. Godeau présente à
ce cardinal une paraphrase en vers du
cantique Benedicite . et il reçoit pour ré-
ponse : Vous m'avez donné Benedicite ,
et moi je vous donne Grasse. Plusieurs
critiques prétendent que le cardinal de
Richelieu ne prononça jamais cette plati-
tude, et leurs raisons paraissent plausi-
bles ( voyez les Remarques de l'abbé Joly
sur \c Dictionnaire ^G Bayle, au mot BAL-
ZAC). Il est vrai néanmoins qu'il com-
mença sa traduction des Psaumes par la
paraphrase du Benedicite . et ce poème .
très bon pour le temps, le fit connaître
avantageusement. Dès que Godeau eut
été sacré , il se retira dans son diocèse ,
et se dévoua entièrement aux fonctions
épiscopales. Il tint plusieurs synodes, in-
struisit son peuple, réforma son clergé ,
et fut une leçon vivante des vertus qu'il
demandait aux autres. Innocent X lui ac-
corda des bulles d'union de l'cvèché de
Vence avec celui de Grasse ; mais le
clergé de Vence s'étant opposé à cette
union , il quitta le diocèse de Grasse , et
mourut à Vence en 1672, à 67 ans. Ce pré-
lat écrivait avec beaucoup de facilité en
vers et en prose ; mais ses vers ne sont
le plus- souvent que des rimes ; et sa
prose , coulante et aisée , est quelquefois
trop abondante et trop négligée. Les
principaux fruits de son esprit fécond
OOD
491
r,oi>
sont : 1 Histoire dcT l'glixe. depuis le com-
rnrncctttent du momie jusqu'à Itifin ituV
siècle. Paris . 1655-1678. î» vol. in-fol., iM 6
gros vol. in-l'i. A qud'iuos vij-ux mois
près r C. quelques tours ogaicmeuf suran-
nés, son style cjale au moins celui des
auteurs qui ont traité depuis les mt^mes
ot>jcls. Il a même plus de nombre , plus
de majesté, que plasieurs d'entre eux ;
moins d'inégalités et de saccades ; en un
mot . plus de cette grandeur unie et sou-
tenue que demande la di'jnité de l'histoire.
Son ouvrage présente moins de détails
que celui de l'abbé Fleury, mais il se fait
lire avec plus de plaisir. Godeau prend
la substance des originaux , sans s'assu-
jettir à leurs paroles , et fait un corps de
divers membres épars çà et là. Fleury.
au contraire , se pique d'employer les pro-
pres expressions des anciens historiens ,
et souvent se borne à les coudre l'un à
l'autre. Une autre différence entre les deux
ouvrages est qu'on ne remarque pas, dans
celui de Godeau, ces idées de censure et
de réforme , qui dirigent si souvent les
ju(»emens de Fleury , ces éloges exclusifs
de la primitive Eglise , cette prévention
contre la discipline actuelle, etc. : les no-
vateurs par-là en font moins de cas ; mais
c'est un préjugé en sa faveur. Cependant
dans le compte qu'il rend de la condam-
nation des Trois Chapitres . au 5* concile
général, il ne s'est pas assez délie de leurs
artifices. | Paraphrases des Epitres de
saint Paul et des Epitres canoniques, in-
4°, dans le goût des Paraphrases du Père
Carrières , qui , en prenant l'idée de l'é-
vêque de Grasse, l'a perfectionnée. | Vies
de saint Paul. in-4° ; de saint Augustin ,
in-4° ; de saint Charles Borromée. 1657 ,
2 vol. in-12 ; ] les éloges des évéque s qui
dans tous les siècles de V Eglise ont fleuri
en doctrine et en sainteté, in-i**. ( Morale
chrétienne. 3 vol. in-12, pour l'instruction
«les curés et des prêtres du diocèse de
Vence. L'auteur, ennemi de la morale re-
lâchée, opposa cet ouvrage aux maximes
pernicieuses de certains casuistes. | l^s
Psaumes de David, traduits en vers fran-
çais^ in-12. Les calvinistes s'en servent
dans le particulier , à la plac<* de ceux de
Marot, qu'on chante dans les temples.
Quoique le styte de cette version soit en
général lâche et diffas , cependant la ver-
sification a de la noblesse et de la dou-
ceur. I Le nouveau Testament traduit
et erpliqné. in-8* en 2 vol. , 1668 ; | plu-
sieurs autres poésies : les Fastes de l'E-
glise . qui contiennent plu» de 15 mille
ver» ; le fKMMne de i .tssomption ; celui
«le saint Paul, de la A/atirleine. de »aint
Eu.ttarhe: iW»églogue.% chrétienne*, elc...
Gtivleau , touché des abus que la plu))art
des versiruateurs faisaient de ta poésie ,
voulut la ramener à son véritable usage ,
mais il «nérila plus d'éloges pour son in-
tention rpie pour ses succès. Froid daiu
les délaiU. méthodique dans l'ordonnance,
uniforme dans les expressions, il se copie
lui-même, et ne connaît pas l'art do
varier ses tours et ses ligures, de plaire
à l'esprit et d'échauffer le coeur. On est
forcé de se demander en le lisant, comme
le jésuite Vavasseur : Godellus utritm
po.-ta ? Et le goût répond presque toujours :
Aort. Il disait « que le paradis d'un au-
» teur, c'était décomposer ) le purgatoire,
» de revoir et de corriger ses ouvrages,
» et l'enfer, de les imprimer. » Ceux qui
ont beaucoup imprimé avec la sensibilité
d'auteur .n'auront pas de peine à recon-
naître cet enfer, aujourd'hui surtout que
l'ignorance et la cupidité ont fait de la
typographie une simple marotte de com-
merce. I Eloges historiques des Empe-
reurs, HH\7, in-4° : ouvrage très estimé.
GODEAU (Michel ). né vers 1656, pro-
fesseur de rhétorique au collège des Gras-
sins. ensuite recteur de l'université et
curé de Saint-Côme à Paris, mourut a
Corbeil, oii des ordres supérieurs l'avaient
relégué, le 25 mars 1736, à 80 ans. On a
de lui un asseï grand nombre d'écrits ,
surtout en vers latins. Le plus connu est
une traduction d'une partie des OEuvres
poétiques de Despréaux, imprimée à Pa-
ris en 1737, in-12. Tous ceux qui se con-
naissent en vers latins avoueront (dit un
célèbre critique ) que ceux du traducteur
ne sont guère dignes de son original ; et
cela devait être ainsi , quelque talent que
le traducteur pût avoir : ceux qui ont une
idée juste des langues anciennes et des
modernes, du latin et du français, n'en
douteront pas. On peut ajouter qu'en gé-
néral tout ouvrage , dont le mérite con-
siste en grande partie dans le style , les
expressions, les tours propres au génie de
la langue dans laquelle il est écrit
toujours la matière d'une paurre
tion.
GODEFROI DE BOI IM/WI , due à»
Lorraine et premier roi chrétien de Jf nui
lem,néavant1 'i- •■ '»i ll*siérleàRa«y,
village du hi "). à deux lieues
deNi'vclle. ri I < . tache II. comte d«
Boulogne et de Lcns. Ln 1076 U saccétU à
son oncle Godefroi le Bos«u , dtsc d« k
GOD
&92
GOD
Basse-Lorraine , dans le duché de Bouil-
lor». Sa mère, la pieuse Ide , le forma à la
vertu et à la piété, et elle eut la satisfac-
tion de réussir. Les chanoines de la ca-
thédrale d'Anvers se font honneur d'avoir
pour leur fondateur ce héros chrétien : il
fit aussi de grandes largesses à l'évèque
de Verdun , et lui donna le comté de sa
vilh; épiscopale. Il servit, avec autant de
fidélité que de valeur , l'empereur Henri
IV en Allemagne et en Italie. La réputa-
tion de bravoure que ses succès lui avaient
acquise, et sa piété, le firent choisir pour
un des principaux chefs des croisés , que
le pape Urbain II el les autres princes
chrétiens envoyèrent dans laTerre-Sainte.
II partit pour cette expédition au prin-
temps de l'année 1096, avec ses frères Eus-
tache etBaudouin. Les Grecs s'opposèrent
vainement à leur passage. Godefroi obli-
gea l'empereur Alexis Comnène de lui ou-
vrir les chemins de l'Orient et de dissi-
muler ses inquiétudes. Par les traités
qu'il fil avec ce prince , il devait lui ren-
dre les places de l'empire qu'il prendrait
sur les infidèles, à condition qu'il fourni-
rait à l'armée des vivres et des troupes.
Mais Alexis craignit pour ses propres
étals, et ne tint rien de ce qu'il avait pro-
mis. Godefroi alla mettre le siège devant
Nicée, s'en rendit maître, et, en continuant
»a roule , il prit un grand nombre de
places dans la Natolie. L'armée croisée
était alors composée de 100 mille cava-
liers et de SOO mille gens de pied ; mul-
titude mal combinée et mal assortie: mais
la valeur et la sagesse du chef semblaient
suppléer à ce qu'il manquait d'énergie et
d'ordre à ces légions informes. Antioche
fut prise par intelligence , le 5 juin i098.
Trois jours après il arriva une armée
immense , qui assiégea les croisés renfer-
més dans la ville. Comme ils étaient sans
provisions, ils sévirent réduits à manger
les chevaux et les chameaux. Dans celte
extrémité ils furent délivrés par la décou-
verte vraie ou prétendue de la saintelance:
découverte faite sur l'indication d'un clerc
provençal, qui avait eu une révélation.
Cet événement ranima tellement le cou-
rage des croisés , qu'ils repoussèrent vi-
vement les Turcs, et remportèrent sur
eux une grande victoire. La ville de Jé-
rusalem fut prise l'année suivante ( 1099),
après cinq semaines de siège. On fit main-
basse sur les infidèles; le massacre fut
horrible : tout nageait dans le sang , les
vainqueurs fatigués du carnage en avaient
horreur eux-mêmes. Godefroi , dont la
piété égalait la valeur; fut sans doute im
de ceux que ces fureurs soulevèrent.
Après la prise de cette ville, il ne songfa
qu'à satisfaire sa dévotion, quitta sa cui-
rasse, se revêtit de laine, fit le tour de la
ville à pieds nus , et alla visiter le saint
sépulcre. Huit jours après la conquête
de Jérusalem, les seigneurs croisés l'élu-
rent roi de la ville et du pays. Ce prince
refusa les marques de la royauté , disant
qu'il ne convenait pas de porter une cou-
ronne d'or dans une ville où Jésus-Christ
avait été couronné d'épines. Il refusa
même le titre de roî^et se contenta de
celui de clucel d'avoué du Saint- Sépulcre.
Le sultan d'Egypte appréhendant que les
chrétiens, après de si grands avantages,
ne pénétrassent dans son pays , et les
voyant tellement affaiblis , que de 300
mille hommes qui avaient pris Antioche,
il en restait à peine 20 mille, envoya con-
tre eux une armée de 400 mille combat-
tans. Godefroila défit entièrement, et par
cette victoire devint le maître de toute la
Terre-Sainte, à la réserve de deux ou trois
places. Il songea moins à étendre ses nou-
veaux états , qu'à les conserver et à y
mettre une bonne police. Il établit un pa-
triarche , fonda deux chapitres de cha-
noines, l'un dans l'église du Saint-Sépul-
cre, l'auîre dans l'église du Temple, et un
monaslère dans la vallée de Josaphat.
Après cela il donna un code de lois à ses
nouveaux sujets , qui eurent la douleur
de le perdre après un an de règne. Il mou-
rut le 18 juillet de l'an 1100. Ce nouveau
royaume subsista 88 ans. Godefroi fut le
modèle des héros chrétiens , et il serait à
souhaiter que nous eussions de lui une
bonne f^ie. Il montra dès son enfance une
grandeur d'âme , une générosité , une
douceur , une modestie qui charmaient
tous ceux qui avaient à vivre avec lui. Sa
vertu et sa piété ne se démentirent ja-
mais. Personne n'a possédé comme lui la
pénétration d'esprit , la solidité du juge-
ment, l'intrépidité du courage , la força
et les autres avantages du corps. Son
père, un dés plus grands guerriers de sou
temps, lui apprit de bonne heure tout co
qui peut faire exceller dans la profession
des armes. Sa mère lui enseigna les
maximes du christianisme, qu'il observa
depuis à la tête des armées, avec autant
de régularité qu'il eût fait dans un i loitre.
Il assistait à l'office divin avec la plus
tendre dévotion ; et ce n'était qu'avec
beaucoup de peine qu'il sortait de l'église
pour aller prendre la nourriture dont il
GOD
493
GOD
avait besoin. Il portait une sainio envie à
ceux qui ont la libelle <le chanter toujours
k?s louanges du Seigneur au» pieds des
autels, et il tàcliait au moins d'avoir quel-
que part à leur ferveur et à leurs bonnes
œuvres. Durant toute la croisade, on dis-
lin^îua toujours ses troupes au bon ordre
qu'elles observaient. Il commençait et
finissait toutes ses entreprises jwr des
actes de religion. Durant sa maladie qui
dura cinq semaines , il se prépara à la
mort avec de grands sentimens de piété,
et avec le courage d'un héros chrétien.
€ Jamais, ditTabbédeChoisy (/ow/vm/rf^a
» scvans, 1712, p. 119 ) , l'antiquité fabu-
» Icuse ne s'est imagine un héros aussi
» parfait en toutes choses , que la vérité
• de l'histoire nous représente Godefroi
» de Bouillon. Sa naissance était illustre ,
» mais ce fut son mérite qui réleva au-
» dessus des autres , et l'on peut dire de
• lui que sa grandeur fut l'ouvrage de sa
» vertu. » Son Cocie cU; lois , dont on con-
serve ime copie dans la bibliothèque du
Vatican , et quelques autres en France, a
été traduit , mais peu exactement , et im-
primé à Venise en 1555. On en trouve
une partie dans Deliciœ equestrium ordi-
nxim de François Mennens, Cologne, 1613,
in-12. Il y a une lettre de Godefroi à Boé-
inond dans Guillaume de Tyr . liv. 2 ,
chap. 10, édit. de Baie, 1564, où il répond
à Boémond , qui lui avait dit de se défier
d'Alexis Comnène , qu'il connaissait la
malignité de cet empereur^ et qu'il en
éprouvait tous les jours quelque chose.
Les exploits de Godefroi sont consignés
dans Labores Ilerculis christiani Gode-
fridi Bullionii. Lille, 167'*, in-12, du Père
de Waha , jésuite , ouvrage d'une latinité
pure et nerveuse ; et dans la Jérusalem
délivrée du Tasse. Deux prolestans , Ré-
gner Reineccius, professeur d'Ilelmsladt,
et MatlhieuDresser, professeur à Leipsick,
ont attaqué les croisades ; mais le Père
Gretzer, jésuite, les a victorieusement ré-
futés dans son traité De Cruce , lib. 3 ; ce
qui n'empêche pas les philosophes mo-
dernes d'être les mauvais singes de ces
deux sectaires. Foy. BERNARD (saint).
PIERRE L'ERMITE, LOUIS VII . LOUIS
( saint ) , etc. Foyez aussi le Génie du
christianisme , et C Histoire des croisades
de M. Michaud. L'auteur d'un Essai sur
l'histoire générale . prétend que Godefroi
vendit sa terre de Bouillon au chapitre de
Liège ; ce que d'autres ont nié, alléguant
que Godefroi n'était pas propriétaire du
duché de Bouillon , et que ce duché formait
I.
le patrimoine d'Ide.sa mère, qui lui sur-
vécut ; maiscctie raison est fausse, Gode-
froi ayant succédé dans ce duché en 1076,
à son oncle G<Mlef roi le Bossu , qui l'avait
adopté |x)ur son fils.
r.ODEFROI ( saitit ) , évéque d'A-
miens , mort au monastère de Sl.-Crespin
de Soissons, en 1118, se rendit rerom-
mandable par ses vertus et par ses coo>
naissances.
GODEFROI DE VITERBE . ainsi nom-
mé du lieu de sa naissance , fouilla pen-
dant 40 ans dans les archives de l'Eu-
rope, pour y recueillir de quoi composer
imc Chronique . qu'il dédia au pape Ur-
bain III ; mais qui, malgré cela, paraît
n'avoir pas été entreprise pour favoriser
la cause des papes contre les empereurs.
Godefroi avait été chapelain et secrétaire
de Conrad III , Frédéric P' et Henri VI ;
etl'esprit de cour, si l'on en croit quel-
ques critiques, a influé sur sa plume;
mais ce reproche ne parait guère fondé :
l'auteur parle respectueusement des papes
et rend justice à Grégoire VII. Cette
chronique commence à Adam , et finit en
1186. Elle est écrite en vers et en prose.
L'auteur affecte dans ses vers , quoique
latins , des rimes et des jeux de mots:
c'était le goût de son siècle. Il y traite
indifféremment le sacré et le profane. Il
y parle de tous les princes du monde, et
il intitule sa chronique Pant/iéon : comme
si ces hommes, vers de terre ainsi que
tous les autres , étaient des dieux ! Quoi-
que cette compilation soit marquée au
coin de la barbarie , on ne peut refuser
de l'érudition à l'auteur. D'autres chroni-
queurs, en particulier Martin de Pologne,
ont profité de son ouvrage, et en ont
copié tant le faux que le vrai. La meil-
leure édition de sa Chronique est celle de
Hanovre en 1613, dans le rectieil des /lit-
toriens d'Allemagne , par Pistorius. On
conserve à la bibliothèque de Vienne un
manuscrit de Godefroi intitulé Spéculum
regum.
GODEFROI { De-vis ) , jurisconsulte
célèbre, né en 15'»9 à Paris, d'un con-
seiller au Ch&lelet, s'acquit une rrpute-
tion au parlement : mais ayant embrassa
le calvinisme , il fut obligé de se retirer f
Genève; il professa ensuite le droit daus
quelques universités d'Allemagne . oti U
mourut en 4622 . à TS an<. On - •- '■■■ -n
grand nombre d'ouvrage» de i
lesquels on distingue: | le ( n
civilis. avec des notes, que CUtidc Fii-
rières louait avec un enlhou«i.isnne qui
GOD
/11.9/i.
GOD
semble tenir de la prévention. Les meil-
leures éditions sont celles de Vitré, 1G28,
et d'Elzévir , 1663 , 2 vol. in-fol. | Notœ
in quatuor libros Jnslitutionum; \ Opus-
cula varia juris ; \ Praxis civilis > ex an-
tiquis et recenlioribus scrijjtoribus ; \ In-
dex chro7iolofficus legum et novellarum
a Justiniano imperatorc composilarum ;
j Consuetudines civitatum et provinciarum
Galliœ ^ cum notis ^ in-fol.; | Quœstiones
polilicœ^ ex jure communi et historia
desumptce ; | Dissertatio de nobilitate ;
I Statuta reqni Gàllice cum jure communi
collata^ in-fol.; | Synopsis statutoruni
rnunicipalium ; \ une édition en grec et
en latin du Promptuarium juris d'Harme-
nopule ; | des Conjectures et diverses le-
çons sur Sénèque ^ avec une défense de
ces Conjectures , que Grutier avait atta-
quées ; I un Recueil des anciens gram-
mairiens latins^ etc. On attribue encore
a Denis Godefroi : | Avis pour réduire
les monnaies à leur juste prix et valeur,
ParLs ,1011, in-8° ( i ) ; | Main tenue et défense
des empereurs, rois, princes, états et répu-
bliques contre les censures , monitoires et
excommunications des papes. in-4° : ou-
vrage dont le titre annonce suffisamment
le fanatisme de l'auteur. | Fragmenta
duodecim tabularum , suis nunc ptimum
talmlis restitata, 1616, in-Zi". Les opus-
cules de Denis Godefroi ont été recueillis
et imprimés en Hollande, in-fol. Dans
ceux même dont l'objet parait indifférent,
l'auteur n'a jamais manqué de faire en-
trer les préjugés de sa secte.
GODEFROI ( TnÉoDORE ) , fils aîné du
précédent, naquit à Genève en 1580. Il
embrassa la religion catholique que son
père avait quittée, obtint une charge de
conseiller d'état et mourut en 1546 , à
Munster, où il était en qualité de con-
seiller de l'ambassade de France, pour la
paix générale. La république des lettres
lui doit \Le Cérémonial de France, recueil
curieux, in-4.°, et publié ensuite par Denis
son fils , en 2 vol. in-fol.; | Mémoire con-
cernant la préséance des rois de France
sur les rois d'Espagne. Paris , 1613 , 1618,
in-4."; \ Histoire de Charles VI par Jean
Juvénal des Ursins ; de Louis XII , par
Seyssel et par d'Auton , etc.; de Char-
les VIII, par Jaligny et autres ; du Che-
valier Bayard , avec le Supplément ^ par
Expilly , in-8° ; de Jean Le Meingre ^ dit
{\) Cel ouvrage n est pas de Denis Godefroi , mais
i'nn autre Godefroi , avocat , qui avait t.\r. procureur
^a roi ••■ mAnnaic*.
Boucicaultj maréchal de France in-4*'
d'Artus III , duc de Bretagne , in-i" ; ds
Guillaume Marescot, in-4°. Godefroi n'est
que l'éditeur de ces histoires , composées
par des auteurs contemporains; mais il les
a enrichies de notes et de dissertations.
Dii^vis GODEFROI , son fils , né à Paris
en 1615 , et mort en 1681 , en a fait réim-
primer la plus grande partie avec de
nouvelles additions. Jeax, fils de Denis,
petit-fils de Théodore , mort en 1732 , a
donné aussi des éditions de différens ou»
vrages :] De la véritable origine de la
m.aison d'Autriche, in-i"; | Généalogie
des ducs de Lorraine ; \ L'ordre et les cé-
rémonies observées aux mariages de
France et d'Espagne ,in-h9; \ Généalogie
des comtes et ducs de Bar, in-4°; | Traité
touchant les droits duroi très chrétien sur
plusieurs états et seigneuries voisines, in-
foîio, sous le nom de Pierre Dupuy ;
I Généalogie des rois de Portugal , issus
en ligne directe masculine de la maison,
de France qui règne aujourd'hui , in-4°;
I Entrevue de Charles IV , empereur... ^
et de Charles V, roi de France : plus ,
l'entrevue de Charles VII, ?-oi de France,
et de Ferdinand, roi d'Aragon, etc..
in-i". Godefroi n'écrit ni purement, ni
poliment, mais il pense juste et n'avance
rien sans le prouver avec autant de sa-
voir que de netteté.
GODEFROI (Jacques), frère du précé-
dent, né à Genève en 1587, persévéra
dans le calvinisme. Il fut élevé aux pre-
mières charges de la république de Ge-
nève , sa patrie , et en fut cinq fois syndic.
II y mourut en 1652, à 65 ans. C'était un
homme d'ui»e profonde et exacte érudi-
tion. On a de lui: | V Histoire ecclésiastique
de Philostorge , en grec et en latin , 16i2 ,
\a-k° , avec une version peu fidèle ; un
appendix et des dissertations pour l'in-
telligence de cette histoire. | Le Mercure
jésuitique. C'est un recueil de pièces con-
cernant les jésuites. On sent assez quelle
est la nature de ces pièces, et comment
ces religieux y sont traités dans un temps
où les calvinistes les considéraient comme
les seuls ennemis redoutables de leur
secte. La dernière édition de cet ouvrage
est de 1631 , en 2 vol. in-8°. \ Opuscula
varia , juridica . politica, historica.cri-
tica , in-4"; | Fontes ju7is cjVi7i5, 1653,
in-4°; | De diversis regulis jum,, 1635,
in-i» ; | De famosis latronibus inves-
tigandis; in-4°; | De jure prœcedentia
in-4°; | De salario , in-4°; | Animadver-
siones juris civilis ; \ De suburbiçariis re*
GOD
405
r.OD
gionibus . in-i**, Fraticfort , 1617; | J)e
statu payanorum suh imprrntorihns
christituiis . Lcipsick, 1616 . iii-i"; | Frag-
menta Icgum Juîiœ et Pajnœ , collecta
et notis illustrata ; \ Codex Theodosianus
1665, 4 vol. in-fol.; | fétus orbis descrip-
tio . gneci schptotis sub Constantio et
Constante imperaloribus ^ grec et lalia,
avec des nolea , in-i°.
GODEFUOI ( Jacqdcs ), né à Carentan,
mort en 1624, était contemporain et
rival de BérauU. II avait une (rrande oon-
naissance des lois , et une dialectique ex-
cellente, qui le rendit souvent redoutable
à son illustre adversaire. Il est auteur
d'uji Commentaire de la < otttume de Nor-
mandie . joint à celui de BérauU et d'A-
viron . 1684 et 1776 , 2 vol. in-folio.
GODEFROI ( Ar.n'Old ) , né à Anneberg
rille de Misnie , en 1666, fit toutes ses
études à Wiltemberg , et s'y distingua
par sa sobriété , son application et ses
progrès. Dégoûté de ses maîtres , à cause
de leurs mauvaises mœurs , il passa à
Dresde , où il fit éclater son aversion
pour les luthériens , et son penchant
pour le particularisme , c'est-à-dire , pour
la religion individuelle, fruit de l'esprit
particulier et du choix personnel. Appelé
à Giessen pour y enseigner l'histoire,
il remplit très peu de temps cette chaire ,
cl publia un ouvrage sur son abdication ,
forcée , disait-il , par sa conscience. De
Giessen , il passa à Quediinbourg, et s'y
retira chez Jean-Henri Spregclius , dont
il époasa la fille. Ses discours , et quel-
ques ouvrages où il débitait ses nou-
>eaulés, occasioncrent des brouilleries ,
qui ne l'empêchèrent pas de parvenir aux
ctiarges de prédicateur de la duchesse
douairière d'Eiscnach , d'inspecteur à
Werben , et enfin de prcdicant à Saint-
.lacques de Pcrlebcrg, dans la marche
de Brandebourg , où il mourut du scor-
but , accompagné d'une lièvre ardente .
le 30 mai 1714. Dans son Histoire de l'E-
glise^ il attaque toutes les sociétés chré-
tiennes. Ses principaux disciples ou dé-
fenseurs furent Dippelius, que les luthé-
riens nommaient le bouffon bannal des
piétistes; Krazensteinius . qui fit du bruit
à Quediinbourg; Madeleine, servante de
Spregelius , l'une des héroïnes d Arnold.,
depuis femme publique; Spregelius lui-
même ; Karl, Schoedius. etc., et d'autres
aussi fanatiques que le maître.
GODEFROI. Voyez GEOFFBOI.
• GODF.GI.SILE . premier roi vandale,
qui è l'instigation de SlUicon, fil axcrson
orinre uiio In U|>tioi) dans le« (>>iiilr<t. Sv-
Ion Proropc . 1rs Vamlali-s contraints par
la famine, avaient quitté laDacic et les en-
virons des Palus-Méotides. l«-ur ancienne
demeure. Gmlégisile voulant passer le
Hhin, fut vaincu par les Francs, et pé-
ril dans le combat en 406. Il eut pour
successeur Gonderic ; cl les Alains rt le»
Suèves étant venus aussitôt au s<*cour«
des Vandales, passèrent le Rhin dans la
njémc année. Cet événement eut lieu dans
la douzième année du règne de l'empe-
reur Honorius.
r.ODEGR.V:VD. Voyez CHRODEGAND.
GODESCAU".. Voyez GOTESCALC.
• GODESCARD ( Je*:« François ), sa-
vant ecclésiastique, naquit en 1728, à
Rocquemonl, diocèse dé Rouen. II fut
successivement secrétaire de l'archevêché
de Paris , sous MM. de Beaumont et de
Juigné, prieur de Notre-Dame-<le-bon-
Repos , près de Versailles , chanoine de
Saint-Louis -du- Louvre et chanoine do
Saint-Honoré. Il était de l'académie des
belles-lettres et arts de Rouen. Privé de
ses bénéfices à la révolution , i' se vit ré-
duit pour vivre, à corriger des épreuves
d'imprimerie; mais il sut souffrir avec
courage ses privations et son dénùment.
Il mourut à Paris Io20 août 1800 , juste-
ment regretté de tous ceux qui l'avaient
connu. On lui doit : | Vies des pères, des
martyrs . et des principaux saints tirée»
des actes originaux et des monumens les
plus authentiques . traduites de l'anglais
d'Alban Butler ( voyez ce nom). La der-
nière édition de cet ouvrage précieux
a été imprimée à Versailles en 1820 : la
première l'avait élé à Villefranche de
Rouergue en 1763, 12 vol. in-8". I^ grand
nombre d'éditions qu'il a obtenues en fait
suffisamment l'éloge. Il convient au cler-
gé et aux simples fidèles : il est à la fois
édifiant et instructif, et annonce dan^
l'auteur autant de piété que d'érudition,
et autant de critique que de zèle. Le style
de Godescard est en général pur, natu-
rel, simple sans exclure l'élégance, et a
le mérite d'être toujours pr(>|>ortiontié
aux divers objets qui se pré.senteni à
traiter. L'ouvrage est distribué suivant
l'ordre des jours du mois ; on trouve sout
chaque jour la vie du principal saint , et
à la fin des réflexions qui ne sont le plui
.souvent qu'un extrait de ses utaxiatcs, et
le résultat de l'examen de ses principale*
vertus. A celle vie succèdent celles de»
saints les plus célèbres qtie l'Eglise h»
norc le niéinc jour. L'n volume cunlcnoni
GOD 496
les fêles mobiles a été traduit librement
par l'abbé Nagotet a paru en 1811 à Ver-
sailles. I Essais historiques et critiques
sur la suppression des monastères et
autres établissemens pieux en Angleterre ,
traduits de l'anglais de Dodd , 1791 , in-S".
I De la Mort des persécuteurs ^ par Lac-
tance , avec des notes historiques, nou-
velle traduction , 1797, in-8° ; | Réflexions
sur le duel; \ Abrégé de la vie des
saints^ Paris, 1802, et Lyon, 1815, k
vol. in-12. C'est l'abrégé du grand ou-
vrage ; Godescard l'a laissé au 18 juillet ;
il a été terminé par l'abbé Bourdier Del-
puils. I Eloges de l'abbé Bergier et de
tabbé Legros . dans les Annales catho-
liques. L'abbé Godescard a été aussi l'é-
diteur des deux ouvrages su! vans : | //.
Holden analysis fidei, Paris , 17G7 et 1786,
in-12; I De controversiis fidei tractatus
per Adrianum etPetrumde Valemburg .
nouvelle édition , avec la vie des auteurs,
1768, in-12, et plusieurs manuscrits.
• GODET DES RIARAIS ( Paul ) ,
évêque de Chartres, né en lG/t7 , fit ses
études au séminaire de Saint-Sulpice à
Paris , et fut pourvu de bonne heure de
l'abbaye d'Igny, dans le diocèse de Reims.
En 1677 , il devint supérieur du séminaire
des Trente-Trois, et Rl™'^ de Maintenon
le choisit pour son confesseur à la mort de
l'abbé Gobelin. Le roi le nomma à l'évè-
ché de Chartres en 1690; mais il ne fut
sacré que le 51 août 1692, à cause des
différends qui existaient alors entre la
cour de Rome et la France. Il se fit re-
marquer dans son diocèse par son austère
vertu , son désintéressement , son zèle à
remplir tous les devoirs de l'épiscopat.
Pendant la disette qui affligea son dio-
cèse en 1695 , il abandonna aux pauvres
tous ses revenus , et vendit pour les as-
sister le seul couvert d'argent qu'il pos-
sédât. Ce fut le même esprit qui le diri-
gea pendant toute sa vie. Lors des dis-
putes du quiélisme, il contribua à faire
sortir de Saint-Cyr M™^ Guyon , et il tra-
vailla à prémunir les religieuses de cette
maison contre la doctrine de cette femme
extraordinaire. Il publia aussi une in-
struction pastorale contre le livre des
Maximes des saints de Fénélon ; mais
après la décision , il fut le premier à fé-
liciter ce prélat sur sa soumission , et il
fit des démarches pour renouer leur an-
cienne amitié. Il se déclara également
GOD
ramener que par les insinuations les plu9
douces. Il mourut dans son diocèse le 26
septembre 1709. On lui doit la fondation
de plusieurs séminaires et écoles pour
l'instruction de la jeunesse. Le duc de
Saint-Simon , dans ses mémoires , parle
ainsi de lui : « Ses mœurs , sa doctrine ,
» ses devoirs épiscopaux , tout était irré-
» prochable. Il ne faisait à Paris que des
» voyages courts et rares , logeait à Saint-
» Sulpice , et se montrait encore plus ra-
» rement à la cour. Il était fort savant ,
» avait de l'esprit, de la douceur, de la
» fermeté , de la finesse , dont il ne se ser-
» vait jamais sans vrai besoin. Son désin-
» téressement , sa piété , sa rare probité
» étaient son seul lustre. » M. de Bausset,
dans sa Vie de Fénélon^ le fait encore
mieux connaître : « En 1695 il abandonna,
» dit-il , tous les revenus de son évéché
» aux pauvres de son diocèse , qui souf-
» fraient beaucoup de la disette des grains.
» Toute sa vaisselle d'argent consistait en
» une cuiller et une fourchette , et il les
» vendit. Il prêchait souvent , et ne plai-
n sait pas ; mais il convertissait. Ses let-
r> très à Louis XIV , au pape, au roi d'Es-
» pagne , étaient dignes des premiers siè-
» clés de l'Eglise. On a imprimé long-
« temps après sa mort , ses Lettres de di-
» rcction à J/"" de Maintenon ; et on ad-
» mire la sagesse, la mesure , l'habileté ,
« la profonde science du monde , avec la-
» quelle ce prélat , qui n'avait jamais vu
0 le monde , conduit M™* de Maintenon
» dans tous les détails de sa singulière po-
» sition. »
GODIIV (Louis ) , né à Paris en 1704,
montra de bonne heure beaucoup de ta-
lent pour les mathématiques. L'académie
des sciences lui ouvrit son sein en 172o.
Il fut comme le chef des académiciens qui
allèrent au Pérou en 1735 , pour la me-
sure du degré de la terre ; voyage bruyant,
mais qui ne produisît rien de solidement
utile , ni même de bien certain relative-
ment à son objet direct {voyez CONDA-
MINE). Etant entré au service de l'Espa-
gne , il obtint en 1732 la place de direc-
teur de l'académie des gardes-marines de
Cadix , où il est mort le 11 juillet 1760.
On a de lui ; | un journal sous le titre de la
Connaissance des temps; \ Table des mé-
moires de l'académie des Sciences^ in-i";
1 Machines approuvées par l'académie ^d
vol. Ce savant était aussi estimable par
contre le jansénisme, condamna le Cas son caractère que par son érudition et ses
de conscience et blâma la conduite du car- talens. On lit son Eloge par Fouchy dans
ciinal de Noailles ; mais il ne chercha à le ' Y Histoire de l'académie j année 1760.
GOD
* GODI^iHO (Manicl ) . )ésuUe . ne en
1630 à Muntalvan en Portu^pl , mort en
17 IS, publia une relation de ses voyages
en Syrie , dans llnde et en IVrse , sous
ce litre : Rdaçao do novo caminho . etc. ,
Lisbonne , 1665 , in-4°. On a en outre de
lui IS'ouveUt singulière de ce qui est ar-
rivé à Constantiiiople après la défaite de
l'armée ottomane sous les murs de f'ienne,
( en portugais ) Lisbonne , 1684 ; et la
fie , les vertus et la mort du sieur An-
toine d'yis Chagas . Lisbonne , 1687 et
<728. Godinho a fait paraître aussi plu-
sieurs ouvrages ascétiques.
GODINOT ( Jea\ ) , docteur en théolo-
gie et chanoine de la cathédrale de Reims,
naquit dans cette ville en IGGi. Persuadé,
on ne sait comment , qu'il pouvait unir
le commerce aux fonctions canon icales ,
il s'enrichit en faisant le négoce du vin.
L'usage qu'il lit de ses richesses, semblait
en quelque sorte en légitimer l'acquisi-
tion. 11 employa 500 mille livres à faire
\enir de la bonne eau dans la ville , et à
embellir les promenades publiques. Son
opposition à la bulle Unigenitus l'a rendu
])lus célèbre dans un certain monde, que
tout ce qu'il a fait de bien à la ville de
Reims. Il mourut en 1749.
GODONKSCIIE ( Nicolas ) . né à Paris,
garde des médailles du cabinet du roi ,
jierdit cette place et fut mis à la Bastille
en 1731 , pour avoir fait les figures qui
sont dans le livre fanatique de Boursier ,
intitulé : Explication abrégée des prin-
cipales questions qui ont rapport aux af-
faires présentes . 1731 , in-12. On a en-
core de lui les Médailles de Louis Xy ,
1727-1736, in-fol., et en manuscrit Idée
du cabinet du roi pour les médailles. 11
mourut en 17G1.
GODWIX ( François ) , évéquc*de
Laiidaff, puis d'Hereford, né en 1561 à
iiavington, comté de Northampton, mou-
rut en 1633, à 72 ans, après avoir publié
plusieurs ouvrages relatifs aux antiquités
et aux hommes d'église de sa pairie , en-
tr' autres : 1 De prœsulibus Ànglice, in-4°;
I Amiales d' Angleterre sous Henri VIII,
Edouard VI et Marie . en latin , Londres,
1G16, in-fol. Son fils MORGAN a traduit
ces Annales en anglais. Londres, 1630,
in-fol. Il y en a une version française par
Loigny , Paris, 1647 , in-4". Ciux qui n'ont
pas les préjugés actuels des Anglais , en
font peu de cas; l'auteur semble avoir
voulu faire l'apologie du schisme et des
cruautés qui l'ont cimenté.
nOD\VI.\ (Thomas), lillcralcur an-
497 r.on
glais , profond dans la connais<>ancc (Io4
Ian(r\ie9 et de ranli<|uité , était né à
vSoininerscl en 1587, et mourut en 1643.
à 55 ans, apK-s avoir professé avec dis-
tinction dans l'université d'Oxford. On u
de lui : | Moses et Aaron . reimprime à
Ulrecht en 1698, in-8" , avec les notes de
Rei7.ius. Godwin explique avec beaucoup
d'érudition les rits ecclésiastiques et p<»
litiquesdes Hébreux -, | un bon abrégé dis
antiquités romaines publié sous ce titre :
Antiquiiatum romananim compendium .
Oxford, 1613, in-4".
• GOD\Vi:\ ( mistriss Marie WOU^
TONE CRAFT ) , anglaise célèbre par
l'exaltation de ses idées politiques et par
son entliousiasme pour la révolution fran-
çaise , naquit à Londres en 1759 , selon les
uns, et selon d'autres à Beverley en 1758.
Sa mère l'ayant laissée sans fortune , elle
dirigea avec ses sœurs une école qu'elle
abandonna bientôt pour aller donner se«
soins à une de ses amies, tombée dangereu-
sement malade à Lisbonne. A son retour en
Angleterre, elle entra comme institutrice
chez le vicomte de Kingsborough , lord
lieutenanld'Irlundc , et vint résidera Lon-
dres en 1786 : elle se fit connaître l'année
suivante par la publication de divers ou-
vrages. Une passion malheureuse qu'elle
conçut pour le peintre suisje Fuessli ,
qui jouissait en Angleterre d'une grande
réputation et était marié, la détermina
à quitter sa patrie. Elle passa en France
en 1792 , et se lia avec les principaux chefs
des Girondins , qu'elle vil périr sous la
hache révolutionnaire. Quelque leii.ps
après elle épousa M. Godwin, auteur de
plusieurs lomans, notamment de Cateh
fVittiams . traduit par G. Garnier. Elle
mourut d'un accouchement pénible le 10
septembre 1797. Ses principaux ouvrages
sont : I Pensées sur l'éducation des filles.
Londres, 1787, in-12; | Défense des
droits de l'homme; \ une Lettre à Ed'
mond Burke . à l'occasion de ses Ré-
flexions sur la révolution française . 1790.
in-S" ; I Défense des droits des femmes ,
avec des réflexions sur des sujets politi-
ques et moraux . 1792 , in-8° ; | llistoirt
originale de la vie réelle . à l'usage des
en fans; \ le Lecteur féminin; \ Lettres
écrites pendant un court séjour en Suède,
en Aonvége et en Danemarck ; | Leê
maux de la femme , roman traduit en
français par B. Ducos, sous le titre de
Maria, ou le .Valheur d^étre femme . 1798,
in-12. On a publié la Vie et trsmémoirei
de mistriss Godwin sur d^s matérians
42.
GOD
498
GOE
fournis par son mari. Ils ont élé traduits
en français en 1802 , 1 vol. in-12. Tous
ses ouvrages sont écrits en anglais.
• GODWIX ( William ), écrivain cé-
lèbre d'Angleterre , fils d'un ministre non-
conformiste de Gueswick dans le comté
de Norfolk, fit de bonnes études à Hoxton,
et exerça les fonctions de ministre de 1778
à 1782 ; il renonça ensuite à l'état ecclé-
siastique et se rendit à Londres pour se
livrer à son goût pour la littérature. Il
abjura bientôt les opinions des non-con-
tbrmistes, pour embrasser celles des cal-
vinistes, et publia six discours sur la
Bible avec ce titre : Essai d'Histoire en
six sermons^ 1782, in-12. Godwin passa
dans la retraite environ dix ans, qu'il
consacra à la recherche des matériaux
dont il avait besoin pour un ouvrage im-
portant intitulé : Recherches sur la justice
et son influence sur la vertu et le bonheur
de la société j. 1793, in-4°, 5'' édition,
1797, 2 vol. in-8°. Benjamin -Constant
a fait une traduction de ce livre, qui
fut accueilli avec un vif enthousiasme
en Angleterre. Parmi plusieurs sages
maximes que ce livre renferme , on en
trouve qui sont d'un démagogue insensé
telles que celle-ci : les gouvernemcns sont
un 7nal nécessaire, et il viendra un jour.
j:mr heureux j jour le plus beau de l'es-
pèce humaine , où, il n'en existera plus.
Les autres ouvrages de Godwin sont écrits
dans le même esprit et sont intitulés :
I if^illiam Caleb , 1794, roman qui a été
traduit en français par le comte Germain
Garnier ; | le Rechercheur ., réflexions sur
l'éducation, les mœurs, la littérature, 1796 ;
I Saint-Léon, nouvelle du 16*^ siècle , h. vol.
in-12, 1799, 3*= édit. , 1816, ouvrage où
l'auteur s'est peint, et qui a eu une parodie
en 1800, sous ce titre, Saint-Godwin .
par le comte Rcginald de Saint- Léon;
j Histoire de la vie et du temps de Geoffroy
Chaucer. 2 vol. in-i", 1805; 2' édition,
k vol. in-8'', 1804 ; 1 Fleet-ff^ood, ou le
Nouvel homme à sentimens^ 3 vol. in-12,
480S, trad. en français par Léon Yille-
querque ; | Vie d'Edouardet de John Phi-
lips . neveu et élève de Milton. 18io, in-i" ;
! A/andeville . histoire domestique du 17'
siècle, 1817, 3 vol. in-12. Godwin a fait
aussi des tragédies. Sur la fin de sa vie il
tint une librairie à Londres. Il est mort du
choléra dans cette ville dans les premiers
jours de septembre 1832.
• GODY ( dom Simplicien ) , bénédic-
tin , prieur de Cluni, né à Ornans au com-
mencement du 17' siècle, mort à Besan-
çon en 1662, a"publié : | des Odes sacrées
pour entretenir la dévotion des personnes
de piétés Saint-Nicolas en Lorraine , 1629,
in-12; { Les honnêtes poésies de Placidas-
Philémon Gody . divisées en 5 liv. Nancy
1631 , Paris, 1632 , in-8° ; | une traduction
à'Humbertus. Paris , 1632 , in-i" ; | Eleyia
sanctorum illustrium cum aliis nonnullis^
ibid., 1647, ln-12; | ad Eloquentiam
christianam via. ihid. 1648,in-i2; | Musa
contemplatrix , Lyon, 1660, in-16, et
quelques autres écrits ascétiques peu im-
portans.
* GOECRIXGR (Leopold-Fr.GUNTH
de ) , poète allemand , né en 1748 dans le
pays d'Halberstadt, fit ses études au lycéa
de Halle et occupa divers postes sous le
règne de Frédéric II. Pendant la guerre
de sept ans , il fut directeur de chancel-
lerie, en 1786, conseiller des domaines à
Magdebourg, et en 1793 , membre du con-
seil des finances à Berlin. Frédéric II
l'avait anobli en 1789. Le duc de Cour-
lande le choisit pour son chargé d'affaires
dans la capitale de la Prusse , et en 1802 ,
quand le prince d'Orange obtint les évê-
chés sécularisés de Foobda et Corvey,
Goeckingk fut chargé d'organiser l'admi-
nistration de la nouvelle i)rincipauté. Le
roi de Prusse l'avait aussi nommé mem-
bre de la commission de législation. Pen-
dant que Burger son ami et son camarade
d'études, publiait r^//Ka?mc/i des muses
de Gottingue . il fit paraître avec Woss
VMmanach des muses de Hambourg. Il se
fit connaître par des épitres dans le genre
didactique où il exposait une philosophie
douce etpratique comme celle de Socrate.
Il s'exerça au9sl avec succès dans le genre
lyrique. Onadumèmepoètedesépigram-
mes, des essais satiriques en prose , qui ont
été recueillis et publiés à Francfort en 1784,
mais ils firent peu de sensation, et l'auteur
s'arrêta au premier volume. Arrêté en
1813 par les Français qui avaient frappé ce
pays d'une contribution qu'il ne put four-
nir sur-le-champ, Goeckingk fut conduit en
prison à Grunberg pour y rester jusqu'à
ce que la somme fût payée : un riche
négociant satisfit à cfette condition, et
le poète Goeckingk recouvra sa liberté.
Après la paix il vécut d'une modeste pen-
sion que lui faisait le gouvernement , et
il termina sa carrière littéraire en pu-
bliant une édition nouvelle de ses poésies,
qui appartiennent à l'ancienne école da
Wleland, plutôt qu'à celle des poètes mo-
dernes. Il mourut le..l8 février 1828.
• GOF-DART ( Jean ), naturaliste et
GOE
499
GOE
peintre lioUandata , né à Mid(lcU)our({ en
1620, mort en 1G68, a publié on hullan-
dats , Description dr l'origme , de t'es-
y^ce . des qualités et des mctamorpfioscs
des vers . cfieniUes . etc., MiiidcU)ourc,
ir»62. 3 parties in-8", avec IKO planches
coloriées. Ce livre a été traduit en latin
pnr .1. de Mey et par M. Lister, qui l'a
au<si traduit en anglais. Il en existe une
traduction française intitulée : Méta-
morphoses naturelles , ou l' Histoire des
insectes, etc.. Amsterdam, 1700, 3 vol.
in-12. Ce livre, peu recherché, n'a de
valeur que lorsque les figures sont co-
loriées.
CiOERÉE ( Guillaume), savant libraire
d'Amsterdam , né à Middelbourg en 1635,
mort à Amsterdam en 1711, est auteur
de quelques ouvrages sur l'histoire des
Juifs , sur la peinture , sur l'architecture.
Us sont écrits en flamand. Les principaux
sont : 1 les Antiquités judaïques , Utrecht,
1700, 2 vol. in-folio, ornés de belles es-
tampes. Il y a de l'érudition, mais aussi
l)eaucoup de hors-d'œuvre,et il ne paraît
pas que l'auteur ait puisé dans les sources.
Les tailles douces n'y servent souvent que
d'ornement, et on peut croire qu'une
bonne partie do \'o\i\ rage a été faite pour
les amener. On doit porter le mcm* juge-
ment du suivant : | Histoire de l'église
juive, tirée des écrit: de Moïse . il QO ,
k vol.'in-fol. ornés d'estampes; | Histoire
ecclésiastique et civile. Amsterdam ,
1705 , in-k", etc. ; | Introduction à la pra-
tique de peinture universelle . in-8° ; | De
la connaissance de l'homme, par rap
port à sa nature et à la peinture . in-8";
I Architecture universelle, etc. — Il était
lilsde HucuES-Guii.L.\UMF, GOERÉE , mort
à Middelbourg en Zélande , vers l'an 1643,
qui a donné une traduction en flamand
du Traité de la république des Hébreux.
de Pierre Cunaeus, Amsterdam, 1682,
in-8°. Il a aussi donné une Continuation de
ce traité en 2 vol. qui a encore été aug-
mentée d'un vol. par Guillaume Outran ,
cini fait le i* volume de cette collection,
Amslcrdain, 1705 , in-12. Le tout a paru
aussi en français à Amsterdam , 1705.
— Guillaume Goerée eut un fils nom-
mé Jean, qui se fit une grande réputa-
tion par son habileté dans le dessin. Il
dessina les beaux tableaux qui s<ml dans
la salle bourgeoise de l'holel- de- ville
d'Amsterdam. Il mourut dans cette ville
le k janvier 1731.
GOERTZ ( Geouces-Hexhi . baron de
SCIILI TZ . autrement nommé de }, du du-
ché de Holstein , sut plaire à Cliarlos XII
par son caractère enl reprenant et son au-
dace. Ce que ce prince était à la léle d'une
armée, il l'était dans le cabinet. Employé
par son maître en différentes négociations
hasardeuses, il fut arrêté en Saxe et en Hol-
lande : il échappa la première fois du mi-
lieu de six cavaliers ; la seconde, il fut re-
mis eu liberté , et son affaire fut assoupie.
Il s'agissait de faire révolter l'Angleterre
en faveur du prétendant , et d'embraser
l'Europe par une guerre générale. Il s'a-
gita beaucoup , et ne réussit point. Chargé
des finances du royaume de Suède , il eut
recours à des moyens extrêmes et rui-
neux , pour fournir aux dépenses que les
folies héro't'ques de l'Alexandre du Nord
exigeaient. Aussi, à la mort de ce prince,
il fut arrêté ; et pour apaiser les peuples ,
en leur sacrifiant une victime du pouvoir
arbitraire qui les avait fait gémir sous
Charles XII , il fut décollé le 2 mars 1719.
Il appartenait à une famille de Fraiicu-
nie.
G0ETII.\1>S. Voy. HENRI DE GAUD.
• GOETHE ( Jea.\-Wolfcang), célèbre
poète allemand, naquit le 28 août 17i9 .
à Francfort-su r-le-Mein , d'une famille
considérable de celte ville. Son père , ju-
risconsulte distingué , dirigea sa première
éducation et l'envoya ensuite étudier la
jurisprudence d'abord à Lcipsick , puis à
Strasbourg. Ce fut dans cette dernière
ville que le jeune Goethe fut reçu docteur
endroit. Suivant les instructions de son
père qui désirait en faire un jurisconsulte,
il se rendit à Wctilar, pour se former à
l'application pratique des principes de
la jurisprudence. Mais le goût et les dis-
positions de Goi'lhe le rendaient peu pro-
pre à remplir les vues paternelles. Le
droit n'offrait point d'aliment à son ima-
gination ardente , et il consacra tout le
temps qu'il put dérober à cette science , à
étudier les langues, 1 histoire , la méta-
physique, la géologie, l'anatomie, la phy-
siologie et la chimie. Goethe annonça de
bonrie heure ce qu'il devait être un jour.
Lorsqu'il était encore enfant, il compo-
sait des contes, de petits drames, de pe-
tites pièces de poésie qui étaient arcueil-
lies avec transport par ses compagnons
d'étude. Deux disjwsitions émincmmcnl
poétiques , formaient le fond de son ca-
ractère, -une sortede mélancolie religieuse,
cl une sensibilité tendre cl cx|»aniivc. A
l'iigc de 14 ans, il conçu! pour une jeune
fille une passion si exaltée , qu'il nxouail
sur la fin de ses jours «jue durant »« %i«
GOC
500
GOE
enlicre , il n'avait jamais rien éprouvé de
pareil. Un accident ayant rompu cette
première liaison, au moment où elle ve-
nait de se former, le jeune Goethe en con-
çut un profond chagrin qui devint du dés-
espoir lorsqu'on lui apprit que l'objet de
9a passion n'éprouvait pour lui que de
l'indifférence et avait regardé son amour
ronmie un enfantillage. La perte d'une
illusion qui remplissait son âme lui porta
un coup terrible , et sa santé s'altéra au
point de faire craindre pour ses jours.
Cette exquise et profonde sensibilité , qui
est un des attributs du génie, se révèle
dans presque toutes les productions de
Goëtlie. Lorsqu'il commença à écrire, la
littérature allemande était encore au ber-
ceau. Les écrivains de cette nation n'ayant
dans leur langue aucun modèle , aucune
route tracée, se contentaient d'imiter ti-
midement les productions des nations voi-
sines. L'admiration exclusive du grand
Frédéric jiour la langue et la poésie fran-
çaise, et le peu d'estime qu'il accordait à
la littérature de son pays , contribuaient
à arrêter l'essor du génie allemand. Ce-
pendant Lessing entreprit de démontrer
à ses compatriotes qu'ils ne pourraient
s'élever qu'en cessant de prendre les
étrangers pour modèles. Mais si Lessing
prépara le mouvement intellectuel et lit-
téraire de l'Allemagne, à Goethe seul il
lut donné de l'opérer. Il commença par
étudier avec soin la littérature française ,
mais n'y trouvant rien qui excitât la sym-
, palhie d'une âme jeune et ardente , il lui
contesta la suprématie à laquelle elle pré-
tendait, et se mit à cherciier des routes
différentes. Convaincu que le goût ne
pouvait cire soumis à des règles fixes et
absolues , il adopta un système de liberté
illimitée en littérature , et comme Shakes-
peare , qu'il étudia sans vouloir le pren-
dre servilement pour modèle, il pensa
qu'il ne devait chercher qu'en lui-même
la source de ses inspirations. Etudier la
nature dans son âme et dans les objets
extérieurs et la laisser s'exprimer dans
une imitation libre et pleine de vie ^ voilà
le système qu'il adopta et qu'il essaya de
réaliser dans ses compositions. Goethe ne
s'est presque jamais occupé de l'effet qu'il
produirait ; ses principaux ouvrages n'ont
été que le récit de ses sensations person-
nelles et de ses émotions intimes , et par
cela même qu'ils offraient , non une œu-
vre factice et idéale, mais le tableau le
plus vrai des secrètes et profondes affec-
tions d'une jeune âme qui s'était nourrie
de toutes les idées , de tous les sentimens
de son siècle , ils ne pouvaient manquer
d'exciter une vive sympathie. Le roman
de Werther j, qui a obtenu un si prodi-
gieux succès, en est une preuve frappante-;
Le dégoût amer de la vie qui y est exprimé,'
ce découragement profond produit par
l'absence des croyances, Goethe l'avai
senti lui-même. Jeune encore il avait rêvé
le suicide, et il avait môme plusieurs fois
essayé d'attenter à ses jours. Werther
n'est que le récit de ce qu'il avait éprouvé
dans celte lutte intérieure. Mais en se
peignant lui-môme , l'auteur avait peint
toute la génération contemporaine. Cel
écrite dit-il^ manifestait les rêves pé-
nibles d'une jeunesse maladç ; c'était
l'expression^ l'écho d'un sentiment uni-
versel. Celte observation explique la po-
pularité que ce livre obtint en Europe ,
et la funeste influence qu'il exerça sur les
esprits. Plus d'un jeune homme au cœur
ardent, révolté comme "Werther contre
tous les devoirs sociaux , après s'être con-
sumé dans les rêves solitaires d'un or-
gueil exalté ou d'une passion sans espé-
rance , a fini comme le héros frénétique
de Goethe par se donner la mort. Il existe
encore des exemplaires de ce livre teints
du sang des malheureux qui ont voulu
imi-ter jusqu'à son dénoùment cet horrible
drame. De pareils faits révèlent assez ce
qu'il y a de condamnable dans ce livre , et
de vicieux dans le système littéraire adopte
par l'auteur. La littérature , sous peine de
se dégrader, ne doit pas reproduire indis-
tinctement tout ce qui existe dans la na-
ture et la société ; il y a des objets auxquels
le talent ne doit point s'abaisser ; ce qui
constitue l'art et le goût, c'est le choix.
L'obj et de la littérature n'est pas seulement
le vrai , mais encore le bon et le beau.
Tout le talent de Goethe ne suffit donc
pas pour légitimer une production dan-
gereuse pour la jeunesse, et qui pré-
sente comme un acte de philosophie et de
courage ce qui n'est en réalité que le der-
nier degré de l'égoïsmc. Toujours fidèle à
son système , Goethe représenta dans
Faust une autre maladie de son siècle ,
le dégoût et la satiété nés de celte science
hautaine qui en prétendant tout expliquer
ne produit que le doute et l'incertitude
Le poète peignant cet état de l'esprit dans
tout ce qu'il peut produire d'angoisses,
dans tout ce qu'il peut enfanter de désor-
dres , met en scène un docteur, qui ne re-
cueillant de tout son savoir qu'un ennui
profond , fait alliance avec le diable , el
GOE
501
GOE
porto la peine de son pacte sacrilège. C'est
« le cauchemar de l'esprit que cotte pièce
» de Faust , dit madame de Stacl... ; on y
» trouve la rcvclalion dial>oliquc do l'in-
> crêdulitô, de ccllo qui s'appliquo à tout ce
» qu'il peut y avoir de bon dans le monde.»
Après avoir peint dans fferther cl dans
/•"aust le désordre moral et les angoisses
du doute , Goolhe mil en scène dans Goétz
de Berlichiitijcn . l'amour de l'indépen-
dance ou plutôt ce sentiment inquiet et
or(pieillcux , qui, aux époques de rcvo-
luiion surtout, refuse de recounallre au
cunc règle , de se soumellre à aucune loi.
Dans le comte d'Kgmont. il représenta
l'amour avec tout ce que ce sentiment
peut produire d'exaltation et de dévoue-
ment. C'est peut-être dans ses poésies que
le génie de Goethe se déployé avec le
plus de richesse et d'originalité. Dans le
Tasse et dans Jphigénie en Tauride, l'au-
teur s'efforça d'alloindrc à la perfection
classique et à la beauté harmonieuse des
formes. Ces deux pièces ont la beauté
des statues antiques , mais elles en ont
aussi la froide immolùlité. Goethe s'est
essayé dans presque tous les genres de
littérature. Parmi les ouvrages qui sont
sortis de sa plume nous citerons dans le
gonre romanesque : | les souffrances du
jeune ff^erlher; les années d'apprentis -
sage de Jf^ilhem Meister ; les Affinités
électives; ce dernier ouvrage n'est que le
développement, froid et languissant d'une
idée métaphysique que l'on cherche en-
core à comprendre après avoir lu l'ou-
vrage. Dans le genre épique : | Uermann et
Dorothée, et un fragment intitulé Achille ;
dans le genre dramatique , | Goctz de
Berlichingen . Clavijo . Stella. Jphigénie
en Tauride. Le Tasse .le Comte d' Egmont ^
Faust . Eugénie ou la Fille naturelle ,
Clawline de filla-Bella . Lila , les Com-
pUces. le Frère et la Sœur. Plaisanteries,
/{use et vengeance, le Réveil d Epimé-
uide. etc. etc. ; dans les poésies diverses ,
I le Chant de Mahomet, la Fiancée de
Corinthe, le Dieu et la Uayculère. le Pé-
cheur,le Voyageur. Prométhée, le Chant
des géniei sur les eaux, les Bornes de
l'humanité, etc. Goethe a encore publié
quelques écrits tliéoriqucs et critiques,
I)ûrmi lesquels on cite ceux qui ont pour
titre I les Propylées. fVinkelmann et son
siècle; Considérations sur les hommes
célèbres en France au 18* siècle. Il a
donné aussi ses Mémoires. La vie de
Goëlhe fut longue, paisible et honorée. Le
prince de Saxc-Wcùnar l'ayant vu dans
un voyage qu'il fit h Francfort peu à(
temps après la publication de Werther ,
conçut pour lui une haute estime , et
lorsqu'il prit les rênes du gouvernement
en 1776, il s'cnipressa de l'appeler auprès
de lui, en lui accordant le titre de cor>-
seiller de légation avec séance et voix en
son conseil privé. En 1783, il lut donna
des lettres de noblesse , et le nomma pré-
sident du conseil de Weimar. Goethe par-
tit pour l'Italie en 1786, et consacra trois
années k parcourir et à étudier ce pays si
propre à élever et à inspirer le génie. De
retour à Weimar en 1789 , il quitta encore
cette résidence en 1792, pour accompa-
gner le prince régnant à l'arnu-e du duc
de Brunswick, lors de son invasion en
Champagne. Peud'écrivains ont joui d'une
existence aussi brillante que la sienne.
Comme Voltaire à Ferncy , Goethe reçut
à Weimar les hommages de toute l'Alle-
magne et même des jKiys étrangers. Des
princes vinrent le visiter , et en 1808,
Napoléon après une longue conversation
qu'il eut avec lui , détacha de sa bouton-
nière la croix de la légion d'honneur pour
la placer à celle du poète. Goethe termina
à Weimar sa glorieuse et paisible car-
rière le 22 mars 1832 , à l'âge de près de
83 ans. « Sa mort , dit la gazette de Wei-
» mar , a été douce et sans douleur ; il a
» conserve sa présence d'esprit jusqu'au
» dernier moment , qui fut précédé d'un
n assoupissement au commencement du-
» quel un mouvement machinal de sa main
» semblait indiquer qu'il voulait écrire.
» Ses restes mortels seront déposés dans
» le caveau de la famille grand-ducale, à
p côté du cercueil de Schiller. » Les œu-
vres complètes de Goëlhe ont été publiées
à Tubingen par livraisons, de 1806 à
1810 , 13 vol. grand in-ê", et réimprimées
plusieurs fois depuis cette époque. Ses
principaux ouvrages ont été traduits en
français. fVertherVaélé successivement
par Aubry, Dejaurc , Sevelingeset Labé*
doyère. La traduction de Sevelingcs est la
plus fidèle et la plus élégante. Ce même
écrivain à traduit ff'ilhem Meister. sou*
le titre d'Alfred , ainsi que les Afjfl-
nilés électives. Bitaubé , M. de Humboldt
et M. Boulard ont traduit Ilcrmann et Do-
rothée. On doit à MM. De Saur et Saint-
Génies la traduction dos Considérations
sur les hommes rélchres de France au 18*
siècle. 183'i, in 8"; à Auborl do-Vilry celle
de ses Mémoires . 18-»3 . 2 \ol. in 8°; et à
M"^ E. Panrkoucke , colle de ses poésies ^
1 82!), in 32; Faust a rtc liaduii par SI .Slapf
GOE
502
GOE
fer, Pans, 1828, in-fol. accompagné
d' une suite de dessins lithographies par
Eugène Delacroix. Enfin les œuvres dra-
matiques de J. W. Goëtlie , ont été tra-
duites par M. Stapffer, Paris, 1821—1825 ,
U vol. in-8°.
• GOETTLING (Jeaiv -Frédéric-Au-
guste ) , savant chimiste allemand , né à
Bernburg le 5 janvier 17o3 , fut nommé
professeur extraordinaire de philosophie
à l'université d'Iéna , et y enseigna avec
un grand succès la chimie et la technolo-
gie. Il contribua beaucoup , par la clarté
t la méthode qu'il sut mettre dans ses
leçons et ses ouvrages, à répandre le goût
de la nouvelle chimie en Allemagne. Ses
ouvrages écrits en allemand sont très
nombreux ; voici les principaux : | Prin-
cipes élémentaires de la docimasie, 179i,
in-8° ; | aperçu systématique de techno-
logie ^ 1797, •in-8''; | Manuel de chimie
théorique et pratique , 1799, 3 vol. in-8° ;
I Instruction pratique de l'art d'essayer
et d'analyser en chimie , 1802 , in-8° ;
I l'Ami de la maison, écrit périodique
sur la physique et la chimie, 1804, 3 vol.
in-8°; | Encyclopédie physico-chimique .
180o, 5 vol. iii-8". GoettHng a coopéré à
la rédaction de l'Annuaire pour les chi-
mistes et les pharmaciens de 1780 à 1809.
II est mort le 1" septembre 1809.
'GOETZ (Jean-Nicolas), poète alle-
mand, né à Worms le 9 juillet 1721 , mort
le 4 novembre 1781 , fut successivement
précepteur , pasteur , surintendant des
écoles luthériennes dans plusieurs villes
de l'Allemagne. On a de lui : | les Poésies
d'Anacréon et les Odes de Sapho^ tra-
duites du grec, Francfort , 1746 , in-8°, et
Carlsruhe, 1760 , in-8° ; | une traduction
en vers du Vert-Kert de Gresset , Carls-
ruhe, 1752, in-8'' ; | le Temple de Gîiide,
traduit en prose du français de Montes-
quieu, 1748 et 1759, in-8°; | des élégies^
des idylles , des contes et autres poésies
fugitives insérées dans des recueils de
poésies allemandes, publiés par Schmid
et par Ramier, avec une vie de l'auteur
écrite par lui-même. Ses poésies se dis-
tinguent surtout par la délicatesse des
images, par des expressions touchantes,
par une légèreté naturelle et par une ver-
sification harmonieuse.
GOETZE (Georges-Henri), luthérien,
né en 1668 à Leipsick , a publié un très
grand nombre d'ouvrages singuliers en
latin et en allemand. Parmi les latins, on
distingue : | Selecta ex Historia ïitteraria,
Lubeck , 170 9 , in-4'' ; [ et Melctemata
AnnœbergensiaAbid., 1709, 3 vol. in-12,
qui contiennent plusieurs dissertations
qui avaient paru séparément. II mourut
à Lubeck en 1729, à 61 ans, surintendant
des églises de cette ville.
* GOETZE ( Jean-Auguste-Ephraim ),
célèbre naturaliste allemand, né le 28 mai
1731 à Aschersleben. Malgré sa prédilection
pour l'histoire naturelle et la physique,
il s'appliqua aux sciences théologiques ,
et fut appelé à 24 ans aux fonctions de mi-
nistre protestant à Quedlinbourg. Il exerça
le ministère de la chaire avec un zèle in-
fatigable jusqu'en 1787, qu'il fut nommé
premier diacre de la cour de Prusse. Il
mourut le 27 juin 1793, épuisé par le tra-
vail. On a de lui un grand nombre d'ou-
vrages qui ont eu beaucoup de succès en
Allemagne , et qui ont agrandi le domaine
des sciences physiques; les principaux
sont : I Mémoires entomologiques pour
servir de supplément à la 12*^ édition du
Système de Linnée , Leipsick, 1777-81 , 4
vol. in-8°; | Essai d'wte histoire naturelle
des vers qui se trouvent da?is les intestins
des animaux, Dessau et Blankeuboi^rg ,
1782, in-4'', avec planches ; | Passe-temps
et €7iseignement des enfans de l'âge de
trois ans jusqu'à dix, en petites histoires,
dialogues et lettres, 1783 et 1788, 5 vol.
in-8"; | Les environs du Harz , voyage de
trois jours , pour V instruction et l'amu-
sement de la jeunesse , Leipsick, 1785-88 ,
in-S"; I Mélanges instructifs tirés de la
nature et de la vie commune pour toutes
sortes de lecteurs, ilB^, 6 vol. in-8°; 1788,
3 vol. in-8"; | La nature, la vie de l'homme
et la Providence, lecture pour toutes sortes
de personnes, 1789-92 , 6 vol. in-S" : c'est
ime suite des Mélanges instructifs. \ Coi-
nelius , lecture pour le peuple qui veut
craindre Dieu et faire ce qui est juste ,
1789-92, 3 vol. in-8''; | Faune européenne ,
ou Histoire naturelle des animaux d'Eu-
rope, mise en récits, et narrations amu-
santes , pour toutes sortes de lecteurs, et
principalement pour la jeunesse, 1791-
1803, 9 vol. in-8°; | Itistructions sur des
objets de la nature et de la vie commune,
servant de supplément au livre intitulé :
la Nature, la Vie de l'homme et la Provi-
dence , 1794 , in-8°; | Dictionnaire des
homonymes de la langue allemande. Sa
vie a été écrite par H. M. A. Cramer ,
Leipsick, 1793, in-8".
GOEZ ou GOES ( Damien de), gentil-
homme portugais, né à Aleuquer en loOl,
d'une famille distinguée, se lit un nom
dans le monde par les emplois qu'il oc-
GOF
503
GOG
rupa.ct dans la république des IcUrcs par
ses ouvrages. Il fui cauu'ricr du rcȔ Kiu-
inuDucI, qui lui oonlla plusieurs néyocia-
lioiis ini|)orlaules dans les cours de Polo-
gne, de Dnnemarck et de Suède. Entraîné
par la passion de lu littérature, il se retira
à Ix)uvain, {xturla cultiver plus tranquil-
lement. Celte ville ayant été assiégée en
<î>42 par 23,000 Français, Goex se mil à
la tétc des écoliers . lit des prodiges de
valeur, et fut pris enfin par les assiégeans.
Ix^rsqu'il eut sa liberté, il retourna en
Portugal, pour écrire l'histoire de cet
état; mais il ne put achever ce grand ou-
vrage. Il se laissa tomber dans son feu en
1596, et n'en fut retiré que mort et à demi
brûlé. Le même accident est arrivé à
Tabbé Lenglet du Fresnoy , au roi Stanis-
las et au dernier et pieux archevêque de
Bordeaux. Ce savant historiographe pos-
sédait plusieurs langues anciennes, telles
que li'thiopien et larabe : il était bon
poêle el excellent médecin. Parmi les ou-
vrages que ce savant et fécond écrivain a
mis au jour, on se contentera d'indiquer :
I Legatio magni Indorum imperatoris ad
Emmanuelem Luaitaniœ regem. armo
4513 , Louvain , 4532 , in-S". C'est un mé-
moire curieux sur l'ambassade du prêtre
Jean en Portugal; | Fuies, religio mores-
que yElhiopum. in-i°, Paris, 1544. | Com-
jnentaria rerum gestarum in Jndia a tu-
sitanis , an/Jol538, Louvain, 1539, in-8°.
I Urbis Ulyssiponis description Evora,
1544, in-4°. | Histoire du roi Emmanuel ,
en portugais, in- fol. | Chronique, en por-
tugais, duprince don Juan //^in-fol., etc.
GOFFIX (Hi'bert), mineur du pays
de Liège, s'est rendu célèbre par le cou-
rage avec lequel il lutta contre la mort
pendant 5 jours cl 5 nuits, et sauva la vie
à 70 de ses compagnons. Le 28 février
1812, lamine de houille située commune
d'Ans, près de la route de Bruxelles , et
dont il dirigeait les travaux , ayant été
inondée par l'effort des eaux qui péné-
traient par \m des côtés de la mine , il
oublia son propre salut et celui de .son
Uls Uatthieu, âgé de 12 ans , qui déploya
aussi dans celte fatale conjoacturo un rx>u-
rage admirable pour arracher ses subor-
donnés à la mort la plus horrible. Pour
cela il fut obligé de lutter , à plusieurs
reprises difft-rcntes, contre le désespoir
qui s'emparait d'eux, alin de les forcer
à recourir aux travaux nécessaires pour
leur délivrance ; cntin , secondé par les
travaux du dehors que firent exécuter les
•ulorité* du lieu, ils revirent la lumière.
Goffin ne voulut sortir que le dernier de
la mine submergée. I^ gouvernement.
jKJur récompenser son courage, lui ac-
corda une pcubion eUa croix de la légion*
d'honneur. Plusieurs thr.Mrcs s'emparè-
rent de ce sujet pour l'offrir à l 'ad mi ra-
tion et à la curiosité publique. En 1814 ,
H. Gofiin fui décoré, par le roi des Pays-
Bas, de l'ordre du Lion-Bilgiquc. Ce brave
homme fui tué , le 8 juillet 1821, par un
éclat de pierre qu'il reçut à la tête, à la
suite d'une détonation occasionée par le
feu grison. Il existe plusieurs éloges de
Gofiin et plusieurs pièces de poésie pour
célébrer son dévouement. Une des plus
importantes est le poème de Mille voie
intitulé : Goffin eu le héros liégeois . cou-
ronne par l'institut , et imprimé à Paris ,
en 1812.
r.OFFREDY, élève de Bartholomé .
peintre et graveur du 17' siècle , a égalé
son maître par sa touche légère et spiri-
tuelle : mais il est fort au-dessous de lui
pour le coloris. Ses paysages sont rechei'
chés.
GOFFRIDI ou plutôt GAUFRIDI
(Louis), curé de la paroisse des Acoules
de Marseille, avait beaucoup de goût pour
les livres de magie. A force de lire ces
sortes de productions, il s'avisa de les
mettre en pratique , et d'en faire servir
les leçons à des amours infâmes. Ce prêtre
sacrilège cl abominable fut condamné au
feu par b parlement de Provence. L'arrêt
fut exécuté le 30 avril 1611. Plusieurs an-
nées après l'exécution de ce profanateur ,
sa maîtresse reparut sur la scène. Dénon-
cée au parlement d'Aix comme sorcière,
elle fut condamnée rn 1633 , à être ren-
fermée pour le reste ae ses jour». On voit
par-là et par cent autres exemples . que
ceux qui nient absolument l'existence de
la magie et des sortiléf;< - r pa»
seulement op{K)St'S aux : les
plus formels de l'Ecriture 1 his-
toire sacrée et profane, mais encvreaux
décisions constantes et uniformes des noa-
gislrats les plus intègres et les plus res-
pectables.
(;04a:KT (A^vtoiïte-Yves), naquit à
Paris en 1716, d'un avocat. Le* soccM
des premières études sont souveot éqni-
vo(iues : Goguet en est un exemple. Il lit
ses humanités et sa philosophie sans éclat ;
il ne brilla pas davantage dans la iDagia*
traturo , lorstiu il eut ariieté une charfs
de cuns<;illcr au parlcnirnt. Mais àè» 4|U*fl .
eut pris le goût de I '', pour la-
quelle il ctaii prupi ' c naturel
GOH
bo^
GOH
lemcnt froid et tardif s'échauffa, et fut
bientôt en étal de produire d'excellentes
choses II mit au jour en 1758 son savant
ouvrage de V Origine des lois ^ des arts ^
des sciences, et de leurs progrès chez les
anciens peuples, en 3 vol. in-4°; réim-
primé depuis en G vol. in-i2, Paris, i778.
L'aulcur considère la naissance et les pro-
j;rès des connaissances humaines depuis
Adam jusqu'à Cyrus. Cette matière, inté-
ressante pour l'esprit humain, est traitée
dans ce livre avec beaucoup d'érudition.
Son style , en général noble et élégant ,
ii'esl pas tout-à-fait exempt de ces expres-
sions que la mode introduit, et que le goût
réprouve, Goguet ne jouit pas long-temps
des éloges que le public savant donnait à
son ouvrage. La petite vérole , maladie
que personne n'avait jamais tant ciaint
que lui, l'emporta le 2 mai 1758, à 42 ans.
Il laissa, par son testament, ses manuscrits
et sa bibliothèque à Alexandre Conrart
Fugère , conseiller de la cour des aides ,
son ami , qui l'avait beaucoup servi dans
ses études, et que la douleur de sa perte
précipita trois jours après dans le tom-
beau. Ces deux sa vans étaient dignes l'un
de l'autre, par l'esprit et par le cœur.
Doux , simples , modestes , religieux , ils
avaient les mêmes connaissances et les
mêmes vertus. Goguet avait commencé,
lorsqu'il mourut , un grand ouvrage sur
V Origine et les progrès des lois , des arts
et des sciences en France . depuis le com-
mencement de la monarchie jusqu'à nos
fours. Le succès de sa première production
doit faire regretJer qu'il n'ait pas eu le
temps de donner la seconde.
* GOIIIER (Louis-Jérome) , membre
de l'assemblée Législative, ministre, etc.,
né en 1746 à Samblançay (Indre-et-Loire),
fut élève des jésuites de Tours, et étudia
le droit à Rennes. Il fut reçu avocat au
parlement de Bretagne , et commença sa
réputation par saplaidoieriapour le comte
Dèsgrées , qui attaquait en calomnie le
duc de Duras. Linguet disait, en parlant de
cette af fait e dans ses Annales, qu'elle ne
présentait qu'incertitude, et qu'il n'y avait
de décidé que les talens de l'avocat du
comte Desgrées. Gohier cultivait aussi les
lettres, et lors du renvoi du parlement de
Maupeou, il composa une pièce de théâtre
intitulée : Le couronnement d'un roi. qui
fut représentée à Rennes avec un succès
dû peut-être à ses nombreuses allusions.
Il continua de prendre une part plus ou
moins active dans toutes les causes im-
portantes qui se plaidèrent devant le par-
lement de Rennes, et les états de Bretagne
lui confièrent la défense de leurs droits
auxquels le gouvernement de la province
avait porté atteinte, en intervenant dans
l'élection des députés qui devaient porter
à la cour les griefs du pays. Gohier écrivit
à ce sujet un éloquent mémoire , et plus
tard ce fut encore lui qui fut chargé do
rédiger les actes énergiques par lesquels
les Bretons manifestaient leur vive ré-
sistance aux édits de Briennc. En 1789, la
ville de Rennes l'adjoignit au corps élec-
toral pour la nomination des députés aux
états généraux , et après la suppression
des parlemens, il devint membre de la
cour supérieure de Bretagne, provisoire-
ment investie de l'administration de la
justice. En 1791 , le département d'Ile-et-
Vilaine le porta à l'assemblée Législative,
où il proposa et soutint diverses mesures
révolutionnaires ; cependant il ne fut point
envoyé à la Convention. Garât, ministre
de la justice, se le fit adjoindre comme se-
crétaire général , à la fin de 1792 , et lors-
que ce ministre passa au département
de l'intérieur, Gohier lui succéda dans
celui de la justice ( 20 mars 1793 ). En
quittant ce poste élevé, où il ne s'est si-
gnalé par aucun acte important , les co-
mités de gouvernement exerçant seuls le
pouvoir exécutif , il obtint la présidence
d'un des tribunaux civils de Paris , puis
successivement du tribunal criminel de
la Seine, et du tribunal de cassation. La
journée du 30 prairial l'éleva en 1799, à
la puissance directoriale; il était pré-
sident du Directoire lors du retour de
Bonaparte de l'expédition d'Egypte, et il
conçut à ce sujet quelques craintes que
Joséphine sut dissiper. Un des premiers
soins du général, en arrivant à Paris, fut
de se présenter chez Gohier. Peu de jours
après celui-ci réunit à dîner Bonaparte et
Syeyès, qui alors peu favorablement dis-
posés l'un pour l'autre, comme le lui fit
observer Joséphine, s'entendirent ensuite
pour renverser le Directoire. La veille
même du coup-d'état de Saint-Cloud , Bo-
naparte écrivit au président qu'il s'invitait
à diner chez lui , et , l'heure du repas vo-
nue, lorsque Gohier n'attendait plus quo
son convive , on vint lui demander de la
part de ce dernier une renonciation ex-
presse aux fonctions dont il était revêtu.
"Gohier s'y refusa avec force ; mais la fa-
meuse révolution du 18 brumaire n'en fui
pas moins accomplie. Avant cette époque,
il avait donné des preuves aulhenliques
de son fervent républicanisme , dans un
G on
bO*i
r.oi
discours prononcé le 1" vendémiaire an 8
( i5 si'plembre 1799), pour cclébrer l'an-
niversaire de la fondation de la républi-
que. « Ce jour est votre fétc, y disait-il,
» hommes énerpiqTxes, qui , les premiers,
» avez levé l'clondard national, et marché
» aux cris répétés de vt^re libre ou mourir;
» ce jour est voire fête, patriotes de la
» première assemblée du peuple , qui ,
» en anéantissant les distinctions inso-
» lentes du régime féodal , avez réveillé
> la fierté de l'homme libic et publié la
» sainte égalité des droits ! Ce jour est
» votre fête , législateurs courageux , qui
> avez reconquis la puissance nationale
» abandonnée à un roi parjure... Ce jour
» est votre fête, membres de celte Con-
» vention célèbre , dont la calomnie veut
■ buriner les erreurs et dont le génie de
» la France réclame l'histoire. Ce jour est
» votre fête, amis constans de la liberté,
» intrépides défenseurs du pacte social qui
» nous la garantit! En un mot, ce jour est
» la fêle de tous les bons Français ! » Ce-
pendant, après deux ans de retraite dans
la vallée de Montmorency, Gohier accepta
la place de consul-général de France à
Amsterdam ; l«rs de la réunion de la Hol-
lande à l'empire, il fut désigné pour rem-
plir les mêmes fonctions aux Etats-Unis.
Mais sa mauvaise santé ne lui permit pas
de s'embarquer pour le Nouveau-monde.
Il retourna dans sa solitude des environs
de Paris, d'où il publia en 1825, les Mé-
tncires d'un vétéran irréprochable de la
révolution^ qui attestent plus sa bonhomie
dans la journée du 18 brumaire que sa
prévoyance et sa sagacité. Gohier est mort
à Paris le 29 mai 1830, dans sa quatre-
vingt-cinquième armée, laissant quelques
ouvrages qui sont : | Le souronnenient
d'un roi. essai allégorique , en un acte et
en prose, représenté à Rennes le 28 jan-
vier 1775, 1775, in-8'', 2' édition 1825,
in-8° (voyez ci-dessus); | La mort de Cé-
sar. tragédie de Voltaire, avec un dé-
nouement différent, 1794, in-8°; | Mé-
moires, etc. , Paris, 1825 , 2 vol. in-8°, fai-
sant partie des Mémoires contemporains.
publiés par Bossange; | Un mot sur le pro-
cès intenté par la famille La Chalotais
contre te journal l' Etoile. 1826, in-8°.
D'après le vœu de Goliier, ses obsèques
se sont faites sans le concours du minis-
trre ecclésiastique.
GOlIOKnY (Jacques), professeur de
uialbéinatiques à Paris, parent du prési-
dent Fauchet , traduisit en français les
tome» 10, 11, 12 et 13 de V.tmadis de
Gaule. On a encore de lui ; I un petit livre
singulier, intitulé : de la Fontaine péril-
leuse. avec la Charte d'amours... œuvre
très excellente de poésie antique . conte-
nant la sténographie des mystères secrète
de la science minérale. Il ne se dcmna
que pour l'éditeur et le commenlateur
de cet ouvrage , imprimé à Paris en 157J,
in-8°; | Traité des vertus et propriétés
du petun . appelé en France V herbe à la
reine ou médicée : c'est le tabac , récem-
ment alors découvert. Il mourut en 1576.
rotjcz NICOT.
• GOICOECIIEA ( JosEPH-AwToisiB de
LIEUDOY), franciscain , né en 1735, à
Carlhagènc d'Amérique , mort en 1814,
devint professeur de philosophie et de
théologie à l'université de Guatimala. Il
eut la gloire d'importer et de naturaliser
dans sa patrie une foule d'inventions uti-
les et de découvertes importantes faites
dans diverses branches des connaissances
humaines en Europe , où il était venu les
recueillir. De concert avec quelques amis,
il fonda la Société économique de Guati-
mala , province sur laquelle cet homme
estimable s'efforça toute sa vie de répan-
dre les bienfaits les plus précieux , l'en-
seignement des vériiés évangéliques et
celui de l'agriculture, des sciences et de»
arts. Outre un assez grand nombre de
Mémoires sur la botanique , sur l'agricul-
ture, sur la mendicité et les moyens de
l'extirper, etc., lus à la Société économi-
que , on a de J.-Ant. de Licudoy Goicoe-
chea divers Sermons tant imprimés que
manuscrits , et une Réclamation en fa-
veur des Indiens, adressée au roi Charles
IV. L'éloge funèbre de ce vertueux ecclé-
siastique a été publié à Guatimala , dan»
le journal intitulé : L'I jàmigo de la I*a-
tria. n° 16, fol. 363.
• GOIFFON (Joseph), né à Cerdon
dans le Bugey , embrassa l'état ecclésias-
tique, et devint principal du collège do
Thoissey en Dombcs , puis aumônier du
duc de Maine. Il était associé de l'acadé-
mie des sciences pour la classe d'astrono-
mie, et mourut en 1751. Il a laissé J/ar-
monie des deux sphères, céleste et terres-
tre, ou la Correspondance des étoiles auM
parties de la terre. Paris, 1731, 1 vol. ii>-
12,1739, 1 vol. in-4".
• GCMGOlîX ( Je*r»-DA,'«iBL). tous-chef
de la direction des postes i Paris, où il est
mort en 1823, n'est connu que parla publi-
cation des trois ouvrages suivans : I un
Vocabulaire ou Abrégé du dictionnaire
de l'acadèmig française. Pari»» Minard et
GOI
Desenne fils, 1821, in-S"; ( un Diction-
naire géographique par Vosgien , nou-
velle édition enlièremeal refondue, 1821,
iM-8° ; ) Dictionnaire historique j critique
et bibliographique ^ Paris, 182;?,-1823 , 50
vol. in-S". C'est une réimpression avec
additions et corrections du Dictionnaire
uuiverseL historique et antique de Prud-
homme, Paris 1810 et années suivantes ,
20 vol. in-8" , qui lui-même était aussi
une réimpression revue , corrigée et aug-
mentée du Dictionnaire historique de
Chaudon, Lyon, 1804, 13 vol. in-8°. Voyez
Prudhomme.
GOIS ( les ) , bouchers de Paris sous le
règne de Charles VI , vers la fin du li*^
siècle et au commencement du 13*, étaient
trois frères. La France était alors partagée
en deux grandes factions : celle d'Orléans,
dite des Armagnacs ^ et celle des Bour-
guignons. Ces trois bouchers , auxquels
plusieurs autres du même métier se joi-
gnirent, avec une troupe d'écorcheurs et
d'autres artisans et gens de néant, prirent
le parti du duc de Bourgogne , et causè-
rent de grands désordres dans Paris, pil-
lant et tuant ceux qu'on soupçonnait de
favoriser les Armagnacs.
* fiOIS (Etien\e-Pierre-Adriex), sta-
tuaire, né à Paris en 1731, associé libre de
l'académie des beaux-arts, était fils d'un
commis-greffier du parlement, qui le des-
tina au barreau ; mais le jeune Gois aban-
donna celte carrière pour suivre celle des
beaux-arts. Après avoir étudié la peinture
et la sculpture sous la direction de Jcau-
rat et sous celle de N. A. Sloodtz , il rem-
porta le grand prix de sculpture à l'âge de
27 ans : il alla terminer son éducation d'ar-
tiste à Rome , et à son retour à Paris, il
obtint un atelier au Louvre. Gois devint
professeur àl'école des beaux-arts en 1776.
Ses principaux ouvrages sont : | un Aris-
tée pleurant la mort de ses abeilles ^
statue qu'il présenta pour sa réception à
l'académie (177G); [ le chancelier de l' lia-
jïitaL statue en marbre placée sur le grand
escalier du palais des Tuileries ; | Le pré-
sident Mole j qui est dans une des salles
du palais de l'institut ; | un saint Vin-
cent:, dans le chœur de l'église de Saint-
Germain-l'Auxerrois ; | le serment des
Nobles devant la chambre des Comptes ^
au-dessus d'une des arcades du palais de
Justice de Paris, bas-reliefs qui passent
pour des chefs-d'œuvre ; | saint Jacques
et saint Philippe ^ qui sont aussi des bas-
reliefs exécutés pour le portail de l'église
4e Sainl-Philippe-du-Roule , et que l'on
SOG GOL
a vus dans le musée des Petits.- A ugustins.
Gois est mort à Paris le 5 février 1823
à 92 ans.
* GOLBERY (Syivaix-Meinrad- Xa-
vier), lieutenant-colonel, retraité à l'hô-
tel royal des Invalides, dont il fut biblio-
thécaire pendant les deux dernières an-
nées de sa vie, naquit à Colmar le 24 sep-
tembre 1742 , et mourut à Paris le 13 juin
1822, à l'hôteldes Invalides; il y était entré
le 21 avril 1818. Golbery s'occupa beau-
coup de slalislique et de géographie , et
publia les ouvrages suivans : | Lettre sur
l'Afrique, Paris, 1791, in-S" ; i Fragment
d'un voyage en Afrique fait pendant les
années 1783, 86 et 87, dans les contrées de
ce continent, complaises entre le Cap-
Blanc et le Cap des Palmes . Paris, 1802,
2 vol. in-8'' , fig. , traduit en anglais par
Fr. W. Blagdon, 1802, 2 vol. in-18, et par
W. Mudfort, 1803, 2 vol. in-12. Il a aussi
été traduit en allemand, Leipsick, 1804, 2
vol. in-S". I Considérations sur le dépar-
tement de la Roè'r, suivies de la notice
d' Aix-la-Chapelle et de Borcctte, Aix-la-
Chapelle, 1811, in-8°.
GOLDAST de IIEIMINSFELD (Mel-
chior), historien suisse,, né le 6 jan-
vier 1576 , à Esperi près de Bischofs-Zell
en Suisse , conseiller du duc de Saxe ,
était un homme extrêmement laborieux,
et un grand compilateur. Il laissa di-
vers ouvrages. Les priiicipaux sont :
I Monarchia sancti imperii 7-omani . 1611,
1615, et 1614 , en 3 vol. in-fol. C'est une
compilation de différens traités sur la ju-
ridiction civile et ecclésiastique, assez cu-
rieuse, mais pleine de faux titres. L'au-
teur y a surtout ramassé sans discerne-
ment ni critique, tout ce qui paraît favo-
rable à sa secte , et propre à donner des
idées fausses de l'église catholique. | Ala-
manicarum rerum scriptores aliquot ve-
tustij collecti et glossis illustrali , Franc-
fort, 1606, 1661 , 3 vol. in-fol. , ibid., 1750
in-fol., recueil utile pour l'histoire ecclé-
siastique de l'Allemagne. | Commentarius
de Bohemiœ r(?^«o^ Francfort. 1627, in-4'';
I Informatio de statu Bohemiœ quoadjus»
in-4°, réimprimé à Francfort en 1627;
I Sybilla francica . Altdorf , 1606 , in-4'' ;
C'est un recueil de différens morceaux
sur la PucelJe d'Orléans; il est rare.
j Scriptores aliquot rerum Sueçicarum ,
in-4°. I Collectio constitutionum impera-
toi-um, 2 vol. in-fol. ] Collectio consuctu-
dinum et legum imperialium , in-fol. | Po-
litica imperialis , 2 vol. in-fol. Voyez un
recueil de lettres qui lui furent écrite»
GOL
«07
GOL
par divers savaiis : on l'imprima en 1688
à Francfort. Guldast avait été institu-
teur, avant de s'occuper de la publication
de ses ouvrages. Nlccron dans le tome 29
de ses Mémoim en donne la liste com-
plète. On a publié à Francfort Cata-
loffus hibliothecct GoUastiaita: dans lequel
on trouve la liste des collections inédilcs
et des manuscrits laissés par Goldasl ,
qui mourut à Bremen le 11 août 1G55.
•GOLDlIVGE\ (Hermaw). jésuite,
savant philologue, né à Mayence en 1718,
mort en 1794 à Munich , conseiller ecclé-
siastique de celte ville après la suppres-
sion de son ordre , a laissé , tant en latin
qu'en allemand . un grand nombre d'ou-
vrages classiques, de dissertations sur les
langues anciennes, sur l'histoire et l'Ecri-
ture sainte, et d'autres écrits, donl les
principaux sont : Rhctorica explicala et
npplicala ad eloqiientiain civilem et cc-
clesiasticam. Mayence et Francfort, 1753,
17G0, in-8° : | Meh'tema biblico-phitol. de
religione Hehrœorutn siib lege naturali ,
^layence, 17')9, in-8"; | L^xicon grœco-
latinum recensons grœca theinata. ibid.,
17:;3, i'i-8°, etc.
GOLDMW 4 Nicolas), né à Breslau
en 1623, et mort à Leydc en 1665 . est au-
teur de plusieurs ouvrages. Les jdus con-
nus sont : I FAt'nienta archilecturœ mili-
taris; et un autre Traité d'architecture .
publié par Sturmlus. | De stxjlometricis.
i De usu proportionarii circuit.
GOLDO.M ( Chahles) , né à Venise en
1707, est regardé comme le Molière de l'I-
talie. Cet écrivain passa sa vie dans une
agitation cl des déplacemens continuels :
tour à tour médecin et avocat, et tout à la
fois auteur et acteur, il débuta dès i'àgede
22 ans dans la carrière qu'il a ilhisirée. Il
avait déjà composé 120 pièces de différcns
gt^nres, lorsqu'il vint à Paris en 1761; il
fournit aux comédiens plusieurs pièces
dont le succès relarda, mais n'empêcha
pas la destruction du théâtre italien. Il
enseigna en même temps sa langue à
Mesdames de France , ensorte que les 50
dernières années de sa vie furent consa-
crées aux plaisirs de la cour et de la capi-
tale. Il a paru, en 1787, Mémoires de M.
Goldoni, pour servir à l'histoire de sa vie
et de son théâtre, 3 vol. in-S". Il motirul à
Paris le 8 janvier 17'J3,dans un dém'nnctil
absolu, ayant perdu, par l'effft de la révo-
lution , une pension de 4000 fr. que lui
faisait la cour. Il publia de son vivant le
recueil de ses pièces italiennes en 17 vol.
truod in-8° , avec des gravures à chaque
pièce. Elles ont été rélmprimérs depuis
à Venise , 1788-94 , 44 vol. In-S" . éilition
l'une des plus complètes qu'on oit de ce
théâtre ; à Turin en 1788 . .34 vol. in-1», et
1793, 44 vol. petit in-8"; à Livournc en
1791. 31 vol. in-8''; à Lurques en 1788, 3«
vol. petit in-S". La meilleure éililion est
celle imprimée dans la môme ville , 1809,
26 vol in-8'*. On a publié à Lyon les Chefs-
d'œuvre dramatiquesAc GoMoni, traduits
en français par Amar-Duvivicr . avec le
texte italien , 1801 . 3 vol. in-8*. Cetle en-
treprise n'a pas été continuée. Quelques-
unes de ses pièces ont été traduites en
français , le Père de famille et le f-'éri-
table ami . ipaT Deleyré, et publiées par
Grimm ; Pamcla et la Veuve rusée, par
D. B. D. V. ( de Bonnet du Valguier ) ; U
Suivante généreuse, la Domestique géné-
reuse et les Mécontens, par Sablier; Pa-
niéla mariée , par Dcsriaux , etc. La col-
lection des théâtres étrangers . publiée
chez Ladvocat, en contient plusieurs tra-
duites par Aignan. Il y a plusictirs édi-
tions de ses meilleures pièces, sous le lilre
de Commedic scelle di Goldoni. in- 12.
Outre ses pièces italiennes, il est auteur
Aw Bourru bienfaisant, coméd'io française
qui eut beaucoup do succès.
• GOLDSMITII ( Olivier ), célèbre écri-
vain anglais, né en 1728 dans le comté de
Longforden Irlande, était (ilsd'un uiinis-
Ire anglican peu riche, qui le destina au
commerce ; mais Jjj de la répuSlnfiost-
lions qu'if 'hi'6nlrun»'bww<vrrfcnPfeif\r ses
parcns à faire des sacrifices pour lui don-
ner une éducation soignée. Placé à 15 ans
à l'université de Dublin, Goldsmilh iigur.-t
dans une sédition formée par les écoliers
pour délivrer les prisonniers de Nevvgalc ;
mais l'aveu sincère qu'il fit de sa faute .
lui en mérita le pardon. Enflammé du
désir de voyager, il se rendit à Cork , où
il paya d'avance son passage sur un bâti-
ment qui se préparait à faire voile pour
r.\mérique. Mais après avoir clé retenu
par les vents contraires, le capitaine mil
à la voile sans lui . emportant l'argent et
les effets du jeune Goldsmilh . qui revint
à Dublin. Il se rendit en 1752 à l'univer-
sité d'Edimbourg dans lintentitm d'étu-
dier la médecine, et fut détourné de 9r%
travaux par ses liaisons avec des jeunes
gens dissipés. Il s'était rendu caution pour
un de ses camarades, et comme il ne put
effectuer, au terme convenu, le paiement
de la somme, qui était considérable, il fut
force de quitter l'Ecosse . cl t'cmharqu.t
jKJur l.« îîolbndc. II suiv it à Leydc le court
GOL
508
GOL
d'anatomie d'Albinus , et les leçons de
chimie de Gaubius ; mais la passion du
jeu , en mettant obstacle à l'exercice de
ses facultés , lui lit souvent connaître le
besoin. Il partit de Leyde , n'ayant pour
toute ressource que son talent sur la flûte,
qui fournit à sa subsistance pendant ses
voyages dans la Flandre , le midi de la
Fiance et la Suisse. Arrivé à Genève, il y
fit connaissance d'un jeune Anglais , qui
le prit pour son gouverneur. Goldsmith
parcourut une partie de l'Italie ; mais son
élève était aussi économe qu'il était pro-
digue lui-même. Cette différen;:e de goûts
les força de se séparer à Marseille. Pen-
dant ce voyage , Goldsmith fut reçu à Pa-
doue docteur en médecine. Revenu en
Angleterre en 1756 , dans un dénuement
absolu , il offrit ses services à des chefs
de maisons d'éducation , à des apothicai-
res ; mais sa mine qui revenait peu, le
fit rebuter partout. Enfin il fut admis dans
le laboratoire d'un chimiste, puis il entra
comme sous-institui.eur dans une école à
Peckham. Plus tard il vint s'établir à Lon-
dres en qualité de médecin , et c'est alors
qu'il commença à publier ses ouvrages
qui obtinrent un succès prodigieux ; quoi-
que les libraires se disputassent ses pro-
ductions, Goldsmith ne put parvenir à
s'assurer une certaine aisance, à cause de
son insouciance et de sa prodigalité.
Ayant reçu gratuitement d'un libraire une
somme "^"^ v,i.w.^-'^ -i^o pour son poème
du ruPiï^VMl^f.^'iPÂlhl l'obligea de la
reprendre, ayant trouvé le prix trop fort
à raison du peu d'étendue de l'ouvrage.
Goldsmith mourut d'une fièvre nerveuse
le k avril 1774 , âgé seulement de 45 ans.
On lui éleva dans l'abbaye de Westminster
un monument en marbre avccune inscrip-
tion latine composée par le docteur John-
son. Ses OEuvres poéliques et dramati-
ques onX. été réimprimées à Londres, 1786,
2 vol. in-12. Parmi les dernières, on dis-
tingue ses deux comédies, The goodnalu-
redman. l'Homme bon (1768), et The
Mistakes of a night , Les Méprises d'une
nuit (1773). Ses OEuvres mêlées furent
imprimées à Edimbourg, 179-2; Londres,
1802, 4 vol. in-S", édition plus complète,
avec un portrait et une notice sur l'auteur.
Plusieurs des ouvrages de Goldsmith ont
été traduits en français , tels que : | His-
toire de la Grèce^ par P. F. Aubin, Paris,
1802 , 2 vol. in-18 , figures ; | Histoire ro-
maine, par M. V. D. ibid., 1803, 2 vol.
in 18; ] Abrégé de V histoire romam^, par
Îiusct-Pathay, ibid., 1791 , in-12 , \ Abrégé
de l'histoire grecque, ibid. , 1802, in-12 j
I Le Citoyen du monde . par Poivre, 1763 ,
3 vol. ia-12 ; | Le Vicaire de IVakeficld
a été traduit pour la sixième fois par Ai-
gnan, 1803, 1 vol. in-i2 ; 1 Lettres sur l'his-
toire d'Angleterre par M"" Brissot, avec
le titre de Lettres philosophiques et poli"
tiques , etc. 1786 , 2 vol. in-8° : | Contes
moraux de Goldsmith , 180o , in-8° ; | Le
retour du philosophe ou le Village aban-
donné .^diV M'"'= de Chastenay, Paris, 1797,
in-S'*, et paraphrasé par le chevalier Rud-
lipge, 1772, in-8°. On lui a contesté long-
temps les Lettres sur r histoire d'Angle-
terre qu'on attribuait au lord Littlelon, au
lord Orry, etc.; mais elles sont réelle-
ment de Goldsmith. Foyez le tome 3 page
58 de la Biographie littéraire des roman-
ciers célèbres par sir fValter Scott. Char-
les Gosselin , 1826, et le tom. 4 , page 175
du Dictionnaire des anonymes par Bar-
bier.
GOLIATH , géant de la ville de Geth ,
d'environ 9 pieds 3 pouces de hauteur ,
fut tué par David d'un coup de pierre ,
vers l'an 1063 avant J.-C. Ses armes ré-
pondaient à la grandeur de sa taille. Son
casque était d'airain ; sa cuirasse , de
même métal, pesait 5000 sicles, ce qui
fait plus de 95 livres de notre poids. Il
avait aussi des bottes et un bouclier d'ai-
rain. Le fût de sa hallebarde était de la
grosseur d'une ensuble de tisserand ; et
le fer dont elle était garnie pesait 600 si-
cles de fer, c'est-à-dire plus de 11 livres.
Horstius prétend que ses armes devaient
peser au moins 272 livres de notre poids.
* GOLIROF (IvvAN ) , négociant russe,
né à Kursk dans la province de ce nom,
en 1735^, et mort à St-Pélersbourg le 12
mars 1801, reçut ime éducation très com-
mune ; mais tout en s* occupant d'opdra-
tions commerciales assez étendues, il prit
du goût pour l'histoire et la littérature, et
réunit de nombreux documens sur la vie
et le règne de Pierre le Grand. Empri-
sonné en 1780, par suite de spécula-
tions malheureuses qui lui avaient ravi
sa fortune, il recouvra sa liberté deux ans
après , à l'oecasioa de la solennelle inau-
guration de la statue élevée par Catherine
II au fondateur de Pétersbourg. Cette cir-
constance décida Golikof à écrire l'histoire
de l'illustre czar, Pierre le Grand, sur les
documens qu'il avait déjà recueillis et sur
ceux qu'il put réunir encore. Il fit pa-
raître à Moscou de 1788 à 1790, en russe,
les Hauts faits de Pierre le Grand. It
sage réformateur de la Russie, recueiliis
GOL îiOg
àtr sources aulhs:ntiqitfs, et réJijéx d'a-
près l'oriire des annéea.yiit-^cou , I7H8 ,
l'j vol. in-8", avec uno coût iiuial ion, de
1790 à 1797 , en 18 vol. Ce livre est fait
sans ci'ilii{ui* et $ans di.scernciiieiit. On y
trouve cependant plusieurs traits remar-
quables et des faits inconnus jusqu'alors.
11 lit uaraitre séparément les Jnecdotes
nouvcllrs de Pierre le Grand . recueillies
par J. Golikof. in-8", trad. de l'allemand,
Riga el Lcipsick, 1802, 1 vol. in-8". M. de
Halem en a profite pour son Histoire de
Pierre le Grand, qui a paru en allemand à
Munster et Lcipsick, 1803 à 1807, 3 vol.
in-8°. C'est l'ouvrage le plus exact que
nous ayons sur ce sujet. Le travail de Go-
likof lui valut le titre de conseiller de
cour que lui conféra en 1800 l'empereur
Paul 1".
GOUUS ( Jacques ) , savant orienta-
liste, ne à la Haye en 15%, succéda au
savant Erpenius dans la chaire d'arabe de
l'université de Leyde. Il voyagea en Afri-
que et en Asie pour se perfectionner dans
la connaissance des langues orientales.
Les Turcs le laissèrent fouiller dans les
bibliothèques de Conslantinople, et on
voulut l'y retenir en lui procurant de
grands avantages. Il préféra le séjour de
Leyde, et y mourut en 1667, à 71 ans.
On a de ce savant : | une édition de V His-
toire de Tamerlan . en caractère arabe ,
Leyde, 1636, in-t", composée en arabe
par Achmet Arahchah ; traduite en fran-
çais par Petit de la Croix , 1722, k vol.
in-12 ; | une autre de l'Histoire des Sar-
rasins . par Elmacin ; | un Dictionnaire
persan , qu'on trouve dans le Lexicon
heptaglotlon de Castel ; | un Lexicon
arabe , Leyde , 1653, in-fol., estimé pour
son exactitude ; | les Elémens astro-
nomiques d'Alfergan , avec de savans
commentaires , Amsterdam, 1669, in-4° :
ouvrage peu commun. C'est Golius qui a
donné et procuré à la bibliothèque de
Leyde les manuscrits orientaux en diffé-
rentes langues , depuis le N° l" jusqu'à
311 du Catalogue de Pierre Vandcr Aa,
page 409.
GOLILS f Pierre ) . ou CÉLESTIN DE
SAtNTE-L'UDL MNE, frère du précédent,
né à Leyde, se fit carme-déchaussc , et
passa à Alep en qualité de missionnaire :
il remplit cet emploi avec beaucoup de
icle dans toute la Syrie , et érigea un mo-
nastère de son ordre sur le Mo:it-Liban :
il alla casuile à Rome, où il cnsei,;na la
langue arabe , et travailla à l'édition de
la bible en celte langue , imprimée Tan
GOL
1671 par Ic$ soins de Scrvius Risitu, %t^
vaut maronite, archevêque de Damas.
Ses supérieur» l'envoyèrent ver» ce temps
visiter les niissions de» Indes ; il mourut
A Surate vers l'an 1673. On a de lui : | uni-
traduction en langue arabe de V Imitatu.n
de Jésus-Christ , par Thomas à Kempis ,
imprimée à Rome en 1663, et réimprimée
à Halle par les soins de Callcnbcrg, 1738.
1739, 4 parties in-4" ; | ï'tedc sainte Thé-
rèse, en arabe; | il a traduit en latin do
l'arabe , Paraboles et sentences ; | De prtt-
cipuis controversiis inter calholicos et hce
reticos Orientis. et plusieurs ouvrages di-
piété ; I Les commcficemens de la mi.s-
sioti des pères carmes, sur le Mont~ Li-
ban, en italien.
•GOLIXT ( Lotis), né vers 1535, à
Pesmcs, petite ville de Franche-Comté .
lit SCS études à Tuniversilé de Dole. Au
retour d'un voyage en Italie où il avait
accompagné Claude de la Beaumc. son
condisciple et son protecteur, il prit sen
degrés en droit, et exerça la profession
d'avocat. En 1570 , il obtint une chaire
de littérature laline, créée par le roi d'Es-
pa^jne, Philippe II, dans l'université do
Dôlc , el il la remplit avec distinction jus-
qu'à sa mort, arrivée en 1595. On a de
lui: I Gymnasii Dolani grammatica la-
tina. Lyon, 1572, in-S"; | Paroles mémo-
rables de quelques grands personnages ,
entre lesquelles sont plusieurs mots joyeux
et rustiques, Dole, 1589, in-12; ] Les mé-
moires historiques de la république se'
quanoise et des princes de la franche-
comté de Bourgogne . Dôle , 1592 , in-fol.
Les exemplaires avec le titre de Dijon ,
1647 , ne diffèrent des premiers que par
le changement du frontispice. GoUul an-
nonçait une vie de Philippe II. roi d' Es-
pagne . qui n'a point paru ; il avait com-
posé pour l'éducation de son fils : [ Dic-
tionnaire des personnes et choses nom -
mces dans l'histoire depuis cinq cents
ans; | f)e vetemm philosophorum fa-
miliis, surccssionibu.% et rcffulis ; \ Si/n-
tagmata et inslitutiones ceconoin ice littca-
rice, rerumqtw politicarum et militarium-
I Des comtnenlaircs sur Pomponiuf .Velu
etc.; aucun de ces ouvrages ne nous iM
parvenu.
• GOLTZ ( Georges -Co?i» A», bariw»
de ) , général prussien , né en 1704 à Par-
sow en Poméranie , entra d'abord daus
la carrière diplomatique au servir-,* du
roi de Polojne, élertfur de Saxe, cl
devint cbambcUan et conseiller de léga-
tiim; dca iulrlnucs de cour 1h dcterioiiiè*
4».
GOL
510
GOM
leirt à donner sa démission en 1729 ; il en-
tra dans les troupes prussiennes et ses
services, comme officier et comme négo-
ciateur , sous Frédéric-Guillaume et Fré-
déric II , lui valurent l'eslimc de ces sou-
verains et l'affection particulière du der-
nier. Frédéric II lui donna en effet une
marque décisive d'attachement et de re-
gret, en se chargeant de composer V éloge
du baron de GoUz après la mort de ce-
lui-ci arrivée en 1747. Cet éloge fait partie
des Œuvres du monarque prussien.
GOi.TZIUS ( Hubert ) , célèbre anti-
quaire , né à Venloo , dans le duché de
Gueldre, en 1526, parcourut la France,
l'Italie , l'Allemagne, recherchant des in-
scriptions, des tableaux anciens, des mé-
dailles. Son mérite lui ouvrit tous les ca-
binets et toutes les bibliothèques. La ville
de Rome l'honora de la qualité de ci-
toyen. De retour dans les Pays-Bas, il mit
sous presse un grand nombre d'ouvrages.
Les principaux sont : | Fasti rcmani, ex
antiquis numismatibus et marmortbus
<ere expressi et illustrali. Anvers , 1560 ,
i.i-folio, ibid. 1617, 1620 et \GU^ , in-
folio , avec des notes d'André Schot et de
Louis Nonius ; | Icônes imperatoi-um ro-
manorum; et séries austriacoruni, Casp.
Gevarsii,\n-lo\io. Anvers , lî»57. C'est un
recueil de toutes les médailles échappées
aux injures des temps, ou aux dévasta-
tions des barbares, depuis Jules-César jus-
qu'à Charles-Quint. On a accusé Gollzius de
n'avoir pas toujours su distinguer les mé-
dailles supposées d'avec les véritables ; le
célèbre Eckel lui fait ce reproche ; cepen-
pendant Vaillant assure , qu'après un exa-
men exact, il n'en a pas trouvé une seule
dont on puisse douter. ) Julius Cœsar ^
seu illius viiaex numismatibus _, in-folio;
I Cœsar Auguslus ex numismatibus^ in-
folio; I Sicilia et magna Grœcia^ex pris-
cis numismatibus .in.-{o\ïo , Anvers, 1617,
avec des notes d'André Schot , ouvrage
savant et estimé; ] Catalogue des consuls;
I un Trésor d'antiquités ^ Anvers, 1S79,
in-i", plein de recherches. Tous ces ou-
vrages sont en latin, et fornient 5 vol. in-
folio , sous le titre d'Opéra omnia Iluh.
Goltzii de re nurnmaria. Bruges , 1566-
1567 : et sous ceux de Romance et Grœcce
antiquitatis monumenta^ et de Uub. Golt-
zii Opéra omnia numismatica , imprimés
à Anvers en 1644 et 1645 ; réimprimés en
^708. On les trouve aussi dans le Trésor
des antiquités grecques et romaines. Ce
savant mourut à Bruges en 1585, à 57 ans.
II était aussi peintre et graveur en bois.
Il avait une imprimerie chez lui , pour
qu'il se glissât moins de fautes dans seg
ouvrages. Voijez Nicéron , tome 34
GOLTZIUS ( Hejjui ) , peintre et gra-
veur, naquit en 1558 , au village de Mul-
brecht , dans le duché de Juliers. Il alla
à Rome et à Naples, où il fit beaucoup
d'études d'après les antiques et les pro-
ductions des meilleurs artistes. Il a peu
travaillé en peinture; mais il a gravé plu-
sieurs sujets en diverses manières. On a
beaucoup d'estampes fort estimées, faites
d'après les dessins qu'il avait apportés
d'Italie. Les plus connues sont : la Visi-
tation, la Nativité, la Circoncision. l'yl~
doration des Rois , la Sainte Famille, un
Enfant mourant sur un chien, etc. On re-
marque dans celles de son invention , un
goût de dessin qui a quelque chose de rude
et d'austère ; mais on ne peut trop admi-
rer la légèreté, et en même temps la fer-
meté de son burin. Peut-être cependant
a-t-il un peu trop de dureté; il y a aussi
de la roideur dans les contours. Il mou-
rut à Harlem en 1617.
GOMAR ( François ) , théologien cal-
viniste, chef des Gomaristes ou contre-
remontrans^ naquit à Bruges en 1563.
Après avoir étudié sous les plus habiles
théologiens calvinistes, il obtint une
chaire de théologie à Leyde en 1594, el
l'occupa avec distinction. Arminius pro-
fessait alors dans l'université de cette
ville ; ce sectaire, trop favorable à la na-
ture humaine, donnait à l'homme tout le
mérite des tonnes œuvres. Gomar , par-
tisan des opinions de Calvin sur la pré-
destination, aussi inquiet que cet héré-
siarque et aussi fanatique , s'éleva avec
force contre un sentiment qui lui parais-
sait anéantir les droits de la grâce. Il at-
taqua Arminius en particulier et en pu-
blic. La mort de celui-ci ne termina pas
les contestations. Vorstius fut mis en sa
place, sans que Gomar pût l'empêcher
( voyez VORSTIUS ). Il y eut de longues
conférences , surtout dans le fameux con-
ciliabule de Dordrecht en 1618 , qui, loin
de rapprocher les partis , les aigrirent
davantage. Les gomaristes voulaient sou-
mettre les arrTiiniens aux décrets de ce
prétendu concile; inconséquence risiblo
dans les sectaires , qui rejetaient l'auto-
rité de l'Eglise, et ne connaissaient point
de tribunal infaillible en matière de
dogme. « L'on a peine de retenir son in-
» dignation , dit un critique d'ailleurs
» très modéré , quand on voit le synode
« de Dordrecht se fonder sur la promesse
GOM
511
noM
» ffuc Jéjus-Christ a faite à son «'"ijUso,
» dVtre avec clic jusqu'à la consommo-
» lion des sii^clcs , pendant que tous les
» protestans font profession de croire que
» ce divin Sauveur a abandonné celle
» mt^ine église, immédiatement après la
» mort de» apôtres; que pendant quinz.e
» cents ans, il y a laissé introduire les
• erreurs les plus monslruetises , et les
» superstitions les plus grossières, de nia-
• nièrequc celle église n'était plus l'éplise
»de Jésus-Christ , niais la prostituée de
» Babylonc , de laquelle il a fallu se sépa-
» rer au 16* siècle, pour pouvoir faire son
» salut. Que penser encore, quand on
» voit les docteurs de Dordrecht rappeler
» l'exemple et la méthode des anciens
» conciles, de condamner les erreurs , et
> que l'on se souvient des déclamations
» fou{îueuses que les proleslans se sont
» permises contre tous les conciles? Pour
» comble de ridicule , ils citent la con-
■ duite des princes et des souverains, qui
» ont protégé l'église contre les attaques
» des hérétiques , après avoir cent fois
• blâmé les empereurs qui se sont mêlés
• des disputes de relifîion ; ils félicilent
• l'église belgique d'clre délivrée de la
• tyrannie de l'antechrisl romain, et de
» l'horrible idolâtrie du papisme . jjcn-
■ daat qu'euT -mêmes excrct-nt contre
» leurs frères un des principaux actes de
» cette prétendue tyrannie , en se rendant
» juges et arbitres de la croyance , etc.
» Aussi les arminiens ne manquèrent pas
» de faire à leurs adversaires tous les re-
» proches que les protestans ont faits con-
► tre le concile de Trente , qui les a con-
» damnés. Ils dirent que ceux qui s'ar-
» rogeaienl le droit de les juger, étaient
» hurs accusateurs et leurs parties; qu'un
» synode devait être libre, que les accusés
» devaient y être admis à se défendre et
» à se justifier; que le» prétendus juges se
» rendaient arbitres de la parole de Dieu,
» etc. On n'eut aucun égard à leurs plain-
» tes, ni à leurs clameurs. > Il est con-
stant aujourd'hui que le synode de Dor-
drecht ne fut autre chose qu'une farce
politique jouée par le prince Maurice de
Nassau , prince d'Orange , i)our se défaire
de quelques républicains qui lui faisaient
ombrage {l'oyez BAHNEVELDT).Gomar
mourut à Groningue en ir)4i, à 78 ans.
Ses owfragei ont été recueillis in-fol., à
Amsterdam . en 1645. Voyez ARMINIUS
el ETlSCOnUS.
(>OAlDA\IJ) { Jeaw OGIER de ) , l'un
rie» premiers membres de l'académie fran-
çaise , né & Saint-.Fust de Lussar, près do
Brouage , était d'une famille distinguée
de Sainlongr. Il se prmluislt A la c<nir do
la reine Marie de Médici», plut à CPtIrt
princesse par ses Tcrs, et cnol>ltntanu
pension de 1200 érus , réduite dipui» &
400. Son zèle pour la pureté du langage
allait jusqu'au fanatisme. Il proposa un
jour sérieusement aux académiciens, « do
«> s'obliger par serment d'employer le»
» mots , approuvés à la pluralité des voix
0 dans l'assemblée. » Gombauld , si ar«
dent pour la langue française , ne lui a
pas rendu de grands services, ni par
ses poésies faibles et inégales , ni par ta
prose , quelquefois légère , mais plus sou-
vent lâche. Ses œuvres poétiques sont :
1 des tragédies . mal conduites et mal
versifiées, à l'except'ion de quelques ti-
rades ; I une pastorale , in-S" , en 5 actes,
intitulée Amarante, où les bergers et ber-
gères parlent un peu trop le langage des
courtisans; | des Sonnets, 1046, in-4", en
grand nombre , parmi lesquels Boileau
n'en comptait que deux ou trois passa-
bles; 1 des Epigrammes, 16j7, in-12, pré-
férées à ses sonnets, quoiqu'elles soient
l'ouvrage de sa vieillesse. On les a mises
à côté de celles de Mainard, et on en a re-
tenu quelques-unes ; I Endymion . in-8* ,
roman aujourd'hui confondu dans la foule
des frivolités ; | Traites et lettres concer-
nant la religion. Amsterdam, 1669, in-12.
Gombauld mourut en 1666 , nonagénaire
C'est de lui que Boileau a dit :
EtGonbaald tant ton<! garil<! eocore I< bouliqac.
GOMBERVILLE ( Marin le ROI, sicut
de ) , né en 1600 à Paris , suivant les uns.
et, suivant d'autres, à Chevreusc ou à
Etampes, dans le diocèse de Paris, fut
un de ceux qui furent choisis parmi les
beaux esprits du royaume, lorsque le car-
dinal de Richelieu forma l'académie fran-
çaise. A l'âge de 14 ans , il donna un rc
cueil de iiÔ quatrains k l'hoiuieur delà
vieillesse : ouvrage faible, et dont on n'ai»,
rait pas fait mention, s'il n'eut été pré-
maturé. Il s'appliqua dans la suite à com-
poser des romans; mais ayant fait con-
naissance avec les solitaires de Port-
Royal, il ne voulut plus écrire d'ouvrage
profane. Cette frayeur s'altit-dit un peu
sur la fin de ses jours, mais il n'en fui.
dit-on, pas moins attaché au parti. II mou-
rut en 1674 , à 75 ans. On a de lui des ou-
vrages en vers cl en prose. Ceux du pre-
mier genre sont des poésies diverte$,
dons le recueil de I<oménic de Brienn*.
GOM Sf2
Son Sonnet sur le St. -Sacrements et celui riche et
sur la Solitude., sont les meilleures pièces
de ce recueil. Les productions du second
genre sont : | des romans : Polexandre ^
5 vol. in-8"; ] la Cythérée, h vol. in-8"; 1 la
Jeune yilcidiane , 1631, in-8°, ou 3 vol.
in 12, pleins d'aventures peu vraisem-
blables et longuement contées ; ] Discours
sur les vertus et les vices de l'histoire et
de la. manière de bien écrire, avec un
traité de Y Origine des F7-ançais ^ in-4° ,
Paris , 1620. Ce petit ouvrage est fort rare;
parmi les remarques utiles qu'il renferme,
il y en a plusieurs de singulières et de
fausses. 1 L'édition des Mémoires du duc
de NeverSs 2 voî. in-folio, Paris, 1665.
Ces mémoires commencent en 1514 , et
finissent en 1595 ; mais Gomberville les a
enrichis de plusieurs pièces curieuses qui
vont jusqu'en 1610 , année de l'assassinat
de Henri IV ; | Relation de la rivière des
Amazones, traduite de l'espagnol du jé-
suite d'Acunha , avec d'autres relations ,
et une dissertation sur cette rivière , k
vol. in-12; | La Doctrine des Mœurs ,
tirée de la philosophie des stoïques, re-
présentée en cent tableaux et expliquée
en cent discours , in-folio, en 1646, 1668,
in-12 : ouvrage qui fut plus recherché
pour les planches que pour les paroles.
GOMEU , fille de Débélaïm , renonça
à la prostitution dans laquelle elle vivait,
pour épouser le prophète Osée , dont elle
eut , dit l'Ecriture , trois enfans , un fils
t't deux lilles. Le saint homme reçut or-
dre du Seigneur de prendre pour épouse
luie femme débauchée, pour marquer
(!ans le langage typique , alors en usage
chez les Juifs et d'autres nations, la pro-
stitution et les désordres de Samarie , qui
avait abandonné le Seigneur pour se li-
vrer à l'idolâtrie; et il épousa Gomer.
Koyez OSÉE.
GOMEZ DE CIUDAD-REAL ( Alva-
rez ) , poète latin , né en 1488 à Guada-
laxara , dans le diocèse de Tolède .fut mis
comme enfant d'honneur auprès de l'ar-
chiduc (depuisl'empereur Charles-Quint).
Il se fit un nom en Espagne par ses poé-
sies latines. Les plus connues sont : | Sa
Thalie chrétienne, Alcala, 1522, in-4'';
j la Muse Pauline, ou les Epilres de saint
Paul en vers élégiaques . 1529, in-8";
I son poème sur la Toison d'or, 1540 , in-
8" : c'est le chef-d'œuvre <le Gomcz,. Il
mourut en 1358 , à 50 ans. On lui repro-
che de mêler dans ses poésies chrétiennes
les noms des divinités paieimes, mais
c'était l'usage du temps : sa latiuité est
pure , sa versification facile el
harmonieuse. On l'appela le Virgile «-
pagnol.
GOMEZ ( Louis ) , jurisconsulte , na-
tif d'Orihuela , en 1484 , dans le royaume
de Valence , enseigna le droit avec répu-
tation. Il mourut en 1543, évèque de
Fano , après avoir exercé divers emplois
dans la chancellerie de Rome, où il avait
été appelé. Plusieurs auteurs ont fait l'é-
loge de sa piété et de son érudition. Celui
de ses ouvrages qui lui a fait le i)lu3
d'honneur, est un recueil intitulé : Va-
riœ resolutiones juris civilis, comtminis
et régit, dont une des meilleures édilioii3
est celle de Lyon , 1753 , in-fol.
GOMEZ DE CASTRO (Alvarez), de
Sainte-Eulalie , près de Tolède , mort ea
1580 , à 65 ans, est auteur de divers ou-
vrages en vers et en prose. Le plus conn.i
est son Histoire du cardinal Ximencs .
à Alcaîa de Hénarès, 1569, in-fol. Nous
avons la Vie de ce cardinal en français ,
par MarsoUier , et mieux encore par Flc-
chier.
GOMEZ (Madeleine-Angélique POIS-
SON de ) , née à Paris en 1684 , morte à
Saint-Germain-en-Laye, en 1770, était
fille de Paul Poisson , comédien. Don Gci-
briel de Gomez , gentilhomme espagnol ,
peu favorisé de la fortune, lui trouvant
de l'esprit et des grâces , l'épousa. Elle so
consacra entièrement au genre romanes-
que. Sa plumo , plus féconde que cor-
recte , fit éclore un grand nombre de pro-
ductions galantes, sur lesquelles le public
même frivole s'est beaucoup refroidi, et
que le public sage n'a jamais lues. Les
principales sont : | Les Journées amusan-
tes, 8 vol. iu-12; | Anecdotes persanes,
2 vol. in-12 ; | Histoire secrète de la con-
quête de Grenade, in-12 ; j Histoire du
comte d'Oxford, avec celle d'Eustache
de Saint-Pierre au siège de Calais, in-
12; I Les cent nouvelles Nouvelles, 10
vol. hi-12. M™' de Gomez est encore au-
teur de plusieurs tragédies, dont aucune
n'est restée au tliéàtre. En général, la
versification en est lâche et languissante :
la moins mauvaise est celle d'Habis qui
eut 2.") représentations.
GOMEZ. Voyez PEREIRA (Georges).
* GOMEZ ou GOMÈS ( Beri-ardino-
AxTONio), médecin portugais, membre
de l'académie des sciences de Lisbonne,
est connu par son travail sur le Principe
actif du quinquina qu'il fut le premier à
obtenir pur, et auquel on donna le nom
de CincUoniiu l\ Tiérila par ses talcns cl
GON
513
r.o'V
•es services la place de médecin de la 1
marine et du roi , et l'estime des officiers 1
fran^-ais qui se trouvaient en Portugal
pendant l'année 1808. Gomer. est morl à
Lisbonne en 1823. On lui doit | une excel-
lente Dissertation sur 1rs moyens de dés-
infection . notamment dans les invasions
pestilentielles et varioliques. Il a publié
en outre | un Mémoire sur l'ipécacuanha
gris du Brésil, ou cipo. 1801, in-8";
I Méthode pour le traitement du typhus
ou fièvre maligne par l'effusion de l'eau
froide . Lisbonne , 1796 , in-12 , où l'on
trouve d'excellentes observations pra-
tiques ; I Essai dcrmosographique ou
Description succincte et systématique des
maladies cutanées . d'après les principes
et les observations des docteurs Jf^illan
et Batman. Lisbonne, 1820 in-8" ; | Mé-
moire sur les moyens de diminuer l'élé-
phantiasis en Portugal , et de perfection-
ner la connaissance et le traitement des
maladies cutanées. {S'a, in-S"; | plusieurs
Mémoires ir.léressans de botanique mé-
dicale ou de médecine chimique insérés
dans le recueil de l'académie des sciences.
• GONDAIIAIUE ou suivant quelques
auteurs GONDICAIRE , premier roi de
Bourgogne, entra vers l'an ii07dans le pays
de la Gaule qui s'étend depuis le Rhin jus-
qu'aux Alpes, et fut ainsi un des premiers
à opérer le démembrement de celle partie
de l'empire romain : cependant il reconnut
la suprématie des empereurs : plus tard
ayant voulu secouer ce joug et se rendre
indépendant, il fut vaincu par Aétius,
patrice des Gaules, qui traversa le Rhin,
et pénétra dans l'intérieur du pays : Gon-
dahaire s'opposa à sa marche , et périt l'an
&51 dans le combat qui fut livré dans les
plaines Catalauniques à Méry-sur-Seine,
contre le fameux Attila, Il était contem-
porain des premiers rois francs, et notam-
ment de Mérovée. Son royaume fut par-
tagé entre ses trois fils Gondéric , Gon-
dioc et Chilpéric.
GO\DEB.\L'D troisième roi de Bour-
gogne, fils de Gondioc, frère et meurtrier
de Chilpéric , s'empara de son royaume
aussitôt après qu'il l'eut massacré. Son
règne commença en 491. Il porta la même
année la guerre en IlaHe, pilla et rava-
gea l'Emilie et la Liguric , se rendit mal-
t.'-c de Turin, et répandit la terreur et la
désolation. Au retour de cette sanglante
expédition, il donna Clolildc, sa nièce ,
à Clovis qui la lui avait demandée ; mais
cette union n'empêcha pas celui-ci de se
joindre à Godégisile (second fils de Gon-
dioc, roi des Bourguignons, qui nprèsa voif
partagé les états de son père avec »cs
frères, avait fait de Genève le siège de soit
royaume), et d attaquer Gondebaud. Cet
usurpateur fut défait et poursuivi jusqu'»
Avignon, où il s'enferma l'an TiOO. Obii{;é
de racheter sa vie et son royaume , le
vaincu accepta les conditions que le vain-
queur voulut lui imposer ; mais à peine
fut-il délivré, qu'il reprit les armes. Il alla
assiéger Godésigilc dans Vienne , le prit
et le fit égorger au pied des autels , dans
une église d'arioiis , où il s'était réfugié.
Depuis cette expédition, Gondebaud fut
paisible possesseur de son royaume jus-
qu'à sa mort en 516, après un règne de
2!) ans. Ce monarque mourut dans l'ariu-
nismc qu'il professait en public , quoiqu'il
désapprouvât en secret cette hérésie.
Gondebaud, tout barbare qu'il était, donna
de très bonnes lois à son peuple. On y re-
marque en général un grand fond d'équitc,
beaucoup de pénétration, une attention
singulière à prévenir les moindres diffé-
rends, une profonde politique, et des vues
dignes d'un chrétien. Tel est en général
le caractère des premiers rois français :
un mélange de burbarie et de sagesse.
Si le christianisme ne les dépouilla pas
entièrement de leurs vices et de leurs er-
reurs , il les éleva fort au-dessus de ce
qu'ils étaient avant de le connaître. Les lois
de Gondebaud forment le recueil qu'on
nomme la Loi Gombetle. Ce C(vXc a clé
imprimé dans le Syllogc Icguin antiqua-
rum de Jean Herold, Bàlc, iolil , dans hî
Codex legum antiquarum de Frédéric
Lindenbrog , et dans le Corpus juris ger-
manici antiqui. On trouvera des détails
sur les dispositions de la loi Gombette dans
la Disserlatio hislorica de Burgundia ci$
et trans Jxirana. Strasbourg, 1741 , in-4''.
GODEGISILE ou GODEGISILE, yoif.
l'article précédent.
GONDI. Voy RETZ.
GONDRIN (Lolis-Hexri de PARDAIL-
LAN de) , né au cliàtcau de Gondrin, dio-
cèse d'Auch , en 1620 , d'une famille an-
cienne , fut nommé en 1644 coadjuteur
d'Octave de Bellegarde , archevêque do
Sens, son cousin. Il prit possession de cet
archevêché en 1646 , cl le gouverna jus-
qu'à sa mort, arrivée le 20 septembre
1674 , à !)4 ans. Il eut de grands dcmélis
avec les jésuites qu'il interdit daiu %^^n
diocèse pendant plus de 2j ans. Le pani
de Jansénius le regardait comme un aji-
pui; cependant Gondrin signa en 1655 la
lettre de l'assemblée du clergé au pa^io
GOiV 514
Innocent X, où les prélats reconnaissent
« que les cinq fameuses Propositions sont
» dans Jansénius , et condamnées au sens
j> fie Jansénius , dans la constitution de ce
» pontife. » Il signa aussi le Formulaire
sans distinction , ni explication ; mais en-
suite il parut s'en repentir, et se joignit
aux quatre évéques d'Alel, de Pamiers,
d'Angers et de Beauvais, pour écrire à
Clément IX , « qu'il était nécessaire de
» séparer la question de fait d'avec celle
» de droit , qui étaient confondues dans le
» Formulaire.^ L'abbé Bértiult l'appelle un
« caméléon qui prenait la couleur de tous
» les objets intéressans qui l'environnaient
» et la quittait aussitôt qu'ils cessaient de
» l'intéresser. » On a de lui : | des Lettres;
I plusieurs Ordonnances pastorales. On
lui attribue la traduction des Lettres
choisies de saint Grégoire le Grand, pu-
bliée par Jacques Boileau.
GOI\ET ( Jean-Baptiste ) , provincial
des dominicains, mort à Béziers sa patrie,
eu 1681 , à 63 ans , était docteur de l'uni-
versité de Bordeaux , où il professa long-
temps la théologie. Sa piété égalait son
savoir. Nous avons de lui ] une théologie
imprimée à Lyon, 1681, en 5 gros vol.
in-fol., sous le titre de Clypeus Theologiœ
Thomisticce ; et quelques autres ouvrages
de scolastique. Bayle dit que Gonet fit ap-
prouver dans l'université de Bordeaux, où
il avait professé, les Lettres provinciales ;
il ne fait pas attention que les jacobins,
et vme partie de la doctrine de leur école,
sont attaqués dans ce livre. Les autres
écrits de Gonet sont : [ Manuale Thomis-
tarum^Ç) vol. in- 12; | Dissertatio theolo-
çica de probabilitate .
GO\GORA-Y-ARGOTE (Louis) , sur-
nommé de son temps le Prince des poètes
espagnols^ naquit à Cordoue en 15G1,
i'une famille noble mais pauvre. Il étudia
à l'université de Salamanque, fut chapelain
du roi d'Espagne, et mourut dans sa patrie
en 1627- Ce poète a eu des admirateurs
zélés, et de grands adversaires. On ne
peut lui refuser la gloire d'avoir étendu
les bornes de la langue castillane , et de
l'avoir enrichie de beaucoup de choses
nouvelles; maison lui reproche des figures
gigantesques et des métaphores outrées.
Ses OEuvres poétiques ont été imprimées
plusieurs fois, in-i" , à Madrid, à Bruxel-
les et ailleurs. Don Ramon Fernandez a
[)ubUé un choix des meilleurs ouvrages de
ce poète , Madrid, 1787.
(îO\i\ELIEU ( JÉR05IE de) , né à Sois-
soijs eu 1G40, jésuite en 1057, mort à Pa-
GON
ris en 1715, parcourut avec succès la car-
rière brillante de la chaire , et celle de la
direction, moins éclatante, mais aussi dif-
ficile. Ses mœurs étaient une prédication
continuelle, et la plus efficace. Ses ou-
vrages , fruit de sa piété et de son zèle ,
sont en grand nombre. | Exercices de la
vie spirituelle, VdiTÏs, 1701, in-12; | Pra-
tique de la vie intérieure , ibid. 1710 , in-
12 ; [ Instruction sur la confession et la
communion, ibid. 1713; | \q Sermon de
N. S. à ses apôtres après la cène, avec des
réflexions, ibid,, 1712, in-12, etc. Le plus
connu est son Ijnitation de Jésus-Christ,
1763, in-12, traduite fidèlement et avec
onction, quoiqu'infîniment inférieure à
loriginal , et augmentée de réflexions t-t
de prières (i). .
GOiV-\ELLI (Jean), surnommé \\4-
veugle de Cambassi, du nom de sa patrie,
lieu proche de Vollerre dans la Toscane ,
fut l'élève de Pierre Tacca, disciple de
Jean de Bologne. Ses talens donnaient do
grandes espérances, lorsqu'il perdit la vue
à l'âge de 20 ans. Cet accident ne l'empê-
cha point d'exercer la sculpture ; il faisait
des figures de terre cuite , qu'il condui-
sait à leur perfection par le seul sentiment
du tact. Il fit plus ; il tenta de faire de lu
même manière des portraits , et il on fit
de très ressemblans, tels que ceux du pape
Urbain VIII, et de Cosme I", grand-duc
de Toscane. On en a vu plusieurs en
France. Cet artiste mourut à Rome en
1664 , à 52 ans , soxis le pontificat d'Ur-
bain VIII.
GO\SALVE ou GONÇALO de COR-
DOUE ( Hernaxdez-y- AcRiLAn), sur-
nommé le grand Capitaine, duc de Terra-
Nova, prince de Venouse, naquit à Mon-
tilla, petite ville près de Çadoue, le lu
mars 1443 , d'une des plus illustres mai-
sons d'Espagne. Il se signala d'abord contre
les Portugais en 1476. Il servit ensuite
sous le règne de Ferdinand et d'Isabelle ,
à l'époque de la conquête du royaume de
Grenade, et il se rendit maître de diverses
places. Ferdinand V, roi d'Aragon, le mit
à la tête des troupes qu'il envoya dans le
royaume de Naples, sous prétexte de se-
courir Frédéric et Alphonse ses cousins ,
mais en effet pour les dépouiller. Il poussa
la guerre avec vigueur, et se rendit maître
(i) Cette tr.iductioD , qu'on re'iraprîme encore de
nos jours , sous le nom du P. Gonnelieu , n'est pas de
lui, mais de >Tean Cusson. Le V. Gonnclien est seule -
rr.i;ut auteur des prières et de* pratiques qu'on y
trouve.
GON
Kl»
GO\
par capitulation, cii IjOI, de Tarenlc. Ses
troupe», mécontentes de manquer de tout,
menacèrent de se révolter , et tinrent au
général les plus insolens propos ; mais la
présence d'esprit , le san{ï-froid et la fer-
meté de Gonsalve, les continrent dans le
lievoir. Comme il avait besoin d'un grand
événement pour affermir son autorité , il
assiège Cérignolcs. atin de déterminer les
Français à hasarder une bataille ; il a le
bonheur de l'engager et de vaincre. Il
s'empare de Naples sans coup férir , et
emporte les châteaux l'épée à la main en
I.*i03. Les richesses qu'on y avait amassées
deviennent laproiedu vainqueur. Comme
quelques soldats se plaignaient de n'avoir
pas eu assez, de part au butin : Il faut
réparer votre 77iauvaisc fortune . leur dit
Gonsalve ; allez dans mon logis , je vous
abandonne tout ce que vous trouverez.
Cependant une nouvelle année , arrivée
de France, menaçait de tomber sur les
Espagnols. Gonsalve, quoique beaucoup
plus faible, se retranche à la vue des Fran-
çais. Comme les officiers espagnols trou-
vaient quelque témérité dans la conduite
de leur général, il leur dit héroïquement :
« J'aime mieux trouver mon tombeau en
» gagnant un pied de terre sur l'ennemi ,
■> que prolonger ma vie de cent années
» en reculant de quelques pas. » L'événe-
ment justilia cette résolution. Gonsalve
battit les Français à Seminara, à Cérigno-
lcs. près du Garillan ( 1503 ), linil la guerre
par de savantes manœuvres, et assura à
l'Kspagne la possession du royaume de
Najiles, dont il devint connétable. Ses en-
iiL-iiiis l'accusèrent de vouloir se rendre
6()u\ erain de ce royaume ; et on a dit que
Terilinand ajouta foi à ces bruits ; parce
que s'étant rendu à Naples , il obligea
Gonsalve à le suivre en Espagne : mais
il i)ouvait avoir d'autres raisons d'em-
itivuer Gonsalve, et de souhaiter d'a-
^<•i^ près de lui un si habile homme.
1.4>nis XII, roi de France, vit Gonsalve en
lMs.sant à Savone, le lit manger à sa table,
ri s'entretint long-temps avec lui. Ce
li<ros mourut à Grenade le 2 décembre
lul'j, à l'âge de G2 ans, laissant une répu-
talion immortelle de bravoure , qui lui lit
donner le nom de Grand Capitaine. On
Voit son mausolée dans le chœur de l'é-
{(lise des Hiéronymitcs, et en dehors de
l'église, cette inscription gravée sur une
taîile de jaspe : Gonzales Fernando a Cor-
duba . Gallorum ac Turcarum terrori.
Sa générosité contribua autant à.sa gloire
que sa valeur. La république de Venise
lui fit présent de vases d'or , dr i
magnifuiucs, et de martres tibcl
un parchemin où était écrit en 1
le décret du grand-conseil qui lo faisait
noble Vénitien. Il envoya tout à Ferdi-
nand , excepté le parchemin. Le père du
Poucet, jésuite, a donné l'histoire de co
grand capitaine , Paris, 1714, 2 vol. in-i2.
Florian a publié une espèce de poème soui
le titre de Gonzalve de Cordoue. Le carac-
tère du héros est conforme à l'histoire;
mais tout le reste n'est qu'une agréable
fiction.
GOXS.VLVE (Marti-*), fanatique du
14' siècle, né vers l'an 1325 à Cuença en
Espagne, prétendit qu'il était l'ange saint
Michel, à qui Dieu avait réservé la place
de Lucifer, et qui devait combattre un jour
contre l'antechrist. L'inquisition le livra
au bras séculier qui en lit une justice sé-
vère (1374). Il avait un disciple nommé
Nicolas le Cal£d)rais, qui voulut le faire
passer après sa mort pour le Fils de Dieu
et qui assura que le Saint > Esprit de-
vait sauver, au jour du jugement, tous
les daumés par ses prières. Nicolas prêcha
ses erreurs à Barcelone, et finit comme
son maître.
GOiVTAULT. royez BIRON
• GOiXTERY ( Jeaji ) , naquit à Turin ,
en 1562, et entra chei les jésuites à l'âge
de vuigt-deux ans. II se distingua dans la
prédication, et s'occupa particulièrement
de la controverse sur laquelle il publia
plusieurs oun rages estimés de son temps,
et écrits la plupart en français. Sotvel en
donna une liste latine ; on les trouve aussi
détaillés dans d'autres catalogues , et en
particulier dans V Examen critique des
dictionnaires par A. A. Barbier. Les plus
remarquables de ses ouvrages Sf)nt : | Cor-
rection fraternelle faite à M. Dumoulin,
ministre du Pont-Charenton . Paris , 1607,
in 12- Cet ouvrage traite du baptême etdes
limbes, et l'auteur se cache sous le nonr> de
/*/iiVo/^«, bachelier. | Conséquences aux-
quelles a été réduite la religion prétemlue
réformée^ Roucu et Paris, 1610, in-S" ; | La
vraie procédure, pour terminer le diffé
rend en matière de religion. Caen, 1607.
C'est un extrait des sermons de l'auteur,!
fait par un nommé Julian. | i.ettresàM.Le
Comte ^ gouverneur de Sedan, avrc let
réponses. Sedan , 1613, in-lî. Ce.1 lettres,
au nombre de dix, dont cinq sont de M. Le
Comte, roulent sur diverses matières de
controverse : sur l'autorité des papes et des
conciles , sur le pouvoir des papes , le tem-
porel des rois, le culte des images et de
CÔN
Si6
GOIV
h troix ; 5Ur l'Eucharistie , le célibat des
prêtres, et sur les indulgences. ] Du Juge
des controverses^ Paris, 161G, in-S"; \fn-
struction du procès de la religion préten-
due reformée^ par R. P. J. Gontery. Bédé
de la Gourmandière tâcha de réfuter Gon-
tery par l'écrit intitulé iî(?j50rt5e au libelle^
etc. Il est parlé d» Père Gontery dans les
ouvrages suivans , savoir : Discours sur
ce qui s' est passé en la conférence entre le
père Gontery et les ministres de Caen j,
par un anonyme , 1606 , in-8.° ; Les tro-
phées du Père Gontery , jésuite ^ avec un
catéchisme pour son instruction^ par J.
Caspel, Sedan, 1613, in-8°; Discours
sur le sujet proposé en la rencontre du
père Gontery et du sieur Moulin^ où il est
traité de la mission des pasteurs ^ du sa-
crifice de la messe et de la présence réelle,
par Pierre de Berulle , Paris , 1609 , in-8";
Lettre à mademoiselle de Sainte-Beuve,
sur le décès et la louange du père Gon-
tery, de la compagnie de Jésus, par J.
D. G. , Paris, Chappelet, 1617, in-8° de
42 pages. Le père Gontery mourut à Paris
en 1616, âgé de cinquante-quatre ans; il
fut un des plus redoutables adversaires
(les soi-disant réformés ; son zèle et ses
lumières devinrent très utiles à la religion
catholique, qui avait en lui un de ses plus
ardens défenseurs.
GOX'THIEU, poète latin du 15* siècle,
après avoir été maître d'école, fut moine
de l'abbaye de Paris, ordre de Citeaux ,
dans le diocèse de Bâle, où il mourut le H
mars 1223. On a de lui : | Historia Conslan-
tinopolitana sub Balduino , circa annum
4203, insérée dans les Zepon* anciennes
dJ Henri Canisius , Amsterdam , 1723 , in-
ol. à la fin du tome h. Gonthier composa
cette histoire sur la relation de son abbé
Martin qui avait assisté au siège de Con-
stantinople. | De oratione,jejunio et elee-
mosyna libriXIIJ, Bâle, 1504 et 1507,
In -4°. On ne sait s'il faut attribuer l'ou-
vrage suivant au même Gonthier, ou s'il
e-t d'un autre auteur du même nom :
Guntheri poêla; Ligurinus, de gestis Fri-
derici I , \}xùi\ié: jiar les soins de Conrad
Peutinger, Ausgbourg, 1507 , in- fol., et
plusieurs fois depuis. Ce poème , dont la
latinité tient de la pureté des premiers
siècles, porte le titre de Ligurinus, parce
que l'auteur y chante l'expédition de Fré-
déric Barberousse dans la Ligurie , c'est-
à-dire , dans le Milanais et dans la Lom-
bardie. — Il est différent d'un autre GON-
THIER, moine de Saint- Amand, qui a
donné : | Martyrium sancti Cyriaci^
en vers ; | ffistoria miraculorum sancti
Amandi, dans les BoUandistes, février,
tom. 1. Gonthier assista à la translation du
corps de saint Amand en 1107 , et fut té-
moin des miracles arrivés à cette occa-
sion : preuve de fait bien respectable en
faveur du culte des saints et de leurs re-
liques. Voyez GAMALIEL, GERVAIS et
PROTAIS.
GONTHIER ( Charles ) , comte de
Schwarlzbourg, dans la Thuringe. On
l'élut empereur d'Allemagne en 1347,
pour l'opposer à Charles IV , roi de Bo-
hème , qu'un autre parti avait nommé à
l'empire. Pendant que ces deux concur-
rens se disposaient à la guerre pour se
rendre maîtres de la couronne impériale,
Gonthier mourut de poison à Francfort,
à l'âge de 45 ans , 6 mois après son élec-
tion. Ge fut un médecin qui le lui pré-
senta comme un remède. On l'enterra
dans l'église de Saint-Barlhélenri, et on
lui fit des funérailles royales , auxquelles
assista Charles son adversaire. Gonthier
était un prince courageux et digne de
l'empire.
GOIVTHIER. Voyez GUINTIER.
GOKTRAN , roi d'Orléans et de Bour-
gogne, fils de Clotaire \" , commença à ré-
gner en 561 , et établit le siège de sa do-
mination à Châlons- sur-Saône ou à Lyon.
Les Lombards se répandirent dans ses
états , et les ravagèrent. Mummol , un des
plus heureux généraux de son siècle , les
poursuivit jusqu'en Italie, et les tailla en
pièces. Contran , délivré de ces barbares,
tourna ses armes contre Récarède, roi
des Goths ; mais elles n'eurent aucun suc-
cès. Il fut plus heureux dans la guerre
contre Waroc, duc de Bretagne , qui fut
forcé de lui rendre hommage en ces ter-
mes : Nous savons comme vous, que les
villes armoriquaines ( Nantes et Rennes )
appartiennent de droit au fils de Clotaire,
et nous reconnaissons que nous devons
être leurs sujets... Chilpéric, avec lequel
il était alors en guerre, ayant été tué,
Contran , loin de profiter de sa mort , se
prépa'ra à la venger. Il servit de père h
Clotaire son fils, et défendit Frédégonde
sa veuve , contre la vengeance que Chil-
debert et Brunehaut en auraient pu tirer.
Ce prince mourut après un règne de 41
ans en 593, à 60 ans, sans laisser d'en-
fans. L'Eglise le mit au nombre des saints i
il mérita cet honneur, par son zèle pour
la religion et la justice, par ses libéralités
envers les malheureux.
GO]>iZAGU£ ( Louis de), en itaUen
G0\ li
Gnnza(]a . ilunc illuslro maison illtalic.
qui a duiiiK' doux iinpcralrices à l'Alle-
ina|;ne , une reine à lu Polopnc , el un
grand nombre de cardinaux, clait fils de
Gui de GonT-agne. Après avoir défait Pas-
sarino Boniscola, lyran de Muntoue.en
17)^27, il devint lui-même seigneur de
cette ville, sous le titre do ficaire de
l empire , et mourut en 1361 , à(jc de 93
ans. — Jea^-Fraxvois.uu de ses descen-
dans, né en 1390, se fit un nom par son
habileté et son courage. Il fut général dos
troupes de ri'jlise pour la défense de
Bologne sous Jean XXIII, et de celles des
Vénitiens conire les Milanais. Il fut créé
marquis de Mantoue par l'empereur Si-
gismond en l.'i33, et mourut en HW. —
FnÉDÉRic II fut fait duc de Mantoue par
l'empereur Charles-Quint, qui lui con-
serva en même temps le marquisat de
Blontferrat. Il mourut en lo40. — Son
pcUt-fils, VixcEXT de GONZAGUE finit la
postérité uîasculinc de la branche aînée ,
et mourut en 1027. — Frédéric II avait
un aude fils nommé Lotis, qui, étant
venu s'établir en France , fut duc de Ne-
vers par son mariage avec Henriette de
Clèves. f^oy. NEVERS. — Son fils, Char-
les de GONZAGUE, était dnc de Ncvcrs en
France , lorstpi'il alla prendre possession
du duché de Mantoue. Il fut secondé par
les armes de Louis XIII, et se conduisit
avec autant de prudence que de valeur.
H mourut en 1637. — Son pelit-fils, Char-
les IV , s'étant déclaré pour le roi d'Espa-
gne Philippe V, fut nus au ban de l'em-
pire et dépossédé de son duché. 11 mourut
à Padcue en 1708, sans postérité légitime.
— Il y avait d'autres branches de celte
maison, qui ne purent entrer en posses-
sion de Mantoue. Ce duché resta à la
maisoa d'Autriche. La branche de Guas-
lalla étant éteinte en 1729, ce duché fut
réuni à celui de Mantoue, et depuis joint
aux duchés de Parme et de Plaisance.
\ oy. Ântonii Possevïni j'union's . Gonza-
garum, Mantuœ et Alontisfenati ducum .
lùstoria. Mantoue, 1C28 , in-i" ; les Mé-
moires du duc de Severs, 166a, 2 vol. in-
fol. et \article GOSSELIM.
GOKZAGUK ( CÉCILE de ). fille de
François T"" de Gon7.ague , marqu'is de
Mantoue , apprit les belles-lettres de Vic-
lorin de Fellri, et y lit des progrès tclh!-
ment admirables, qu'à 12 ans elle sa\ail
parfaitement le grec. Sa mère, Paule
Malatcsta, dame illustre par sa vertu,
par son savoir et par sa beauté, lui in-
spira le mépris du monde, cl l'engagea à
17 GO.\
se f.iii L' religieuse. Ses veilus iihftrèrcnt
le cloître autant ipie ses connaissances.
Elle florissait au 15* siècle , et mourut
ver» l'an 1460.
GO\Z\C.lIK ( KLÉo^oRE-HirpotvT»
de ), fille de François II. marquis de
Mantoue, et fennne de François- Marie
de La Rovèrc, duc d'Urbin. fit paraître
une constance héro'ique dans l'adversité,
et ne quitta pas un seul monurnt son
mari dans ses disgrâces. Elle fut un mo-
dèle de chasteté. Elle ne voulut avoir ou-
cunc familiarité avec les femmes de mau-
vaise réputation . et leur défendit l'entrée
de son palais. Elle en chassa même plu-
sieurs de ses terres. Cette vertueuse dame
mourut en 1570. Elle eut deux fils et trois
filles. L'aîné fut duc d'Urbin, et le puiné
fut duc de Sore el cardinal ; les trois filles
furent mariées à des prinres , et se mon-
trèrent dignes de leur illustre nière.
GO.\Z,\GlIE ( JtxiE de ) , de l'illustre
famille de ce nom , fut un des urnemens
du 10*^ siècle. Elle épousa Vespasien Co-
lonne, comte de Fondi, el ne fut pas
moins célèbre par ses attraits que par ses
vertus et son esprit. La réputation de sa
beauté enflamma la curiosité et peul-élro
les désirs de Soliman II, empereur des
Turcs. Il chargea Barberousse, roi d'Al-
ger, et son amiral, d'enlever Julie. Ce
général arriva la nuit à Fondi , où elle
tenait sa petite cour, prit la ville par
escalade , et ne manqua que d'un moment
sa proie. Julie , au premier bruit , s'évada
en chemise par une fenêtre, et sétanl
engagée dans les montagnes, elle ne
sauva son honneur qu'à travers mille
périls. Cette héroïne, si constante en
amour , qu'après la mort de son mari elle
refusa les plus grands seigneurs, le fut
moins en matière de religion. Elle so
laissa entrainer, dit-on, dans les erreurs
de Luther. Ayant perdu sou é(K)ux, elle
prit pour devi>e une amaranthe , que les
botanistes appellent fleur d'amour^ avec
ces mots : A'o/i moritura.
CONZVCrF. ( Lucrèce de ), dame
illustre du 16*^ siècle , se signala également
par ses vertus et par ses écrits. Horlensic
Landu lui dédia son Dialogue sur la mo-
dération dt!S passions. Elle fut malheu-
reuse dans son mariage avec Jean-Paul
Manfrone , qu'elle éjxiusa k regret à l'àgt
de 14 ans. Il était brave, mais il se con-
duisit si mal , que le duc de Frrrarc le fil
mettre en prison, rt le tr •' .i- du
dernier ^upplire ; il usa > de
clémence et ne le fit p< m , en
4*
GOIV
518
GOIV
coiisidéralion de Lucrèce soa épouse.
Cette illustre dame employa tous les
moyens qui lui parurent les plus propres
à procurer la liberté à son mari; mais
ille ne put rien obtenir. Ils pouvaient
seulement s'écrire. Enfin, son mai-i étant
mort dans la prison , elle ne voulut point
se remarier, et mit ses deux filles dans
iies couvens. Elle mouruf elle-même le 2
lévrier 1576. On recueillit ses lettres, in-
12, 1552 , à Venise , et on y inséra jus-
qu'aux billets qu'elle écrivait à ses domes-
tiques. Ce recueil est un monument de sa
piété et de son esprit.
GOAZAGIIE ( Hercule), né en 1505
de François de Gonzague et d'Elizabeth
d'Est, fut évéque de Mantoue, archevê-
que de Tarragone , et créé cardinal par
Clément VII en 1527. Il arrêta avec beau-
coup de zèle les progrès de l'hérésie en
Italie. Paul III, en reconnaissance des
services qu'il rendait à la religion , lui
adressa un bref l'an 1545 , où il lui accor-
dait une pleine autorité sur tout son
clergé séculier et régulier. Pie IV l'en-
voya au concile de Trente en qualité de
son premier légat. Il y mourut le 12 mars
1563.
GONZAGUE ( saint louis de ) , fils de
Ferdinand , marquis de Castiglione , de la
maison de Mantoue , naquit au château
de Castiglione le 9 mars 1568 , entra chez
les jésuites le 2 novembre 1587, et s'y
sanctifia en peu de temps par l'exercice
de toutes les vertus, surtout par une
grande pureté de mœurs et une ardente
charité ; il mourut d'une langueur con-
I raclée au service des malades à Rome en
1591 , âgé d'un peu plus de 23 ans , après
en avoir passé près de six dans la société.
On l'enterra dans l'église du collège des
.Jésuites. Son corps a été depuis transféré
dans une chapelle qui a été bâtie sous
son invocation, par le marquis Scipion
Lancelolti. Saint Louis de Gonzague fut
béatifié par Grégoire XV en 1621, et ca-
nonisé par Benoit XIII en 1626. Le Père
d'Orléans a écrit sa Vie. On trouve l'his-
toire de ses miracles dans le Père Cépario,
et dans les Bollandistes.
GO.XZVGUE ( Louise -Marie de ),
reine de Pologne, née vers 1612, était
fille de Charles de Gonzague , duc de Ne-
vers, puis de Mantoue. Elle épousa La-
dislas-Sigismond IV, roi de Pologne en
1645 , et fut couronnée l'année d'après à
Cracovie- Après la mort de ce prince en
1648 , elle se maria par dispense du pape,
à Jean -Casimir, frère de Ladislas. Un
grand fonds d'esprit cl de piété , la gran-
deur de son courage dans des temps dif-
ficiles , les moyens qu'elle prit pour re-
mettre la tranquillité dans la Pologne,
troublée par les armes des Suédois et par
la faction des rebelles , la firent aimer et
respecter. Elle mourut d'apoplexie à Var-
sovie, le 10 mai 1667, sans laisser d'en-
fans. L'histoire de celle reine a été écrite
par Jean le Laboureur, Paris , 1649, in-4''.
GOAZAGUE. Voyez ANNE.
GO.\Z.\LÈS. Voyez COQUES.
GOAZALES DE MEADOZA. Voy. MEN-
DOZA.
GONZALEZ DE CASTIGLIO ( Jeaî»),
augustin espagnol , célèbre par sa piété et
par ses prédications , mourut à Salaman-
que en 1479 , à 49 ans. Il fut empoisonné
à l'autel par une hostie consacrée , qu'une
dame lui avait fait donner, transportée
de fureur de ce qu'il avait converti son
amant.
GONZALEZ ( Thyrse ) , espagnol, gé-
néral des jésuites , mort à Rome en 1705,
a combattu la doctrine de la probabilité .
soutenue par plusieurs casuistes , dans un
Traité imprimé à Rome en 1694 , in -fol.
Il y montre que ce n'est pas une opinion
généralement reçue dans sa société ; il
prouve même qu'enseignée au 16* siècle
dans toutes les écoles , elle a eu pour pre-
miers adversaires des jésuites , entre
autres Rebellas en 1608, Comitolus en
1609 , André Blancus sous le nom de Can-
didius Philalètes. I! la réfute ensuite très
fortement, sans néanmoins obliger les
théologiens de son ordre à suivre son
sentiment, déclarant qu'il écrit comme
simple particulier et non comme général.
On a encore de lui : j un Traité contre les
propositions de l'assemblée du clergé de
France de 1682. | Manuductio ad conver-
sionem 3Iahumetanorumj Dillingen, 1689.
I Veritas religionis christianœ démons-
trata.
GONZALEZ TELLEZ ( Emmamuel ),
professeur de droit à Salamanque en 1655,
a laissé un Commentaire sur les Décré-
taies s en 4 vol. in-fol. 1693.
GONZALEZ. Voyez GONSALVE DB
CORDOUE.
• GONZALVEZ ( Jacques ), jésuite
missionnaire portugais , né dans l'île de
Divar à Goa en 1672 , prêcha l'Evangile à
Ceylan pendant 33 années, opéra lUi
nombre considérable de conversions, et
mourut en 1742, après avoir établi plu-
sieurs églises et collèges. Il laissa manu-
scrits différens ouvrages écrits en porta-
GOR
(JAIS, rn rhmjnlals et en tainoul. On rite
comme nn des plus romarqunMcs relui
qwia pour litre ( en p<>rlU[{nis ) Principes
qui déinontrrnt l origine de la secte de
Budu ( Bouddali ) , et l'impostibilité d'ob-
terver sa doctrine.
GOOL ( Je%n van ) , peintre hollandais,
De à la Haye en 1685 , mort vers l'an 1757,
avait la touche ferme et la composition
agréable. Il a donné Théâtre des peintres
famands . contenant leurs vies et Intrs
ouvrages, en flamand, la Haye, 1750-
4751, 2 %'ol. in-8*. Ce n'est qu'une com-
pilation de faits et une liste de tableaux,
sans jugement sur les manières diffé-
rentes des peintres.
* GORAM ( JusBPH , comte de ) , né à
Milan vers l'an 17^0, se distingua dans
ses étmles par sa facilité à tout concevoir,
et se livra à la composition de divers ou-
vrages sur l'éducation publique, l'écono-
mie politique et la philosophie , où il dé-
veloppa des idées très hardies , et beau-
coup de projets de réforme. Il avait pris
part à la rédaction du Café ^ journal lit-
téraire dont les chefs étaient Verri et
Beccaria. Après la mort de ceux-ci, Gorani
soutint dans une autre feuille périodique
les principes de la révolution française.
11 se rendit à Paris, et présenta à l'as-
semblée nationale G)nslituante, une re-
quête par laquelle il sollicitait le titre de
citoyen français . qui lui fut accordé par
un décret. Cette démarche lui attira les
persécutions les |ilus violentes de la part
du gouvernement de sa province. Un dé-
cret de bannissement et de prise de corps
fut lancé contre lui. Ses biens furent con-
flsqués, et son nom effacé des registres
de la noblesse milanaise. En 1794 les cri-
mes de Robespierre lui firent chercher
wtv nouvel asile à Genève, où il vécut
dans la misère jusqu'à sa mort arrivée le
12 décembre 1819, à l'âge d'environ 75
ans. Ses ouvrages sont : | un VHan d'é-
iucalion publique , 2 vol. in - 8" ; | un
Traité de l impôt ; \ un Traité contre
le despotisme . 2 vol. in-8" ; | des Recher-
ches sur la science du gouvernement .
2 vol. in -8". Elles ont été traduites de
l'italien en français, en 1792. en 2 vol.
in-8*', sur un exemplaire corrigé par l'au-
teur. Quoique les circoii$taar<:3 fussent
très favorables à la publication de celle
traduction, elle a obtenu peu de succès,
parce que les idées du coinlc Gorani,
toutes révolutionnaires qu'elles étaient ,
n'étaient pas encore à la liauleur de la
révolution qu'on voulait opérer. | Les
»*9 GOR
Eloges de detix rol«-brrs florenliiis. Sal-
luslc- Antoine Rnndini . archidiarrc de
Sienne, cl le docteur Rcdi. premier mé-
decin du grand-duc de Toscane; | pin-
sieurs ^fémnires sur différentes partie*
des sciences et des arts, qu'il a fourni-
aux différentes académies dont il était
membre ; | Mémoires secrets et critiquer
des cours des gouvememens de l' Italie ,
Paris, 1793^3 vol. in-8"; ] Lettre d'un
citoyen français au duc de Brunswick .
1793 , in-8".
GORDIEN le Père, Marcus Jntoniui
Gordianus Africanus Senior, né l'an 157,
était fils de Metius Marccllus, descendait
par sa mère de l'empereur Trajan. Apre»
avoir exercé le consulat avec distinction,
il fut envoyé proconsul en Afrique. Les
cruautés de l'empereur Maximin , et \c%
exactions tyranniques de ses intendans .
ayant fait révolter cette province, le*
légions proclamèrent en 237 Gordien em-
pereur, quoiqu'il eût alors 80 ans. Il re-
fusa d'abord ; mais voyant qu'on le me-
naçait de le tuer, il accepta et s'associa
son fils. Le sénat instruit de cette nou-
velle lui décerna le titre d'Auguste, et
déclara les Maximin père et fils, ennemis
publics. Maximin furieux marcha contre
le nouvel empereur, qui envoya son fils
l>our le combattre. Ce jeune prince ayant
été tué après un combat sanglant , Gor-
dien le père s'étrangla de desespoir à Car-
thage , où il s'était retiré. Il fut autant
regretté pour sa douceur, que pour son
courage et son esprit. Il ressemblait beau-
coup à Auguste: il en avait la voix, lu
geste et la taille. Il avait composé dans sa
jeunesse un Poème sur la vie des Antonin.
GORDIEN le fils, Marcus Antnnius
Gordianus Africcuxuz Junior . fils du pré-
cédent, naquit vers l'an 191 et fut instruit
dans les belles-lettres par Sercnus vSam-
nionicus le jeune, qui lui laissa sa bibliiH
Ihèque , composée de 62,000 vol. Son es-
prit cultivé, son caractère doux el com-
plaisant, le firent aimer de l'einiK-reur
Hcliogabale, qui lui donna la charge de
questeur ou de trésorier des finances.
Alexandre Sévère lui confia ensuite la pré-
fecture de Rome , el la manière dont il
remplit celte clurge lui mérita le consulat.
Son père étant parti l'an 230 pour aller
gouverner l'Afrique, il le suivit en qua-
lité de lieutenant de citte province. En
2^7 l'un et l'autre furent reconnus empe-
reur». Gordien le iils marcha à la tête
d'une annér contre Caprllien. (»iMi\»"r-
neur de Matirilanic, qui clail reste liJvIe
GOR
520
GOR
& Maximin ; inais il fut vaincu et tué le
25 juin de la même année 257. Ses vertus
militaires étaient offusquées et affaiblies
par un penchant extrême pour les femmes.
11 s'abandonna tellement à celte passion ,
que , dans la vijjueur de l'âffe, il ne lui res-
tait plus que la faiblesse de la vieillesse. Il
n'avait que i6 ans lorsqu'il fut tué, et
n'avait joui du rang d'empereur qu'en-
viron iO jours.
GORDiElN le jeune', Marcus Antonius
Gordianus Plus . pelit-fils de Gordien le
vieux, fut honoré du titre de César, en
237 à l'âge de 12 ans. A 15 il fui proclamé
empereur , et tous les peuples de l'empire
le reconnurent avec transport. Cet enfant
eut toute la sagesse d'un vieillard instruit
par l'expérience. Il épousa dans sa 16*^
année Furia Sabina Tranquillina, lille de
Misilhée, homme célèbre par son savoir
et son éloquence , et par d'autres qualités
bien plus importantes. Gordien le lit pré-
fet du prétoire, aussitôt qu'il eut épousé
sa fille. Ce fut par le conseil de cet homme
sage qu'il entreprit plusieurs grands édi-
fices , dont le plus magnifique fut celui
du Champ-de-Mars. Il contenait deux
vastes galeries de mille pieds de longueur,
et éloignées de 500 l'une et l'autre. Entre
ces deux galeries était de chaque coté une
haute palissade de lauriers et de myrtes ,
et au milieu une terrasse de la longueur
des galeries , soutenue par plusieurs rangs
de petites colonnes. Au-dessus de cette
même terrasse s'élevait une autre galerie
de 500 pieds de long,.. Il y avait près de
i ans que Gordien régnait paisible ,
quand Sapor , roi de Perse , ravagea les
provinces de l'empire. Le jeune empereur
partit bientôt après, pour le combattre
avec une armée nombreuse. Au lieu de
s'embarquer avec ses troupes , ce qui était
le plus court, il préféra la terre à la mer, et
traversa exprès la Mœsie , afin d'y arrêter
les progiès des Goths et d'autres peuples
du Nord, qui, seiTd^lables à un torrent,
venaient d'inonder la Thrace. Il y signala
son entrée par une victoire qu'il remporta
sur les barbares, et après y avoir établi
l'assurance et l'ordre, il continua sa route
par le détroit de l'Hellesponl, et ensuite
par l'Asie-BIineure ; delà il passa en Syrie ,
où Sapor et lui en vinrent bientôt aux
mains. Gordien fut vainqueur , et reprit
sur lui la ville d'Antioche ; il se rendit
aussi maître de Gares et de Nisibe , deux
places considérables dont s'étaient empa-
rés les Perses. Le sénat lui décerna le
triomphe , cl donna à son beau-père le
titre de tuteur de la république. Tandis
qu'il illustrait le nom romain par ses
exploits, Philippe, préfet du prétoire,* là
seconde personne de l'empire, voulut
être la première. Il fit assassiner le jeune
Gordien en 244. L'armée honora sa mé-
moire par un tombeau où elle déposa son
corps, sur les confins de la Perse, avec
cette inscription en langue grecque, syria-
que , latine et égyptienne : « Au divin
» GORDIEN , vainqueur des Perses , des
» Goths et des Sarmates , qui a mis fin aux
«troubles domestiques de l'empire, et
«subjugué les Germains, mais non les
« Philippes.... » Le sénat, aussi sensible
à cette perte que l'armée, fil un décret en
l'honneur des Gordien, par lequel leur
postérité était exempte de tous les emplois
onéreux de la république. Plusieurs
écrivains , notamment l'abbé Dubos , adr-
meltenl l'ex'Slence d'un quatrième Gor-
dien ; mais leur opinion n'a pas prévalu.
On peut consulter à cet égard \ Histoire
des quatre Gordiens^ par ce dernier, et
la réfutation de cet ouvrage par Ant.
Galland intitulé : Lettre touchant V histoire
des quatre Gordiens ^ etc.
GOIIDIIJS, roi de Phrygie et père de
Midas, était un laboureur qui parvint do
la charrue au trône. Il n'avait povur tout
bien que deux attelages de bœufs, l'uiK
pour labourer, l'autre pour traîner son
chariot. Les Phrygiens , ayant appris de
l'oracle, que celui qu'ils rencoutreraienl
sur un char serait leur roi, ils décernè-
rent la couronne à Gordtus. Midas, son
fils , offrit le chariot de son père à Jupiter.
Le nœud qui attachait le joug au timon
était fait , dit-on , avec tant d'adresse , que
le vulgaire étonné fit courir le bruit que
l'empire de l'Asie appartiendrait à celui
qui le dénouerait : on citait même à ce
sujet la décision d'un oracle. Alexandre le
Grand passant à Gordium , capitale de la
Phrygie, fut curieux de voir cet ouvrage
quon disait être si merveilleux. Il vit le
nœud , et , sans s'amuser à le défaire mé-
thodiquement, comme avaient cherché
en vain tant d'autres, il brusqua la diffi-
cultcî. en le coupant d'un coup d'épée :
ce qui fait dire à Quinte-Curce : Oracufi
sortern vel elusit vet implevit.
GORDON (Jacques-Huxtlev), d'une
des meilleures maisons d'Ecosse, alla à
Rome , où il se fit jésuite en 1565 ; il sa
rendit habile dans la philosophie , la théo-
logie et les langues. 11 enseigna l'hébreu
avec réputation à Bordeaux , à Paris et à
Pont -à -Mousson, et voyagea en Allé-
GOR
tftl
GOR
magne, en Dancniarck el dans les lies bri- '
t«inntques , où il eut lK>Aucuup à souffrir
pour la reli(;ion rathuliquc. 11 nioiinil à
Paris en lûtiO , à 77 ans. On a de lui :
Controvfrsiarum chhstiatur^t^'i epitonig,
Cologne, 1620. 2 vol. in-«".
GORDO^i ( Jacqves LESMORE ). d'une
des plus illustres maisons d'Ecosse , né n
Aberdeenen {''ô.^'i, entra chez les jésuites
à Paris en 1573. Après avoir enseigné la
théologie, et gouverné les collèges de
Toulouse et de Bordeaux, il fut appelé à
la cour pour être confesseur de Ix)uis XIII.
11 mourut à Paris en 1G41 . à 88 ans. Il est
auteur : | d'un Commentaire latin sur la
Bible t en 3 vol. in -fol. ; ] d'une Chrono-
logie/m-{o\. aussi en latin , depuis la créa-
tion du monde jusqu'à l'an 1617. | D'une
Tliéologie morale . en 2 vol. in-fol. et de
quelques autres ouvrages en latin.
GORDO.N (TuoM*s) , célèbre écrivain
politique du 18^ siècle, ne dans la province
de Galloway en Irlande , mort au mois de
juillet 1750, à 66 ans, avait le génie de la
politique et de la littérature. Il se livra
d'abord à Londres à l'enseigiienient, puis
s'associa aux travaux littéraires de Trea-
cbard, et publia avec lui les Lettres dr
Coton, en anglais, 1737, 4 vol. in-12,et
le Whig imlépendant , ou 4}éfensc du
christiwiistne primitif. 1728 , in-8° : ou-
vrages dirigés contre l'administration de
cette époque et auxquels l'esprit de parti
donna de la vogue. Gordon composa aussi
quelques brochures en faveur de sir Ro-
bert Walpole. Son goût pour les écrivains
penseurs l'engagea à donner en 1728 une
bonne traduction anglaise de Tacite . pré-
cédée de discours politiques qui fuient
traduits en français , et parurent à Ams-
terdam . 1742,2 vol. in-12. En 1743, il
donna la traduction anglaise de Salluste.
Les discours politiques qu'il y joignit
furent aussi traduits en fran<;ais. par Dau-
dé, 1759, 2 vol. in-12. Gordon tit suivre
cette traduction de celle des Catilinaires
de Cicéron.
' GORDO.N' ( Anoer ) , savant bénédictin
écossais, connu de l'Europe savante par
ses belles expériences sur l'élcrlricité .
était né en 1712. Il étudia les belles-lettres
à Ratisbonne , voyagea en Italie . en Au-
triche et en P'rance, profes.sa la philoso-
phie à l'université d'Erfurt, et mourut
en 1751, membre corresp»>ndant de l'ara-
démie des sciences de Paris. On cite
comme ses principaux ouvrages : | Prngr.
de studii philosophici dignilate et utilitàte .
r.rfurt, 1737, in-4'; [ De concordandis
menturis. Ibld. ilki , u. » . , i'Iurno-
mena eleclricitatis erposita . ibid. , 174^,
in -8° ; I Pfnjsiitr expérimental tselementaf
ibid. ,175I-.S2, 2 vol. in-8", lig.
(.ORIH>.\ f AI.EX4NDRR }, éCOSMlf.
voyagea en Italie où il s'arrêta Ir in 7 ' t. , "
passa de là en France , en A .
fut secrétaire de plusieurs so<i'
tiliques en Angleterre , et se rendit , en
(741 , dans la Caroline, où il occupa di-
vers emplois. Il était juge de paix , lors-
qu'il y mourut après l'an 1750. On a «le
lui: ! fie du pape Alexandre ft . et de
son fils César liorgia . traduite en fran-
çais, Amsterdam, 1732, 2 vol. in-8", ou-
vrage curieux et à quelques égards assez
impartial: cependant ^Kfussé peut-éiro
trop loin , selon Lenglet du Freinoy ;
« La conduite de ce pape , ajoute le même
» critique , a été déréglée . et on ne l'a
» que trop fait savoir. » L'original de cet
ouvrage a été imprimé en 1726 . in-fol.
I Voyaje en Ecosse . avec 66 planches .
1726, in-fol. ; | Supplément à ce voyage,
1732 ; I Kssai sur les antiquités égyptien-
ties , 17.>7 et 1739, in-fol. — 11 ne faut pas
le confondre avec Alexandre D'ACHIN-
TOUL GORDON , son parent qui devint
major en Russie, et mourut en 1752, au-
quel on doit une Histoire de Pierre /".
publiée en anglais, 3 ans après sa mort,
à Aberdeen , en 2 vol. in-8°. Cette histoire
est précieuse par l'exactitude des faits.
• GORDO.\ (lord Georges), né à Lon-
dres le 19 décembre 1750 , de Cx)sme
Georges , duc de Gordon , issu d'une an-
cienne famille d'Ecosse, servit d'abord
dans la marine pendant une partie de la
guerre de l'indépendance américaine,
devint ensuite membre du parlement, et
se lit remarquer dans cette assemblée par
son opposition au bill en faveur des ca-
tholiques, et par les sarcasmes violen»
qu'il se permit contre ceux qui n'étaient
pas de son avis. En 1780 il se plaça à h
télé du parti protestant qui paraissait
alarmé des progrès de la religion calho-
liqiie, depuis qu'un décret rendu en 1778
avait un peu adouci la ri:pieur des lois
contre ceux qui la professaient. Il se char-
gea des plaintes de son parti: ses repré-
sentations n'ayant pas été accueillies, il
organisa un rassemblement ronsidérablo ,
et fut l'auleur des troubles de 17M: plus
de 100 mille personne» ameutées inves-
tirent le parlement, et se livrèrent aux
cxris% le» plus coupables. I/>rtl Gordon fut
mis en jugement sous l'arctisaiion du
crime du luute trahison , mais il fut ac«
44.
GOR 522
quitté , parce que les débats n'avaient pas
prouvé qu'il eût assemblé la foule dans de
mauvaises intentions. En 1788 , il fut tra-
duit de nouveau devant la cour de justice,
«roinme coupable d'être l'auteur d'un li-
belle contre la reine de France et contre
l'impératrice de Russie: mais il se relira
t'u Hollande , d'où il fut renvoyé i)ar or-
dre des autorités. Il se rendit alors à Bir-
mingham, où il lit profession de la reli-
gion juive ; il y fut arrêté , conduit à Lon-
dres et enfermé dans la prison de Nev/-
(jale , où il était condaiTiné à rester cinq
ans et dix mois. Il y mourut le l" novem-
bre 1793, regretté de ses compagnons
d'infortune à qui il faisait du bien. On a
de lui sur les affaires du temps plusieurs
pamplilels dont le style est correct, vif et
aiiimé.
• GORDOX (Guillaume ) , historien
anglo-américain , pasteur d'une congré-
gation d'indépendans à Ipswich, était né
en 1729 à Hilcliin dans le comté de Here-
ford en Angleterre. Il embrassa l'état ec-
clésiastique , et passa aux Etats-Unis en
t770, devint chapelain du congrès provin-
cial de Massachussetts , et adopta avec ar-
deur la cause des Américains. A son re-
tour en Angleterre , il écrivit le récit de
cette guerre sous ce titre : Histoire de
l'origine^ des -progrès et de Vindépendance
des Etats-Unis d'Jmériqxie, aie. Londres,
i788 , k vol. in-8°. Cet ouvrage en forme
de lettres contient des documens authen-
tiques très précieux ; mais il est écrit avec
partialité, sans noblesse et sans élégance.
JJIstoria délia guerra delV indipendenza
dell America, Paris, 1810, traduite de
l'ilalicn en français par Sevelinges, k vol.
in-8° , est préférable. On doit aussi à Gor-
don un abrégé du traité de Jonathan Ed-
ward sur les affections religieuses , et
quelques sermons. Il mourut à Ipswich
en 1807.
GORELLI , notaire à Arezzo , descen-
dait, dit-on, de l'ancienne famille des Giri
Glioro ou Goru, connue dans l'Italie, dès
le onzième siècle. Il a écrit en vers ce qui
s'est passé de plus remarquable dans sa
patrie depuis 1310 jusqu'en 1584. Son ou-
vrage est utile pour connaître riiistoire
de son temps. C'est un fort mauvais poè-
me: mais c'est une assez bonne chroni-
que. Le savant Muratori l'a inséré dans
sa grande Collection des écrivains de l'his-
toire d'Italie , tome 13. ,
GORGIAS, célèbre capitaine des troupes
d'Antiochus Epiphanes, fut envoyé par
Lysias en Judée avec Nicanor, à la tote
GOR
d'une puissante armée , pour désoler fout
le pays. Judas Machabée s'étant avancé
contre ces deux généraux , attaqua d'abord
Nicanor, le vainquit, et força Gorgia-; à
se retirer. Deux ans après, celui-ci en
étant encore venu aux mains avec Judas,
fut vaincu. Il était sur le point d'être pris
par Dosithée , lorsqu'un de ses cavaliers
lui donna moyen de se sauver.
GORGIAS le Léonlin, ainsi nommé,
parce qu'il était de Léontium, ville de
Sicile , sophiste et orateur célèbre , fut en-
voyé par les Léonlins à Athènes , pour
demander du secours contre les Syracu-
sains, l'an 4 17 avant Jésus-Christ, et obtint
ce qu'il demandait. On dit qu'il vécut au-
delà de cent ans.
GORI ( AxTOixE- François ), savant
antiquaire de Florence , professeur public
d'histoire , s'est accquis la plus grande ré-
putation par les ouvrages qu'il a publiés
depuis environ 1727 jusqu'en 1760; tels
sont : I Thésaurus veterum Diptycoru?n
constdarium etecclasiaslicorum. Florence
1759, 5 vol. in-folio; | Musceum Etrus-
cuTTij. Florence, 1737, 2 vol. in-folio,
ornés de 200 planches avec des explica-
tions savantes ; \Musœi Guarnaccii anti-
qua monumenta etrusca. eriUa è Vola-
terranis hypogceis ^ Florence , 1744, in-
folio. Ces moaumens d'une antiquité in-
dubitable, découverts dans les fouilles de
Volterre, sont très utiles , avec l'aide des
observations deGori , pour éclaireir l'his-
toire , la religion , les mœurs et les céré-
monies des anciens Etrusques ; | Musœum
florentinum. ^ Florence , 12 vol. in-folio ,
1731-1766 , avec un grand-nombre de li-
gures. C'est une description de la riche
galerie de Florence. | Inscriptiones anli-
quœ grœcœ et romanœ , Florence, 1744,
5 vol. in-folio. Ce sont les inscriptions
anciennes qui se trouvent dans la Toscane
avec des explications; | Monumentum.
sive Columbarium libertorumet servorum
Liviœ Âiigustœ et Ccesarum, Florence,
1727 , in fol. C'est la description d'un mo-
nument découvert en 1726 , dans la voie
Appienne; \ Musœum, Cortonense , avec
François Valesi et Rodolphe Venuti,
Rome, 1730, in-fol. Gori naciuit à Florence
le ^ novembre 1691 , et y mourut en 1757.
GORI\' de SAINT -AMOUR. Voyez
AIttOUR.
* GORINI (Joseph Corio , marquis de),
poète dramatique, né à Milan vers la lia
du 17"^ siècle, a laissé plasieurs pièces
dramatiques qui eurent un succès bril-
lant, et lui assurent un ranj^ lioniiruiiltf
GOR 523
•ur le pâmasse italicii. Ou les a recueillies
sous ce titre : Teatro comico e tragico.
Venise, 1732, i vol. in-8", et Milan , 1745.
S vol. in-i'2. La préface offre un tableau
di^ l'origine et des progrès de l'art drama-
tique cho7, les différentes nations. Ses
meilleures pièces sont Jézabcl . Hécube
Mahomet //.tra^^édies presque toutes imi-
tées de notre scène et souvent traduites
littéralement : le linron Polonais, copie
du Pourccatii/nac de Molière , le Fripon
français . etc. On a encore de Gorini :
j dfs* Eglo^iu'S el des poésies diverses ;
I Polilica . diritto c relif/ionè . per ben pen-
vtre e scotjliere il x^ero dal falso in quesle
importanlissinie matrrie. con la riposta .
Klk'i. 2 tom. iii-'t" ; ouvrage mis à l'index;
I L'Uomo , trattato fisico-morale . divisa
in tre libre . Lucques , 17 jG , l vol. iii-i" ;
I Via e veriià su i fondamenti de la mo-
rale cnstiana soUloqui, Milan, 17ôl, 2 vol.
in-12.
GORION. f'oyez JOSEPH BEN GO-
BION.
•GORITZ (lePèreFRASfçois-AsTOixE).
ainsi nommé de Gorilz ou Goritia , pays
où il était né vers 172j , entra rhei les
Pères capucins dans la province de Sty-
rie , el se distingua à la fois par sa doctrine,
la pureté de ses mœurs et son humilité
chrétienne. Il fut pendant plusieurs années
professeur de théolo;;ie dans les écoles de
son ordre , et publia plusieurs savans ou-
vrages sur la morale, sur les monumens
profanes el sacrés. Pie VI, instruit des
vertus el des connaissances du Père Fran-
çois-Antoine , le reçut avec beaucoup de
bienveillance lors du voyage de ce pon-
tife à Vienne, en 1782. Un des meilleurs
ouvrages de ce religieux est son Epitomc
thcologix moralis in CCXXXIII (afnilis
P. F. A. a Goritia, 1795; Venise, 1805; à
Paris , 1821 , chez Baucé-Uusand , et 182 j
el 1829, cher Adrien Leclerc. Le Père Fran-
çois mourut en 1784 , avant d'avoir pu
terminer cet ouvrage. C'est un de ses
confrères, le Père Jérôme de Gorili,qui
l'a revu et achevé; il le dédia à Pie VI ;
mais ce pape était morl lorsqu'on publia
léJilion de Venise. O;» trouve dans ce
livre toute la théologie morale distribuée
par tableaux qui, pour chaque question,
offrent d'un coupd'œil loul ce qui se rap-
porte à la pruti(iue ; ces tableaux n'occu-
pent pas jjIus d'une p;i(;e cbariui, cl sont
au nombre de deux cent trenle-lrois , dis-
tribués par divisions et subdi vissions. Ciia-
<[ue tableau présenle de suite tous les
piiticipcs qui peu\ent servir à résoudie
GOR
les difficultés qui se prescntenl, soit dani
les divers cas de ronsricnce . aoil dans
l'adminislralion des sacremcns. L'auteur
cite les autorités sur lesquelles il appuie
ses décisions. Plusieurs professeurs de
théologie , qui ont lu V Epi tome . le regar-
dent comme un résume exact des règles
de la morale, très utiles pour les pav
leurs et les confesseurs; d'autant plus
(fue l'auteur a évité les deux extrême», le
rehVchemenl de certains casuistes et la sé-
vérité outrée de quelques autres. 11 serait
à souhaiter que cet ouvrage fût mieux
connu en France, el qu'il obllnt le mrm.;
succès qu'il a obtenu en Italie et en Alle-
magne.
GORLÉE ou GORL-ï:US( Abraham),
né à Anvers en 1549, mort à Dclfl en
Hollande , le 1 j avril 1609 , clait cxtréme-
mcnl versé dans la connaissance des mé-
dailles, des monnaies anciennes el des
autres anlicpiités. C'était sa passion do-
minante. On a de lui : | Daclyliot/ieca .
Nuremberg, 1600, in-4", réimprimé à
Leyde en 169j , avec des noies de Jacques
Gronovius,elcnl707,2 vol. in-4°.C'esl un
traité sur les anneaux et les sceaux des
anciens; il esl savant cl curieux; | Thé-
saurus numismatum famiUarum rortia-
narum, in-folio, Leyde, 1608. On y trouve
une ample critique de l'ouvrage de Fulvius
Ur<iinus sur la même matière; | Parali-
poincna numismatum. On voit daiis ces
différens ouvrages un homme qui s'était
nourri des meilleurs auteurs de l'anli-
quité.
GOROPII'S ( Jea!« ), médecin , ué dan<
un village du Brabant en 1518, voyagea
en Italie, en Espagne et en France, fut
médecin de la reine Eléonore , épouse de
François I", el de Marie, reine de Hongrie.
Philippe II lui offrit l'emploi de son mé-
decin ; mais Goropius dégoûté de la cour
se contenta d'un présent considérable que
ce prince lui lit. Il exerça long-temps sa
profession à Anvers. Il l'abandonna en-
suite pour se livrer entièrement à l'élude
de l'anliquilé, el mourut à Maestriehl en
1572 . à 55 ans. C'était un homme bi/.rtrro
qui soutenait des opinions ridiculM. S«îS
Origines Jntuerpionœ . I.">09. in-foli»..
sont pleines dénidil««»u, mais elles n'ont
pus toujours été di< : i«*nl
sain ; il prétend qi: "de
esl cdle qu'ont p.n 1 - pa-
rens. Quelque singulières que suictit »r«
preuves grammaticales, elles ont été adop-
tées et mises sotis un nouveau jour, par
.VJricn Scriekius, 40 ans nprts. Stcvia»
GOR 524
(voyez ce nom) approche aussi de cette
haute idée de la langue flamande. Il y a ,
du reste , dans cet ouvrage de Goropius ,
d'excellentes choses , et où la saine criti-
que a présidé ; telle que son Atvatica et
sa Gigantomachia. Dans la première , il
montre que la prétendue Advatica ou At-
vatuca , dont parle César , nest qu'une
faute de copiste pour Ad Varacam
( voyez VAROUX , dans le Dictionnaire
géographique . 1791 ). Dans l'autre, il
prouve que tout ce que l'on raconte de
l'exorbitante grandeur des géaiis n'est
qu'un amas de fables ( voyez SLOANE ).
On a encore de lui : Opéra Goropii hac-
tenus non édita ^ Anvers , 1588 , in-folio ,
ouvrage comme le précédent , où les pa-
ridoxes sont mêlés avec des vérités. Il
y attaque judicieusement les Masorètes
qui ont défiguré le texte hébreu de l'E-
criture par leurs points-voyelles ( voyez
C APPEL, ELÉAZAR , HODY, MASCLEF).
Goropius fut surnommé Becanus^ parce
qu'il vit le jour dans un village de Brabant,
nommé Hilverenbeck.
• GOROUGHRIN ( N... ), jurisconsulte
russe, né en 1747, mort en 1821 à Moscou,
professa pendant 23 ans le droit pratique
russe dans l'université de cette ville. On
a de lui les deux ouvrages suivans : | Ma-
nuel delà législation russe. Moscou, 1811,
4 vol. ; I Description des actes judiciaires.
ibid. 1812, 3 vol. in-4". Ce jurisconsulte
a joui pendant toute sa vie d'une grande
réputation de science , et l'empereur le
récompensa par des pensions el des titres.
GORRAIV ( Nicolas de ) , religieux do-
minicain , natif du Maine, mort vers 1293.
Philippe le Hardi le nomma confesseur de
son fils, depuis roi de France, sous le nom
de Philippe le Bel. On a de lui : | des Com-
mentaires sut presque toute la Bible ; | des
Sermons, et quelques autres ouvrages,
dont la plupart ne se trouvent qu'en ina-
nuscril dans la bibliollièque de Sorbonne.
GORRIS ( Jeax de j, Gorreus. médecin,
né à Paris en 1503, mort en 1572 , était
protestant. Il fui retranché deux fois de
la faculté , à cause de sa croyance , et ré-
tabli autant de fois. Il possédait assez bien
le grec, et il donna une traduction latine
du poète Nicandre. Ses œuvres furent im-
primées en 1622 , in-folio. On remarque
surtout parmi ses ouvrages celui qui a
pour litre : De/înilionuni medicarum. libri
AXir.Và.v{&, 1563, in-folio, ibid. 1622,
in-folio. Son lils nommé de même , et mé-
decin comme lui, a laissé des opuscules,
1660, in-8". Les ouvrai;cs du lils et du
G09
père ne sont guère consultés , parce qu'il
a paru depuis eux des livres meilleurs et
mieux faits.
* GORSAS ( Antoine- Joseph) , né à Li-
moges en 1752 , vint établir un pension-
nat à Versailles , et se montra, dès le com-
mencement de la révolution , un des plus
zélés partisans des idées nouvelles. En 1790
il rédigeait le Courrier de f^ersailles .
qui prêchait l'insurrection el l'anarchie :
par le compte inexact qu'il rendit du repas
des gardes du corps , il provoqua les mal-
heureuses journées des 5 et 6 octobre
1789 ; cependant , lorsqu'il fut député à la
Convention , il devint plus modéré. Dans
le procès de Louis XVI , il vota pour la
détention et l'appel au peuple. Il se lia en-
suite avec les Girondins . partagea leur
sort, et fut condamné et exécuté le 7 oc-
tobre 1793. Il est auteur d'un écrit satiri-
que intitulé : | L'âne promeneur^ ou
Critès ramené par son âne, Paris, 1786,
in-8°.
GORTZ. T^oyez GOERTZ.
• GOSSEC ( François- JoSEPB ) , mem-
bre de l'institut et de la légion-d'honneur,
naquit à Vergnies , petit village du Hai-
naut, le 17 janvier 1753, la même année
que Rameau débuta dans la carrière mu-
sicale par Hippolyte et Aricie. Ses parens
le conduisirent , à l'âge de sept ans , à An-
vers où il resta 8 ans comme enfant de
chœur à la cathédrale de celte ville. Seul
et à l'aide des partitions de Lalande , de
LuUi et de Rameau il apprit l'art auquel
il dut toute sa gloire. Gossec vint à Paris
en 1751 , et entra chez le financier de la
Popelinière, qui avait comme tous les
traitans un directeur de concerts. 11 passa
ensuite chez le prince de Conti , où il com-
posa plusieurs opéras pour ses fêtes, et
en 1770 fonda le concert des amateurs
dont les succès furent brillans pendant 10
armées. En 1773 , Gossec prit avec d'au-
tres artistes la direction du concert spiri-
tuel que l'intrigue lui enleva quatre ans
après. En 1784 , le baron de Breteuil ayant
formé l'école de chant qui plus tard a
donné naissance à notre conservatoire ,
Gossec qui en avait conçu le plan, en de-
vint le chef. Lorsque le conservatoire fut
créé par une loi de 1795 , il fut un des in-
specteurs des travaux, et on le cbarger
de professer la composition. Gossec a
beaucoup travaillé : ses quatuor, ses sym-
phonies. ses chœurs d' Atlialie . sa messe
des m,orts surtout ont assuré sa réputa-
tion. Ses opéras ont eu des succès plus ou
moins brillans. Ses solfèges composés pour
GOS
tfSS
GOT
le conservatoire sont encore étudies , et
ont survécu à tous ses ouvrages, avec le
inoict à trois voix sans orchestre : O Sa-
Itttan's hostia ! V.n Qvnvral ses coniiHisi-
tions manquent d'inspiration et de i;oùt;
son style nuhue n'csl point à la hauteur
des connaissances qu'il possédait. Il com-
posa un grand nombre d'airs pour les
chansons et cérémonies républicaines ; il
arrangea en chœur et à grand orchestre
la Marseillaise, que l'on ciianla à l'opéra ,
dans le camp de Grand-iiré ; voilà pour-
quoi tant de personnes lui attribuèrent
cet air, dont Rouget de llsle a trouNé la
mélodie. A l'âge de 81 ans Gossec profes-
sait la composition au conservatoire : à
90 . il venait encore passer une partie de
la soirée dans le foyer de Feydoau. Il est
mort le 16 février 1829 à Passy, où le cé-
lèbre Piccini était mort en I7*>9.
• GOSSELIN ( CiiAnLES-RoBERT ) , lit-
lérateur , né en 17/iO à la Folie près de
Caen , de parens qi;i n'avaient d'autre
fortune qu'im petit patrimoine qu'ils cul-
tivaient eux-m^mes , reçut néanmoins
une éducation assez distinguée que di-
rigea l'abbé d'Elemare. Il fut précepteur,
et se livra tout entier à la culture des let-
tres. A l'époque de la révolution, il se re
tira à Maurecourt ( Seine-et-Oise ) , où il
avait acheté une peîite propriété du fruit
de ses économies. Gosselin y parta-
geait son temps entre les occupations agri-
coles et l'étude de la mythologie grec-
que; il est mort dans sa retraite le 26 sep-
tembre 1820, laissant les ouvrages sui-
vans : | Plan d'éducation en réponse aux
acailémies de Marseille et de Châlons .
Amsterdam , 1785, in-8"; | Réflexions
d'un citoijen. adressées aux notables, sur
la question proposée par un grand rot
( Frédéric II } ; En quoi consiste le bon-
heur des peuples, et d'<;ù vient la misère
et des moyens d'y remédier? Paris , 1787,
in-8" ; I VAntiquité dévoilée au moyen de
la Genèse , &' édition, auj^mentée de la
chronologie de la Genèse et de la tliéoyo-
nie d'Hésiode , expliquée par la Genèse .
avec 2 gravures représentant les hémi-
sphères célestes, austral et l)oréal , Paris,
1817, in-8°. 11 a laissé entre les mains de
La Mardelles, l'un de ses élèves, plusieurs
ouvrages manuscrits, parmi lesquels on
cite des Réflexions critiques sur les Oeu-
vres de J. J. Rousseau.
GOS.SELIM ou plulOt GOSELINI f Jt-
i.in\), originaire de Nice delà Paille,
dans le Montferrat , né à Rome, eu {'.t'iTi.
fut dès rage de 17 ans , sccrél«ùr(; de Fer-
dinand de Gonxaguc , vice-roi de Sicile.
Il continua de l'étic, lorsque rc vire-roi
fut fait gouverneur de Milan; et eut b
même fonction s«>us le duc d'Albc et soufl
le duc de Sesse , qui furent successive-
ment gouverneurs de cet état , après U
mort de Gonrague. Le duc de Sesse l'em-
mena avec lui à la cour dHsjwgnc , où
Go^selini se rendit si agréable par sou
adresse et par sa prudence, qu'il fut em-
ployé ditns les affaires que le duc avait au-
près du roi. Le marquis de Pescaire, suc-
cesseur du duc de Sesse , eut pour Gosse-
Uni les mêmes égards. Mais le duc d'AI-
buqncrque qui lui succéda, ne jugea pai
favorablement de son esprit ; et Gosseliui
manqua d'avoir des affaires très sérieuses.
II rentra en grâce sous le marquis d*Ai-
monle, et sons le dur de Terranova , gou-
verneurs du Milanais, et fut leur secré-
taire. On dit qu'il avait un talent mer-
veilleux pour pacifier les querelles. Il
mourut à Milan en 1587. à f>1 ans. On a de
lui divers ouvrages: | la fie de Ferdi-
nand de Gonzague . 1579 , in 4"; | la Con-
juration de Jean- Louis de Fiesque . in-
férieure à celle du cardinal de Ret7.; I V His-
toire de la conjuration des l'azzi ; j un
recueil de poésies italieiuies , publiées à
Venise, 1588, in-8", et réimprimées plu-
sieurs fois.
• GOTER ( Jzx"!* ) , missionnaire catho-
lique anglais , mort en 1704, en se ren-
dant à Lisbonne |)our quelijues affaires du
clergé , a laissé la réjtutaiiuti d'un habile
conlroversisle ; on a de lui un grand
nombred'ouvragesdonl 17 de controverse,
de morale et de pielé : ils sont estimes des
ratlioli(ines anglais. On distingue entre
autres : Raison et autorité , la IS'uée de
témoins. la Transsuhstantiationdéfendu4.
le catholique mal représenté. On en trou-
vera la liste dans l'Histoire de l'Eglise
d'.twjleterre par Dodil , Bruxelles, 3 vol.
17:7, 173'.) et I74i. G<»ler axait été élevé
dans la religion anglaise qu'U abandooiu
ensuite.
GOTE.SC.\LC ou FULGEN'CE . fameux
hénédicitn , ne en Allemagne vers Tan
H06. prit riiabil monastitpje .i 0.-b«is.
♦Lorèse de Soissons . et y fut élevé au aa-
cerdocc. Après s'être rempli de ce qu'il
croyait élre la docti inc de s-tînt Atifruslin,
il passa à Rome . et de là ' • ' ni ,
où il lépamlit *es senllnn , ' «»-
deslinalioii. De retour en 1 . . _.. zXi ,
il s'enirriini sur cette matière, ausai ma-
blime qu'obscure , avec Nortliiii0ue . évè*
que de Vcroae, «^ul eCfrayé de aet prin»
GOT
5â6
GOT
tîpes , les déféra à Raban, archevêque de
Mayence. Ce prélat, convaincu que le bc-
nédiclin enseignait que Dieu nécessite tous
les hommes à se sauver ou à se perdre ,
l'anathémalisa en 848 dans un concile. Il
écrivit contre lui àHincmar , archevêque
de Reims , dans le diocèse duquel Gotcs-
calc avait reçu la prêtrise. Hincmar con-
voqua un concile l'année d'après, à Quier-
cy-sur-Oise. Gotescalc fui dégradé du sa-
cerdoce et fouetté publiquement en pré-
sence de Charles le Chauve , ensuite en-
fermé dans l'abbaye d'Hautevilliers. Les
verges ne le changèrent point. Il écrivit
deux confessions de foi pour soutenir sa
doctrine, offrant delà prouver en passant
de suite par quatre tonneaux pleins d'eau,
d'huile ou de poix bouillante , ou même
par un grand feu. On rit de son fanatisme,
et on le laissa en prison. Saint Rem y, ar-
chevêque de Lyon, se déclara pourtant
contre le châtiment qu'il avait essuyé.
Gotescalc mourut dans sa prison en 868.
victime de son opiniâtreté. Hincmar lui
fit refuser les sacremens et la sépulture
comme à un hérétique obstiné. Cet ar-
chevêque peint le bénédictin comme un
homme rustique , inquiet , bizarre et in-
constant. C'est sous ces traits qu'on le
connaissait, dit-il, dans son monastère.
Flodoart , dans son Histoire de l'église de
Reims , chapitre 12 , dit « qu'il était dan-
» gereux d'avoir des conférences particu-
» Hères avec cet hérétique, parce qu'il
» soutenait impudemment qu'on lui avait
» dit des choses auxquelles on n'avait ja-
» mais pensé. » Ussérius a donné son his-
toire, Dublin, 1631 , in-4°, Hanau, 1662.
C'est le premier livre latin , imprimé en
Irlande : on le trouve dans Vindiciœ prœ-
destinationis etgratiœ, Paris, 16S0, 2 vol.
in-i°, et dans l'/Tisfona Gotescalchi prœ-
dcstinatiani^Vdxis , 1655, in-folio , du Père
Cellot. Voyez aussi VHistoria prœdesti-
natianismi du Père SIrm.ond.
GOTII ou GOTHUS (Laurent ), arche-
vêque d'Upsal en Suède, au 16"^ siècle,
jouissait d'une si grande réputation de sa-
voir et de piété , que le roi Jean , voulant
relever le catholicisme dans ses états,
rengagea à mettre son nom à une Liturgie^
conforme quant au fond à la Liturgie ca-
tliolique. C'était l'ouvrage du clergé sué-
tlois, qui, par ordre de ce prince , s'était
assemblé plusieurs fois dans cette vue.
Pour donner plus d'autorité k ceWe Litur-
gie, le prince voulut la faire paraître sous
un nom respectable dans l'église de Suède.
Les u»é«ageuicns dontonfut obligé d'user
en firent déranger l'ordre , et engagèrent
à supprimer Y Invocation des saints . les
Prières pour les morts ^ la Mémoire du
pape Ae moi de sacrifice, etc. Elle n'eut
pas plutôt paru , qu'elle choqua les deu>
partis, et causa de grands troubles. On fui
obligé de la supprimer , ce qui l'a rendue
rare. Elle est intitulée : Liturgia Succana-,
ecclesiœ, etc., cum prœfatione et notis
Laurentii Upsalsensis archiepiscopi . in-
fol. Stockholm , 1576.
• GOTÏER ( Fbéoéric-Guillaume ),
poète allemand, né à Gotha le 3 septem-
bre 1746, de parens riches et considérés,
étudia la littérature latine, anglaise et
française. Un séjour qu'il fit à Lyon en
1774 le mit à même de se perfectionner
dans notre langue , et il savait apprécie
nos chefs-d'œuvre poétiques, dont lia
souvent reproduit les beautés dans ses
OEuvres. Il étudia le droit à Gottingue .
et fut ensuite placé dans les archives du
duc de Golha , puis envoyé à Wetzlar
comme secrétaire de légation. Enfin , s'é-
tant lié avec plusieurs savans, il s'adonna
particulièrement à la poésie , et composa
des tragédies, des comédies, des opéras,
des épitres , des élégies, des contes et des
poésies légères. Il avait de la facilité et
beaucoup d'imagination. Il mourut le 18
mars 1797. Ses principaux ouvrages sont .
( Poésies, Gotha, 1787, 1788, 2 vol. in-8";
I Opéras comiques , 1778-1779. Ce sont les
meilleures productions que l'Allemagne
ait en ce genre. | Drames, Leipsick,
1795 , in-8''. La plupart ont été faits pour
des théâtres de société. | OEuvres posthu-
mes. Gotha , 1802 , in-8°. Elles forment le
3*^ volume des poésies de Gotter. On y re-
msirque 3farianne, tragédie en trois actes,
sa meilleure pièce , qui est une imitation
de la Mêlante àQ Laharpe ; et une Cantate
où il exprime les adieux touchans de la
princesse Marie-Thérèse ( Madame, du-
chesse d' Angoulême ) à la France en 1796.
GOTTI ( Vincent-Louis ), de Bologne
en Italie , naquit en 1664. De simple do-
minicain , il s'éleva au cardinalat par ses
vertus et son savoir. Benoît XIII l'honora
de la pourpre en 1728. Il mourut en 1742,
à 78 ans, laissant plusieurs ouvrages,
parmi lesquels on dislingue sa Theolo-
gia scholastico-dogmatica, suivant l'es-
prit de saint Thomas, à Rome, en 12 vol.
in-4°; à Venise, 1750, 3 vol. in-fol. Quoi-
que l'auteur soit diffus , et qu'il traite des
questions qui ne sont pas toujours inté-
ressantes, cet ouvrage est estimable pai
une érudition vaste, bien dirigée, et tou-
cou
ttif
)<)urs))ar les bons principes. On (ail pcude
ras ih; sa Défense de la religion chrétien-
ne. f'critas religionis christianir contra
iitheos.polijtheos. elc. Rome, IZ.").'», 1740,
IS vol, in-i" : clic offre cci>ciidanl bcau-
ixjup d'ôrudilton.
r.OTTSCIIED ( JEA;«-CiliiiSTOPilK ),
iwêle allemand , né le 2 fcTrier 1700 , à
Juditcn-Kirch près de Kœninsber(j. morl
à Leipsirk en 1766 , a publié | une Poéti-
que, k la lète de laquelle il a placé une
traduction en vers de W-irt poétique d'Ilo-
rcue;iii\\ finit chaque cliapitre par les pré-
ceptes de Boileau : | Caton d'Ulique, tragé-
die assez, mauvaise, et qui cependant a eu
du succès : | une Grammaire allemande.
qui a obtenu un grand nombre d'éditions et
a été traduite en français, en hollandais,
en hongrois . en russe et en latin ; | un
Cours de philosophie . où les imaginations
les plus creuses des systémateurs moder-
nes sont enseignées comme des vérités
éternelles. L'auteur se met en devoir de
calculer et d'arranger au mieux des hypo-
thèses , dont bientôt on n«? parlera pas
plus que de Thorreur du vide et des anti-
périslases; défaut qui lui est commun
avec la plupart de nos physiographes. On
en a fait jusqu'à sept éditions, dont la
dernière est de Leipsick , 1763, 2 vol. in-
8°. Il a donné aussi une traduction alle-
mande du livre de l'Esprit. Leipsick,
1760, avec des notes plus absurdes en-
core que l'ouvrage commenté, et digne
dun athée déclaré. M"" Gottsched, son
épouse, a traduit dans sa langue plusieurs
auteurs étrangers. Elle a fait aussi Pan-
thée, tragédie , et des comédies, en 1759.
Sa vie a été écrite par Léonard Mcister
et plusieurs autres écrivains allemands.
*GOL'AN ( Aivtome), professeur de
botanique et médecin à Montpellier, né
dans cette ville en 1735, s'appliqua dès
son jeune âge à l'étude des plantes : et
demeura toujours fidèle au système de Lin-
née qui l'avait honoré dans ses lettres du
titre de son correspondant le plus chéri.
Il fut également lié avec J.-J. Rousseau
dont il partageait le goût pour la musi-
que et qui parle de lui dans sa correspon-
dance imprimée. Gouan est mort le i"
septembre 1821 : il a publié : | Hortus
r^gius Monspeliensis, Lyon , 1762, in-8" ;
I Flora Monspeliana. 1770 . in-A" ; | Jlisto-
riapiscium. Strasbourg, 1770, in-4»; | II-
lustrationes et observationes botanicœ .
1775 , in-fol. ; | \omenclature botanique,
Montpellier, 179j, in-8"; | Herborisation
des environs de A/ontjtellier. ou Guide
ètUatiqttt à rM«flf» rfM élè9fê de Véeék
de médecine. 1795, ln-8*
• CiOM \Z ( Yves le ) , graveur, né à
Brest en 1742. morl à Pari» on 1816. fut
élève de Jacques Aliamct , et a laisse une
collection de plus de 60 vues desdifféren*
ports de France et des colonies françaisi-s
de» Antilles, exécutées avec beaucoup de
soin. Il a aussi gravé plusieurs sujets de
marine, d'après Vernct et autres.
r.OlBE.AU (Fra-^çois;, peintre d'An-
vers, élève de Baur, s'est distingué par
ses bambochades. Il mourut en 1640.
• GOUDARD ( A'«GE ) , écrivain el
maitrc de langues, naquit à Montpellier,
vers 1720 , d'un inspecteur général du
commerce. Simon Goudard son père le
destinait à cette profession; mai» le ca-
ractère du jeune Ange était trop indé-
pendant pour pouvoir »'y accoutumer;
il quitta la maison paternelle et vint à
Paris, où il lit des études assez impar-
faites. Il parcourut un grand nombre
d'ouvrages sur l'économie politique; et,
comme il était doué d'une bonne mé-
moire, il reproduisait dans ses livres,
avec qucl({ues légères différences , les
idées qu'il avait puisées dans ceux des
autres. Il parait que le produit de se»
oeuvres ne suffisait pas à son existence ;
il quitta donc Paris et se rendit à Londres
en 1761, où il donna des leçons de langue
française. Il existait alors des différend»
sérieux entre le comte de Guerchy et le
chevalier ou la chevalière d'Eon. Goudard
fit paraître quelques pamphlets , tantôt
contre le comte, tantôt contre le cheva-
lier, ce qui le fit appeler par ce dernier,
et avec raison , écrivain mercenaire .
versatile et plagiaire. Malgré son carac-
tère intrigant et flatteur, sa fortune ne
s'était pas améliorée en Angleterre, lors-
qu'il fit la connaissance d'une mistriss
Sara, veuve très jolie, et bel esprit. Gou-
dard forma aussitôt son plan , lui offrit
sa main, qui fut acceptée; la beauté de
Sara était l'unique dot qu'elle apporta à
son époux. Ils quittèrent Londres, voya-
gèrent dans la Hollande, traversèrent la
France, el »e rendirent à Naples, où Gou-
dard se flattait de réaliser les plus beaux
projets. Arrivé dans cette ville ver» 177*.
il se fit d'abord connaître par une gram-
maire française et italienne . qui est rf»-
core en usage, et qui lui procura quel-
ques élèves d'un rang distiogoé. CoaUM U
avait résolu de se rendre le réfomialctirds
tous le» pays, il crut devoir donner aooavk
sur le* vices introduits dUMl'i
GOU
B28
GOU
lion du royaume de Naples, en les mettant
au jour dans un écrit qu'il publia. Mais cet
écrit n'eut pas im grand succès. Cependant
Goudard n'était pas précisément venu à
Naples pour brillcj' comme auteur écono-
miste : connaissant les faiblesses d'un au-
pusle personnage, il forma l'infâme projet
d'en profiter. Goudard s'était déjà rendu
im peu ridicule par la manière étrange
dont il s'habillait, par son physique, sa
])édanterie et ses sarcasmes grossiers.
Aussi, dans tous les lieux publics , c'était
lui que l'on remarquait le premier. Il les
fréquentait avec sa femme, se plaçait sur
le chemin où devait passer le roi , quand
il revenait de lâchasse; et au spectacle il
choisissait la loge qui se trouvait placée
vis-à-vis de celle du monarque. Madame
Goudard fut enfin remarquée , et c'est
depuis ce moment que l'on vit son mari
mener un grand train à Naples. a II avait
» loué un palais à la ville, et un autre à la
» campagne ; il avait une voiture et don-
» nait à manger. » Malheureusement cela
ne dura pas long-temps. Quand M™'
Goudard crut avoir acquis assez d'empire
sur le roi, elle s'avisa de lui parler de ré-
forme, de politique, et d'administration;
elle ne pouvait choisir un langage moins
agréable et moins intelligible pour le roi,
qui parut deviner les desseins de cette
femme. Le jour suivant il ne reparut plus
chez elle, et le lendemain la reine fit inti-
mer à Goudard l'ordre de sortir du royau-
me. Ce ne fut donc pas, comme le dit
une biographie, un ouvrage de Goudard
sur Naples (qui, d'ailleurs, ne contenait
tixicune description topographique ^ mais
roulait sur l'administration de ce pays)
qui causa son banissement. Il est vrai
qu'avant de partir il laissa une lettre im-
primée , renfermant Yapologie de cet ou-
vrage , qu'il dédia au marquis Tanucci ;
il est vrai aussi que cette lettre donna
envie à ce ministre de lire l'ouvrage en
question, et qu'ensuite il le fil bmler par
la main du bourreau. Car ce livre ne trai-
tait pas seulement de matières adminis-
tratives , mais renfermait une morale re-
lâchée, des expressions scandaleuses, dont
fut révolté le marquis de Tanucci lui-
même , qui , cependant n'était pas très
orthodoxe , ainsi qu'il le prouva par ses
démêlés avec le saint Siège. Goudard et
sa femme voyagèrent alors en Italie ; mais
outre une figure grotesque, Goudard mon-
trait partout un air suffisant , un ton pé-
dantesque et un caractère caustique. Il
passa & Rome, d'où il fut chassé ; de là il
se transporta à Florence, et y eut le mémo
sort. S'étant rendu à Lucques, et voulant
réformer aussi celle république, il en fut
également renvoyé. Rien ne pouvant le
corriger de sa manie de réforme , il vou-
lut donner ses avis, même à la république
de Venise, alors si peu endurante en ma-
tière de gouvernement. La république al-
lait lui faire un mauvais parti, lorsque,
averti à temps qu'un fante-de-cai devait
venir l'arrêter avec safemme, il s'embar-
qua avec ses effets dans une gondole, qui
le transporta en terre-ferme ; de là il passa
à Ferrare, puis à Bologne, où il donna en-
core des leçons de langue française. Aus-
sitôt que les Bolonais , naturellement gais
et satiriques, eurent connu le caractère de
Goudard, ses prétentions littéraires et
ses moyens d'existence, ils firent pleu-
voir sur lui des pamphlets de tous côtés.
Il quitta Bologne, et retourna encore en
Hollande, où il ne demeura pas long-
temps. Les premiers symptômes de la ré-
volution l'appelèrent à Paris; mais aupa-
ravant il crutflevoir abandonner safemme
qui n'était plus dans la première jeunesse,
et dont la beauté commençait à passer.
Une dame italienne , madame Gibetti , et
qui avait connu les Goudard à Naples, les
rencontra en 1790, à Paris, où ils vivaient
séparés. D'après son récit , Goudard pu-
blia quelques opuscules de circonstances,
lesquels , quoique écrits d'après les maxi-
mes du jour, n'eurent qu'une existence
éphémère ; l'auteur ne leur survécut pas
long-temps, et il parait qu'il mourut, pres-
que dans l'indigence, à Paris, en I79i,
âgé d'environ soixante-dix ans. Ses ou-
vrages sont : I Pensées diverses , ou Ré-
flexions sur différens sujets , Paris, 1748»
1750, in-12 ; | Les intérêts de la France
mal entendus Al ^& , 3 vol. in-i2, traduit»
en allemand; c'est le meilleur ouvrage
de l'auteur, et qui a mérité quelques élo-
ges de la part du critique Grimm ; | Des-
cription historique du tremblement de
terre de Lisbonne, 17S6, in-12 ; | Discours
politiques sur le commerce des Anglais
en Portugal . 1736, in-12; | La paix de
l'Europe ne peut s'établir qu'à ta suite
d'une longue trêve, Amsterdam , 1761 , in-
12; | Débats au parlement d'Angleterre^
au sujet des affaires générales de l'Eu-
rope, traduits de l'anglais , Londres, 1758,
in-12 ; | L'Année politique pour servir à
V histoire de l'année 1758, 1 vol. in-12;
I Anti-Babylone, ou Réponse à la nouvelle
Babylone ( de Monbron ) , Londres, 1759,
in-i2 ; ) V Espion chinois^ oyxY Envoyé sg-
GOU
K29
c;ou
rrft de la cour du Pékin, pour eraminrr
l'étal présent de F Europe, traduit du chi-
nois, Coloum-, 1768, lllk, 6 vol. iii-12;
I Considérations sur Irs causes de l'an-
cienne faiblesse de l'empire de Russie et
de sa nouvelle puissance, Amsterdam ,
1772 ; I yaplrs; ce qu'il faut faire pour
rendre ce pays florissant . Amsterdam
( Venise), 1771. in-»"; | Plan de réforme,
proposé aux cinq correcteurs de Venise
actuellement en charge, avec un Sermon
évangélique pour élever la répid>lique
dans la crainte de Dieu. Amslci dam (Ve-
nise ), 1775, in-18 ; | De la Mort de Ricci,
général des jésuites , 1775, in-8* ( en ita-
lien) ; I Essai sur les moyens de rétablir
l'état temporel de l'Eglise . Livourne ,
1776, in-4" (en italien). Ces deux ouvrages
très incorrects, remplis de gallicismes.
]iarurent aux plus clair voyans des pam-
phlets voilés, et contre les jésuites, et
contre l'Eglise elle-même. | L'Espion
français à Londres . ou Observations cri-
tiques sur l'Angleterre et les Anglais.
1779-4780, 2 vol. in-8° ; | une Gram-
maire française , à l'usage des Italiens,
1770, in-8". Tous ces ouvrages, la plupart
imprimés aux frais de l'auteur, et pres-
que oubliés de nos jours, ne sont, excepté
sa grammaire et les intérêts de la Fran-
ce, etc., que des compilations indigestes,
sans ordre ni plan déterminé , reprodui-
sant des idées mille fois rebattues , et as-
saisonnées d'un style tantôt ampoulé,
tantôt rampant et trivial.
• GOUDARD ( Sara ) , femme du pré-
cédent, née à Londres, vers 1764 , d'une
famille dont on ignore le nom. Mariée
avec Goudard, elle l'accoinpaijna dans ses
voyages, et partagea avec lui, tour-à-tour,
la pauvreté, l'opulence et l'exil. M"" Gou-
dard avait reçu une asscï bonne éduca-
tion, parlait italien et français, avait quel-
que instruction qu'elle tâchait do faire
valoir par un ton pédantesque et rccher-
thé. Dans ses voyages elle lit la connais-
sance de plusieurs grands personnages ;
grâce à son mari , qui la laissait jouir de
la plus grande liberté. Quand celui-ci l'a-
bandonna on Hollande , elle y demeura
encore quelque temps , et vint ensuite à
Taris, où elle ne lit aucune démarche
pour se réunira son époux, qui de son côté
n'en fit aucune non phts pour se rappro-
cher d'elle. S'étant liée avec un de ces
philosophes subalternes qui cherchaient
à faire fortune à la faTeur des tumultes
politiqties, elle vivait avec lui à un sixième
étâfo, an faubourg Saint -Antoiae. Ma-
dame Goudnrd mourut rn 1794, sans «TOrir
changé desilualion : elle a écrit deux vo-
lumes d'OKuvres mêlées. 1777; le pre-
mier volume ronlient des Lettre» & di*
vers personnages sur des sujets insignl-
lians, comme \c% Divertissement de l'au-
tomne en Toscane ; Le Carnaval de IS'a-
ples, clc. Une de ces lettres est adressée
à la république de Lacques ;\f. second vo-
lume renferme dou7.e autres lettres sur
la musique et la danse italienne. Ma-
dame Goudard a ptiblié aussi des Rcmar
que s sur les anecdotes de madame Du-
barry. Londres, 1777, in-12.
GOUDELIM ( Pierke), Gudelinus . in-
risconsuUe, né à Athen Ilii ' i*ir)0,
s'appliqua beaucoup aux ; -, e!
à l'élude des langues savaii.- -ijna
long-temps le droit à Louvain , où il avait
été fait docteur en 1586, et mourut le 18
octobre 1619. Ses ouvrages , publiés d'a-
bord séparément, ont été réunis et publiés
à Anvei;s, 1685, in-fol. Ce volume contient
les traités : | De jure novissimo; ( Syntag-
ma regularumjuris ; | De jure feudorum ;
I De Testamentis ; subjungitnr .^faximi-
liani ff^ittebort J. If. D. in auctoris obi-
tum funebris oratio habita in exequiis 25
octobre*^ 1619. Valère André en fait un
grand éloge.
GOVDELIN ou GOUDOULI ( Pie««k ),
le coryphée des pointes gascons, naquit en
1579 à Toulouse d'un chirurgien. Il fut
reçu avocat, mais il n'en fit jamais lei
fonctions. Il plut par ses vers et ses bons
mots au duc de Montmorency, et aux prc-
mièi es personnes de sa patrie. Ce poète
aurait pu s'enrichir, mais il négligea tel-
lement la fortune, qu'il serait ni^rt dans
l'indigence, si ses concitoyens ne lui eus-
sent assigné une pension viagère. Il mon-
rut à Toulouse en <649. à 70 nns. Se^ ow-
vTiï^^rsont été impriii ^ in-
lî, à Toulouse , et n: l.nn
tn 1700, 2 vol. in-l'J poè-
tes gascons. Leur caractère particolteresl
l'enjouement et la vivacité, et un certain
naturel qui déplairait beatirotip en fran-
çais, mais qui enchante t-n (;.i-.r<>n. Ccst,
comme on a dit d'un «utn- p<x-le , une
liqueur qui ne doit pas rh.ing»T âc vas,..
Le Père Vanière, jésuite , a pourt.mt trn-
duit en latin son poème sur la mort de
Ifenrity; mois outre que bUnirur lalina
supporte certaines images que l.i lafi^tip
française réprouve, celle pièce n plti« »}.•
noMesM que les autres proiturtinnt df
Goudoali. On rapporte de GoudouU beaa-
coup d« Milliat, àmH q«<lyt wm atmi
GOU li
plaisantes, et les autres très plates; et la
plupart ne sont que des répétitions de
bouffonneries plus anciennes.
GOUDIMEL ( Claude ) , musicien de
Franche-Comté, né à Besançon vers 1520,
fut tué à Lyon en 1572, par quelques per-
sonnes irritées de ce qu'il avait mis en
musique les psaumes de Marot et de Bèze,
et paraissait attaché aux nouvelles sectes
qui troublaient l'état et répandaient le
sang des catholiques.
* GOUDIIV ( Mathias-Bernarb ) , ma-
thématicien et astronome , naquit à Paris
le 14 janvier 1754. Les places qu'il rem-
plit successivement à la cour des aides ,
au grand-conseil et au parlement, ne pu-
rent ralentir son ardeur pour les sciences.
Il publia : | un Mémoire sur les éclipses
de soleil ^ 1761 , auquel il donna de nou-
veaux développemens dans les éditions
de Paris, 1788 et 1799, in-4°; | Mémoire
sur les usages de l'ellipse dans la trigo-
nométrie sphérique , Paris , 1797 , in-4'' ;
I différens Mémoires dans la Connais-
sance des temps; \ avecDionis, le Traité
des courbes algébriques, les Recherches
sur la gnomonique , le Traité des proprié-
tés communes à toutes les courbes^ etc.
Ses principaux ouvrages ont été réunis
sous le litre d'OEuvres de Goudin, Paris,
4799, in-4°. Goudin est mort à Paris en
1817.
GOUFFIER (Guillaume), plus connu
sous le nom de Y amiral de Bonnivet^ était
lils de Guillaume Gouflier, chambellan
de Charles VIII , d'une des plus ancien-
nes familles du Poitou. Après s'être si-
gnalé dans diverses occasions, il fut en-
voyé par François I" , ambassadeur ex-
traordinaire en Angleterre. De retour en
France, l'an 1521 , il commanda l'armée
destinée au recouvrement de la Navarre,
et prit Fontarabie. On parlait alors de
paix; mais l'amirad ayant persuadé au roi
de conserver cette place , monumeni de
sa valeur, fut la cause d'une guerre fu-
neste à la France et à l'Europe. Fran-
çois I" l'envoya en 1525 commander l'ar-
mée en Italie, et il y fit de nouvelles fau-
tes. Il assiégea Milan , et le manqua; il se
fortifia ensuite dans Biagrassa , et fut
forcé de l'abandonner ; il se retira vers
Turin, et fut blessé dans cette retraite,
mémorable par la mort du chevalier
Bayard. Bonnivet revenu en France con-
seilla à François I" d'aller en personne
en Italie. Cette expédition fut fatale à
rétat. Le roi donna la bataille de Pavie à
^â persuasion. L'amiral fut tué dans cette
50 GOU
journée, le 24 février 1525. Brantôme
peint avec des couleurs très favorables la
figure , l'esprit et les grâces de Bonnivet.
* GOUGES ( Marie-Olympe de ) , née à
Montauban en 1755, vint à l'âge de 18 ans
à Paris où elle épousa M. Aubry, qui la
laissa bientôt veuve. Elle se consacra à la
littérature et embrassa avec chaleur les
principes de la révolution , dont elle pré-
conisait les avantages dans un grand nom-
bre de placards affichés sur tous les murs
de Paris , et fut la fondatrice des sociétés
populaires de femmes dites des tricoteu-
ses. Elle professait une vive admiration
pour le duc d'Orléans et Mirabeau , et
favorisait autant qu'il était en elle, les
entreprises d'audacieux novateurs. Ro-
bespierre et Marat détruisirent les illu-
sions dont elle s'était bercée , et elle osa
les attaquer dans une brochure intitulée :
Les trois Urnes ou le Salut de la patrie ;
le succès de cette brochure entraîna la
perte de l'auteur à qui son Mémoire en
faveur de Louis XVI écrit à l'occasion du
procès de cet infortuné monarque , avait
déjà donné des titres à la proscription.
Arrêtée le 25 juillet 1793 , elle fut con-
duite à l'Abbaye , puis à la Conciergerie ;
comparut devant le tribunal révolution-
naire, et fut condamnée et exécutée le 4
novembre suivant. Ses principaux ou-
vrages sont : I Le Maric^e de Chérubin ^
comédie jouée en 1785, et qui eut beau-
coup de succès; | L'homme généreux ^
drame en cinq actes et en prose , 1786 ,
in- 8°; | Molière chez Ninon ^ ou le siècle
des grands hommes, pièce épisodique en
cinq actes , 1787 , in-8° ; | V Esclavage des
nègres, ou V Heureux naufrage^ drame
en trois actes , joué au théâtre-français
en 1789 ; | Départ de M. Necker et do
M^^ de Gouges, ou les adieux de J/™^ de
Gouges aux Français et à M. Hecker ,
1790, in-8° ; i Mirabeau aux Champs ély-
sées, drame épisodique , joué le 15 avril
1791 sur le théâtre italien , in-8° ; | Le
couvent ou les vœux forcés, comédie en
trois actes , 1792 , 111-8" ; | Olympe de
Gouges défenseur officieux de Louis
Capet, au président de la Convention na-
tionale, 1702 , in-8° ; M""= de Gouges a re-
cueilli et reproduit en 1788 , en 3 vol. les
œuvres politiques et littéraires qu'elle a
publiées.
*GOUGII (RicnARD), antiquaire an-
glais , surnommé le Camden du 18* siècle.
naquit à Londres en 1735. Il était fUs d'un
capitaine de vaisseau , membre du par-
lement , qui lui laissa une fortune consi-
GOU
551
r.ou
di rable. Coujh l'employa à soulaçcr le»
malheureux , il à faire des rocherches
9UI les antiquités dans différentes parties
de l'Angleterre et de lEcosse. Son éduca-
tion avait été très soignée : à l'àcc de 12
ns il traduisit du français en anglais une
Histoire de la liibli;. Londres , 1747 , in-
foL.quifut bientôt suivie de plusieurs au-
tres dans le même Rcnre, notamment de
la traduction des Mœurs tirs Israélites ,
par l'abbé Fleury. Ses principaux ouvra-
ges sont : I Anecdotes de la tifjtographie
britannique, 1768, in-i" ; 1780, 2 vol.
ïti-k"; I Monumens funèbres dr la Gtxznde-
lîretagne, appliqués à éclaircir l'his-
toire des familles, des mœurs, des usa-
ges et des arts . 1786-99 , 3 vol. in-fol. Cet
ouvrage exécuté avec beaucoup de luxe
est le principal titre de sa réputation ;
Histoire et antiquités de Pleshij dans le
comté d'Essex. 1803, in-i° ; | Médailles
des Séleucidcs, rois de Syrie , etc., avec
des mémoires histotiques sur chaque
règne, 1804 , in-4°. Il travailla pendant
plusieurs années à l'ouvrage périodique
intitulé : The gentleman s magazine ; et
i\ se montra dans ses critiques littéraires,
très savant, très judicieux, et invaria-
blement attaché à l'ordre établi. Aussi,
au commencement de la révolution fran-
çaise, il combattit avec beaucoup de clia
leur les principes des énergumènes de son
pays. Gougli est mort le 20 février 1809 ;
il était membre de la société des antiquai-
res , de la société royale de Londres et
directeur de la société du Temple.
• GOL'XX (Nic.-L. ) , administrateur gé-
néral des iMïstes , né àGcrmigny-l'Evéque
près de Meaux en 1745. fut d'abord alla-
rlié au trésor de Madame , épouse de
Monsieur , comte de Provence , puis
agent delà villedc Marseille, il fut nounné
en 1782 chef de division dans l'adminis-
tration des postes, et fut destitué 10 ans
après, pour avoir justifié les administra-
teurs des postes dans un écrit imprimé en
1792 contre le ministre Clavière. Ayant
osé faire dans le même écrit l'éloge de
Louis XVI , il fut traduit l'année suivante
«levant le tribunal révolutionnaire qui
l'acquitta. En 1797. Gouin sortit de France
pour se soustraire à un nouveau mandat
d'arrêt lancé contre lui comme impliqué
dans la conspiration royaliste de la même
année. Il ne rentra dans sa patrie qu'en
4814. Il fut admis la même année à faire
hommage au roi du mouchoir trouvé sur
Louis XVI après sa mort , et il accompa-
gna ce trutc don d'une j/ièce de vert cl
de la collection de ses écrits |>.uiiii h ■>
quels on remarque le Procès criminel de
la révolution. 1790. Gouin composa de-
puis Kssai historique Mur Vétabli$$ement
des postes en France . Paris, 18Î3, \nh*
de 15 pages. Réintégré en I8IC dans »n
place de chef de division dans les postes,
il fut nommé en 1821 l'un des cinq admi-
nistrateurs. Il est mort à Paris le 91 dé-
cembre 1825.
r.OrJET (CLACDE-PiEnnE) , chanoine
de St.-.facques de 1 Hôpital, des acadé-
mies de Marseille . de Rouen , d'Angen
et d'Auxerre , naquit à Paris en 1697, d'uii
tailleur , qui s'opposa en vain à son goût
pour l'élude; il mourut dans cette vill*
en 1767, après avoir été quelque temps
de la congrégation de l'Oratoire. Les tra-
vaux de cet écrivain laborieux avaient
beaucoup affaibli sa vue , et il était pres-
que aveugle , lorsque la république des
lettres le perdit. Ses principaux ouvrages
sont : I Traité de la vérité de la religion
chrétienne, traduit du latin dcGrolius,
in-12 ; j Vie des saints . en 2 vol. in-4" ,
qu'on relie en un. Mézenjui a eu part à
ce livre, qui n'est qu'une compilation , à
tous égards , très inférieure aux Vies dft
saints, traduites de l'anglais par l'abbé
Godescard ; | Abrégé des vies des saints.
in-12 ; c'est l'ouvrage précédent réduit à
un très gros vol. in-12; | Supplément au
dictionnaire de More ri , il'^V» , 2 vol. in-
fol. L'auteur a corrigé un grand nombre
de fautes , mais il lui en est échappé plu-
sieurs. Il a accordé des articles considé-
rables à des hommes assez inconnus , cl
l'impartialité ne l'a pas guidé dans ses re-
cherclies. En 1749 il donna un nouveau
supplément in-fol., en 2 vol., qui a à peu
près les mêmes défauts que le précédent ;
I Bibliothèque des écrivains ecclésiasti-
ques, en 3 vol. in-S" . pour serv ir de suite
à celle de Dupin. Cette continuation n'a
pas réussi. I^es analyses de la plupart des
écrits dont il parle sont trop diffuses. Un
inconvénient encore plus grand , est de
donner d'amples extraits de» livres de
morale , qui sont entre les mains de toul
le monde. Il s'y montre ct*nstammcul
grand admirateur des disciples de l'é-
vé<iue d'Ypres. Le stylo est d'ailleurs un
peu néglige et trop verbeux. | Discourt
sur le renouvellement îles étuites dejrjiê
le ik^ siècle. Ou le Iroin- ' ■•"■ '• rooli-
nuation de l' Histoire r, par
le Pèic Fabre, que l'.u îx^ati-
coup aidé , et dont il p.:
mens à l'égard de la vc::
GOU
532
GOU
his; I De l'état des sciences en Fi'wxce. de-
puis la mort de Charlemagne jusqu'à
celle du roi Robert^ 1737, in-12. Celle
dissertation remporta le prix à l'académie
des belles-lettres. Sans ses liaisons trop
connues avec les disciples de Jansénius ,
l'abbé Goujet aurait été associé à cette
compagnie; c'est au moins ce qu'il dit
dans une de ses Lettres, où l'on peut voir
que l'éfjoïsme n'est point toujours in-
compatible avec la morale sévère. « Sans
» sollicitation de ma part et sans m'en pré-
» venir, elle députa après la mort de
» l'abbé de Vertot, six de ses membres,
» pour demander la permission de m'é-
» lire à la place du défunt. Le cardinal de
» Fleury se jeta sur mes sentimens , qui
» n'ont jamais été cependant autres que
» ceux de l'Eglise. » | Bibliothèque fran-
çaise ^ ou Histoire de la littérature fran-
çaise , 1740 , en 18 vol. in-i2. C'est l'ou-
vrage le plus célèbre de l'abbé Goujet ;
mais il le serait bien davantage, si , sans
nous donner la liste de tant de vieux au-
teurs et de tant de mauvais ouvrages , il
avait commencé aux beaux jours du Par-
nasse français ; s'il avait marqué les révo-
lutions du goût et du génie , et tracé avec
im pinceau vrai , brillant et ferme , le ca-
ractère des hommes de lettres les plus
distingués. En suivant ce plan , il aurait
épargné beaucoup d'ennui au lecteur et
beaucoup de peine à lui-même. Son ou-
vrage serait fini , au lieu qu'il a donné 18
vol. sans pouvoir achever seulement la
partie des belles-lettres. | Une nouvelle
édition du Dictionnaire de Richelet. en 5
vol. in-fol., 1756 avec un grand nombre
d'additions et de corrections : vers le
même temps, il en donna un abrégé:, en
1 vol. in-S" ; | V Histoire du collège royal
de France^, en 1 vol. in-4° , et en 3 vol.
in-12 : ouvrage plein de recherches cu-
rieuses ; I Histoire du Pontificat de Paul V,
en 2 vol. in-12 , 17G6. C'est son dernier
ouvrage. L'auleur n'y rend pas aux jé-
suites le tribut de reconnaissance qu'ils
semblaient pouvoir attendre d'un homme
élevé par eux ; | un grand nombre de
Vies particulières : de Nicole, de Duguet,
de Singlin, du cardinal Passionei, etc.
etc. etc. II fournit plus de deux mille cor-
rections ou additions pour le Diction-
naire de Moréri de 1752 , la plupart rela-
tives à la secte dont il plaidait les inté-
rêts ; ce qui a changé ce volumineux dic-
tionnaire , que l'impartialité du premier
auteur avait rendu d'un usage général ,
en un ouvrage de parti, et en un réper-
toire de convulsionnai res. Dans la môme
vue, il a fourni plasieurs dissertations au
Père Desmolets . pour la continuation des
Mémoires de lit te rature ; et un grand
nombre d'articles au Père Nicéron , au-
teur des Mémoires des hommes illustres.
On peut consulter au sujet de cet écri-
vain : Essai sur la mort de l'abbé Gou^
jet , par Dagues de Clairefontaine à la
suite de la Vie de ISicole , 1767; la liste
détaillée de ses ouvrages se trouve dans
les Mémoires historiques et littéraires sur
sa vie. publiés par Barrai . La Haye ( Pa-
ris), 1767, in-12. Le Dictionnaire des
Anonymes en indique 68.
GOUJON (Jean), sculpteur et archi-
tecte parisien, sous François 1" et Henri II,
retraça, par ses ouvrages, les beautés
simples et sublimes de l'antiquité; on
l'appelle le Phidias français. Un auteur
moderne le nomme avec raison le Cor-
rége de la sculpture. Goujon , ainsi que
ce peintre , a quelquefois péché contre la
correction ; mais il a toujours consulté
les grâces. Personne n'a été au-dessus de
lui pour les figures de demi-relief. Rien
n'est plus beau en ce genre que sa FoU'
taine des Saints-Innocens^ rue Saint-De-
nis , à Paris. Un ouvrage non moins cu-
rieux est une espèce de tribune, soute-
nue par des cariatides gigantesques , qui
est au Louvre dans la salle des Cent-
Suisses. Sarasin, célèbre sculpteur, n'a cru
pouvoir mieux faire que d'imiter ces
figures , d'un goût exquis et d'un dessin
admirable. Perrault les a fait graver par
Sébastien le Clerc dans sa traduction de
Vitruve. Goujon a travaillé au dessin de»
façades du vieux Louvre, construites sous
Henri II , remarquables par le bel accord
qui règne entre la sculpture et l'archi-
teclure. Il fut tué d'un coup d'arquebuse
le jour de la St.-Barlhélemi (1572), pen-
dant qu'il travaillait aux décorations du
vieux Louvre. On trouve à la suite de la
traduction de Vitruve , par J. Martin ,
Paris , 1747 , un opuscule de Jean Gou-
jon : c'est le seul écrit que l'on connaisse
de cet artiste.
* GOUJON (Jean -Marie -Claude-
Alexandre), né en 1766, à Bourg-en-
Bresse , où son père était directeur de la
poste aux lettres , adopta avec chaleur
les principes de la révolution. Il se livra
avec succès à l'étude de la jurisprudence
de la politique et des belles-lettres , et un
éloge de Mirabeau qu'il prononça aux en-
virons de Paris , dans une cérémonie fu-
nèbre célébrée par des habitans de plu-
GOU
•icurs viUagrs, lui ouvrit
fiinclions publiifnes. Nommé, en 1793, ad-
ministrateur du département de Seine-ct-
Oise , il fut bientôt aprè« admis à la Con-
vention, en qualité de député suppléant
pour remplacer Hérault de Séchellcs ;
mais il ne siéjjea dans celte assemblée
qu'après la mort de Louis XTI. Il fut
membre de la commission appelée des
gubsistances. Envoyé à l'arméo de la Mo-
selle, il revint au moment où Robespierre
venait de tomber avec tout s<m parti (9
Ihormidor). On poursuivait alors les mem-
bres de l'ancien comité de salut public , et
on dévoilait tous leurs crimes. Goujon eut
1^ maladresse d'agir en sens contraire des
autres révolutionnaires; il prit avec cha-
leur la défense des accusés , et voulut jus-
tifier la mémoire du farouche Marat ; il
parlait sans cesse en faveur de ceux qu'il
oppelaitpa/rio/e5. mais qu'on ne connais-
sait plus alors que sous le nom de terro-
ristes; enlin , il fut le seul qui s'opposa
au rappel des députés, restes du parti
de la Gironde qui avait été proscrit par
les Montagnards. A cette époque (1795),
Paris manquait de pain ; les terroristes
crurent que cette détresse leur faciliterait
les moyens d'organiser une insurrection.
En effet , la populace des faubourgs s'a-
meuta, et Goujon, à la tête de cette mul-
titude furieuse, marcha contre la Con-
vention , avec des piques et des canons.
Mais les bourgeois s'élant armes, les ja-
cobins furent vaincus et leurs chefs pro-
scrits , le 20 mai 1795. Goujon , qui étaft
de ce nombre , fut transféré au château
du Taureau ; mais ramené bientôt à Pa-
ris, on le livra à une commission mili-
taire qui le condamna à mort. Il se défen-
dit avec beaucoup de présence d'esprit ,
et lorsqu'il eut entendu sa sentence , il
déposa sur le bureau, avec assez de calme,
«on portrait, {>riant qu'il fut remis à sa
femme. En descendant l'escalier, il se
frappa de plusieurs coups de |.oignard,
et expira quelques momens après. Il avait
composé dans sa prison un hymne de
mort , qui fut mis en nmsiquc par La'is,
acteur de l'Opéra. Il ht | im Discours sur
l'influence de la morale des gouvenir-
rnens . sur celle des peuples ; \ Damon et
Pith tas .ou les f 'ertus de la liberté , d ra me
un trois actes et en prose; |sa Défense.tXc.
Ces différens écrits sont insérés dans les
Souvenirs de la journée du i" prairial
an 3 ( 1795 ) , Paris . an 8 ( 1800 ) , publiés
par M. F. P. Tissot »on compngnor. d'é-
tude.
S33 GOU
l'entrée des * GOUJOIV (ÀLCXA^voait-MAait).
de l'école polytechnique . frère du précé*
dent, ru depuis 1797 , dan< l'arme de l'ar-
tillerie. le» campagnes de Hollande. d'Au;»-
terlitz, d'Iéna, de Pologne . de W.igrain ri
d'Espagne, et reçut sur !c (hainpdcbaUille
d'Eylau la croix do la légicjn d'honneur.
Apres le licenciement de l'armée de U
Loire en 1815 , il fut nii^ . . \\é,
avec le rang de capitaine .1 ;,.re
et il se livra entièremcnl a _ -lure.
Il est mort à Paris en 18-23 , après avoir
public les ouvrages sut vans : | Manuel
des Français sous le rcijiine de la charte.
2* édition augmcnU'i-, Paris, 1820 ; | 7*0-
ble analytique cl raisonuce des matière».
pour les œuvres complètes de Voltaire,
édition de Desoër, 1819, 1 gros vol. in-8»,
formant le tome 13* de celte édition; | Bul-
letins officiels de la grande armée , 1820-
1821 . 4 vol. in-12 ; | Pensées d'un soldat
sur la sépxdture de .Xapoléon. 1821 , bro-
chure in-8", 5' édition ; | Tablettes chrf>-
nologiqucs de la révolution française de-
puis le 10 mai 1774 , jour de i avènement
de Louis Xyi. Paris, 1823 , in-8" : il n'en
a paru que 5 livraisons. Il était un den
principaux collaborateurs des Fastes ci-
vils de la France . 1821-1822; il a aussi
travaillé aux Jnnales des faits et des
sciences militaires, ] ' ■' i 1817 dier
Panrkuucke. Il av;i r des Poé-
sies légères, dont t{ , urs ont été
mises en musiques et gravées.
GOILAIIT ( Sinon ) , né à Senlis en
1543, mourut ministre à Genève, en 1628
à 85 ans. Il blâmait la manie qu'avaient
les prolcstans de son temps de multiplier
les confessions de foi , « comme si celle
» qui se trouve dans le Symbole des ap(>-
» très n'était pas suTi" !'c ail
« paru telle aux U< s de
• l'Eglise. » Il ne i ..^, , , lors-
qu'on se détache une tois du corps de l'E-
glise , on est dans le cas de clianger lot>>
jours de croyance , el par-là dan» le cas
d'articuler tous les jours ce que l'on croiL
Il n'avait commencé à apprendre les lan-
gues qu'à ^à^îe de 28 ans, ce qui ne l'em-
pécha pas d'écrire assct bien en latin. On
a de lui plusieurs ouvrages do belle»-
lettres . d'histoire el de controirers«. Les
pluscur • '^^ •'■'- traductùm
deSén, te la U-
t/tie.U -ux.Onlea
a rein 11 noI. ln-4*.
avec d. inalea. La
plupart -M.M, qurUioe»-
anut n'apprci ■ \ Recufti
GOU S3
dliïstoires mémorables de notre temps ;
1 traduction du livre de Lapsis de saint
Cypricn; | divers Traités de morale ;
1 des additions et des changemens consi-
dérables au Catalogue des témoins de la
vérité de Francow^itz. Son fils Simon
GOULART , ministre à Amsterdam , est
auteur d'un Traité de la Providence^ 1627,
in-i2. Il perdit sa place de ministre pour
n'avoir pas adopté les senlimens des go-
maristes.
• GOULD( Thomas ), missionnaire ,né
en 1657 à Corke en Irlande , se voua par-
ticulièrement à la conversion des calvi-
nistes. L'exemple de ses vertus héroï-
ques, non moins que la force et l'onction
de ses paroles produisit des effets surpre-
nans, et il opéra de nombreuses conver-
sions. Le roi lui accorda le titre de m.is-
sio7inaire du Poitou. Ce vertueux ecclé-
siastique mourut dans un âge très avancé
dans l'abbaye de Saint-Léon de Thouars
qui lui avait été donnée en récompense
de son zèle ; il emporta les regrets uni-
versels de la province. Il composa, dans le
l)ut d'instruire et de ramener les hugue-
nots , les ouvrages suivans : | Lettre à un
gentilhomme du Bas-Poitou ; \ Preuves
de la doctrine de l'Eglise fondées sur
l'Ecriture sainte ; \ la Kérilable croyance
de l'église catholique^ 1720 ; | Traité du
sacrifice de la Jffesse. 1724, in-12 ; | En-
tretiens oii l'on explique la doctrine de
l'église catholique par l'Ecriture sainte ^
1727 ; I Abrégé des psaumes de David ;
I Recueil des objections que font les pro-
testans^ et les réponses des catholiques ^
4733.
GOULDMAN (François), habile gram-
mairien anglais du 17' siècle , est connu
par un Dictionnaire latin-anglais et an-
glais-latin. La 3' édition , augmentée
par Robertson, in-Ji,", 1674, est estimée.
"GOULET (Nicolas), architecte du
cadastre, maire-adjoint du 6* arrondisse-
ment de Paris , chevalier de la légion-
d'hor.neur, membre de l'Athénée des aris
et de plusieurs sociétés savantes, né dans
la capitale en 174b , s'est fait connaître par
un grand nombre de constructions qui
lui ont mérité les suffrages des gens de
l'art. Il a bâti et décoré avec goût plu-
sieurs hôtels de Paris. On lui doit aussi
plusieurs ouvrages parmi lesquels on re-
,«narque : j Sur les Moyens d'éviter les
incendies et d'économiser le bois dans la
construction des bâlimens ; | Inconvéniens
des fosses d'aisance^ et possibilité de les
supprimer^ Yverdun et Paris , 178S, în-
4 GOU
8". C'est dans cet écrit que l'on a puisé h|
première idée des fosses mobiles inodores;
I Dissertation sur les murs des quais, sur
les trottoirs et sur les fo7itaines de Paris.
Ces trois ouvrages ont été réimprimes
sous ce titre : Observations sur les embel-
lissemens de Paris et sur les monumem
qui s'y construisent . Paris , 1818 , in-8° ;
I Recueil d'architecture civile, contenant
les plansj coupes et élévations des châ-
teaux j maisons de campagne, etc. . situés
aux environs de Paris , 1806-1807 , grand
in-folio , fig. Il y a des exemplaires qui
portent la date de 1812, mais c'est la même
édition ; | la Description des fêtes à l'oc-
casion du mariage de iVapoléon , Paris ,
1810, in-8°. Les planches sont de M,
Krafft , architecte. On lui doit encore le
texte du 5' vol. de la Description de Pa-
ris et des édifices . de M. Landon, Paris,
2' édition , 1818 , 2 vol. in-8°. Goulet a
cultivé avec un succès de société la litté-
rature légère : il a composé plusieurs
chansons et &'dM\Tes poésies qui sont rem-
plies de goût et d'esprit.
* GOIJLIN (Jean ), médecin né à Reims
le 10 février 1728 , perdit son père fort
jeune et se trouva dans l'indigence. Néan-
moins il fit de brillantes études. Obligé
d'accepter une place de répétiteur chez
un maîtredc pension, il étudiait en même
temps la médecine. Il se fit recevoir doc-
teur ; mais sa position ne se trouva pas
améliorée. Alois il fit une éducation par-
ticulière, et rédigea avec l'abbé Fonlenay
les Affiches de jjrovincs . Il se trouvait
dans la plus grande misère , lorsqu'il en ■
tra en 1794 au dépôt littéraire de la rue
Saint-Antoine. Il avait été obligé de vendre
sa bibliothèque composée de 3,600 volu-
mce , afin de s'assurer une pension via-
gère de 600 francs. L'année suivante , il
obtint la place de professeur d'histoire de
la médecine dans l'école de Paris. Mais il
ne jouit pas long-temps de l'aisance que
lui procurait cet emploi. Il mourut le 50
avril 1799 , après avoir donné un petit
nombre de leçons. Ses principaux ou-
vrages sont : I Recherches médicales,
1764, in-12 ; i Table des 16 vol. de la ma-
tière médicale de Geo ff roi. in-12; | le 10*^
vol. in-U.'*de la bibliothèque de médecine ^
I Vocabulaire français , ou Abrégé du
dictiotin. de l'académie française. Vîlh., 2
vol. in-8° ; | Mémoires littéraires, criti-
ques, philosophiques, biographiques, pour
servir à l'histoire ancienne et moderne
de la médecine „ 4775 , 2 vol. in-4° :
c'est le plus important de ses ouvrages ,•
GOU
I Etat de la médecine. <;..-.. /vu r.'
pharmacie en Europe, et princi/HUement
m France en 1777 , in-12. Il a travailli* à
V Encyclopédie méthodique , k\aL Gazette
de santé . et a laLssc un grand nombre de
manuscrits. Voyct le Mémoire hittorique.
littéraire et critique sur sa vie et ses ou-
vrages, par P. Suc, Paris, an 7, in-S".
GOULU ( Jean ) , naquit à Paris en
4576, de Nicolas Goulu, professeur royal.
II embrassa la profession d'avocat ; mais
ayant manqué de mémoire en plaidant sa
première cause, il quitta le barreau pour
le doitre. Il se fit feuillant à l'âge de 28
ans, ets'élant fait connaître par la plume,
s'éleva aux premières charges de son or-
dre, et en devint général. L'enthousiasme
pour Balzac était alors à son plus liaut
point. Goulu crut devoir examiner le titre
de sa réputation, et publia, en 1627, 2 vo-
lumis de lettres de Philarque à Jriste .
où il emploie quelquefois le ton de la po-
litesse reçue assez généralement dans ce
ifinps-là, mais quin'honore pas la raison.
Lf public se déclara pour lui dans c«î dif-
forcnd, et les lettres de Philarque lui atti-
rèrent une foule de louanges. On ne l'ap-
pelait que gouffre d'érudition; Hercule
gaulois ; destructeur du tyran de l'élo-
quence ; héros vériiable , et seul digne
des lauriers attachés à l'usurpateur. Le
prieur Ogier et la Motte- Aigron furent
presque les seuls qui écrivirent contre
lui. et qui renchérirent sur les injures
qu'il avait diîes à Balzac. Ils le peignirent
« comme un ivrogne , buvant nuit et jour
» dans un verre plus grand que la coupe
» de Nestor, et comme un gourmand qui
» faisait très bonne chère en gras, qnoi-
» qu'il eût le teint assez frais pour ne pas
» pouvoir se dispenser du maigre. » Per-
sonnalités odieuses, aussi peu propres à
décider un différend , qu'à donner une
idée avantageuse de ceux qui emploient
de telles armes. Cette querelle aurait été
poussée plus loin ; mais le général Goulu
la termina par sa mort, arrivée en 1629.
h l'âge de bi ans. On a de lui : | Findi-
ciœtheologicœ.Ibero-pnliticœ, 1C5W, in-ft",
en faveur des droits de la monarchie ; | la
fie de saint François de Sales, 1624 , in-
4°. Marsollicr en a donné une meilleure.
I Des traductions qu'on ne lit plus ; | des
livres de controverse, f'otjez BALL\C.
' GOLPIL de PREFELN ( N. ), était,
avant la révolution, juge au bailliage d'A-
lençon , où il était né en 1730. Député en
1789 aux états-généraux par le tiers état
de $a province, il s'y ût remarquer par
(iiii '•'■■.
piK
tmh
tait pas du nombre de crux qui voulaient
faire une révolution polilîqiic. Îjc 3 Mp-
lembrc 1789, il vota pour qu'on acrnrdit
au roi un veto absohi. en disant qu'il n'é-
tait pas venu pour faire une ium\cllc roo-
slitution, mais pour raffermir l'ancienne.
Néanmoins , par une singulière contra-
diction, il proposa la suppression des lilm
de noblesse , et provoqua une loi contre
l'émigration. Lorsque les rasscmblcmcns
du Palais- Royal prirent un aspect dange-
reux. Goupil , dans une assemblée où l'on
délibérait sur les moyens d'arrêter le dét-
ordre , demanda avec force qu'on prll
contre les factieux les mesures les pliu
sévères ; et indiquant Mirabeau comme
leur chef, il s'écria : « Vous délibérez , et
n Catilina est aux portes de Rome ; il me-
» nace le sénat. » Cette sortie ne pro<luisit
aucim effet. Goupil fut pendant la session
membre de plusieurs comités et président
de celui des recherches, d'après lequel on
institua les comités appelés de salut pu-
blic, de sûreté générale, et qui inondèrent
la France de sang. Il vota la constitution
civile du clergé; et. après le voyage du
roi à Varennes. il demanda que les gardée
fussent licenciées , tandis que , par une
de ces bizarreries qui lui étaient' ordi-
naires, il insista avec courage |>< -
la personne du nionarque fut i:
et sacrée. Il lit partie du conseil il ' . ,
cents , et après avoir fait pl<»cer dans U
salle le buste de Monle«»qni«Mi. il fit décré-
ter, le 6 mai 1796, h- :cn%
des pères et mères dr l.>i
» est dure , disait-il, n ... x. .... , ic ;
> d'autant mieux que Fabius, augure nt-
» main . nous apprend que re qui ^ fait
» pour le salut de la ropi; fah
» toujours sous de bons au la-
qua ensuite le triumvirat >!.. ire,
qui le lit arrêter le 18 fructidor et mettre
sur la liste des émigrés, ftlais il en fol
rayé bientôt après , et rendu à la liberté,
il rentra dans l'Assemblée. En 1800.11
fut nommé juge au tr ' ' '■ r.i»jiil«B,
et mourut à Paris h i >01.
• (.OURCY ( N... i vlralr»-
général de Bordeaux, et membre de l'aca-
démie de Nancy , consacra M plante à
faire revivre 1rs anciens «pokifialee 4«
rhristianisme. Il fui l'un d« MCIMmII-
qucs que raaecmbire du derné éêVttmM
employa pour écrire eootr« I
irrcligicuaes des phUotn^hM
GOU 5
On Ignore l'époque de sa mort. Il a laissé
plusieurs ouvrages qui se font remarquer
par la méthode , la netteté des idées et la
solidité des jugemens : | Eloge de René
Descartes . 1765 , in-8° , qui concourut
pour le prix à l'académie française. Ce
fut Thomas qui le remporta ; mais la com-
position de Gourcy fut honorablemcnl
mentionnée ; | Histoire philosophique
et politique de la doctrine et des lois de
Lycurgue, Nancy, 1768, in- 8°; | Quel
fut l'état des personnes en France sous
lai'' et la Trace, 1769 et 1789 , m-12 ;
discours remplis d'érudilion , et couron-
nés par l'académie des inscriptions et
belles-leltres; \J.-B. Rousseau vengé, ou
Observations sur la critique qu'en a faite
M. de La harpe, Varis, 1772, in-12 ; | Essai
sur le bonheur, 1777 , in-12 ; | V apolo-
gétique et les Prescriptions de Tertullien,
nouvelle édition avec la traduction et des
remarques , 1780 , in-12. | Suite des an-
ciens apologistes de la religion chrétienne,
traduits et analysés ; ouvrage demandé
par l'assemblée du clergé , Paris , 1786 , 2
vol. in-8°; ] Des droits et des devoirs des
citoyens dans les circonstances présentes,
avec un j'ugementimpartial sur l'ouvrage
deMably.i789,m-8\
GOUUDAW (SiMox), né à Paris en 1646,
entra dans l'abbaye de Saint-Victor en
1661 et y mena une vie édifiante. Aspirant
à une vie plus parfaite, il voulut entrer à
la Trappe ; mais l'abbé de Rancé lui con-
seilla de continuer ses exercices de piété
dans la maison où il avait fait profession.
Le père Gourdan vécut en solitaire et en
saint dans l'abbaye de Saint- Victor, et y
mourut en 1729, laissant : | des prosesel des
hymnes, qu'on chante dans différentes
églises de la capitale et des provinces ;
j des ouvrages de piété, pleins de lumière
et d'onction ; j une histoire manuscrite
des hommes illustres de Saint- f^ictor, en
plusieurs vol. in-fol.; | le sacrifice perpé-
tuel de foi et d'amour au Saint-Sacrement
de V Autel, Paris , 1714, 1 vol. in-12, re-
produit avec beaucoup de soin par l'abbé
Viguicr , Paris , 1813 , in-12. On a publié
en 1756 à Paris, in-12, la Vie de ce pieux
et savant religieux. Cet ouvrage édifiant
est suivi de plusieurs /-e^^re^^ qui roulent
principalement sur la constitution Unige-
nitus, pour laquelle il était très zTélé , ne
croyant pas qu'on pût rejeter une seule
décision doctrinale de l'Eglise univer-
selle, sans ébranler tout l'édifice de la foi
clu-élienne.
* COliIlDI.\ ( Fr\xçois-Puilippe), bé-
56 GOU
nédiclin de St.-Maur, né àNoyon le 8 no-
vembrel739, mort à Rouen le 11 juillet
1825, occupa d'abord plusieurs places dans
sa congrégation , et prit quelque part à la
révolution. Compris pour une gratifica-
tion de 2000 francs dans le décret de la
Convention du k septembre 1793 , il fut
employé pour classer les monumensdes
arts déplacés pendant la révolution , et
mit en ordre la bibliothèque de Rouen. Il
reprit après la terreur sesfonclfons ecclé-
siastiques , et partagea dès lors tous ses
momens entre la religion et les lettres.
Gourdin avait fait paraître sous le voile
de l'anonyme , en 1771 , des Observations
d'un théologisn sur l'éloge de Fénélon par
Laharpcoii il reproche à l'auteur de n'a-
voir donné aux vertus du vénérable ar-
chevêque de Cambrai que des motifs
étrangers à la religion. Les Nouvelles ec
clésiastiques en rendant compte de ses
observations ( 50 janvier 1772), n'en par-
lent pas très avantageusement ; et cepen-
dant il est très probable que le rédacteur
de cet article connaissait l'auteur de cette
brochure. Don Gourdin a laissé plusieurs
ouvrages de littérature , parmi lesquels
on cite : | Après-dîner à la campagne ,
imprimé à la suite de \ Homme sociable ,
et Lettres philosophiques sur la jeunesse .
Paris, 1767 et 1772, in-12 ; | Rhétorique
française ; \ Recueil d'extraits des poètes
allemands , VîTô ; | Traduction de VArt
poétique d'Horace, avec des notes ; | His-
toire de Picardie; \ Considérations philo-
sophiques sur l'action de l'orateur, précé-
dées de Recherches sur la mémoire, Pa-
ris, 1772 , in-12 ; | Principes généraux ei
raisonnes de l'Art oratoire , 1785 , in-12 ;
I de la Traduction considéi-ée commt\
moyen d'apprendre une langue, et comme
moyen de se former le goût . 1789 , in-12.
II fit aussi un grand nombre de mémoirta.
insérés dans les recueils de l'académie de-
Rouen, et a laissé en manuscrit un Traite
de la prescription en matière de foi, de
morale et de discipline.
GOURDOX DE GEÎVOUILLAC ( Ga
LïOTTEde) , ou la mère de sainte Anne ,
réformatrice de l'ordre de Saint-Jean de
Jérusalem en France, était prieure du
monastère de Beaulieu. Elle naquit en
1589 d'une famille noble et considérable
du Quercy, et mourut l'an 1618 en odeur
de sainteté. Les religieuses de cet ordre
avaient autrefois la robe rouge et le voile
blanc ; mais après la prise de Rhodes par
Soliman II , en 1522, elles prirent l'habit
et le voile noir pour marquer leur dcuii
GOU «37
r.Ol'ROrES ( DoMixiors de ) , Rcnlil-
honimo huguenot . nô à Mont-dc-Mursan
en Gascogne, dans le 16* siècle, voulant se
venger des Lspa(n»ols qui avaient détruit
une colonie des Français huguenots, t^la-
blic sur les côtes de la Floride, dont l'Es-
pogni- «'tait en pos>iession , équipa trois
vaiîî'ïraux à ses dépens , et mil à la voile
en 1Î)C7. Il alla descendre à la Floride.
enleva trois forts, et fit pendre plus de
800 espagnols à des arbres. De retour en
France , il fut reçu avec admiration par
les huguenots , et avec indignation par
la cour, qui désapprouvait cette démarche
iodieusc . faite en mépris de l'autorité, et
au milieu d'une paix parfaite avec l'Espa-
. Le roi lui lit défendre de paraître
devant lui. La reine Elisabeth le demanda
dans la suite pour commander la flotte
anglaise qu'elle envoyait au secours de
don Antonio roi de Portugal. Il mourut
à Tours en 1593, en allant prendre le com-
mandement de cette flotte. Son votjage
tlatis la Floride a été imprimé à la suite
de celui du capitaine Laudannière.
GOIIRJU ( PiERKE ),oratorien, né en
1762 à Moreslel en Dauphiné, professa à
Lyon la physique et la philosophie jus-
qu'en 17912. époque à laquelle on supprima
Ifs congrégations enseignantes. Pendant
la persécution révolutionnaire , il quitta
Lyon ; mais il y revint ensuite, et il y don-
nait des leçons de mathématiques, de lillé-
ratareel de philosophie, lorsque la fonda-
tion des universités détruisit son établisse-
ment ; mais en même temps il fut nommé
professeur de philosophie, et doyen de la
faculté des lettres à l'académie de Lyon.
On lui doit la Philosophie du 18"^ siècle
dévoilée par elle-tiiéme : ouvrage adressé
aux pères de famille et aux institutions
chrétiennes . suivi d'observations sur les
notes dont Voltaire et Condorcet ont ac-
compagné les pensées de Pascal , Lyon,
1816, 2 vol. in-8°. Ce livre fait honneur à
ses principes; maison voit que l'arme du
ridicule ne lui était pas familière. Il
réussit mieux dans le genre sérieux : le
morceau qu'il a mis à la tète des réflexions
»ur les pensées de Pascal est digne d'éloge.
Il est mort à Lyon le 5 avril 1814. Il a
laissé en manuscrits des cahiers de phy-
sique, xmc rhétorique et une logique.
nOLRM\ ( Pieriie-Etiexme ), né à Pa-
ris en 1695, embrassa l'élal ecclésiastique,
et fut ordonné prêtre en 1721. Il s'acquit
«ne certaine célébrité par sa vive opi)0-
tion aux décrets dogmatiques de l'Eglise;
[nlerdit par son archevêque, M. Vinli-
GOU
mille, il vécut cache, ne 8'pr----i' — l'A
écrire en fa\eur du parti qn <-
brassé, et mourut le 15 avril i i*
Le cure de la paroisse lui refu»a lc!> der-
niers sacremens : mais, par ordre du par
lement et des huissiers exécuteurs, il fut
administré. On connaît de \m : fnstnic
tion sur la justice chrétienne. in- 12 ; \ Man-
dement et instruction pastorale de 3f. de
Fitz-James. évéque de Soissons .contre le
Père Derruyer. 17G0 , 7 vol. in-12 ; | In-
stitution et instruction chrétienne, dédiée
à la reine de Naplcs, connue soua le titre
de Catéchisme de Naples. 1783, 3 vol. in-
12. C'est luie des marottes favorites de la
secte jansénienne, pour répandre ses er-
rcursdans l'enseignement public, surtout
dans celui de la jeunesse [voyez le Journ.
histor.et lilt. , 1" janvier 1789, p. 66 ) ;
I plusieurs écrits polémiques , contre la
bulle Unigenitus ; \ quelques écrits contre
l'abbé de Prades. Il y a des gens qui, à la
honte de l'esprit humain , combattent la
vérité et l'erreur , l'impiété et la foi avec
une ardeur égale.
GOUR.\ VY ( ftlARiE le JARS de ), d'une
famille distinguée, naquit à Paris en 1566
et devint orpheline de bonne heure. Elle
connut Montaigne , pour qui elle eut une
admiration qui tenait du fanatisme. Cet
écrivain , l'un des plus vains égo'istes que
la philosophie ait produits, flatté de ses
éloges, la nomma sa fille d'alliance . et la
fit héritière de ses écrits. Les langues sa-
vantes lui étaient, dit-on, familières; ma'is
ce qu'il y a de certain , c'est qu'elle écri-
vait faiblement dans la sienne. Son style ,
cliargé de vieux mots , n'est plus suppor-
table à présent. Lorsque l'académie fran-
çaise voulut réformer la langue , M"* de
Gournay parla beaucoup contre cette en-
treprise ; et l'on ne peut di^rwivenir
qu'elle n'eût raison : si on i' Ire
les langues vivantes invan « >r-
ruptibles comme les langui. .^* , ce
serait un grand présent fait aux scieooet et
aux lettres. Son caractère impétueux se fait
sentir dans deux satires, où elle laisse tout
le cours à sa mauvaise humeur. Défaut par-
n pa«è
- , quoi-
rlans le
r.A
donnable à une femiTii
celles qtii aflicbcnt 1 ^
qu'elles soient parti<
cas d'avoir besoin d'u
FAYETTE. SUZE, c
ris. ' ' ' -Hnn».St'-..M..
ctH in-4M63. .
(iii, i'/ésensdeJU
llicijuùuiiii^iilc Promenoir de il. dt .Um
taignepar safillt d'alhatice , ibid. 1594
le
ay
GOU S
în-12; 1 Version de quelques pièces de Vir-
gile, de Tacite et de Sallnate. ibid. 1619-
23, in-8° ; | X Egalité des hommes et des
femmes, ibid. 1622 , in-8° , etc. On a en-
core d'elle une édition des Essais de Mon-
taigne, 1633, en 3 vol.
*GOl]RiVAY ( Jacques-Claude-Marie-
ViivcE\T de) , intendant du commerce de
Saint-Malo , où il naquit en 1712 , publia
plusieurs écrits sur les sociétés com-
merciales, les traités entre com,pagnies ,
et traduisit de l'anglais de Josias Child ,
lin ouvrage sur le commerce et sur les
avantages de la réduction de V argent ,
et de Thomas Culpeber im traité contre
l'usure. Cet économiste distingué est mort
en 1759.
* GOURNÉ ( Pierre-Matiiias de ) , ec-
clésiastique et géographe , né à Dieppe
vers 1702 , devint prieur de Notre-Dame
de Faverney. Son goût pour les connais-
sances géographiques était une passion ,
et pendartt toute sa vie il s'occupa de
nombreuses recherches, mais ses ouvrages
sont peu consultés. On a de lui : | Disser-
tation sur le choix des cartes de géogra-
phie, Paris , 1730 , in-12 ; | le Géographe
méthodique, on Introduction à la géogra-
phie ancienne et moderne, 1741 ^ 2 vol.
in- 12 ; | Description géographique des
royaumes d'Espagne et de Portugal, 1743,
in-12; | Description géographique des
provinces intérieures de la France. En
général ses ouvrages ont été vivement
critiqués. Ce laborieux auteur est mort
en 1770.
GOIJRVILLE ( Jean HÉRAULD, sieur
de ), naquit à la Rochefoucauld le 11 juillet
1625. Le fameux duc de ce nom (l'auteur
des Maximes ) lui ayant reconnu de l'es-
prit, le prit pour son valet de chambre,
et en fit bientôt son ami et son confident.
Pendant la guerre de la Fronde^ il lui fut
très utile , ainsi qu'au prince de Condé ,
dont il négocia le raccommodement avec
la cour. Le cardinal Mazarin l'envoya en-
suite, et pour le même objet , auprès du
prince de Conli , qui était maître de Bor-
deaux. En 1684 , il fut nommé intendant
des vivres à l'armée de Catalogne. A son
retour à Paris , le cardinal le croyant un
émissaire du prince de Conli le fit mettre
à la Bastille; mais Gourville recouvra
bientôt sa liberté. Fouquet lui fit obtenir
la recette générale des tailles en Guienne,
emploi qui lui procura une fortune de
1,5^0,000 livres. Enveloppé dans la dis-
grafce de cet illustre infortuné, il passa
ûans les pays étrangers. IJ mourut en
58 GOU
1705. On prétend que c'est pour lui qu(
Bcileau fit cette épitaphe :
Ci-gît, iujtemenl rKgrette ,
Un savant homme saoi science ,
ViD gentilhomme sans naissance.
Un très bon homme tans bonté'.
Les commentateurs de celte épitaphe di-
sent que Gourville était tel que le satiri
que le représente : parlant bien, quoiqu'i
ne sût pas grand'chose ; ayant un carac-
tère et des manières , quoique d'une nais
sance obscure ; et caressant tout le monde
sans aimer personne. On a de lui d 's Mé
moires depuis {&k% jusqu'en 1678, publi
par m''' de la Bussière en 2 vol. in-12
Paris, 1724. Ils sont écrits d'un style ani
mé, naturel, mais négligé et peu correct
Voltaire a puisé dans cet ouvrage pou
son Siècle de Louis XIV.
GOUSSAIIN VILLE ou GUSS ANVILL AN
Voyez ce mot.
*GOUSSAULT (N... l'abbé), écrivah
moraliste de la fin du 17*^ siècle , était li
cencié de Sorbonne. Il avait été conseillei
au parlement , et a publié quelques ou-
vrages estimés. ] Raisonnemens chi'étien.
sur ce qui s'est passé dans le commence-
ment du monde, 1679 , in-12 ; | Poésies e
pensées chrétiennes, Paris , 1681 , in-12
I Réflexions sur les défauts ordinaire:
des hommes et sur leurs bonnes qualités
Paris, 1692 , et Lyon , 1694, in-12 , réimp
à Maestricht sous ce titre : Réflexions si
les différens caractères des hommes
1714, in-12. Cet ouvrage fut maladroite
ment attribué à Fléchier. ( Le portrai
d'unhonnéte hommcVaris, 1693, et Lyon
1694 et 1700, in-12, traduit en allemanc
par Paul-Jacob Marberger, 1692, in-12;
1 Le portrait d'une honnête femme, 1694 .,
in-12; | Conseils d'un père à ses e?i fans
Paris, 1695, in-12, Irad. en italien ; | Let
très choisies de divers «u/eurs, Bruxelles
1725 , in-8". M. A. A. Barbier a publié It
premier la liste de ses ouvrages dans son
Examen critique des Dictionnaires.
GOUSSE.XCOURT ( Matthieu ), né è
Paris en 1583, se fit céleslin en 1606,
s'adonna à l'étude de l'histoire , et mou-
rut dans le monastère de son ordre à Paris,
en 1660. Il a donné au public : Marttj?-o-
loge des chevaliers de Malte, V mis , 1643,
2 vol. in-fol. réimprimé en 1654.
GOUSSET ( Jacques ) , théologien de
la religion prétendue-réformée, né àBlois
en 1655, d'une bonne famille, fut fait mi
nislre à Poitiers en 1662, et sortit de cette
ville à la révocation de l'édil de Nantes-
Il mourut en 1704, âgé de 09 ans, piofe*-
GOU
K3d
r.oKj
>pur en proc cl en Ihtolojîie à Groninguc.
Ses ouvrages sont : | Commentarii liru/ufr
Ue(:ratca; : c'cit un bon dictionnaire hé-
breu ; la meilleure édilion est celle de
eipsick en 1745, in-4"; ] une réfutation
rn latin du Chisouck Kinaunach. ou liou-
Ikr de la Foi. du rabbin Isaac, Auisler-
:lnm. 1712. in-fol. Celle prodiiclion est
rcs faible. | Considérations théotogiques
t critiques contre le projet d'une nouvelle
ersion, 1098, in-l2. Ce livre esl contre
e^ Projtt lie Charles le Cène. ( l'oyez
ÈNE. ) I Causarumprimœet secundarum
'ealis opej-atio, Lew&rde, 1716 , in-/»".
•GOl SSItR (Louis-Jacques), physi-
icn et professeur de malbématiques, né
Taris en 1722, a fourni à V Encyclopédie
îuelqucs articles sur les arts mécaniques;
1 a exécuté avec beaucoup d'habileté plu-
ieurs machines de son in\ enlion, enlr'au-
res uJi moulin à bras pour scier des plan-
hcs ; il est aussi inventeur d'un niveau
l'eau en usage parmi les géomètres; il
r.ourut à Paris en octobre 1799. Il a publié
avec le baron de Marivetz ) : | Physique
lu 7twnde, 1780-87, 5 vol. in-4°; | Sys-
'ème générale physique et économique
ies navigations naturelles et artificielles
ie Itntérieur de la France , 4788 , 2 vol.
n-8°.
GOl'THIÈRES ou GOUTHIER (Jac-
>CES ), en latin Gutherius . antiquaire et
ocat au parlement de Paris, né à Chau-
noiit en Bassigny , moi t l'an 1C38, cultiva
e droit et les belles-lettres avec un égal
ucccs. Les amateurs de l'antiquité lui
ont redevables de plusieurs écrits : ( De
etere jure Pontificio urbis Romœ . in-4°,
G12 : ouvrage qui lui mérita le titre de
toyen romain i)our lui et pour sa pos-
crité. I De officiis domùs Jugustœ ptd)li-
œ et privatœ. Paris, 1628, in-4°, et Leip-
ick, in-8\ 1G72 : celle matière y esl traitée
vec beaucoup de savoir. | De jure Ma-
tium. Leipsick; 1671. in-S"; | Deux petits
railés, l'un De orbitale loleranda. et Tau-
re , Laus ccecitatis ^ etc. Gouthier faisait
ussi des vers latins, et les faisait bien.
1 y a du feu et de l'expression dans sa
♦ièce intitulée : | Rupella capta. Paris,
, hn-k" : l'auteur l'adressa au cardinal
le Richelieu.
GOIJTIIOEVEN (Gauthiek van) en
ilin Valerins Gouthovius. né à Dordrecht
nl577, a fait des recherches sur l'hi»-
alredesa patrie. Ha donné une nouvelle
dition des Chronii[ue s de Hollande
mées de généalogies et de descriptions
viUes. etc., commençant à l'an 449,
et finissant à l'an U?20, en flamand. On
enaptililié plusieurs ediliofis ; lu drrniérr
est de la Haye, 1636, in-fol. Ce livre plein
(le recherches et do choses inléres^anlc»
est estimé. Il a été continué par N. de
Klork. Goulhœven est mort vers l'an 16'J8.
' r.Ol TTKvS ( jEA\-Lotis). CTJré d'Ar
gillicis dans le diocèse de Béliers , cl dé-
puté à l'assemblée Constiluanle, naquit à
Tulle en 1740. Il servit plusieurs année»
dans un régiment de dragons , embrassa
ensuite l'état ecclésiastique, et devint
curéd'Argilliers. Nonmié alors membre
des états-généraux, il se rangea du côlé
des novateurs , et appuya la proposition
de vendre les biens du clergé : il se dé-
clara pour l'établissement du papier-mon-
naie, et vola la constitution du clergé. Il
devint membre du comité des recherches,
président de l'assemblée , et fut élu en
1791 , évéque constitutionnel de Saône-ct-
Loire ; mais ce fut là le terme de ses pros-
pérités : dénoncé comme royaliste et en-
suite comme fanatique, parce qu'il per-
sistait à exercer les fonctions de son mi-
nistère après la suppression du culte.
Gouttes fut arrêté parordre du comité de
salut public et transféré à la conciergerie
de Paris. Après avoir été long-temps
laissé dans le plus profond dénuement ,
il fut traduit au tribunal révolutionnaire,
et condamné à mort le 26 mai 1794. On a
de lui : reposé (U'S princij>es sur lu con-
stitution du clergé parles évéque s députés
à V.issemblée nationale. 1790, in-8** : ou-
vrage qu'il ne faut pas confondre avec
V Exposition des ptincipesoula. déclaration
que rédigea M. de Boisgelin , et qui a élc
réimprimée dans le 27* vol. de la nou-
velle édilion du Dictionnaire des sciences
ecclésiastiques. \ Discours sur la venft
des biens du clergé; | Discours sur léttt-
blissement du papier-monnaie ; \ Theoi te
de l'intérêt de l'argent. 1780 et Klh'l. \x\-
12. Le fonds de cet ouvrage esl de Rulic,
curé de Cahors.
GOI'VKST DE MAI^BERT (Jkai*^
He>ri ) , né à Rouen en 1731 , est auUni
connu par ses aventures que par ses ou-
vrages. On le vit succe.«siveinenl capucin,
apostat , secrétaire du roi de PoIo^tm
Auguste m , puis rentrer dans son ordre,
en sortir ensuite pour parcourir un nou-
veau cercle de bizarrerie» el de singula-
rités, ci finir par mourir protestant a Al-
lona , en 1767. On a «le lui divers écrits
uiarqués au roin tl'un génie singulier qui
semblait avoir approfondi tous les détours
de la politique, qui observait avec finesse.
GOU
540
GOU
mais qui écrivait avec plus de vivacité et
de force , que de pureté et de précision.
Les principaux sont : ] Le Testament po-
litique du cardinal Jlberoni ^in-i'î', où
il y a bien des idées sur des abus tant
vrais que prétendus qui régnent en Espa-
gne ; Maubert était un juge peu sûr dans
ce genre ; | Testament politique de TF'al-
pole^ qui ne vaut pas celui d'Albeionl;
I Histoire politique du siècle^ 1757, 2 vol.
in-i" : livre qui eut du succès , mais dont
l'auteur ne publia que les deux premiers
volumes. | Diverses brochures : Y Illustre
paysan^ l'Ami de la fortune^ Ephràim
justifié, etc.; | un Mercure historique.
'GOUVION (Jean-Baptiste), géné-
ral français , né à Toul , entra au service
dans le corps du génie , et fit avec dis-
tinction la guerre d'Amérique en qualité
de capitaine. Au commencement de la
révolution, il accepta la place de major-
général de la garde nationale de Paris , et
fut ensuite appelé à l'assemblée Législative
au mois de septembre 1791 , où il se fil
remarquer par sa modération : il s'opposa
'de tous ses efforts à ce qu'on accordât les
honneurs de la séance aux soldats du ré-
giment de Château-Vieux, qui s'étaient
révoltés à Nancy et avaient été condam-
nés aux fers , et qui n'étaient à ses yeux
que les assassins de son frère. Il donna sa
démission , se rendit à l'armée du Nord ,
et fut tué le 11 juin 1792, dans une re-
traite qu'il effectuait avec autant d'art que
de bravoure , près du village de Gri-
sueille , en avant de Maubeuge. Il réunis-
sait le sang froid dans l'exécution à des
vues judicieuses , et le courage à la pro-
bité. L'Oraison funèbre de Gouvion a été
prononcée à l'église de Notre-Dame à
Paris, le 21 juin 1792 , par Fr. Val. Mulot,
prêtre et député de Paris à l'Assemblée
nationale, Paris , 1792 , 24 pages in-8°.—
vSon frère Louîs GOUVION , commandant
de la garde nationale de Toul , fut tué le
31 août 1790 en combattant la garnison
de Nancy révoltée.
• OOU\IOîV-S\INT-CYR (Louis,
de) marquis, maréchal de France , naquit
à 'Toul le 13 avril 176/i., d'une famille peu
aisée. Il se voua d'abord à la peinture et fit
le voyage de Rome pour se perfectionner
dans cet art, qu'il abandonna vers le
commencement de la révolution fran-
çaise, pour entrer au service, en qualité
de volontaire. Après avoir passé rapide-
ment par tous les grades inférieurs, il ser-
vit en 1793 dans l'armée de la Mozelle en
qualité d'adjudant-général, et fut ensuite
envoyé à l'armée des Alpes , où il reçu!
en 1794 le brevet de général de division.
Il se signala en 179S au siège de Mayence,
fit sous Masséna la campagne de 1798, et
fut destitué en 1799. Remis bientôt en ac-
tivité, il commanda l'aile droite de l'armée
française à la bataille de Novi , (13 août ).
Le 24 octobre suivant , il défit cotr^pléte-
ment l'ennemi, non loin de Novi même,
à Pasturana et à Bosco, et lui prit trois
canons et deux mille hommes. Le 6 du
mois suivant, il battit encore les Autri-
chiens devant Coni ; chargé du comman-
dement de l'aile droite de Championnet,
il empêcha l'investissement de Gènes , et
se couvrit de gloire par une savante re-
traite pour laquelle il reçut du premier
consul un sabre dhonneur et le brevet de
premier lieutenant de l'armée. En 1800 ,
il passa à l'armée du Rhin commandée
par Moreau, s'empara de Fribourg et bat-
tit les Autrichiens à Smelingen. Après un
repos assez court qu'exigeait l'état de sa
santé, il reparut à la tète de sa division et
concourut à la victoire de Hohenlinden.
Nommé alors conseiller d'état par Bona-
parte , il fut envoyé en Espagne où il suc-
céda à Lucien , en qualité d'ambassadeur.
En 1803 , il fut nommé commandant en
chef de l'armée qui devait couvrir le-
royaume de Naples , et protéger les côtes
de l'Adriatique. Vers la fin de cette année,
après avoir fait prisonnier un corps de dix
mille Autrichiens, il entra à Venise en
vertu de la capitulation d'Austerlitz. L'an-
née suivante, obligé de rentrer dans le
royaume de Naples , dont le gouverne-
ment avait violé le dernier traité , Gou-
vion fut chargé d'occuper la Pouille, et y
maintint la tranquillité. Rappelé en 1807,
en Allemagne , il y fit avec distinction la
campagne de Prusse et de Pologne, et fut
nommé gouverneur de Varsovie. Envoyé
en 1808 à l'armée d'Espagne, il s'empara
de Roses, Girone , Saint-Félix , Equixola,
Palamos, à la suite de plusieurs combats.
En 1812, il fut désigné pour faire partie
de l'expédition de Russie, et commanda
les Bavarois, avec lesquels le 18 du mois
d'août, il gagna la bataille de Polotsk, sur
la Duna. Napoléon pour le récompenser,
le créa maréchal de l'empire , le 27 du
même mois. Blessé dans la retraite de
Moscou, il fut forcé d'abandonner l'armée
pour quelque temps. II y reparut en 1813
pour faire la campagne de Saxe, et se si-
gnala à la bataille de Dresde. Resté dans
cette ville , pour la défendre après le dé-
sastre de Leipsick , voyant qu'il lui était
GOU
Bil
GOU
Impossible de s'ouvrir un passage, il ac-
cepta le il novembre une capilulalion
honorable, en vcrlu do laquelle il devait
rentrer en France avec son corps d'ar-
mée cl une partie de son artillerie. Mais
cotte capitulation ne fut pas ratiliéc par le
prince do Schwartr.omberg , et le maré-
chal fut retenu prisonnier avec son corps
d'environ seize mille hommes. Lorsqu'il
revint en France après la restauration ,
Louis XVIII l'acueillit avec distinction et
le nomma commandeur de l'ordre de
Saint- Louis et membre de la chambre des
pairs. Apres le débarquement de Bona-
parte, il se dirigea sur Orléans pour y dé-
fendre la cause royale; mais la défection
des troupes ayant rendu tous ses efforts
inutiles, il vécut pendant les cent-jours
dans une profonde retraite. Nomme mi-
nistre de la guerre par le roi , le 9 juillet
1815 , il fut remplacé dans ce poste par
le duc de Feltre, au mois de septembre de
la même année. Louis XVI il le nomma
successivement ministre d'état, membre
du conseil privé , grand-croix de l'ordre
de Saint-Louis, comte et enlin marquis.
Appelé au ministère de la marine le 23
juin 1817 , il reprit le portefeuille de la
guerre en 1818, et le conserva quatorze
mois. C'est sous son administration que
(Jos cours d'enseignement mutuel furent
I établis dans les régimens. II présenta le
10 mars 1818, une loi relative au nouveau
mode de recrutement de l'armée, dont les
principales dispositions furent modifiées
I par celle du 9 juin 18^24. Gouvion quitta
îe ministère , lors du changement de la
loi des élections en 1819. et fut remplacé
par le marquis de la Tour-Maubourg.
Gouvion-Sainl-Cyr s'était rendu aux lies
d'Hières pour rétablir sa santé; il y est
mort le 17 mars 1850.
GOIIY-D'ARC Y ( Locis-Marthe , mar-
quis de ) , né à Paris, en 1753, d'une fa-
mille noble et ancienne de Picardie. Il
était colonel du régiment de la Reine-dra-
gons au commencement de la révolution,
et fut élu député de Saint-Domingue aux
états-généraux de 1789. Sectateur du mcs-
mérisme et franc-maçon rélé , il se dé-
clara contre la tour , et exrasa les cruau-
tés commises par le peuple à l'épofpie de
la prise de la Bastille. Plus tard, il sou-
tint l'opinion qu'on pouvait et devait dé-
cacheter les lettres dans un temps de trou-
ble, et pressa pour cet effet la for ■
d'une commission. Il parla aussi <
délabrement des finances, et vota 1
sion de deux milliards d'assignat*, en-
suite il parut revenir h des nmMmrns de
modération, cl '-i , rrf
concernant l'i n ,,.%
do couleur .d'au:.- .. , ,iie
ses intérêts de colon s'y ti n.
promis. Son opinion ne pou. .ir,
il s'abstint d'assister aux séances, cl ne
reparut qu'après l'évasion de Ixjuls XVI.
A la Tm de la session , il fut nommé mare-
chal-de-camp , et chargé par le roi de dia«
sipcr un attroupement qui avait arrêté et
pillé , près Noyon , plusieurs bateaux de
blé destinés à rapprovisionnemenl de la
capitale; mais il se conduisit avec une
faiblesse qui le rendit ridicule à tous les
partis, et il faillit être victime de la fu-
reur populaire. S'étant retiré dans sa re-
traite d'Arcy , il y fut arrêté et traduit de-
vant le tribunal rév( ' * '■:•, qui le
condamna à mort le J . comme
complice d'une conspi i^ les pri-
sons des Carmes où il était détenu.
GOllVE (Thomas), jésuite, né à Dieppe
en 1630, habile dans î ,,,
fut reçu membre de 1 n-
ces en 1699. Cette cou;, „ au-
coup de cas de ses lumières. 11 possédait
les langues anciennes et cinq langues mo-
dernes. Il mourut à Paris dans la maison
professe des Jésuites, en 1725, à 75 ans.
Son principal ouvrage est intitulé : Ofr-
servations physiques et mathématique» ,
pour servir à la perfection de l'Astronomie
et de ta Géographie . envoyées de Siain
à l'aroilémie des Sciences de Paris . par
les Pères Jésuites . missionnaires , avec
des réflexions et des notes , en 2 volumes
dont le premier est in-8", rt 1r st-rond
in -4°. — Il ne faut pas le »■ \ ec
son compatriote GOUYE »!■ rc,
né en 1715, mort en 17(>."., ,,.v....i au
bailliage de Versailles, dont nous avoa% :
I Dissertation sur la Chronologie des
rois Mérovingiens. Paris. 1748 et 1756,
in-12; | Dissertation sur des points de
Ihistoire des r-" — - ■'■■ " r\ 17U,
in-12; | Sur l , sotu U»
enfansde Clnt.i li; | .Swr
l'ancienne Uutoirc de l 'nui ce , 1796 »
in-12.
GOlîZ DE f * '"'• • ^*' ^'^-'^nn
de), fils d'un «n
,\njou, naquit ■ ' Pe-
rcutes parties du ntuièJv:. De itUtiif de
«ion premier vov»Re . il parut ti défiguré,
' * pas le r»-
Me.Qad-
quef année* «prc* il lut envoyé «
46
GOU 5
lllé d'ambassadeur auprès du Grand-Sei-
gneur et du Grand-Mogol. Nous avons
sous ce titre : Voyages et observations du
sieur de la Boullaye le Gouz .gentilhomme
angevin , oii sont décrits les religions ,
(jouvernemens et situations des états et
royaume d'Italie ^ Grèce ^ Natolie , Syrie ^
Perse ^ Palestine ^ Karémanie , Kaldée ,
Assyrie , Grand-Mogol , Bizapour ^ In-
des-Orientales des Portugais, Arabie^
^'9ypte j Hollande ^ Grande-Bretagne ,
Irlande, Danemark , Pologne^ îles et
autres lieux de l'Europe , yisie et Afri-
que. oii il a séjourné,, le tout enrichi de
belles figures, Paris, 1653, in-4<*. La se-
conde édition qui est de 1657 est préfé-
rable à la première , quoiqu'elle soit moins
belle. Cet ouvrage n'est curieux que pour
la partie qui concerne les Indes ; car pour
le reste il n'a rien appris de nouveau. Ce
voyageur est mort dans un second voyage
qu'il fit en Perse en 1664 : ses obsèques
furent faites à Ispahan avec beaucoup de
pompe.
• GOUZ DE CKIILAND ( Bémgive le ) ,
historien , né à Dijon en 1695 , d'une an-
cienne famille de Bourgogne, montra de
bonne heure un goût décidé pour les
sciences et cherclia à en propager le goût
dans sa ville natale. Apres avoir fait
d'excellentes éludes à Paris , il visita dif-
férentes villes d'Italie pour y contempler
les chefs-d'œuvi'e de l'antiquité et des
temps modernes. Il visita aussi l'Angle-
terre afin d'en étudier les mœurs , les
usages et les lois. De retour dans sa patrie,
Gouz fit don à l'académie de Dijon d'un ter-
rain propre à la création d'un jardin bota-
nique , et bientôt après de son riche cabi-
net d'histoire naturelle ; il fit aussi exécu-
ter à ses frais les bustes des grands hommes
de la Bourgogne pour en décorer la salle
des séances publiques de celte compagnie.
Dijon lui doit en outre son école de pein-
ture et de sculpture. Gouz de Gerland mé-
ditait encore la création d'autres établis-
scmens d'utilité publique , lorsqu'il mou-
rut au mois de mars 1774. On lui doit :
Histoire de Lais et non V histoire des lois,
comme le dit un nouveau Dictionnaire ;
I Essai sur l'histoire des premiers rois
de Bourgogne et sur l'origine des Bour-
guignons, Dijon, 1770, in-4°, avec une
carte de l'ancienne Germanie, et une
autre de l'ancien royaume de Bourgogne.
On trouve dans cette histoire de l'érudi-
tion et des recherches ; mais l'auteur s'é-
carte souvent des opinions généralement
adoptées, j Dissertation sur l'origine de
2 GOV
la ville de Dijon et sur les antiquités dé'
couvertes sous les murs bâtis par Auré"
lien, 1771 , in-4°, avec une carte de l'an-
cien Dijon cl 52 planches ; j Dissertation
sur la cause 2}hysique du déluge ^ qu'il
attribue au choc d'une comète, et dont
on trouve un extrait dans le tome 1"" des
Mémoires de l'académie de Dijon, ou-
vrage peu intéressant et tout systéma-
tique ; I Essai sur l'histoire naturelle, in-
séré dans le tome 2 des mémoires ci-des-
sus , et plusieurs autres ouvrages manu-
scrits dont on trouve la notice dans son
éloge , qui a été prononcé par le docteur
Maret à l'académie de Dijon.
'GOVEV DE VICTORIA (Pierre),
jésuite , né en 1560 à Séville , où il mou-
rut en 1610 , n'est connu que comme l'au-
teur de l'ouvrage suivant, écrit en espa-
gnol : Naufrage et voyage sur la côte du
Pérou , Sé\ nie , 1610, in-8°. Jean Bisscl
en a donné une traduction latine sous ce
titre : Joannis Bisselii argonauticon
americ anorum , sive Ilistoria periculo-
rum Pétri de Victoria ac sociorum ejus.
lib. XV, Munich, 1647,in-12, et Am-
sterdam , 1698.
GOVEl ou GOUVEA (Jacques), Go-
veanus , de Beja dans le Portugal , fut
principal du collège de Sainte-Barbe à
Paiis. Il y éleva trois neveux, qui se ren-
dirent illustres par leur seul savoir. —
Martial GOVEA, l'aîné des trois frères,
devint bon poète latin , et publia à Paris
une Grammaire de cette langue. — An-
toine GOVEA.le plus jeune des trois,
fut aussi le plus illustre ( voyez son ar-
ticle qui suit). — ^AxDRÉ GOVEA.le se-
cond, fut nommé principal du collège de
Sainte-Barbe à la place de son oncle. Son
mérite le fit appeler à Bordeaux , pour
exercer un pareil emploi dans le col-
lège de Guienne. Il y alla en 1534 , et y
demeura jusqu'en 1547, que Jean III, roi
de Portugal , le rappela dans ses états ,
pour rétablissement d'un collège à Coim-
bre , semblable à celui de Guienne. Govea
mena avec lui en Portugal, Buchanan,
Grouchi, Guerente, Vinet, Fabrice, La
Coste , Tevius et Mendez. Tous ces savans
étaient très capables d'instruire la jeunesse
( Buchanan n'avait pas encore fait con-
naître son penchant pour les nouvelles
erreurs ). Il mourut à Coimbre , en 1548,
âgé de 50 ans. Il ne fit rien imprimer ;
mais ses talens pour l'éducation lui firent
un nom célèbre.
GOVEA ou GOUVEA ( Antoine ), de la
même famille que lesprécédens, fils d'un
GOZ
543
GOZ
gciUiihoiume poilU{jai3 naquit vcrslîJO:»,
à Bcja, et se rendit t\ Paris vers iSI5,
auprès de son oncle Jacques Govca , prin-
cipal du collège de Sainlc-Barbe. Il pro-
fessa avec succès la jurisprudence . h Tou-
louse , à Valence , à Avignon, h Cahors,
à Grenoble et enfin à Turin , où Pliili-
bert. duc de Savoie, l'avait appelé. Il y
mourut en IbGS, à 00 ans, conseiller de
ce prince, avec la réputation d'un des
plus hal)iles jurisconsultes et des plus sa-
vans littérateurs de son siècle. Ses ou-
vrages de droit ont été recueillis par lui-
même en 1 vol. in-fol. 1562, à Lyon. Ses
écrits de belles-lettres sont : | Deux livres
A' Epiff ranimes latines, Lyon , 1539 ; | des
éditions de Virgile et de Térence . corri-
Rées sur d'anciens manuscrits et enrichies
de notes; | un Commentaire sur les To-
pica de Cicéron, Paris, 1545 , in-8°, réim-
primé en 1554 avec plusieurs autres com-
mentaires. L'abbé d'Olivel en parle avec
éloge dans sa préface de la belle édition
des œuvres de ce père de l'éloquence ro-
maine. I Van'arum lectionum libri duo .
in-fol. 1575. Tous ses ouvrages ont été
publiés à Rotterdam en 2 vol. in-fol.,
1766. Il laissa un fils ( Maixfroi ) qui se
distinfîua dans les belles-lettres et dans
l'un et dans l'autre droit , et qui a écrit
quelques ouvrages. Il mourut en 1613,
conseiller-<rétat à la cour de Turin.
• GOWER (Jean ), ancien poète an-
glais , issu d'une famille du comté d'York ,
et né vers 1320 , se distingua dans la pro-
fession des lois, et fut, dit-on, chef-juge
de la cour des plaids-comnmns. Il fut
contemporain et ami de Chaucer. Il est
mori aveugle à Londres en 1402. On cite de
lui : ! Spéculum vieditantis, traité moral en
dix livres sur les devoirs des époux , en
vers français ; | Vox clamantis , en vers
lalins ; c'est une chronique de l'insurrec-
tion des communes .sous le règne de Ri-
«hard II; Confessio amantis . poème en
huit livres; imprimé à M'estminsler en
1483, Londres, 1532, 1544 et 15.')4 ; | De
rege Henrico /f, imprimé, ainsi que
quelques autres de ses petits poèmes, dans
1. s (l'uvres de Chaucer.
GOWRY. Vvyez GAURIC ( le comte
de).
* GOYEIV . habile peintre de paysages,
né à Leyde , mort en 1656. St» tableaux
qui représentent des marines et des ba-
tailles , sont très estimés et très recher-
chés.
GOZON ( DiEUDO!V!«é ), grand-maltre
de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Ce qui contribua beaucoup k lui £atr« nh-
tenir celle dignité. T' ' ' ' mil
eut d'exterminer un u«
qui infestait YWv (1< • ,„||
était dit-on, d u ,| un cheval
moyen : il av.n l,- nrrpenl . de
longues oreill- ; , au
écaillée. Ses qn . nt
à celles d'un cm. .^jt
plusieurs plis et rcpWs sur »uu corps. Il
com ait , ajoute-t-on , battant de ses ailes ,
et jetant le feu par les yeux avec des slf-
flemens horribles. Aucun chevalier n'a-
vait pu délivrer l'Ile de ce monstre, et
tous y avaient péri; il était même dé-
fendu sous peine de mort de le tenter da-
vantage. Goron osa néanmoins l'entre-
prendre , et en vint à bout. Celte histoire,
vraie ou fausse , se voit encore sur de
vieilles tapisseries ; mais l'on y voit aussi
les aventures d'Hercule et de Thésée. Ce
qui doit la rendre suspecte , est sa parfaite
ressemblance avec celle de Gilles de Chiu
{voyez GILLES). On sait aussi que ces
dragons que les anciens sculpteurs et pein-
tres plaçaient à côté des héros , ne sont
que les symboles de quelque fléau , dont
ils ont délivré leur patrie ; et que dans de»
temps postérieurs on a bâti sur ces vieilles
statues, ou peintures, des histoires mer-
veilleuses. La famine, la peste, la guerre ,
les hérésies, le ravags des insectes, des
bétes fauves, etc.; tout cela était repré-
senté par l'emblème d'un serpent ou d'un
dragon. Quoi qu'il en soit , Gozon tient un
rang distingué dans l'histoire de Malte. Il
mourut en 1353 , regretté pour sa vertu et
son courage. On rail , dit-on , sur son tom-
beau : Draconis extinctor ( l'extermina-
teur du Dragon ). H était de la langue de
Provence. On peut voir les <létails de ce
combat dans Y Histoire de Malte, pir l'olibe
Vertot, t. 2, pag. 192. Le père Kirchcr.
dans son Mwidus su'' ■ - - - '
une description pittoi
térél. Le père Scholt > .
les MiraitHia naturct et atta. Tlieveuot
qui vit à Rho-.les, vers lu milieu du 17*
siècle , la tête du dra^^on terrassé par Go-
zon, en a donné , dain sa Relation d'un
voyage fait au levant . Pari* . 1665 , ln-4-,
une description qui semblerait micut
convenir àUitéto d'un hippopotame qu a
celle d'un serpent.
CiOZZI ( le comte GAsrAao ), littéra-
teur, poète et critique vénitien, né en
1713 , fut directeur de l'un de» trois Ihrè-
treii de sa patrie, réviseur des livres, et
surintendant ût* impressions. H a Ui»é
GOZ
544
GOZ
divers ouvrages qui_ le placent au rang
des écrivains les plus purs de son pays.
Ceux qui lui font le plus d'honneur sont :
I Osservatore veneto periodico j ouvrage
périodique dans le genre du Spectateur
anglais^ dont il imite quelquefois l'art
•Je peindre les mœurs et les caractères :
réuni, il forme un vol. in-d2 , 1768. | Let-
tere famigliarL Venise , 1735 et 1756 , 2
^ ol. in-8° ; | Jugement des anciens poètes
sur la critique moderne du Dante^ attri-
buée injustement à Virgile^ avec les prin-
cipes du bon goût^ etc., Venise, 1758,
in-i". Ouvrage écrit en réponse à Berti-
nelli, auteur des Lettres de Firgile.
I Mundo morale ^ ibid., 1760, 5 volumes
in-8°. La plupart des autres ouvrages
de l'auteur ont été recueillis sous le titre
de Opère in versi e in prosa del conta
Gasparo Goszi. Venise, 1759,9 vol. ïn-
8*^ Ce sort des tragédies^ des comédies ^
des cantates j eïc. qui n'ont guère d'autre
mérite que l'élégance du style. — GOZZI
( le comte Charles), frère puîné du pré-
cédent, s'adonna paiiiculièrement au
genre dramatique et composa plusieurs
comédies , où il a cherché à se faire un
genre à lui, en prenant pour but le mer-
veilleux et même l'extravagant. On y
trouve cependant des traits de vrai co-
mique , et des scènes parfois touchantes.
Nous nous contenterons de citer le comte
d'£ssez ^traiduit de Corneille , et Gustave
ff^asa, de Piron. Son style est pur et élé-
gant. Ses ouvrages ont été recueillis à Ve-
nise, en 1773, 8 vol. in-S**, ainsi qu'un
supplément contenant quelques autres
pièces de théâtre, 1791, 2 vol. in-«°. il
publia en 1798 , les Mémoires de sa vie ,
sous le titre de Mémoires inutiles de la
vie de Ch. Gozzi , 1798 , et mourut ver»
1804.
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